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Table des matières

Introduction 3

1 Equations aux dérivées partielles 6


1.1 Introduction et terminologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.2 Exemples d’EDP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 EDP du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1 Problème de Cauchy et méthode des caractéristiques . . . . . . . . . 10
1.3 EDP du second ordre linéaire à coefficients constants . . . . . . . . . . . . . 16
1.3.1 Equation homogène : F (D, D0 )u = 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.2 Solution générale de l’équation F (D, D0 )u = g(x, y) . . . . . . . . . . 18
1.4 EDP du second ordre à coefficients variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.1 Forme canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.4.2 Séparation des variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.4.3 La formule de d’Alembert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.5 EDP hyperboliques : Equation d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.5.1 Problème de cauchy et solution de D’alembert . . . . . . . . . . . . . 27
1.5.2 Problèmes aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.5.3 Oscillations forcées avec extrêmités fixes. . . . . . . . . . . . . . . . . 30
1.5.4 Oscillations forcées avec extrèmités mobiles . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.5.5 Unicité de la solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.6 EDP paraboliques : Equation de la chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.6.1 Calcul d’une solution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
1.6.2 Equation de la chaleur avec une source . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.6.3 Equation de la chaleur aux extrêmitées variables et une source . . . . 38
1.7 EDP elliptiques : Equation de Laplace et Equation de Poisson . . . . . . . . 38
1.7.1 Géneralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
1.7.2 Conditions aux limites naturelles. Existence et unicité . . . . . . . . . 39

1
TABLE DES MATIÈRES 2

1.7.3 Méthodes analytiques de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

2 Equations intégrales 46
2.1 Types d’équations intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.1.1 Équation de Fredholm du premier type . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.1.2 Équation de Fredholm du second type . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.1.3 Équations de Volterra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2 De l’équation différentielle à l’équation intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.3 Solutions fermées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.1 Différentiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.2 Résolution à l’aide des résolvantes : Séries de Neumann . . . . . . . . 49
2.3.3 Méthodes des transformations intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4 Equation intégrale d’Abel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4.2 Méthode de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.5 Equations intégrales de Fredholm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.5.1 Méthode de résolution : Méthode de Fredholm . . . . . . . . . . . . . 56
2.5.2 Méthode des noyaux itérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
2.6 Equation intégrale à noyaux itérés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Introduction

Durant les deux premières années de l’université, on apprend les bases essentielles des ma-
thématiques : calcul différentiel et integral, algèbre linéaire, équations différentielles linéaires,
etc. L’objet de ce cours est d’utiliser ce corpus pour introduire les méthodes mathématiques
dites supérieures utilisées pour résoudre les problèmes classiques de la physique.
Les mathématiques ne sont pas une collection de méthodes juxtaposées et sans relation :
il existe des concepts extrêmement généraux qui nous permettent de porter le même regard
sur des notions à priori disparates. Le concept qui reviendra tout au long de ce cours est
celui lié sur les techniques mathématiques pour la physique. Ainsi, tourner un vecteur du
plan d’un angle quelconque ou appliquer un opérateur integro-différentiel à une fonction sont
fondamentalement la même chose ; de même que trouver les valeurs propres d’une matrice ou
résoudre une équation à dérivée partielle linéaire. C’est bien pour cela que l’étudiant apprend
un tel volume d’algèbre linéaire dans les cours de mathématiques élémentaires.
Le plan du cours est le suivant : Après cette introduction, le premier chapitre sera consacré
aux équations aux dérivées partielles. Il s’agira d’énumerer les types d’équations aux dérivées
partielles et de proposer les méthodes de résolution analytique. On verra qu’il existe trois
grandes cathégories d’équations aux dérivées partielles du second ordre : Les EDP elliptiques,
hyperboliques et paraboliques.
En fin, le dernier chapitre est consacré aux équations intégrales. Après l’énumération
des différents types d’équations intégrales, nous proposerons des méthodes de résolution
sous forme de serie de Neumann ou la méthode des résolvantes et à travers la méthode de
transformations intégrales. Les équations intégrales à noyaux itérés seront analysés à la fin
de ce chapitre.

3
Chapitre 1

Equations aux dérivées partielles

Les équations aux dérivées partielles sont aux fonctions de plusieurs variables ce que
les équations différentielles sont aux fonctions d’une variable réelle. Elles expriment, sous
forme d’égalités, des relations que doivent satisfaire les dérivées partielles d’une certaine
fonction inconnue u de plusieurs variables afin de décrire un phénomène physique, satisfaire
une propriété prescrite, ...etc ...Quand on s’intéresse à une application donnée, on est très
vite amené à faire la dictinction entre les EDPs stationnaires (où toutes les variables jouent
un rôle équivalent) et les EDPs d’évolution (où une des variables joue un rôle privilégié : le
temps). On rencontre de telles équations dès qu’on s’intéresse à des questions de modélisation
en physique : en électromagnétisme, en mécanique du solide et des fluides bien sûr, mais aussi
en biologie, en chimie, en économie, en finance... On y est naturellement confronté quand
on s’intéresse à des problèmes de calcul des variations ou plus généralement d’optimisation.
Savoir manipuler des équations aux dérivées partielles fait de nos jours partie du quotidien
de l’ingénieur.

1.1 Introduction et terminologie

1.1.1 Définitions
Soit u une fonction définie sur <d , à valeurs dans < et suffisamment régulière pour que
les expressions qui suivent aient un sens.
Une équation aux dérivées partielles (EDP en abrégé) pour une fonction u est une équa-
tion faisant intervenir une fonction u inconnue de plusieurs variables x1 , x2 , · · · , xd ainsi qu’un
nombre fini des dérivées partielles de u :

∂ 2u ∂ 2u ∂ nu
!
∂u
F u, x1 , · · · , xd , ,···, 2, , · · · , n , · · · = 0, (1.1)
∂x1 ∂x1 ∂x1 ∂x2 ∂x1

6
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 7

Une EDP est dite d’ordre n quand la dérivée partielle d’ordre le plus élevé qu’elle contient
est d’ordre n.
On dit que u est solution de l’équation aux dérivées partielles dans Ω ∈ <d si, après
substitution de u et de ses dérivées partielles, F s’annule pour tout (x1 , x2 , · · · , xd ) ∈ Ω.
On appelle ordre d’une EDP l’ordre de la plus grande dérivée présente dans l’équation.
Une EDP est linéaire si l’équation est linéaire par rapport aux dérivées partielles de la
fonction inconnue. Par exemple, l’EDP linéaire du second ordre et à deux variables indépen-
dantes x et y a la forme générale
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂u ∂u
A + 2B + C + P + Q + Gu = F, (1.2)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2 ∂x ∂y
où A, B, C, P, Q, G et F sont, au plus, fonctions de x et y. Il faudra noter que :
— si B 2 − 4AC = 0, l’équation est du type parabolique,
— si B 2 − 4AC > 0, l’équation est du type hyperbolique,
— si B 2 − 4AC < 0, l’équation est du type elliptique.
Une EDP est dite quasi-linéaire quand elle l’est par rapport aux dérivées partielles d’ordre
le plus élevé en chacune des variables.
Une EDP est dite homogène quand elle ne contient que des termes faisant intervenir u et
ses dérivées partielles. Par exemple, dans le cas linéaire, l’EDP est homogène lorsque F = 0.
La solution générale d’une EDP linéaire et non homogène (F = 0) est la somme d’une
solution particulière de l’EDP non homogène et de la solution générale de l’EDP homogène.
Les EDP quasi-linéaires sont courantes en physique, et donc importantes. Elles sont, en
fait, fort proches des EDP linéaires. En particulier :
1. Le concept de stabilité pour les schémas numériques peut encore être défini et utilisé.
En effet, la stabilité des schémas est dominée par les dérivées de plus haut ordre.
2. Pour les EDP hyperboliques, le concept de caractéristiques peut encore être défini et
utilisé.
Parfois, les EDP quasi-linéaires peuvent aussi être écrites sous forme conservative.
Un système d’équations aux dérivées partielles est formé de plusieurs équations aux dé-
rivées partielles impliquant une ou plusieurs fonctions inconnues ui .
La solution d’une EDP, u = f (x1 , · · · , xm ), s’appelle aussi une intégrale ou encore une
surface intégrale de l’EDP.
Pour trouver des solutions particulières d’une équation aux dérivées partielles, à partir
de la solution générale, on va imposer des conditions restrictives sur l’ensemble des solutions.
Les contraintes les plus fréquentes sont :

1. Conditions initiales : si u est fonction de (x, t) ∈ <d × < on donne u(x, t0 ) = Φ0 (x)
ou D2p u(x, t0 ) = Φp (x) , on parle aussi de conditions de Cauchy ;
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 8

2. Conditions au bord : si u est fonction de x ∈ Ω ⊂ <d on a trois types de contraintes :


— Conditions de Dirichlet où u est fixé sur le bord de Ω : u|∂Ω = g ;
du
— Conditions de Neumann où la dérivée normale de u est fixé : dη |∂Ω
= g;
— Conditions de Robin ou mixtes : c(x)u + c̃(x) du

= g sur ∂Ω
si g = 0, on a des conditions homogènes au bord ;
3. Conditions à l’infini : si Ω n’est pas borné, on a des conditions de la forme u(x) ∼
Φ(x) quand |x| −→ ∞ ou ||u||2 < ∞;
4. Conditions sur les interfaces : si Ω = Ω1 ∪ Ω2 avec Ω1 ∩ Ω2 = ∂Ω1 ∩ ∂Ω2 , et si l’on
a déterminé u sur Ω1 et Ω2 , alors pour pouvoir définir u sur Ω, on a des conditions
du
sur u resp. dη
, sur ∂Ω1 ∩ ∂Ω2 .

Remarque 1.1 Les contraintes sont en général imposées par la nature du problème que l’on
essaye de modéliser, l’équation aux dérivées partielles et ses conditions restrictives seront
donc a priori cohérentes.

De façon générale une équation aux dérivées partielles ne donne lieu à un problème
raisonnable que si on l’associe à un certain type de conditions restrictives, par exemple des
conditions initiales pour des problèmes d’évolution (équation de la chaleur, équation des
ondes) ou des conditions au bord pour l’équation de Laplace.

1.1.2 Exemples d’EDP

Exemple 1.1
∂ 2u ∂ 2u
+ =0 (1.3)
∂x2 ∂y 2
est une EDP d’ordre 2, linéaire (même plus : à coefficients constants) et homogène. C’est
l’équation de Laplace (voir plus loin).

Exemple 1.2
∂u ∂u xy
x +y + 2 = 2u0 (1.4)
∂x ∂y

(avec u0 constant et de mêmes dimensions que u) est une EDP d’ordre 1, linéaire et non
homogène.

Exemple 1.3
∂u ∂u u2
x +y + =0 (1.5)
∂x ∂y u0
est une EDP d’ordre 1, non linéaire (mais quasi-linéaire) et homogène.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 9

Exemple 1.4 !2 !2
∂u ∂ 2u ∂u ∂ 2u
2
+ =0 (1.6)
∂y ∂x ∂x ∂y 2
est une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et homogène.

Exemple 1.5 !2
∂u ∂ 2 u 1 ∂u ∂u ∂ 2 u
+ + = 0, (1.7)
∂y ∂x2 l ∂x ∂x ∂y 2
est aussi une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et homogène. l étant une constante de longueur.

Exemple 1.6 !2
1 ∂u ∂u ∂ 2 u
+ = 0, (1.8)
l ∂x ∂x ∂y 2
n’est pas quasi-linéaire. En effet, elle est linéaire par rapport à sa dérivée partielle de plus
haut ordre en y, mais elle n’est pas linéaire par rapport à sa dérivée partielle de plus haut
ordre en x.

Exemple 1.7
∂u ∂u
+ c= 0, (1.9)
∂x ∂t
avec c constant est une EDP d’ordre 1, linéaire (à coefficient constant) et homogène. C’est
l’équation de transport.

Exemple 1.8
∂u ∂u
+ u
= 0, (1.10)
∂x ∂t
est une EDP d’ordre 1, quasi-linéaire et homogène. C’est l’équation de Burgers. Elle peut
aussi s’écrire sous la forme conservative :

u2
!
∂ ∂u
+ = 0, (1.11)
∂x 2 ∂t

Exemple 1.9 En fin : !


∂ ∂u ∂u
α − = 0, (1.12)
∂x ∂x ∂t
avec α = α(u) > 0 est une EDP d’ordre 2, quasi-linéaire et homogène. C’est l’équation de
diffusion avec α le coeffcient de diffusivité qui, ici, dépend de la valeur locale de u. En effet,
sa forme développée est obtenue comme :
!2
∂ 2 u dα ∂u ∂u
α 2+ − =0 (1.13)
∂x du ∂x ∂t

ce qui est bien quasi-linéaire.


CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 10

1.2 EDP du premier ordre


Nous examinons ici les EDP du 1er ordre, à deux variables indépendantes (par exemple
x et y ou x et t), et ce dans un cadre général. Pour la théorie qui suit, on utilise les variables
x et y ; il est clair qu’on peut tout aussi bien utiliser x et t.
L’EDP quasi-linéaire du 1er ordre et à deux variables indépendantes s’écrit, de la façon
la plus générale, comme :
∂u ∂u
P+Q = R. (1.14)
∂x ∂y
où P, Q et R sont, au plus, fonctions de x, y et u. On peut toujours décomposer R sous la
forme R = F (x, y) + G(x, y, u). L’EDP est dite homogène lorsque F = 0. Le cas R = 0 est
donc aussi homogène.
Quant à l’EDP linéaire du 1er ordre, sa forme générale est :
∂u ∂u
P +Q + Gu = F. (1.15)
∂x ∂y
où P, Q, G et F sont, au plus, fonctions de x et y. L’EDP est homogène lorsque F = 0.
La forme explicite de la solution sera u = u(x, y). La forme implicite de la solution sera
une relation du type F(x, y, u) = 0. Quoi qu’il en soit, sa représentation géométrique sera
une surface dans l’espace (x, y, u) : la surface intégrale de l’EDP.

1.2.1 Problème de Cauchy et méthode des caractéristiques


Soit u donné le long de la courbe paramétrisée Γ ≡ (x(s), y(s)) avec s le paramètre qui
décrit la courbe, voir Fig. 1 : donc u(x(s), y(s)) = u(s) est une fonction donnée. La question
est : peut-on obtenir la solution u au voisinage de la courbe Γ ? Si oui, on pourra répéter la
procédure en partant de la courbe voisine, etc., et donc obtenir (du moins en principe !) la
solution u(x; y) dans le domaine. C’est le problème de Cauchy.

