Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
net/publication/264782498
CITATIONS READS
0 1,947
3 authors, including:
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
All content following this page was uploaded by Azeddine Belakehal on 13 August 2020.
Résumé:
L’ensemble des historiens de l’architecture dans les pays islamiques rapporte la notoire
Cette étude tente de cerner cet apport de l’architecture ottomane en examinant les divers
dispositifs destinés à l’éclairage naturel utilisés dans divers bâtiments datant de la période
ottomane en Algérie. Une lecture conformationnelle est menée sur un corpus constitué
Pour cet examen, il a été question de recourir à des indicateurs typologiques (éclairage
morphologiques (divers rapports entre surfaces des baies et surfaces des parois).
en Algérie. De même, un modèle a été proposé pour définir les relations intrinsèques
régissant ces dispositifs entre eux ainsi que leurs rapports avec les facteurs extrinsèques.
1. INTRODUCTION
Etendu jusqu’en Algérie à partir du début du XVIème siècle, l’empire ottoman, grâce à son
emprise totale sur le territoire, l’espace et la société, a laissé plus d’une empreinte.
L’architecture, celle à laquelle s’intéresse cette recherche, illustre plus que toute autre
empreinte la survie de cet héritage qui fait encore de nos jours la gloire des ottomans en
Algérie. Outre les cités réorganisées et en dehors des forteresses et les édifications
moins grandiose, moins monumental mais non moins important mérite d’être exploré. Il
où celle ottomane a excellé tel qu’en témoigne les historiens de l’art et de l’architecture.
Les dispositifs architecturaux mis en œuvre pour manifester cette dimension sont
examinés au sein du legs hérité de l’empire ottoman par l’Algérie. Une lecture
contexte local.
OTTOMANE
majestueusement s’en démarquer. Reprenant les figures géométriques utilisées dans les
édifices byzantins, parfois même leurs proportions, ils innovèrent cependant en matière
de technique constructive mais également sur le plan de l’éclairage naturel (Stierlin,
1979 ; Vogt-Göknil, 1965). Pour ce dernier, l’architecte ottoman Sinan exemplifia une
chrétienne.
Il opta pour un espace uniformément éclairé au lieu de celui où une lumière mystique se
propage du haut de l’édifice vers ses lieux les plus bas au sol. Ainsi, sur les diverses
opéré de manière à la rendre plus transparent et plus léger. Cela s’opposé aux bâtiments
byzantins caractérisés par des surfaces relativement peu percées engendrant l’aspect de
OTTOMANE EN ALGERIE
L’émotion suscitée par la lumière naturelle et les dispositifs qui lui sont destinés dans
l’architecture ottomane n’est pas restreinte, à proprement parler, aux édifices construits
sur le sol d’Anatolie. Ce savoir- faire semble se propager sur l’ensemble du territoire de
l’empire ottoman. Le texte d’un voyageur chroniqueur maghrébin décrivant une mosquée
coupolettes qui l’entourent ainsi que les baies ajourées percées dans les murs (Belhamissi,
1981). A toute lumière transmise par chacun de ces dispositifs, le voyageur donne une
à l’intérieur de l’édifice.
Révélant une particularité architecturale, souvent non mise en relief, cette description et
les éléments qui en sont tirés attirent non seulement l’attention sur l’éclairage naturel
Pour mener à bien cette étude, la sélection d’édifices a du prendre en compte l’étendue
pouvant être affirmée que par les historiens de l’art et de l’architecture, le choix des
édifices ne pourrait donc être fait en dehors de ceux cités dans la bibliographie relative à
Les édifices sélectionnés sont finalement situés dans cinq villes algériennes : i) Annaba et
Constantine à l’est, ii) Alger au centre, et iii) Oran, Mostaganem et Tlemcen à l’ouest du
pays. Un ensemble de trente cinq (35) édifices répartis entre quatorze (14) mosquées et
vingt et une (21) habitations constitue le corpus de cette étude. Les données relatives aux
spécimens du corpus ont été collectées à partir des ressources documentaires disponibles.
originel ont poussé à se référer aux informations contenues dans des textes les décrivant
4. METHODOLOGIE
Une analyse à deux niveaux a été appliquée sur les objets du corpus précédemment
ainsi que leur insertion dans un modèle structurel définissant leur syntaxe.
