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Agro-alimentaires et de Transformation
du Burkina (F.I.A.B)
INIATIVE MIL-SORGHO
(I.M.S)
02 BP 5172 Ouagadougou 02
Tel : (226) 30.85.99
Email : fiab@cenatrin.bf
OCTOBRE 2001
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SOMMAIRE
AVANT-PROPOS........................................................................................................................................................ 8
RESUME ...................................................................................................................................................................... 9
RECOMMANDATIONS GENERALES ................................................................................................................. 12
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SIGLES ET ABREVIATIONS
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ICRISAT : International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics
INERA : Institut de l’Environnement et des Recherches Agricoles
INSAH : Institut du Sahel
INSD : Institut National de la Statistique et de la Demographie
IPGRI : International Plant Genetic Resource Institute
IRAT : Institut de recherche en Agronomie Tropicale
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
IRSAT : Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies
ITA : Institut de Technologie Alimentaire
LCB : Ligue des Consommateurs du Burkina
LTC : Laboratoire de Technologie des Céréales
MA : Ministère de l’Agriculture
MARA : Ministère de l’Agriculture et de Ressources Animales
OFNACER : Office National des Céréales
OIC : Organisation Internationale des Consommateurs
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONSL : Organisation Nationale des Syndicats Libres
OP : Organisation Paysanne
ORD : Organisme Régional de Développement
OTRAF : Organisation des Transporteurs Routiers du Faso
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PAPEM : Point d’Appui et de Prévulgarisation des Essais Multilocaux
PASA : Plan d’Ajustement Structurel du Secteur Agricole
PATECORE : Projet Aménagement des Terroirs et Conservation des Ressources dans le
Plateau Central
PDI : Projet de Développement Intégré
PGRN/SY : Projet de gestion des Ressources Naturelles du Séno et du Yaga
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
PNGT : Programme National de Gestion des Terroirs
PP : Parcelle de Production
PRL : Laboratoire Régional de la Prairie au Canada
PROCELOS : Promotion des Céréales Locales au Sahel
PTP : Parcelle Test de Production
RCPB : Réseau des Caisses Populaires du Burkina Faso
RIIC : Centre Rural d’Innovation Industriel
ROCAFREMI : Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche sur le Mil
ROCARS : Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche sur le Sorgho
SIM : Système d’Information sur les Marchés
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SIMA : Service des Intrants et du Machinisme Agricole
SNRA : Système Nationaux de Recherche Agricole
SODEPAL : Société de Production Alimentaire
SOFITEX : Société Burkinabé des Fibres et Textiles
SONAGESS : Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité
SP/CPC : Secrétariat Permanent pour la Coordination des Politiques Céréalières
TAA : Taux d’Adoption Absolu
TS : : Technicien Supérieur
UBETA : Unité Béninoise de Transformation Alimentaire
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain
UGFS : Unité de gestion de la Fertilité des Sols
UGVBM : Union des Groupements Villageois de la Boucle du Mouhoun.
UNTRB : Union Nationale des Transporteurs Routiers du Burkina
UPA : Union des Producteurs Agricoles
URPATA : Unité de Recherche Production et d’assistance Technologique Adaptée au
Sahel
USAID : United States Aid
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AVANT-PROPOS
Le présent document est le fruit d’un travail qui se situe dans le cadre de l’exécution de la première phase de
l’exécution du Projet Initiative Mil-Sorgho au Burkina Faso. Il avait pour objectifs de :
• Dresser un tableau diagnostic sur l’état et le fonctionnement actuels de ce qu’on pourrait appeler
une ‘filière Mil-Sorgho’,
• Formuler des recommandations pertinentes qui pourront alimenter un plan d’action opérationnel au
titre de la seconde phase du dit Projet.
Ce travail a été conduit par une équipe pluridisciplinaire du Comité National de Concertation (CNC), mis en
place pour le suivi et l’exécution de projet Initiative Mil-Sorgho au Burkina Faso et dont la Présidence a été
confiée à la FIAB. L’équipe est composée de :
- Mme Simone ZOUNDI, Gestionnaire - Comptable, PDG SODEPAL (Unité de transformation),
Présidente de la FIAB
- M. Roger G. ZANGRE, Sélectionneur mil, INERA ;
- M. Badiori OUATTARA, Agropédologue/Fertilité des sols ; INERA ;
- M. Samsomna BIEGO, Directeur CTRAPA (Unité de transformation) ;
- Mme Denise KAMBOU, Technologue, Relais National PROCELOS ;
- Mme Laurencia OUATTARA, Technologue, IRSAT ;
- M. Théophile DIPAMA, Agro - Economiste, FIAB.
Pour atteindre les objectifs visés, l’équipe a adopté une démarche méthodologique qui a comporté des
revues de littérature dans les structures et institutions traitant du sujet et des sorties de terrain dans les
différentes régions Agricoles où des enquêtes complémentaires ont été menées.
Au terme de l’étude, l’équipe tient à adresser ses sincères remerciements à tous ceux qui, d’une manière ou
d’une autre, ont beaucoup aidé la mission de consultation lors des enquêtes sur le terrain. Elle adresse sa
profonde gratitude à :
- Dr Marcel GALIBA, Directeur de Sasakawa Global 2000 Mali - Burkina,
- M. Mamadou CAMARA, Coordonnateur Régional du Projet Initiative Mil- Sorgho,
Qui n’ont ménagé aucun effort pour faciliter la bonne exécution de cette mission.
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RESUME
Le présent travail se situe dans le cadre de la première phase du Projet Initiative Mil-Sorgho, avec
pour objectif de dresser un tableau diagnostic de l’ensemble des actions conduites en matière de
techniques de production, de transformation et de commercialisation des mils et sorgho au Burkina
Faso. Pour ce faire, la démarche de travail a allié la recherche documentaire et les enquêtes
complémentaires de terrain.
L’analyse bilan des techniques de production des mils et sorgho montre que celles-ci sont
confrontées à de nombreuses contraintes pédoclimatiques, techniques, et politico-institutionnelles
qui cantonnent ces deux céréales de base à l’agriculture de subsistance. Il ressort que les
technologies de production développées par la Recherche ont permis d’accroître de façon
substantielle les rendements de ces cultures malgré le poids des aléas climatiques. Ces actions ont
été bâties autour des grands axes suivants :
• L’utilisation rationnelle des technologies endogènes de conservation des eaux et des sols
(CES). Il s’agit de toutes ces techniques réalisées à l’échelle du paysage agricole (cordons
pierreux, diguettes en terre, bandes de végétation) qui permettent de réduire le ruissellement
des eaux de pluie et l’érosion et qui apparaissent de nos jours, comme un préalable aux
investissements sur les terres agricoles.
• La valorisation des ressources locales et l’utilisation d’engrais à doses économiques pour
maintenir et/ou améliorer la fertilité des sols. Ce sont les technologies se rapportant, entre
autres, au système de fertilisation organique à travers différentes techniques de production de la
matière organique (fosses fumières, recyclage des résidus de récolte par voie de compostage,
parcs d’hivernage, etc.) C’est également l’utilisation du phosphate naturel qui permet de
recapitaliser la fertilité des sols naturellement pauvres en phosphore dont la courbe de réponse
se confond pratiquement avec l’intensité d’utilisation des terres agricoles. L’utilisation des
engrais chimiques à des doses économiques apparaît indispensable si l’on vise des objectifs de
production intensive.
• En matière de développement variétale, l’analyse actuelle a montré que la plupart des cultivars
locaux de mil et de sorgho sont caractérisées par leur faible potentiel de production. On dispose
d’une gamme très variée de variétés améliorées de mil et de sorgho. Elles ont été sélectionnées
à partir de critères d’abord productivistes qui ont, ensuite pris en compte la qualité du grain, la
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résistance aux insectes et aux maladies. Mais force est de reconnaître que ces variétés affichent
de faibles taux d’adoption.
• L’étude bilan a, par ailleurs mis en évidence l’importance des nuisibles dont les dégâts
occasionnés sont à l’origine de la dépréciation des rendements et de la qualité du grain. En
terme de moyens de lutte les résultats de la recherche ont permis d’identifier ces prédateurs, de
quantifier l’ampleur de leurs dégâts, de mieux connaître leur bioécologie afin d’envisager des
méthodes de lutte intégrée à moindre coût.
Le marché céréalier national a été marqué, dans un premier temps, par une volonté de contrôle
affiché de l’Etat qui voudrait assurer aux producteurs un prix d’achat rémunérateur et aux
consommateurs des prix de vente raisonnables, tout en veillant à la constitution de stocks de
sécurité. Ce marché a, ensuite été libéralisé avec l’avènement du Programme d’Ajustement
Structurel du Secteur Agricole (PASA). Il ressort des études de consommation que les mil et
sorgho trouvent beaucoup d’attrait en milieu urbain. Le mil est utilisé dans la restauration rapide
tandis que le sorgho est en grande partie consommée sous forme de bière locale. Ces deux céréales
traditionnelles sont toutefois surplantées par le maïs qui, à lui seul draine plus de 54 % des
populations urbaines. On montre également que la quasi-totalité de la consommation de ces
céréales en zones urbaines (80 %), passe par le marché, contre 9% en milieu rural. La dévaluation
du franc CFA aurait permis de créer un esprit concurrentiel très bénéfique et plus accentué sur les
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marchés ruraux. Mais dans tous les cas, les marges nettes de commercialisation de ces céréales
demeurent en deçà de celles générées par le maïs. On montre que le rôle des Organisations
Paysannes dans la filière céréale est encore peu développé. En somme, le développement du
marché céréalier au Burkina Faso, requiert nécessairement une forte implication de tous les acteurs
dans la définition et l’élaboration d’une stratégie d’action prenant en compte les différentes
préoccupations dans un processus de responsabilisation et d’autonomisation.
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RECOMMANDATIONS GENERALES
• Valoriser, autant que faire se peut ressources locales (matière organique, phosphate naturel,
dolomie) pour entretenir et/ou améliorer le potentiel de production des terres agricoles
• Mettre en place, de façon concertée avec tous les acteurs concernés, des mécanismes de
production et de distribution durables de semences.
• Apporter des appui conseil aux unités de transformation afin de leur permettre d’accéder aux
informations à travers les Systèmes d’Information sur le Marché d’opérer des choix judicieux
d’équipement et d’avoir une bonne maîtrise des procédés de transformation.
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• Elever le niveau des responsables des organisations par la formation et doter les organisations
faîtières (FIAB, FEPA/B) de moyens afin d’exercer un lobbying au profit de la filière.
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INTRODUCTION
Le mil et le sorgho constituent les principales céréales du Burkina Faso et sont très ancrées dans la
vie socio-économique du pays. Cependant les actions menées jusqu’ici pour inciter le
développement de ces deux céréales de base n’ont pas pu répondre de façon efficace aux
préoccupations majeures des différents acteurs concernés. D’importants travaux de recherche très
souvent accompagnés de programmes ambitieux vulgarisation agricole ont été conduits tant au plan
national que sous régional. Mais force est de constater que ces actions n’ont visé que des objectifs
productivistes en privilégiant la génération de techniques et de paquets technologiques destinés à
accroître les productions céréalières. Certes, de nombreux résultats ont été obtenus mais ils
connaissent des taux d’application relativement faibles et diverses raisons sont évoquées pour
expliquer cet état de fait. Il est, entre autres, reproché à ces actions de n’avoir pas suffisamment
pris en compte les préoccupations des autres acteurs impliqués dans ce qu’on pourrait appeler la
“ filière céréale ”. Il s’agirait en l’occurrence des acteurs situés en aval de la filière qui pourraient
être déterminants dans la promotion de ces traditionnelles. C’est dans cette optique que le Projet
Initiative Mil-Sorgho a vu le jour sur financement de l’ONG Sasakawa Global 2000, du FIDA et de
la Coopération Française. Il se propose de contribuer à la re dynamisation de la filière Mil-Sorgho
en développant des actions concertées entre Chercheurs, Producteurs, Transformateurs,
consommateurs, etc. Ce programme vient en appui à cinq pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre
pour une durée de 4 ans.
Les objectifs globaux visent l’amélioration de la sécurité alimentaire dans la sous région,
l’augmentation des revenus en milieu rural et dans le secteur de la transformation. De façon plus
spécifique, il s’agirait de développer la filière céréalière (mil et sorgho) à partir de la demande du
marché. Aussi, dans le souci de créer progressivement une synergie d’action entre tous les acteurs,
d’une part et de réussir la mission qui lui est assignée d’autre part, une étude bilan a été demandée
dans chaque pays partenaire. Celle-ci devrait aboutir à dresser un tableau diagnostic de la filière et
élaborer une stratégie d’appui et un cadre de concertation permanent.
Cette étude a été confiée à une équipe pluridisciplinaire issue du Comité National de Concertation
du Projet. Elle comporte trois grandes parties :
I. Techniques de production du mil – sorgho
II. Techniques, procédés et produits de transformations
III. Principales caractéristiques du marché céréalier
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PARTIE I : LES TECHNIQUES DE PRODUCTION DU MIL ET DU SORGHO
Une telle assertion repose nécessairement sur la production de façon durable d’une matière
première de bonne qualité et en quantité suffisante. L’objectif de la présente étude consisterait, sur
la base des contraintes majeures énumérées, à passer en revue toutes les actions développées en
matière de Recherche-Développement pour soutenir en amont la filière mil-sorgho. Ce sont toutes
les techniques et paquets technologiques mis au point (techniques culturales, développement
variétal, production et distribution de semences, gestion des nuisibles) pour accroître la production
et la productivité de ces céréales sèches.
Le Burkina Faso est un pays enclavé, appartenant à la zone sahélienne de l’Afrique de l’Ouest. Il a
une superficie de 274.000 km² et une population estimée à 10,3 millions d’habitants suivant le
recensement réalisé en 1996 (INSD). Le taux de croissance démographique se situe à 2,4%.
L’agriculture est du type extensif, très peu monétarisée et essentiellement basée sur les cultures
pluviales. Le sorgho et le mil ont toujours dominé les paysages agricoles burkinabé. Ils constituent
les deux céréales de base et sont fortement ancrées dans les habitudes alimentaires des populations
rurales et urbaines. L’importance et le poids socio-économique de ces deux céréales ne font
l’ombre d’aucun doute tant par les superficies emblavées que par les quantités produites.
Le Burkina Faso, sur le plan agricole a été divisé en cinq régions : l’Est, le Sahel, le Nord-Ouest, le
Centre et l’Ouest (voir carte 1). Environ 3,5 millions d’hectares sont cultivés, soit un tiers des
surfaces cultivables au Burkina Faso. Quatre vingt huit pour cent (88%) des surfaces agricoles sont
emblavées en céréales (mil, sorgho et maïs), cultures qui représentent 70% de l’alimentation
burkinabé.
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Les statistiques agricoles dénombrent 850 000 exploitants agricoles. Elles sont dirigées par des
producteurs individuels appelés “ chef d’exploitation ”. Les exploitations moyennes sont plutôt
de petite taille. Elles se différencient suivant les régions agricoles par leur mode de production, les
spéculations produites, la quantité mise en marché, le rendement réalisé. Environ 8% des chefs
d’exploitation sont des femmes : on les trouve surtout dans le Yatenga, le Ioba et la Sissili. Il
existe à côté des producteurs individuels, des producteurs institutionnels, à savoir des coopératives
et des groupements qui produisent des céréales dans des exploitations collectives. Leur part dans
la production nationale est encore marginale : quelques milliers de tonnes, mais elle est
essentiellement commercialisée. Pour ces dernières années, les céréales qui restent les principales
spéculations, sont dominées par le mil et le sorgho blanc qui occupent respectivement 42% et 38%
des superficies en céréales et 65% à eux deux sur la superficie globale (DSAP, 1997). Il est
précisé dans ce même document que 18,4% des superficies emblavées en céréales sont localisées
dans la boucle du Mouhoun (Kossi, Mouhoun, Sourou) ; 10,7% dans l’Est (Gnagna, Gourma,
Tapoa) ; 10,1% dans le Centre-Ouest (Boulkiemdé, Sanguié, Sissili) et 9,5% dans le Centre-Nord
(Bam, Namentenga, Sanmatenga).
Les différentes régions du Burkina Faso présentent des conditions naturellement et culturellement
variées, mais la plupart des producteurs sont des ménages pauvres et petits, caractérisés par un
niveau d’investissement bas et une faible niveau de mécanisation et quasi absence d’utilisation
d’intrants (engrais) sur les mil et sorgho. Les céréales sont surtout destinées à l’autoconsommation
des ménages agricoles. La quantité autoconsommée est de 85% de la production pour le mil et le
sorgho.
La production céréalière a connu une hausse importante ces dernières années grâce à
l’accroissement des rendements et des superficies. L’accroissement des rendements expliquerait les
deux tiers de la hausse selon les statistiques. Ainsi pendant les périodes de mauvaises
pluviométries, les baisses de production pouvant atteindre 50 % dans certaines régions agricoles,
proviendraient d’une diminution des superficies (de 25 à 45 %) que d’une baisse drastique des
rendements (moins de 10%). Il convient toutefois de noter que ces rendements demeurent encore
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relativement faibles. Cependant il existe des techniques capables de faire doubler les rendements. Il
existe également un potentiel en terme de terres cultivables car seulement un tiers de celles-ci sont
actuellement exploitées. Cela dit, l’amélioration des techniques culturales est nécessaire, même sur
des extensions de superficie, pour assurer une croissance durable. Le Burkina Faso a donc
théoriquement les moyens potentiels de faire encore accroître la production et les rendements
céréaliers.
Les analyses montrent que les besoins en céréales sont couverts à 103% en moyenne sur le plan
national entre 1991et 1997. Entre 1985 et 1995, l’accroissement de la production (4,1% par an) a été
nettement supérieure à celle de la population. Cette progression provient (selon les statistiques
officielles) pour un tiers de l’extension des surfaces et pour les deux tiers de la croissance des
rendements. Cependant, la production est encore fortement sujette aux variations pluviométriques et
toute baisse importante de la production entraîne des situations de crises alimentaires. C’est ainsi
qu’on a observé de 1996 à nos jours une diminution globale de la production avec toutefois des
années fastes comme en 1999-2000 (2.699 886 tonnes contre 2 656 490 tonnes enregistrées la
campagne précédente). Si la croissance d’ensemble de la production céréalière n’est que de 2%,
on enregistre cependant une évolution significative pour certaines céréales tels le maïs et le riz.
Le taux de couverture en besoin céréaliers est de 108% .
Au niveau provincial, des disparités existent. Les provinces généralement excédentaires (au
nombre de dix) sont situées dans les régions les mieux arrosées du pays (pluviométrie supérieure à
800 mm). Par contre d’autres provinces enregistrent des baisses de production allant de 22% à
40%. Ces provinces sont situées dans des zones moins arrosées où la pluviométrie oscille entre 400
à 700 mm.
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filière céréalière au Burkina Faso, si elle comprend des acteurs bien identifiés, ne constitue pas
encore véritablement un regroupement cohérent et opérationnel. La coordination, concept très
important selon l’étude citée et qui fait référence au “ degré d’harmonie entre les intervenants
agissant dans le même sens pour améliorer les performances de la filière ” n’est pas encore
effective.
Les résultats enregistrés dans la production des mil et sorgho, tant en terme quantitatif qu’en terme
d’organisation des acteurs, permettent de conclure à l’existence d’une filière céréalière dont la
construction n’est pas achevée mais qui présente toutes les caractéristiques d’une structure qui
pourra devenir fonctionnelle.
Pour une meilleure organisation de la filière il est impérieux d’asseoir un cadre de concertation en
vue de générer un flux d’informations capitales pour une transparence du marché céréalier.
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Tableau 1. Tendances de la production et de la productivité des mil et sorgho par région agricole entre 3 périodes 1985-1987 (1) et 1994-1996 (2) d’une part et
1994-1996 et 1999-2001 (3) d’autre part.
SORGHO Période 1 Tendance Période 2 Tendance Période 3 Période 1 Tendance Période 2 Tendance Période 3 Période 1 Tendance Période 2 Tendance Période
1-2 2-3 1-2 2-3 1-2 2-3
Burkina 1 152 910 26% 1 457 843 1 277 701 810 184 54% 1 250 848 -19 % 1 012 840 703 22 858 -8 % 793
Centre 340 457 6% 362 442 +13% 412 197 227 804 29 % 293 028 +3% 302 024 668 21 808 -9 % 732
Nord-Ouest 246 002 33% 328 172 -42% 191 136 130 399 86 % 242 041 -50 % 121 964 530 39 738 -13 % 638
Sahel 37 271 111% 78562 -44% 43 599 16 609 209 % 51 320 -48 % 26 410 446 47 653 -7 % 605
Est 219 830 47% 323 103 -25% 242 661 165 330 91 % 315 917 -31 % 218 029 752 30 978 -8 % 898
Ouest 309 351 18% Période 1 +6 % 389 607 370 946 29 % 348 543 -1 % 344 412 876 9 953 -7 % 884
MIL
Burkina 1 072 199 6% 1 136 367 +6 % 1 208 389 575 056 38 % 792 208 -2 % 771 658 536 30 % 697 -8 % 638
Centre 252 251 16 % 292 301 +41 % 413 079 153 236 22 % 186 996 + 36 % 254 368 607 5% 640 -4 % 615
Nord-Ouest 242 380 -26 % 179 663 -8 % 165 218 113 906 4% 118 423 -19 % 95 287 470 40 % 659 -12 % 577
Sahel 144 680 35 % 195 290 -8 % 179 485 40 843 131 % 94 166 -17 % 77 712 282 71 % 482 -10 % 433
Est 233 087 2% 237 550 -7 % 221 456 136 143 40 % 190 106 -13 % 165 407 584 37 % 800 -7 % 747
Ouest 199 799 16 % 231 564 -1 % 229 150 130 928 55 % 202 517 -12 % 178 983 655 33 % 875 -11 % 781
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1.2. CONTRAINTES MAJEURES LIMITANT LES PRODUCTIONS DU MIL
ET DU SORGHO
Au Burkina Faso, le mil et le sorgho, à l’instar des autres cultures, sont confrontés à un certain
nombre de contraintes pédoclimatiques, techniques, et institutionnelles qui limitent leur
production. Ce sont : la grande variabilité de la pluviométrie, le faible niveau de fertilité des
sols, la faible productivité des cultivars locaux, l’action néfaste des prédateurs, le faible niveau
d’organisation des producteurs, la faible performance des services d’appui aux producteurs, les
difficultés d’écoulement des produits, etc.
Le climat général du Bukina Faso est du type soudanien caractérisé par l'alternance d'une saison
sèche et d'une saison pluvieuse dont la durée varie de 3 à 6 mois en allant du Nord au Sud-Ouest. Le
volume d'eau recueillie annuellement suit également cette variation spatiale : il va de 300 mm au
Sahel à 1200 mm en zone Sud-soudanienne. Toutefois, les précipitations se caractérisent par de
fortes variations inter et intra-annuelles à tel point que le volume d'eau globale tombée n'a que
peu de signification en agriculture. Cette variabilité se manifeste par : (i) une installation
capricieuse de la saison pluvieuse, (ii) un arrêt précoce des pluies et (iii) l'existence de nombreux
"trous pluviométriques" au cours du cycle cultural. Par ailleurs, on assiste de plus en plus à un
“ assèchement ” du climat caractérisé par un glissement des isohyètes du nord au sud du pays.
L'isohyète 1200 mm semble, à partir des années 1970, avoir pratiquement disparu du pays tandis
que l’isohyète 300 mm a fait son apparition dans la partie nord du pays (Somé, 1989).
Cette dérive climatique a, certes, des répercussions néfastes sur le développement de la culture
du mil et du sorgho. En effet, face aux fortes variations pluviométriques enregistrées au cours de
ces dernières décennies, les cultivars de mil de type Sanyo ayant un cycle long de 5 a 6 mois, ont
de la peine à s’adapter à la zone sud-ouest du pays (Provinces du Houet, de la Comoé, du
Kénédougou ). Ils ne parviennent généralement pas à boucler leur cycle ce qui entraîne des
baisses importantes de rendement. Il arrive quelquefois qu’avec l’arrêt tardif des pluies dont la
fréquence d’occurrence est d’environ 2 années sur 10, les épis moisissent, entraînant également
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des baisses de rendement et notamment de la qualité du grain. Aussi, confrontés à ces caprices
pluviométriques et ne possédant pas de variétés adaptées de mil, les paysans ont tendance à
abandonner cette culture au profit, notamment du maïs pour lequel il existe des variétés adaptées.
De façon générale, l’eau constitue l’un des facteurs limitants majeurs des productions céréalières
sur le Plateau central et dans les régions septentrionales du pays caractérisés, entre autres, par des
sols dégradés et très sensibles aux phénomènes de ruissellement et d’érosion.
Les sols agricoles du Burkina, de par leur origine pédogénétique, présentent dans leur grande
majorité des textures limono-sableuses à sablo-argileuse avec une nette prédominance de la
kaolinite (argile très peu gonflante et chimiquement peu active dans les sols) dans leur fraction
argileuse ; ils présentent également des carences généralisées en éléments nutritifs majeurs
(phosphore, azote, potassium) et sont pauvres en matière organique dont les teneurs atteignent à
peine 1% . Ces caractéristiques physico-chimiques conjuguées à la précarité des techniques
traditionnelles gestion des terres agricoles ne peuvent guère favoriser une bonne installation des
cultures. En effet, ces sols, généralement, tassés (faible porosité et faible capacité de rétention en
eau) sont, de surcroît, très sensibles à l’encroûtement superficiel. Il s’y développe alors un
important phénomène de ruissellement qui fait échapper aux cultures le peu d’eau qui tombe. Il
va s’en dire que ces sols abandonnés à eux-mêmes, sont incapables d’ offrir un volant hydrique
suffisant pour un développement correct des cultures dans les conditions climatiques actuelles.
