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: Mentor to millions
Publié pour la première fois par Hay House.
ISBN : 978-2-35456-389-9
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Arrivé à mi-chemin de mon allée, j’ai pris conscience que je ne voulais pas
rentrer chez moi.
Pourtant, j’aurais dû en avoir envie. J’avais passé au bureau le type de
journée dont rêve tout entrepreneur. Je l’avais adorée de A à Z. C’était l’une
de ces journées où j’avais pris 100 décisions professionnelles et où 99 fois,
j’avais mis dans le mille. Et même, l’une d’entre elles nous avait permis de
réaliser une vente phénoménale. Mes réunions avaient été très riches, mes
coups de fil fantastiques, tout tournait rond.
Chez moi, mon allée fait environ 500 mètres de long. Dans un virage, il y
a une petite côte. Tant que vous n’êtes pas arrivé en haut, nul ne sait que
vous êtes là. En arrivant à proximité de cette montée, avant que qui que ce
soit me voie à la maison, j’ai arrêté la voiture. Et je suis resté assis.
Je suis resté là, le moteur au ralenti. Je ne voulais pas que l’euphorie de
cette incroyable journée s’arrête. C’était une journée mémorable, tout avait
été idéal ; pourtant, je savais que dès que j’arriverais au bout de l’allée et
que je rentrerais chez moi, je devrais affronter le chaos et la confusion de
ma famille.
L’euphorie serait terminée.
Ce n’était pas leur faute. Ma femme et mes enfants ne comprenaient pas
ce que je faisais. Mes enfants n’étaient même pas capables d’épeler le mot
« entrepreneur », et encore moins de comprendre ce que faisait papa toute la
journée. Je ne pourrais partager avec eux la joie que j’éprouvais ce jour-là.
Car ils ne comprendraient pas. Une fois la porte franchie, je savais que je
serais atteint par la folie familiale et que l’enthousiasme que j’avais ressenti
toute la journée se dissiperait en un instant.
Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? Quand votre entreprise est au bord
de la faillite et que vous allez perdre votre emploi, vous avez une bonne
raison de ne pas vouloir rentrer chez vous. Vous avez une bonne raison de
rester dans votre voiture à tenter de trouver comment vous allez expliquer la
situation à votre famille.
Mais ma situation était exactement inverse. Et pourtant j’étais là, à
réfléchir.
J’avais honte de ne pas vouloir rentrer chez moi. Au fond de moi, je
sentais que si j’étais sur Terre, c’était avant tout pour être père et mari, bien
plus que PDG et entrepreneur. Pourtant, je donnais tout à mes entreprises, et
presque rien à ma famille.
Il est tellement facile de justifier ces décisions en se disant que l’on
subvient aux besoins de sa famille. Qui trouverait à y redire ? Je voyageais
sans cesse et j’étais absent lors des matchs de mes enfants et de divers
événements, parce que je faisais tourner mon entreprise. Et ce pour leur
bien.
Pourtant, en mon for intérieur, je savais que nous sommes tous ici pour
faire autre chose que simplement vendre des gadgets et gagner de l’argent.
Ma famille et mes affaires étaient en concurrence et allaient dans des
directions opposées, au lieu de s’harmoniser.
Ce n’était pas ainsi que les choses étaient censées se passer, mais je ne
savais pas comment changer la donne.
Comment se faisait-il que ma vie familiale fût si difficile, alors que ma
vie professionnelle était si facile pour moi ? Comment se pouvait-il que je
prenne cent décisions professionnelles avec confiance et clarté, alors que la
toute première décision que je devais prendre chez moi semait la pagaille ?
Comment se faisait-il que je veuille rester plus longtemps au travail,
parce que je ne voulais pas que l’euphorie du succès retombe, alors que
j’ignorais les personnes qui m’étaient les plus chères ?
C’est là que j’ai compris.
Et si je m’étais trompé dans mon équation ?
Et si la chose la plus précieuse que je pourrais jamais posséder, diriger ou
même à laquelle je pourrais avoir le privilège de participer n’était pas celle
qui m’avait porté aux nues ce jour-là ?
Et si le plus précieux, c’était ma vie familiale ?
À ce moment-là, rien n’avait encore changé. J’habitais toujours au même
endroit. J’avais toujours la même famille. Je rentrais toujours le soir à la
maison dans le même pick-up que j’avais pris le matin pour aller travailler.
Mais en me posant cette question, mon état d’esprit a changé du tout au
tout. Et tout a basculé.
Dans mon allée, à ce moment-là, j’ai décidé de gérer ma famille comme
mes affaires, au lieu de la considérer comme une obligation ou un
engagement.
Nous serions une véritable entreprise, avec un résultat net et une valeur
d’entreprise. Je me servirais de toutes mes compétences professionnelles et
je les appliquerais à mes affaires familiales. Chaque fois que je prendrais
une note lors des séances de brainstorming et des réunions, j’en prendrais
deux sur la manière d’appliquer ces principes à notre nouvelle aventure
familiale.
J’ai intégré ma famille.
À partir de là, tout ce que je faisais bien dans ma vie professionnelle,
nous le faisions dans notre vie familiale. Nous avons commencé à mettre en
place des réunions familiales le dimanche soir. Nous avons trouvé un logo
et défini une mission. Nous avons des réunions d’actionnaires. Le petit
dernier a le même nombre d’actions dans l’entreprise familiale que moi.
À mon travail, nous utilisons le test de personnalité DISC. Je l’ai
également fait passer à toute ma famille et, que vous le croyiez ou non,
c’est aussi efficace pour les familles que pour les entreprises. Cela a permis
à ma famille de savoir que nous sommes différents. Nos enfants pensaient
simplement que leurs frères et sœurs étaient bizarres. Ils ne comprenaient
pas que nous sommes tous différents.
Même les concepts du marketing se sont appliqués à notre nouvelle
aventure. Nous nous sommes demandé : « Qu’est-ce que cela signifie de
faire partie de la famille Timm ? Que signifie notre nom lorsque nous
sommes à l’école, à l’église ou avec nos amis ? Que représentons-nous ?
Quels sont nos “fonds propres” ? » Chaque famille a effectivement un
résultat net, qui ne se mesure pas nécessairement en monnaie sonnante et
trébuchante. Il est bien plus probable qu’il se mesure sur le plan relationnel
et en matière d’impact.
Tout cela m’a permis d’accepter pleinement mon identité d’entrepreneur.
Ma famille m’a également donné son consentement. Car au lieu de ressentir
de la résistance, voilà le genre de choses que j’entendais : « Papa, va
apprendre d’autres choses pour nous. C’est trop cool. »
Il s’est trouvé que par hasard, ou peut-être pas, en fonction de votre point
de vue, c’est ce qui nous a donné envie de commencer à regarder ensemble,
régulièrement, l’émission de téléréalité Shark Tank, dans laquelle
d’apprentis entrepreneurs présentent leur activité professionnelle à un jury
composé de cinq investisseurs qui décident ou non de les soutenir dans leur
entreprise. Nous étions maintenant une entreprise familiale ; aussi, quoi de
mieux que de regarder ensemble une émission traitant du monde de
l’entreprise ? Mary, ma fille âgée de 10 ans, avait pour membre préféré du
jury Kevin Harrington, entrepreneur de génie et père de l’infopublicité.
La fascination qu’il exerçait sur elle m’a fait réfléchir.
J’avais toujours été très coaching et mentorat. Avant ma révélation dans
mon allée, j’avais voulu être entrepreneur seulement pour gagner de
l’argent au profit de ma famille. Mais désormais, je voulais apprendre aux
côtés des meilleurs entrepreneurs du monde, non seulement pour réussir,
mais également pour intégrer leur savoir et l’appliquer dans ma famille.
Quand je regardais Kevin conseiller chaque semaine des entrepreneurs
prometteurs, je me demandais : « Qui m’a appris le plus d’idées à
transmettre à notre entreprise familiale pour que nous puissions réussir ? »
C’est alors que je me suis souvenu : c’était Zig Ziglar.
Zig avait été mon mentor à l’époque où le hasard m’avait fait devenir
jeune entrepreneur. J’ai rencontré Zig en personne en 1990, au salon de
l’agriculture de Kansas City, dans l’État du Missouri. Après m’avoir écouté
pendant quelques instants, il m’a mis la main sur l’épaule, m’a regardé dans
les yeux et m’a dit : « Jeune homme, je crois en vous. Voulez-vous venir à
Dallas dans le Texas et être mon invité personnel lors de la conférence “Né
pour gagner” ? » Cette conférence était une formation haut de gamme que
Zig destinait à des PDG et à d’autres cadres. J’allais me retrouver au milieu
de tout ce beau monde, moi qui avais été élevé dans une ferme au beau
milieu de nulle part, dans l’État de l’Indiana. À l’époque, on m’avait dit
d’aller à l’école, d’obtenir un diplôme universitaire, puis de me trouver un
bon emploi stable en tant que salarié. Je n’avais pas été éduqué pour
devenir entrepreneur, et on m’avait encore moins inculqué de connaissances
dans ce domaine. J’avais besoin de l’aide de Zig pour trouver le courage de
me lancer dans ma carrière d’entrepreneur, car je n’avais personne pour me
guider. Et comme on dit, le reste est de l’histoire ancienne.
Quoi de mieux pour lancer mon « entreprise » familiale que de
transmettre à mes proches ce que j’avais appris auprès d’eux ?
C’est donc exactement ce que j’ai fait.
C’est ainsi que les membres de ma famille se sont imprégnés des
enseignements de Zig. Je leur ai appris la motivation, l’inspiration et le bon
état d’esprit, comme il l’avait fait pour moi. Mon fils Markus a écouté au
moins dix-sept fois le premier discours de Zig, intitulé « des biscuits, des
puces et des poignées de pompe », au point qu’il peut pratiquement le
réciter mot pour mot.
Il était magnifique de regarder mes enfants non seulement s’ouvrir à la
sagesse de Zig, mais surtout l’intégrer et l’appliquer. Notre petite entreprise
familiale commençait à tenir la route, et le fossé entre mon entreprise et ma
famille était ainsi comblé comme jamais je ne l’aurais cru.
Mais quelque chose manquait toujours.
Je ressentais toujours un trou qui n’était pas comblé par les événements
et je ne comprenais pas de quoi il s’agissait, du moins au début. Et puis,
alors que je continuais à former mes enfants, j’ai un jour eu un déclic. J’ai
pris conscience que je n’avais moi-même pas de mentor.
Bien sûr, Zig m’avait appris beaucoup de choses par le passé, mais
essentiellement en matière de motivation et d’inspiration.
Mais je me retrouvais là, désormais entrepreneur et mentor, sans avoir
moi-même de modèle pour m’accompagner dans ma vie.
Et pour la première fois, j’ai ressenti une absence. C’était comme s’il y
avait dans ma vie un trou dont je n’avais jusque-là pas eu conscience. Je ne
savais pas où trouver un mentor. Car la seule relation de mentorat que
j’avais jamais eue dans ma vie s’était faite à distance, et Zig était décédé
depuis longtemps.
Où un adulte trouve-t-il un mentor ?
Ne sachant pas comment gérer la situation, j’ai pris mon mal en patience,
mais je me sentais frustré. Un jour, Mary l’a remarqué alors que nous
regardions Shark Tank.
« Papa, qu’est-ce qui ne va pas ? »
Ayant pour principe d’être tout à fait honnête avec mes enfants, je lui ai
répondu :
« Eh bien, ma chérie, je me disais que je suis votre mentor, mais que moi-
même, je n’en ai pas. Je voudrais en trouver un, mais je ne sais pas
comment faire.
– Moi, je sais, papa ! Pourquoi ne demandes-tu pas à Kevin Harrington
d’être ton mentor ? »
J’ai ri. Son enthousiasme était très chaleureux et communicatif. Mais je
ne me faisais pas d’illusions : je n’avais aucune chance.
Je lui ai expliqué que Kevin s’occupait de plus de vingt entreprises et
qu’il générait des centaines de millions de dollars de profit. Il était le
modèle même de l’entrepreneur à succès et on le demandait partout dans le
monde. Il était certain qu’il n’aurait pas de temps à consacrer à quelqu’un
comme moi. Mais Mary n’était pas du genre à baisser les bras si facilement.
« Mais papa, dans cette émission, Kevin aide des entrepreneurs comme
toi ! Pourquoi est-ce qu’il ne t’aiderait pas ? Je te parie qu’il le ferait, tu as
juste à lui demander. Zig Ziglar ne dit-il pas que dans la vie, tu peux avoir
tout ce que tu veux à condition de simplement aider suffisamment de
personnes à obtenir ce qu’elles veulent ? »
J’ai ri. L’élève devenait déjà professeur.
« Oui, c’est vrai qu’il dit ça. D’accord, Mary, je vais regarder. »
Je dois avouer que je me suis senti très mal à l’aise, car je lui ai menti. Je
lui ai répondu en sachant que jamais je ne le ferais.
Et c’est ce qui s’est passé. Je suis un entrepreneur qui prend des risques,
mais je suis aussi réaliste. J’allais devoir trouver un mentor ailleurs.
Plusieurs mois se sont écoulés. Les choses se déroulaient tellement bien
au sein de ma famille que j’ai décidé de rentrer en contact avec la famille
Ziglar et de leur faire part de notre petite expérience. Ils sont
immédiatement tombés amoureux du concept, au point que nous avons
décidé de monter une entreprise commune appelée « Ziglar Family », dont
le but était d’aider les familles à passer de la survie au succès.
Un jour, alors que nous collaborions et que le projet commençait à tenir
la route, le PDG de Ziglar Family m’a appelé. Il voulait étendre le
programme et j’avais quelques idées à ce sujet.
« Mark, ces idées sont formidables. Je veux aussi que vous parliez, et
éventuellement travailliez, avec l’un des conseillers de notre entreprise.
Vous avez peut-être entendu parler de lui. Il est très connu.
– Ah oui ? De qui s’agit-il ?
– Kevin Harrington. Il participe à Shark Tank. Vous regardez cette
émission ? »
Je n’en croyais pas mes oreilles.
Je me suis même mis à rire à gorge déployée au téléphone. J’ai dû
expliquer au PDG que je ne me moquais pas de cette idée, et qu’en réalité,
bien sûr, je l’adorais.
Je suis religieux, mais si je ne l’avais pas été, cela aurait peut-être suffi à
me faire croire en Dieu. Car sérieusement, quelle probabilité y avait-il que
je tombe sur Kevin Harrington ?
Kevin et moi avons eu notre premier coup de fil et immédiatement, nous
nous sommes bien entendus. Plus tard, il y en a eu d’autres, pendant
lesquels j’étais le plus souvent installé à la table de ma cuisine, avec Mary à
mes côtés, qui écoutait attentivement.
Kevin a rapidement accepté que nous travaillions ensemble sur le projet
Ziglar, et de même que la nouvelle était géniale et palpitante, il est devenu
évident, presque immédiatement, que dans les discussions basiques, il
m’apprenait plus de choses que je n’en avais jamais apprises par moi-même
dans ma vie d’entrepreneur. Il était en train de devenir mon mentor, sans
même s’en rendre compte.
Dans la mission que je m’étais donnée et qui était de former mon
entreprise familiale, j’avais trouvé le mentor et les enseignements que je
cherchais. Mais je voulais aller plus loin. Beaucoup plus loin. Non
seulement je voulais son savoir, mais aussi de son temps, pour pouvoir aller
plus loin qu’une simple relation de mentorat. Je voulais tisser des liens
basés sur la confiance et le respect.
Depuis, Kevin et moi-même nous sommes lancés ensemble dans de
nombreuses aventures. Au moment de la rédaction de ce livre, nous avons
dix projets communs, tout cela grâce à ce premier projet. Certains auront un
rendement bien plus important que le premier, mais sans lui, nous n’aurions
jamais nourri de liens. Ce premier projet nous a permis de prendre
conscience que nous apprécions vraiment de travailler ensemble, mais aussi
que nous nous estimons et nous respectons.
Cela m’a également permis de constater personnellement que le succès
de Kevin n’était pas le fruit du hasard et qu’il n’avait rien à voir avec la
chance.
Et cela m’a aidé à me rendre compte que moi aussi, j’avais des choses à
lui apporter. Il m’a fallu quelques années pour en prendre conscience, mais
au fil du temps, c’est apparu plus clairement.
Cela a commencé la première fois où je lui ai demandé : « Comment se
fait-il que tu aies été capable de monter autant d’entreprises générant un
minimum de 100 millions de dollars ? »
Il m’a répondu d’une manière qui était pertinente sur le moment et cela
m’a permis d’apprendre beaucoup de choses.
Mais quelques semaines plus tard, alors qu’on lui posait une question
similaire dans un contexte très différent, il a donné une autre réponse de
qualité, quelque peu différente de la précédente au vu du contexte.
J’ai vu cela se reproduire de multiples fois. Kevin savait parfaitement ce
qu’il faisait, mais il ne savait pas comment l’expliquer en se référant à un
système ou à une formule peaufinés pendant des décennies de résultats
réguliers.
Pourtant, plus je passais de temps en sa compagnie, plus il devenait
évident que dans ses efforts entrepreneuriaux, il y avait bien une formule
qu’il n’avait de cesse d’utiliser.
J’ai commencé à vouloir absolument comprendre de quoi il s’agissait.
C’est devenu une mission personnelle. Comment faisait-il ?
Il était tellement rare de voir quelqu’un réussir une, voire deux fois, mais
que dire de vingt fois ? Quand quelque chose se reproduit si souvent, il n’y
a rien d’accidentel, il n’y a pas de coïncidence. Il y avait bel et bien un
modèle, que j’étais déterminé à comprendre.
Et ce que j’ai découvert a été pour le moins incroyable. C’était un tel
modèle d’entrepreneuriat et de sens des affaires que je ne pensais même pas
que cela puisse être possible.
Dans ce livre, je vais vous faire part de ce que Kevin m’a appris.
Je veux que vous viviez ce que j’ai moi-même vécu, non seulement mon
changement de mentalité en matière d’affaires, mais aussi l’évolution de
mon interaction avec ma famille.
Ce que j’ai appris aux côtés de Kevin a eu un impact spectaculaire sur la
relation que j’ai avec mes enfants et ma femme. Presque toutes mes
relations sont beaucoup plus profondes et fortes aujourd’hui qu’à l’époque
où, quand je rentrais chez moi, j’étais un simple père et mari, laissant de
côté l’entrepreneur en moi.
Ce que vous allez lire n’est pas seulement mon interprétation des propos
de Kevin. Vous allez m’accompagner dans mon aventure et vous allez
entendre les paroles telles qu’elles sont sorties de sa bouche. Mon seul rôle
ici est de les synthétiser en un cadre qui vous sera utile dans votre vie. Je
vous décrirai comment j’ai pu appliquer ses leçons non seulement dans ma
vie personnelle, mais aussi dans ma vie professionnelle et dans ma vie
familiale.
