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Réf.

: BE8597 V1

Stockage de la chaleur
Date de publication :
10 avril 2017

Date de dernière validation :


01 octobre 2020

Cet article est issu de : Énergies | Ressources énergétiques et stockage

par Pierre ODRU

Mots-clés Résumé La chaleur et le froid sont des domaines importants de l’économie de l’énergie.
absorption | Adsorption | La possibilité de les stocker de manière efficace et durable permettrait d’améliorer
Matériau à changement de
phase | Réaction considérablement le potentiel d’utilisation de l’énergie solaire thermique. Les différentes
thermochimique | Energie méthodes de stockage de la chaleur sont présentées, avec les principales technologies
solaire | Chaleur sensible |
Chaleur latente existantes ou en cours de développement. Il existe deux domaines d’application distincts,
dont le principal concerne le chauffage et la climatisation des bâtiments et l’autre le
stockage de chaleur à haute température pour l’industrie, notamment pour le solaire
thermodynamique. Les avantages et inconvénients, les domaines d’application ainsi que
les perspectives de développement de ces différentes techniques de stockage sont
présentés.

Keywords Abstract The efficient storage of heat and cold, especially for a long time, are important
absorption | adsorption | phase ways to save energy, and would greatly enhance the potential use of solar thermal
change material |
thermochimical reaction | energy. The different methods of heat storage are presented with the main existing or
solar energy | sensible heat | developing technologies. Two distinct areas of application need to be considered, heating
latent heat
and cooling of buildings being the main one, followed by heat storage at high temperature
for industry, especially for concentrated solar power applications. The advantages and
disadvantages, applicability, and development prospects of different thermal storage
options are presented, with descriptions of practical applications.

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Stockage de la chaleur

par Pierre ODRU


Consultant, France

1. Contexte du stockage de chaleur (et de froid) ............................. BE 8 597 - 2


1.1 Importance de la chaleur (et du froid) dans l’économie........................ — 2
1.2 Stockage de la chaleur, enjeu du développement durable ................... — 2
1.3 Méthodes de stockage de la chaleur ....................................................... — 2
2. Stockage de chaleur sensible ............................................................ — 3
2.1 Considérations thermodynamiques ........................................................ — 3
2.2 Avantages et inconvénients ..................................................................... — 3
2.3 Matériaux de stockage.............................................................................. — 3
3. Application du stockage de chaleur sensible au bâtiment ....... — 4
3.1 Réservoirs de stockage par chaleur sensible à basse température...... — 4
3.2 Stockage souterrain intersaisonnie UTES
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(Underground Thermal Energy Storage ) ............................................... — 6


3.3 Comparaison économique de systèmes de stockage
intersaisonnier par chaleur sensible ....................................................... — 10
4. Matériaux à changement de phase .................................................. — 10
4.1 Considérations thermodynamiques ........................................................ — 10
4.2 Classification ............................................................................................. — 11
4.3 Phénomènes relatifs aux MCP ................................................................. — 11
4.4 Propriétés................................................................................................... — 12
4.5 Méthodes d’étude des propriétés des MCP............................................ — 13
5. Applications des matériaux à changement de phase ................. — 14
5.1 Critères de choix ....................................................................................... — 14
5.2 Conditionnement des matériaux à changement de phase.................... — 14
5.3 Exemples d’applications........................................................................... — 14
6. Stockage par sorption et réactions thermochimiques ............... — 15
6.1 Généralités................................................................................................. — 16
6.2 Stockage par adsorption .......................................................................... — 16
6.3 Stockage par absorption .......................................................................... — 17
6.4 Stockage chimique.................................................................................... — 17
6.5 Conclusions ............................................................................................... — 18
7. Stockage de chaleur haute température associé
à la production d’électricité............................................................... — 18
7.1 Stockage de chaleur associé aux centrales solaires
thermodynamiques................................................................................... — 18
7.2 Stockage de l’électricité par la chaleur haute température ................... — 21
8. Conclusions............................................................................................. — 21
9. Glossaire .................................................................................................. — 22
7 - 2017

Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. BE 8 597

es énergies renouvelables, notamment d’origine solaire, sont une res-


L
BE 8 597

source très importante, mais diluée et variable, et souvent en décalage par


rapport aux besoins. La disposition de moyens de stockage efficaces et écono-
miques permettrait d’en améliorer fortement la pénétration. Le cas de
l’électricité est bien connu et documenté. Le stockage de la chaleur, principale-
ment d’origine solaire, est un domaine lui aussi très important de l’économie

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

d’une énergie propre et décarbonée, mais généralement moins connu. Cet


article se donne pour objectif d’en introduire l’ensemble des principes et des
problématiques.

La chaleur d’origine solaire est pourtant en apparence inépui-


Symbole Unité Description sable. Mais la difficulté de son exploitation vient de ce qu’elle est
Capacité thermique massique à essentiellement disponible en été, alors que les principaux besoins
cp J · kg · K–1 se situent en hiver, période durant laquelle sa disponibilité est limi-
pression constante
tée, et que l’on sait très mal la stocker, notamment sur une longue
G J Enthalpie libre durée. Une remarque identique mais avec une demande saison-
nière inverse peut être faite pour le froid.
J · kg–1 Enthalpie massique ou volumique
h
ou J · m–3
H J Enthalpie 1.2 Stockage de la chaleur,
k W· m–1 · K–1 Conductivité thermique
enjeu du développement durable
m kg Masse Le stockage de chaleur est un moyen d’utiliser l’énergie déjà
bien développé, notamment en France. Ainsi les ballons d’eau
Q J Chaleur chaude, qui sont mis en charge électriquement la nuit, ont été un
moyen efficace d’utiliser l’énergie nucléaire excédentaire pour la
R J · kg · mol–1 Constante des gaz parfaits
réutiliser dans la journée. La capacité de stocker la chaleur à diffé-
S J· K–1 Entropie rentes échelles de quantité d’énergie comme de temps constitue
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un moyen de l’économiser, de découpler la production de la


T K Température consommation et de disposer de grandes quantités de chaleur
d’origine renouvelable. On peut donner quelques exemples :
ρ kg · m–3 Masse volumique
– on sait stocker la chaleur domestique sous forme d’eau chaude
à une échelle de temps de la journée ou plus dans des réservoirs
domestiques ; toutefois, l’énergie solaire thermique est essentielle-
1. Contexte du stockage ment disponible en été, alors que c’est en hiver que l’on en a
besoin ; la disponibilité de systèmes de stockage intersaison-
de chaleur (et de froid) nier fournirait un moyen efficace pour réduire la consommation
de chaleur issue des énergies fossiles, premier poste de consom-
mation énergétique en France ;
1.1 Importance de la chaleur – les deux tiers de l’énergie consommée dans les processus
industriels le sont sous forme de chaleur, dont une grande partie
(et du froid) dans l’économie est rejetée sous forme de chaleur à bas niveau thermique ; il en est
de même de la chaleur générée dans les centrales nucléaires, dont
L’énergie telle que nous l’utilisons quotidiennement permet de près de 70 % est rejetée sous cette forme ; la capacité de transpor-
couvrir trois principaux domaines d’utilisation : ter et stocker cette énergie de façon économique, afin de la réutili-
– l’électricité et ses multiples domaines spécifiques ser en chauffage urbain par exemple, permettrait de développer la
d’application ; cogénération, rendue souvent difficile à mettre en œuvre du fait
– l’énergie mécanique, essentiellement sous la forme des que la production de chaleur et son utilisation sont souvent sépa-
transports ; rées en distance et dans le temps, et que la chaleur se transporte
– la chaleur et le froid, pour le chauffage et la climatisation des et se stocke très mal.
bâtiments ainsi que les applications spécifiques de la réfrigération.
En France, le secteur résidentiel – tertiaire utilise près de 45 % de
l’énergie consommée, dont les deux tiers servent au chauffage et à 1.3 Méthodes de stockage de la chaleur
la climatisation [1]. Il est responsable du quart des émissions de
gaz à effet de serre. La chaleur et le froid nécessitent des différences de température
Mais si l’on creuse un peu plus, on voit que la chaleur est la entre deux milieux pour être exploitables, dont l’un est générale-
forme d’énergie prépondérante et que les transports (à travers le ment à température ambiante (point froid des cycles thermodyna-
pétrole et les moteurs thermiques) et l’électricité (d’origine miques, ou ambiance que l’on va chercher à réchauffer ou
nucléaire ou fossile, à travers un cycle thermodynamique) n’en refroidir). Ce sont des formes d’énergie qu’il faut distinguer de
sont que des dérivés. Seules échappent complètement à la produc- l’énergie chimique des combustibles, tels que les hydrocarbures
tion de chaleur les énergies hydrauliques, éoliennes et solaires ou le charbon, qui nécessitent un comburant (air ou oxygène) pour
photovoltaïques qui produisent directement de l’énergie méca- produire de la chaleur, ou l’énergie nucléaire qui peut être libérée
nique et/ou électrique. sous forme de chaleur dans une réaction contrôlée.
Il s’ensuit une dépendance de notre civilisation et de son mode La chaleur, ou le froid, se stockent dans des matériaux spéci-
de vie aux énergies qui la produisent, aujourd’hui principalement fiques ou en faisant intervenir des réactions de sorption ou ther-
fossiles (y compris le nucléaire). Or, ces énergies ne sont pas mochimiques. Les méthodes les plus couramment employées sont
renouvelables, même si l’on ne connaît pas le terme de leur épui- le stockage par chaleur sensible et par chaleur latente dans les
sement final. Les émissions massives de CO2 , qui en dérivent, matériaux à changement de phase (MCP), le stockage par sorption
mettent en péril le climat, avec des conséquences potentiellement et réactions thermochimiques restant essentiellement du domaine
dramatiques pour l’ensemble de la biosphère terrestre. de la R&D.

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

La chaleur sensible est celle qui est échangée par un maté- 2.2 Avantages et inconvénients
riau soumis à une variation de température.
Le stockage de chaleur sensible est de loin le plus facile à mettre
La chaleur latente est celle qui est libérée lors du change- en œuvre et le plus ancien. Si le matériau reste stable au cours des
ment de phase d’un matériau, passant de l’état solide à l’état changements de température, le système est indéfiniment réver-
liquide, ou de l’état liquide à l’état vapeur. sible. Pour les températures requises dans le bâtiment (chauffage,
Les réactions thermochimiques et de sorption per- réfrigération, eau chaude sanitaire), l’eau est un matériau particu-
mettent de stocker de la chaleur par fixation puis séparation de lièrement adapté qui peut être éventuellement utilisé directement
constituants, soit au cours d’une réaction chimique réversible. par circulation pour la fourniture d’eau chaude ou le chauffage.
L’inconvénient du stockage par chaleur sensible est sa faible
La récupération de chaleur sensible va se faire avec baisse de densité énergétique, nécessitant de grands volumes. Les réservoirs
température progressive du matériau (ou hausse, pour le froid). La habituels sont de ce fait limités en capacité. Pour les très grandes
récupération de chaleur latente s’effectue par changement de capacités, il est nécessaire d’utiliser des stockages dans des struc-
phase du matériau à température constante. La densité d’énergie tures géologiques, comme les aquifères, les roches ou les sols,
stockée dans un matériau à changement de phase est en général sous certaines conditions.
plus élevée que dans un matériau de stockage par chaleur sen- Ensuite, l’extraction de chaleur doit généralement être effectuée
sible, mais les matériaux à changement de phase sont plus coû- de telle manière que la température de sortie soit maintenue la
teux et complexes à mettre en œuvre. plus constante possible.
Une deuxième caractéristique très importante des besoins en
chaleur et des stockages associés est le niveau de température Exemple : dans le cas d’eau chaude sanitaire, si un stockage à
requis. Celui-ci est relativement bas dans les applications résiden- 80 °C est utilisé au trois-quarts, il n’est pas identique du point de vue
tielles et tertiaires, les plus nombreuses, mais peut être beaucoup de l’utilisateur que la température reste à 80 °C ou soit de 35 °C si
plus élevé pour les applications industrielles. l’eau chaude déjà utilisée est remplacée par de l’eau à 20°. Cela com-
plexifie généralement les systèmes.
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2. Stockage de chaleur 2.3 Matériaux de stockage


sensible Les propriétés requises pour un matériau de stockage sont une
forte capacité thermique massique et volumique, pour diminuer
les masses et les volumes nécessaires, ainsi que de bonnes pro-
priétés de conductibilité thermique pour faciliter les échanges.
2.1 Considérations thermodynamiques
D’autres propriétés doivent être également prises en compte : le
matériau doit rester stable thermiquement et chimiquement au
Le stockage de chaleur sensible consiste en l’accroissement de
cours des cycles de charge – décharge, ne pas être corrosif,
l’enthalpie d’un matériau au cours de la phase de stockage, la cha-
toxique, ou combustible, rester neutre vis-à-vis de l’environnement
leur étant restituée au cours de la phase de déstockage. Le maté-
et bien évidemment être le plus économique possible.
riau peut être un liquide ou un solide. L’effet sensible est un
changement de température. L’énergie stockée s’écrit suivant la Dans le cas d’un matériau liquide, il est aussi nécessaire que la
relation : viscosité du matériau soit suffisamment faible pour ne pas pénali-
ser le bilan énergétique par les systèmes de pompage.

