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Thermocouples A2-1

Annexe A2 : LES THERMOCOUPLES

1. Introduction

Mesurer et contrôler des températures avec une précision adéquate est un besoin vital dans
l'industrie et la recherche. On sous-estime souvent les problèmes liés à une mesure exacte de
la température. Même le thermomètre le plus précis ne mesure que la température du
thermomètre lui même. Pour être sûr que l'on mesure la température qu'il y a à l'endroit du
thermomètre il faut s'assurer que l'équilibre thermique soit établi. Un thermomètre exposé au
soleil n'indique pas la même température qu'un thermomètre posé à coté, mais à l'ombre. Il s'y
ajoute à ce problème fondamental de la thermométrie les limitations dues aux thermomètres
choisis et aux matériaux utilisés pour sa fabrication.

Différentes propriétés ou phénomènes physiques peuvent être appliqués pour mesurer la


température. Les plus importantes sont :
- Dilatation thermique thermomètre au Hg (ou autre liquide)
thermomètre à dilatation de gaz
bimétal
- Résistivité électrique p.ex fils en Pt, thermistors
- Effet Seebeck thermocouple
- Rayonnement électromagnétique pyromètre (capteur infrarouge)

Pour compléter la liste, on peut ajouter la susceptibilité magnétique qui varie avec 1/ T
lorsqu'on s'approche de la température zéro absolue, le bruit de Johnson qui varie avec T ou
encore le thermomètre à quartz qui mesure la variation de la fréquence de résonnance d'une
lame en quartz.

Les thermomètres basés sur la dilatation thermique fonctionnent bien dans la gamme des
températures météorologiques. Le thermomètre au mercure p. ex. entre -39°C (point de
fusion) et environ 100°C. Le thermomètre bilame produit des forces appréciables qui
déplacent facilement un stylo dans un thermomètre enregistreur.

Avec les thermocouples on peut balayer la gamme entre -250°C et 2500°C. A part cet
intervalle étendu ils présentent les atouts suivants:
Bonne précision, mesure locale, réponse rapide, robuste et fiable
Mesure différentielle entre deux points possible,
Mise en œuvre simple, bon marché.
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Le thermomètre à résistance de platine est un instrument qui surpasse la précision des


thermocouples mais nécessite une alimentation et un appareillage électronique plus
complexes qu'une mesure de la force thermoélectrique. Il mesure dans le domaine de -200 à
600°C ou avec une précision légèrement réduite jusqu'à 1000°C. Les thermistors sont des
semi-conducteurs et présentent une variation exponentielle de la résistance électrique avec la
E

température R ≈ Roe kT
. Le signal électrique varie ainsi plus fortement que pour le Pt mais,
comme les semi-conducteurs sont extrêmement sensibles aux impuretés, ils vieillissent plus
vite.

Les pyromètres permettent de mesurer sans contact physique la température d'une surface. Ils
fonctionnent encore à des températures où tout autre thermomètre aurait fondu. Les
instruments simples sont sensibles à l'intensité du rayonnement émis alors que les instruments
plus performants mesurent sa distribution spectrale. Le premier groupe d'instruments n'est
pas très précis parce que l'intensité du rayonnement émis ne dépend pas que de la température
mais aussi de l'émissivité. Elle indique la fraction d'intensité de lumière émise par rapport à un
corps noir qui a l'émissivité = 1. Comme le pouvoir réflecteur, l'émissivité dépend hautement
de l'état de la surface (couche d'oxyde) et introduit de ce fait une grande incertitude. Les
instruments du deuxième groupe sont insensibles à une variation globale de l'émissivité mais
restent sensibles à des variations qui ne sont pas les mêmes pour différentes longueurs
d'ondes. Ces variations restent néanmoins plus petites que pour les premiers.

2. L'effet Seebeck

Un gradient de température provoque dans un conducteur d'électricité un champ électrique.


