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Climatoscepticisme : une

fabrique d’ennemis politiques


en sciences ?
« Ce n'est pas le doute qui rend fou,
c'est la certitude. »
Friedrich Nietzsche (Ecce Homo)

Introduction

Le premier roman qui m’a réellement perturbé est « 1984 » de Georges Orwell. Je l’ai
d’ailleurs lu — par pure coïncidence — cette année-là. J’avais alors 14 ans. J’ai
rouvert ensuite cet ouvrage à plusieurs époques de ma vie. A 20 ans, 30 ans, 35 ans,
sans trop savoir pourquoi au départ, puis avec une étrange sensation à partir de 2010.
J’avais 40 ans. Que me disait « 1984 » du monde qui m’entourait et qui s’était
fondamentalement transformé en quatre décennies ? Qu’il commençait à ressembler
à ce que décrivait le roman d’Orwell par de nombreux points ? Oui, certainement.
Mais d’une manière bien plus subtile que ce que décrivait le roman. Plus vicieuse
aussi. Une sorte de dictature des cerveaux « à la 1984 », mais sans l’aspect coercitif
et répressif propre au roman. Une dictature invisible, instillée dans les esprits via les
médias audiovisuels et Internet. Une sorte de conformisme mental — très occidental
mais néanmoins mondialisé—, avec sa novlangue, son histoire sans cesse réécrite, ses
auto-censures permanentes, sa surveillance invisible, sa pratique de la double pensée
et ses écrans omniprésents. Ces constats étaient avant tout le fruit de sensations
causées par une myriade d’éléments qui s’étaient accumulés au cours du temps. Il y
avait les guerres d’ingérence américaines, toutes basées sur des mensonges, avec leur
lot de retournement d’alliances. L’axe du bien. La guerre perpétuelle. L’axe du mal. Il
y avait aussi le dictateur que l’on bombarde et qu’on déclare ennemi juré depuis
toujours, alors qu’on le recevait en grande pompes trois ans auparavant. « L’Océania
avait donc toujours été en guerre contre l’Estasia» écrivait Orwell. Mais il y avait
aussi la découverte — avant les révélations Snowden — que la surveillance
numérique des populations par les États les plus développés était une réalité. Tout
comme l’in uence numérique et de nouvelles formes de propagandes.

C’est aussi à cette époque que je me suis penché sur le climatoscepticisme, objet de
cet ouvrage. Parce qu’il participait de quelque chose qui m’intriguait. La désignation
d’ennemis par des forces majoritaires et dirigeantes m’a toujours mis la puce à
l’oreille. Comment donc cette appellation de « climatosceptiques » — étrange s’il en
est — est-elle devenue aujourd’hui synonyme de « fausse science » ou même de
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complotisme, alors qu’elle était au départ une simple catégorisation de scienti ques
par rapport à d’autres ? Pourquoi la climatologie des laboratoires de recherche d’État
s’est-elle retrouvée à pratiquer une forme de maccarthysme scienti que, une chasse
aux sorcières devenue presque naturelle et rentrée dans les mœurs en 2022 ? Pour
répondre à ces questions, il nous faut remonter le temps et comprendre ce qu’est le
climatoscepticisme (et ceux que l’on nomme les climatosceptiques), comment il a
débuté, progressé au cours du temps et ce qu’il en est advenu. Véri er aussi quelle
réalité il recouvre. Parce qu’à l’instar de la novlangue et du concept de double pensée
dans 1984, les mots sont des armes. Et une fois vidés de leur sens, ils ne servent plus
qu’à une seule chose : soumettre tout un chacun au règne d’un « big brother », et ce,
de façon parfaitement consentie.

Le climatologue, ce chercheur qui ne cherche pas ?

Si l’on se plonge dans l’histoire des sciences et plus particulièrement celles de la


climatologie, un constat voit très vite le jour : cette discipline scienti que est récente.
De plus, les climatologues n’existent pas en tant que tels, même si la presse abuse de
ce titre depuis des années. Il n’y a pas réellement de climatologues parce que la
climatologie requiert un nombre de disciplines conséquent pour être exercée :
physique de l’atmosphère, glaciologie, géologie, océanographie, météorologie,
géophysique, etc, etc… Il y a donc des chercheurs qui utilisent leur discipline
scienti que principale pour étudier le climat. Mais certains scienti ques sont plus à
même — justement de par leur spécialité — à parler du fonctionnement intrinsèque
du climat. C’est le cas des physiciens de l’atmosphère, qui ont le plus souvent au
départ étudié aussi la météorologie et souvent l’océanographie. Logiquement, puisque
les océans ont une in uence directe sur la physique de l’atmosphère et vice versa. Il
est néanmoins toujours possible de déclarer que si la climatologie est
multidisciplinaire, le « climatologue » existe malgré tout, puisqu’il serait un
« spécialiste qui fait l'étude des variations locales et temporelles des climats grâce
aux statistiques des données provenant de plusieurs domaines qui affectent le
climat », comme le dé nit l’encyclopédie participative en ligne Wikipedia. Certes.
Mais justement, si l’on veut parler du climatoscepticisme, il est intéressant de bien
analyser ce qui différencie un chercheur qui tente de comprendre les mécanismes du
climat d’un statisticien qui modélise des données climatiques. Ou d’un philosophe, un
économiste « spécialistes du changement climatique ».

J’indiquais en préambule la « jeunesse » de la climatologie. L’une des raisons qui


explique cette jeunesse est simple : les premiers satellites météo datent de 1979 et
sans leurs mesures, la discipline avait beaucoup de mal à travailler concrètement, en
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termes d’observations et de relevés de données précises à large échelle. La seconde
est que la climatologie s’est vraiment développée à partir de la création d’une
institution émanant de l’ONU en 1988 et désormais bien connue du grand public : le
GIEC, ou IPCC en anglais. Il y avait bien des scienti ques dans les années 1960,
1970, 1980 qui étudiaient le climat, mais leurs moyens étaient limités, tant au niveau
budgétaires, matériels, qu’humains. Chacun faisait un peu sa petite tambouille dans
son coin et personne ne s’était mis d’accord sur de nombreux points, dont un central :
comment le climat évolue-t-il au cours du temps, pour quelles raisons, à quelle
vitesse, par quoi est-il affecté ? Comme nous allons le voir, les premières « alertes »
sur le climat ont en réalité débuté dans les années 1960. Sauf que deux écoles
s’affrontent sur cette « alerte précoce » : celle des défenseurs de la théorie du
réchauffement par les gaz à effet de serre et celle de leurs « opposants » qui ont été
baptisés par la suite « climatosceptiques », et qui eux, soulignent le refroidissement
de cette époque et non pas un réchauffement par un « effet de serre ».

