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9/3/23, 11:11 Introduction

Les Cahiers d’Outre-Mer


Revue de géographie de Bordeaux

285 | Janvier-Juillet
Résistances territoriales dans les campagnes des Suds

Introduction
Mathilde Allain et Nasser Rebaï
p. 5-12
https://doi.org/10.4000/com.13595

Texte intégral
1 La première partie de ce dossier a rassemblé six contributions qui insistent sur la
dimension du temps long des processus de résistance dans les campagnes des Suds.
Composé de sept autres contributions, le second volume poursuit la réflexion en
s’intéressant aux pratiques mises en œuvre pour organiser les luttes territoriales, ainsi
qu’aux ressources et aux identités sur lesquelles s’appuient les différents collectifs étudiés.
Ce deuxième volet revient également sur les limites que rencontrent ces processus dans
des contextes sociopolitiques marqués par la contrainte, que celle-ci soit sociale,

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économique ou politique.

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Une deuxième partie autour du triptyque
vous donne le contrôle sur
ceux que vous souhaitez
« identités, ressources et blocages »
activer

2 Il est intéressant d’observer à quel point les textes réunis dans ce dossier prennent au
✓ Tout
sérieux accepter
les « arts de la résistance » – que ceux-ci soient explicitement formulés comme tels
ou non – et valorisent la diversité et l’hétérogénéité des pratiques. Les travaux identifient
une ✗pluralité d’acteurs, regroupant des organisations paysannes, des associations
Tout refuser
d’usagers de l’eau, des habitants ruraux, des notables, des organisations autochtones, des
« natifs » du territoire, des étrangers, etc. Ils mettent en exergue la manière avec laquelle
Personnaliser
ces acteurs organisent et conçoivent la « résistance », ce qui induit parfois une lutte sur le
plan juridique,
Politique une évolution stratégique des causes locales voire, paradoxalement, une
de confidentialité
collaboration avec les grandes entreprises.

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3 La dimension identitaire au cœur des processus de résistance territoriale se retrouve