Selon la loi de Seebeck
E = S⋅ gradT(r)

le champ électrique E est proportionnel au gradient de température. La constante de


€ caractéristique du matériau, est appelée coefficient de Seebeck.
proportionnalité S, qui est une
La force électromotrice U entre les extrémités d'un fil, l'une à T1 l'autre à T2 , devient alors
pour un matériau homogène (S peut dépendre de T mais pas de x)

x2 T2
∂T
U = ∫ S(T(x))⋅ dx = ∫ S(T)dT ≅ S⋅ (T2 − T1 )
x1 ∂x T1

Le coefficient de Seebeck ne dépend souvent que peu de la température. Il suffit donc de tenir

compte de la dernière équation pour la discussion. Comme tous les conducteurs sont soumis à
l'effet Seebeck, y inclus les fils dans un voltmètre, il est évident que l'on ne peut pas mesurer
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directement la tension U avec un voltmètre. Pour que le voltmètre indique les valeurs
calibrées, il faut que ses bornes soient à la même température.
De chauffer le fils seulement au milieu et de maintenir les extrémités à la même température
n'aide pas non plus, puisque la tension thermoélectrique s'annule exactement. Le seul moyen
de mettre en évidence cette tension est d'utiliser deux (ou plusieurs) fils ayant des coefficients
S différents et de veiller à ce que les bornes du voltmètre aient la même température (fig. 1).

La tension thermoélectrique mesurée par le voltmètre en fig. 1 se compose des forces


électromotrices des fils A et B avec les signes pris dans le même sens de rotation.

U = SA (T2 − T1 ) + SB (T1 − T2 ) = (SA − SB )⋅ (T2 − T1 )

En notant que la différence SA-SB est une caractéristique du couple AB (= thermocouple) et


€ entre les fils et le voltmètre peuvent être maintenues à la même température
que les jonctions
T1, on voit que U est une mesure pour la température T2. En pratique, on réalise la température
de référence par un mélange d'eau et de glace (T1= 0°C). Comme les coefficients de Seebeck
dépendent toujours légèrement de la température, on utilise des tables qui indiquent pour
chaque degré la tension thermoélectrique.

Fig.1 Le thermocouple

Notons que la tension thermoélectrique dépend des matériaux A et B utilisés et de la


différence de température entre les extrémités des fils, la jonction (T2) et le bain de référence
(T1). Elle ne dépend ni de la longueur ni de la section des fils thermoélectriques. Pour éviter
une contribution ohmique, le courant circulant dans le thermocouple doit rester aussi petit que
possible.

3. Alliages servant à la fabrication des thermocouples

En principe, n'importe quelle combinaison de deux fils peut servir comme thermocouple,
pourvu que la tension thermoélectrique c.à.d. la différence entre les deux coefficients de
Seebeck ne soit pas trop faible. Dans la pratique, seul un nombre restreint de combinaisons
s'est établi. Les types les plus courants sont standardisés et désignés par une lettre. Ainsi les
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fournisseurs doivent garantir une qualité et une précision invariables pour les produits vendus
sous cette désignation.
Le tableau 1 montre les couples les plus courants et le tableau 2 les compositions de quelques
alliages thermoélectriques. Les températures de service maximales indiquées dans ce tableau
ne sont pas des limites impératives comme les températures de fusion. Mais une application
prolongée au delà de ces limites accélère le vieillissement. La précision indiquée et demandée
par les normes n'est valable que pour le premier échauffement. Les variations ultérieures des
caractéristiques thermoélectriques dépendent surtout du type et des propriétés de l'atmosphère
dans le four. Fig. 2 montre les tensions thermoélectriques des thermocouples courants.

Fig. 2 Forces thermoélectriques des thermocouples courants.

Thermocouple + / - T max °C Précision + / - Type Atmosphère


Fer / Constantan 760 2.2°C 0.75% J ox / réd
Chromel / Alumel (Ni-Cr / Ni) 1260 2.2°C 0.75% K ox
Nicrosil / Nisil 1260 2.2°C 0.75% N ox
Cuivre / Constantan 370 1.0°C 0.75% T ox /réd
Chromel / Constantan 870 1.7°C 0.50% E ox
Pt-Rh 13% / Pt 1480 1.5°C 0.25% R ox /inert
Pt-Rh 10% / Pt 1480 1.5°C 0.25% S ox / inert
Pt- Rh 30% / Pt-Rh 6% 1700 0.5% B ox / inert

Tableau 1 Les thermocouples courants. Pour la précision, la valeur plus


élevée fait foi (c.à.d. °C à basse T et les % à T élevée).
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Nom de l'alliage Temp. de fusion°C Composition


Fer 1535 pur
Cuivre 1083 OFHC
Alumel 1400 Ni-94%, Al,Mn,Fe,Si,Co
Chromel 1350 Ni-90%, Cr-9%
Constantan 1210 Cu-55%, Ni-45%
Nicrosil 1410 Ni-84%,Cr-14%,Si
Nisil 1400 Ni-95%, Si.4.4%,Mg

