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Corrigé - TD4

Exercice 1
1) a) La démonstration de l’inégalité de Cauchy-Schwarz dans le cadre général est dans le
cours de Math2B. On peut la réécrire dans ce cas particulier (comme on l’a fait pour les
intégrales dans le TD1).
Pour tout t ∈ R, on a :
n
X n
X
2
0≤ (|xk | + t|yk |) = (|xk |2 + 2t|xk yk | + t2 |yk |2 )
k=1 k=1
n n n
! !
X X X
2 2
= |xk | + 2 |xk yk | t + |yk | t2 .
k=1 k=1 k=1

Ce polynôme du second degré en t est toujours positif, donc son discriminant doit être négatif,
c’est-à-dire : !2
n n
! n !
X X X
2 2
2 |xk yk | − 4 |yk | |xk | ≤0
k=1 k=1 k=1

On peut réécrire cette inégalité sous la forme :


n
!2 n
! n
!
X X X
4 |xk yk | ≤4 |yk |2 |xk |2 ,
k=1 k=1 k=1

ce qui donne bien :


v
n u n ! n !
X u X X
|xk yk | ≤ t |yk |2 |xk |2 = kxk2 kyk2 .
k=1 k=1 k=1

Remarque : Cette inégalité peut sembler P un peu plus forteP que l’inégalité de Cauchy-Schwarz
habituelle (qui donne une majoration de | xk yk |, pas de |xk yk |), mais c’est en fait exac-
tement l’inégalité qu’on obtient en appliquant l’inégalité de Cauchy-Schwarz usuelle, non pas
à x et y, mais à (|x1 |, |x2 |, ..., |xn |) et (|y1 |, |y2 |, ..., |yn |).

1)b) Soit x = (x1 , ..., xn ) ∈ Kn , et λ ∈ K. On a :


v v v v
u n u n u n u n
u X u X u X p uX
kλxk2 = t |λxk | = 2 t 2 2
|λ| |xk | = |λ|
t 2 2 2
|xk | = |λ| · t |xk |2 = |λ| · kxk2 ,
k=1 k=1 k=1 k=1

donc k·k2 est homogène.


Puis, si x = (x1 , ..., xn ) et y = (y1 , ..., yn ) sont deux éléments de Kn :
n
X n
X n
X n
X n
X
kx + yk22 = |xk + yk | 2
≤ (|xk | + |yk |) 2
= 2
|xk | + 2 |xk ||yk | + |yk |2 ,
k=1 k=1 k=1 k=1 k=1

Or, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz (ci-dessus) :


n
X
|xk ||yk | ≤ kxk2 kyk2 .
k=1

1
Par conséquent :

kx + yk22 ≤ kxk22 + 2kxk2 kyk2 + kyk22 = (kxk2 + kyk2 )2 .

En passant à la racine, on obtient l’inégalité triangulaire pour k·k2 .


Soit enfin x = (x1 , ..., xn ) ∈ Kn tel que kxk2 = 0. Alors |xk |2 = 0. Or une somme de
P
termes positifs ne peut être nulle que si chacun de ses termes est nul. Donc tous les xk doivent
être nuls, c’est-à-dire qu’on doit avoir x = 0. Ceci achève la preuve que k·k2 est un norme.

R Une première solution consiste à dire que c’est la norme associée au produit scalaire (f, g) 7→
2)
f g, dont il faut alors vérifier que c’est bien un produit scalaire. L’autre solution (qui est
celle que je vais écrire ici), consiste à vérifier directement que c’est une norme. On aura besoin
pour cela de l’inégalité de Cauchy-Schwarz pour les intégrales, démontrée dans le TD1.
- Homogénéité : Soit f ∈ E et λ ∈ R. On a :
s s s
Z 1 Z 1 √ Z 1
kλf k2 = 2
(λf (t)) dt = |λ|2 2 2
f (t) dt = λ · f (t)2 dt = |λ|kf k2 .
0 0 0

- Inégalité triangulaire : Soient f, g ∈ E. On a :


Z 1 Z 1
2 2
kf + gk2 = (f (t) + g(t)) dt = (f (t)2 + 2f (t)g(t) + g(t)2 )dt
0 0
Z 1
2
= kf k2 + 2 f (t)g(t)dt + kgk22 .
0

