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1. Introduction
Mesurer et contrôler des températures avec une précision adéquate est un besoin vital dans
l'industrie et la recherche. On sous-estime souvent les problèmes liés à une mesure exacte de
la température. Même le thermomètre le plus précis ne mesure que la température du
thermomètre lui même. Pour être sûr que l'on mesure la température qu'il y a à l'endroit du
thermomètre il faut s'assurer que l'équilibre thermique soit établi. Un thermomètre exposé au
soleil n'indique pas la même température qu'un thermomètre posé à coté, mais à l'ombre. Il s'y
ajoute à ce problème fondamental de la thermométrie les limitations dues aux thermomètres
choisis et aux matériaux utilisés pour sa fabrication.
Pour compléter la liste, on peut ajouter la susceptibilité magnétique qui varie avec 1/ T
lorsqu'on s'approche de la température zéro absolue, le bruit de Johnson qui varie avec T ou
encore le thermomètre à quartz qui mesure la variation de la fréquence de résonnance d'une
lame en quartz.
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Les thermomètres basés sur la dilatation thermique fonctionnent bien dans la gamme des
températures météorologiques. Le thermomètre au mercure p. ex. entre -39°C (point de
fusion) et environ 100°C. Le thermomètre bilame produit des forces appréciables qui
déplacent facilement un stylo dans un thermomètre enregistreur.
Avec les thermocouples on peut balayer la gamme entre -250°C et 2500°C. A part cet
intervalle étendu ils présentent les atouts suivants:
Bonne précision, mesure locale, réponse rapide, robuste et fiable
Mesure différentielle entre deux points possible,
Mise en œuvre simple, bon marché.
A2-2 Thermocouples
2. L'effet Seebeck
x2 T2
∂T
U = ∫ S(T(x))⋅ dx = ∫ S(T)dT ≅ S⋅ (T2 − T1 )
x1 ∂x T1
Le coefficient de Seebeck ne dépend souvent que peu de la température. Il suffit donc de tenir
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compte de la dernière équation pour la discussion. Comme tous les conducteurs sont soumis à
l'effet Seebeck, y inclus les fils dans un voltmètre, il est évident que l'on ne peut pas mesurer
Thermocouples A2-3
directement la tension U avec un voltmètre. Pour que le voltmètre indique les valeurs
calibrées, il faut que ses bornes soient à la même température.
De chauffer le fils seulement au milieu et de maintenir les extrémités à la même température
n'aide pas non plus, puisque la tension thermoélectrique s'annule exactement. Le seul moyen
de mettre en évidence cette tension est d'utiliser deux (ou plusieurs) fils ayant des coefficients
S différents et de veiller à ce que les bornes du voltmètre aient la même température (fig. 1).
Fig.1 Le thermocouple
En principe, n'importe quelle combinaison de deux fils peut servir comme thermocouple,
pourvu que la tension thermoélectrique c.à.d. la différence entre les deux coefficients de
Seebeck ne soit pas trop faible. Dans la pratique, seul un nombre restreint de combinaisons
s'est établi. Les types les plus courants sont standardisés et désignés par une lettre. Ainsi les
A2-4 Thermocouples
fournisseurs doivent garantir une qualité et une précision invariables pour les produits vendus
sous cette désignation.
Le tableau 1 montre les couples les plus courants et le tableau 2 les compositions de quelques
alliages thermoélectriques. Les températures de service maximales indiquées dans ce tableau
ne sont pas des limites impératives comme les températures de fusion. Mais une application
prolongée au delà de ces limites accélère le vieillissement. La précision indiquée et demandée
par les normes n'est valable que pour le premier échauffement. Les variations ultérieures des
caractéristiques thermoélectriques dépendent surtout du type et des propriétés de l'atmosphère
dans le four. Fig. 2 montre les tensions thermoélectriques des thermocouples courants.
3.6 Pt / Pt-Rh
Les thermocouples à base de Pt sont chimiquement très stables. Les différences entre les
couples contenant 10 où 13% de Rh sont minimes. Dans les deux cas, on utilise le Pt pur avec
une pureté minimale de 4N (99.99%). Ces alliages et le Pt pur sont très ductiles et se laissent
tréfiler jusqu'à des diamètres de 25 mm pour des applications spéciales. En général on préfère
des diamètres plus élevés (0.5mm) pour diminuer l'effet d'une éventuelle contamination par
l'isolation ou l'atmosphère. En général les conséquences d'une contamination sont plus
importantes pour les métaux purs ( ici le Pt) que pour les alliages. C'est uniquement pour cette
raison que les thermocouples Pt-Rh 30% / Pt- Rh 6% (sans métal pur) permettent une
utilisation à des températures plus élevées (1700°C) que les couples avec un fil en Pt
(1500°C). Cette amélioration sur le plan chimique se paie par une baisse de la force
thermoélectrique. A 1000 °C elle ne vaut que 11,5 mV pour le Pt / Pt-Rh10% et descend
encore de 20% à 9.1 mV pour le Pt-Rh 30% / Pt- Rh 6%. Malgré ces valeurs faibles, ces
thermocouples sont très précis et fiables, notamment en raison de leur stabilité chimique.
Thermocouples A2-7
Ils trouvent souvent application dans les laboratoires industriels pour calibrer d'autres
thermocouples moins coûteux. Dans les aciéries et dans l'industrie du verre, ils servent à
contrôler la température des masses fondues. Il est évident que les fils thermoélectriques
doivent être proprement protégés s'ils sont exposés à des températures élevées dans des
milieux et des atmosphères chimiquement agressifs. Il faut absolument mentionner dans ce
contexte que le 'travail' au delà de 1200°C est en général très pénible. Beaucoup de
substances, qui à température ambiante ne sont chimiquement que peu actives, deviennent
extrêmement agressives une fois fondues (p. ex verres et métaux) ou volatiles (p. ex. vapeurs
métalliques ).
