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LE RORSCHACH
EN CLINIQUE ET EN SÉLECTION
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OUVRAGES DES MEMES AUTEURS

Gilbert T A R R A B

- M y t h e s et s y m b o l e s en d y n a m i q u e de g r o u p e . Paris, M o n t r é a l ,
Bordas/Aquila, 1971. Préface de Jacques Ardoino.

- Le théâtre du nouveau langage. Montréal, Cercle du Livre de France, 1973,


2 vol. Préfaces de Fernand Dumont et Marcel Rioux

- I n t r o d u c t i o n à la p s y c h o l o g i e industrielle. Montréal, Ed. La Presse,


1973. R é é d i t i o n 1982. T r a d . en P o r t u g a i s : P s i c o l o g i a I n d u s t r i a l ,
Lisbonne, Publicaos Europa America, 1977.

- La p a r t i c i p a t i o n dans les entreprises (avec Pierre d'Aragon). Sillery,


Presses de l'Université du Québec, 1980.

- Les sciences administratives à travers les textes. Montréal, Ed. Sciences


et Culture, 1980. Préface de Paul Dell'Aniello.

- La psychologie organisationnelle au Québec ( dir.). Montréal, Presses


de l'Université de Montréal, 1983.

- Une p e a u p o u r les pensées. Entretiens avec Didier Anzieu. Paris, Ed.


Clancier-Guénaud, 1986 ; Réédition Paris, Ed. l'Apsygée, 1991. Trad. en
anglais : A Skin for Thought. London, New York, Karnac Books, 1991.

Robert PELSSER

- Manuel de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent. Montréal, Paris,


Gaëtan Morin/ Ed. Eska. 1989. Préfaces de Yvon Gauthier et Françoise Dolto.

- La famille : l'individu - plus - un. Approche psychanalytique et approche


systémique (avec Claude Brodeur et Gilbert Tarrab). Montréal, Ed. Vermette ;
Marseille, Hommes et perspectives, 1990. (avec la participation de Annie et
Didier Anzieu).

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégrale-


ment ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l'éditeur ou du
Centre Français d'exploitation du droit de copie - 6 bis, rue Gabriel Laumain,
75010.

© Editions "Hommes et Perspectives"


18, bd Camille Flammarion - 13001 Marseille.
Tél. : 91.62.22.77 Fax. : 91.62.22.82

ISBN : 2-907713-33-7
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Gilbert Tarrab Robert P e l s s e r

LE RORSCHACH
EN CLINIQUE ET EN SELECTION
ET
UNE PRÉSENTATION DE SON UTILISATION DANS LE
RECRUTEMENT EN FRANCE

Préface de Didier Anzieu

HOMMES LE JOURNAL DES


ET PERSPECTIVES P S Y C H O L O G U E S
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Remerciements

Cet ouvrage a bénéficié d'une subvention du Comité des publications


de l'Université du Québec à Montréal
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PRÉFACE

Ce manuel consacré à la cotation et à l'interprétation du test


de Rorschach a été publié une première fois par Gilbert Tarrab en
1971 aux Presses de l'Université de Montréal où il fut professeur.
Avec Robert Pelsser, psychologue clinicien, il a repris l'ensemble de
cette publication. Les auteurs y ont ajouté plusieurs nouveaux cha-
pitres pour tenir compte davantage de la diversité et de la richesse
que le Rorschach peut, aujourd'hui encore, offrir et à la psychologie
clinique et à la psychologie organisationnelle. Ils l'ont donc mis à
jour pour la présente édition en l'enrichissant de plusieurs chapitres,
notamment sur la symbolique des planches, sur les mécanismes de
défense et sur l'emploi du test en sélection professionnelle.

J'ai particulièrement apprécié la présentation claire et simpli-


fiée du test, sans aborder tout de suite des analyses sophistiquées peu
compréhensibles pour des psychologues à modeste culture psychana-
lytique. Les auteurs ont ajouté à l'ouvrage la cotation et l'interpréta-
tion selon l'école américaine, principalement celle de Klopfer. J'ai
apprécié également la discussion sur les chocs et sur les kinesthésies
et les références fructueuses pour un public francophone aux pra-
tiques américaines, notamment les tableaux de Davidson et de
Piotrowski. Les auteurs ont conservé ce qui est un des apports les plus
précieux de ce livre, la présence de deux types de protocoles : cotés et
interprétés, non cotés, mais interprétés. L'étudiant peut ainsi s'exercer
à reconnaître la diversité des types de réponses.

Je connais Gilbert Tarrab depuis longtemps. Venu en France


achever ses études de psychologie, il a soutenu, sous la direction de
Mme Favez-Boutonier une thèse de doctorat et je faisais partie du
jury. J'ai découvert avec plaisir dans cet homme un acteur, un met-
teur en scène (il animait la troupe de la Cité universitaire à Paris), un

(1) Edition l'Apsygée, Paris, 1991


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psychodramaiiste et un philosophe critique. Il est ensuite parti à


l'Université de Montréal d'abord, en sciences de l'éducation, puis en
sciences administratives à l'Université du Québec à Montréal. Nous
avons eu des échanges féconds à chacun de mes voyages au Québec.
Je lui garde une grande reconnaissance pour avoir organisé, déchif-
fré, fait publier une série d'entretiens avec moi sur mon oeuvre sous le
titre Une peau pour les pensées (1). C'est un enseignant, un cher-
cheur, un leader de grande valeur en psychologie dynamique indivi-
duelle et sociale.

J ' a i également eu l'occasion de rencontrer Robert Pelsser lors


du colloque que Claude Brodeur et Gilbert Tarrab organisèrent au
Québec en août 1987 autout du thème de la thérapie familiale. Ce col-
loque donna d'ailleurs lieu à un livre auquel ma femme et moi-même
avons collaboré : La famille : l'individu-plus-un. Approche psychana-
lytique et approche systémique (2). J ' a i beaucoup apprécié mes dis-
cussions avec Robert Pelsser ainsi que ses réflexions cliniques et théo-
riques qui apportèrent un enrichissement certain à nos rencontres.

