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: BE8597 V1
Stockage de la chaleur
Date de publication :
10 avril 2017
Mots-clés Résumé La chaleur et le froid sont des domaines importants de l’économie de l’énergie.
absorption | Adsorption | La possibilité de les stocker de manière efficace et durable permettrait d’améliorer
Matériau à changement de
phase | Réaction considérablement le potentiel d’utilisation de l’énergie solaire thermique. Les différentes
thermochimique | Energie méthodes de stockage de la chaleur sont présentées, avec les principales technologies
solaire | Chaleur sensible |
Chaleur latente existantes ou en cours de développement. Il existe deux domaines d’application distincts,
dont le principal concerne le chauffage et la climatisation des bâtiments et l’autre le
stockage de chaleur à haute température pour l’industrie, notamment pour le solaire
thermodynamique. Les avantages et inconvénients, les domaines d’application ainsi que
les perspectives de développement de ces différentes techniques de stockage sont
présentés.
Keywords Abstract The efficient storage of heat and cold, especially for a long time, are important
absorption | adsorption | phase ways to save energy, and would greatly enhance the potential use of solar thermal
change material |
thermochimical reaction | energy. The different methods of heat storage are presented with the main existing or
solar energy | sensible heat | developing technologies. Two distinct areas of application need to be considered, heating
latent heat
and cooling of buildings being the main one, followed by heat storage at high temperature
for industry, especially for concentrated solar power applications. The advantages and
disadvantages, applicability, and development prospects of different thermal storage
options are presented, with descriptions of practical applications.
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Stockage de la chaleur
La chaleur sensible est celle qui est échangée par un maté- 2.2 Avantages et inconvénients
riau soumis à une variation de température.
Le stockage de chaleur sensible est de loin le plus facile à mettre
La chaleur latente est celle qui est libérée lors du change- en œuvre et le plus ancien. Si le matériau reste stable au cours des
ment de phase d’un matériau, passant de l’état solide à l’état changements de température, le système est indéfiniment réver-
liquide, ou de l’état liquide à l’état vapeur. sible. Pour les températures requises dans le bâtiment (chauffage,
Les réactions thermochimiques et de sorption per- réfrigération, eau chaude sanitaire), l’eau est un matériau particu-
mettent de stocker de la chaleur par fixation puis séparation de lièrement adapté qui peut être éventuellement utilisé directement
constituants, soit au cours d’une réaction chimique réversible. par circulation pour la fourniture d’eau chaude ou le chauffage.
L’inconvénient du stockage par chaleur sensible est sa faible
La récupération de chaleur sensible va se faire avec baisse de densité énergétique, nécessitant de grands volumes. Les réservoirs
température progressive du matériau (ou hausse, pour le froid). La habituels sont de ce fait limités en capacité. Pour les très grandes
récupération de chaleur latente s’effectue par changement de capacités, il est nécessaire d’utiliser des stockages dans des struc-
phase du matériau à température constante. La densité d’énergie tures géologiques, comme les aquifères, les roches ou les sols,
stockée dans un matériau à changement de phase est en général sous certaines conditions.
plus élevée que dans un matériau de stockage par chaleur sen- Ensuite, l’extraction de chaleur doit généralement être effectuée
sible, mais les matériaux à changement de phase sont plus coû- de telle manière que la température de sortie soit maintenue la
teux et complexes à mettre en œuvre. plus constante possible.
Une deuxième caractéristique très importante des besoins en
chaleur et des stockages associés est le niveau de température Exemple : dans le cas d’eau chaude sanitaire, si un stockage à
requis. Celui-ci est relativement bas dans les applications résiden- 80 °C est utilisé au trois-quarts, il n’est pas identique du point de vue
tielles et tertiaires, les plus nombreuses, mais peut être beaucoup de l’utilisateur que la température reste à 80 °C ou soit de 35 °C si
plus élevé pour les applications industrielles. l’eau chaude déjà utilisée est remplacée par de l’eau à 20°. Cela com-
plexifie généralement les systèmes.
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On note que pour une chaleur massique donnée et pour une cer- 2.3.2 Milieux solides
taine quantité de chaleur stockée, le volume V de stockage est
inversement proportionnel à la masse volumique ρ du matériau. Parmi les matériaux solides (tableau 2), eu égard à leurs caracté-
Ces relations sont facilement transposables au stockage de froid ristiques thermiques, le béton, mais surtout les roches et les
sensible. sols, compte tenu de leurs coûts faibles ou nuls, de leur très large
disponibilité et de leur neutralité environnementale, sont des maté-
Pour les matériaux solides, spécialement les matériaux lourds, la riaux très intéressants pour le stockage de chaleur à usage rési-
capacité thermique molaire est voisine, selon la loi de Dulong et dentiel. Le fait que sols et roches puissent contenir de l’humidité
Petit, de 3R, soit 25 J · K–1 · mol–1, R étant la constante des gaz par- limite toutefois leur domaine d’utilisation aux températures infé-
faits. La chaleur stockée par mole de phase solide est alors : rieures à 100 °C. Pour les hautes températures, briques et briques
réfractaires, mais aussi bétons et roches appropriées, vont être les
matériaux privilégiés.
