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Comment un texte publié en 1998, par un éditeur de poésie, Cheyne, qui fait son métier en artisan, est-il devenu un
best-seller ?
Le texte est simple, efficace. Pas de commentaires « C'est aussi un texte sur l'échec du discours politique »,
explique Franck Pavloff, juste une façon de montrer où peut conduire la peur et l'absence de révolte. Deux
hommes ordinaires assistent, en refusant de s'inquiéter, à la mise en place d'un Etat brun. Insensiblement, tout
prend cette couleur : chat, chien, journaux. Franck Pavloff l'a écrit au moment des élections régionales de 1998,
quand des élus de droite se sont alliés avec ceux du Front national. […].20 000 avant le choc du 21 avril 2002. Le
lendemain, Jean-François Manier renvoie quelques exemplaires. A France-Inter, Vincent Josse le reçoit. Lui aussi
se demande « comment parler du FN, sans faire d'éditorial ». Le jour où Jean-Marie Le Pen est l'invité de la
rédaction, Josse décrit le terrible programme culturel du FN et termine en parlant de la nouvelle. Ce jour-là,
Franck Pavloff est en voiture près de Lyon. Il appelle Jean-François Manier, qui lui explique que téléphones et fax
n'arrêtent pas. Le phénomène Matin brun a commencé […]
Alain Salles, Le Monde, vendredi 7 mars 2003
1) Résume en quatre phrases l’extrait à analyser ( n’oublie pas le jour de l’oral de lire les premières lignes
du texte).
Un titre et une première de couverture symboliques :
2) Décris l’illustration (cadrage, couleurs …) : quelles références peut-on y voir ?
3) Analyse le titre « Matin Brun » : qu’évoque-t-il selon toi ?
Un texte politique et engagé
4) « milices » ligne 42: quelles références historiques se cachent derrière ce terme ?
5) Quel régime se met en place dans la nouvelle ?
Une structure qui participe au sens
6) Quel adjectif en apparence anodin sature peu à peu le texte et l’avenir des personnages ?
7) Complète ce tableau qui montre la mise en place progressive de l’Etat totalitaire, la gradation des mesures
prises cf poly
Le pouvoir de la fiction :
8) Quand et où se déroule cette histoire ?
9) Connaissons-nous le contexte de mise en place du régime ?
10) De la même façon quelles informations le texte nous livre-t-il sur « l’après ? » (les camps ? la guerre ?)
11) Pourquoi ces éléments manquent-ils ?
12) Synthèse : en quoi cette nouvelle est-elle un texte engagé contre le totalitarisme ?
V- Je mets en relation avec d’autres œuvres et je conclus
Voici quelques œuvres qui peuvent être mises en relation avec « Matin Brun » de Franck Pavloff:
Un beau matin court métrage d’animation réalisé par Serge Avédikian et qui est une adaptation de la
nouvelle. (en lien sur le blog de classe)
On n’a rien vu venir roman à 7 voix, collectif de 7 auteurs donc et préfacé par Stéphane Hessel
Genèse du texte : un beau jour d’automne, Sandrine Beau et Séverine Vidal se sont lancées le défi de réunir 7
auteurs pour, ensemble, écrire un roman dont le thème serait : 7 familles face à l’arrivée au pouvoir d’un parti
liberticide. Ainsi est né On n’a rien vu venir, un roman d’anticipation politique dont nous pourrions tous être les
protagonistes, si nous n’y prenons garde.
Le livre se compose de sept chapitres (un par auteur) et d’un épilogue écrit par Séverine Vidal.
« On n’a rien vu venir parle de ce qui peut arriver si l’on n’y prend garde. C’est pourquoi je considère que c’est un
livre important, et je vous encourage à le lire." Extrait de la préface de Stéphane Hessel.
Film d’animation
« Je n'ai rien dit » Fin des années 1970, une banlieue imaginaire, la
coutume est de ne porter ni slip, ni pantalon,
Quand ils sont venus chercher les communistes, uniquement des hauts oranges. Avec l’aide d’un
je n'ai rien dit.
insurgé masqué en R8 Gordini bleue, Monsieur R
je n'étais pas communiste
et sa femme, préparent une révolution
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, vestimentaire radicale et s’élancent à l’assaut du
je n'ai rien dit. totalitarisme monochromatique orange.
je n'étais pas syndicaliste
Récompenses : Sélection officielle Festival de
Quand ils sont venus chercher les juifs, Cannes 2009, en compétition / Festival
je n'ai rien dit. d’Annecy 2009, en compétition
je n'étais pas juif
Un film d’animation décalé et surprenant qui
Quand ils sont venus chercher les catholiques, illustre cette même nécessité d’engagement face à
je n'ai rien dit.
tout totalitarisme.
je n'étais pas catholique
(en lien sur le blog de classe)
Et, puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester
Comment un texte publié en 1998, par un éditeur de poésie, Cheyne, qui fait son métier en artisan, est-il
devenu un best-seller ?
