Chapitre 2 Effort tranchant

Université Ferhat Abbas Sétif 1

Faculté de Technologie
Département de Génie Civil
Module : Béton armé 2 3 année LMD (Semestre 6)
Chargé de module : ABDELLI HE Année universitaire 2022/2023
Chapitre 2 : Effort tranchant

II-1. Introduction
Dans une pièce soumise à l’effort tranchant, on distingue :

 Les zones courantes (ZC) éloignées des points d’application des charges concentrées.
 Les appuis d’about (AA).
 Les appuis intermédiaires (AI).

AA ZC AI ZC AI ZC AA

Fig.1
La vérification à l’effort tranchant est effectuée seulement à l’état limite ultime, la
justification à l’état limite de service se traduisant uniquement par des dispositions
constructives.

L’étude de l’effort tranchant à l’ELU permet de déterminer les armatures transversales de

l’âme comme les cadres, étriers et épingles ainsi que la vérification des contraintes du béton et
les zones d’appuis des poutres.

II-2. Contraintes tangentes, Fissures provoquées par l’effort tranchant

Dans une poutre en flexion, l’effort tranchant provoque :

 Des contraintes de cisaillement τ sur les éléments verticaux et horizontaux.

 Des contraintes de compression ou de traction sur les éléments inclinés à 45° par
rapport à la ligne moyenne.

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 Comme la résistance à la traction est faible, les efforts de traction ont le risque de
provoquer des fissures au niveau des plans inclinés à 45, s’ils sont suffisamment
élevés. Ces fissures se trouvent là où l’effort de cisaillement est le plus important,
c’est-à-dire à proximité des appuis.

P1 P2

B τ
D
dy

C F τ

x dx
RA RB

σ σ = τb
τb

τb compression
τb
traction 45°

bielle de
béton comprimé
σ fissures
σ τb

Fig.1

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II.3 Hypothèses de calcul

II.3.1 Contrainte tangentielle conventionnelle
Selon l’article A.5,1 de règlement BAEL, la contrainte tangente conventionnelle est calculée
par la formule suivante :
Vu
τu =
b0 d
Vu : valeur de l’effort tranchant à l’ELU (MN).

b0 : largeur de l’âme (m).

d : hauteur utile (m).

II.3.2 Etat limite ultime du béton de l’âme (A.5.1,21 de BAEL)

La vérification du béton de l’âme dépend du type de fissuration et de l’orientation des
armatures transversales par rapport à la ligne moyenne de la poutre.

La contrainte tangente conventionnelle doit vérifier :

 Armatures droites α = 90°

0,2 fc28
 Fissuration peu nuisible : τu ≤ τu = min ; 5 MPa
γb

 Fissuration préjudiciable où très préjudiciable : τu ≤ τu = min 0,15 fc28 ;4

γb
MPa

0,27 fc28
 Armature inclinées à α = 45° → τu ≤ τu = min ; 7 MPa
γb

 Armatures inclinées à 45° ≤ α ≤ 90° : la valeur limite de τu est déterminée par

l’interpolation entre les valeurs précédentes.

 Pièces dont toutes les sections droites sont entièrement comprimées :

Les limites règlementaires deviennent → τu ≤ τu = min 0,06 fc28 ; 1,5 MPa

γb

Le tableau 1 montre les valeurs limites des contraintes ultimes (MPa) avec γb = 1,5

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Armatures droites Armatures à 45° Pièces comprimées

fc28 Fissuration Fissuration toutes fissuration toutes fissuration
(MPa)
non préjudiciable préjudiciable

fc28 fc28 fc28

0,2 ; 5 MPa 0,15 ; 4 MPa 0,27 fc28 ; 7 MPa 0, 06 ;1,5 MPa
γb γb γb γb

16 2,13 1,60 2,88 0,64

18 2,40 1,80 3,24 0,72
20 2,67 2,00 3,60 0,80
25 3,33 2,50 4,50 1,00
30 4,00 3,00 5,40 1,20
40 5,00 4,00 7,00 1,50
50 5,00 4,00 7,00 1,50
60 5,00 4,00 7,00 1,50