La plupart des systèmes agricoles du Burkina Faso sont, de surcroît, du type extensif, peu
monétarisé et caractérisé par une “ agriculture minière ”. En effet, la restitution quasi inexistante
(sous forme d’engrais ou d’amendement organique ou minérale) des éléments nutritifs
annuellement prélevés par les cultures, constitue en soi une préoccupation majeure pour les
producteurs dans leur grand ensemble. Mis à part la zone cotonnière qui bénéficie d’un
encadrement technique soutenu et où l’utilisation des engrais est une pratique courante, la
diffusion de ce thème au niveau des autres régions à vocation céréalière, rencontrent de sérieuses
difficultés. Cela tient essentiellement aux difficultés de maîtrise des coûts élevés, de l’utilisation
de cet engrais-coton extrapolé aux céréales et également aux difficultés de leur gestion-
distribution. On estime à 8kg/ha/an les quantités moyennes d’engrais-coton utilisés alors que les
22
doses recommandées sur les céréales varient entre 75 et 100 kg/ha en fonction des zones
agroclimatiques ( Ministère de l’Agriculture, 1999). Les amendements agro-minérales,
essentiellement constitués par le phosphate naturel et la dolomie, connaissent également une
utilisation restreinte. Ce faible niveau de consommation est, entre autres, lié à : i) une faible
disponibilité de ces produits sur le marché ; ii) une méconnaissance par les producteurs de leur
potentiel pour la recapitalisation de la fertilité des sols ; iii) les contraintes liées à leur application
( le phosphate naturel se présente sous forme de poudre). L’utilisation de la matière organique
(sous forme de poudrette, de fumier ou de compost) demeure également faible. On estime à 27 %
le taux d’utilisation de la matière organique dont la quantité et la qualité requises sont
généralement en deçà de celles recommandées. Dans un tel contexte socio-économique, la
pratique de la jachère a, pendant longtemps, été considérée comme l’un des moyens traditionnels
de restauration et/ou du maintien de la fertilité des sols. Mais de nos jours, du fait de la forte
pression démographique qui entraîne une saturation de plus en plus accrue du foncier, les durées
des jachères se sont raccourcies et ne parviennent plus à jouer correctement leurs rôles d’antan
ou, au pire des cas, elles ont pratiquement disparu des paysages agricoles comme c’est le cas dans
les parties centrales et septentrionales du pays. Dans ces conditions et en l’absence de mesures
conservatoires, il se produit des processus de dégradation chimique marqués par un
appauvrissement en matière organique et une accentuation de la carence en certains éléments
minéraux de base tel que le phosphore dont la courbe de réponse se confond, de nos jours, avec
celle de l’intensité d’utilisation des terres agricoles (Sédogo, 1998). Les rendements des cultures
notamment céréalières demeurent alors très faibles.
Enfin, le faible niveau d’équipement des producteurs (exception faite de ceux de la zone
cotonnière) constitue un handicap majeur pour l’amélioration de la productivité des sols. En effet,
les statistiques actuelles montrent que seulement 28% des exploitants sont équipés en charrue et
17 % possèdent des bœufs de trait, toute chose qui ne permet pas de valoriser la force de travail
et/ou la productivité des terres.
23
1.2.2. Les contraintes biotiques à la production des mil et sorgho
Le mil et le sorgho sont confrontés à plusieurs contraintes biotiques qui ont une incidence notable
sur le rendement et la productivité au champ et affectent les récoltes dans les stocks. Si leur
incidence sont pour la plupart encore mal connue, il est révélé dans certains cas des pertes portant
sur la moitié ou la totalité du rendement. A la lumière de la littérature et des discutions avec les
chercheurs et les vulgarisateurs, les plus importants facteurs biologiques affectant le mil et le
sorgho sont les suivants :
• Les variétés traditionnelles de mil et de sorgho sont les plus cultivées par les paysans au
Burkina Faso et dans la plupart des pays sahéliens. Elles étaient depuis lors adaptées aux
conditions pédoclimatiques et biologiques de ces zones. La plupart de ces variétés sont
caractérisées par leur sensibilité à la photopériode, leur grande taille et la longueur de leur
cycle. Ces deux dernières caractéristiques constituent un handicap sérieux à la production
compte tenu de la réduction notable de la pluviométrie depuis plus d'une décennie.
Comparativement aux variétés améliorées en conditions de station, les rendements présentés
par les cultivars locaux sont relativement faibles (tableau 2). Un tel comportement a fait dire
de ces variétés qu'elles ont un potentiel de rendement faible. De même, dans le contexte de
production en champ paysan avec le maïs, ces deux céréales sont moins productives. Le mil, à
cause de sa plus grande rusticité, l'est encore davantage (Tableau 3).
(n) Nombre de sites d'essais pour lesquels les moyennes sont calculées
* Source : Fiches techniques variétales IKMP1 et IKMV8201
Le mil et le sorgho sont attaqués par plusieurs nuisibles dont les dégâts occasionnés sont à
l'origine de la dépréciation des rendements et de la qualité du grain. On rencontre les dégats dus
aux maladies et aux insectes.
Les principales maladies
25
Le mil et le sorgho sont attaqués par une multitude d'agents pathogènes surtout les champignons
et les bactéries. Les infections surviennent à tous les stades physiologiques de la plante et leur
importance varie selon les variétés, les conditions climatiques, la zone et la pression parasitaire.
Ce sont les maladies fongiques(champignon) qui demeurent les plus fréquemment rencontrées et
les plus importantes sur les deux cultures.
• les fontes de semis se caractérisent par des nécroses du système racinaire pouvant
engendrer la mort de plantules. Les champignons fréquemment incriminés sont :
Fusarium moniliforme, Phoma sorghina, Aspergillus niger, Pythium spp et Sclerotium
rofsii
• .l'anthracnose foliaire, la pourriture rouge des tiges et l'anthracnose des graines sont
provoquées par Colletotrichum graminicola . C'est la maladie foliaire la plus répandue et
la plus destructive au Burkina Faso (Néya et Le Normand, 1997). L'action combinée de
l'anthracnose foliaire et de la pourriture rouge des tiges peut engendrer des pertes de
rendement de 7 à 46% (Néya et Kaboré, 1987), tandis que l'anthracnose des graines peut
provoquée une perte de poids de 1000 graines de 7 à 9 %.
• les bandes de suie provoquées par Ramulispora sorghi peut causer des pertes de
rendement de plus de 20% au centre du Burkina Faso.
IKMP-1 6 12 16 21 13 7 8 12
L. Kapelga 20 29 53 52 24 23 11 30
_____________________________________________________________________
1985 1986 1987 1989 Moyenne
___________________________________________________________
IKMV 8201 1 4 3 7 4
Témoin local 20 29 23 23 24
_____________________________________________________________________
• l'ergot causé par Claviceps fusiformis. La gravité de l'infection peut atteindre 38% (Mbaye
et al. 1988).
Les principaux insectes ravageurs
Sur le sorgho : De nombreux insectes ont une incidence néfaste sur la production du sorgho :
27
• les foreurs des tiges (Busseola fusca, Eldana saccharina, Sesamia calamistis, Acigona
ignefusalis, Chilo diffusilineus) ;
• les insectes de la panicule dont la cécidomyie (Contarina sorghicola)
• le complexe des punaises.
Sur le mil : On rencontre sur le mil de nombreux insectes qui causent des dégâts plus ou moins
importants sur la production. Les plus rencontrés sont :
En général la production du mil et du sorgho est confrontée aux mêmes problèmes de mauvaises
herbes qui nécessitent des sarclages répétés, souvent difficilement réalisables à temps par les
paysans. Parmi les causes de l'enherbement des champs figurent en bonne place les pratiques
culturales archaïques et l'utilisation d'un matériel agricole demeuré rudimentaire (houe et daba
manuelles). Le non sarclage à temps a une incidence très désastreuse sur la production quelque
soit la mauvaise herbe. Fort heureusement, on assiste de plus en plus à l'adoption et à l'acquisition
de matériel agricole moderne (culture attelée et/ ou motorisée) dans les zones où l'incidence des
mauvaises herbes semble la plus importante (zones sud et nord soudaniennes). Le Striga
hermontica est la plante parasite de première importance sur les deux céréales. Son avènement est
lié à l'épuisement des sols et à la faible utilisation de la fumure.
28
c) Les contraintes post-récoltes
Les deux cultures rencontrent également des contraintes post-récoltes qui occasionnent des pertes
à la récolte, à l'entreposage et au stockage estimées à plus de 30%. On observe également que les
denrées attaquées perdent leurs qualités organoleptiques et nutritives et peuvent présenter un
danger pour la consommation. Les agents et les causes des pertes et altérations des denrées après
les récoltes sont nombreuses et de diverses origines. Ils peuvent être notamment d'origines :
- Physiques : température, humidité, eau, gaz.
- Biologiques : microflore (moisissures, bactéries, levures, ..), vertébré (rongeurs,oiseaux).
- Techniques : stockage(conditions, mode, durée, ...), état du grain ( épi, grain entier, brisures,
farine, impuretés, résidus, ...).
Parmi les ennemis des récoltes, les insectes dont les principaux sont répertoriés dans le tableau
ci-après, provoquent les dégâts les plus importants.
29
1.2.3. Les acteurs de la filière mil-sorgho et leurs contraintes
30
b) La Recherche et le Système National de Vulgarisation Agricole qui se situent en amont
et en aval de la diffusion des technologies connaissent quelques difficultés dont :
D’une façon générale, certains ONG’s et Projets de Développement se sont comportés en entités
isolées les unes des autres, sans aucune harmonisation dans leurs plans d’action qui de surcroît,
ne prenaient pas en compte les préoccupations réelles des producteurs; cela a été, pour une
grande part, à l’origine du faible taux d’adoption des technologies
d) Le pouvoir public
Il a joué un rôle primordial dans le développement de la filière céréale au Burkina Faso. Ses
actions, au cours des trois premières décennies qui ont suivi l’indépendance, ont notamment
consisté à l’encadrement technique des producteurs et en leur approvisionnement en facteurs de
production (subvention des engrais, équipement, crédit, formation…) . Elles ont été conduites,
sur l’ensemble du pays, par le biais des Organismes régionaux de développement ( ORD). Le
marché céréalier était alors régulé par l’Office national des céréales (OFNACER) qui
permettait d’assurer, respectivement aux producteurs et aux consommateurs des prix d’achat
rémunérateurs et des prix de vente raisonnables. A partir des années 1990, la politique agricole
du pays profondément marquée par les mesures du Programme d’ajustement structurel du
secteur agricole (PASA) s’est caractérisée, entre autres, par un désengagement progressif de
l’Etat et par une libéralisation totale du commerce des céréales. L’OFNACER a ainsi été
remplacée par des structures étatiques de gestion de l’aide alimentaire (CONASUR) et du stock
de sécurité (SONAGESS). Le réseau d’encadrement technique des producteurs a, dès lors,
enregistré un grand relâchement de même que les subventions de l’Etat en matière d’acquisition
d’intrants agricoles ne sont plus effectives. Il faut enfin reconnaître que la non transparence du
marché céréalier à laquelle s’ajoutent les difficultés liées aux transformations primaires
(farine) et secondaires et l'inexistence de transformation industrielle ont constitué un grand
frein à l'intensification de la production.
Une analyse de l’ensemble de ces politiques agricoles révèle qu’il a toujours manqué un
environnement politico-institutionnel efficient qui puisse inciter les producteurs à s’approprier des
technologies modernes de production. Cela se traduit, entre autres, par une implication insuffisante
des différents acteurs du développement agricole dans les différentes politiques agricoles,
32
l’inexistence de stratégie et de mécanismes efficaces d’octroi de crédit aux producteurs ( à
l’exception ceux de la zone cotonnière), le désengagement progressif de l’Etat et le manque actuel
d’organisation professionnelle de producteurs capable d’assurer la relève des structures étatiques,
l’absence de règles claires réglementant la gestion du foncier, etc.
CONCLUSION
L’évolution temporelle des rendements du mil et du sorgho (de 1960 à nos jours) permet de
mettre en évidence l’ampleur des actions développées en vue d’accroître la productivité de ces
deux céréales de base. En effet, à partir des données statistiques de la FAO, de 1961 à 1998,
Niemeijer et Mazzucato (2001) ont montré que les rendements de ces deux céréales ont
pratiquement doublé (de 400 à 800 kg/ha) alors qu’on enregistrait une baisse de la pluviométrie
(entre 150 et 200 mm) au cours de cette même période. Toutes choses contribuant à avancer que
l’amélioration des techniques de production serait l’une des causes plausibles de cet
accroissement de la productivité de ces céréales. Aussi, pour satisfaire aussi bien
quantitativement que qualitativement la demande du marché de consommation de ces deux
céréales. Il s’agirait de recourir à une intensification aussi poussée que possible de la production
basée, entre autres sur :
33
• Une utilisation rationnelle des technologies endogènes de conservation des eaux et des
sols (CES)
• Une valorisation des ressources locales (phosphate et matière organique) et une utilisation
rationnelle des engrais minéraux en vue de maintenir et ou d’améliorer la fertilité des sols.
• Des choix raisonnés des techniques de travail du sol,
• Le développement variétal, la production et la distribution des semences porteuses de mil
et de sorgho
D’une façon générale, il existe une panoplie de technologies mises au point par les travaux de
recherche et les actions actuelles à mettre en œuvre consisteraient à les faire connaître et à
faciliter leur adoption par les producteurs.
La réalisation d’ouvrages de CES a pour objectif de créer des obstacles partiels ou totaux à
l’écoulement des eaux de ruissellement et de limiter en conséquence les risques d’érosion hydrique.
La mise en oeuvre de ces technologies vise également à réhabiliter les espaces agro-sylvo-
pastorales dégradées. Il s'agit des diguettes en terre compactée, des cordons pierreux et des
techniques agro-forestières. Les Enquêtes Nationales sur les Statistiques Agricoles ont montré,
(DSAP, 1993), qu’environ 10 % des superficies emblavées sont aménagées avec des dispositifs
anti-érosifs. Ces aménagements sont surtout concentrés dans les régions centre et nord-ouest du
pays. Ils sont le plus souvent associés à des techniques agroforestières comme la végétalisation des
diguettes et des cordons pierreux. Celles-ci sont encore peu développées dans la région sud-ouest du
pays.
Il est important de souligner que, dans la majeure partie des régions agricoles du pays,
l’aménagement des champs par des ouvrages de CES doit être un préalable à tout investissement
ultérieur si l’on veut que celui-ci soit plus rentable. Il permet non seulement de sécuriser les
productions agricoles mais aussi de valoriser au mieux toutes les innovations technologiques
introduites. Les aménagements de CES qui tendent à modifier le paysage agricole du pays, ont
généralement été le fruit de travaux communautaires au niveau des villages avec l’appui logistique
et financier des ONG’s et des grands projets de développement ( PATECORE, Projet Spécial CES-
34
AGF, PNGT, etc ). On observe actuellement beaucoup d’engouement des producteurs à
s’approprier de cette technologie, notamment dans les régions centrales et septentrionales du pays
en vue de faire face à la forte agressivité et irrégularité des pluies.
Les techniques d'économie de l’eau en culture pluviale visent essentiellement le triple objectif
suivant :
Pour ce faire, beaucoup de techniques de travail du sol ont été développées en condition de culture
attelée dans les différentes situations pédoclimatiques du pays en vue d'accroître et/ou de sécuriser les
rendements des cultures céréalières. On a estimé, en 1993, à 27,3 % des ménages possédant des
charrues et à 16,2 ceux possédant des boeufs de trait. La région ouest du pays qui constitue la zone
cotonnière du pays, est plus équipée en matériel de traction attelée. Elle renferme plus de 50 % du
cheptel bovin de trait. C’est dans cette région où les différentes techniques de travail du sol sont les
plus utilisées. L’adoption de ces technologies repose en grande partie sur une bonne intégration
agriculture-élevage en favorisant la sédentarisation du cheptel et la promotion de la culture attelée.
Le tableau 5 ci-après résume les effets attendus de ces techniques ainsi que quelques modalités
pratiques liées à leurs application.
Il apparaît que les différentes façons culturales peuvent se combiner en un certain nombre
d’itinéraires techniques de travail du sol. Il n’existe pas en fait de techniques passe-partout; chacune
doit s’adapter aux conditions pédoclimatiques et socio-économiques du milieu. Cependant il est
important de souligner qu’une bonne maîtrise de ces techniques et une bonne connaissance de leurs
conditions d’utilisation sont indispensables pour une meilleure rentabilité :
Les labours doivent, autant que faire se peut, être associés à des enfouissements de matières
organiques et/ou d’amendement minéral. ( phosphate naturel, dolomie, etc.). De plus en plus
35
on lui trouve des alternatives (de préparation du sol) tel que le travail du sol aux dents (
scarifiage du sol en humide ou sarclo-binage) ou le décompactage du sol à sec (dent IR12).
Le cloisonnement des billons ou des buttes ne doit pas s’envisager sur des sols très filtrants.
Les gains de rendement obtenu ne permettront pas de compenser le travail supplémentaire de
cloisonnement.
La date de cloisonnement des billons doit être d’autant plus retardée que la pluviométrie est
bonne. Ainsi, dans les zones à pluviométrie inférieure à 600-700 mm, il serait plus judicieux
de cloisonner les buttes dès le premier sarclage de façon à collecter le maximum d’eau au
profit des cultures. L’objectif de ce travail additionnel, dans les zones à bonne
pluviométrie supérieure à 800 mm, consisterait, à travers un cloisonnement tardif, à collecter
les dernières pluies pour favoriser le remplissage du grain et/ou à éviter les éventuels
phénomènes d’engorgement.
Il faut malheureusement souligner que l’opération de cloisonnement, malgré ses effets bénéfiques sur
la productivité du sol, n’est toujours pas mécaniser. Ce qui ne favorise guère son utilisation à grande
échelle.
En plus des techniques d’économie de l’eau développées en culture attelée, il existe d’autres
techniques manuelles qui sont traditionnellement utilisées par les populations rurales des régions
centre et nord-ouest du pays. Ce sont: le zaï, les demi-lunes, le paillage, etc. qui constituent des
techniques contre aléatoires destinées plus à sécuriser qu’à accroître la productivité du travail. Ces
techniques sont actuellement très prisées des paysans malgré leur forte intensité de main-d’œuvre,
car elles constituent les moyens les plus sûrs d’assurer une meilleure production dans ce contexte
d’insuffisance et /ou d’irrégularité accentuées des pluies.
36
Tableau n°5: Efficacité des différentes techniques d'économie de l'eau et premières bases pour leur application (Nicou et al., 1990).
Travail aux dents Labour à plat Labour en billons Buttage Buttage + Cloisonnement
Scarifiage en sec Binages répétés Sans cloisonnement Avec cloisonnement Sans labour Avec labour Sans labour Avec labour
Améliore l'infiltration,
diminue le ruissellement ++
+++ + ++ +++ ++ ++ ++ +++
Permet 0 + ++ 0 + 0 ++ 0 ++
De conserver l'eau
infiltrée
Problèmes posés par Force de traction Valable surtout en Equipement Réalisation perpendiculaire à la pente Ligne de semis perpendiculaires à la Temps de travail du
l'application de la élevée début de cycle culture attelée pente cloisonnement
technique Temps de travail si réalisé à la main
Période Incidence sur le Dates de buttage en zone sèche Désherbage en l'absence de
De réalisation calendrier Temps de travail supplémentaire labour
Passages fréquents cultural Accidents sur racines
nécessaires Désherbage difficile
si pluies Temps de travail si réalisé à la main
importantes Problème de semis mécanique
0 pas d’action ++ efficace
+ peu efficace +++ très efficace
37
1.3.3. Les techniques de fertilisation et de gestion de la fertilité des sols
Les structures de recherche et de la vulgarisation agricole disposent , de nos jours, d’un certain
nombre de technologies permettant de maintenir ou d’améliorer la fertilité chimique des sols. Ces
technologies se rapportent: i) aux formules de fumures minérales adaptées, par zone agro-
écologique, aux différentes spéculations, ii) au système de fertilisation organique à travers différentes
techniques de production (fosses fumières, recyclage des résidus culturaux par voie de compostage,
parcs d’hivernage, etc.), iii) à la valorisation des ressources agro-minérales (phosphate naturel,
dolomie) pour laquelle une attention particulière est de plus en plus accordée. Il apparaît qu’à
l’exception de la zone cotonnière et dans les plaines irriguées où les engrais minéraux sont beaucoup
utilisés, les techniques de fertilisation minérale connaissent des taux d’adoption faibles. Malgré
l’existence de doses d’engrais économiques, la fertilisation minérale est pratiquement inexistante sur
les mil et sorgho et ce, quelque soit la région agricole du pays.
En effet, au regard des conditions agroclimatiques assez contrastées du pays, des formules de
fertilisation pratiques ont été recommandées pour ces deux céréales :
• Dans les zones à pluviométrie inférieure à 600 mm, il est recommandé 50 kg/ha d’engrais
coton + 50 kg/ha d’urée.
• Entre 600 et 800 mm, il faudra 75 kg/ha d’engrais coton + 50 kg/ha d’urée.
• Au delà de 800 mm de pluviométrie, les doses recommandées sont de 100 kg/ha d’engrais
coton + 50 kg/ha d’urée.
Il va s’en dire que ces doses dites économiques peuvent être ramenés à la hausse, en fonction des
objectifs de production du paysan. Quoiqu’il en soit il est important de souligner que l’utilisation de
ce facteur de production doit se faire, autant que possible, sur des terres aménagées en ouvrages de
CES, comme préconisé plus haut.
Par contre, les producteurs, ayant bien perçu le rôle joué par les amendements organiques, utilisent,
de plus en plus, dans presque toutes les zones agro-écologiques, des techniques de production de la
matière organique. Ainsi, l ’enquête nationale des statistiques agricoles réalisée en 1993, par la
Direction des statistiques agro-pastorales estime à 20 % les superficies recevant de la matière
organique, toutes qualités comprises. Par ailleurs, face à l’inaccessibilité des engrais minéraux (coût
élevé), l’utilisation combinée de la matière organique et du Burkina phosphate (BP) est à même de
satisfaire la demande en éléments minéraux des cultures de mil et de sorgho. Dans cette optique, la
38
matière organique, apportée à la dose de 5 t tous les 2 ans, est associée au phosphate soit directement
au champ ou dans les fosses fumières et compostières. Cette deuxième solution permettra, du coup,
de résoudre le problème d’épandage du BP, lié à son état pulvérulent actuel et d’améliorer la
solubilité du BP. La dose de BP recommandée est de 200 kg/ha/an. Le plus souvent, la dose de 5t/ha
de compost est souvent jugée irréaliste (même par certains techniciens) au regard de la superficie
totale à emblaver et des moyens de production limités des paysans. Mais nous disons que cette dose
recommandée est également jugée minimale pour que la matière organique puisse jouer son rôle
d’entretien et/ou d’amélioration de la fertilité des sols. Aussi, le paysan pourrait progressivement
fertiliser ses champs en fonction de ses objectifs et stratégies de productions : s’il dispose de 5t, il ne
pourra fumer qu’un hectare; avec 2,5 t, il ne fumera que 0,5 ha. Quoiqu’il en soit, la production de
fumier ne pourra s’envisager qu’à travers une parfaite intégration agriculture-élevage, utilisant les
techniques de parcs d’hivernage, d’étables fumières, de contrat de parcage, etc.
Il est, de nos jours bien connu des producteurs que la fertilisation organo-minérale (recyclage des
résidus de récoltes et engrais minéraux) constitue l’un des moyens efficaces de lutte contre le striga et
contre le développement de certains prédateurs (foreurs de tiges) et des maladies cryptogamiques
telle que l’anthracnose.
L’association céréale/légumineuse (niébé, arachide) constitue également un moyen
d’amélioration et/ou de maintien de la fertilité des sols, les légumineuses étant des sources
naturelles d’approvisionnement en azote (fixation symbiotique). Ces espèces peuvent également
être insérées dans des rotations culturales à base de céréales.
L’utilisation des plantes de couverture du sol. Les plantes de couverture, en l’occurrence, les
espèces légumineuses, appétées ou non, connaissent de nos jours un certain succès dans les
régions tropicales humides à subhumides, tant pour leur capacité à enrichir le sol en azote (une
production de biomasse de 9t/ha correspondrait à un apport d’azote de 150 kg/ha) que pour leur
contrôle de l’enherbement et de l’érosion hydrique. On peut envisager, selon les objectifs de
production des producteurs, différentes options techniques tels que : i) l’utilisation de ces
légumineuses dans une sole fourragère ; ii) l’enfouissement des mulches ou le semis direct dans
les mulches ; iii) l’association en bandes alternées avec les cultures.
L’ensemble de ces techniques et technologies qui peuvent se combiner sous forme de paquets
technologiques vulgarisables dans les différentes régions agro-écologiques, sont regroupés dans les
tableaux 6 et 7 ci-après:
39
Tableau n°6 : Technologies/techniques vulgarisables par région
40
Tableau n° 7 : Paquets technologiques vulgarisables par région
Ces paquets technologiques doivent être intégrés dans des systèmes de production cohérents et
viables.
a) Le développement variétal
Au regard des contraintes décrites plus haut, les caractéristiques structurelles actuelles du
système céréalier du Burkina Faso ne peuvent pas assurer un équilibre alimentaire stable à la
population, et pour le mil et le sorgho, seul le surplus des rares années excédentaires sont
commercialisables. Déjà les objectifs du PASA en 1993, pour l'autosuffisance alimentaire du
Burkina Faso, visaient la production de 750.000 tonnes supplémentaires de céréales autres que le
riz dès l'an 2000. Les rendements au niveau national du mil et du sorgho calculés sur 27 ans
41
(jusqu'en 1990) sont respectivement de l'ordre de 480 kg/ha et 565 kg/ha. Dans ces conditions cet
accroissement supplémentaire de la production nécessite une extension des superficies pluviales
de l'ordre de 600.000 à 900.000 hectares. Et bien qu'il y ait eu un saut qualitatif ces dernières
années, le raisonnement reste le même, les superficies demandées pour cette production
supplémentaire sont énormes et dangereusement réalisables. L'intensification, par l'accroissement
des rendements, semble le moyen approprié à mettre en oeuvre pour parvenir aux objectifs visés.
Dans ce dispositif la recherche variétale joue un rôle important.
Les recherches sur le sorgho et le mil ont débuté en Afrique de l'Ouest francophone dans les
années 30 par l'IRAT. Elles se sont poursuivies et amplifiées par la naissance de programmes
nationaux de recherche agronomique dans toutes les anciennes colonies devenues indépendantes
et l'installation de l'ICRISAT en 1976. Des réseaux de recherche sur ces cultures ont été
également mis en place par les systèmes nationaux de recherche et leurs partenaires pour relayer
le transfert des résultats de la station aux utilisateurs : les Réseaux Ouest et Centre Africains de
Recherche sur le Sorgho (ROCARS) et sur le Mil (ROCAFREMI).