dans une grande partie des textes, et tout particulièrement dans l’étude de cas développée
par Camille Varnier sur les populations mapuches au Chili. L’auteure propose une
réflexion stimulante en décrivant comment l’occupation de l’espace se convertit en une
lutte pour la défense d’une identité collective. Au sud du pays, les populations mapuches
cherchent à récupérer les espaces funéraires, dont certains, situés au sein de concessions
forestières, se retrouvent inaccessibles pour les populations. Leur récupération constitue
tout autant une stratégie de lutte pour la survie identitaire qu’un enjeu pour les mémoires
collectives. Dans son texte, Jade Latargère, analyse comment des communautés paysannes
mexicaines orientent stratégiquement leurs discours vers la défense de l’environnement
pour protéger une source d’eau qui revêt une importance pour l’identité des habitants et
pour la mémoire collective. Les populations locales contribuent ainsi à construire un
problème public autour de l’accès à l’eau pour rallier l’opinion publique à leur lutte.
Enjeux environnementaux et identitaires s’articulent également dans la lutte menée par
les habitants de la ville turque d’Hasankeyf menacée par un barrage hydroélectrique.
L’article de Gülçin Erdi revient en effet sur les tentatives des habitants pour sauver leur
ville en mettant en avant les risques environnementaux de ce méga-projet plutôt que les
enjeux identitaires liés à la cause kurde, plus conflictuels, dans un contexte de
resserrement autoritaire. En Colombie, Max-Amaury Bertoli rend compte de la manière
dont des collectifs tentent de tirer parti des catégories ethniques existantes pour défendre
leurs territoires et leurs identités. Pour les paysans non indiens, les zones de réserve
paysanne sont un moyen pour obtenir une reconnaissance sur leurs territoires.
Cependant, le multiculturalisme néolibéral, au sein duquel la reconnaissance d’une
identité donne accès à des droits sur un territoire, pousse paysans et Indiens partageant
un même espace à valoriser leurs identités allant parfois jusqu’à l’affrontement. Ce sont
ces ambivalences et ces difficultés à mettre en œuvre la résistance que détaille l’auteur à
partir d’une enquête menée dans le sud du pays.
4 Si ces quatre premières contributions insistent toutes, à leur manière, et à partir de
terrains différents, sur les liens entre appropriation spatiale et identités, trois autres
contributions prolongent la réflexion collective afin de comprendre comment, pour mener
à bien leurs résistances, les habitants des campagnes des Suds développent différents
types de stratégie en s’appuyant sur un ensemble de ressources auxquelles ils peuvent
avoir accès. Ainsi, Chloé Nicolas Artero décrit finement les stratégies silencieuses et
juridiques développées par les usagers de l’eau dans la région semi-aride du nord du Chili.
Ces acteurs se différencient des grands mouvements sociaux pour l’accès et la défense de
l’eau sur le continent latino-américain en détournant et en s’appropriant les instruments
☝🍪
légaux. Refusant de participer à des actions collectives plus visibles et au sein desquelles
les populations paysannes se sentent peu représentées, ces usagers «  jouent  » avec les
Ce règles de la réglementation
site utilise des cookies etnéolibérale de gestion de l’eau au Chili pour tenter de défendre
vous
leurdonne
droit à le contrôle
l’eau. sur met ainsi en exergue les rapports de classe entre nouveaux et
L’auteure
ceux quehabitants
anciens vous souhaitez
et la spécificité locale de la construction des luttes territoriales. Au
Burkina activer
Faso, Assonsi Soma présente un dilemme caractéristique des luttes territoriales
dans les espaces périurbains à travers le cas d’un projet de construction d’un hôpital dans
une forêt protégée aux abords de la ville de Bobo-Dioulasso. Différents acteurs s’opposent
et font valoir leurs arguments, les uns pour promouvoir la construction d’un hôpital pour
remédier au déficit d’accès à la santé, les autres afin de défendre l’importance de la forêt et
des sources d’eau. L’auteur analyse le rôle des différents acteurs, fonctionnaires et
planificateurs, partis politiques, ONG internationales et coalitions locales de citoyens
nouvellement organisés autour de la préservation de la forêt. L’article rend compte des
résistances des habitants situés entre ville et campagne face à des projets d’infrastructure
qui s’imposent à eux sans qu’ils en soient informés et consultés et donne à voir un conflit
qui oppose différentes visions de l’intérêt général. Enfin, à l’opposé de ce que l’on entend

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classiquement par «  résistance territoriale  », Léa Lebeaupin-Salamon analyse les


processus d’adhésion aux activités minières dans le Mina Gerais brésilien. À rebours des
luttes, même silencieuses et discrètes, menées par les habitants des campagnes, l’auteure
montre que les habitants vivant à proximité des barrages miniers défendent l’entreprise
pourvoyeuse d’emplois. Les politiques entrepreneuriales et les divers dispositifs locaux de
responsabilité sociale qui rendent l’entreprise omniprésente et incontournable expliquent
en partie ce sentiment d’appartenance des populations au secteur minier dans un contexte
où celles-ci sont devenues dépendantes des revenus fournis par l’activité minière.
5 Au final, tous les textes réunis dans ce second volume mettent en avant, à leur manière,
les limites des processus de résistances territoriales et les blocages parfois inhérents aux
collectifs organisés. Les habitants des campagnes s’opposent parfois entre eux quant aux
formes organisationnelles à choisir, aux causes à défendre et aux moyens à mettre en
œuvre. Ces luttes ne sont donc jamais lisses et dépourvues de conflictualités locales. Les
transformations rapides et violentes des espaces ruraux des Suds façonnent et perturbent
parfois les collectifs, leurs identités et leurs formes de vie, ce qui peut mener à des
divisions profondes entre habitants d’un même espace (anciens/nouveaux, péri-
urbains/ruraux, indiens/non indiens). « Faire avec » le cadre juridique national ou contre,
utiliser l’identité locale et/ou ethnique ou la transformer, défendre ou non l’entreprise
extractive  : les pratiques de résistance sont diverses et invitent à porter une attention
particulière aux contextes sociopolitiques dans lesquels elles prennent racine.