Le texte est simple, efficace. Pas de commentaires « C'est aussi un texte sur l'échec du discours politique »,
explique Franck Pavloff, juste une façon de montrer où peut conduire la peur et l'absence de révolte. Deux
hommes ordinaires assistent, en refusant de s'inquiéter, à la mise en place d'un Etat brun. Insensiblement,
tout prend cette couleur : chat, chien, journaux. Franck Pavloff l'a écrit au moment des élections régionales
de 1998, quand des élus de droite se sont alliés avec ceux du Front national. […].20 000 avant le choc du 21
avril 2002. Le lendemain, Jean-François Manier renvoie quelques exemplaires. A France-Inter, Vincent
Josse le reçoit. Lui aussi se demande « comment parler du FN, sans faire d'éditorial ». Le jour où Jean-Marie
Le Pen est l'invité de la rédaction, Josse décrit le terrible programme culturel du FN et termine en parlant de
la nouvelle. Ce jour-là, Franck Pavloff est en voiture près de Lyon. Il appelle Jean-François Manier, qui lui
explique que téléphones et fax n'arrêtent pas. Le phénomène Matin brun a commencé […]
Alain Salles, Le Monde, vendredi 7 mars 2003
III- Je resitue l’œuvre dans le(s) thème(s) choisi(s) «Arts et Totalitarismes»
Rappel de la définition du totalitarisme cf wikipédia : Le totalitarisme est l'un des trois grands types de
systèmes politiques avec la démocratie et l'autoritarisme. C'est un régime à parti unique, n'admettant aucune
opposition organisée et dans lequel l'État tend à confisquer la totalité des activités de la société. C'est un
concept forgé au XXe siècle, durant l'entre-deux-guerres. Il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des
personnes, comme le ferait une dictature classique. Le régime totalitaire va au-delà en tentant de s'immiscer
jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie
obligatoire.
6) J’explique en quoi cette nouvelle « Matin Brun » s’inscrit dans cette thématique.
Puisque la nouvelle montre la mise en place progressive d’un Etat Totalitaire, « l’Etat Brun », ce texte de
fiction illustre parfaitement cette thématique.
IV- J’analyse l’œuvre :
Lis la nouvelle (version audio disponible en téléchargement sur le blog de classe) ci-dessus
puis réponds aux questions suivantes qui pourront être la trame de ton analyse pendant
l’oral de l’HIDA :
1) Résume en trois phrases l’extrait à analyser ( n’oublie pas le jour de l’oral de lire les premières
lignes du texte).
Le narrateur et son meilleur ami, Charlie, mènent une vie tranquille en pleine période de trouble, la montée
d’un régime politique extrême, l’Etat Brun. Par égoïsme et par lâcheté, les deux protagonistes ne se
préoccupent pas des lois instaurées et s’accommodent de ce nouveau système. Leur passivité et leur
individualisme les conduisent à leur propre arrestation.
Un titre et une première de couverture symboliques :
2) Décris l’illustration (cadrage, couleurs …) : quelles références peut-on y voir ?
L’illustration, très simple, représente une croix sur fond brun. Cette croix semble prendre un sens péjoratif,
symbole de ce que l’on barre, et rappelle aussi la svastika (ou croix gammée), symbole de la dictature
hitlérienne.
La couleur brune renvoie dans un premier temps à l’idée de saleté, mais aussi à des références historiques
telles que « la peste brune », le surnom donné au nazisme pendant la seconde guerre mondiale et aux «
chemises brunes », nom donné aux SA (section d’assaut nazie) en raison de la couleur de leur uniforme.
3) Analyse le titre « Matin Brun » : qu’évoque-t-il selon toi ?
Outre la référence historique aux régimes nazis et fascites, cette expression est antithétique et pessimiste : un
mauvais jour se lève.
Un texte politique et engagé
4) « milices » ligne 42 : quelles références historiques se cachent derrière ce terme ?
Une milice est une police parallèle créée pour maintenir l’ordre. Les milices mussoliniennes ou nazies
apparaissent ici comme référent historique. Notre mémoire collective réactive aussi la milice française,
police responsable de l’arrestation de milliers de juifs pendant la seconde guerre mondiale.
5) Quel régime se met en place dans la nouvelle ? C’est donc un régime totalitaire qui se met en place
avec ses mesures classiques : tests de sélection, eugénisme, censure, lois arbitraires, délations, puis
arrestations.
Une structure qui participe au sens
6) Quel adjectif en apparence anodin sature peu à peu le texte et l’avenir des personnages ?
« brun » présent dès le titre (avec les références historiques déjà rappelées), est un leitmotiv en gradation qui
rythme la construction du récit. La détérioration des relations entre les personnages va de pair avec leur
utilisation croissante de l’adjectif. Le régime s’attaque même aux mots qui sont les outils de la pensée.
7) Complète ce tableau qui montre la mise en place progressive de l’Etat totalitaire, la gradation des
mesures prises cf poly
Le pouvoir de la fiction :
8) Quand et où se déroule cette histoire ?