Au Burkina Faso, l'INERA a reçu le mandat national en 1987 pour organiser et gérer ces
recherches. Des équipes pluridisciplinaires constituées de sélectionneurs, de phytopatologistes et
d'entomologistes, au sein du programme céréales traditionnelles du Département Productions
Végétales, mènent des activités d'amélioration variétale sur le mil et le sorgho dont l'objectif
global est de contribuer à combler le déficit céréalier par une intensification de la production. Les
thèmes de recherche traités sont définis de manière à lever les différentes contraintes biotiques
énumérées plus haut.
Les critères de sélection variétale sont définis pour tenir compte des conditions actuelles de
l'environnement, de la nécessité de produire plus, afin d'aboutir à la sécurité alimentaire. Aussi, la
sélection variétale s'attelle-t-elle à rechercher :
− des variétés sensibles ou partiellement à photopériode au cycle adapté aux différentes zones
agro-écologiques. Notamment, la sélection propose pour les zones Ouest et Sud-Ouest, des
variétés de cycle intermédiaire à long de 95 à 105-130 jours, et pour les zones centre et nord,
des variétés de cycle court à intermédiaire de 65 à 95 jours.
− des variétés ayant un rendement élevé et stable par l'amélioration des composantes du
rendement. Les niveaux de rendement visés sont pour le mil de 1,5 à plus de 3 tonnes et pour
le sorgho plus de 4,5 tonnes.
42
− des variétés ayant une bonne qualité du grain et une bonne aptitude à la transformation. Les
caractéristiques de vitrosité, d'épaisseur du péricarpe et de facilité de décorticage sont pris en
compte.
− des variétés ayant de bonnes caractéristiques culinaires et organoleptiques. Il est pris en
compte la couleur du grain, la bonne aptitude à la confection des aliments et le goût des
aliments.
− des variétés qui présentent des résistances ou des tolérances aux principaux nuisibles ayant
une incidence économique sur la production.
− Les programmes d'amélioration se proposent également de développer d'autres formules
variétales, type hybride par exemple, qui répondent mieux à l'intensification.
Au niveau du mil, les efforts de recherches ont été couronnés par un certain nombre de résultats
dont les plus intéressants sont les suivants :
− constitution d'une collection de plus de 600 écotypes conservés dans les banques de gènes
de l'ICRISAT (Inde), du Canada et de l'IRD (France). Plus de la moitié de ce matériel a été
caractérisé sur les plans morphologique et enzymatique.
− mise au point de nombreuses lignées et de populations à large base génétique, utilisables
par la sélection (Zangré et Ouédraogo, 1999).
− proposition à la vulgarisation de plusieurs variétés adaptées avec des fiches techniques
donnant des informations sur les conditions de culture (tableau 7). La liste est approuvée
par les utilisateurs pour lesquels le problème majeur à l'heure actuelle reste la disponibilité
des semences.
− identification à travers des essais régionaux(pays membres de ROCAFREMI) d'une gamme
de variétés à pollinisation ouverte et d'hybrides adaptés.
b) La défense de cultures
Les méthodes de lutte proposées par la recherche contre les nuisibles du sorgho et du mil sont
nombreuses. Il y a la lutte génétique qui implique l'existence de variétés résistantes ou tolérantes,
la lutte biologique qui suppose l'existence d'un prédateur naturel du nuisible, la lutte chimique et
les pratiques culturales. Une méthode appliquée seule n'est généralement pas efficace pour venir
à bout des nuisibles. La recherche préconise dans ces conditions l'utilisation de méthodes
intégrées de lutte . Au niveau de la vulgarisation des méthodes de luttes proposées par la
recherche sont appliquées et quelques taux d'adoption sont connus notamment en matière de
traitement des semences.
- résultats obtenus
Variétés Cycle semis- Rdts kg/ha Zone de Points forts Points faibles
maturité(jours) Station MP culture
(mm)
44
IKMP 1 115-120 2 190 1 200 700-900 . bonne tolérance
aux trois prin-
cipales maladies du -
mil(mildiou,
charbon, ergot)
IKMP 2 105 1 600 1 965 500-800 .bonne tolérance Dégâts
(650) aux trois prin- d'oiseaux sur
cipales maladies du semis précoce
mil(mildiou,
charbon, ergot)
IKMP 3 115-120 2 370 1 660 700-1100 bonne tolérance Sensible aux
aux principales foreurs de
maladies tiges et au
bonne appétence Striga
des tiges et feuilles
IKMP 5 110 1 802 2 500 500-800 tolérante aux Dégâts
(650) maladies d'oiseaux sur
bonne précocité semis
précoces
IKMV 8201 90 1 890 867 500-700 tolérance aux Dégâts
maladies d'oiseaux sur
. précocité semis
. productivité précoces
ICMV IS 88102 120 1 930 1 200 700 - . épi long
1 000 . productive
45
Tableau 9 : Variétés de sorgho adaptées proposées à la vulgarisation
Variétés Cycle semis- Rdmts kg/ha Zone de Points forts Points faibles
maturité(jours) Station MP culture
(mm)
Sariaso 01 120 3 000 2 000 700-900 régularité Sensibilité
rendement cécidomyie et
tolérance Striga
sécheresse
Sariaso 02 149 3 000 2 000 900 – régularité Sensibilité
1100 rendement cécidomyie et
qualité grain Striga
Sariaso 03 120 3 500 2 000 700-900 productivité qualité du grain
passable
Sariaso 04 130 3 000 2 000 800 – qualité grain Sensibilité
1000 productivité cécidomyie et
Striga
Sariaso 05 120 2 500 2 000 700-900 productivité Sensibilité
cécidomyie et
Striga
Sariaso 06 120 3 000 1 800 700-900 précocité Sensibilité
qualité grain cécidomyie et
Striga
Sariaso 08 120 3 500 2 500 700-800 productivité Sensibilité au
Striga
Sariaso 09 120 3 000 1 100 700-800 régularité Sensibilité
qualité grain cécidomyie et
Striga
Sariaso10 120 3 100 1 500 700-900 productivité, Sensibilité
régularité cécidomyie et
résistance Striga
sécheresse Décorticage
difficile
Sariaso 11 105 3 000 1 300 400-700 régularité Sensibilité à
tolérance l'anthracnose
sécheresse foliaire
Sariaso 12 115 3 000 1 300 500-800 . précocité
. régularité
Sariaso 13 120 4 000 1 400 700-900 . productivité . sensibilité
. qualité tô cécidomyie et
verse
Sariaso 14 115 5 000 1 700 600-900 productivité . tâches rouges
régularité sur grains
tolérance
sécheresse
résistance
maladies
Lutte contre les maladies
46
Au niveau du mil, il est préconisé le traitement de semences à l'Apron plus à raison de 10 g de
produit par kilogramme de semences et les bonnes pratiques culturales pour lutter contre le
mildiou et les maladies fongiques. La plupart des variétés améliorées proposées à la vulgarisation
sont résistantes ou tolérantes au mildiou. La recherche de méthodes de lutte intégrée contre les
principaux nuisibles du mil se poursuit.
47
Les faiblesses de la recherche
• La bioécologie de l'entomofaune du mil n'est pas connue et il n'y a pas de programme de
recherche entomologique sur cette culture.
• Les recherches variétales menées sur le mil pour la résistance au Striga se sont soldées par un
échec. Il n'y a pas encore de variété de mil connue tolérante au Striga.
• L'utilisation des méthodes de lutte chimique est très courante et coûteuse.
• Les investigations sur la lutte biologique ne sont pas encore poussées pour permettre de
nourrir un espoir dans un proche avenir sur l'incidence de la méthode sur la production.
En dehors du niébé, les techniques post-récolte ne font pas l'objet de recherche particulière. Sur le
mil et le sorgho, elles sont même presque absentes des programmes de recherche, néanmoins des
méthodes de lutte sont élaborées et proposées depuis un certain temps déjà contre les rongeurs et
les insectes, et des mesures sont proposées pour une bonne hygiène du stock (Le technicien
d'agriculture tropicale I et II, 1992).
Des méthodes de lutte active sont préconisées utilisant des rodenticides tels que les gaz,
appropriés en fumigation (bromure de méthyle, tétrachlorure de carbone, phosphure
d'hydrogène,...), les poisons aigus (anhydride arsénieux, phosphure de zinc,...), les poisons
chroniques tels que les anticoagulants.
48
L'identification des insectes représente une étape importante de la lutte car elle doit permettre de
juger de la nature des dégâts, de la vitesse d'extension, de l'ampleur des pertes à craindre et pour
être à même de prendre les mesures de protection appropriées.
Comme moyens de lutte il y a d'abord les bonnes pratiques du stockage qui intègrent le choix de
la variété et des produits(semences, récoltes) à stocker, les bonnes conditions de stockage et de
conservation. La conservation doit se faire à partir d'un matériel bien sec et dans des
récipients(greniers, magasins) propres et bien traités contre les termites et autres insectes.
Il est préconisé les méthodes de lutte suivantes :
- le traitement des denrées avec des insecticides de contact tels que : la deltaméthrine (K. othrine)
et le Percal (utilisé par le projet semence DRA du Sahel).
- le traitement des denrées par fumigation : Le fumigan le plus utilisé est le phosphure
d'aluminium ou de magnésium (Phostoxin), mais il y a aussi l'hydrogène phosphoré, le
tétrachlorure de carbone, etc. Il existe pour les différents traitements contre les rongeurs et les
insectes des doses appropriées.
Les activités sur le mil sont conduites par des paysans collaborateurs organisés en groupement
villageois et ont permis à ces derniers de retenir une gamme de variétés améliorées au cycle
adapté à leur zone respective et de produire chaque année depuis 1998 des semences certifiées
des variétés retenues. Elles ont fortement impliqué les partenaires du développement et les
groupements villageois. Des partenariats et collaborations se sont ainsi concrétisés avec l'INERA
:
- dans la zone sahélienne avec la FNGN, la DRA du sahel, le PGRN/SY ;
49
- dans la zone soudanienne avec les DRA du Centre, du Centre - Sud, du Centre - Est, du Centre -
Nord et de l'Est, Hunger Project, Afrique Verte.
Pour appuyer la diffusion les projets ROCAFREMI ont produit chaque année une quantité
importante de semences de base afin de satisfaire les besoins en semences pour la production des
semences certifiées en milieu paysan, les essais en milieu paysan et les échanges entre pays. Ils
ont assuré également la formation d'au moins 630 paysans, 130 techniciens de recherche et agents
de vulgarisation sur les thèmes de techniques culturales et de production de semences du mil et
organisé des journées portes ouvertes sur la station de Kamboinsé pour les paysans de la FNGN.
Des actions sont menées également dans le but de faire connaître les variétés et les techniques de
production du sorgho, ceci en collaboration avec les partenaires de développement. On peut
retenir notamment :
. l'évaluation participative d'une gamme diversifiée (guinea, caudatum et intermédiaires) de
nouvelles variétés avec les partenaires : le PEDI dans la région de Kaya, les DRA, des ONG, et
des groupements villageois des régions du nord-ouest, du centre et de l'est ;
. la production de semences de base dans les stations de l'INERA ;
. l'organisation des journées portes ouvertes sur les stations de recherche, Saria notamment, pour
présenter les variétés en condition de station aux partenaires. Ces journées sont l'occasion pour
les paysans d'identifier les variétés de leurs choix qu'ils pourront tester dans leur champ en petites
parcelles durant la prochaine campagne.
. la formation des animateurs et agents du développement pour la production de semences
améliorées par des paysans semenciers avec le PEDI de Kaya et la DPA Bazéga.
Au niveau de la vulgarisation, dans les régions agricoles du pays (découpage INERA), plusieurs
actions sont élaborées et mises en oeuvre par les DRA, les projets de développement et les
ONG’s pour appuyer le transfert et l'adoption des technologies en milieu paysans. Le mécanisme
de transfert de technologies semble bien huilé au niveau des DRA et suit le schéma classique
suivant :
Par le biais des PAPEM, la vulgarisation réalise la démonstration des nouvelles technologies
notamment les nouvelles variétés proposées à elle par la recherche souvent à travers le comité
technique régional pour être vulgariser. Des visites commentées sont organisées sur le site des
PAPEM à l'attention des paysans qui peuvent apprécier les différentes technologies et retenir
50
celles performantes et adaptées à la culture dans leur environnement. Les technologies retenues
font l'objet d'application dans les champs écoles, les parcelles test de production(PTP) et les
parcelles de production(PP). Le suivi est réalisé en s'appuyant sur le schéma de formation en
cascade. Un partenariat formalisé existe entre la DVA et l'INERA à qui il est confié la formation
des techniciens spécialisés(TS) à travers les ateliers mensuels de revue de technologies(AMRT).
Les techniciens spécialisés se chargent de former les agents de base qui encadrent directement les
producteurs.
Les techniques vulgarisées varient selon la préoccupations de chaque région mais généralement
les plus rencontrées sont :
- les techniques de conservation de l'eau et de restauration des sols qui comprennent les
dispositifs antiérosifs, la pratique du Zaï, l'assolement-rotation, l'agroforesterie, l'amélioration des
jachères.
- les techniques de production du compost et l'utilisation de la fumure organique. Le Burkina
phosphate est beaucoup recommandé comme amendement dans les fosses fumières ou en
mélange direct avant épandage.
- le suivi du calendrier cultural par la réalisation des pratiques culturales recommandées(labour
avant semis, démariage, sarclage, buttage).
- l'utilisation de semences améliorées. On observe à ce niveau l'utilisation par les paysans
encadrés de plus en plus des variétés suivantes :
* mil : IKPM1, IKMP2, IKMP5, IKMV8201, CIVT
* sorgho : Nongomsoba, Sariso01, Sariaso 02, Sariaso 9, ICSV1049, Sariaso 14, Framida, IRAT
204, Sariaso12, F2-20, CE-322-35-1-2.
- la pratique des traitements phytosanitaires tels que l'utilisation en traitement de semences de
l'Apron +, du Supper HOMAI, de Calthio.
Les attaques d'autres parasites notamment chenilles, sautériaux et cantharides lorsqu'elles sont
importantes peuvent être juguler par la base phytosanitaire de la région.
Sur le plan de l'adoption des efforts sont en train d'être faits et bien que les études soient encore
parcellaires un certain nombre de résultats existent qui permettent d'apprécier le niveau
d'adoption des différentes techniques. C'est le cas dans les DRA de l'Est où des taux d'adoption
absolue sont calculés par culture(tableau 10) et du Centre-Ouest où les taux sont généraux
(tableau 11).
51
Tableau 10 : Taux d'adoption absolue(TAA) de quelques thèmes sur le mil et le sorgho à la
DRA de l'Est en 2000.
* le taux d'adoption considéré correspond au groupe de producteurs qui ont adopté le thème et
l'ont mis en pratique depuis plus de deux ans(source rapport résultats/analyses des enquêtes DRA
de l'Est - Février 2000).
Tableau 11 : Taux d'adoption absolue par thème en 2000 dans la DRA du Centre-Ouest
Thèmes TAA en %
Préparation du sol 53
Désinfection des semences 69
Utilisation de semences améliorées 8
Production de fumure organique 34
Epandage de fumure organique 34
Epandage fumure minérale 22
Pratique du démariage 90
Produits phytosanitaires 1
* source : Rapport sur l'enquête sur le taux d'adoption absolu - DRA - CO - Février 2001
Les forces
* Il existe une importante gamme variétale de mil et de sorgho, et de techniques de production
améliorées proposées, souvent connues et parfois adoptées par les paysans
* Le dispositif mis en place entre la recherche et la vulgarisation semble bien fonctionner pour
une bonne diffusion des techniques de production.
52
* On note de plus en plus que des efforts sont fournis pour la mesure du taux d'adoption des
différentes techniques de production au niveau des DRA.
* Il existe un nombre important de paysans et de collaborateurs de la recherche formé aux
techniques de productions moderne et de multiplication de semences, notamment de semences
certifiées en milieu paysan ;
* Il existe des paysans semenciers qui maîtrisent parfaitement les techniques de production de
semences en milieu paysan ;
* Le partenariat recherche-vulgarisation se renforce et se diversifie de manière multiforme au
niveau national et sous-régional au niveau de l'ensemble de la filière des deux céréales.
Les faiblesses
* L'utilisation des semences améliorées reste faible de même que celle de la fumure organique et
minérale.
* Les études sur les taux d'adoption des variétés et des technologies pouvant améliorer la
production en milieu paysan sont encore parcellaires et celles réalisées demandent à être
parfaites.
* Les taux d'adoption connus sont très faibles pour avoir une incidence réelle sur la production ;
* Absence de mécanismes de production et de distribution de semences améliorées des deux
céréales ;
* Le niveau de l'encadrement technique des producteurs demeure faible.
* On constate une implication faible du politique dans les voies et moyens pour la mise en place
d'un mécanisme durable en matière de transfert de technologies. La place laissée au privé semble
lent à se combler.
Au niveau vulgarisation, le choix du paysan pour une variété pour avoir un impact dans la
production devrait se poursuivre par une multiplication de semences en qualité et en quantité
suffisante. Aussi, pour que le système fonctionne, la vulgarisation devrait se charger d'amplifier
les semences par la multiplication des semences certifiées à partir des semences de base fournies
par la recherche. La DRA du Sahel a mis en place un système original de production de semences
certifiées qui pourrait constituer un exemple. Au départ le système a été appuyé par la FAO. A la
fin du projet la DRA a maintenu un fonds de roulement auprès des producteurs qui organisent la
54
production dans cinq fermes semencières. Pour encourager une production de qualité une prime
est octroyée aux meilleurs producteurs de semences. La technique de mini-doses est utilisée pour
favoriser l'écoulement et la diffusion des semences dans les zones où les variétés sont encore mal
connues.
Les superficies et les quantités de semences certifiées produites au cours de la campagne agricole
199-2000 sont les suivantes :
Superficies Production
(Ha) (T)
Mil 19,5 16
Sorgho 10,75 10
* Les faiblesses
Dans les stations de recherche ces semences sont produites en petites quantités en l'absence d'une
organisation structurée de la filière semencière dans le pays qui devrait mieux préciser les
quantités demandées pour permettre la planification de la production. En effet, les semences
produites ne s'intègrent pas dans un système de production de semences dans lequel les acteurs
sont connus et leur rôle précisé. Les semences de base produites sont pour la plupart utilisée pour
produire des récoltes directement destinées à la consommation alors qu'elles devraient être
utilisées pour générer des semences certifiées ce qui permet de baisser les coûts de production et
d'accroître ainsi les quantités de semences.
Pour les semences certifiées, en dehors de la DRA du Sahel, il n'existe pas à notre connaissance
un système organisé de production. Cela constitue une grande lacune dans le système de
vulgarisation qui, si elle n'est pas comblée, peut compromettre tous les efforts faits en matière
d'intensification des cultures.
55
PARTIE II. TECHNIQUES, PROCEDES ET PRODUITS DE TRANSFORMATION
INTRODUCTION
Les mils et les sorghos constituent la base de l’alimentation de nombreuses populations des zones
soudano-sahéliennes. Au Burkina Faso, ces deux céréales traditionnelles sont les plus transformées
en raison de leur production très importante, devant le maïs, le riz et le fonio. Leur utilisation en
alimentation humaine se fait après deux types de transformation. La première est celle qui
transforme le grain entier soit en farine fermentée ou non, soit en semoule. Les produits issus de
cette première transformation sont par la suite utilisés de plusieurs manières, en l’occurrence dans la
préparation des aliments traditionnels (mets locaux, boissons locales). Les autres utilisations très
faiblement développées ou quasi inexistants sont la production d’aliments nouveaux (tels les pâtes,
les biscuits, les farines de sevrage, le pain, produits extrudés, etc..), l’alimentation de bétail et des
volailles et les utilisations industrielles (amidon, malt etc..).
La transformation joue un rôle capital dans l’économie. En effet, c’est un processus qui apporte de
la valeur ajoutée à tout produit de base et permet ainsi de générer des revenus aux différents acteurs
de la filière (producteurs, transformateurs, commerçants). Elle a été le moteur de développement
des peuples industrialisés.
Au Burkina Faso, l’agro-industrie est à un stade embryonnaire. La transformation du mil et du
sorgho est essentiellement pratiquée à l’échelle artisanale. A l’échelle semi-industrielle et
industrielle, elle reste peu développée.
Par rapport à une telle situation, le projet Initiative Mil Sorgho (IMS) a pour action de développer
les filières locales (mil et sorgho) à partir de la demande (pilotage par l’aval). Pour cela, la
démarche entreprise est de faire dans un premier temps le bilan des technologies de transformation
qui permettra de mettre en exergue les aspects suivants :
− Points forts et faiblesses des technologies existantes et utilisées,
− La caractérisation de la consommation alimentaire des produits de mil et de sorgho,
− Les caractéristiques des différents niveaux de transformation
56
2-1. TECHNIQUES, PROCEDES ET PRODUITS DE TRANSFORMATION
Le battage est une opération qui permet de séparer les grains bruts des épis ou panicules. A la
récolte, les panicules ont une teneur en eau de l’ordre de 16 à 20 % (Chantereau, 1991). Le battage
intervient alors après un léger séchage ou un séchage complet des panicules (épis).
Au Burkina Faso, le battage reste encore une opération essentiellement manuelle. Il est réalisé par
des femmes au mortier et au pilon quand les quantités de céréales ne sont pas très importantes
(rendement de l’ordre de 10 kg par jour et par femme). Pour des grandes quantités le battage est
généralement effectué à même le sol par des hommes à l’aide de bâtons sur des aires nettoyées où
les panicules sont disposées par couche de 10 à 15 cm d’épaisseur. Cependant, par ce système de
battage, le taux d’impuretés (paille, pierres, sable) peut atteindre un taux de 16 %. Le battage
réalisé sur des aires surélevées permet de réduire le taux d’impuretés des graines et également les
pertes dues aux prélèvements des animaux.
Dans certains cas il est effectué par le passage d’engins motorisés sur les épis, ce qui entraîne le
détachement ou l’éjection des grains des enveloppes.
Le battage mécanique est quasi inexistant. Pourtant il a l’avantage de réduire considérablement la
pénibilité de cette opération tout en limitant le taux d’impuretés à environ 5%. Il s’agit des
batteuses mécaniques de diverses capacités (300 à 1000 Kg/h) et des égreneuses. Au Sénégal, des
batteuses polyvalentes mil- sorgho ont été mises au point à partir d’un prototype créé à Bambey
vers les années 1950. Divers constructeurs ont alors mis sur le marché des machines : la BS 1000
de Siscoma, la batteuse DAK 11 de Marot, la Bamba de Bourgoin dont les débits sont de l’ordre de
1 t/h pour les deux premières et 300 Kg /h pour la troisième (Chantereau J., 1991). Au Burkina
Faso, ces équipements sont quasi inexistants et le système de battage traditionnel reste
prédominant.
57
b) Le nettoyage-triage
Il intervient deux fois. Le premier a lieu après le battage pour éliminer les grosses impuretés, et le
second avant la transformation primaire. En effet, au Burkina Faso, les céréales commercialisées
renferment des taux élevés d’impuretés. Le nettoyage –triage intervient alors pour séparer les
grains des diverses impuretés (sables, pailles, pierres etc..). Ces impuretés doivent nécessairement
être séparées des grains avant la transformation car leur présence affecte l’odeur et le goût des
produits finis, mais aussi leur stabilité et acceptabilité.
La technique de séparation manuelle est la plus pratiquée au Burkina Faso, dans les ménages et les
petites et moyennes entreprises (PME, PMI). Elle se fait soit par vannage à l’air, utilisant des vans
de bambou tressé (grande corbeille plate), soit par lavage à l’eau ou par triage manuel. Le matériel
utilisé dans ces derniers cas est composé de cuvettes, paniers et calebasses.
La technique de séparation mécanique utilise des nettoyeurs- séparateurs, des tarares, des
épierreurs. Ces outils différent par leur principe de fonctionnement. Au Burkina Faso ces
équipements se rencontrent dans les unités industrielles de transformation.
Du point de vue de la composition physique, les grains de céréales sont des caryopses constitués de
trois parties principales :
− Les enveloppes protectrices ou sons composées de la testa et du péricarpe, riches en
matières minérales et en vitamines
− Le germe composé de l’embryon et du scutellum riche en matières grasses
− Le tissu de réserve ou albumen, élément le plus volumineux du grain de céréale,
représentant un important tissu de réserve riche en glucides
58
Du point de vue de la composition biochimique, les grains sont composés de matière sèche et
d’eau. La matière sèche est constituée des éléments suivants :
♦ Les glucides qui sont présents principalement dans l’albumen sous forme de grains
d’amidon et qui jouent un rôle énergétique.
♦ Les lipides ou matières grasses concentrés dans le germe jouent un rôle
essentiellement énergétique. Lors d’une mauvaise conservation, certains acides gras
dits insaturés peuvent s’oxyder et donner un goût et une odeur de rance et une
coloration aux grains.
♦ Les protides sont surtout présents dans le germe et l’assise protéique. Ce sont des
composés azotés formés par l’association d’éléments de base, les acides aminés.
Certains de ces acides aminés sont essentiels à l’alimentation humaine. Leur
élimination survient partiellement au cours du stockage, ce qui diminue par
conséquent la valeur nutritive du grain.
L’utilisation des grains en alimentation humaine se fait après deux types de transformation. La
transformation primaire qui consiste à un traitement du grain pour obtenir des farines et des
semoules diverses. Les opérations caractéristiques de cette transformation sont le décorticage/
dégermage, la mouture, le tamisage et le roulage. Ces opérations peuvent être réalisées
manuellement et/ou mécaniquement.
b) Le décorticage
59
enveloppes du grain. Cette opération est longue et fastidieuse , réalisée par les femmes, et encore
très répandue de nos jours en milieu villageois et aussi urbain pour la transformation des grains
destinés à l’autoconsommation. Pour le mil le débit horaire de décorticage d’une personne est
estimé à 20 à 30 mn pour 3-5 kg de grains.
Le décorticage à l’échelle semi-industrielle et industrielle fait appel à l’utilisation des équipements
mécaniques. Ce type de décorticage est de nos jours très répandu dans les centres urbains et
avoisinants. L’usage de ces équipements mécaniques permet de réduire le temps et la pénibilité du
décorticage traditionnel mais ne donnent pas un résultat aussi satisfaisant que le décorticage
traditionnel. Un décorticage de qualité donne un maximum de grains décortiqués avec au moins
75% de rendement, un minimum de grains brisés ou écrasés (moins de 10% de brisures), et
l’extraction de la totalité des fractions désirées comprenant les enveloppes et une partie du germe,
tout en conservant l’intégralité de l’albumen. Dans ce cas le grain décortiqué contient moins de 1%
de matières minérales, moins de 2-2.5 % de lipides et la quasi totalité des protéines (Fliedel, 1996).
