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Introduction à la terminologie du hadith

Mustalah al Hadith
Description: Une brève introduction aux mots et termes les plus courants en rapport avec les
ahadith que tu rencontreras dans tes lectures sur l'Islam. 

Objectifs
       Comprendre certains termes communs ayant trait aux ahadith utilisés dans la
littérature islamique.
       Comprendre que la classification des ahadith est un effort méticuleux et implique
d'avoir une discipline académique

Termes arabes
       Da'if – faible.
       Hadith - (pluriel – ahadith) Une nouvelle ou une histoire. Dans l'Islam, il s'agit d'un
récit narratif des paroles et des actes du Prophète Muhammad et de ses
compagnons.
       Hasan – bon.
       Isnad – chaîne de transmission d'un hadith donné.
       Matn – le texte du hadith.
       Mawdu' – fabriqué de toute pièce ou inventé.
       Sahabah - pluriel du mot “Sahabi,” qui est traduit par Compagnons.  Un sahabi,
selon l'acception commune que l'on donne à ce mot aujourd'hui, est quelqu'un qui
a vu le Prophète Muhammad, a cru en lui et est mort musulman.
       Sahih – sain, sans défaut.
       Sunnah - Le mot Sunnah a plusieurs significations dépendant du domaine où il
est utilisé. Cependant, il est généralement admis qu'il s'agit de tout ce qui a été
rapporté, déclaré, fait ou approuvé par le Prophète.

Introduction
Les musulmans croient avec certitude que la seconde source majeure de l'Islam est
la Sunnah du Prophète Muhammad (Qu’Allah le couvre d’éloges et le protège). La
Sunnah est considérée comme une révélation et elle est contenue dans le grand corpus
de littérature connu sous le nom de ahadith. Le Coran et la Sunnah ne peuvent être
compris correctement sans que l'on recoure à chacun des deux, car la Sunnah est
l'exemple concret de la mise en pratique du Coran par le Prophète Muhammad dans son
comportement et sa vie quotidienne.
Cette brève leçon vise à donner une brève introduction à la terminologie du hadith afin
que tu ne sois pas dérouté par le langage et les termes, et que tu n'aies pas le sentiment
de lire un texte dépassant ta faculté de compréhension. Ceci n'est ni un cours ni une
introduction à un cours. Cependant, cette leçon présentera des termes que tu voudras
peut-être par la suite étudier plus en profondeur. 
Qu'est-ce qui fait d'une parole ou d'un récit un hadith?
Quand le Prophète Muhammad était en vie, les gens le consultaient directement afin
de résoudre les problèmes concernant les aspects pratiques de l'Islam. Après sa mort,
ce sont les sahabah qui résolvaient tout problème ou mettaient fin aux différends.
Cependant, plus le temps passait, plus il est devenait important de savoir comment les
paroles et les traditions liées à l'Islam sont apparues. Cela nécessita de savoir qui disait
quoi et d'où provenaient les paroles, c'est-à-dire quelle était la chaîne de transmission.
Nous constatons donc qu'un hadith est composé de deux parties: le matn (texte) et
l'isnad (chaîne de transmetteurs, narrateurs ou rapporteurs). Un texte peut sembler
logique ou raisonnable, mais sans chaîne de narrateurs, il n'est pas un hadith. 

La classification du hadith
Le grand nombre d'ahadith qui existent aujourd'hui ont pour point de départ l'époque
lorsque les sahabah et ceux qui sont venus après eux ont commencé à mémoriser, à
écrire et à transmettre les déclarations du Prophète Muhammad et les descriptions de
ses actions. Alors que de nombreuses personnes éminentes commençaient à
rassembler des centaines de milliers de récits, il devenait nécessaire de trouver un
moyen de distinguer les récits vrais de ceux qui étaient faux. La méthodologie qui en a
émergé est devenue la science du hadith. Elle trie les paroles authentiques de celles qui
ne le sont pas et les classe dans certaines catégories.
La classification du hadith est une science méticuleuse qui impose le strict respect
de règles établies au cours de plusieurs siècles. Il existe de nombreuses façons de
classer les ahadith et, avant que tu puisses lire un hadith, celui-ci a été soumis à
plusieurs méthodes de classification, notamment celles qui concernent les défauts
trouvés dans le matn ou le isnad, le nombre de narrateurs présents dans l'isnad ou la
manière dont le matn est rapporté. Cependant, la méthode la plus connue et la plus
visible consiste à classer les ahadith en fonction de la fiabilité et de la mémoire des
narrateurs. Avec cette méthode, les ahadith sont classés comme suit. Chaque hadith est
dit sahih (sain), hasan (bon), da'if (faible) ou mawdu' (fabriqué de toute pièce ou
inventé). 