II.3.3 Armatures transversales d’une poutre

II.3.3.1 Détermination des armatures d’âme
Fst Nbc

St St St St St

At
Z
α
Ns

Z (1 + cotg α ) Fst
Les armatures sont inclinées d’un angle α et ont un espacement St dans la zone considérée.
Z (1 + cotg α)
Le nombre de cadres coupés sur un module du treillis est : n =
St
At est la section droite totale des aciers situés dans un cours.
Elles peuvent équilibrer un effort vertical : Vu = Fst sin α
Vu Vu
Fst = sin α → n At σst = sin α

Vu
→ σst =
Sin α n At
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Vu
σst =
Z (1 + cotg α)
sin α × At
× St

Vu Vu
σst = Z = 0,9 d → σst =
Z At (sin α + cos α) 0,9 d b0 At (sin α + cos α)
St St

Vu At
on a : τu = ; ρt =
b0 d b0 St
τu b0 τu
σst = → σst =
0,9 d b0 At (sin α + cos α) 0,9 ρt (sin α + cos α)
St
fe τu fe
σst ≤ → ≤
γs 0,9 ρt (sin α + cos α) γs

ρt ≥ τu → At ≥ τu
0,9 fe (sin α + cos α) b0 St 0,9 fe (sin α + cos α)
γs γs
Le règlement BAEL prend en compte la partie de l’effort tranchant qui est équilibré par la
membrure comprimée du treillis. Il a introduit la valeur τ0 donc la formule devient :
At τu – τ0
ρt = ≤ (A5.1,23 de BAEL)
b0 St 0,9 fe (sin α + cos α)
γs

Avec : τ0 = 0,3 f*tj k f*tj = min ftj ; 3,3 MPa

k : coefficient empirique

k = 0 dans le cas de fissuration très préjudiciable ou de reprise de bétonnage.

k = 1 en flexion simple ou si la surface de reprise à indentations de saillie ≥ 5 mm.

σcm
k=1+3 en flexion composée avec compression ( σcm est la contrainte moyenne de
fcj
compression du béton, sous l’effet normal de calcul).
σtm
k=1+3 en flexion composée avec traction ( σtm est la contrainte moyenne de traction
fcj
du béton, sous l’effet normal de calcul).

Dans le cas de flexion simple avec des armatures d’âme droites (α = 90°), la relation s’écrit :

At (τu – 0,3 f*tj ) γs

ρt = ≤
b0 St 0,9 fe
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II.3.4 Dispositions constructives minimales

II.3.4.1 Espacement maximum des cours d’armatures

St max ≤ min 0,9d ; 40 cm

II.3.4.2 Diamètre des armatures transversales

Øt ≤ min h ; b0 ; Ø
l
35 10
Avec :

Øl est le diamètre minimal des armatures longitudinales.

h : hauteur totale de la poutre.

b0 : la largeur de l’âme.

II.3.4.3 Section minimale d’armature transversale

At fe ≥ 0,4 MPa → St ≤ At fe
b0 St 0,4 b0

II.3.4.4 Condition de non fragilité

τu
ρt ≥ ρt min = 1 Max ; 0,4 MPa
fe 2

II.3.5 Effort tranchant réduit au voisinage d’un appui

- Pour les charges réparties qui se trouvent entre le nu de l’appui et les sections distantes
de h/2 ne sont pas prises en compte, car on estime que ces charges sont transmises
directement à l’appui.
- Pour les charges concentrées situées entre h/2 et 1,5 h, l’effort tranchant développé par
ces charges peut être réduit dans le rapport 2a/3h.
II.4 Dimensionnement des âmes
 Les données
- Les charges permanentes et variables.
- Les dimensions b0, d, h de la poutre.
- La résistance fc28 du béton.
- La limite d’élasticité fe des armatures.
- Type de fissuration.