Figure 1.1 – Problème de Cauchy pour l’EDP du 1er ordre


CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 11

du
Puisque u(s) est connu le long de Γ, ds
est aussi connu le long de Γ et on peut écrire :
du ∂u dx ∂u dy
= + . (1.16)
ds ∂x ds ∂y ds
Il en résulte qu’on peut former, avec l’EDP elle-même, le système suivant :
    
∂u
P Q ∂x
R

dx dy

∂u
 = du
 (1.17)
ds ds ∂y ds

Tant que le déterminant ne s’annule pas, on peut résoudre ce système et donc obtenir, le
long de Γ, ∂u
∂x
et ∂u
∂y
. Cela permet alors de construire la solution u dans le voisinage de la
courbe Γ. En effet, pour toute direction locale (dx, dy) hors de la courbe et au voisinage d’un
point (x(s), y(s)) de la courbe, on a :
∂u ∂u
u(x + dx, y + dy) = u(x, y) + dx (x, y) + dy (x, y). (1.18)
∂x ∂y
Nous pouvons noter que cette relation est exacte puisque dx et dy sont petits. On a donc
obtenu u hors de la courbe Γ et dans son voisinage immédiat. En répétant la procédure, on
peut donc (du moins en principe) se propager petit pas par petit pas et obtenir la solution
de l’EDP de plus en plus loin de la courbe Γ. Et ceci, non pratique, ne fonctionne que si le
déterminant ne s’annule pas. Le problème de Cauchy est donc bien posé si la courbe Γ est
telle que le déterminant ne s’annule en aucun de ses points.
Pour la suite, on considère donc un problème bien posé. Considérons cette fois les di-
rections (dx, dy) non parallèles à Γ, la variation du qui y correspond est liée à dx et dy
par
∂u ∂u
du =dx + dy. (1.19)
∂x ∂y
Il en résulte qu’on peut former, avec l’EDP elle-même, le système :
    
∂u
P Q ∂x
R
 
∂u
 = . (1.20)
dx dy ∂y
du

Puisque que le problème est bien posé, il y a, en tout point de Γ, une direction locale
particulière (dx, dy) telle que le déterminant

P Q
(1.21)
dx dy

s’annule. Cette direction est donc telle que dx et dy sont liés par la relation

P dy = Qdx (1.22)

Cette direction est très importante car, on va le voir, très pratique ; on l’appelle la direction
dy Q dx P
caractéristique. La pente locale de la caractéristique est donc dx
= P
ou dy
= Q
(choisir l’un
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 12

ou l’autre selon que P ou Q pourrait être nul localement, avec la condition que P et Q ne
s’annulent jamais ensemble). Pour la suite, nous considérons, sans perte de généralité, que
P est non nul et que Q est général (non nul ou nul). Le cas Q non nul et P général se traite
de la même manière.
Bien que le déterminant du système s’annule le long de cette direction particulière (la
direction caractéristique), le système est néanmoins encore "soluble" le long de cette même
caractéristique à condition que le déterminant formé en remplacant une des colonnes de
la matrice par le membre de droite s’annule également (cfr. résultats des cours d’algèbre
linéaire). Choisissons de remplacer la deuxième colonne, cela donne :

P R
=0 (1.23)
dx du

et donc
P du = Rdx (1.24)

Cette relation de compatibilité constitue, en fait, la relation différentielle qui détermine la


variation du de la solution pour une variation dx le long de la caractéristique. Il s’agit d’une
équation différentielle ordinaire (EDO) du premier ordre : L’EDP de départ est donc devenue
une EDO le long de la courbe caractéristique ! Ce qui constitue un problème beaucoup plus
simple ! Ceci forme la base de la méthode des caractéristiques : construire la solution en dehors
de Γ en intégrant la relation caractéristique : l’EDO est valable le long de la caractéristique.
Nous noterons que le cas R = 0 est particulier : cela donne du = 0 le long de la carac-
téristique ; la fonction u est donc conservée le long de la caractéristique (on appelle cela un
invariant de Riemann).
De manière équivalente, on aurait pu remplacer la première colonne ; ce qui donne :

R Q
=0 (1.25)
du dy

et donc
Qdu = Rdy, (1.26)

la relation différentielle qui détermine la variation du de la solution pour une variation dy


le long de la caractéristique. Attention, ceci n’est pas une autre EDO ! En effet, puisque
Qdx = P dy, cette EDO est équivalente à la précédante, P du = Rdx. On utilisera l’une EDO
ou l’autre selon ce qui est la plus simple à intégrer.
Comme moyen simple de retenir les relations ci-dessus, on écrit,
dx dy du
= = , (1.27)
P Q R
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 13

ce qui correspond bien à deux relations et non trois. Attention, ceci n’est que pour mémori-
sation ! En effet, pour les calculs, il faut vraiment utiliser les relations de base, et qui n’ont
aucun problème lorsque P ou Q est nul : d’abord intégrer P dy = Qdx pour déterminer
les caractéristiques ; ensuite intégrer P du = Rdx ou bien Qdu = Rdy pour déterminer la
variation de u le long de chaque caractéristique.

Exemple 1.10 : EDP homogène et non-homogène


On considère d’abord une EDP pour un problème dans le plan (x, y). Soit l’EDP :
∂u ∂u
y −x = R. (1.28)
∂x ∂y
On a donc P = y et Q = −x, les caractéristiques seront donc obtenues en intégrant ydy =
−xdx.
On considère, par exemple, un problème de Cauchy avec la courbe Γ définie par x(s) = s
(avec s > 0) et y(s) = 0. On y spécifie la fonction :

u(x(s), y(s)) = u(s, 0) = f (s). (1.29)

donné. Les caractéristiques sont alors obtenues par intégration :

y2 x 2 s2
Z y Z x !
0 0 0 0
y dy = − x dx =⇒ =− − , (1.30)
0 s 2 2 2

et donc, finalement,
x 2 + y 2 = s2 . (1.31)

Les caractéristiques sont donc des cercles de rayon s. On vérifie que Γ est bien admissible :
elle est non-parallèle, en chacun de ses points, à la direction caractéristique locale et elle ne
coupe chaque caractéristique qu’une seule fois.
Considérons d’abord le cas homogène : R = 0. Comme du = 0 le long de chaque carac-
téristique, la fonction u est conservée le long de chaque caractéristique. L’intégration donne
effectivement que Z u(x,y)
du0 = 0 =⇒ u(x, y) − u(s, 0) = 0 (1.32)
u(s,0)

Pour tout point (x, y) du plan, il suffit de suivre la caractéristique et de retrouver le s qui lui

correspond : s = x2 + y 2 . La solution est donc finalement, exprimée en fonction de x et de
y,
q
u(x, y) = u(s, 0) = f (s) = f ( x2 + y 2 ) (1.33)

En particulier, on obtient que u(−x, 0) = u(x, 0). On vérifie bien qu’on ne peut pas ici spéci-
fier u(s, 0) pour les s négatifs : la courbe Γ croiserait alors deux fois la même caractéristique,
ce qui n’est pas autorisé.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 14

u0 xy
Considérons ensuite un cas non-homogène : par exemple R = l2
(avec u0 constant et
de mêmes dimensions que u et l une constante de longueur). La relation caractéristique est
alors (l’une ou l’autre équation pouvant être utilisée) :
u0 u0
ydu = xydx ou − xdu = xydy. (1.34)
l2 l2
et son intégration donne :
u0 Z x 0 0 u0 x2 s2 u0 y 2
" #
u(x, y) − u(s, 0) = 2 x dx = 2 − =− (1.35)
l s l 2 2 2 l2
ou bien
u0 Z y 0 0 u0 y 2
u(x, y) − u(s, 0) = 2 y dy = − , (1.36)
l 0 2 l2
ce qui est bien la même chose. On a donc, finalement :
q u0 y 2
u(x, y) = f ( x2 + y 2 ) − (1.37)
2 l2
Considérons un autre cas non-homogène : R = u0 . La relation caractéristique est alors (l’une
ou l’autre équation pouvant être utilisée) :

ydu = u0 dx ou − xdu = u0 dy (1.38)

Intégrons en utilisant la première équation. Pour ce faire, il faut d’abord exprimer y en


fonction de x : ils sont, en effet, liés puisqu’on est le long d’une caractéristique ! Cela donne

y = ± s 2 − x2 .
Pour le cas y > 0, on prend le signe positif. La relation caractéristique devient alors :
dx
du = u0 √ . (1.39)
s 2 − x2
Son intégration donne
Z x
dx0 x
   
u(x, y) − u(s, 0) = u0 √ 0
= u 0 arcsin − arcsin(1) . (1.40)
s s2 − x 2 s
et donc, finalement :
" ! #
q x π
u(x, y) = f ( x2 + y2) + u0 arcsin √ 2 − . (1.41)
x + y2 2
Pour le cas y < 0, on prend le signe négatif. La relation caractéristique devient alors :
dx
du = −u0 √ . (1.42)
s2− x2
et donc, finalement :
" ! #
q x π
u(x, y) = f ( x2 + y2) − u0 arcsin √ 2 − . (1.43)
x + y2 2
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 15

Exemple 1.11 : Trouver u(x, y) qui vérifit


∂u ∂u
x2 + y2 = (x + y)u avec u(x, 1) = sin x (1.44)
∂x ∂y
On résourd le système caractéristique suivant
dx dy du
= = (1.45)
x2 y2 (x + y)u
et on détermine deux intégrales :
dx dy x−y
2
= 2 =⇒ = c1 (1.46)
x y xy
et
dx dy dx − dy du d(x − y) du u
2
= 2 = 2 2
= =⇒ = =⇒ u = λ(x − y) =⇒ = c2 .
x y x −y (x + y)u x−y u x−y
(1.47)
La solution est alors
! !
u x−y x−y
c2 = F (c1 ) =⇒ =F =⇒ u(x, y) = (x − y)F . (1.48)
x−y xy xy

Or
x−1 1 sin x
u(x, 1) = (x − 1)F ( ) = sin x =⇒ F (1 − ) = ,
x x x−1
en posant
1 1 1−v 1
1− = v =⇒ x = =⇒ F (v) = sin .
x 1−v v 1−v
On trouve :
 
x−y
1−
!
xy 1  x−y 1
u(x, y) = (x − y) x−y sin  x−y = xy 1 − sin (1.49)
xy
1 − xy xy 1 − x−y
xy

Exemple 1.12 Trouver u(x, y) vérifiant l’EDP :


∂u ∂u
y +x =0 (1.50)
∂x ∂y
avec la condition initiale : u = 4x sur la droite d’équation x + y = 4.
Le système caractéristique s’écrit :
dx dy du
= = . (1.51)
y x 0
On obtient
du = 0 =⇒ u = c1 ,

xdx = ydy =⇒ x2 − y 2 = c2 .
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 16

La solution s’obtient de la manière suivante :

c1 = f (c2 ) =⇒ u(x, y) = f (x2 − y 2 ).

De la condition initiale, on aura :

u(x, y) = u(x, 4 − x) = 4x =⇒ f (x2 − (4 − x)2 ) = 4x =⇒ f (8x − 16) = 4x,

u+16
en posant 8x − 16 = u =⇒ x = 8
=⇒ f (u) = 4 4+16
8
= u
2
+ 8 d’où

x2 − y 2
u(x, y) = + 8. (1.52)
2

Exercice 1.1 Trouver la solution u(x, y) des équations aux dérivées partielles du premier
ordre suivantes :
1. xu ∂u
∂x
+ u ∂u
∂y
= x,
2. (x − y) ∂u
∂x
+ (y − x) ∂u
∂y
= u.
3. (x2 + y 2 ) ∂u
∂x
+ ∂u
∂y
= 0.
4. xu ∂u
∂x
− yu ∂u
∂y
= y 2 − x2 .
5. x(x + y) ∂u
∂x
− y(x + y) ∂u
∂y
= −(x − y)(2x + 2y + u).
6. y 2 ∂u
∂x
− xy ∂u
∂y
= x(x − 2y).
7. x(y 2 + u) ∂u
∂x
− y(x2 + u) ∂u
∂y
= (x2 − y 2 )u.
8. 2y(u − 3) ∂u
∂x
+ (2x − u) ∂u
∂y
= y(2x − 3).
9. (x − y) ∂u
∂x
+ (y − x − u) ∂u
∂x
= u.
10. 2x(y + u2 ) ∂u
∂x
+ y(2y + u2 ) ∂u
∂y
= u3 .

1.3 EDP du second ordre linéaire à coefficients constants


Considérons L’EDP quasi-linéaire la plus générale du 2ème ordre et à deux variables
indépendantes, x et y. Elle est de la forme :

∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂u ∂u
a 2
+ b + c 2
+d +e + f u = g(x, y) (1.53)
∂x ∂y∂x ∂y ∂x ∂y
où a, b, c, d, e et f sont des constantes. L’EDP est homogène lorsque g(x, y) = 0.
On pose ∂
∂x
= D et ∂
∂y
= D0 =⇒ Du = ∂u
∂x
; D0 u = ∂u
∂y
, on obtient :

F (D, D0 )u = g(x, y) =⇒ [aD2 + bDD0 + cD02 + dD + eD0 + f ]u = g(x, y). (1.54)


CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 17

1.3.1 Equation homogène : F (D, D0 )u = 0


Pour résoudre l’équation homogène, plusieurs cas peuvent être analysés :
1. Cas où F (D, D0 ) est reductible : =⇒ F (D, D0 ) = (αD + βD0 + γ)(α0 D + β 0 D0 + γ 0 ).
L’équation étant linéaire, si u1 et u2 sont solutions, alors a0 u1 + b0 u2 est aussi solution.
Il faudra trouver u telle que

(αD + βD0 + γ)(α0 D + β 0 D0 + γ 0 )u = 0. (1.55)

En posant v = (α0 D + β 0 D0 + γ 0 )u, il faudra résoudre :


∂v ∂v dx dy dv
(αD + βD0 + γ)v = 0 =⇒ α +β + γv = 0 =⇒ = = . (1.56)
∂x ∂y α β −γv
La recherche des courbes intégrales donnent :
dx dy
= =⇒ βx − αy = c1
α β
dx dv γx
= =⇒ v = c2 exp(− ). (1.57)
α −γv α
D’où
γ γ0
v1 (x, y) = e− α x f (βx − αy); v2 (x, y) = e− α0 x g(β 0 x − α0 y) (1.58)

La solution de l’équation homogène est alors :


γ γ0
u(x, y) = e− α x f (βx − αy) + e− α0 x g(β 0 x − α0 y) (1.59)

2. Cas où F (D, D0 ) a une racine double : F (D, D0 ) = (αD + βD0 + γ)2 .


une solution de l’équation homogène est
γ
v1 (x, y) = e− α x f (βx − αy)

et l’autre
γ
v2 (x, y) = e− α x xf (βx − αy).

D’où
u(x, y) = v1 (x, y) + v2 (x, y).

3. Si F (D, D0 ) = (αD + βD0 + γ)3 , on aura pour solutions :

γ
v1 (x, y) = e− α x f (βx − αy),
γ
v2 (x, y) = e− α x xf (βx − αy),
γ
v3 (x, y) = e− α x x2 f (βx − αy).

D’où
u(x, y) = v1 (x, y) + v2 (x, y) + v3 (x, y).
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 18

Exemple 1.13 Soit à resoudre l’EDP du second ordre homogène suivante :

∂ 2u 2
2∂ u
− a =0
∂t2 ∂x2
En posant D = ∂
∂t
et D0 = ∂
∂x
, l’EDP devient :

(D2 − a2 D0 )u = 0 =⇒ (D − aD0 )(D + aD0 )u = 0

=⇒ u(t, x) = f (at − x) + g(−at − x) ou u(t, x) = f1 (x − at) + g1 (x + at).