II

Les historiens des sciences ne sont pas d’accord entre eux

La première « alerte sur le climat » véritablement médiatisée, date de 1962. C’est un


article du quotidien britannique The Guardian qui s’inquiète de la possibilité d’un
nouveau « Petit âge glaciaire ». Il est effectivement avéré que depuis1960 des vagues
hivernales de froid très intenses s’abattent sur l’hémisphère nord. C’est d’ailleurs à
cette époque que les premières stations de ski sont créées, [comme le souligne un
climatologue français, participant aux études analysées par le GIEC]. L’observatoire
de météorologie japonais produit d’ailleurs en 1969 un graphique des températures de
l’hémisphère nord depuis 1880 qui souligne cet état de fait qui continuera jusqu’au
mi-temps des années 1970. La montée des températures des années 1910 à 1940 y est
d’ailleurs aussi très visible.

D’autres journaux suivent cette tendance de « l’alerte sur le global cooling » à cette
époque, particulièrement entre 1970 et 1975. Cette évidence historique du
refroidissement est pourtant dénoncée aujourd’hui comme étant une « fabrication des
climatosceptiques ». Cette médiatisation du refroidissement est dénoncée par les
défenseurs de la théorie du réchauffement climatique anthropique — que je
nommerai « porteurs d’alerte du RCA » (la raison de cette appellation sera
développée par la suite). Il se trouve que si les médias se sont aussi (un peu) inquiétés
d’un changement climatique possible vers le réchauffement il y a 50 ans, le sujet du
climat n’était de toute manière pas au centre des préoccupations scienti ques.

La raison principale du peu d’intérêt scienti que pour le climat — à une grande
échelle — semble être que les recherches n’étaient pas assez consistantes. Pourquoi
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donc, dans ce cas là, une étude publiée en 2021 par trois chercheurs, dont un historien
des sciences, prétend absolument l’inverse ? Cette étude nommée « Alertes précoces
et responsabilisation émergente : les réponses de Total au réchauffement climatique,
1971-2021 » explique en préambule que « Le Petroleum Institute, la principale
association commerciale de l'industrie pétrolière aux États-Unis, a reçu des
avertissements concernant le réchauffement climatique dès les années 1950 et a
commandé des recherches sur le sujet à la n des années 1960, qui ont indiqué
qu'une expansion continue des combustibles fossiles entraînerait d'importants
réchauffements climatiques d'ici la n du siècle avec des conséquences néfastes pour
les sociétés humaines à travers le monde. »

Pour appuyer son propos, les chercheurs ajoutent que "Le changement climatique est
également devenu une préoccupation internationale lors de la Conférence des
Nations Unies sur l'environnement humain de 1972 à Stockholm où deux des 109
recommandations (n°70 et 79) appelaient à la recherche et à la vigilance concernant
le changement climatique anthropique. » Je suis allé véri er ces assertions de
demande de recherche et d’appel à la vigilance sur le changement climatique
anthropique des recommandations N°70 et 79 du document de 1972 lors de la
Conférence des Nations Unies sur l'environnement humain. A ma plus grande
surprise, il n’en est absolument pas question dans ces termes.
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En réalité ces recommandations du rapport de la conférence de l'environnement de
1972 à Stockolm (page 22 et 24) ne parlent absolument pas d'une préoccupation
internationale sur le changement climatique anthropique, mais établissent seulement
— entre autres — que « l'Organisation météorologique mondiale, en coopération
avec le Conseil international des unions scienti ques (CIUS), poursuive l'exécution
du Programme de recherches sur l'atmosphère globale (GARP) et si nécessaire
élabore de nouveaux programmes de façon à mieux comprendre la circulation
générale de l'atmosphère et les causes des changements climatiques, qu'elles soient
d'origine naturelle ou qu'elles résultent de l'activité humaine."

Il n’y pas donc pas d’appel à la vigilance sur un changement climatique anthropique
en 1972 mais seulement la possibilité — si nécessaire — d’élaborer des nouveaux
programmes pour mieux comprendre la cause « des changements climatiques ». Il ne
s’agissait donc pas d’un réchauffement climatique anthropique dont l’ONU
« s’inquiétait », comme l’af rment ces chercheurs en 2021, mais bien d’observer des
changements climatiques pour des causes d’origine naturelle ou anthropique. Les
historiens des sciences ne sont donc pas d’accord entre eux. Mais ceux qui veulent à
tout prix attribuer le réchauffement du XXème siècle aux activités humaines sont
quand même prêts à la fois à grossir le trait et déformer la réalité historique. Pour
ensuite accuser tous ceux qui oseraient prétendre le contraire — entre autres à propos
du « global cooling » de l’époque —, d’être des « climatosceptiques ».

La réalité historique est pourtant têtue : à la suite de la conférence de l’ONU de 1972


et jusqu’à 1989, la problématique des changements climatiques ne sera évoquée à
haut niveau que de manière épisodique et peu médiatisée. Mais ces assertions des
défenseurs du RCA, chercheurs en sciences sociales et autres spécialistes du climat
qui dénoncent un climatoscepticisme ancien et organisé — au prix de mensonges
avérés ou d’arrangements avec la vérité historique —, méritent tout de même d’être
observées, analysées et surtout comprises. Cette recherche m’a semblé naturelle et
importante, puisque des carrières scienti ques ont été brisées, des réputations
entachées grâce à ce vocable, des chercheurs très quali és sur l’étude du climat mis
au ban de leur communauté scienti que ou de la société. Une phrase m’est revenue
en procédant à cette enquête : quand on veut se débarrasser de son chien on prétend
qu’il a la rage. À chacun, donc, de véri er — à la lecture de ce tract — si cette
expression peut s’accorder avec une partie de ce qui est nommé le
« climatoscepticisme scienti que ».

III

Le climatoscepticisme des origines : une affaire savante


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Cette affaire autour de l’étude qui af rme que « Total savait pour le réchauffement
climatique anthropique dès 1971 » est emblématique. En réalité, un document a bel et
bien circulé à l’époque dans l’entreprise pétrolière, émis par un professeur de
géographie français. C’est à partir de ce document que les trois porteurs d’alerte sur
le RCA développent une théorie déjà ancienne — très utilisée dans les années 2000
— qu’ils réactivent par ce biais. La théorie est celle du lobbyisme climatosceptique
des entreprises pétrolières. Total a expliqué ce qu’il en était, suite à la médiatisation
de cette étude : « Une série d’articles est effectivement parue dans la revue interne de
Total en 1971 (...) l’un deux s’intitulait "pollution atmosphérique et le climat" paru
dans cette revue est signé par un scienti que, M. François Durand-Dastès,
professeur agrégé de géographie. » Cette « connaissance du RCA par Total », même
basée sur un seul article d’un géographe, aurait donc dû — selon les porteurs d’alerte du
RCA de 2021 — alerter l’entreprise, qui n’a pourtant « rien fait ». Tandis que les Nations
Unies elles-mêmes n’avaient pas de données ou d’études qui indiquaient clairement que
des changements climatiques étaient en cours (lesquels, celui du refroidissement ou celui
du réchauffement ?), ni quelles en étaient les causes, l’un des plus gros producteur
pétrolier aurait dû stopper ou freiner son activité, alerter sur le danger de sa propre
activité, sur la foi d’un seul article d’un professeur en géographie ? Dix sept ans avant la
création du GIEC ? L’idée principale propagée par cette étude est en fait très simple à
résumer : « Le climatosceptiscisme est ancien et il est le fruit de groupes d’intérêts —
parfaitement au courant de leurs responsabilités — qui travestissent la réalité
scienti que pour continuer leurs activités polluantes, celles qui émettent des gaz à effet de
serre et affectent le climat. »

