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L'annonce de la sélection du Togo pour le programme Compact est un évènement

majeur. C'est (...) la preuve de la reconnaissance des efforts du Togo par les
Etats-Unis d'Amérique en matière de bonne gouvernance (libertés civiles, contrôle
de la corruption, efficacité des pouvoirs publics, Etat de droit, liberté
d'information)...». Cet autre passage du communiqué de presse du gouvernement sur
la nouvelle a fini de nous situer.
A lire entre les lignes, sous réserve que ce ne soient les lobbyings qui ont pris
le dessus, le Togo aurait donc rempli ces conditionnalités, respecté
précautionneusement la bonne gouvernance démocratique, l'Etat de droit, les
libertés civiles, d'expression, de manifestation aussi, etc. Cela sonne, aux yeux
des Togolais avisés des rapports de Lomé avec ces valeurs démocratiques, comme une
histoire drôle, une mise en scène jouée en mondovision. Ces valeurs ont toujours
été le talon
d'Achille du régime cinquantenaire en place. Et d'ailleurs elles étaient encore en
souffrance dans la semaine même où le Conseil d'administration du MCC validait
l'entrée du Togo au Compact, les libertés d'expression violées par le régime.
Des violations non-stop
En effet, alors que le Front citoyen Togo Debout (FCTD).dirigé par Prof David
Dosseh a voulu organiser un meeting le dimanche 11 décembre dernier à Lomé pour
dénoncer la gouvernance au Togo, elle s'est vu opposer une fin de non-recevoir,
avec un argument cocasse : absence d’existence légale...Un (simple) arbitraire qui
ne surprend pas vraiment.
La semaine passée, c'est une formation politique, La Racine, qui a voulu observer
un sit-in devant l'ambassade de
Patrice Talon
Faure Gnassingbé
France et le ministère des Affaires étrangères à Lomé, en hommage à la compatriote
Fortune Kolagbe, poignardée le 4 décembre dernier près de Marseille. Là aussi,
impossible. Il lui est reproché l'absence de contacts de trois organisateurs et
opposé la loi interdisant les manifestations à proximité des ambassades,
représentations diplomatiques, institutions de la République et autres zones dites
sensibles et protégées.
Le samedi 3 décembre, c'est la Coalition Lidaw qui subissait l'arbitraire.
L'organisation dirigée par Thomas Koumou prévoyait d'organiser au CESAL une
conférence-débat justement sur la gouvernance au Togo, notamment la mauvaise qui a
lieu au très sensible ministère du Développement à la base qui gère des milliards.
Mais le jour j, avant que les organisateurs n'arrivent, les lieux ont été pris
d'assaut par les éléments des forces de l'ordre qui parlent d'interdiction. Pour
quelle raison ? On ne le saura jamais.
Ces trois illustrations sont des démentis ou désaveux du prétendu respect de la
bonne gouvernance démocratique, de l’Etat de droit et des libertés d'expression au
Togo. Et ces cas ne surprennent pas vraiment, car le régime est dans cette
dynamique depuis environ deux ans. Au nom de la crise sanitaire à coronavirus,
toutes les manifestations publiques, notamment celles de contestation du pouvoir en
place sont systématiquement interdites ou empêchées. Avec la fin tacite de la
crise, c'est le combat contre le terrorisme qui offre le prétexte. Au nom de ces
deux arguments, plein de manifestations ont été interdites.
Au regard de tous ces tristes réalités, on est en droit de s'étonner que les USA
jugent positif le respect de ces vertus et donnent au Togo leur ok pour accéder au
Compact. Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur les tenants et aboutissants de
cette décision et tentent de trouver des explications. «Les Etats-Unis sont-ils en
train de changer de paradigmes dans la géopolitique mondiale ? », se demande un
concitoyen, craignant que « face à la percée de la Russie en Afrique, les USA ne
soient en train de réviser leur politique et abandonner leur intransigeance sur
certaines vertus, pour ne pas pousser tous les régimes allergiques à la démocratie
dans les bras de Poutine ». A bien y penser, ce n'est pas farfelu...
www.lalternative-togo.info
?
« Lors de la réunion trimestrielle du 8 décembre 2022, le Conseil d'administration
de la Millenium challenge corporation (MCC) a sélectionné à l'unanimité la
Républiquetogolaisecommeéligible pour développer un programme bilatéral – le
programme de subventionquinquennaldelaMCC». C'est par cette déclaration du MCC en
date du 14 décembre dernier que la décision a été rendue publique. Ouf, devrait-on
pousser au sein du sérail et sauter de joie, même si on n'a pour l'instant aucune
idée de la cagnotte que l'oncle Sam voudra accorder au Togo. L'essentiel, c'est
l'admission au programme.
L'accession du Togo au Compact derrière lequel le pouvoir Faure Gnassingbé court,
depuis 2016, devrait se passer de commentaire et même réjouir tout Togolais. Car ce
sont des fonds, des milliards de FCFA qui seront accordés par les Etats-Unis au
Togo. Même si les coupeurs de route (sic) devront ponctionner leur part, il en
restera à investir dans un secteur donné et ainsi satisfaire un ou des besoins
réels de certains Togolais. Mais cette décision de Washington interroge par rapport
aux valeurs prônées par le MCC et au sort réservé par Lomé à ces vertus de bonne
gouvernance démocratique et de respect des libertés publiques....
Respect de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et des libertés d'expression,
dites-vous ?
« (...) La MCC attend de tous ses partenaires qu'ils

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