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L’ORIGINE DU SOUFISME, PAR SHEYKH


NUH HA MIM KELLER
04/12/2009 | ADMIN

L’origine du Soufisme
Par Sheykh Nuh Ha Mim Keller
:
En ce qui concerne l’origine du terme Tasawwuf ou Soufisme, comme pour beaucoup
d’autres disciplines Islamiques, son nom n’était pas connu de la première génération de Mu-
sulmans. L’historien Ibn Khaldun note dans sa Muqaddima :
« Cette science est une branche des sciences de la Loi Sacrée qui a vu le jour au sein de la comm-
nauté Musulmane (Umma). Dès de début, la voie de ces personnes a également été considérée
comme le chemin de la vérité et de la guidance par la communauté Musulmane des Prédécesseurs,
les notables, les Compagnons du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), ceux qui ont appris
d’eux et ceux qui sont venus après eux ».

Il (le Tasawwuf) consiste essentiellement au dévouement dans l’adoration, un dévouement


total envers Allâh le Très-Haut, l’indifférence pour la parure et l’ornement de ce monde,
l’abstinence du plaisir, de la richesse et du prestige recherché par la plupart des hommes et
se mettre en retrait par rapport aux autres de manière à adorer seul. Telle était la règle gé-
nérale chez les Compagnons du Prophète et les premiers Musulmans, mais quand l’implica-
tion dans les choses de ce bas monde à commencé à se répandre, à partir du deuxième
siècle Islamique, les gens ont alors été absorbés par les mondanités et ceux qui étaient assi-
dus dans l’adoration ont été appelés Sufiyya ou « Gens du Tasawwuf ». [1]
:
Dans les termes d’Ibn Khaldun, le fond du Soufisme, c’est à dire « le dévouement total à Al-
lâh le Très-Haut », était « la règle générale parmi les Compagnons du Prophète et des pre-
miers musulmans ». Par conséquent, si le terme Tassawuf [Soufisme] n’existait pas dans les
premiers temps, nous ne devons pas oublier que c’est également le cas pour beaucoup
d’autres disciplines Islamiques, comme le Tafsir [l’Exégèse Coranique], ‘ilm al-Jarh wa Ta’dil
[la science des facteurs positifs et négatifs qui affectent l’acceptabilité des narrateurs de ha-
dith], ‘ilm al-Hadith [la science des traditions Prophétiques], ou même les principes isla-
miques de la Foi, dont le nom ‘Aqida n’est pas mentionné une seule fois dans l’ensemble du
corpus du Qour’an ou des hadiths. Toutes ces sciences se sont avérées d’une importance
primordiale à la bonne conservation et à la transmission de la religion, mais aucune n’a été
connue par son nom dans l’Islam des débuts, cela illustre bien pourquoi les savants tradi-
tionnels ont dit, « la qadh fi al-istilah », ou « il n’y a aucune objection à cette terminologie ».

Quant à l’origine du mot Tasawwuf, elle doit venir de Soufi, la personne qui pratique le Ta-
sawwuf, qui semble lui être étymologiquement antérieur, car la plus ancienne mention de
l’un des deux termes remonte à Hasan al-Basri , décédé 110 ans après l’Hégire, qui a per-
sonnellement connu un grand nombre des Compagnons du Messager d’Allâh, et qui a dit : »
J’ai vu un Soufi effectuer le tour de la Kaaba, et lui ai offert quelque chose, mais il ne voulait
pas le prendre, disant : » J’ai quatre daniqs [2], ce que j’ai me suffit [3] « . Il semble donc pré-
férable de comprendre ce qu’est le Tasawwuf en demandant d’abord ce qu’est un Soufi, et
peut-être la meilleure définition à la fois du Soufi et de sa voie, certainement l’une des plus
fréquemment citées par les Maîtres de la discipline, est celle issue de la Sunnah du Pro-
phète, qui a dit :

