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La Nouvelle Conscience
Traduction :
Bernard Munsch, 2020
bernard.munsch@gmail.com
www.ibhneuchatel.wordpress.com
relu 2022
Ce livre nous emporte dans un autre champ de conscience qui prend ses distances d’avec
la conscience qui s’oriente au Moi. Car en réalité, la conscience relève d’une force
commune à tout le vivant, une force qui la soutient et la conduit.
Où elle nous conduit reste donc ouvert. Sur ce chemin au service de la vie, nous
sommes également soutenus par d’autres forces. Elles nous permettent même de
dépasser ce qui nous paraissait possible.
Introduction
Il apparaît comme évident que nous nous trouvons face à un changement radical de la
conscience. Un passage d’une conscience limitée vers une conscience universelle ; d’une
conscience dominée par le Moi à une conscience orientée à une force commune
supérieure qui soutient et dirige celle que nous considérons comme la nôtre.
Tout en sachant clairement que, moi aussi, je n’en suis qu’au début, je souhaite à
travers ce livre vous emmener sur ce chemin. Ensemble avec de nombreux autres, nous
tous sommes emportés.
Où ce chemin nous mènera reste bien sûr ouvert. Ce qui compte ici est différent
de ce qui est important dans le domaine du Je et du Tu, celui du meilleur ou du moins
bon. D’autres forces nous y soutiennent ; elles sont au service de la Vie, celle qui
dépasse largement notre vie actuelle.
Parcourons-nous ce chemin ensemble ? Nous débutons ensemble. Ensuite, il
nous faudra attendre pour savoir où il emporte.
Bert Hellinger
Le vide
De nouvelles Voies
Dans le monde entier, la HellingerSchule et ses formateurs proposent des cours sous la
dénomination : « Hellinger sciencia. »
Tous ceux qui souhaitent y participer peuvent le faire, sans restriction aucune. Il
existe un programme de formation détaillé qui en présente les bases et permet de la
pratiquer concrètement.
Ce programme est largement ouvert aux mouvements de la force spirituelle
créatrice qui, depuis les débuts, est à l’œuvre dans la Constellation Familiale ; elle la fait
avancer pas à pas dans d’autres domaines. Quels que soient les domaines où ces forces
nous entraînent à l’avenir, nous progresserons avec elle. Courageux et humbles, nous
avançons ensemble.
Le monde s’interrompt
Bien que dans le monde tout bouge constamment et que l’univers se dilate à la vitesse de
la lumière, au bout d’un certain temps, le monde et tout ce qui le constitue retournent à
leur origine.
La force qui est à l’origine de tout bouge-t-elle également ? Bien qu’elle mette
tout en mouvement, elle repose en elle-même. Reposons-nous en elle bien que nous
ayons été mis en mouvement par elle et qu’elle nous y maintienne ?
Dans le monde, devons-nous agir comme si cette force avait besoin de nous,
comme si nous devions faire quelque chose pour elle ? Quand nous agissons de la sorte,
sommes-nous encore en accord avec elle, avec cette puissance paisible ?
Bien que nous bougions et que nous nous sentions mis en mouvement par
d’autres forces, à tout moment, ailleurs, nous sommes très profondément au repos. C’est
de là que nous nous sentons mis en mouvement dans toutes les directions.
Quelle profondeur le repos n’atteint-il pas dans tout mouvement ! Quelle
sérénité ! A chaque instant, nous agissons comme si nous étions en lien à la fois avec
notre commencement et notre fin, un peu comme s’ils nous accompagnaient dans cette
sérénité.
Quand sereins, nous nous déplaçons dans notre vie, comment vivons-nous cela ?
Et comment va le monde lorsque nous nous déplaçons de la sorte ?
Comme le monde lui-même, nous restons recueillis, dirigés et attirés par les
forces ultimes. Soumis de la sorte, nous ressentons chacun de nos mouvements, tant en
nous qu’en dehors de nous, comme une prière sereine sans parole. Recueillis, nous
ressentons le monde et nous nous ressentons nous-même comme une pure présence face
à l’infini.
Mais alors qu’advient-il à nos pensées ? A notre avenir ? A notre amour ? A
notre vie ?
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Tout demeure présent, calmement. Tout est complet, sans début, sans fin,
pleinement et éternellement présent dans chacun de nos mouvements.
Décédé
Lorsqu’en mourant nous quittons le monde, certains affirment que pour lui, nous
sommes morts.
Sommes-nous alors dans un monde différent ? Ou restons-nous toujours dans le
même monde juste d’une autre manière, dans une conscience spirituelle ? Et néanmoins
toujours en lien avec notre vie antérieure, de même que nos proches qui le restent aussi
avec nous ?
Pour qui sommes-nous morts ? Nous ne le sommes que pendant une durée
limitée. Cela signifie que dans un autre monde, nous sommes toujours présents, mais
différemment.
Le sommes-nous par amour ? Sommes-nous attirés à réintégrer notre ancienne
vie ? Voulons-nous continuer à y vivre en nous mettant au service des autres pour
qu’avec leur aide, nous rattrapions ou poursuivions ce qui était demeuré inachevé ?
Mais en ce cas, sommes-nous vraiment morts ? Nous faudra-t-il encore répéter
notre décès jusqu’à ce qu’il réussisse ? Grâce à notre mort, trouvons-nous la paix
éternelle, celle de l’esprit ?
En nous, qu’est-ce qui meurt en premier ? Qu’est-ce qui nous barre le plus
sûrement le chemin vers la paix éternelle ?
La hâte ! Comme si durant la vie, nous devions achever certaines choses de nos
propres forces.
En réalité, il n’y a que le calme, que la paix éternelle qui, parce qu’ils sont
exempts de tout aspect provisoire et libres de notre commencement, qui s’accomplissent
vraiment.
Pour nous, lorsque la hâte cesse, tout demeure définitivement présent.
Disparaissons-nous également de l’existence ? Retournons-nous dans l’éternité,
dans le vide éternel qui, grâce à une pensée et à une parole créatrice éveille à la vie toute
chose ? La parole qui dit : « Sois ! »
N’est-ce qu’après que nous sommes morts pour le monde ? N’est-ce qu’à partir
de là, qu’accomplis, nous revenons à une sérénité qui demeure ?
Bien que leur portée nous échappe que produisent ces pensées ? Elles nous
permettent de vivre autrement, de vivre pleinement. Elles nous permettent de vivre et
d’aimer sereinement.
De même que le grain de blé meurt avant de croître et de fournir une récolte
abondante, nous mourrons au moment où d’autres entrent dans la lumière, dans une
lumière éternelle, sans nouveau commencement, dans une obscurité nouvelle, celle
d’une autre nuit.
Déjà maintenant, nous avançons dans cette lumière, elle nous éclaire et nous
guide. Dans cette vie, nous ne sommes pleinement présents que si, calmes, nous nous
arrêtons. Nous nous déplaçons en elle, nous y devenons créateurs. Par amour, ouverts à
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l’éternité, nous progressons le plus profondément en restant en accord avec notre début
éternel et avec ce qui disparaît.
Attaqué
Sommes-nous certains d’être attaqués depuis ailleurs ? En nous, des forces qui
s’opposent ne font-elles pas rage ? Elles luttent les unes contre les autres pour avoir le
pouvoir sur nous. Sommes-nous continuellement en marche dans un champ de bataille ?
Lorsque nous considérons le monde dans lequel nous vivons, nous découvrons
ces conflits dans pratiquement tous les domaines.
Pouvons-nous être sûrs d’échapper à ces attaques ? Par exemple, en étant bons,
en voulant le Bien ? Ceux qui font l’objet de telles attaques ne sont-ils pas très
exactement, ceux qui s’engagent pour le Bien ? Ceux à qui de bonnes choses
réussissent ? Au bout d’un moment, le temps ne les dépasse-t-il pas de telle façon que le
Bien qu’ils ont fait, finit par être oublié, voire même par être combattu ? Partout, nous
expérimentons de telles oppositions.
Question : dans de telles situations, n’avons-nous affaire qu’à certaines forces,
qu’à certaines personnes ? Donc, à des forces dotées d’un Moi ? Les affrontons-nous œil
pour œil, dent pour dent ? Nous prennent-elles à leur service ? Sans en être vraiment
conscients, luttons-nous à leurs côtés ? Ne nous mettons-nous pas à leur service avant
tout, quand ces attaques sont menées sous la bannière d’un idéal sublime auquel nous
nous consacrons ?
Toutes les attaques, celles qui sont faites au nom du Bien comme celles qui
laissent derrière elles un champ de ruines, sont toujours menées contre quelque chose.
N’est-il pas important de savoir quelles forces se sont emparées de nous ? Ne sont-elles
pas toutes contre quelque chose d’autre ? En nous accordant à l’une ou à l’autre de ces
forces, pouvons-nous échapper à l’opposition ?
La solution consisterait en ceci : aussi bon qu’un mouvement nous paraisse, nous
nous retirons de tout ce qui s’oppose à d’autres choses. Nous nous abandonnons au vide
qui attire tout à lui, le bien autant que le mauvais. Car c’est bien depuis le vide que les
deux viennent au grand jour.
Comme les forces ultimes sont vides, elles ne sauraient être pour ou contre ; en
particulier, parce que les forces ultimes ne sauraient avoir de limite.
Mais alors évoluons-nous encore ? Comme si nous étions capables de déterminer
où nous mènera le prochain pas, osons-nous encore bouger par nous-mêmes ?
Seul, le vide est créateur. Il impose des limites à tout ce qu’il fait exister et donc,
à toutes les limites qu’elles soient pour ou contre ! Néanmoins, le vide dépasse toute
chose, infiniment.
Il n’y a donc plus d’attaque, il n’y a plus que de la coopération ! Cela nous
immunise-t-il contre toute attaque, quel que soit le côté d’où elle vient ?