J’ai appris à améliorer ces deux dernières. J’ai aussi appris à développer
une amitié, tout comme l’a fait Kevin, dans notre aventure commune.
Chapitre 1
MAIS POURQUOI, KEVIN ?
Tel père, tel fils
L’entretien d’allées
Trois heures plus tard, nous nous sommes fait livrer du poulet ; Mary et moi
avions annulé toutes nos autres activités de la journée. Nous étions fascinés.
Kevin continuait de parler et personne n’allait l’en empêcher.
« À l’âge de 15 ans, j’ai lancé mon entreprise d’entretien d’allées, a-t-il
poursuivi.
– À 15 ans ? s’est exclamée Mary, les yeux écarquillés.
– Oui, à 15 ans. Comme je l’ai dit, j’avais très envie d’avoir ce que
possédaient mes amis riches, mais j’allais l’obtenir par moi-même. Il y avait
un de mes camarades d’école dont la famille avait une entreprise de
bitumage et d’entretien d’allées depuis trente ans, et vivait plus haut dans
l’une de ces grandes et nouvelles villas. Cet ami m’a dit que si j’avais envie
de me lancer dans cette activité, il pourrait me fournir les matériaux.
J’ai commencé à prendre mon vélo pour aller taper à la porte des
différentes maisons du quartier. Je suis allé chez vingt voisins, pour être
exact. La première réaction était toujours : “Qui es-tu ? Où est le
propriétaire de l’entreprise ? Où se trouve ton père ?” Ils pensaient que je
venais demander à leur enfant de venir jouer.
Et puis, mon beau-frère s’en est mêlé et m’a dit : “Fais la mienne
gratuitement, et je te ferai ton premier témoignage.” Je lui ai rétorqué qu’il
devait couvrir les frais liés aux matériaux, ce qui représentait à l’époque
18 dollars. Il a accepté et nous avons pris des photos avant et après. J’ai fait
un travail parfait et j’ai mis un écriteau sur sa pelouse. Après ça, presque
tout le monde m’a voulu. J’ai annoncé que mon premier client dans le
quartier n’aurait à payer que 20 dollars, tant qu’il me laissait prendre des
photos comme je l’avais fait avec mon beau-frère. Parmi les
vingt personnes qui avaient refusé la première fois, dix-huit m’ont dit oui
lorsque je suis retourné les voir. Ça leur a coûté 100 dollars chacun. Quand
je leur montrais la transformation magique chez leurs voisins, ils étaient
convaincus.
Nous avons rapidement commencé à nous développer, c’est-à-dire qu’il
nous a fallu de grandes quantités d’enduit, donc un camion. Mais à 15 ans,
je n’avais pas le permis. J’ai acheté un pick-up avec l’argent que j’avais
gagné, ainsi que des seaux de 200 litres, ce qui nous a permis de faire
beaucoup d’économies, car désormais, nous achetions de l’enduit en gros.
On déposait directement l’enduit dans les allées, en procédant comme à la
chaîne. Je gagnais 1 000 dollars par semaine. C’est comme cela que j’ai
trouvé l’argent qui m’a permis de m’acheter ma première voiture. »
Le tournant
Lorsque Kevin a vendu son entreprise, son état d’esprit a changé du tout au
tout. Ce changement allait influencer pour toujours sa façon de faire des
affaires et allait faire de lui un modèle parmi les entrepreneurs, car c’est ce
qu’il est vraiment.
« À la suite de mon expérience dans cette entreprise, a continué Kevin,
j’ai décidé que je ne voulais plus m’occuper des ventes. Il me fallait trouver
une nouvelle façon de faire des affaires. La vente de mon entreprise m’avait
rapporté de l’argent et j’étais un jeune entrepreneur. Le monde était à moi.
Je me suis lancé dans l’exploration de la moindre opportunité qui passait
par là. J’ai épluché les magazines spécialisés. À l’époque, j’ai rencontré un
homme, Neil Balter, propriétaire d’une entreprise à Los Angeles appelée
California Closets.
Neil avait vendu quelques franchises et il m’a dit que moi aussi, je
devrais devenir franchiseur. Il m’a raconté qu’il avait quelques prospects
qui l’avaient appelé depuis l’Ohio et il m’a demandé de vendre quelques
franchises pour son compte, contre une commission, jusqu’à ce que je
trouve ma voie.
J’ai discuté avec certaines de ces personnes, mais elles n’étaient pas
menuisiers de profession et au bout du compte, elles n’étaient pas
intéressées. J’ai donc demandé à Neil si je pouvais leur trouver autre chose.
Il a accepté et j’ai donc raconté à mes prospects les trente autres activités
dont j’avais eu connaissance en faisant mes recherches. »
C’est ainsi que Kevin est devenu courtier en franchises et qu’est né
Franchise America.
« J’ai commencé à créer des partenariats avec certains franchiseurs et à
m’associer avec eux. Là-dessus, il m’a fallu obtenir un permis pour
travailler dans l’immobilier et j’ai créé une entreprise que j’ai baptisée
Harrington Enterprises. Tandis que je vendais ces franchises, autour de la
table des négociations, j’ai découvert que mes clients n’avaient personne
pour faire leurs comptes, pour gérer leurs statuts ou pour s’occuper de leurs
besoins juridiques. J’ai pris conscience que non seulement ces personnes
avaient besoin de moi pour acheter des entreprises, mais en plus, mon aide
leur était nécessaire sur toute la ligne.
J’ai rebaptisé mon entreprise The Small Business Center. C’était un
centre multiservice, le premier espace de partage de bureaux au monde.
Nous avons ouvert le premier espace de coworking ! J’ai loué un espace de
travail à des avocats, des comptables et à des agents publicitaires, et je leur
ai donné accès à tous ces franchiseurs. C’était génial !
À cette époque, j’ai également lu Rendez-vous au sommet, de Zig Ziglar.
C’est la création de The Small Business Center, ainsi que l’inspiration et la
motivation que j’ai trouvées dans les propos de Zig, qui ont constitué un
tournant pour moi. J’ai revu toute ma mentalité en affaires et j’ai tiré un
trait sur mon passé. »
Au total, nous avons passé quelque six heures à parler de la vie de Kevin,
de comment tout avait commencé et des raisons pour lesquelles il fait ce
travail, c’est-à-dire comment il est devenu ce modèle pour les
entrepreneurs. Il a passé les trente premières années de sa vie à apprendre à
devenir un entrepreneur de classe mondiale, puis les trente années suivantes
à l’incarner.
Aujourd’hui, il projette de passer les trente prochaines années à
enseigner, à partager ses recettes et à transmettre ce qu’il a appris dans sa
vie. Kevin n’a pas envie qu’on se souvienne de lui pour ce qu’il a fait, mais
pour le nombre de personnes qu’il a aidées à faire la même chose que lui.
C’est la raison pour laquelle nous avons écrit ce livre.
À la fin de cette journée, je n’avais plus aucun doute : il me fallait Kevin
Harrington comme mentor et je savais qu’un jour, cette histoire, la véritable
histoire de sa vie, devrait être écrite. Il n’était pas seulement la personne qui
était à l’origine des histoires que nous avions tous entendues, c’est-à-dire
qu’il n’était pas seulement l’inventeur de l’infopublicité ou l’un des
fondateurs de l’Entrepreneur’s Organization. Il y avait tellement d’autres
expériences qu’il avait vécues. Son histoire avait pour fondement l’entretien
d’allées, son père et le secteur dans lequel il avait vraiment appris à vendre :
celui des chaises hautes pour bébé.
C’est sa dernière histoire qui m’a vraiment intrigué. Le début de ce
changement d’état d’esprit allait être un tremplin qui allait permettre à
Kevin de voir son illustre carrière couronnée de succès.
Je devais en savoir plus.
Chapitre 2
LE BON ÉTAT D’ESPRIT
Ce que j’ai appris de Kevin tient en grande partie au fait que plus nous
travaillions ensemble, plus j’avais personnellement accès à lui sans
personne d’autre autour. Nous avons souvent voyagé ensemble et passé du
temps dans les hôtels.
L’un de nos premiers déplacements est survenu quelques mois après que
nous sommes devenus associés. À l’époque, nous ne nous connaissions pas
encore très bien. Après avoir passé la journée dans l’avion qui nous
conduisait de la Floride à la Californie, une voiture nous a emmenés à notre
hôtel. Le lendemain, Kevin allait être l’intervenant vedette d’un congrès.
Pourtant, en arrivant à l’hôtel, après 23 heures, on nous a annoncé qu’il ne
restait qu’une chambre, la mienne.
L’hôtel avait commis une erreur, ils pensaient que Kevin devait arriver la
veille. Comme il ne s’était pas présenté, ils avaient annulé sa réservation et
avaient donné sa chambre à quelqu’un d’autre. Ainsi, l’intervenant principal
d’un événement qu’ils accueillaient se retrouvait sans chambre et
l’organisateur de l’événement étant déjà parti se coucher, on ne pouvait le
joindre. Tandis que la pendule qui se trouvait derrière l’employé de la
réception indiquait presque minuit, je lui ai demandé où se trouvait l’hôtel
le plus proche et s’il pouvait m’aider à trouver une chambre, car il était clair
que j’allais laisser la mienne à Kevin.
« Il est tard, nous sommes tous les deux fatigués, a dit Kevin à l’employé.
Nous allons partager la chambre.
– Oh, mais… Vous devez savoir qu’il n’y a qu’un seul lit king size. »
Nous nous connaissions à peine. Kevin avait fait le déplacement d’une
traite. Il avait ses habitudes, et moi les miennes, mais les choses étaient
ainsi. Nous devions tirer parti d’une situation inconfortable, et c’est ce que
nous avons fait. Avant d’aller nous reposer, nous avons tous les deux utilisé
une dernière fois nos talents de négociateur de toute une vie avec l’employé
de la réception, et même si nous n’avons pas pu obtenir de chambre
supplémentaire, nous nous sommes débrouillés pour obtenir deux lits
doubles au lieu d’un seul très grand lit. Le lendemain, on nous a donné deux
suites. Kevin a même eu la suite présidentielle. Je n’ai pas souvenir d’avoir
vu une chambre d’hôtel aussi grande de toute ma vie. C’est ce genre
d’expérience qui nous a permis de nous connaître de mieux en mieux. C’est
dans ces moments que j’ai commencé à me poser des questions. Car j’ai vu
que quand il n’était pas face à la caméra, c’est là qu’il était le plus
vulnérable. J’ai entendu des histoires dont je n’avais jamais eu connaissance
au sujet de l’époque où il avait vendu des chaises hautes de qualité à de
nouveaux parents et au sujet de son père, un héros de la Seconde Guerre
mondiale.
Tout en découvrant sa vie privée, j’ai pu, lors de nos déplacements
ensemble, le voir à l’action, négociant des affaires et des transactions,
intervenant lors de conférences téléphoniques et prenant la parole lors de
divers événements. J’ai compris comment Kevin Harrington était devenu
Kevin Harrington, cet entrepreneur modèle, cette star du monde des
affaires.
C’est également ainsi que j’ai commencé à me rendre compte qu’il y
avait des actes, des comportements et des modes de pensée qui sous-
tendaient tout ce qu’il faisait. Il y avait derrière sa réussite un véritable
secret, et si lui n’était pas précisément en mesure de le décrire, moi, je le
pouvais. Je me suis aperçu très rapidement que je pouvais verbaliser ce
qu’il faisait de manière répétitive et qui était en très grande partie à l’origine
de son succès.
Des transactions équitables
Kevin adore faire des transactions, mais elles doivent être équitables. Et
même, son intérêt est avant tout de s’assurer qu’une affaire va être
équitable, avant même de savoir si elle va rapporter ou non. Lui et moi
avons négocié plusieurs bonnes affaires qui n’étaient pas nécessairement
des plus équitables ; et en toute honnêteté, cela n’a jamais marché.
« En règle générale, quand on négocie une bonne affaire, tout le monde
n’est pas gagnant, explique Kevin. Il y en a un qui gagne et l’autre qui perd,
et dès que l’activité décolle, le perdant se retire et il n’y a plus d’évolution
possible.
Chaque année, sans faute, je fais le point avec Brian, mon fils et associé,
sur les affaires dans lesquelles j’ai investi ou les entreprises dans lesquelles
j’ai des participations, et je me demande si tout le monde est content, si les
choses se déroulent comme prévu et si nous avons su faire en sorte que
chacun ait une part équitable des bénéfices en compensation du travail, du
temps et de l’argent investi. Crois-moi, j’ai vu des transactions réalisées
même par moi dans lesquelles ce n’est pas le cas et soudain, on se retrouve
avec deux personnes ou plus qui sont mécontentes. Ce n’est pas tenable sur
le long terme. Si cela ne marche pas, c’est-à-dire si la structure n’est pas
équitable, je rends tout à l’entrepreneur. Je restitue les fonds et je déchire le
contrat.
Comme je l’ai dit, une transaction qui n’est pas équitable ne peut
décoller. Si c’est vous qui êtes gagnant, tout se passe très bien pour vous,
notamment quand les choses s’envolent. Mais si vous êtes perdant, vous
commencez à avoir le sentiment qu’on vous exploite et vous n’avez pas
envie d’aller de l’avant. Il n’y a alors plus d’évolution possible.
Dès la naissance, on nous apprend à chercher les meilleures affaires. Et
quand on en trouve une, on se vante et on se félicite. On a hâte de raconter
aux autres sa prouesse. Mais il vaut mieux accepter que ce soit la seule
transaction avec cette personne ou cette entreprise, car il est probable qu’il
n’y en aura pas d’autre.
Peut-être est-ce la nature humaine, mais un entrepreneur ne doit pas
procéder ainsi. Il ne faut chercher que des transactions équitables, sinon les
bonnes affaires ne décollent pas. »
La pensée exponentielle
Ceux qui ont découvert Kevin à la télévision n’ont pas conscience qu’il se
sert d’une recette bien plus aboutie pour découvrir des opportunités
d’entraide.
Il maîtrise un concept que j’appelle la pensée exponentielle.
Un exposant permet de multiplier quelque chose, parfois plusieurs fois si
l’exposant est supérieur à deux. Si une opportunité se présente à Kevin avec
un potentiel linéaire de croissance, cela ne l’intéresse pas. Il ne veut pas se
contenter de faire une addition. La seule chose qui l’intéresse, c’est la
multiplication. Avant même que je puisse précisément décrire les
ingrédients dont se servait Kevin en matière de pensée exponentielle, j’ai pu
constater qu’il cherchait toujours une multiplication des ressources et des
synergies, que c’était ce qui l’attirait le plus. Quand il trouve ce genre de
projet, il se sent instantanément attiré. En revanche, si on vient le voir en lui
proposant une idée qui lui rapporterait 8 % de son investissement chaque
année jusqu’à la fin de sa vie, il aura bâillé avant la fin de la conversation.
En l’observant à maintes reprises chercher ce genre d’opportunité, j’ai
compris qu’au fond, la pensée exponentielle était son état d’esprit. Cela lui
paraissait peut-être naturel, mais je sais que personnellement, je ne me suis
pas réveillé un jour en étant tout d’un coup capable de penser ainsi. Il faut
faire preuve d’une très grande curiosité, ce sur quoi nous reviendrons plus
en détail dans le prochain chapitre, mais il faut également avoir la volonté
de chercher ces transactions équitables dont nous venons de parler, dans
lesquelles tout le monde est gagnant.
Kevin m’a raconté qu’il commence et termine chaque journée par une
citation d’un pionnier du développement personnel, Paul J. Meyer : « Ce
que vous imaginez nettement, désirez ardemment, croyez sincèrement et qui
vous fait agir avec enthousiasme doit inévitablement se réaliser. »
Si je devais synthétiser la vie de Kevin, je la résumerais à ces vingt mots.
Cette citation résume la mentalité qui lui a permis d’être couronné de
succès et de devenir cet entrepreneur modèle. Examinons maintenant cette
citation d’un peu plus près.
Vous devez désirer ardemment ce que vous imaginez nettement. Vous ne
pouvez pas vous contenter de vous lancer dans un projet au hasard,
superficiellement. Vous devez être passionné dans votre envie de résoudre
un problème. Kevin choisit typiquement des idées qui constituent des
solutions à des problèmes devant être résolus. Quand plusieurs personnes
cherchent une solution, il devient vite tentant de les aider à la trouver.
Mais pour y parvenir, vous devez sincèrement y croire.
« Il est très fréquent, explique Kevin, qu’une personne me demande de
promouvoir son produit. Voici ce que je lui réponds : “Envoyez-moi des
échantillons, car je dois l’utiliser. Si vous m’expliquez que ce nouveau
complément permet de travailler dix heures de plus par semaine en
augmentant ma productivité, alors envoyez-m’en afin que je puisse
l’essayer, parce que si je n’y crois pas sincèrement, je ne vais pas adhérer et
je n’aurai aucune envie de le mettre en avant.” »
Une fois que vous avez ce désir ardent et que vous croyez sincèrement à
ce que vous vous êtes permis d’imaginer, vous devez passer à l’acte avec
enthousiasme comme si votre but allait se réaliser, en comprenant que vous
avez des chances d’échouer, et ce de multiples fois, avant de réussir.
Passer à l’acte avec enthousiasme est le chaînon manquant qui sépare les
personnes couronnées de succès de celles qui connaissent une réussite
mitigée. De très nombreux entrepreneurs veulent imaginer, désirer et croire,
en se disant que ce sont ces trois seuls éléments qui vont assurer leur
succès. Mais les choses ne fonctionnent pas ainsi. Ce n’est que quand vous
passez à l’acte avec enthousiasme que vous pouvez connaître le succès, car
l’action permet l’échec. Une fois que vous échouez, vous savez si vous
tenez une bonne ou une mauvaise idée, ou alors vous apprenez et vous en
ressortez plus fort, tel un phénix renaissant de ses cendres, concept que
nous aborderons plus en détail plus loin dans ce livre.
La peur
Le perfectionniste procrastinateur
« Ce n’est pas parce que l’on échoue que l’on doit nécessairement dépenser
ou perdre beaucoup d’argent, a poursuivi Kevin. C’est à cause de cela que
beaucoup de gens deviennent ce que j’appelle des perfectionnistes
procrastinateurs. Ils sont très attachés à la notion de perfection, alors qu’en
vérité, il n’existe pas d’idée parfaite. Si votre concept est réalisé à plus de
80 %, vous êtes allé trop loin. Lancez votre idée et laissez le marché
s’occuper des 20 % restants. Vous devez agir avec enthousiasme. »
Cela m’a rappelé une histoire que Zig Ziglar m’a un jour racontée et dont
je savais qu’elle m’avait autant parlé qu’à Kevin. C’est l’histoire de Roger
Bannister.
Depuis que l’être humain cherche à savoir quel est le temps minimal pour
parcourir un mile en courant, personne n’a été capable de descendre en
dessous des quatre minutes. Et même, des médecins affirmaient autrefois
que c’était physiquement impossible, car le cœur exploserait littéralement.
