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: Glauber Rocha
au Brésil et Jean-Luc Godard au Mozambique
Fernanda Pessoa de Barros
À la fin des années 1970, deux cinéastes d’importance capitale pour les mouve-
ments de cinéma modernes se tournent vers la télévision. Au Brésil, Glauber Ro-
cha participe au programme collectif Abertura; au Mozambique décolonisé, Jean-Luc
Godard est invité à aider la construction d’une télévision publique révolutionnaire.
Les contextes politiques de ces deux expériences sont différents – un pays afri-
cain nouvellement indépendant et un pays d’Amérique latine envisageant une ouver-
ture politique après quinze ans de dictature militaire. Pourtant, se manifeste un désir
commun d’utiliser la télévision pour donner l’image d’un peuple dans un contexte de
changement politique. Rocha choisit de donner la parole au peuple à travers le dia-
logue, tandis que Godard veut apprendre au peuple à se faire sa propre image, en
dominant les techniques télévisuelles.
Six ans plus tard, Jean-Luc Godard va s’intéresser au Mozambique. Ce pays afri-
cain a obtenu son indépendance du Portugal en 1975 et son nouveau gouvernement se
déclare socialiste marxiste et révolutionnaire. Le président Samora Machel, leader du
mouvement de libération nationale (Frelimo), connaît l’importance de l’audiovisuel
Il faut remarquer aussi que Godard n’avait pas de familiarité avec la culture
mozambicaine. Il voulait interagir avec le peuple et lui faire prendre la parole et les
moyens de production, mais ne parlait ni portugais ni les langues natives du pays. Cela
a évidemment créé un problème de communication et d’interaction.
En outre, la situation politique du Mozambique devient de plus en plus compli-
quée. Depuis 1976, le pays souffrait d’une guerre civile entre la Frelimo et la Rema-
mo (Résistance Nationale du Mozambique), mouvement qui se positionnait contre la
politique marxiste du gouvernement. Le Remamo comptait sur le support de l’Afrique
du Sud et de la Rhodésie, en plus d’avoir un soutien indirect des Etats-Unis. La guerre
civile mozambicaine s’intensifie dans les années 1980.
Diawara analyse le conflit d’intérêt entre Godard et le gouvernement mozambi-
cain, y voyant