2.3.1 Milieux liquides


avec Q12 chaleur sensible,
Le tableau 1 montre que dans son domaine d’utilisation l’eau est
T1 et T2 températures initiales et finales, un excellent matériau, par ailleurs économique et neutre vis-à-vis
cp capacité thermique massique du corps pouvant de l’environnement. Elle peut toutefois favoriser la corrosion et
dépendre de la température, présente un domaine d’application limité en température, mais
bien adapté au bâtiment. Elle est aussi délicate à stratifier (§ 3.1.5).
m masse du corps. Les sels fondus et les huiles minérales sont des fluides de choix
pour les applications industrielles à haute température. Le sodium
Si la capacité thermique massique cp reste constante, la relation est très intéressant pour sa conductibilité thermique mais il est
s’écrit simplement : hautement inflammable. Pour de très hautes températures, l’eau et
l’air, bien entendu sous haute pression, sont aussi considérés.

On note que pour une chaleur massique donnée et pour une cer- 2.3.2 Milieux solides
taine quantité de chaleur stockée, le volume V de stockage est
inversement proportionnel à la masse volumique ρ du matériau. Parmi les matériaux solides (tableau 2), eu égard à leurs caracté-
Ces relations sont facilement transposables au stockage de froid ristiques thermiques, le béton, mais surtout les roches et les
sensible. sols, compte tenu de leurs coûts faibles ou nuls, de leur très large
disponibilité et de leur neutralité environnementale, sont des maté-
Pour les matériaux solides, spécialement les matériaux lourds, la riaux très intéressants pour le stockage de chaleur à usage rési-
capacité thermique molaire est voisine, selon la loi de Dulong et dentiel. Le fait que sols et roches puissent contenir de l’humidité
Petit, de 3R, soit 25 J · K–1 · mol–1, R étant la constante des gaz par- limite toutefois leur domaine d’utilisation aux températures infé-
faits. La chaleur stockée par mole de phase solide est alors : rieures à 100 °C. Pour les hautes températures, briques et briques
réfractaires, mais aussi bétons et roches appropriées, vont être les
matériaux privilégiés.

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Caractéristiques thermiques de liquides


Capacité thermique Capacité thermique Conductivité
Température Masse volumique
Matériau massique volumique thermique
(°C) (kg/m3) (J · kg–1 · K–1) (kJ · m—3 · K–1) (W · m–1 · K–1)

Eau 0 à 100 1 000 4 190 4 190 0,63

Sels fondus 140 à 540 1 700 1 550 2 635 0,6

Huiles minérales – 10 à + 340 750 2 100 1 580 0,11

Sodium 100 à 760 960 1 300 1 250 67,5

Tableau 2 – Caractéristiques thermiques de matériaux solides


Capacité thermique Capacité thermique Conductivité
Température Masse volumique
Matériau massique volumique thermique
(°C) (kg/m3) (J · kg–1 · K–1) (kJ · m—3 · K–1) (W · m–1 · K–1)

Glace <0 920 2 060 1 895 2,1 (0 °C)

Béton 0 à 150 2 250 1 130 2 542 0,9 à 1,3


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Roche compacte 2 600 800 2 080 2,5

Fer < 1 500 7 900 450 3 510 73

Aluminium < 660 2 700 900 2 430 205 (20 °C)

Brique 1 700 840 1 430 0,7

Brique réfractaire élevée 3 000 1 130 3 390 5

Sol sec 1 300 800 1 050 1,28

Sol humide 1 700 2 000 3 400 0,52

3. Application du stockage 3.1.1 Paramètres de calcul

de chaleur sensible La taille optimale de l’installation de stockage thermique dépend


de l’application concernée et fait intervenir plusieurs facteurs :
au bâtiment – les conditions d’ensoleillement, la surface des collecteurs
solaires et leur efficacité ;
– les besoins en chauffage qui dépendent des conditions météo-
3.1 Réservoirs de stockage par chaleur rologiques du site ;
– la charge thermique du bâtiment et son isolation ;
sensible à basse température – côté stockage, la température et les pertes thermiques, l’échan-
geur de chaleur et son efficacité, les systèmes de pompage et leur
Indépendamment des stockages passifs dans le béton ou le
consommation d’énergie.
matériau d’une construction, l’eau, au vu de l’ensemble de ses pro-
priétés, constitue le matériau de choix pour le stockage de chaleur Bien entendu, tout cela se traduit en coûts, auquel il faut ajouter
sensible pour le bâtiment. Ce type de stockage est particulièrement généralement les coûts de l’installation capable de fournir un sup-
intéressant dans le cas d’une source de chaleur à température plément de chaleur lorsque l’apport solaire est insuffisant, tenant
variable, comme le solaire thermique, mais aussi pour des raisons compte des coûts de fourniture de l’énergie fossile nécessaire, et
économiques lorsque les tarifs de l’électricité s’y prêtent, avec par les éventuelles pénalités associées (taxe CO2). Et ce coût doit être
exemple un tarif de nuit suffisamment bas, ou tout simplement comparé à celui d’une installation classique et de sa consomma-
pour éviter les séquences démarrages arrêts systématiques et tion en combustible.
l’usure du matériel correspondante. Toutefois, malgré une chaleur
massique relativement élevée, les volumes nécessaires à des stoc-
kages d’eau de type intersaisonniers par exemple sont très impor-
3.1.2 Stockage de chaleur de faible durée
tants. La durée de stockage est donc un paramètre fondamental.
(quotidien à quelques jours)
L’eau chaude peut avoir deux types de fonction simultanée ou Ces stockages sont bien connus dans leur principe. Ils sont fabri-
non : alimenter le circuit d’eau chaude sanitaire et chauffer en qués à partir d’un réservoir métallique ou en matériau composite à
hiver (rafraîchir éventuellement en été, au cours de la phase de base de fibres de verres et sont revêtus d’un matériau d’isolation
stockage). adapté, laine de verre, mousse polystyrène ou polyuréthane. Dans

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

A DHW

H1

Fourniture d’énergie Transfert, stockage, contrôle et distribution Charge


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A et S : systèmes de contrôle-commande
DHW : contrôle-régulation de l’eau chaude sanitaire
H1 : contrôle-régulation du chauffage domestique

Figure 1 – Système de chauffage combiné « Maxlean »

les matériaux poreux, les émissions de radiation sont absorbées 3.1.3 Stockage de froid par chaleur sensible
puis réémises, réduisant ainsi les transferts thermiques. Les calculs
permettant de dimensionner ces types de réservoirs sont très clas- Le stockage de froid par chaleur sensible est un moyen intéres-
siques. Le vieillissement des matériaux doit bien entendu être sant de reporter la consommation électrique. La base de
connu et adapté. L’épaisseur d’isolant pour un stockage journalier données [15] recense un certain nombre d’applications, souvent
est de l’ordre de 8 à 12 cm. dirigées pour les besoins de l’industrie. Une application importante
Dans les pays tempérés, les chauffes-eau solaires ne suffisent est le refroidissement de l’air à l’entrée des turbines à gaz permet-
pas à assurer à eux seuls les besoins et doivent être combinés tant d’en augmenter le rendement.
avec un chauffage classique, à gaz ou électrique, surtout s’ils com-
binent la production d’eau chaude sanitaire et le chauffage par le
sol du bâtiment en hiver. 3.1.4 Stockage de chaleur solaire de longue durée
(intersaisonnier)
Dans certains cas, l’eau peut être utilisée en circuit ouvert, mais
généralement la chaleur issue du panneau solaire thermique est Réaliser un stockage de chaleur solaire intersaisonnier va
transmise à partir d’échangeurs situés, pour des raisons de stratifi- demander évidemment des volumes d’eau importants, que l’on
cation, dans la partie basse (froide) du réservoir de stockage [1] [2]. réchauffe en été pour utiliser la chaleur en hiver. Les réservoirs de
La chaleur est ensuite récupérée par un second échangeur bai- grande taille présentent l’avantage d’un rapport surface sur
gnant dans la partie supérieure (chaude) du réservoir. volume réduit, ce qui limite les pertes thermiques.
Dans le cadre du programme SHC (Solar Heating and Cooling )
Bien entendu, ces stockages ont intérêt à être associés à des
de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), un concept de sys-
bâtiments équipés d’une isolation de haute qualité et disposant
tème combiné appelé « Maxlean Concept » a fait l’objet d’une
d’une surface de collecteurs solaires suffisante pour que le stoc-
optimisation poussée énergétique et économique. Sur le schéma
kage thermique soit complet en fin d’été et que la réserve dure le
de la figure 1, on distingue :
plus longtemps possible pendant l’hiver. Un système de chauffage
– la zone de fourniture d’énergie : collecteurs solaires et additionnel est toutefois généralement nécessaire.
chauffe-eau classique ;
Le volume du stockage est conséquent et occupe une place
– la zone de transfert, stockage, contrôle et distribution ; importante dans la conception du bâtiment ou de la maison, de
– la charge, à savoir l’eau chaude sanitaire et le chauffage de la l’ordre de grandeur d’une pièce par exemple. Mais il peut être
maison. aussi placé en extérieur et enterré, dans le cas d’un immeuble ou
d’un groupe d’immeubles (figure 2). Il peut alors être réalisé en
béton armé avec un liner d’étanchéité. Le sol peut jouer le rôle
d’isolant additionnel, mais il va absorber dans les premiers temps
L’ensemble de la démarche permettant l’optimisation ainsi
une partie de la chaleur avant que le système n’atteigne un régime
que les études de sensibilité sont fournis dans la référence [4].
d’équilibre.