Exemple 1.14 Soit l’EDP suivante :

∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
− 2 + =0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

avec D = ∂
∂t
et D0 = ∂
∂x
, on aura :

(D2 − 2DD0 + D02 )u = 0 =⇒ (D − D0 )2 u = 0 =⇒ u(x, y) = f (x + y) + g(x + y).

1.3.2 Solution générale de l’équation F (D, D0 )u = g(x, y)


Pour résoudre l’équation F (D, D0 ) = g(x, y), la solution générale est égale à la solu-
tion générale de l’équation homogène et la solution particulière de l’équation inhomogène.
Réécrivons :

(αD + βD0 + γ)(α0 D + β 0 D0 + γ 0 )u = g(x, y) =⇒ (αD + βD0 + γ)v = g(x, y)

On obtient deux EDP du premier ordre suivante :


∂v ∂v
α +β = g(x, y) − γv (1.60)
∂x ∂y
et
∂u ∂u
α0 + β0 = v − γ 0u (1.61)
∂x ∂y
Remarque 1.2 On notera que l’équation (1.60) permetra de déterminer v alors que celle
(1.61) permetra de trouver u = uinh , qui est la solution particulière de l’équation inhomogène.

Exemple 1.15 Soit l’EDP du second ordre :

∂ 2u ∂ 2u
− = x − y.
∂x2 ∂y 2
— Solution de l’équation homogène :

(D2 − D02 )u = 0 =⇒ (D − D0 )(D + D)u = 0 =⇒ uh (x, y) = f (x − y) + g(x + y).


CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 19

— Solution particulière de l’équation inhomogène :


∂v ∂v
(D − D0 )(D + D0 )u = x − y =⇒ (D − D0 )v = x − y =⇒ − = x − y.
∂x ∂y
dx dy dv
=⇒ = = .
1 −1 x−y
Les deux courbes intégrales sont :
dx dy
= =⇒ c1 = x + y
1 −1
et
x2 + y 2 x2 + y 2
!
xdx + ydy dv
= =⇒ dv = d =⇒ v = + c2 .
x−y x−y 2 2
D’où
x2 + y 2 x2 + y 2
v= + f (x + y), on prendra f = 0 =⇒ v = .
2 2
x2 + y 2 ∂u ∂u x2 + y 2 dx dy 2du
(D + D0 )u = v = =⇒ + = =⇒ = = 2 .
2 ∂x ∂y 2 1 1 x + y2
Les deux courbes intégrales sont :

dx = dy =⇒ x − y = c1

et
2du x2 dx + y 2 dy 1 1 1
2 2
= 2 2
=⇒ 2du = d(x3 +y 3 ) =⇒ u = (x3 +y 3 )+g(x−y) = (x3 +y 3 )(g = 0).
x +y x +y 3 6 6
La solution générale est :
1
u(x, y) = f (x − y) + g(x + y) + (x3 + y 3 ).
6

Exercice 1.2 Soit l’EDP du second d’ordre suivant :


∂ 2u 1
= .
∂x∂y x+y
∂u 2y
Trouver u telle que u(x, y) = 0 et ∂x
(x, y) = x+y
sur l’hyperbole xy = 1.

1.4 EDP du second ordre à coefficients variables


Ce sont des équations de la forme :

∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂u ∂u
a(x, y) 2
+ b(x, y) + c(x, y) 2
+ d(x, y) + e(x, y) + f (x, y)u = g(x, y). (1.62)
∂x ∂y∂x ∂y ∂x ∂y
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 20

1.4.1 Forme canonique


Pour mettre l’équation (1.62) sous la forme canonique, on ne considère que la partie où
interviennent les dérivées secondes i.e. :
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
a(x, y) + b(x, y) + c(x, y) = 0. (1.63)
∂x2 ∂y∂x ∂y 2
On la met sous la forme F (D, D0 ) = aD2 + bDD0 + cD02 puis on pose D0 = 1 et on résoud :

aD2 + bD + c = 0. (1.64)

• 1er CAS : L’équation admet deux racines distinctes λ1 (x, y) et λ2 (x, y).

On cherche une intégrale première de chacune des équations suivantes :


 
 dy + λ1 (x, y) = 0  (x, y) = c1
dx
dy
=⇒  (1.65)

dx
+ λ2 (x, y) = 0 η(x, y) = c2

On procède par la suite au changement de variables : (x, y) =⇒ (, η) puis on calcule toutes
les dérivées qui interviennent dans l’équation :
∂u ∂u ∂ ∂u ∂η ∂u ∂u ∂ ∂u ∂η
= . + . ; = . + . .
∂x ∂ ∂x ∂η ∂x ∂y ∂ ∂y ∂η ∂y
On pourra également écrire :
∂ 2u
! !
∂ ∂u ∂ ∂u ∂ ∂u ∂η
2
= = . + .
∂x ∂x ∂x ∂x ∂ ∂x ∂η ∂x
!2 !2
∂ 2u ∂ ∂ 2 u ∂η ∂ ∂u ∂ 2  ∂ 2 u ∂ ∂η ∂ 2 u ∂η ∂u ∂ 2 η
= + + . 2+ + + .
∂2 ∂x ∂η∂ ∂x ∂x ∂ ∂x ∂∂η ∂x ∂x ∂η 2 ∂x ∂η ∂x2
!2 !2
∂ 2u ∂ ∂ 2 u ∂η ∂ ∂u ∂ 2  ∂ 2 u ∂η ∂u ∂ 2 η
= +2 + . + + . (1.66)
∂2 ∂x ∂η∂ ∂x ∂x ∂ ∂x2 ∂η 2 ∂x ∂η ∂x2
De même
∂ 2u ∂u2 ∂ ∂ ∂ 2u ∂ 2 u ∂η ∂η ∂u ∂ 2  ∂ 2η
! !
∂ ∂u ∂η ∂ ∂η ∂
= = 2. . + . + . + 2 + . + ,
∂x∂y ∂x ∂y ∂ ∂y ∂x ∂y ∂x ∂x ∂y ∂∂η ∂y ∂x ∂y ∂ ∂x∂y ∂x∂y
(1.67)

et
!2 !2
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2 u ∂η ∂ ∂u ∂ 2  ∂ 2 u ∂u ∂ 2 η
!
∂ ∂u ∂ ∂η
= = 2 +2 + . + + .
∂y 2 ∂y ∂y ∂ ∂y ∂η∂ ∂y ∂y ∂ ∂y 2 ∂η 2 ∂y ∂η ∂y 2
(1.68)

Exemple 1.16 Mettre sous forme canonique l’EDP suivante :


∂ 2u 2
2∂ u
− x =0 (I)
∂x2 ∂y 2
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 21

L’équation à résoudre est : D2 − x2 = 0 avec D0 = 1 λ1 = x; λ2 = −x. On cherche


l’intégrale première de chacune des équations suivantes :
dy x2
+ x = 0 =⇒  = y +
dx 2
dy x2
− x = 0 =⇒ η = y −
dx 2
Nous pouvons donc écrire :
∂u ∂u ∂u ∂u ∂u ∂u
=x −x ; = + .
∂x ∂ ∂η ∂y ∂ ∂η
et
∂ 2u ∂u ∂u ∂ 2u 2
2 ∂ u
2
2∂ u
= − + x − 2x + x .
∂x2 ∂ ∂η ∂2 ∂∂η ∂η 2
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
= + + + .
∂y 2 ∂2 ∂∂eta ∂η∂ ∂y 2
L’équation (I) devient
∂ 2u
2 ∂u ∂u
−4x + − = 0,
∂η∂ ∂ ∂η
qui est la forme canonique de l’équation (I). On obtient ainsi l’équation hyperbolique formée
∂2u
en dérivées secondes en ∂η∂
.

• 2e CAS : L’équation admet deux racines doubles λ(x, y).


On résoud l’intégrale première suivante :
dy
+ λ(x, y) = 0 =⇒  = (x, y), (1.69)
dx
on choisit η = η(x, y) qui est independant de (x, y), i.e.
∂ ∂
∂x ∂y
∂η ∂η
6= 0 (1.70)
∂x ∂y

Exemple 1.17 Mettre sous la forme canonique l’EDP suivante :


∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
+ 2 + =0 (II).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
L’équation à résoudre est :

D2 + 2D + 1 = (D + 1)2 = 0 =⇒ λ = −1,

On résoud :
dy
− 1 = 0 =⇒ dy − dx = 0 =⇒  = y − x.
dx
Pour le choix de η, on pose
!
−1 1 ∂η ∂η
=− + 6= 0 =⇒ η = y
∂η ∂η ∂y ∂x
∂x ∂y
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 22

On aura par la suite :


∂u ∂u ∂u ∂u ∂u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
=− ; = + ; =− 2 − .
∂x ∂ ∂y ∂ ∂η ∂y∂x ∂ ∂∂η
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
= ; = + + + .
∂x2 ∂2 ∂y 2 ∂2 ∂η∂ ∂η∂ ∂η 2
∂ 2u
(II) =⇒ = 0 =⇒ u(x, y) = a() + b()η = f (y − x) + g(y − x)y.
∂η 2
• 3e CAS : L’équation a 2 racines complexes conjuguées :

λ1 = α(x, y) + iβ(x, y) et λ2 = α(x, y) − iβ(x, y).

On cherche également une intégrale première de chacune des équations suivantes :


 
 dy + α(x, y) + iβ(x, y) = 0  c1 = (x, y) + iη(x, y) = cte
dx
=⇒
 dy + α(x, y) − iβ(x, y) = 0  c2 = (x, y) − iη(x, y) = cte
dx
=⇒ (x, y) = cte et η(x, y) = cte
(1.71)

Exemple 1.18 Mettre sous la forme canonique l’EDP suivante :


∂ 2u 2
2∂ u
+ x =0 (III).
∂x2 ∂y 2
En posant D0 = 1, l’équation à résoudre est :

D2 + x2 = 0 =⇒ λ = ±ix.

L’intégrale première devient :


dy x2
+ ix = 0 =⇒ dy + ixd = 0 =⇒ y + i = cte.
dx 2
x2
Le changement de variables est :  = y et η = 2
. Nous aurons alors :
∂u ∂u ∂u ∂u
=x ; = .
∂x ∂ ∂y ∂
et
∂ 2u 2
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
!
∂u 2∂ u 2 ∂u
= + x ; = . (III) =⇒ x + 2 + = 0.
∂x2 ∂η ∂ ∂y 2 ∂2 ∂η 2 ∂ ∂η
On obtient une équation élliptique qui est caractérisée par le Laplacien.

Exercice 1.3 Mettre sous forme canonique et résoudre les EDP suivantes :
2 2
1. (n − 1) ∂∂xu2 − y 2n ∂∂yu2 = ny 2n−1 ∂u
∂y
.
2 2 2 y 2 ∂u x2 ∂u
2. y 2 ∂∂xu2 − 2xy ∂x∂y
∂ u
+ x2 ∂∂yu2 = x ∂x
+ y ∂y
.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 23

1.4.2 Séparation des variables


Il existe un grand nombre de problèmes de l’ingénieur qui sont formulés sous la forme
d’une EDP à résoudre, avec des conditions initiales et des conditions limites. Assez peu
de problèmes concrets ont une solution analytique. Cela est essentiellement du aux non-
linéarités qui interviennent dans la plupart des problèmes intéressants (turbulence, plasticité,
hystérésis) ainsi que de la complexité géométrique des domaines concernés dans la pratique
(un avion, une voiture...).
Le but de cette sous-section est d’introduire une méthode qui permet de résoudre des
EDPs dans certains cas simples. Mais nous noterons qu’il existe les limitations de la méthode
de séparation des variables i.e. il s’agit d’être capable de déterminer quand cette méthode
est applicable. La méthode de séparation des variables est en fait assez peu utile en pratique
car elle ne permet de trouver des solutions que dans des cas simples et pour des géométries
simples.
Nous allons étudier cette méthode à travers un exemple. Considérons l’équation des cordes
vibrantes, ou encore, équation des ondes à une dimension donnée par :
∂ 2u 2
2∂ u
=a (1.72)
∂t2 ∂x2
Notons qu’en plus de l’équation (1.72), la fonction u(x, t) cherchée doit satisfaire d’autres
conditions :
1. Conditions aux limites :

 u(0, t) = 0
(1.73)
 u(1, t) = 0

Ces conditions stipulent que notre fil est attaché aux deux extrêmités.
2. Conditions initiales :

 u(x, 0) = y(x)
(1.74)
 ∂u (x, 0) =0
∂t

La première condition nous donne la forme initiale du fil. La seconde stipule qu’à
l’instant initial, celui-ci est au repos.
Nous attaquons d’abord le problème d’un point de vue formel et cherchons une solution
de (1.72) de la forme
u(x, t) = f (x)g(t), (1.75)

où f et g sont des fonctions d’une variable.


En dérivant
∂u ∂ 2u ∂ 2u
= f (x)g 0 (t); 2
= f (x)g 00 (t); 2
= f 00 (x)g(t). (1.76)
∂t ∂t ∂x
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 24

Substituant ces expressions dans (1.72) nous obtenons que f (x)g(t) donne une solution, si
et seulement si,
f 00 (x) 1 g 00 (t)
f (x)g 00 (t) = a2 f 00 (x)g(t) =⇒ = 2 . (1.77)
f (x) a g(t)
Puisque le membre de gauche est une fonction de x et celui de droite une fonction de t, (1.77)
n’a de sens que si on peut trouver une constante λ telle que :

 f 00 (x) + λf (x) = 0
(1.78)
 g 00 (t) + a2 λg(t) = 0 ‡”ƒ’’‘”–˜ƒ—–ȋǦŽƒ„†ƒȌǤ
Notons de plus que les conditions aux limites (1.73) se traduisent, dans ce contexte, par

f (0) = f (1) = 0

tandis que les conditions initiales (1.74) deviennent

g(0)f (x) = y(x), g 0 (0) = 0.

Nous pouvons montrer que les seules valeurs de λ 6= 0 pour lesquelles le problème

 f 00 (x) + λf (x) = 0
(1.79)
 f (0) = f (1) = 0

possède une solution non triviale sont de la forme

λk = π 2 k 2 k ∈ Z/0 (1.80)

et que la solution correspondante s’écrit

fk (x) = sin(kπx). (1.81)

Si nous revenons maintenant à la seconde équation

g 00 (t) + a2 λg(t) = 0 (1.82)

pour les valeurs λ = k 2 π 2 , les solutions vérifiant g 0 (0) = 0 seront de la forme

g(t) = C cos(kπat). (1.83)

où C est une constante.


