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Chapitre I

Espaces vectoriels normés et topologie


1 Rappels sur les espaces vectoriels réels

On considère un espace vectoriel réel E = (E, +, .). On rappelle que (E, +) est un
groupe abélien et que la loi externe "." sur E a pour domaine IR et vérie, pour tout
(λ, µ) ∈ IR2 et pour tout (x, y) ∈ E 2 :

i) 1.x = x,

ii) λ(x + y) = λx + λy ,

iii) (λ + µ)x = λx + λy ,

iv) (λµ)x = λ(µx).

où on a écrit, et on écrira toujours, λx au lieu de λ.x pour la multiplication externe.


On dira aussi dans toute la suite que E est un espace vectoriel et on écrira ev.
Les éléments de E sont dits vecteurs.
On dit qu'un espace vectoriel E est de dimension nie si il existe une famille e1 , ..., en
d'élément de E tel que chaque élément x de E s'écrit d'une façon unique sous forme
de x = x1 e1 + ... + xx en où (x1 , ..., xn ) ∈ IRn . On dit alors que (e1 , ..., en ) est une base
de E . On peut alors identier x et (x1 , ..., xn ) et écrire x = (x1 , ..., xn ).

1
2 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Exemples d'espaces vectoriels réels

• Les ensembles IR, C


1 et IRn = (IRn , +, .) (n ∈ IN ∗ ) sont des ev.

• L'ensemble IRn [X] des polynômes à coecients réels de degré au plus égal à
n ∈ IN est un ev de dimension n + 1 ∈ IN ∗ .

• L'ensemble IR[X] de tous les polynômes à coecients réels est un ev de dimension


innie.

• L'ensemble B(E) des fonctions f : E −→ IR qui sont bornées forment un ev.

• L'ensemble C([a, b]) des fonctions réelles continues sur [a, b] est un ev qui est un
sous ev de B([a, b]).

Et la liste est longue!

2 Norme sur un ev

Dénition 2.1
On appelle norme sur un ev E toute application N : E −→ IR tel que
1. N (x) = 0 si et seulement si x = 0. (séparation)
2. Pour tout (λ, x) ∈ IR × E , on a N (λx) = |λ|N (x). (homogénéité)
3. Pour tout (x, y) ∈ E 2 , on a N (x + y) ≤ N (x) + N (y). (inégalité triangulaire) 

Remarque 2.1
Si N est une norme sur E alors N est positive i.e. ∀x ∈ E, N (x) ≥ 0. On peut donc
ajouter N (x) ≥ 0 ou écrire N : E −→ IR+ dans la dénition.
On note souvent une norme par k k avec un indice éventuellement comme k kp .
On dit que N (x) ou kxk est la norme de x pour x ∈ E . 

Proposition 2.1
Toute norme k k vérie: | kxk − kyk | ≤ kx − yk et |kxk − kyk| ≤ kx + yk. 

Driss Seghir SMA3, 2021/2022


2. Norme sur un ev 3
Preuve
En exercice. Se rappeler la preuve de | |x| − |y| | ≤ |x − y| dans IR.

Dénition 2.2
Tout couple (E, N ), où E est un ev et N est une norme sur E , s'appelle un espace
vectoriel normé. On dit (et on écrit) dans ce cas que E est un evn. 

Normes usuelles sur IRn


La valeur absolue (resp. le module) dénit la norme usuelle sur IR (resp. C 1 ).
On dénit les normes suivantes sur IRn , en posant pour tout x = (x1 , ..., xn ) ∈ IRn :
n
X
kxk1 = |xi |,
i=1
v
u n
uX
kxk2 = t |x |2 , i
i=1
v
u n
pour p ≥ 1,
uX
kxkp = p
t |x |p , i
i=1
kxk∞ = max{|xi |, i = 1, ..., n}.

La norme k k2 est la norme euclidienne sur IRn .