Le présent livre rendra de grands services, j'en suis profondé-


ment convaincu.

Didier ANZIEU

(2) Editions Hommes et Perspectives, Marseille, 1990


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CHAPITRE 1

L'ADMINISTRATION DU TEST
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I. L e m a t é r i e l u t i l i s é

Ce matériel se compose de 10 planches sur lesquelles figurent


des reproductions de taches d'encre. Rorschach lui-même a fait son
expérimentation avec plusieurs taches avant d'arrêter son choix final
sur les 10 taches du test. Il a choisi ces planches en raison de leur
aspect ambigu qui ne suggérait pas des choses ou des percepts trop
concrets, trop évidents. Les 10 planches offrent une bonne variété de
déterminants, tels la forme, le mouvement, l'estompage et la couleur.

II. L e s c o n d i t i o n s d ' a d m i n i s t r a t i o n

Le Rorschach est un test individuel. Le caractère privé de l'entre-


tien, où le sujet est seul face au praticien, est important à préserver.
Les conditions d'ambiance de la pièce où le test a lieu sont
importantes : pas de spectateurs ou tierce personne présentes lors de
l'administration du test, car ils peuvent être la cause de perturbation et
d'artefact. La position "face à face" n'est pas la meilleure : cela oblige
le psychologue à écrire sous le nez du sujet, et cela implique pour le
testeur de voir les planches à l'envers. L'expérimentateur doit se
mettre à côté et légèrement en retrait du sujet ou, quand cela n'est pas
pratique à cause de la disposition du bureau, la position à angle droit
est recommandée. Cependant, dans la pratique, la plupart des psycho-
logues font passer le test en face à face. Les conditions d'éclairage
sont également importantes : Rorschach recommande une lumière arti-
ficielle, mais en fait, on peut administrer le test à la lumière du jour
comme à la lumière électrique : ce qui importe, c'est qu'elle doive res-
ter constante pendant toute l'administration du test. Quand le test est
administré dans un bureau sans accès à la lumière du jour, il importe
d'avoir un éclairage tamisé dans l'ensemble de la pièce, mais un bon
éclairage sur la table où les planches sont disposées.
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Les planches sont préparées à l'avance, en pile sur la table.


Elles sont numérotées de I à X, la Planche I devant se trouver au-des-
sus de la pile et la Planche X en-dessous, toutes tournées à l'envers.
En ce qui concerne les "consignes", elles sont peu nombreuses
et dépendent ordinairement de la situation de passation : est-ce le sujet
qui a fait une démarche pour passer le test, ou le lui a-t-on imposé ?

1. La première règle d'or est la suivante : moins on en dit, et


mieux cela vaut. Voici la consigne que le psychologue utilise comme
point de départ : "Vous allez voir des dessins, vous allez les prendre
en mains, les regarder et me dire de quoi ça a l'air. A quoi ça vous fait
penser ? Qu'est-ce que ça vous suggère ? Qu'est-ce que ça pourrait
être (1) ? Qu'est-ce que vous y voyez ?" Eviter d'employer le mot
"imagination", qui peut entraîner une attitude compétitive. Eviter aussi
d'employer le mot : "taches d'encre" en présentant les planches. Il est
très important de savoir, pour l'interprétation, si le sujet découvre
comment les taches ont été conçues. Eviter tout commentaire au sujet
de l'axe de symétrie vertical. Il faut conserver au sujet tout son poten-
tiel de spontanéité, de naïveté, d'"inocence" face au test. Eviter l'ex-
pression : "Qu'est-ce que c'est ?", car en réalité, la planche n'est que le
sujet veut bien y mettre : c'est le sujet qui doit interpréter Ise planches,
on ne devrait rien faire qui puisse l'induire dans de telle direction.
Bien que la brièveté de vos réponses aux questions du sujet soit
importante, il faut que vous soyez toujours disponible, ouvert, présent,
en un mot "à l'écoute".
Le Rorschach étant avant tout un test perceptif visuel, il importe
que les sujets souffrant de la vue gardent leurs lunettes, s'ils le désirent.
2. La deuxième règle d'or : une fois la consigne de départ don-
née au sujet, ne plus intervenir du tout et se retrancher dans un silence
bienveillant. Conserver une attitude neutre et approbative envers tout
ce que dit le sujet. Eviter les remarques encourageantes ou désobli-
geantes.
3. La troisième règle d'or : il faut écrire tout ce que dit le sujet :
ne pas résumer, prendre des notes, d'une manière exhaustive. Il ne
s'agit pas de prendre l'idée générale de ce que perçoit le sujet, mais
tout ce qu'il dit. Trouve-t-il cela "joli", "affreux", "gracieux", "horri-

(1) Cette dernière consigne étant celle utilisée par Rorschach lui-même.
L'instruction : "Qu'est-ce que ça vous suggère ? " peut être dangereuse à utili-
ser parce qu'incitant trop rapidement les associations libres.
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pilant" ? Tout doit être transcrit, y compris les remarques en aparté