Concernant ce dernier aspect, et parmi les éléments de la conformation qui influent sur la
(Belakehal, 2007). En somme, les proportions relatives et les positions des percements
dans la paroi du volume de l’édifice étudié constituent les paramètres retenus pour cette
étude.
Le type est, selon le même auteur, une unité figurative qui possède un nom qui le défini et
qui renvoi toujours à la même identité formelle quelque soit la langue dans laquelle il est
reconnaissance d’une figure en tant que type. Ainsi, deux types d’éclairage naturel sont
identifiés selon que l’ouverture, source de lumière naturelle, est située sur les parois
communément le premier par éclairage latéral et le second par éclairage zénithal quelque
La topologie, quant à elle, est liée entre autres à l’organisation spatiale qu’elle permet
spatiales). Pour le cas de cette recherche, la lumière peut indiquer au sein d’une
polarisations géométriques tel que le centre, l’axe et la périphérie…etc.). Elle peut aussi
Enfin, la morphologie indique la manière dont sont reliés les éléments entre eux et par
rapport à la totalité de la forme bâtie (leur syntaxe). Les ouvertures assurant la pénétration
modèle formel (structurel) qui définira les propriétés intrinsèques régissant les divers
est méthodologiquement fondée sur les travaux du laboratoire d’analyse des formes
Les dispositifs architecturaux pour l’éclairage naturel ont été inventoriés en respect du
de maisons, demeures et palais ont été les principales ressources pour établir un
Mostaganem a été suppléée par des visites sur terrain dans les vieilles cités et
d’éclairage naturel qui sont employés dans les habitations de ces cités.
Annaba, une autre à Mostaganem et une dernière à Oran ont formé le corpus de
L’observation des divers documents collectés pour chacune de ces bâtisses a permis
d’identifier quinze dispositifs assurant l’éclairage naturel des divers espaces intérieurs : 1)
cour (ou patio) à ciel ouvert entouré de galeries, 2) cour (ou patio) couvert par une grande
lumière pour driba (grande skifa), 6) porte d’entrée des pièces flanquée de deux fenêtres,
pièces, 8) claustra en plâtre (souvent au nombre de un) au dessus des fenêtres de part et
d’autre de la porte d’entrée des pièces, 9) petite fenêtre donnant sur l’extérieur éclairant
l’alcôve, 10) petite fenêtre donnant sur l’extérieur éclairant l’escalier, 11) fenêtres de
formes carrée, 12) fenêtres de forme autre que carrée(arc en accolades, en anse de
panier…), 13) petite fenêtre sans claustra au dessus des fenêtres des pièces des terrasses,
14) ouvertures pratiquées dans l’arc même, 15) petite coupole percée d’ouvertures, et 16)
moucharabieh.
Les dispositifs les plus prépondérants, tels que révélés par l’analyse statistique
descriptive, sont (Figure 1) : i) la cour (ou patio) à ciel ouvert et entouré de galeries (95%
des cas étudiés), ii) porte d’entrée des pièces flanquée de deux fenêtres (71%), iii) double
colonnade pour galerie limitrophe à un espace particulier tel que salle de réception ou
Diwan dans un palais (57%), iv) claustra de plâtre au dessus de la porte d’entrée des
pièces (43%), et v) claustra en plâtre au dessus des fenêtres de part et d’autre de la porte
Figure 1 : Vues intérieures d’une maison de la casbah d’Alger montrant le patio, la galerie en double
colonnade de la salle de réception, à gauche, et la porte flanquée de deux fenêtres avec des claustras
au-dessus, à droite (Source : Ravéreau, 1989).
Les ressources bibliographiques et les visites personnelles sur lieux ont essentiellement
une (01) à Annaba, deux (02) à Oran et une (01) à Tlemcen forment le corpus des
l’architecture religieuse examiné dans le cadre de cette recherche (Tableau 2). En raison
des modifications connues par certaines mosquées durant la période coloniale, il a été
trouvé plus judicieux de se référer à leur état initial et dont la véracité est confirmée soit
par des documents anciens précis (La mosquée Ketchaoua à Alger par exemple) ou bien
par des plans hypothétiques établis par des spécialistes (le cas de la mosquée Souk El-
Ghezel à Constantine).
des plus omniprésents (64 % des cas) en plus des fenêtres surélevées (71%) (Figures 2, 3,
4 et 5). Celles-ci sont situées dans la moitié des spécimens du corpus au-dessus du
quand même bien assez remarquable (respectivement 36% et 29% des cas étudiés).