Or l’inégalité de Cauchy-Schwarz donne :


s
Z 1 Z 1 Z 1
f (t)g(t)dt ≤ 2
f (t) dt · g(t)2 dt = kf k2 · kgk2 .
0 0 0

On en déduit :

kf + gk22 ≤ kf k22 + 2kf k2 · kgk2 + kgk22 = (kf k2 + kgk2 )2 ,

d’où l’inégalité triangulaire, en prenant la racine de chacun des membres de cette inégalité.
R1
- Séparation : Soit f ∈ E telle que kf k2 = 0. Ceci signifie que 0 f (t)2 dt = 0. Puisque f ∈ E,
R1
f est continue, donc f 2 est positive et continue. On peut alors déduire de 0 f (t)2 dt = 0 que
f 2 est la fonction nulle (cf. exercice 3 du TD1). On conclut que f = 0 si kf k2 = 0, ce qui
achève la preuve que k·k2 est une norme sur E.

Exercice 2
1) Ce n’est pas une norme. En effet, elle ne vérifie pas l’axiome de séparation, puisque :

k(−3, 5)k = |5 × (−3) + 3 × 5| = 0.

Vous pouvez cependant montrer qu’elle vérifie les deux autres axiomes : c’est ce qu’on appelle
une semi-norme.

2) Montrons que c’est une norme (souvent appelée “norme du sup").


- Homogénéité : Soit v ∈ E de coordonnées (v1 , ..., vn ) et λ ∈ R. Alors :

kλvk = max |λvi | = |λ| max |vi | = |λ|kvk.


i i

2
- Inégalité triangulaire : Soient v, w ∈ E de coordonnées (v1 , ..., vn ) et (w1 , ..., wn ), respec-
tivement. Soit i un entier entre 1 et n. On a :

|vi + wi | ≤ |vi | + |wi | ≤ max |vj | + max |wk | = kvk + kwk.


j k

Ceci étant vrai pour tout i, le nombre kvk + kwk est supérieur au maximum des |vi + wi |, qui
n’est autre que kv + wk, d’où l’inégalité triangulaire pour k·k.
- Séparation : Soit v ∈ E de coordonnées (v1 , ..., vn ). Si kvk = 0, c’est-à-dire si max |vi | = 0,
i
alors tous les |vi | (qui sont positifs) doivent être nuls, donc v = 0.

3) Montrons que c’est une norme (souvent appelée “norme 1" ou “norme L1 ").
- Homogénéité : Soit f ∈ E et λ ∈ R. Alors :
Z 1 Z 1 Z 1
kλf k = |λf (t)|dt = |λ| · |f (t)|dt = |λ| |f (t)|dt = |λ|kf k.
0 0 0

- Inégalité triangulaire : Soient f, g ∈ E. On a :


Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
kf + gk = |f (t) + g(t)|dt ≤ (|f (t)| + |g(t)|)dt = |f (t)|dt + |g(t)|dt = kf k + kgk.
0 0 0 0

R1
- Séparation : Soit f ∈ E. Supposons que kf k = 0. Ceci signifie que 0 |f (t)|dt = 0. Or |f |
est une fonction positive, continue sur [0, 1] (par définition de E), donc on peut en déduire
que |f | est la fonction nulle.

4) C’est encore une norme (souvent appelée “norme ∞" “norme du sup"), très semblable à
celle de la question (2).
- Homogénéité : Soit f ∈ E et λ ∈ R. Alors :

kλf k = sup |λf (x)| = |λ| · sup |f (x)| = |λ|kf k.


0≤x≤1 0≤x≤1

- Inégalité triangulaire : Soient f, g ∈ E. Soit x ∈ [0, 1]. On a :

|f (x) + g(x)| ≤ |f (x)| + |g(x)| ≤ sup |f (s)| + sup |g(t)| = kf k + kgk.