Le cadre de l’histoire est réaliste. Les personnages jouent à la belote, aux cartes, au tiercé, regardent « la
Coupe des coupes » à la télévision, boivent du pastis, utilisent l’expression « putain con » « à tout bout de
champ ». L’histoire pourrait donc se passer de nos jours dans le sud de la France.
9) Connaissons-nous le contexte de mise en place du régime ? Non, aucun élément n’y fait référence.
10) De la même façon quelles informations le texte nous livre-t-il sur « l’après ? » (les camps ? la
guerre ?) Aucune.
11) Pourquoi ces éléments manquent-ils ?
Pavloff ne précise aucun lieu et aucune date, auncun contexte historique précis afin de donner à sa nouvelle
une dimension universelle et une valeur d’apologue. Il se concentre sur le passage d’un régime politique
extrême à un régime politique totalitaire. Le récit est très court, fulgurant à l’image de la rapidité du
phénomène décrit (rappelons qu’Hitler installe démocratiquement son régime nazi en moins d’un an…)
12) Synthèse : en quoi cette nouvelle est-elle un texte engagé contre le totalitarisme ?
La société qui se met en place progressivement dans la nouvelle est une société dans laquelle
l’uniformisation, la pensée unique, le totalitarisme s’installent en raison du manque de courage et de
l’individualisme des personnages.
« Matin Brun » est donc un apologue qui, à travers une histoire anecdotique, souhaite faire comprendre
au lecteur les dangers de l’indifférence et des lâchetés individuelles qui font de chacun de nous des
collaborateurs de ces systèmes. Dans le contexte de la montée de l’Extrême Droite en 1998 en France,
l’auteur invite le lecteur à résister contre les extrémismes et à se poser la question suivante : « Dans votre
vie de tous les jours, quel que soit votre âge, que faites-vous pour empêcher qu’adviennent ces matins
bruns de sinistres mémoire ? »
V- Je mets en relation avec d’autres œuvres et je conclus
Voici quelques œuvres qui peuvent être mises en relation avec « Matin Brun » de Franck Pavloff:
Un beau matin court métrage d’animation réalisé par Serge Avédikian et qui est une adaptation de la
nouvelle. (en lien sur le blog de classe)
On n’a rien vu venir roman à 7 voix, collectif de 7 auteurs donc et préfacé par Stéphane Hessel
Genèse du texte : un beau jour d’automne, Sandrine Beau et Séverine Vidal se sont lancées le défi de réunir
7 auteurs pour, ensemble, écrire un roman dont le thème serait : 7 familles face à l’arrivée au pouvoir d’un
parti liberticide. Ainsi est né On n’a rien vu venir, un roman d’anticipation politique dont nous pourrions
tous être les protagonistes, si nous n’y prenons garde.
Le livre se compose de sept chapitres (un par auteur) et d’un épilogue écrit par Séverine Vidal.
« On n’a rien vu venir parle de ce qui peut arriver si l’on n’y prend garde. C’est pourquoi je considère que
c’est un livre important, et je vous encourage à le lire." Extrait de la préface de Stéphane Hessel.
Film d’animation
« Je n'ai rien dit » Fin des années 1970, une banlieue imaginaire, la
coutume est de ne porter ni slip, ni pantalon,
Quand ils sont venus chercher les communistes, uniquement des hauts oranges. Avec l’aide d’un
je n'ai rien dit.
insurgé masqué en R8 Gordini bleue, Monsieur R
je n'étais pas communiste
et sa femme, préparent une révolution
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, vestimentaire radicale et s’élancent à l’assaut du
je n'ai rien dit. totalitarisme monochromatique orange.
je n'étais pas syndicaliste
Récompenses : Sélection officielle Festival de
Quand ils sont venus chercher les juifs, Cannes 2009, en compétition / Festival
je n'ai rien dit. d’Annecy 2009, en compétition
je n'étais pas juif
Un film d’animation décalé et surprenant qui
Quand ils sont venus chercher les catholiques, illustre cette même nécessité d’engagement face à
je n'ai rien dit.
tout totalitarisme.
je n'étais pas catholique
(en lien sur le blog de classe)
Et, puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester
Arrestation Lign Avoir Les miliciens dans les « J’ai pressé le pas, Un petit
des gens par es22 possédé un quartiers habillés de une coule de sueur garçon pleure
la milice /230 animal non brun ? nouveaux trempait ma son chien
conforme dans le quartier chemise. » peur mort
dans le Ils ne se cachent « ils exagèrent. c’est
passé plus : ils tuent le de la folie » Les gens
« Injure à chien du garçon en « j’aurai dû me méfier commencent à
l’Etat pleine rue. des bruns dès qu’ils regarder
National » Ils arrêtent les gens. nous ont imposés leur autour d’eux
première loi » pour voir s’ils
« On aurait dû dire sont écoutés
non. »