A DHW
H1
A et S : systèmes de contrôle-commande
DHW : contrôle-régulation de l’eau chaude sanitaire
H1 : contrôle-régulation du chauffage domestique
les matériaux poreux, les émissions de radiation sont absorbées 3.1.3 Stockage de froid par chaleur sensible
puis réémises, réduisant ainsi les transferts thermiques. Les calculs
permettant de dimensionner ces types de réservoirs sont très clas- Le stockage de froid par chaleur sensible est un moyen intéres-
siques. Le vieillissement des matériaux doit bien entendu être sant de reporter la consommation électrique. La base de
connu et adapté. L’épaisseur d’isolant pour un stockage journalier données [15] recense un certain nombre d’applications, souvent
est de l’ordre de 8 à 12 cm. dirigées pour les besoins de l’industrie. Une application importante
Dans les pays tempérés, les chauffes-eau solaires ne suffisent est le refroidissement de l’air à l’entrée des turbines à gaz permet-
pas à assurer à eux seuls les besoins et doivent être combinés tant d’en augmenter le rendement.
avec un chauffage classique, à gaz ou électrique, surtout s’ils com-
binent la production d’eau chaude sanitaire et le chauffage par le
sol du bâtiment en hiver. 3.1.4 Stockage de chaleur solaire de longue durée
(intersaisonnier)
Dans certains cas, l’eau peut être utilisée en circuit ouvert, mais
généralement la chaleur issue du panneau solaire thermique est Réaliser un stockage de chaleur solaire intersaisonnier va
transmise à partir d’échangeurs situés, pour des raisons de stratifi- demander évidemment des volumes d’eau importants, que l’on
cation, dans la partie basse (froide) du réservoir de stockage [1] [2]. réchauffe en été pour utiliser la chaleur en hiver. Les réservoirs de
La chaleur est ensuite récupérée par un second échangeur bai- grande taille présentent l’avantage d’un rapport surface sur
gnant dans la partie supérieure (chaude) du réservoir. volume réduit, ce qui limite les pertes thermiques.
Dans le cadre du programme SHC (Solar Heating and Cooling )
Bien entendu, ces stockages ont intérêt à être associés à des
de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), un concept de sys-
bâtiments équipés d’une isolation de haute qualité et disposant
tème combiné appelé « Maxlean Concept » a fait l’objet d’une
d’une surface de collecteurs solaires suffisante pour que le stoc-
optimisation poussée énergétique et économique. Sur le schéma
kage thermique soit complet en fin d’été et que la réserve dure le
de la figure 1, on distingue :
plus longtemps possible pendant l’hiver. Un système de chauffage
– la zone de fourniture d’énergie : collecteurs solaires et additionnel est toutefois généralement nécessaire.
chauffe-eau classique ;
Le volume du stockage est conséquent et occupe une place
– la zone de transfert, stockage, contrôle et distribution ; importante dans la conception du bâtiment ou de la maison, de
– la charge, à savoir l’eau chaude sanitaire et le chauffage de la l’ordre de grandeur d’une pièce par exemple. Mais il peut être
maison. aussi placé en extérieur et enterré, dans le cas d’un immeuble ou
d’un groupe d’immeubles (figure 2). Il peut alors être réalisé en
béton armé avec un liner d’étanchéité. Le sol peut jouer le rôle
d’isolant additionnel, mais il va absorber dans les premiers temps
L’ensemble de la démarche permettant l’optimisation ainsi
une partie de la chaleur avant que le système n’atteigne un régime
que les études de sensibilité sont fournis dans la référence [4].
d’équilibre.
Tank Thermal Energy Storage (TTES) Pit Thermal Energy Storage (PTES)
(60 à 80 kWh/m3) (60 à 80 kWh/m3)
a réservoir b fosse
3
Figure 2 – Stockage de chaleur en réservoir et en fosse (60 à 80 kWh/m )
Suivant une étude Suisse [2], une maison de 200 m2 équipée d’une 3.2 Stockage souterrain intersaisonnier
haute isolation nécessiterait seulement 15 m2 de collecteurs pour
courir les besoins en eau chaude sanitaire ainsi qu’un chauffage de
UTES (Underground Thermal Energy
6 100 kWh/an Toutefois, la moitié des besoins se situe au cours des Storage )
trois mois d’hiver lorsque l’apport de chaleur solaire est faible. Le
besoin de report par stockage serait dans ces conditions de Le stockage aérien intersaisonnier par chaleur sensible présente
1 850 kWh. Seulement 10 m2 de collecteurs supplémentaires sont l’inconvénient de nécessiter la construction de réservoirs, de
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alors nécessaires, sans compter les pertes thermiques. volume très important, bien isolés thermiquement. Une autre
méthode pour des applications résidentielles ou tertiaires, consiste
Les matériaux susceptibles de couvrir les besoins de stockage à utiliser les grandes capacités de stockage du sous-sol. On dis-
entre 30 et 90 °C, tous calculs faits, sont de 23 m3 d’eau, 35 m3 de tingue essentiellement les stockages en aquifère ATES (Aquifer
béton, 91 m3 de terre sèche, ou 28 m3 de terre humide. Un réservoir Thermal Energy Storage ), les stockages par champs de sondes
de 23 m3 d’eau bien isolé représente un volume de 30 m3 avec son BTES (Borehole Thermal Energy Storage ) qui stockent par
isolation thermique, qui peut atteindre 50 cm, voire 1 m d’épaisseur, conduction dans le milieu solide et enfin les stockages en sub-
avec bien entendu les coûts correspondants. surface, utilisant les fondations [6] [BE 8 593].
Le sous-sol, passé une certaine profondeur, présente une tempé-
Pour des exemples concrets, on peut consulter la référence [5]. rature constante et égale à la moyenne de la température annuelle
sur le site, ainsi qu’une importante inertie thermique, couplée à de
très importants volumes de matériaux disponibles. On peut y stoc-
3.1.5 Problème de la stratification ker la chaleur ou le froid et alterner en fonction de la saison. Le
fluide caloporteur utilisé est en général de l’eau glycolée pour
Dans un stockage par eau chaude, la stratification de l’eau en éviter tout risque de gel.
température joue un rôle critique pour l’efficacité du système. La Un système de stockage géologique de la chaleur nécessite la
stratification naît du fait que la densité de l’eau varie en fonction réunion en un même lieu de trois conditions :
de la température et que l’eau la plus froide se trouve, de ce fait,
– une ressource énergétique excédentaire ou non utilisée (eau
au fond du réservoir et l’eau la plus chaude en haut, avec une zone
chaude solaire captée en été, chaleur fatale d'installations
intermédiaire dans laquelle s’effectuent les échanges thermiques.