0≤s≤1 0≤t≤1

Ceci étant vrai pour tout x dans [0, 1], le nombre kf k + kgk est supérieur à sup |f (x) + g(x)|,
0≤x≤1
qui n’est autre que kf + gk, d’où l’inégalité triangulaire pour k·k.
- Séparation : Soit f ∈ E. Si kf k = 0, c’est-à-dire si sup |f (x)| = 0, alors tous les |f (x)|
0≤x≤1
(qui sont positifs) doivent être nuls, donc f est la fonction nulle sur [0, 1].

5) Ici, comme à la première question, c’est la séparation qui fait défaut : si f est une fonction
constante, alors f 0 = 0, donc kf k = 0. Cependant, comme à la première question, vous pouvez
vérifier que les deux autres axiomes sont vérifiés. En fait, on peut même modifier un peu la
formule pour construire une vraie norme :

f 7→ |f (0)| + sup |f 0 (x)|


0≤x≤1

définit une norme sur l’espace E des fonctions C 1 sur [0, 1].

3
Exercice 3
Soit f ∈ E. Par définition de k·k∞ , pour tout t ∈ [0, 1], on a |f (t)| ≤ kf k∞ . Par conséquent :
Z 1 Z 1 Z 1
kf k1 = |f (t)|dt ≤ kf k∞ dt = kf k∞ · dt = kf k∞ .
0 0 0

On veut montrer que ces normes ne sont pas équivalentes, c’est-à-dire qu’on n’a pas d’inégalité
dans l’autre sens, de la forme k·k1 ≥ ck·k∞ , avec c > 0. Pour cela, on suit l’indication de
l’énoncé : posons, pour n ≥ 0, fn : x 7→ xn , et calculons :
 h i1
kfn k1 = 1 tn dt = tn+1 = 1 ,
 R
0 n+1 0 n+1
n
kfn k∞ = sup (t ) = 1.

0≤t≤1

Si on avait une inégalité de la forme k·k1 ≥ ck·k∞ , avec c > 0,en l’appliquant à fn , on
1
obtiendrait n+1 ≥ c · 1 (pour tout n), ce qui est impossible. Par conséquent, les deux normes
ne sont pas équivalentes.
Remarque : L’équivalence entre deux normes implique que ces deux normes définissent la
même topologie sur E, c’est-à-dire les mêmes ouverts (cf. l’exercice 7), et donc la même notion
de convergence. Par conséquent, trouver une suite (tels que (fn ) ci-dessus) qui tend vers 0
pour une norme mais pas pour l’autre est un moyen de montrer que deux normes ne sont pas
équivalentes.

Exercice 4
1) Il est utile de remarquer que N (x, y) = kϕ(x, y)k, où k·k est la norme euclidenne usuelle
sur R2 (celle de l’exercice 1), et ϕ : (x, y) 7→ (ax, by) est un endomorphisme de R2 . Cela nous
permet de prouver que N est une norme à partir du fait que k·k en est une.
- Homogénéité : Soit v ∈ R2 et λ ∈ R. Alors :

N (λv) = kϕ(λv)k = kλϕ(v)k = |λ| · kϕ(v)k = |λ| · N (v).

- Inégalité triangulaire : Soient v, v 0 ∈ R2 . On a :

N (v + v 0 ) = kϕ(v + v 0 )k = kϕ(v) + ϕ(v 0 )k ≤ kϕ(v)k + kϕ(v 0 )k = N (v) + N (v 0 ).

- Séparation : Soit v = (x, y) ∈ R2 . Si N (v) = 0, c’est-à-dire si kϕ(v)k = 0, alors ϕ(v) = 0,


c’est-à-dire (ax, by) = (0, 0), donc x = y = 0, c’est-à-dire v = 0.
Remarque : De manière générale, si ϕ : V → W est une application linéaire injective et
k·k est une norme sur V , on montre que l’application qui à v associe kϕ(v)k est une norme
sur V . Cela revient essentiellement à identifier V à un sous-espace de W via ϕ et à prendre
la norme induite sur ce sous-espace. On utilise pour cela exactement la preuve ci-dessus, en
remarquant que dans la preuve de la séparation, l’implication ϕ(v) = 0 ⇒ v = 0 provient de
l’injectivité de ϕ (ϕ est injective si son noyau est rédut à {0}). Si ϕ n’est pas injective, cette
construction donne seulement une semi-norme sur V (comme c’était le cas dans les questions
(1) et (5) de l’exercice 2).

