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Culture antique latine

L’identité romaine

 Historiens qui racontent la civilisation latine.

* Florus, IIème siècle de notre ère - post littérature classique, il arrive assez tard.

Il transmet une vision de l’histoire romaine d’autant plus intéressante qu’elle est
abrégée. Panoptique de la littérature et de l’histoire latine, qui fait sens par une vision en
surplomb.

Préface de son Abrégé d’Histoire romaine.

 Considérer le peuple romain « comme un seul homme ».


Lieu commun déjà dans la littérature grecque. Pensée de l’histoire qui considère qu’on
peut considérer qu’une civilisation comme un être humain a des â ges. Suppose qu’il y ait
une fin. Il parle de l’organicité de la civilisation, qui est comme un être humain = grandit,
murit, vieillit.  Dimension organique : pulsions, impulsions, sensibilités, maladies.
Organisme animé.

Organique = animal en latin.

« Son existence partagée en quatre phases et périodes. »

- 753 : fondation de Rome (21 avril)

Première période = enfance : - 753 jusqu’en - 509 = date de la libertas. Lorsque Brutus
expulse Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, et instaure le régime de la République.
Principe de gémellité qui assure la libertas. Dure 244 ans.  Royauté

Deuxième période : -509 / -243 (environ 250) = 1ère République ou 1er état de la
République (pas comme dans l’histoire de France). Correspond au moment où Rome
étend son pouvoir sur l’Italie, qu’elle va subjuguer. -272 : chute de Tarente, cité au sud
de l’Italie, dernier bastion de la grande Grèce du sud (colonies en Sicile et sud de l’Italie).
Période féconde en guerriers et en combats = son adolescence. (Va jusqu’à 30 ans pour
les romains).

Troisième période : -250/-30 : Octave prend le pouvoir et devient Auguste (-27),=


jeunesse de l’Empire (30-40 ans)

Voir le texte :

De -509 à -30 : République

A partir de -30 : Empire

 Comparable à un phœnix.
Mais il modifie la représentation identitaire que Rome avait construite d’elle-même.
Mais Florus est tardif : la culture romaine a fortement changée, la représentation
héroïsant de Rome en phœnix est tardive, surtout que le phœnix est plutô t grec.

 Statue de la Louve.

Représentation tardive : qu’à la Renaissance italienne (13ème) qu’on a mis des enfants
sous la louve. La représentation originale de la Louve est sans nourrisson. Cela rappelle
que c’est une représentation avant tout symbolique. Elle est le symbole de l’identité
romaine. Animal qui signifie une identité.

On la trouve un peu partout dans Rome sans les nourrissons.

 Tite-Live 1er siècle avant notre ère. Histoire romaine, en 244 livres. Œuvre
monumentale qui offre la représentation et le discours qui va faire école de leur propre
histoire. Il n’est pas le premier, il y a eu des historiens avant qui l’ont fait. (Voir aussi la
diapo) On peut considérer qu’il a écrit pour répondre à la demande d’Auguste, mais ce
ne sont pas des œuvres d’allégeance.

1ère préface de Tite-Live : texte agressif à l’égard du peuple romain, son lectorat.

Vaste solitude : espace où l’homme n’a pas pénétré, il n’y a aucune trace.

Louve = lupa

Le loup n’est pas d’avantage apprivoisé dans la culture romaine que dans la nô tre. Fable
de Phèdre « Un loup et un agneau étaient venus au même ruisseau poussés par la soif… »

Tension repérable : concaténation de symboles qui met en tension la sauvagerie absolue,


représentée par l’espace, la vaste solitude, la férocité (=fera/ferox : ce qui est
irréversiblement sauvage.) Cette louve est l’émissaire de la sauvagerie, de ce qu’il y a de
plus radicalement opposé à l’humanité dans la conception classique. Elle ne peut que
dévorer ses enfants.  Mais au lieu de les dévorer elle les nourrit.

Tension avec le terme de « pecus » (intendant des troupeaux) = l’animal apprivoisé.