industrielles...) ;
Le système est d’autant plus efficace que cette stratification peut
– une demande d’énergie déphasée dans le temps (besoin de
être maintenue longtemps dans le temps et qu’elle donne lieu à un
chaleur pour chauffer des bâtiments en hiver...), cette demande
plus important gradient de température.
devant être pérenne et suffisante pour justifier les
Obtenir une bonne stratification est délicat. Pour des raisons investissements ;
d’efficacité, un réservoir de stockage haut et étroit est préférable. – un contexte géologique et hydrogéologique favorable pour le
L’échangeur est placé vers le bas du réservoir de stockage, afin stockage souterrain d’énergie.
que l’eau réchauffée remonte et qu’il y ait toujours de l’eau froide Le système doit disposer ensuite de systèmes de chauffage ou
disponible. L’échangeur de collecte est placé bien évidemment de refroidissement auxiliaires (pompes à chaleur, chauffage ou
dans le haut. refroidissement classique...). À cela vient s’ajouter l’obligation
d’une bonne intégration environnementale et économique, une
Si l’eau circule dans le réservoir de stockage, on peut injecter maîtrise durable de l’impact sur l’environnement, incluant le main-
l’eau chaude à l’endroit le plus favorable pour limiter le déplace- tien de l'intégrité des eaux potables souterraines.
ment d’eau et ainsi augmenter l’efficacité de la stratification. Cela La puissance disponible dépend de la température de l’eau et du
peut se faire à partir d’un tube vertical avec des clapets d’ouver- débit pompé pour un aquifère, alors qu’elle dépend principalement
ture à différents niveaux, commandés électroniquement pour de la conductivité thermique du terrain au droit des échangeurs pour
s’ouvrir au niveau souhaité. On peut aussi utiliser un tuyau flexible les stockages par champ de sondes. L’énergie récupérable dépend de
présentant une densité adaptée pour flotter au niveau voulu. la quantité de chaleur emmagasinée utilisable, et le stockage est
d’autant plus efficace que les pertes par diffusion thermique dans le
sous-sol restent relativement limitées, et donc qu’il est de grande
taille. Le régime d’équilibre thermique dans le sous-sol n’est atteint
Il existe différentes méthodes pour calculer la stratification qu’au bout de quelques années, induisant des pertes plus impor-
dans un réservoir, voir par exemple [3] p. 70. tantes au cours de la première période d’exploitation.
Tout projet dépend ensuite d’une bonne évaluation de la Dans le cas le plus simple, l’eau froide est pompée en été pour
demande des bâtiments en chauffage et en refroidissement, ainsi être réchauffée à travers un échangeur par une source solaire ther-
que d’un bon dimensionnement des installations de surface : coef- mique ou par cogénération et renvoyée dans l’aquifère. Elle
ficient de performance COP (Coefficient Of Performance ) des réchauffe ensuite le bâtiment en hiver à travers un échangeur, et
pompes à chaleur, isolation thermique, bon dimensionnement des est renvoyée dans l’aquifère. Dans de nombreux cas, le système
canalisations, efficacité énergétique des pompes et des échan- peut être réversible et l’eau froide pompée en été sert à rafraîchir
geurs, efficacité des systèmes de régulation... le bâtiment, où elle se réchauffe, avant de recevoir un apport ther-
mique complémentaire, puis elle est injectée dans le sous-sol pour
être réutilisée au cours de l’hiver. Cela nécessite la mise en œuvre
3.2.1 Principe du stockage en aquifère souterrain d’équipements réversibles.
(ATES) Comme cela a été indiqué précédemment, suivant l’environne-
ment et l’économie du projet, ce schéma peut être complété par
Le stockage en aquifère souterrain n’est possible que si la phase une pompe à chaleur PAC ou d’autres moyens classiques de
aqueuse est immobile, ce qui nécessite des conditions géologiques chauffage ou de climatisation. Les injections d’eau froide et d’eau
particulières peu souvent réunies en France. Il peut rentrer en com- chaude dans l’aquifère doivent être conçues pour que leurs
pétition avec d’autres usages. domaines d’extension dans le sous-sol (« bulles » chaude et froide)
ne se mélangent pas. Dans certains cas (exemple du Reichstag à
Un minimum de deux puits forés éloignés est nécessaire Berlin), les échanges se font avec deux aquifères, l’un chaud pour
(figure 3). l’hiver, l’autre froid pour l’été (figure 4) [6].
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Figure 4 – Double ATES (été – hiver) sous le parlement de Berlin (doc. Geothermie Neubrandenburg GMBH) [6]
10 200
0 1 500
00
0
Les échanges de chaleur réversibles ne sont pas seulement rejoignent. L’injection de chaleur provenant d’une source renouve-
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convectifs par l’intermédiaire de l’eau mais mobilisent également lable permettrait de rendre pérenne la ressource géothermique,
une partie diffusive dans les couches solides avoisinantes. Le qui alimente directement les importants réseaux de chaleur d’Île
régime d’équilibre thermique peut mettre quelques années à s’éta- de France [9].
blir, ce qui occasionne la perte initiale d’importantes quantités de
chaleur. Une fois atteint le régime d’équilibre, l’efficacité énergé-
tique du stockage (récupération d’énergie vis-à-vis de l’énergie 3.2.2 Stockage souterrain par champs
injectée) peut nettement dépasser 75 %, le stockage thermique pre- de sondes (BTES)
nant alors une part importante dans le bilan de chauffage, ou de
Le champ de sondes est constitué de puits forés dans un massif
consommation d’électricité lorsqu’il s’agit de froid.