2) Un point (x, y) ∈ R2 appartient à la boule (fermée) de centre 0 si et seulement si (ax)2 +


(by)2 ≤ r2 . Le bord de cette boule (c’est-à-dire la sphère de rayon r) est d’équation (ax)2 +
x2 y2
(by)2 = r2 , qui s’écrit aussi (r/a)2 + (r/b)2 = 1, ce qui est l’équation d’une ellipse centrée en 0

de demi-diamètres ar (dans la direction (Ox)) et rb (dans la direction (Oy)). Voici un dessin


de la boule centrée en 0 pour r/a = 2 et r/b = 1 :

4
y

r/b

• x
r/a

Remarque : Comme notre norme est obtenue à partir de la norme euclidienne, "tordue" par
l’application ϕ, qui dilate par un facteur a dans la direction horizontale, et par un facteur b
dans la direction verticale, on pouvait dès le début s’attendre à une image de ce genre.

3) Supposons d’abord que 0 < a ≤ b. Alors :


p p √ p
∀(x, y) ∈ R2 , N (x, y) = a2 x2 + b2 y 2 ≤ b2 x2 + b2 y 2 = b2 x2 + y 2 = bk(x, y)k.

De plus, si C1 > 0 vérifie N (·) ≤ C1 k·k, on doit avoir b = N (0, 1) ≤ C1 k(0, 1)k = C1 , donc b
est bien le plus petit nombre vérifiant cette inégalité.
Dans l’autre sens :
p p √ p
∀(x, y) ∈ R2 , N (x, y) = a2 x2 + b2 y 2 ≥ a2 x2 + a2 y 2 = a2 x2 + y 2 = ak(x, y)k.

De plus, N (1, 0) = a, d’où l’on déduit que a est maximal parmi les nombres C2 vérifiant
N (·) ≥ C2 k·k. En effet, un tel C2 doit vérifier a = N (1, 0) ≥ C2 k(1, 0)k = C2 .
Si au contraire 0 < b < a, on peut faire le même raisonnement (en échangeant le rôle de
C1 et C2 et celui de la première et de la seconde coordonnées. Dans tous les cas, on trouve :

∀(x, y) ∈ R2 , min(a, b) · k(x, y)k ≤ N (x, y) ≤ max(a, b) · k(x, y)k,

et min(a, b) (resp. max(a, b) est le plus grand C2 (resp. le plus petit C1 ) vérifiant l’inégalité
requise.
Remarque : Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut faire un dessin. Si l’on pense aux
inégalités entre normes en termes d’inclusions entre boules centrées en 0, l’inégalité N (·) ≤
C1 k·k se traduit par : si k(x, y)k ≤ r/C1 (pour (x, y) ∈ R2 et r > 0), alors N (x, y) ≤ r. C’est-
à-dire : la boule de centre 0 et de rayon r/C1 pour k·k est incluse dans la boule de centre 0 et
de rayon r pour N . De même, l’inégalité N (·) ≥ C2 k·k se traduit par : si N (x, y) ≤ r, alors
k(x, y)k ≤ r/C2 . C’est-à-dire : la boule de centre 0 et de rayon r pour N est incluse dans la
boule de centre 0 et de rayon r/C2 pour k·k. Faisons un dessin :

5
y

r
b

• r
•r • r
x
C1 a C2

On voit bien que C1 doit être plus grand que le maximum de a et b (pour que le petit
disque soit inclus dans la zone délimitée par l’ellipse) et que C1 = max(a, b) est le minimum
(qui correspond au cas où le petit cercle est tangent à l’ellipse). De la même façon, pour que
le grand disque contienne l’ellipse, il faut que C2 soit plus petit que a et que b, le cas limite
étant le cas où le grand cercle est tangent à l’ellipse, qui correspond à C2 = min(a, b) (sur le
dessin, qui est fait pour b < a, c’est C2 = a).