Sahih
C'est la classe la plus authentique et la plus fiable d'un hadith. Selon le savant en
hadith Ibn As-Salah (1181-1245 Après J-C), un hadith sahih est un hadith ayant
un isnad continu, composé de narrateurs ayant une mémoire fiable, et qui est exempte
de toute irrégularité, que ce soit dans le matn ou dans l'isnad.
Au fil des siècles, de nombreuses personnes ont recueilli des ahadith et les ont
rassemblés dans des ouvrages de référence. Les plus célèbres de ces compilateurs sont
l’imam Al-Bukhari et l’imam Muslim. Ce sont des noms que tu verras souvent après la
citation d’un hadith ou dans les notes de bas de page. Ces hommes n'étaient pas des
narrateurs, mais ont plutôt passé des années à compiler et à classer
des ahadith conformément à des méthodes et des conditions et exigences strictes. Ils
sont connus pour n'avoir fait figurer que des ahadith sahih dans leur littérature.
Les niveaux de classement suivants ne sont réservés qu'aux ahadith sahih:  
1.     ceux qui ont été compilés par Al-Bukhari et Muslim;
2.     ceux qui ont été compilés par Al-Bukhari seul;
3.     ceux qui ont été compilés par Muslim seul. 
Ceux qu'on ne retrouve pas dans les deux recueils précédents; mais
4.     qui sont conformes aux exigences d'Al-Bukhari et Muslim;
5.     qui sont conformes aux exigences Al-Bukhari seul;
6.     qui sont conformes aux exigences de Muslim seul; et
7.     ceux déclarés sahih dans d'autres recueils agréés.

Hasan
Le terme hasan signifie bon et Ibn As-Salah décrit un hadith hasan comme étant d'un
degré inférieur au sahih. Il est exempt d'irrégularités à la fois dans le matn et dans
l'isnad, mais un ou plusieurs narrateurs peuvent avoir une mémoire moins fiable, ou
alors le hadith ne respecte pas complètement les règles strictes de la
classification sahih.
Le hadith sahih comme le hadith hasan peuvent être utilisés pour étayer ou faire
valoir un point de droit. Plusieurs ahadith réputés être da'if peuvent se soutenir
mutuellement et être élevés au degré de hasan si la faiblesse des narrateurs est jugée
légère. Cependant, si la faiblesse est grande, le hadith restera da'if.

Da'if
Un hadith qui n'atteint pas le statut de hasan est appelé da'if. Habituellement, la
faiblesse consiste en un isnad interrompu ou alors qu'un ou plusieurs narrateurs soient
d'une moralité critiquable. Il ou elle peut être connu pour mentir, commettre des erreurs
excessives, s'opposer aux récits d'une source plus fiable, être impliqué dans une
innovation ou être coupable d'un autre défaut dans sa moralité.

Mawdu'
Un hadith mawdu' est un hadith fabriqué de toute pièce ou inventé. Le matn d'un
hadith mawdu' va généralement à l'encontre des normes établies ou contient des erreurs
ou des incohérences dans les dates et moments d'un incident particulier. Il existe
cependant de nombreuses raisons pour lesquelles les ahadith ont été fabriqués de toute
pièce, notamment l'animosité politique, la fabrication par des conteurs, les proverbes
transformés en ahadith, les intérêts personnels et la propagande trompeuse délibérée.
Les classifications du hadîth
Selon la référence de son autorité particulière
- Qoudsi Divin
 
Al-mabna (la construction) est bien celle du prophète. Mais el ma'na (le sens) vient de Allah.
A la différence que dans un hadith qoudousi le prophète dit : "Allâh a dit" alors que dans un
hadith tout court le prophète parle directement sans faire référence à Allah.
 
- Marfou' - élevé
 
Un récit du Prophète, commençant par exemple par : "J'ai entendu le Prophète dire...".
 
- Mawqoûf - arrêté
 
Il s'agit de la "Tradition fixée", dont la chaîne de transmission s'arrête à un compagnon (‫رضي‬
‫)هللا عنه‬. Ce genre de tradition relate ainsi les propos, les gestes ou les approbations des
"Sahâbas".
 
Certaines formes de "Hadith Mawqoûf" ont valeur de "Hadith Marfou'" : C'est le cas par
exemple quand un Compagon (‫ )رضي هللا عنه‬dit : "Il nous a été ordonné de faire ceci", ou
quand il évoque des choses qui ne relèvent pas de son interprétation personnelle, comme les
prédictions portant sur les faits à venir (à condition qu'il ne les tienne pas des "Gens du
Livre").
 
- Maqtou' - divisé
 
Il s'agit de la "Tradition interrompue", qui relate les propos, gestes ou approbations d'un
TABIHI ou Tabi' Tâbi'i.
 