Figure 4 : Vue extérieure de la mosquée Sidi Lakhdar à Figure 5 : Vue intérieure de la mosquée du
Constantine montrant les fenêtres surélevées au-dessus du Pacha à Oran montrant les fenêtres
Mihrab, à droite, et la double rangée de fenêtres à gauche surélevées au-dessus du Mihrab
(Source : Auteurs). (Source : Auteurs).
6. LECTURE CONFORMATIONNELLE
Les résultats de la lecture conformationnelle sont présentés dans ce qui suit pour chacun
6.1.1. Typologie
Simples maisons, demeures, villas ou palais puisent toutes la lumière naturelle depuis le
patio (pour celles situées dans la cité) et aussi de l’extérieur (pour celles en campagne) au
moyen d’ouvertures percées dans les parois verticales (murs). Les dispositifs d’éclairage
du type latéral. Cela n’empêche que certains dispositifs du type zénithal sont employés
pour éclairer certains lieux. C’est le cas par exemple de la coupole pour le hammam privé
6.1.2. Topologie
source de lumière naturelle située au centre de la maison, et en allant vers l’intérieur des
pièces périphériques après avoir traversé les galeries, l’environnement lumineux accuse
un dégradé visuellement perceptible. Cet environnement se compose de séries d’anneaux
Egalement, la porte flanquée de deux ouvertures sur les côtés avec des claustras au-
dessus implique une axialité transversale dans les pièces périphériques donnant sur le
patio. A partir de l’axe formé par la porte d’entrée et le fond de la pièce matérialisé par le
mur défoncé (K’bou ou Bahù), il est facile de constater que la lumière s’affaiblit en
quantité dans la direction des parties latérales de la même pièce (Figure 8).
Par ailleurs, il est à noter que certaines polarisations non- géométriques sont révélées par
des dispositifs comme le puit de lumière pour la driba ou la coupole pour le hammam
6.1.3. Morphologie
L'examen des propriétés intrinsèques régissant les dispositifs d'éclairage naturel à travers
tous les objets du corpus de l'architecture résidentielle laisse suggérer l’existence d'un
central est entouré, sur toute sa périphérie, d'un espace couvert mais latéralement ouvert
sur lui (vide central). Ensuite, une série d'espaces clos et couverts s'ouvre sur l'espace
La validation du modèle formel ainsi que les variations dont seront issus les types et
correspondances multiples (ACM). Ce test a été appliqué aux dispositifs les plus
statistique descriptive.
Le nuage issu de cette ACM obtenu par l’utilisation du logiciel Statistica révèle la
centralité du dispositif cour à ciel ouvert et sa distance presque égale avec les autres
celle de tous les autres. Par contre deux dépendances sont fournies par ce graphique : i)
celle entre claustras au-dessus de la porte d’entrée des pièces principales et claustras au-
dessus des fenêtres qui cadrent cette porte, et à un degré moindre i) celle de la porte
flanquée par deux fenêtres et la présence de claustras. D’un autre côté, le nuage montre
que la présence d’une double colonnade est indépendante du fait que la cour soit à ciel
ouvert ou non. Toutefois, sa position, dans le nuage, par rapport à la présence ou non de
la couverture de la cour montre que ce dispositif est beaucoup plus présent lorsque la cour
-0,5
Dispositif 3:Non
-1,0
-1,5
-2,5
-2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5
Figure 9 : Graphique montrant les groupes de correspondances entre les dispositifs d’éclairage naturel dans
l’architecture résidentielle de l’époque ottomane en Algérie (Source : Auteurs).