Exercice 5
1) Montrons que N est une norme sur R2 .
- Homogénéité : Soit (x, y) ∈ R2 et λ ∈ R. On a :
 
|λx + tλy| |x + t| |x + ty|
N (λx, λy) = sup √ = sup |λ| · √ = |λ| · sup √ = |λ|N (x, y).
t∈R 1+t 2 t∈R 1+t 2 t∈R 1 + t2

- Inégalité triangulaire : Soient (x, y), (x0 , y 0 ) ∈ R2 . Pour tout t ∈ R, on a :


|(x + x0 ) + t(y + y 0 )| |x + ty| + |x0 + ty 0 |
√ ≤ √ ≤ N (x, y) + N (x0 , y 0 ).
1 + t2 1 + t2
Ceci étant vrai pour tout t, le nombre N (x, y) + N (x0 , y 0 ) est supérieur au supremum des
|(x+x0 )+t(y+y 0 )|

1+t2
pour t ∈ R, qui n’est autre que N (x + x0 , x + y 0 ), d’où l’inégalité triangulaire
pour N .
- Séparation : Soit (x, y) ∈ R2 . Si N (x, y) = 0, on doit avoir |x + ty| = 0 pour tout réel t. En
particulier, on doit avoir |x + 0y| = 0, donc x = 0, puis |x + 1y| = 0, donc y = 0 également.

2) On va calculer N explicitement en étudiant, pour (x, y) ∈ R2 fixé, la fonction


x + ty
f : (x, y) 7→ √
1 + t2
(dont on veut calculer les extrema). On commence par remarquer que f est bien définie et
dérivable du R, et on calcule sa dérivée :

y 1 + t2 − 2√2t
1+t2
(x + ty) y(1 + t2 ) − t(x + ty)
∀t ∈ R, f 0 (t) = √ 2 = √ 3 .
1 + t2 1 + t2

6
Cette fraction est du signe de son numérateur, qui se simplifie en :

y(1 + t2 ) − t(x + ty) = y + yt2 − tx − t2 y = y − tx.

Avant de distinguer les cas pour étudier le signe de cette dérivée, on calcule les limites de f
en ±∞ : x
x + ty t +y
∀t 6= 0, f (t) = √ = · qt .
1+t 2 |t| 1
+ 1
2 t

Les limites de f sont donc +y en +∞ et −y en −∞.


On distingue maintenant plusieurs cas.
- Si x = 0 : La dérivée est du signe de y. Le sens de variation de f est donc constant : si y
est positif, f croît entre −y et y, et si y est négatif, p
f décroît entre −y et y. Dans les deux
cas, le supremum de |f | est |y|, donc N (0, y) = |y| = 02 + y 2 .
- Si x 6= 0 : La dérivée de f s’annule en t = xy . Or :

y2
y x+ x x2 + y 2 p
f =q = p = x2 + y 2 .
x y 2
 x2 + y 2
1+ x

Puisque t = xy est la seule valeur de t pour laquelle f 0 (t) s’annule, le supremum de |f (t)| est soit
|f (x/y)|, soit lim |f |, soit lim |f | (vous pouvez écrire le tableau de variation de f en fonction
−∞ +∞
du signe de x si cette conclusion vous semble un peu rapide). Mais lim |f | = lim |f | = |y| est
p p −∞ +∞
inférieur à |f (x/y)| = x2 + y 2 , donc N (x, y) = x2 + y 2 .
p
Finalement, dans tous les cas, N (x, y) = x2 + y 2 : la norme N n’était autre que la
norme euclidienne !