Ce récit a pour finalité d’installer la romanité et son identité dans cette tension, et de
mettre un contrat entre les mains : s’extirper de ce monde farouche. La louve est le signe
de cette origine farouche.

 Survient le personnage de Faustulus, qui va recueillir les enfants avec sa femme. Ils
grandissent dans un environnement humain. Ce berger est par définition à la lisière
entre l’humanité et l’animalité. Ils restent à la lisière du sauvage, sur une ligne de crête.

La forêt les réaspire. Parvenus à une forme d’autonomie ils retournent à une forme de
sauvagerie. Ils se livrent à la prédation : ils sont aspirés à nouveau par ce monde
sauvage.
 Réitération du même mythème = unité minimale constitutive d’un mythe. Mythème 1
+ 2 + 3… = un mythe.

Forêt = silva --> sauvage.

La combinaison est infinie. Les mythèmes sont agencées de manière à obtenir un


discours : celui de l’identité. Le mythe de la fondation de Rome va conjuguer le mythème
de la Louve avec d’autres : question de l’apprivoisement, la forêt (paysage propice à la
sauvagerie). Quand ils grandissent et vont dans la forêt, ils sont repris par le sauvage. Ils
sont pris entre humanité et animalité.

15.03.2022

Par la suite, Tite-Live évoque la fête des Lupercales, qui se déroule au sein du lycée.

 La Part du loup
Il apparait comme la figure qui veille sur Rome. La 1ère chose que l’on peut constater,
c’est la situation dans laquelle se trouve Rome à ses origines : un carrefour (Nord =
Etrusques ; Sud = Grande Grèce = c’est la partie de l’Italie sur laquelle étaient installés
des comptoirs grecs) : on échange beaucoup entre Nord et Sud. De plus, il y a une
civilisation plus modeste, les Sabins, qui vont participer à l’élaboration de la civilisation
romaine avec leur interaction avec les Etrusques ; ils apportent aussi la figure du Dieu
Mars, que les Sabins représentent en loup. Chez les Sabins, Mars est un dieu sabin
représenté en loup.

 Etrusques = civilisation antérieure à Rome, à la civilisation romaine, qui semble avoir


été épanouie au IXème siècle.

Représentation des Dieux en animal : idée qu’on ne peut pas les voir donc on va avoir
des images en intercétions ; le Dieu est infigurable, il faut alors une image que les
humains peuvent voir. Le divin est d’essence débordante. Le Dieu va alors prendre
différentes formes. Le loup médiatise le Divin, c’est le médium du Dieu Mars.

La louve est le versant féminin du dieu Mars. La louve serait le dieu Mars qui intervient
auprès de ses propres enfants pour les sauver. Une cohérence interne qui tient à cette
influence culturelle.

Cette sauvagerie primitive va être revendiquée par les romains.

Ref : La Grotte du Lupercales : Symbole de fécondité, lieu sacré, sanctuaire =>


Intégration à l’espace de cette civilisation, elle continue d’avoir en son cœur la pulsation
du sauvage entretenue par le symbole du Lupercales.

 La fête des Lupercales


Une fête de fécondité : le dieu mars n’est pas Dieu de la guerre mais de la fécondité : il
représente l’énergie. Une fête organisée tous les mi-févriers, qui consiste en une course
effrénée des prêtres (= les Luperques) sur le palatin, juste vêtus d’une peau de bêtes, en
fouettant tout ce qui se trouve sur leur passage (entrainant la fécondité des femmes : les
femmes se font fouettées pour être fécondées lorsqu’elles rencontrent des difficultés à
ce propos).

-> Il s’agit de débrider la nature ; idée selon laquelle la nature porte en elle même toutes
les forces de la vie, la civilisation permet de borner et organiser cette nature sans pour
autant l’asphyxier mais en lui donnant la possibilité d’exister.

A l’â ge de 7 ans, les enfants vont se voir remettre des attributs comme la Bulla (=
amulette).