rocheux par lesquels les échanges de chaleur s’effectuent par cir-
L’aquifère se situe généralement à des profondeurs variant de culation d’eau en boucle fermée, généralement à partir d’un tube
200 à 500 m. Sa perméabilité et sa capacité de stockage doivent en U cimenté dans le puits dans lequel le fluide caloporteur
être précisément évaluées, en tenant compte de l’ensemble de ses pénètre chaud et ressort plus froid (ou inversement). Dans un sys-
caractéristiques géologiques. Le dimensionnement de l’ensemble tème réversible, de l’eau froide destinée à rafraîchir le bâtiment est
du système doit bien entendu prendre en compte l’efficacité des pompée en été, et renvoyée additionnée généralement d’eau
composants de fond et de surface, comme indiqué précédemment. chaude issue de capteurs solaires. Inversement en hiver, l’eau
Il est nécessaire de porter attention aux éventuelles modifications chaude est pompée et renvoyée après avoir été refroidie dans le
géochimiques qui pourraient résulter des variations de tempéra- sous-sol. Une pompe à chaleur peut être rajoutée. Les échanges de
ture dans l’aquifère, ainsi qu’à la corrosion des systèmes en chaleur s’effectuent par diffusion thermique dans le massif
contact avec l’eau, tant sur le plan de la maintenance que du coût rocheux. Les paramètres les plus importants pour le dimensionne-
induit. ment du système souterrain sont la conductivité thermique du ter-
Le sous-sol en Hollande (figure 5) [7] est très favorable à rain encaissant et l’efficacité du champ de sondes en termes
l’implémentation de systèmes de stockage de type ATES, ce qui a d’échange de chaleur.
permis à un certain nombre d’entreprises locales d’acquérir un Le rendement est généralement d’autant plus élevé que l’on dis-
savoir-faire très compétitif. La technologie est considérée comme pose d’une roche encaissante compacte, présentant une chaleur
mature. Le retour sur investissement est rapide dans les cas favo- spécifique élevée, sans circulation d’eau, ainsi qu’une conductivité
rables. thermique plutôt moyenne (de manière à ce que la chaleur ne
Un exemple d’ATES bien étudié sur les plans techniques et éco- s’échappe pas dans les terrains avoisinants). La conductivité ther-
nomiques est celui du stockage de froid du Richard Stockton mique du milieu souterrain dépend de la dimension des blocs
College, dans le New Jersey aux États-Unis [8]. Le coût des puits et rocheux, des fractures, de la saturation en eau et des propriétés
de leur installation est largement prépondérant. Il est toutefois sus- intrinsèques des matériaux qui constituent la roche.
ceptible de diminuer après une période d’apprentissage. Un impor- Le champ de sondes peut présenter diverses géométries, mais il
tant retour sur investissement est escompté après 20 ans doit rester compact et respecter certains rapports de dimension,
d’exploitation, ainsi qu’une diminution de l’empreinte carbone de qui dépendent en partie des caractéristiques géologiques, pour
l’établissement. éviter les pertes. La puissance disponible dépend de la conducti-
En France, les conditions favorables sont rarement réunies. Un vité thermique du milieu ainsi que des surfaces en contact, et donc
projet étudié en île de France consiste à utiliser les eaux chaudes du nombre de sondes, de leur profondeur, de leur diamètre, des
produites par une centrale d’incinération d’ordures ménagères, matériaux injectés dans le puits, et de leur disposition. Les condi-
non utilisées en dehors de la période de chauffage hivernal, pour tions de l’équilibre thermique varient au cours des cycles d’exploi-
alimenter un doublet géothermique préexistant. En île de France, tation, au fur et à mesure que les échanges réchauffent ou
des doublets géothermiques permettent d’exploiter les eaux refroidissent le massif. Le retour sur investissement d’un BTES est
chaudes du Dogger situées dans une couche géologique à environ généralement plus long que celui d’un ATES, mais les sites géolo-
1 700 m de profondeur, mais la ressource est très faiblement giques qui s’y prêtent sont plus nombreux et les risques associés
renouvelable et s’épuise lorsque les bulles chaudes et froides se moindres.
Garages équipés
de panneaux solaires Maison individuelle
sur le toit à 2 étages 52 maisons individuelles raccordées, de standard
thermique élevé
Ressource en chaleur fournie par 800 collecteurs
Boucle montés à 45 ° et couvrant une surface de 2 300 m2
des capteurs Puissance thermique en crête de 1,6 MW
solaires Fluide caloporteur : eau glycolée
Circuit eau chaude sanitaire séparé
Stockage intersaisonnier (BTES) et à court terme
(nuit) à travers deux étages
Centrale d’énergie
avec réservoirs
thermiques Boucle du réseau
à court terme Stockage de chauffage (sous terre)
thermique reliée aux maisons
saisonnier de la communauté
en puits
(long terme)
Figure 6 – Système de stockage de Drake Landing Solar Community : disposition générale [10]
0,3 m
Eau chaude
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Niveau d’excavation
0,1 m
Eau froide
Tube en U
Eeau
(fluide caloporteur)
Vers Puits
le centre
35 m
d’énergie
Coulis
de ciment
Séparateur
de tubes
144 puits, de profondeur 37 m, séparés de 2,25 m, couvrant une surface d’environ 35 m de diamètre
Tubes en U de 25 mm de diamètre en polyéthylène réticulé
Coulis de ciment étudié pour les transferts de chaleur
Tubes en U regroupés par 6 et chauffant depuis le centre vers l’extérieur avant d’être reliés au bâtiment centralisateur
Champ recouvert d’une couche isolante
2 555,5 GJ 2 026,1 GJ
12 709,1 GJ 2 545,1 GJ
4 042,6 GJ Énergie solaire
Énergie délivrée délivrée à
Centrale
Énergie solaire au HX-2 la boucle
d’énergie
incidente de distribution Énergie totale
Énergie délivrée à
solaire la boucle
délivrée HX-2 de distribution
au STTS Énergie Énergie
extraite Énergie gazeuse
délivrée
du BTES délivrée Boucle de
au BTES
distribution
4 274,5 GJ HX-1
Panneaux solaire
Chaudière à gaz
543,6 GJ
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BTES
3.2.3 Autres types de stockage en sous-sol température constante en quantité bien plus importante que la
chaleur sensible correspondant à une variation de température
Le stockage de chaleur ou de froid dans les fondations ou limitée.