Cette dé nition du climatoscepticisme — très politique et engagée — est réductrice, mais


surtout ne correspond pas à la réalité historique. Ce qui ne signi e pas que le lobbying des
pétroliers pour empêcher la théorie sur le RCA de devenir majoritaire n’a pas existé. Loin
de là. Mais dé nir le climatoscepticisme comme une volonté de s’opposer par tous les
moyens aux politiques de réduction d’émissions de gaz à effet de serre est simpliste et
historiquement faux. Le climatoscepticisme — tel qu’il a été dé ni à l’origine, ne
concerne pas des entreprises, des politiques ou des idéologues, mais seulement des
climatologues. Ce climatoscepticisme n’en était d’ailleurs pas en tant que tel, puisque le
terme exact en provenance des États-Unis était seulement « skeptic » et n’était donc pas
accolé à « climate ». Il caractérisait des climatologues, donc — le plus souvent membres
des groupes de travail du GIEC et chargés d’étudier le RCA — qui doutaient du CO2
comme facteur principal d’un réchauffement ayant eu lieu au XXème siècle. Ou qui
doutaient de la quantité de ce réchauffement face aux études analysées par le GIEC. Ce
n’était donc pas un scepticisme sur le fonctionnement du climat qui caractérisait ces
chercheurs, mais un scepticisme sur la « théorie du GIEC », soutenue et commandée par
l’ONU. Etonnamment, il semble que le premier a avoir été affublé de cette terminologie
de « sceptique » soit Richard Lindzen, l’un des climatologues les plus réputés et les plus
récompensés au monde pour ses travaux sur le climat.
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Un article du New York Times de 1996 à son sujet est possiblement celui qui démocratise
le terme de « sceptique » en sciences du climat : « UN SCIENTIFIQUE AU TRAVAIL :
Richard S. Lindzen ; un sceptique demande : « est-ce qu'il fait plus chaud, ou est-ce juste
le modèle informatique ? »

A l’époque, Lindzen avait contribué au chapitre 4 de la « Deuxième évaluation du


GIEC », publié un an auparavant, en 1995. Des extraits de l’article du New York Times
permettent de mieux comprendre comment — à l’époque — cette terminologie de
sceptique était envisagée et ce qu’elle recouvrait :

Alors que les experts du climat raffermissent leur point de vue selon lequel l'activité
humaine altère gravement l'atmosphère, une voix se fait entendre dans la dissidence.
C'est celle du Dr Richard S. Lindzen du Massachusetts Institute of Technology, un grand
spécialiste des processus physiques de l’atmosphère (…) Y a-t-il vraiment lieu de
s'inquiéter que les émissions de gaz industriels résiduaires qui retiennent la chaleur
comme le dioxyde de carbone puissent perturber le climat mondial ? Le Dr Lindzen
n'hésite pas : « Nous n'avons aucune preuve qu'il s'agit d'un problème sérieux ».

Mais ce n’est qu’un peu plus tard, après la publication du troisième rapport du GIEC, en
2001, que le climatoscepticisme va trouver ses « véritables lettres de noblesse », avec ce
qui a été nommé les « Climate Wars » outre-atlantique. La première véritable épine dans
le pied du GIEC provient à cette époque du même Richard Lindzen. Ce dernier a travaillé
sur le chapitre 7 du groupe de travail 1 du GIEC pour le rapport de 2001. Ce rapport
examine les processus physiques actifs dans le climat du monde réel. Et Lindzen n’est pas
très content en 2001, particulièrement au sujet du « Résumé pour les décideurs ».
Lindzen déclare en mai de cette année que ce Résumé «ne résume pas vraiment le rapport
du GIEC, mais qu'il a été modi é pour énoncer des conclusions plus dé nitives ». Il
souligne également le fait que « le résumé n’a pas été rédigé par des scienti ques seuls. »
En réponse à ces critiques, le « panel NAS » du GIEC auquel Lindzen a siégé, déclare
alors que le résumé était le résultat « d'un dialogue entre scienti ques et décideurs ».

IV
Le GIEC tend des bâtons aux climatosceptiques

Plus on plonge dans l’histoire du GIEC plus une réalité s’impose sur cet organisme :
l’aspect politique y est central, au détriment de l’aspect purement scienti que, qui prévaut
pourtant dans sa médiatisation. Ce constat ne met pour autant pas en cause le travail du
groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique en tant que tel,
puisque des scienti ques y sont détachés dans trois groupes de travail, pour analyser,
critiquer et synthétiser les différentes études publiées sur le RCA à travers le monde.
Certains climatosceptiques (non scienti ques) — encore aujourd’hui — tentent de dénier
au GIEC sa vocation scienti que, arguant qu’il est une émanation de l’ONU et ne
comporterait pas de véritables « experts ou spécialistes du climat » en son sein. Ces
af rmations sont fausses, puisque ce sont les gouvernements qui détachent leurs
scienti ques auprès du GIEC pour y travailler et qu’une majorité des experts des
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différents groupes de travail sont bien des scienti ques liés à l’étude du climat. Mais pas
seulement et pas toujours avec les quali cations normalement requises.