Tableau 2 Composition et température de fusion des alliages thermoélectriques

3.1 Fer / Constantan


Les couples fer / constantan sont fréquement utilisés en raison de leur force thermoélectrique
élevée, de leur mise en oeuvre facile, et de leur prix bon marché. La limite supérieure pour la
température d'application et la précision ne sont pas très élevées. Le fer utilisé pour ce couple
n'est que de pureté commerciale et contient des petites quantités de C, Si et Mn. Ces
impuretés ont des coefficients de diffusion relativement élevés et ont tendance à migrer à la
surface. Ceci a comme conséquence une variation sensible des caractéristiques
thermoélectriques du fer. Les thermocouples fer / constantan trouvent surtout application pour
les traitements thermiques qui, eux-mêmes, ne se déroulent pas toujours dans des atmosphères
propres.

3.2 Chromel / Alumel (Ni / Ni-Cr)


Les thermocouples chromel / alumel sont les couples les plus répandus. Ils étaient avant le
développement des thermocouples nicrosil / nisil les seuls thermocouples exempts de métaux
précieux, qui permettaient d'atteindre 1200°C. Les forces thermoélectriques sont relativement
élevées, ce qui facilite les mesures. Vu cette valeur, il est très étonnant que les compositions
des alliages utilisés ne se distinguent que peu. Ils contiennent respectivement 90 et 94% de Ni.
Cela met en évidence l'effet que peut avoir la perte des éléments alliés et l'apport des atomes
étrangers par la diffusion. Finalement c'est aussi cette forte dépendance de la concentration
qui limite l'application de ce couple sous certaines conditions. Les atmosphères réductrices à
base de H2, CO (monoxyde de carbone) et S sont déconseillées. Lors de l'oxydation du
chromel, c'est surtout le Cr qui s'oxyde à la surface. Les pertes qui en résultent à l'intérieur
entraînent une modification du coefficient de Seebeck.
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3.3 Nicrosil / Nisil


Les thermocouples à base de ces deux alliages sont encore peu connus puisqu'ils datent des
années 80. Ils ont été développés dans le but d'améliorer la résistance à l'oxydation du couple
chromel / alumel. Les caractéristiques thermoélectriques, la température maximale et le
comportement en service sont pratiquement identiques à ce dernier couple.

3.4 Cuivre / Constantan


En dessous de 0°C et surtout vers la température zéro absolue la sensibilité des thermocouples
diminue considérablement. Le couple cuivre / constantan ne fait pas exception à ce
comportement général, mais l'effet est moins prononcé que pour les autres couples. Il est,
pour cette raison, surtout utilisé à des températures cryogéniques. Le cuivre employé est le
cuivre OFHC. L'alliage constantan que l'on combine avec le cuivre n'est pas tout à fait
identique au constantan utilisé pour la fabrication des couples fer / constantan et a donc des
caractéristiques thermoélectriques légèrement différentes. En raison de la mauvaise résistance
à l'oxydation du cuivre pur, la température devrait rester en dessous de 350°C dans les
atmosphères oxydantes.

3.5 Chromel / Constantan


Le couple chromel / constantan a la tension thermoélectrique la plus élevée parmi les couples
courants. Ceci est la qualité recherchée pour les couples servant à la fabrication des
convertisseurs thermoélectriques qui permettent de transformer directement la chaleur en
énergie électrique.