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Tank Thermal Energy Storage (TTES) Pit Thermal Energy Storage (PTES)
(60 à 80 kWh/m3) (60 à 80 kWh/m3)

a réservoir b fosse
3
Figure 2 – Stockage de chaleur en réservoir et en fosse (60 à 80 kWh/m )

Suivant une étude Suisse [2], une maison de 200 m2 équipée d’une 3.2 Stockage souterrain intersaisonnier
haute isolation nécessiterait seulement 15 m2 de collecteurs pour
courir les besoins en eau chaude sanitaire ainsi qu’un chauffage de
UTES (Underground Thermal Energy
6 100 kWh/an Toutefois, la moitié des besoins se situe au cours des Storage )
trois mois d’hiver lorsque l’apport de chaleur solaire est faible. Le
besoin de report par stockage serait dans ces conditions de Le stockage aérien intersaisonnier par chaleur sensible présente
1 850 kWh. Seulement 10 m2 de collecteurs supplémentaires sont l’inconvénient de nécessiter la construction de réservoirs, de
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alors nécessaires, sans compter les pertes thermiques. volume très important, bien isolés thermiquement. Une autre
méthode pour des applications résidentielles ou tertiaires, consiste
Les matériaux susceptibles de couvrir les besoins de stockage à utiliser les grandes capacités de stockage du sous-sol. On dis-
entre 30 et 90 °C, tous calculs faits, sont de 23 m3 d’eau, 35 m3 de tingue essentiellement les stockages en aquifère ATES (Aquifer
béton, 91 m3 de terre sèche, ou 28 m3 de terre humide. Un réservoir Thermal Energy Storage ), les stockages par champs de sondes
de 23 m3 d’eau bien isolé représente un volume de 30 m3 avec son BTES (Borehole Thermal Energy Storage ) qui stockent par
isolation thermique, qui peut atteindre 50 cm, voire 1 m d’épaisseur, conduction dans le milieu solide et enfin les stockages en sub-
avec bien entendu les coûts correspondants. surface, utilisant les fondations [6] [BE 8 593].
Le sous-sol, passé une certaine profondeur, présente une tempé-
Pour des exemples concrets, on peut consulter la référence [5]. rature constante et égale à la moyenne de la température annuelle
sur le site, ainsi qu’une importante inertie thermique, couplée à de
très importants volumes de matériaux disponibles. On peut y stoc-
3.1.5 Problème de la stratification ker la chaleur ou le froid et alterner en fonction de la saison. Le
fluide caloporteur utilisé est en général de l’eau glycolée pour
Dans un stockage par eau chaude, la stratification de l’eau en éviter tout risque de gel.
température joue un rôle critique pour l’efficacité du système. La Un système de stockage géologique de la chaleur nécessite la
stratification naît du fait que la densité de l’eau varie en fonction réunion en un même lieu de trois conditions :
de la température et que l’eau la plus froide se trouve, de ce fait,
– une ressource énergétique excédentaire ou non utilisée (eau
au fond du réservoir et l’eau la plus chaude en haut, avec une zone
chaude solaire captée en été, chaleur fatale d'installations
intermédiaire dans laquelle s’effectuent les échanges thermiques.
industrielles...) ;
Le système est d’autant plus efficace que cette stratification peut
– une demande d’énergie déphasée dans le temps (besoin de
être maintenue longtemps dans le temps et qu’elle donne lieu à un
chaleur pour chauffer des bâtiments en hiver...), cette demande
plus important gradient de température.
devant être pérenne et suffisante pour justifier les
Obtenir une bonne stratification est délicat. Pour des raisons investissements ;
d’efficacité, un réservoir de stockage haut et étroit est préférable. – un contexte géologique et hydrogéologique favorable pour le
L’échangeur est placé vers le bas du réservoir de stockage, afin stockage souterrain d’énergie.
que l’eau réchauffée remonte et qu’il y ait toujours de l’eau froide Le système doit disposer ensuite de systèmes de chauffage ou
disponible. L’échangeur de collecte est placé bien évidemment de refroidissement auxiliaires (pompes à chaleur, chauffage ou
dans le haut. refroidissement classique...). À cela vient s’ajouter l’obligation
d’une bonne intégration environnementale et économique, une
Si l’eau circule dans le réservoir de stockage, on peut injecter maîtrise durable de l’impact sur l’environnement, incluant le main-
l’eau chaude à l’endroit le plus favorable pour limiter le déplace- tien de l'intégrité des eaux potables souterraines.
ment d’eau et ainsi augmenter l’efficacité de la stratification. Cela La puissance disponible dépend de la température de l’eau et du
peut se faire à partir d’un tube vertical avec des clapets d’ouver- débit pompé pour un aquifère, alors qu’elle dépend principalement
ture à différents niveaux, commandés électroniquement pour de la conductivité thermique du terrain au droit des échangeurs pour
s’ouvrir au niveau souhaité. On peut aussi utiliser un tuyau flexible les stockages par champ de sondes. L’énergie récupérable dépend de
présentant une densité adaptée pour flotter au niveau voulu. la quantité de chaleur emmagasinée utilisable, et le stockage est
d’autant plus efficace que les pertes par diffusion thermique dans le
sous-sol restent relativement limitées, et donc qu’il est de grande
taille. Le régime d’équilibre thermique dans le sous-sol n’est atteint
Il existe différentes méthodes pour calculer la stratification qu’au bout de quelques années, induisant des pertes plus impor-
dans un réservoir, voir par exemple [3] p. 70. tantes au cours de la première période d’exploitation.

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

Tout projet dépend ensuite d’une bonne évaluation de la Dans le cas le plus simple, l’eau froide est pompée en été pour
demande des bâtiments en chauffage et en refroidissement, ainsi être réchauffée à travers un échangeur par une source solaire ther-
que d’un bon dimensionnement des installations de surface : coef- mique ou par cogénération et renvoyée dans l’aquifère. Elle
ficient de performance COP (Coefficient Of Performance ) des réchauffe ensuite le bâtiment en hiver à travers un échangeur, et
pompes à chaleur, isolation thermique, bon dimensionnement des est renvoyée dans l’aquifère. Dans de nombreux cas, le système
canalisations, efficacité énergétique des pompes et des échan- peut être réversible et l’eau froide pompée en été sert à rafraîchir
geurs, efficacité des systèmes de régulation... le bâtiment, où elle se réchauffe, avant de recevoir un apport ther-
mique complémentaire, puis elle est injectée dans le sous-sol pour
être réutilisée au cours de l’hiver. Cela nécessite la mise en œuvre
3.2.1 Principe du stockage en aquifère souterrain d’équipements réversibles.
(ATES) Comme cela a été indiqué précédemment, suivant l’environne-
ment et l’économie du projet, ce schéma peut être complété par
Le stockage en aquifère souterrain n’est possible que si la phase une pompe à chaleur PAC ou d’autres moyens classiques de
aqueuse est immobile, ce qui nécessite des conditions géologiques chauffage ou de climatisation. Les injections d’eau froide et d’eau
particulières peu souvent réunies en France. Il peut rentrer en com- chaude dans l’aquifère doivent être conçues pour que leurs
pétition avec d’autres usages. domaines d’extension dans le sous-sol (« bulles » chaude et froide)
ne se mélangent pas. Dans certains cas (exemple du Reichstag à
Un minimum de deux puits forés éloignés est nécessaire Berlin), les échanges se font avec deux aquifères, l’un chaud pour
(figure 3). l’hiver, l’autre froid pour l’été (figure 4) [6].
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Puits chaud Puits froid Puits chaud Puits froid

Mode hiver Mode été

Figure 3 – Boucle fermée de type ATES (doc. IEA Newsletter, 1998)

Stock frais (air ambiant et PAC)


Profondeur : 60 m – 2 × 5 puits
Distance entre puits : 300 m
Puits frais : 5 °C / Puits chaud : 28 °C
Stockage hivernal : 4 250 MWh/an
Puisage estival : 3 950 MWh/an
Débit nominal : 300 m3/h

Stock chaud (excédent cogénération)


Profondeur : 285 à 315 – 2 puits
Distance entre puits : 300 m
Puits frais : 20 °C / Puits chaud : 70 °C
Puisage hivernal : 2 050 MWh/an
Stockage estival : 2 650 MWh/an
Débit nominal : 100 m3/h

Figure 4 – Double ATES (été – hiver) sous le parlement de Berlin (doc. Geothermie Neubrandenburg GMBH) [6]

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

10 200
0 1 500
00
0

1990 2000 2010

Figure 5 – Développement de systèmes ATES en Hollande [7]

Les échanges de chaleur réversibles ne sont pas seulement rejoignent. L’injection de chaleur provenant d’une source renouve-
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convectifs par l’intermédiaire de l’eau mais mobilisent également lable permettrait de rendre pérenne la ressource géothermique,
une partie diffusive dans les couches solides avoisinantes. Le qui alimente directement les importants réseaux de chaleur d’Île
régime d’équilibre thermique peut mettre quelques années à s’éta- de France [9].
blir, ce qui occasionne la perte initiale d’importantes quantités de
chaleur. Une fois atteint le régime d’équilibre, l’efficacité énergé-
tique du stockage (récupération d’énergie vis-à-vis de l’énergie 3.2.2 Stockage souterrain par champs
injectée) peut nettement dépasser 75 %, le stockage thermique pre- de sondes (BTES)
nant alors une part importante dans le bilan de chauffage, ou de
Le champ de sondes est constitué de puits forés dans un massif
consommation d’électricité lorsqu’il s’agit de froid.
rocheux par lesquels les échanges de chaleur s’effectuent par cir-
L’aquifère se situe généralement à des profondeurs variant de culation d’eau en boucle fermée, généralement à partir d’un tube
200 à 500 m. Sa perméabilité et sa capacité de stockage doivent en U cimenté dans le puits dans lequel le fluide caloporteur
être précisément évaluées, en tenant compte de l’ensemble de ses pénètre chaud et ressort plus froid (ou inversement). Dans un sys-
caractéristiques géologiques. Le dimensionnement de l’ensemble tème réversible, de l’eau froide destinée à rafraîchir le bâtiment est
du système doit bien entendu prendre en compte l’efficacité des pompée en été, et renvoyée additionnée généralement d’eau
composants de fond et de surface, comme indiqué précédemment. chaude issue de capteurs solaires. Inversement en hiver, l’eau
Il est nécessaire de porter attention aux éventuelles modifications chaude est pompée et renvoyée après avoir été refroidie dans le
géochimiques qui pourraient résulter des variations de tempéra- sous-sol. Une pompe à chaleur peut être rajoutée. Les échanges de
ture dans l’aquifère, ainsi qu’à la corrosion des systèmes en chaleur s’effectuent par diffusion thermique dans le massif
contact avec l’eau, tant sur le plan de la maintenance que du coût rocheux. Les paramètres les plus importants pour le dimensionne-
induit. ment du système souterrain sont la conductivité thermique du ter-
Le sous-sol en Hollande (figure 5) [7] est très favorable à rain encaissant et l’efficacité du champ de sondes en termes
l’implémentation de systèmes de stockage de type ATES, ce qui a d’échange de chaleur.
permis à un certain nombre d’entreprises locales d’acquérir un Le rendement est généralement d’autant plus élevé que l’on dis-
savoir-faire très compétitif. La technologie est considérée comme pose d’une roche encaissante compacte, présentant une chaleur
mature. Le retour sur investissement est rapide dans les cas favo- spécifique élevée, sans circulation d’eau, ainsi qu’une conductivité
rables. thermique plutôt moyenne (de manière à ce que la chaleur ne
Un exemple d’ATES bien étudié sur les plans techniques et éco- s’échappe pas dans les terrains avoisinants). La conductivité ther-
nomiques est celui du stockage de froid du Richard Stockton mique du milieu souterrain dépend de la dimension des blocs
College, dans le New Jersey aux États-Unis [8]. Le coût des puits et rocheux, des fractures, de la saturation en eau et des propriétés
de leur installation est largement prépondérant. Il est toutefois sus- intrinsèques des matériaux qui constituent la roche.
ceptible de diminuer après une période d’apprentissage. Un impor- Le champ de sondes peut présenter diverses géométries, mais il
tant retour sur investissement est escompté après 20 ans doit rester compact et respecter certains rapports de dimension,
d’exploitation, ainsi qu’une diminution de l’empreinte carbone de qui dépendent en partie des caractéristiques géologiques, pour
l’établissement. éviter les pertes. La puissance disponible dépend de la conducti-
En France, les conditions favorables sont rarement réunies. Un vité thermique du milieu ainsi que des surfaces en contact, et donc
projet étudié en île de France consiste à utiliser les eaux chaudes du nombre de sondes, de leur profondeur, de leur diamètre, des
produites par une centrale d’incinération d’ordures ménagères, matériaux injectés dans le puits, et de leur disposition. Les condi-
non utilisées en dehors de la période de chauffage hivernal, pour tions de l’équilibre thermique varient au cours des cycles d’exploi-
alimenter un doublet géothermique préexistant. En île de France, tation, au fur et à mesure que les échanges réchauffent ou
des doublets géothermiques permettent d’exploiter les eaux refroidissent le massif. Le retour sur investissement d’un BTES est
chaudes du Dogger situées dans une couche géologique à environ généralement plus long que celui d’un ATES, mais les sites géolo-
1 700 m de profondeur, mais la ressource est très faiblement giques qui s’y prêtent sont plus nombreux et les risques associés
renouvelable et s’épuise lorsque les bulles chaudes et froides se moindres.