Lorsque nous sommes devenus vides nous-mêmes, nous ne mettons plus de holà
à rien ! Les attaques passent à côté de nous, voire nous traversent, sans laisser de traces.
Et alors où sommes-nous ? Dans le domaine d’une autre conscience, une
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conscience sans adversaires, inattaquable parce que sans Moi.
Les Dieux
Il existe d’innombrables dieux. Ils luttent pour la suprématie ; ils tentent d’éliminer les
dieux qui sont leurs voisins. Chaque dieu impose à ses adeptes la même exigence : « Tu
n’auras pas d’autre dieu que moi ! »
Par exemple, le dieu du mari adresse cette phrase au dieu de son épouse ; de la
même façon, le dieu de l’épouse la dit au dieu de son mari. En fin de compte, dans un
couple, les conflits fondamentaux sont toujours des conflits entre leurs dieux respectifs.
Par quels moyens, l’un des dieux tentent-ils de s’imposer à l’autre ? Où
entendons-nous sa voix ? C’est dans notre conscience que nous entendons la voix de
notre dieu.
Quand par le biais de notre conscience, nous obéissons à sa voix, notre dieu nous
récompense. Nous avons bonne conscience, nous nous sentons innocents ! Par
l’intermédiaire de la même conscience, lorsque nous contrevenons à ce qu’il nous dit,
notre dieu nous traîne devant son tribunal. En ce cas, nous nous sentons coupables et
craignons sa punition.
Fréquemment, un groupe d’humains obéit ensemble à une même conscience. Ils
craignent le même dieu, celui qui est devenu le leur.
Ainsi, tout comme il y a des consciences différentes, il y a aussi des dieux
distincts. C’est surtout des dieux punisseurs que nous en avons peur. Les récompenses
que nos dieux nous attribuent prennent le plus souvent la forme suivante : ils nous
gracient, ils nous remettent leurs punitions !
En ce sens, nous avons tous un dieu personnel et nous en avons encore un en
commun. Ensemble, nous craignons le même dieu. Nous le vénérons avec peur et
tremblement pour qu’il ne nous damne pas.
Le dieu que nous avons en commun est en plus, limité. Son territoire bute aux
frontières des royaumes des autres dieux et là, notre dieu doit s’arrêter. Il est vrai que
certains dieux tentent d’élargir leur territoire. Cependant, quelles que soient l’horreur et
la quantité de sang versé, aucun d’entre eux n’a encore réussi – et ne réussira pas - à
conquérir un territoire qui rassemblerait tous les êtres humains.
Comment nous affranchir du pouvoir de notre dieu et de celui des autres dieux ?
Notre conscience actuelle nous le permet-elle ? Est-ce possible dans le cadre de nos
différentes consciences ? Ce monde et sa conscience continuent sur leur lancée, ils
restent soumis à de nombreux dieux.
Par ailleurs, tous ces dieux ont un seul et même nom. Ils se nomment tous : « le
Moi ! » Le dieu des Juifs et celui des chrétiens se sont nommés : « Je suis celui qui
est ! » en hébreu Yahvé ou Jehova.
Question : cependant, ce dieu et les autres dieux n’ont-ils pas réalisé de grandes
choses ? Pour leurs adeptes, oui ! Il n’y a pas de doute à cela.
Mais qu’est-il arrivé à ceux qui honoraient un autre dieu ? Combien de
souffrances, combien de morts, notre dieu ne leur a-t-il pas infligé ?
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Autre question : comment échapper aux exigences de ces dieux ainsi qu’au
pouvoir que le nôtre exerce sur nous ?
Nous laissons le nôtre et les autres dieux être comme ils sont. Cela signifie qu’au
lieu de les écouter en nous, au lieu d’obéir aux différentes voix de leurs innombrables
consciences, nous nous laissons emportés dans une conscience différente qui, elle, fait
taire ces voix et réduit leurs dieux au silence.
Lorsque cette autre conscience nous emporte, nous devenons silencieux. Nous
nous sentons profondément en lien avec tout, tel que c’est. Nous dépassons les limites de
notre Moi, y compris celles du Moi de notre dieu et de notre conscience et, par
conséquent également, la frontière qui sépare l’homme et la femme, le ciel et l’enfer,
l’innocence et la culpabilité.
Comment vivons-nous ensuite ? Nous vivons en accord avec tout tel que c’est. Et
en premier lieu, en accord avec nous-mêmes, tels que nous sommes, en accord avec
notre passé et notre avenir. Nous vivons en accord avec tous ceux qui sont des nôtres, les
vivants et les morts !
Avec tout ce qui a été, avec tout ce qui est et sera, nous respirons et avançons au
même rythme, à un rythme créateur. Nous sommes entraînés par la force créatrice dont
la pensée et la volonté appellent tout à l’existence, l’y maintiennent sans interruption, y
compris les anciennes divinités. Cependant, au-delà de leurs voix dans notre conscience,
elles aussi restent provisoires comme tout le reste. Elles restent passagères, tout comme
nous dans notre Moi. Ensuite, un autre soleil nous illumine, une autre conscience nous
éclaire. Tels que nous sommes, avec tout ce que nous sommes et avons été, nous
retournons à notre commencement.
A la suite de cette expérience, revenons-nous dans cette vie-ci ? Nous y revenons
différents.
Comment ? Avec un autre amour, une conscience différente, créatrice, sans Moi,
en lien avec les forces ultimes.
Le néant
Le progrès
Tout progresse. Rien ne reste sur place. Quand un arrêt se produit, il nous faut attendre
le bon moment pour que ça continue.
Que se passe-t-il lors d’une régression ? Revenons-nous vraiment en arrière ?
Nous sommes-nous tout bonnement égarés ? Revenons-nous à l’endroit où notre chemin
continue ? Ainsi, la fin d’un chemin est le début du suivant, de celui qui nous attend.
Il n’empêche que tout y compris l’univers est soumis à un mouvement circulaire.
De même qu’il a débuté à partir d’un point minuscule, à la fin, il y revient – et nous avec
lui.
De la sorte, chaque progrès reste inévitablement provisoire. Si nous en restons
conscients, n’est-il pas étrange que nous regardions de l’avant comme si ce qui suit
apportait quelque chose de définitif ?
Question : pourquoi une chose resterait-elle ? A qui, à quoi pourrait-elle bien
servir ? Le soleil se soucie-t-il des planètes, y compris de la terre qu’il a expulsée ? Le
soleil se soucie-t-il de ce qu’un jour il s’éteindra ? Notre terre est-elle en souci de ce
qu’un jour, elle cessera elle aussi ? Cela a-t-il une quelconque importance pour
quelqu’un ou pour quelque chose ? Ne s’agit-il pas d’un puissant jeu éternel qui a eu un
début et qui aura une fin après laquelle il ne restera rien ?
Quelle expérience faisons-nous avec le progrès ? Nous l’expérimentons comme
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une augmentation qui finit par atteindre un point culminant à la suite duquel il
redescend, devient moindre et finit par s’éteindre.
Cela en constitue l’aspect extérieur. C’est ainsi que nous en faisons l’expérience
de jour en jour, en nous-même et dans notre entourage.
Question : comment est-ce avec notre esprit ? A-t-il lui aussi un début et une
fin ? Pour ce que nous commençons et réalisons grâce à lui, apparemment oui ! L’idée
que ce que nous avons réussi à faire grâce à notre esprit pourrait être durable est bien
évidemment vaine et vide, tout comme nos plans d’avenir d’ailleurs !
Question : lorsque nous disparaissons, nous fondons-nous dans quelque chose
qui dure ? Comment la force créatrice dont est issu tout ce dont nous faisons
l’expérience, d’où tout tire son origine et où tout retourne quand il cesse, pourrait-elle
disparaître ? Le pouls de cette force créatrice pourrait-il cesser de battre ?
Bien sûr, ces réflexions ne sont que des images que confirment certains éléments.
Mais pas davantage !
Question : quelle attitude pouvons-nous adopter par rapport à notre progrès et à
sa fin ?
Nous nous détachons de notre conception d’une existence personnelle comme si
nous la possédions, comme si elle nous appartenait. Pour un moment, nous
reconnaissons aux autres leurs progrès, nous les approuvons. Quand nous en faisons
l’expérience, nous reconnaissons également notre progrès. Mais sans nous y accrocher !
Nous le laissons se poursuivre vers l’endroit où il nous emporte. Dès que nous essayons
de le retenir, il est déjà parti ailleurs.
Que reste-t-il alors de nous ? Il reste l’accord avec nos débuts. Il reste notre lien à
la force créatrice qui nous a congédiés comme tout ce qui est ou a été présent.
La question se pose : la force créatrice connaît-elle le progrès ? La force créatrice
qui fait tout exister et maintient tout pourrait-elle grandir, comme si elle pouvait devenir
davantage et en fin de compte, moins ?
Naturellement, ces réflexions restent dans le cadre des dimensions qui s’imposent
à notre pensée. Il arrive parfois qu’une illumination nous laisse pressentir des
dimensions de l’Esprit qui dépasse le nôtre. Mais nous ne saurions les saisir.
Un mot et un concept nous rapprochent un peu de ce mystère. Ce mot est : « le
vide. » La force ultime dont tout ce qui existe tire son existence n’est concevable qu’au-
delà de toute chose. Elle est donc sans existence. Et surtout, sans Moi. Sinon elle serait
semblable à tout ce qu’elle fait exister ! Elle aussi serait donc limitée.
Pouvons-nous accéder au néant ? Pouvons-nous en faire l’expérience ?
D’une certaine façon, oui ! Comment ? Dans un recueillement centré. A ce
moment, nous sommes libres de toute existence ; vides de toute pensée, surtout vides de
nos planifications, de nos souhaits, de nos peurs donc, vides de notre Moi !