 La fête du cheval d’octobre, 15 octobre


Fête qui sanctionne l’automne, une fête de purification considérée comme la plus
primitive d’Europe. Elle sanctionne la fin de la saison guerrière (mars - mi-octobre), elle
sanctuarise cette saison.

Pour l’homme, le loup est un totem. Le caractère de cette civilisation pourrait s’illustrer
par la présence d’un totem, de la figure totémique du loup.

Totem :
- Nom que l’on donne à une être mythique (animal, végétal, objet naturel) considéré
comme l’ancêtre éponyme d’un clan ainsi que son éprit protecteur et vénéré comme tel.
- Généralement un animal, considéré comme un porte-bonheur, emblème, fétiche.

Attention : on ne célèbre pas le loup mais le dieu Mars !

Beaucoup d’histoires sur la fondation de Rome.

 Cette légende est un artefact.

Les 1ers historiens romains datent de la fin du 3ème siècle avant notre ère. Il leur fallait
une légende car face aux autres civilisations ils n’avaient rien, ni littérature, ni alphabets,
ni chants… pour se faire un nom. Une légende identitaire est inventée, une fabrication
géopolitique afin de conquérir le monde. Pour rédiger cette légende, ils vont prendre les
archétypes des mythes de fondation : l’autochtonie. Le loup est une manière de se faire
se rejoindre les archétypes grecs avec une identité régionale : celle des Sapins.

 Influence étrusco-sabine (= un mixte) pour former une identité romaine.

REF : Légende de la fondation de Thèbes par Cadmos.


L’animal - signe
La Terre est surplombée d’une voute qui est le ciel. Correspond à l’espace dessiné par le
Soleil = ligne de l’écliptique, qui correspond à la démarcation entre la physis (la nature)
et la méta physis.

Ratio : conscience exacte de la situation dans laquelle je suis où je ne peux pas tout
concevoir = conscience des limites imposées à la possibilité de concevoir.

Parmi ce qui ne peut pas se concevoir : le divin, qui est de l’ordre de l’infigurable.

Comment faire alors ?  On va concevoir qu’il puisse eux-mêmes se donner à voir d’une
autre manière.

Ovide, Métamorphoses, chant XV

Zoomorphisme : dieu représenté sous la forme d’un animal, ici un serpent.

Serpent exploité dans toute sa dimension. Chargé d’un symbolisme fort, a priori il
engage l’épouvante. Animal monstrueux.

Divinité qui ne peut pas parler et communiquer, mais on le reconnait quand même.

On pourrait penser que la représentation sous la forme animale serait une dégradation
de la figure du dieu. Nous ne sommes pas en présence d’une incarnation sous forme fixe,
mais dans une représentation sous forme de médium, un moyen. Rien n’est figé dans la
représentation. L’animal est un signe, cad un médium.

Eviter les contresens pour penser le zoomorphisme : représenté sous la forme animale,
le dieu n’est pas inférieur à l’homme.

* « [L’] épiphanie [d’Esculape] est paradoxale, car il se déguise en même temps qu’il se
dévoile. »

Ne peut pas être vu car ça n’est pas figurable.

Personnage d’Enée : héros troyen. Prince issu de la ville de Troie. Il apparait à 4 reprises
dans l’Iliade, mais c’est un héros assez mineur. Sa figure est distinguée par les romains. Il
est parmi les princes troyens l’unique survivant. Il quitte Troie en flammes (1 er chant de
l’Eneide), avec son père Anchise qui l’a conçu avec Vénus, son fils Iule et son épouse. Il
s’enfuit avec ses pénates et cherche un endroit pour s’installer. Il doit fonder une ville,
en Espéri, le plus à l’ouest possible. Il arrive en Italie, et fonde dans Lavinium dans le
Latium. C’est une toute petite ville qui sera l’ancêtre de Rome. Rapidement abandonnée
au profit du site de Rome. Lavinium restera quand même le point d’origine, le lieu
identitaire de Rome. Les pénates de Troie mises à Lavinium deviennent les pénates de
Rome et restent à Lavinium.
Fresque de Pompéi, qui représente Enée, Vénus et Iule. Enée est blessé. Représentation
extrêmement intéressante sur le point de l’échange des regards. On peut croire que Enée
regarde sa mère par en dessous en mode fourbe. Aussi problème de non maitrise de la
perspective. Ces 2 impressions sont fausses. Regard fourbe : position du corps avec une
signification totalement différente de nous = respicio, quand on regarde au-dessus de
son épaule : on se retient de regarder, on regarde en tenant compte de la personne =
signe de respect. Défaut de perspective : si on enlève Vénus, tout est à l’équilibre. Car
Vénus est trop grande, sa dimension pas de l’ordre de l’humain.