3.6 Pt / Pt-Rh
Les thermocouples à base de Pt sont chimiquement très stables. Les différences entre les
couples contenant 10 où 13% de Rh sont minimes. Dans les deux cas, on utilise le Pt pur avec
une pureté minimale de 4N (99.99%). Ces alliages et le Pt pur sont très ductiles et se laissent
tréfiler jusqu'à des diamètres de 25 mm pour des applications spéciales. En général on préfère
des diamètres plus élevés (0.5mm) pour diminuer l'effet d'une éventuelle contamination par
l'isolation ou l'atmosphère. En général les conséquences d'une contamination sont plus
importantes pour les métaux purs ( ici le Pt) que pour les alliages. C'est uniquement pour cette
raison que les thermocouples Pt-Rh 30% / Pt- Rh 6% (sans métal pur) permettent une
utilisation à des températures plus élevées (1700°C) que les couples avec un fil en Pt
(1500°C). Cette amélioration sur le plan chimique se paie par une baisse de la force
thermoélectrique. A 1000 °C elle ne vaut que 11,5 mV pour le Pt / Pt-Rh10% et descend
encore de 20% à 9.1 mV pour le Pt-Rh 30% / Pt- Rh 6%. Malgré ces valeurs faibles, ces
thermocouples sont très précis et fiables, notamment en raison de leur stabilité chimique.
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Ils trouvent souvent application dans les laboratoires industriels pour calibrer d'autres
thermocouples moins coûteux. Dans les aciéries et dans l'industrie du verre, ils servent à
contrôler la température des masses fondues. Il est évident que les fils thermoélectriques
doivent être proprement protégés s'ils sont exposés à des températures élevées dans des
milieux et des atmosphères chimiquement agressifs. Il faut absolument mentionner dans ce
contexte que le 'travail' au delà de 1200°C est en général très pénible. Beaucoup de
substances, qui à température ambiante ne sont chimiquement que peu actives, deviennent
extrêmement agressives une fois fondues (p. ex verres et métaux) ou volatiles (p. ex. vapeurs
métalliques ).

3.7 Ir-Rh40% / Ir
Les thermocouples à base d'alliages Ir-Rh (on utilise aussi les alliages avec 50 et 60% de Rh)
sont les seuls qui permettent de mesurer des températures jusqu'à 2000°C dans l'air (ou
atmosphère oxydante). Dans le vide ils fonctionnent jusqu'à 2100°C. Avec 5.3 µV/°C, ils ont
une sensibilité relativement faible (12 mV à 2000°C). Les alliages Ir-Rh sont très durs et
doivent être étirés à chaud. Après l'étirage, les fils ont une ductilité raisonnable mais la
recristallisation les rend de nouveau très fragiles et cassants.

3.8 W / W-Re26%
Les thermocouples à base du tungstène tiennent le record pour la température maximale. Ils
fonctionnent encore jusqu'à des températures de 3000°C, mais une température maximale de
2750°C est conseillée pour prolonger la durée de vie. En pratique on les utilise rarement au
dessus de 2300°C parce que l'isolation électrique commence à poser de sévères problèmes. A
cette température les matériaux céramiques sont déjà liquides (céramiques standards) ou
deviennent conducteurs. Au lieu du W pur on utilise aussi les alliages W-Re avec 3 ou 5% de
Re. Comme les thermocouples Ir / Ir-Rh, les couples W / W-Re deviennent très cassants après
la recristallisation qui à déjà lieu à 1200°C.

3.9 Thermocouples pour applications particulières


- Platinels. Les thermocouples platinels sont fait entièrement en alliages à base de
métaux précieux (Au-Pd et Au-Pd-Pt). Ils ont pratiquement les mêmes caractéristiques
que le couple chromel / alumel et peuvent être considérés comme la version 'de luxe'
de ces derniers.
- Pt-Mo5% / Pt-Mo0.1% Ces thermocouples sont utilisés pour mesurer les températures
dans des installations nucléaires entre 1000 et 1500°C. En dessous, on peut appliquer
le couple chromel / alumel. Les thermocouples qui contiennent le Rh ne sont pas
applicables sous rayonnement neutronique, parce que le Rh se transforme en Pd.
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3.10 Les fils d'extension


Les fils d'extension ont été développés pour économiser les métaux précieux. Comme le
coefficient de Seebeck augmente toujours à peu prés linéairement avec la température, il n'est
pas difficile d'imiter la caractéristique thermoélectrique d'un thermocouple à base de métaux
précieux par des alliages non-précieux. Ces fils sont aujourd'hui couramment utilisés pour
substituer les fils thermoélectriques en métaux précieux dans la partie du thermocouple qui
reste en dessous de 200°C, comme par exemple la liaison entre l'extérieur du four et le
voltmètre. A l'intérieur on utilise les fils en métaux précieux.