Exercice 6
1) Q n’est ni ouvert ni fermé dans R. En effet, si Q était ouvert dans R, puisque 0 ∈ Q,
Q contiendrait une boule ouverte centrée en 0, c’est-à-dire un intervalle de la forme ] − r, r[,
avec r > 0. Mais dans tout intervalle ouvert, on peut trouver des irrationnels. Ceci est donc
impossible. De la même façon, si√Q était fermé, son complémentaire I (l’ensemble des irra- √
tionnels) serait ouvert. Comme 2 ∈ √ I, I devrait
√ contenir ne boule ouverte centrée en 2,
c’est-à-dire un intervalle de la forme ] 2 − r, 2 + r[, avec r > 0. Mais dans tout intervalle
ouvert, on peut trouver des rationnels, donc un tel intervalle ne peut pas être inclus dans I,
qui n’est donc pas ouvert.
2) {0, 1} n’est pas ouvert : il est non-vide mais ne contient aucun intervalle ouvert. Il est
par contre fermé : son complémentaire est une réunion de trois intervalles ouverts, donc est
ouvert. Alternativement, pour montrer qu’il est fermé, on peut utiliser la caractérisation sé-
quentielle des fermés : si une suite est à valeurs dans {0, 1} et a une limite dans R, elle doit être
stationnaire (c’est-à-dire constante à partir d’un certain rang), et sa limite est nécessairement
dans {0, 1}.
3) L’ensemble X := {(x, y) ∈ R2 | x = 0} n’est pas ouvert dans R2 muni de k·k. En effet, il
contient le point (0, 0), mais la boule ouverte de rayon r centrée en ce point contient le point
(0, r/2), qui n’est dans X pour aucun r > 0 (faire un dessin !).
En revanche, cet ensemble est fermé. On peut le justifier en montrant que son complé-
mentaire est ouvert, ou en utilisant qu’une suite à valeurs dans X, si elle a une limite dans
R2 , ne peut avoir une limite que de la forme (0, y) (y ∈ R), donc dans X. On peut aussi dire
que X est l’image réciproque du fermé {0} de R par l’application continue π1 : (x, y) 7→ x.

7
4) L’ensemble Y := {(x, y) ∈ R2 | x > 0 et y > 0} n’est pas fermé. En effet, la suite
un = (1/n, 1/n) est une suite à valeurs dans Y qui tend vers (0, 0) ∈ / Y . Par contre, Y est
ouvert : si (x, y) ∈ Y , l’ensemble Y contient la boule ouverte de centre (x, y) et de rayon
min(x, y) (faire un dessin !). On peut aussi dire que Y est l’intersection de π1−1 (]0, ∞[) et de
π2−1 (]0, ∞[), où π1 : (x, y) 7→ x et π2 : (x, y) 7→ y sont des applications continues. Comme
]0, ∞[ est un ouvert de R, π1−1 (]0, ∞[) et π2−1 (]0, ∞[) sont ouverts, et l’intersection de deux
ouverts est un ouvert.
5) L’ensemble Z := {(x, y) ∈ R2 | x > 0 et y = 0} (à dessiner !) n’est ni ouvert ni fermé.
En effet, (1, 0) ∈ Z mais la boule de centre (1, 0) et de rayon r > 0 contient le point (1, r/2),
qui n’est dans Z pour aucun r, donc Z n’est pas ouvert. Z n’est pas fermé non plus, puisque
la suite (1/n, 0) est à valeurs dans Z mais converge vers (0, 0) ∈/ Z.
5) Si f est continue, l’ensemble Z := {(x, y) ∈ R2 | y ≥ f (x)} (faire des dessins !) n’est
pas ouvert. En effet, une boule de rayon r autour du point (0, f (0)) ∈ Z contient le point
(0, f (0) − r/2), donc n’est incluse dans Z pour aucun r > 0. En revanche, on peut montrer
qu’il est fermé, de plusieurs manières. Le plus simple est de dire que c’est l’image réciproque
du fermé [0, ∞[ de R par l’application continue (x, y) → y − f (x). On peut aussi utiliser la
caractérisation séquentielle des fermés (et de la continuité) : si (un ) est une suite à valeurs
dans Z, notons un = (xn , yn ). Dire que (un ) a une limite (x, y) dans R2 signifie que (xn ) et
(yn ) tendent respectivement vers x et y. Par continuité de f , f (xn ) tend vers f (x), et on peut
passer à la limite dans l’inégalité yn ≥ f (xn ) pour conclure que y ≥ f (x), donc que la limite
(x, y) de (un ) est dans Z.
On peut aussi montrer directement que son complémentaire est ouvert. En effet, soient
x0 , y0 ∈ R tels que (x0 , y0 ) ∈
/ Z, c’est-à-dire y0 < f (x0 ). Posons ε = (f (x0 ) − y0 )/2. Par
continuité de f en x0 , il existe δ > 0 tel que :