Tripartition de l’image qui dit la répartition des essences.

Cette gaucherie exprime quelque chose : la déesse est trop grande.

Ligne horizontale : position du médecin qui s’inscrit dans un rectangle : il est à


l’extérieur de l’organisation familiale qui passe aussi par une diagonale. Généalogie.
Dans la définition primitive du héros : définition essentielle. Un héros est d’abord
quelqu’un qui a un père ou une mère divin. C’est le cas d’Enée. De ce fait Iule descend lui-
même du divin.

Labor= travail, épreuve, peine. Ce qui caractérise cet homme qui n’a rien à voir avec la
divinité. Le médecin est important, il n’est pas minoré quantitativement, mais il est
infériorisé car il est dans le bas de l’image, au ras du réel.

Essences divine/humaine inscrites dans une imperméabilité totale : il n’y a pas de


relations. Les essences ne sont pas amenées à se rencontrer.

 Mais il faut qu’il y ait un intermédiaire. Enée est au-dessus des humains et inférieurs
aux dieux.

Il y a interaction des essences avec des moments de collaboration. Elles ne sont pas
perméables, en revanche, elles sont possiblement en collaboration.

Le regard de Vénus envers Enée est protecteur, il descend vers lui. Figure de l’alma
mater = la mère nourricière. Allo, is, ere = nourrir. Alma = nourricière. Alma mater =
allégorie de la Terre mère.

Exemple de la collaboration entre les Dieux et les hommes.

 Collaboration à différentes degrés : mode épique, mais aussi dans l’historiographie.


Pas rare qu’on prête à un personnage historique, ici Octave qui deviendra Auguste, une
généalogie animale.

Suétone. On considère Auguste comme le fils d’Apollon, pas comme le fils d’un serpent.
Question du zoomorphisme.

« Dans l’Antiquité, l’invisible faisait partie du paysage » - peinture symboliste, poésie


symboliste. Quand je regarde le paysage quelque chose est là qui échappe à ma sensation
visuelle mais qui est là , je le ressens.
Comment savoir que quelque chose est dans le paysage alors qu’on ne le voit pas ? 
L’intuition : tueor, tuer, tu(i)tus sum. Le verbe qui caractérise le mieux le regard de
Vénus : tueor = regarder avec bienveillance.

Association d’un animal avec un Dieu.


Tableaux qui récapitulent : vision oblique, vision du polythéisme filtrée par le
monothéisme. Le polythéisme ça n’est pas plusieurs fois un dieu, c’est un seul en
plusieurs fois, c’est plusieurs intuitions.

Intuitions : je ne peux pas voir le dieu dans mon paysage mais je peux le « pressentir ».
Le romain est celui qui se dit qu’il y a dans son paysage des puissances qui interagissent,
en collaboration avec les puissances. Je les perçois par quelque chose qui surmonte mon
propre regard.

Intueor = regard intérieur, qui suppose la possibilité de dire qu’il y a dans la nature
quelque chose qui surmonte la nature même.