Atouts de la comparaison des mondes


ruraux des Suds
6 L’élaboration de ce dossier constitué de deux volumes et la comparaison entre la
diversité des études de cas nous amènent à plusieurs constats.
7 Il convient de remarquer, d’abord, que les auteurs font l’usage de bagages théoriques
distincts pour rendre compte de la résistance. Nous avons rappelé que l’étude des
mouvements sociaux autour de la défense du territoire et des résistances rurales a jusqu’à
maintenant davantage porté sur des cas latino-américains, nourris par les réflexions sur le
tournant «  éco-territorial  » des luttes et sur l’extractivisme. On remarque dès lors que
plusieurs des textes sur l’Amérique latine, ceux d’Etienne-Greenwood, en Argentine, de
Nicolas-Artero au Chili, de Latargère au Mexique, et de Laurent en Colombie, mobilisent
plus aisément le registre de l’action collective et des résistances historiques que les auteurs

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des cas africains. En effet, Baticle et Boutinot, dans leur texte sur le Cameroun, tout
comme Soma, dans son travail sur le Burkina Faso, insistent d’abord sur les
Ce transformations
site utilise des des espaces
cookies et ruraux et leurs conséquences sur les populations. Cela est en
vous donne le contrôle sur d’outils théoriques et aux disciplines des auteurs, mais peut
partie dû à la disponibilité
également
ceux rendre
que vous compte des contraintes spécifiques des situations étudiées. L’expression
souhaitez
activer
d’une contestation peut être plus difficile pour des populations rurales en contexte
autoritaire, tout comme il est délicat d’y réaliser des enquêtes et d’observer ces résistances.
Cela ne doit pas occulter le fait que, depuis plusieurs années, des réflexions sur différents
pays africains sont venues nourrir le débat sur la structuration et la politisation de
mouvements paysans autour de la défense de ressources foncières ou de la promotion de
l’agroécologie (Pesche, 2009 ; Lavigne Delville et Saïah, 2015 ; Bottazzi et Boillat, 2021).
De même, alors que l’autoritarisme des dernières décennies au Maghreb a laissé peu de
place à l’analyse des dynamiques sociopolitiques dans les espaces ruraux, que le « déficit
de mobilisation des paysans maghrébins » (Bessaoud, 2016 : 132) a été signalé, le travail
de Benidir sur le Maroc contribue au renouvellement des analyses sur les campagnes au
sud de la Méditerranée et s’inscrit dans la continuité de publications récentes centrées sur