Pour chaque valeur de λ = k 2 π 2 nous obtenons donc des solutions de (1.72) satisfaisant
(1.73) et la seconde condition initiale. Ces fonctions sont de la forme

uk (x, t) = sin(kπx) cos(kπat) k ∈ Z∗ . (1.84)


CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 25

La question qui se pose alors est la suivante : comment combiner les fonctions uk (x, t) de
façon à satisfaire en plus, u(x, 0) = y(x).
Si nous remarquons que (1.72) est une équation linéaire nous voyons que les combinaisons
n
X
u(x, t) = aj uj (x, t), (a0 , a1 , · · · , an constantes). (1.85)
j=1

∂u
sont des solutions de (1.72), (1.73) et ∂t
(x, 0) = 0.
Pour qu’une telle combinaison satisfasse en plus u(x, 0) = y(x), il faudrait que
n
X
U (x, 0) = aj sin jx = y(x). (1.86)
j=1

Nous ne pouvons pas espérer récupérer ainsi toutes les bonnes fonctions y(x) (pensons à
y(x) = x(1 − x).)
L’idée de Bernouilli fut de substituer à la somme finie considérée, une série de la forme

X
u(x, t) = aj sin(jπx) cos(jπat). (1.87)
j=1

Un calcul formel montrera qu’une telle série ne fournira la solution cherchée, que si la fonction
y(x) peut être mise sous la forme

X
y(x) = aj sin(jπx). (1.88)
j=1

Autrement dit, sous l’hypothèse où les aj sont les coefficients de Fourier du prolongement
impaire de période 2 de y(x), (1.88) donnera la solution de notre problème, à la condition
que cette série représente une fonction de classe C 2 .

Exemple 1.19 Considérons le cas, où la corde est pincée puis soulevée d’une hauteur h en
un point x = p ∈ (0, 1). La condition initiale s’écrit alors :
  
 hx x ∈ [0, p]
y(x) = p 
h
 (1 − x)
1−p
x ∈ [p, 1]

Le calcul des coefficients de Fourier conduit à


2h sin(jπp)
aj = .
k 2 π 2 p(1 − p)
Nous obtenons donc la solution,

2h X sin kπp
u(x, t) = sin kπx cos kπat.
π 2 p(1 − p) 1 k2

Notons que l’inégalité


sin kπp 1
| | ≤
k2 k2
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 26

nous garantit que la série est absolument convergente et donc que la série converge uniformé-
ment vers une fonction continue. Malheureusement, si on dérive terme à terme ceci ne sera
pas, a priori, vrai pour la série dérivée et nous ne savons donc pas si u est dérivable, encore
moins deux fois dérivable. Laissons cela de côté et examinons la qualité de l’approximation.
Comparons, à t = 0 la fonction f est la somme partielle de rang 3.

1.4.3 La formule de d’Alembert


A la section précédente nous avons obtenu une solution formelle du problème (1.72,1.73,1.74)
donnée par la formule (1.87). Nous avons également montré sur un exemple que, rien ne ga-
rantit a priori que la série représente bien une fonction de classe C 2 . Cette question est vrai-
ment difficile, mais, en dimension 1, on peut utiliser la représentation (1.87) pour contourner
la difficulté.
L’idée, dûe à d’Alembert, va comme suit. En vertu de la formule d’addition du sinus,
1
sin(kπx) cos(kπat) = (sin(kπ(x + at)) + sin(kπ(x − at))) .
2
Ceci conduit à la représentation,
∞ ∞
" #
1 X X sin kπp
u(x, t) = ak sin(kπp) sin(kπ(x − at)) + sin(kπ(x + at))
2 1 1 k2
dans laquelle on reconnait,
1
u(x, t) = (ỹ(x + at) + ỹ(x − at)). (S)
2
où ỹ désigne le prolongement périodique impair de y.
Cette représentation nous permet de discuter de différentiabilité. En effet, si ỹ est diffé-
rentiable en x − at et x + at, on a
∂ 2u 1 00
= (ỹ (x + at) + ỹ 00 (x − at))
∂x2 2
et
∂ 2u a2 00
= (ỹ (x + at) + ỹ 00 (x − at))
∂t2 2
ce qui montre qu’en ces points, u est une solution classique de l’équation des ondes.
Par ailleurs
∂u a
u(x, 0) = y(x); (x, 0) = (ỹ 0 (x) − ỹ 0 (x)) = 0
∂t 2
Finalement
1
u(0, t) = (ỹ(at) + ỹ(−at)) = 0
2
car ỹ est impaire alors que
1 1
u(1, t) = (ỹ(1 + at) + ỹ(1 − at)) = (ỹ(−1 + at) − ỹ(−1 + at)) = 0
2 2
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 27

car ỹ est de période 2 et impaire.


En conclusion, sans égard à la méthode de séparation des variables, (S) donne une solution
classique, sauf aux points (x, t) situés sur les droites x + at = p et x − at = p. Dans la
représentation (S) le terme ỹ(x − at) représente une onde qui se déplace vers la droite à la
vitesse a alors que ỹ(x + at) représente une onde qui se déplace vers la gauche à la vitesse a.
A chaque instant et en chaque point la solution est la moyenne de deux ondes.

1.5 EDP hyperboliques : Equation d’onde

1.5.1 Problème de cauchy et solution de D’alembert


L’exemple le plus classique d’EDP hyperbolique est l’équation d’onde :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = 0
 ∂t2


u(0, x) = ρ0 (x) (1.89)


 ∂u

(0, x)
∂t
= ρ1 (x)

En posant D = ∂
∂t
et D0 = ∂
∂x
, l’équation à résoudre est :

D2 − a2 D02 = (D − aD0 )(D + aD0 ) =⇒ u(x, t) = f (x − at) + g(x + at).

Or
u(0, x) = f (x) + g(x) = ρ0 (x)
∂u ∂u
(t, x) = −af 0 (x − at) + ag 0 (x + at) =⇒ (0, x) = −af 0 (x) + ag 0 (x) = ρ1 (x),
∂t ∂t
Il faudra résoudre :

 f (x) + g(x) = ρ0 ρ00 (x) ρ1 (x)
ρ1 (x)
=⇒ g 0 (x) = + (1.90)
 −f 0 (x) + g 0 (x) = 2 2a
a


ρ0 (x) 1 Rx
 g(x) = 2
+ 2a 0
ρ1 (x0 )dx0 + c
=⇒ ρ0 (x) 1 Rx
(1.91)
 f (x) = ρ0 (x) − g(x) = 2
− 2a 0
ρ1 (x0 )dx0 − c

La solution de l’équation (1.89) est donnée par :

ρ0 (x − at) 1 Z x−at 1 1 Z x+at


u(t, x) = − ρ1 (x0 )dx0 − c + ρ0 ρ0 (x + at) + ρ1 (x0 )dx0 + c
2 2a 0 2 2a 0
ρ0 (x − at) + ρ0 (x + at) 1 Z x+at
= + ρ1 (x0 )dx0 (1.92)
2 2a x−at
qui la solution de D’Alembert.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 28

1.5.2 Problèmes aux limites


Nous allons considérer le cas des oscillations libres. Soit l’EDP suivant :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = 0 t>0 0<x<l
 ∂t2


u(0, x) = ρ0 (x) (1.93)

 ∂u

∂t
(0, x) = ρ1 (x) et u(t, 0) = u(t, l) = 0

En utilisant la méthode de sèparation des variables, nous allons chercher la solution u sous
la forme :
∂ 2u ∂ 2u
u(t, x) = f (t)g(x) =⇒ 2
= f 00 (t)g(x); 2
= f (t)g 00 (x),
∂t ∂x
L’èquation devient
f 00 (t) g 00 (x)
f 00 (t)g(x) = a2 f (t)g 00 (x) =⇒ = = λ. (1.94)
a2 f (t) g(x)
Nous pouvons discuter les trois cas suivants :
1. 1er CAS : Supposons que λ > 0,
On aura
√ √
g 00 (x) = λg(x) =⇒ g(x) = αe λx
+ βe− λx
,

les conditions aux limites imposent :

u(t, l) = u(t, 0) = 0,

u(t, 0) = f (t)g(0) = 0 ∀t =⇒ g(0) = 0, g(l) = 0,

g(0) = α + β = 0
√ √ =⇒ det(α, β) 6= 0 =⇒ α = β = 0 (1.95)
g(l) = αe λl
+ βe− λl
=0
=⇒ u(t, x) = 0 imposible car ρ0 (x), ρ1 (x) 6= 0 (1.96)

2. 2e CAS : Supposons que λ = 0 ; g 00 (x) = 0 =⇒ g(x) = a + bx;

g(0) = 0 =⇒ a = 0; g(l) = 0 =⇒ a+bl = 0 =⇒ a = b = 0 Impossible egalement

3. 3e CAS : supposons également que λ < 0


√ √
g 00 (x) + λg(x) = 0 =⇒ g(x) = α sin( −λx) + β cos( −λx).

CL :
√ √ k2π2
g(0) = 0 =⇒ β = 0, g(l) = α sin( −λl) = 0 =⇒ −λl = kπ (k ∈ Z) =⇒ λk = − 2 .
l
On trouve !
kπx
gk (x) = αk sin .
l
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 29

Revenons sur l’équation différentielle vérifier par f :


!2
f 00 k2π2
! !
00 kπa kπa kπa
= − =⇒ f (t)+ f = 0 =⇒ fk (t) = Ak sin t +Bk cos t .
a2 f l2 l l l

On obtient alors la solution



" ! !# !
X kπa kπa kπx
uk (t, x) = Ak sin t + Bk cos t sin .
k=1 l l l

Les conditions initiales :


∞ ∞
!
X kπx ∂u X kπa kπx
u(0, x) = Bk sin = ρ0 (x), (0, x) = Ak sin = ρ1 (x).
k=1 l ∂t k=0 l l

Pour trouver Bm :
∞ Z l !
Z l
kπx mπx mπx
X    
Bk sin sin dx = ρ0 (x) sin dx,
k=1 0 l l 0 l

Or ! " ! !#
kπx mπx 1 k−m (k + m)
 
sin sin = cos πx − cos πx .
l l 2 l l
-si k 6= m alors
! " #
Z l
kπx mπx 1 l k−m l k+m
 
sin sin dx = sin πx − sin πx ,
0 l l 2 (k − m)π l (k + m)π l
Rl
-et si k = m 0 sin2 kπx
l
dx = l
2
d’où
Z l
l mπx 2Z l mπx
   
Bm = ρ0 (x) sin dx =⇒ Bm = ρ0 (x) sin dx.
2 0 l l 0 l
Pour trouver Am :

!
kπa Z l kπx mπx Z l
mπx
X    
Ak sin sin dx = ρ1 (x) sin dx,
k=0 l 0 l l 0 l
Z l
kπa l mπx 2 Zl mπx
   
=⇒ Am = ρ1 (x) sin dx =⇒ Am = ρ1 (x) sin dx.
l 2 0 l mπa 0 l
Exemple 1.20 Soit le problème aux valeurs limites décrit par l’EDP suivante :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = 0 t>0 0<x<l
 ∂t2


u(0, x) = hx(l − x) (1.97)


 ∂u

∂t
=0 et u(t, 0) = u(t, l) = 0

La solution s’écrit :

" ! !# !
X kπa kπa kπx
uk (t, x) = Ak sin t + Bk cos t sin .
k=1 l l l
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 30

avec
2 Zl mπx
 
Am = ρ1 (x) sin dx = 0
mπa 0 l
et
2Z l mπx 4hl2
 
Bm = ρ0 (x) sin dx = 3 3 [−(−1)k + 1].
l 0 l k π
On trouve alors

4hl2
!
X
k kπa kπ
u(t, x) = 3π3
[−(−1) + 1] cos t sin x
k=1 k l l

1.5.3 Oscillations forcées avec extrêmités fixes.


Nous considérons un problème physique décrit par l’EDP suivant :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = f (x, t), t > 0, 0<x<l
 ∂t2


u(0, x) = ρ0 (x), (1.98)


 ∂u

∂t
= ρ1 (x) et u(t, 0) = u(t, l) = 0,

On cherche la solution u(t, x) sous la forme :

u(t, x) = v(t, x) + w(t, x) (1.99)

avec w vérifiant :
 2 2
∂ w
 − a2 ∂∂xw2 = 0 t>0 0<x<l
 ∂t2


w(0, x) = ρ0 (x) (1.100)


 ∂w

∂t
= ρ1 (x) et w(t, 0) = w(t, l) = 0

et v vérifiant :
 2 2
∂ v ∂ v
 − a2 ∂x 2 = f (x, t) t>0 0<x<l
 ∂t2


v(0, x) = 0 (1.101)


 ∂v

∂t
=0 et v(t, 0) = v(t, l) = 0

On a :

" ! !# !
X kπa kπa kπx
wk (t, x) = Ak sin t + Bk cos t sin .
k=1 l l l
avec !
2 Zl kπx
Ak = ρ1 (x) sin dx
kπa 0 l
et !
2Z l kπx
Bk = ρ0 (x) sin dx.
l 0 l
On cherche v sous la forme

X kπx
v(t, x) = Tk (t) sin .
k=0 l
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 31

L’équation (1.101) devient :



k2π2 kπx
[Tk00 (t) + a2
X
2
Tk (t)] sin = f (t, x). (1.102)
k=0 l l

On décompose f (t, x) en

X kπx
f (t, x) = fk (t) sin (1.103)
k=0 l
avec
2Z l mπx
fm (t) = f (t, x) sin dx.
l 0 l
L’équation (1.102) devient
∞ 2 2 ∞
2k π kπx X kπx
[Tk00 (t)
X
+a Tk (t)] sin = fk (t) sin
k=0 l2 l k=0 l
k2π2
=⇒ Tk00 (t) + a2 Tk (t) = fk (t) (1.104)
l2
Les contraintes liées à v deviendront :
 P∞ kπx
 v(0, x) = 0 =⇒ v(0, x) = k=0 Tk (0) sin l = 0 =⇒ Tk (0) = 0
P∞ (1.105)
 ∂v (0, x)
∂t
= k=0 Tk0 (0) sin kπx
l
= 0 =⇒ Tk0 (0) = 0, ∀k

Tk doit vérifier

a2 k2 π 2
 Tk00 (t) + l2
Tk (t) = fk (t)
(1.106)
0
 Tk (0) = T (0) = 0

En utilisant la transformée de Laplace, posons δk (p) = L(Tk )(p) et Fk (p) = L(fk )(p), l’équa-
tion (1.106) devient :
kπa
a2 k 2 π 2 Fk (p) l
p2 δk (p) + δk (p) = F k (p) =⇒ δk (p) = 2 2 2 = F k (p) l
2 ,
l2 p2 + a kl2 π kπa

p + kπa
2
l
" #
l Zt kπa
Tk (t) = fk (u) sin (t − u) du (1.107)
kπa 0 l

Exemple 1.21 Soit le problème suivant :


 2
∂ u ∂2u
 − = t sin x, t > 0, 0<x<π
 ∂t2 ∂x2


∂u (1.108)

u(0, x) = ∂t
(0, x) = ρ1 (x) = 0,



u(t, 0) = u(t, π) = 0,

La solution est de la forme u(t, x) = v(t, x) + w(t, x) avec



X
wk (t, x) = [Ak sin kt + Bk cos kt] sin kx.
k=1
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 32

et
2 Zl 2Zπ
Ak = ρ1 (x) sin kxdx = 0, Bk = ρ0 (x) sin kxdx = 0 =⇒ w(t, x) = 0.
kπa 0 π 0

X 1Zt
v(t, x) = Tk (t) sin kx avec Tk (t) = fk (u) sin k(t − u)du
k=1 k 0
et
2Zπ 2u Z π uZ π
fk (u) = f (u, x) sin kxdx = sin x sin kxdx = (cos(x − kx) − cos(x + kx))dx.
π 0 π 0 π 0
On trouve

 0 si k 6= 1
fk (u) =  (1.109)
u si k=1
et

 0 si k 6= 1
Tk (t) = (1.110)
 1 R t u sin kx(t − u)du = t − sin t si k=1
k 0

On obtient en fin l’expression de la fonction

T1 = t − sin t =⇒ v(x, t) = T1 (t) sin x =⇒ u(t, x) = (t − sin t) sin x.