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On détermine Vu (0) et Vu (h/2)

II.4.1 Vérification du béton de l’âme

On détermine τu (0) = Vu (0) si ≤ τu max
b0 d
On change α si τu (0) > τu max

II.4.2 Vérification des armatures

- On calcule τu (h/2) = Vu (h/2) (A l’appui).
b0 d τu (h/2) – τ0
- On calcule les pourcentages d’armatures : ρt0 =
0,9 fγe (sin α + cos α)
ρt min = 1 min τu /2 ; 0,4 MPa s
fe
ρt = Max ρt min ; ρt0

- On fixe At et on détermine St avec la vérification de St ≤ min 0,9 d ; 40 cm

Dans le cas contraire, on adopte une nouvelle valeur de At et on recommence.

En travée, on détermine la répartition des armatures transversales par les méthodes pratiques
(de Caquot et de Perchat) avec la vérification des aciers longitudinales et les zones
d’applications des efforts.

II.5 Répartition des armatures transversales

La répartition des armatures transversales est effectuée selon les méthodes pratiques de
Caquot et de Perchat.

II.5.1 Méthodes pratiques de Caquot et de Perchat

Les méthodes pratiques sont applicables aux poutres de section constante soumise à des
charges uniformément réparties et dans les travées de poutre avec des hauteurs constantes
sans charges concentrées.
- En premier lieu, on détermine l’espacement St0 des armatures d’âme et le premier
cadre est placé à une distance de l’appui égale à S t0/2.
- On choisit les espacements des cadres dans la suite en centimètres :
7 – 8 – 9 – 10 – 11 – 13 – 16 – 20 – 25 – 35 – 40
Chaque espacement est répété n fois :
 Méthode de Caquot

n : c’est le nombre entier de mètres dans la demi-portée de la poutre ou dans la portée

totale d’une console.
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 Méthode de Perchat

Même principe de la méthode de Caquot mais elle est plus économique. Après le placement
du premier cadre à St0/2, on place n0 espacement St0 avec n0 1≥ h( - 1) puis n fois St1,
2 St0
St2.. etc (les Sti étant les mêmes que la série ).
h ) (1 - 0,5 k′ )
n : nombre de mètres dans L′0 donné par la formule L′0 = 1 + (L0 -
2 τu (h/2)
Avec : L0 est la demi-portée de la poutre.

k′ = 1 en l’absence de reprise de bétonnage ou égale à 0.

II.6 Zone d’application des efforts

II.6.1 Appui simple d’about
 Vérification des armatures longitudinales
(Vu + Hu) γs
La condition à vérifier est As ≥
fe
Avec : Hu est la force horizontale transmise par l’appui.

 Vérification de de la compression du béton

D’après l’article A.5.1,313 de BAEL, la condition à vérifier est :

2 Vu fcj
≤ 0,8 → γb = 1,5
b0 a γb
Vu ≤ 0,4 fcj a b0 → Vu ≤ 0,267 b0 a fcj
γb
Avec : a = min a′ ; 0,9 d

II.6.2 Appui intermédiaire

 Vérification des armatures longitudinales

Mu
Vu +
0,9 d
La condition à vérifier est : As ≥
fe /γs

 Vérification de la contrainte de compression

La même condition à vérifier pour l’appui de rive → Vu ≤ 0,267 b0 a fcj

Selon l’article A.5.1,322 de BAEL, la contrainte moyenne sur l’aire d’appui sous la
valeur de calcul ultime de la réaction doit être vérifier sauf dispositions constructives
particulières ( frettage, bossage de répartition).

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1,3 fcj
σmb ≤
γb

Ru Ru
σmb = → ≤ 0,867 fcj
B b0 a

Avec : Ru est l’effort normal Ru =│Vug│+ │Vud│

B : aire d’appui.

c
a

c
2 cm 2 cm

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un poteau

a a

45°
45°
45°

45°

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un appareil d'appui

II.7 Justification des dalles

Aucune armature d’effort tranchant n’est requise si :
0,07 fcj
- τu ≤ τu (valeur limite) avec : τu =
γb

- La dalle est bétonnée sans reprise sur toute son épaisseur.