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l’étude des facteurs de mobilisation des agriculteurs et l’analyse des stratégies collectives
pour la défense des ressources et des territoires (Fautras, 2015 ; Gana, 2018).
8 Si ce numéro invite par conséquent à penser la circulation de modes d’action et de
concepts permettant de rendre compte d’une diversité de pratiques, il doit également être
souligné qu’il apporte davantage de nuances par rapport à une vision, parfois romantique,
de mondes ruraux « en lutte » contre le néolibéralisme. En mettant davantage l’accent sur
les résistances plutôt que sur les mouvements sociaux les plus visibles, nous avons reçu
des articles provenant de pays et de régions relativement moins étudiés pour l’activisme
environnemental en Amérique latine comme les zones minières du Brésil, le nord du Chili
ou la Colombie, trois pays qui ont connu des transformations profondes de leurs
économies agraires au cours des dernières décennies. Sur ces terrains, les auteurs mettent
d’ailleurs en exergue des mobilisations en situation de contrainte (poids des entreprises,
contraintes constitutionnelles, contextes de violence) qui pèsent durablement sur les
possibilités de mobilisation sociale. D’autres textes, comme ceux de Baticle et Boutinot sur
l’espace forestier au Cameroun, ou celui de Soma sur la périphérie de Bobo Dioulasso,
portent sur des luttes très localisées, qui se politisent difficilement. On le constate aussi à
travers les contributions de Nicolas-Artero sur le Chili, d’Erdi sur la Turquie, ou de
Garrault sur la Cisjordanie, ce qui rend compte des difficultés, pour les acteurs ruraux, de
globaliser ces résistances.
9 Il est par ailleurs important de signaler que les contributions qui entrent dans ce dossier
ont proposé des approches méthodologiques variées qui éclairent davantage sur les
processus de résistance territoriale dans les campagnes des Suds. Ainsi, les travaux de
Varnier, sur le Chili, ont reposé sur une analyse minutieuse de la photographie qui donne
la mesure de cette stratégie d’appropriation de l’espace si singulière mise en œuvre par les
populations mapuches. Pour Erdi, en Turquie, et Benidir, au Maroc, l’usage de l’image est
également central, et signale comment les populations locales se servent de supports
visuels pour faire exister leurs revendications au-delà du contexte local. Etienne-
Greenwood, en Argentine, fait reposer son étude sur une démarche compréhensive quand
Soma, au Burkina Faso, Lebeaupin-Salamon, au Brésil, et Nicolas-Artero au Chili,
proposent de confronter les points de vue des acteurs afin d’identifier les mécanismes – et
les blocages – des processus de résistance qu’ils étudient.
10 Enfin, la comparaison des différents cas d’étude présentés dans ce numéro permet de
dépasser les approches culturalistes de la résistance. Les auteurs discutent d’ailleurs la
place de l’ethnicité et mettent en exergue les stratégies de reconnaissance territoriale
menées au nom de l’identité par une pluralité d’acteurs locaux  (communautés
autochtones, habitants «  ancestraux  », paysans, Afro-descendants, etc.). Par exemple, la
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lecture croisée des travaux de Baticle et Boutinot sur le Cameroun, de Laurent sur la
Colombie, et de Benbabaali sur l’Inde, permet de comprendre que les luttes territoriales se
Ce confondent
site utilise avec des luttesetpour la reconnaissance d’identités particulières permettant de
des cookies
vous donnedes
préserver le contrôle
espaces desur
vie, de production agricole, de chasse, d’accès aux ressources et
ceux
doncque auxvous souhaitez
revenus. Revendications socioéconomiques et politiques se conjuguent ainsi
activer modalités. Les auteurs mettent également en avant les difficultés des
suivant différentes
acteurs sociaux à se construire dans des contextes où plusieurs processus d’assignations
identitaires ont été mis en œuvre au cours de l’histoire, que ce soit par des textes
constitutionnels, comme le montre les articles de Bertoli sur la Colombie, par la
délimitation de frontières héritées de la colonisation, à l’instar de ce que décrivent Baticle
et Boutinot sur le Cameroun et Garrault sur la Cisjordanie, ou par le pouvoir politique ou
des groupes sociaux dominants. Dans tous les cas les auteurs soulignent les limites des
politiques de reconnaissance du multiculturalisme pour la protection effective des
territoires et des identités des habitants ruraux. Souvent, ces derniers sont poussés à
«  jouer  » avec les identités attribuées tout en valorisant la pluralité des sentiments

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d’appartenance à leur territoire et des cosmovisions locales, comme le signalent les


contributions de Latargère sur le Mexique ou celui d’Etienne-Greenwood sur l’Argentine.