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

Garages équipés
de panneaux solaires Maison individuelle
sur le toit à 2 étages 52 maisons individuelles raccordées, de standard
thermique élevé
Ressource en chaleur fournie par 800 collecteurs
Boucle montés à 45 ° et couvrant une surface de 2 300 m2
des capteurs Puissance thermique en crête de 1,6 MW
solaires Fluide caloporteur : eau glycolée
Circuit eau chaude sanitaire séparé
Stockage intersaisonnier (BTES) et à court terme
(nuit) à travers deux étages
Centrale d’énergie
avec réservoirs
thermiques Boucle du réseau
à court terme Stockage de chauffage (sous terre)
thermique reliée aux maisons
saisonnier de la communauté
en puits
(long terme)

Figure 6 – Système de stockage de Drake Landing Solar Community : disposition générale [10]

200 mm d’isolant XPS


Puits
Sable gradué

0,3 m
Eau chaude
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Niveau d’excavation

0,1 m
Eau froide

Tube en U

Eeau
(fluide caloporteur)

Vers Puits
le centre

35 m
d’énergie
Coulis
de ciment

Séparateur
de tubes

Bord extérieur rempli


de sable, isolant et feuille
de polyéthylène 110 mm

144 puits, de profondeur 37 m, séparés de 2,25 m, couvrant une surface d’environ 35 m de diamètre
Tubes en U de 25 mm de diamètre en polyéthylène réticulé
Coulis de ciment étudié pour les transferts de chaleur
Tubes en U regroupés par 6 et chauffant depuis le centre vers l’extérieur avant d’être reliés au bâtiment centralisateur
Champ recouvert d’une couche isolante

Figure 7 – Drake Landing Solar Community : disposition du champ de sondes [10]

On note, sur cet exemple, l’importance du système de régulation


Le champ de sonde de la Drake Landing Solar Community (Alberta, et de sécurité. L’efficacité générale du BTES s’est améliorée au
Canada) est un exemple très bien documenté (figures 6, 7 et 8) [10] cours du temps. En 2012, l’utilisation directe de la chaleur fournie
d’installation BTES, alimentée en chaleur par panneaux solaires qui par les panneaux solaires couvre 54 % de la consommation finale,
vise à couvrir plus de 90 % des besoins de la communauté en la chaleur fournie par le stockage BTES 43 %, et le chauffage au
chaleur. gaz seulement 3 %.

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

2 555,5 GJ 2 026,1 GJ
12 709,1 GJ 2 545,1 GJ
4 042,6 GJ Énergie solaire
Énergie délivrée délivrée à
Centrale
Énergie solaire au HX-2 la boucle
d’énergie
incidente de distribution Énergie totale
Énergie délivrée à
solaire la boucle
délivrée HX-2 de distribution
au STTS Énergie Énergie
extraite Énergie gazeuse
délivrée
du BTES délivrée Boucle de
au BTES
distribution

Énergie solaire 2 499,4 GJ 863,7 GJ


collectée 519,5 GJ

4 274,5 GJ HX-1

Panneaux solaire
Chaudière à gaz
543,6 GJ
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BTES

Figure 8 – Drake Landing Solar Community : rendements des installations [10]

3.2.3 Autres types de stockage en sous-sol température constante en quantité bien plus importante que la
chaleur sensible correspondant à une variation de température
Le stockage de chaleur ou de froid dans les fondations ou limitée.
géostructures prend de l’importance, car il est assez simple à
réaliser, si les bureaux d’études en ont l’expérience (intégration
nécessaire au niveau de la conception). La structure de la fonda-
tion est équipée de tubes par lesquels circule de l’eau qui échange Exemple : la quantité de chaleur nécessaire pour faire fondre un
de la chaleur ou du froid suivant la saison avec le terrain environ- gramme de glace est la même que celle qui permet de faire passer la
nant. Bien évidemment, la fonction stockage ne doit en aucun cas température d’un gramme d’eau de 0 à 83 °C.
altérer la fonction structurelle, interdisant tout risque de gel, et
nécessitant un retour annuel aux conditions initiales. De nom- La quantité d’énergie stockée par chaleur latente massique
breuses installations de stockage dans des pieux sont en construc- dépend de la masse (m ) et de la chaleur latente de fusion ou de
tion en France et dans le monde [9]. vaporisation du matériau (λ ), qui est une donnée physique :
Le stockage de chaleur ou de froid éventuellement par accumu-
lation de neige peut aussi se faire en caverne CTES (Cavern Ther-
mal Energy Storage ).
Si le système est opéré entre deux températures T1 et T2
incluant la température de fusion T, la quantité d’énergie dispo-
3.3 Comparaison économique nible devient :
de systèmes de stockage
intersaisonnier par chaleur sensible
La comparaison entre différentes installations de stockage inter-
saisonnier de chaleur réalisées en Allemagne (figure 9) montre avec cps et cpl capacités thermiques massiques du matériau
que la taille de l’installation est le paramètre prépondérant et que, solide et liquide.
lorsqu’ils sont réalisables, les stockages géologiques semblent les
plus économiques. Ces considérations s’étendent facilement au changement de
phase liquide vapeur.
Le changement de phase liquide-vapeur implique de grands
4. Matériaux à changement changements de volume, rendant en cela son utilisation réversible
peu avantageuse. Sont largement préférés les changements de
de phase phase solide-liquide, qui présentent l’avantage de pouvoir être mis
en œuvre dans des installations beaucoup plus compactes. La cha-
leur latente disponible est toutefois inférieure à celle des change-
4.1 Considérations thermodynamiques ments de phase liquide-vapeur.
La chaleur latente est la chaleur mise en jeu lors du changement
de phase d’un matériau, solide-liquide (figure 10) ou Exemple de l’eau à pression atmosphérique :
liquide-vapeur, et inversement. La chaleur latente est disponible à solide-liquide : 83 cal/g ; liquide-vapeur : 510 cal/g).

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

500
Ilmenau Crailsheim
450
Rottweil

Coût d’investissement (€/m3 d’eau équivalent)


400 Steinfurt

350

300

250 Stuttgart Hanover

Hamburg
200

Eggenstein
150 Munich
Chemnitz
Friedrichshafen
100 Marstal-1 (DK)
Attenkirchen (Hybrid)
Neckarsulm-1
Neckarsulm-2
50 Brædstrup (DK)
Crailsheim Marstal-2 (DK)
Rostock
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0
100 1 000 10 000 100 000
Volume de stockage (m3 d’eau équivalent)

Réservoir (TTES) Aquifères (ATES)


Fosse (PTES) Autres
Puits (BTES)

Figure 9 – Données comparatives d’installations de stockage intersaisonnier en Allemagne

MCP organiques : essentiellement les paraffines mais aussi les


acides gras, les alcools, esters, glycols...
Température (°C)

Chaleur Chaleur latente Chaleur MCP inorganiques : sels et métaux...


sensible sensible MCP eutectiques : mélanges et solutions de matériaux per-
mettant d’ajuster des propriétés : sels hydratés principalement
mais aussi mélanges de matériaux organiques, inorganiques, ou
organiques et inorganiques.

Zone de transition
4.3 Phénomènes relatifs aux MCP
L’emploi des MCP n’est pas aussi simple que peut le laisser
croire la figure 10. Plusieurs phénomènes peuvent venir se greffer
sur le changement de phase.

Solide Solide-Liquide Liquide


Surfusion. Le phénomène de surfusion apparaît lorsque la tem-
pérature du liquide descend plus bas que la température classique
de solidification. La fusion se produit alors par nucléation autour
Enthalpie (J) de la formation d’un premier cristal et se propage. L’inconvénient
est que la température de changement de phase n’est alors plus
respectée. On pallie ce problème par incorporation d’impuretés qui
Figure 10 – Graphe chaleur enthalpie d’un corps avec transition
solide-liquide facilitent l’apparition de la nucléation. Un phénomène similaire de
surchauffe peut se produire au cours de la vaporisation d’une
phase liquide.
4.2 Classification Effet de ségrégation. Ce phénomène concerne les sels hydra-
tés. Il est bien connu que la solubilisation d’un sel dans l’eau
Les matériaux à changement de phase (MCP) sont largement abaisse la température de fusion de l’eau, en fonction de la
connus et ont fait l’objet de nombreuses publications et bases de concentration en sel dissous dans l’eau. Toutefois, la fusion cycli-
données [11]. On les classe généralement en trois catégories : que des sels hydratés se traduit par un effet de ségrégation entre
organiques, inorganiques, et eutectiques, ces derniers étant l’eau et le sel qui diminue l’efficacité du stockage de manière conti-
composés d’au moins deux matériaux, permettant ainsi des ajuste- nue, rapide et irréversible. Ce problème peut être évité par l’inclu-
ments plus fins que les corps purs. sion de matériaux gélifiants comme des polymères [31]. Une autre

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

solution consiste à ajouter un matériau épaississant à l’hydrate de 4.4.2 Propriétés de MCP commerciaux
sel afin d’augmenter la viscosité et de tenir les hydrates de sel
ensemble [13]. Les MCP sont essentiellement utilisés pour la climatisation des
Durée de vie en cyclage. La durée de vie en cyclage corres- bâtiments, et donc à des températures peu élevées. Ceux qui
pond à la durée de vie que l’on peut attendre du matériau suite connaissent les plus importants développements sont les paraf-
aux cycles de fusion-solidification. Infinie pour les corps purs, elle fines et les sels hydratés.
atteint entre 3 000 et 10 000 cycles pour les MCP utilisés dans le Le tableau 3 présente les caractéristiques moyennes de MCP
bâtiment (7 300 cycles en moyenne au bout de 20 ans). commerciaux.
Tenue au feu. Les MCP utilisés dans le bâtiment doivent res-
pecter les réglementations de tenue au feu édictées dans les pays
concernés. Le taux de rejet de la chaleur, et en particulier son pic, Il existe de nombreux fournisseurs de MCP cités en
en est le paramètre le plus important pour la sécurité. Des retarda- [Doc. BE 8 597], parmi lesquels Rubitherm, Climator, Mitsubi-
teurs de feu ou de flamme peuvent être incorporés. shi Chemical Corporation, Cristopia Energy Systems (français),
Corrosion. La plupart des sels hydratés sont corrosifs et cela BASF [12]...
doit être pris en compte dans le choix des matériaux constitutifs de
leur encapsulation. Certains MCP permettent de couvrir des gammes de tempéra-
tures plus étendues, allant de – 50 °C jusqu’à près de 100 °C pour
des applications spécialisées notamment en conservation des pro-
4.4 Propriétés duits alimentaires, produits médicaux, espace, confort thermique
dans véhicule, électronique, vêtements...
4.4.1 Domaines d’utilisation
4.4.2.1 MCP organiques
Sur le diagramme de la figure 11, les différents types de maté-
riaux à changement de phase sont comparés, en termes de Ce sont essentiellement les paraffines (CnH2n+2) mais aussi les
domaines d’utilisation en température et de chaleur de fusion. acides gras, esters, alcools, glycols...
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Enthalpie de mélange (kJ)