Il est facile de montrer les axiomes 1. et 2. de séparation et d'homogénéité pour toutes
ces normes. Pour l'inégalité triangulaire, on a, pour k.k1 et k.k∞ :
n
X n
X n
X n
X
kx + yk1 = |xi + yi | ≤ (|xi | + |yi |) ≤ |xi | + |yi | = kxk1 + kyk1 .
i=1 i=1 i=1 i=1
∀i = 1, ..., n |xi + yi | ≤ |xi | + |yi | ≤ kxk∞ + kyk∞ =⇒ kx + yk∞ ≤ kxk∞ + kyk∞ .

Pour k k2 , on peut utiliser la fameuse inégalité de Cauchy-Schwarz:


n
X
| < x, y > | = | xi yi | ≤ kxk2 kyk2
i=1

qui donne:
n n n
kx + yk22 = x2i + yi2 + 2 xi yi ≤ kxk22 + kyk22 + 2kxk2 kyk2 = (kxk2 + kyk2 )2 .
X X X

i=1 i=1 i=1

Ce qui établie l'inégalité triangulaire, (dite aussi de Minkowski,) pour k k2 .


Pour montrer l'inégalité de Cauchy-Schwarz, on considère le polynôme

t −→ P (t) = kx + tyk22 = kxk22 + 2 < x, y > t + kyk22 t2 .

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4 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Pour y 6= 0, P (t) est de second degré et garde un signe (positif) constant, donc son
discriminant est négatif et donc

< x, y >2 −kxk22 kyk22 ≤ 0.

Exercice
Montrer que k.kp est une norme.

Normes sur des espaces de dimension innie


On dénit sur B(E) la norme kf k∞ = sup{|f (x)|, x ∈ E}.
On peut dénir sur C([a, b]) la norme k k∞ restriction de celle dénie sur B([a, b]) mais
aussi les normes:
s s
Z b Z b Z b
|f |p dx pour p ≥ 1.
p
kf k1 = |f (x)| dx, kf k2 = f 2 dx, kf kp =
a a a

Exercice
Montrer que les quantités qu'on vient de dénir dénissent bien des normes.

Normes équivalentes

Dénition 2.3
On dit que deux normes N1 et N2 dénies sur E sont équivalentes s' il existe α et β
dans IR∗+ tel que:
αN1 (x) ≤ N2 (x) ≤ βN1 (x)

pour tout x ∈ E . 

La relation précisée dans cette dénition est en fait une relation d'équivalence sur
l'ensemble des normes sur E .

Proposition 2.2
Les normes k k1 , k k2 et k k∞ sont équivalentes sur IRn et on a

kxk∞ ≤ kxk2 ≤ kxk1 ≤ nkxk∞

pour tout x ∈ IRn . 

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3. Les suites 5

Preuve
En exercice.

Remarque 2.2
On montre que toutes les normes dénies sur un ev de dimension nie sont équivalentes.


3 Les suites

Soit un ensemble E . On appelle suite d'éléments de E toute application de IN dans


E . On note (un )n∈IN , (uk )k≥0 ou tout simplement (un ), (xk )...etc... de telles suites.
On écrit (un ) ⊂ E pour dire que ∀n, un ∈ E . un est le terme générale de (un ). Une
suite extraite (ou sous suite) de la suite (un ) est une suite (vn ) telle que vn = uϕ(n) où
ϕ : IN −→ IN est strictement croissante. Par exemple (x2n ) est une sous suite de (xn ).

Dénition 3.1
Soit (E, k k) un ev normé, (xn ) ⊂ E et l ∈ E . On dit que (xn ) converge vers l ssi:

lim kxn − lk = 0

ssi
∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , kxn − lk < .

On dit alors que l est une limite de (un ) et on écrit lim


n
un = l ou lim un = l. 

On peut utiliser des inégalités larges dans la dénition. On peut réécrire cette dénition
sous une autre forme en introduisant les boules.