L’objectif de la mouture est d’assurer la réduction des grains en éléments plus ou moins fins
afin d’obtenir de la farine ou des semoules (brisures, gritz etc.) avec ou sans issues (enveloppe et
son). C’est sous cette forme que les céréales sont converties pour servir de base à la préparation des
plats et boissons traditionnels et également des produits nouveaux. On parlera de broyage lorsqu’on
réalise une semoule grossière et de mouture pour la fabrication de farine fine. Tout comme le
décorticage la mouture ou le broyage est pratiquée à différentes échelles.
Traditionnellement, la mouture des céréales décortiquées est réalisée avec des mortiers et des
pilons de forme différente de ceux utilisées pour le décorticage. La mouture manuelle peut
également être réalisée sur des meules (dalle de pierre granuleuse sur laquelle on broie le grain
avec une petite molette en pierre). Cette technique est très utilisée en milieu villageois, en absence
de broyeur mécanique. Elle est effectuée journellement par les femmes et c’est une technique
longue et fastidieuse.
La mécanisation de cette opération a consisté à l’introduction de broyeurs. Deux types de broyeurs
sont rencontrés, le broyeur à meules et le broyeurs à marteaux, qui seront développés plus loin. De
60
nos jours, ces outils sont répandus dans les centres urbains et les villages avoisinants. Ces broyeurs
appartiennent à des particuliers ou dans certains cas à des groupements d’associations villageoises.
Ils jouent un rôle de service pour les besoins de l’autoconsommation et pour le petit commerce.
Cette opération intervient pour séparer soit les particules, soit les grumeaux de différentes
granulométries. Dans la majorité des cas, la farine fine est séparée de la semoule par tamisage.
De façon traditionnelle, le tamisage est manuel et réalisé à l’aide de tamis traditionnels à diamètre
défini. Le tamisage mécanique n’est rencontré que dans les unités industrielles (Grands Moulins du
Burkina).
Notons cependant que l’utilisation des moulins à marteaux présente un avantage, car il permet de
définir la taille des grains à la sortie de la chambre de broyage par le choix d’un tamis à maille
définie.
Il reste encore une opération manuelle, délicate et pénible au Burkina Faso, réalisée par les
femmes. Il consiste à agglomérer les particules de semoule ou de farine hydratées entre elles. La
farine de mil ou de sorgho est d’abord tamisée pour éliminer le son et les grosses particules
restants, puis légèrement hydratée de manière à former une pâte, puis malaxée. Le roulage est
effectué suivant deux procédés. Le premier procédé, la plus pratiquée dans les ménages sur de
petites quantités de farine, consiste à faire le roulage à la main à l’aide d’une calebasse. Pour cela,
de petits agglomérats de farine sont réalisés à la main par une dispersion de la pâte. Ensuite ils sont
lissés en opérant des mouvements alternatifs de translation (secousses) de la calebasse. Le second
procédé fait usage d’un tamis à grille défini. Le passant est placé dans une calebasse et le roulage
s’effectue par un mouvement alternatif de translation (secousses) de la calebasse. Pour la
commercialisation, les grumeaux sont séchés soit à l’air libre (sur des nattes ou du plastic), ou dans
des séchoirs artisanaux (ATTESTA, IBE, etc…) solaires ou à gaz, en vue d’assurer une longue
conservation. Bien secs, les grumeaux sont calibrés à l’aide de tamis, et conditionnés dans des
sachets plastiques fabriqués par FASOPLAST.
61
Il faut noter que cette opération n’a pas encore fait l’objet de mécanisation au Burkina Faso.
Toutes les unités procèdent à un roulage manuel. Le laboratoire de Technologie des céréales du
Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (LTC/CIRAD) a conçu
avec AFREM un rouleur calibreur en 1987 de petite capacité (20 à 50 kg/h) qui répond aux besoins
des petites entreprises. Des essais ont permis de définir de nouvelles spécifications qui ont amélioré
le rouleur et diminué le coût. Le LTC a ensuite installé le rouleur au laboratoire de sciences des
aliments de la Faculté des Sciences Agronomiques à l’université du Bénin à Cotonou. Le deuxième
prototype a été construit en 1994 et testé avec satisfaction à Montpellier. Un second rouleur
originaire du Ghana et composé de deux éléments est en cours de test à l’unité Alitech du Bénin.
Le premier élément joue le rôle de tamisage et le second sert à la formation des grumeaux.
f) Le maltage
Il consiste à la transformation du grain entier de céréales (mil, sorgho, maïs etc…) en malt, riche en
matières solubles et en enzymes par le biais de la germination. Les grains de sorgho (rouge ou
blanc ou mélange de rouge et de blanc ou de variété intermédiaire) ou de mil ou autre céréale sont
trempés pendant 10 à 24 heures dans de l’eau contenue dans des canaris en argile cuite (enquête de
terrain 2001). A l’ouest du pays, le trempage du sorgho rouge se fait avec de la cendre dans le but
de diminuer l’intensité de la coloration rouge en vue d’obtenir un dolo peu foncé. Ces grains
réhydratés sont ensuite égouttés dans des paniers, et immédiatement entassés que l’on recouvre de
nattes, de tôles ou de sacs de jute, puis laisser pour la germination. La germination dure 3 à 4 jours,
et les grains sont arrosés trois fois par jour le premier jour de la germination, dans certains cas
l’arrosage des grains dure deux jours. Cette opération entraîne le ramollissement du grain, suivi du
développement de la radicelle et des activités biochimiques et biologiques très importantes.
Cependant, les radicelles et les pousses du sorgho germé contiennent de très grandes quantités
d’hurrines, glucoside cyanogène, qui à l’hydrolyse produit une toxine puissante connue sous
différents noms : acide prussique, acide cyanhydrique (HCN) et cyanure (Panasiuk et Bills, 1984).
Les grains germés ont un goût très sucré, et un arôme remarquable, très apprécié. La germination
est stoppée par un séchage au soleil le 4ème ou 5ème jour. Il s’effectue généralement sur des nattes
ou sur des tôles ou encore sur des aires de séchage aménagées, ou à même le sol. Dada et Dendy
62
(1988) ont montré que l’élimination des pousses et des radicelles et la transformation ultérieure
réduisaient la teneur en HCN de plus de 90 pour cent.
La production de malt de céréales est une activité féminine, réalisée soit par les dolotières, soit par
les groupements de femmes, non productrice de dolo.
Au regard des technologies de transformation utilisées et des résultats des enquêtes sur la
consommation, quatre produits de transformation primaires du mil et du sorgho commercialisés ont
été identifiés. Il s’agit de la farine, des semoules, des farines roulées et du malt de céréale.
63
finis ou finis peuvent être catégorisés par certaines caractéristiques communes qu’ils présentent.
Leur mode de consommation sont généralement nombreux, variable en fonction des individus.
Leur mode de préparation est très simple. Elles peuvent être préparées, soit à partir de farine, de
semoules, de farine roulée, de grains décortiqués (cas du mil). Elles sont généralement
consommées au petit déjeuner avec du sucre et ou du lait fermenté ou non. Le sorgho, le mil, le
maïs et le fonio sont les céréales généralement utilisées pour la préparation des bouillies.
Cependant, à l’instar des autres céréales, le mil connaît une plus grande utilisation pour la
préparation des bouillies à cause de ses qualités organoleptiques très appréciées (odeur, goût,
aspect).
A partir de la farine fermentée ou non : un lait de farine est élaboré à partir d’une certaine quantité
de farine et d’eau froide et mélangé ensuite à de l’eau portée à ébullition, tout en remuant. Une
cuisson de 10 à 15 minutes est opérée pour obtenir la bouillie.
A partir de farine roulée, de semoules ou de grains décortiqués : une certaine quantité de farine
roulée, ou de semoules ou de grains décortiqués est ajouté à de l’eau portée à ébullition. Une
cuisson de 10 à 15 minutes est effectuée dans le cas des farines roulées et des semoules et pour les
grains décortiqués la cuisson est plus longue et peut varier de 1 à 3 h.
64
minutes. Le tô ainsi obtenu est consommé avec des sauces à base de légumes de viande et ou de
poisson, 1 à 3 fois par jour (au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner). Il peut être également délayé
dans du lait fermenté ou non et consommé au petit déjeuner. Pour la préparation du tô, le sorgho
blanc connaît une plus grande utilisation comparativement au mil qui du reste n’est utilisé qu’en
période de soudure. L’évolution des préférences des populations urbaines pour le tô blanc a conduit
ces derniers à une plus grande utilisation du maïs pour la préparation du tô.
Les résultats des enquêtes sur la consommation et la transformation du mil et du sorgho ont permis
d’identifier trois produits qui sont le couscous, le bassi et les grumeaux (farine roulée).
Le couscous : il est préparé à partir de farine de céréales (mil, sorgho rouge et blanc, riz etc.…), ou
de farines composées. Son mode de préparation est assez simple. La farine est hydratée légèrement,
tamisée puis cuite à la vapeur à l’aide d’un couscoussier. Après 15 à 25 minutes de cuisson, la
semoule est retirée, pour être légèrement réhydratée. Deux autres cuissons de même durée que la
première ont lieu, mais séparées par une opération de réhydratation légère. En somme, trois
cuissons sont nécessaires pour obtenir un bon couscous.
La préparation du couscous de mil est connue depuis fort longtemps et reste un produit bien
apprécié des consommateurs. L’usage des autres céréales (sorgho et riz) pour la préparation du
couscous est assez récente. En milieu urbain, le couscous de riz a connu un succès spectaculaire et
est de nos jours préparé les jours de fête et autres manifestations. Le couscous est consommé avec
des sauces à base de légumes, et de viande ou poisson et également avec les laits fermentées.
Le bassi : La farine est légèrement humidifiée, tamisée, et soumise à une cuisson à la vapeur à
l’aide d’un couscoussier, métallique ou en terre. La cuisson dure environ 15 à 20 minutes. On
obtient le couscous précuit qui est séché à l’air libre sur des nattes ou des plastiques, ou à l’aide de
séchoirs artisanaux. Le couscous séché est ensuite pilé au mortier avec de la pâte d’arachide. Le
bassi obtenu peut être sucré ou non. Il peut également être légèrement salé. Pour la
commercialisation, le bassi est conditionné dans des sachets plastiques de 400 à 1 kg.
65
Les grumeaux de déguè étuvés (farines roulées étuvées) : Ils sont destinés à la préparation du
déguè. Les grumeaux de mil ou de sorgho formés (confère transformation primaire) sont cuits à la
vapeur à l’aide d’un couscoussier pendant 10 à 15 minutes. Au cours de la cuisson, ils peuvent être
aspergés d’eau. La cuisson terminée, ils sont mélangés au lait fermenté pour constituer un produit
appelé communément le dégué. Pour la commercialisation, les grumeaux sont séchés à l’air libre
sur des nattes ou sur du plastique ou à l’aide de séchoirs artisanaux solaire ou à gaz, et conditionnés
dans des sachets plastiques de 400 à 1 kg.
Les boules d’akassa (fourra) : ce met traditionnel est fabriqué uniquement avec le mil. La farine de
mil est légèrement humidifiée de manière à obtenir une pâte. Cette pâte est enveloppée avec des
feuilles de kolatier et cuite dans de l’eau. La pâte cuite est pilée dans un mortier. Au cours du
pilage, il est possible d’additionner du sucre ou des épices (gingembre). La pâte obtenue après
pilage est mise en forme de boules et recouverte légèrement de farine.
fine de mil pour éviter l’adhérence.
Dans ce groupe, on peut retenir le déguédjalan (nom dioula) ou déguè sec appelé également
mougoudougou (nom mooré) et les farines de sevrage précuites.
Le déguèdjalan : il est obtenu par mélange de farine et de grains de mil grillés. Le mélange est
humidifié puis pétri pour obtenir une pâte à laquelle sont additionnés des ingrédients tels que le
yaourt, le lait, le sucre, le pain de singe, le beurre et des produits aromatisants. La pâte est ensuite
découpée en tranches qui sont mises à sécher. L’utilisation du sorgho pour la fabrication de ce
produit n’est pas courante et doit être encouragée.
Les galettes : appelées également crêpes, les galettes sont obtenues à partir d’un mélange de farine
et d’eau qui sont cuites sur une plaque en terre cuite ou en métal très chaude, préalablement
66
huilées. Le mélange peut être fermenté ou non. Au Burkina Faso, seul le mil était initialement
utilisé pour la préparation des galettes. Mais de nos jours, les autres céréales comme le sorgho et le
riz entrent également dans la préparation des galettes. De nouvelles améliorations ont conduit à
l’utilisation de mélange de farine de céréales sans gluten (mil, sorgho, riz, maïs) et de farine de blé
ou à une farine de légumineuse, de tubercule ou encore de banane plantain pour la préparation des
beignets.
Le pop sorgho ou sorgho soufflé : ce produit de grignotage, souvent appelé “ amuse gueule ” est
obtenu avec certaines variétés de sorgho connues. La variété Sariaso 10 (sorgho blanc) et la variété
Framida (sorgho rouge). Son procédé de fabrication très simple a été mis au point par l’unité Faso
Ribo. Le sorgho est mouillé 3 à 12 heures de temps, essoré et légèrement séché, puis placé dans
une marmite contenant de l’huile. La marmite est ensuite recouverte. Après 3 à 5 minutes de friture,
le sorgho éclate et est retiré de la marmite. Il est ensuite salé ou sucré et consommé comme tel.
Les boissons non alcoolisées
Le Zoom Koom : c’est une boisson de mil, servi aux étrangers en signe de bienvenue en pays
mossi. C’est aussi une boisson offerte aux invités au cours de différentes cérémonies. De nos jours,
cette boisson traditionnelle a subi des améliorations du point de vue de la qualité organoleptique,
nutritionnelle et est ainsi devenue une boisson commerciale. Traditionnellement, le Zoom Koom est
obtenu à partir de farine de mil entier à laquelle est ajoutée de l’eau et du sucre, dont l’ensemble est
bien mélangé.
Le procédé de fabrication commerciale utilise la farine de mil décortiquée, à laquelle est ajouté du
jus acidifié de tamarin ou de citron, du gingembre, du sucre et de l’eau. Le mélange constitué est
passé à travers un tamis fin ou une toile. Le jus obtenu est ainsi servi, mais à ce jus on peut
également rajouter des jus de fruits (papaye, pomme, ananas, orange) et ou des arômes (menthe,
vanille etc…). Cette boisson est rafraîchie et ensuite servie.
Les enquêtes sur la consommation et transformation a détecté que le Zoom Koom est également
élaboré avec le sorgho rouge et est commercialisé.
Le sirop de sorgho : il est obtenu à partir d’un mélange de farines de sorgho, de maïs et de soja. Le
mélange de farines est additionné d’eau et d’un agent de floculation appelé gluant. L’ensemble est
67
malaxé et laissé au repos pour la décantation. Le surnageant est prélevé et mis de coté. La pâte
constituée par le dépôt est additionnée d’eau et soumise à une cuisson. A la fin de la cuisson, le jus
obtenu est refroidi, fermenté et filtré. Le filtrat et le surnageant sont ensuite mélangés. Le mélange
ainsi constitué est soumis à une cuisson, au cours de laquelle sont additionnés le sucre et certains
arômes. Ce produit intermédiaire subi une décantation, puis une filtration. Le filtrat est additionné
d’agents de conservation et soumis de nouveau à une cuisson. A la fin de la cuisson, on obtient le
sirop qui est conditionné, pasteurisé, étiqueté et stocké.
Le dolo : Au Burkina Faso, les céréales locales connaissent une grande utilisation dans la
fabrication de la bière traditionnelle. C’est le cas du sorgho et du maïs. Les résultats statistiques de
l’INSD montrent que 20 % de la production céréalière est destinée à la préparation du dolo.
Cependant, le sorgho rouge connaît une plus grande utilisation pour la fabrication du dolo. Cette
utilisation du sorgho rouge ou blanc, ou du maïs dépend fortement de la disponibilité et de
l’accessibilité de la céréale dans les localités considérées, ainsi que de l’ethnie. C’est ainsi qu’à
l’Est du pays c’est uniquement le sorgho rouge qui est utilisé pour la préparation de la bière
traditionnelle. Par contre à l’ouest du pays, on utilise, soit le sorgho rouge ou le mélange de rouge
et de blanc.
Au Burkina Faso, la bière traditionnelle joue un rôle important sur le plan social. En effet, lors des
cérémonies de joie et de peine elle est toujours présente. A l’est et à l’ouest du pays, le sorgho
rouge n’entre dans la préparation du tô qu’en période de soudure, sinon toute la production reste
destinée à la fabrication du dolo. Trois étapes sont distinguées dans la fabrication du dolo : il s’agit
du maltage (décrit plus haut), du brassage et de la fermentation.
Le brassage : l’objectif du brassage est d’obtenir à partir de la céréale maltée, un moût contenant
des sucres fermentescibles et des acides aminés nécessaires à la croissance de la levure. La
première opération de brassage consiste à écraser traditionnellement dans un moulin en pierre ou
concassé dans des moulins à meules, le malt de sorgho séché pour permettre une dissolution facile
de l’amidon. Après cette opération vient l’empâtage réalisé dans des canaris avec un volume de
mouture pour trois volume d’eau auquel est ajouté un agent de floculation appelé gluant (Grevia
68
flavenscens) destiné à faciliter la décantation. Celle ci peut durer en moyenne de 45 à 60 minutes.
Après décantation, le surnageant (mélange1) est prélevé et mis de coté. Le dépôt est transvasé dans
des jarres ou marmites contenant de l’eau en ébullition sur le feu. Après une cuisson d’environ (3
heures), le liquide est prélevé pour être rajouté au surnageant (mélange 2), et la drêche déposée au
fond des marmites est filtrée et le filtrat (liquide 2) est porté à ébullition. Le mélange ainsi constitué
(mélange 2) est laissé au repos toute la nuit et passe ainsi d’une température de 75-80 °C à 40-45
°C. Le mélange refroidi et le filtrat bouilli sont rassemblés pour constituer le moût (dolo non
fermenté).
La fermentation : le moût refroidi à la température ambiante (30 à 35 °C) est ensemencé avec le
levain (levure) composé d’un amalgame de souches microbiennes et provenant d’une fermentation
précédente. Cette étape est réalisée la nuit et dure 8 à 10 heures. Au cours de ce processus de
fermentation, il se produit des réactions biochimiques entre les sucres fermentescibles (glucose,
maltose, saccharose etc..) et la levure en présence d’oxygène. Ceci aboutit à la formation d’alcool,
de gaz carbonique et de produits accessoires. Le dolo obtenu après ce processus réactionnel est
consommé pendant 24 heures. Le bon dolo selon l’avis de nos productrices a les caractéristiques
suivantes : alcoolisé, non léger, doux, couleur rouge orangée, sucré, tandis que le mauvais dolo est
aigre et léger.
- Le béssé : c’est également une boisson traditionnelle préparée à partir de mil et de miel.
Cette bière de mil n’est pas généralement commercialisée et n’est préparée qu’à des
occasions bien précises.
Tableau 13 : Les différents produits élaborés à partir des céréales (mil, sorgho)
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Produits élaborés Céréales utilisées
Sorgho Mil
Bouillies légères Binré Binré (koko-baaga)
Pâtes Tô tô
Produits cuits dans l’eau Muwi guila Thiobla, boules d’akassa (fourra), babenda, mil
bouilli
Produits cuits à la vapeur Couscous, bassi Couscous, déguè, bassi, Wesla, gonré, gnon, gapal
Les efforts que font les pays pour diminuer leur dépendance à l’égard des produits importés et
l’effort global pour améliorer, la production des céréales locales par la diversification de leurs
formes d’utilisation, l’alimentation et la nutrition de la population, ont conduit à la mise en place
de programme de farines composées. Ces programmes visent à une substitution partielle ou totale
du blé par l’emploi de matières premières locales dans la fabrication des produits nouveaux
désignés par les produits de panification, de pâtisserie, de biscuiterie, d’aliments de complément et
les produits extrudés. A ce groupe, on peut également adjoindre les produits nouvellement
commercialisés. Cette utilisation des farines composées devient alors une manière de développer et
d’assurer la promotion des céréales locales entraînant ainsi l’installation de petites et moyennes
entreprises et développer d’autres secteurs de l’activité agricole. De nombreuses expérimentations
sur l’utilisation des farines composées ont été réalisées en Afrique et ailleurs par les Systèmes
Nationaux de Recherche Agricole (SNRA), les Centres Internationaux de Recherche Agricole
(CIRA) et par les initiatives privés (transformateurs) en vue de valoriser les céréales, tubercules et
70
légumineuses pour la production d’aliments prêts à être consommés. L’expérience du Burkina
Faso, a concerné la production de farine composée, distribuée aux boulangers pour la fabrication du
pain. Ces farines composées ont été faites avec le sorgho et plus tard avec le maïs à des taux de
substitution variant de 5 à 30 %.
Les farines composées : Le mélange consiste à préparer la farine composée avec les produits
provenant de matières premières différentes qui sont soit des céréales, soit des tubercules, soit des
légumineuses, dans des proportions optimales données.
Les produits extrudés, expérimentation encore inconnue au Burkina Faso : parmi les produits
extrudés on distingue les produits expansés (crackers), précuits (farine infantile instantanée), ou
texturés. Ces produits sont obtenus par le procédé de transformation de type cuisson-extrusion. Ce
procédé combine un traitement thermique à haute température ( 150 ° à 350 °C) et un traitement
mécanique à haute pression et fort taux de cisaillement. Ces traitements sont généralement
appliqués aux produits pendant un temps très court de quelques secondes. L’appareil utilisé est le
cuiseur extrudeur. La matière première (gritz ou farine) ou mélange de matière première, est prise
en charge par une vis sans fin tournant dans un fourreau étroitement ajusté. En tournant, la vis
entraîne le produit vers une sortie, dénommée filière. A sa sortie de filière, l’eau contenue dans le
produit se vaporise spontanément, ce qui provoque l’expansion du produit. Il est possible de jouer
sur l’importance relative de la cuisson ou de l’extrusion, de façon à obtenir différents type de
produits en modifiant le profil de la vis, celui du fourreau et le type de filière utilisée. Un cuiseur-
extrudeur pour la production de farine de sevrage est présentement installé à l’unité UBETA située
à Porto-Novo (Bénin). Par ailleurs, au Burkina Faso, l’ONUDI a logé à l’Université de
Ouagadougou un cuiseur-extrudeur pour un groupe de transformateurs.
Les aliments de complément : il s’agit des aliments qui viennent en complément au lait maternel
dès l’âge de 6 mois. Ces aliments ont connu un certain développement ces dernières années avec la
dévaluation du francs CFA. En effet, dans les pays Francophones l’utilisation des produits locaux
disponibles pour la production des aliments de complément est devenue chose courante. Les
céréales (mil, sorgho, riz, maïs etc.…), sont associées ou non à des légumineuses, oléagineux, fruits
ou légumes séchés ou encore à des viandes ou poissons. Plusieurs unités de production d’aliments
71
de complément artisanales et semi-industrielles sont rencontrées au Burkina Faso. A titre
d’exemple, on a la SODEPAL, MISOLA et PHYTOFLA. Le tableau suivant donne une liste non
exhaustive de quelques aliments de complément et de leur composition.
72
Tableau 15 : Unités de fabrication de biscuits à base de farine composée
UNITES
SODEPAL FASO-RIBO
Les Grands Moulins du Burkina (GMB) possèdent sous le même toit, trois moulins, l’un à blé, le
deuxième à maïs/sorgho et le troisième à petit mil. Afin de diminuer les dépenses en blé importé,
les GMB ont lancé en 1974 l’opération “ BLEGHO ”qui combinait la production de pain (70% de
blé et 30% de sorgho) et un vaste programme de formation des boulangers aux techniques d’emploi
de la farine “ BLEGHO ” en panification. Le pain “ BLEGHO ” bien accepté par les
consommateurs a été lancé alors que le sorgho abondait et était moins cher que le blé importé. Par
la suite, le prix du sorgho augmenta mais le “ BLEGHO ” survécut encore quelques mois grâce aux
subventions de l’Office National des Céréales (OFNACER). Ces subventions de circonstance
n’étaient malheureusement pas intégrées dans un ensemble coordonné de décisions cohérentes et
planifiées. Aussi, le coût financier de ces subventions devint trop élevé pour l’OFNACER qui
décida de s ‘en décharger vers la fin de1975. Cette décision porta un coup fatal à l’“ Opération
BLEGHO ”. A la faveur de la révolution, l’opération fût relancée avec une farine composée de blé
et de maïs avec un taux d’incorporation de 5 à 10 % maïs. De nos jours, les Grands Moulins ont
observé un arrêt de production de la farine composée.
73
Des pains ont été fabriqués avec 100% de farine de blé ainsi qu’avec 10, 20, 30, et 40% de farines
de substitution : farine de maïs, semoule de maïs, gritz de maïs, semoule de mil, farine de mil. Les
granulométries les plus favorables des produits de mouture de maïs et du mil ont été choisies et
utilisées en mélange à la farine de blé pour faire du pain.
Les GMB ont commencé par moudre directement ensemble le blé et le sorgho sur le moulin à blé
sans faire de décorticage préalable du sorgho. C’est cette opération qui a été appelée “ Blégho ” ,
c’est à dire Blé + Sorgho. Le blé et le sorgho étaient nettoyés et logés dans des silos différents. Au
pied de chaque silo, des bascules volumétriques déterminaient chaque chargement de grains avant
le premier broyeur. Ainsi les GMB ont produit successivement trois types de farines BLEGHO
contenant 5%, 10%, et 15% de sorgho respectivement.
A la suite d’essais de panification, la farine de blégho à 10% de sorgho a été choisie et distribuée
aux boulangeries. Cependant, aucune indication sur les nouvelles procédures de panification n’a été
donnée aux boulangers, qui rencontrèrent des difficultés pour travailler cette nouvelle farine. Il faut
dire que la farine de blégho n’était pas de première qualité car elle contenait des particules de son
de sorgho. Les nombreuses protestations qui s’en suivirent conduisirent à la suspension de
l’opération qui finalement ne dura que quelques semaines.