Mais alors, sommes-nous encore présents ? Sommes-nous encore limités ? Nous
fondons-nous dans quelque chose qui dépasse toute existence ? Nous emporte-t-elle dans
sa pensée créatrice comme esprit de son Esprit ?
Que nous arrive-t-il ensuite ? Sommes-nous encore présents ? Nous remarque-t-
on encore ?
Curieusement, nous attirons d’autres vivants sans qu’ils puissent s’accrocher à
nous. Sans le vouloir, nous provoquons certaines choses. Nous nous sentons créateurs et
vides, comme dissous dans un mouvement créateur. Parce qu’en lien avec ce
mouvement, nous sommes devenus insaisissables, nous sommes l’esprit d’un autre
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Esprit ; agissant sans agir, créateurs, en lien avec tout ce qui a été et sera, nous
progressons sans avancer, immobiles et en mouvement, présents et pas, arrivés au but
infini.
Comment ? Vides.
La régression
La première d’entre elles consiste à saisir que la conscience que nous expérimentons
comme bonne ou mauvaise, donc comme de l’innocence ou de la culpabilité, est d’une
part, utile et de l’autre, catastrophique.
Le côté utile de notre expérience avec la conscience nous lie au groupe important
pour notre survie, donc à notre famille ainsi qu’aux groupes plus grands auxquels nous
appartenons à travers notre famille ; principalement notre patrie, notre peuple, notre
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religion et notre culture.
Le côté catastrophique de notre conscience nous contraint à rejeter, voire à
combattre les autres, ceux qui sont différents de nous parce qu’ils appartiennent à une
autre famille, à un autre groupe ou à une religion différente, voire à les exterminer et
cela, en toute bonne conscience.
Comment échapper à l’aspect catastrophique de notre bonne conscience ? Nous
lui échappons en renonçant à la certitude que nous faisons quelque chose de bien,
lorsque nous nous conformons à ce que notre bonne conscience nous contraint à faire,
alors qu’en réalité, nous agissons de la pire des manières aussi bien envers nous
qu’envers les autres.
Le premier de ces deux principes exige ceci : Chaque membre de la famille a le même
droit d’y appartenir.
Dans une famille, quand quelqu’un contrevient à ce principe, qu’il récuse ce droit
à un autre membre, quelles en sont les conséquences ?
Par la suite, sans qu’il en ait conscience, un autre membre plus jeune doit
représenter l’exclu. Simultanément, le membre de la famille responsable de l’exclusion
se sent attiré par l’exclu, parfois jusque dans sa mort.
En Constellation Familiale spirituelle, ces conséquences se manifestent
immédiatement à travers les mouvements des représentants qui, en réalité, ignorent tout
de tels évènements dont il n’a rien été dit.
Si les représentants restent connectés aux mouvements de cette autre conscience,
le deuxième principe vient aussi en lumière à travers leurs mouvements.
Dans la famille, la loi de la préséance exige qu’aucune personne qui en est devenue
membre plus tardivement occupe la place d’un autre membre qui en faisait déjà partie
avant elle. Dans notre culture, ce principe est transgressé en permanence et même, en
toute bonne conscience.
C’est dans ces situations que les conséquences catastrophiques de la
désobéissance à la conscience du Nous se manifeste le plus clairement. Cette conscience
punit de mort la transgression de ce deuxième principe. On l’observe dans toutes les
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tragédies, y compris dans les tragédies familiales.
La perspective
La solution
Nous vivons simultanément dans deux domaines à la fois ; l’un superficiel où nous
essayons d’agir comme si le résultat dépendait de nos actes et, un autre domaine
majoritairement secret, que nous soupçonnons être à l’origine de tout ce qui est essentiel.
Avec la Constellation de famille telle que nous l’avons vécue et utilisée au début,
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nous sommes restés largement dans le premier de ces domaines, bien que les
mouvements des représentants y soient déjà allés bien au-delà.
Il ne nous était donc pas compréhensible, ni explicable, comment les
représentants pouvaient être saisis et se sentir emportés par ce qui animait les personnes
qu’ils représentaient. Bien que les représentants n’aient disposés d’aucune information
de leur part des clients, ils ressentaient parfois leurs symptômes ou parlaient avec la
même voix.
Quand personne n’intervenait de l’extérieur pour imprimer à la constellation la
direction souhaitée par le client ou l’animateur, incapables de s’en défendre, les
représentants étaient conduits vers des solutions qui unissaient des personnes qui,
jusque-là, s’opposaient ou avaient été exclues de la famille.
Contrairement à nos distinctions habituelles entre le Bien et le Mal,
contrairement à nos tentatives pour ne considérer comme bon que l’un des aspects, nous
étions emportés dans des domaines qui les dépassaient tous les deux. Donc, dans une
conscience qui dépassait de beaucoup celle qui nous était familière.
La question se pose : dans quelle mesure, sommes-nous disposés à prendre ce
phénomène au sérieux ? Dans quelle mesure, sommes-nous disposés à emporter les
clients qui attendent notre aide dans une prise de conscience plus large et plus profonde
qui dépasse de beaucoup nos conceptions habituelles ?
Qu’est-ce que cela signifie pour les participants à un séminaire de Constellation
Familiale, tel que nous en proposons depuis quelque temps ? Au lieu de consteller la
famille de certains pour résoudre individuellement leur problème comme cela se fait en
psychothérapie, nous emportons tous les participants dans cette autre conscience.
Bien que nous débutions une constellation avec certains individus, nous nous
laissons conduire par elle de telle façon que tous les participants en soient emportés. Le
mouvement se saisit d’eux si bien que pour chacun quelque chose qui faisait obstacle à
sa vie retrouve la bonne place.
Dans ces séminaires, les constellations mettent en évidence ces mouvements. Par
la suite, des méditations en favorisent l’approfondissement.
D’autre part, nous faisons des exercices en groupes de deux ou trois personnes.
Les participants peuvent ainsi faire l’expérience de cette autre conscience et de comment
elle les emporte immédiatement. De la sorte, ils se libèrent de de nombreuses entraves,
Grâce à cette autre conscience, ils s’ouvrent à un accord global avec tout tel que c’est.
Réconciliation en Russie
Tirée d’un séminaire de formation, Vladivostok 2008
Introduction :
La procédure multidimensionnelle
Au cours de ce séminaire, une femme avait représenté sa propre mère dans une
constellation. En face d’elle, une autre femme la représentait elle comme enfant. Après
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la constellation, cette femme raconta qu’elle avait senti que sa mère était comme tirée
vers le bas, comme à travers un entonnoir et que cela avait pour effet qu’elle n’arrivait à
atteindre sa fille que difficilement. Par la suite, j’ai démontré au groupe des participants
en quoi consiste la procédure multidimensionnelle de la nouvelle Constellation
Familiale, celle que je nomme : aller avec l’Esprit.
J’ai constellé cette femme au milieu de la scène : elle représentait sa propre mère.
Autour d’elle, j’ai constellé 20 personnes, hommes et femmes. Ces personnes
représentaient des membres de son système familial, sans plus de précisions. A partir de
là, tout s’est déroulé comme de lui-même, personne n’est intervenu, personne n’a parlé.
Par la suite, il s’est passé ceci : tous les anciens membres de la famille qui avaient
influencé la mère par le passé se sont retirés au bout d’un certain temps. Finalement,
près d’elle, il n’y avait plus que ceux qui, présentement, avaient encore de l’importance.
D’un coup, ce qui se passait là devint très clair.
Depuis déjà longtemps, les constellations manifestent que les nombreuses générations
d’une famille constituent un même champ spirituel. Tous les membres y restent en
résonance les uns avec les autres. Les principaux évènements du passé familial sont
enregistrés dans ce champ. Ils influencent le présent sans que ses membres en soient
conscients, sans qu’ils puissent s’en défendre. C’est pourquoi, d’une génération à l’autre,
les mêmes destins, les mêmes comportements, les mêmes conceptions et les mêmes
sentiments se répètent.
De même que dans l’ancienne constellation familiale, dans la procédure
multidimensionnelle lorsque les représentants font pleinement confiance aux
mouvements de l’esprit, ils sont tous dirigés par d’autres forces. Ces mouvements les
saisissent de l’extérieur. Ils unissent ceux qui précédemment s’opposaient. Les
mouvements de l’esprit abolissent les conceptions du vrai et du faux, du Bien et du Mal,
du coupable et de la victime qui, jusque-là, étaient valables dans le champ spirituel de la
famille. Ils libèrent les membres de la famille de leurs intrications ainsi que de ses
conséquences et, en accord avec l’amour de l’esprit, ils conduisent à la réconciliation.
La constellation :
Staline et la Russie
HELLINGER au groupe : A propos de ce qui vient de se passer ici, une phrase de Rilke
m’a passé par la tête :
HOMME : J’aimerais dire que j’ai perdu la voix pendant la constellation, Cette
constellation a été très pénible pour moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’arrivais pas
me concentrer. C’était dur physiquement. Je n’arrivais pas à respirer normalement, je ne
trouvais pas ma place.
Je n’arrivais pas non plus à me faire une image de la constellation. Il n’y avait
qu’une sorte de taches. Je n’arrivais pas à me représenter clairement quelque chose.
Subitement, j’ai remarqué que j’étais couché par terre, le visage contre le sol. J’ai eu le
sentiment d’être entouré par une clôture. En face de moi, elle ne semblait pas très
solide ; à travers, je voyais trois taches. L’idée qu’en réalité j’étais mort m’a traversé la
tête. Cela m’a tellement perturbé que j’en ai de nouveau perdu ma concentration à ce
moment-là. Quelques instants après, j’étais de nouveau concentré ; j’étais assis à ma
place. J’étais totalement confus ! Je ne savais pas ce qui m’arrivait.