Et puis un jour, alors que cela faisait près de soixante-dix ans que des
experts et des détracteurs prétendaient que c’était impossible, Roger
Bannister a couru un mile en moins de quatre minutes.
En soi, c’était une incroyable prouesse ; mais ce qui s’est passé ensuite
est encore plus époustouflant.
La même année, après que Roger Bannister a battu ce record jusque-là
inaccessible, sept autres athlètes ont réalisé exactement la même prouesse.
Ainsi, pendant soixante-dix ans, personne n’en a été capable ; puis Roger
Bannister a été le premier à le faire et sept autres l’ont suivi. Comment est-
ce possible ? La seule raison valable est que désormais, on savait que c’était
faisable. Autrefois, on croyait que c’était impossible ; désormais, on savait
que cela ne l’était plus. Dans les années qui ont suivi, des centaines de
milliers de personnes sont passées en dessous de la barre des quatre
minutes.
Ce que voulait dire Zig par là est que nous nous limitons, jusqu’au jour
où nous savons que quelque chose est possible et que nous avons confiance.
C’est cela, l’erreur fatale du perfectionniste procrastinateur. Il peaufine son
idée sans arrêt, jusqu’au jour où il croit qu’elle est prête à 100 % à être
commercialisée, parce qu’il pense que c’est le seul moyen d’avoir la
garantie que cela va fonctionner. Il meurt d’envie de se lancer, mais comme
tout le monde lui rétorque que ce n’est pas réalisable, car beaucoup ont
essayé et échoué avant lui, il croit que le seul moyen d’y parvenir est
d’atteindre la perfection.
C’est pourquoi, lorsque Kevin rencontre ces entrepreneurs en herbe, il
leur demande : avez-vous vraiment envie de résoudre ce problème ?
Croyez-vous vraiment que le monde ait besoin d’une solution à ce
problème ? Pouvez-vous imaginer nettement à quoi ressemblerait ce monde
si ce problème était résolu ? Si ces entrepreneurs peuvent répondre à ces
questions, il ne reste à Kevin qu’à partager le vécu qui est décrit dans ce
livre pour leur montrer qu’ils peuvent y arriver.
Cessez de rêvasser. Cessez de créer des prototypes pour envisager toutes
les possibilités. Cessez de parler de votre idée à tout le monde. Vous aurez
beau avoir en tête une idée à 1 milliard de dollars, si vous ne la mettez pas
sur le marché, elle ne vaudra pas un sou.
Agissez. Précipitez-vous vers le succès.
Le sac-poubelle
Le vol était prévu pour la fin de journée. Comme ma famille et moi vivions
ailleurs en Floride, Kevin et moi-même ne sommes pas arrivés ensemble à
l’aéroport. Quand nous nous sommes retrouvés, j’ai remarqué qu’il avait
son habituel sac bleu Louis Vuitton, que je pourrais reconnaître partout.
Mais j’ai ensuite remarqué un deuxième sac, que je n’avais encore jamais
vu.
Il était bourré de… quelque chose. Cela a piqué ma curiosité. Qu’y avait-
il dans ce sac ? Je me suis dit que ce devait être ses affaires personnelles,
jusqu’à ce que j’aperçoive un autre bagage à main. Je me demandais bien ce
qu’il pouvait y avoir dans ce deuxième sac.
Nous étions en première classe, à côté de la cloison de séparation. Après
le décollage, Kevin s’est levé et a pris le mystérieux sac dans le
compartiment à bagages au-dessus de nos têtes. Dedans, il y avait
d’innombrables journaux, magazines et revues spécialisées. Pendant que je
consultais mes e-mails, sur le siège d’à-côté, Kevin épluchait ses
publications. Chaque fois qu’il trouvait quelque chose qui l’intéressait, il
déchirait la page du magazine et la plaçait dans une chemise. Une fois le
magazine terminé, il le jetait par terre.
En un rien de temps, il y a eu devant lui une grosse pile de magazines. Il
les épluchait comme une machine, dans un état second. Je dois admettre
que j’ai été quelque peu surpris. À un moment donné, je me suis demandé
ce qui se passait. Est-ce qu’il était en train de me révéler un pan étrange de
sa personnalité que je n’avais pas encore vu ? À ce moment-là, l’hôtesse de
l’air est arrivée. Comme si elle était au courant de la situation, elle tenait un
sac-poubelle, juste pour lui. Elle l’a rempli de tous les journaux et toutes les
revues qui étaient empilés devant lui, jusqu’à ce que le sac déborde. Tout
cela pour lui permettre de continuer.
Le vol qui nous emmenait de Tampa à Toronto durait environ trois
heures. Durant ce laps de temps, Kevin a épluché toutes ses revues. Il ne lui
restait plus qu’une mince chemise. Je n’avais pas voulu l’interrompre, parce
que pendant qu’il s’activait – peu importe ce qu’il faisait –, je travaillais
moi-même de mon côté. Quand nous avons tous les deux fini, j’ai éteint
mon ordinateur et je me suis tourné vers lui.
« Bon, il faut que je sache. C’était une sacrée expérience à laquelle je
viens d’assister. Mais que faisais-tu ?
– Je suis abonné à de multiples journaux, magazines et revues
spécialisées. Souvent, je suis tellement occupé quand je suis chez moi que
je n’ai pas le temps de les lire. Par conséquent, je les mets de côté et les
consulte pendant mes déplacements.
– Mais tu as dévoré tous les magazines qu’il y avait dans ton sac en trois
heures. Alors qu’il y en avait pour une bonne semaine de lecture. As-tu
appris la lecture rapide ?
– Pas du tout. Je sais juste ce que je cherche. »
Il m’a dit cela comme s’il n’y avait pas besoin d’en rajouter, comme si
j’aurais dû savoir ce qu’il cherchait.
« D’accord, ai-je dit en riant, je mords à l’hameçon. Qu’est-ce que tu
cherches ?
– Je veux juste voir où cela m’emmène quand je promène mes yeux. »
Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’il entendait par là. En vérité,
j’avais compris dans une certaine mesure, mais je savais que ce serait un
enseignement incroyable pour moi et je voulais en savoir le plus possible.
Je n’ai pas été déçu.
« Bon, si tu regardes là où j’ai commencé ma carrière, la raison pour
laquelle je suis toujours pertinent et j’ai toujours ma place dans le monde
des affaires est que j’ai appris à promener mes yeux. Quelles sont les
tendances ? Que cherchent les gens ? Où les gens passent-ils leur temps ?
Grâce à l’infopublicité, j’ai fait des milliards de dollars de ventes sur les
chaînes du câble. Mais si tu tapes sur ton moteur de recherche “abonnés
chaînes câble”, tu t’apercevras que les gens se désabonnent à vue d’œil.
Parfois, les chaînes du câble perdent 1 million d’abonnés en un seul mois.
Le câble perd beaucoup de terrain. Alors que nous avons plus de gens qui
consomment des médias que jamais dans l’histoire de… la consommation !
Alors dans quelle direction m’emmènent mes yeux quand j’y vais au jugé ?
Je me demande donc ce qui intéresse les gens. Quels produits ? Alors je
demande à mon moteur de recherche quels sont les produits les plus vendus
sur Amazon. Ces informations sont facilement accessibles. Je veux voir ce
qu’achètent les gens et où. Puis je consulte mes magazines, mes journaux et
mes revues. Si je vois une publicité qui apparaît dans plus d’une revue
spécialisée, je sais que c’est quelque chose qui marche, que cette niche est
solide. Personne ne paye plusieurs publicités pour un produit qui ne donne
pas de résultats. Au lieu de regarder tout le contenu, je regarde qui est à
l’origine de la publicité et ce qu’ils ont à vendre. Puis je me demande : “Si
quelqu’un a réussi à vendre son produit dans la presse écrite, est-ce que cela
marcherait sur une chaîne de téléachat ? Est-ce que cela peut être
numérisé ? Parfois, je cherche de nouvelles idées de produits qui ne figurent
même pas dans les catégories qui m’intéressent.” »
Mentalement, je me suis tapé le front, comme pour dire : « Mais bien
sûr ! » C’était si simple, et pourtant, c’était génial. J’ai demandé à Kevin
comment il en était arrivé à développer une curiosité aussi débordante.
Était-ce naturel chez lui ? Était-ce venu avec le temps ? Plus j’apprenais à le
connaître lui, et en particulier l’histoire de sa vie, plus il m’apparaissait
clairement que sa curiosité était liée à son vécu jusque-là.
Cependant, les choses n’ont jamais paru aussi claires que quand il m’a
expliqué comment il en était arrivé au tournant le plus important dans sa
carrière d’entrepreneur.
Beaucoup d’entrepreneurs croient que s’ils sont bloqués, c’est parce qu’ils
n’ont pas planifié adéquatement les choses. D’après Kevin Harrington, s’ils
sont bloqués, ce n’est pas faute d’avoir un plan à la hauteur, mais d’avoir un
« plan parfait ». Ce qu’ils n’auront d’ailleurs jamais.
« Il n’existe pas de programmation parfaite, m’a un jour dit Kevin
Harrington lors d’un déplacement entre New York et Chicago. Si on
s’efforce de trouver un plan parfait, on a toutes les chances d’échouer. Si on
cherche la perfection, on a dépassé de 20 % le stade où il faut en réalité se
trouver pour savoir comment mettre en place convenablement le projet. »
De 75 à 80 %
« Que veux-tu dire ? lui ai-je demandé.
– Tu te souviens de ce que je t’ai dit au sujet des perfectionnistes
procrastinateurs ? Qu’il suffit de pousser une idée jusqu’à 75 ou 80 %, et
après, il faut passer à l’acte. Mais il y a plus que cela. Il faut absolument
intégrer ce concept, parce qu’on a de très, très grandes chances de se
tromper quelque part. Il n’y a qu’un moyen de le savoir. Agir. Il faut passer
à l’acte.
En vérité, quand ils n’ont pas une formation trop poussée, la plupart des
entrepreneurs respectent déjà le principe des 75 ou 80 % assez
correctement. Nous connaissons tous quelqu’un, et peut-être même est-ce
nous-mêmes, qui, naturellement, pousse certains éléments d’une idée ou
d’une opportunité jusqu’à ce stade. C’est presque naturel chez l’être
humain. En revanche, ce qui n’est pas instinctif est cette aptitude à appuyer
sur la détente et à agir sans avoir atteint la perfection.
Notre instinct nous pousse à faire l’inverse. Une fois qu’on se rapproche
de la fin du processus, c’est là qu’il faut agir, obtenir un feed-back ou lancer
l’idée sur le marché. C’est là que toute l’angoisse et la peur s’en mêlent.
C’est là que l’entrepreneur se dit : “Je ne suis pas tout à fait prêt. Il faut que
je continue de planifier. Il y a d’autres choses à faire.” J’ai cessé de compter
le nombre de personnes que je connais qui arrivent à 80 % et qui stagnent
pendant des années. »
Il avait raison. Il y a un homme que nous avons rencontré par
l’intermédiaire du programme Ziglar qui avait poussé son idée à 80 % et qui
était resté à ce stade pendant quatre ans avant notre rencontre. Quatre ans !
Il a fallu qu’il nous rencontre pour pouvoir passer à l’action. Il a
probablement appris dix fois plus de choses dans les quatre mois qui ont
suivi que pendant ses quatre années de stagnation.
C’est pour cette raison que Kevin ne croit pas au business plan en cinq
ans.
« Six mois. Une fois que vous poussez une idée à ses 80 % et que vous
vous lancez, il va vous falloir évoluer tellement de fois pendant cette mise
en place précoce qu’il vous sera impossible de prévoir à plus de six mois.
Les seules entreprises capables de programmer les choses sur cinq ans sont
Procter & Gamble et autres. Ce sont des entreprises centenaires, qui ont une
longue histoire. Elles ont le luxe de pouvoir prévoir sur cinq ans.
Mais pas les entrepreneurs. Dans leur business plan, eux doivent se
concentrer sur six mois. Un point c’est tout. »
Il avait raison. Dès qu’il m’a dit cela, j’ai pris conscience que j’avais
personnellement fait des prévisions trop lointaines. Mais je dois admettre
qu’il m’a fallu un certain temps pour intégrer complètement ce concept, car
au départ, je pensais que cela signifiait que tout devait être mis en place
dans les six mois, y compris des choses comme le budget. Mais ce n’est pas
ce qu’il entendait par là. Il est important d’avoir prévu sa trésorerie pour un
an et d’avoir les finances qui suivent. C’est juste la planification qui ne
devrait pas s’étaler au-delà de six mois.
Ce n’est pas quelque chose que Kevin dit à la légère, pour la forme. Au
moment de la rédaction de ce livre, dans certains des projets auxquels nous
participons ensemble, nous ne prévoyons pas au-delà de six mois, parce que
nous savons qu’à la fin de cette période, nous devrons à nouveau nous
ajuster.
Et ce principe n’est pas seulement valable si vous commencez. Mettons
que vous ayez déjà une entreprise. Vos ventes et votre structure peuvent être
prévues à plus long terme. Et si vous trouvez une nouvelle idée de produit,
un nouveau circuit de distribution ou un nouveau secteur ? Vous avez
deviné, vous devrez reprendre une planification sur six mois pour tout
nouvel élément que vous essayez de mettre en place.
L’une des raisons principales pour lesquelles c’est si important pour les
entrepreneurs, et non pour les grandes entreprises déjà établies et ayant une
longue histoire, est que les entrepreneurs sont pour la plupart faits pour
évoluer. Nous sommes destinés à subir de nombreux échecs et à rebondir.
Les grandes entreprises s’enorgueillissent de ne pas échouer, parce qu’elles
ont réalisé beaucoup de recherches et de développement en partant du
principe que la plupart de leurs idées réussissent. Bien sûr, leur degré de
succès peut varier, mais il est vrai qu’elles ont tendance à subir très peu
d’échecs.
Les entrepreneurs peuvent et vont beaucoup échouer. Et même, comme
vous le verrez, cela a toujours été et restera une question centrale pour
Kevin. Allez-vous ressortir plus fort de vos échecs ? Allez-vous échouer
vite ? Et si oui, comment prévoir les choses aussi loin ?
La toile vierge
Kevin et moi nous sommes déplacés à plusieurs reprises au Brésil pour
affaires. Une fois, Kevin a fait un discours au sujet des neuf étapes de la
mise en place d’un business plan. Ce que j’ai appris en le regardant est que
grâce à sa curiosité débordante, Kevin est constamment ouvert au
changement et à l’apprentissage.
L’une des manières dont Kevin planifiait consistait à utiliser une méthode
de brainstorming, proche de l’utilisation des tableaux blancs collaboratifs,
mais lui utilisait des Post-it. Dessus, il y inscrivait essentiellement une
analyse des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces : quelle
opportunité se présente à nous ? À quoi ressemble le marché ? Quels sont
les problèmes ? Il mettait ses Post-it partout sur le mur et les déplaçait selon
ses besoins.
C’est essentiellement de cette manière qu’il créait son business plan.
Parfois, il retirait un Post-it quand il découvrait que les informations qui
étaient dessus n’étaient pas pertinentes. D’autres fois, il ajoutait de
nouveaux Post-it à une série déjà existante. Il s’agissait plus d’un processus
rapide de planification, et moins d’une programmation stratégique
formalisée nécessitant un long processus de découverte, de recherche et de
développement.
Une fois que Kevin a fait part de cette stratégie à son auditoire, une
personne qui était là pour écouter le discours de Kevin lui a présenté l’idée
de la matrice d’affaires et de la toile vierge. Quand Kevin a découvert cette
méthode, il l’a tellement appréciée qu’il a proposé à cet homme de le payer
pour son idée.
Il s’appelait Alexander Osterwalder et il a écrit le livre Business model
nouvelle génération.
Le concept qui sous-tend cet ouvrage est qu’il existe neuf catégories, ou
neuf composantes de base auxquelles toute entreprise, en particulier si elle
est nouvelle, se doit de réfléchir avant de lancer son activité afin de pouvoir
accélérer le processus.
En utilisant un tableau blanc, ou même les Post-it de Kevin, l’idée est de
s’interroger sur neuf domaines simples :
« J’ai adoré l’idée de la toile vierge, m’a confié Kevin. Pour moi, les
entrepreneurs sont à certains égards semblables à des artistes. Ils s’asseyent
face à une toile vierge, qui, pour certains, représente une impossibilité.
Ceux-là se disent : “Je n’arriverai pas à remplir cet espace vide. J’en suis
incapable. Je dois travailler pour quelqu’un d’autre. Ce n’est pas pour moi.”
Mais qu’en est-il de l’entrepreneur ? La toile vierge représente un
nombre infini de possibilités. Il se dira : “Le monde est à portée de main. Il
me suffit de trouver une bonne idée.” Et puis boum, il peut commencer à
remplir ces éléments de base.
Et il se dit : “Il me faut simplement des partenaires clés capables de faire
ces activités clés. Il me faut la bonne proposition de valeur, puis des clients
clés dans ces circuits de distribution. Si j’ai les bonnes ressources et les
bons circuits de distribution, en ayant des coûts limités, je pourrai changer
le monde.”
L’idée de la toile était très séduisante, car très simple. Elle partait de ce
que je faisais déjà avec mes Post-it et simplifiait ma technique. Elle
décrivait de manière imagée ce que je faisais déjà dans ma vie en temps
réel. Et j’adore la simplicité.
Par exemple, chaque fois que je rencontre un problème, j’adore utiliser le
diagramme des causes et effets, ou diagramme en arêtes de poisson, pour le
résoudre. »
« Le problème est indiqué dans la “tête” du poisson. Puis vous tracez une
ligne de gauche à droite. Ensuite, vous tracez des lignes courbées le long de
cette ligne principale, qui représente les “arêtes” du poisson. Sur ces lignes,
vous inscrivez les causes du problème et leurs sources, par exemple les
ventes, la production ou les employés. C’est un diagramme très simple qui
permet de visualiser concrètement un problème, au lieu de se contenter d’en
parler de manière abstraite. »
Comme je me trompais !
« Peut-on le reproduire ? »
L’une des choses que je trouve tout à fait incroyables chez Kevin est ce
qu’il m’enseigne après coup. Pour cette histoire, il faut que nous remontions
dans le temps, à une époque de ma vie où je ne connaissais pas encore
Kevin, afin que nous puissions examiner certaines de mes expériences
préalables à travers le prisme de ma relation de mentorat avec Kevin.
L’une de mes premières entreprises a aussi été l’une des plus prospères.
Comme les affaires marchaient bien, notre hypothèse était que le succès
engendre le succès, alors que nous aurions dû nous demander : « Quel est le
procédé que nous avons utilisé pour réussir ? Peut-on le reproduire ? »
Nous aurions dû nous poser ces questions, mais nous ne l’avons pas fait.