géostructures prend de l’importance, car il est assez simple à
réaliser, si les bureaux d’études en ont l’expérience (intégration
nécessaire au niveau de la conception). La structure de la fonda-
tion est équipée de tubes par lesquels circule de l’eau qui échange Exemple : la quantité de chaleur nécessaire pour faire fondre un
de la chaleur ou du froid suivant la saison avec le terrain environ- gramme de glace est la même que celle qui permet de faire passer la
nant. Bien évidemment, la fonction stockage ne doit en aucun cas température d’un gramme d’eau de 0 à 83 °C.
altérer la fonction structurelle, interdisant tout risque de gel, et
nécessitant un retour annuel aux conditions initiales. De nom- La quantité d’énergie stockée par chaleur latente massique
breuses installations de stockage dans des pieux sont en construc- dépend de la masse (m ) et de la chaleur latente de fusion ou de
tion en France et dans le monde [9]. vaporisation du matériau (λ ), qui est une donnée physique :
Le stockage de chaleur ou de froid éventuellement par accumu-
lation de neige peut aussi se faire en caverne CTES (Cavern Ther-
mal Energy Storage ).
Si le système est opéré entre deux températures T1 et T2
incluant la température de fusion T, la quantité d’énergie dispo-
3.3 Comparaison économique nible devient :
de systèmes de stockage
intersaisonnier par chaleur sensible
La comparaison entre différentes installations de stockage inter-
saisonnier de chaleur réalisées en Allemagne (figure 9) montre avec cps et cpl capacités thermiques massiques du matériau
que la taille de l’installation est le paramètre prépondérant et que, solide et liquide.
lorsqu’ils sont réalisables, les stockages géologiques semblent les
plus économiques. Ces considérations s’étendent facilement au changement de
phase liquide vapeur.
Le changement de phase liquide-vapeur implique de grands
4. Matériaux à changement changements de volume, rendant en cela son utilisation réversible
peu avantageuse. Sont largement préférés les changements de
de phase phase solide-liquide, qui présentent l’avantage de pouvoir être mis
en œuvre dans des installations beaucoup plus compactes. La cha-
leur latente disponible est toutefois inférieure à celle des change-
4.1 Considérations thermodynamiques ments de phase liquide-vapeur.
La chaleur latente est la chaleur mise en jeu lors du changement
de phase d’un matériau, solide-liquide (figure 10) ou Exemple de l’eau à pression atmosphérique :
liquide-vapeur, et inversement. La chaleur latente est disponible à solide-liquide : 83 cal/g ; liquide-vapeur : 510 cal/g).
500
Ilmenau Crailsheim
450
Rottweil
350
300
Hamburg
200
Eggenstein
150 Munich
Chemnitz
Friedrichshafen
100 Marstal-1 (DK)
Attenkirchen (Hybrid)
Neckarsulm-1
Neckarsulm-2
50 Brædstrup (DK)
Crailsheim Marstal-2 (DK)
Rostock
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100 1 000 10 000 100 000
Volume de stockage (m3 d’eau équivalent)
Zone de transition
4.3 Phénomènes relatifs aux MCP
L’emploi des MCP n’est pas aussi simple que peut le laisser
croire la figure 10. Plusieurs phénomènes peuvent venir se greffer
sur le changement de phase.
solution consiste à ajouter un matériau épaississant à l’hydrate de 4.4.2 Propriétés de MCP commerciaux
sel afin d’augmenter la viscosité et de tenir les hydrates de sel
ensemble [13]. Les MCP sont essentiellement utilisés pour la climatisation des
Durée de vie en cyclage. La durée de vie en cyclage corres- bâtiments, et donc à des températures peu élevées. Ceux qui
pond à la durée de vie que l’on peut attendre du matériau suite connaissent les plus importants développements sont les paraf-
aux cycles de fusion-solidification. Infinie pour les corps purs, elle fines et les sels hydratés.
atteint entre 3 000 et 10 000 cycles pour les MCP utilisés dans le Le tableau 3 présente les caractéristiques moyennes de MCP
bâtiment (7 300 cycles en moyenne au bout de 20 ans). commerciaux.
Tenue au feu. Les MCP utilisés dans le bâtiment doivent res-
pecter les réglementations de tenue au feu édictées dans les pays
concernés. Le taux de rejet de la chaleur, et en particulier son pic, Il existe de nombreux fournisseurs de MCP cités en
en est le paramètre le plus important pour la sécurité. Des retarda- [Doc. BE 8 597], parmi lesquels Rubitherm, Climator, Mitsubi-
teurs de feu ou de flamme peuvent être incorporés. shi Chemical Corporation, Cristopia Energy Systems (français),
Corrosion. La plupart des sels hydratés sont corrosifs et cela BASF [12]...
doit être pris en compte dans le choix des matériaux constitutifs de
leur encapsulation. Certains MCP permettent de couvrir des gammes de tempéra-
tures plus étendues, allant de – 50 °C jusqu’à près de 100 °C pour
des applications spécialisées notamment en conservation des pro-
4.4 Propriétés duits alimentaires, produits médicaux, espace, confort thermique
dans véhicule, électronique, vêtements...
4.4.1 Domaines d’utilisation
4.4.2.1 MCP organiques
Sur le diagramme de la figure 11, les différents types de maté-
riaux à changement de phase sont comparés, en termes de Ce sont essentiellement les paraffines (CnH2n+2) mais aussi les
domaines d’utilisation en température et de chaleur de fusion. acides gras, esters, alcools, glycols...