4. Réalisation du thermocouple

La jonction entre les deux fils doit être faite de manière à ce qu'elle résiste aux sollicitations
mécaniques. Un bon contact électrique entre les deux fils est essentiel. Une isolation
électrique du thermocouple est nécessaire dans les cas où l'endroit dont on veut mesurer la
température a un potentiel électrique par rapport à la masse. Le thermocouple risque de
fonctionner comme fil mis à la masse. Cette isolation électrique ne devrait pas empêcher un
bon contact thermique.
Les fils thermoélectriques sont presque toujours livrés sans isolation électrique. On choisit
celle-ci en fonction des températures à mesurer. Pour les températures élevées on utilise des
capillaires en quartz ou mieux encore en céramique (p. ex alumine). Pour faciliter l'insertion
dans ces capillaires, on peut redresser légèrement les fils par étirage. Mais comme le travail à
froid peut affecter les tensions thermoélectriques, il faut éviter tout excès lors de cette
opération. Une fois les fils insérés, on procède au soudage de la jonction. Elle se fait
principalement par soudage par point. Mais d'autres méthodes donnent aussi de bons résultats.
Pour un emploi en dessous de 500°C, le brasage dur est aussi applicable. A des températures
de service au delà de 500°C, il faut tenir compte de la diffusion. Les impuretés qui
proviennent de la brasure, de l'isolation électrique (capillaires impropres, résidus des liants
utilisés pour le frittage des capillaires) ou de l'atmosphère dans le four et qui diffusent à
l'intérieur des fils peuvent modifier les caractéristiques thermoélectriques et mécaniques du
couple. Pour cette raison, le diamètre des fils ne devrait pas être choisi trop petit. Notamment
lorsque la température est maintenue longtemps à proximité de la limite maximale du couple.
Certains fils thermoélectriques peuvent être obtenus sous forme de fils coaxiaux ou sous
forme d'un couple protégé par une gaine métallique. fig. 3. Ces types de couples sont
fabriqués par martelage ou co-étirage de la gaine, des fils thermoélectriques et de l'isolation
électrique (à l'intérieur de la gaine et entre les fils). L'isolation consiste en une poudre fine de
céramique (d'habitude MgO). Pour éviter l'adsorption de l'eau, provenant de l'humidité de l'air
par cette poudre, les deux extrémités doivent être hermétiquement closes. Par rapport aux
thermocouples isolés par des capillaires en céramique les thermocouples coaxiaux et gainés
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restent flexibles, sans subir de dommages et ils peuvent encore être enroulés sur un cylindre
ayant un diamètre seulement 4 fois plus grand que le thermocouple lui-même.

Fig 3 Thermocouple coaxial et thermocouple gainé. A et B fils


thermoélectriques.

5.1 L'isolation électrique


A part la jonction, qui est à protéger contre l'environnement, les fils thermoélectriques sont à
isoler l'un contre l'autre pour garantir le bon fonctionnement du thermocouple. A basse
température (< 200°C) et en dessous de 0°C, on dispose d'une large gamme de matières en
plastique pour la réalisation de l'isolation électrique des thermocouples. A des températures
plus élevées, les matériaux flexibles se font de plus en plus rares. Jusqu'à 1000°C on utilise
des tuyaux tissés en fibres de quartz ou autres matières céramiques. Comme ils ne gardent
leur flexibilité qu'avant le premier cycle et n'offrent presque aucune résistance à l'abrasion, on
préfère les thermocouples en gaines métalliques si une flexibilité est exigée. Dans les autres
cas, on emploie des tubes à un, deux ou plusieurs capillaires en quartz ou en céramique pour
l'isolation entre les deux fils et des tubes fermés à une extrémité pour la protection de la
jonction

Matériau Limite d'application °C


Téflon 200
Quartz ou fibres de quartz 1000
Porcelaine 1650
Alumine (Al2O3) 1800
Oxyde de béryllium (BeO) 2300

Pour gaines uniquement:



Acier inoxydable 900
Nickel 1000
inconel 1150

Tableau 3 Quelques matériaux courants pour l'isolation électrique et la protection


des thermocouples.
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Fig. 4 Thermocouple dans capillaire et tube de protection en céramique

5.2 Vieillissement des thermocouples


Le maintien prolongé d'un thermocouple à haute température provoque presque toujours la
modification de ses caractéristiques thermoélectriques. Principalement, en raison des réactions
chimiques avec l'environnement, de la recristallisation et de l'évaporation sélective de
certains éléments d'alliages. Le type d'atmosphère dans le four joue un rôle important. Dans
une atmosphère oxydante la surface du thermocouple s'oxyde (si elle ne l'est pas déjà) et
protège le métal en dessous. Les substances évaporées et déposées sur les fils
thermoélectriques sont aussi oxydées et ne réagissent plus avec le couple. Dans une
atmosphère réductrice, l'oxyde à la surface est réduit et les vapeurs arrivant sous forme
métallique se déposent sur les surfaces non protégées et diffusent dans les fils. Dans une
atmosphère inerte ou dans le vide, il y a moins de réactions chimiques, mais à haute
température l'évaporation sélective peut modifier la concentration d'un alliage
thermoélectrique. La vitesse avec laquelle les caractéristiques changent, varie
considérablement d'un cas à l'autre. Citons deux cas pour illustrer ce point.