Au niveau de la transformation primaire des grains, cinq types d’équipements ont été identifiés.
Comme son nom l’indique, cet équipement a deux fonctions. Le nettoyage des grains et la
séparation des impuretés diverses des grains. Il est destiné aux grains de céréales et de
légumineuses. Cet équipement est constitué d’un jeu de grilles oscillantes superposées à orifice de
grandeur décroissante qui effectuent le tri, et d’un ventilateur qui élimine par aspiration ou par
soufflage les parties les plus légères. Le choix judicieux des grilles permet la séparation des
impuretés (grains étrangers) d’un certain calibre et d’avoir un produit à grains homogènes. Le
triage est basé sur cinq principes, à savoir la dimension, la densité, la forme, l’état de surface et la
74
couleur, qui permettent de distinguer plusieurs types de matériel. Les plus connus et rencontrés
sont l’épierreur et le tarare.
Au Burkina Faso, seuls les Grands Moulins du Burkina, unité industrielle en possède :
L’équipement utilisé est d’origine italienne de marque OCRIM avec une capacité de 10 tonnes/
heure, et destiné au traitement du blé, du maïs et du sorgho.
2-2 2. Epierreur
Cet équipement communément appelé séparateur densimétrique permet d’éliminer uniquement les
pierres de la taille des grains des céréales difficiles à séparer par tamisage.
Ce type d’équipement est rencontré aux Grands Moulin du Burkina. Il est de marque OCRIM,
originaire d’Italie avec une capacité de 10 tonnes/ heure.
Le second identifié est un épierreur polycéréales, modèle approprié pour la petite entreprise et en
cours de test à l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT). Cet
épierreur a été réalisé dans le cadre d’un programme de recherche liant le Réseau Ouest et Centre
Africain de Recherche sur le Mil (ROCAFREMI) et l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA)
d’une part et l’Unité de Recherche Production et d’Assistance Technologique Adaptée au Sahel
(URPATA) d’autre part tous installés au Sénégal. Les essais d’adaptation de l’épierreur sont
également poursuivis au Sénégal, Niger et Mali et au Burkina avec la collaboration du Réseau
Ouest et Centre Africain de Recherche sur le Sorgho (ROCARS). Des améliorations et des
modifications sont envisagées pour un meilleur usage de l’équipement, et sa vulgarisation sera sans
aucun doute fonction de son bon fonctionnement et de son prix.
Deux technologies existent pour le décorticage des céréales en Afrique, à l’échelle artisanale, semi-
industrielle et industrielle : le décorticage par abrasion contre une surface rugueuse (abrasion du
péricarpe, c’est à dire élimination progressive des déchets en partant de l’extérieur) et le
décorticage par frottement ou friction de grains réhumidifiés (élimination du péricarpe par
frottement d’une graine contre l’autre, et par frottement sur la grille). Au Burkina Faso, la
technologie la plus répandue est le décorticage par frottement utilisant le décortiqueur de type
75
Engleberg. Ces décortiqueurs sont importés d’Europe et des pays asiatiques surtout de l’Inde. Les
marques les plus rencontrées sont Gruinding, Keller, Electra. La commercialisation est assurée par
certaines entreprises de la place et des réseaux privés de commerçants. D’autre part, ces
décortiqueurs peuvent être des reproductions d’équipements originaux faites par des
équipementiers Burkinabé. Pour la conception locale, le fer est remplacé par la fonte et certaines
pièces de rechanges sont également employées. Ces décortiqueurs locaux ne sont pas bien
appréciés pour la raison qu’ils chauffent vite.
Ce décortiqueur originaire d’Angleterre est le plus connu et le plus répandu au Burkina Faso, en
milieu urbain et rural. Cet appareil a été initialement conçu pour le décorticage du café puis s’est
diffusé spontanément en Asie pour l’usinage du riz. De nos jours c’est l’appareil le plus utilisé en
Afrique sahélienne pour le décorticage des céréales locales en particulier le mil, le sorgho et le
maïs. Le décortiqueur Engleberg est composé d’un cylindre en acier nervuré tournant dans un
carter métallique dont la partie inférieure est constituée d’une tôle perforée. La chambre de
décorticage est équipée d’un frein réglable à l’intérieur du carter. Le décorticage des grains
s’effectue par passage entre le rouleau nervuré et la lame d’acier, qui arrache une partie de
l’enveloppe du grain qui se trouve évacuée à travers une grille. Pour le mil et le sorgho, plusieurs
passages du grain sont nécessaires pour obtenir un bon décorticage avec toute fois une
réhumidification préalable des grains. Cette réhumidification des grains entraîne souvent une usure
prématurée du matériel (l’humidité excessive oxyde les éléments métalliques). Ce décortiqueur est
utilisé, faute de mieux car le taux de brisures et les pertes sont importants, la capacité de traitement
est assez faible (60 à 100 kg/h), la consommation d’énergie élevée, grande difficulté de décorticage
avec le sorgho. Son avantage est qu’il est, robuste et peu coûteux d’entretien. Ce décortiqueur qui
n’a pas subi d’évolution depuis sa mise au point malgré ses nombreuses insuffisances, continue à
être fabriqué et diffusé dans la plupart des pays d’Afrique. Il est pratiquement le seul vulgarisé au
Burkina Faso pour le décorticage des céréales et légumineuses.
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Ce décortiqueur abrasif a été initialement fabriqué par le Laboratoire Régional des Prairies (PRL)
au Canada. Initialement, il se composait d’une série de meules en Carborundum, montées sur un
arbre horizontal et tournant dans une chambre métallique. Les sons étaient aspirés par un système
d’aspiration situé en partie supérieure de la machine. Il était destiné à traiter plusieurs centaines de
kg /h, mais il a par la suite connu plusieurs modifications par le Centre rural d’innovation
industrielle (RIIC) au Botswana, le CRDI en Gambie et la SISMAR et le CNRA au Sénégal et plus
récemment par le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement (CIRAD). Ces modifications ont été envisagées pour adapter l’appareil aux besoins
des clients privés qui transforment de petites quantités de produits (quelques kg). Les meules ont
alors été remplacées par des disques en résinoïde et la machine fonctionne en discontinu à partir de
10 kg de produit. Avec ce décortiqueur, si toutes les parties de tous les grains pouvaient être
abrasées au même rythme, le décorticage par abrasion serait un moyen efficace d’éliminer le
péricarpe. Au Burkina Faso, ce décortiqueur a été testé par le Centre de Transformation des
Produits Agricoles (CTRAPA). De nos jours, l’équipement a été abandonné à cause du coût élevé
et de l’usure fréquente des disques.
Deux types de moulin sont utilisés pour le broyage des céréales, le moulin à marteaux et le moulin
à meules. Les résultats des enquêtes sur les moulins réalisées à Ouagadougou, Bobo Dioulasso,
Fada N’Gourma et Ouahigouya ont montré que l’outil prédominant est le moulin à meules. Une
dizaine de marques provenant de l’Europe, de l’Inde, et du Ghana ont été identifiées. Les plus
couramment rencontrées sont Diamant, Choyal, Gyro et Anine.
De conception très ancienne les moulins à meules ont connu un certain développement en Afrique.
Ils utilisent le principe de broyage par écrasement. Ils sont constitués d’une meule fixe et d’une
meule mobile tournant sur la première dans un plan horizontal ou vertical, toutes deux métalliques
ou émeri silex dont l’écartement permet l’obtention de farines plus ou moins fines. Ces moulins
peuvent broyer des produits humides pouvant atteindre 50 % d’eau. C’est le type de moulin le plus
77
répandu au Burkina Faso, au Mali et au Bénin où ils sont appréciés pour leur polyvalence. Il existe
plusieurs types d’entraînements possibles qui correspondent à différentes formes de moulins.
Les moulins manuels : il s’agit de petits moulins dont le débit est de l’ordre de 10 kg/h (sur farine
grossière). Ils sont entraînés par une manivelle et sont équipés de meules de 9 à 10 cm d’épaisseur.
Ils n’ont pas connu un grand succès dans le contexte africain en général et au Burkina Faso en
particulier car ils imposent aux femmes un mouvement totalement différent du pillage traditionnel
et l’effort à fournir leur semble au moins aussi pénible.
Les moulins à traction animale : Ce sont des moulins à meules manuels entraînés par un manège à
traction animale. D’une manière générale, le débit est de l’ordre de 10 à 20 kg/h. ce débit varie en
fonction de l’animal (nature, état physique, caractère) et du taux d’humidité des grains.
Ce type de moulin a été diffusé au Burkina Faso avec l’appui de l’Institut Burkinabé d’Energie
(IBE).
Les moulins à meules motorisés : ils sont équipés de moteurs thermiques ou électriques de 3,5 à 8
chevaux. La gamme des vitesses de rotation varie entre 350 tours/mn et 900 tours/min. Le débit
obtenu est fonction de la puissance fournie 2,5 kg/h. Ce type de moulin est très répandu au Burkina
Faso, ainsi qu’au Bénin, Mali et Congo. Ils sont cependant difficiles à construire localement, chers
à l’achat et d’un entretien complexe et coûteux. La séparation des produits de mouture se fait
manuellement par l’utilisation de tamis.
Plus récents que les moulins à meules, les moulins à marteaux sont très peu répandus au Burkina
Faso, et ne sont conçus que pour des grains secs. Ils utilisent le principe de broyage par
pulvérisation ou éclatement : le grain est projeté à grande vitesse contre les parois de la chambre de
broyage et y est ainsi pulvérisé en farine. Le broyeur à marteaux se compose essentiellement d’une
chambre de broyage à l’intérieur de laquelle tourne un rotor sur lequel sont montés les marteaux
qui frappent les grains pour leur communiquer une vitesse de rotation suffisante. Une grille autour
de la chambre de broyage permet le passage de la farine. La finesse des farines est fonction de la
78
finesse des perforations de la grille entourant la chambre de broyage. Les diamètres les plus
rencontrés sont de 0.7 mm à 1.5 mm. Plus le diamètre est petit, plus la farine sera fine et plus le
débit du moulin sera faible.
Généralement la vitesse de rotation des marteaux est autour de 3000 et 6000 tr/mn pour la
production de la farine et une vitesse plus faible pour les semoules pour avoir un bon rendement,
sinon on obtient beaucoup de farine en même temps que les brisures. Le débit est de 100 kg/h et
influencé par la grille et le taux d’humidité des grains. On considère en général que 20 %
d’humidité est une limite pour ce type de moulin. Au delà de cette humidité limite il y’a colmatage
de la grille. A Ouagadougou, quelques unités tels que le Centre de Transformation des Produits
Agricoles (CTRAPA) en possède. Ces moulins sont de conception simple, polyvalents robustes, et
d’un entretien facile mais sont exigeants en énergie.
79
2.2.5. Les fours
Ils sont destinés à la cuisson des grains de céréales, des pâtes pour les biscuits et aliments de
complément. Les types de fours identifiés sont les suivants : le four à sol (capacité 730 tonnes) et le
four tunnel : capacité 1500 tonnes
Les séchoirs rencontrés sont les séchoirs solaires et les séchoirs à gaz. Les plus répandus sont les
séchoirs solaires conçus par ABAC-GERES, ATTESTA et IBE (actuel IRSAT). Il s’agit du séchoir
tunnel et du séchoir coquille.
Le séchoir tunnel est un modèle de séchoir solaire a été construit par l’IBE (actuel IRSAT). Il se
matérialise par quatre murs à hauteur d’environ 1 m et comportant des claustras latéraux (trous
d’aération). L’ensemble est recouvert d’un film plastique, et l’intérieur du séchoir parcouru par des
bois verticaux et horizontaux qui permettent de soutenir les plateaux (claies) contenant les produits
à sécher. Deux phénomènes essentiels assurent le séchage des produits. On a d’une part le film
plastique qui capte les rayons solaires et apporte l’air chaud ; et d’autre part l’entrée d’air frais et
sec par les claustras latéraux qui assure la ventilation de l’air chaud : c’est l’effet de serre. Ce
modèle de séchoir a été trouvé dans deux unités, le CTRAPA et celle du groupement NAAM. A
l’installation au CTRAPA, l’IBE avait estimé que le séchoir pouvait sécher en moyenne deux
tonnes // de farine, or seulement 120 kg de farine peuvent être séchés en une journée en saison
sèche et en 2-3 jours en saison pluvieuse. De nos jours, c’est un séchoir endommagé qui a besoin
d’être reconstruit.
80
La prise en compte désormais de l’espace public dans les investigations sur la consommation
alimentaire (les pratiques et leurs évolutions) est une des résultantes du phénomène urbain qui a induit
des changements dans les situations alimentaires des ménages et draine en ville des multitudes de
ruraux en quête d’un mieux être. Ainsi dans le cadre de ce bilan sur les pratiques commensales et leur
évolution en ce qui concerne uniquement le mil et le sorgho, des données ont été collectées dans les
deux échelles d’expressions de la consommation alimentaire.
a) Les vendeuses
Les vendeuses de galette, bouillie, zoom-koom, deguè, bassi, boule d’akassa et couscous de mil au
niébé. Leurs âges varient de 15 ans à plus de 40 ans dont 64,9 % sont mariées, avec une expérience
d’un mois à plus de 20 ans dans la commercialisation. Enfin les vendeuses sont surtout des
musulmanes (80,6 %) contre 15,7 % de chrétiennes. Le mil est aux femmes musulmanes ce que le
sorgho rouge aux femmes chrétiennes ou animistes. Les utilisations du mil dans les pratiques
religieuses musulmanes ne sont plus à démontrer.
Les vendeuses de galettes : la plus petite quantité commercialisée quotidiennement est de 1GBT
soit 1.8 kg tandis que la plus grande est de six Yoruba soit 15.6 kg. Les quantités les plus
représentées sont un plat et deux plats par jour.
Les vendeuses de zoom-koom : elles représentent 17.9% de l’échantillon. La plus faible quantité
commercialisée par jour est de 1.270 kg contre 6.5 kg pour la plus grande. La forte concentration a
été notée au niveau de 1 plat par jour.
81
Les vendeuses de bouillie : (25,4 % ) : la plus grande échelle de vente journalière est de huit plats
20 ,8 kg et la plus petite 1,9 kg les quantités les plus représentées sont 1,5 ; 2 et 3 plats jour.
Les vendeuses de déguè : les plus grandes vendeuses commercialisent 10, 13 , 14 plats par jour.
Les quantités les plus représentées sont 1 et 2 plats.
Les vendeuses de bassi (9 %) : la plus faible quantité vendue par jour est de ½ Yoruba et la plus
forte 7 plats.
Les vendeuses de boules d’akassa ( 4,5 % ) : un à quatre plats sont commercialisés par jour.
Les vendeuses de couscous de mil au niébé : le maximum vendu par jour est de trois plats. Dans
l’espace public, les moments de commercialisation vont de 6 heures à 22 heures pour certains mets.
Dans ce grand espace temporel quand les unes finissent d’écouler, les autres s’installent. Mieux, il
y a des vendeuses qui ont plusieurs moments de commercialisation et à des lieux différents. Les
abords des voies, les marchés sont les lieux privilégiés d’offre de ces différents mets. Les mets sont
surtout consommés sur place ou emportés.
Sur les grandes et petites voies, devant les services et établissements d’enseignement, les vendeuses
finissent par se construire une clientèle qui peut s’élargir par l’arrivée de nouveaux clients. Les
vendeuses sont alors de grandes unités commensales qui au lieu de la relation parentale comme
moyen d’accès à la nourriture, c’est l’échange marchande qui règne. Les mets servis sont
consommés assis ou débout et souvent sans aucune communication entre les différents clients. Cela
conduit souvent à des attroupements que l’on note ça et là à travers la ville de Ouagadougou. Pour
l’ensemble des produits, les vendeuses ont affirmé que les consommateurs sont satisfaits.
Cependant quelques consommateurs se plaignent des quantités servis au niveau du déguè, boule
d’akassa et couscous de mil au niébé. Les vendeuses sont souvent face à des consommateurs
réfractaires aux changements des prix et pourtant recherchent quantité et qualité.
82
d) Les procédés et leur évolution : valorisation des mets ancestraux.
Tous les mets cités sont connus du point de vue ancestral par les consommateurs. Cependant leur
commercialisation a conduit à l’introduction d’innovations au niveau des procédés de préparation.
Ainsi l’accent est mis sur les caractéristiques organoleptiques des mets pour les rendre plus
compétitifs sur le marché . Les fruits frais et secs, les arômes locaux ou importés sont utilisées
pour améliorer les qualités organoleptiques ( goût, odeur) et nutritionnelles.
Le beurre, la levure ainsi que des méthodes de malaxage appropriées sont utilisés pour ramollir les
produits. Des besoins d’amélioration technologique ont été exprimés, mais pas assez fortement. Les
vendeuses réduisent leur capacité à l’innovation car le consommateur n’est pas toujours prêt à y
mettre le prix qu’il faut.
Parmi les produits transformés à base de sorgho et dé mil (dits nouveaux produits), on distingue la
farine roulée de mil ou de sorgho, les couscous de mil et sorgho rouge, le déguè séché, la farine de
mil et les farines composées. Ces types de produits sont très peu connus des vendeuses. Cependant,
lorsqu’ils sont connus, elles les trouvent mieux adaptées pour la consommation familiale.
83
2-3-2. Le mil et le sorgho dans les pratiques alimentaires des ménages
Dans le cadre de cette investigation, le ménage est défini comme une unité commensale (Fatou,
1987). Le ménage peut être constitué par un couple ou des consanguins, pourvu que les moyens
matériels et financiers soient réunis pour la satisfaction des besoins alimentaires des différents
membres. Le ménage selon notre entendement ne se confond pas toujours à l’unité domestique.
L’ échantillon compte 161 ménages articulé comme suit :
- 154 constitués de couple dont 10 polygames et 144 monogames.
- 5 ménages de célibataires
- 1 veuve
- 1 divorcée
Les ménages musulmans représentent 44. 1% contre 55.9% de ménages chrétiens. La taille des
ménages varient entre 2 et 32 individus. Enfin une catégorisation des ménages construite à partir de
l’habitat, du niveau d’équipement et de l’alimentation a été réalisée . Sur cette base alors l’on
distingue des catégories pauvres, moyennes et aisées.
Catégorisation des ménages selon l’utilisation ou non du mil et /ou du sorgho dans les pratiques
alimentaires. L’utilisation ou non de ces deux céréales a permis d’articuler la typologie suivante :
• les ménages qui transforment et qui consomment le sorgho blanc (10,6 % )
• les ménages qui transforment et qui consomment le mil (37,9 %).
• les ménages qui transforment et qui consomment le sorgho et le mil (24,8 % )
• les ménages qui ne transforment ni ne consomment du mil ou du sorgho (26.7 %)
La distribution des catégories sociales selon les types de consommateurs permet d’identifier trois
faits discriminants à savoir :
84
1- Transformer et consommer le sorgho uniquement se présente comme une pratique propre aux
ménages pauvres 58,8 % contre 35,3 % et 5,9 % pour les catégories sociales moyennes et
aisées. Cela confirme les résultats d’études réalisées en 1985 par Thiombiano (1997) par
ALISA .
2- Pour la consommation de mil, les ménages moyens se distinguent nettement des ménages
pauvres respectivement 41 % contre 32,8 %. Le mil est d’ailleurs l’une des céréales
traditionnelles qui a échappé à un statut imaginaire dévalorisant dans ce milieu urbain où il y a
une recomposition des perceptions du consommateur. Il faut noter que le mil offre une
multiplicité d’utilisation.
3- Le repérage du mil et du sorgho dans les pratiques alimentaires est l’apanage des catégories
sociales pauvres ( 62,5 % ) contre 30 % dans les moyennes et 7,5 % dans celles aisées.
Contrairement au cas précédant le profil des ménages non consommateurs ne se dessine pas
d’une manière discriminante selon les catégories sociales : ménages aisés (37,2%) , ménages
moyens (32.5%) et ménages pauvres (30.2%). Les premiers ont tendance à exclure les deux
céréales dans leurs pratiques alimentaires.
La lecture d’un tableau croisé religion / catégories de consommateurs permet de décrire les
relations suivantes :
Parmi les consommateurs de sorgho, les chrétiens représentent 76,5 % contre 23,5 % de
musulmans. Dans cette catégorie donc le sorgho est aux chrétiens ce que le mil est aux vendeuses
musulmanes
Pour les consommateurs de sorgho et de mil et les consommateurs de mil, les écarts ne sont pas très
discriminants. Pour le premier cas, les musulmans représentent 57,5 % contre 42,5 % de chrétiens)
ALISA est l’intitulée d’un projet sous- régional financé par l’Union Européenne et qui a regroupé Le Bénin , le
Burkina et le Sénégal. Chaque pays à réalisé des étude sur l’ évolution de la consommation alimentaire les savoirs faire
et les systèmes techniques. Le département de technologie alimentaire ( DTA – IRSAT- CNRST) et la FLASHS ont
coordonné les travaux qui ont été réalisé au DTA.
85
et pour le second cas, 55,7 % de musulmans contre 42,6 % de chrétiens. Quant aux non
consommateurs les chrétiens représentent 58,1 % contre 39,5 % de musulmans.
Des analyses plus approfondies permettent de mieux situer l’influence de cette variable sur la
consommation des deux céréales.
Pour chaque type de consommateur ci-dessus cité et relativement à leur catégorie sociale des
appréciations ont été recueillies. On note que la pluralité des trajectoires individuelles et leur
complexité rendent difficiles le traitement des données recueillies à travers les questions ouvertes.
Dans les études ALISA, les analyses ont permis d’identifier huit critères d’appréciation des
produits qui sont les suivants : la position culturelle, la qualité physique, la qualité nutritionnelle,
les caractéristiques organoleptiques, la commodité de transformation, le coût. Ces critères servent à
définir le choix du mil et / ou du sorgho au niveau des ménages.
Les ménages pauvres : Leurs choix se réfèrent aux caractères organoleptiques (goût, consistance du
tô, et couleur), à la valeur nutritive (riche en vitamine) et enfin au coût de la céréale.
Les ménages moyens : la position culturelle (habitude du mari, le mari qui veut, le mari qui décide)
et la qualité physique (se conserve bien) ont surtout été évoqués.
Les ménages aisés : une rotation entre le sorgho et le maïs pour la préparation du tô à été notée
dans cette catégorie de ménages. C’est le maïs qui a destitué le sorgho dans plusieurs ménages. La
position culturelle du sorgho favorise son maintien dans l’ alimentation de ce ménage.
Il a aussi été demandé à ces ménages d’expliquer l ’exclusion du mil de leur alimentation.
Se référer au dossier sur les céréales à paraître dans les éditions du CIRAD Montpellier fin 2001 ou début 2002.
Mais pour les cas qui pressent voir le DTA.
86
Dans les catégories pauvres, le sorgho est plus consommé que le mil à cause de la cherté de ce
dernier. Les catégories moyennes et aisés évoquent la conservation difficile du tô de mil.
Les ménages pauvres ont surtout indiqué la commodité de transformation du mil (travail facile), le
coût de la transformation (moins onéreux que le sorgho), les caractéristiques organoleptiques (bon
goût et doux) et enfin la qualité nutritionnelle (très nourrissant). Les ménages moyens quant à eux
apprécient le mil pour son goût, ses qualités nutritionnelles, sa diversité d’utilisation, son
adaptabilité pour la préparation de la bouillie, du dégué et du Zoom Koom. Les ménages aisés
trouvent que le mil est nourrissant, adapté à l’alimentation des enfants et se prête à la fabrication de
nombreux mets. Il également un bon goût.
Pour l’ensemble des ménages les raisons de l’exclusion du sorgho de leurs pratiques alimentaires
s’articulent comme suit :
Il est dit du sorgho qu’il est difficile à préparer , cher, et se présente moins bien que le maïs et le
goût n’est pas apprécié, pour les catégories pauvres et moyennes. Le maïs est préféré au sorgho et
les difficultés d’utilisation ont été signifiées dans les ménages aisés.
Consommer du mil et du sorgho est une résultante de leurs moyens financiers. Les raisons
identifiées dans les deux cas précédents ont aussi été repérées. Pour les ménages moyens les
caractéristiques organoleptiques, la qualité nutritionnelle et l’adaptabilité de ces deux céréales
pour le tô et la bouillie ont été soulignées. Enfin pour les ménages aisés , le mil est nourrissant,
riche en vitamines et le tô de sorgho est agréable.
Les ménages pauvres que l’on retrouve dans cette catégorie préfèrent le maïs et reprochent au mil
les maux de ventre provoqués et la préparation difficile du couscous. Ces mêmes raisons sont
87
évoquées par les ménages moyens. Dans les ménages aisés c’ est la focalisation des pratiques sur
le maïs qui est un frein à la consommation des deux céréales .
La connaissance des produits. Il s’agit ici d’effectuer une identification des ménages qui ont déjà
vu les produits. Le niveau de connaissance varie selon les catégories sociales. Des catégories
pauvres à celles aisées le niveau de connaissance est croissant. Ainsi 62,6 % des ménages pauvres
n’ont jamais vu les produits contre 45,6 % des ménages moyens et 38, 5 % de ménages aisés. Les
produits transformés sont alors plus connus dans les ménages aisés et moyens.
Les ménages qui ont déjà consommé les produits. Les ménages qui ont effectivement consommé
les produits sont très faiblement représentés ( 6,2 %). Les produits les plus consommés sont la
bouillie de mil, le dégué séché et le couscous.
Les produits artisanaux et perception des consommateurs. Parmi les ménages pauvres on distingue
deux groupes :
Il y a ceux qui trouvent que les produits sont de bonne qualité et ceux qui en doutent.
Les premiers donnent les raisons suivantes :
88
Au niveau des ménages moyens, les propos recueillis montrent que l’utilisation des produits
transformés est freinée par le manque d’informations qualitatives sur ces produits ( composition du
produit, valeurs nutritionnelles), le manque de publicité pour encourager la consommation , la
méconnaissance des conditions de production et d’hygiène, la qualité technologique, etc. Par
contre, ils accordent plus de considération aux produits commercialisés dans les supers marchés.
Les ménages aisés évoquent les mêmes raisons que précédemment. Mais ils apprécient le caractère
pratique (prêts pour la consommation) de ces produits. L’espace public (Super marché) se présente
comme le lieu où une seconde chance est accordée aux produits locaux.