que peut faire le sujet. Il faut également prendre des notes sur
l'expression affective, les gestes et la posture du sujet. L'utilisation du
magnétophone n'est pas souhaitable car le micro peut inhiber.
La position des planches doit être notée. Si le sujet la regarde
dans le "bon sens", inscrire le symbole : A. S'il la regarde en position
inverse, inscrire : V. S'il la regarde de côté :
< ou >, selon le côté (2) (< : sommet de la planche à gauche du sujet,
> : sommet de la planche à droite du sujet). De toute manière, il faut
toujours tendre la planche au sujet en position normale. S'il demande :
"Puis-je la retourner ?", lui répondre : "Comme vous voulez" (Jamais :
"Bien sûr", ou "évidemment"). Il est important de savoir à tout
moment où l'on en est, et la manière dont le sujet regarde la planche.
Le symbole : @ signifie que le sujet a tourné sa planche de tous côtés,
et : VA signifie qu'il l'a inversée, puis qu'il la remise en position nor-
male.
Comment savoir si le sujet a terminé ses réponses sur une
planche ? Certains le disent : "C'est tout, ça va, je n'ai plus rien à dire,
je ne vois plus rien, etc." D'autres ne le disent pas : c'est pour cela
qu'il est bon de les prévenir, soit à la fin de la première planche, soit
au tout début : "Si vous ne voyez plus rien, vous n'avez qu'à remettre
la planche sur la table, sans attendre que je vous le dise."
En ce qui concerne le "temps" : il n'y a pas de limitation de
temps pour la passation du test, mais il doit être noté. Un chronomètre
est à portée de la main du testeur, sans qu'il puisse être perçu comme
envahissant : le sujet ne doit surtout pas avoir l'impression de faire
une course contre la montre.
La lettre T désigne le temps total mis par le sujet pour passer le
test, à partir du moment où l'on tend la Planche I au sujet jusqu'au
moment où le sujet repose la Planche X sur la table, indiquant par là
qu'il a fini tout le test.
La lettre t désigne le "temps de réaction" (ou "temps de laten-
ce", ou encore : "temps d'hésitation") : pour chacune des planches,
c'est le temps qui s'écoule entre le moment où l'on tend la planche au
sujet et le moment où le sujet donne sa première interprétation totale.
Le temps total T est noté en minutes, le temps de réaction t en
secondes (il y a donc 11 mesures de temps à prendre en tout). Il est

(2) Cette façon d'indiquer la position des planches est préconisée par Loosli-
Usteri (voir Bibliographie).
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bon de prendre ces mesures à l'insu du sujet, encore une fois pour ne
pas lui donner l'impression que plus il va vite, mieux cela vaut.
Certains psychologues notent le temps par planche : combien de temps
le sujet a-t-il mis pour interpréter les dessins de la Planche I, II, III...,
X?
Le temps total T est très variable, d'un sujet à l'autre. En règle
générale, 20 à 30 minutes est un temps moyen. Cependant, certains
sujets se laissent entraîner dans des romans-fleuves. Le testeur les lais-
se faire, mais il ne faut pas croire que la valeur du Rorschach est pro-
portionnelle à sa longueur. La longueur ne fait pas grand-chose pour la
validité d'un test. Plus un protocole est long, plus on a du mal à
l'interpréter. Non seulement c'est long et fastidieux mais, sur le plan
de la cotation formelle, il y a de plus grands risques d'erreurs. En
général, les psychologues sont d'accord sur la cotation, mais sont en
désaccord quant à l'interprétation. La synthèse optimale ne se fait que
lorsqu'on est en présence d'un petit nombre de données-réponses.
Une bonne moyenne de réponses est de 30 à 40 interprétations
totales (ou 3 à 4 par planche). Il est recommandé au débutant de ne
jamais se laisser entraîner au-delà du double (80 interprétations et
plus), sauf dans des cas précis de pathologie mentale.

III. L'enquête et les techniques de l'enquête

L'enquête est un dialogue avec le sujet, nécessaire pour appro-


fondir des points obscurs ou mal définis pendant la passation du test.
Il s'agit de recueillir ici toutes les informations utiles à la cotation. On
peu distinguer trois temps, à cette étape :
1. L'enquête proprement dite, où le psychologue interroge le
sujet pour recueillir les informations, pose des questions destinées à
l'éclairer par la suite, lors de la cotation. Il n'y a pas de temps limite à
cette étape ; on peut cependant donner au débutant un ordre de gran-
deur : le temps alloué à l'enquête devrait être équivalent au temps T
(grand total). L'idéal serait de recueillir le maximum d'informations
dans le minimum de temps. Il faut noter que là aussi, le psychologue
ne peut poser aucune question suggestive.

2. L'enquête des limites (testing the limits) consiste à "souffler"


ou à suggérer quelques réponses au sujet pour voir si celui-ci les
accepte ou les refuse. Ce type d'enquête n'est à faire que lorsqu'il
manque quelque chose de vraiment important dans le protocole (p. ex.
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réponses banales ou populaires). Mais dans la grande majorité des cas,


il est souhaitable de ne pas la pratiquer.

3. Le choix des planches. Le psychologue étale les dix planches


sur la table, devant le sujet, de cette manière :

Sujet

Il demande ensuite au sujet de choisir les 2 planches qu'il pré-


fère, sans indiquer le critère du choix. Puis, il lui demande de désigner
les 2 planches qu'il aime le moins. Enfin, il lui demande de motiver
son choix, succinctement (quelques mots, quelques phrases suffisent
généralement ; ne pas encourager les romans-fleuves).
Nous pouvons préciser quelque peu les techniques de l'enquête
proprement dite et de l'enquête des limites.

A.

1. REGLES LIMINAIRES. Nous avons dit que l'objet de l'enquête


est de recueillir toutes les informations possibles de la part du sujet, et
qui peuvent nous aider à mieux interpréter ses réponses par la suite.
Nous avons dit aussi que l'enquête, contrairement à l'administration
du test proprement dit, est un "dialogue" avec le sujet, et qu'il n'y a
pas de temps limité imposé. Pour chaque interprétation, trois ordres de
notions se posent : l'un relatif à la "localisation", le second au "déter-
minant", le dernier au "contenu" (qui ne pose pas de problème, en
général).

a) La localisation. On ne doit jamais, en règle absolue, suggé-


rer quoi que ce soit au sujet . Par exemple, à la Planche I, la question
que nous pouvons poser est la suivante : "Montrez-moi où se trouve le
papillon" (si le sujet a vu un papillon). Nous lui mettons la planche
entre les mains et nous lui demandons où se trouve l'animal (à l'aide
d'un crayon renversé, d'un capuchon de stylo, etc...., afin de ne pas
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salir la tache). Renseignement additionnel que nous sommes autorisés


à lui demander : "Faites-m'en le contour, dessinez-le."