Perspectives : penser la domination dans


les campagnes des Suds
11 En définitive, l’étude des résistances territoriales proposée dans ce numéro prend ses
distances avec les analyses en termes de NIMBY (« Not in my backyard ») qui résume les
contestations rurales à des oppositions locales sans profondeur politique plus large. Si
plusieurs des auteurs mentionnent et associent leurs analyses à ce slogan à la résonnance
internationale, il est remarquable toutefois que les habitants des espaces ruraux ne
s’opposent pas seulement à des projets imposés sur leurs territoires, mais aussi et surtout
à la transformation progressive ou brutale de leurs manières de vivre et d’être en relation
avec leur environnement. La mise en perspective historique qui caractérise une grande
partie des articles réunis permet d’insister sur la multiplicité des injustices ressenties.
Ainsi, l’attention portée aux résistances territoriales permet de préciser et de redéfinir les
luttes dites « environnementales » dans les Suds. Les analyses proposées dans ce numéro
replacent l’exploitation de la nature dans une perspective sociohistorique pour donner un
autre éclairage aux luttes pour la défense de l’environnement qui ne se résument pas à un
engouement récent pour l’écologie. Les contributions insistent également sur le fait que les
résistances territoriales articulent enjeux de survie économique et identitaire à des enjeux
environnementaux, tant la perte d’accès à l’eau, aux forêts et aux espaces agricoles est
critique pour les habitants des campagnes. Les populations rurales valorisent de
différentes manières leur relation à l’environnement, par un lien identitaire (les Baka au
Cameroun), une cosmovision particulière (les Indiens en Colombie et au sud du Chili),
mais peuvent aussi utiliser l’enjeu environnemental pour sensibiliser sur leurs luttes
territoriales, comme le signale Latargère dans son texte sur le Mexique. Il est donc difficile
de catégoriser ces formes de luttes sous une appellation générique de «  conflits socio-
environnementaux ». Dès lors, plusieurs pistes de recherches stimulantes sont ouvertes à
la lecture de ce numéro.
12 La première est l’invitation faite par les différents cas d’étude et leur comparaison à
penser les formes de domination qui s’exercent uniformément sur les campagnes des Suds
mais différemment selon les contextes sociopolitiques. Les réflexions menées sur les
différentes formes de résistance ne peuvent faire l’impasse d’une contextualisation

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sociohistorique des formes de domination qui se superposent sur ces espaces et ces
populations. Dominations coloniales, néocoloniales, volonté des États de fixer les
Ce populations,
site utilise desimpératifs
cookies etdéveloppementistes et politiques néolibérales d’ouverture
vous donne le contrôle sur les zones rurales. Les espaces étudiés ont connu différentes
commerciale, ont transformé
phases
ceux quedevous
«  ruées vers l’or  », vers les ressources, qu’elles soient énergétiques (mines,
souhaitez
pétroles, activer
etc.) ou agroindustrielles (agriculture intensive, exploitation du bois, etc.) depuis
les premières politiques agraires jusqu’aux nouvelles formes de gouvernementalité
environnementale (voir le débat sur les aires protégées, la conservation et l’usage de ces
espaces par les habitants par exemple, très présent dans les cas camerounais et burkinabé
de ce numéro).
13 La deuxième invitation porte sur l’étude de la pluralité des acteurs de la domination et
les différentes formes d’appropriation privée et publique de l’espace. Les actions des États,
des institutions financières internationales, des entreprises nationales et étrangères ainsi
que des groupes sociaux dominants ont un impact, à différentes échelles, sur le quotidien
des populations rurales et contribuent à la transformation souvent très rapide de ces
espaces. L’ouverture des marchés agricoles et la globalisation des flux de matières