Dénition 3.2
On appelle boule ouverte de centre a ∈ E et de rayon r > 0 l'ensemble

B(a, r) = {x ∈ E : kx − ak < r}.

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6 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Proposition 3.1
La suite (xn ) converge vers l ssi

∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , xn ∈ B(l, ).

On peut changer un nombre ni d'éléments de la suite et la limite reste la même. 


Preuve
Trivial.

Proposition 3.2
Si (xn ) admet une limite l, alors cette limite est unique. 
Preuve
Supposons que (xn ) admet deux limites l1 et l2 . Pour tout  > 0, il existe n1 et n2 tels
que, pour tout n > n1 , kxn − l1 k < /2 et pour tout n > n2 , kxn − l2 k < /2. Pour
n0 =max(n1 , n2 ), on a, ∀n > n0 :

kl1 − l2 k ≤ kl1 − xn k + kxn − l2 k ≤ .

Comme le  est quelconque, alors kl1 − l2 k = 0 i.e. l1 = l2 .


Exemples
1- Dans (IRn , k k2 ), une suite de terme générale xk = (xk1 , ..., xkn ) converge vers l =
q
(l1 , ..., ln ) ∈ IRn ssi lim (xk1 − l1 )2 + ... + (xkn − ln )2 = 0.
k
2- Dans (IRn , k k∞ ), une suite de terme générale xk = (xk1 , ..., xkn ) converge vers l =
(l1 , ..., ln ) ∈ IRn ssi lim sup |xki − li | = 0,
k 1≤i≤n
ssi ∀ > 0, ∃k0 ∈ IN, ∀k > k0 ∀i = 1, ..., n, |xki − li | < .
Cela implique facilement qu'on a lim uki = li pour tout i = 1, ..., n. Réciproquement
k
supposons que lim uki = li pour tout i = 1, ..., n. Soit  > 0. Pour chaque i = 1, ..., n:
k

∃ki ∈ IN, ∀k > ki , |xki − li | < .

Soit k0 = max{ki : i = 1, ..., n}. On a alors

k > k0 =⇒ kxk − lk∞ < .

Ceci veut dire que kxk − lk∞ −→ 0. On vient de démontrer la proposition suivante:

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3. Les suites 7

Proposition 3.3
(xk ) tend vers l dans (IRn , k k∞ ) ssi chaque composante (xki )k de la suite converge vers
li dans IR c-à-d lim xki = li , pour tout i = 1, ..., n. 
k

3- Exemple de convergence uniforme


Dans (B(E), k.k∞ ), une suite (fn ) converge vers f ssi

∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , sup |fn (x) − f (x)| < 


x∈E
⇐⇒ ∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , ∀x ∈ E, |fn (x) − f (x)| < 

c.à.d. (fn ) converge uniformément vers f puisque n0 est le même pour tous les x. On
dit que k.k∞ est la norme de la convergence uniforme.

Convergence et normes équivalentes

Proposition 3.4
Soient N1 et N2 deux normes équivalentes sur E , soit (xn ) une suite dans E et soit
l ∈ E . On a:    
lim xn = l pour N1 ⇐⇒ lim xn = l pour N2
n n


Preuve
Supposons qu'il existe α > 0 et β > 0 tel que αN1 ≤ N2 ≤ βN1 .
=⇒) Supposons lim xn = l pour N1 . Alors:

∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , N1 (xn − l) < /β,

qui donne

∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , N2 (xn − l) ≤ βN1 (xn − l) < ,

qui donne lim xn = l pour N2 .


⇐=) Supposons que lim xn = l pour N2 . Donc

∀, ∃n0 , ∀n > n0 , αN1 (xn − l) ≤ N2 (xn − l) < α

qui donne lim xn = l pour N1 .

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8 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Proposition 3.5
Soit (xk ) une suite de IRn et l ∈ IRn . Les propositions suivantes sont équivalentes:
1- (uk ) converge vers l pour k.k1
2- (uk ) converge vers l pour k.k2
3- (uk ) converge vers l pour k.k∞
4- ∀i = 1, ..., n, la suite des composantes (uki )k converge vers li dans IR.

