L’OBLIGATION MORALE

Qu’est- ce que l’obligation morale ?

Sentiment et action volontairement choisis par respect d’une valeur morale.
Devoir
Obligation morale considérée en elle-même, indépendamment de son application. Chez
KANT, nécessité d’accomplir une action par pur respect pour la loi morale.

1- Quel est le véritable fondement de l’obligation morale :

la réalisation de soi, l’intérêt et le plaisir,

la société, la conscience, Dieu ?

Pour NIETZSCHE STIRNER

c’est la réalisation de soi qui fonde l’obligation morale.

« Une vertu doit être notre invention, notre défense la

NIETZSCHE,
plus personnelle et légitime dans le besoin : prise dans un
L’Antéchrist 
tout autre sens, elle n’est qu’un danger. »

«Dieu et l’humanité n’ont basé leur cause sur rien, sur

STIRNER, L’Unique et rien qu’eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi :
sa propriété  aussi bien que Dieu, je suis la négation de tout le reste, je
suis pour moi tout, je suis l’Unique. »

Pour HUME, VOLTAIRE, MILL et BENTHAM,

c’est l’intérêt et le plaisir qui fonde l’obligation morale.

« Une action, un sentiment ou un caractère est vertueux

HUME, Traité de la
ou vicieux, pourquoi ? Parce sa vue cause un plaisir ou un
nature humaine
malaise d’un genre particulier. »

VOLTAIRE, « Le mal moral…n’est au fond que le mal physique. Ce

Dictionnaire mal n’est qu’un sentiment douloureux qu’un être organisé
philosophique portatif  cause à un autre être organisé. »

MILL, L’utilitarisme  « Les actions sont bonnes ou sont mauvaises dans la

mesure où elles tendent à accroître le bonheur, ou à

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 produire le contraire du bonheur. Par bonheur on entend
le plaisir et l’absence de douleur ; par malheur, la douleur
et la privation de plaisir. »

BENTHAM, « L’intérêt est uni au devoir dans toutes les choses de la

Déontologie  vie. »

Pour MARX, FREUD et DURKHEIM

c’est la société qui fonde l’obligation morale.

MARX, L’Idéologie « La conscience est d’emblée un produit social et le

allemande demeure aussi longtemps qu’il existe des hommes. »

«Notre conscience, loin d’être le juge implacable dont

FREUD, Essais de
parlent les moralistes, est, par ses origines, de l’angoisse
psychanalyse 
sociale, et rien de plus. » 

DURKHEIM, « Quand notre conscience parle, c’est la société qui parle en

L’Education morale  nous. »

Pour ROUSSEAU et KANT

c’est Dieu qui fonde l’obligation morale.

ROUSSEAU, Emile ou « Conscience ! Conscience ! instinct divin, immortelle et

de L’Education  céleste voix ; juge infaillible du bien et du mal. »

« On ne peut démontrer l’existence de Dieu, mais on ne

KANT, Opus peut s’empêcher de procéder suivant le principe de cette
postumum idée et d’accepter les devoirs comme des commandements
divins. »

« La conscience morale n’est pas quelque chose que l’on

KANT, Doctrine de la soit susceptible d’acquérir (…) mais tout homme en qu’être
vertu  moral possède en lui, originairement une telle
conscience. »

2- L’obligation morale est-elle une contrainte ?

Pour NIETZSCHE et BERGSON

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 l’obligation morale est une contrainte.

«Toute morale est contraire au laisser-aller, c’est une

NIETZSCHE, Par-delà le
tyrannie qui s’exerce sur la nature et aussi sur la
bien et le mal
raison. »

BERGSON, Les deux

« L’obéissance au devoir est une résistance à soi-
sources de la morale et de
même. »
la religion

Par contre pour KANT et BERGSON

l’obligation morale n’est pas une contrainte. 