Sels et leurs mélanges


500 eutectiques
Gaz hydratés Sucres
400 alcools
Eau Sels hydratés
300 et leurs mélanges
Eutectiques
200 sel-eau
Paraffines
100

0
– 100 0 100 200
Température (°C)

Figure 11 – Enthalpie et température de fusion de différents types de matériaux à changement de phase

Tableau 3 – Caractéristiques moyennes de matériaux à changement de phase commerciaux


(sels hydratés et paraffines) comparées à l’eau
Température Chaleur latente Capacité thermique Conductivité
Masse volumique
Types fusion massique massique thermique
(°C) (kg/m3) (kJ/kg) (kJ · kg—1 · K–1) (W · m–1 · K–1)
Sels hydratés 7 à 34 1 300 à 2 100 150 à 230 1,9 à 3,6 0,4 à 1
Paraffines 18 à 31 770 à 880 (1) 130 à 230 1,9 à 2,2 0,2
Eau 0 1 000 334 1 0,6
(1) Dans le cas des paraffines, les chiffres donnés pour la masse volumique correspondent à la valeur liquide et à la valeur solide (assez fort changement de
volume).

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

Tableau 4 – Caractéristiques des paraffines Tableau 5 – Caractéristiques de quelques sels


linéaires en fonction du nombre d’atomes hydratés
de carbone
Température Chaleur latente
Température Chaleur latente Sels hydratés fusion massique
Nombre d’atomes fusion massique
de carbone (°C) (kJ/kg)
(°C) (kJ/kg)
K2HPO46H2O 14 109
14 5,5 228
LiNO32H2O 30 296
15 10 205
CaCl22H2O 29,8 109
16 16,7 237
KFe(SO4)212H2O 33 173
20 36,7 246
CaNO34H2O 47 153
29 49,4 238

4.4.2.3 MCP utilisables à température élevée


Le tableau 4 présente les caractéristiques des paraffines
linéaires. On peut citer les avantages et inconvénients suivants des Aux températures élevées, on peut utiliser des métaux ou des
paraffines comme matériaux de changement de phase. sels fondus. Les propriétés de quelques matériaux pouvant être
utilisés sont présentées sur le tableau 6.
Avantages : chaleur latente massique comprise entre 120 et
On note que l’aluminium présente des caractéristiques particu-
230 kJ/kg, inertes chimiquement, compatibilité avec les matériaux
lièrement intéressantes.
du bâtiment, pas de ségrégation, faible pression de vapeur, longue
durée de vie en cyclage, matériaux recyclables.
Inconvénients : conductivité thermique faible, notamment en
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phase solide, variation de volume importante lors du changement


4.5 Méthodes d’étude des propriétés
de phase, inflammables, prix généralement élevés. des MCP
Améliorations possibles : addition de produits antifeu, ajout
de systèmes de protection, additifs (graphite) pour améliorer la 4.5.1 Méthodes expérimentales
conductivité thermique.
Diverses méthodes d’étude des propriétés des MCP existent :
Les acides gras présentent de nombreux avantages, tels qu’une
– les méthodes calorimétriques classiques, par obtention du
fusion congruente, une chaleur latente élevée, une bonne résis-
diagramme température temps ;
tance au feu, une absence de toxicité, une faible surfusion, une
– le calorimétrie différentielle à balayage DSC (Differential
faible variation de volume, ainsi qu’une bonne stabilité physique et
Scanning Calorimetry ) qui permet de comparer les caractéris-
chimique, mais ils sont pénalisés par des coûts élevés |3].
tiques du matériau à mesurer avec celles d’un matériau de réfé-
rence et d’atteindre le diagramme de l’énergie en fonction du
4.4.2.2 MCP inorganiques temps ;
– l’analyse thermique différentielle DTA (Differential Thermal
Ce sont les sels hydratés, mais aussi les sels fondus, les métaux Analysis ), qui est similaire à la méthode DSC, mais la quantité de
purs et les alliages métalliques. chaleur transférée à l’échantillon et à l’échantillon de référence est
Le tableau 5 présente les caractéristiques de quelques sels la même, les différences de température étant mesurées durant le
hydratés. On peut citer les avantages et inconvénients suivants des changement de phase.
sels hydratés comme matériaux de changement de phase.
Avantages : chaleur latente élevée, densité élevée, conductivité 4.5.2 Éléments de calcul
thermique relativement élevée, ininflammables, peu coûteux.
Les méthodes analytiques fournissent des solutions exactes
Inconvénients : surfusion, risque de séparation et de ségréga- mais sont généralement limitées à des problèmes monodimen-
tion des phases, corrosion, dégradation des propriétés thermiques sionnels avec des conditions aux limites bien déterminées. Les
dans le temps. problèmes réels sont généralement plus complexes, les propriétés
Améliorations possibles : addition d’agents de nucléation, thermophysiques pouvant varier avec les phases, la température,
préparation soigneuse, additifs pour stabiliser sur le long terme. la concentration et les mécanismes de transport. La modélisation

Tableau 6 – Caractéristiques de quelques matériaux susceptibles d’être utilisés


à température élevée
Température Chaleur latente Capacité thermique Conductivité
Masse volumique
Types fusion massique massique thermique
(°C) (kg/m3) (kJ/kg) (kJ · kg–1 · K–1) (W · m–1 · K–1)
Aluminium 660 2,7 335 0,9 237
Fer 1 535 7,8 207 0,45 80
Sel fondu (1) 260 2,2 160 1,53 0,8
(1) 60 % de nitrate de sodium et de 40 % de nitrate de potassium.

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et la simulation par calcul sur ordinateur fournissent aujourd’hui – grande chaleur latente ;
l’approche la plus économique et la plus rapide. La modélisation – grande densité ;
mathématique se divise en une méthode basée sur la température – faible coût ;
et une méthode basée sur la quantité de chaleur utilisée ou relâ-
– faible dangerosité, compatibilité environnementale ;
chée dans l’environnement.
– stabilité dans le temps ;
Dans la méthode basée sur la température, le domaine – fiabilité des matériaux de confinement ;
modélisé est divisé en ses deux phases traitées séparément, sépa-
rées par l’interface où se produit le changement de phase. Le – faible surfusion.
volume occupé par chacune des phases varie avec le temps. Les
trois équations aux dérivées partielles de conservation de l’énergie
sont posées pour chacune des régions, et les solutions de ces 5.2 Conditionnement des matériaux
équations sont résolues par les flux d’énergie à travers l’interface. à changement de phase
Les conditions à l’interface doivent être suivies en résolvant les
équations simultanément, ce qui nécessite un maillage évolutif. Compte tenu d’un changement de phase réversible
Dans la méthode basée sur l’enthalpie, l’équation du change- solide-liquide, les MCP vont généralement être conditionnés de
ment de phase avec transfert de chaleur par conduction, à caracté- manière à ce que la phase liquide ne s’écoule pas. Ensuite, pour
ristiques thermophysiques constantes, s’écrit : pallier les problèmes de surfusion ou de ségrégation des sels
hydratés, ou les problèmes d’inflammabilité et de conductibilité
thermique des paraffines, des matériaux supplémentaires peuvent
être incorporés en quantité déterminée. Les matériaux utilisés pour
contenir les MCP doivent eux-mêmes être bons conducteurs,
avec H enthalpie volumique, capables de subir le même nombre de cycles de température et de
k conductivité thermique, déformation, résister à la corrosion et être compatibles avec les
conditions d’utilisation, avec les matériaux de construction, dans
T température lesquels ils vont être éventuellement incorporés, ainsi qu’avec
L’enthalpie volumique H peut être définie par : l’environnement.
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On distingue différentes techniques de conditionnement.


– La technique la plus économique est l’introduction directe
avec h(T) enthalpie sensible volumique, fonction de la tempéra- du MCP dans le matériau de construction (béton, gypse...) ; des
ture, suintements peuvent en résulter.
ρs masse volumique de la phase solide, – Le conditionnement par macroencapsulation dans des pan-
L chaleur latente massique relâchée par le matériau lors neaux, sphères, tubes permet de réaliser des petits conteneurs,
de sa fusion, facilement manipulables mais présentant un faible coefficient de
f (T ) fraction liquide, fonction de la température. transfert de la chaleur.
L’équation gouvernant le système complet devient : – Le conditionnement par microencapsulation (enveloppes de
très petites dimensions, pouvant descendre à 20 μm) (figure 12) ; il
permet d’améliorer la compatibilité des matériaux ainsi que les
transferts thermiques, se prête bien à l’addition d’agents divers et
à la stabilité du mélange ; les microcapsules peuvent être disper-
L’avantage de cette méthode est qu’il n’est pas nécessaire de sées et circuler dans des liquides (eau...).
suivre le changement de phase sur la frontière et cela simplifie
l’implémentation de l’algorithme numérique. Le matériau d’encapsulation des sels hydratés doit être hydro-
phobe afin de ne pas induire de modification de la teneur en eau
du mélange.
Il existe des logiciels cités en [Doc. BE 8 597] qui prennent
en compte les capacités des MCP dans l’implémentation des
bilans thermiques et énergétiques des bâtiments tels que 5.3 Exemples d’applications
TRNSYS, Energy Plus, Esp-r, [3].
Les applications potentielles des matériaux à changement de
phases sont nombreuses. Toutefois, le retour sur investissement
est en général relativement long, ce qui pénalise leur
diffusion [17].
5. Applications
des matériaux 5.3.1 Réservoirs d’eau chaude
à changement de phases Dans le paragraphe 3.1.2 a été décrit un chauffe-eau solaire
équipé d’un réservoir d’eau chaude pour accumuler celle-ci lors
des périodes d’ensoleillement et la réutiliser ultérieurement. L’eau
Les principales applications des matériaux à changement de présente dans le réservoir est stratifiée gravitationnellement entre
phase concernent le chauffage et la climatisation des bâtiments. eau chaude en haut et eau froide en fond. Une utilisation poten-
tielle des matériaux à changement de phase consiste à introduire,
dans la partie supérieure, une quantité adaptée de ceux-ci, pour
5.1 Critères de choix améliorer la capacité de stockage sans influer sur la délicate strati-
fication. Certaines références proposent d’en utiliser un autre aussi
Les principaux critères de choix à prendre en compte, dans le dans le fond. On note toutefois que les bonnes caractéristiques de
cas notamment des applications au bâtiment, aujourd’hui de loin capacité thermique massique de l’eau, conjuguées à un coût très
les plus nombreuses, sont les suivants : faible, limitent fortement ce type d’applications, généralement esti-
– température de fusion en accord avec l’application ; mées trop coûteuses.