Cette présence = le numen. On ne peut pas le traduire. -- C’est la puissance d’essence


divine qui régule la nature. C’est un nom neutre, genre du concept et de l’objet.
Etymologiquement = le concept de l’accord. Les dieux ne formulent pas un discours aux
hommes, rien d’objectal, qui soit verbal. La langue divine est averbale, la décision divine
ne peut s’exprimer que par l’acquiescement. Le dieu va donc faire un signe à l’homme
qui va lui signifier son acquiescement.
Quand l’homme a une décision importante à prendre, il consulte le noumen. S’il reçoit un
signe : il y a accord. Le seul signe de la présence divine est l’accord.

Question de la collaboration, qui trouve différentes façons. Parmi les signes envoyés aux
hommes, il y a les animaux. Ils font partis de cette théophanie = manifestation du divin.
Le signe va me permettre de dire qu’il est là . Acuité du romain quant à la saisie de tous
les signes envoyés. Théophanie = le Dieu qui se donne à voir.

Pivert : mythème autour de la légende de Remus et Romulus. Lorsque la louve les


nourrit, un pivert vient surmonter la louve. Le pivert est un animal de mars, c’est une
déclinaison de la figure lupine.

Signes qui s’accumulent et augmentent la présence du divin. Tout fonctionne en réseau.


La nature est pour les romains la natura (choses sur le point d’exister). La nature n’est
pas que ce que je vois, enveloppe toutes les virtualités de la nature. Tout cela s’actualise
au quotidien.

Phénomène vient du grec, qui signifie ce qui est à part. Les phénomènes = les choses en
train d’apparaitre, ce qui apparait au regard, ce qui actualise une des virtualités de la
nature. La virtualité dans la nature s’actualise par des signes, qui sont les prodiges. 
Prodigiur. Prod = pro ; giur = agor  conduire devant  devant les yeux.

5.04
Ce qui fait signe = signifier.

Il existe différents types de prodiges. Les animaux sont fréquemment les porteurs du
noumen.

Si divus si diva esset : quand un signe apparait, que ça soit un dieu ou une déesse.

Prodigium = signes impétratifs = signe spontané ; signe oblatif = signe sollicités.

Volonté supérieure qui s’immisce dans la vie de l’homme et qui la régit = la fatalité
(fatum). Fatum provient de la racine FA = racine de la parole. Fatum = ce qui est dit par
les dieux.

Le noumen tient un langage qui s’exprime par signes. Les signes sont notamment les
prodigia.

Ce qui est propice = ce qui va dans la bonne direction.

 Duel de Marcus Valerius (diapo)

Les cognomen (surnom) sont pour beaucoup considérer à des prodiges apparus lors
d’évènements.

Pax Deorum - si les romains ont conquis le monde, pas nécessairement parce qu’ils
étaient plus fort ou savant, mais parce qu’ils avaient les Dieux = pax deorum.
Littéralement donne « paix des dieux ». Mais deorum = génitif donc origine  la paix
vient des dieux. Pax = pacte. Pax deorum = traité accordé par les Dieux. Traité
collaboratif qui engage les dieux au cô té des hommes (contrat).

Corbeau considéré comme un animal prophétique : bruit du corbeau « cras » = demain.

Interprétation des prodiges est une science ésotérique (pas partagée par tous les
hommes). Ce langage est une autre langue. Il faut des interprètes.

Avis = oiseau. Un des signes majeurs envoyé par les dieux tient aux oiseaux, parmi les
plus significatifs. On va consulter les oiseaux.

Distinction entre les signes oscines et les signes alites.


oscine = la bouche / le bec
alite = ala, l’aile.

On en déduit les auspices.

Signes confiés à l’interprétation de prêtres : science auspiciale, qui appartient à la


science augurale, qui permet de décrypter les signes envoyés par les oiseaux. Que
quelqu’un d’initié qui peut le faire (ésotérisme). Dans le contact de l’homme avec la
nature, forme de mystère.
-- Les poulets sacrés. Tout général qui part à la guerre emporte tout ce qu’il faut, les
aigles, et les poulets dans une cage : pour savoir à quel moment déclencher la bataille. Si
pas au bon moment, victoire foncièrement menacée. Les poulets arrivent quand le
général pense que c’est le moment opportun, il ouvre la cage. Si les poulets sortent pour
manger le grain = moment opportun ; s’ils ne sortent pas = moment pas propice.