Les enquêtes sur le fonctionnement du GIEC, effectuées par la journaliste canadienne


d’investigation Donna La Framboise, soulignent ce savant mélange des genres entre
activistes et scienti ques établis, étudiants en sciences et cadres d’ONG, qui caractérisent
cette institution. En 2010, Donna Laframboise faisait cette déclaration : "Si le monde est
divisé en deux factions — l‘une qui croit que le changement climatique est un problème
grave et l'autre qui pense que l'in uence humaine sur le climat est si minime qu'elle est
indiscernable du bruit de fond — un groupe [les écologistes] a réussi un braquage de
banque tandis que l'autre [les sceptiques] ont mendié devant le magasin d’alcools. » Et
c’est bien là que se situe le schisme entre « les porteurs d’alerte du RCA » alignés sur le
GIEC et les « climato-dissidents du RCA » non alignés sur le GIEC. En 2015, lors d’une
conférence en marge de la COP21 de Paris, Donna Laframboise donne une conférence qui
débute ainsi : « Lorsque j'ai commencé mes recherches, en lisant des livres et des articles
et en regardant des programmes d'information et des lms documentaires, j'ai beaucoup
entendu parler d'une organisation appelée le Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat - le GIEC. Il est généralement décrit comme un parangon de vertu
scienti que, un modèle de transparence. On nous dit qu'il est composé des meilleurs
scienti ques et experts du monde, et qu'il a reçu un prix Nobel de la paix. Le GIEC, nous
dit-on, est une organisation dont les conclusions peuvent – et doivent – être dignes de
con ance. Au début, je croyais tout ça. Je n'avais aucune raison de ne pas le faire. Mais
ensuite, j'ai commencé à remarquer que beaucoup de choses que j'avais entendues à
propos du GIEC ne sont, en fait, pas vraies. » Ces assertions de la journaliste canadienne
ont été documentées dans un livre d’enquête publié en 2011, « The Delinquent Teenager
Who Was Mistaken for the World's Top Climate Expert ». Il y est révélé entre autres que
l’af rmation de Rajeunira Pachauri en 2007 (Président du GIEC et lauréat du prix Nobel
de la paix) établissant que « les scienti ques qui travaillent aux rapports du GIEC le sont,
pour les recherches qu’ils réalisent, le nombre de leurs publications et sont les meilleurs,
au sommet de leur carrière », est parfaitement fausse.

Donna Laframboise révèle dans son ouvrage que des étudiants ont été nommés comme
« lead author » (auteur principal) de chapitres entiers de rapports du GIEC, à 25 ans ou
moins, sans diplôme de chercheur. L’un d’entre eux a seulement 21 ans quand il participe
aux rapports et n'obtient son doctorat que 13 ans plus tard, étant devenu « lead author
coordinator » du GIEC entre temps. Viennent ensuite des dirigeants ou membres éminents
du WWF ou de Greenpeace dans la liste des membres scienti ques du GIEC, dont
certains ont dirigé des chapitres entiers des rapports. Les plus fameux sont Richard Moss
(qui a passé 20 au GIEC tout en étant vice président du WWF durant une partie de cette
activité), Bill Hare, une « légende de Greenpeace » (directeur de la politique climatique
pour Greenpeace International de 1992 à 2002, en particulier pour les travaux sur la
négociation et la mise en œuvre du protocole de Kyoto), Michael Oppenheimer (Fonds
pour la défense de l’environnement et directeur de chapitre du 5ème rapport du GIEC) et
Jennifer Morgan directrice de 1998 à 2006 du Programme mondial sur les changements
climatiques du WWF et directrice exécutive de Greenpeace international depuis 2016.
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Jennifer Morgan a déclaré récemment :« Je n’accepterai pas de participer à un panel
avec un négationniste du climat, car je ne pense pas qu’il faille accorder une tribune aux
négationnistes du climat qui propagent des fake news ». Jennifer Morgan était « review
editor » du cinquième rapport du GIEC paru en 2013. Et les climatologues sceptiques sur
les causes ou la quantité du réchauffement du XXème siècle peuvent être désormais taxés
de « négationnistes » du climat par Morgan : une activiste, dirigeante d’une entreprise
multinationale de défense de l’environnement (le chiffre d’affaires de Greenpeace en 2020
était de 368 millions de dollars).

Les détracteurs du GIEC peuvent donc reprocher assez aisément l’engagement militant et
orienté politiquement de cet organisme, ce que ce dernier ne cherche plus à occulter en
assumant complètement cette orientation univoque. Le GIEC n’étudie pas le climat, il
n’étudie pas non plus les causes possibles et multifactorielles potentielles du changement
climatique, il se contente en réalité de valider des projections pour le futur sur les effets du
RCA et les solutions pour le freiner via des politiques de « décarbonation » [de
l’économie]. En partie sous la direction de cadres d'ONG environnementales et de
scienti ques acquis à la cause du changement de société par la décarbonation. Ses
représentants, ses rapports le stipulent. Et c’est bien cet aspect que les climatosceptiques
— de tout bord — lui reprochent.

Changement climatique : une affaire de croyance scienti que ?

Pour comprendre vraiment le climatoscepticisme il faut comprendre son histoire et celle


de ses adversaires. L’étude des deux courants de pensées sur le changement climatique
mène à deux discours irréconciliables qui s’affrontent. Le premier est celui de l’ONU, il
date de 1992 lors de la Conférence de Rio et voit la publication de l’Agenda du
développement durable pour le 21ème siècle. Celui-ci contient un chapitre entier — très
dense — sur « la protection contre la pollution atmosphérique ». Toutes les
recommandation du GIEC — en particulier celle du 4ème rapport de 2007 — sur la
« décarbonation » de l’économie, la nécessité d’une transition énergétique vers les
énergies renouvelables et l’énergie nucléaire y sont déjà inscrites. Cette volonté politique
est parfaitement logique puisque la « révolution énergétique » actuellement souhaitée au
niveau international via l’ONU, avait été décidée 30 ans auparavant… à l’ONU. Sans que
la science du climat ne soit en mesure à l’époque de valider la thèse selon laquelle les
émissions de CO2 anthropiques étaient la cause d’un réchauffement global, encore
considéré comme peu signi catif ou dont l’origine n’était pas établie par une large partie
de la communauté scienti que. C’est donc ce premier point que les scienti ques critiques
envers la thèse du RCA — et les « climatosceptiques » dans leur ensemble — reprochent
aux porteurs d’alerte du RCA et défendeurs des rapports du GIEC.

Pour autant, ces accusations, même quand elles sont portées par des climatologues, ne
font pas du climatoscepticisme une vérité scienti que qui pourrait être partagée par le plus
grand nombre et remettrait en cause les thèses et les conclusions du GIEC. Ces remises en
cause sont avant tout politiques, même quand elles sont portées par des scienti ques.
C’est malgré tout dans la recherche scienti que en climatologie que se situe le noyau dur
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du climatoscepticisme. La « guerre sur le climat », si elle a été féconde dans les années
2000 à 2010, était avant tout une guerre politique, entre les partisans de l’arrêt des
énergies fossiles et les partisans du laisser-faire. Ceux nancés et soutenus par les
multinationales de l’énergie et ceux nancés par les multinationales des énergies vertes,
pour simpli er. Sauf que cette empoignade a ni par se conclure, non pas par un match
nul, mais par un KO. En faveur du GIEC. Cette guerre s’est jouée principalement sur une
courbe, un graphique de reconstruction des températures que tout le monde ou presque
connaît : la courbe de Michael Mann, surnommée la courbe "en crosse de hockey ».
Publiée en 1998 (sans revue par les pairs, alors que Mann, un étudiant de 28 ans n’a pas
encore obtenu son doctorat), elle est utilisée en 2001 dans le troisième rapport du GIEC.