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Rubitherm PK Rubitherm PX Rubitherm GR

Figure 12 – Exemples de microencapsulation (doc. Rubitherm)

5.3.2 Climatisation passive par les cloisons Nodules


Les cloisons (sols, planchers, plafonds) des maisons sont fabri- Entrée
quées avec un contenu en MCP sous diverses formes. La tempéra- stockage
ture de fusion du matériau est choisie de façon à ce que, lorsque la
température s’élève, le matériau solide change de phase en absor-
bant la chaleur de la journée, contribuant à stabiliser celle-ci à des
températures acceptables ou moins élevées. Il est nécessaire tou-
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Sortie
tefois pour que le système soit efficace que la température de la stockage
nuit soit suffisamment basse et la pièce aérée pour permettre la
solidification inverse du matériau, stabilisant à nouveau cette tem-
pérature à la température de fusion. De nombreux travaux ont été
menés sur cette application. On note qu’en cas de très fortes cha-
leurs, la température de fusion peut ne pas être retrouvée durant la Le sens d’écoulement est à inverser pour le déstockage
nuit, et qu’à ce moment le système devient inopérant. Figure 13 – Cuve horizontale avec drainage vertical [11]

5.3.3 Stockage de froid


5.3.3.2 Stockage de froid par sels eutectiques
La production de froid pour la climatisation des bâtiments ou De tels produits ainsi que les services associés sont proposés
pour diverses applications industrielles ou commerciales notamment par la société française Cristopia [BE 9 775] [16]. Les
consomme de grandes quantités d’électricité. Il est donc particuliè- MCP utilisés sont formés par un mélange eutectique encapsulé dans
rement intéressant d’essayer de produire du froid pendant les un nodule sphérique soigneusement réalisé, dont la paroi est consti-
périodes où l’électricité n’est pas chère (par exemple, durant la tuée d’une polyoléfine suffisamment épaisse pour empêcher toute
nuit) ou disponible en grande quantité (production éolienne ou migration, tout en acceptant les variations cycliques de volume
solaire surabondante), et de la stocker pour pouvoir utiliser le froid imposées par le processus de stockage-déstockage. Les nodules
créé dans la climatisation de bâtiments. sont ensuite enfermés dans une cuve dimensionnée pour l’applica-
tion et dans laquelle le fluide caloporteur va circuler (figure 13).
5.3.3.1 Fabrication et stockage de glace
Lorsque l’électricité est peu chère (la nuit) et que le besoin de cli-
matisation est faible, le système de réfrigération refroidit les
nodules, la transition liquide-solide permettant de stocker le froid.
Sur ce sujet, consulter les articles [BE 9 775] et [BE 9 321]. Dans la journée, lorsque le besoin de froid est important et l’élec-
tricité chère, le système de réfrigération utilise le froid accumulé,
ce qui permet de diminuer la consommation d’électricité. De plus,
La base de données du DOE [15] recense 114 installations opéra-
cela permet de sous-dimensionner le système par rapport au
tionnelles dans ce domaine, essentiellement aux États-Unis, pour
besoin de la pointe. Un gain de 30 à 70 % sur la taille du groupe de
une puissance de 80 MW, et trois projets à venir pour une puis-
froid, ainsi que sur la puissance souscrite en pointe, peut être
sance de 36 MW.
obtenu d’après le fournisseur du système, ainsi que de nombreux
autres avantages [16]. Bien entendu, le système doit être équipé de
Exemple capteurs et piloté de manière adéquate.
On note qu’il existe à La Défense la plus importante unité de
stockage de glace d’Europe, d’une capacité de 240 MWh. Trois
groupes frigorifiques d’une puissance unitaire de 8 MW produisent et
envoient de l’eau glycolée à – 7 °C dans les batteries multitubulaires 6. Stockage par sorption
immergées dans six bassins de 1 000 m3 unitaire. Au contact des
tubes, l’eau gèle progressivement par création de couches succes- et réactions
sives et homogènes de glace autour de chaque épingle des batteries
(épaisseur maximale de 7 cm). La glace en s’épaississant joue un rôle
thermochimiques
d’isolant, diminuant l’efficacité dans le temps du système. Au cours
du destockage, l’eau glacée (0 °C) des bassins est pompée et L’exploitation de la chaleur disponible dans un matériau sous
envoyée vers les utilisateurs via un échangeur, puis après réchauffe- forme de chaleur sensible ou de chaleur latente nécessite généra-
ment, réintroduite dans le bassin. lement une importante isolation thermique et se perd dans le

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temps. Il existe d’autres possibilités de stocker la chaleur sans forme de vapeur d’eau est directement relâché dans l’atmosphère,
pertes thermiques par des systèmes à sorption ou des réactions la chaleur de condensation étant cédée directement à l’atmos-
thermochimiques réversibles. phère. Les systèmes fermés utilisent un circuit fermé pour récu-
pérer le fluide et la chaleur est relâchée à l’extérieur par
l’intermédiaire d’un échangeur de chaleur.
6.1 Généralités On distingue l’adsorption l’absorption et les réactions chimiques
proprement dites.
Une réaction thermochimique réversible est endother- Une étude menée pour les applications au froid a présenté les
mique dans un sens, exothermique dans l’autre. Le stockage données du tableau 7 pour ces trois types de réactions [18].
thermochimique consiste à utiliser une réaction de ce type pour La plupart de ces données sont calculées pour une température
stocker la chaleur (ou le froid) lorsque la chaleur est en excès et de refroidissement de 5 °C, une température ambiante de 35 °C et
la restaurer en fonction des besoins. En séparant et en conser- une température de chauffage de 120 °C. La densité d’énergie est
vant indépendamment les produits de réactions, il est possible basée sur la masse totale des produits à la fin du processus de
d’éviter les pertes thermiques dans le temps, ce qui rend ce sorption. Les procédés d’adsorption présentent des densités
type de système particulièrement adapté au stockage intersai- d’énergie relativement plus faibles.
sonnier de chaleur solaire. Les critères de sélection des réactions thermochimiques sont :
– grande capacité de sorption du soluté (fluide) dans le sorbant ;
Par ailleurs, la densité d’énergie que l’on peut en attendre est – densité d’énergie élevée à la température de fonctionnement ;
élevée et susceptible d’apporter une plus grande compacité des – températures de fonctionnement adaptées et compatibles avec
systèmes. l’utilisation ;
– puissance disponible du système adaptée ;
Une réaction réversible de ce type s’effectue à une température
– possibilité de transport massique réversible du soluté vers le
d’équilibre Tm qui peut être déterminée en connaissant l’enthalpie
sorbant ;
libre G, qui est minimale à l’équilibre :
– bonne mixtion des produits, cyclabilité du procédé ;
– compatibilité environnementale des produits ;
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– compatibilité avec l’habitat (risques incendie, corrosion,


santé...) ;
– si la température augmente, la réaction évolue dans le sens – prix d’investissement et d’entretien minimaux.
endothermique (étape de stockage) et va donc fournir des produits Ces critères étant souvent contradictoires, un optimum doit être
de réaction qui peuvent être stockés ; recherché. Les dispositifs qui permettent ensuite d’opérer la réac-
– si la température diminue, les produits stockés remis ensemble tion durant les périodes d’été (apport de chaleur et séparation des
vont réagir pour redonner le composé initial en fournissant de la produits de réaction) et d’hiver (récupération de chaleur avec
chaleur. recombinaison des produits de réaction) sont complexes à mettre
De manière à disposer d’une densité importante d’énergie stoc- en œuvre et à piloter, ce qui contribue à réduire sensiblement la
kée, le matériau utilisé doit présenter une variation d’entropie quantité d’énergie stockée par rapport à la quantité d’énergie théo-
importante entre l’état initial et l’état final au cours du stockage. rique.
Cela favorise les transformations faisant passer un constituant
d’une phase solide à une phase gazeuse.
6.2 Stockage par adsorption
Dans la plupart des cas pratiques, les réactions sont les
suivantes : L’adsorption est un phénomène physico-chimique par
– réaction endothermique (stockage) : lequel des atomes ou des molécules de gaz ou de liquides
(adsorbats) se fixent sur une surface solide (adsorbant) selon
divers processus comme les interactions de Van der Waals ou
– Réaction exothermique (déstockage) : les interactions dipolaires. Les adsorbats peuvent être des gels
de silice, des zéolithes, des charbons actifs, de l’alumine acti-
vée, des polymères...
Il existe évidemment des réactions plus complexes, mettant
en œuvre plusieurs produits et des liquides.
Dans les réactions de sorption, A est le sorbant, qui est L’adsorption physique, ou physisorption, met en jeu les forces
solide ou liquide, et B le soluté. de Van der Waals. Les systèmes mettant en œuvre de l’air humide
sont les plus courants. Le passage d’air chaud sur l’adsorbant pro-
voque la désorption de l’eau, qui est relâchée dans l’atmosphère.
Les systèmes de stockage thermochimique sont généralement Inversement l’introduction d’air frais chargé en eau va entraîner
divisés en deux types. Dans les systèmes ouverts, le soluté sous l’adsorption de celle-ci, avec émission de chaleur.

Tableau 7 – Densité d’énergie de différents matériaux combinés avec l’eau pour les applications
du froid [18]
Adsorption Absorption Réaction solide-gaz
H2O – zéolithe 4A : 23 Wh/kg NH3 – H2O : 110 Wh/kg H2O – Na2S : 353 Wh/kg
H2O – gel de silice : 40 Wh/kg H2O – NaOH : 277 Wh/kg H2O – MgCl2 : 233 Wh/kg
H2O – CaCl2 : 271 Wh/kg
H2O – LiCl : 197 Wh/kg

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objectifs requièrent l’utilisation d’un diagramme de Merkel qui ren-


seigne sur l’enthalpie de la solution liquide (ou absorbant) et de la
vapeur de soluté (absorbat). Il existe des logiciels de calcul qui, à
partir des équations d’état, donnent ces renseignements de façon
précise et fiable.
Le système LiBr/H2O est d’usage courant en conditionnement
d’air, pour réaliser des cycles frigorifiques opérant à partir d’une
source thermique. En stockage de chaleur, il a été étudié dans dif-
férents cas [22]. La capacité maximale susceptible d’être atteinte
par le sel pur est de 1 535 kJ/kg pour une température de 74 °C et
une concentration de sel en phase aqueuse de 60 %. Maîtriser la
cristallisation pourrait permettre d’améliorer ces données. Il pré-
sente de nombreux avantages et est un très bon candidat pour le
Figure 14 – Zéolithes X [20] chauffage ou la réfrigération du bâtiment, mais son prix est élevé
et peu propice à une application commerciale. On note sur la
figure 15 [21] que si les températures semblent bien adaptées, les
Pour être efficace l’adsorption va demander de grandes surfaces pressions sont très basses et varient au cours du cycle, obligeant à
de matériau. La mise en œuvre de zéolithes sous différentes une bonne étanchéité et à l’utilisation de matériels de régulation
formes (essentiellement des billes) a été proposée et étudiée [19]. qui vont impacter le bilan énergétique global. Les pertes de charge
sont également pénalisantes.
Dans le cycle proposé sur la figure 15, la solution pauvre issue
Les zéolithes (figure 14) [20] sont des matériaux cristallins
de l’hiver est chauffée de l’état 1 à l’état 3 par l'énergie solaire, à
microporeux d’aluminosilicates, de formule générale
une concentration constante d’environ 45 % (phase d’été). Au point
M2/n·Al2O3·xSiO2 ·yH2O, dans lequel M2/n est un cation
2, la vapeur d’eau est condensée à la température ambiante (ici
assurant la neutralité électrique de l’ensemble, et y est le
30 °C). De l’état 3 à l’état 4, l'énergie solaire est utilisée continuelle-
nombre de molécules d’eau. Du fait de sa structure micro-
ment pour chauffer la solution et réaliser la désorption jusqu’à
poreuse, une zéolithe peut disposer d’une très grande surface,
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78 °C. De l’état 4 à l'état 5, la solution riche est stockée de l'été à