« La liberté est sans doute la raison d’être de la loi

KANT, Critique de la
morale, mais la loi morale est ce qui nous donne la
Raison pratique
connaissance de la liberté. »

KANT, Fondements de la
« Une volonté libre et une volonté soumise à des lois
métaphysique des
morales sont une seule et même chose »
mœurs, 1785

BERGSON, Les deux
« Un être ne se sent obligé que s’il est libre, et chaque
sources de la morale et de
obligation, prise à part, implique la liberté. »
la religion

3- L’obligation morale est-elle négation de la liberté ?

Pour NIETZSHE et BERGSON

l’obligation morale est négation de la liberté. 

«Toute morale est contraire au laisser-aller, c’est une

NIETZSCHE, Par-delà le
tyrannie qui s’exerce sur la nature et aussi sur la
bien et le mal
raison. »

BERGSON, Les deux

« L’obéissance au devoir est une résistance à soi-
sources de la morale et de
même. »
la religion

Par contre pour ROUSSEAU et KANT,

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 l’obligation morale n’est pas négation de la liberté.

ROUSSEAU, Du Contrat « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est

Social  liberté. »

KANT, Critique de la « La liberté est sans doute la raison d’être de la loi
raison pratique  morale. »

4- L’obligation morale se résume-t-elle

à l’obligation sociale ?

Pour FREUD et DURKHEIM

l’obligation morale se résume à l’obligation sociale.

« Notre conscience, loin d’être le juge implacable dont

FREUD, Essais de
parlent les moralistes, est, par ses origines, de l’angoisse
psychanalyse 
sociale, et rien de plus. »

DURKHEIM, « Quand notre conscience parle, c’est la société qui parle en

L’Education morale nous. »

Mais pour KANT et HEGEL

l’obligation morale ne se résume pas à l’obligation sociale. 

« On ne peut démontrer l’existence de Dieu, mais on ne

KANT, Opus peut s’empêcher de procéder suivant le principe de cette
postumum  idée et d’accepter les devoirs comme des commandements
divins. »

« Le droit laisse, absolument parlant, toute latitude à la

HEGEL,
disposition d’esprit. La moralité, en revanche, concerne
Propédeutique
essentiellement la disposition d’esprit et exige qu’on se
philosophique 
conduise par respect du devoir. »

5- Y a-t-il une morale universelle ?

Pour NIETZSCHE et STIRNER

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 Il n’y a pas de morale universelle.
La morale est relative à un individu ou un groupe. 

NIETZSCHE, Par-delà « Il y a une morale des maîtres et une morale des
le bien et le mal esclaves. »

«Dieu et l’humanité n’ont basé leur cause sur rien, sur rien
STIRNER, L’Unique et qu’eux-mêmes. Je baserai donc ma cause sur Moi : aussi
sa propriété  bien que Dieu, je suis la négation de tout le reste, je suis
pour moi tout, je suis l’Unique. »

Par contre pour PASCAL, MONTAIGNE et KANT

il y a une morale universelle.

PASCAL, Pensées « La vraie morale se moque de la morale.»

« Il ne faut pas laisser au jugement de chacun la

connaissance de son devoir, il le lui faut prescrire, non pas
le laisser choisir à son discours ; autrement, selon
MONTAIGNE, Essais 
l’imbécillité et variété infinie de nos raisons et opinions,
nous nous forgerions en fin des devoirs qui nous
mettraient à nous manger les uns les autres. »

KANT, Fondements de
« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée
la métaphysique des
par ta volonté en loi universelle de la nature. »
mœurs 

6- L’obligation morale se limite-elle seulement aux êtres humains ?

Respecter tout être vivant est-il un devoir moral ?

Pour DESCARTES, KANT et HEGEL

l’obligation morale se limite seulement aux êtres humains.
Seul l’homme mérite respect.