Le prêtre chargé de lire le comportement des oiseaux = le pullaire.

Mais cette consultation peut se fausser. Si les poulets sont nourris avant, ça ne marche
pas. Quelque chose dans cette science, qui parce qu’elle est ésotérique, suppose un
pouvoir concurrent dans le politique.

Civilisation dans la pleine intégration d’une conscience ésotérique, qui suppose un


rapport au monde mystérieux.  Animisme : croyance. Question du secret.

03.05

 Fresque de Enée et Vénus : encore une autre façon de la lire.

Fresque d’Enée blessé. La blessure est au cœur de la représentation : représentation


extrêmement réaliste du sang qui coule, assez crû ment  cruor = le sang qui coule, à
cause de la violence.
Cru/or
--> cru
--> cruauté.

Pourquoi cette représentation si réaliste ? Si on reprend la découpe de la fresque, on est


dans la partie gauche du tableau = où se trouve le médecin et la déesse. Le médecin
soigne. La déesse protège. La partie gauche est la partie thérapeutique, celle ou la santé
est restaurée. Partie sinistra = partie de la prospérité. Droite = dangereux, périlleux -->
guerre représentée par le groupe de soldats - c’est la partie dramatique, de la violence,
du chagrin.

La blessure est à l’intersection mais à gauche. Elle fait partie des remèdes possibles à la
vie humaine.

Cours B1 - Les sacrifices sanglants

 Représentation d’un sacrifice. Ce qui est dit là est un langage sur le sacrifice, une
image rituelle presque votive qui énonce le sacrifice.
René GIRARD, La violence et le sacré, 1972.

Le bouc-émissaire : Idée que l’on va gérer la violence en la concentrant sur une seule
personne. Représentation selon laquelle on viderait la violence en sacrifiant un seul
membre, selon le principe de la devotio = un héros va se dévouer pour les autres, il
s’offre en sacrifice.

Les sacrifices sanglants humains n’existent plus dans l’Antiquité classique. Il y en a


quelques-uns dans la culture grecque avec Iphigénie.

En 226 avant notre ère : invasion gauloise qui menace Rome. Un couple de gaulois et un
couple de grecs sont enterrés vivants au forum Boarium.

Plus la situation est grave, plus on sacrifie un animal de haut-prix.

Les sacrifices humains auraient été d’emblée exclus de toute possibilité légale dès la
fondation de Rome.

Texte d’Ovide, dans lequel il s’agit d’une négociation entre Jupiter et Numa Pompilius,
2ème roi de Rome. Il est considéré comme le fondateur de leur religion et de leurs lois.

Jupiter demande à Numa une tête, il veut lui donner de l’ail. Il précise qu’il veut la tête
d’un homme. Il lui propose un scalpe (coupe de cheveux de très près), mais Jupiter veut
une vie. Il lui propose un poisson. Jupiter lui accorde sa faveur. Il accorde la protection
avec les boucliers saliens. Numa l’emporte car il n’y a pas de vie humaine sacrifiée. Rome
héritera de cette protection : il n’y a pas de sacrifice humain à Rome.

--> Cette négociation n’a pas seulement pour finalité d’évacuer les sacrifices humains des
rituels, mais permet aussi de légiférer sur les sacrifices. Numa va fonder des cultes, dans
lesquels il y aura des sacrifices. Caractère législateur de Numa qui infère largement sur
la pratique du sacrifice à Rome.

Le sacrifice s’inscrit dans une ritualisation très minutieuse.

A Rome, toute adresse de l’homme aux Dieux s’opère selon une minutie à laquelle le
moindre écart est fatal. On peut s’attirer la fureur du Dieu.

Chacun des gestes accomplis dans le sacrifice sanglant peut être nommé comme
théologèmes. Un rituel est une série de théologèmes.

Exemple si l’on veut sacrifier un animal :


- inclination de la nuque
- effleure la nuque avec un couteau
- saupoudre le cou de farine : mola salsa
- puis on répand du vin
- puis on coupe.