jusqu’à 1 000 m2 pour un gramme. Un très grand nombre de
l'hiver et sa température diminue progressivement, ici jusqu’à
ces produits existent sur le marché.
25 °C. De l’état 5 à l'état 1, la solution est mise en contact avec de
l’eau vaporisée à 10 °C. La chaleur d’absorption produite peut être
Le principe d’un stockage par adsorption ouvert consiste à utilisée pour le chauffage de l’habitat (ici à une température supé-
chauffer en été le substrat, généralement par chaleur solaire, pour rieure à 25 °C).
en désorber l’eau, qui est relâchée dans l’air ambiant. En hiver, de
l’air ambiant est introduit pour réaliser l’étape d’adsorption exo-
thermique et récupérer la chaleur. L’application d’un tel système a été étudiée pour une maison dans
la région de Chambéry. Il est indiqué qu’avec 14 m2 de capteurs
La capacité d’adsorption détermine la quantité d’énergie dispo- solaires, il faut environ 7 t de LiBr (soit environ 8 m3 de solution) pour
nible en fin d’été. On note que la puissance disponible en hiver va satisfaire totalement les 1 800 kWh des besoins annuels d’une mai-
dépendre de la circulation de grandes quantités d’air et de son son passive. Ces résultats devront évidemment être confrontés avec
humidité. Enfin, le collecteur de chaleur solaire doit être bien ceux issus de l’expérimentation.
dimensionné et pouvoir fournir de la chaleur à des températures
relativement élevées, souvent largement supérieures à 100 °C. La mise en œuvre pratique d’un tel cycle, ainsi que l’assurance
de sa réversibilité et les besoins en puissance, est délicate et fait
l’objet de travaux de recherche. Par exemple, pour de nombreux
De nombreux travaux incluant la construction de pilotes ont sels durant leur hydratation, une croûte se forme en surface qui
été menés sur des adsorbants zéolithes ou gels [2] [3]. empêche la diffusion de l’eau dans le matériau. Une option envisa-
gée consiste à disperser alors le sel sur un matériau poreux tel que
par exemple une zéolithe, par ailleurs elle aussi efficace pour cap-
ter l’eau par adsorption.
6.3 Stockage par absorption
Les réacteurs susceptibles de mettre en œuvre et piloter ces pro-
cessus sont complexes à mettre en œuvre et à piloter [2] [3].
Alors que l’adsorption est opérée en phase solide, l’absorp-
tion est opérée en phase liquide, dans un solvant. La désorp-
tion est endothermique et l’absorption exothermique, 6.4 Stockage chimique
permettant ainsi suivant le sens de la réaction de stocker de la
chaleur ou du froid. Les énergies massiques sont plus impor- De nombreuses réactions thermochimiques réversibles comme
tantes que dans le cas de l’adsorption mais la mise en œuvre et celles citées dans le tableau 8 peuvent être utilisées.
la cyclabilité dans le volume peuvent être complexes à obtenir.
Les densités d’énergie sont basées uniquement sur les données
concernant les matériaux. Compte tenu de l’ensemble des irréver-
Il existe différents systèmes soluté/solvant pouvant être utilisés. sibilités, la densité d’énergie réelle est beaucoup plus faible, par
Le soluté peut être l’eau, le solvant étant alors une phase aqueuse exemple 0,45 à 0,9 GJ/m3 pour la réaction MgO/H2O [3], mais cette
contenant un sel, une base ou un acide en solution (par exemple : densité reste 4 à 7 fois plus importante que celle que l’on obtient
LiBr, LiCl, CaCl2 , MgSO4 , NaOH). On utilise aussi l’ammoniac avec la chaleur sensible de l’eau.
comme soluté et l’eau comme solvant. Par ailleurs, si la réaction a lieu à haute température, les produits
Les états physiques des différents points caractéristiques du peuvent certes être stockés à l’ambiante pendant un temps indéfini
cycle à absorption sont donnés par un diagramme d’Oldham, qui mais pour réactiver le système, il faut fournir à nouveau une
donne la teneur de la solution en soluté en fonction de la tempéra- importante énergie pour le remonter en température. Et si le gaz
ture et de la pression. Ce diagramme ne permet toutefois pas n’est pas de l’eau, il est nécessaire de disposer d’un réservoir sous
l’étude énergétique, ni le dimensionnement du stockage. Ces pression de grande dimension pour le stocker.

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Concentration en LiBr
EAU (masse LiBr/masse solution)
Pression (mbar) PURE 40 % 45 % 50 % 55 % 60 % 65 % 70 %
100

50
Pvs = Pid 3 4

Courbe de cristallisation
2
Pvw = Ppa 1
10

5
MLiBr = 87 g/mol
MH2O = 18 g/mol

1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120
Tw Ta Ts Td
Température (°C)
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Figure 15 – Exemple d’un cycle de fonctionnement pour LiBr/H2O (diagramme d’Oldham [21])

inépuisables, mais aussi l’inconvénient d’être diffuses, variables et


Tableau 8 – Réactions thermochimiques déconnectées par rapport à la demande. Elles sont de plus, du fait
Température de leur conversion directe en électricité, non stockables directe-
Densité de réaction ment. Leur stockage s’effectue alors sous forme d’une transforma-
Réaction tion réversible en un potentiel de type gravitationnel (stations de
d’énergie
(°C) transfert d’énergie par pompage STEP), air comprimé (Com-
pressed Air Energy Storage et leurs dérivés), ou électrochimiques
2NH3 ↔ N2 + 3H2 67 kJ/mol 400 à 500
(nombreux types de batteries), voire hydrogène [23].
Ca(OH)2 ↔ CaO + 3H2 3 GJ/m3 500 De la chaleur à haut niveau de température est produite dans les
centrales solaires thermodynamiques. Cette chaleur est alors utili-
CaCO3 ↔ CaO + CO2 4,4 GJ/m3 800 à 900 sée pour produire de la vapeur et de l’électricité à travers un cycle
FeCO3 ↔ FeO + CO2 2,6 GJ/m3 180 de Rankine ou dérivé.
Si l’emploi de la biomasse énergie s’apparente à celle des éner-
MgO + H2O ↔ Mg(OH)2 3,3 GJ/m3 250 à 400 gies fossiles, stockables en amont de leur transformation en élec-
tricité, il n’en est pas de même pour les centrales solaires
thermodynamiques, qui ne peuvent produire de l’énergie que
6.5 Conclusion quand le soleil est présent. La chaleur à haute température peut
être néanmoins stockée, permettant d’éviter les intermittences en
Malgré les performances potentielles prometteuses de la sorption cas de nébulosité, et autorisant une production d’électricité en
et des réactions thermochimiques et une recherche active, la mise continu après le coucher du soleil, fournissant ainsi un service
en œuvre de systèmes susceptibles de les exploiter économique- équivalent aux centrales thermiques classiques ou nucléaires.
ment se heurte à de nombreux défis, tels que la sélection des maté-
riaux, leur caractérisation, la maîtrise des transferts de masse et de
chaleur, la cyclabilité, notamment lors de la phase d’hydratation, et 7.1 Stockage de chaleur associé
le dimensionnement de réacteurs simples, efficaces et pilotables. aux centrales solaires
thermodynamiques
7. Stockage de chaleur haute 7.1.1 Rappel sur les centrales solaires
température associé thermodynamiques

à la production Le principe d’une centrale solaire thermodynamique est de


concentrer les rayons du soleil à l’aide de miroirs vers un foyer où
d’électricité circule un fluide qui est ainsi chauffé à haute température. La cha-
leur produite est transformée en électricité généralement via un
cycle de Rankine, sauf pour les concentrateurs solaires parabo-
Les énergies renouvelables produisant directement de l’électri- liques qui concentrent le rayonnement vers un moteur Stirling
cité (énergies éolienne, solaire photovoltaïque, énergies marines...) pour générer directement l’électricité. La chaleur générée peut être
présentent l’avantage d’utiliser des ressources d’énergie propres et stockée, permettant ainsi de maintenir la production en cas de

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

395 °C

365 °C

385 °C

294 °C

300 °C

Champ Stockage Bloc


solaire thermique de puissance
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Figure 16 – Centrale solaire à miroirs paraboliques, stockage indirect à deux réservoirs

nébulosité ou après le coucher du soleil. Il existe deux grands quantités variables, depuis une simple réserve permettant d’effa-
types de centrales solaires à concentration, les centrales à miroirs cer le passage de nébulosités, jusqu’à des capacités permettant
paraboliques et les centrales à tour [BE 8 903]. d’atteindre la pointe de demande du soir, sinon la nuit entière [24].
Lorsque ces capacités ne sont pas mises en œuvre, la turbine est
7.1.1.1 Centrales solaires à miroirs paraboliques alimentée la nuit par un combustible classique, du gaz naturel le
plus souvent.
Dans ce type de centrale (figure 16), aujourd’hui le plus
répandu, des miroirs paraboliques de grande longueur suivent le Lorsqu’il s’agit de réserves de courte durée (une à deux heures
soleil suivant un seul axe et concentrent le rayonnement sur un par exemple), le fluide utilisé est le fluide caloporteur (huile,
tube dans lequel circule le fluide caloporteur, généralement une vapeur d’eau sous pression, sels fondus). Pour les stockages de
huile minérale, mais parfois aussi de la vapeur d’eau, qui est por- plus longue durée l’examen des systèmes existants indique l’utili-
tée à des températures de l’ordre de 400 °C. La taille des champs sation très majoritaire de sels fondus.
de miroirs n’est pas limitée et permet de construire des centrales
de grande puissance, mais le rendement de la conversion en élec-
7.1.2.1 Stockages par sels fondus
tricité, du fait d’une température plus limitée du fluide circulant,
est moindre que celui que peuvent atteindre les centrales à tour. Les sels fondus présentent les caractéristiques générales
De la vapeur d’eau sous pression est générée par chauffage à tra- suivantes :
vers des échangeurs si le fluide est de l’huile, ou directement
lorsque la vapeur d’eau est générée dans le collecteur. La vapeur – bonnes capacité thermique et viscosité ;
est ensuite détendue dans une turbine classique couplée à un – conductivité thermique moyenne ;
alternateur, puis condensée. Une variante de ce type de centrale – plage de températures utilisables de 120 à 600 °C ;
est dite à miroirs de Fresnel, le collecteur étant formé par un
assemblage de miroirs plans, moins coûteux que les miroirs para- – densité 1,6 à 2 ;
boliques. – non toxiques ou inflammables, mais corrosifs.
Sur le tableau 9 sont présentées les caractéristiques de quelques
7.1.1.2 Centrales à tour
mélanges de sels fondus, désignés par les marques des fournis-
Dans ce type de centrale (figure 17), une grande quantité de seurs. Les températures maximales d’utilisation correspondent à la
miroirs plans suit la course du soleil suivant deux axes et limite au-delà de laquelle le matériau se dégrade, notamment en
concentre le rayonnement sur un foyer, situé en hauteur sur une cyclage.
tour, dans lequel est réchauffé le fluide caloporteur, qui peut être
un sel fondu, ou de l’eau transformée ainsi en vapeur sous pres- Le stockage de chaleur de grande capacité associé aux installa-
sion. Les températures atteintes peuvent être plus élevées que tions solaires thermodynamiques comporte deux réservoirs de
dans les centrales à miroirs paraboliques, permettant de meilleurs sels, l’un à haute température, l’autre à basse température, avec
rendements, mais les dimensions de chaque miroir sont limitées, des niveaux de remplissage qui sont fonction de l’état de
afin de pouvoir réaliser une focalisation correcte, et les énergies charge-décharge. Il existe deux concepts commercialement dispo-
collectées unitaires sont plus faibles. nibles de réservoirs de sels fondus, suivant que le système de
stockage est direct ou indirect.