Puis nous notons le renseignement dans la partie de notre fiche


réservée à cet effet (colonne "Enquête") et nous inscrivons les verbali-
sations du sujet quand elles méritent d'être notées.

En ce qui concerne le système de localisation, on peut marquer


des numéros sur chaque point d'enquête qu'on relève et qui corres-
pondent aux mêmes numéros que nous pouvons marquer sur des
"feuilles de localisation" (éditées en Suisse, en France, aux Etats-
Unis) ; ces dernières sont des taches de Rorscharch en miniature, en
petites reproductions, pouvant toutes tenir sur une feuille. Avec un
crayon rouge, on peut les découper, les encastrer et y annoter le numé-
ro correspondant au détail d'enquête relevé. C'est encore la solution la
plus pratique.

Dans certains cas, on peut faire dessiner au sujet lui-même le


contour de son interprétation, quand on ne voit pas très bien ce qu'il
veut dire (et où il le voit) ; on lui demande alors de silhouetter son
interprétation.

b) Le déterminant : Qu'est-ce qui a "déterminé" l'inter-


prétation ? Le plus simple, à l'étape de l'enquête, consiste encore à
demander au sujet : "Pourquoi voyez-vous cela ?" Quand il nous
semble clair que c'est la forme qui a motivé son interprétation, il est
inutile de pousser plus loin l'enquête. Une bonne technique consiste à
faire développer par le sujet lui-même son interprétation, à le provo-
quer à s'exprimer, mais encore une fois, en faisant bien attention de ne
rien lui suggérer. Ceci est nécessaire, toutes les fois que le sujet nous
semble être médiocre sur le plan socioculturel (difficultés d'expres-
sion, pauvreté du langage, etc.). Par exemple le mot "forme", quand il
est prononcé par le sujet, a un sens très large pour beaucoup de per-
sonnes. Il peut signifier "ressemblance", "allure", etc. On entend dire
"ça a la forme du sang parce que c'est rouge" (Planches II et III, sur-
tout). Cette réponse n'est pas un F+, bien entendu, c'est un C pur. Ou
encore : "ça a la forme d'un nuage" : là aussi, ce n'est pas un F+, c'est
un EF, voire un E pur. Seule l'enquête nous permettra de savoir si
c'est un EF ou un E pur.
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Il reste que les difficultés les plus grandes que rencontre le


débutant (et même le psychologue expérimenté) sont les kinesthésies,
et surtout de savoir différencier entre un K, un EF et un FC. Ainsi, on
peut changer la couleur sans toucher à la forme, et changer la forme
sans toucher à la couleur. Exemple à la Planche IX (haut latéral :"deux
homards ou deux langoustes", répond le sujet. A l'enquête, on lui
montre les reproductions en miniature (elles ne sont pas colorées) et
on lui demande : "Est-ce que vous voyez toujours des langoustes, ici
?" Si la réponse est affirmative, c'est que la couleur n'a pas joué. Si
elle est négative, on peut être sûr que la couleur a joué dans la percep-
tion de la langouste.
Remarquons cependant que cette technique n'a pas du tout une
valeur absolue, en soi. Elle reste une "technique" qu'on peut utiliser
quand le cas semble s'y prêter.
De toute manière, la règle d'or de l'enquête demeure la suivan-
te : ne jamais attirer l'attention du sujet sur tel ou tel facteur qu'il
n'aurait pas perçu, ne pas du tout essayer d'influencer sa réponse (sauf
exceptionnellement, et dans des cas précis de débilité mentale).

c) Le contenu. Le plus souvent, il ne pose aucun problème par-


ticulier.

2. LES RÉPONSES ADDITIONELLES. Il arrive qu'à l'enquête, le sujet


voit des choses nouvelles qu'il n'avait pas perçues lors de l'adminis-
tration du test. Par exemple, à la Planche II : "Là, je vois deux singes
que je n'avais pas vus avant". Il faut noter ces nouvelles réponses dans
la colonne réservée à l'enquête, (certains psychologues les cotent
même), mais jamais on ne les mélange avec les réponses et les cota-
tions premières. On les met entre parenthèses, entre crochets, etc.
Elles peuvent être "indicatives" d'une tendance plus ou moins accen-
tuée, confirmer ou infirmer certaines hypothèses. Mais elles n'ont, en
aucun cas, la valeur des réponses principales.

Quand les réponses additionnelles sont aussi importantes (en


quantité) que celles relevées dans le protocole primitif, on les cote
ordinairement toutes les deux séparément et on les interprète séparé-
ment. Une trop grande quantité de réponses additionnelles proviennent
habituellement d'un sujet plus ou moins inhibé, réticent, peut-être très
anxieux, sur la défensive, et qui a conscience de n'avoir pas donné
grand-chose primitivement. Il peut avoir l'impression que la phase de
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l'enquête, c'est autre chose, que le test est terminé, et ce sentiment


peut, en quelque sorte, le "libérer". Ce phénomène n'est pas particu-
lier au Rorschach, on le retrouve dans bien d'autres situations compa-
rables.

La même chose peut se produire lors de la présentation des


planches pour les classer (l'épreuve du choix : quelles sont les deux
planches qu'on préfère, et les deux qu'on aime le moins ?). Là aussi,
les réponses additionnelles risquent d'être les plus intéressantes, et
c'est pourquoi il est utile de les noter, toujours dans la colonne
"Enquête" (3).

