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Master contentieux des affaires - Semestre 3

Module : Contentieux des marchés publics


Professeur : Bouzoubaa

Le contrôle des marchés publics (institutionnel-judiciaire)

Travail réalisé par : Rahal Wissal


Sajji Niama
Saad Abdessamad
Mosleh jad
El Ketiri Mehdi
Le contrôle des marchés publics
(Judiciaire-institutionnel)

introduction

Un marché public selon les termes de l’article 4 du décret n° 2-12- 349 du 20


mars 2013 est tout contrat à titre onéreux conclu entre, d’une part, un maître
d’ouvrage et, d’autre part, une personne physique ou morale appelée entrepreneur,
fournisseur ou prestataire de services ayant pour objet l’exécution de travaux, la
livraison de fournitures ou la réalisation de prestations de services .

Comme on l’a déjà vu à plusieurs reprises, les Marchés publics revêtent une
importance capitale dans la vie et le fonctionnement de l’Etat dans son sens
général (Etat central, collectivités locales, Établissements publics). Il s’agit d’un
instrument principal de réalisation de l’intérêt général. Les Marchés publics sont
également un mode de gestion des deniers publics.

C’est dans ce cadre qu’il existe un grand souci de protection de l’intégrité de ces
marchés publics. D’où le principe de l’intégrité des Marchés publics. Ce principe
signifie : une utilisation des fonds, des ressources, des actifs et des pouvoirs
conformément à leur destination finale en prenant en compte l’intérêt général.

C’est dans cette optique que la loi marocaine, inspirée entre autres par différents
instruments internationaux a soumis le Marchés publics à différentes formes de
contrôle et d’audit.

Ce contrôle vise à veiller au respect des grands principes de gestion des Marchés
publics tels qu’on les a étudiés au début du cours à savoir : la transparence,
l’égalité, l’efficacité et le respect de l’environnement, et également le principe
de l’intégrité visant à prévenir les pratiques de corruption et de népotisme.

Le contrôle des marchés publics se fait de plusieurs manières. Il existe en effet


plusieurs classifications de ce contrôle. Nous adopterons pour des raisons
pratiques le critère du type de contrôle. En effet, il existe un contrôle institutionnel,
un contrôle budgétaire, un contrôle financier, l’audit et un contrôle juridictionnel

La problématique qui se pose est de savoir par quel moyen peut-on confirmer la
réalisation du MP aux objectifs tracés par l’administration? et est ce que fallait
attendre à la date de fermeture MP pour en déduire les écarts ou fallait il mettre
divers instruments de contrôle au long de la réalisation pour dresser toute
divergence en amont ?
I-Le contrôle judiciaire des marchés public

Le contrôle exercé par les juridictions financières se définit par sa matière constituée
des finances publiques. Le contrôle supérieur des finances publiques relève au
Maroc de la cour des comptes et des cours régionales des comptes. Ce contrôle se
distingue du contrôle exercé par d’autres organes administratifs de part le statut
constitutionnel de la cour des comptes, qui lui confère les attributs d’organe «
supérieur » de contrôle des finances publiques.

➢ La cour des comptes et les cours régionales des comptes

Le contrôle exercé par la cour des comptes est organisé par la loi n°62-99 formant
code des juridictions financières du 13 juin 2002.

La cour des comptes a des attributions très larges. Elle exerce un contrôle de la
régularité des opérations de recette et de dépenses des organismes soumis à son
contrôle en vertu de la loi et apprécie leur gestion et sanctionne les manquements
aux règles qui régissent lesdites opérations,la Cour des comptes vérifie et juge les
comptes présentés par les comptables publics, sous réserve des compétences
dévolues, aux cours régionales des comptes, elle exerce également une fonction
juridictionnelle en matière de discipline budgétaire et financière (art 54, 55 et 56).

Cette dernière compétence touche tous les agents de l’Etat que ce soit des
ordonnateurs, des contrôleurs ou des comptables publiques et les fonctionnaires
travaillant sous leurs ordres et tout responsable ou agent de toute autres organismes
soumis au contrôle de la cour.

Le contrôle de la cour peut intervenir aussi suite au mission de contrôle de la


gestion. Le but est d’apprécier la qualité de formuler les suggestions sur les moyens
successibles d’améliorer et d’accroître l’efficacité et le rendement.