1.5.4 Oscillations forcées avec extrèmités mobiles


Soit le problème suivant :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = f (x, t); t > 0; 0<x<l
 ∂t2


∂u (1.111)

u(0, x) = ρ0 (x); ∂t
(0, x) = ρ1 (x)



u(t, 0) = ψ1 (t); u(t, l) = ψ2 (t)

On cherche la solution u(t, x) sous la forme

u(t, x) = v(t, x) + w(t, x)

avec



 w(t, x) = ψ1 (t) + [ψ2 (t) − ψ1 (t)] xl ,


w(t, 0) = ψ1 (t), (1.112)



w(t, l) = ψ2 (t).

Cherchons le système vérifié par la variable inconnue v, pour le faire écrivons :


  
∂2v 00 00 00 x 2 ∂2v



 ∂t2 + ψ1 (t) + [ψ 2 (t) − ψ1 (t)] l
− a ∂x2 = f (t, x)


 u(t, 0) = v(t, 0) + ψ1 (t) = ψ1 (t)

(1.113)



 u(0, x) = v(0, x) + ψ1 (0) + [ψ2 (0) − ψ1 (0)] xl = ρ0 (x)

 ∂u (0, x) = ∂v (0, x) + ψ 0 (0) + [ψ 0 (0) − ψ 0 (0)] x = ρ (x)


∂t ∂t 1 2 1 l 1
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 33

donc v vérifit l’équation



∂2v 2 ∂2v



 ∂t 2 − a ∂x2 = f (x, t) − ψ100 (t) − [ψ200 (t) − ψ100 (t)] xl = f˜(t, x)


 v(t, 0) = 0;

v(t, l) = 0;
(1.114)



 v(0, x) = ρ0 (x) − ψ10 (0) − [ψ20 (0) − ψ10 (0)] xl = ρ̃0 (x);

 ∂v (0, x) = ρ (x) − ψ 0 (0) − [ψ 0 (0) − ψ 0 (0)] x = ρ̃ (x)


∂t 1 1 2 1 l 1

d’où
 2
∂ v ∂2v ˜
 − a2 ∂x2 = f (t, x)
 ∂t2


v(t, 0) = 0; v(t, l) = 0; (1.115)


 ∂v

v(0, x) = ρ̃0 (x); ∂t
(0, x) = ρ̃1 (x)

Exemple 1.22
 2
∂ u ∂2u
 − = 0;
 ∂t2 ∂x2


∂u (1.116)

u(0, x) = 0; ∂t
(0, x) =1+x



u(t, 0) = t; u(t, l) = 2t

La solution est de la forme :

u(t, x) = v(t, x) + w(t, x), (1.117)

avec
x x x
w(t, x) = ψ1 (t) + [ψ2 (t) − ψ1 (t)] = t + t = t(1 + ),
l l l
et v vérifiant ;
 2
∂ v ∂2v
 − =0
 ∂t2 ∂x2


v(t, 0) = 0; v(t, l) = 0; (1.118)

∂v
= x(1 − 1l )


v(0, x) = 0; ∂t
(0, x)

La solution v(t, x) s’écrit :



" ! !# !
X kπ kπ kπx
v(t, x) = Ak sin t + Bk cos t sin .
k=1 l l l
avec
−2l(−1)k
!
2 Zl 1 kπx
Ak = x(1 − ) sin dx = − (l − 1)
kπ 0 l l (kπ)2
et
2Z l mπx
 
Bk = ρ0 (x) sin dx = 0.
l 0 l
On trouve alors

−2l(−1)k (l − 1)
!
x X kπ kπ
u(t, x) = v(t, x) + w(t, x) = t(1 + ) + 2 2
sin t sin x
l k=1 k π l l
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 34

1.5.5 Unicité de la solution


Soit le problème aux limites suivant :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = f (x, t); t > 0; 0<x<l
 ∂t2


∂u (1.119)

u(0, x) = ρ0 (x); ∂t
(0, x) = ρ1 (x)



u(t, 0) = ψ1 (t); u(t, l) = ψ2 (t)

admet une solution unique.


Démonstration :
Soient u1 et u2 deux solutions, posons u(t, x) = u1 (t, x) − u2 (t, x) et cherchons le système
différentiel vérifié par u :

∂ 2u 2
2∂ u ∂ 2 u1 ∂ 2 u2 2
2 ∂ u1
2
2 ∂ u2
− a = − − a + a = f (x, t) − f (x, t) = 0,
∂t2 ∂x2 ∂t2 ∂t2 ∂x2 ∂x2
u(t, 0) = u1 (t, 0) − u2 (t, 0) = ψ1 (t) − ψ1 (t) = 0

u(t, l) = u1 (t, l) − u2 (t, l) = ψ2 (t) − ψ2 (t) = 0

u(0, x) = u1 (0, x) − u2 (0, x) = ψ0 (x) − ψ0 (x) = 0


∂u ∂u1 ∂u2
(0, x) = (0, x) − (0, x) = ψ1 (x) − ψ1 (x) = 0,
∂t ∂t ∂t
donc u vérifit :
 2 2
∂ u
 − a2 ∂∂xu2 = 0;
 ∂t2


∂u (1.120)

u(0, x) = ∂t
(0, x) = 0;



u(t, 0) = u(t, l) = 0.

Désignons par E(t) l’énergie donnée par :


 !2 !2 
1 Z l  ∂u 2 ∂u
E(t) = +a  dx.
2 0 ∂t ∂x

Nous nous proposons de montrer que cette énergie est une constante. Pour celà :

1 Z l ∂u ∂ 2 u ∂u ∂ 2 u ∂u ∂ 2 u ∂u ∂ 2 u
" !# Z l !
dE(t)
= 2 . 2 + a2 2 dx = . 2 + a2 dx.
dt 2 0 ∂t ∂t ∂x ∂x∂t 0 ∂t ∂t ∂x ∂x∂t

Notons que :
#l
∂ 2 u ∂u Z l 2
Z l ! " Z l
∂u ∂ ∂u ∂u ∂u ∂ u ∂u
dx = − 2
dx = − dx.
0 ∂x ∂ ∂t ∂x ∂t 0 0 ∂x ∂t 0 ∂x2 ∂t

dE(t) Z l ∂u ∂ 2 u 2
∂u ∂ 2 u 2
Z l ! " #!
2 ∂u ∂ u 2∂ u
= . 2 −a dx = − a dx = 0
dt 0 ∂t ∂t ∂t ∂x2 0 ∂t ∂t2 ∂x2
dE(t)
dt
= 0 =⇒ Il y’a conservation d’énergie.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 35

Remarque 1.3
Z b
f (x)dx = 0 et f (x) > 0 =⇒ f (x) = 0.
a
 !2 !2 
Z l
1 ∂u ∂u
E(0) =  (0, x) + a2 (0, x)  dx = 0 =⇒ ∀t E(t) = 0.
2 0 ∂t ∂x
donc !2 !2 !2 !2
∂u 2 ∂u ∂u ∂u
+a = 0 =⇒ = 0; =0
∂t ∂x ∂t ∂x
∂u ∂u
=⇒ = 0; et = 0 =⇒ u(t, x) = cste,
∂t ∂x
or
u(0, x) = 0 −→ cste = 0 =⇒ u(t, x) = 0 =⇒ u1 (t, x) = u2 (t, x).

1.6 EDP paraboliques : Equation de la chaleur


En mathématique et en physique théorique, l’équation de la chaleur est une équation aux
dérivées partielles paraboliques, introduite originellement en 1811 par Fourier pour décrire
le phénomène physique de conduction thermique.
On s’intéresse à l’équation aux dérivées partielles linéaires d’ordre deux
 2
∂u
 − a2 ∂∂xu2 = 0;
 ∂t


u(0, x) = ρ(x); (1.121)




u(t, 0) = u(t, l) = 0.

pour u défini sur <d × <∗+ et a > 0.


C’est l’équation de la chaleur qui modélise des phénomènes d’évolution : diffusion de
chaleur, répartition de substances chimiques, mélange d’espèces,. . .
Suivant les phénomènes étudiés, on rencontre plusieurs types d’équations :
1. Equations de réaction-diffusion : utiliser pour modéliser le comportement de dif-
fusion d’une population (cellules, insectes) ou de particules (substances chimiques).
On suppose l’existence d’une source de particules (naissance, resp. décès d’insectes).
La variable u(x, t) sera la fonction de densité des particules (la concentration).
2. Equations d’advection-diffusion : il s’agit du mouvement de particules (atomes,
insectes) sur une grille discrète monodimensionnelle xi = iη (η > 0). On suppose que
ces particules peuvent changer de position tous les τ > 0 et qu’elles bougent d’au plus
±η.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 36

1.6.1 Calcul d’une solution


On va déterminer, de façon formelle, une solution en utilisant la méthode de séparation
de variables. On cherche u(t, x) = T (t)X(x), l’équation de la chaleur devient :
T 0 (t) X 00 (x)
T 0 (t)X = a2 T (t)X 00 (x) =⇒ = = cte = λ (1.122)
a2 T (t) X(x)
Les conditions initiales de l’EDP (1.120) deviennent :

u(t, 0) = T (t)X(0) = 0 ∀t; T (t)X(l) = 0 ∀t =⇒ X(0) = X(l) = 0. (1.123)

Comme nous avons vu, la solution de l’équation spatiale

X 00 (x) = λX(x)

dépend du signe du coefficient λ. Ainsi :


√ √
•Si λ > 0, X(x) = αe λx
+ βe− λx
; X(0) = X(l) = 0 =⇒ α = β = 0 Impossible.
•Si λ = 0, X(x) = a + bx, X(0) = 0 =⇒ a = b = 0.
√ √
•Si λ < 0, X(x) = α cos( −λx) + β sin( −λx),

X(0) = 0 =⇒ α = 0 et X(l) = 0 =⇒ β sin −λl = 0
√ 2 2
=⇒ −λl = kπ =⇒ λk = − k l2π X(x) = Ak sin kxπ l
.
Revenons maintenant sur l’équation spatiale :
a2 k 2 π 2 2 2 2
− a k2 π t
2 2 2
− a k2 π t
T 0 (t) + T = 0 =⇒ T (t) = γe l =⇒ Tk (t) = γk e l .
l2
La solution u(t, x) de l’EDP devient :
!
kπx
−( akπ
l )
2
t
uk (t, x) = Ak e sin
l

!
X −( akπ )
2
t kπx
=⇒ u(t, x) = Ak e l sin (1.124)
k=1 l
En utilisant la condition initiale, on trouve Ak :

!
kπx X
u(0, x) = ρ(x) =⇒ Ak sin = ρ(x)
k=1 l
∞ Z l ! Z l
kπx mπx mπx
X    
=⇒ Ak sin sin dx = ρ(x) sin dx,
k=1 0 l l 0 l
!
2Z l kπx
=⇒ Ak = ρ(x) sin dx.
l 0 l
Exemple 1.23 Soit le problème suivant :
 2
∂u
 − a2 ∂∂xu2 = 0; 0<x<π
 ∂t


u(0, x) = sin x; (1.125)




u(t, 0) = u(t, l) = 0.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 37

Nous venons de voir que la solution est de la forme :


∞ ∞
!
−( akπ
l )
2 kπx 2
t
Ak e−(ka) t sin kx,
X X
u(t, x) = Ak e sin =
k=1 l k=1

avec
2Zl 2Zπ
Ak = sin x sin kxdx = (cos(1 − k)x − cos(1 + k)x)dx = 1 si k = 1 (0 si k 6= 1).
π 0 π 0
On obtient
2
u(t, x) = e−a t sin x.

1.6.2 Equation de la chaleur avec une source


Considérons l’équation de la chaleur avec une source, décrite par l’EDP suivante :
 2
∂u
 − a2 ∂∂xu2 = f (t, x);
 ∂t


u(0, x) = ρ(x); (1.126)




u(t, 0) = u(t, l) = 0.

On cherche u sous la forme u(t, x) = v(t, x) + w(t, x) avec v solution du problème suivant :
 2
∂v ∂ v
 − a2 ∂x 2 = f (t, x);
 ∂t


v(0, x) = 0; (1.127)



v(t, 0) = v(t, l) = 0.

et w celui de
 2
∂w
 − a2 ∂∂xw2 = 0;
 ∂t


w(0, x) = ρ(x); . (1.128)




w(t, 0) = w(t, l) = 0.

On cherche v sous la forme



!
X kπ
v(t, x) = Tk (t) sin x ,
k=1 l
avec

!
X kπ
v(0, x) = Tk (0) sin x = 0 =⇒ Tk (0) = 0, ∀k.
k=1 l
Si on pose :

! !
X kπx 2Z l kπx
f (t, x) = fk (t) sin avec fk (t) = f (t, x) sin dx,
k=1 l l 0 l

l’équation différentielle vérifée par Tk devient :


!2
kπa
Tk0 (t) + Tk (t) = fk (t) avec Tk (0) = 0. (1.129)
l
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 38

Si nous posons L(T ) = T̃ et L(f ) = F , on a


!2 Z t
kπa F kπa 2
pT̃ + T̃ = F =⇒ T̃ = 2 =⇒ Tk (t) = fk (u)e−( l ) (t−u)
du. (1.130)
l

kπa 0
p+ l

Exemple 1.24

1.6.3 Equation de la chaleur aux extrêmitées variables et une source


Soit le problème suivant :
 2
∂u
 − a2 ∂∂xu2 = f (t, x);
 ∂t


u(0, x) = ρ(x); (1.131)



u(t, 0) = µ1 (t), u(t, l) = µ2 (t).

On cherche u sous la forme u(t, x) = v(t, x) + w(t, x) avec


x
w = µ1 (t) + [µ2 (t) − µ1 (t)] , (1.132)
l
et
u(t, 0) = v(t, 0) + w(t, 0) = µ1 (t) =⇒ v(t, 0) = 0,

u(t, l) = v(t, l) + w(t, l) = µ2 (t) =⇒ v(t, l) = 0,



∂v ∂2v 0 0 0 x ˜
 − a2 ∂x2 = f (t, x) − µ1 (t) − [µ2 (t) − µ1 (t)] l = f (t, x);
 ∂t


v(0, x) = ρ(x) − µ1 (0) − [µ2 (0) − µ1 (0)] xl = ρ̃(x); (1.133)



v(t, 0) = v(t, l) = 0.
donc v vérifit :

∂v ∂2v ˜
 − a2 ∂x 2 = f (t, x);
 ∂t


v(0, x) = ρ̃(x); (1.134)




v(t, 0) = v(t, l) = 0.

1.7 EDP elliptiques : Equation de Laplace et Equation


de Poisson

1.7.1 Géneralités
a) Généralités sur l’équation de Laplace

En analyse vectorielle, l’équation de Laplace est une équation aux dérivées partielles du
second ordre, dont le nom est un hommage au physicien mathématicien Pierre-Simon de
Laplace. elle s’écrit :
∆u = 0 (1.135)
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 39

où ∆ est l’opérateur Laplacien.