De nombreux savants utilisent le terme "Athar" pour se référer au [Mawqoûf] et au [Maqtou'],
et réservent donc l'emploi du mot "Hadith" uniquement pour les propos, gestes et
approbations du Prophète (‫)صلى هللا عليه و سلم‬.
 

Selon la chaîne de transmission [Isnad]


 
- Mousnad - supporté
 
un Hadîth qui a été rapporté par un traditionaliste, basé sur ce qu'il a appris de son professeur
à une époque appropriée à l'étude ; de même pour chaque professeur jusqu'à ce que la chaîne
atteigne un compagnon bien connu, qui de son côté, rapporte des propos du Prophète.
 
- Moutassil - continu
 
Un Hadîth avec une chaîne ininterrompue qui va jusqu'à un compagnon ou un de ses
successeurs.
 
- Moursal - altéré
 
Il y a déjà quelques divergences ds la définition du moursal. Les 2 définitions que l'on trouve
majoritairement sont :
 
  Il manque le compagnon dans l'isnad
 
Il est dit dans la Bayqouniya : [wa mursal minhu al-sahabi saqata].
 
  L'isnad s'arrête au niveau d'un suivant
 
Les terminologistes préfèrent cette définition. On utilise alors le terme [mursal ul-sahabi] pour
faire référence à la situation 1.
 
Si l'isnad s'arrête sur un suivant, on ne sait pas s'il rapporte d'un compagnon ou d'un suivant
qui pourrait être non fiable... La majorité des spécialistes du hadith pense qu'on ne peut pas se
prononcer (à moins évidemment qu'une autre chaîne vienne renforcer le hadith).

De nombreux juristes pensent qu'on peut l'utiliser sous certaines conditions. Par exemple,
l'imam Ach-Châfi'i admettait les marasil de Sa'id b. al-musayyab.
 
D'après l'Imâm Abou Hanifa, Mâlik et Ahmad Ibn Hambal (selon l'avis qui a été le plus
retenu de lui), le "Hadith Moursal" est acceptable (sous deux conditions : le "Tâbi'i" est sûr, et
il a l'habitude, lorsqu'il cite un "Hadith Moursal", de le tenir d'une personne sûre et fiable).
L'un des ouvrages les plus connus recensant des Traditions de ce genre est le "Marâsîl Abou
Dâoûd".
 
- Mounqati' - cassé
 
Ce dit d'un Hadîth dont le lien à n'importe quel endroit de la chaîne avant le successeur est
manquant.
 
Ibn Hajar (‫ )رحمه هللا‬a dit : "Malik et Al-Boukhari ont une différente compréhension de la
validité des hadiths. Malik ne considère pas l'interruption dans la chaîne comme une
défaillance dans le hadith. Pour cette raison, il cite des hadiths avec des chaînes interrompues
du type moursal et mounqati', et des communications sans chaînes (balaghat) comme une
partie de l'objet principal de son livre (al-Mouwatta), alors que Al-Boukhari, considère
l'interruption comme une défaillance dans la chaîne de transmission. Ainsi, il ne cite pas ces
hadiths sauf comme quelque chose en dehors de l'objet principal de son livre (al-jami' al-
sahih), par exemple les commentaires (ta'liq) et les titres de chapîtres". (Hadi al-sari p.21)
 
- Mou'adal - perplexe
 
Ce dit d'un Hadîth dont le rapporteur omet deux (ou plus) rapporteurs de la chaîne, les uns à la
suite des autres. Ce genre de Hadith est unanimement considéré comme étant "Dha'îf".
 
- Mou'allaq - arrêté, suspendu
 
Ce dit d'un Hadîth dont un ou plusieurs narrateurs qui se suivent ont été retiré au début de la
chaîne de transmission.

Ce genre de "Hadith" est considéré comme étant irrecevable dans l'argumentation, sauf s'il est
mentionné dans un ouvrage sûr et fiable ("Sahîh Boukhâri" par exemple), auquel cas, son
statut est différent.
 

Selon le nombre de rapporteurs impliqués dans chaque étape


de la chaîne de transmission
 
- Moutawâtir - Consécutif (ou notoire)
 
Ce dit d'un Hadîth qui est rapporté par un si grand nombre de personnes qu'il est impossible
qu'ils se soient concertés pour convenir d'un mensonge.
Il n'existe aucun doute sur la validité, la véracité et l'authenticité d'un tel Hadith. Pour ce
genre de tradition, il n'y a aucun besoin de faire des recherches sur l'état des transmetteurs et
des narrateurs ("Râwi"). Des ouvrages spécifiques ont été rédigés par les savants afin de
compiler ce genre de Hadiths. On pourrait citer à titre d'exemple le "Qatf oul Azhâr" de
l'Imâm As-Souyoûti et le [Nazm oul Moutanâthir min al Hadithil Moutawâtir] de
Mouhammad Al Kattâni.
 