Le contrôle porte sur la régularité et la sincérité des opérations réalisées ainsi que
sur la réalité des prestations fournies, des fournitures livrées et des travaux
effectués.

Les comptables publics sont tenus de produire annuellement à la cour des comptes
ou les situations comptables dans les formes prévues par la réglementation en
vigueur.

La cour des comptes statue sur le compte ou situation comptable par un arrêt
provisoire puis par un arrêt définitif.
En matière de discipline budgétaire et financière, la cour des comptes est l’organe
qui est saisie pour juger l’affaire, dans ce cas, il faut relever une différence avec le
jugement des comptes qui est général et étendue indéfiniment à tous les
ordonnateurs, contrôleurs et comptables publiques, celui-ci est soumis à la saisie
par le procureur général du roi, la premier ministre, le président de l’une des deux
chambres ou un ministre c’est un contrôle qui intervient après qu’une irrégularité soit
relevée par les entités de contrôle administratif et de dépenses.

En matière de contrôle de gestion et de contrôle de l’emploi des fonds la cour des


comptes à pour mission essentielle d’apprécier la manière avec laquelle sont gérés
les organismes et les fonds publiques. Ce contrôle a le souci de protection des
deniers publiques et de l’amélioration de leur gestion ;

Les infractions qui peuvent faire l’objet de poursuite sont diverses, l’ordonnateur peut
être poursuivi s’il enfreint la réglementation des marchés. Dans le même ordre
d’idée, le contrôleur est passible de sanctions s’il n’exerce pas les contrôles qu’il est
tenu de faire notamment sur la conformité du projet de marché à la réglementation
relative à la passation des marchés publics.

Il peut s’agir, par exemple, de la non production du certificat administratif ou du


rapport de présentation du marché qui justifie du choix du mode de passation du
marché, de la non-conformité du marché des travaux ou de fournitures ou de
services aux règles d’appel à la concurrence applicable à l’organisme concerné….

Les cours régionales des comptes exercent les mêmes compétences sur les
collectivités locales et leurs organismes.

II- Le contrôle institutionnel des marchés publics

Il prend différentes formes selon la nature de l’organisme de contrôle et le contenu


même de ce contrôle.

1- Contrôle administratif

Il s’agit d’un contrôle exercé par l’administration elle-même. Il prend la forme


souvent d’une supervision hiérarchique. Ainsi, selon l’article 128 du décret de
1967 qui régit la comptabilité publique dispose : « les ministres exercent soit
directement soit par l’intermédiaire des corps du contrôle, le contrôle des
opérations faites par les sous-ordonnateurs qui leur sont attachés ».

2- le contrôle politique
Les Marchés publics ont une dimension politique qu’on pourrait présenter autour des
points suivants :
• Le contrôle de l’exécution des politiques publiques qui émanent de la nation. Il est
nécessaire de veiller à ce que les marchés traduisent la volonté de la nation et les
grandes orientations stratégiques notamment en matière de développement.

• Le renforcement des règles de l’Etat de droit permettant de limiter les prérogatives


de l'administration et de veiller à l’existence d’un contre pouvoir efficace.
Ce contrôle est essentiellement exercé par le pouvoir législatif à savoir les deux
chambres du parlement et plus particulièrement entre dans le cadre du contrôle
parlementaire sur les finances publiques.

La constitution a prévu plusieurs mécanismes permettant un meilleur exercice de


contrôle :

1 Les commissions parlementaires qui peuvent être:

Permanentes (notamment la commission des finances qui a la main dans le


contrôle du budget de l’Etat). La grande nouveauté ces dernières années est la
création d’une commission de contrôle des finances publiques au niveau de la
Chambre des Représentants dont le rôle est encore plus lié étroitement au contrôle
des Marchés publics.

Commissions d’enquête

Selon l’article 67 de la constitution : « peuvent être créées à l'initiative du Roi ou à la


demande du tiers des membres de la Chambre des Représentants, ou du tiers des
membres de la Chambre des Conseillers, au sein de chacune des deux Chambres,
des commissions d'enquête formées pour recueillir les éléments d'information sur
des faits déterminés ou sur la gestion des services, entreprises et établissements
publics, et soumettre leurs conclusions à la Chambre concernée ".