Lorsque les armatures transversales sont nécessaires, les valeurs limites de la contrainte
tangente τu sont à multiplier par :
10 h si 0,15 < h < 0,30 m
3
1 (unité) si h ≥ 0,30 m

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II.8 Actions tangentes exercées sur des éléments autres que les âmes
II.8.1 Règle de coutures généralisée (Art A.5.3,1)
Le but de cette règle est de justifier à l'état limite ultime certains plans intérieurs du béton sur
lesquels s’exerce un effort tangent et pour lesquels il n’est pas prévu, par ailleurs, de
justification spécifique telle que :

- Surfaces de reprise de bétonnage.

- Plans d’attache de deux pièces entre elles.

Tout plan P soumis à un effort tranchant doit être traversé par des armatures d’attache (où
armatures de couture) totalement ancrées de part et d’autre de ce plan, faisant un angle d’au
moins 45° avec lui et inclinées en sens inverse de la direction probable des fissures
éventuelles.

La justification consiste à appliquer l’intégralité suivante :

At fe (cos α + sin α) ≥ τu - σu
b0 St γs
Avec :

At : la somme des aires des sections droites des armatures de couture.

fe : la limite d’élasticité des armatures de couture.
b0 : épaisseur du béton prise en compte pour évaluer les contraintes s’exerçant sur le
plan étudié, c'est-à-dire la contrainte tangente τu et la contrainte normale σu (comptée
positivement en compression, négativement en traction ).
γs : coefficient de sécurité relatif à l’acier.
α : angle des armatures avec le plan sollicité (45° < α < 90°).

II.8.2 Liaison des membrures d’une poutre avec l’âme

II.8.2.1 Liaison table – nervure (Art A.5.3,2)
b As
H′
 Vérification du béton
h0
L’effort de glissement sur le plan HH′
Vu h0 H Ai y
gu = b1 h0 (y - )
I 2 d AN
I : moment d’inertie par rapport à l’axe neutre de la

section homogène réduite.

b0 b1
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h0
Le moment statique : S ≥ b h0 (y - )
2
h0
L’axe neutre est dans la nervure, on en déduit : h0 (y - )
Vu b1 2 S
D’où : gu ≤ Vu S b1 = →Z=
I b Z b I
gu
La contrainte tangente moyenne qui s’exerce sur ce même plan est : τ =
h0
Vu b1 b - b0
Soit : τ h0 = → Z = 0,9 d ; b1 =
Z h0 b 2
Vu b1 Vu ( b – b0)
τ= →τ=
0,9 d h0 b 0,9 d 2 h0 b

Vu ( b – b0)
→τ=
1,8 b d h0
 Aciers de couture

As et Ai sont les aciers supérieurs et inférieurs de la dalle espacée de St et ancrés totalement de

part et d’autre des sections de jonction HH′, et que leur section par unité de longueur vérifie :
As + Ai fe Vu b1 b - b0
γs ≥ gu → gu = → Z = 0,9 d ; b1 =
St Zb 2
As + Ai fe Vu (b – b0)
St γs ≥
0,9 d 2 b
As + Ai Vu (b – b0)
≥
St 1,8 b d γfe
s

II.8.2.2 Junction entre nervure et saillie de talon

T′
As1 Ac(Sc)

As
As1 : section des barres situées dans une saillie du talon.

As : section de l’ensemble des barres du talon.

Ac : section d’une nappe de cadres de talon.

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Sc : espacement des cadres de talon mesuré parallèlement à la ligne moyenne.

L’effort de glissement par unité de longueur du plan TT′ vaut :

Vu SB Vu SB
gu = = → I = Z S1
I Z S1
Avec :
SB = 15 As1 (d – y1) moment statique par rapport à l’axe neutre d’une saillie du talon.
S1 = 15 As (d – y1) moment statique des aciers tendus par rapport au même axe.

Soit : gu = Vu As1 = Vu As1

Z As 0,9 d As

La couture du plan TT′ est assurée par les cadres de talon. D’après la règle des coutures, il
faut :

Ac fe ≥ gu = Vu As1
Sc γs 0,9 d As
Si l’on adopte le même espacement pour les aciers de couture et les armatures d’âme (S c =
St) :

Ac fe Vu As1
St γs ≥
0,9 d As
Ac Vu As1
St 0 ,9 d As γfe
s

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