- Ahad - isolé
 
Ce dit d'un Hadîth qui est relaté par un nombre important de personnes mais dont le nombre
n'atteint pas celui du moutawatir.

Il est encore divisé en :


 
 Mach'Hour - célèbre (ou réputé)
 
Le Hadîth a été rapporté à chaque niveau de transmission par au moins trois rapporteurs.
Certains savants utilisent l'appellation de [Hadith Moustafîdh] pour se référer à ce genre de
Tradition.
 
 Aziz - rare, fort
 
A n'importe quelle étape de la chaîne, deux rapporteurs au moins relatent le Hadîth.
 
 Gharib - étrange
 
A un certain moment de la chaîne, seulement un rapporteur relate le Hadîth.
 

Selon la nature du texte et de la chaîne


- Mounkar - dénoncé
 
Ce dit d'un Hadîth qui est rapporté par un narrateur faible, et dont le récit va à l'encontre d'un
Hadîth authentique.

- Moudraj - interpolé

Un ajout au texte du Hadîth par un rapporteur.


 
Selon le sérieux et la mémoire des rapporteurs
- Sahih - Sûr, solide
 
Ach-chafi'i (‫ )رحمه هللا‬indique les obligations pour un tel Hadîth, qui n'est pas moutawatir, afin
qu'il soit acceptable :

"Chaque rapporteur doit être digne de confiance dans sa religion; il devra être connu pour
être véridique dans son récit, de comprendre ce qu'il rapporte, savoir comment une
expression différente peut modifier la signification du Hadîth, et de rapporter les mots du
Hadîth mot pour mot, et pas seulement au niveau de sa signification".
 
Il est à noter que l'on distingue deux types de "Hadith Sahîh" : Le "Hadith Sahîh li dhâtihi"
(Hadith valide en lui-même), qui correspond à la définition donnée ci-dessus, et le "Hadith
Sahîh li Ghayrihi" (Hadith valide par autre que lui), qui désigne la Tradition dont l'une des
personnes présentes dans la chaîne de transmission présente une défaillance minime sur un
point précis, mais le Hadith en question est rapporté par d'autres voies, avec d'autres chaînes
de transmission de force égale ou supérieure.
 
- Hasan-Sahih
 
Pour information, il dit que les savants ont divergé sur l'explication de cette terminologie bien
spécifique à At-Tirmidhi, et que le plus juste est que "hassan sahih" signifie que pour un
hadith donné, le rapporteur pouvait être considéré comme transmetteur du sahih chez certains
muhaddithin alors qu'ils n'était considéré que transmetteur du hassan chez certains autres, d'où
l'adoption par l'imam Tirmidhi d'une classification intermédiaire des hadith rapportés par de
telles personnes en "hassan sahih".

- Hasan - bon
 
C'est celui qui ne présente pas de marginalité ou de défaut et qui a été rapporté par une chaîne
de transmetteurs continue dont l'un des membres présente une défaillance minime par rapport
aux conditions nécessaires pour le "Sahîh", et ce manque n'est pas compensé non plus par une
autre chaîne de transmission.
 
Il est évident que ce genre de Hadith a une fiabilité et une force probante moindre par rapport
au "Sahîh". Il n'en reste pas moins cependant qu'il est considéré comme source
d'argumentation valide.
 
- Da'if - faible
 
Ce dit d'un Hadîth qui n'atteint pas le statut de hasan.

Habituellement, la faiblesse est : une discontinuité dans la chaîne, dans ce cas le Hadîth
pourrait être - selon la nature de la discontinuité - mounqati' (cassé), mou'allaq
(arrêter), mou'dal (perplexe), ou moursal (altéré), un des rapporteurs ayant un caractère
suspect, par exemple en raison de ses mensonges, erreurs excessives, opposition au récit des
sources plus fiables, participation dans l'innovation, ou ambiguïté entourant sa personne.
 
Cependant, quand un [Hadith Dhâ'if] est rapporté par différentes voies, et que sa faiblesse
n'est pas dû à la perversité et au mensonge d'un de ses transmetteurs, dans ce cas, il acquiert
une certaine fiabilité et devient valide dans l'argumentation.

On l'appelle alors Hadith bon par autre que lui [Hasan li ghayrihi].
 
- Mawdou' - fabriqué ou forgé
 
Ce dit d'un Hadîth dont le texte va à l'encontre des normes établies pour les paroles du
Prophète, ou la chaîne comprend un menteur.

Un Hadîth fabriqué peut également être identifié par une anomalie présente à une époque
particulière (rébellion...)

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