3. ABSENCE D'ÉLÉMENTS IMPORTANTS DANS LE PROTOCOLE. Quelles


sont les raisons principales pouvant expliquer l'absence d'éléments
qui, normalement, devraient être présents dans notre protocole ?

a) Manque de banalités. Pourquoi le sujet n'a-t-il pas vu assez


ce que tout le monde voit ? Le sujet doit, en effet, avoir au moins un
certain nombre de réponses globales (G), de réponses-couleur (C), de
banalités (Ban), etc. C'est le seul cas où on est en droit de suggérer au
sujet une réponse : "Il arrive très fréquemment que beaucoup de gens
voient un papillon dans cette planche (V). Qu'en pensez-vous ?" S'il
est toujours perplexe, c'est qu'il ne le voit vraiment pas. S'il répond
:"Ah ! oui. Je le vois. Mais c'est tellement évident que je ne l'ai pas
dit", c'est qu'il recherche l'originalité et qu'il ne veut pas voir ce qu'il
suppose que tout le monde voit.
Par contre, dans la première éventualité (il ne le voit toujours
pas, même après suggestion), il faut creuser davantage et faire la
même chose pour les autres banalités.

b) Absence de réponses-couleur. Le psychologue peut prendre


la Planche X et dire au sujet : "Enumérez-moi toutes les couleurs que
vous voyez sur cette planche-là." Si le sujet y arrive, c'est que son
absence de réponses-couleur recouvre un problème d'ordre affectif.
S'il n'y arrive pas, lui faire passer un test de couleurs.

(3) Milton Rock raconte que très souvent il obtient davantage d' informations
et d'interprétations pertinentes du sujet, après en avoir complètement fini
avec l'enquête, c'est-à-dire lors des "post-drink sessions" en prenant un verre
après la passation du test.
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L'enquête se fait grosso modo de manière semblable des deux


côtés de l'Atlantique, mais on constate cependant une différence
importante : l'enquête (surtout celle au sujet du déterminant ) est net-
tement plus poussée au Québec qu'en France, de sorte que les proto-
coles comportent de nombreuses verbalisations à l'enquête au Québec,
alors que celles-ci sont souvent réduites, sinon absentes en France.

Les psychologues infèrent souvent un déterminant en France à


partir de la seule réponse au cours de la passation ; p.ex. une peau de
fourrure aux planches IV ou VI est souvent cotée FE, même si
l'estompage de texture n'est pas explicitement mentionné ; des per-
sonnages humains aux planches I, II et surtout III sont souvent cotés
K, même si le mouvement n'est pas explicitement mentionné ; des
fleurs aux planches VIII, IX ou X sont souvent cotées FC, même si la
couleur n'est pas explicitement mentionnée. Au Québec, ce sont seu-
lement des verbalisations explicites au cours de l'enquête qui permet-
tront d'accorder une cote estompage, mouvement ou couleur pour les
mêmes réponses.

Nous insisterons dès lors uniquement sur le type de questions


posées par l'examinateur pour préciser le déterminant, puisque la loca-
lisation et le contenu font rarement problème.

Il faut évidemment que les questions du psychologue soient


non suggestives et n'induisent pas un déterminant qui n'est pas dans
l'esprit du sujet. Les questions générales à poser sont : "Qu'est-ce qui
dans la tache vous a fait penser à ... (p.ex. un papillon), vous a donné
l'impression de ... (p.ex. une chauve-souris)" ? Ou encore : "Pouvez-
vous me décrire davantage ... (le lapin) ? Pouvez-vous dire un peu
plus comment vous voyez... (la chauve-souris) ? Pouvez-vous me par-
ler davantage de ....(l'oiseau) ?"

1. La forme. Si une réponse est surtout déterminée par la forme


(ex. papillon ou chauve-souris), on fait l'enquête surtout pour préciser
la qualité de cette forme ; on demande : "Où sont les ailes, où sont les
pattes, etc. ?" Même si un percept peut sembler clair, la façon dont le
sujet le perçoit n'est pas nécessairement exact.

2. Le mouvement. Lorsque l'examinateur veut préciser si les


êtres perçus par le sujet sont en mouvement ou en action, il peut, après
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les premières questions déjà citées, poser une autre question, p.ex. :
"Comment voyez-vous les deux personnes ? " (planche III) ou "...le
papillon ? " (planche V), ou encore : "Comment voyez-vous les bras
et les jambes ? On ne demande jamais "Qu'est-ce qu'ils font ? sont-
ils en mouvement ? est-ce qu'ils bougent, etc. ?" parce que de telles
questions suggèrent le mouvement.

3. La couleur. L'emploi de la couleur doit être clairement indi-


qué dans la réponse donnée par le sujet. On cote habituellement "cou-
leur", mais pas nécessairement pour des percepts comme fleur, feu,
explosion, sang, paysage, etc. donnés aux parties colorées des taches.
On peut poser la question : "Qu'est-ce qui dans la tache (ou dans cette
partie de la tache) donne l'apparence de ...(p.ex. une fleur)" ? Un pro-
blème particulier se pose quand on cote des réponses dans lesquelles à
la fois la couleur et la forme jouent un rôle, pour savoir si la réponse
est déterminée avant tout par la forme (FC), ou avant tout par la cou-
leur (CF). Ex.: "Quelle sorte de fleur est-ce ?" Si le sujet dit : "C'est
une tulipe ou une rose", il s'agit d'une réponse FC, parce qu'il y a une
forme définie dans le percept ; par contre, s'il dit : "Ça peut être
n'importe quelle fleur", on cote CF parce qu'il n'y a pas de forme
définie et que la couleur est prédominante.

4. L'estompage. Les cotes estompage exigent souvent une


enquête précise et subtile parce que l'estompage est souvent impliqué
dans les réponses, mais n'est pas nécessairement exprimé directement.
L'examinateur peut poser une ou deux questions plus directes pour
déterminer si l'estompage joue ou non un rôle. Ex.:"Vous avez dit que
ça vous fait penser à une peau de fourrure (planches IV, VI) ; à part la
forme, y a-t-il autre chose qui vous fait penser à cela, qui vous donne
l'idée, l'impression d'une peau de fourrure ?" ; il faut faire préciser
s'il s'agit de l'intérieur de la peau de fourrure (dans ce cas, pas de tex-
ture), ou de l'extérieur.

B.