Dans les ménages, c’est la représentativité des mets préparés qui orientent les choix vers les
différentes céréales. Ces choix, quand le coût n’est pas un blocage, est guidé par les différents
critères de qualification évoqués. Le consommateur a besoin d’ information et de sensibilisation par
rapport à ses choix alimentaires.
89
2-4-2. Au niveau de la transformation primaire
90
- Le manque de contrôle et de suivi de la qualité des produits issus de la transformation
secondaire.
- La faible maîtrise de certains procédés technologiques
Sur les 186 unités enquêtées, 122 soit 65,6 % sont de type artisanal compte tenu des technologies
utilisées et les conditions dans lesquelles se déroulent les opérations de transformation. Quand bien
même la quantité de céréales transformées est souvent considérable.
91
En effet les enquêtes ont permis de constater que ces unités transforment des quantités allant d’une
tine de mil ou de sorgho à 3 tonnes par mois. Cependant les conditions rudimentaires de travail
(absence d’équipements mécanisés permettant d’alléger la tâche des femmes) nous amène à les
considérer comme des unités de type artisanal. Parmi ces unités il faut citer les unités de fabrication
du mil germé, de la farine roulée pour la transformation primaire, du dolo, des galettes, du Zoom
Koom, des bouillies, de quelques types de biscuit, pop sorgho, et les boules d’akassa.
On distingue deux niveaux de transformation pour ce type d’unités : la transformation domestique
et l’utilisation de moulins et décortiqueurs de quartier.
61 des 186 soit (32,8 %) unités enquêtées peuvent être considérées comme semi industrielles.
Parmi ces 61 unités on note 3 unités de transformation du mil et du sorgho, le reste étant composé
de décortiqueurs et de broyeurs. Il s’agit de la CTRAPA, de l’Association Lafi-biga et de Phytofla .
La Centrale de Transformation des Produits Alimentaires (CTRAPA). C’est une unité de
production de farine, de semoule, de mil, du maïs du sorgho, du riz, et de grumeaux de bouillie de
petit mil. Ses équipements se composent essentiellement de décortiqueur (marque Engleberd) avec
une capacité de 500 kg/h et d’un broyeur à marteaux de marque Electra avec une capacité de 800
kg/h d’un grand séchoir (en mauvais état), d’un dégermeur DMS 500 de grains de maïs ainsi que
des ustensiles de cuisine (bassines, calebasses, seaux etc.) avec un chiffre d’affaire de 300 000 000
de F cfa par an.
92
Les produits de cette unité subissent des contrôles de qualité au niveau du Département de
Technologie Alimentaire (DTA). Cette entreprise emploie 14 permanents et 40 temporaires et sa
date de création est de 1995.
Les circuits de distribution sont les grossistes détaillants et les points de ventes sont les
supermarchés
L’Association Lafi-Biga : cette association possède une unité de fabrication de farine infantile
(MISOLA) et de gâteau. Elle a été créée en Novembre 1982, unité à l’origine de type artisanal, elle
a su évoluer vers une unité de type semi-industriel par l’acquisition d’un moulin à meules, d’un
torréfacteur grilloir et d’un soude sac. L’unité emploie 4 personnes. Elle a également su adapter son
produit aux attentes du clients en améliorant au fil des années le procédé de fabrication afin de
répondre aux besoins organoleptiques des clients. De nos jours MISOLA est conditionné en sachet
de 500 grammes et commercialisé avec un sachet de 50g de mil germé source d’amylase (pour
réduire de manière notable la viscosité des bouillies et améliorer ainsi la densité énergétique des
bouillies). Sa durée de conservation est de six mois. Elle est suivie sur le plan qualité par un
médecin en France qui assure en même temps un appui technique à l’unité. La farine MISOLA est
vendu à un prix social de 350 F cfa.
Des groupements et Associations de femmes ont été formés au niveau de 13 provinces au Burkina
Faso et dans d’autres pays de la sous région comme Mali, Cameroun et Tchad.
Les différents points de ventes sont les Centres de Santé Primaire (CSPS), les Pharmacies et les
Centres médicaux.
L’unité PHYTOFLA : l’unité PHYTOFLA a été installée en Février 1984 avec un capital de 5
millions.. Elle emploie actuellement 12 personnes (8 permanents et 4 temporaires), avec un chiffre
d’affaire de 50 millions de francs cfa. Ses activités sont la fabrication de médicaments, la
transformation des fruits et légumes et des céréales locales. La transformation des céréales locales
concerne essentiellement la fabrication de farine infantile Bébé-fort. La farine est conditionnée
dans des sachets plastiques de 250 g et vendu à 450 F cfa. Les circuits de distribution sont les
grossistes, les détaillants, les services, les super- marché et les boutiques de quartier. Les
équipements de l’unité se composent d’un décortiqueur de fabrication locale, d’un broyeur à
93
marteaux, d’un mélangeur, d’un four à gaz de fabrication locale, d’une thermo-soudeuse et d’une
balance.
Elles sont pour le moment au nombre de 2 soit 1,1 % des unités enquêtées (186).
Les Grands Moulins du Burkina (GMB) : Les Grands Moulins du Burkina ont été installés en 1970
et rendus opérationnels en 1971 avec l’objectif déclaré de la production de farine de maïs et de
sorgho pour les ménagères.
C’est pourquoi l’unité fut construite dès le départ dans un seul bâtiment avec une minoterie de 120
tonnes/ jour de blé, une maïserie de 40 tonnes/jour et un moulin à sorgho de 30 tonnes/jour. Son
capital est de 865 140 000 Fcfa avec un chiffre d’affaire de 7 milliards. L’unité emploie 120
personnes. Les Grands Moulins du Burkina produisent actuellement :
- La farine de blé boulangère et pâtisserie qui représentent 95 % du chiffre d’affaire
- Le gritz de brasserie (gritz de maïs)
- Les farines zootechniques (issues et déchets)
- La farine de maïs ultra-fine conservable 1 mois
- La farine basse (foyo) de maïs récupérée lors du décorticage
Suite à une difficulté de production du sorgho observée1994, entraînant une hausse du prix de
vente des farines de sorgho, les Grands Moulins du Burkina décidèrent d’arrêter la production de la
farine de sorgho en 1995 pour cause de mévente.
D’autre part, la farine de maïs ultra-fine produite par la GMB ne satisfait pas au goût des
consommateurs parce qu’elle n’est pas fermentée. Ces derniers très justement trouvent que le tô
94
préparé avec cette farine a un goût fade. Ils désireraient avoir une farine de qualité au moins
équivalente à celle produite de façon traditionnelle.
Les Unités de transformation artisanales sont de petites entreprises évoluant pour la plus part dans
le secteur informel. Les savoir faire traditionnels y sont valorisés et sont complétés par une faible
mécanisation des matériels de travail issus essentiellement de l’artisanat local. Leur niveau de
production connaît une nette évolution allant jadis de quelques centaines de kg/mois à 2 à 3 tonnes
par mois, et leurs produits sont généralement destinés au marché local notamment la clientèle de
proximité en ce qui concerne les bouillies, galettes, boules d’akassa, zoom-koom, dolo etc.
Elles sont caractérisées par un faible niveau d’organisation et ne disposent pas du tout
d’équipements mécanisés. La plus part des tâches sont effectuées à la main.
Généralement leur contrainte se situe au niveau des sources d’approvisionnement du mil et du
sorgho, l’inflation des prix ; cette année en juin le prix du sac de 100 kg de sorgho variait de 18 000
à 20 000 F au lieu de 12 000 F en période normale, les difficultés de roulage des farines, de cuisson à
la vapeur et la torréfaction.
Elles représentent environ 90 % des unités et sont mises en place et gérées essentiellement par des
femmes. On distingue quatre types d’acteurs :
Type I : les femmes qui achètent le mil, le sorgho les décortiquent et les font moudre à la machine
pour commercialiser la farine fermentée ou non dans les marchés. La qualité de ces produits
dépend essentiellement de l’hygiène de vie corporelle de celles qui les élaborent et/ou les
commercialisent. Aucun contrôle de qualité n’est effectué à ce niveau, et la plus part des femmes
qui exercent ce type d’activité n’ont aucune formation. Le fait aussi d’utiliser le moulin du quartier
entraîne souvent des mélanges de différentes farines. La plus part des femmes décortiquent et font
moudre au moulin de quartier dont l’entretien laisse souvent à désirer d’où la nécessité de prévoir
95
des modules de formation en Bonnes Pratiques d’Hygiène (BPH) à l’intention de ce groupe qui
n’est pas des moindres.
Type II : les femmes qui préparent la bouillie, les galettes, le zoom-koom, les boules d’akassa
qu’elles vendent à domicile aux abords des rues, et dans les restaurants etc.
Elles occupent une place importante dans la restauration de rue car tous ces produits font partie
intégrante des habitudes alimentaires des populations urbaines et rurales.
Leur chiffre d’affaires allant de 5 000 à 200 000 F/j se voit doubler pendant le carême musulman.
Les équipements et procédés utilisés demeurent jusque là peu évolués et comme le groupe
précédent, ces femmes utilisent aussi le moulin de quartier, ce qui est préjudiciable sur la qualité de
la farine, partant celle de la matière première. Là également la qualité du produit fini dépend non
seulement de l’hygiène corporelle et de vie de la transformatrice mais aussi de son niveau
d’instruction.
Type III : les petites ou grandes unités de fabrication de mil germé et de dolo. Elles représentent
90 % d’utilisation du sorgho. Elles sont tenues par des femmes qui en font leur source principale de
revenus. Le mil germé nécessite une attention particulière dans la mesure où il est utilisé pour la
fabrication du dolo qui est la boisson traditionnelle la plus consommée par toutes les couches de la
population. Jusque là, il n’existe pas d’équipement mis au point au niveau du Burkina pour
améliorer les conditions de production de mil germé. Le mil germé est un produit purement
artisanal ; sa production se fait dans des conditions d’hygiène plus ou moins déplorables (utilisation
des sacs en gîte ou en plastique, pour le séchage du mil). Il n’y a pas de méthodes classiques de
contrôle de qualité du mil germé étant donné que c’est un produit purement traditionnel dont la
préparation varie d’une ethnie à une autre avec pour seul objectif obtenir un mil bien germé pour
préparer un “ bon dolo”.
Cependant selon certaines dolotières, le mil est bien germé quand on a une racine principale sans
radicelle, et une tigelle blanchâtre (feuilles non développées) ; il faut surtout éviter que ces
“ feuilles ”non développées se décollent l’une de l’autre car à ce stade, on peut avoir une
“ exagération ” de la germination et de ce fait le mil germé n’est plus adapté pour faire du dolo. Il
ne faut pas non plus avoir seulement la racine principale, il faut absolument la tigelle blanche.
96
Certaines dolotières trouvent que le mil est bien germé quand il est sucré ; puisque c’est la
fermentation du sucre contenu dans le mil qui donne la bière de mil.
L’évaluation de la qualité est souvent faite selon les conditions hygiéniques de production et les
qualités organoleptiques du dolo qu’il donne. Cependant, vue les conditions de préparation, la
durée de conservation est très réduite et les qualités organoleptiques se trouvent détériorées au bout
de deux jours de conservation. Il n’y a pas de contrôle et suivi de la qualité. La qualité du dolo est
directement liée à la conduite de la fermentation et à certains phénomènes qui doivent être observés
au cours de la cuisson : en effet après la première cuisson, il faut laisser le bouillon au repos
jusqu’à obtenir un changement de couleur. En effet le virage du bouillon du rouge au blanc, ainsi
que son aigreur témoignent de la bonne conduite de l’opération de germination et de cuisson.
Type IV : les petites Unités de fabrication de produits plus élaborés tels que les grumeaux séchés
de bouillie, les couscous, les deguedjalan, bassi, biscuits, sirops, vins, produits soufflés se situent à
une échelle plus élevée tendant à évoluer vers le stade semi artisanal. Les produits sont d’une
meilleure qualité hygiénique, bien séchés et emballés. Les qualités microbiologiques et
nutritionnelles y sont pour la plus part conservés pendant les deux semaines qui suivent la date de
fabrication. Ensuite en fonction du lieu de stockage des problèmes de qualité comme la reprise
d’humidité, l’attaque des charançons, les contaminations microbiologiques surgissent et rendent le
produit impropre à la consommation. Cependant certaines unités font des efforts pour rendre leur
environnement sain. Ces unités ont besoin d’un appui technique pour la maîtrise des procédés de
transformation, un contrôle de qualité rigoureux car les produits sont consommés par un nombre
important de personnes (bouillie, galette).
Ces unités évoluent dans le secteur formel et sont en pleine expansion. Leur production est
beaucoup plus importante que celle précédemment décrite et leur clientèle beaucoup plus exigeante
et spécialisée. La quantité transformée varie de 5 à 30 tonnes par mois. Les opérations au sein de
ces unités sont partiellement mécanisées. Elles sont dotées d’équipes organisées et leurs Unités
sont mieux structurées. L’enquête a permis de toucher deux unités de transformation semi
industrielles. Les contraintes de ces types d’unités se situent au niveau des sources
97
d’approvisionnement, de la qualité de la matière première, de la non disponibilité des variétés
adaptées, de l’inflation des prix, du conditionnement et de la promotion des produits élaborés.
Notons que le manque de formation demeure un obstacle à l’évolution de ces unités dont les pertes
dues au coût de la non qualité, au coût de production élevée, méventes, restent importantes. La non
maîtrise du diagramme de production, et des Bonnes Pratiques d’Hygiène (BPH) et de Fabrication
(BPF) peuvent en être la cause.
Au nombre de deux dans notre pays, ce sont des unités dans lesquelles les opérations sont presque
entièrement mécanisées et automatisées. Elles produisent et vendent à grande échelle. Ce qui
nécessite une grande capacité de stockage. L’une de leurs contraintes est l’attaque de la matière
première par les charançons. La qualité et la disponibilité de la matière première ainsi que
l’adaptabilité de l’emballage et la durée de conservation des produits demeurent des facteurs
limitants pour ces unités.
Les produits à base de mil et de sorgho transformés ou non vendus dans les marchés, les supers
marchés, auprès des détaillants et des grossistes n’ont pas un emballage adapté et attirant, le design
y manque.
Si nous retenons que le premier contact entre le consommateur et le produit est le contenant au lieu
du contenu il va de soi que le contenant doit permettre au produit de se vendre seul.
A l’exception de la CTRAPA les produits comme la farine ne sont pas conditionnés, ils sont
vendus dans de grands plats découverts, à l’achat les produits sont emballés dans du papier de
récupération (vieux journaux etc. ), ou dans des sachets.
Le dolo qui est l’une des boissons locale la plus consommée est vendu dans des calebasses et
conditionnées dans des bidons et des bouteilles de récupération.
Le conditionnement est pratiqué dans les unités artisanales plus évoluées (Djigui espoir, Faso ribo)
, les unités semi industrielles et industrielles. Les produits finis sont pesés à l’aide de balances et
98
conditionnés généralement dans des sachets en polyéthylène de différentes épaisseurs ( 50 à 100
microns) et de contenances variantes (50g, 100g, 200g, 250g, 500g, 1 kg, 5kg).
Le prix du sachet varie de 5 F CFA à 16 F pour les sachets non imprimés et de 21 à 35 F CFA pour
les sachets imprimés. La plus part des sachets proviennent de Faso Plast qui est une usine de la
place, d’autres se ravitaillent au Ghana ou en Côte d’Ivoire.
Le scellage des sachets est à l’aide des soude-sacs électriques type familial de marque Moulinex,
Calor, ou CEAS-ATTESTA avec un coût variant entre 30 000 et 60 000 F CFA.
Les produits ensachés sont stockés dans des caisses, des fûts, des armoires, des sacs, des cuvettes,
des paniers ou sur des étagères.
Le conditionnement du mil germé est effectué dans des sacs de 25, 50 ou 100 kg ou dans une
barrique. Jusque là, il n’y a pas de conditionnement moderne type pour le dolo. Le dolo est
conditionné dans des jarres en terre et vendu directement au public ; sa durée de conservation
n’excède pas quarante huit heures. Ce qui représente souvent une perte financière pour les femmes
qui n’arrive pas à vendre leur dolo dans les quarante huit heures qui suivent sa préparation.
Cependant, YAO et al (1995) ont montré que le dolo préparé dans des conditions d’hygiène
acceptable, stabilisé et conditionné peut être conditionné pendant plusieurs jours tout en gardant ses
qualités organoleptiques.
99
économique et non de vraies entreprises. Elles bénéficient cependant pour la plus part d’un
encadrement des structures d’appui fût elle efficace ou non.
• Les produits transformés à base de mil et sorgho sont cependant très variés (disponibilité
d’une importante gamme de produits) mais les activités d’accompagnement comme la
promotion, la commercialisation sont encore peu développées même si des structures
comme le Relais National PROCELOS et la FIAB ont initié des actions permettant aux
public de mieux connaître ces produits.
• Les consommateurs Burkinabé commencent à manifester un intérêt grandissant pour les
produits locaux transformés en général et les céréales en particulier. Ceci est dû au fait que
ce sont des produits qui s’insèrent dans les habitudes alimentaires, ensuite les
consommateurs actuels des produits déjà commercialisés apprécient positivement la qualité,
les prix .
• Le maïs est le produit le plus utilisé dans la transformation des céréales suivi, du mil et du
sorgho (surtout pour le mil germé et le dolo) et ensuite le fonio.
• La plupart des unités sont gérées de manière artisanale et ceci au regard de leur nature.
• Un besoin crucial de formation (technique et gestion) et d’information (sur les procédés
éprouvés, les équipements adaptés, les systèmes d’information du marché (SIM)) apparaît
et nécessite qu’une attention particulière lui soit accordé.
• Nombre d’unités ne perçoivent pas pour l’instant l’intérêt d’adhérer à un groupement
professionnel ou d’être en étroite collaboration avec des structures d’appui technique pour
des échanges partenariat d’affaires, financiers et techniques.
• Les principales contraintes identifiées peuvent être résumées comme suit :
100
• Les unités artisanales de transformation de mil et de sorgho ne maîtrisent pas la qualité des
produits de la transformation primaire du fait que le décorticage et la mouture des céréales
sont effectuées dans des meuneries privées dites moulins de quartier. C’est ainsi que
plusieurs unités constatent et déplorent la présence fréquente de cailloux de débris de fer, et
autres impuretés dans les farines et semoules après mouture .
• Les unités qui disposent de matériels modernes de transformation notamment les moulins et
les décortiqueurs sont souvent confrontés au manque de disponibilité et à la cherté de
certaines pièces de rechange mais aussi à un problème de maintenance (manque de
personnel formé).
• La production de céréales roulées séchées, principale activité des petites unités, est très
récente et de ce fait aucun équipement moderne éprouvé n’a pu encore être mis au point,
testé et vulgarisé.
• Le roulage des farines est une opération longue et pénible pour les femmes limitant du
même coup la capacité de production des différentes unités artisanales. Il n’y a pas encore
de solution mécanique et le rouleur mis au point par l’Institut de Technologie Alimentaire
(ITA), est cher et de faible rendement.
• L’utilisation des séchoirs solaires comporte des inconvénients et peut même bloquer les
activités en période hivernale.
• Notons par ailleurs la faible capacité des séchoirs coquilles (15 kg de produit frais/cycle)
qui sont cependant beaucoup utilisés par les promotrices. Celles-ci soulignent, en outre, la
fragilité des tamis des claies qui se déchirent fréquemment.
• Nous constatons aussi qu’il n’existe pas un système de contrôle et de suivi de la qualité des
produits transformés à base mil et de sorgho
• Par ailleurs des normes avaient été proposées pour les grains de mil et de sorgho, la farine
de mil et de sorgho dans le cadre du Projet Farine Composée dont le Burkina Faso est
membre mais jusque là elles restent peu connues sinon méconnues
101
• Il n’existe pas de politique de prix appropriée pouvant permettre aux opérateurs d’éviter les
problèmes de trésorerie, de gestion de stock.
CONCLUSION
L’étude bilan des technologies de transformation du mil et du sorgho a été réalisée sur la base des
données bibliographiques, des résultats des enquêtes de consommation et de transformation, des
interviews et des expériences de personnes ressources. Les résultats obtenus se présentent comme
suit :
102
On note que les opérations préliminaires à la transformation (battage et nettoyage- triage) sont
toujours exercées manuellement à l’exception de la GMB. Cependant, pour la transformation
primaire des grains, la plus part des opérations sont effectuées mécaniquement au niveau des
différents niveaux de transformation en dehors du tamisage et du roulage des farines qui restent
encore des opérations fastidieuses et manuelles. Les faiblesses identifiées à ce niveau portent sur la
faible adaptation des équipements de transformation primaire (décortiqueur, moulin). Au niveau
secondaire un accent devra être mis sur l’amélioration des opérations de cuisson et de séchage par
l’introduction de matériels adéquats notamment au niveau de la transformation artisanale et semi-
industrielle. Il s’agit respectivement des torréfacteurs, des fours, des couscoussiers et des séchoirs
solaires et à gaz.
103
A l’échelle industrielle, les opérations sont presque entièrement mécanisées et automatisées. Les
difficultés à ce niveau sont l’approvisionnement en matière première de qualité, le stockage, la
conservation, le manque de promotion et l’acquisition des pièces de rechanges.
Les perspectives devront alors se focaliser sur la recherche de solutions aux différentes contraintes
identifiées au niveau de la transformation et de la consommation, sur le test de technologies
éprouvées, sur la mobilisation des acteurs de la filière pour permettre l’établissement de contrat
entre les différents acteurs, sur la formation des transformateurs sur les BPH et BPF et l’appui
financier pour la mise à niveau des unités. Toutes ces actions doivent prendre en compte les
besoins du consommateur qui ont besoin de produits de grande qualité : hygiénique, nutritionnelle
et accessible.
104
PARTIE III. ORGANISATION ET TAILLE DU MARCHE
3.1. GENERALITES
Les céréales constituent la base de l’alimentation des populations au Burkina Faso. Ces principales
céréales produites sont le sorgho, le mil, le maïs, le riz.
Depuis 1990, le Burkina Faso a entrepris de libéraliser son marché céréalier. Une des mesures est
la non-fixation des prix des céréales locales à la production, à la consommation. Pendant les
premières années de ce processus, producteurs comme opérateurs économiques privés n’ont pas
immédiatement réagi pour contrôler eux-mêmes le marché céréalier dans la formation des prix et
le ravitaillement des zones appelées zones à risque où l’Etat a toujours disposé de stocks. Ces
stocks étant les principales sources d’approvisionnement des populations à des prix tels que les
opérateurs privés ne pouvaient les concurrencer. Au cours de ces dernières années, l’amélioration
des voies de communication dans la partie Nord du pays a rendu les principaux centres de la région
plus accessibles et à moindre coût. De même, dans ces zones à risques, il y a eu une augmentation
des revenus engendrés par la vente du bétail, et de l’or suite à la dévaluation du FCFA et du
développement de l’orpaillage. Ainsi sur des marchés tels que Gorom-Gorom et même plus loin
Essakane (site minier), des camions vont régulièrement vendre des céréales les jours de marché. Au
temps de l’OFNACER, la demande en céréales de ces régions était satisfaite par celui-ci. Depuis la
liquidation de cet office, entraînant la suppression de la stabilisation du prix des céréales locales,
les opérateurs privés ont progressivement assuré l’approvisionnement de ces régions. La
conséquence sur le marché céréalier national est une demande plus importante sur les marchés des
zones de production avec pour corollaire une tension sur les prix des céréales.
En raison des conditions climatiques contrastées du sud-ouest au nord, l’équilibre céréalier global
du pays présente des déficiences souvent accentuées dans certaines régions par opposition à des
excédents presque permanents dans d’autres régions.
La recherche de la sécurité alimentaire passe donc par l’augmentation de la production céréalière
en particulier, avec la mise en place de mécanismes efficaces de transfert des excédents entre
régions excédentaires et déficitaires.
105
3.2. LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU MARCHE CEREALIER
a) La politique céréalière
La politique céréalière suivie par l’Etat depuis le début des années 70 comprend deux grandes
phases: la première phase à couvert la période 1970-1990 et la seconde phase a débuté avec la mise
en place du programme d’ajustement structurel.
La première phase est marquée aussi bien sur le plan économique que dans le secteur céréalier par
une volonté de l’Etat de conduire l’activité économique. L’Etat voulait aider les producteurs à
accroître la production céréalière dans le but d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Ainsi les
Organismes Régionaux de Développement (ORD) avaient pour tâche d’encadrer les paysans et de
pourvoir à toutes les prestations dont les paysans avaient besoin : Intrants, équipements, crédits,
formations. Le marché céréalier a été régulé à travers les interventions à l’achat et à la vente de
l’Office National des Céréales (OFNACER), afin d’assurer aux producteurs un prix d’achat
rémunérateur et aux consommateurs des prix de vente raisonnables. Ainsi, les prix de ventes
officiels étaient administrés par l’Etat. L’OFNACER disposait d’une soixantaine de magasins
répartis sur tout le territoire national, mais plus particulièrement en zones de consommation. Toute
sortie de céréales du territoire était interdite et sévèrement contrôlée.
La seconde phase est marquée par la mise en œuvre des mesures du programme d’ajustement
structurel (PAS). Le volet agricole appelé Programme d’Ajustement du Secteur agricole (PASA)
comprenant cinquante mesures a été lancé en 1992. La principale innovation intervenue sur le
secteur céréalier a concerné la libéralisation totale du commerce des céréales sèches. La
suppression de l’OFNACER, remplacée par une structure qui ne s’occupe que du stock de sécurité
et de la gestion de l’aide alimentaire, la restructuration des services du ministère sur la base du
principe du désengagement de l’Etat de toutes les activités de production et des prestations qui
relèvent des acteurs de la filière. L’Etat a mis en place un dispositif de coordination de la politique
céréalière. La coordination de la politique céréalière dispose d’un atout en cas de crise alimentaire:
c’est le comité de réflexion sur la politique céréalière, qui est présidé par le Ministre de
106
l’Agriculture avec pour Vice - Président un bailleur de fonds, en l’occurrence le Délégué à la
Commission Européenne. Ce comité comprend des décideurs de haut niveau, ce qui facilite la prise
de décision en cas d’urgence.
b) La production céréalière
La production de céréale a enregistré depuis le milieu des années 80 une augmentation importante
qui s’est poursuivie jusqu’en 1992. La production moyenne annuelle de la période 1994/1995 à
1996/1997 est de 2,3 millions de tonnes (54% de sorgho, 34% de mil, et 12% de maïs. Cf. Tableau
17). La production brute s’est accrue de 51% entre 1985 et 1995, soit un taux moyen de croissance
de 4,1% par an. Les données statistiques consultées indiquent que la croissance de la production
brute céréalière a été supérieure à celle de la démographie(2,8 %) au cours de la même période.
