Vous êtes sur la page 1sur 11

Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

1 ANALYSE DU RISQUE DE LIQUEFACTION


1.1 GÉNÉRALITÉS
1.1.1 Définition du risque de liquéfaction
L’Eurocode 8 « Calcul des structures pour leur résistance aux séismes », dans sa partie 5
« Fondations, ouvrages de soutènement et aspects géotechniques » désigne par le terme
« liquéfaction » (partie 4.1.4) la diminution de résistance au cisaillement et/ou de rigidité due
à l’augmentation, durant le mouvement sismique, de la pression d’eau interstitielle dans les
matériaux saturés sans cohésion, susceptible de produire des déformations permanentes
significatives, voire une quasi-annulation de la contrainte effective dans le sol.
Une évaluation de la susceptibilité à la liquéfaction doit être effectuée lorsque le sol de
fondation comprend des couches étendues ou des lentilles épaisses de sable lâche, avec ou
sans fines silteuses ou argileuses au-dessous du niveau de la nappe phréatique, et lorsque
ce niveau est proche de la surface du sol. Cette évaluation doit être effectuée pour les
conditions de site en champ libre prédominantes durant la vie de la structure.

1.1.2 Démarche globale de l’analyse du risque de liquéfaction


La structure usuelle des études de liquéfaction est présentée ci-dessous. Pour qu’il y’ait
liquéfaction, il faut une combinaison de phénomènes, et tout d’abord qu’il y’ait opportunité de
liquéfaction, c’est-à-dire que l’énergie des ondes générées par le séisme soit suffisante pour
que le phénomène puisse se produire. Il faut également que le sol soit susceptible de se
liquéfier et qu’il se trouve sous nappe. Si ces trois conditions sont réunies, le risque de
liquéfaction doit être quantifié pour l’action sismique considérée. Les conséquences de la
liquéfaction peuvent ensuite être évaluées et un traitement de sol envisagé si nécessaire.

1.1.3 Susceptibilité de liquéfaction


Tous les sols ne sont pas susceptibles à la liquéfaction. C’est la raison pour laquelle, la
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

première étape d’analyse du potentiel de liquéfaction d’un site est d’étudier la susceptibilité à
la liquéfaction du sol en place. La susceptibilité à la liquéfaction d’un sol est évaluée de
manière qualitative en prenant en compte :
 L’historique de liquéfaction du site ;
 La géologie du site ;
 La composition granulaire du sol ;
 Les paramètres d’état du sol (indice des vides ….) ;
 La sismicité.
1.1.4 Sols potentiellement liquéfiables
La présence de sable, silt ou grave peu compact rend la liquéfaction potentielle.
La présence d’un fort compactage donnant à tout matériau pulvérulent une densité relative
supérieure à 75% rend la liquéfaction improbable. A contrario, la présence de sables, silts ou
graves dotées d’une compacité faible, à savoir une densité relative inférieure à 50%, signifie
un risque fort de liquéfaction.
La liquéfaction apparaît dans les sols fins non cohérents. Pour les sols très fins, les liens
cohésifs entre les grains empêchent la liquéfaction. Pour les sols très perméables, tels que
les graviers, la forte perméabilité permet une dissipation rapide des pressions interstitielles.
Les règles parasismiques françaises fixent les conditions granulométriques des matériaux
susceptibles de se liquéfier :

 Sables, sables vasards et silts ;

 Matériaux saturés ;

 Coefficient d'uniformité Cu<15 avec Cu= D60/D10 ;

 Diamètre moyen 0,05 mm < D50 < 1,5 mm.

Et excluent les sols dont :

 Soit D10 > 2 mm ;

 Soit D70 < 74 µm et Ip > 10.

D10, D50, D60 et D70 étant les diamètres correspondant aux pourcentages de passants
(analyse granulométrique) et « Ip » l’indice de plasticité du matériau.
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

1.2 QUANTIFICATION DU RISQUE DE LIQUÉFACTION


1.2.1 Critère d’évaluation
La quantification pratique du risque de liquéfaction consiste à vérifier que le rapport de
contrainte cyclique de cisaillement générée par le séisme, noté « CSR » (Cyclic Stress Ratio
en anglais) est inférieur au rapport de résistance cyclique au cisaillement du dépôt de sol,
mesurée in situ, noté « CRR » (Cyclic Resistance Ratio en anglais), avec une marge de
sécurité suffisante.