L'enquête des limites vise à préciser si le sujet est capable de


voir des réponses ou des déterminants spécifiques qu'il n'a pas donnés
spontanément. Naturellement, plus l'examinateur a de l'expérience,
plus il est habile à poser des questions pertinentes. Pendant cette phase
de l'administration, la situation du test est structurée pour le sujet
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parce que l'examinateur pose des questions directes. En général, dans


l'enquête des limites, on procède à partir de questions générales pour
aller vers des questions plus spécifiques. Ex.: si le sujet n'a pas donné
ou a donné très peu d'êtres humains en mouvement comme réponses
(planche III), on lui demande : "Juste cette partie-ci, est-ce que ça
vous fait penser à quelque chose ?" Non. "Beaucoup de gens voient
des personnes ; qu'est-ce que vous en pensez ? " Non. "Beaucoup de
gens voient des êtres humains avec la tête, les bras, le corps, les
jambes, etc ?". Ah oui, je vois. "Comment les voyez-vous, qu'est-ce
qu'ils font ? sont-ils en mouvement ? " Il faut simplement poser cette
dernière question si le sujet a déjà donné une réponse d'être humain,
mais non perçu en mouvement.
Les questions posées au cours de l'enquête des limites dépen-
dent naturellement du protocole antérieur du sujet.

1) Localisations : si le sujet a donné uniquement ou principale-


ment des réponses globales, on lui demande s'il peut voir des percepts
sur des parties de taches (réponses grand détail).

2) Mouvement : si le sujet a donné très peu de réponses mouve-


ment, on fait une enquête des limites pour le mouvement (p.ex.
planches III et VIII).

3) Couleur : si le sujet n'a pas donné de réponses couleur, sur-


tout aux planches VIII, IX, et X, on commence par lui demander de
séparer les planches en deux séries ; on lui demande ensuite sur quel
principe il se base pour établir une distinction, etc.

4) Estompage : si le sujet n'a pas donné de réponses estompage


de texture aux planches IV et VI, on lui demande s'il voit une peau
d'animal.

5) Réponses populaires : si le sujet ne donne pas de réponses


populaires, surtout aux planches III (les personnages), V (la chauve-
souris) et VIII (les animaux), on vérifie s'il est capable de faire preuve
d'une pensée conventionnelle ou réaliste, de voir ce que tout le monde
voit.

L'enquête des limites est importante au point de vue diagnostic


et pronostic ; elle est d'autant plus importante que les réponses don-
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nées antérieurement sont restreintes et pauvres. Plus le sujet a de la


difficulté à donner les réponses recherchées par l'examinateur, plus la
pathologie risque d'être prononcée.

IV. C a r a c t é r i s t i q u e s d e s p l a n c h e s

Planche I - C'est la première planche présentée au sujet. Elle


est neutre et n'offre pas d'aspects particuliers. Son intérêt principal est
de permettre au sujet d'aborder le test, de se familiariser avec lui. Les
interprétations courantes, sinon banales, qu'on y rencontre, sont les
suivantes :

- Géo (cartes de toutes sortes),


- Anat. (vertèbres, coccyx, etc.), interprétations qui reflètent générale-
ment un "complexe d'intelligence" : réponses inhibées, peu sponta-
nées.
- le sujet mieux adapté va voir des Ban. (papillon, oiseau, etc.).
- un "choc" est le signe d'une difficulté éprouvée par le sujet à aborder
le test. Ce peut être un choc-CLOB ou un choc au noir.
- K (interprétation kinesthésique du personnage central) est une répon-
se indifféremment perçue par l'un ou l'autre sexe.

Planche II - L'apparition du rouge constitue un élément nou-


veau pour le sujet. Cette planche est d'ailleurs fréquemment appelée :
"planche rouge". Elle est plus difficile que la précédente, elle est aussi
plus "refusée". Néanmoins, une réponse Ban. s'y rencontre générale-
ment : les deux chiens, les deux ours, qui se regardent. C'est une
réponse moins "banale" que celle de la Planche I.
Le choc au rouge s'y rencontre aussi. Son interprétation peut
avoir une valeur sexuelle. Comment le sujet réagit-il au rouge ? On
aperçoit ici une première forme de réponse-couleur, couleur qui est
d'ailleurs très chargée, affectivement (les réponses de "sang" ou de
"flamme" sont en rapport avec la sexualité).
Le symbolisme sexuel tient à plusieurs choses ; et d'abord,
cette interprétation sexuelle est tantôt symbolique, tantôt directe (élé-
ment phallique, en haut ; organe sexuel féminin, rouge en bas).

La réponse : "Deux clochards, deux personnages qui se regar-


dent", peut être cotée K.
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Le choc au vide est aussi une réponse fréquente : impression de


vertige, d'attirance vers le "trou", vers le "vide"...

Il est intéressant de mettre en rapport le type de résonance inti-


me du sujet (extratensif ou introversif) avec ses réponses à cette
planche.
Planche III - C'est la planche kinesthésique par excellence.
C'est également une K "banale", ce qui veut dire qu'elle est très fré-
quente. C'est même un signe pathologique que de ne pas voir cette K
à cette planche.

Quand la K est transformée en personnage animal (chiens,


canards, etc.), on peut supposer que le sujet n'aime pas cette K, et
qu'il est mal adapté.

Quand la K est transformée en pantins, guignols, ombres,


marionnnettes, etc., cette "déshumanisation" de la K peut renvoyer à
une affectivité excessive.

Une autre Ban. est de voir un papillon, ou un nœud papillon,


dans le rouge central.

Quand la planche est en position inversée V, la K est souvent


perçue comme des danseuses noires, ou une danse de French Cancan.
Ou aussi, le sujet peut percervoir un seul personnage, au centre, dont
les deux bras sont levés en l'air (toujours dans la position inversée).
Mais la planche III est aussi la planche du Do (détail oligophré-
nique).
En ce qui concerne le "choc au rouge", il est intéressant de
noter si, ayant eu lieu à la planche II, il se poursuit ou s'il est surmon-
té. Dans ce dernier cas, le rouge est perçu comme étant moins vif,
moins saillant, donc moins traumatisant qu'à la Planche II.