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HELLINGER : Merci pour ton feedback. Sans doute, serait-il important que les
participants à cette constellation formulent encore d’autres feedbacks.
FEMME : Je n’ai pas été choisie comme représentante. Mais j’ai ressenti une forte envie
d’y participer. J’ai senti très clairement où j’aurais été conduit. Je ressentais de
nombreux sentiments différents. Beaucoup de souffrances. Les sentiments changeaient.
A la fin, j’ai ressenti une paix profonde.
HELLINGER au groupe : Lors de telles constellations, il arrive fréquemment qu’un
spectateur se sente attiré à y participer. Le mouvement de la constellation s’est donc
également emparé d’elle. Il est important d’en tenir compte.
FEMME : J’avais l’impression d’être le destin de Staline. Tandis qu’il s’occupait des
autres, j’avais l’impression qu’il ne me voyait pas. La constellation était déjà terminée
alors que je continuais à tendre la main vers lui. Je me suis aperçue que par deux fois, il
avait déjà été tout près de la mort. La première fois, des enfants l’ont soutenu. Lorsqu’il
s’est tourné vers moi, j’ai senti qu’il n’arriverait plus à détourner son destin. Il continuait
à agir. J’ai senti très clairement : tu ne m’échapperas pas, tôt ou tard, tu seras près de
moi. J’ai encore senti que ma main se tendait vers lui, qu’il faisait ses derniers
mouvements. Puis j’ai senti : te voilà ! Il était presque tombé. Il s’était assis.
J’avais encore un autre sentiment. Une fois qu’il était mort, mes mains se sont
levées comme d’elles-mêmes. C’était comme si je voulais dire à tout le monde qu’il
avait été tué : révoltez-vous, levez-vous ! Ensuite, les gens ont commencé à se lever ; je
voulais qu’ils se prennent par la main.
FEMME : J’ai découvert quelque chose. Dans de tels systèmes, rien de nouveau peut se
produire. Cela ne dépend pas de la volonté personnelle. On peut souhaiter les meilleures
choses du monde, mais c’est le système qui fait de toi ce dont il a besoin. Le mouvement
qui allait dans ce sens était très fort, c’était un mouvement constructif. Les mouvements
de cette constellation obéissaient aux lois de cette puissance. A la fin, j’ai voulu prendre
tous ceux qui y avaient participé par la main. Mais, c’était impossible. Il nous aurait
fallu plus de temps.
FEMME : Je veux dire deux choses importantes pour moi : j’ai beaucoup souffert et j’ai
eu très peur. Quand je suis morte, j’ai beaucoup souffert et j’ai eu très peur pour les
membres de ma famille encore en vie. Les souffrances et la peur ont diminué lorsque
Staline est mort. Subitement, je pouvais regarder la scène un peu de biais. Le visage de
Staline et celui de Hitler se fondaient l’un dans l’autre.
*
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HOMME : Pendant la constellation, j’ai ressenti un lien très fort avec la figure de
Staline. Je voulais le soutenir d’une façon ou d’une autre. Je voulais soutenir Staline
comme l’homme qui réalise quelque chose de grand. J’ai été très impressionné de ce
qu’il ait refusé l’aide d’autres hommes qui voulaient le soutenir. Il ne voulait le soutien
de personne. Il ne faisait confiance à personne. Mais l’individu que je représentais lui
demeurait fidèle bien qu’il m’ait poussé au milieu moi aussi. J’étais très colère contre
Staline, mais je me sentais parfaitement impuissant de changer quoi que ce soit.
Lorsque Staline s’est allongé, qu’il devint clair qu’il était mort, j’ai senti que je venais de
tout perdre, non seulement moi, mais encore tous ceux qui avaient participé à cette
constellation. Bien qu’il se soit passé beaucoup de choses, bien qu’à l’époque beaucoup
de mal, de méchanceté et d’injustice se soient produits, j’ai profondément regretté qu’il
nous quitte.
J’étais très en colère contre les gens qui, à l’époque où il détenait encore le
pouvoir, n’avaient rien entrepris. Ils n’ont fait que pleurer et quand il est mort, ils se sont
mis à rire. Je voulais leur dire : pourquoi riez-vous maintenant ? Pourquoi agissez-vous
ainsi maintenant ? Pourquoi n’avez-vous rien fait auparavant ? Pourquoi aviez-vous tant
de patience ? Pourquoi vous comportez-vous maintenant tout autrement ? C’est tout.
HELLINGER au groupe : Je vais faire une courte pause. Il a été dit tant de choses.
Fermons les yeux et laissons ces choses agir en nous.
Après la pause : Okay, continuons.
HOMME : Pour moi, ce fut étrange. C’était comme si je me tenais à l’écart dans une
sorte de position philosophique. Pour moi, le plus important, c’était ma famille. Pendant
que je considérais la situation de loin, je me sentais très fort. J’ai réfléchi à comment je
pourrais étrangler Staline. Lorsqu’il se tenait à côté de moi, je me sentais très lourd,
j’étais incapable de bouger. C’était comme il m’arrive de l’être encore aujourd’hui. Je
me sens philosophe, j’observe tout de loin ; mais lorsque j’entre dans le courant tout
prend une allure très différente.
FEMME : Au début, j’étais assise dans le groupe extérieur, mais Staline m’a poussé au
milieu. Arrivée là, mon cœur battait très fort. Comme je connais bien l’histoire de ma
famille, je sais de quoi il s’agit. Mes deux grands-pères ont été envoyés dans un camp
par Staline. J’ignore ce qui leur est arrivé. Au début, je me suis cramponnée à ma chaise.
Lorsque je suis entrée dans la constellation, je n’arrivais plus à me maîtriser. Je priais
constamment pour cela cesse rapidement. Ce que le passé cause intérieurement était
projeté à l’extérieur dans l’actualité. Un remerciement cordial pour la prière à laquelle
nous avons pu prendre part par la suite. Elle résonne toujours en moi, elle me soutient
encore.
HOMME : C’était si comme si j’étais du côté du Mal. Mais en réalité, je faisais partie
d’un groupe qui, dès le moment où Staline est arrivé au pouvoir, était encore à l’écart.
Nous étions encore curieux, nous n’avons pas participé aux évènements qui se sont
produits. Par la suite, nous nous sommes adaptés et avons participé aux évènements
historiques. C’était la tâche qui nous a été attribuée. Il n’y a rien que nous pourrions
qualifier de bon ou de mauvais. Coupable ou innocent n’existe pas dans de telles
situations. Sur le plan de la Nation, il était nécessaire d’accomplir ces tâches. Cette tâche
nous a été attribuée d’en-haut et nous l’avons accomplie.
HELLINGER au groupe : Les feedbacks manifestent la richesse des expériences que
cette constellation sans consignes nous a permis de faire ; Ils proviennent tous d’un
mouvement de l’esprit.
FEMME : Lorsqu’on nous a dit que l’homme au centre était Staline, pour moi, la
situation est devenue terrible. Dans ma famille, il y a aussi eu plusieurs détenus. La
constellation que j’avais faite précédemment a influencé celle-ci. J’ai pensé que je
n’arriverais peut-être pas à la supporter. Je voulais m’enfuir, disparaître en rampant,
surtout ne rien voir. Lorsque le premier homme s’est mis à hurler, j’ai pensé que j’allais
mourir avec lui. Lorsque j’avais constellé ma mère dans ma constellation, qu’elle
regardait toujours l’un des hommes, qu’elle le suivait constamment, j’ai compris qu’il
s’agissait de mon oncle qui a été détenu dans l’un des camps. Déjà, son père avait dû
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rompre avec lui.
Dans ma famille, il était interdit de pleurer. Il fallait tenir bon jusqu’à l’extrême.
Ici, pour moi, il a été très important de pleurer les morts. Si nous ne les pleurons pas,
nous avons un cœur de pierre. C’est ce que j’ai ressenti lorsque vous m’avez laissé aller
dans cette direction au moment où mon histoire a été constellée. Quand j’ai pu pleurer,
mon cœur est devenu plus léger. J’ai eu le sentiment que les fleurs s’épanouissaient. J’ai
commencé à me sentir autrement. Merci beaucoup de m’avoir laissé pleurer les morts.
Cette femme fait référence à sa propre constellation qui avait précédée celle
avec Staline.
HELLINGER au groupe : Faisons de nouveau une petite pause pour laisser tout cela
agir en nous.
Après quelques instants : Okay, poursuivons.
FEMME : J’ai ressenti des choses très intéressantes. J’étais assise dans le cercle
extérieur, je ne participais pas à la constellation. Dès le début, je me sentais bienveillante
envers les autres. J’ai compati à ce que vivaient les personnes du premier cercle. Ensuite,
peu à peu, j’ai senti monté en moi un sentiment de colère. Je ne comprenais pas et ne
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voulais pas comprendre pourquoi quelqu’un pouvait exercer un tel pouvoir sur nous.
Pourquoi nous devions avoir si peur de lui. Une force étrange s’est installée en moi. Je
me sentais comme si j’étais le Führer qui faisait se redresser les personnes qui ne
faisaient pas partie du cercle restreint. Elles devaient se donner la main et lutter contre ce
qui se passait. Je me suis rendu compte que toutes ces personnes étaient très fortes. Elles
avaient une puissance énorme. La peur que ces gens ressentaient intérieurement me
stimulait moi-même. Cela ne me plaisait pas. Je sais que des membres de ma famille ont
fait partie des détenus. Je sentais qu’il s’agissait de personnes qui aimaient la liberté.
Je sentais la force de mon clan et mon lien avec les autres individus qui faisaient partie
de notre clan à cette époque. Je leur suis très reconnaissante.