Le facteur de sécurité à la liquéfaction est ainsi égal à :

CRR
Fs=
CSR
1.2.2 Rapport de contrainte cyclique de cisaillement « CSR »
Le rapport de contrainte cyclique de cisaillement « CSR » est le rapport de la contrainte de
cisaillement générée par chaque secousse sur la contrainte effective verticale initiale. Il est
calculé par une relation analytique en fonction de la profondeur, de la densité et de l’ampleur
du séisme en supposant le terrain naturel plat. En d’autres termes, « CSR » est la contrainte
de cisaillement cyclique horizontale moyenne dans une couche « τav » normalisée par rapport
à la contrainte effective verticale due au sol sus-jacent « σ’vo ». Elle est exprimée en fonction
de l’accélération maximale « amax » en surface et d’un coefficient de profondeur « rd » par la
formule suivante :

Avec :

 amax : accélération maximale à la surface du sol (m/s2) ;

 g : accélération de la pesanteur (m/s2) ;

 σvo / σ’vo : rapport des contraintes totales et effectives dans le sol à une profondeur
donnée ;

 rd : coefficient (de flexibilité) traduisant la diminution de l’accélération en profondeur et


découlant de la souplesse du sol.

Le coefficient de réduction du taux de contrainte normalisé « rd » a fait l’objet de nombreuses


évaluations. La forme la plus utilisée aux USA (NCEER 96-98) est présentée dans la figure
suivante :
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

Au Japon, on utilise les formules suivantes (proches de la médiane de la figure ci-dessus) :

 rd = 1,0 - 0,00765 z pour z ≤ 9,15 m ;

 rd = 1,74 - 0,0267 z pour 9,15 ≤ z ≤23 m ;

 rd = 0,744 - 0,008 z pour 23 ≤ z ≤30 m ;

 rd = 0,50 pour z > 30 m.

1.2.3 Rapport de résistance cyclique au cisaillement « CSR »


Le rapport de résistance cyclique au cisaillement « CSR » est donné par la formule
suivante :

Avec :
 CRR7.5 : résistance cyclique au cisaillement, habituellement évaluée pour un séisme
de magnitude 7,5. Ce paramètre dépend des caractéristiques mécaniques du sol ;

 CM : facteur de correction de la magnitude, il permet d’obtenir la valeur du CRR à


considérer pour des séismes de magnitudes différentes de 7,5 (ce facteur d’échelle
est égal à 1 pour des séismes d’amplitude 7,5).

Le facteur « CM » (noté également « MSF ») a été développé pour inclure les effets du
nombre de cycles croissant avec la magnitude. Il a fait l’objet de nombreuses évaluations.
La forme la plus utilisée aux USA (NCEER 96-98) est présentée dans la figure suivante :
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

On retient les valeurs suivantes du facteur « CM » (proches de la médiane de la figure ci-


dessus) :
Magnitude du séisme Facteur d’échelle « CM »
5.5 2.86
6.0 2.20
6.5 1.69
7.0 1.30
8.0 0.67

Le rapport « CRR7.5 » a fait également l’objet de nombreuses évaluations. On retient la


formule suivante pour son évaluation :

1 ( N 1 )60 cs 50 1
CRR7 . 5 = + + −
34−( N 1 )60 cs 135 ( 10×( N 1 )60 cs + 45 ) 200
2

(N1)60CS est calculé en fonction de « N » l’indice de résistance à la pénétration de l’essai


« SPT » (correspondant au nombre de coups d’un mouton pour faire enfoncer un carottier
standard d’une profondeur de 30 cm dans le sol).

 Calcul de (N1)60 en fonction de « N »


La majorité des analyses sismiques actuelles sont basées sur l’indice de pénétration
standard SPT (N1)60 normalisé à condition identique de confinement et d’énergie (Seed
et al., 1985 ; Seed et Harder, 1990).
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

Les valeurs de « N » obtenus par l’essai « SPT » doivent ainsi être corrigées par les
coefficients suivants :

( N 1 )60=N×C N ×C E×C B ×C R ×C S
Avec :
 CN : coefficient de correction pour tenir compte de la pression de confinement :

C N =min
(√ Pa
σ 'v0
; 1,7
)
Où Pa = 100 kPa ;

 CE : coefficient de correction pour tenir compte de l’énergie transmise à


l’échantillonneur lors de l’essai :
ER
C E=
60
Où ER est l’énergie en pourcentage de l’énergie maximale théorique ;

 CB : coefficient de correction pour tenir compte du diamètre du forage :

 CR : coefficient de correction pour tenir compte de la longueur des tiges :

 CS : coefficient de correction pour tenir compte de la présence ou absence d’une


gaine dans l’échantillonneur :
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

Le tableau suivant présente une synthèse des coefficients de correction présentés ci-


dessus :

 Calcul de (N1)60CS en fonction de (N1)60


Lorsque le matériau granulaire contient plus de 5% de fines, Seed (1987) et Seed et Harder
(1990) ont indiqué qu’une correction supplémentaire doit être faite en fonction du
pourcentage de fines.

La valeur de (N1)60 est ainsi corrigée pour tenir compte de l’influence du pourcentage des
fines « Fc » dans le sol, selon la formule suivante :
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

( N 1 )60 cs =α + β × ( N 1 )60
Les paramètres α et β sont donnés par les formules suivantes :

FC ≤5 %→α =0 et β=1
190
1. 76−
F 2 FC 1. 5

5 %≤FC ≤35 %→α =e C


et β=0 . 99+
1000

35 %≤FC →α =5 et β=1 .2
Pour les calculs, on considère un facteur « FC » inférieur à 5%, ce qui se place du côté
sécuritaire puisque les liens cohésifs entre les grains des fines empêchent la liquéfaction.
Dans ce cas, nous avons( N 1 )60 cs =( N 1 )60.