6.2.1. Typologie
L’éclairage naturel zénithal obtenu au moyen des coupoles et des coupolettes peut être
considéré comme l’un des grands apports des ottomans à l’architecture religieuse en
fenêtres les unes par rapport aux autres. A l’intérieur de la salle de prière, un autre
percement dans les parois des nefs des salles hypostyles qui est localisé au-dessus du
sommet des arcs de la mosquée constantinoise alors que ailleurs il est situe entre les arcs
6.2.2. Topologie
La grande coupole couvrant le plus souvent le centre de la salle de prière participe à une
prière. Dans les salles de prière bénéficiant d’un éclairage latéral uniquement, c’est le
mur du Mihrab qui est toujours garni de fenêtres. Une définition lumineuse périphérique
coupole. Une polarisation non-géométrique a été rencontrée pour le cas d’une mosquée
sans coupole centrale se manifestant par un éclairage zénithal au-dessus du Mihrab, par
6.2.3. Morphologie
modèle qui fixe leurs interrelations et leurs variations. Un quadrilatère percé la téralement
ciel ouvert est considéré comme le modèle structurel pour le cas de l’architecture
religieuse. Les résultats d’une ACM appliquée aux données du corpus autorisent à
naturel dans l’architecture religieuse (Figure 10). Ainsi, coupole, cour et rangée basse de
fenêtres forment ensemble une règle pour ce genre d’architecture. De plus, le nuage
rangée basse de fenêtres. Egalement, l’existence ou non des coupolettes affecte celles des
Coupole:Non
1,2
Dimension 2; Valeur Propre : ,23382 (23,38 % d'Inertie)
1,0
0,6
Coupolette:Oui
0,4
Double rangée de fenêtres:Non
Rangée basse de fenêtres:Non
0,2 Cour:Non
0,0
-0,4
Double rangée de fenêtres:Oui
-0,6 Coupole:Oui
Rangée basse de fenêtres:Oui
-0,8
-1,0
-1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
Les modèles élaborés pour les deux genres architecturaux de l’époque ottomane en
Algérie attestent de certains traits permanents de même que certaines variations. Ces
structurels. La taille des ouvertures localisées dans les parois extérieures des
constructions résidentielles est par exemple bel et bien dépendante du site. Le nuage issu
de l’ACM montre que les ouvertures sont plus grandes lorsque l’habitation est en
campagne alors qu’elles sont petites pour le cas de celles situées dans la cité. Cette
Les mosquées situées sur le littoral sont pourvues de coupole tandis que celles se trouvant
dans des villes de l’intérieur en sont dépourvues (Figure 12). Ceci pourra aussi relever
confirmer ces affirmations, il serait plus objectif de les considérer comme de simples
Influence du site sur les dimensions des percements Influence de la région sur la présence de la coupole et de la coupolette
1,5 1,0
Région:hautes plaines
0,8
1,0
Dimension 2; Valeur Propre : ,34259 (25,69 % d'Inertie)
-1,5
-0,6
-2,0 -0,8
Région:litttoral
-1,0 Cour:Oui
-2,5 Coupolette:Oui
-1,2
-3,0
-2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 -1,4
-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
8. CONCLUSION
L’architecture de la période ottomane en Algérie a fait l’objet d’une étude focalisée sur
les dispositifs d’éclairage naturel qu’elle englobe. Différents édifices religieux et diverses
cadre de cette recherche. Il y a été montré que ces dispositifs ont largement contribué à
l’enrichissement du répertoire architectural algérien. Ceci est aussi le cas des relations
tissées entre eux telles que les modèles structurels élaborés le démontrent. Ces modèles
ont également confirmé que les apports ottomans ont subi les influences du contexte local
9. REFERENCES :
Belakehal A. (2007). Etude des Aspects Qualitatifs de l’Eclairage Naturel dans les
Espaces Architecturaux. Cas des milieux Arides à Climat Chaud et Sec. Thèse de
Biskra, janvier.
spaces and buildings of the hot arid regions. Renewable Energy International Journal
Alger.
Constantine.
Alger.
Dokali R. (1974). Les Mosquées de la Période Turque à Alger. Ed. SNED, Alger.
Duprat B. (1999). Morphologie appliquée : L’analyse des conformations
architecturales, ses problèmes, ses principes, ses méthodes. Habilitation à diriger des
du XIXe siècle. Ecole d’Architecture de Lyon, Laboratoire d’Analyse des Formes, Lyon.
Golvin L. (1988), Palais et Demeures d’Alger à la Période Ottomane. Ed. Office des
Guzowski M. (2000). Daylighting for Sustainable Design. Ed. McGraw Hill, New York.
OREF (Office Ryadh El Feth) (1985). ?????????? ??????????? ????? ??µ ??? (La Casbah.
Ravéreau A. (1989). La Casbah d’Alger, et le Site Créa la Ville. Ed. Sindbad, Paris.
Livre, Fribourg.