FEMME : Mes sentiments étaient très compliqués. Je suis une enfant qui est née dans un
camp. Mon père a survécu à deux camps de concentration en Allemagne et en Russie.
Ma mère était allemande de naissance ; elle est née en Crimée, elle était une allemande
de Crimée. Leur village avait déjà été pillé en 1920, ses habitants ont été déportés. La
famille était nombreuse, ma mère avait 13 ans à l’époque. En décembre 1930, il ne
restait plus qu’elle. Huit membres de ma famille ont été jeté dans le fleuve Donga en
Ukraine. Ma mère est la seule qui a survécu. C’est d’elle que nous avons la vie.
Mon père était polonais. 1946 il a été fait prisonnier parce qu’il avait une pièce
d’identité qui affirmait qu’il avait été libéré d’un camp de concentration allemand. Ce
passeport était rédigé en anglais. Il a été condamné à dix ans de prison parce qu’on
pensait qu’il était un espion allemand ou anglais. Mes parents se sont rencontrés dans ce
camp ; j’en suis le fruit. Par la suite, il y eut encore deux frères et une sœur.
Quand pendant la constellation, il a été dit qu’avec ce personnage il s’agissait de
Staline, j’en ai été surprise. Je ne m’y attendais pas. Ce fut une découverte parce qu’un
mouvement m’en a fait sortir. Je n’avais pas peur, mais je devais rester à l’extérieur. A
bout d’un certain temps, j’ai été attirée à entrer dans le cercle. Ma voix intérieure m’a
dit : observe cela avec précision. De qui il s’agissait perdit de son importance :
s’agissait-il de Staline ou de Hitler ? Il s’agissait d’un système. Tout problème personnel
avait disparu. Ce n’était qu’une pure force. La force qui agissait à la frontière de cette
action. La force que les personnes du cercle avaient soutenue. Pour moi, entant
qu’enfant d’un camp de prisonnier, j’essayais de ressentir ce que les victimes avaient
senti. Je n’y ai pas réussi. J’ai donc abandonné ces tentatives. Je ne faisais plus que
suivre le mouvement.
Pour moi, ressentir cette force a été quelque chose d’inattendu et de nouveau.
Cette force avait compris : ce qui arrive se produit. Les gens doivent abandonner leur
sentiment de désespoir. Uniquement au moment où une femme a été tirée dans le cercle,
j’aurais voulu avoir un bras très long pour stopper ce mouvement. Mais elle entra dans le
cercle intérieur et mon souhait disparut. Lorsqu’elle s’y trouva et que nous nous sommes
regardées dans les yeux, j’ai vu que là-bas, il n’y avait pas de peur. Je me suis apaisée.
Quand Staline mourut, dans ses derniers instants, ma voix intérieure me dit : ben
oui, c’est fini ! Maintenant, tout le monde ressuscitera. J’ai fait une découverte
importante pour moi : depuis mon enfance, j’ai une peur panique de la mort, surtout
lorsqu’elle est accompagnée de souffrances. C’en était fini, pendant que je me trouvais
entre la vie et la mort dans cette constellation. A ce moment-là, j’ai compris que je
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meure ou je survive étaient sans importance. Mais je me suis dit : j’ai encore tant de
choses à faire, je préfère encore rester ici. Je reste ici.
HELLINGER au groupe : Pouvez-vous encore écouter ?
Dans le groupe, certains disent que c’est compliqué, d’autres disent qu’ils en
sont encore capables.
Lorsque nous nous sentons guéris, des choses qui précédemment s’écartaient d’un
centre, s’unissent de nouveau en nous. Nous pourrions dire aussi : des choses qui
s’éloignaient d’un amour en direction de contraires. Parce que les contraires sont tous les
deux issus de lui de la même manière, ils gravitent autour d’un centre qui les attire à lui.
Les contraires veulent y revenir pour ne former qu’un de nouveau.
La guérison est au bout de ce mouvement. Ce qui s’écartait et s’éloignait l’un de
l’autre s’unit de nouveau.
Où s’unissent-ils ? D’abord, dans notre âme et dans notre esprit. Puis finalement
dans notre corps.
Où cet écart a-t-il son origine ? Dans notre esprit et notre âme.
Qu’est-ce qui l’anime ? L’exclusion d’autrui de notre amour. Ceux que nous
excluons sont bien sûr encore là. Ils restent en lien avec nous, mais ils sont coupés de
notre amour.
Et alors, que nous arrive-t-il ? Les exclus reviennent. Souvent, ils se font
remarquer de manière douloureuse. Le plus ostensiblement à travers une maladie ou un
handicap.
En règle générale, comment réagissons-nous à cette maladie ou à ce handicap ?
Nous y réagissons encore une fois par une exclusion ! Cela signifie que nous
voulons nous en débarrasser comme nous l’avons fait avec les personnes que nous avons
exclues de notre amour et de notre souvenir.
Notre système de santé est au service du même but. Son but principal consiste
avant tout à libérer le malade ou le handicapé de ce qui leur pèse, de ce qui leur fait mal
ou les diminue. En ce sens, nous parlons également de vaincre la maladie.
La Constellation Familiale montre qu’une maladie ou un handicap nous sont
envoyés par des personnes qui se manifestent à travers des souffrances ou un handicap.
Il apparaît donc que les deux premiers pas vers la guérison consistent à regarder les
personnes exclues et à être disposé à les réintégrer à notre âme et dans notre corps. Un
enfant avorté par exemple.
Question : ces personnes exclues ou oubliées veulent-elles uniquement revenir
chez nous ? Ou avec nous, veulent-elles encore aller ailleurs ? Sommes-nous le
terminus ? Est-il suffisant qu’elles reviennent chez nous ou veulent-elles encore revenir
ailleurs ? Est-il suffisant que nous les regardions, elles ? Faut-il qu’en plus, nous
regardions avec elles des choses plus grandes ? Qu’avec elles, nous regardions la
lumière lointaine qui nous éclaire tous, elles comme nous.
Cela constituerait donc l’étape suivante pour nous libérer d’une maladie ou d’un
handicap.
Ce mouvement est un mouvement spirituel en direction d’une autre conscience.
C’est un mouvement vers un autre amour ; un amour qui inclut au lieu d’exclure et
surtout, un amour qui respecte ce mouvement créateur et s’y accorde quel que soit
l’endroit où il nous emporte.
Ainsi donc, la guérison exige de notre part un abandon religieux. Cela signifie
que nous reconnaissons que nous, nos corps et nos maladies relèvent d’un amour
universel qui se manifeste à travers eux.
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Comment ? En agissant ! De la sorte, nous dépassons une frontière. Nous
dépassons ce dont notre Moi est capable. Bien loin de nos soucis à propos de notre santé,
nous accordons nos actes à une force éternelle. Nous permettons à une force créatrice de
nous faire dépasser ces limites pour atteindre un état de santé qui demeure parce qu’à
chaque instant, il est animé par une force créatrice qui dépasse très largement celle de
notre corps. Elle dépasse également de beaucoup notre âme et notre esprit. En silence et
par amour, cette force nous anime constamment à progresser vers la plénitude en même
temps que tout le reste.
Simultanément
Dans le Tao te King, il n’est question que des choses ultimes qui restent toujours
indéfinies. Pour nous, elles demeurent toujours insaisissables et vides. Et pourtant, les
choses ultimes dominent tout à la manière du moyeu qui contrôle la roue autour de
laquelle tout tourne dans le monde.
Le moyeu et la roue sont-ils séparables comme si d’abord, il y avait le moyeu et
qu’ensuite venait la roue qui tourne autour de ce centre ? Ou, en adoptant les
conceptions chrétiennes, y a-t-il d’abord l’esprit créateur duquel vient le monde qu’il fait
exister en disant : « Sois ! » L’un viendrait-il avant l’autre ?
Que se passe-t-il lorsque nous expérimentons les deux à la fois, sans avant ni
après ? Ou pour le dire de façon exagérée quand simultanément, nous nous sentons dieu
et homme, à la fois créateur et créature ?
Le Tao Te King en décrit le chemin, celui qui nous est possible et praticable.
J’illustre cela à travers l’agir et le non-agir.
Dans le Tao Te King, l’action la plus haute est le non-agir. Pas seulement en
pensée, mais aussi comme expérience. Souvent, sans que nous agissions, l’élément
déterminant se manifeste très précisément lorsque nous restons dans un non-agir centré.
Le non-agir et l’action sont alors équivalents, nous ne pouvons pas les séparer, ni les
différencier. Les deux forment une seule et même action concentrée.
L’inverse est vrai aussi. Nous ne pouvons rester dans le non-agir que si,
simultanément, nous agissons. Le non-agir s’oriente donc à une action. Ce n’est qu’ainsi
qu’il peut avoir un effet. Les deux, le non-agir et l’action font partie d’un même rapport
global. Dans la respiration par exemple, le non-agir est mortel.
Dans ce domaine, il s’agit encore fois d’une autre simultanéité. Cependant, ce
n’est qu’à partir du vide qu’elle intervient de manière créatrice dans l’existence pendant
un certain temps. Durant son existence, cet élément se transforme constamment ; il va de
son début à sa fin ; de plus, il devient moins et de moins, il devient davantage, d’isolé, il
fait partie d’un ensemble ; du bas, il va vers le haut ou du haut vers le bas.
En ce sens, la mort succède à la vie et la vie succède à la mort. Ce n’est que dans
le temps qu’elles semblent se succéder. Devant le vide, elles paraissent intemporelles,
éternelles, elles ne forment qu’un ; elles sont simultanément attirées par le vide qui
constitue leur centre.
Ce qui distingue une préséance d’une succession, ce qui différencie les contraires
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entrent dans l’existence grâce à un mouvement. Pour qu’un mouvement perdure, il doit
progresser par le biais de contraires semblables à ceux de notre respiration ou de la vie et
de la mort. Néanmoins, comme dans tout est créé et mis en mouvement simultanément,
ce qui domine est un vide qui demeure sans qu’il y ait de succession.