On note également que lorsque le paramètre ( N 1 )60 est supérieur à la valeur de 30, le risque
de liquéfaction n’est pas posé.

1.3 FACTEUR DE SÉCURITÉ MINIMAL REQUIS


Conformément aux recommandations de l’Eurocode 8 « Calcul des structures pour leur
résistance aux séismes », dans sa partie 5 (partie 4.1.4), si le risque de liquéfaction ne peut
être négligé, il doit au minimum être évalué par des méthodes reconnues d’ingénierie
géotechnique, basées sur des corrélations expérimentales entre mesures in situ et
contraintes critiques de cisaillement cyclique dont on sait qu’elles ont causé une liquéfaction
lors de séismes passés.
Si l’approche par corrélation expérimentale est utilisée, un sol doit être considéré comme
liquéfiable dans des conditions de sol horizontal chaque fois que la contrainte de cisaillement
induite par le séisme dépasse une certaine fraction λ de la contrainte critique dont on sait
qu’elle a causé une liquéfaction lors de séismes antérieurs.
La valeur recommandée de la fraction « λ » est de 0,8, ce qui implique un coefficient de
sécurité de 1,25.
CRR
Fs= ≥1.25
CSR
1.4 CORRÉLATION AVEC LES ESSAIS PRESSIOMÉTRIQUES
En absence des résultats des essais « SPT », il est possible d’estimer la valeur de l’indice de
résistance à la pénétration « N » à partir des résultats des essais pressiométriques
moyennant des corrélations. Dans ce cas, on ajoute une marge de sécurité de 20% pour
prendre en compte les dispersions liées aux corrélations ; le coefficient de sécurité doit ainsi
être supérieur à la valeur de 1,25 x 1.20 = 1.50.

CRR
Fs= ≥1.50
CSR
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

Le tableau ci-dessous présente les corrélations entre les valeurs des essais « SPT » et les
valeurs des essais pressiométriques (travaux de H. GONIN et P. VANDANGEON).

1.5 DÉMARCHE ET PARAMÈTRES DE CALCUL


On rappelle ci-dessous la démarche suivie pour l’analyse du risque de liquéfaction ; Cette
analyse comprend les étapes suivantes (d’après NCEER 96-98) :

 Détermination de l’accélération amax et de la magnitude de moment Mw du séisme de


projet ;
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

 Détermination du profil du rapport contraintes cycliques de cisaillement générée par


le séisme « CSR » en fonction de la profondeur en utilisant la formulation analytique ;

 Evaluation des paramètres critiques de la résistance des couches à partir des


résultats de SPT (essai de pénétration au carottier) , CPT (essai de pénétration à
pointe électrique ou piézocône), Vs (vitesse sismique), ou bien DMT (dilatomètre de
Marchetti), ou à partir des essais pressiométriques moyennant des corrélations ;

 Estimation du contenu de fines à partir d’essais de laboratoire ou de corrélations sur


chantier ;

 Détermination du rapport de résistance cyclique au cisaillement « CRR à partir des


diagrammes ou des formules simplifiées en fonction des paramètres de résistance
obtenus à partir des résultats d’essais in situ et de ceux de laboratoire comme le
pourcentage des fines ;

 Calcul du facteur de sécurité (FS) vis-à-vis de la liquéfaction pour le séisme pris en


considération.

 Séisme de projet
On note l’étude sismotectonique et d’évaluation de l’aléa sismique réalisée dans le cadre des
présentes études d’APD conduit à retenir une accélération maximale au sol de 0.303 x g,
correspondant au Séisme de Base d’Exploitation « SBE » pour une période de retour de
5000 ans, et pour la condition standard d’un sol rocheux.
L’accélération sismique « amax  » considérée dans les calculs du rapport « CSR » est
l’accélération maximale atteinte à la surface du sol, ce qui incite à prendre en compte la
nature du sol par l’intermédiaire du paramètre de sol « S ».
Les valeurs de ce paramètre, résultant de la classe de sol, au sens de l’Eurocode 8 « Calcul
des structures pour leur résistance aux séismes  », dans sa partie 1, sont données par le
tableau suivant :

Le tableau ci-dessous indique les différentes classes de sols selon quelques paramètres
d’essais géotechniques in situ.
Barrage Koudiat Borna-Evaluation du risque de liquéfaction-SPT

 Facteurs correcteurs de « N »

Vu le manque de résultats concernant les essais« SPT », on adopte dans la présente étude
les facteurs correcteurs suivants :

C N =min
(√ Pa
σ 'v0
;1,7
) ; CE=1 ; CB = 1 ; CR = 1 ; CS = 1 Où Pa = 100 kPa.

Vous aimerez peut-être aussi