Un thermocouple tout neuf en chromel alumel, diamètre des fils 3mm, exposé à l'air à
1100°C, indique 3°C de trop après 10 h et 10°C de trop après 100 h. La cause des
modifications a été trouvée dans l'oxydation (et donc perte) sélective des éléments d'alliage du
chromel et de l'alumel.
Pour les thermocouples à base des alliages Pt-Rh, on a pu constater qu'à haute température le
Rh se volatilise plus vite que le Pt. Un test de 3 ans effectué à 1300°C a montré que la
température indiquée diminue de 6 à 9°C.

5.3 Calibration des thermocouples


Pour s'assurer de la précision des mesures, il faut de temps à autre calibrer les thermocouples.
Plusieurs méthodes sont applicables. Elles sont à choisir selon la précision demandée. La
méthode la plus simple consiste à comparer le thermocouple avec un deuxième couple, utilisé
uniquement pour les contrôles périodiques. La calibration devient plus exacte, si on utilise un
thermomètre à résistance de Pt.
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Finalement on peut aussi comparer la tension thermoélectrique avec la température de


solidification des métaux qui ont été sélectionnés pour établir l'échelle de température
pratique (tableau 4). La marche à suivre consiste à fondre le métal, d'y plonger la pointe
protégée du thermocouple et d'enregistrer la température en fonction du temps lors du
refroidissement continu. Au moment où la solidification commence, la température du métal
ne baisse plus et l'enregistreur trace un plateau. Il faut d'abord dégager toute la chaleur latente
de fusion avant que le refroidissement puisse continuer. La tension thermoélectrique au milieu
du plateau correspond à la température de fusion du métal. Le tableau 4 montre les métaux
que l'on utilise pour la calibration.

Métal T fusion °C Métal T fusion °C


In 156,60 Au 1064,18
Sn 231,93 Cu 1084,62
Zn 419,53 Ni 1455
Al 660,32 Pd 1554
Ag 961,78 Pt 1769

Tableau 4 Métaux utilisés pour la calibration des thermocouples. Les premiers


métaux jusqu'à l'Au établissent l'échelle de température pratique (ITS90).

6 L'effet Peltier

Dans un circuit formé de deux conducteurs différents (A et B), le courant électrique transporte
aussi un flux thermique entre les jonctions des deux fils (fig. 5). La jonction J2 s'échauffe aux
frais de la jonction J1 ou inversement selon la direction du courant électrique et la différence
des coefficients de Peltier pA, pB pour les matériaux A et B. L'effet Peltier est exploité pour
chauffer et refroidir. Des piles composées de plusieurs éléments (fig. 6), jonctions J1 d'un coté
et jonctions J2 de l'autre, se prêtent parfaitement pour stabiliser la température dans une petite
enceinte. Il suffit d'inverser la direction du courant pour faire monter ou baisser la
température. Les matériaux les plus performants pour la fabrication des éléments Peltier sont
des semi-conducteurs comme p. ex. le Bi2Te3. Les couples se forment entre les types n et p du
même semi-conducteur.

Fig. 5 L'effet Peltier conduit à un transport de chaleur entre les jonctions J1 et J2


qui varie proportionnellement au courant électrique j.
A2-12 Thermocouples

Fig. 6 Principe de construction d'un élément Peltier. L'élément fonctionne


comme pompe à chaleur. Le flux de chaleur passe de T1à T2 ou
inversement selon la direction du courant électrique.

Exemple d'une réalisation industrielle:


Matériaux thermoélectriques : p- et n-type de Bi2Te3.
Surface : 30x30 mm2
Épaisseur : 3,8 mm
Courant max. : 6.0 A
Tension max : 8.6 V
Puissance thermique : 30 W (chaleur transportée par seconde)
Différence de température max. : 70°C
Température de service max : 115°C

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