Tandis que l’argent continuait de rentrer, notre banque a fini par nous
approcher, comme elles ont coutume de le faire ; elle a affirmé que nous
pourrions connaître un essor important en prenant un crédit. Nous avons
bien sûr accepté. En fait, nous pensions que notre activité pouvait exploser,
mais cela dépendait des fonds que nous pouvions débloquer. À l’époque,
nous n’étions pas endettés et nous gagnions chaque année entre 300 000 et
400 000 dollars. Nous lui avons donc demandé quel montant elle pourrait
nous prêter.
La banque est revenue vers nous et nous a fait un prêt d’un million de
dollars. Nous avons sauté sur l’occasion.
Tout ce qu’il nous fallait était débloquer des fonds supplémentaires pour
doubler ou tripler nos revenus, vous êtes d’accord ? Nous avions bien réussi
et nous avions accès à un capital important. Une fois cet argent en poche,
nous avons lancé de nouveaux produits, sans procédé ni planification.
Nous nous sommes réveillés un an plus tard, avec un chiffre d’affaires
équivalent et une dette d’un million de dollars.
Nous avions épuisé notre capital et nous n’avions rien fait pour
augmenter nos revenus. Cela signifiait que nous avions chaque mois une
somme énorme à rembourser, en plus d’un taux d’intérêt, alors que nous
n’avions pas de rentrées supplémentaires.
Nous avions clairement un énorme problème à régler.
Maintenant, cette situation ayant eu lieu avant ma rencontre avec Kevin,
je me suis rendu compte avec le recul que j’ai employé des stratégies
auxquelles il adhère aujourd’hui encore. Ainsi, j’ai pu tirer des leçons
supplémentaires de cette expérience en l’analysant de son point de vue,
alors que si je n’avais pas eu ses conseils, ce qui s’est passé à l’époque
n’aurait pas du tout eu l’impact que cela a sur moi aujourd’hui.
Nous avons réfléchi : « Quels sont les problèmes que rencontre notre
clientèle et que nous sommes capables de résoudre ? » Initialement, nous
pensions que tout ce que nous avions à faire était de créer et de fabriquer un
produit, pour que les gens l’achètent. Mais en réalité, il y avait beaucoup de
produits sur le marché, mais très peu de gens qui résolvaient des problèmes.
Nous étions dans la fabrication et nous vendions à des détaillants, mais
auparavant, nous avions nous-mêmes été détaillants. Nous avons fini par
nous aventurer dans la fabrication, car la vente au détail avait été
problématique pour nous et personne n’avait trouvé de solution. Notre
difficulté tenait au fait que quand nous achetions un produit sur un salon
professionnel, mais que ce produit ne se vendait pas, le fabricant s’attendait
néanmoins à être payé. Le seul moyen de récupérer notre argent était de
vendre.
Par conséquent, tous nos bénéfices annuels n’étaient pas tant liés aux
bons produits que nous avions sélectionnés qu’à notre aptitude à nous sortir
des mauvaises décisions d’achat que nous avions prises. Autrement dit, nos
bénéfices dépendaient largement de notre capacité à tout vendre. Beaucoup
pensent que quand un détaillant fait des soldes entre 50 et 75 %, il perd de
l’argent sur son produit, alors qu’en réalité, l’argent que cela va lui
rapporter va lui permettre de maintenir le chiffre d’affaires qu’il a fait en
vendant son produit au prix fort. Prenez n’importe quel vendeur de
vêtements. Il est probable que son produit vendu au prix fort lui ait rapporté
d’incroyables bénéfices, mais tout va dépendre des mauvaises décisions
qu’il a prises. Il ne peut réaliser son chiffre d’affaires tant qu’il ne s’est pas
débarrassé de ses produits.
Étant donné que c’était le problème auquel nous étions confrontés quand
nous étions détaillants, nous avons créé une entreprise qui se proposait de le
résoudre, non seulement pour nous, mais aussi pour tous. Notre méthode
consistait à garantir la vente du produit afin que le détaillant ne soit jamais
pris de cours à cause d’un produit qu’il ne pouvait vendre. Nous avions
trouvé un moyen très habile de favoriser la vente afin que les détaillants
puissent toujours faire une marge maximale sur les produits qu’ils nous
achetaient. C’était une idée brillante et c’était la raison de notre succès.
Et puis, il y a eu tout cet afflux d’argent.
Nous avons alors décidé de l’utiliser uniquement pour fabriquer de
nouveaux produits. Mais ce faisant, nous avons cessé de résoudre un
problème et nous avons simplement commencé à produire. À la minute
même où nous nous sommes écartés de notre objectif premier, nous nous
sommes engagés sur la pente glissante de l’endettement.
Heureusement, nous avons découvert assez rapidement que c’était en
nous écartant de notre but premier, qui était de résoudre un problème, que
nous nous étions enlisés dans cette situation. Pour nous relancer, nous avons
utilisé le slogan suivant :
« Avec Cottage Garden, plus aucun risque pour le détaillant. »
Nous avons quadruplé notre chiffre d’affaires grâce à cela et nous avons
fait en sorte que chaque produit que nous fabriquions soit aligné sur cet
objectif. Grâce à ce changement, en seulement 24 mois, non seulement nous
avons remboursé notre emprunt, mais en plus, nous avons gagné 1 million
de dollars supplémentaires.
Comme je l’ai déjà dit, je n’avais pas encore rencontré Kevin.
Cependant, avec le recul et l’apprentissage auprès de Kevin, je me rends
compte que ce redressement est dû au fait que nous nous sommes fiés à des
procédés qui avaient fait leurs preuves et que nous avons pu reproduire à
plusieurs reprises. Nous avons déterminé le problème et les causes d’une
manière concrète, ce qui nous a clairement aidés à les résoudre. Nous ne
sommes pas tombés dans l’excès de stratégie. Une fois que nous avons su
ce qu’il nous fallait faire, nous avons agi et nos efforts ont été couronnés de
succès.
Quand je repense à cette histoire, je prends encore plus conscience de la
valeur des conseils de Kevin. Il m’a permis de saisir à quel point il est
important de pouvoir se fier à un procédé que l’on peut reproduire maintes
et maintes fois. C’est ainsi que l’on décolle et que l’on peut asseoir son
succès d’entrepreneur.
Grâce aux conseils de Kevin, j’ai pu comprendre que si vos procédés sont
suffisamment simples et solides, ils peuvent s’appliquer à presque toutes les
entreprises.
Y compris à mon entreprise familiale.
L’importance de planifier
Les enfants, ainsi que leurs parents, ont parfois des idées grandioses,
comme les entrepreneurs.
Un jour, les enfants décident de voyager en Europe en sac à dos ou de
grimper le mont Everest. Quant aux parents, ils affirment qu’ils veulent que
leurs enfants aillent à Harvard ou que leur fils devienne footballeur
professionnel.
Comment pouvez-vous espérer atteindre un seul de ces objectifs élevés
sans rien planifier ? Souvenez-vous, j’ai pris conscience que nous avions un
défaut dans ma famille : nous étions tellement dénués d’objectif que nous
ne prenions jamais le temps de nous réunir pour définir ce que nous
voulions accomplir. Et vous pouvez être sûr que d’autres familles
commettent la même erreur.
La plupart du temps, les familles ne planifient pas. Et nous n’échappions
pas à la règle. Elles ne planifient rien pour réussir et même si elles le font,
c’est plutôt pour des objectifs plus complexes tels que grimper l’Everest ou
aller à Harvard, mais sans brainstorming ni matrice d’affaires.
Grâce aux conseils de Kevin, j’ai décidé que si mes enfants avaient une
idée, nous établirions un projet, mais jusqu’à 80 % seulement. Puis je les
encouragerais à passer à l’acte.
Ma fille Grace m’a confié qu’elle adorait aider les autres : « Je veux
devenir missionnaire en Afrique et aider les enfants démunis pour le restant
de mes jours.
– D’accord, lui ai-je répondu, mais comment est-ce qu’on fait pour que
ce soit un peu plus concret ? Que pouvons-nous d’abord faire par ici pour
aider des gens ? »
Nous avons alors fait un brainstorming et nous avons trouvé une idée. Il
y a dans notre quartier une banque alimentaire où se rendent les familles
défavorisées. Il faut des bénévoles pour la faire fonctionner, pour distribuer
la nourriture et pour la sortir des camions. Au départ, ma fille hésitait :
« Je ne connais personne là-bas.
– Mais tu veux aider des enfants en Afrique. Tu as le sentiment que c’est
ta vocation. Alors, commençons au niveau local par quelque chose que tu
peux faire maintenant et voyons où cela nous amène. »
C’est ainsi que Grace est devenue bénévole dans cette banque
alimentaire. Grâce à ce bénévolat, elle a découvert qu’elle pouvait aider des
familles indigentes à Indianapolis et elle a participé à un programme d’aide
sur place. Puis il y en a eu d’autres. Elle a fini par rejoindre une association
philanthropique du comté.
Kevin et moi avions donné de l’argent pour construire une école en
Afrique et nous nous sommes rendus sur place pour rendre visite à ces gens
et participer à la construction. J’avais emmené ma fille aînée, Mary, car
Grace n’était pas assez âgée pour faire le voyage. Pendant qu’elle mettait la
main à la pâte, Mary a remarqué que la plupart des enfants n’avaient pas de
chaussures. Ils s’en fabriquaient à partir de canettes de Coca écrasées dont
ils faisaient des sandales ou alors, ils assemblaient des morceaux d’autres
chaussures qu’ils se mettaient aux pieds. Sinon, ils ne portaient tout
simplement rien.
À notre retour, Mary en a parlé avec Grace, qui savait déjà reproduire des
réussites beaucoup plus modestes dans le domaine de l’entraide. Elle a donc
décidé de passer au cap supérieur dans son objectif de devenir missionnaire
en Afrique.
« Vous savez ce que je vais faire ? nous a-t-elle dit. Je vais récupérer des
chaussures pour ces enfants en installant un point de collecte dans mon
école. »
Nous avons réfléchi et planifié les choses. Ce n’était pas parfait, et même
pas du tout, mais nous avons poussé son idée jusqu’à environ 75 %. Puis
elle est passée à l’acte. Elle a installé un point de collecte dans son école
sous la forme d’une très grande boîte recouverte de papier blanc sur
laquelle était inscrit le nom de son projet : « Shoes for Change ». Le but
était de proposer aux écoliers qui avaient des paires de chaussures dont ils
ne se servaient pas de les déposer dans cette boîte. Quant au papier blanc, il
permettait aux élèves de signer après avoir fait leur don afin que Grace
puisse emporter en Afrique chaussures et signatures une fois qu’elle en
aurait assez pour justifier le voyage.
Cela a marché, mais il n’y avait pas assez de chaussures. Une seule idée,
une seule boîte et une seule école n’allaient pas suffire à mettre des
chaussures aux pieds de tous les enfants de l’orphelinat qu’elle avait trouvé
à Nairobi, au Kenya. Elle a commencé à passer des coups de fil et s’est
aperçue que d’autres écoles du comté étaient prêtes à accueillir ces points
de collecte. Soudain, elle a eu trois écoles et trois boîtes. Et on a commencé
à parler de son initiative. Elle a ensuite appelé toutes les écoles du comté,
sans savoir si elle recevrait du soutien.
En un rien de temps, il y a eu des points de collecte dans toutes les écoles
du comté. Et elle a même fait la une du journal local. Un article entier a été
consacré à Grace et à son projet, et en l’espace de quelques semaines, elle a
recueilli plus de 1 500 paires de chaussures destinées à cinq orphelinats
africains. Elle a même récolté les 2 000 dollars nécessaires pour couvrir les
frais liés à l’expédition des chaussures à Nairobi.
Ne vous détrompez pas. Grace n’a pas l’intention de devenir
entrepreneure. Cependant, elle change le monde grâce à ce que j’ai appris
auprès de Kevin Harrington sur le monde entrepreneurial et que j’ai
appliqué à ma famille. Si j’avais choisi de ne pas partager ce que Kevin
m’avait appris, ce but qu’elle s’était donné ne se serait jamais réalisé, non
pas parce qu’elle n’avait pas un grand cœur ou parce que les enfants
n’avaient pas besoin de chaussures, mais parce qu’au fond, je l’aurais
privée de cette opportunité.
Aujourd’hui, Grace a bien avancé sur son chemin pour devenir
missionnaire en Afrique. Et elle va changer le monde. À l’heure où j’écris
ces lignes, elle a été acceptée au sein d’un programme estival à l’école de
médecine d’Harvard. Elle veut devenir pédiatre dans les villages africains
qu’elle a aidés avec son projet « Shoes for Change ». Un jour, dans ces
villages, des familles l’appelleront « Dr Grace ».
Chapitre 5
PASSEZ À L’ACTION
J’ai été victime d’un mal qui frappe fréquemment les entrepreneurs :
l’inaction. Avant que je rentre dans les détails, laissez-moi vous expliquer
comment cela arrive aux gens comme nous.
Un jour, Kevin et moi étions en train de parler d’un projet commun
quand, au beau milieu de la conversation, il a lancé :
« J’ai appris tôt que parfois, il faut allumer beaucoup de feux avant de
trouver celui qui brûle le mieux. »
Attiser le bon feu
Ce qu’il entendait par là est qu’il cherche toujours de nouvelles idées qui
feront un véritable tabac, au point que leur développement soit multiplié par
cent. Pour y parvenir, comme nous l’avons déjà vu, on ne peut rester en
retrait et planifier à l’excès. Il faut passer à l’acte, c’est-à-dire allumer le
feu, voir celui qui brûle le mieux, puis jeter de l’essence dessus. Vous l’avez
déjà lu dans ce livre, mais il est bon de se répéter, jusqu’à ce que cela
devienne en quelque sorte une devise.
De plus, il est important de comprendre que vous ne pouvez vous
contenter d’une seule fois.
Beaucoup de gens pensent que si Kevin est un génie en affaires, c’est
grâce au succès qu’il connaît. En vérité, il comprend les probabilités et est
disposé à en tenir compte. En outre, il est prêt à subir neuf échecs pour
connaître un succès au centuple. Pour réussir, il est nécessaire d’agir
immédiatement. Il s’est discipliné et a appris à ne pas planifier à l’excès.
Car sinon, il se serait préparé à échouer progressivement.
Maintenant, pour certains, cette idée pourrait paraître illogique. Comment
la planification peut-elle provoquer ainsi l’échec ? L’excès de stratégie et la
mise en place d’un plan élaboré n’empêchent pas l’échec ; et même, on a
plus de chances d’y arriver à un rythme bien plus coûteux à long terme que
si l’on avait échoué rapidement, comme Kevin a coutume de le faire.
Kevin peut toujours échouer rapidement. Si l’idée s’avère mauvaise,
autrement dit si le feu ne prend pas bien, alors éteignez-le. Ne le maintenez
pas artificiellement en vie simplement parce que vous voulez obtenir le
succès, alors que les choses ne doivent pas en être ainsi.
Je fais partie d’un cercle de réflexion en ligne sur le thème de la
communication. Il s’agit d’une communauté assez exclusive
d’entrepreneurs et de mentors prospères qui collaborent dans le but de
s’entraider à atteindre leurs objectifs dans le milieu des affaires. J’y ai vu un
entrepreneur défendre un projet élaboré pour une nouvelle idée de produit
qu’il avait eue. Il se proposait notamment de dépenser 100 000 dollars en
publicité sur Facebook, non pas pour obtenir des clients potentiels ou
décrocher des ventes, mais simplement pour faire connaître son idée et
susciter l’engouement autour d’elle.
Dans le fil de discussion, la voix de la raison s’est élevée : quelqu’un a
demandé à cet entrepreneur pourquoi il ne commençait pas par envoyer un
e-mail à sa liste afin de voir s’il y avait un intérêt véritable pour cette idée.
La question était justifiée. Car cette personne était désireuse de dépenser la
coquette somme de 100 000 dollars pour créer une communauté autour
de son concept avant même de savoir si quelqu’un s’y intéressait. Il s’est
avéré que cette personne avait une liste de plus de 6 000 personnes. Avec
autant de contacts, elle pouvait tester son idée, la faire connaître à ces
milliers de personnes et évaluer leur intérêt avant d’investir dans de la
publicité.
Malheureusement, l’idée qu’il faille faire des dépenses et des
programmations élaborées est typique chez les entrepreneurs d’aujourd’hui.
Ils se lancent dans un long parcours stratégique avant même que leur
concept ait fait ses preuves. Et ensuite, ils sont tellement investis qu’ils
continuent, même si l’idée est mauvaise. Ils ne peuvent plus s’empêcher
d’attiser ce feu.
Si vous testez une idée et que des gens l’aiment, il n’est pas nécessaire de
s’embarrasser d’une programmation. Le concept a été validé et vous êtes
alors prêt à dépenser l’argent nécessaire et à vous donner à fond. L’idée
n’est pas de savoir quand vous avez une mauvaise idée, mais quand vous en
avez une bonne. Si je lance un produit, mais que personne ne manifeste son
intérêt, il n’a aucun avenir. Si j’investis 100 000 dollars dedans, cela ne fait
que rendre les choses 100 000 fois plus compliquées le jour où je voudrais
me retirer. On perd complètement de vue la vérité. C’est le plus grand piège
pour un entrepreneur.
Et je suis tombé en plein dedans.
À l’époque où j’avais une entreprise de fabrication, nous avons créé une
ligne de produits appelée « Mary’s Moments », d’après le nom de ma fille.
C’était une ligne de produits en papeterie (journaux intimes, fiches et
coffrets cadeaux) qui connaissait un large succès.
Nous avons également un fils qui s’appelle Markus, et nous
culpabilisions d’avoir créé une ligne de produits au nom de notre fille, mais
pas de notre fils. Alors nous avons créé une deuxième entreprise appelée
Markus, proposant une ligne de cadres et de décorations.
Mais cela a été un véritable fiasco.
C’était tout simplement une mauvaise idée, mais comme elle portait le
nom de notre fils, nous voulions réussir, alors que les produits n’ont jamais
décollé. C’est même devenu un véritable gouffre financier. Nous avons été
incapables de tout arrêter alors que c’est ce que nous aurions dû faire, car en
un sens, nous avions l’impression d’abandonner notre enfant.
Les entrepreneurs ont tendance à se mettre des œillères qui n’existent pas
au moment où l’on a l’idée et ensuite, on n’agit pas suffisamment vite pour
la tester et voir si elle est vraiment bonne. Dans mon cas, nous aurions dû
parler de notre concept à nos représentants afin d’avoir leur avis avant
même de créer une ligne de produits, de les acheter et d’essayer de les
vendre.
Nous nous sommes mis des œillères, parce que nous en avons fait une
affaire personnelle. Nous sommes allés beaucoup plus loin que nous
aurions dû et nous avons perdu beaucoup d’argent. Mary’s Moments a été
créé très naturellement. Nous avons eu une idée et le marché l’a adorée.
Nous n’avons pas cherché à créer cette gamme de produits très prisée. Au
lieu de cela, nous sommes progressivement passés à l’acte. Nous avons fait
connaître notre idée sur le marché et elle a été validée. C’est seulement
ensuite que nous avons procédé à son développement.