Pour la même période, la production de riz paddy local s’est accrue de 130% et celle du coton
graine de 30%. La production nationale de riz couvre à présent environ la moitié de la
consommation nationale contre moins de 20% dans la deuxième moitié des années 80.
La progression enregistrée sur la production de mil, maïs, sorgho, semble provenir pour un tiers de
l’extension des superficies et pour deux tiers de la croissance des rendements. La production est
encore fortement sujette à la variation climatique: les années 90/91, 97/98 et 00/01 sont citées
parmi les saisons les plus déficitaires des dernières années. Les céréales jouant un grand rôle dans
la satisfaction des besoins alimentaires, toute baisse importante de leur production entraîne des
situations plus ou moins graves de crises alimentaires pour la population et ne favorise pas une
sécurisation des approvisionnements dans la filière.
La production céréalière du Burkina Faso connaît, bon an mal an, une certaine évolution qui
dépend essentiellement de la pluviométrie.
Parmi les spéculations produites figurent en bonne place les mils et les sorghos cultivés sur tout le
territoire national soit comme culture principale ou comme culture secondaire. Des données
recueillies auprès du Ministère de l’agriculture montrent que les mils et sorghos occupent près de
79% de la production totale de céréales durant les cinq dernières campagnes et 84 % au cours des
17 dernières années. La production de sorgho est de loin la plus importante ensuite vient le mil
puis le maïs et le riz.
107
Tableau 17: Production de céréale de 1984 à 2001(en Tonnes)
Dates Mil (T) Sorgho (T) Maïs (T) Riz (T) Fonio (T) Total Part du mil
production et sorgho
dans la
production
1984-1985 398320 612161 8288 29803 6848 1055420 96%
1985-1986 585124 814411 132724 33744 7043 1573046 88%
1986-1987 612437 928463 155781 22307 6509 1569716 98%
1987-1988 527607 689538 191699 40979 5737 1455560 83%
1988-1989 763912 970016 255762 55998 13864 2059552 84%
1989-1990 649297 991188 256916 41841 13800 1953042 83%
1990-1991 449000 750500 257900 47800 12700 1517900 79%
1991-1992 848500 1238300 315100 38600 14400 2508700 85%
1992-1993 783500 1292100 341300 46700 13600 2477200 83%
1993-1994 899197 1310431 270721 53809 22555 2556713 86%
1994-1995 831422 1232431 350315 61009 16379 2491556 82%
1995-1996 733704 1266156 212493 84026 11610 2307989 86%
1996-1997 811497 1 263955 293707 111807 10839 2391178 86%
1997-1998 603932 942885 366467 89516 10752 2013552 76%
1998-1999 972768 1202808 377758 88998 14424 2656756 81%
1999-2000 945000 1178400 468900 94000 13000 2699300 78%
2000-2001 604200 847900 315300 84700 11200 1863300 77%
Les perspectives de production, établies à partir des tendances actuelles, donneraient une
production de 3,4 millions de tonnes à l’horizon 2010. Cependant, il est préférable d’analyser
l’évolution de la consommation à l’horizon 2010, afin de pouvoir ensuite déterminer la production
108
nécessaire pour satisfaire les besoins dans une dizaine d’années. L’estimation de la consommation
sera faite sur la base des tendances actuelles.
109
c) La consommation en zone urbaine
La population urbaine, suivant les données de l’INSD (1996) représentait 18,2% de la population.
Le taux de croissance des villes depuis le dernier recensement de 1985 est de 6,2% par an. Ainsi,
en l’an 2010, la population urbaine devrait-elle représenter 29,4% de la population totale, soit
environ 4,2 millions de citadins.
A partir des données recueillies, l’étude de consommation a fait apparaître les caractéristiques
importantes de la consommation, en zones urbaine et rurale. Les habitants de Ouagadougou
consommaient moins de céréales que le reste du pays en 1960; en 1985, l’écart s’était accentué. On
a constaté parallèlement une hausse de la consommation de riz et de blé dans la capitale au cours
de la même période. Cependant, on remarque une reprise de la consommation de céréales sèches à
Ouagadougou depuis cette date.
Parmi les céréales sèches consommées, le maïs est la plus appréciée en ville. Le maïs représente
54% de la consommation de céréales sèches dans les deux grandes villes: Ouagadougou et Bobo
Dioulasso, un peu moins (30%) dans les autres villes. Pourtant les autres céréales ont aussi leurs
attraits en milieu urbain, notamment le petit mil dans la restauration rapide, et le sorgho pour la
bière locale: le dolo. La ville consomme en dolo l’équivalent de 15,5 kg de sorgho par habitant et
par an.
Compte tenu du manque de données, les modes de consommation en céréales locales de
Ouagadougou en 1994 ont été étendues aux autres villes avec quelques ajustements. Les calculs et
ajustements effectués, donnent, pour les zones urbaines, une consommation céréalière en
1993/1994 de l’ordre de 151 kg par habitant et par an toutes céréales confondues (sans dolo), se
décomposant comme suit: 95 kg de céréales sèches (mil, sorgho, maïs), 46 kg de riz et 10 kg de
blé. La consommation de dolo a été estimée à 15,5 kg de céréales par personne et par an, en ville;
ce qui représente environ 33 litres de dolo. La consommation totale de céréales sèches en zone
urbaine s’établissait donc à 110 kg (mil,sorgho,maïs) par an et par personne.
Compte tenu des données disponibles sur l’évolution du taux d’urbanisation et sur le mode de
consommation en ville, la consommation de céréales en ville, à l’horizon 2010, a été estimée à
470 000 tonnes, dont 65 000 tonnes pour la transformation en dolo. La hausse par rapport à l’année
de référence 1996/1997 sera de 120%.
110
d) La consommation en zone rurale
Le recensement 1996 de l’INSD a montré que le Burkina Faso était encore un pays essentiellement
rural, car la population rurale représentait 81,8% de la population totale. Ce taux étant bien entendu
plus élevé que ceux des pays voisins, particulièrement ceux du Golf de Guinée ou encore le
Sénégal. La population rurale croît à un rythme annuel de 1,7%. La population rurale devrait
représenter 70,6% de la population totale en l’an 2010, soit environ 10,15 millions de personnes.
L’enquête de l’INSD a estimé la consommation totale de céréales sèches (hors dolo) à 198 kg par
personne et par an en zone rurale. La brasserie traditionnelle utilise pour faire le dolo, l’équivalent
de 4 kg/habitant et par an, en zone rurale. La consommation annuelle par habitant dans cette zone
s’élève donc à 202 kg de céréales sèches. En dehors des céréales sèches, la consommation rurale
comprend du riz: 2 kg/personne/an.
La prévision de consommation en zone rurale à l’horizon 2010 sera de 2 millions de tonnes dont 40
600 tonnes affectées au secteur du dolo. La progression de la consommation rurale entre 1996/1997
et 2009/2010 sera de 18%.
e) Le bilan céréalier
La production céréalière actuelle couvre, en moyenne, les besoins en céréales de la population. Les
flux de céréales échangées avec les pays voisins, même s’ils sont encore modiques et informels,
montrent que le bilan céréalier national ne pourra pas continuer à ignorer le rôle joué par la
production régionale.
En 2010, les besoins prévisionnels totaux de consommation de céréales sèches pour le Burkina
Faso s’établissent à 2,5 millions de tonnes. La production brute devra passer à 2,9 millions de
tonnes en 13 ans pour satisfaire la demande prévisionnelle en 2010. Le niveau de production brute
à atteindre n’est pas hors de la portée da l’agriculture Burkinabé. En prenant pour base la
production brute moyenne de la période 1994/1995 à 1996/1997, l’augmentation sera de 26% en 13
ans, soit un taux moyen de progression de 1,8%. Sachant que le taux de croissance annuel moyen
pour la période suscitée a été de 4,1%, l’effort demandé pour l’an 2010 est théoriquement accompli
en 2003, bien entendu en l’absence de fortes baisses pluviométriques.
111
Tableau 18: Récapitulatif des données du bilan céréalier
112
3.2.3. Le marché céréalier
Les analyses menées à partir des enquêtes montrent qu’environ 80% de la consommation urbaine et
9% de la consommation en zones rurales passent par le marché.
Les besoins en céréales pour la fabrication du dolo et pour les besoins de la transformation
industrielle passent aussi par le marché. Les quantités qui ont transité par le marché ont été de
l’ordre de 367 000 tonnes en 1996/97. Ce tonnage se répartit à peu près en part égale entre les
zones rurales et urbaines.
Les trois céréales présentent des différences quant à la mise en marché. Le tiers de la production de
maïs est commercialisé tandis que 15% de la production de mil et de sorgho passent par le marché.
Le maïs, plus recherché dans les grandes villes, devient progressivement une culture de rente par
rapport aux deux autres.
En dehors du dolo et le petit mil en restauration (bouillie, dégué etc..), l’essentiel des produits
céréaliers transformés ne transitent pas encore par le marché. La farine de céréale est produite
presque entièrement par les moulins villageois et de quartier, sous la forme de prestation de
service: le client apporte lui-même la quantité de céréale à décortiquer et/ou moudre et repart avec
le produit transformé après s’être acquitté du coût de prestation. Les produits transformés par la
voie industrielle ou semi-industrielle représentent de faibles quantités pour l’instant en dehors des
GMB (Grand Moulin du Burkina) et de CTRAPA (Centrale de Transformation des Produits
Agricoles) qui transforment le maïs qui est utilisé comme matière première dans la fabrication de
la bière moderne.
La société étatique SONAGESS et certaines agences de coopération procèdent à des achats de
céréales sur le marché de céréale local. La SONAGESS achète pour effectuer des rotations
techniques du stock de sécurité. La rotation technique nécessite théoriquement l’achat d’environ 10
000 tonnes par an.
Les bailleurs achètent sur le marché national, une partie de leur céréale destinée à leur projet de
développement. Les statistiques concernant l’aide alimentaire fournie depuis 1990 au Burkina Faso
indiquent que 85% de l’aide alimentaire totale se composent de céréales: farine de maïs, sorgho et
riz. L’aide annuelle reçue par le Burkina Faso représente en moyenne 2,5% de la production
nationale ; selon les années, l’aide alimentaire peut atteindre 5 à 30% des quantités
commercialisées. L’aide peut donc avoir une influence directe sur le comportement des marchés de
113
céréales et donc sur la filière céréalière, particulièrement dans le Sahel et le centre où s’écoule une
grande partie de l’aide.
Les achats locaux constituent en moyenne 12% des aides en céréales selon les données agrégées au
niveau du secrétariat de la coordination de la politique céréalière. Le taux est en progrès depuis le
début des années 90. En effet le gouvernement encourage depuis le milieu des années 80 la
substitution de céréales locales aux céréales importées dans les aides programmes des agences de
coopération. Le mode d’achats de céréales utilisé par la SONAGESS et les bailleurs de fonds est le
recours aux appels d’offres.
Ces appels d’offres ont un impact sur le fonctionnement du marché à la fois par les quantités
demandées mais surtout par les exigences de dossier de soumission en matière de qualité, de prix,
de poids, de lieu et de délais de livraison. Les appels d’offres obligent les acteurs du marché à
réaliser des transactions sur la base d’un contrat.
Les achats publics de céréales constituent un outil d’apprentissage à la modernisation du commerce
des céréales. Ils entraînent également, de par leur ampleur, une remise en question des circuits
traditionnels et des systèmes de commercialisation. L’amélioration des conditions générales de
fonctionnement du marché céréalier ne sera cependant effectif que si, en plus des achats publics,
les consommateurs privés exigeaient la même qualité de produits et la transparence dans les
transactions. Les quantités échangées à l’horizon 2010 ont été estimées à 614 000 tonnes par an,
soit une augmentation de 67% par rapport à l’année 96/97, si l’on prolonge les tendances actuelles.
Le commerce de céréales au B.F est caractérisé par l’intervention d’une multitude d’acteurs.
Producteurs, collecteurs, commerçants et transporteurs interviennent dans le processus de
distribution des céréales.
Plusieurs zones de production font l’objet d’investigation par les commerçants, donnant lieu à des
circuits de commercialisation distincts selon le lieu de collecte, le lieu de vente et le cheminement
du produit entre les deux niveaux.
Les commerçants de céréales sont ravitaillés sur place par d’autres commerçants, par des
collecteurs autonomes ou par des producteurs. Ils effectuent aussi la collecte sur les marchés
114
secondaires ou auprès des producteurs sur des marchés primaires. Dans ce dernier cas, le champ
d’intervention se limite essentiellement à quelques grands marchés secondaire ou quelques sites de
production renommés pour l’offre du produit considéré.
Le système de commercialisation des céréales constitue un ensemble segmenté. Chaque segment
correspond à un niveau donné de la chaîne commerciale et justifie la différenciation de prix
observée selon les marchés. Il se présente une segmentation verticale à trois niveau : primaire,
régionale et urbain.
- Le segment primaire est représenté par les marchés primaires et secondaires de collecte.
Les marchés primaires sont ceux des sites de production où les producteurs sont en contact
direct avec les collecteurs et les commerçants chargés de drainer les quantités collectées vers
d’autres marchés plus importants. Les agents de collecte du marché primaire assemblent des
céréales pour le compte de commerçants grossistes des marchés secondaires, régionaux et
urbains.
Les marchés secondaires sont ceux qui exercent une influence considérables sur les sites de
production. Ce sont généralement des marchés situés à proximité des sites de production et
accessibles aux producteurs même si ces derniers n’y vendent pas une proportion importante de
leur production commercialisée. Sur ces marchés les partenaires des producteurs sont
généralement les commerçants détaillants et grossistes et les consommateurs. Le marché
secondaire constitue un centre d’assemblage des céréales pour l’approvisionnement des marchés
régionaux et urbains. Le prix des céréales sur le segment primaire est surtout déterminé par les
coûts de production et les frais de collecte.
- Le segment régionale est formé par les marchés régionaux.
Le marché régionale a une influence beaucoup plus étendue que le marché secondaire. Il est
intermédiaire entre le marché primaire et / ou secondaire et marché urbain. Les céréale assemblées
à ce niveau sont généralement destinées aux marchés urbain pour la satisfaction des
consommateurs, et des transformateurs. Le prix à ce niveau est un prix régional qui est fonction des
prix du segment primaire et des coûts de transport.
- Le segment urbain du système est composé des marchés urbains comme Ouagadougou et
Bobo-Dioulasso. A ce niveau on observe principalement une demande importante des
consommateurs, des transformateurs et des exportateurs. Le prix urbain est dérivé de celui des
prix régionaux et des coûts de transport.
115
3.2.5. Les stratégies de vente des producteurs
La part de la production céréalière qui est commercialisée demeure assez faible (excepté le riz et
dans une mesure assez moindre le maïs). On estime qu’au plus 20% de la production est échangée
(dons compris), peut être seulement 10% (étude Henry et Ouédraogo, 1996, à partir des données de
1992/1993).
De manière générale l’offre est complètement atomisée et provient de multitudes de petits
producteurs dont l’objectif est la sécurité alimentaire plutôt que le revenu. On connaît mal les
stratégies commerciales des producteurs en ce qui concerne les principales céréales. Des
observations suivantes peuvent être faites:
- Des enquêtes réalisées par l’UGVBM montrent que les ménages évaluent mal leur besoins
familiaux, principalement par absence de calcul: ils tendent à sous estimer leurs besoins de
consommation, donc à vendre plus et sont souvent obligés de racheter lors de la période de
soudure.
- On sait aussi que la décision de vendre procède rarement d’une logique purement économique
de maximisation des revenus, mais de la nécessité de disposer dune certaine quantité d’argent,
à un moment donné. Il s’agit plus d’une décision de trésorerie personnelle que d’un choix
commercial. Au moment de la récolte tout le monde cherche à obtenir une somme d’argent
prédéfini pour faire face à des obligations sociales diverses, dont certaines sont concentrées à
cette époque de l’année.
Les producteurs ne sont pas capables de négocier leurs prix. Premièrement, ils sont obligés de
vendre pour faire face à des dépenses incontournables (funérailles, mariages, baptêmes, etc..).
ensuite, faute de formation, ils ne peuvent calculer ou simplement estimer leurs prix de revient.
Enfin, ils sont peu ou mal informés des prix pratiqués sur les marchés, malgré la diffusion
radiophonique hebdomadaire par le SIM des prix pratiqués sur les 37 marchés du pays.
D’après un conseiller technique auprès de la SONAGESS, le SIM n’aurait pratiquement aucun
impact sur les producteurs. Notamment parce que les simples données de prix récoltés sur les
marchés urbains sont inexploitables par les paysans. Il faudrait pouvoir calculer un prix d’approche
pour estimer le prix pouvant être pratiqué bord champ. Il faut pouvoir tenir compte du fait que les
prix communiqués datent d’une semaine et qu’entre temps, ils ont pu significativement évolués.
116
- Le don est une pratique très importante: 40% de la production nationale est cédée de cette façon
par les producteurs. Contrairement au coton, les céréales ont une valeur sociale autant
qu’économique. Il est important pour les notabilités villageoises de pouvoir exhiber des greniers
bien remplis.
- Aux problèmes de négociation sur les prix, il faut ajouter celui du pesage. L’utilisation de la
balance est exceptionnelle et la mesure des quantités s’exprime en nombre de tine (yoruba ou boîte
de tomate etc..), ce qui permet des imprécisions que les commerçants exploitent au détriment des
producteurs. Les aspects qualités(élimination des déchets, calibrage, tri) interviennent très peu dans
les transactions commerciales. Les vannages sont le plus souvent manuels, très rarement
mécanisés. Le double problème poids/mesure et l’absence de contrôle de qualité influent
négativement sur la qualité de l’information disponible sur les marchés céréaliers et les statistiques
qui en découlent.
Plusieurs formules de vente du producteur au commerçant détaillant (qui est souvent lui-même
producteur) existent :
◊ vente sur pied au commerçant qui donne une avance, lors de tournées durant l’hivernage. Dans
ce cas, la vente se réalise dans de très mauvaises condition pour le producteur ;
◊ au moment de la récolte, vente à un commerçant au marché du village ou sur place ;
◊ vente à d’autres producteur ;
◊ vente à travers un groupement ou un projet.
Les commerçants peuvent être repartis en trois classes: les grossistes, les commerçants moyens et
les petits commerçants. La classe des grossiste sont des commerçants qui disposent de réseaux de
collecteurs, de moyens de transport et de grosses capacités de stockage(généralement supérieur à
100 tonnes).Ces gros commerçants sont en très petit nombre mais concentrent plus de 60% des
capacités de stockage et de transport. Les commerçants moyens combinent la vente en gros et celle
en détail. Les petits commerçants, de loin les plus nombreux, jouent un rôle de distribution. Ils ne
disposent ni de réseaux de collecteur ni de moyens de transport. La profession de commerçant est
peu organisée. Il existe une association des commerçants de céréales mais elle est peu active.
Le rôle des organisations(OP) dans la filière céréalière est encore peu développé. Il n’y a pas de
117
groupements spécialisés dans la commercialisation des céréales et les Groupements Villageois
Agricole(GVA) sont peu actif dans ce domaine. Excepté pour quelques expériences particulières,
soutenues pour la plus part par des projets(cas de l’UGVBM), les GV n’ont qu’un rôle de revente
très locale. Ils ont très peu accès aux marchés urbains.
Plusieurs GV ont essayé de constituer des banques de céréales, mais beaucoup de ces banques ont
joué un rôle social. Elles ont souvent été victimes de l’incompatibilité des différents rôles qu’on
leur faisaient jouer: sécurité alimentaire du village, aide aux plus démunis, débouchés pour les
surplus agricoles ; placement spéculatif, dégagement de fonds pour financement d’infrastructures
sociales. Une autre difficulté pour les GV est de disposer de fonds nécessaires pour collecter les
productions de leurs membres.
Le système banque de céréale fonctionne mieux dans les zones déficitaires que dans les zones
excédentaires. En effet, le principal intérêt du système est de pouvoir racheter des céréales en
période de soudure à un prix nettement inférieur à celui des commerçants. Par contre à l’achat, le
prix généralement proposé par le GV est le même que celui offert par les commerçants.
Des expériences pertinentes en matière de commercialisation des céréales, on peut retenir deux
structures :
a) Le cas de Afrique Verte (AV)
AV est une ONG qui œuvre au Burkina Faso depuis 1989. Elle soutient un réseau d’organisations
paysannes de base, réparties dans quatre zones du pays: une zone déficitaire, à savoir le Sahel
(Séno, Soum), deux zones à équilibre précaire, à savoir l’Est (Gourma, Gnagna) et le Sud Est
(Boulgou), et la zone excédentaire de l’Ouest (Mouhoun, Kossi). AV s’est lancé dans trois types
d’intervention:
• le crédit, avec prêt de campagne, pour la collecte de céréale. Actuellement, AV se
désengage de cette activité et préfère collaborer avec les caisses populaires ou la CNCA.
• la formation, plus spécialisée sur la comptabilité et la gestion;
• l’appui à la commercialisation de céréale par la mise en relation de l’offre et de la demande
de céréales.
Cet appui se réalise à trois niveaux:
- l’organisation de la bourse de céréale depuis 1991, qui met en relation des OP des
zones déficitaires du pays avec des OP des zones excédentaires au cours d’une
118
réunion pour qu’ils s’entendent sur des échanges, sans intermédiaires. Au préalables
les offres et les demandes sont mises sous forme de fiche, compilées et affichées
dans le lieu de réunion. Cette bourse est ouverte aux commerçants, mais la première
journée de la bourse n’est accessible qu’aux OP. Elle est ouverte également ouverte
aux OP non membres du réseau AV(environ 50% des OP participant ne sont pas
membres du réseau AV. Elle a lieu deux fois par an, une première fois avant la
campagne et une deuxième fois quand les stocks des OP sont constitués(fin février à
début mars)
- un encadrement des OP de base par des animateurs de terrain qui passent 2 à 3 fois
par mois dans chaque OP. Ces animateurs apportent une formation, effectuent un
suivi des stocks et collectent l’information sur l’offre et la demande, information qui
est distribuée à Ouagadougou et communiquée grâce au téléphone.
- constitution d’une cellule permanente de commercialisation, qui agit de fait comme
une entreprise de courtage.
L’ONG Afrique Verte identifie les clients urbains et établit le contact avec les OP: unités de
transformation, commerçants, institutions(PAM, Cathwell, SONAGESS, Oxfam). A terme, cette
cellule devrait s’autofinancer, sous forme d’un cabinet de courtage. Cette cellule se veut être le
catalyseur de l’autonomisation du système en ce qui concerne la commercialisation. Le volume des
transactions céréalières passant par le système d’AV était, en 1994-95 de 2016 tonnes (dont 1200
tonnes échangées par les OP du réseau d’AV), soit un peu plus de 0,5% du total national des
transactions. L’objectif d’AV à moyen terme est d’atteindre 5% de ce volume total.
L’UGVBM propose à ses membres, plus de 5000 paysans répartis dans 65 GV (fin 1996) des
provinces du Mouhoun , du Sourou et de la Kossi , un système de paiement anticipé . Chaque
membre signe un contrat par lequel il s’engage à un certain volume de livraison , au moment de la
récolte en décembre-janvier. En échange, ils reçoivent une avance en juin, donc en début de
campagne, de 2000frs cfa par sac. Lors de la récolte, une deuxième tranche est payée, ensuite,
119
quand tout est vendu (généralement vers Octobre ) ,un bilan est fait, et une fois les frais de l’union
payés, le solde est réparti entre les membres au prorata de leurs livraisons. L’intérêt de ce système
est qu’il encourage le producteur à être patient, c’est-à-dire à ne pas vendre sa production au
moment de la récolte, lorsque les prix sont au plus bas.
L’union réalise un travail de sensibilisation-formation de ses membres, pour les aider notamment à
bien calculer leurs besoins familiaux et ne mettre sur le marché que l’excédent réel par rapport à
ses besoins. Il ressort en effet des enquêtes menées par l’union que les ménages sous-estimaient
leurs besoins, ce qui les contraint à devoir en racheter au prix fort au moment de la soudure.
L’UGVBM est appuyé par la Corporation de Développement International de l’UPA (Union des
Producteurs Agricoles, Canada) et la coopération canadienne, mais elles interviennent surtout dans
la formation, la sensibilisation, l’organisation de rencontres Nord-Sud , Sud-Sud ,et à travers un
fond de garantie permettant de réaliser des emprunts nécessaires aux paiements anticipés. Pour ses
activités l’Union s’autofinance en partie grâce aux cotisations des GV membres et à un
prélèvement sur chaque sac de céréale.
Le volume de céréales commercialisé devrait s’élever à 10000 tonnes pour que l’opération
devienne rentable et puisse assurer à l’Union un autofinancement
complet, les stocks de céréales effectivement livrés à l’Union par les paysans n’étaient que 400
tonnes en 1996 et a atteint un niveau de 27 682 (32% de sorgho et 7% de mil) en 2001. Cependant,
il commence à y avoir des problèmes de commercialisation de ces céréales en raison du manque de
circuit adapté de commercialisation. En effet, l’Union constitue l’un des principaux fournisseurs de
la SONAGESS alors que cette institution n’a pas renouveler son stock de sécurité depuis plus de
deux ans; ensuite les produits de l’Union ont une valeur de qualité due au mécanisme de
traitement(tri, calibrage, emballage..) qui engendre des coûts fixes que le consommateur n’est pas
nécessairement prêt à payer.
Pour citer les difficultés rencontrées, les membres du projet UPA donnent les facteurs suivants :
• la méfiance des producteurs dans un nouveau système de mise en marché collectif de
céréales et l’attentisme de l’Union face au projet;
• la mauvaise sélection des GV dont certains ne sont pas réellement intéressés par ce système
de commercialisation;
120
• la gestion déficiente des groupements dont beaucoup sont endettés, ce qui entraînent des
mesures d’exclusion;
• l’analphabétisme, qui freine la circulation de l’information au niveau des GV, empêche une
gestion rigoureuse des groupements et l’implication des producteurs dans leur organisation;
Une autre difficulté non moins importante est que les agriculteurs attachent aux céréales, surtout le
mil et le sorgho, une importante valeur d’usage qui dépasse leur valeur commerciale. Les céréales
servent à faire des dons, à aider les familles en difficulté. La vente de céréales ne se fait que par
nécessité, pour rembourser des dettes par exemple.