Ce graphique fait grand bruit, puisque pour la première fois il est possible de visualiser de
manière univoque l’emballement de la température sur le globe à partir de début du
XXème siècle. Il souligne aussi que la température est restée relativement stable durant
les 1000 ans précédents, mettant en cause les autres reconstructions de température ayant
révélé l’Optimum médiéval et le Petit âge glaciaire. Al Gore décide de faire son cycle de
conférence sur le réchauffement climatique dont il tirera le documentaire « Une vérité qui
dérange » à partir de cette courbe, qui démontrerait scienti quement ce problème majeur
lié aux activité humaines. Gore réussit d’ailleurs à partager le Nobel de la Paix en 2007
avec le GIEC grâce à ce fameux documentaire basé sur la courbe de Mann. Sauf que tout
déraille au mi-temps de cette décennie. Un déraillement qui aura comme conclusion le
plus grand scandale scienti que moderne par le dévoilement public de milliers d’ emails
du plus gros labo de climatologie au monde, le CRU britannique. Pour faire court : la
courbe de Mann est démontée par des ingénieurs spécialistes en statistiques qui vont aller
faire acter les preuves de leur démonstration par l’académie des sciences américaines. La
fuite des mails du CRU en 2009 est intitulée « ClimateGate » et démontre que l’équipe de
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scienti ques autour de Michael Mann ont couvert sa fraude et tra qué les analyses en
faveur du RCA par les gaz à effet de serre dès 1996 pour la conférence de Kyoto de 1997.
Ces mails ont été l’objet d’un ouvrage très complet d’un physicien australien. A sa lecture,
aux vues des mails, il est avéré que cette équipe à la pointe des thèses en faveur du RCA
et travaillant pour le GIEC, a triché de bout en bout sur la réalité scienti que de ce RCA.

Les plus climatosceptiques des scienti ques de la planète ont donc brandi les preuves de
la fraude climatique, des livres sont sortis, des conférences, émissions ont eu lieu. Au
nal, le KO a eu lieu, mais pourtant en faveur du GIEC, de Michael Mann, du CRU et des
porteurs d’alerte du RCA. Quand cela ? En l’espace de deux ans. Quelques mois après le
ClimateGate, une enquête indépendante a eu lieu aux Etats-Unis et a déclaré qu’il n’y
avait pas de preuves qu’une fraude avait eu lieu. Puis, en 2012, une étude est publié qui
af rme que 97% de la communauté scienti que adhère avec la thèse du réchauffement
climatique. Cette étude est citée par Barack Obama cette année même et ouvre la voie à
une nouvelle ère, celle du « consensus sur le changement climatique ». Les sceptiques
sont alors remis à leur place de façon très radicale : en critiquant n’importe quel point des
thèses sur le RCA ils sont immédiatement placés dans la case de dissidents inconscients,
et surtout incompétents. Comment, en effet, avoir raison — même à la marge — contre la
totalité (ou presque puisque le consensus est de 97%) de la communauté scienti que ? Si
tous les scienti ques sont d’accord pour dire que l’élévation de température du globe
depuis 150 ans est unique dans l’histoire, dangereuse et déclenchée par les émissions
humaines de gaz à effet de serre, alors personne ne peut se permettre de contester cette
af rmation. Ou plutôt ce bloc d’af rmations. Le changement climatique devient en effet à
ce moment là un bloc de certitude, une croyance partagée, que nul ne peut venir critiquer,
sous peine de se voir très vite condamné d’hérésie. L’étude de 2012 sur le consensus de
scienti que mondial de 97% va pourtant s’avérer être elle aussi une fraude, démontrée
comme telle par plusieurs études scienti ques, mais rien n’y fera : on ne revient pas sur
une af rmation censée avoir une valeur scienti que et reprise par l’homme le plus
puissant du monde. Malgré tout, la courbe en crosse de hockey de Mann est retirée du
cinquième rapport du GIEC…

C’est donc à cette époque que les guerres du climat vont prendre n. Plus aucun
scienti que ne sera alors fortement entendu ou médiatisé s’il critique la thèse du
consensus sur le RCA. Le point d’orgue étant 2015 avec la COP21. Désormais, depuis
2012, le climat devient une affaire de croyance scienti que : soit vous croyez au GIEC et
vous participez au consensus pour « sauver la planète », soit vous êtes un
climatosceptique, un « denier », c’est à-dire un négationniste du climat acheté par des
lobbies pétroliers qui va participer à « tuer la planète ». Soit vous croyez en la vraie
science du climat nancée par les gouvernements des plus grandes puissances et déclarée
comme « établie", soit « vous ne croyez pas » en cette science-là et vous devenez un
paria.
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V
La résistance des [vieux] climatologues

Voici ce qu’écrivait la climatologue Judith Curry le 04 février 2013, dans un article


intitulé « Sensitivity about sensivity » : « Jusqu’à ce que nous comprenions mieux la
variabilité climatique interne (NdT: cad naturelle), nous ne savons tout simplement pas
comment calculer la sensibilité climatique au forçage des gaz à effet de serre. La question
de savoir comment le climat va changer au cours du XXIe siècle est hautement incertaine
et, de manière fondamentale, nous ne savons pas si les différents scénarios des émissions
de gaz à effet de serre seront (ou pas) les moteurs principaux sur des échelles de temps de
l'ordre du siècle ou moins. La simpli cation excessive et la con ance exagérée en soi, sur
ce sujet, ont été destructrices pour la science climatique. En tant que scienti ques, nous
devons prendre en compte les incertitudes ainsi que la complexité et la nature à la fois
désordonnée et perverse de ce problème. Nous induisons les responsables politiques en
erreur avec nos simpli cations abusives et nos certitudes démesurées. »

Judith Curry est un cas très intéressant du « climatoscepticisme » puisqu’elle n’est


toujours pas entièrement considérée comme… climatosceptique (par une majorité de
porteurs d’alerte du RCA). Judith Curry est en effet souvent citée comme une
« climatologue controversée ». Pas une « climatosceptique », ou du moins, pas toujours.
Le cursus de cette scienti que est donc très intéressant à plusieurs titres pour comprendre
le problème de la fabrication d’ennemis politiques en sciences dans le cadre du
changement climatique. Judith Curry est une climatologue américaine qui a débuté sa
carrière en 1982. Jusqu’en 2010 — comme elle l’explique souvent dans des interviews ou
des conférences — elle n’a pas douté un instant de la thèse du RCA. La raison invoquée
sur ce non-doute est qu’elle ne pouvait pas imaginer à l’époque que des fraudes,
malversations ou autres biais méthodologiques puissent être au cœur de la recherche sur
le changement climatique. Judith Curry « faisait con ance au GIEC ». Depuis, la
climatologue a déchanté. Elle épluche les rapports et y souligne les incohérences ou les
erreurs et continue de travailler sur la variabilité naturelle du climat. Elle s’est retirée en
2017 du monde académique et travaille désormais sur le conseil autour des politiques
climat.