Introduite pour les besoins de la mécanique newtonienne, l’équation de Laplace apparait
dans de nombreuses autres branches de la physique théorique :
1. astronomie,
2. électrostatique,
3. mécanique des fluides,
4. propagation de la chaleur,
5. diffusion,
6. mouvement brownien,
7. mécanique quantique.

b) Généralités sur l’équation de Poisson

En analyse vectorielle, l’équation de Poisson (ainsi nommée en l’honneur du mathéma-


ticien et physicien français Siméon Denis Poisson) est l’équation aux dérivées partielles du
second ordre suivante :
∆u = f (1.136)

où ∆ est l’opérateur Laplacien et f une fonction généralement donnée.


Sur un domaine borné de <N et de frontière régulière, le problème de trouver u à partir
de f et satisfaisant certaines conditions aux limites appropriées est un problème bien posé :
la solution existe et est unique.
Ce problème est important en pratique :
— En électrostatique, la formulation classique exprime le potentiel électrique V associé
à une distribution connue de charges ρ (dans le vide) par la relation
ρ
∆V = − (1.137)
0
— En gravitation universelle, le potentiel gravitationnel Φ est relié à la masse volumique
ρ par la relation
∆Φ = 4πGρ (1.138)

1.7.2 Conditions aux limites naturelles. Existence et unicité


Les conditions aux limites naturelles sont les conditions de Dirichlet, Neumann ou mixte
sur différentes parties du bord. Afin de justifier ces affirmations introduisons trois problèmes
elliptiques académiques :
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 40

1. Le Probleme de Dirichlet sur un domaine Ω ∈ <N s’énonce ainsi : trouver une fonction
scalaire u : Ω ∈ <N → < telle que :

 ∆u = f, x∈Ω
(1.139)
 u(x) = g(x), x ∈ ∂Ω

2. Le Problème de Neumann sur un domaine Ω ∈ <N s’énonce ainsi : trouver une


fonction scalaire u : Ω ∈ <N → < telle que :

 ∆u = f, x∈Ω
 ∂u(x)
(1.140)
nx
= h(x), x ∈ ∂Ω

3. Le Problème mixte de Dirichlet-Neumann sur un domaine Ω ∈ <N s’énonce ainsi :


trouver une fonction scalaire u : Ω ∈ <N → < telle que :



 ∆u = f, x∈Ω

u(x) = g(x), x ∈ ∂Ω1 (1.141)


 ∂u(x)
x ∈ ∂Ω2

∂nx
= h(x),
avec
∂Ω1 ∪ ∂Ω2 = Ω et ∂Ω1 ∩ ∂Ω2 = 0

1.7.3 Méthodes analytiques de résolution


Nous proposons dans cette partie de calculer quelques solutions analytiques de l’équation
de Laplace et de Poisson sur des domaines simples.

a) Le problème uni-dimensionnel

Considérons le problème unidimensionnel suivant :

∆u(x) = u00 (x) = 0 sur x ∈]a, b[ (1.142)

qui a pour solution générale :


u(x) = αx + β. (1.143)
Considérons différents cas de conditions aux limites :
— Dirichlet
x−a
u(a) = ua , u(b) = ub =⇒ u(x) = ua + (ua − ub ) (1.144)
b−a
On peut noter que le problème est bien posé car il conduit à une solution unique.
— Dirichlet-Neumann
x−a
u(a) = ua , u0 (b) = ub =⇒ u(x) = ua + (ub ) (1.145)
b−a
On peut noter une nouvelle fois que le problème est bien posé car il conduit à une
solution unique.
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 41

— Neumann

 Si va = vb , alors u(x) = va x + C infinité de solutions
u0 (a) = ua , u0 (b) = ub =⇒ 
6 vb ,
Si va = alors pas de solutions
(1.146)
Le problème de Neumann pur n’est pas bien posé par défaut.

b) Le cas bidimensionnel : Equation de Laplace dans un anneau

Exemple 1.25 On demande de calculer le profil de température stationnaire T (r, θ) dans


un cylindre creux de rayon interne r = a et de rayon externe r = b. Les conditions aux
limites sont :
T (a, θ) = T0 ; T (b, θ) = f (θ).

1. L’équation à résoudre est l’équation de la chaleur stationnaire. Ecrire cette équation


en coordonnées cylindriques.
2. Afin de se limiter à une seule condition non-homogène, on effectue le changement de
variable u(r, θ) = T (r, θ) − T0 , réécrire les conditions aux limites ?
3. Comme le problème est périodique de période 2π, donnez les conditions homogènes
supplémentaires.
4. En utilisant la méthode de la séparation des variables, trouver les équations différen-
tielles ordinaires vérifiées par R(r) et Θ(θ), qui seront fonction d’une constante k 2
positive.
5. En posant le changement de variable r = ev , trouver l’équation différentielle vérifiée
par R(v).
6. Trouver la solution R(r) de l’EDO pour les deux cas suivants : k 2 > 0 et k = 0.
7. Trouver la solution Θ(θ) de l’EDO pour les deux cas suivants : k 2 > 0 et k = 0.
8. Que devient cette solution en Θ lorsque la constante de séparation est négative ?
9. En déduire la solution du problème homogène.
10. A partir de la condition non-homogène, établir la relation :

X
f (θ) − T0 = a0 + [an sin nθ + bn cos nθ].
n=1

11. Calculer une à une chacune des constantes a0 , an , bn .

Exemple corrigé 1.1 :


1. Equation de Laplace en coordonnées cylindriques :
∂ 2T 1 ∂T 1 ∂ 2T
+ + =0
∂r2 r ∂r r2 ∂θ2
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 42

2. Conditions de limites :

u(a, θ) = 0; u(b, θ) = f (θ) − T0

3. conditions homogènes supplémentaires :


∂u(r, θ) ∂u(r, θ + 2π)
u(r, θ) = u(r, θ + 2π); = .
∂θ ∂θ
4. En posant u(r, θ) = R(r)Θ(θ), les EDO sont :
d2 R dR
r2 + r − k 2 R = 0,
dr2 dr
et
d2 Θ
2
+ k 2 Θ = 0.

5. En posant r = ev → v = ln r.
dR 1 dR d2 R 1 d2 R 1 dR d2 R(v)
= ; = − =⇒ − k 2 R(v) = 0.
dr r dv dr2 r2 dv 2 r2 dv dv 2
6. Solution R(r) :
— Pour k 2 > 0, on a la famille des solutions exponentielles :

R(v) = C1 ekv + C2 e−kv =⇒ R(r) = C1 rk + C2 r−k

En appliquant la condition aux limites homogène R(a, 0) = 0 on trouve : C2 =


−C1 e2k ce qui nous donne une famille de solutions :

R(r) = C1 [rk − a2k r−k ].

— Pour k = 0, on trouve :

R(v) = C01 v + C02 =⇒ R(r) = C01 ln r + C02

L’application de la condition aux limites R(a, 0) = 0 donne : C01 = − Cln02a , ce qui


donne la solution : " #
ln r
R(r) = C02 1−
ln a
7. EDO en Θ(θ) :
— Pour k 2 > 0, on a une famille de solutions en sinus et cosinus :

Θ(θ) = D1 cos kθ + D2 sin kθ

L’application de l’une ou de l’autre condition aux limites Θ(θ) = Θ(θ + 2π) ou


dΘ dΘ

(θ) = dθ
(θ + 2π) donne la résultat suivant :

k = n, n = 1, 2, 3, 4, · · ·
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 43

— Pour k = 0,
Θ(θ) = D01 θ + D02 .

et les conditions aux limites nous donnent : D01 = 0.


8. Une constante de séparation négative donne la solution triviale.
Si on prend une constante de signe opposé au cas étudié ci-dessus, l’équation en Θ
devient :
Θ00
= −l2

Θ
dont les solutions seraient de la forme :

Θ(θ) = E1 elθ + E2 e−lθ .

En applicant les conditions aux limites, on obtient E1 = E2 = 0.


9. Solution du problème homogène :
La solution la plus générale, combinaison linéaire de toutes les solutions trouvées, du
problème homogène est donc :
+∞
!
ln r
[(An sin nθ + Bn cos nθ)(rn − a2n r−n )]
X
u(r, θ) = A0 1− +
ln a n=1

où les constantes A0 , An , Bn ’absorbent’ les constantes D02 , C02 , D1 , D2 , C1 .


10. Solution du problème non-homogène :
La solution du problème doit également satisfaire la condition non-homogène u(b, θ) =
f (θ) − T0 , ce qui s’écrit :
+∞
!
ln b
[(An sin nθ + Bn cos nθ)(bk − a2k b−k )]
X
f (θ) − T0 = A0 1− +
ln a n=1

Ceci peut être réécrit :


n
X
f (θ) − T0 = a0 + an sin nθ + bn cos nθ
n=1

avec !
ln b
a0 = A0 1− ; an = An (bk − a2k b−k ); bn = Bn (bk − a2k b−k ).
ln a
11. Calcul des constantes a0 , an , bn :
— Pour calculer a0 , on utilise :
1 Z +π 1 Z +π
sin nθdθ = 0; cos nθdθ = 0, ∀n
π −π 2π −π
On obtient :
1 Z +π
(f (θ) − T0 )dθ = a0 + 0 + 0
2π −π
ce qui nous fournit a0 et donc A0 .
CHAPITRE 1. EQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES 44

— Pour calculer an , on utilise les relations d’orthogonalité suivantes :


1 Z +π
sin nθdθ = 0, ∀n
π −π
1 Z +π
sin nθ cos mθdθ = 0, ∀m, n
π −π
1 Z +π
sin nθ sin mθdθ = 0, ∀m 6= n
π −π
1 Z +π
sin nθ sin mθdθ = 1, ∀m = n 6= 0
π −π
En multipliant la condition par π1 sin(mθ) et en l’intégrant de −π á π, on obtient :

1 Z +π
(f (θ) − T0 ) sin mθdθ = 0 + am + 0.
π −π
ce qui nous fournit am et donc Am .
— Pour calculer bn , on utilise les relations d’orthogonalité suivantes :
1 Z +π
cos nθdθ = 0, ∀n
π −π
1 Z +π
sin nθ cos mθdθ = 0, ∀m, n
π −π
1 Z +π
cos nθ cos mθdθ = 0, ∀m 6= n
π −π
1 Z +π
cos nθ cos mθdθ = 1, ∀m = n 6= 0
π −π
En multipliant la condition par π1 cos(mθ) et en l’intégrant de −π á π, on obtient :

1 Z +π
(f (θ) − T0 ) cos mθdθ = 0 + 0 + bm .
π −π
ce qui nous fournit bm et donc Bm .

c) Le cas bidimensionnel : Equation de Poisson


Chapitre 2

Equations intégrales

Une équation intégrale est une équation dont l’une des indéterminées est une intégrale.
Elles sont importantes dans plusieurs domaines physiques. Les équations de Maxwell sont
probablement leurs plus célèbres représentants. Elles apparaissent dans des problèmes des
transferts d’énergie radiative et des problèmes d’oscillations d’une corde, d’une membrane
ou d’un axe. Les problèmes d’oscillations peuvent aussi être résolus à l’aide d’équations
différentielles.

2.1 Types d’équations intégrales

2.1.1 Équation de Fredholm du premier type


L’une des équations intégrales les plus simples est l’équation intégrale de Fredholm du
premier type définie par : Z b
f (x) = K(x, t)φ(t)dt (2.1)
a
La notation est celle d’Arfken et Weber. Ici φ est la fonction inconnue, f est une fonction
connue et K une autre fonction connue à deux variables, souvent appelée la fonction opérateur
intégral du noyau. Les limites d’intégration sont constantes. C’est la caractéristique principale
d’une équation de Fredholm.

2.1.2 Équation de Fredholm du second type


Si la fonction inconnue apparaît à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’intégrale, alors
il s’agit de l’équation intégrale de Fredholm du second type :
Z b
φ(x) = f (x) + λ K(x, t)φ(t)dt (2.2)
a

Le paramètre λ est un facteur inconnu, qui joue le même rôle que la valeur propre en algèbre
linéaire.

46
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 47

2.1.3 Équations de Volterra


Si l’une des limites d’intégration est variable, il s’agit des équations intégrales de Volterra.
Des équations du premier et du second type de Volterra pourraient être :
Z x
f (x) = K(x, t)φ(t)dt, Premier type
a
Z x
φ(x) = f (x) + λ K(x, t)φ(t)dt. Second type (2.3)
a

2.2 De l’équation différentielle à l’équation intégrale


Les équations intégrales apparaissent dans plusieurs situations, partiellement parce qu’une
équation différentielle peut être toujours réécrite en équation intégrale. Il est souvent avan-
tageux de faire ces transformations car les questions concernant l’existence d’une solution
sont moins restrictives pour les équations intégrales qui peuvent automatiquement prendre
en compte les conditions aux limites. Pour illustrer, considérons l’équation différentielle sui-
vante :
y 00 = f (x, y) (2.4)

où f (x, y) est une fonction x et de y et non de y 0 . Prenons deux intégrations successives de


l’équation différentielle ci-dessus
Z x
y0 = f (z, y(z))dz + c1
0
Z x Z u
y = du f (z, y(z))dz + c1 x + c2 (2.5)
0 0

Dans la dernière équation, on peut permuter l’ordre d’intégration si la région du plan (u, z)
reste inchangée. En changeant les bornes des intégrales, on a
Z x Z x
y(x) = f (z, y(z))dz du + c1 x + c2
Z0x z

= (x − z)f (z, y(z))dz + c1 x + c2 (2.6)


0

qui est une équation intégrale de Volterra non linéaire. Les conditions aux limites permettront
alors de déterminer les constantes c1 et c2 .

Exemple 2.1 Ecrire les équations différentielles suivantes sous formes d’équations aux in-
tégrales
1. y 00 + y = 0, y(0) = 0, y 0 (0) = 1
Rx Rx Rx
Posons y 00 (x) = ρ =⇒ y 0 = 0 ρ(t)dt + 1 =⇒ y = 0 ( 0 ρ(t)dt + 1)dt
L’équation devient : Z x
(x − t)ρ(t)dt + x + ρ = 0.
0
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 48

2. y 00 − y = 0, y(0) = 1, y 0 (0) = 0
Rt Rt Rx
Posons y 00 (x) = ρ =⇒ y 0 = 0 ρ(x)dx + 1 =⇒ y = 0( 0 ρ(u)du + 1)du
L’équation devient : Z t
− (t − x)ρ(x)dx − 1 + ρ = 0.
0

3. y 00 − y 0 sin x + ex y = x, y(0) = 1, y 0 (0) = −1


Rt Rx Rt
y 00 (x) = ρ =⇒ y 0 = 0 ρ(x)dx − 1 =⇒ y = 0 ( 0 ρ(u)du − 1)dt + 1
Rx
=⇒ ρ(x) − 0 (sin x − ex )ρ(t)dt + sin x − xex + ex = x

2.3 Solutions fermées

2.3.1 Différentiation
Une forme de solution d’équation de Volterra peut parfois être obtenue en différentiant
l’équation pour obtenir l’équation différentielle correspondante, probablement facile à ré-
soudre.