3.7 Ir-Rh40% / Ir
Les thermocouples à base d'alliages Ir-Rh (on utilise aussi les alliages avec 50 et 60% de Rh)
sont les seuls qui permettent de mesurer des températures jusqu'à 2000°C dans l'air (ou
atmosphère oxydante). Dans le vide ils fonctionnent jusqu'à 2100°C. Avec 5.3 µV/°C, ils ont
une sensibilité relativement faible (12 mV à 2000°C). Les alliages Ir-Rh sont très durs et
doivent être étirés à chaud. Après l'étirage, les fils ont une ductilité raisonnable mais la
recristallisation les rend de nouveau très fragiles et cassants.
3.8 W / W-Re26%
Les thermocouples à base du tungstène tiennent le record pour la température maximale. Ils
fonctionnent encore jusqu'à des températures de 3000°C, mais une température maximale de
2750°C est conseillée pour prolonger la durée de vie. En pratique on les utilise rarement au
dessus de 2300°C parce que l'isolation électrique commence à poser de sévères problèmes. A
cette température les matériaux céramiques sont déjà liquides (céramiques standards) ou
deviennent conducteurs. Au lieu du W pur on utilise aussi les alliages W-Re avec 3 ou 5% de
Re. Comme les thermocouples Ir / Ir-Rh, les couples W / W-Re deviennent très cassants après
la recristallisation qui à déjà lieu à 1200°C.
4. Réalisation du thermocouple
La jonction entre les deux fils doit être faite de manière à ce qu'elle résiste aux sollicitations
mécaniques. Un bon contact électrique entre les deux fils est essentiel. Une isolation
électrique du thermocouple est nécessaire dans les cas où l'endroit dont on veut mesurer la
température a un potentiel électrique par rapport à la masse. Le thermocouple risque de
fonctionner comme fil mis à la masse. Cette isolation électrique ne devrait pas empêcher un
bon contact thermique.
Les fils thermoélectriques sont presque toujours livrés sans isolation électrique. On choisit
celle-ci en fonction des températures à mesurer. Pour les températures élevées on utilise des
capillaires en quartz ou mieux encore en céramique (p. ex alumine). Pour faciliter l'insertion
dans ces capillaires, on peut redresser légèrement les fils par étirage. Mais comme le travail à
froid peut affecter les tensions thermoélectriques, il faut éviter tout excès lors de cette
opération. Une fois les fils insérés, on procède au soudage de la jonction. Elle se fait
principalement par soudage par point. Mais d'autres méthodes donnent aussi de bons résultats.
Pour un emploi en dessous de 500°C, le brasage dur est aussi applicable. A des températures
de service au delà de 500°C, il faut tenir compte de la diffusion. Les impuretés qui
proviennent de la brasure, de l'isolation électrique (capillaires impropres, résidus des liants
utilisés pour le frittage des capillaires) ou de l'atmosphère dans le four et qui diffusent à
l'intérieur des fils peuvent modifier les caractéristiques thermoélectriques et mécaniques du
couple. Pour cette raison, le diamètre des fils ne devrait pas être choisi trop petit. Notamment
lorsque la température est maintenue longtemps à proximité de la limite maximale du couple.
Certains fils thermoélectriques peuvent être obtenus sous forme de fils coaxiaux ou sous
forme d'un couple protégé par une gaine métallique. fig. 3. Ces types de couples sont
fabriqués par martelage ou co-étirage de la gaine, des fils thermoélectriques et de l'isolation
électrique (à l'intérieur de la gaine et entre les fils). L'isolation consiste en une poudre fine de
céramique (d'habitude MgO). Pour éviter l'adsorption de l'eau, provenant de l'humidité de l'air
par cette poudre, les deux extrémités doivent être hermétiquement closes. Par rapport aux
thermocouples isolés par des capillaires en céramique les thermocouples coaxiaux et gainés
Thermocouples A2-9
restent flexibles, sans subir de dommages et ils peuvent encore être enroulés sur un cylindre
ayant un diamètre seulement 4 fois plus grand que le thermocouple lui-même.
Un thermocouple tout neuf en chromel alumel, diamètre des fils 3mm, exposé à l'air à
1100°C, indique 3°C de trop après 10 h et 10°C de trop après 100 h. La cause des
modifications a été trouvée dans l'oxydation (et donc perte) sélective des éléments d'alliage du
chromel et de l'alumel.
Pour les thermocouples à base des alliages Pt-Rh, on a pu constater qu'à haute température le
Rh se volatilise plus vite que le Pt. Un test de 3 ans effectué à 1300°C a montré que la
température indiquée diminue de 6 à 9°C.
6 L'effet Peltier
Dans un circuit formé de deux conducteurs différents (A et B), le courant électrique transporte
aussi un flux thermique entre les jonctions des deux fils (fig. 5). La jonction J2 s'échauffe aux
frais de la jonction J1 ou inversement selon la direction du courant électrique et la différence
des coefficients de Peltier pA, pB pour les matériaux A et B. L'effet Peltier est exploité pour
chauffer et refroidir. Des piles composées de plusieurs éléments (fig. 6), jonctions J1 d'un coté
et jonctions J2 de l'autre, se prêtent parfaitement pour stabiliser la température dans une petite
enceinte. Il suffit d'inverser la direction du courant pour faire monter ou baisser la
température. Les matériaux les plus performants pour la fabrication des éléments Peltier sont
des semi-conducteurs comme p. ex. le Bi2Te3. Les couples se forment entre les types n et p du
même semi-conducteur.