Preuve
Provient des propositions 2.2, 3.3 et 3.4.

Dénition 3.3
On dit qu'une suite (xn ) ⊂ (E, N ) est bornée ssi ∃M > 0, ∀n ∈ IN, N (un ) ≤ M . 

Proposition 3.6
Si une suite (xn ) converge vers l dans (E, N ), alors elle est bornée. 

Preuve
Pour  = 1, ∃n0 ∈ IN, ∀n > n0 , N (un ) ≤ N (un − l) + N (l) ≤ 1 + N (l). On pose
M = max{N (u0 ), ..., N (un0 ), 1 + N (l)}. Alors ∀n ∈ IN, N (un ) ≤ M .

Valeur d'adhérence

Dénition 3.4
a est une valeur d'adhérence de (xn ) ssi a est limite d'une sous suite de (xn ). 

Proposition 3.7
a est une valeur d'adhérence de (xn ) ssi l'une des deux proposition suivantes est réalisée:
1- Pour tout r > 0, l'ensemble {n ∈ IN : un ∈ B(a, r)} est inni,
2- ∀r > 0, ∀n ∈ IN, ∃k > n, uk ∈ B(a, r). 

Preuve
En exercice (comme pour les suites réelles).

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4. Notions de topologie 9

Suite de Cauchy, espace de Banach

Dénition 3.5
(xn ) ⊂ E est une Cauchy ssi ∀ > 0, ∃n0 ∈ IN, ∀ n, m > n0 , N (xn − xm ) < . 

Proposition 3.8
1- Toute suite convergente est de Cauchy.
2- Toute suite de Cauchy est bornée.
3- Une suite de Cauchy qui admet une valeur d'adhérence converge vers cette valeur
d'adhérence. Donc une suite de Cauchy converge ssi elle admet une valeur d'adhérence
(qui est sa limite). 
Preuve
En exercice (comme pour les suite réelles).

Dénition 3.6
Un evn (E, N ) est un espace de Banach ssi toute suite de Cauchy dans E converge
(vers un l ∈ E ) . On dit aussi que E est complet.
Une partie A ⊂ E est complète ssi toute suite de Cauchy d'éléments de A converge
vers un élément de A. 

Exemple
IRn = (IR, k.k2 ) est un espace de Banach. Toute partie fermée (voir plus bas) de IRn
est complète.

Proposition 3.9
1- (B(E), k.k∞ ) est de Banach.
2- (C([a, b]), k.k∞ ) est de Banach. 
Preuve
On donne l'idée de la preuve.
1- Soit (fn ) de Cauchy. Pour x xé (fn (x)) est de Cauchy dans IR qui est complet. On
pose f (x) = lim fn (x). On montre que f ∈ B(E) et lim fn = f pour k.k∞ .
2- La limite uniforme d'une suite de fonctions continues est continue.

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10 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

4 Notions de topologie

Distance

Dénition 4.1
Soit un ensemble E . Une distance sur E est une application d : E × E −→ IR+ qui
vérie les trois propositions suivantes:
1- d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y .
2- ∀x, y ∈ E, d(x, y) = d(y, x).
3- ∀x, y, z ∈ E, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z).
On dit alors que (E, d) est un espace métrique. 

Exemple
Dans un evn (E, N ), on peut dénir une distance, dite induite par la norme N par:
d(x, y) = N (x − y).

Dans IRn , la distance d(x, y) = kx − yk2 induite par k.k2 est la distance euclidinne.
Boules

Dénition 4.2
Dans un espace métrique (E,d):
Une boule ouverte de centre a ∈ (E, d) et de rayon r > 0 est l'ensemble
Bo (a, r) = B(a, r) = {x ∈ E|d(x, a) < r}.