Nous n’avons pas procédé de la même manière avec la ligne de produits
de notre fils, parce que nous avons commis l’erreur de penser que les
choses marcheraient de la même manière. Nous avons donc mis au point
toute la gamme et nous avons tout sorti d’un coup, ce qui nous compliquait
beaucoup la tâche si nous voulions tout arrêter. Nous avons attisé le feu
pendant trois saisons, soit un an et demi, alors que nous n’aurions pas dû
aller au-delà d’une saison. Nous avons essayé de nous réorganiser et de
trouver une version différente, mais en vain. Dans le monde de la
fabrication, trois saisons, cela fait long, pour une gamme de produits qui,
dès le départ, était vouée à l’échec.
Il y a eu tant de raisons pour lesquelles les choses ont mal tourné.
Premièrement, il y avait beaucoup de concurrence sur le marché.
Deuxièmement, la gamme de prix n’était pas tout à fait adaptée.
Troisièmement, le produit n’était pas assez unique. Et enfin, et peut-être
même surtout, ce n’était pas le domaine d’expertise de notre entreprise.
Mary’s Moments proposait de la papeterie, c’est-à-dire des fournitures de
bureau, du papier à lettres dans un cadre animé à poser sur un bureau et des
fiches disposées dans un étui spécial. La gamme de produits de Markus était
quant à elle composée de cadres photo en bois, en tissu et incrustés de
bijoux. La gamme de Mary a reçu un accueil favorable dès le départ. Mais
pas celle de Markus.
« On ne peut faire des plans élaborés, puis mettre des œillères quand il
est temps de retirer ses billes, m’a expliqué Kevin quand je lui ai raconté
cette histoire. Il faut chercher des gens qui veulent ton produit bien avant de
t’aventurer trop loin dans la planification. La dernière chose à faire consiste
à tenter de convaincre le marché que c’est sa faute s’il n’en veut pas. Il faut
s’intéresser aux feux qui brûlent d’eux-mêmes, et non pas à ceux qu’il faut
constamment attiser pour les empêcher de s’éteindre.
Laisse-les s’éteindre, parce que tu en découvriras la raison, bien que
parfois, on n’ait pas besoin de le savoir. Parfois, il faut juste accepter ce qui
s’est passé. C’est l’un des aspects les plus difficiles de l’entrepreneuriat,
parce qu’on s’investit tellement dans ses idées. »
Mais l’ironie est qu’ensemble, Kevin et moi avons eu du mal à suivre nos
propres conseils. Après avoir écouté Kevin, je me suis promis de ne plus
jamais refaire la même erreur. Mais j’ai replongé. Avec Kevin à mes côtés.
J’ai déjà expliqué que Zig Ziglar avait été le mentor de Kevin et de moi-
même. Lorsque nous nous sommes attelés au développement du projet de
transmission des enseignements de Zig à une nouvelle génération, nous
nous sommes assez rapidement rendu compte que c’était un feu qui devait
être éteint. Car nous n’obtenions tout simplement pas les résultats
escomptés.
Néanmoins, comme il était notre mentor et qu’il avait eu un impact si
important sur nous, nous avons poursuivi nos efforts, en allant à l’encontre
de notre propre philosophie ; mais ils n’ont jamais porté leurs fruits. Certes,
nous n’aurions pas noué la relation que nous avons actuellement si nous
n’avions pas collaboré. De ce point de vue, ce projet a eu des effets positifs.
Mais à cause de notre affection pour Zig, nous nous sommes trop investis
dedans.
Mais comme pour toute règle, il y a des exceptions.
Si vous atteignez un certain succès et que vous décidez de faire quelque
chose parce que le monde en a besoin, il peut alors être justifié d’enfreindre
les règles. Vous pouvez procéder à une planification complexe et beaucoup
vous investir dans une idée si c’est pour la bonne cause, si c’est pour
amorcer un changement que vous voulez voir dans le monde. Mais vous ne
pouvez pas vous jeter à corps perdu dans une mission ou une cause si vous
avez besoin que celle-ci vous permette de manger et de subvenir aux
besoins de votre famille.
Ce qui animait Kevin et moi-même était l’envie de transmettre l’héritage
d’un mentor qui comptait beaucoup pour nous. Nous n’avions pas pour but
de gagner des millions de dollars. Notre idée n’était pas de créer une
nouvelle société qui rapporterait une fois de plus 100 millions de dollars à
Kevin. Néanmoins, nous nous sommes trop investis. Avec le recul, aucun
de nous deux n’a toutefois le moindre regret, car au fond, nous voulions
rendre la pareille. Nous étions en train de donner à la génération suivante ce
que nous-mêmes avions reçu. Kevin en avait envie pour ses enfants, afin
que ses deux fils, Brian et Nick, ainsi que ses petits-enfants, aient la
possibilité de connaître et d’apprécier l’un de ses mentors.
C’est le genre de situation dans laquelle on peut enfreindre cette règle. À
condition qu’il ne vous reste pas que quelques dollars en poche. Vous ne
pouvez pas vider votre livret A pour transmettre l’héritage d’un mentor.
La bonne nouvelle est qu’en ce qui concerne la transmission de l’héritage
de Zig, nous avons réussi. Plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de
personnes ont maintenant accès à la marque Zig Ziglar, soit tellement plus
que si nous n’avions rien fait.
Nous avons continué de nous investir, car nos objectifs étaient remplis.
C’est pourquoi il est si important de prendre conscience que parfois, il y a
des exceptions à la règle, que vous pouvez investir dans une idée
simplement parce qu’elle vous passionne, parce que la satisfaction que vous
en retirez prime, en comparaison à ce que le monde considère comme une
réussite.
Agissez maintenant
Sans rentrer dans des débats politiques, il n’y a pas de meilleur exemple de
l’aptitude de Kevin à passer à l’action que sa rencontre avec Donald Trump.
« J’avais des vendeurs qui travaillaient à la commission, m’a confié
Kevin. Je les emmenais dans des salons professionnels et nous cherchions
des produits. Parfois, je leur disais : “Il faut trouver des célébrités pour
représenter notre produit, parce qu’à lui seul, ce wok chinois ne va pas se
vendre.” À l’époque, nous commencions juste à faire appel à des gens
connus. Mes vendeurs ont eu un mouvement de recul : “Kevin, comment
vas-tu contacter ces personnes ?” Je leur ai répondu que je pouvais entrer en
contact avec n’importe qui en sept jours.
– Sept jours ? ai-je lancé.
– Oui, sept jours. Je leur ai proposé de me mettre au défi. Alors ils m’ont
dit de décrocher un rendez-vous avec Donald Trump en sept jours. C’était
aux environs de 1987, avant la sortie de Trump par Trump et bien avant
qu’il devienne le 45e président des États-Unis. J’ai commencé par sa
secrétaire, parce que c’était naturellement la première chose à faire. Elle
m’a demandé pour quel motif je voulais lui parler et avant même que je
finisse ma phrase, elle m’a répondu : “Désolée, il est occupé” et a
raccroché. J’ai donc dû être créatif.
Tony Schwartz a écrit ce livre avec Trump et il était beaucoup plus facile
d’accès. Je l’ai appelé et lui ai dit : “Tony, vous ne me connaissez pas, je
suis le créateur de ‘Vu à la télé’. J’ai une question à vous poser. Si j’avais
besoin d’un million d’exemplaires de votre livre et que j’étais prêt à vous
les payer, est-ce que j’obtiendrais un bon prix de gros ?”
Sa première réaction a été : “Pardon ?” Je lui ai dit que j’aurais peut-être
besoin d’un million d’exemplaires de Trump par Trump, mais qu’il me
fallait le meilleur prix de gros possible. Il m’a demandé qui j’étais et ce que
je faisais. Je lui ai expliqué que je vendais à la télévision des produits qui
aidaient les gens à gagner de l’argent dans l’immobilier. Mon idée était
d’offrir le livre de Trump en incitation aux personnes auxquelles nous nous
adressions à l’époque.
“Vous pensez vraiment que vous pourriez les écouler ?” m’a-t-il
demandé. Là encore, je lui ai dit qu’il me fallait un super prix, ainsi que
l’approbation de Trump, mais j’étais sûr de pouvoir en écouler des
centaines de milliers, voire des millions.
“Laissez-moi vous rappeler”, m’a-t-il dit. Deux heures plus tard, il m’a
dit : “Quand pouvez-vous venir à New York pour rencontrer Donald ?”
Trois jours plus tard, j’étais dans le bureau de ce dernier. J’avais fait le trajet
en voiture depuis Philadelphie. »
C’était le passage à l’action à l’état pur, sans planification complexe. Et
sans mettre un sou sur la table. Mais l’histoire de Kevin ne s’arrête pas là.
« Je me suis donc retrouvé dans la tour de Trump. Je suis sorti de
l’ascenseur et j’ai aperçu sa secrétaire, qui était installée à l’extérieur du
bureau de l’homme d’affaires. De derrière la porte, j’ai pu entendre ce
dernier crier contre une personne au sujet de l’or et de l’argent. Vingt
bonnes minutes de hurlements. La secrétaire m’a regardé, comme pour me
dire : “Bonne chance, mon vieux.” Enfin, il a crié : “Où est ce jeunot qui a
un truc à me présenter ? Faites-le entrer tout de suite !” La secrétaire et moi
nous sommes à nouveau regardés et je suis entré.
J’ai commencé par me diriger vers un fauteuil pour m’asseoir. Il s’est
exclamé : “Attendez une minute. Ne vous asseyez pas. Vous êtes ici pour
me présenter un truc, et je ne sais même pas de quoi il s’agit. Avant de
commencer, si je devais dire oui à votre discours, de combien de temps
avez-vous besoin et qu’est-ce que j’ai à y gagner ? Parce que si vous n’avez
pas la bonne réponse, vous allez faire demi-tour et ficher le camp de mon
bureau.”
C’était le moment de sortir le grand jeu. Je lui ai dit : “Si vous acceptiez
ma proposition, j’aurais peut-être besoin de trois ou quatre heures de votre
temps et vous pourriez gagner 4 millions de dollars.” J’ai fait court, car je
savais que je devais être bon. Il lui faudrait investir peu de temps, mais il y
aurait beaucoup d’argent à la clé pour lui. Il a attendu environ
cinq secondes. Puis il m’a dit : “OK, asseyez-vous.”
Nous avons passé une heure ensemble. En substance, mon discours a
consisté à lui dire que nous pourrions utiliser son image dans une
infopublicité pour vendre de l’immobilier. Je suis ressorti de son bureau
avec une poignée de main. »
Le temps de solliciter les avocats et tout le monde, l’affaire n’a jamais été
conclue. Trump ne voulait pas apparaître dans l’infopublicité. Il pensait que
Kevin voulait juste vendre son contenu. Mais Kevin n’avait pas de plan
complexe quand il a atterri devant Trump. Il n’avait même pas élaboré de
stratégie pour décrocher ce rendez-vous. Il était passé à l’action. Le résultat
échappait à son contrôle, mais son aptitude à ne pas laisser la peur de
l’échec le paralyser lui avait ouvert les portes du bureau de Trump.
Intégration
C’est sans nul doute cette notion de passage à l’action qui a eu le plus
d’impact sur moi parmi tout ce que Kevin m’a appris. Cela a manifestement
changé ma vision des choses et mon approche des affaires.
Cependant, cela a aussi modifié de manière spectaculaire mes
interactions avec mes enfants. J’ai pris le temps de la réflexion et je me suis
dit que je voulais que ce principe puisse s’intégrer en eux aussi. Je voulais
qu’eux aussi passent à l’action. Je ne voulais pas qu’ils en soient empêchés
par la peur de l’échec. Mon souhait est qu’ils essaient beaucoup de choses,
qu’ils allument beaucoup de feux par eux-mêmes.
À l’époque où ma fille Grace était en Afrique, elle a rencontré un jeune
homme du nom d’Edwin qui souffrait de la même scoliose grave qu’elle.
Nous avions eu la chance de pouvoir offrir à Grace l’intervention
chirurgicale dont elle avait besoin pour remédier à son douloureux
problème de santé, mais Edwin, lui, n’avait pas eu cette chance. Toutefois,
Grace, avec son grand cœur, ne pouvait en rester là. Elle n’acceptait pas
qu’elle ait pu être opérée, et lui non.
« Je ne peux pas me contenter de prier pour qu’il soit opéré, m’a-t-elle
dit.
– Alors que vas-tu faire ?
– Je veux agir. »
Vous voyez pourquoi je suis si fier d’elle, et Kevin aussi.
Le troisième jour après son opération, Grace s’est mise au travail et a
créé une page GoFundMe pour récolter la somme exacte dont Edwin avait
besoin pour se faire opérer. Nous avons insufflé en elle ce que Zig Ziglar
avait instillé en nous ; l’expérience de Kevin s’était intégrée en moi et dans
ma famille. Peu importe le niveau de difficulté dans le cap que Grace avait
décidé de franchir afin de récolter ce qui pouvait paraître un montant
insurmontable au profit d’un jeune garçon qu’elle connaissait à peine.
L’important était qu’elle fasse ce premier pas, et ce immédiatement.
Sur la page GoFundMe, elle a raconté son histoire et celle d’Edwin. Elle
a récolté un petit peu d’argent, mais elle était loin du compte. Je lui ai dit
que même si elle avait tout mon soutien, je n’allais pas jouer au père qui
allait lui donner anonymement la différence. Et je me dois de reconnaître
qu’elle n’a jamais voulu cela. Néanmoins, elle a constaté soudainement que
les dons devenaient plus fréquents, sans raison apparente.
Environ deux semaines plus tard, je participais à un groupe de réflexion.
Quelques participants avaient vu le message de Grace sur les réseaux
sociaux et avaient fait un don. Ils m’ont expliqué qu’ils avaient reçu un
courrier absolument incroyable de la part de Grace à la suite de leur don et
que ce courrier était tellement stupéfiant qu’ils l’avaient montré à tous leurs
amis et à leur famille. Il s’est avéré que Grace avait écrit de longs courriers
personnels de remerciement à chaque donateur, à la fin desquels elle leur
demandait de partager son histoire et celle d’Edwin avec leur entourage.
Nous ne connaissions que les dix premières personnes qui avaient fait un
don. Et après ? C’était des inconnus au grand cœur qui avaient été contactés
par des personnes qui avaient été touchées par la sincérité de ses propos et
qui avaient de l’empathie pour sa situation et celle d’Edwin.
Si cette jeune fille de 15 ans avait programmé une stratégie élaborée pour
récolter 9 700 dollars, il est probable que cela aurait abouti à une ou l’autre
situation : soit tout ce processus l’aurait tellement frustrée qu’elle aurait tout
laissé tomber, soit elle aurait peaufiné sa stratégie, elle aurait échoué et elle
aurait fini par se décourager.
Mais nous avions Zig Ziglar. Et Kevin Harrington.
Grace est passée à l’action. Elle a fait le premier pas et les premiers dons
qu’elle a reçus lui ont donné la confiance et la motivation nécessaires pour
continuer, et non inversement. C’est le premier acte qui lui a donné l’élan
nécessaire pour aller de l’avant, pour rédiger ces beaux courriers et pour
atteindre son objectif.
Elle avait besoin de 9 700 dollars. Trois semaines après avoir lancé cette
initiative, elle avait récolté 9 815 dollars.
Non seulement la motivation de Grace l’avait incitée à agir, mais en plus,
son passage à l’acte l’avait encore plus motivée.
Et avec quel résultat !
Six mois après la fin de la campagne, alors que j’étais à un dîner
d’affaires en Floride, l’initiative de Grace est revenue dans la conversation.
Une personne qui était assise à quatre sièges de moi m’a dit : « Finalement,
qu’a fait votre fille ? » Il s’est avéré que cette personne avait participé à un
événement le mois où Grace avait lancé son projet sur GoFundMe et
l’intervenant principal, que je n’avais jamais rencontré et dont je n’avais
même jamais entendu parler, avait mis sa photo et sa page GoFundMe sur
l’écran principal pour illustrer le fait que l’âge n’empêchait pas de passer à
l’action et d’aider les autres. Je lui ai alors raconté comment sa campagne
avait décollé, et son financement avait été bouclé en tout juste vingt et un
jours.
Renaître de ses cendres
Nous avons beaucoup parlé d’échec dans ce chapitre. Car en vérité, il est
inévitable.
L’autre vérité est qu’il est absolument nécessaire, et qu’il doit intervenir
rapidement.
Lors d’un autre événement auquel j’ai participé avec Kevin, j’ai
découvert à quel point il avait échoué dans sa carrière. Vous seriez surpris.
Vous serez également étonné d’apprendre à quel point ses échecs ont été
essentiels à son succès.
Chapitre 6
QUAND LE PHÉNIX RENAÎT
DES CENDRES
DE L’ÉCHEC
Kevin m’a appris que l’échec fait partie du processus. C’est quelque chose
qu’il faut accepter. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il faut faire en sorte
d’échouer. Personne ne fait exprès d’échouer, et surtout pas Kevin.
En toute franchise
« Tu te souviens que je t’ai raconté que mon père avait été un héros de la
Seconde Guerre mondiale, m’a un jour dit Kevin, et qu’il avait fait des
missions pour l’armée de l’air. Il lui arrivait littéralement de voler en rase-
mottes pour lâcher des bombes. En Afrique du Nord. En Italie. Il a fait
165 missions. À l’époque, 25 suffisaient pour rentrer chez soi, car c’était le
genre d’expérience qui pouvait vous détruire un homme. Les montées
d’adrénaline constantes faisaient des ravages chez les pilotes. Vous partiez
avec dix hommes et reveniez avec cinq, parce que deux étaient rentrés après
avoir invoqué un problème moteur, mais en réalité parce qu’ils avaient pris
peur, et les trois autres avaient été tués pendant la mission, parce qu’il y
avait seulement huit hommes contre quinze Messerschmitt.
Il avait donc effectué ses 25 missions, mais il a continué et il s’est fait
abattre deux fois. Il volait tellement bas qu’une balle de pistolet a atteint
son réservoir. Malgré tout, il n’a pas baissé les bras. Il a vu qu’il y avait de
jeunes pilotes qui arrivaient et qui se faisaient descendre en un rien de
temps. Alors, avec Tom Sutton, un autre militaire resté dans l’armée de l’air
avec lui, il a continué pour former ces jeunes pilotes. Ils ont été les premiers
instructeurs au monde sur le P-40. Mon père a éveillé une telle confiance
chez Tom que ce dernier a insisté pour que mon père épouse sa sœur quand
ils ont fini par rentrer chez eux. Et Tom est donc mon oncle.
Ce que je veux dire, c’est qu’il lui a fallu tirer les leçons de chaque
mission et ce sont ses échecs, et en particulier les fois où il s’est fait abattre,
qui lui ont appris le plus. La plupart des pilotes s’arrêtaient après 25
missions, d’autant plus s’ils s’étaient fait descendre deux fois dans la même
journée. Mais mon père a analysé ses échecs et non seulement il en a tiré les
leçons, mais en plus, il a transmis ce savoir aux pilotes qui lui ont succédé.