« Il est possible de parvenir à des connaissances qui sont

fort utiles à la vie. Connaissant la force et les actions du feu,
DESCARTES, Discours de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres
de la méthode  corps qui nous environnent, nous les pourrions employer
et ainsi nous rendre comme maître et possesseur de la
nature. »

KANT, Fondements de « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien

la métaphysique des dans ta personne que dans la personne de tout autre

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 toujours en même temps comme une fin et jamais
mœurs 
simplement comme un moyen. »

KANT, Fondements de « L’homme (…) existe comme fin en soi et non pas
la métaphysique des simplement comme moyen dont telle ou telle volonté
mœurs  puisse user à son gré. »

Par contre pour JONAS,

l’obligation morale doit s’étendre à tout être vivant.

« Agis de façon que les effets de ton action soient

JONAS, Le Principe
compatibles avec la permanence d’une vie
responsabilité 
authentiquement humaine sur terre. »

« Mais aux yeux de l’homme des premiers temps (…) il

JONAS, Le Phénomène était impossible que la vie puisse jamais être dans l’univers
de la vie  une question d’intérêt secondaire plutôt que sa règle
omniprésente. »

LE DICO PHILOSOPHIQUE
Obligation morale
Action volontairement choisie (alors que matériellement on pourrait ne pas l’accomplir)
par respect d’une valeur morale.
Amoral
Qui est totalement étranger au domaine de la moralité.
Autonomie de la volonté
Propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi.
Contrainte
Recours à la force pour empêcher quelqu’un d’agir ou pour le faire agir contre sa volonté.
Devoir
Obligation morale considérée en elle-même, indépendamment de son application. Chez
KANT, nécessité d’accomplir une action par pur respect pour la loi morale.
Ethique
Partie de la philosophie portant sur le bien et le mal, les fins dernières de l’homme et le
fondement des valeurs.
Immoral
Qui viole les règles de la morale.

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 Impératif catégorique
Chez KANT, détermination de la volonté qui consiste à accomplir une action morale par
pur respect de la loi morale.
Impératif hypothétique
Chez KANT, commandement soumis à une condition.
Morale
Ensemble des règles de conduite d’un groupe, déterminant ce qui est permis et interdit.
Nécessité
Par opposition à contingence, caractère de ce qui ne peut ne pas être ou ne peut être
autrement qu’il n’est. Enchainement des causes et de l’effet matériel qui exercent une
contrainte sur l’homme.
Obligatoire
Ce dont on ne peut se dispenser par opposition à ce qui est libre ou facultatif.
Personne
Sujet moral doué d’une valeur absolue et existant comme fin en soi, par opposition à la
chose.
Vertu
Le devoir, la règle morale. Capacité à agir en conformité avec le devoir.
Volonté
Faculté de décision réfléchie et rationnelle, distincte du désir, du souhait, du caprice, de la
velléité et s’appuyant sur des moyens adaptés à une fin clairement perçue : une activité
consciente émanant du sujet libre et connaissant.

SUJETS

L’obligation morale
 Qu’est-ce qui oblige dans l’obligation ?
 Doit-on confondre obligation et contrainte  ?
 Toute obligation est-elle contrainte ?
 En quoi consiste l’obligation morale  ?
 Qui est autorisé à me dire :  «  Tu dois » ?
 La société fait-elle de nous des êtres moraux ?
 La morale a-t-elle un sens en dehors de la société ?
 N’y a-t-il de morale que sociale ?
 La morale est-elle réductrice au social ?
 L’obligation sociale fonde-t-elle toute la morale ?
 Toute obligation morale tire-t-elle ses origines de Dieu  ?
 L’obligation morale n’est-elle au fond qu’une obligation religieuse  ?

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 L’intérêt peut-il fonder l’action morale ?
 La raison est-elle le principe fondateur de l’action morale  ?
 La liberté individuelle est-elle compatible avec la vie en société  ?
 La liberté est-elle compatible avec le principe de causalité?
 Obéir, est-ce renoncer à sa liberté  ?
 L’obligation morale peut-elle se concilier avec la liberté ?
 L’obligation morale est-elle une négation de la liberté ?
 Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté  ?
 Peut-on être libre en se soumettant aux obligations de la loi morale ?
 Nos convictions morales sont-elles le simple reflet des opinions de notre époque  ?