Pouvons-nous faire simultanément l’expérience de ces mouvements contraires ?
Nous les vivons simultanément sur le plan d’une conscience globale, vide et sans
limite.
Que donne la comparaison entre cette conscience vide et notre conscience de la
vie quotidienne ? Elles ne font qu’un, simultanément. Nous passons de l’une à l’autre
selon que nous demeurons ou non immobiles et vides ou, que pour rester en vie et nous
mettre à son service, nous sommes en mouvement à travers des successions ou des
oppositions.
Là encore, le début et la fin arrivent en même temps, nous, notre commencement
et notre fin également.
De quelle façon ? Créateurs et vides.
Le Moi
La conscience qui englobe tout connaît-elle le Moi ? Est-ce imaginable ? Elle ne peut
être globale que parce qu’elle est tout en même temps et que, simultanément, elle est
dans tout ce qui est en mouvement. Mais alors, pouvons-nous avoir une relation
personnelle avec cette conscience, une relation de Je à Tu ? Une telle idée n’est pas en
tout point absurde ?
Et pourtant, c’est bien elle qui domine absolument la conscience occidentale.
Principalement, chaque religion et chaque croyance. Parallèlement, cette idée est à
l’œuvre dans tous les conflits, dans chaque envie de justice et d’expiation. Notre Moi
s’est emparé de la première place. Il constitue l’alpha et l’oméga de toute action, de
chaque gain et de chaque perte.
Cette idée et la relation permanente avec notre Moi constituent les bases même
de notre conscience quotidienne. De la sorte, elle a été réduite au plus petit
dénominateur commun. De nos jours, notre Moi personnel ainsi que le Moi de notre
groupe, celui grâce auquel le Moi individuel s’élargit, butent à une limite. Au-delà, rien
qu’en faisant un seul pas supplémentaire s’ouvre pour nous l’abîme de notre conscience,
sa fin inévitable. De quoi est-ce la fin ? Celle de notre Moi et celle du monde tel que
nous avons tenté de le soumettre.
Ces mouvements sont-ils les nôtres ? Une conscience globale agit-elle derrière
eux ? Nous permet-elle de passer dans un autre monde sans Moi, grâce à un mouvement
qui nous fait participer à une unité que notre Moi tentait de diviser, en encourageant des
guerres interminables qui constituent des menaces pour tout le monde ? Cette fin sonne-
t-elle le glas de notre Moi ?
Qu’est-ce qui nous sauve d’une telle fin ? La force qui nous a créé avec notre
Moi et qui maintenant, à la fin de la domination de notre Moi, ramène tous les Moi à
leur origine. Elle nous fait retourner à un commencement sans Moi, à réintégrer le
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mouvement créateur qui, simultanément, dirige tout ce qui est tel que c’est et devient.
De quelle façon ? Sans Moi, pleinement conforme à son début et à sa fin.
Comment ce mouvement se manifeste-t-il dans notre vie quotidienne ?
Nous nous comportons comme si nous n’étions plus là, comme si nous n’avions
plus notre Moi d’avant, pleinement soumis à ce mouvement créateur sans Moi, à chaque
instant totalement intégré à son action.
Planifions-nous encore ? Sommes-nous encore vivants ? Mourrons-nous encore ?
Nous nous déplaçons déjà au-delà de ces limites ?
Nous avançons sans bouger. Nous le faisons comme si nous étions déjà sans Moi
mais néanmoins, présents.
Nous sommes là autrement, sans Moi, continuellement emportés par d’autres
forces dans une dimension éternelle. Nous faisons l’expérience d’être accompagné dans
le vide qui domine sans dominer, qui agit sans agir, qui aime sans aimer, qui est présent
sans l’être. Ce vide est à la fois divin et humain. Il constitue notre origine éternelle. En
fin de compte, nous y sommes revenus, nous y sommes dorénavant confondus et en lien
avec lui.
Chez soi
Nous sommes chez nous à l’endroit où notre chemin de vie a débuté. En ce sens, tout
d’abord chez notre mère et notre père. Mais également dans notre famille élargie : dans
notre langue, là où nous habitons, dans notre patrie, dans sa conception du monde et
dans ses limites.
De fait, au bout d’un moment, nous devons abandonner ce chez nous et en
trouver un autre. En particulier, avec un conjoint, avec lui nous fondons une famille et
trouvons un nouveau chez nous. En réalité, nous y gardons la nostalgie de notre chez
nous originel.
La question se pose : ce chez nous originel est-il le premier ? Y avons-nous
accédé en venant d’ailleurs ? Avons-nous donc une autre origine ? Emportons-nous
beaucoup d’expériences avec nous, des expériences de détresse, de mort, de renouveau
et de bonheur qui continuent à nous influencer dans notre nouveau chez nous ?
Que se passent-ils avec les personnes et avec la nature qui faisaient partie de nos
multiples chez nous ? Continuent-elles à vivre en nous ? Ressuscitent-elles une fois de
plus ? Le font-elles de manière incomplète ? En accord avec nous, sont-elles à la
recherche de leur accomplissement, celui qui ne s’est pas encore produit ?
Avec nous et en nous, qui fait alors l’expérience du bonheur ? Qui celle du mal-
être ? Qui se sent dangereux ou méchant ? Qui s’expérimente comme créateur ? Et qui
comme incapable et vide ?
Dans ces situations, comment traitons-nous notre vie précédente ? Comment
nous comportons-nous envers les personnes qui en faisaient et en font toujours partie ?
Avec elles, nous regardons de l’avant, un chemin que nous avons en commun et
nous conduit ensemble vers notre accomplissement. Au lieu de ne regarder que nous-
même, de ne regarder qu’en arrière ce qui y est resté inachevé, les uns à côté des autres,
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nous regardons en avant sans faire comme si nous nous appartenions, ni comme si nous
étions encore dépendants les uns aux autres.
Cela signifie que nous nous sentons emportés dans une autre conscience, une
conscience vide, un vide situé au-delà des frontières de notre être, au-delà des limites de
notre vie précédente, au-delà de tout ce qui chez nous relevait d’un chez nous précédent
ou futur.
Qui que nous soyons, qui que nous ayons été, ce n’est que là que nous sommes
libres. Parce qu’alors, nous sommes sans Moi et vides, intégrés à une force ultime dans
ce vide créateur qui est l’œuvre derrière tout ce qui existe. Ce vide agit globalement.
Rien ne peut exister qu’avec les limites inhérentes à son existence.
Vers quoi est attiré tout ce qui existe ? Il est attiré à revenir dans un chez lui
global et vide, dans un néant créateur inaccessible et néanmoins, en mouvement. Ce
néant nous entraîne dans ce mouvement de retour où tout ce qui a été et devient tourne
autour d’un même centre, un chez nous permanent vers lequel ce mouvement nous
emporte déjà maintenant. Ce centre demeure.
Vendredi Saint
En cachette
Lorsque nous voulons qu’uniquement notre vis-à-vis nous entende bien, nous lui parlons
en nous mettant la main devant la bouche. De la sorte, nous nous protégeons contre ceux
qui souhaiteraient s’emparer de nos paroles comme si elles leur appartenaient.
Ainsi en cachette, nous ne dévoilons un secret qu’à quelques-uns, qu’à ceux qui
sont capables de le garder. La liberté de parole qui permettrait à tout un chacun de
s’emparer de mes paroles et de mes idées à son profit et à mes dépens n’existe pas.
La parole décisive a une longue histoire. Cela veut dire qu’elle est déjà là depuis
longtemps, bien avant qu’elle n’apparaisse. C’est bien pourquoi, nous ne pouvons et ne
devons l’exprimer que si dans nos profondeurs, nous avons parcouru son long chemin
avec elle. Souvent, pleins de doutes et de surprises, poussés à la contredire, au bout d’un
certain temps, nous sommes pourtant rattrapés par elle. Son action nous atteint
immanquablement, nous sommes à sa merci.
C’est bien pourquoi nous gardons ces secrets, ce que nous avons perçu au plus
profond de nous-mêmes comme un trésor. Nous ne les exposons pas. Ils ne sont
accessibles qu’à ceux d’entre nous qui ont parcouru un chemin semblable, ceux qui ont
eux-mêmes été emportés dans ces profondeurs.
Lorsque deux d’entre eux se rencontrent sur ce chemin, cachés derrière leur main
tendue, ils échangent leurs expériences.
Sont-ils alors comme le maître et l’élève l’un pour l’autre ? L’élève peut-il
prendre de son maître avant d’avoir parcouru lui-même un chemin semblable ? Se
connaissent-ils déjà au moment où ils se rencontrent ? Regardent-ils dans leurs
profondeurs sans jamais les dévoiler ? C’est bien pourquoi, à chacun de leurs échanges,
ils se rencontrent autrement de façon nouvelle. L’ultime demeure inépuisable.
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Fréquemment, ils n’ont pas besoin de se cacher derrière leurs mains tendues. Ils
se perçoivent directement l’un l’autre dans leurs profondeurs.
Ils sont assis l’un à côté de l’autre, ils regardent dans la même direction, rient
ensemble et font de nouveau silence.
Se parlent-ils vraiment l’un à l’autre ? Se taisent-ils devant l’insondable ?
Saisissent-ils subitement un mot qui les atteint tel un éclair ?
Cet éclair est très bref, un long tonnerre lui succède. Le tonnerre n’ajoute rien de
nouveau. Toutes les perceptions et leurs conséquences étaient contenues dans la brièveté
de l’éclair.
Peut-être, peuvent-elles dire quelque chose à propos du tonnerre : il ne reste de
l’éclair qu’un clin d’œil caché derrière une main tendue.