Et à moi, il m’a transmis cette résilience et cette adaptabilité. »
Vous autres lecteurs et moi-même avons la chance de nous retrouver à la
place de ces jeunes pilotes apprenant aux côtés du meilleur instructeur qui
soit, en l’occurrence Kevin, qui nous transmet aujourd’hui ce qu’il a appris.
Mais comme c’est souvent le cas chez moi, je n’ai pas d’emblée appris à
apprécier ses enseignements.
Quand j’ai commencé à travailler avec Kevin, nous avons lancé une
entreprise dénommée Xponential. Au lieu d’avoir un véritable produit,
c’était Kevin Harrington, le produit. Il devenait une marque. L’idée était de
chercher des moyens d’exploiter sa marque pour avoir un impact
exponentiel sur des opportunités et des idées dans le cadre de cette
entreprise. Par exemple, des gens payaient pour venir à Saint Petersburg,
avoir un entretien avec Kevin au sujet de leur entreprise et apprendre avec
lui à réaliser l’argumentaire parfait. Puis Kevin tournait une vidéo dans
laquelle il témoignait en faveur de ces personnes. Cette vidéo influençait
exponentiellement leur entreprise tout en s’avérant très lucrative pour nous.
Ce projet a été créé à partir de son idée de la démultiplication tout en ayant
une influence positive sur d’autres entreprises compatibles avec sa marque.
Je me retrouvais donc l’associé d’un des membres du jury de la fameuse
émission de téléréalité Shark Tank. Apparemment, tout ce qu’il touchait se
transformait en or et c’est avec moi qu’il avait décidé de créer une
entreprise ! À ma retraite, je serais riche comme Crésus, simplement parce
que nous avions été associés. Vous êtes d’accord ?
En réalité, pas tout à fait. Au moment de la rédaction de ce livre, cela fait
trois ans que nous avons lancé Xponential et nous avons connu exactement
le même cycle que presque tous les projets auxquels Kevin a participé.
Ce que je veux dire, c’est que les premières idées que nous avons eues
pour Xponential n’ont pas porté leurs fruits. Elles n’étaient pas rentables.
Bien sûr, je pensais que c’était ma faute et que l’ombre au tableau, c’était
moi. Cela devait être moi. Comment aurait-ce pu être Kevin ? Tout ce qu’il
touchait se transformait en or. Pourtant, tout commençait beaucoup plus
lentement que je ne l’avais imaginé.
Mais Kevin s’y attendait.
« Avant de trouver l’idée qui va faire mouche, disait-il, nous allons
devoir en essayer dix. Ce sera comme pour tous les autres projets auxquels
j’ai participé. Quand nous aurons mis dans le mille, on mettra les bouchées
doubles pour attiser le feu. »
Bien sûr, je ne pensais pas que ce serait le cas. Après tout, j’étais
l’associé de Kevin Harrington ! Il maîtrisait. Pas besoin d’en passer par tous
ces essais. Je pensais qu’il gérait. Et c’était le cas.
Kevin comprend très bien que tout ne marche pas et que par conséquent,
il faut s’adapter. Le fait que notre projet ne soit pas parti en flèche ne l’a en
rien surpris. Il le savait très bien ; d’ailleurs, au moment de la rédaction de
ce livre, notre entreprise a réalisé son plus gros chiffre d’affaires mensuel
depuis son lancement. Nous nous sommes adaptés au marché et nous avons
trouvé notre niche. Notre entreprise est sur le point de décoller et de
connaître un essor important.
Et nous en sommes précisément à notre dixième idée. Kevin est
sacrément doué.
Un jour, Zig Ziglar a dit :
« Il n’y a pas d’ascenseur qui conduit au succès. Il faut prendre les
escaliers. »
Ce principe s’applique non seulement aux nouveaux entrepreneurs, mais
aussi à Kevin Harrington. Les gens supposent qu’il ne doit jamais passer
par les escaliers, mais je peux vous affirmer que si, en particulier dans les
nouveaux projets. Le nôtre était tout nouveau, il n’avait jamais fait ça
auparavant. Il n’y a donc pas eu d’ascenseur pour aucun de nous deux.
Nous n’étions pas dans le domaine de l’infopublicité, qu’il connaissait déjà.
Nous n’étions pas non plus dans le secteur des produits physiques, dans
lequel il avait déjà des feux très importants qui brûlaient. Nous nous
intéressions aux produits numériques et à l’e-mail marketing, domaine dont
nous ignorions tout. Nous n’avions presque aucun matériel pour allumer ce
feu. Nous avons donc dû en allumer plusieurs pour trouver celui qui
brûlerait le mieux.
Que vous soyez novice ou que vous ayez de l’expérience dans
l’entrepreneuriat, puisez du courage dans cette notion. Les entrepreneurs
prospères ne réussissent pas à tous les coups.
Quand je me suis associé avec Kevin, je suis monté dans l’ascenseur en
appuyant sur une multitude de boutons dans l’espoir que cela me conduirait
directement au sommet. C’était comme si j’avais dit que j’avais un T-shirt à
vendre et que, sachant que le marché de l’habillement pèse 100 milliards de
dollars, je m’attendais à réussir instantanément, parce que j’ai un vêtement
à vendre.
C’est comme si j’appuyais sur tous les boutons dans l’espoir que l’un me
conduise tout en haut.
Entre-temps, Kevin avait déjà pris les escaliers et en était à la première
marche. Quand j’ai pris conscience que l’ascenseur n’allait nulle part, j’ai
dû me hâter d’en descendre et rattraper Kevin, qui avait déjà quelques
marches d’avance sur moi.
Xponential est une extraordinaire étude de cas en matière d’adaptation et
encore une fois, notre succès est dû au fait que Kevin a tiré les leçons de ses
erreurs passées et a su renaître de ses cendres.
Fitness et succès
Peut-être avez-vous entendu parler de Tony Little et de certains de ses
appareils de fitness. L’un des accessoires qui a été le plus vendu, en
particulier aux États-Unis, a été l’« Ab Isolator ». Mais ce que la plupart des
gens ignorent est que son premier lancement s’est soldé par un échec.
« Le problème n’était pas que les gens ne l’achetaient pas, m’a expliqué
Kevin, bien au contraire. Le problème était que quand ils le recevaient, ils
s’apercevaient qu’il n’y avait qu’une sangle en nylon et une petite barre
destinée aux pieds, et du coup, ils le renvoyaient. Le taux de retour était
gigantesque, parce que la valeur qu’ils donnaient au produit en comparaison
du prix qu’ils avaient payé ne correspondait pas à ce qu’ils recevaient.
La plupart d’entre nous considéreraient qu’il s’agit d’un échec pur et
simple. Nous nous dirions qu’un produit ayant un tel taux de retour ne
pourrait pas marcher. Mais je me suis rendu compte que notre problème
n’était pas notre aptitude à vendre, mais à correspondre aux attentes du
client concernant la valeur du produit.
Nous avons donc enregistré une multitude d’exercices montrant à notre
clientèle comment utiliser l’Ab Isolator pour renforcer ses abdominaux. À
l’époque, nous pouvions produire des CD pour une somme modique et nous
avons donc créé un coffret de six CD accompagnant notre appareil de
fitness. Ainsi, même si vous estimiez que l’Ab Isolator ne valait pas grand-
chose, les CD d’entraînement rehaussaient la valeur perçue et attendue.
Nous aurions pu mettre tous les exercices sur un seul CD, mais nous avons
choisi de mettre une série par CD tellement nos coûts étaient bas, ce qui
donnait encore plus de valeur pour le client.
Finalement, nous avons vendu pour 350 millions de dollars d’Ab Isolator.
Au départ, ce produit était un échec, un désastre. Cela ne pouvait marcher
que si nous avions des taux de retour bas, mais les nôtres étaient tellement
importants que nous perdions de l’argent à chaque émission que nous
faisions. Mais nous nous sommes adaptés et nous avons évolué, ce qui a
permis d’augmenter la valeur perçue, et le produit s’est envolé et a connu
un gigantesque succès.
Et le succès a engendré le succès. Grâce à la réussite de l’Ab Isolator,
Tony Little est devenu sa propre marque. Cela nous a permis de sortir un
petit produit dont tu te souviens peut-être et qui s’appelait la Gazelle.
– Oui, je m’en souviens, lui ai-je dit.
– Tu devrais, parce que grâce au succès de l’Ab Isolator et à la marque de
Tony, la Gazelle a rapporté 1 milliard de dollars à l’international. »
J’en suis resté bouche bée.
En effet, Kevin était parti d’un échec catastrophique et non seulement
cette modification avait été couronnée de succès sur le plan financier, mais
en plus, il avait réussi à faire de Tony Little un nom connu, ce qui avait
donné lieu à l’extraordinaire succès de la Gazelle. Et rien de tout cela
n’aurait pu se passer s’il n’y avait pas eu le premier échec.
Le phénix qui renaît de ses cendres.
En quoi une difficulté est-elle une opportunité ?
De nos jours, quand les parents couvent leurs enfants, c’est très
problématique. Nous ne voulons jamais que nos enfants échouent et nous
sommes prêts à presque tout pour les empêcher d’échouer. Ce faisant, nous
leur faisons prendre l’ascenseur qui les conduit au sommet, mais plus tard,
ils vont s’apercevoir que dans le monde réel, il n’existe pas d’ascenseur qui
conduit au succès. Nous ne permettons pas à nos enfants de prendre les
escaliers et négligeons le fait que nous ne serons pas toujours présents pour
les relever quand ils tomberont, ou même pour les empêcher de chuter. Du
coup, quand ils doivent prendre les escaliers par eux-mêmes, leurs jambes
n’en ont pas la force.
Je dis « nous », parce que moi aussi, j’ai agi comme cela.
Mais dans la mesure où notre vie familiale a été calquée sur le modèle de
l’entreprise, nous avons adapté la philosophie de Kevin à notre famille. Ma
femme et moi-même voulons désormais que nos enfants connaissent
l’échec, parce que c’est en bataillant qu’ils vont pouvoir grandir.
L’histoire du papillon en est le meilleur exemple. Si vous ouvrez le cocon
d’un papillon, il est incapable de s’envoler. C’est lui qui doit ouvrir sa
chrysalide, se débarrassant ainsi de la matière qu’il a sur les ailes et
trouvant la force nécessaire pour s’envoler. Quand des parents couvent leurs
enfants, ils ouvrent le cocon à leur place et se demandent ensuite pourquoi
ils n’arrivent pas à voler de leurs propres ailes, alors que la réponse est
malheureusement évidente.
À la moindre occasion, je mettais ma fille aînée Mary dans l’ascenseur,
brisant ainsi le cocon à sa place. La philosophie de Kevin en lien avec le
phénix m’a permis de comprendre qu’au lieu de l’aider, je lui faisais du tort.
Et je me suis rendu compte très clairement que sans mon aide, elle ne
pouvait pas faire grand-chose.
Je me souviens en particulier d’une fois où elle a eu besoin de mon aide
pour faire un devoir à l’école. Par le passé, je l’avais beaucoup aidée à faire
ses recherches. Mais je me suis dit que cette fois-ci, ce serait différent. Je
lui ai dit que je l’aiderais seulement à rédiger son devoir à l’ordinateur ou
que je lui proposerais de le relire et de le corriger une fois son travail
effectué.
Ce serait un euphémisme de dire qu’elle s’est débattue. Lorsque j’ai collé
une étiquette « en panne » sur la porte de l’ascenseur, cela n’a été amusant
ni pour Mary ni pour moi. La transition vers les escaliers a été difficile.
Mais cela en a valu la peine.
Mary avait de moins en moins besoin de mon aide. Elle ne faisait appel à
moi que pour l’aider à trouver des idées pour ses devoirs, puis elle prenait le
taureau par les cornes. Après quelques années où je l’ai laissée se
dépatouiller, et surtout échouer, elle a acquis une incroyable autonomie. En
terminale, elle s’est inscrite toute seule à trente universités et toutes l’ont
acceptée.
Elle n’était pas la première de sa classe. C’est juste qu’elle travaillait dur
et qu’elle tirait les leçons de ses difficultés et de ses échecs.
Au point qu’elle a posé sa candidature pour obtenir une bourse pour
financer son choix numéro un et qu’elle l’a obtenue, pour une valeur de
200 000 dollars. Cela ne se serait jamais produit si j’avais continué à lui
faire prendre l’ascenseur.
Mary n’a pas été mon seul phénix.
Mon fils Markus a passé plus d’une année à se préparer à aller en Chine.
Son intention était d’y étudier le mandarin et de se former aux arts
martiaux. Il lui a fallu franchir un certain nombre d’écueils pour y parvenir,
dont beaucoup étaient liés à nous, parce que nous ne voulions pas lui
faciliter la tâche. Il lui a fallu réussir en cours, commencer à étudier le
mandarin avant de partir et continuer à avoir au moins la moyenne. Comme
il a réussi, il a pu partir. Sur place, il a passé des moments merveilleux. Il a
adoré tout son séjour en Chine.
Jusqu’au moment où il a fait, pour être honnête, quelque chose de
stupide.
Il était sorti avec un groupe de copains et ils ont commencé à lancer des
pierres. Markus a fini par se briser les doigts et il a fallu le conduire à
l’hôpital. Cela a été une sacrée épreuve. Au bout du compte, il a été exclu
de l’école d’arts martiaux, parce qu’il ne pouvait plus participer aux cours.
Et c’était aussi dans cette école qu’il étudiait le mandarin.
C’est ainsi que tout son travail et tous ses efforts ont été réduits en
cendres à la suite d’une mauvaise décision. J’ai dû aller le chercher en
Chine pour le ramener à la maison.
Markus était abattu.
« Markus, ça va mal. Je sais que tu as du chagrin et que tu es déçu.
C’était ton rêve et tu passais des moments géniaux. Maintenant, je veux que
tu te demandes : “En quoi est-ce une opportunité ?” »
Il ne pouvait pas retourner à l’école aux États-Unis, parce que l’année
était déjà presque terminée. Il lui restait donc deux mois sans objectif. Nous
avons donc décidé que cet incident allait lui permettre de m’accompagner
dans mes déplacements professionnels jusqu’à la rentrée scolaire à
l’automne.
Nous nous sommes rendus à des congrès. Nous avons pris l’avion
ensemble pour nous rendre au Brésil où, pour la première fois de sa vie, il a
pu prendre la parole sur scène, en ma compagnie. Je ne m’étais jamais
adressé à un public avec l’un de mes enfants.
Tous ces congrès et tous ces cercles de réflexion ont fini par changer à
jamais sa vie.
En m’accompagnant dans mes déplacements, Markus a eu la possibilité
de rencontrer des personnes extraordinaires et cela a éveillé des passions
chez lui. Il a commencé à se passionner pour l’entrepreneuriat. Mais il a
aussi eu très envie de devenir pilote, au point qu’il a rejoint l’armée de l’air
des États-Unis. Et alors même qu’il est à l’armée, il a des activités
entrepreneuriales : il apprend l’immobilier.
Il n’est plus du tout le même que lors de ses déboires en Chine. Il est
devenu plus discipliné et responsable, en particulier parce qu’il s’est aperçu
que s’il était passé à côté de cette opportunité en Chine, c’est parce que ces
deux qualités lui manquaient. Normalement, Markus devrait vous dire que
cet incident a été l’un de ses pires échecs.
Il aurait pu rester à se morfondre à la maison et s’enfermer dans sa
chambre pendant deux mois. Au lieu de cela, comme nous avons insufflé en
lui ce que Kevin m’avait appris au sujet de l’échec, ces deux mois se sont
avérés une incroyable opportunité pour lui. Cela l’a ouvert au monde et a
changé la vision qu’il en avait. Il m’a même accompagné en terminale dans
mes déplacements, au point de rater trente-six jours d’école. Mais au vu de
tout ce qu’il a appris à mes côtés, cela en valait la peine.
Avec le recul, il m’a dit :
« Regarde à côté de quoi j’aurais pu passer si je n’avais pas échoué en
Chine. Regarde comment j’ai rebondi. C’était en fait une opportunité. »
C’est ce genre de moment qui fait la fierté d’un père. Et j’en suis
reconnaissant à Kevin.
Je dois aussi remercier Kevin de m’avoir enseigné une nouvelle manière
de faire des calculs pour réussir, à la fois dans ma vie professionnelle et
familiale.
Il m’a enseigné à cesser de faire des additions et à commencer à faire des
multiplications. C’est ce que je m’en vais vous raconter dans le prochain
chapitre.
Chapitre 7
DÉMULTIPLIEZ
VOS EFFORTS
Dan Sullivan est un coach renommé qui a un dicton : « Ce qui compte, ce
n’est pas comment, mais qui. »
Ce n’est pas le comment qui intéresse les penseurs exponentiels, mais le
qui. Et pour vous le confirmer, je vais vous poser la question suivante :
parmi les plus de 500 produits que Kevin a lancés au cours de sa vie, savez-
vous combien il en a créé par lui-même ?
Je vais vous le dire. Aucun.
Plus exactement, le seul produit qu’il ait créé par lui-même a fait un bide
total. De ce point de vue, il illustre parfaitement le fait que l’important n’est
pas comment, mais qui, car il ne s’embarrasse pas à chercher le comment. Il
ne se demande pas comment résoudre un problème, mais il trouve qui l’a
déjà résolu. Puis il multiplie la solution grâce à sa capacité de raisonnement
et de distribution exponentielle. C’est ainsi que presque tous ses succès ont
été atteints.
N’importe qui peut connaître un essor linéaire. On peut devenir plus
efficace. On peut grappiller quelques minutes sur une activité par ci,
quelques heures par là, mais il s’agit de résultats linéaires. Ce sont des
additions à ce qu’une seule personne peut faire. Mais pour multiplier, vous
devez faire intervenir d’autres personnes et d’autres variables dans
l’équation. Tant d’entrepreneurs croient qu’ils ne peuvent démultiplier leurs
efforts, parce qu’il n’y a qu’eux pour faire le travail. Et à certains égards, ils
ont raison. Il est vrai qu’il est difficile de tout faire par soi-même. Kevin
m’a enseigné plus tard dans notre relation à rallier des gens à sa cause. Et
vous aussi allez découvrir comment faire.
Mais la première étape consiste à se débarrasser du signe + dans votre vie
et d’apprendre à voir le signe x.
Au cours de l’un de nos déplacements communs, Kevin m’a raconté une
histoire extraordinaire au sujet de sa collaboration avec un développeur
d’applications qui voulait obtenir 1 million de téléchargements.
« StarShop était une idée que j’avais eue, m’a expliqué Kevin. L’idée
était que des célébrités vendent des produits sur une application pour
téléphone mobile. Nous avons Kim Kardashian, 50 Cent et j’en passe.