Il faut souligner également le problème de fidélisation des producteurs vis-à-vis des commerçants
et des collecteurs privés auxquels ils sont liés à travers des offres de services tels que le prêt
d’argent avec remboursement en céréales. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer l’impact de
l’Union sur la commercialisation des céréales dans la région. La fixation des prix des céréales
vendues par l’Union ont un effet certain sur le niveau général des prix des céréales dans la région.
Le système mis en place par l’Union force les commerçants privés à se référer aux prix proposés
par l’Union et à fixer les leurs à un niveau légèrement supérieur.
Le système d’information sur le marché (SIM), le service des statistiques agricoles, l’INSD et une
étude menée par le club du Sahel en juin 1997 dans la zone de production sur les hausses de prix
des céréales sont les principales sources utilisées pour apprécier l’évolution des prix intervenue ces
dernières années. L’analyse de la marge brute sera effectuée à partir de l’évolution des prix à la
consommation et à la production.
Lorsqu’on demande aux populations leur avis sur le fonctionnement de la filière céréalière, leurs
critiques les plus sévères sont dirigées contre les commerçants. Elles leurs reprochent de s’octroyer
des marges exagérées, de pratiquer des rétentions de stocks pour accroître la plus value spéculative
et enfin d’obliger les producteurs à céder leur production à des prix dérisoires. Ces critiques
négligent parfois le caractère saisonnier de la production de céréales: récoltée une fois, elle est
consommée sur les 12 mois suivants. Cette caractéristique explique l’importance de l’offre de
121
produits à la récolte, ce qui entraîne nécessairement une baisse des prix offert à cette occasion aux
paysans, et entraîne des coûts de stockage, que le commerçant doit prendre en considération dans
ses transactions. En outre, les conséquences de la variabilité inter annuelle de la production ne sont
que rarement prises en compte par ces critiques.
L’étude du club de Sahel indique que les prix des céréales ont suivi la hausse des prix des produits
alimentaires intervenue après la dévaluation de 50% du franc CFA, mais avec un décalage. La
hausse ne s’est produite qu’à partir de 1995 et 1996 avec des hausses très importantes. Entre les
années 1992-94 et 1995-97, la hausse des prix a été très forte surtout en zone de production,
(+100% à Solenzo), et moins forte en zone de consommation(environ +60% à Ouahigouya et
+50% à Ouagadougou). Toutes les céréales ont été concernées par la hausse.
Les conclusions tirées par cette étude peuvent être résumées comme suit :
les fortes hausses enregistrées ont modifié les termes de l’échange entre les produits
céréaliers et les autres;
les prix des céréales ont franchi un palier et ne devraient plus revenir à la situation de 1992;
les producteurs semblent avoir plus bénéficié des effets de la hausse des prix que les
commerçants;
la hausse des prix a provoqué un début de modification du système de commercialisation
avec un accroissement important de la concurrence sur le marché des céréales.
La campagne 1997/98, qui a suivi cette enquête, s’est révélée déficitaire, provoquant une nouvelle
hausse des prix. Les analyses effectuées à partir des données SIM et des interviews réaliser
permettent de confirmer l’affirmation selon laquelle la hausse des prix intervenue sur le marché du
grain a concerné aussi les prix d’achat en zone de production: les producteurs ont donc bénéficié de
la hausse. L’analyse sur les marges de commercialisation permettra de savoir si d’autres acteurs de
la filière, comme les commerçants, ont aussi bénéficié de la hausse des prix.
L’étude sur l’évolution des marges brutes de commercialisation montre que le maïs confère la
marge la plus élevée au commerçant, celle-ci dépasse de 5 à 15 F.CFA la marge au kg sur le mil.
En revanche la marge la plus faible est enregistrée sur le mil.
Les marges commerciales enregistrées entre 1991/92 et 1997/98 sont caractérisées par une stabilité.
Malgré la hausse importante des prix des céréales, la marge commerciale est restée stable en valeur
122
absolue; elle a diminué de moitié en valeur relative depuis la hausse intervenue. Une telle situation
est probablement le résultat d’une forte concurrence qui s’exerce dans le commerce des céréales en
grain. La hausse du prix de vente en zone de consommation provenait donc en grande partie de la
hausse du prix au producteur. On peut donc affirmer que les producteurs ont relativement plus
bénéficié de la hausse de prix des céréales intervenue en 1995 et 1996 que les commerçants, au
moins les producteurs vendeurs nets de céréales.
Il paraît important de poursuivre la réflexion entamée sur les marges, en examinant les coûts de
commercialisation pour savoir si la marge nette générée par le commerce des céréales est
raisonnable ou s’il existe des possibilités d’accroître encore le prix aux producteurs ou de baisser
les prix aux consommateurs. L’étude des marges nettes de commercialisation indique une relative
stabilité des marges nettes de 1993/94 à 1997/98, conséquence d’une stabilité étonnante des coûts.
Une telle stabilité, malgré la hausse du carburant, des coûts d’acquisition des camions et des pièces
détachées suscite des inquiétudes quant à la capacité du parc automobile à jouer son rôle à l’avenir.
Les transporteurs consultés ont souligné leur incapacité actuelle à renouveler le parc vieillissant. La
marge nette la plus confortable est générée par la commercialisation du maïs (entre 15 et 20
Fcfa/kg) tandis que la plus faible provient de celle du mil (entre 6 et 9 Fcfa) alors que le sorgho se
situe autour de 13 Fcfa/kg. La marge sur le sorgho est acceptable. En revanche, la marge nette
enregistrée sur le mil est plutôt faible. Elle pourrait accentuer le recours à la tricherie sur les poids
et mesures par les négociants, désireux d’avoir une marge comparable à celle procurée par les
autres céréales.
La spéculation menée par les commerçants inquiète particulièrement les transformateurs et les
consommateurs. La question a été abordée en simulant un stockage de céréales sur sept mois entre
la période de récolte et celle de la soudure, afin d’accroître au maximum la marge de
commercialisation. Les résultats montrent que sur les sept dernières années, quatre n’auraient pas
permis de se procurer des gains spéculatifs tandis que les années 1994/95, 1995/96 et 1997/98
auraient permis de réaliser un retour sur investissement, en base annuelle supérieur au taux
d’intérêt bancaire de 17,5%. Cela signifie qu’au cours de ces années citées, la spéculation aurait été
payante même si elle était réalisée avec le recours au crédit bancaire pour l’acquisition des
céréales.
En outre, les enquêtes qualitatives montrent une intensification de la concurrence dans le
commerce des céréales et une volonté des organisations paysannes de commercialisations de
123
modifier le rapport des forces sur le marché, par une stratégie basée sur la sensibilisation des
producteurs et la lutte contre les tricheries et les pratiques informelles de commerces de céréales. Il
faut relevé que si les gains spéculatifs peuvent être importants, les pertes peuvent aussi l’être
autant.
En revanche, les évolutions du prix du riz entraînent des ajustements sur le marché des céréales
sèches. Certains observateurs signalent une rigidité apparente de la consommation du riz malgré la
variabilité des prix relatifs entre ce produit et les céréales sèches. La facilité et la rapidité de
préparation du riz lui a permis de faire une percée sur tous les marchés urbains Ouest africains. La
dévaluation avait pour effet de réduire les importations de riz au profit des céréales produites
localement. Le prix du riz a fortement augmenté après la dévaluation, mais la situation s’est assez
vite redressée avec la hausse du prix des céréales sèches. En 1997/98, année de faible production,
le prix du Kg de riz était seulement 20% plus cher que le Kg de farine de céréales sèches; compte
tenu des modes de préparation, la comparaison entre le prix du riz et celui, des céréale sèches est
plus pertinent lorsqu’elle est faite au stade farine plutôt que sous forme de grains pour les céréales
sèches.
L’enquête réalisée dans le cadre de la présente étude sur cinq marchés céréaliers donne une idée de
la variabilité des prix dans l’espace et dans le temps (Tableau 19). Il ressort de cette enquête que
les céréales coûtent moins chère en période d’abondance c’est à dire après la récolte plutôt que
pendant les autres périodes de l’année (intermédiaire et soudure). Elles sont d’avantages moins
chères dans les zones de Djibasso et Banfora. Les différences de prix entre les zones est de 1000
Fcfa au moins chère à Ouagadougou(Zone de grande consommation) et Pouytenga que dans les
autres zones. Il n’existe pratiquement pas de différence significative entre les prix du mil et du
sorgho qu’il s’agisse du comparaison inter zone ou intra-zone. Les prix passent du simple au
double en période de soudure.
124
Tableau 19 : Comparaison des prix par céréale et par type de marché
125
3.3. CONTRAINTES DU MARCHE CEREALIER
Les acteurs du marché sont répartis en deux groupes: les acteurs directs et les acteurs indirects.
Le premier groupe comprend ceux qui font directement partie prenante au fonctionnement de la
filière: les commerçants, transporteurs, transformateurs, consommateurs. Le deuxième groupe
réunit les services privés ou publics, financiers ou non dont les services concourent à un bon
fonctionnement du marché: institution de financement, fournisseurs d’équipements, de formation,
instituts de recherche, organisations professionnelle des acteurs directs, etc.
a) Les commerçants
Les commerçants individuels comprennent: les collecteurs, les commerçants moyens des zones
rurales, les grossistes des grandes villes, les détaillants des marchés urbains et les revendeuses
des marchés (micro-détail).
Il existe quelques réseaux ou les actions de plusieurs commerçants de la chaîne sont coordonnées
par un grossiste urbain, mais plusieurs commerçants individuels agissent de façon indépendante.
Le dynamisme des commerçants de céréales est confirmé dans les différentes études menées sur
la filière. Une illustration récente a été donnée avec l’approvisionnement des marchés du Nord
autrefois servis quasi exclusivement par l’office National des Céréales (OFNACER) .Cette
126
opération a été rendue possible par le départ de l’OFNACER et par l’accroissement de solvabilité
dans la zone, grâce ,entre autres, par les revenus générés par l’élevage et par les activités liés à
l’extraction minière.
Depuis la hausse récente des prix , il semble que le nombre de commerçants opérant sur le
marché des céréales ait augmenté .L’activité est en cours de réorganisation, sous l’action des
acheteurs institutionnels, des modes d’intervention de la SONAGESS et des bailleurs et d’une
prise de conscience grandissante chez les producteurs sur la nécessité de défendre leurs droits.
b) Les transporteurs
Le transport des céréales est assuré en grande partie par certains grands commerçants , qui
possèdent leur propre parc de camions , et aussi par le service de transporteurs. Le transport de
céréales est souvent combiné avec celui d’autres marchandises. Une étude récente du ministère
de l’agriculture distinguait les grands transporteurs et les moyens. Les premiers disposent de
parcs importants et de mécaniciens et quelques uns pratiquent une gestion moderne. Les seconds,
les plus nombreux ont une capacité de tonnage plus réduite et n’ont pas de mécaniciens.
127
La difficulté principale rencontrée par cette catégorie d’acteurs portent sur l’incapacité dans
laquelle elle se trouve de remplacer les camions retirés ou à retirer du circuit.
L’organisation de la profession
La profession est caractérisée par l’existence d’un syndicat appelé organisation des transporteurs
du Faso (OTRAF). Ce syndicat assure deux rôles principaux vis à vis de l’Etat (douane, taxes,
route ), des assureurs et négocient des contrats importants de transport exécutés ensuite par leurs
membres.
Les données récentes indiquent que 80% des grands transporteurs et 50% des moyens sont
syndiqués .Les syndicats ont une bonne organisation et disposent d’un personnel permanent
formés à la gestion moderne .Ils sont enfin autonomes sur le plan financier grâce aux
cotisations et aux commissions retenues sur les marchés.
On peut déduire de ce qui précède de la longue expérience de négociation des organisations
professionnelles des transporteurs que celles- ci sont aptes et même prêtes pour la défense des
intérêts de leurs profession, lors de négociation dans la filière céréalière.
c) Les transformateurs
Les unités du secteur de la transformation sont souvent répartie en quatre grandes groupes: la
transformation domestique , la transformation artisanale la transformation semi-industrielle et la
transformation industrielle.
Les produits issus de la transformation sont souvent réparti en première et seconde
transformation , selon le niveau atteint dans le processus de transformation : la seconde
transformation concerne les produits qui ont déjà subis une première transformation.
La plus grande part de transformation est réaliser par les modes de transformation domestique et
artisanale. Les meuniers des villages et des quartiers font de la prestation de service :ils
n’achètent ni ne vendent de céréales. Quelques activités artisanales sont menés presque
exclusivement par des femmes: la préparation et la vente de dolo ,la vente de farine de céréales
au micro-détail au marché . La transformation de céréales en dolo se distingue par son
dynamisme: une division du travail est apparue en zones urbaines entre les germeuses qui font
germer les céréales , les dolotières qui brassent le dolo à partir des céréales germées et enfin les
128
vendeuses de dolo qui disposent de débits ( les cabarets) où les clients viennent s’approvisionner
ou consommer.
La population urbaine constitue un marché potentiel pour les produits industriels à base de
céréales locales. Les centres urbains sont des centres de grande consommation où les habitants
contraints par le temps, sont demandeurs de produits céréaliers semi-transformés ou pré-préparés
de bonne qualité.
Il est important de signaler l’importance croissante des petits restaurants surtout en milieu urbain
ou l’alimentation hors domicile se développe.
Les petites et moyennes entreprises de transformation sont apparues récemment sur le marché
de la transformation des céréales ou elles proposent des nouveaux produits aux
consommateurs. La transformation industrielle est faite par les grands moulins du Burkina qui
ont commercialisé 3250 tonnes de maïs en 1995 et en perspective d’atteindre 9000 tonnes.
Les marchés des industries agro-alimentaires (minoterie, brasserie, aliments de bétail) restent
modestes : 10 à 12000 tonnes en 1996, 15 à 18000 tonnes en 1997. Pour les éleveurs, l’offre
d’aliments pour le bétail est insuffisante.
Parmi les différents types de transformations, seules celles semi-industrielles et industrielles sont
à mesure de répondre à une échelle importante aux problèmes d’alimentation des populations
urbaines en particulier et à ceux de sous alimentation et de malnutrition.
La mise en place d’unités de production agroalimentaire qui transforment les céréales locales en
produits alimentaires riches en nutriments et une politique qui soutiennent les unités existantes
sont primordial pour la lutte contre la malnutrition.
Les contraintes rencontrées par les acteurs de la filière concernent les aspects techniques,
financière et promotion commerciale:
129
L’équipement. Les unités de transformation n’ont pas accès à l’information sur la technologie
appropriée permettant de faire le meilleur choix en matière d’équipement. La difficulté à
acquérir un équipement et avoir accès à de conseils techniques et économiques sur son
utilisation optimale constitue une importante contrainte.
d) Les consommateurs
L’ensemble de la population du Burkina Faso consomme les céréales locales. La grande majorité
des consommateurs vit en zone rurale et consomment une grande part des céréales qu’ils
produisent. La faiblesse du niveau moyen des revenus et l’importance du phénomène de pauvreté
ne permettent pas à de nombreuses personnes de consommer les quantités et la qualité souhaitées
de céréales. Il existe deux associations de consommateurs. L’association des consommateurs du
Burkina(ACB) et la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB). L’ACB est la plus ancienne
mais ne mène aucune activité. la LCB est plus récente (1992) avec pour objectif de défendre les
intérêts matériels et moraux des consommateurs. Elle siège au Conseil Exécutif de l’Organisation
Internationale des Consommateurs (OIC).
130
e) L’appui des institutions de financement
Les institutions de financement sont des acteurs indirects de la filière. Elles fournissent des
prestations en matière d’intermédiation financière aux acteurs directs. Il n’est pas toujours facile
de distinguer des crédits céréales des crédits agricoles.
Les principales institutions qui s’intéressent à la filière sont la Caisse Nationale de Crédit
Agricole (CNCA) et les systèmes financiers décentralisés. ces derniers comprennent les
coopératives d’épargnes et de crédit, les institutions ne faisant que le crédit et les projets de
développement qui possèdent un volet crédit. Les acteurs directs reprochent aux institutions
financières leurs dures conditions d’octroi, de recouvrement et de garantie. Ces conditions sont
en général non négociables. Les reproches concernent également l’absence d’innovations en
matière de produit adapté aux crédits à la production, à la récolte, à la commercialisation et à
l’équipement. Les structures de financement justifient leur prudence par l’absence de rentabilité
et la grande variabilité inter-annuelle de la production céréalière. Enfin, l’insécurité foncière, qui
est le lot de nombreux productrices et producteurs, rend plus difficile la résolution de la question
de la garantie.
Les services groupés sous cette rubrique sont diversifiés: fournisseurs d’intrants, d’équipements ,
d’informations , de formation technique et /ou de gestion, instituts de recherche, organisations
professionnelles des acteurs directs. L’Etat s’est désengagé en tout ou en partie, parfois
brutalement, de la prestation de plusieurs des services ci-dessus énumérés .Cela a modifié
l’offre disponible pour la filière . Quelques ONG et projets essaient de prendre en charge
gratuitement certaines des prestations assurées. Le privé commence aussi à offrir des
prestations payantes.
3.3.2. Les contraintes générales de la filière
Un certain nombre de contraintes peuvent être communes à plusieurs acteurs , comme le taux
élevé d’analphabétisme , ou l’insuffisance relevant des services d’appui ou de l’environnement
131
générale de la filière comme la réglementation , la fiscalité , la régionalisation , l’intégration
économique. Ce type de contraintes a donc été regroupé, car elles concernent plusieurs acteurs
relevant quelquefois de choix politiques faits par le gouvernement en matière de développement
économique et social à long terme.
132
Une telle situation favorise les méthodes informelles de transaction peu propice à un
développement du marché national /régional . Ceci dit il faut mentionner que certains
commerçants peuvent profiter d’une telle situation et vont probablement résister au changement.
• L’absence d’une défense organisée et concerté des intérêts de la filière au niveau régional
L’application effective des textes réglementaires de la commission UEMOA relatifs au marché
céréalier régional n’est pas organisée et contrôlée de façon systématique.
133
• Le niveau d’alphabétisation dans les organisations professionnelles
Le faible niveau d’alphabétisation effective des membres et des dirigeants professionnels
représente un handicap à l’amélioration de l’efficacité de ces organisations et au développement
de leur capacité de négociations dans les rencontres inter- professionnelles ou les concertations
avec l’Etat.
Au regard du défi lancé aux acteurs de la filière en terme de durabilité de l’effort d’accroissement
du niveau de la consommation par la conquête des marchés nationaux et régionaux , le problème
majeur à résoudre concerne l’amélioration continue de la performance de la filière : l’étude
menée sur les contraintes a montré l’influence que celles-ci avaient sur cet objectif.
Les contraintes en mesure de freiner l’amélioration de la filière ont été répartie en deux groupes:
• Le premier groupe concerne les contraintes spécifiques à chacun des acteurs directs. Ce
sont des handicaps qui ont des effets négatifs au niveau micro-économique. Leur résolution
conditionne une plus grande efficacité et profitabilité des actions de la catégorie d’acteurs
concernées. Elle conditionne également un engagement plus important des groupes
d’acteurs dans la filière: accroissement de l’investissement productif, innovation et
modernisation.
• Le deuxième groupe de contraintes concerne la filière dans sa globalité. Elles affectent
plusieurs catégories d’acteurs à la fois ainsi que la coordination inter-professionnelles entre
ces catégories.
L’étude a permis de dresser un tableau récapitulatif (Tableau 19) des contraintes pour chaque
type d’acteur et de proposer des pistes d’actions susceptibles d’améliorer le fonctionnement de la
filière pour les céréales locales.
134
Les acteurs de la filière céréale : leurs contraintes et les propositions de solutions
Acteurs Contraintes Approche de solutions Observations
Producteurs Faible pouvoir d’achat pour s’équiper et acquérir des facteurs de • Développement de mécanismes attractifs de crédit agricole Les acteurs et structures
production auprès des institutions financières sollicités sont les
Prix non assez rémunérateurs des céréales produites • Mise en place d’un système d’information fluide et Organisations faitières de
Faible taux d’alphabétisation pour s’approprier des innovations transparent sur les marchés céréaliers Producteurs, les ONG’s, le
technologiques • Incitation à l’émergence d’organisations de producteurs pouvoir public, etc.
Gestion traditionnelle des terres constituant un frein aux • Incitation à la mise en place de politique cohérente de
investissements et à la GRN développement local
Manque d’organisation professionnelle capable de prendre la • Appui à l’alphabétisation du monde rural
relève des services étatiques
Commerçants Fonds de roulement limité ou difficulté d’accès au crédit Mise en place d’un mécanisme de financement du fonds de Les acteurs à mobiliser et à
Faible niveau d’alphabétisation roulement consolider sont l’ONSL,
Absence de promotion des produits Formation à l’élévation des connaissances et à l’analyse de l’UGVBM, l’ONG Afrique
Manque de vision à long terme sur le développement du marché l’environnement verte
céréalier sous régionale Mise en place d’un système d’information adapté et à jour
Absence d’information et de formation sur les politiques céréalières Sensibilisation des acteurs à l’uniformisation des unités de
Pratique frauduleuse sur le poids et la qualité des produits mesures et à la gestion de la qualité
Tracasserie douanière Formation aux techniques de vente et à la participation aux
appels d’offres
Sensibilisation à la prise en compte du volet préfinancement
des producteurs et des transformateurs
Limitation des taxes d’entrée en marché
Suppression des tracasseries routières
Transporteurs Problème de renouvellement du parc automobile Mise en place d’un mécanisme de financement du fonds de Les acteurs à mobiliser et à
Faible capacité d’analyse de l’environnement économique roulement consolider sont : l’OTRAF
Difficulté d’accès au crédit Amélioration de la fluidité du trafic
Mauvais état des pistes Formation à l’élévation des connaissances
Tracasseries sur les routes
Transformateurs Faibles capacité de production Formation des acteurs à la culture d’entreprise Les acteurs à mobiliser et à
Irrégularité de la matière première Formation aux techniques de négociation des prix et à la consolider sont la FIAB,
Grande variation des prix de la matière première signature de contrats à terme l’association des dolotières et
Faible qualité de la matière première Formation sur les différentes possibilités d’utilisation des revendeuses, l’association
Manque d’équipement appropriés céréales locales RINOODOO.
Manque de moyens pour la promotion des produits finis Appui à la promotion des produits
Difficulté d’accès au crédit Appui à la réalisation d’études de marchés
Manque de formation et d’information sur les différentes Appui à la recherche d’équipement approprié
utilisations des céréales locales Appui à la gestion de la qualité
Mise en place d’un mécanisme de financement du fonds de
roulement
Financement de voyages d’études
Mise en place d’une structure de contrôle de qualité
Consommateurs Niveau de revenus peu élevé Segmenter le marché pour les gammes de produits Les acteurs à consolider et à
Pas toujours exigeant sur la qualité et le poids des produits disponibles mobiliser sont la
Impliquer les consommateurs dans la lutte contre les produits LCB,l’ABCERQ et l’ACB
prohibés et de mauvaises qualités
135
CONCLUSION GENERALE
L’étude bilan sur les mils et les sorghos ( Techniques de production, Techniques et procédés de transformation, organisation et la taille des
marchés), a regroupé une équipe pluridisciplinaire qui, deux mois durant a permis de diagnostiquer les maux qui minent la sous-filière mil-
sorgho.
Ainsi :
- Si au niveau de la Recherche, l’INERA possède l’expertise dans le domaine, entre autres, des techniques culturales et de la création
variétale, les mécanisme à mettre en place pour une production et une distribution durable de semences, demeure toujours une
préoccupation majeure pour les différents acteurs de la filière. Une politique de financement et de promotion des céréales mil et
sorgho permettra d’améliorer la productivité de ces cultures et d’élever le niveau de la production.
- Au niveau de la transformation, on note un faible taux d’adoption des équipements de transformation au sein des entreprises
artisanales ; pour les entreprises semi-industrielles et industrielles les difficultés se posent en terme d’assistance technique, de
conservation, et d’approvisionnement en matière première de qualité. La qualité des céréales répondant à des critères de goût, de
texture, de composition nutritionnelle et d’adaptabilité aux procédés de préparation industrielle n’est pas garantie par le marché.
- Au niveau de la commercialisation le problème d’informations à jour et l’hétérogénéité des instruments de mesure constituent une
véritable entrave à la fluidité et à la transparence du marché des mils et sorghos.
Aussi les perspectives à moyen terme devront alors se focaliser sur la résolution des contraintes identifiées au cours de cette étude,
notamment par la formation des acteurs et la segmentation des marchés. La disponibilité des acteurs et l’existence d’une volonté
politique affichée devront faciliter la mise en oeuvre des solutions avec pour conséquence une redynamisation de la filière mil-sorgho.
136
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ANNEXES
ANNEXE 1
140
ANNEXE 2
Trempage
Essorage
Assemblage
Démêlage
Lavage
Etalage
Arrosage
Séchage
Mil germé
ANNEXE 3 : Procédés et équipements de transformation primaire
Grains propres
Humidification
Vannage
Lavage
Trempage Ressuyage
Source : Etude filière Céréales Locales (Rapport provisoire, Centre Technique de Ressources, Janvier 1999)
Vannage
Triage
Lavage
Mouture
Farine
Tamisage
Humidification
Malaxage - pétrissage
Roulage
Tamisage
Pré-cuisson Précuisson
Mélange
Humidification
Pétrissage
Ajout d’ingrédients
(lait, yaourt, sucre, aromatisants)
Découpage en tranches
Séchage
Déguèdjalan
Mouture
Trempage
Malaxage
Addition de gluant
Décantation
Prélèvement du surnageant
Cuisson de la pâte
Malaxage
Décantation
Cuisson du surnageant
Mélange
Refroidissement
Ensemencement
Fermentation
Dolo
- le sirop de sorgho
Décantation
Surnageant Pâte
Cuisson
Fermentation
Filtration
Cuisson
Décantation
Filtration fine
Conditionnement
Pasteurisation
Etiquetage
Stockage
Sirop de sorgho
Farine
Malaxage
Laminage
Mise en forme
Cuisson
Refroidissement
Biscuits
Triage
Pesage
Broyage
Tamisage
Conditionnement
Farine infantile
Torréfaction Trempage
Déshuilage Fermentation
Mélange
Farine composée