Injonction climatique

« La nouvelle économie de l'énergie propre, approuvée par les gouvernements et les
militants, promet de nous sauver d'un désastre environnemental. Mais les inquiétudes
grandissent quant au fait que nous pourrions nous diriger vers une nouvelle crise future.
Dans les décennies à venir, certains prétendent que nous aurons du mal à contenir les
énormes dommages environnementaux causés par des milliards de cellules solaires et de
batteries de voitures hautement toxiques et non recyclables, ainsi que par les centrales
nucléaires nouvellement mises en service, tandis qu'Internet lui-même, y compris
l'extraction de bitcoins, consomme des quantités incontrôlables de énergie.
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Les problèmes environnementaux sont-ils encore plus dif ciles qu'on ne le pense ? La
nouvelle économie nous sauvera-t-elle ou les solutions techniques actuelles sont-elles une
solution à court terme ? La consommation acharnée et la croissance sont-elles elles-
mêmes responsables de nos problèmes environnementaux ? Ou pouvons-nous compter sur
la capacité de l'humanité à résoudre la prochaine crise que nous sommes peut-être en
train de provoquer maintenant ?

Le cosmologiste, astrophysicien et astronome Royal Martin Rees, l'économiste primé et


professeur d'économie de l'environnement Thomas Sterner, et la climatologue
controversée Judith Curry se joignent à nous pour nous demander si nous nous dirigeons
vers une nouvelle crise environnementale. »

Cette introduction de conférence à laquelle participait Judith Curry résume à elle seule —
à mon sens — la problématique de l’injonction climatique : cette impossibilité de débattre
du changement climatique autrement que par le biais établi de l’urgence et de la transition
énergétique qui y est liée. Ce que les « scienti que critiques » comme Judith Curry et de
nombreux autres « vieux » climatologues soulignent et mettent en cause, sont les
politiques climat. Puisqu’il n’est plus possible de contester la thèse du changement
climatique anthropique par effet de serre, Curry tente d’ouvrir des débats sur les actions
intergouvernementales pour lutter contre le réchauffement. Et c’est là que la part politique
du sujet se dévoile dans un parallèle immense avec le roman « 1984 » de Georges Orwell.

Le pouvoir du GIEC, cet organisme sous égide de l’ONU, est devenu une sorte
d’Angsoc : il dit la Vérité, représente la seule parole scienti que acceptable, dicte à
l’humanité les nouvelles façons de se déplacer, de se nourrir, de se chauffer, d’utiliser
l’énergie, pour éviter une catastrophe qu’il annonce en permanence comme imminente ou
même comme étant en cours. Les représentants du GIEC (ou les scienti ques participant
à ses rapports) sont invités sans cesse dans les médias à chaque événement
météorologique important ou déclaré comme extrême, s’il correspond à la thèse of cielle
du réchauffement. Une canicule, des incendies sont désormais forcément un signe de la
réalité du RCA et de la nécessité de « faire quelque chose » pour empêcher l’accentuation
de ce RCA dans l’avenir. Ce quelque chose est toujours la même chose : diminuer les
émissions de dioxyde de carbone ou assimilés. Une vague de froid exceptionnelle, une
extension de la banquise arctique — des phénomènes en opposition avec la thèse
d’origine de l’effet de serre — sont en général peu commentées ou attribuées au
« dérèglement climatique anthropique » : les émissions de CO2 perturberaient le climat,
qui — malgré une tendance au réchauffement —, aurait des comportements erratiques et
pourrait créer des vagues de froid comme de chaud. De la sécheresse mais aussi des excès
de précipitations. Des canicules ou des tempêtes de neige. Tout excès du climat, dans
quelconque sens que ce soit est désormais causé par la pollution de l’atmosphère des
activités humaines. Ces af rmations considérées — depuis peu — comme
« scienti ques » sont pourtant en parfait désaccord avec les rapports antérieurs du GIEC
et surtout ramènent les discours du GIEC ou de ceux qui s’en revendiquent à l’équivalent
des techniques de propagande décrites dans le monde de 1984 : la réécriture de l’histoire,
la double-pensée, la répétition, la diminution de vocabulaire, l’écartement de la
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complexité et la menace implicite envers tous ceux qui contesteraient les af rmations
of cielles. C’est donc là que les (vieux) climatologues pointés du doigt comme
climatosceptiques ou comme scienti ques controversés et donc dissidents (comme Judith
Curry) sont déclarés comme des ennemis politiques par les scienti ques béné ciaires de
la climatologie of cielle nancée par leurs gouvernements.

VI

Une politique mondiale absurde et sans issue ?

Le climatosceptiscisme est considéré par les partisans de « l’urgence climatique » comme


une forme grave de dissidence politique. Que ce scepticisme soit émis par les meilleurs
scienti ques du climat, soit basé sur les meilleures études les plus récentes, ne change
rien à l’affaire. Tout comme les gardes rouges de la révolution culturelle chinoise, le
fanatisme des « défenseurs du climat » est total et sans nuances. C’est un discours
purement politique qui a pour objectif de réorganiser la société a n qu’elle « respecte la
planète » ou cesse de « dégrader l’environnement », pour devenir plus « juste et
équitable », « verte et éco-compatible », etc, etc… Le fond du discours politique d’une
majorité de défenseurs du climat est avant tout basé sur la mise en cause du système
économique néo-libéral mais aussi pour une grande partie d’entre eux, du système
capitaliste productiviste. Les idéaux défendus par les activistes du climat — scienti ques
ou non — passent par des « évidences » tels celles de la « limite des ressources », d’une
« 6ème extinction des espèces en cours », de la nécessité de « ne plus extraire des
énergies fossiles ».

Si je parle de fanatisme c’est à dessein : aucun scienti que pro-GIEC n’est prêt à débattre
de façon contradictoire — même à la marge — des prévisions ou des préconisations en
cours pour « sauver le climat ». « There is no alternative » est le crédo of ciel face aux
0,8°C à 1,1°C d’augmentation de la température moyenne du globe en un siècle et demi.
Et tous ceux qui contesteront les moyens pour freiner cette augmentation ou mettront en
doute les prévisions, les périodes durant lesquelles cette élévation a eu lieu, seront pointé
du doigt comme des inconscients et de potentiels criminels. Une sorte de crime de pensée.