Il s’agissait d’une application, ce qui signifiait qu’il fallait qu’elle soit
téléchargée. Traditionnellement, pour la faire connaître, on la met sur le
marché. Mais avant d’arriver à 1 million de téléchargements, la route est
longue. Il m’est venu l’idée que pour démultiplier nos efforts et ce,
rapidement, il fallait aller voir l’un des fabricants de téléphones mobiles et
s’associer avec lui pour qu’il inclue l’application sur tous ses téléphones.
J’ai décroché un rendez-vous avec Marcelo Claure, le PDG de
l’entreprise de télécommunications Sprint, et je lui ai fait une présentation.
Je lui ai expliqué que s’il mettait notre application sur le million de
téléphones portables qu’il vendait par mois, nous lui donnerions des parts
de l’entreprise, ainsi qu’un pourcentage sur toutes les ventes, et qu’en plus,
cela ne lui coûterait rien. Et avec cela, il aurait toutes ces célébrités qui
diraient à leurs admirateurs de télécharger cette application.
Notre rendez-vous a duré vingt minutes. À la fin, il a littéralement bondi
de son siège et m’a dit : “C’est une idée incroyable. J’adore.”
C’était comme à l’époque où j’ai constaté qu’il y avait un temps
d’antenne inexploité sur la chaîne Discovery. Là, c’était sur l’écran de mon
téléphone que je voyais des espaces vides qui attendaient d’être remplis par
des applications. Et au lieu de passer par de la publicité sur Facebook,
YouTube et autres, ce qui nous aurait pris un temps considérable, notre
application s’est retrouvée préinstallée sur des millions de téléphones. Il a
fallu deux mois pour que la transaction soit finalisée, mais quand cela a été
fait, Sprint a lancé StarShop sur 6 millions de téléphones. »
J’ai immédiatement pris conscience des similitudes avec l’histoire
d’Arnold. Ce dernier n’a rien eu à changer pour générer 500 millions de
dollars de ventes. Et cela a été pareil pour l’application. Dans les deux cas,
il est passé d’un business model linéaire à un business model exponentiel.
Chaque fois, c’est l’état d’esprit qui a changé : l’idée était de cesser de
vendre à une personne à la fois et de démultiplier les efforts sur le même
produit.
Il a fait cela en utilisant le temps, les ressources et les informations que
détenait autrui.
Des relations transformationnelles,
et non transactionnelles
Le secret du succès de Kevin est une notion dont j’ai discuté plus tôt dans
ce livre : tout le monde doit être gagnant. Kevin n’établit pas de relation
transactionnelle, car ce sont typiquement des liens à court terme. Vous
pouvez avoir autant de relations transactionnelles que vous le voulez. Le
fait que ce genre de relation ne marche qu’une fois ne signifie pas qu’elles
ne puissent pas être bénéfiques, mais elles ne sont pas faites pour être
multipliées. Elles sont linéaires.
Kevin crée des relations transformationnelles, c’est-à-dire que l’on peut
les développer à l’infini tant que chaque partie reste disposée à continuer.
Une relation transformationnelle est exponentielle : chacune des parties
s’appuie sur son raisonnement démultiplicateur et peut se sentir gagnante.
Pour ce faire, il consacre beaucoup d’énergie pour conclure une affaire
équitable, c’est-à-dire ni généreuse ni perdante pour l’autre. Une affaire
généreuse est conclue avec vous, parce que la personne vous aime bien,
mais au fil du temps, quand vous commencez à vous développer, vous vous
apercevez que ce n’était pas un investissement que l’autre a fait dans votre
entreprise, mais une transaction généreuse. Entre-temps, votre investisseur
n’est plus là pour vous aider à vous développer. Il a fait cette transaction
pour vous aider. C’était un acte de générosité, qui ne se reproduira plus.
Mon fils adore les motos. S’il en achète une et obtient un excellent prix,
quand il rentre à la maison, il m’en parle et je le félicite d’avoir eu de la
chance. Mais si le gars qui lui a vendu la moto a un autre client qui passe
par là et qui lui dit : « Je vous aurais payé 1 000 dollars de plus », à votre
avis, comment va-t-il se sentir ? Mon fils Markus aura l’impression d’avoir
gagné au loto, mais l’homme qui lui a vendu la moto aura l’impression de
s’être fait avoir. Si Markus retourne voir le même homme pour lui racheter
une moto, les chances que ce dernier ait envie de lui faire à nouveau un très
bon prix sont réduites, voire nulles.
Les entrepreneurs sont toujours à la recherche de la meilleure affaire,
c’est-à-dire d’un échange transactionnel. Ce peut être une bonne chose, à
condition qu’ils comprennent que cet échange se fera une seule fois et ne
donnera lieu à aucun développement.
La générosité ne donne pas lieu à un développement. Quand quelqu’un
fait de son mieux pour vous aider, cela ne peut pas être exploité. Il faut un
penseur exponentiel tel que Kevin pour comprendre que si une personne fait
une trop bonne affaire, l’autre ne voudra pas refaire affaire avec elle quand
il sera temps de décoller. Cela arrive tout le temps. La plupart des
partenariats et des projets communs ne vont pas très loin, parce que l’une
des deux parties s’aperçoit que l’autre est bien plus gagnante qu’elle. Alors,
c’en est fini. Nous l’avons déjà dit. C’est pour cette raison que tant
d’entreprises n’arrivent pas à dépasser la barre des 10 millions de dollars,
parce qu’en amont, elles ont structuré des transactions qui ne peuvent pas
décoller. Dans le pire des cas, l’un des associés poursuit l’autre, parce que
la transaction n’était pas équitable.
Rares sont les affaires transformationnelles où tout le monde décroche le
gros lot, où chaque partie est très contente, où tout le monde est gagnant. Il
est important de le savoir et de s’en souvenir. Car chaque partie doit
renoncer à cet aspect de la nature humaine qui cherche la meilleure affaire
possible. On ne peut pas obtenir la meilleure affaire pour tout le monde
et faire en sorte que cet arrangement soit transformationnel et susceptible de
décoller.
J’irais jusqu’à dire que la notion de « dream team » (équipe de rêve) est
peut-être la plus importante que j’ai apprise aux côtés de Kevin. Une fois
que Kevin a découvert ce concept, il ne s’en est jamais défait. Aujourd’hui,
son objectif est toujours de rassembler une dream team autour des projets
dans lesquels il se lance.
L’idée de la dream team n’a rien de nouveau. Tout le monde en a entendu
parler, tout le monde affirme en vouloir une et personne n’a besoin d’être
convaincu de sa nécessité. Cependant, on obtient invariablement la même
réponse de la part des entrepreneurs lorsqu’il est temps pour eux de créer
leur dream team :
« Je n’ai pas les moyens. Je ne peux embaucher dans mon équipe que les
personnes que je peux me payer. »
C’est ainsi qu’ils font des compromis et qu’ils créent une équipe
seulement avec des personnes dont ils peuvent se permettre de payer les
salaires. Ce faisant, ils compromettent l’idée même de la dream team, ou
alors, ils ne la rassemblent pas du tout, et tout cela à cause d’une croyance
limitante.
C’est la quintessence de l’enseignement de Kevin : la seule chose qui
vous empêche de créer cette dream team, c’est vous.
Si vous avez accès à des capitaux colossaux dans votre entreprise, parce
que vous êtes entré en Bourse et que vous êtes plein aux as, vous n’aurez
aucun problème à recruter une dream team, on est bien d’accord ? C’est le
raisonnement le plus fréquent chez les entrepreneurs : c’est seulement en
ayant un budget illimité que l’on peut réussir.
Mais je suis là pour vous dire que vous avez tort. Et je le sais, car Kevin
m’a montré pourquoi.
J’ai vu Kevin mettre en place des dream teams à de nombreuses reprises,
la plupart du temps sans donner de salaire aux gens. Il a su convaincre ces
personnes de la viabilité de son projet et de son potentiel, et c’est ainsi
qu’elles ont voulu y prendre part.
Kevin m’a expliqué que pour y parvenir, certains éléments devaient être
réunis :
« D’abord, il faut être ouvert et prêt à ne pas posséder 100 % de
l’entreprise. La dernière fois que j’ai vérifié, 100 % de zéro, cela faisait
toujours zéro. Il y a tellement d’entrepreneurs qui tiennent à tout prix à ce
que ce soit leur entreprise, mais ils n’aboutissent à rien. Une fois que la
messe est dite, certes, ils ont gardé tout le contrôle de l’entreprise et ils ont
multiplié leur activité, mais l’aventure s’arrête là. Personnellement, je suis
heureux de mettre en place une équipe en ayant dans l’idée de partager les
parts de l’entreprise ou les gains afin de pouvoir avoir ma part dans le
succès du projet, mais aussi que cela rapporte à d’autres personnes. »
L’histoire d’Arnold Morris illustre parfaitement ce type de raisonnement.
Une fois qu’Arnold est devenu un poids lourd, une superstar de
l’infopublicité, Kevin l’a invité à faire partie de sa dream team personnelle.
Arnold, qui avait vécu une extraordinaire expérience avec Kevin, était
l’exemple idéal pour les autres personnes comme lui. Aussi, chaque fois
qu’Arnold participait aux ventes et qu’une personne venait lui présenter un
produit qui avait un potentiel en matière d’infopublicité, il la recommandait
à Kevin.
Kevin ne lui donnait pas de salaire pour qu’il fasse partie de son équipe.
Il lui disait plutôt : « Si tu me présentes quelqu’un et que le marché est
conclu, je te donne un pourcentage sur les recettes. »
Comme vous pouvez l’imaginer, il n’a pas fallu longtemps avant
qu’Arnold gagne plus d’argent grâce aux personnes qu’il recommandait à
Kevin que grâce à ses couteaux Ginsu. On peut même dire qu’Arnold
Morris est à l’origine de plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires
réalisé par Kevin dans sa vie, en incluant la vente des couteaux et surtout le
reste.
Tout cela parce qu’Arnold faisait partie de la dream team.
« J’ai dit à Arnold, m’a expliqué Kevin, que nous faisions du bon travail
ensemble et qu’il connaissait probablement d’autres personnes comme lui.
Alors, si lui aussi pensait que nous faisions du bon travail et croyait à ce
que nous faisions, je voulais qu’il fasse partie d’une dream team et qu’il
commence à me présenter ces personnes.
Il est venu un temps, dans les beaux jours de toute cette aventure, où les
couteaux Ginsu sont arrivés en fin de parcours. J’avais payé à Arnold des
millions de dollars pour les personnes qu’il m’avait recommandées. Les
années ont passé et la santé d’Arnold a commencé à décliner. Finalement, il
s’est retrouvé sur son lit de mort. C’est là que j’ai reçu un coup de fil de la
femme d’Arnold.
Voici ce qu’elle m’a dit : “Kevin, je suis vraiment désolée de vous
déranger. Je sais que vous êtes occupé. Est-ce qu’Arnold peut avoir
quelques instants de votre temps ?”
Je me suis dit qu’il était mourant, qu’il allait rendre l’âme et qu’il voulait
simplement me faire ses adieux. Je me suis donc préparé à cette dernière
conversation. Bien entendu, j’ai accepté et elle a posé le téléphone contre
l’oreille d’Arnold. Il y a eu une pause. Et puis, j’ai entendu au bout du fil la
voix faible et cassée d’Arnold.
“Kevin, j’ai une dernière affaire pour toi. C’est le jackpot assuré.” »
Vous imaginez ?
C’était la dernière conversation de Kevin avec cet homme. Il est décédé
quelques jours plus tard. Depuis leur rencontre jusqu’à son dernier souffle,
cet homme n’a pas cessé de permettre à Kevin de conclure des transactions.
Il aimait tellement faire partie de sa dream team qu’il n’a jamais cessé de
chercher de nouveaux produits prometteurs, parce qu’il savait que c’était
spécial pour tout le monde.
Lorsque les infopublicités de Kevin ont vraiment décollé, ce dernier a
créé une nouvelle équipe. L’un des clients avec lesquels il travaillait avait
un produit qui connaissait un très grand succès, au point que sa part se
montait à plus d’un million de dollars par mois. Mais le comptable de
Kevin, estimant qu’il n’avait pas cet argent, lui a expliqué qu’il n’allait
absolument pas pouvoir payer à ce client pareille somme. Souvenez-vous,
c’était il y a plus de trente ans. Un million de dollars à l’époque vaudraient
au moins 5 millions de dollars aujourd’hui. Le comptable a expliqué à
Kevin que c’était ce dernier qui faisait tout le travail, alors que l’homme se
contentait de faire l’argumentaire. C’était Kevin qui achetait des créneaux
dans les médias et qui prenait tous les risques. Pour le comptable, il était
complètement irresponsable de lui donner ce million de dollars.
Malgré tout, Kevin a demandé au comptable de lui remettre le chèque.
« Je lui ai expliqué, m’a dit Kevin, que non seulement nous allions
donner 1 million de dollars à cet homme, mais qu’en plus, j’allais prendre
l’avion pour le lui remettre en mains propres. »
C’est comme cela, mes amis, que l’on fait naître l’esprit de loyauté. C’est
comme cela que l’on crée une dream team sur le long terme. C’est comme
cela que l’on gagne la réputation de prendre soin de ses collaborateurs.
Le résultat ? Les gens meurent d’envie de faire partie de la dream team
de Kevin.
J’ai cessé de proposer des salaires. Je fais tout mon possible pour proposer
un intéressement. Mon état d’esprit concernant la propriété a complètement
changé.
Avant de rencontrer Kevin, j’étais le symbole même de l’entrepreneur à
problèmes. J’avais la même croyance que tous les autres entrepreneurs : je
pensais que j’étais le seul à pouvoir être propriétaire de mon entreprise.
Mais en travaillant avec Kevin, j’ai pris conscience qu’en tant que
propriétaire à 100 %, j’étais limité. Ce handicap empêchait d’avoir une
dream team. Et pour mettre en place celle que je voulais, il m’a fallu
partager la propriété de mes entreprises. J’ai commencé à accepter les
partenariats et l’intéressement, et non plus les salaires.
L’effet a été tout bonnement incroyable. J’ai toujours eu la technique
pour embaucher les bonnes personnes. Mais même si vous avez de bonnes
recrues, rien ne vaut l’intérêt personnel. Un propriétaire pense et agit
différemment, il a un engagement différent qui dépasse son talent et ses
compétences.
Je pense que nous sommes faits ainsi. Nous autres êtres humains, et en
particulier les Américains, voulons posséder. Je voyage régulièrement dans
un certain nombre de pays. Dans beaucoup d’autres endroits du globe, les
gens se fichent d’être propriétaires de leur maison. Ce n’est pas très
important pour eux. Ils louent et quand ils veulent déménager, ils
déménagent tout simplement. Ils ne se laissent pas enfermer dans le besoin
d’être propriétaire de leur maison. Mais aux États-Unis, nous voulons
absolument être propriétaires. Cela remonte aux origines de notre histoire, à
l’époque où les colons ont exploré l’Ouest, et où, même s’il n’y avait rien
d’autre que des serpents et des animaux sauvages, ils pouvaient être
propriétaires d’une parcelle de terrain.
Si nous savons que nous sommes faits ainsi, pourquoi ne pas nous en
servir ? Pourquoi nous autres entrepreneurs n’exploiterions pas cette
caractéristique pour passer au cap supérieur, pour améliorer nos talents et
pour motiver notre personnel ?
Bien sûr, en tant qu’entrepreneurs, nous nous dévouons corps et âme à
nos entreprises et nous ne voulons pas y renoncer. Mais rendez-vous
compte que la propriété n’est pas quelque chose que vous devez abandonner
sur-le-champ. Quand Kevin procède ainsi, les gens doivent le mériter. Ils
doivent atteindre certains repères, réaliser certains objectifs. L’histoire de
L’Oréal illustre magnifiquement ce concept.
Cela me déprime quand, dans l’émission Shark Tank, je vois des
personnes qui concluent le marché qu’elles voulaient, mais leurs parts ne
sont pas tout à fait au même niveau et finalement, la transaction ne se fait
pas. Cela me sidère. Les bénéfices qu’elles gagneraient en renonçant aux
quelques parts supplémentaires qu’elles ont dépassent de très loin ce
qu’elles gagneraient si elles gardaient leurs parts. Pourtant, elles s’acharnent
à ne pas vouloir renoncer à une petite part de leur entreprise.
Beaucoup d’entreprises que j’ai créées ont échoué. Grâce à ce que j’ai
appris auprès de Kevin, je préfère de loin avoir une dream team aussi
investie que moi. Je vais peut-être devoir ouvrir le capital, mais mon équipe
va devoir consacrer du temps, de l’énergie et des efforts à notre projet, soit
autant de temps qu’ils ne pourront pas consacrer à leurs familles puisqu’ils
devront faire des heures supplémentaires. Cela crée une valeur
extraordinaire pour eux comme pour moi.
Au moment de l’écriture de ce livre, j’ai lancé une entreprise de
commerce en ligne et j’ai embauché une jeune femme vive d’esprit qui est
une vraie battante. Depuis le début, je m’étais dit qu’elle pourrait être
propriétaire avec moi, mais je voulais être sûr qu’elle aimerait ce qu’elle
ferait et qu’elle le ferait bien.
Elle a abattu un boulot phénoménal. Je l’ai convoquée et je lui ai
demandé si cela lui plairait de posséder jusqu’à 10 % de l’entreprise. Elle
était aux anges ! Bien sûr, pour obtenir ces 10 %, il fallait qu’elle aide
l’entreprise à atteindre un objectif, en l’occurrence 100 millions de dollars
de ventes. Je lui donne 1 % pour le premier million, 1 % pour les 4 millions
suivants et ensuite, 1 % par tranche supplémentaire de 5 millions de dollars.
Elle était ravie ! C’est comme si elle avait gagné au loto. Sans cela, elle
n’aurait pas pu décrocher le financement pour être associée. Mon rôle sera
de mettre sur la table ma sagesse, mon expérience et mon argent. Quant à
elle, elle apportera son talent, son dynamisme et les heures de travail. C’est
la combinaison parfaite.
Comment serait-il possible que j’y perde quoi que ce soit ? Au bout du
compte, il y a des chances que cela soit l’une des entreprises les plus
prospères que j’ai créées et pour finir, le temps que je vais lui consacrer sera
réduit. Non seulement l’important était qui, et non comment, mais en plus,
comme j’ai accepté de renoncer à une partie de mes précieux titres de
propriété, j’ai trouvé l’associée avec qui former une dream team.
Et tout cela grâce aux conseils de Kevin.
Il s’est également rendu compte que j’avais intégré tous les concepts
permettant de décoller sur tous les plans. Je vais vous dire comment dans le
chapitre suivant.
Chapitre 9
DÉCOLLEZ
(SUR TOUS LES PLANS)
L’océan bleu
Kevin m’a appris que si l’on veut vraiment décoller, il faut trouver un océan
bleu.
« Il existe deux types d’étendues d’eau, explique Kevin. Il y a l’océan
rouge, dans lequel tout le monde s’entre-tue. Il s’agit du marché
concurrentiel dans lequel tout le monde se trouve. L’eau y est rouge, parce
que chacun saisit l’autre à la gorge et du sang se déverse dans l’océan.