Une boule fermée de centre a ∈ (E, d) et de rayon r > 0 est l'ensemble


Bf (a, r) = {x ∈ E|d(x, a) ≤ r}.

Dans un evn (E, k.k), on considère la distance induite et on a:


Une boule ouverte de centre a ∈ (E, k.k) et de rayon r > 0 est l'ensemble
Bo (a, r) = B(a, r) = {x ∈ E|kx − ak < r}.

Une boule fermée de centre a ∈ (E, k.k) et de rayon r > 0 est l'ensemble
Bf (a, r) = {x ∈ E|kx − ak ≤ r}.

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4. Notions de topologie 11

Exemple(exercice)
Dans (IR2 , k.k2 ), B(O, 1) est la partie du plan qui est à l'intérieur du cercle de centre
O = (0, 0) et de rayon 1.
Dans (IR2 , k.k∞ ), B(O, 1) est la partie du plan qui est à l'intérieur du carré déni par
les sommets (−1, −1), (−1, 1), (1, 1) et (1, −1).
Dans (IR2 , k.k1 ), B(O, 1) est la partie du plan qui est à l'intérieur du carré déni par
les sommets (−1, 0), (0, 1), (1, 0) et (0, −1).
On dit toujours "boule" au lieu de carré!

Notion de voisinage

Dénition 4.3
Soit E un espace métrique ou un evn. Soient x ∈ E et V ⊂ E . On dit que V est un
voisinage de x ssi V contient une boule ouverte de centre x c-à-d il existe  > 0 tel que
B(x, ) ⊂ V . 

Les ouverts, la topologie

Dénition 4.4
Soit E un espace métrique ou un evn. Soit O ∈ E . On dit que O est un ouvert de E
ssi O est un voisinage de chacun de ses points c-à-d

∀x ∈ O, ∃ > 0, B(x, ) ∈ O.

La topologie de E est l'ensemble de tous ses ouverts. 

Exemple
- Une boule ouverte B(a, r) est un ouvert. En eet, dans un evn par exemple, soit
x ∈ B(a, r), soit  = r − kx − ak et soit y ∈ B(x, ). On a

ky − ak ≤ ky − xk + kx − ak < (r − kx − ak) + kx − ak = r

c-à-d y ∈ B(a, r). Ceci prouve que B(x, ) ⊂ B(a, r). En tout B(a, r) est voisinage de
chacun de ses points. La preuve est similaire dans un espace métrique.
- Un singleton {x} n'est pas un ouvert dans un evn.

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12 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Proposition 4.1
1- ∅ et E sont deux ouverts.
2- Toute réunion d'ouverts est un ouvert c-à-d si Oi∈I est une famille d'ouverts, alors
Oi est un ouvert.
[

i∈I

3- Toute intersection nie d'ouverts est un ouvert c-à-d si O1 , ..., On sont des ouverts,
n
alors Oi est un ouvert.
\

i=1

Preuve
1- et 2- sont immédiats. n
Montrons 3- dans un evn. Soit x ∈ Oi . ∀i = 1, ..., n, ∃i > 0 tel que B(x, i ) ⊂ Oi .
\

i=1
Posons  = min{i , i = 1, ..., n} > 0. Il est clair que ∀i, B(x, ) ⊂ B(x, i ) ⊂ Oi c-à-d
n
Oi .
\
B(x, ) ⊂
i=1

Remarque 4.1
1- Une famille de parties de E qui contient ∅ et E et qui est stable par réunion
quelconque et par intersection nie s'appelle une topologie.
2- Une intersection innie d'ouvert n'est pas toujours un ouvert comme, dans un evn:
\ 1
{0} = B(0, ).
n∈IN ∗ n


Proposition 4.2
Deux normes équivalentes d'un evn E donnent les mêmes ensembles ouverts c-à-d
donnent la même topologie. 
Preuve
Notons Bi (x, r) la boule dénie par Ni , i = 1, 2. Montrons qu'une partie A ouverte
pour N1 l'est aussi pour N2 . Soit x ∈ A, il existe  > 0 tel que B1 (x, ) ⊂ A. On
sait qu'il existe α > 0 tel que ∀x ∈ E, αN1 (x) ≤ N2 (x). Soit y ∈ B2 (x, α). On a
N2 (y − x) < α, d'où N1 (y − x) < . Cela dit que B2 (x, α) ⊂ B1 (x, ) ⊂ A. En tout
A est aussi ouvert pour N2 .
On montre de même qu'un ouvert pour N2 est aussi ouvert pour N1 .