L’absurdité des véhicules électriques

Ce que Judith Curry et de nombreux autres spécialistes expliquent n’est pas qu’il n’y a
pas eu de changement climatique entre 1850 et aujourd’hui. Ni que la température
moyenne ne s’est pas élevée. Aucun de ces dissidents de la pensée unique sur le climat ne
met en cause le changement climatique. Ce que ces scienti ques expliquent, conférences
après conférences, articles après articles, est à la fois simple à appréhender et complexe
dans la démonstration : la hausse de température globale pourrait être en grande partie
attribuée à la variabilité naturelle du climat. Face à cette élévation continue ou non, il est
plus important de nancer une adaptation des sociétés face aux événements climatiques
que de déverser des milliards dans des politiques de réduction d’émissions de CO2 qui ne
peuvent en aucun cas modi er le climat mondial.
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Pour donner un exemple concret, il suf t d’estimer les effets de la dernière décision de
l’Union européenne sur l’interdiction des véhicules thermiques remplacés par des
véhicules électriques, en 2035. Si l’on s’accorde avec les calculs du GIEC et la théorie sur
le RCA, c’est le taux d’émission de gaz à effet de serre qui élève la température. Il faut
éviter +2° en 2100 comparé à 1870, donc éviter +1° entre aujourd’hui et 2100. L’Union
européenne représente 10% des émissions de gaz à effet de serre. Les véhicules
automobiles de l’UE, 15% de ces 10%, soit 1,5% des émissions mondiales. En remplaçant
100% des véhicules thermiques européens en électrique, cela correspondra à éviter une
hausse de 1,5 centièmes de degré en 2100, soit 0,015°C. Cette valeur est trop faible pour
être mesurée. La généralisation des véhicules électrique à l’échelle de l’Union européenne
n’aura donc aucun impact sur la température mondiale. Ce constat n’est pourtant discuté
nulle part. Sans compter que fabriquer uniquement des véhicules électriques est plus
polluant qu’un véhicule thermique d’un point de vue environnemental pour cause de
métaux rares à extraire des sols et de batteries très polluantes à recycler, ce que Curry et
ses collègues soulignent dans leur conférence. Mais au delà de la construction des
véhicules, comment sera produit l’électricité nécessaire à leur recharge ? Quel croissance
de production électrique faudra-t-il atteindre, avec quels types de centrales ?

Une vision totalitaire de contrôle du monde

Les politiques climat engagées sous la pression des grandes ONG, des lobbies de la
nance verte et soutenus par les gouvernements des pays les plus industrialisés devraient
inquiéter les militants écologistes. Les principes retenus au niveau de la dernière grande
COP (en 2021) devraient leur mettre la puce à l’oreille : tout est orienté autour d’une
transition industrielle et nancière qui n’a rien à voir avec l’écologie. Ce que les
dissidents du GIEC expliquent est pourtant simple à entendre : les champs d’éoliennes
géants — terrestres ou offshore — affectent la biosphère, sont ultra polluants à la
construction et à l’installation. Les champs photovoltaïques ont une empreinte au sol
gigantesque (pour une production équivalente aux centrales thermiques ou nucléaires tout
en étant intermittents) et réduisent les surfaces forestière ou d’agriculture vivrière. Les
centrales nucléaires — qui représentent seulement 4,3% de l’énergie commercialisée
mondiale en 2021 — sont trop coûteuses, trop longues à construire et n’ont toujours pas
résolu le problème de leurs déchets ou de leur sécurité face aux séismes ou aux
bombardements en cas de guerre. Sachant qu’au nal, toutes les projections des
ingénieurs en énergie sont unanimes : il est impossible de substituer l’éolien et le
photovoltaïque aux autres productions d’électricité actuellement en place.

Malgré ces impossibilités, simples à calculer et à prévoir, les gouvernements des pays les
plus riches continuent de rendre incontournable la transition vers les renouvelables et le
véhicule électrique, sous prétexte… d’urgence climatique. Les taxes carbone sont de
nouveau discutées. Elle permettront de contrôler les pays en voie de développement,
principaux émetteurs de CO2 pour les plus importants d’entre eux : Chine, Inde, Brésil
en tête. Toute cette nouvelle organisation future des sociétés humaines, faite de
contraintes politiques, économique et techniques incontournables est basée sur une théorie
qui, année après année est battue en brèche par de nombreux scienti ques, celle de l’effet
de serre par les émissions de CO2 anthropique. Mais comme le titre de ce tract l’indique,
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le fond du problème n’est pas en réalité la validité ou non de cette théorie, ou encore la
qualité très faible des modèles informatiques utilisés dans les rapports du GIEC ou bien
les contradictions évidentes entre observations et modélisation, entre réalité physique
observée et af rmations of cielles. Non, le fond du problème est que le fanatisme de
l’urgence climatique a été tellement bien orchestré et diffusé qu’il n’est plus possible de le
contester, même en tant que scienti que spécialiste du climat. Le climatosceptiscisme —
déclaré désormais comme un état d’esprit proche du complotisme ou du
conspirationnisme — est donc devenu une « fabrique d’ennemis politiques en sciences ».
Un phénomène scienti co-politique qui n’a rien à envier à l’idéologie totalitaire du siècle
dernier qu’a été la révolution culturelle maoïste, particulièrement portée par une jeunesse
fanatisée en Chine ou pour une partie dans les pays occidentaux les plus riches.

Des scienti ques et des militants emballés pour le pire ?

Croire en un phénomène, en une théorie, n’est pas croire ou ne pas croire en « La
Science ». Et comme l’époque est propice aux propagandes cognitives basée sur des
systèmes de polarisations d’opinions et d’emballements en ligne, il est assez simple de
comprendre comment la fabrique d’ennemis politiques en sciences climatiques est
devenue possible. Faire partie d’un camp est le premier préalable. Ce camp doit être celui
du bien, du progrès et surtout doit combattre un ennemi. Votre combat, s’il est relayé,
possède alors une valeur. Il est reconnu. Vous béné ciez alors vous aussi de cette
reconnaissance. Mais ensuite il faut que l’enjeu soit énorme, vous dépasse. Dans ce cas, la
responsabilité du mal revient « aux puissants » (les politiques) et même s’ils veulent
corriger ce mal, vous pouvez leur reprocher de ne pas assez écouter votre camp, celui du
Bien et du progrès et de ne pas faire assez pour combattre le mal. Une fois ces éléments
en place et répétés à l’envi dans les médias mais aussi sur les réseaux sociaux, votre
cerveau demande à être alimenté en permanence par les annonces de votre camp et si
possible avec des informations anxiogènes, catastrophiques, angoissantes et donc
excitantes, les seules à être capables de vous maintenir dans cet état « d’ébriété
cognitive ». Et si, par dessus tout cet environnement, une information clef vous permet
d’évacuer toute critique sur votre croyance, rien ne pourra vous faire arrêter. La meilleure
information clef aujourd’hui est celle du complotisme et du conspirationnisme, alliée au
consensus scienti que. Tous ceux qui ne partagent pas votre opinion, votre croyance et
votre combat, les critiquent ou les mettent en doute sont forcément des complotistes qui
croient en des théories absurdes comme : la Terre plate, la Lune creuse, les Reptiliens, les
fausses attaques du 11 septembre ou les faux alunissages des missions Apollo. Pour peu
qu’il y ait en plus un consensus mondial scienti que déclaré, il n’y a alors plus lieu de
douter : la certitude d’être du bon côté et de « savoir le vrai » devient une nouvelle forme
de psychologie. Que vous n’ayez jamais lu un seul rapport du GIEC, ni consulté des
données, graphiques sur le climat, ou encore entendu un autre son de cloche que celui de
la science of cielle médiatique du consensus, n’est en aucune manière problématique.
Votre conviction seule compte, con rmée par un groupe déclaré de 97% de scienti ques
spécialistes du sujet (qui n’a aucune autre réalité que celle exprimée par Obama et
d’autres membres of ciels de votre camp mais comment douter d’une telle af rmation ?)
ainsi que des millions d’individus en ligne qui pensent comme vous.
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Pour nir ce tract, je me vois obligé de parler d’un scienti que pour qui j’ai beaucoup de
respect et que j’ai toujours trouvé passionnant, mais qui a ni, en parlant de climat et de
climatosceptiscisme, par tomber dans le piège qu’il dénonce lui-même.