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– 100 0 100 200
Température (°C)
et la simulation par calcul sur ordinateur fournissent aujourd’hui – grande chaleur latente ;
l’approche la plus économique et la plus rapide. La modélisation – grande densité ;
mathématique se divise en une méthode basée sur la température – faible coût ;
et une méthode basée sur la quantité de chaleur utilisée ou relâ-
– faible dangerosité, compatibilité environnementale ;
chée dans l’environnement.
– stabilité dans le temps ;
Dans la méthode basée sur la température, le domaine – fiabilité des matériaux de confinement ;
modélisé est divisé en ses deux phases traitées séparément, sépa-
rées par l’interface où se produit le changement de phase. Le – faible surfusion.
volume occupé par chacune des phases varie avec le temps. Les
trois équations aux dérivées partielles de conservation de l’énergie
sont posées pour chacune des régions, et les solutions de ces 5.2 Conditionnement des matériaux
équations sont résolues par les flux d’énergie à travers l’interface. à changement de phase
Les conditions à l’interface doivent être suivies en résolvant les
équations simultanément, ce qui nécessite un maillage évolutif. Compte tenu d’un changement de phase réversible
Dans la méthode basée sur l’enthalpie, l’équation du change- solide-liquide, les MCP vont généralement être conditionnés de
ment de phase avec transfert de chaleur par conduction, à caracté- manière à ce que la phase liquide ne s’écoule pas. Ensuite, pour
ristiques thermophysiques constantes, s’écrit : pallier les problèmes de surfusion ou de ségrégation des sels
hydratés, ou les problèmes d’inflammabilité et de conductibilité
thermique des paraffines, des matériaux supplémentaires peuvent
être incorporés en quantité déterminée. Les matériaux utilisés pour
contenir les MCP doivent eux-mêmes être bons conducteurs,
avec H enthalpie volumique, capables de subir le même nombre de cycles de température et de
k conductivité thermique, déformation, résister à la corrosion et être compatibles avec les
conditions d’utilisation, avec les matériaux de construction, dans
T température lesquels ils vont être éventuellement incorporés, ainsi qu’avec
L’enthalpie volumique H peut être définie par : l’environnement.
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Sortie
tefois pour que le système soit efficace que la température de la stockage
nuit soit suffisamment basse et la pièce aérée pour permettre la
solidification inverse du matériau, stabilisant à nouveau cette tem-
pérature à la température de fusion. De nombreux travaux ont été
menés sur cette application. On note qu’en cas de très fortes cha-
leurs, la température de fusion peut ne pas être retrouvée durant la Le sens d’écoulement est à inverser pour le déstockage
nuit, et qu’à ce moment le système devient inopérant. Figure 13 – Cuve horizontale avec drainage vertical [11]
temps. Il existe d’autres possibilités de stocker la chaleur sans forme de vapeur d’eau est directement relâché dans l’atmosphère,
pertes thermiques par des systèmes à sorption ou des réactions la chaleur de condensation étant cédée directement à l’atmos-
thermochimiques réversibles. phère. Les systèmes fermés utilisent un circuit fermé pour récu-
pérer le fluide et la chaleur est relâchée à l’extérieur par
l’intermédiaire d’un échangeur de chaleur.
6.1 Généralités On distingue l’adsorption l’absorption et les réactions chimiques
proprement dites.
Une réaction thermochimique réversible est endother- Une étude menée pour les applications au froid a présenté les
mique dans un sens, exothermique dans l’autre. Le stockage données du tableau 7 pour ces trois types de réactions [18].
thermochimique consiste à utiliser une réaction de ce type pour La plupart de ces données sont calculées pour une température
stocker la chaleur (ou le froid) lorsque la chaleur est en excès et de refroidissement de 5 °C, une température ambiante de 35 °C et
la restaurer en fonction des besoins. En séparant et en conser- une température de chauffage de 120 °C. La densité d’énergie est
vant indépendamment les produits de réactions, il est possible basée sur la masse totale des produits à la fin du processus de
d’éviter les pertes thermiques dans le temps, ce qui rend ce sorption. Les procédés d’adsorption présentent des densités
type de système particulièrement adapté au stockage intersai- d’énergie relativement plus faibles.
sonnier de chaleur solaire. Les critères de sélection des réactions thermochimiques sont :
– grande capacité de sorption du soluté (fluide) dans le sorbant ;
Par ailleurs, la densité d’énergie que l’on peut en attendre est – densité d’énergie élevée à la température de fonctionnement ;
élevée et susceptible d’apporter une plus grande compacité des – températures de fonctionnement adaptées et compatibles avec
systèmes. l’utilisation ;
– puissance disponible du système adaptée ;
Une réaction réversible de ce type s’effectue à une température
– possibilité de transport massique réversible du soluté vers le
d’équilibre Tm qui peut être déterminée en connaissant l’enthalpie
sorbant ;
libre G, qui est minimale à l’équilibre :
– bonne mixtion des produits, cyclabilité du procédé ;
– compatibilité environnementale des produits ;
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Tableau 7 – Densité d’énergie de différents matériaux combinés avec l’eau pour les applications
du froid [18]
Adsorption Absorption Réaction solide-gaz
H2O – zéolithe 4A : 23 Wh/kg NH3 – H2O : 110 Wh/kg H2O – Na2S : 353 Wh/kg
H2O – gel de silice : 40 Wh/kg H2O – NaOH : 277 Wh/kg H2O – MgCl2 : 233 Wh/kg
H2O – CaCl2 : 271 Wh/kg
H2O – LiCl : 197 Wh/kg
Concentration en LiBr
EAU (masse LiBr/masse solution)
Pression (mbar) PURE 40 % 45 % 50 % 55 % 60 % 65 % 70 %
100
50
Pvs = Pid 3 4
Courbe de cristallisation
2
Pvw = Ppa 1
10
5
MLiBr = 87 g/mol
MH2O = 18 g/mol
1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120
Tw Ta Ts Td
Température (°C)
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Figure 15 – Exemple d’un cycle de fonctionnement pour LiBr/H2O (diagramme d’Oldham [21])
395 °C
365 °C
385 °C
294 °C
300 °C
nébulosité ou après le coucher du soleil. Il existe deux grands quantités variables, depuis une simple réserve permettant d’effa-
types de centrales solaires à concentration, les centrales à miroirs cer le passage de nébulosités, jusqu’à des capacités permettant
paraboliques et les centrales à tour [BE 8 903]. d’atteindre la pointe de demande du soir, sinon la nuit entière [24].