Planche IV - C'est la planche noire par excellence, où le noir


est le plus massif, le plus dense. Les réactions à cette planche (quand
il y a "choc au noir") sont assez difficiles à interpréter. S'agit-il d'un
choc sur le plan anxieux, quand il se produit un choc-CLOB ? Ou d'un
autre type de choc ? Il est à signaler toutefois que c'est dans cette
planche qu'on rencontre le plus de CLOB (quand ils existent).
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Une K est possible, quand on appréhende la planche dans sa


totalité : un personnage, ou un ours qui danse.

La planche IV est souvent appelée la "planche paternelle", ou


"masculine" (ce qui revient au même, au plan du symbole où nous
nous plaçons). C'est l'idée du "noir massif' qui produit ce caractère
de relation à l'autorité paternelle. D'ailleurs, la K à cette planche est
toujours une K masculine (même un monstre est perçu comme étant
masculin). On y rencontre très rarement, voire jamais, de K féminine.
La technique psychanalytique ( et celle d'"association libre",
plus précisément) permet de rattacher la tête de crocodile ou d'hippo-
potame (souvent perçue) à l'autorité et à la puissance paternelle. En
effet, Freud émet l'hypothèse que la tête est un substitut paternel (voir
"L' interprétation des rêves", pour plus de précision). Les "bottes"
(qu'on peut également percevoir à la planche IV) sont aussi le substi-
tut de l'autorité paternelle.

Ainsi, un choc-CLOB à cette planche renverrait à une anxiété


fondamentale, celle du complexe d'Œdipe non résolu ou mal liquidé,
d'après la grille d'interprétation analytique.

Sur le plan sexuel, on peut percevoir des coupes plus ou moins


phalliques, dans le haut de la planche.

D'une manière générale, les sujets n'aiment pas beaucoup cette


planche, à cause surtout de ce "noir massif', qui traumatise quelque
peu au départ. On la trouvera souvent rejetée, à la phase du "choix des
planches", et très rarement choisie comme celle que l'on préfère le
plus.
Planche V - La réponse Ban. par excellence est la "chauve-sou-
ris" ou le "papillon". C'est la planche la plus "facile" du Rorschach, la
plus "banale" aussi.
Une K peut être perçue : le personnage central (avec des ailes)
faisant penser à une fée, à Blanche-Neige, etc. Ou encore : deux per-
sonnages accroupis dos à dos. Le plus souvent, ce type de réponse est
interprété comme une réponse globale G.

Planche VI - Cette planche est intéressante à différents points


de vue. D'abord, une Ban. consiste à voir dans le D inférieur, une
fourrure ou un tapis.
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Dans le haut, un petit oiseau ou un papillon est également


perçu, mais cette réponse n'est pas une Ban. dans la liste française.
C'est la planche où il y a le plus d'estompages : les peaux
d'animal, les fourrures, etc. Mais c'est aussi la planche qui s'offre le
moins aux réponses K.
La planche VI est souvent appelée "planche sexuelle" , ou
"phallique" (et donc forcément, masculine), à cause des ses caractères
fortement sexuels.
En effet, le phallus peut être perçu de tous les côtés, dans tous
les sens ,dans toutes les directions.
En position normale, en haut : un symbole phallique. En bas :
les testicules et les hémorroïdes ont une signification plus "anale" ( en
termes freudiens ) , etc.
Certains psychologues placent dans cette planche les "chocs
sexuels". Ils y trouvent la source de bien des traumatismes par rapport
au phallus, surtout chez les adolescents et les hystériques.

Planche VII - Cette planche est difficile, à plus d'un égard. Il


faut noter que ni la liste française ni la liste américaine n'y mention-
nent des Ban. Cette planche n'est donc pas structurée comme les pré-
cédentes, elle est plus morcelée. Ce qui la rend par conséquent
d'autant plus difficile à interpréter pour les sujets non doués du point
de vue kinesthésique.
On voit généralement, dans le centre, deux femmes qui "jacas-
sent", ou deux danseuses (femmes). Les extravertis ont plus de mal à
interpréter cette planche que ceux qui sont plutôt introvertis. Cette
planche est appelée "planche féminine" ou "maternelle", par opposi-
tion à la planche IV (masculine, ou paternelle). En effet, du point de
vue kinesthésique, les K sont à peu près toujours féminines (ce sont
des "bonnes femmes", des " c o m m è r e s " , des "danseuses", etc.).
Certains sujets y verront des "lutins", mais ce sont des lutins "gentils",
"gracieux", qui ne se comparent guère aux monstres "affreux" perçus
dans la planche IV.
Ces contenus féminins sont sans doute dus au caractère assez
clair, aéré, léger de la planche. A noter que le grand Dbl central peut
avoir une interprétation sexuelle, quand il est perçu comme un vase ou
un récipient (sexualité symbolique, et non directe). Une autre interpré-
tation sexuelle consiste à voir au bas de la planche (position normale)
une "charnière" (réponse sexuelle symbolique) ou les parties génitales
de la femme (réponse sexuelle directe).
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Les "chocs" à cette planche, on le voit, peuvent également être


étudiés sous l'angle psychosexuel (comme pour la planche VI).

Planche VIII - Cette planche est la première à se présenter


comme entièrement colorée, et c'est son caractère fondamental.
Quelles sont les réactions du sujet à la couleur ? Y a-t-il "choc" à cette
planche ? Le sujet utilise-t-il, au contraire, la couleur ? D'emblée ou à
retardement ? Quel est le temps de latence à cette planche, comparati-
vement aux autres ?
Normalement, il y a Ban., quand le sujet perçoit les deux ani-
maux rouges latéraux. L'absence de cette Ban. peut signifier un choc-
couleur.
Il n'existe pas de réponse K à cette planche (le mouvement des
deux animaux latéraux étant coté kan). En général, le sujet va faire des
interprétations de détail (c'est normal, la planche s'y prête) : avec
estompage dans le bleu-vert central (très souvent), et organe sexuel
féminin (vagin) au milieu, partie inférieure (rouge et jaune).
C'est une planche relativement "facile" (par rapport à la sui-
vante) et elle est généralement perçue comme agréable.