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4. Notions de topologie 13

Remarque 4.2
1- Dans IRn toutes les normes sont équivalentes (cf remarque 2.2). Elles dénissent la
même topologie. Donc on parlera d'un ouvert de IRn sans préciser la norme.
2- O ∈ IRn est un ouvert ssi O est une union dénombrable de boules ouvertes (dont les
centres sont dans Q
1 n et les rayons sont rationnels). (A faire en exercice.) 

Les fermés

Dénition 4.5
Soit E un espace métrique ou un evn. Un sous ensemble F ⊂ E est fermé ssi son
complémentaire F c est un ouvert. 

Exemple (exercice)
Une boule fermée est un fermé.

Proposition 4.3
1- ∅ et E sont deux fermés.
2- Toute intersection de fermés est un fermé c-à-d si (Fi )i∈I est une famille de fermés,
alors Fi∈I est un fermé.
\

3- Toute réunion nie de fermé est un fermé c-à-d si F1 , ..., Fn sont des fermés, alors
n
Fi est un fermé.
[

i=1

Preuve n n
Fi∈I )c = Fic et ( F i )c = Fic sont deux ouverts.
\ [ [ \
(
i∈I i=1 i=1

Remarque 4.3
1
Une réunion innie de fermés n'est pas toujours fermée comme
[
Bf (0, 1 − )=
n∈IN ∗ n
B(0, 1) qui n'est pas fermée dans un evn.
Il existe des ensembles qui ne sont ni ouverts ni fermés comme Bf (0, 1) \ {0} et comme
A = B(0, 1) ∪ {a}, où kak > 1 dans un evn. 

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14 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Intérieur, adhérence, frontière


Intérieur
Dénition 4.6
Soit E un espace métrique ou un evn. Soient A ⊂ E et a ∈ E . On dit que a est un
point intérieur à A ssi A est un voisinage de a c-à-d si il existe  > 0 tel que B(a, ) ⊂ A.

L'ensemble de tous les points intérieurs à A s'appelle l'intérieur de A et est noté A 

Exemple
◦ ◦ ◦ ◦
[0, 1]=]0, 1]=[0, 1[=]0, 1[. 1 = ∅.
Q

Proposition 4.4
◦ ◦
1- A ⊂ B =⇒A⊂B .

2- A est ouvert ssi A =A.

3- A est ouvert.

4- A est le plus grand ouvert inclus dans A. 

Preuve
En exercice.
Adhérence

Dénition 4.7
Soit E un espace métrique ou un evn. Soient A ⊂ E et a ∈ E . On dit que a est un
point adhérent à A ssi ∀ > 0, B(a, ) ∩ A 6= ∅. L'ensemble de tous les points adhérents
à A et l'adhérence ou la fermeture de A. On la note A. 

Exemple
]0, 1[ = [0, 1[ = ]0, 1] = [0, 1]. Q
1 = IR.

Proposition 4.5

1- E\ A= E \ A.

2- E \ A =E \ A.
z }| {


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4. Notions de topologie 15

Preuve

Découle directement des dénitions de A et A.

Proposition 4.6
1- A ⊂ B =⇒ A ⊂ B .
2- A est fermé ssi A = A.
3- A est fermé.
4- A est le plus petit fermé qui contient A. 

Preuve
En exercice.