Exemple 2.2 Résoudre les équations intégrales en les ramenant à une équation différen-
tielle :
R x x−t
1. ρ(x) = x − 0 e ρ(t)dt
En utilisant la relation
Z x Z x
0 ∂f
g(x) = f (x, t)dt g (x) = f (x, x) + (x, t)dt,
0 0 ∂x
et en dérivant les deux membres, l’équation intégrale devient :

Z x
x2
ρ0 (x) = 1 − ρ(x) − ex−t ρ(t)dt = 1 − ρ(x) − (x − ρ(x)) = 1 − x =⇒ ρ(x) = x − + c,
0 2
x2
ρ(0) = 0 =⇒ c = 0 =⇒ ρ(x) = x − .
2
R x x+t
2. 0 e ρ(t)dt =x
Z x
2x
=⇒ e ρ(x) + ex+t ρ(t)dt = 1 =⇒ ρ(x)e2x + x = 1 =⇒ ρ(x) = (1 − x)e−2x .
0
R x x−t
3. 0 e ρ(t)dt = x, on dérive les deux membres de l’égalité :
Z x
ρ(x) + ex−t ρ(t)dt = 1 =⇒ ρ(x) = 1 − x.
0
R x 2t+1
4. ρ(x) = 2 0 (2x+1)2 ρ(t)dt + 1, en dérivant les deux membres, on a :

0 2x + 1 Z x
−4(2t + 1) 2 8 Z x 2t + 1
ρ (x) = 2 ρ(x)+2 ρ(t)dt = ρ(x)− ρ(t)dt,
(2x + 1)2 0 (2x + 1)3 2x + 1 2x + 1 0 (2x + 1)2
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 49

0 2 8 Z x 2t + 1
ρ (x) = ρ(x) −
2x + 1 2x + 1 0 (2x + 1)2
2 4 2 4
= ρ(x) − (ρ(x) − 1) = − ρ(x) +
2x + 1 2x + 1 2x + 1 2x + 1
ce qui conduira à :
2 4
ρ0 (x) + ρ(x) = .
2x + 1 2x + 1
Résolvons l’équation homogène :
2 c
ρ0 (x) + ρ(x) = 0 =⇒ ρ(x) = .
2x + 1 2x + 1
Pour l’équation inhomogène, utilisons la méthode de la variation des constantes :
c0 2c
ρ0 (x) = −
2x + 1 (2x + 1)2
L’équation inhomogène devient :
c0 2c 2c 4
=⇒ − 2
=− 2
+ =⇒ c0 = 4 =⇒ c = 4x + λ
2x + 1 (2x + 1) (2x + 1) 2x + 1
4x + λ 4x + 1
ρ(x) = ; ρ(0) = 1 =⇒ λ = 1 =⇒ ρ(x) =
2x + 1 2x + 1

2.3.2 Résolution à l’aide des résolvantes : Séries de Neumann


La plupart des équations intégrales n’ont pas de forme simple, par conséquent il est
difficile d’obtenir une forme générale de leur solution. Dans de tels cas, on peut essayer
d’obtenir la solution sous la forme d’une série infinie. Considérons l’équation intégrale donnée
par :
Z x
ρ(x) = f (x) + λ K(x, t)ρ(t)dt. (2.7)
0

où on suppose ici que λ est un paramètre très petit. On cherche la solution ρ(x) sous la
forme d’un polynôme en λ c’est-à-dire on cherche ρ(x) sous la forme

ρ(x) = ρ0 (x) + λρ1 (x) + · · · + λn ρn (x) = λk ρk (x).
X
(2.8)
k=0

En substituant (2.8) dans (2.7), nous obtenons :


∞ Z ∞ ∞ ∞ Z x
k k k+1
X X X
λ ρk (x) = f (x) + λ K(x, t) λ ρk (t)dt = f (x) + λ K(x, t)ρk (t)dt, (2.9)
k=0 0 k=0 k=0 0

ce qui conduira à :

ρ0 (x) = f (x)
Z x
ρ1 (x) = K(x, t)ρ0 (t)dt
0
Z x Z x Z t  Z xZ t
ρ2 (x) = K(x, t)ρ1 (t)dt = K(x, t) K(t, u)ρ0 (u)du dt = K(x, t)K(t, u)ρ0 (u)dudt
0 0 0 0 0
..
.
Z x
ρn (x) = K(x, t)ρn−1 (t)dt (2.10)
0
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 50

Revenons sur la solution ρ2 (x),


Z x Z x  Z x Z x 
ρ2 (x) = K(x, t)K(t, u)ρ0 (u)dt du = K(x, t)dt K(t, u)ρ0 (u))du
Z0x u 0 u

= K2 (x, u)ρ0 (u)du (2.11)


0

avec Z x
K2 (x, u) = K(x, t)K(t, u)dt,
u

de même
Z x Z x Z x Z xZ x
ρ3 (x) = K(x, t)ρ2 (t)dt = K(x, t) K2 (t, u)ρ0 (u)dudt = K(x, t)K2 (t, u)dtρ0 (u)du
Z0x 0 0 0 u

= K3 (x, u)ρ0 (u)du (2.12)


0

avec Z x
K3 (x, u) = K(x, t)K2 (t, u)dt.
u

Figure 2.1 –

On établit qu’à l’ordre k, on a :


Z x
ρn (x) = Kn (x, u)ρ0 (u)du (2.13)
0

avec Z x
Kn (x, u) = K(x, t)Kn−1 (t, u)dt.
u

Kn (x, u) est appelé noyau itéré d’ordre n.


La solution ρ(x) devient
∞ ∞ Z x ∞
Z xX
n n
λn Kn (x, u)ρ0 (u)du
X X
ρ(x) = f (x)+ λ ρk (x) = f (x)+ λ Kn (x, u)ρ0 (u)du = f (x)+
n=1 n=1 0 0 n=1
(2.14)
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 51

Définition 2.1 On appelle résolvante la quantité



λn Kn+1 (x, t)
X
R(x, t, λ) = (2.15)
n=0

En conclusion, l’approximation de la solution ρ(x) de l’équation différentielle (2.7) à l’ordre


n est donnée par : Z x
ρ(x) = f (x) + R(x, t, λ)f (t)dt (2.16)
0



λn Kn+1 (x, t).
X
R(x, t, λ) =
n=0

Exemple 2.3 Calculer les résolvantes dans les cas suivants :


1. K(x, t) = 1
(t−x)2 (t−x)3 (x−t)n−1
K2 = t − x; K3 = 2
; K 4 = 3!
; ···; Kn = (n−1)!
n
P∞ n (x−t) λ(x−t)
=⇒ R(x, t, λ) = n=0 λ (n)!
=e .
2. K(x, t) = x − t
Rx Rx 1 1 Rx
K2 = t (x − u)(u − t)du = −(u − t) 12 (x − u)2 |xt + (x − u)2 du
t 2 = 2 t
(x − u)2 du =
1
6
(x − t)3 ,
1 Rx (x−u)(u−t) x 1 Rx (x−t)5
K3 = 6 t
(x − u)(u − t)3 du = 24
|t + 4! t
(u − t)4 du = 5!
. on établit que :

(x − t)2n−1 (x − t)2n+1
λn
X
Kn = =⇒ R(λ, x, t) = .
(2n − 1)! k=0 (2n + 1)!
√ 2n
— Si λ > 0, λn = λ
∞ √

1 X 2n+1 (x − t)2n+1 1 X ∞
[ λ(x − t)]2n+1 1 √
R(λ, x, t) = √ λ =√ = √ sh[ λ(x−t)].
λ k=0 (2n + 1)! λ n=0 (2n + 1)! λ

— Si λ < 0, λn = (−1)n (−λ)n = (−1)n ( −λ)2n
∞ √ (x − t)2n+1
(−1)n ( −λ)2n
X
R(λ, x, t) =
n=0 (2n + 1)!

1 X∞
(−1)[ −λ(x − t)]2n+1 1 √
=⇒ R(λ, x, t) = √ =√ sin[ −λ(x − t)].
−λ n=0 (2n + 1)! −λ
— Si λ = 0 =⇒ R(x, t, λ) = x − t
3. K(t, x) = ex−t
Z x
(x − t)2 x−t (x − t)n−1
K2 = ex−u eu−t du = (u−t)ex−t ; K3 = e ; ···; Kn = ex−t ,
t 2 (n − 1)!

(x − t)n
λn ex−t = ex−t eλ(x−t) = e(x−t)(1+λ) .
X
R(x, t, λ) =
n=0 n!
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 52

2 −t2
4. K(x, t) = ex
Z n Z x
2 −u2 2 −t2 2 −t2 2 −t2
K2 = ex eu du = ex du = (x − t)ex ,
t t
Z x Z x
2 −u2 2 −t2 (x − t)2 x2 −t2
K3 = K(x, u)K2 (u, t)du = ex eu (u − t)du = e ,
t t 2
..
.

(x − t)n−1 x2 −t2 2 2 (x − t)
n
2 2
λn ex −t = ex −t +λ(x−t).
X
Kn = e =⇒ R(x, t, λ) =
(n − 1)! n=0 n!
2+cos x
5. K(x, t) = 2+cos t

Z x
2 + cos x 2 + cos u 2 + cos x 1 2 + cos x
K2 = du = (x − t) ; K3 = (x − t)2 ;
t 2 + cos u 2 + cos t 2 + cos t 2 2 + cos t
1 2 + cos x
· · · ; Kn (x, t) = (x − t)n−1 ;
(n − 1)! 2 + cos t

2 + cos x (x − t)n 2 + cos x λ(x−t)
λn
X
=⇒ R(x, t, λ) = = e .
n=0 2 + cos t n! 2 + cos t
Exemple 2.4 Résoudre les équations intégrales suivantes :
R x x−t
1. ρ(x) = ex + 0 e ρ(t)dt

K(x, t) = ex−t ; f (x) = ex ; R(x, t, λ) = e2(x−t) .


Z x Z x
ρ(x) = e + x
e (x−t)
f (t)dt = e + e x 2x
e−t dt = e2x =⇒ ρ(x) = e2x .
0 0
Cette solution peut être retrouvé en utilisant la transformée de Laplace, en effet, si
nous posons L(ρ(x))(p) = φ(p) l’équation intégrale devient :
1 1 1
φ(p) = + φ(p) −→ φ(p) = , =⇒ ρ(x) = e2x .
p−1 p−1 p−2
R x x−t
2. ρ(x) = sin x + 2 e ρ(t)dt
0

nous venons de voir que


R(x, t, λ) = e3(x−t) .
La solution est donnée par :
Z x Z x Z x
3(x−t) 3x −3t 3x
ρ(x) = sin x+2 e sin tdt = sin x+2e e sin ttdt = sin x+2e Im et(−3+i) dt
0 0 0
#x
1 (3+i)t x e3x
  "
3x
= sin x + 2e Im e = sin x + 2e3x − (cos t + sin t)
i−3 0 10 0
1 1 2
=⇒ ρ(x) = e3x − cos x + sin x.
5 5 5
Par la transformée de Laplace, on a :
1 φ(p) p−1 1 1 1 p 2 1
φ(p) = +2 =⇒ φ(p) = = − + ,
p2 +1 p−1 2
(p − 3)(p + 1) 5 p − 3 5 p + 1 5 p2 + 1
2

1 1 2
=⇒ ρ(x) = e3x − cos x + sin x.
5 5 5
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 53

Exercice 2.1 Retrouver cette solution par dérivation.


R x 1+x2
3. ρ(x) = ex sin x + ρ(t)dt
0 1+t2

on calcule progressivement les Kn

Z x Z u
1 + x2 1 + u2 1 + x2
K2 = K(x, u)K(t, u)du = du = (x − t)
t t 1 + u2 1 + t2 1 + t2
Z x Z u
1 + x2 1 + x2
K3 = K(x, u)K2 (t, u)du = (u − t)du = (x − t).
t t 1 + t2 1 + t2
2 2
1 − 2x − x ex −t ρ(t)dt
R
4. ρ(x) = 0

nous avons établi que


2 −t2
R(x, t, λ) = ex et−x

d’où la solution ρ(x) donnée par


Z x Z x
x2 −t2 t−x x2 −x 2 2 −x 2
ρ(x) = 1−2x− e e (1−2t)dt = 1−2x−e et−t (1−2t)dt = 1−2x−ex (ex−x −1)
0 0

x2 −x
=⇒ ρ(x) = e − 2x.

• Supposons que K(x, t) est une polynôme de degré n − 1 en t :


Nous allons supposer que K(x, t) est un polynôme c’est-à-dire :
(x − t)n−1
K(x, t) = a0 + a1 (x − t) + · · · + an−1 . (2.17)
(n − 1)!
Soit g(x, t, λ) la solution de l’équation différentielle suivante :
dn g dn−1 g dn−2 g
" #
− λ a 0 + a 1 + · · · + an−1 g = 0, (2.18)
dtn dtn−1 dtn−2
avec
dg dn−2 g dn−1 g
g|x=t = |x=t = · · · = n−2 |x=t = 0; |x=t = 1.
dt dt dtn−1
Nous pouvons alors déterminer la résolvante à travers la function g(x, t, λ) par
1 dn
R(x, t, λ) = g(x, t, λ). (2.19)
λ dtn
Exemple 2.5 Soit l’équation intégrale suivante :
Z x
ρ(x) = f (x) + (x − t)ρ(t)dt.
0

Nous avons :

K(x, t) = x − t; a0 = 0; a1 = 1; ak = 0 ∀k > 1; n = 2.