2 les questions

Le contrôle se matérialise également par le mécanisme des questions orales et


écrites permettant d’interroger les ministres et chefs d’institutions et établissements
publics sur leur gestion et notamment sur l’affectation des crédits alloués. Les
Marchés publics en tant qu’instrument de dépenses entrent bien entendu dans ce
cadre.

3 La loi de règlement et le contrôle à posteriori

Dans le cadre du principe du parallélisme des formes et des compétences, le


parlement s’occupe de l’évaluation de l’exécution des autorisations données par le
parlement. La loi de règlement constate les résultats financiers de chaque année et
approuve les écarts entre les prévisions et les résultats concrets des lois de
finances.

3- le contrôle financier

Ce contrôle est assuré notamment par l’Inspection générale des finances relevant du
ministère de l’Economie et des finances.

Selon le Dahir du 14 avril 1960, l’IGF est chargée de :

• Effectuer les vérifications des services de caisse et de comptabilité, deniers et


matière des comptables publics et de façon générale des agents de l’Etat et des
collectivités territoriales

• Contrôler la gestion de ces comptables et s’assurer de la régularité des opérations


dans les comptes des ordonnateurs de recette et de dépenses publiques.

Les opérations d’inspection se font soit sur demande (du ministère des finances ou
tout autre ministère) soit dans le cadre d’un programme annuel arrêté par le
ministère des finances.
Le contrôle peut être sur place (inspection sur le terrain) ou sur pièce (contrôle des
documents)
L’IGF a un rôle très important dans le contrôle des Marchés publics, à ses
différentes étapes : contrôle d’opportunité, de régularité budgétaire et comptable.

4- L’audit

Les marchés sont soumis, aux termes mêmes du décret de 2013, à des contrôles et
audits à l’initiative du ministre concerné.
Ces audits portent notamment sur :

• La régularité des procédures de passation de préparation et d’exécution des


marchés
• Appréciation de la réalité et de la matérialité des travaux exécutés, des fournitures
livrées ou des services réalisés.
• Respect de l’obligation d’établissement des différents documents afférents au
marché
• Respect de l’obligation de publication des différents documents
• Appréciation des résultats obtenus au regard des moyens mis en œuvre •
Réalisation des objectifs assignés à la prestation, • Opportunité et utilité des projets
et prestations réalisés.
Les audits sont obligatoires pour les marchés dont le montant est de cinq millions de
DH et pour les marchés négociés excédant un million de DH.
Les rapports d’audit effectués doivent être publiés par le ministre ou le chef de l’EP
qui en a fait la demande dans le portail des marchés publics.

A la différence des contrôles administratifs et institutionnels, l’audit se concentre sur


la réalisation des objectifs et l’efficacité des instruments utilisés. Il est effectué non
pas seulement par des institutions publiques, mais également par des
professionnels (cabinets d’audit, bureaux d’études …). Il permet de déceler certaines
pratiques qui pourraient échapper au contrôle administratif en raison de leur
caractère technique pointu.

5- le contrôle juridictionnel

Ce contrôle est exercé notamment par la Cour des Comptes dont la mission
principale est le maintien de l’ordre public financier.
La Cour des comptes a une double attribution :

• Vérification des jugements des comptes à travers l’apurement des comptes dans
le cadre d’un contrôle juridictionnel. Il s’exerce notamment sur les comptables
publics
• Discipline budgétaire et financière : incarnant la fonction exclusivement
juridictionnel et répressive de la Cour à l’encontre des agents qui auraient commis
des infractions à la réglementation financière et comptable.

Au-delà de ces deux dimensions, la Cour des comptes a pour mission de s’assurer
de la régularité et la conformité des marchés publics par rapport à la réglementation
en vigueur. Elle veille également à l’efficacité de l’économie de marché et sa
performance.

A l’issue de ce contrôle, deux mécanismes de suivi sont prévus :


1. Soit la formulation de recommandations de nature à améliorer la gestion
2. Soit la saisine en matière de discipline budgétaire lorsqu’il s’agit d’une
responsabilité de gestion, soit la possibilité d’engager des poursuites pénales ou
administratives.

Dans ses rapports annuels, la Cour des comptes relève habituellement de


nombreuses observations concernant notamment l’imprécision dans la détermination
des besoins et dans la rédaction des Termes de Référence, le recours abusif aux
marchés négociés, la non-maîtrise des délais d’exécution, la tolérance des
malfaçons.

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