Lorsque ces capacités ne sont pas mises en œuvre, la turbine est
7.1.1.1 Centrales solaires à miroirs paraboliques alimentée la nuit par un combustible classique, du gaz naturel le
plus souvent.
Dans ce type de centrale (figure 16), aujourd’hui le plus
répandu, des miroirs paraboliques de grande longueur suivent le Lorsqu’il s’agit de réserves de courte durée (une à deux heures
soleil suivant un seul axe et concentrent le rayonnement sur un par exemple), le fluide utilisé est le fluide caloporteur (huile,
tube dans lequel circule le fluide caloporteur, généralement une vapeur d’eau sous pression, sels fondus). Pour les stockages de
huile minérale, mais parfois aussi de la vapeur d’eau, qui est por- plus longue durée l’examen des systèmes existants indique l’utili-
tée à des températures de l’ordre de 400 °C. La taille des champs sation très majoritaire de sels fondus.
de miroirs n’est pas limitée et permet de construire des centrales
de grande puissance, mais le rendement de la conversion en élec-
7.1.2.1 Stockages par sels fondus
tricité, du fait d’une température plus limitée du fluide circulant,
est moindre que celui que peuvent atteindre les centrales à tour. Les sels fondus présentent les caractéristiques générales
De la vapeur d’eau sous pression est générée par chauffage à tra- suivantes :
vers des échangeurs si le fluide est de l’huile, ou directement
lorsque la vapeur d’eau est générée dans le collecteur. La vapeur – bonnes capacité thermique et viscosité ;
est ensuite détendue dans une turbine classique couplée à un – conductivité thermique moyenne ;
alternateur, puis condensée. Une variante de ce type de centrale – plage de températures utilisables de 120 à 600 °C ;
est dite à miroirs de Fresnel, le collecteur étant formé par un
assemblage de miroirs plans, moins coûteux que les miroirs para- – densité 1,6 à 2 ;
boliques. – non toxiques ou inflammables, mais corrosifs.
Sur le tableau 9 sont présentées les caractéristiques de quelques
7.1.1.2 Centrales à tour
mélanges de sels fondus, désignés par les marques des fournis-
Dans ce type de centrale (figure 17), une grande quantité de seurs. Les températures maximales d’utilisation correspondent à la
miroirs plans suit la course du soleil suivant deux axes et limite au-delà de laquelle le matériau se dégrade, notamment en
concentre le rayonnement sur un foyer, situé en hauteur sur une cyclage.
tour, dans lequel est réchauffé le fluide caloporteur, qui peut être
un sel fondu, ou de l’eau transformée ainsi en vapeur sous pres- Le stockage de chaleur de grande capacité associé aux installa-
sion. Les températures atteintes peuvent être plus élevées que tions solaires thermodynamiques comporte deux réservoirs de
dans les centrales à miroirs paraboliques, permettant de meilleurs sels, l’un à haute température, l’autre à basse température, avec
rendements, mais les dimensions de chaque miroir sont limitées, des niveaux de remplissage qui sont fonction de l’état de
afin de pouvoir réaliser une focalisation correcte, et les énergies charge-décharge. Il existe deux concepts commercialement dispo-
collectées unitaires sont plus faibles. nibles de réservoirs de sels fondus, suivant que le système de
stockage est direct ou indirect.
7.1.2 Stockage d’énergie associé Dans le système de stockage indirect, associé aux centrales
solaires à miroirs paraboliques, les deux réservoirs sont découplés
L’avantage des centrales solaires à concentration sur le solaire du système de circulation du fluide caloporteur (huile minérale)
photovoltaïque est que le fluide chaud produit peut être stocké en par des échangeurs.
Foyer
565 °C
Échangeur
Bloc de puissance
Therminol VP1
Caractéristique Solar Salt Hitec Hitec XL
(huile)
Composition (%) :
NaNO3................................................................................... 60 7 7
KNO3 ..................................................................................... 40 53 45
NaNO2................................................................................... 40
Ca(NO3)2 ............................................................................... 48
Température de fusion .................................................(°C) 220 142 120 13
Température maximale.................................................(°C) 600 535 500 400
Masse volumique à 300 °C .....................................(kg/m3) 1 900 1 640 1 990 815
Viscosité à 300 °C ..........................................................(cp) 3,26 3,16 6,37 0,2
Capacité thermique massique à 300 °C ..... (J · kg–1 · K–1) 1 495 1 560 1 447 2 319
Conductivité thermique .............................. (W · m–1 · K–1) 0,8 0,8 0,8 0,1 à 0,7
Tableau 10 – Comparaison d’un stockage direct associé à une tour et d’un stockage indirect associé
à une centrale à miroirs paraboliques [25]
Stockage direct Stockage indirect
Caractéristique
Gemasolar Andasol 1
Énergie thermique stockée.................. (MWh) 1 000 (environ) 1 010
Masse de sels ............................................... (t) 8 500 28 500
Température basse.................................... (°C) 290 290
Température haute.....................................(°C) 565 385
On constate les importants avantages des stockages directs L’intérêt économique du stockage de chaleur, associé aux cen-
associés aux tours, qui permettent d’obtenir une densité d’énergie trales solaires thermodynamiques, dépend de nombreux para-
de stockage beaucoup plus élevée. mètres, le principal facteur à prendre en compte étant toutefois
Les stockages de sels fondus et leur gestion sont opérationnels l’énergie fossile économisée pendant les heures de fonctionne-
aujourd’hui. Ils ont l’avantage de fonctionner à la pression atmos- ment du stockage [27]. Par ailleurs, la filière solaire thermodyna-
phérique. À noter qu’il est nécessaire d’empêcher toute prise en mique est en concurrence avec la filière solaire photovoltaïque
masse par baisse de température, ainsi que d’initier la fusion lors dont les prix baissent de manière conséquente.