On resoud
dg
g 00 − a1 g = 0 =⇒ g 00 − g = 0 avec |x=t = 1, g|x=t = 0,
dt
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 54

=⇒ g(x, t, 1) = aex + be−x .



 g|x=t = 0 =⇒ aet + be−t = 0
 dg | = 1 =⇒ aet − be−t = 1
dt x=t

1 1 1 1
=⇒ a = e−t , b = − et =⇒ g(x, t, 1) = ex−t − e−(x−t) = sh(x − t)
2 2 2 2
la résolvante est :
1 d2
R(x, t, λ) = g(x, t, 1) = g(x, t, 1) = sh(x − t).
λ dx2
Exercice 2.2 Déterminer la résolvante lorsque K(x, t) est :
1. K(x, t) = 2 − (x − t)

a0 = 2, a1 = −1, n = 2 =⇒ g 00 (x) − 2g 0 (x) + g(x) = 0 =⇒ g(x) = cex + c1 xex



 g|x=t = 0 =⇒ cet + c1 tet = 0
 dg |
=⇒ c = te−t , c1 = −e−t =⇒ g(x, t, 1) = ex−t (x − t)
t t t
dt x=t
= 1 =⇒ ce + c1 e + c1 te = 1
la résolvante est :
1 d2
R(x, t, λ) = 2
g(x, t, 1) = ex−t (t − x) − 2ex−t .
λ dx
2. K(x, t) = −2 + 3(x − t)

a0 = −2, a1 = 3, n = 2 =⇒ g 00 (x) + 2g 0 (x) − 3g(x) = 0 =⇒ g(x) = Ae−3x + Bex



 g|x=t = 0 =⇒ Ae−3t + Bet = 0
=⇒ A = − 41 e−3t , B = 14 e−t
 dg | = 1 =⇒ −3Ae −3t t
+ Be = 1
dt x=t

1 1
=⇒ g(x, t, 1) = − e−3(x−t) + ex−t
4 4
la résolvante est :
1 d2 9 1
R(x, t, λ) = 2
g(x, t, 1) = − e3(x−t) + ex−t .
λ dx 4 4
3. K(x, t) = 2x
2
a0 = 2x, n = 1 =⇒ g 00 (x) − 2xg(x) = 0 =⇒ g(x) = λex
2 2 −t2
g|x=t = 1 =⇒ λ = e−t =⇒ g(x, t, 1) = ex

la résolvante est :
1 d 2 2
R(x, t, λ) = g(x, t, 1) = 2xex −t .
λ dx
8(x−t)
4. K(x, t) = − 4x−2
2x+1
+ 2x+1

4x − 2 8 4x − 2 0 8
a0 = , a1 = , n = 2 =⇒ g 00 (x) + g (x) − g(x) = 0
2x + 1 2x + 1 2x + 1 2x + 1
=⇒ (2x + 1)g 00 (x) + (4x − 2)g 0 (x) − 8g(x) = 0.
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 55

2.3.3 Méthodes des transformations intégrales


Si le noyau de l’équation intégrale peut être écrit comme une fonction de la différence
x − t de ses arguments, alors il est appelé noyau de déplacement. Une équation intégrale
ayant un tel noyau et des bornes d’intégration de −∞ à +∞ peut être résolue au moyen de
la transformation de Fourier. Considérons l’équation intégrale avec un noyau de déplacement
Z +∞
ρ(x) = f (x) + λ K(x − t)ρ(t)dt (2.20)
−∞

Il est clair que l’intégrale suivante est un produit de convolution. Ainsi en prenant la trans-
formée de Fourier de cette équation, on obtient la solution de l’équation intégrale en prenant
la transformée de Fourier inverse.

Exemple 2.6

2.4 Equation intégrale d’Abel


Niels Henrik Abel, né le 5 août 1802 à Frindoë près de Stavanger et mort le 6 avril
1829 (à 26 ans) à Froland près d’Arendal, est un mathématicien norvégien.

2.4.1 Définitions
Définition 2.2 On appelle équation intégrale d’Abel les équations de la forme
Z x
ρ(t)
√ dt = f (x) (2.21)
0 x−t
Définition 2.3 On appelle équation intégrale généralisé d’Abel les équations de la forme
Z x
ρ(t)
dt = f (x) 0 < α < 1. (2.22)
0 (x − t)α

2.4.2 Méthode de résolution


Pour résoudre l’équation intégrale d’Abel généralisée, réécrivons cette équation sous la
forme ci-après : Z x Z s Z x
ds ρ(t) f (s)
1−α α
dt = ds (2.23)
0 (x − s) 0 (s − t) 0 (x − s)1−α

et Z xZ s Z x
ρ(t) f (s)
1−α α
dtds = ds (2.24)
0 0 (x − s) (s − t) 0 (x − s)1−α

Nous posons le changement de variables suivant :



 s = t −→ y = 0
s = t + y(x − t) =⇒ ds = (x − t)dy;
 s = x −→ y = 1
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 56

De l’équation (2.24), on pourra écrire :


Z xZ s Z x Z x !
ρ(t) ρ(t)
dtds = ds dt
0 0 (x − s)1−α (s − t)α 0 t (x − s)1−α (x − t)α
!
Z x Z 1
ρ(t)(x − t)dy
= dy dt
0 0 (x − t)1−α (1 − y)1−α (x − t)α
Z x Z 1 !
1
= ρ(t) dy dt
0 0 (1 − y)1−α
Z x
= ρ(t) (Γ(α)Γ(1 − α)) dt
Z0x
π
 
= ρ(t) dt
0 sin απ
(2.25)

donc
π Zx Z x
f (s) Z x
sin απ Z x f (s)
ρ(t)dt = 1−α
ds =⇒ ρ(t)dt = ds
sin απ 0 0 (x − s) 0 π 0 (x − s)1−α
!0
sin απ Z x f (s)
=⇒ ρ(x) = ds (2.26)
π 0 (x − s)1−α

Exercice 2.3 Résoudre les équations intégrales suivantes :


R x ρ(t)
1. 0 (x−t)α dt = xn ; solution ρ(x) = sin απ
π
(n + α) Γ(n+1)Γ(α)
Γ(n+α−1)
xn+α−1 .
Rx ρ(t) 1 R x cos s
2. 0 1 dt = sin x, solution ρ(x) = π 0

x−s
ds.
(x−t) 2
Rx ρ(t)
3. 0 dt = ex ;
1
(x−t) 2
Rx ρ(t) √
4. 0 1 dt = x.
(x−t) 2

2.5 Equations intégrales de Fredholm


Nous présentons ici les méthodes de résolution des équations intégrales de second espèce
de Fredholm donnée par :
Z b
ρ(x) = f (x) + λ K(x, t)ρ(t)dt. (2.27)
a

2.5.1 Méthode de résolution : Méthode de Fredholm


La solution de l’équation (2.27) est donnée par :
Z b
ρ(x) = f (x) + λ R(x, t, λ)f (t)dt (2.28)
a


D(x, t, λ)
R(x, t, λ) =
D(λ)
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 57

et
∞ ∞
(−1)n
Bn (x, t)λn ; C n λn ,
X X
D(x, t, λ) = K(x, t) + D(λ) = 1 +
n=1 n! n=1
 
 K(x, t) · · · K(x, tn ) 
K(x, t1 )
Z b 
Z b  K(t1 , t) K(t1 , t1 ) · · · K(t1 , tn ) 
Bn (x, t) = ··· 


 dt1 dt2 · · · dtn−1 dtn ; B0 (x, t) = K(x, t)
a a  
| {z }  
n fois
 
K(tn , t) K(tn , t1 ) · · · K(tn , tn )

 
Z b Z b K(t1 , t1 ) K(t1 , t2 ) · · · K(t1 , tn )

Cn (x, t) = ···  dt1 dt2 · · · dtn−1 dtn .
 

a a  
K(tn , t1 ) K(tn , t2 ) · · · K(tn , tn )
| {z }
n fois
On notera que :
— D(λ) est appelé déterminant de Fredholm,
— D(x, t, λ), le mineur du déterminant de Fredholm,
— R(x, t, λ), la résolvante de Fredholm.

Exemple 2.7 Résoudre l’équation intégrale :


Z 1
ρ(x) − λ xet ρ(t)dt = e−x ,
0

Solution :
B0 (x, t) = xet

Z 1
xet xet1 Z 1
B1 (x, t) = dt = (t1 xet+t1 − t1 xet+t1 )dt = 0 =⇒ Bn (x, t) = 0 ∀n 6= 0.
t t1
0 t1 e t1 e 0

Z 1
C1 = t1 et1 dt1 = [t1 et1 − et1 ]10 = 1 =⇒ C1 = 1
0
Z 1Z 1
t1 et1 t1 et2
C2 (x, t) = dt1 dt2 = 0 =⇒ C2 = 0 =⇒ Cn (x, t) = ∀n > 1.
0 0 t2 et1 t2 et2
D(λ) = 1 − C1 λ = 1 − λ
xet
R(x, t, λ) = 1−λ
La solution est : Z 1
xet −t λx
ρ(x) = e−x + λ e dt = e−x + .
0 1−λ 1−λ

Exemple 2.8 Résoudre : Z 1


ρ(x) = x + λ xtρ(t)dt
0
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 58

Solution :
B0 (x, t) = xt

Z 1
xt xt1
B1 (x, t) = dt = 0 =⇒ Bn (x, t) = 0 ∀n > 0.
0 t1 t t21
Z 1
1
C1 = t21 dt1 = −
0 3
Z 1Z 1
t21 t1 t2
C2 (x, t) = dt1 dt2 = 0 =⇒ C2 = 0 =⇒ Cn (x, t) = 0 ∀n > 1.
0 0 t1 t2 t22
D(λ) = 1 − C1 λ = 1 − λ
xt 3xt
R(x, t, λ) = 1− λ
= 3−λ
3
La solution est : Z 1
3xt2 3λx 3x
ρ(x) = x + λ dt = x + = .
0 3−λ 3−λ 3−λ

2.5.2 Méthode des noyaux itérés


Nous nous proposons de construire la résolvante à l’aide des noyaux itérés. Pour ce faire,
on a l’équation suivante :
Z b
ρ(x) = f (x) + λ K(x, t)ρ(t)dt (2.29)
a

On cherche ρ(x) sous la forme



ψn (x)λn
X
ρ(x) = ψ0 (x) + (2.30)
n=1

avec

ψ0 (x) = f (x)
Z b
ψ1 (x) = K(x, t)f (t)dt
a
···
Z b Z b
ψn (x) = K(x, t)ψn−1 (t)dt = Kn (x, t)f (t)dt (2.31)
a a

avec Z b Z b
K2 = K(x, u)K(u, t)du Kn (x, t) = K(x, u)Kn−1 (u, t)du.
a a

La rèsolvante est alors


Z b ∞
λn Kn+1 (x, t).
X
R(x, t, λ) = f (x) + λ Kn (x, t) = (2.32)
a n=0

La solution est : Z b
ρ(x) = f (x) + λ R(x, t, λ)f (t)dty (2.33)
a
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 59

Exemple 2.9 Soit l’équation :


Z 1
ρ(x) = x + λ xtρ(x)dt,
0

on a
Z 1  3  n−1
xt 1 1
K1 (x, t) = xt, K2 (x, t) = (xu)(ut)du = , K3 (x, t) = xt, · · · , Kn (x, t) = (xt) .
0 3 3 3
La résolvante est :
∞  n−1 ∞  n−1
X 1 n−1
X 1
R(x, t, λ) = λ = xt ,
n=1 3 n=1 3

Pour |λ| < 3, on a : !


1 3xt
R(x, t, λ) = xt 1. λ = ,
1− 3
3−λ
la solution est :
Z 1
3xt 3xλ 1 λ λ
ρ(x) = x + λ dt = x + . = x(1 + ) = x(1 + ).
0 3−λ 3−λ 3 3−λ 3−λ
Exercice 2.4 Trouver les noyaux itérés des noyaux suivants :
1. K(x, t) = x − t, avec a = −1, b = 1,
2. K(x, t) = sin(x − t) avec a = 0, b = π/3,
3. k(x, t) = x + sin t, avec a = −π, b = π.

2.6 Equation intégrale à noyaux itérés


Dans le cas d’une équation intégrale à noyaux itérés, K(x, t) prend la forme suivante :
n
X
K(x, t) = ak (x)bk (t) avec les ak indépendants (2.34)
k=1

L’équation intégrale s’écrit alors sous la forme :


n
Z bX n
X Z b
ρ(x) = f (x) + λ ak (x)bk (t)ρ(t)dt = f (x) + λ ak (x) bk (t)ρ(t)dt (2.35)
a k=1 k=1 a

On pose Z b
Ck = λ bk (t)ρ(t)dt
a

pour obtenir
n
X
ρ(x) = f (x) + λ ak (x)Ck (2.36)
k=1

En remplacant ρ(x) par cette expression dans l’équation intégrale, on a :


n
X n
Z bX n
X
f (x) + λ ak (x)Ck = f (x) + λ ak (x)bk (t)[f (t) + λak (t)Ck ]dt, (2.37)
k=1 a k=1 k=1
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 60

d’où
n n Z b n Z b n
2
X X X X
λ ak (x)Ck = λak (x) bk (t)f (t)dt + λ ak (x) bk (t) al (t)Cl ]dt. (2.38)
k=1 k=1 a k=1 a l=1

En simplifiant par λ, on a
n n n Z b
Z b !
X X X
ck ak (x) = bk (t)f (t)dt + λ al (t)cl dt ak (x) (2.39)
k=1 k=1 a l=1 a

∀k Z b n Z b
X
ck = bk (t)f (t)dt + λ al (t)cl dt. (2.40)
a l=1 a

Exemple 2.10 Soit l’équation intégrale suivante :


Z π
4
ρ(x) = cotgx + λ tgtρ(t)dt (2.41)
− π4

on a K(x, t) = 1.tgt, n=1


R π
on pose C1 = 4
− π4 tgtρ(t)dt pour obtenir

ρ(x) = cotgx + λC (2.42)

en substituant (2.42) dans (2.41), on a :


Z π
4
cotgx + λC = cotgx + λ tgt(cotgt + λC)dt,
− π4
π
π π
Z π
 
4
λC = λ π (1 + λCtgt)dt =⇒ C = + λC −[Log(cost)]−4 π = ,
−4 2 4 2
π
ρ(x) = cotgx + λ .
2
Exemple 2.11 Considérons l’équation intégrale :
Z π
ρ(x) = x + λ (x cos t + t2 sin x + cos x sin t)ρ(t)dt (2.43)
−π

K(x, t) = x cos t + t2 sin x + cos x sin t

Posons Z π Z π Z π
C1 = cos tρ(t)dt, C2 = t2 ρ(t)dt C3 = sin tρ(t)dt.
−π −π −π
ρ(x) devient :
ρ(x) = x + λxC1 + λC2 sin x + λC3 cos x (2.44)

(2.43) devient
Z +π
x + λxC1 + λC2 sin x + λC3 cos x = x + λx cos t[t + λtC1 + λC2 sin t + λC3 cos t]dt
−π
Z +π
+λ sin x t2 [t + λtC1 + λC2 sin t + λC3 cos t]dt
−π
Z +π
+λ cos x sin x[t + λtC1 + λC2 sin t + λC3 cos t]dt,
−π
(2.45)
CHAPITRE 2. EQUATIONS INTÉGRALES 61

On obtiendra
Z +π Z +π Z +π Z +π
2
C1 = t cos tdt + λC1 t cos tdt + λC3 cos tdt − λC2 cos t sin tdt,
−π −π −π −π
Z +π Z +π Z +π Z +π
C2 = t3 dt + λC1 t3 sin tdt + λC3 t2 cos tdt + λC2 t2 sin tdt,
−π −π −π −π
Z +π Z +π Z +π Z +π
C3 = t sin tdt + λt t sin tdt + λC2 sin2 tdt + λC3 sin t cos tdt (2.46)
−π −π −π −π



 C1 − λπC3 = 0
2λπ 2 8π 2 λ 2π


C 2 + 4λπC3 = 0 =⇒ C 1 = , C2 = , C3 = .

 1 + 2λ2 π 1 + 2λ2 π 2 1 + 2λ2 π 2
−2πλC1 − λπC2 + C3 = 0

Exercice 2.5
π
K(x, t) = sin x cos t, f (x) = sin x, a = 0, b = .
2

Exercice 2.6
K(x, t) = earcsin x , f (x) = tgx a = −1, b = +1.
Bibliographie

[1] M. Springer and J. Paulsson, Nature (London) 439,27 (2006).


[2] K. F. Riley, M. P. Hobson and S. J. Bence, Mathematical methods for physics and
engineering, third edition, cambrige University press, 2006.
[3] K. F. Riley and M. P. Hobson, Student solutions manual for Mathematical methods for
physics and engineering, third edition, cambrige University press, 2006.

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