∀x ∈]x0 − δ, x0 + δ[, f (x) ≥ f (x0 ) − ε

Mais par définition de ε, on a f (x0 ) − ε = y0 + ε. On en déduit que la boule de centre (x0 , y0 )


et de rayon min(δ, ε) est incluse dans Z. En effet, si (x, y) est dans cette boule (à dessiner !),
alors x ∈]x0 − δ, x0 + δ[, et y < y0 + ε ≤ f (x).
Remarque : Dans les quatre derniers exemples, la norme qu’on a choisi n’est pas importante,
puisque les trois normes sont équivalentes (en fait, toutes les normes sur R2 le sont, puisque
R2 est de dimension finie), donc définissent les mêmes ouverts (exercice 7) et la même notion
de continuité. Vous pouvez vous convaincre que les raisonnements ci-dessus marchent très bien
si on change de norme, c’est-à-dire si on change la forme précises des boules.

Exercice 7
On rappelle que N1 et N2 son équivalentes si et seulement s’i existe deux constantes c1 , c2 > 0
telles que :
∀x ∈ E, c1 N1 (x) ≤ N2 (x) ≤ c2 N1 (x).
Cette inégalité permet de comparer les boules pour N1 et N2 (comme dans la remarque à la
fin du corrigé de l’exercice 4 ci-dessus). Si x0 ∈ E et r > 0, notons B1 (x0 , r) (resp. B2 (x0 , r))
la boule ouverte de centre x0 et de rayon r pour la norme N1 (resp. N2 ).
— Fixons x0 ∈ E et r > 0. Si x ∈ B1 (x0 , r), alors N1 (x − x0 ) < r, donc

N2 (x − x0 ) ≤ c2 N1 (x − x0 ) < c2 r.

Mais ceci signifie que x ∈ B2 (x0 , c2 r). On a donc :

∀x0 ∈ E, ∀r > 0, B1 (x0 , r) ⊆ B2 (x0 , c2 r). (1)

8
— Dans l’autre sens, si x ∈ B2 (x0 , r), alors N2 (x − x0 ) < r, donc
1 r
N1 (x − x0 ) ≤ N2 (x − x0 ) < .
c1 c1
Ceci signifie que x ∈ B2 (x0 , r/c1 ). On a donc :

∀x0 ∈ E, ∀r > 0, B2 (x0 , r) ⊆ B1 (x0 , r/c1 ). (2)

Ceci permet de montrer que les ouverts pour N1 et N2 sont les mêmes. En effet, soit U ⊂ E.
— Si U est ouvert pour N1 , montrons qu’il l’est aussi pour N2 . Soit x0 ∈ U . Comme U est
ouvert pour N1 , U contient une boule ouverte de la forme B1 (x0 , R), pour un certain
R > 0. On peut déduire de (??) avec r := c1 R que B1 (x0 , R) contient B2 (x0 , r) :

B2 (x0 , r) ⊆ B1 (x0 , r/c1 ) = B1 (x0 , R) ⊆ U.

Par conséquent, U contient une boule ouverte pour N2 autour de x0 . Ceci étant vrai
pour tout x0 ∈ U , on a montré que U est ouvert pour N2 .
— La réciproque se montre exactement de la même manière. Précisément, i U est ouvert
pour N2 , soit x0 ∈ U . Comme U est ouvert pour N2 , U contient une boule ouverte de
la forme B2 (x0 , R), pour un certain R > 0. On peut déduire de (??) avec r := R/c2
que B2 (x0 , R) contient B1 (x0 , r) :

B1 (x0 , r) ⊆ B2 (x0 , c2 r) = B2 (x0 , R) ⊆ U.

Par conséquent, U contient une boule ouverte pour N1 autour de x0 . Ceci étant vrai
pour tout x0 ∈ U , on a montré que U est ouvert pour N1 .