de la mise en route, ce qui se fait par traçage électrique des Des recherches portent sur la capacité de stocker la chaleur
conduites et chauffage par impédance électrique. L’isolation ther- haute température via des matériaux solides s’écoulant (sables...),
mique est telle que les pertes journalières sont négligeables. Si les des matériaux à changement de phase, ou des réactions thermo-
sels fondus ont une bonne viscosité, la circulation dans le système chimiques.
nécessite des systèmes de pompages qui doivent être dimension-
nés pour déplacer des débits massiques importants. Les équipe-
ments nécessaires pour le bon fonctionnement du circuit sont 7.2 Stockage de l’électricité
disponibles. Les matériaux utilisés doivent être adaptés au fluide
circulant et à la température.
par la chaleur haute température
Des stockages de sels fondus ne comprenant qu’un seul réser- La chaleur haute température est aussi un moyen de stocker
voir avec ségrégation du sel en température (plus élevée en tête, l’électricité dans le cadre d’une transformation réversible de l’élec-
plus basse en fond), plus économiques en théorie, sont décrits tricité. On trouvera dans l’article [BE 8 100] une description détail-
dans la littérature mais ne semblent pas avoir d’applications indus- lée du rôle que peut y prendre le stockage de chaleur dans les
trielles. techniques d’air comprimé et de stockage thermique.
tés. Le stockage est réalisé sous forme d’accumulateurs eau Le stockage de chaleur ou du froid est une des briques impor-
sous pression-vapeur saturante, l’eau en phase liquide sous tantes et à fort potentiel d’une transition vers une énergie propre
pression se transformant en vapeur lorsqu’il est nécessaire de et décarbonée. Les applications visées sont principalement le
déstocker [26]. chauffage et la climatisation des secteurs résidentiels et tertiaires,
Le développement prévu des centrales solaires à concentration qui représentent une part très importante des dépenses énergé-
et des stockages correspondants avec sels fondus pourrait entraî- tiques dans nos pays. Le défi serait de disposer de stockages de
ner une demande dépassant la capacité de production mondiale longue durée économiques et efficaces afin de transférer par
de ceux-ci, qui sont aussi utilisés comme engrais, tels les nitrates exemple la chaleur thermique solaire ou froid d’une saison vers
de sodium et de potassium. En France, le laboratoire PROMES pro- une autre, permettant de s’affranchir ainsi des ressources fossiles
pose d’utiliser des vitrifiats de déchets d’amiante ou de et d’économiser l’électricité. Leur développement reste toutefois
cendres volantes, qui présentent de bonnes caractéristiques limité par de nombreux facteurs techniques et économiques. Le
thermiques, peuvent être mis en forme et, étant classés comme stockage par chaleur sensible est bien connu et mis en œuvre,
déchets, présentent des prix de base très bas. notamment sur de courtes durées. Pour des raisons économiques,
Les caractéristiques de ces vitrifiats sont présentées dans le l’eau reste le principal milieu de stockage utilisé. Les freins au
tableau 11 [24] et comparées avec celles d’autres matériaux. développement sont notamment les forts volumes nécessaires à
l’intersaisonnalité. Le stockage souterrain, prometteur, nécessite
toutefois des conditions géologiques favorables et des bureaux
7.1.2.3 État des lieux
d’études et entreprises expérimentées. Le stockage par matériaux
En 2016, on a dénombré 66 centrales solaires thermodyna- à changement de phase MCP, susceptible de réduire fortement les
miques opérationnelles, pour une puissance nominale totale de volumes de matériaux nécessaires, a fait l’objet de nombreuses
4,4 GW. Ces centrales sont très majoritairement des centrales à études et développements expérimentaux. Les applications en
miroirs paraboliques. On dénombre 31 stockages par sels fondus restent toutefois limitées, hormis pour le froid où l’utilisation de
associés, de puissance supérieure à 10 MW, pour une puissance glace ou de sels eutectiques permet d’économiser ou de valoriser
cumulée de 1 337 MW sur une moyenne de temps de 7 h [15]. Cela de l’électricité. Enfin, le stockage par sorption et thermochimie,
représente en puissance et énergie le deuxième mode de stockage prometteur dans son principe, reste complexe à mettre en œuvre
existant dans le monde après les stations de transfert d’énergie et relève encore de la recherche et développement. Le stockage de
par pompage. Il existe également 5 stockages de vapeur d’une chaleur à haute température a été développé, principalement à
puissance supérieure à 10 MW, pour 103 MW de puissance cumu- partir de systèmes à sels fondus, pour les centrales solaires ther-
lée sur une moyenne de temps de 2 h 30 min. modynamiques, où il permet de s’affranchir de l’intermittence et
de continuer à fournir de l’énergie après le coucher du soleil, voire Chaleur latente ; latent heat
pour la nuit entière. Il pourrait se développer dans le futur pour Chaleur échangée avec le milieu extérieur lors d’un changement
des applications industrielles. d’état solide liquide ou liquide vapeur.
Matériaux à changement de phase ; phase change material
Remerciements Matériau présentant des caractéristiques de changement de
phase, généralement solide-liquide, bien définies.
L’auteur remercie Mr Alexandre ROJEY pour sa relecture Sorption ; sorption
attentive et ses remarques pertinentes. Processus physique ou chimique dans lequel une substance
s’attache à une autre.
Adsorption ; adsorption
P
O
U
Stockage de la chaleur R
par Pierre ODRU
Consultant, France E
N
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TRNSYS Esp-r
http://www.trnsys.com http://www.esru.strath.ac.uk/Programs/ESP-r.htm
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