Planche IX - Elle est d'ordinaire considérée comme difficile,


désagréable et plutôt laide. C'est peut-être la plus difficile des dix
planches.
La liste américaine ne lui trouve aucune Ban., la lise française
lui accorde une Ban. (rose du bas : tête d'homme). D'autre part, sa
signification sexuelle est moins évidente que pour celles que nous
avons déjà examinées.

Cette planche donne lieu plus facilement à des interprétations


symboliques, élaborées, abstraites. Les sujets "compliqués" y trouvent
des choses très profondes. Ainsi, les délirants et les schizophrènes
l'interprètent volontiers comme préfigurant la fin du monde, l'apoca-
lypse, ou au contraire, la naissance du printemps, etc. Les sujets
"simples" ou "pas compliqués" ne l'aiment généralement pas ; au
contraire, ils ont plutôt l'habitude de la rejeter, à l'épreuve du choix. Il
est exceptionnel de trouver des sujets préférant à la fois les planches
VIII et IX. Qu'y voit-on en général ?
- en haut (position normale), deux lutteurs qui se battent (signe
d'agressivité). Ou encore, des langoustes, avec parfois des épinards au
dessous (le vert).
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- jet d'eau au milieu, coté kob (kinesthésie d'objet). Ou encore


: fusées, bombes atomiques, etc. Ces réponses sont symboliquement
significatives, au niveau sexuel.

De toute manière, la planche IX est la plus riche du point de


vue symbolique. Il est d'ailleurs très intéressant de savoir si le sujet l'a
aimée ou pas (contrairement à la planche V, qui est très neutre, et dont
il importe peu de savoir si le sujet la préfère ou non).
Signalons enfin que la fréquence des chocs est la même pour
les hommes et pour les femmes vis-à-vis de cette planche, tandis
qu'ils se différencient pour les autres planches : en effet, les femmes
ont plus de "chocs" vis-à-vis des planches VI et IX, les hommes vis-à-
vis des planches VII et IX.

Planche X - C'est la "planche-couleurs par excellence, à cause


de leur abondance et de leur dispersion. Elle tient un rôle intermédiai-
re entre la planche VIII et la planche IX : elle n'est a priori ni agréable
ni désagréable. On notera que c'est la plus découpée, la plus morcelée
des "planches-couleurs". Là aussi, les interprétations de "détail" sont
très nombreuses. On trouve trois Ban. dans cette planche :
- les araignées ou les crabes (bleu latéral).
- les deux chenilles (vert inférieur).
- la tête du lapin (vert pâle du bas).
La K se trouve généralement dans le bleu central. Ex.: "Deux
personnes qui se serrent la main au-dessus d'un précipice". Un sujet
intelligent ou ambitieux tentera de donner une réponse globale G
(pour l'ensemble de la planche), mais il est assez difficile d'en donner
une bonne. Les moins bonnes sont affectives, et font appel à la bota-
nique, à l'anatomie, etc. Par contre, les bonnes réponses G peuvent
être les suivantes : une fête nationale, un carnaval, la Saint-Jean-
Baptiste (24 juin), etc. De telles réponses impliquent l'agencement :
couleur et kinesthésie. Ou encore : carnaval d'oiseaux, papillons
autour d'une lampe à pétrole.

Les sujets qui se fatiguent facilement refusent généralement la


planche X (aucune interprétation) : effectivement, c'est la solution la
plus "facile". On trouve ce refus chez les sujets qui démissionnent
quand il leur faut réagir devant plusieurs stimuli non structurés, et par
conséquent, qui pourraient également démissionner dans le monde
social, quand ils se trouvent dans une situation similaire. Ce qui
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explique que les sujets psychasthéniques refusent généralement la


planche X.

Enfin, il y a de très beaux Dbl dans cette planche qui, en


quelque sorte, représente une espèce de résumé synthétique de
l'ensemble des planches (quant aux couleurs, à l'estompage et aux
interprétations sexuelles).
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CHAPITRE 2

LA COTATION DES RÉPONSES


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La cotation va figurer dans les 4 dernières colonnes de la


feuille-réponses. Les 3 premières colonnes sont relatives à l' où, au
pourquoi et au quoi :
1) Où le sujet a vu ce qu'il dit, à quel endroit précis ? (c'est sa locali-
sation).
2) Pourquoi : Qu'est-ce qui a déterminé son interprétation ? (c'est le
déterminant).
3) Quoi : Qu'y a-t-il dans son interprétation ? (c'est le contenu).

Chacun de ces 3 aspects est obligatoire à noter. La quatrième


colonne est destinée à recueillir toutes les autres remarques, ainsi que
les notations accessoires. Nous allons à présent examiner en détail
chacun de ces 3 aspects, nécessaires pour la cotation.

Liste des abréviations et symboles en usage en France


A = réponse "animal" K = kinesthésie
Abs. = abstraction kan = kinesthésie animale
Ad = réponse "détail animal" kob = kinesthésie d'objet
Anat. = anatomie kp = petite kinesthésie
Archi. = architecture Obj. = objet
Ban. = banalité Orig. = originalité
Bot. = botanique Pays. = paysage
D = grand détail R = total des réponses
Dbl = détail blanc RC = réponses-couleur (aux planches VIII,
Dd = petit détail IX et X)
Do = détail oligophrénique RM = raie médiane (axe vertical)
El. = élément Sc. = sciences
F+ = bonne forme Sex.= réponse sexuelle
F- = mauvaise forme Sym. = symétrie
F± = ni bonne ni mauvaise forme Symb. = symbole
Fr. = fragment t = temps de latence ou de réaction
G = réponse globale T = temps total (de la planche I à la
Géo. = géographie planche X)
H = réponse "humaine" TRI = type de résonance intime
Hd = réponse "détail humain" FS = formule secondaire
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