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premières entraînent par exemple une mise en concurrence accrue entre les campagnes
des Suds pour la production de biens alimentaires et de ressources. Il est donc intéressant
de comprendre l’enchâssement de ces différentes formes de domination ainsi que les
transformations des acteurs et des pratiques d’autorité sur les populations rurales.
14 Pour conclure nous avons également souhaité, avec ce numéro double, proposer une
autre vision des mondes ruraux des Suds dans la mondialisation et rappeler la légitimité
d’étudier ces espaces pour rendre compte des transformations plus profondes qui affectent
les sociétés contemporaines. La comparaison des articles et études de cas donne à voir des
campagnes qui ne défendent pas une vision passéiste ou archaïque des luttes agraires et
des résistances qui ne sont pas si facilement identifiables comme des luttes
environnementales. Ces résistances signalent cependant la grande vulnérabilité d’acteurs
qui subissent de plein fouet la course aux matières premières accentuée au cours des
dernières décennies, ou l’autoritarisme de certains États dans la mise en œuvre de projets
d’aménagement. Pour résister les habitants des campagnes utilisent différentes
ressources, se réapproprient leurs espaces, inventent de nouveaux modes d’action,
recherchent des alliés au sein des villes, réinvestissent différemment leur identité et
tentent de « faire avec » les différents contextes de contrainte et de marginalisation. Ainsi,
nous espérons que les contributions de ce dossier «  hors norme  » permettront une plus
grande prise de conscience des injustices et des inégalités vécues dans les campagnes des
pays des Suds.

Bibliographie
Bottazzi  P., Boillat  S., 2021. «  Agroecological Farmer Movements and Advocacy Coalitions in
Sub-Saharan Africa  : Between De-Politicization and Re-Politicization  », in Räthzel N., Stevis D.,
Uzzell D. (eds), The Palgrave Handbook of Environmental Labour Studies, Cham, Palgrave
Macmillan, 415-44. DOI : https://doi.org/10.1007/978-3-030-71909-8_18
DOI : 10.1007/978-3-030-71909-8_18
Fautras M., 2015. « Injustices foncières, contestations et mobilisations collectives dans les espaces
ruraux de Sidi Bouzid (Tunisie) : aux racines de la « révolution » ? » Justice spatiale–Spatial justice,
n°  7. URL  : http://www.jssj.org/article/injustices-foncieres-contestations-et-mobilisations-
collectives-dans-les-espaces-ruraux-de-sidi-bouzid-tunisie-aux-racines-de-la-revolution/
Gana A., 2018. « Protestations et action collective en milieu agricole et rural. Enjeux et paradoxes
du processus de changement politique en Tunisie  », in Allal  A., Geisser  V. (dir.), Tunisie, une
démocratisation au-dessus de tout soupçon ?, Paris, CNRS, 57-72.
Lavigne Delville P., Saïah C., 2015. « Fonder sa légitimité par le plaidoyer : Synergie paysanne et
la lutte contre les accaparements fonciers au Bénin  ». Revue Tiers-Monde, n°  224, 103-122. DOI  :

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https://doi.org/10.3917/rtm.224.0103
DOI : 10.3917/rtm.224.0103
Pesche D., 2009. « Constructions du mouvement paysan et élaboration des politiques agricoles en
Ce Afrique
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subsaharienne  : Leetcas du Sénégal  ». Politique africaine, n°  114, 139-155. DOI  :
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Pour citer cet article


Référence papier
Mathilde Allain et Nasser Rebaï, « Introduction », Les Cahiers d’Outre-Mer, 285 | 2022, 5-12.

Référence électronique
Mathilde Allain et Nasser Rebaï, « Introduction », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 285 | Janvier-
Juillet, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 09 mars 2023. URL :
http://journals.openedition.org/com/13595 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.13595

https://journals.openedition.org/com/13595 6/7
9/3/23, 11:11 Introduction

Auteurs
Mathilde Allain
Maîtresse de Conférences en science politique. Université Sorbonne Nouvelle. Institut des Hautes
Études de l’Amérique Latine (IHEAL). Centre de recherche et de documentation sur les Amériques
(CREDA, UMR 7227).

Articles du même auteur


Introduction [Texte intégral]
Paru dans Les Cahiers d’Outre-Mer, 284 | Juillet-Décembre
Nasser Rebaï
Maître de Conférences en géographie. Université Sorbonne Paris Nord. Laboratoire PLEIADE
(UR 7338)

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Paru dans Les Cahiers d’Outre-Mer, 284 | Juillet-Décembre

Droits d’auteur
Tous droits réservés

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