Pour aller plus loin : On peut en fait montrer la réciproque, c’est-à-dire que si N1 et N2
définissent les mêmes ouverts, alors elles sont équivalentes. En effet, si N1 et N2 définissent
les mêmes ouverts, alors B1 (0, 1) est ouverte pour N2 . Comme elle contient 0, elle doit donc
contenir une petite boule B2 (0, r2 ) autour de 0 (pour un certain r1 > 0). De même, B2 (0, 1)
est ouverte pour N1 . Comme elle contient 0, elle doit donc contenir une petite boule B1 (0, r1 )
autour de 0 (pour un certain r2 > 0). Avec un peu de travail, en utilisant principalement
l’homogénéité des normes, on peut alors montrer qu’on a :
1
∀x ∈ E, r1 N1 (x) ≤ N2 (x) ≤ N1 (x).
r2

Exercice 8
1) Soit (x0 , y0 ) ∈ R2 . Soit ε > 0. On cherche δ > 0 tel que pour tout (x, y) ∈ R2 vérifiant
k(x, y) − (x0 , y0 )k < δ, on ait |p(x, y) − p(x0 , y0 )| < ε, c’est-à-dire |x − x0 | < ε. Une manière
de faire consiste à remarquer que :
p p
k(x, y) − (x0 , y0 )k = (x − x0 )2 + (y − y0 )2 ≥ (x − x0 )2 = |x − x0 |.

Par conséquent, δ = ε vérifie bien ce qu’on attend, d’où la continuité de p en (x0 , y0 ) (et ce,
pour n’importe quel (x0 , y0 )).
Remarque : Le dessin correspondant est le suivant : quelle que soit la largeur de la bande
verticale (qui est l’ensemble des (x, y) tels que |p(x, y) − p(x0 , y0 )| < ε), on peut trouver une
boule ouverte autour de (x0 , y0 ) qui est incluse dedans : il suffit de prendre la boule de rayon
ε.

9
y

(x0 , y0 )

• • • x
x0 − ε x0 x0 + ε

2) Soit U un ouvert de R2 . Pour montrer que p(U ) est ouvert, prenons x0 ∈ p(U ). Par
définition de x0 et de p, il existe y0 ∈ R tel que (x0 , y0 ) ∈ U (autrement dit, x0 est la première
coordonnée d’un point de U ). Comme U est ouvert, U contient une boule ouverte de rayon
s > 0 autour de (x0 , y0 ). Or cette boule contient tous les points de la forme (x0 + t, y0 ) avec
t ∈] − s, s[ (qui est le diamètre horizontal de la boule - faites un dessin !). En effet, pour tout
t ∈] − s, s[, on a :
p
k(x0 + t, y0 ) − (x0 , y0 )k = k(t, 0)k = t2 + 02 = |t| < s.

Or l’image du point (x0 + t, y0 ) (qui appartient à U si t ∈] − s, s[) par p est x0 + t. Par


conséquent, p(U ) contient tous les x0 + t tels que t ∈] − s, s[, c’est-à-dire :

p(U ) ⊇ ]x0 − s, x0 + s[.

Ainsi, p(U ) contient une boule ouverte autour de x0 , pour tout x0 ∈ p(U ), ce qui montre que
p(U ) est ouvert.

3) Faisons d’abord un dessin. On remarque que xy = 1 équivaut à y = 1/x, donc H =


{(x, y) ∈ R2 |xy = 1} n’est autre que le graphe de la fonction inverse. L’application p peut
être vue comme la projection sur l’axe des x (qui, techniquement, est plutôt (x, y) 7→ (x, 0)).

10
y

Montrons maintenant que H est fermé et que p(H) = R∗ , qui n’est pas fermé dans R.
Soit f : (x, y) 7→ xy. La fontion f est continue, à valeurs dans R, puisque c’est le produit
de deux fonctions continues (x, y) 7→ x et (x, y) 7→ y. Or H = {(x, y) ∈ R2 |f (x, y) = 1} =
f −1 ({1}), et {1} est fermé dans R. Donc H est fermé dans R2 .
D’un autre côté, p(H) est l’ensemble des x ∈ R qui sont la première coordonnée d’un
point (x, y) ∈ H, autrement dit, c’est l’ensemble des x ∈ R tels qu’il existe y ∈ R tel que
xy = 1. Cet ensemble n’est autre que l’ensemble des réels non nuls (si x 6= 0, x est l’image
de (x, 1/x) ∈ H, et si x = 0, aucun y ne vérifie xy = 1). Ainsi, p(H) = R∗ . Et R∗ n’est pas
fermé dans R, puisqu’il contient la suite des 1/n (n ∈ N), mais pas sa limite 0.

11

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