Densité

Dénition 4.8
On dit qu'une partie A est dense par rapport à une partie B ssi B ⊂ A.
On dit qu'une partie A est dense dans E ssi A = E . 

Exemple 4.1
1- Q
1 n est dense dans IRn .
2- IRn \ Q
1 n est dense dans IRn . 

Proposition 4.7
A est dense dans E ssi, pour tout ouvert O, A ∩ O 6= ∅. 

Preuve
En exercice.

Frontière

Dénition 4.9

La frontière de A est dénie par Fr(A) = A\ A= A ∩ E \ A. 

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16 Ch. I: Espaces vectoriels normés et topologie

Point d'accumulation

Dénition 4.10
Soient A ⊂ E et a ∈ E . On dit que a est un point d'accumulation de A ssi

∀ > 0, B(a, ) ∩ A \ {a} =


6 ∅.

On note A0 l'ensemble de tous les points d'accumulation de A. 

Proposition 4.8
a ∈ A0 ssi ∀ > 0, B(a, ) ∩ A est inni. 
Preuve
En exercice.

Point isolé

Dénition 4.11
a est un point isolé de A ⊂ E ssi il existe  > 0 tel que B(a, ) ∩ A = {a}. 

caractérisation par les suites

Proposition 4.9
1- a ∈ A ssi il existe une suite d'éléments de A qui converge vers a.
2- a ∈ A0 ssi il existe une suite d'éléments de A \ {a} qui converge vers a.
3- a ∈ A0 ssi il existe une suite d'éléments de A, tous distincts, qui converge vers a.
4- A est fermé ssi toute suite convergente (xn ) ⊂ A converge vers un élément de A.
5- A est ouvert ssi toute suit convergente (xn ) ⊂ Ac converge vers un élément de Ac .

Preuve
1- =⇒) Soit a ∈ A. ∀n ∈ IN ∗ on choisit un xn dans B(a, n1 ) ∩ A qui n'est pas vide.
Alors la suite (xn ) converge vers a.
⇐=) Si (xn ) ⊂ A converge vers a alors ∀ > 0, ∃n0 , ∀n > n0 , xn ∈ B(a, ) donc
B(a, ) ∩ A 6= ∅.
2. 3. 4. et 5. En exercice.

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4. Notions de topologie 17

Topologie induite
Soit E un evn ou un espace métrique et soit A ⊂ E .

Dénition 4.12
Soit U ⊂ A. On dit que U est un ouvert de A ssi il existe O ouvert de E tel que
U = A ∩ O.
Soit G ⊂ A. On dit que G est un fermé de A ssi A \ G est un ouvert de A. 

Ainsi, un ouvert de A est la trace sur A d'un ouvert de E . La topologie de A est la


topologie trace sur A de celle de E . Les fermés de A sont aussi les traces sur A des
fermés de E , en eet:

Proposition 4.10
Soit G ⊂ A. G est un fermé de A ssi il existe F fermé de E tel que G = A ∩ F . 
Preuve
G est un fermé de A ssi A \ G est un ouvert de A ssi il existe O ouvert de E tel que
A \ G = A ∩ O c-à-d G = A ∩ F avec F = Oc .

Remarque 4.4
1- Si A est ouvert (resp. fermé) alors les ouverts (resp. fermés) de A sont les ouverts
(resp. fermés) de E inclus dans A.
2- Si l'on considère la restriction de la norme ou de la distance à A, les voisinages et
les ouverts seront dénis comme auparavant. En eet, notons pour a ∈ A,

BA (a, ) = {x ∈ A|d(x, a) < } = B(a, ) ∩ A.

Alors V est un voisinage de a dans A ssi il existe  > 0 tel que BA (a, ) ⊂ V . U est
un ouvert de A ssi il est voisinage dans A de chacun de ces points c-à-d ∀x ∈ U, ∃ >
0, ∀y ∈ A, d(x, y) <  =⇒ y ∈ U . 

Driss Seghir SMA3, 2021/2022

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