De quoi s’agit-il lorsque nous parlons en nous cachant derrière la main tendue ?
Il s’agit de respect pour une révélation. Elle est issue d’une conscience qui
dépasse de beaucoup celle que dirige notre Moi. Il nous a été fait cadeau de cette
révélation, elle ne nous appartient pas ! C’est bien pourquoi nous ne l’exprimons que
derrière la main tendue à quelqu’un qui l’a reçue comme nous.
Les autres y perdent-ils quelque chose ? Comment pourraient-ils perdre ce qu’ils
n’ont pas ! Comment pourraient-ils arriver au but sans y être allé ?
Derrière ma main tendue, il se peut que je ne dise qu’un seul mot. Lequel ?
Ce mot est : « Oui ! » Un oui tous azimuts. Je dis ce oui à ce qui est déjà là, ce qui est
déjà présent. Peut-être, seulement présent pour moi ou, pour moi et pour celui à qui je le
confie derrière ma main tendue. Je le lui confie et il me confie le sien.
Les autres en restent-ils exclus ? Comment pourraient-ils être exclus de ce qui est
là, directement devant eux ? Comment ce mot pourrait-il interdire de montagne celui qui
reste dans la vallée ?
Ce n’est qu’en bas que la main tendue est nécessaire. En haut, tout le monde
regarde simultanément dans toutes les directions.
Éteint
C’est surtout le feu qu’on éteint avant qu’il ne se répande et cause des dégâts. Il ne reste
que des cendres de tout ce dont il s’est saisi.
Il existe également une extinction salutaire. Elle ne produit aucun dommage. Par
exemple, quand nous éteignons un reproche ou un sentiment de culpabilité de notre
mémoire.
En ce cas-là, il se produit le contraire de ce qui arrive avec le feu. Ce qu’il en
reste est un plus au lieu d’un moins. Cependant là aussi, quelque chose doit disparaître.
De nombreuses tentatives d’extinction essayent d’éliminer définitivement
certaines choses. Par exemple, lorsqu’en expiant, nous tentons de faire disparaître une
culpabilité. La culpabilité diminue-t-elle ou augmente-t-elle ? En expiant, en plus de ce
que j’ai déjà fait à quelqu’un, je me fais aussi quelque chose.
L’autre manière d’éliminer la culpabilité consisterait à pardonner. De la sorte,
nous nous libérons d’un certain poids qui nous rabaisse. Cependant, une telle extinction
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doit aller loin ; nous devons également éteindre la faute dans notre mémoire.
Dans ce domaine, nous sentons clairement quelles dimensions une telle
extinction peut atteindre. Elle nous rend libres, les autres aussi.
Il existe encore autre chose dont l’extinction dans notre mémoire peut avoir de
vastes conséquences. Tata Cachora, encore connu sous le nom de Don Juan Matus, attire
notre attention sur les conséquences qui en découlent lorsque nous oublions notre
histoire, quand nous l’effaçons de notre mémoire.
Il y en aurait de plus vastes encore, si notre corps pouvait effacer le souvenir de
nos maladies. Par exemple si, lorsque nos cellules se renouvellent, elles le faisaient sans
se souvenir des maladies. Nous pourrions alors repartir de zéro comme à nos origines.
Pouvons-nous contribuer à cela ? Pouvons-nous contribuer à ce que leur souvenir
soit effacé jusqu’à dans la dernière de nos cellules ? Qu’elles se vident de tout qu’il y
avait auparavant pour que tout revienne à son état initial ? Pour revenir à cette pure
pensée qui nous a fait entrer dans la vie et ensuite, d’un instant à l’autre, nous y
maintenir en permanence ?
Pouvons-nous contribuer d’une manière ou d’une autre à ce qu’une telle
extinction réussisse ?
Nous le pouvons de deux façons !
Premièrement : chaque souvenir fait revivre quelque chose qui a mis fin à un
certain cycle. Tant et si bien que lorsqu’elle est réactivée de l’extérieur, elle réintègre ce
cycle qui alors, se remet en route.
Lorsque ce souvenir remonte en nous, l’exercice salutaire consisterait donc à
retourner de manière centrée, à l’époque où nous étions encore vides de cette expérience.
Par exemple, l’expérience d’une certaine souffrance. Centrés, vides de tout avenir, nous
retournons dans nos origines, nous nous sentons de nouveau appelés à exister.
Là, l’idée que nous devrions éteindre quelque chose cesse. Nous nous exposons à
nos origines, nous sommes créés une nouvelle fois. Simultanément, nous nous
imaginons que, parce qu’elle se renouvelle, chacune de nos cellules abandonne toutes les
anciennes traces qui tentent d’entrer dans les nouvelles.
Question : comment une telle extinction peut-elle réussir ?
Nous retournons dans le vide à partir duquel nous sommes entrés dans
l’existence ; de là, nous sommes d’abord entrés dans l’existence avant toutes nos vies
ultérieures et, dans ce mouvement, nous les effaçons ainsi que les traces qu’elles ont
laissées.
Je suis bien conscient que ces réflexions sont osées. En réalité, elles ne le sont
que si nous voulons tenir à nos vies ultérieures comme si elles pouvaient ajouter un
élément déterminant à notre commencement. De plus, cela signifierait que nous avons
été appelés à exister de manière incomplète.
Mais, il se peut que ce soit juste l’inverse ! Que dans nos vies ultérieures nous
ayons perdu quelque chose que nous n’estimions pas ! Ou alors que de nous-même, nous
ayons voulu ajouter quelque chose à ce début parce qu’il nous semblait par trop limité !
Première question : afin de réintégrer la plénitude originelle, pouvons-nous
effacer ce que nous y avons ajouté ?
Deuxièmement, nous pourrions également nous poser la question : avons-nous
rejeter notre conscience originelle pour finalement, atterrir dans une conscience dominée
par le Moi ? Donc plutôt chez nous, à la place de cette force pure qui nous a permis
d’exister ? - En réintégrant le vide dont nous sommes issus, sommes-nous capables de
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supprimer notre conscience dirigée par le Moi ? Un tel mouvement nous ferait-il
redevenir entiers et sains, tel que nous l’étions à l’origine ?
A ce point-là, j’arrête avec mes réflexions. Je me laisse et je laisse à chacun de
ceux qui m’ont suivi jusque-là, la décision de se risquer à une telle fin jusqu’à ce que
nous retrouvions le vide originel capable de supprimer de manière créatrice, ce qui s’est
écarté de lui.
Quel en serait le résultat ? Le retour à la plénitude originelle, au vide qui attire
tout à lui. La pure plénitude qui attire tout à elle, transparente, sans aucun ajout.
Comment ? Parce que vide et créateur, intégralement.
Le féminin
Le féminin est vide parce qu’il est ouvert à la nouvelle vie en attente de venir. Tout le
reste est au service du féminin. Son service accompli, il peut se retirer. Tout continue à
travers le féminin. Le féminin peut donc rester discret. Il ne doit être frappant que
lorsqu’il doit attirer ce qui est à son service. Quand son vide est rempli, que ce vide s’est
rempli de façon créatrice, le féminin peut faire l’économie de l’attraction. Ce qui l’attire
dorénavant, c’est la nouveauté, le fruit qui existe grâce à lui. Le vide du féminin n’est
concevable qu’en lien avec sa plénitude qui elle, n’est concevable qu’avec son vide.
Il en est ainsi pour tout ce qui est créateur, pour tout ce qui issu d’un vide, entre
dans l’existence.
Question : cette plénitude est-elle durable ? Réintègre-t-elle le vide au bout d’un
certain temps ? Se renouvelle-t-elle dans le vide dont elle était issue ? Parcourt-elle un
nouveau cycle ?
Pourquoi est-ce que je pose cette question ? Le féminin se réduit-il à son
apparence ? Ou est-il un élément d’un mouvement créateur global qui se manifeste de
bien des manières dans le monde que nous percevons ?
Ainsi, l’expiration est un retour dans un vide qui conduit à une nouvelle
plénitude. De la même façon, la centration et le silence sont un retour à un vide originel.
Il en est de même avec la nuit qui succède au jour, tout comme avec le sommeil après
lequel nous nous réveillons de nouveau.
En est-il de même avec la mort ? Retournons-nous dans le vide d’où nous
renaissons à une vie suivante ? Y a-t-il un retour permanent dans ce vide ? La mutation
qui passe du vide à la plénitude est-elle un mouvement éternel ?
Je m’arrête là. La question se pose : l’endroit où nous sommes dans ce
mouvement joue-t-il un rôle ? Ce mouvement se dirige-t-il vers un plus ou vers un
moins ? Que nous soyons en route vers la plénitude ou retournions dans le vide ou les
deux à la fois, jouent-ils un rôle ?
Ai-je peu dit du féminin ? Ou peut-être tout !
Quand conscients de ce mouvement et que nous sentons qu’il nous emporte,
comment vivons-nous notre vie ?
Nous la vivons à la fois pleine et vide, sereinement dans les deux directions.
Nous portons des fruits, nous transmettons et nous nous retenons. Comment ? Pendant
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un certain temps.
Réussi
Une avancée nous réussit d’autant mieux que nous avons dû l’attendre longtemps ?
Subitement, elle arrive ! De manière inattendue, elle rompt un obstacle qui la retenait
jusque-là. Soudain, elle laisse la voie libre à ce qui s’était accumulé, elle atteint d’autres
dimensions.
A qui une telle avancée réussit-elle ? Pouvons-nous l’obtenir par la force ? Ou se
produit-elle au bon moment, avec une force qui nous surprend et nous libère, nous et
beaucoup d’autres ?
Nous en faisons l’expérience dans le domaine spirituel quand nous percevons
clairement des choses jusque-là impénétrables ? Soudain, elles nous paraissent claires et
évidentes. Nous savons quelles seront les étapes suivantes.
