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Sujet
Réflexions sur les associations entre les logiques d’élimination des autochtones intrinsèques au
settler colonialisme et les génocides à partir d’exemples comparatifs tels que les cas israélien,
étasunien, australien.
Mots-clés : settler colonialism, génocide structurel, logiques d’élimination, mesures
d’assimilation, homicide de frontière
Résumé
Wolfe se demande en quoi la logique d’élimination intrinsèque au settler colonialism recoupe la
notion de génocide. D’emblée il fait remarquer que la façon dont la race ciblée (ou construite
socialement) permet de comprendre pourquoi ce sont spécifiquement les autochtones qui sont
pointés par cette logique et non pas les noirs, par exemple. Ces premiers empêchent l’accès au
territoire des colons; ils ne sont d’aucune utilité pour leur projet; ils sont dispensables. Pour ces
raisons, Wolfe analyse le settler colonialism comme une structure et non un événement; le
processus de colonisation est persistant, mais qui s’opère de façon distincte d’un contexte
historique à l’autre où l’on vise principalement l’élimination totale des autochtones et, parfois, sa
récupération afin d’exprimer sa différence par rapport à l’Europe notamment (dans un cas de
nationalisme de colons, sauf le cas israélien où l’accent est plutôt mis sur la construction d’un
Juif nouveau à travers la valorisation de l’hébreu plutôt que du yiddish par exemple). Plusieurs
idéologies justifient la dépossession des autochtones de leurs terres, notamment le fait qu’ils
l’utilisent de manière improductive ou encore qu’ils n’en sont pas les premiers habitants (cas
israélien en particulier) (à cet effet, Veracini 2010 pointait que dans l’imaginaire colon, il y a ce
fantasme d’être les premiers habitants et donc une tentative d’évincer ces premiers occupants).
Commentaires généraux
De nombreuses comparaisons entre Wolfe et Veracini, surtout des distanciations :
¯ Wolfe parle de settler colonization afin de pointer le caractère structurel et en cours du
settler colonialism, tandis que parle Veracini de settler colonialism uniquement bien qu’il
pointe aussi son caractère continu.
¯ Wolfe soutient que les colons n’ont pas cherché à éliminer les autochtones, car ils sont les
premiers occupants, mais bien parce qu’ils (les autochtones) empêchaient leur occupation
du territoire. Ainsi, Wolfe argumente que la dépossession des autochtones de leurs terres
ne s’explique pas sur le plan idéologique par le fait qu’ils pensent être les premiers à s’y
être établi, mais plutôt par le fait qu’ils allaient rendre cette terre plus productive. Veracini
(2010), de son côté, soutient que l’imaginaire du colon est organisé de sorte qu’il se croit
comme le premier occupant étant donné sa sédentarité, mais aussi son désir qu’il a de la
posséder à lui seul et de la contrôler. Il a le fantasme de sa virginité ce qui fait en sorte
qu’il développe une mémoire-écran où il omet le caractère violent associé à la fondation
de sa colonie faisant que le territoire soit « vide » (ou « veuf ») et empreint de sa
subjectivité seule.
¯ Trois groupes interagissant dans une relation triangulaire caractérisent selon Veracini la
situation settler colonial, tandis que chez Wolfe la composition du groupe des colons
semble d’emblée plus complexe, car on y distingue déjà des colons laissés pour compte
dont l’utilité est incontestable pour l’expansion des États – cela fait d’ailleurs contraste
avec Saada qui pointe que les colons marginaux nuisent au prestige français, mais aussi à
l’économie et sont souvent renvoyés en métropole.
¯ Lorsque Veracini parle de la souveraineté des colons, il parle particulièrement de
corporations qui les rassemblent et permettant l’auto-organisation politique et sociale des