» Allâh le Très-Haut a dit : » Quiconque montre de l’hostilité à un de Mes bien aimés, Je lui dé-
clare la guerre. Mon serviteur ne s’approche de Moi par rien de plus excellent que ce que Je lui ai
prescrit comme œuvres obligatoires, et Mon serviteur continue de se rapprocher de Moi par des
œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et quand Je l’aime, Je suis l’oreille par laquelle il en-
tend, l’œil par lequel il voit, la main par laquelle il frappe et le pied avec lequel il marche. Qu’il Me
demande [quelque chose], et Je la lui donnerai sûrement, et qu’il Me demande refuge, Je le lui ac-
corderai sûrement. Aucune chose ne Me répugne plus que [de prendre] l’âme de Mon fidèle servi-
teur : il déteste la mort et Je déteste le blesser « . [4]

Ce hadith est rapporté par l’Imam Bukhari, Ahmad ibn Hanbal, al-Bayhaqi et d’autres avec
de multiples chaînes de transmission contigües, et il est authentique [Sahih]. Il révèle la réa-
lité centrale du Tasawwuf, qui est précisément le changement tout en décrivant le chemin à
prendre pour procéder à ce changement, conformément à une définition traditionnelle, uti-
:
lisée par les maîtres du Moyen-Orient et qui définissent un Soufi comme étant « Faqihun
‘amila bi ‘ilmihi fa awrathahu Llahu ‘ilma ma lam ya‘lam », c’est-à-dire « Un faqih [5] qui ap-
plique sa science, de sorte qu’Allâh lui donne la science de ce qu’il ignorait. »

Pour clarifier, un Soufi est un homme de science religieuse, parce que le hadith dit : « Mon
serviteur ne s’approche de Moi par rien de plus excellent que ce que Je lui ai prescrit comme
œuvres obligatoires », et c’est seulement à travers la science que le Soufi peut connaître le
commandement d’Allâh ou ce qui lui a été rendu obligatoire. Il met en pratique ce qu’il a ap-
pris car le hadith indique qu’il se rapproche d’Allâh non seulement par l’obligatoire, mais
aussi par le fait qu’il « continue de s’approcher de Moi par des œuvres surérogatoires jus-
qu’à ce que Je l’aime ». Et à son tour, Allâh lui lègue la connaissance de ce qu’il ne savait pas ,
parce que le hadith dit : « Et quand Je l’aime, Je suis l’oreille par laquelle il entend, l’œil par
lequel il voit, la main par laquelle il frappe et le pied avec lequel il marche », qui est une mé-
taphore pour une prise de conscience parfaite du Tawhid, ou « Unicité d’Allâh », qui dans le
contexte d’actions humaines telles que l’audition, la vue, le fait de saisir, de marcher,
consiste à prendre conscience des mots du Qour’an, au sujet d’Allâh, qui est « Celui qui vous
a créés ainsi que ce que vous faites ». [6]

L’origine de la voie des Soufis se situe dans la Sunnah Prophétique. La sincérité envers Allâh
qu’elle implique était la règle parmi les premiers Musulmans, pour lesquels c’était tout sim-
plement un état d’être, sans nom, tandis que cela est devenu une discipline distincte seule-
ment lorsque la majorité de la Communauté s’en est détaché et a changé de cet état. Les
Musulmans des générations subséquentes ont du recourir à un effort systématique pour
l’atteindre [ndt : cet état], et c’est en raison du changement dans l’environnement Islamique
après les premières générations, qu’une discipline sous le nom de Tasawwuf est venue à
exister.

Notes du traducteur :
[1] Al-Muqaddima, 467

[2] Un daniq est équivalent à quatre carats, ou 1/6 du dirham. Il égale 0,525 grammes.

[3] Al-Tusi : al-Luma’


:
[4] Bukhari, 8.131: 6502. S

[5] Le Faqih est celui qui maîtrise le Fiqh (la Jurisprudence)

[6] Qour’an V37 S96

ORIGINE SOUFISME TASAWWUF

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