7.1.2 Stockage d’énergie associé Dans le système de stockage indirect, associé aux centrales
solaires à miroirs paraboliques, les deux réservoirs sont découplés
L’avantage des centrales solaires à concentration sur le solaire du système de circulation du fluide caloporteur (huile minérale)
photovoltaïque est que le fluide chaud produit peut être stocké en par des échangeurs.

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

Foyer

565 °C

Sel chaud Sel froid


290 °C

Échangeur

Bloc de puissance

Figure 17 – Centrales solaires à tour, stockage direct à deux réservoirs

Tableau 9 – Caractéristiques comparées de sels fondus et d’une huile minérale


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Therminol VP1
Caractéristique Solar Salt Hitec Hitec XL
(huile)
Composition (%) :
NaNO3................................................................................... 60 7 7
KNO3 ..................................................................................... 40 53 45
NaNO2................................................................................... 40
Ca(NO3)2 ............................................................................... 48
Température de fusion .................................................(°C) 220 142 120 13
Température maximale.................................................(°C) 600 535 500 400
Masse volumique à 300 °C .....................................(kg/m3) 1 900 1 640 1 990 815
Viscosité à 300 °C ..........................................................(cp) 3,26 3,16 6,37 0,2
Capacité thermique massique à 300 °C ..... (J · kg–1 · K–1) 1 495 1 560 1 447 2 319
Conductivité thermique .............................. (W · m–1 · K–1) 0,8 0,8 0,8 0,1 à 0,7

Tableau 10 – Comparaison d’un stockage direct associé à une tour et d’un stockage indirect associé
à une centrale à miroirs paraboliques [25]
Stockage direct Stockage indirect
Caractéristique
Gemasolar Andasol 1
Énergie thermique stockée.................. (MWh) 1 000 (environ) 1 010
Masse de sels ............................................... (t) 8 500 28 500
Température basse.................................... (°C) 290 290
Température haute.....................................(°C) 565 385

Dans le système de stockage direct, le sel est en même


temps le fluide caloporteur et le matériau de stockage.
Le premier système commercial de ce type a été réalisé pour la
centrale solaire Andasol 1 en Andalousie en 2009. La température du Le premier de ces systèmes fut démontré au Sandia National Labo-
réservoir chaud est limitée par la température du fluide caloporteur ratory en 1996, associé à une centrale à tour.
des centrales à miroirs paraboliques, de l’ordre de 400 °C. Les deux En 2011, la tour commerciale solaire Gemasolar en Andalousie était
réservoirs associés ont un diamètre de 14 m et une hauteur de 36 m, commissionnée avec un tel système. Son stockage direct permet une
ce qui permet d’assurer 7,5 h de fonctionnement à plein rendement autonomie de 15 h, et donc une disponibilité 24 h sur 24
(tableau 10) [25]. (tableau 10) [25].

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___________________________________________________________________________________________________________ STOCKAGE DE LA CHALEUR

On constate les importants avantages des stockages directs L’intérêt économique du stockage de chaleur, associé aux cen-
associés aux tours, qui permettent d’obtenir une densité d’énergie trales solaires thermodynamiques, dépend de nombreux para-
de stockage beaucoup plus élevée. mètres, le principal facteur à prendre en compte étant toutefois
Les stockages de sels fondus et leur gestion sont opérationnels l’énergie fossile économisée pendant les heures de fonctionne-
aujourd’hui. Ils ont l’avantage de fonctionner à la pression atmos- ment du stockage [27]. Par ailleurs, la filière solaire thermodyna-
phérique. À noter qu’il est nécessaire d’empêcher toute prise en mique est en concurrence avec la filière solaire photovoltaïque
masse par baisse de température, ainsi que d’initier la fusion lors dont les prix baissent de manière conséquente.
de la mise en route, ce qui se fait par traçage électrique des Des recherches portent sur la capacité de stocker la chaleur
conduites et chauffage par impédance électrique. L’isolation ther- haute température via des matériaux solides s’écoulant (sables...),
mique est telle que les pertes journalières sont négligeables. Si les des matériaux à changement de phase, ou des réactions thermo-
sels fondus ont une bonne viscosité, la circulation dans le système chimiques.
nécessite des systèmes de pompages qui doivent être dimension-
nés pour déplacer des débits massiques importants. Les équipe-
ments nécessaires pour le bon fonctionnement du circuit sont 7.2 Stockage de l’électricité
disponibles. Les matériaux utilisés doivent être adaptés au fluide
circulant et à la température.
par la chaleur haute température
Des stockages de sels fondus ne comprenant qu’un seul réser- La chaleur haute température est aussi un moyen de stocker
voir avec ségrégation du sel en température (plus élevée en tête, l’électricité dans le cadre d’une transformation réversible de l’élec-
plus basse en fond), plus économiques en théorie, sont décrits tricité. On trouvera dans l’article [BE 8 100] une description détail-
dans la littérature mais ne semblent pas avoir d’applications indus- lée du rôle que peut y prendre le stockage de chaleur dans les
trielles. techniques d’air comprimé et de stockage thermique.

7.1.2.2 Autres systèmes


Lorsque la vapeur d’eau à haute température est utilisée comme
fluide caloporteur, elle peut être stockée dans des capacités sous 8. Conclusion
pression pour continuer à produire en cas de passage de nébulosi-
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tés. Le stockage est réalisé sous forme d’accumulateurs eau Le stockage de chaleur ou du froid est une des briques impor-
sous pression-vapeur saturante, l’eau en phase liquide sous tantes et à fort potentiel d’une transition vers une énergie propre
pression se transformant en vapeur lorsqu’il est nécessaire de et décarbonée. Les applications visées sont principalement le
déstocker [26]. chauffage et la climatisation des secteurs résidentiels et tertiaires,
Le développement prévu des centrales solaires à concentration qui représentent une part très importante des dépenses énergé-
et des stockages correspondants avec sels fondus pourrait entraî- tiques dans nos pays. Le défi serait de disposer de stockages de
ner une demande dépassant la capacité de production mondiale longue durée économiques et efficaces afin de transférer par
de ceux-ci, qui sont aussi utilisés comme engrais, tels les nitrates exemple la chaleur thermique solaire ou froid d’une saison vers
de sodium et de potassium. En France, le laboratoire PROMES pro- une autre, permettant de s’affranchir ainsi des ressources fossiles
pose d’utiliser des vitrifiats de déchets d’amiante ou de et d’économiser l’électricité. Leur développement reste toutefois
cendres volantes, qui présentent de bonnes caractéristiques limité par de nombreux facteurs techniques et économiques. Le
thermiques, peuvent être mis en forme et, étant classés comme stockage par chaleur sensible est bien connu et mis en œuvre,
déchets, présentent des prix de base très bas. notamment sur de courtes durées. Pour des raisons économiques,
Les caractéristiques de ces vitrifiats sont présentées dans le l’eau reste le principal milieu de stockage utilisé. Les freins au
tableau 11 [24] et comparées avec celles d’autres matériaux. développement sont notamment les forts volumes nécessaires à
l’intersaisonnalité. Le stockage souterrain, prometteur, nécessite
toutefois des conditions géologiques favorables et des bureaux
7.1.2.3 État des lieux
d’études et entreprises expérimentées. Le stockage par matériaux
En 2016, on a dénombré 66 centrales solaires thermodyna- à changement de phase MCP, susceptible de réduire fortement les
miques opérationnelles, pour une puissance nominale totale de volumes de matériaux nécessaires, a fait l’objet de nombreuses
4,4 GW. Ces centrales sont très majoritairement des centrales à études et développements expérimentaux. Les applications en
miroirs paraboliques. On dénombre 31 stockages par sels fondus restent toutefois limitées, hormis pour le froid où l’utilisation de
associés, de puissance supérieure à 10 MW, pour une puissance glace ou de sels eutectiques permet d’économiser ou de valoriser
cumulée de 1 337 MW sur une moyenne de temps de 7 h [15]. Cela de l’électricité. Enfin, le stockage par sorption et thermochimie,
représente en puissance et énergie le deuxième mode de stockage prometteur dans son principe, reste complexe à mettre en œuvre
existant dans le monde après les stations de transfert d’énergie et relève encore de la recherche et développement. Le stockage de
par pompage. Il existe également 5 stockages de vapeur d’une chaleur à haute température a été développé, principalement à
puissance supérieure à 10 MW, pour 103 MW de puissance cumu- partir de systèmes à sels fondus, pour les centrales solaires ther-
lée sur une moyenne de temps de 2 h 30 min. modynamiques, où il permet de s’affranchir de l’intermittence et

Tableau 11 – Caractéristiques comparées de vitrifiats d’amiante et de cendres volantes avec différents


matériaux [24]
Céramiques Vitrifiats Vitrifiats
Caractéristique Béton HT Sels fondus
HT d’amiante cendres
Masse volumique ................................ (kg/m3) 2 750 900 à 2 600 3 500 3 120 2 975
Capacité thermique massique.. (J · kg–1 · K–1) 915 1 500 890 800 à 1 035 714 à 1 120
Conductivité thermique............ (W · m–1 · K–1) 1 0,15 à 2 1,35 1,4 à 2,1 1,15 à 1,6
Prix ............................................................ (€/T) 80 500 à 750 4 500 à 9 000 8 à 10 10 à 1 200
HT pour haute température

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STOCKAGE DE LA CHALEUR ___________________________________________________________________________________________________________

de continuer à fournir de l’énergie après le coucher du soleil, voire Chaleur latente ; latent heat
pour la nuit entière. Il pourrait se développer dans le futur pour Chaleur échangée avec le milieu extérieur lors d’un changement
des applications industrielles. d’état solide liquide ou liquide vapeur.
Matériaux à changement de phase ; phase change material
Remerciements Matériau présentant des caractéristiques de changement de
phase, généralement solide-liquide, bien définies.
L’auteur remercie Mr Alexandre ROJEY pour sa relecture Sorption ; sorption
attentive et ses remarques pertinentes. Processus physique ou chimique dans lequel une substance
s’attache à une autre.
Adsorption ; adsorption

9. Glossaire Phénomène de surface par lequel des atomes ou des molécules


de gaz ou de liquides se fixent sur une surface solide selon divers
processus.
Chaleur sensible ; sensible heat
Absorption ; absorption
Chaleur échangée, sans transition de phase physique, entre Phénomène ou processus physique et chimique dans lequel des
deux ou plusieurs corps formant un système isolé. atomes, molécules ou ions, pénètrent dans une phase gazeuse,
liquide ou solide.
UTES (Underground Thermal Energy Storage)
Stockage souterrain de chaleur, dans un aquifère ATES (Aquifer Thermochimie ; thermochemistry
Thermal Energy Storage ) ou par champ de sondes BTES (Borehole Branche de la chimie s’intéressant aux phénomènes thermiques
Thermal Energy Storage ). qui accompagnent les réactions chimiques et à leur bilan.
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Outils logiciels
7 - 2017

TRNSYS Esp-r
http://www.trnsys.com http://www.esru.strath.ac.uk/Programs/ESP-r.htm
Energy Plus
http://www.energyplus.net

Fabricants de MCP
Doc. BE 8 597

Rubitherm Mitsubishi Chemical Corporation


http://www.rubitherm.eu http://www.m-kagaku.co.jp
Cristopia (Cristopia Energy System) BASF
http://www.cristopia.com http://www.micronal.de
Climator
http://www.climator.com

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