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Séance 5 – Gestes divines : les dieux de pouvoir

Table des matières

1. La notion de panthéon dans l’Antiquité.................................................................................... 2


Divinités grecques et leur équivalent romain ........................................................................ 2

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EAN-2001-Z1 – Mythologie gréco-romaine
Séance 5 – Gestes divines : les dieux de pouvoir

1. La notion de panthéon dans l’Antiquité

Les Grecs et les Romains ont organisé leurs dieux de diverses manières : il existe donc plusieurs
classifications des dieux, plusieurs panthéons. À l’origine, le terme « panthéon » signifie
« ensemble de tous les dieux », mais aucun des panthéons grecs, c’est-à-dire aucun des systèmes
de regroupement des dieux, ne les réunit tous. Très tôt dans la période historique, les Grecs ont
élaboré des classifications qui dépendaient de la fonction des dieux, de leurs liens de parenté ou
de leurs complémentarités. L’organisation la plus connue reste le panthéon des Olympiens, mais
ce regroupement n’est pas canonique : les divinités qui le composent varient selon l’époque et le
lieu géographique. Le panthéon des douze Olympiens est donc une convention : il représente
seulement les douze dieux honorés dans toute la Grèce. Il semble cependant que, à l’époque de
Diodore de Sicile, le chiffre douze soit fixe : en effet, l’historien du Ier siècle avant notre ère
affirme qu’il est impossible à Héraklès d’entrer au panthéon sans que l’un des dieux ne se retire.
Le chiffre douze est fréquent dans la symbolique religieuse (les douze travaux d’Héraklès, les
douze dieux, les douze apôtres) ; cette fréquence est probablement due à l’importance du cycle
lunaire qui divise l’année en douze mois. Il semble cependant que, à l’origine, les Grecs aient
plutôt conçu le panthéon des douze dieux comme le rassemblement de six couples de divinités : la
première conception des dieux aurait donc été binaire. Cela est intéressant dans la mesure où,
comme nous l’avons vu, les Grecs semblent mettre beaucoup d’importance sur la stabilité du
premier couple, celui que forment Héra et Zeus. Selon la frise du Parthénon, temple athénien du
Ve siècle dédié à Athéna, les douze Olympiens sont Zeus, Héra, Poséidon, Déméter, Arès,
Aphrodite, Artémis, Apollon, Athéna, Hermès, Dionysos et Héphaïstos. Dans d’autres traditions,
Hadès et Hestia remplacent Arès et Dionysos. Voici les noms des divinités grecques avec leur
équivalent latin :

Divinités grecques et leur équivalent romain

DÉNOMINATION GRECQUE DÉNOMINATION LATINE


ZEUS JUPITER
HÉRA JUNON
HADÈS PLUTON (DIS PATER)
HESTIA VESTA
POSÉIDON NEPTUNE
DÉMÉTER CÉRÈS
ARÈS MARS
APHRODITE VÉNUS
ARTÉMIS DIANE
APOLLON APOLLON
ATHÉNA (PALLAS) MINERVE
HERMÈS MERCURE
DIONYSOS BACCHUS (LIBER PATER)
HÉPHAÏSTOS VULCAIN

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Séance 5 – Gestes divines : les dieux de pouvoir

S’il semble que les Grecs aient favorisé les regroupements par couple, les Romains pour leur part
préférèrent les triades, c’est-à-dire les regroupements de trois dieux. Il existe à Rome trois triades
importantes. La triade archaïque, la plus ancienne, regroupe Jupiter, Mars et Quirinus. On
remarque que cette triade est uniquement composée de divinités masculines et qu’elle reproduit
l’organisation tripartite indo-européenne : Jupiter incarne la souveraineté, Mars, la guerre et
Quirinus (que certains assimilent à Romulus divinisé), la productivité. Cette triade, reconstituée
par G. Dumézil, n’a pas survécu à époque historique : on peut seulement en déduire l’existence
grâce à l’organisation des collèges de flamines, les prêtres romains. Une seconde triade, dite
capitoline, apparut ensuite ; elle est formée de Jupiter, Junon et Minerve ; il existe de nombreux
témoignages de l’existence de cette triade (monuments, récits littéraires, inscriptions), dont le
plus célèbre est sans doute le panthéon de Rome, construit par Hadrien (IIe siècle de notre ère).
Ces dieux, marqués par l’hellénisme, furent très tôt liés à la notion de pouvoir : ce sont en effet
toutes trois les divinités protectrices des patriciens, c’est-à-dire de la noblesse romaine. Pour
concurrencer cette triade et établir une légitimité religieuse, les plébéiens, c’est-à-dire les citoyens
moins nantis de Rome, créèrent la triade plébéienne, qui regroupe Cérès, Liber et Libera. Comme
on le voit, c’est une triade uniquement dédiée à la production agricole : en effet, Cérès est
l’équivalent de Déméter, alors que Liber est le pendant de Dionysos. Quant à Libera, son
identification n’est pas certaine, mais il semble fort probable qu’elle soit l’incarnation d’une force
créatrice féminine, présente également dans la figure d’Ariane, épouse de Dionysos.
Ces classifications complexes révèlent toute la simplicité des associations modernes : on ne peut
en effet, comme on le fait parfois, associer systématiquement un dieu et une fonction. Les dieux
antiques ne sont pas confinés à un rôle unique : Zeus par exemple n’est pas seulement un dieu de
la souveraineté, c’est aussi une divinité poliade, c’est-à-dire protectrice de cités, un dieu du
tonnerre, un dieu du mariage. Notre propos, dans ces deux prochaines séances, sera, d’une part,
de rappeler les récits importants des gestes divines et, d’autre part, de montrer la diversité de
chaque divinité.

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