Sur la représentation : puer, plus exactement camillus.


Les camilli : enfants qui assistent les célébrations religieuses.

Sur la fresque l’enfant porte le foulard = le mantele. La fresque peut se lire comme un
sacrifice.

Enée était celui qui faisait acte de devotio. Si on considère que Numa a obtenu qu’on ne
sacrifie plus des hommes mais des animaux, on comprend que sacrifice animal est un
acte de substitution. Il s’agit d’offrir en l’animal un objet qui puisse concentrer la
violence, donc le sacrifice est thérapeutique, il soigne la violence.

Acte de transfert. On a une cuisine, avec tout l’assaisonnement. Recette qui s’inscrit dans
le sacré et va permettre de transférer l’animal du monde des hommes au monde des
dieux. --> Offrande.

Répartition trifonctionnelle des essences.

* Dieux

* Hommes, dans la pompa du sacrifice (processions)

* Rois = héros laïcisés

Comme dans la fresque, on retrouve l’essence divine et l’essence humaine.

En face organisation de la cité qui suivrait le schéma de la tripartition indo-européenne,


qui se répartirait entre fonction religieuse, guerrière qui se décline en politique en
temps de paix, et la fonction laborieuse.

En sacrifiant un animal, on cherche dans un espace extérieur à l’espace fonctionnel.

Selon la catégorie d’animal que l’on sacrifie : un taureau, un chevreau, cochon :


- sus = cochon
- ovis
- taureau --> suovétauril

Distinction avec le gros animal sacrifié = victima. Le petit animal que l’on sacrifie =
hostia.

Hiérarchie qui s’opère entre les animaux, et s’applique de manière très pragmatique à la
gravité de la situation. On trouve une législation des animaux devant être sacrifié selon
les circonstances.

Suovétaurile : une fois par lustre (tous les 5 ans).

On sacrifie aussi selon la couleur : blanc pour les divinités olympiennes ; noir pour les
divinités des enfers.
L’occasion détermine le cout de l’animal sacrifié.

Cet animal permet d’apaiser les dieux dans une double perspective :
- commensalité : idée de la table partagée- on prépare un plat de choix partagé entre les
hommes et les dieux. Le banquet est un moment qui restitue l’â ge d’or. Dans l’â ge d’or,
les dieux et les hommes auraient mangé à la même table.

- la prophétie - l’haruspicine : ouvrir le ventre des petits animaux pour examiner les
entrailles. Lecture du foie pour déceler les endroits du cosmos en crise.

B2 : Hercule civilisateur ?
* Mundus = univers tout entier (= cosmos en grec)
* Terra = la terre
* Ecliptique : ligne selon laquelle le Soleil devrait se déplacer. Autour de cette écliptique
sont réparti un certains nombres d’influences qui ont avoir avec la tournée qui font
références aux signes du zodiaque (= des idiogrammes le plus souvent représentés par
des animaux).

Ce cosmos projeté dans le foie, a toujours pour finalité d’être lu pour déterminer son
destin (= lire l’avenir). C’est le principe qui va engendrer une représentation animalisée.
12 signes astrologiques, 12 animaux du zodiaque. 12 comme les 12 chants de l’Enéide
et/ou 12 comme les travaux d’Hercule.

Il ne s’agit pas d’aller chercher dans l’intégration des animaux dans le cosmos le signe
d’un destin. Hercule tue les animaux. Le principe étiologique du mythe, la capacité du
mythe à nous dire quelque chose sur le monde. Ce mythe est ce qui nous permet
d’habiter le monde par l’apport des causes.

Ce mythe est un matériau mythique repris par les poètes. Plusieurs présences d’Hercule
dans le temple d’Hercule en Sicile (cf voir diapo).

Ce n’est pas un Dieu indigeste, c’est une figure rapporté de la Grèce que les romains se
sont appropriés, qui questionne le rapport des hommes avec la nature.