Ce scienti que est Etienne Klein, un physicien qui a longtemps travaillé au CEA. Suite à
son tract sur l’ultracrépidarianisme, très pertinent à mon sens, Etienne Klein a continué à
parler de la distinction entre la science et la recherche, de l’importance de la nuance,
etc… L’ultracrépidarianisme est l’art de parler avec aisance de ce que l’on ne connaît pas.
Ou tout du moins de ce que l’on pense connaître mais dont nous ne sommes pas
spécialiste. Klein dénonce les experts de plateau TV venant discourir sur l‘épidémie de
COVID sans être épidémiologiste, de personnes entamant leurs phrases par « je ne suis
pas médecin, mais… ». Cette capacité à discourir sur des recherches scienti ques de
personnes qui ne sont pas spécialistes du domaine est donc dénoncée par Etienne Klein, à
raison. Mais que fait-il en juin 2021 ? Il vient participer comme intervenant, avec Jean-
Marc Jancovici, à une conférence intitulée « L'importance de la connaissance sur les
enjeux climat » dans le cadre du festival de la Fresque du Climat - "3 jours pour
comprendre le dé climatique ! ». Que dit alors Etienne Klein dès le départ de cette
conférence ? Il explique qu’il a travaillé longuement au CEA mais pas en climatologie. Et
notre anti-ultracrépidarianisme de débuter ainsi : « Je ne suis pas spécialiste du climat,
mais… ».

Que dire alors ?

Etienne Klein agit exactement comme les ultracrépidarianistes qu’il entend dénoncer. En
plus de ne pas être chercheur dans le domaine du climat, Etienne Klein discourt avec un
autre « non-chercheur du climat » : Jean-Marc Jancovici. Cet ingénieur n’a jamais
effectué et publié une seule recherche touchant au domaine du climat mais gagne sa vie
avec une entreprise de conseil en « décarbonation » depuis 20 ans, nancée en grande
partie par les grands groupes énergétiques. Le militantisme de Jancovici pour l’énergie
nucléaire — comme unique réponse envisageable à un réchauffement climatique qu’il
exagère à longueur de conférences en biaisant un maximum de données — est connu. Et
voilà donc nos deux compères auto-promus « spécialistes du climat » partis pour une
grande démonstration d’incompétence en climatologie. Etienne Klein exprime son
engagement politique dans cette conférence, allant jusque’à expliquer qu’il a « balancé
des arguments de climatosceptiques » » à des étudiants défenseurs du climat pour leur
démontrer qu’ils devaient s’armer scienti quement sur le sujet pour ne pas se faire
« retourner » [par les climatosceptiques]. Les arguments donnés sont assez ridicules, ce
dont Etienne Klein ne semble pas conscient : « Les volcans, la nature, émettent du CO2
alors qu’est-ce que ça peut bien faire qu’on en ajoute en plus ? (…) Si on calcule en
degrés kelvin, en passant de 15 à 16°C ça fait une différence d’à peine 1% ». Le
scienti que croit savoir qui sont les climatsoceptiques et surtout quels sont leurs
arguments. Il ne connaît clairement pas le sujet. A moins qu’il n’ait comme repère qu’un
ou deux trublions français anti-GIEC qui résument leur haine de « l’écologisme
climatique » avec ce type de raisonnements.
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Cette conférence a eu lieu pour une organisation « militante du climat ». Elle exprime
toute la problématique actuelle autour des « actions climatiques » qui sont avant tout un
changement de politique énergétique et économique des pays riches. Les deux non-
spécialistes du climat présents, ne sont là que pour une seule chose : cautionner
scienti quement la gravité de la situation et bien expliquer que toute tentative de
contredire la thèse de la responsabilité humaine ne peut être entendue. Pour ces deux non-
spécialistes, les autres scienti ques, dont les spécialistes du climat, ne sont pas crédibles
quand ils expriment leurs doutes sur la thèse du RCA. Ces deux non-spécialistes
désignent donc des spécialistes comme des ennemis de la science et de la recherche. Des
ennemis politiques au nal, puisque ce qui semble intéresser les défenseurs de la thèse du
RCA (dont Klein et Jancovici font partie) n’est pas la compréhension du changement
climatique ou du climat dans son ensemble — qui est selon eux établie à 100% — mais
bel et bien d’imposer une seule et unique vision : celle d’un changement énergétique
mondial, qui ne surviendra nulle part ailleurs que dans les pays les plus riches et les plus
développés. Même si cette transition ne sert à rien, même si tout indique qu’elle ne peut
en aucun cas modi er la « donne climatique », selon les thèses mêmes du GIEC.

C’est un nouveau monde, vert et écologique, fait de mobilité douce, de pollution limitée
et d’un climat contrôlé dans une économie régulée et apaisée qui est vendu aux foules. Ce
monde est celui de ceux qui se considèrent comme progressistes et démocrates, conscients
des enjeux environnementaux. Tous ceux qui à l’inverse dénoncent les coulisses et la
fausseté de ce monde à venir, son impossibilité à exister et le mensonge sur lequel il se
construit, les ravages qu’il va créer, sont des réactionnaires, des soutiens des pollueurs,
défenseurs du néo libéralisme. Ils sont des complotistes qui osent dé er la vraie science
of cielle. Ils sont les ennemis de la science of cielle. Ils sont des climatosceptiques.

I.B

Juillet 2022
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