Nous faisons l’expérience d’une telle percée dans notre profession quand, après
de longues recherches, nous percevons le rapport déterminant, celui qui permet le
passage de l’étroitesse à la largeur.
C’est avant tout dans notre relation de couple que de telles percées nous
réussissent le mieux. Ce qui constituait toujours plus un gros bouchon se rompt, il se
transforme en un nouvel amour, en une tendresse accrue.
Ces temps-ci, on parle souvent d’une nouvelle conscience à laquelle nous
souhaiterions accéder alors que d’un coup, nous butons contre de gros obstacles qui la
retiennent depuis longtemps ; elle semble attendre le bon moment !
Pouvons-nous franchir ce barrage en passant d’en bas vers le haut ? Ou,
attendons-nous en bas jusqu’à ce que, finalement, il rompe et qu’à la merci de ses flots,
nous soyons emportés d’en haut vers le bas.
Nous atteignons sa hauteur lorsque nous abandonnons notre précédente
conscience parce qu’elle est provisoire et proche de sa fin.
Qu’abandonnons-nous avant tout ? Surtout son étroitesse qui nous maintenait
enchaînés à ce qui nous est proche.
Quelles chaînes ai-je évoquées ici ? Celles que nous imposent notre Moi, celles
qui nous empêchent de percevoir le tout, les choses qui nous permettraient de sortir de
cette étroitesse pour adopter une vision cosmique. Au lieu de n’en voir que les clauses
en petits caractères, nous avons le livre entier devant les yeux : derrière notre horizon,
nous percevons le vide. Dans ce vide, rien ne s’accroche à rien parce que tout est plein et
sans limite.
Dans ce vide qu’atteignons surtout ? Nous réussissons à former une communauté
différente, sans passé, sans futur, déjà maintenant présente avec tout, aimante, paisible,
exempte de tout Moi, vide et pleine à la fois.
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Maman
Notre maman est l’image originelle de l’univers, celui dans lequel nous sommes présents
et vivants avec tout ce qui existe. De même que nous sommes issus d’une seule cellule
fructifiée et, qu’à partir de là, nous progressons vers notre plénitude de même que notre
monde qui se développe visiblement et spirituellement vers une diversité toujours plus
importante. L’univers s’est lui aussi formé dans toutes ses dimensions perceptibles et
spirituelles à partir d’un seul atome fructifié à la suite d’une explosion originelle qui se
poursuit jusqu’à présent.
Nous avons été conçus de la même façon dans le ventre de notre mère et, en neuf
mois seulement, à l’image du monde, nous sommes l’une de ses incarnations ; nous
vivons conjointement à toutes ses dimensions visibles et invisibles, nous prenons
toujours plus de place dans les dimensions spirituelles à la vitesse de la lumière.
Néanmoins, la force créatrice à l’œuvre derrière cette énorme explosion qui a
produit l’univers et qui nous a conduit chez notre mère reste pour nous dans un vide
insaisissable. Nous le percevons comme un néant sans limite qui cependant, nous
fascine. Il nous subjugue, infiniment lointain, proche et créateur, nous ne saurions lui
échapper. Nous ne faisons qu’un avec lui.
Comme dans l’univers, cette force se répand aussi en nous, en largeur et en
profondeur. De manière créative, elle s’élargit également dans notre conscience.
Que nous arrive-t-il quand nous disons : « maman ? » Quand nous le disons à
l’univers ? Nous et notre maman, pouvons-nous nous démarquer de l’univers ? Pouvons-
nous explorer l’univers ou pour ainsi dire nous l’approprier ? Fiers de connaître toujours
davantage de ses secrets, sans percevoir directement que, quoi qu’il en soit, nous ne
faisons qu’un avec lui, de même ne fait qu’un avec nous. Et en plus, que jusque dans la
dernière de nos cellules, nous sommes inséparablement liés à ses origines créatrices ?
Nous le sommes aussi à son expansion et à son retour à l’époque, pour nous
inimaginable, de son apparition et de sa disparition ?
Depuis son début dans le ventre de notre maman jusqu’à son retour dans les
entrailles de Mère Terre, notre vie est une image et une préfiguration du commencement,
de l’expansion et du retour du monde que, de façon minuscule, nous incarnons pendant
un certain temps.
Cependant, il n’existe aucune distance entre nous et cette puissance créatrice
dont nous venons et vers laquelle nous allons. Dans chaque mouvement, nous restons
inséparablement en lien avec elle.
Comment ? Grâce à son vide inépuisable. Ce vide est notre maman, rien que lui,
qu’il s’élargisse ou au contraire, se retire. A l’instant même, il est notre maman !
Limité
Tout ce qui bouge le fait dans un certain cadre restreint qui va de son commencement à
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sa fin.
La question se pose : y avait-il quelque chose auparavant ? Quelque chose sans
début et donc, sans limites. Existe-t-il un commencement sans début ?
La même question se pose pour la fin. Si avant chaque début il y avait quelque
chose sans commencement, il existe bien sûr quelque chose qui est sans début, ni fin.
En découle la question suivante : que regardons-nous vraiment quand au-delà des
innombrables débuts qui ont précédé le nôtre ainsi que l’arrêt qui suivra bientôt, nous
observons notre commencement et donc, notre fin ?
La question que nous devons vraiment nous poser concerne le commencement et
la fin de notre Moi. Est-il limité ? A-t-il eu un commencement ? Aura-t-il une fin ? En
nous, le Moi de nos parents se poursuit-il ? Notre Moi continue-t-il dans nos enfants ?
Dans le nôtre, le Moi d’innombrables personnes dont nous profitons des acquis durant
notre vie, se poursuit-il ? Notre Moi se prolonge-t-il dans la vie de ceux à qui profite ce
que nous avons réussi ? Cette question est oiseuse parce qu’elle ignore la cause de toute
action dissimulée derrière chaque début, y compris derrière le commencement qui a
conduit à notre fin ?
Suis-je allé trop vite en besogne ? Dans la mauvaise direction ?
Seulement, si j’ignore que derrière tout ce qui est limité agit une force créatrice
illimitée et, que c’est elle qui initie ce commencement toujours provisoire. Elle cause
aussi sa fin qui ne peut être vécue et comprise que comme un recommencement. Tout ce
qui a des limites ne peut exister que parce qu’il existe une force illimitée.
Question : ce qui n’a pas de limites peut-il être plein ? Peut-il avoir un Moi,
l’incarnation même de la limitation ? Peut-il s’agir d’une chose précise, ou est-ce de
toute façon indéterminée ?
Quand nous parlons de limites, nous nous apercevons qu’au-delà de toutes les
limites, il y a des choses auxquelles elles se réfèrent. Toutes les frontières font référence
à un centre. Sans qu’il apparaisse vraiment, les limites sont toutes attirées vers le centre.
Le Tao Te King parle du centre vide. Tout gravite autour de lui. Tout s’en
éloigne pour finalement y retourner. Pourquoi ? Pour repartir de nouveau, pour un
nouveau commencement limité et une nouvelle fin limitée.
Que se passe-t-il donc avec notre conscience ? Quand nous parlons d’une
nouvelle conscience, est-elle vraiment nouvelle ? Ou n’est-elle que l’une des
nombreuses consciences ? Est-elle meilleure que notre conscience actuelle ? Ou n’est-
elle qu’un stade préliminaire d’une autre conscience à venir ? La nouvelle conscience
gravite-t-elle autour du même centre vide que l’ancienne ?
08/12/2020
Introduction...............................................................................................................2
Le vide................................................................................................................................3
De nouvelles Voies...................................................................................................3
40
Vers quoi la Constellation Familiale se transforme-t-elle ?............................3
Qu’en découle-t-il pour la Constellation Familiale ?......................................5
La nouvelle et l’ancienne Constellation Familiale..........................................5
De quelle façon, les anciens constellateurs et les débutants peuvent-ils
apprendre à connaître la nouvelle Constellation Familiale ?..........................6
Comment la nouvelle conscience se manifeste-t-elle ?...................................6
Le monde s’interrompt..............................................................................................7
Décédé......................................................................................................................8
Attaqué......................................................................................................................9
Les Dieux................................................................................................................11
Le néant...................................................................................................................13
Le progrès...............................................................................................................14
La régression...........................................................................................................17
La Constellation Familiale spirituelle...........................................................17
Les modes opératoires de la conscience........................................................18
Qu’est-ce que cela signifie pour la Constellation Familiale ?.......................19
La nouvelle Constellation Familiale..............................................................19
Un même droit à l’appartenance...................................................................20
La préséance des prédécesseurs....................................................................21
Les conséquences en Constellation Familiale...............................................21
La perspective................................................................................................22
La solution..............................................................................................................23
Un exemple de Constellation Familiale spirituelle.................................................24
Réconciliation en Russie...............................................................................24
Tirée d’un séminaire de formation, Vladivostok 2008..................................24
Introduction :.................................................................................................24
La procédure multidimensionnelle................................................................24
Le champ spirituel de la famille....................................................................25
La constellation :.....................................................................................................26
Staline et la Russie..................................................................................................26
Feedbacks des représentants...................................................................................27
Feedback du représentant de Staline.............................................................36
La paix en Russie....................................................................................................39
Le bonheur..............................................................................................................40
Guéri.......................................................................................................................42
Simultanément........................................................................................................43
Le Moi.....................................................................................................................45
Chez soi...................................................................................................................47
Vendredi Saint........................................................................................................48
En cachette..............................................................................................................50
Eteint.......................................................................................................................52
Le féminin...............................................................................................................54
Réussi......................................................................................................................56
Maman....................................................................................................................57
41
Limité......................................................................................................................58
Table des Matières..................................................................................................60