Travaux : la transcription de « labores » (en latin) qui signifie énergie, épreuve.

Travaux :
* Péloponnèse :
- Etouffer le lion de Némée
- Tuer l’hydre de Leme
- Capturer le sanglier d’Erymanthe
- Capturer la biche de Cérynie
=> Tous des animaux marqués par le gigantisme et l’hybridité, ce sont des monstres (=
pas de prodiges mais des monstres au sens moderne). Une version altérée de la nature
qui se serait déformée.
- Nettoyer les écuries d’Augias
- Rapporter la ceinture d’Hyppolyte, reine des Amazones
=> Autonomie du féminin
- Rapporter les pommes d’or du jardin des Hespérides
- Enchainer Cerbère
=> Aller aux Enfers

Jacques Lacarrière dit que la première bataille (= épreuve) d’Heracles contre un animal
lui permet de rapporter un trophée (= une sorte d’objet qui va assurer la vitalité de celui
qui l’emporte). Un trophée purement moral : plus en prise, ce d’un objet mais il va
rapporter une victoire dont le principe est morale, il a fait le bien. Les deux dernières
épreuves, nous parlent de l’immortalité.
-> Une progression qui pourrait coïncider avec une histoire de l’être humain.

Dans ces différents travaux, on peut les lire de façon symbolisante :


* Lorsqu’il tue le lion, il se vêt de la peau du lion ;
* Capturer et tuer des animaux pour se protéger du danger et survivre ;
* Lorsqu’il nettoie les écuries, il rend le monde salubre par une action technologique : on
prend la main sur la nature ;
* Rapporter la ceinture à Hippolyte fait référence à la fécondité ;
* En volant les bœufs de Géryon, il permet de remettre l’ordre, l’équité ;
* En enchainant Cerbère, il atteint l’immortalité.

Il est le fils d’Achmène, une immortelle tombée amoureuse de Zeus. Hercule nait demi-
dieu ; il possède une folie inspirée par Junon, sa marâ tre. Elle lui envoie des serpents
dans son berceau. Hercule, nourrisson, étouffe les serpents (= une version possible de la
nature dans son ordre intrinsèque). Découverte d’Hercule avec les serpents : tous deux
se découvrent. D’emblée, le rapport avec la nature se voit problématique, suspect et
ambigu. Ce rapport polémique ne va jamais cesser, s’apaiser.

=> Affrontement constant de l’homme (Hercule) et de l’animalité : il tue, il capture et


donc il chasse. Il est d’abord en situation de prédateur (un animal qui en tue un autre)
puis il surmonte cette animalité par l’élevage, le dressage (par le domptage du taureau).

A ce moment-là , Hercule devient la représentation de la puissance. La puissance devient


donc à Rome la capacité de dompter. Hercule devient ce héros susceptible d’incarner
l’humanité car s’opère une séparation entre humanité et animalité, sur un rapport
ambiguë entre homme et nature.

Il est archer (guerrier) et lutteur, c’est un athlète, il est marin et pasteur (éleveur) et
chasseur. Ce sont les grands métiers du romain antique. Il est train romain car c’est un
bâ tisseur : « Nec plus ultra » (devise romaine = et pas au-delà ) ; il n’y a pas mieux. C’est
un adage à la sagesse pour cerner ses limites.
L’une des légendes serait qu’il ne faut pas aller au-delà des colonnes d’Hercule (monde
fréquentable vs monde infréquentable).
Selon Pline L’Ancien, la terre appartient aux hommes comme le ciel au dieu (= au divin).
On donne à la nature le nom sacré de mère (materna veneration = alma mater). Elle
nous rend nous-même un objet sacré.
-> Il y a une appropriation de la nature par l’homme. Or, cette appropriation est ce que
formulera le romain lorsqu’il stipulera qu’un bon romain est un bon bâ tisseur, guerrier,

L’imperium (= ce qui permet de faire prospérer) romain trouve sa source dans la


représentation d’Hercule.
-> Dissociation entre animalité et humanitas

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