Ce qu’il faut trouver, en particulier quand on veut vraiment s’envoler,
c’est l’océan bleu. Où se trouvent les eaux qui ne sont pas agitées par la
concurrence ?
Ce concept n’est pas de moi, mais je l’ai adopté et en matière d’envol, il
m’a été extrêmement utile. Il est difficile, voire impossible, de décoller sur
un océan rouge, parce qu’il y a presque toujours d’énormes requins qui
rôdent. Si vous essayez d’ouvrir de grands magasins physiques de vente au
détail à bas prix, à moins d’avoir un chiffre d’affaires qui se monte à des
milliards et des milliards, vous allez avoir des problèmes.
Si vous vouliez créer et lancer un marché en ligne de nos jours, alors
même que c’est un secteur considérable et qu’Amazon pèse des milliards de
dollars, à moins d’avoir un capital de ce niveau ou d’être déjà bien établi
sur ce secteur, vous allez vous casser les dents. Ce sont des océans rouges.
Vous pouvez y faire trempette, mais ça va saigner.
À l’inverse, vous pouvez rapidement traverser l’océan bleu. Vous pouvez
y dénicher beaucoup de clients et d’opportunités, car la concurrence y est
rare, voire inexistante. »
L’histoire de Daniel
« Quand une personne se rend compte que le prix de son produit est basé
purement et simplement sur sa valeur perçue, explique Kevin, elle peut
adapter son produit au bon public.
Parfois, nous craignons de ne pas pouvoir vendre notre produit à
50 dollars. Si c’est ce que vous vous dites, alors vous n’avez pas la bonne
approche. Les gens ont à tout moment 50 dollars à dépenser. La bonne
question est la suivante : pouvez-vous faire en sorte que la valeur perçue
dépasse le prix ? Parce que les gens ne décident pas d’acheter un produit en
fonction de son prix. En réalité, tout dépend de leur perception de sa valeur.
Les entrepreneurs dont les produits se sont envolés le comprennent. Si votre
prix est équivalent à la valeur perçue de votre produit ou de votre service, il
ne pourra pas décoller. Et si la valeur perçue est inférieure au prix, c’est la
garantie que vous ne tarderez pas à mettre la clé sous la porte.
Le problème est que souvent, les gens cherchent à faire correspondre le
prix et la valeur perçue. C’est une stratégie de développement, mais pas
d’envol. Pour décoller, il faut que la valeur perçue excède le prix. »
Kevin est passé maître en la matière. Souvenez-vous de Tony Little et de
son appareil de musculation. Il avait du succès, il se développait, mais les
ventes ne décollaient pas. C’était un bon produit, mais pas un excellent
produit. Donc le prix dépassait la valeur perçue. Quand ils ont ajouté les CD
d’entraînement, la valeur s’est envolée et les ventes avec.
« Mais le piège à éviter, explique Kevin, consiste à hausser
significativement ses coûts en tentant d’augmenter la valeur perçue. À quoi
sert-il d’accroître la valeur pour le consommateur si, en même temps, je
perds de l’argent à chaque vente ? Tony a dû retourner en salle et enregistrer
des entraînements. C’était une dépense unique. À l’époque, pour graver des
CD, cela se comptait en centimes, et non en dollars. Un coût très réduit pour
une valeur perçue décuplée. »
C’était tout à fait logique. Il fallait que l’augmentation de la valeur
perçue se fasse intelligemment. Mais la clé consistait à ne pas laisser le prix
être une croyance limitante.
« L’un des modèles qui rapportent énormément d’argent de nos jours,
poursuit Kevin, est ce qu’on appelle le “logiciel en tant que service”. Les
entreprises qui proposent ce genre d’offre font des chiffres de vente très
élevés, parce qu’elles ont compris comment, à partir d’une vente, créer un
programme de fidélisation pour leurs acheteurs, de sorte que chaque mois, il
n’y ait pas une nouvelle vente à faire. C’est désormais automatique.
Amazon aussi l’a compris. Il y a certains produits sur leur site qui coûtent
mettons 15 dollars, mais si vous acceptez d’acheter le produit chaque mois,
il ne vous coûtera que 13 dollars. Pour Amazon, il n’y a pas plus d’efforts à
fournir. En revanche, pour le consommateur, normalement, il se rend sur le
site, se connecte à son compte, cherche le produit et ainsi de suite chaque
fois qu’il veut l’acheter. Mais avec ce système, il peut acheter une fois son
produit au prix défini sans jamais plus avoir à s’embarrasser de devoir à
nouveau le commander, dans la mesure où tout se fait automatiquement.
C’est le genre de modèle qui permet à une entreprise de s’envoler. Soit
on vend son produit ou son service une multitude de fois, soit on le vend
une fois en générant un revenu continu. Par la suite, toute vente est
exponentiellement plus rentable et il n’est pas nécessaire d’acheter toute
une infrastructure autour. »
Ce qui sépare Kevin des autres entrepreneurs à succès est la fréquence à
laquelle il a su faire décoller des idées et des entreprises afin qu’elles
atteignent la barre hors d’atteinte des 100 millions de dollars. J’ai
précédemment indiqué qu’au moment où vous tenez ce livre entre vos
mains, il en est à son vingt et unième produit ayant dépassé ce cap. Et il a,
en ce moment, un certain nombre de projets qui réussissent tellement bien
qu’il en sera peut-être à vingt-deux, tout cela grâce à cette aptitude unique à
faire décoller des produits.
Sur tous les merveilleux exemples que Kevin m’a racontés à ce niveau,
l’une des histoires les plus extraordinaires est celle d’une entreprise qui
vend des boissons énergétiques.
Place à Celsius
Kevin adore les boissons énergétiques. Il en prend une presque tous les
jours. Il est comme ça. Grâce à son aptitude à nouer des contacts, Kevin a
atterri au sein du conseil d’administration d’une petite entreprise de
boissons énergétiques basée en Floride et appelée Celsius. Il adore leur
produit, qu’il trouve prometteur.
« Ils avaient fait des recherches qui montraient que leur produit faisait du
bien aux gens, m’a expliqué Kevin. Mais comme c’était le cas de beaucoup
d’autres entreprises, ils ne faisaient que se développer. Ils ne savaient pas
comment faire décoller les ventes. Ils avaient une distribution limitée, car
ils se servaient des circuits de distribution de la nourriture et des boissons
pour accéder aux commerces, ce qui n’a rien de facile.
Pour parvenir à l’effet de la crosse de hockey, il fallait prendre un
tournant radical. Un de mes amis, qui connaissait le rappeur Flo Rida, m’a
demandé si je travaillais sur un produit qui pourrait intéresser Flo. Ça a fait
tilt et je lui ai répondu : “Celsius”. J’en ai parlé au conseil d’administration ;
ils étaient ravis. Je suis retourné voir mon ami et je lui ai expliqué que je
travaillais pour une entreprise géniale et que nous voulions parler à Flo
d’une opportunité.
Nous nous sommes rendus à son studio, devant lequel était garée sa toute
nouvelle Bugatti. Nous avions rendez-vous avec son manager. Flo est
quelqu’un de musclé, très en forme, qui boit beaucoup de boissons
énergétiques. J’ai expliqué au manager que Flo serait le parfait représentant
de Celsius. Il m’a dit qu’il voulait bien, mais que Flo prenait 1 million de
dollars simplement pour se déplacer quelque part.
Celsius était une start-up. À ce stade précoce de leur évolution, ils
n’avaient pas un budget d’un million de dollars à mettre dans de la
publicité. Je lui ai répondu : “Pour être honnête avec vous, vous ne voyez
pas très loin. Un million, ça vous mène où ? Une autre Bugatti ? Oubliez ce
million de dollars. Nous vous donnons des parts dans l’entreprise. On va
aller au salon international de l’alimentation et vous allez y faire un concert
privé pour les meilleurs acheteurs. Au vu du volume des ventes que nous
projetons, ces parts finiront par valoir bien plus qu’un million de dollars.”
Flo et son manager ont accepté. Le rappeur s’est rendu sur le salon et a
fait un concert du tonnerre pour les meilleurs acheteurs. Il y avait là un
public limité qui assistait à un concert privé de Flo Rida. Ça a tellement
bien marché que certaines des plus grosses entreprises industrielles du
réseau de distribution national se sont intéressées à Celsius. Au fil du
temps, l’entreprise a atteint une capitalisation boursière de plus de 350
millions de dollars et l’action s’échangeait à cinq dollars sur le Nasdaq. »
Cette envolée boursière n’était pas passagère. À l’heure où j’écris ces
lignes, Celsius s’échange toujours à plus de cinq dollars l’action. Kevin fait
toujours partie du conseil d’administration et il n’a jamais vendu la moindre
action. Il aurait pu vendre il y a bien longtemps, mais il croit en cette
entreprise. Sa valeur n’a pas été gonflée artificiellement.
Kevin anticipe un avenir radieux pour Celsius et pour lui, l’aventure
continue.
WHSmith
«Le professeur Neil Churchill m’a approché au sujet de cette étude de cas,
m’a raconté Kevin. Je lui ai demandé ce que tout cela impliquerait. Il m’a
présenté les choses comme une opportunité de rendre ce que j’avais reçu à
la communauté entrepreneuriale. L’université enverrait des étudiants et des
professeurs auprès de moi, tous signeraient une clause de confidentialité, ils
m’observeraient ainsi que mes collaborateurs et ils s’entretiendraient avec
nous.
Je leur ai laissé accès à tout. Je voulais qu’ils voient les hauts et les bas
en affaires, parce qu’il ne serait pas sincère de prétendre que tout va
toujours bien dans le meilleur des mondes. Cela étant, le thème central était
la manière dont j’en étais arrivé là, c’est-à-dire mon ascension.
Mais ce que nous n’avons jamais vu venir est qu’ils assisteraient aussi à
ma chute. Tu te souviens quand je t’ai parlé quelque peu des problèmes que
rencontrait mon entreprise d’infopublicité.
– Attends une minute, ai-je répondu, incrédule. Tu veux dire que ça s’est
passé en pleine étude de cas ?
– Parfaitement !
– Alors j’ouvre grand mes oreilles. »
Retour en arrière
« J’ai lancé Quantum Marketing International, ou QMI, le 27 août 1988, en
compagnie de mon frère Tim et avec 75 000 dollars en espèces. Nous
recherchions des bureaux disponibles dans la même rue que mon ancienne
société, Franchise America. Les bureaux que nous avons trouvés avaient été
loués par une entreprise qui venait de faire faillite. C’était tellement récent
qu’il y avait encore des plantes et des photos aux murs. C’est ainsi qu’un
vendredi matin, j’ai démissionné de mes fonctions à Franchise America et
j’ai signé un bail pour ces nouveaux bureaux l’après-midi.
Le lundi matin, nous avons commencé notre activité. Mais je n’avais
aucune rentrée financière prévue. Je n’avais aucun produit, aucun projet,
rien. Il me fallait en finir avec Franchise America. Tout le monde a voulu
me suivre, mais je n’ai emmené que mon frère. Je voulais reprendre les
choses à zéro, proprement, pour me lancer dans mon secteur comme il
convenait. Heureusement, j’ai trouvé Arnold Morris sur un salon et on sait
ce qui s’est ensuite passé.
– C’est là qu’a commencé ton ascension, ai-je commenté.
– Oui, mais au départ, nous avons rencontré des problèmes au niveau de
la fabrication. Il y avait des difficultés avec la main-d’œuvre et nous avons
même eu une grève. Ils ont fini par déplacer les sites de production, ce qui a
occasionné plusieurs mois de retard dans les livraisons qu’ils devaient nous
faire. Nous avons dû embaucher des intérimaires pour gérer toutes les
plaintes qui étaient adressées au service après-vente. Au lieu de débiter les
cartes bancaires des clients au moment de la commande, nous avons dû
attendre que les couteaux soient expédiés. Il y avait des personnes qui
étaient tellement en colère qu’elles contactaient le bureau d’éthique
commerciale et cela remontait même parfois jusqu’au garde des Sceaux.
Plus tard, j’ai découvert le wok martelé à la main. C’était un produit
super, mais nous avions une perte d’exploitation d’environ 100 000 dollars
dessus, à cause de complications similaires au niveau de la production et de
la fabrication. De ce fait et du fait de la croissance rapide que connaissait
notre entreprise, nous étions continuellement à court d’espèces, alors même
que nous recevions beaucoup de commandes et de paiements de la part de
nos clients.
En janvier 1989, nous étions neuf, y compris un comptable et un agent
d’accueil, sans compter les intérimaires au service après-vente. Nous étions
en vitesse de croisière et nous engrangions déjà les millions. Mais cet essor
s’est accompagné de problèmes au niveau de la direction. Et le problème
était en partie lié à moi.
– Toi ? Comment ça ?
– Au début, je m’appliquais à tous les niveaux. Je produisais et montais
les émissions, je lisais les scripts, j’achetais les produits, je me rendais dans
les salons professionnels et j’achetais les créneaux dans les médias. Pendant
notre développement, tout le monde dans l’entreprise, et je dis bien tout le
monde, a continué de me faire son rapport. Personne ne commandait de
marchandise sans que je donne mon feu vert. Au milieu de l’année 1989,
alors que nous étions quarante-cinq, je devenais fou. Quand je quittais la
ville pendant trois jours, je recevais cent coups de fil en mon absence. Si je
voulais limiter notre développement et mourir jeune, c’était exactement
comme cela qu’il fallait continuer. Mais ces perspectives ne m’intéressaient
pas. J’ai embauché des responsables pour qu’ils me remplacent dans mes
nouveaux rôles ; nous avons connu des hauts et des bas, mais nous avons
continué notre progression.
Il n’empêche que cela a été une bonne chose que les gens de Babson
découvrent tout cela dans leur étude de cas, parce que certains de ces
éléments ont été à l’origine de la chute qui se profilait. »
Les déboires de QMI
La chute
« Nous remboursions avec toutes nos rentrées liées à la vente des produits
télévisés de QMI. Avec le recul, si nous n’avions pas lancé Quantum Direct,
nous n’aurions jamais eu de problème, car QMI était rentable dès le départ.
Nous avons dû être placés en redressement judiciaire pour éviter d’être
anéantis et de faire faillite. Tous nos contrats, tout ce sur quoi nous
travaillions, tout s’est littéralement arrêté du jour au lendemain. Personne
ne voulait conclure de vente avec une entreprise qui était au bord de la
faillite. Et pourquoi l’auraient-ils fait ?
– Et tout cela à l’époque où l’université de Babson faisait son étude de
cas ?
– Eh oui. Mais comme nous l’avons déjà vu, le phénix doit savoir
renaître des cendres de ses échecs, n’est-ce pas ? Au fond, toute cette
situation a été un mal pour un bien, pour moi comme pour Babson.
– Parce qu’ils ont pu voir ton ascension, ai-je souri.
– Exactement, m’a-t-il dit en me rendant mon sourire. L’ascension, la
chute, puis à nouveau l’ascension. »
Quand il m’avait appris le principe du phénix qui renaît de ses cendres, il
m’avait raconté son remarquable redressement. Il avait vendu les actifs de
QMI à une société cotée en Bourse et était ainsi devenu le deuxième
actionnaire de cette société. Ensuite, ils ont donné des actions à leurs
créditeurs en lieu et place de l’argent qu’ils leur devaient, ce qui a permis
que l’action de la société passe de moins de 2 dollars à 20 dollars l’unité.
Bien qu’ayant déjà entendu ce récit, j’en ai encore des frissons. C’est une
histoire qui ne vieillit pas.
Et l’université de Babson peut en témoigner.
Retour à Babson
Il était incroyable de voir Kevin interagir avec ses étudiants. Cela m’a
ramené à notre premier jour, en Floride, avec Mary à mes côtés, autour de la
table de cuisine, quand j’ai su que Kevin était le mentor que j’avais toujours
cherché.
Malgré tout ce qu’il avait réalisé dans sa vie, il était ouvert à ces jeunes
entrepreneurs. Avec enthousiasme, il écoutait leurs idées et se revoyait à
travers eux à l’époque où il commençait à prendre son envol. Je voyais bien
sûr à leurs visages qu’ils pensaient que jamais Kevin Harrington n’aurait
écouté leurs idées. Car il suffisait qu’ils tapent son nom sur leur moteur de
recherche pour voir défiler la liste de tout ce qu’il avait accompli, et pour
ceux qui ne l’ont jamais rencontré, ce peut être impressionnant et
intimidant. Mais j’ai vu leurs visages changer et passer de la peur à
l’excitation quand il les a écoutés activement et s’est même passionné pour
leurs idées.
Cela m’a rappelé un livre publié en 2012 par un homme du nom de Bob
Goff et intitulé Love Does. À la fin de cet ouvrage, Bob nous laissait son
numéro de téléphone. Sept ans plus tard, des gens me parlent encore du fait
qu’il ait laissé son vrai numéro. Bien sûr, si vous appelez ce numéro
aujourd’hui, vous tomberez sur un message de Bob vous indiquant d’autres
moyens d’entrer en contact avec lui, car il lui est impossible de répondre à
tous les appels des lecteurs d’un ouvrage qui est devenu un best-seller.
Au fond, cela a humanisé Bob Goff auprès de ses lecteurs et ses
admirateurs. Cela a fait de lui, non plus un mythe ou une idée abstraite,
mais une vraie personne. Et en observant Kevin alors qu’il s’adressait à ces
étudiants en classe et qu’il interagissait avec eux pendant la présentation de
leurs produits, j’ai assisté au même phénomène. Ils ont vu en lui qu’eux
aussi avaient le potentiel d’accomplir ce qu’il avait réalisé. Ils se sont rendu
compte qu’il leur était possible de rencontrer Kevin Harrington en chair et
en os et qu’au fond, il était un entrepreneur comme eux.
Il avait des idées, tout comme eux. Il avait échoué, tout comme eux. Et il
avait rebondi après ses échecs, en parlant librement de ses erreurs et en
montrant qu’au bout du compte, elles sont le fondement même de
l’extraordinaire succès qu’il connaît.
Revenir à l’université de Babson, c’était pour Kevin comme revenir au
pays, c’était l’occasion de boucler la boucle à de nombreux égards.
Il a permis à ces étudiants, à ces entrepreneurs en herbe, comme il m’en
avait donné la possibilité, de se rendre compte qu’eux aussi pouvaient y
arriver. Nous espérons, alors que nous arrivons au terme de cet ouvrage, que
votre sentiment est d’avoir en quelque sorte trouvé en Kevin un mentor et
de sentir que vous aussi pouvez être le mentor de quelqu’un d’autre. Le
parcours de Kevin en tant que mentor n’est pas près d’être terminé.
Le vôtre non plus.
Et comme il s’est avéré, le mien non plus.
Épilogue
TOUS ENSEMBLE
Un congrès en Hongrie
Tergiversations
Le redressement
Famille recomposée
Kevin Harrington
Mark Timm