Vous êtes sur la page 1sur 2

Les matins de France Culture Guillaume Erner, la question du jour, les recherches se poursuivent

au large des côtes grecques ou le bilan du naufrage de mercredi affiche déjà un bilan de 78
personnes décédées. Bilan certainement le plus meurtrier de l'année face à la multiplication de ces
drames et au vu du durcissement de certaines politiques migratoires en Europe. La question des
responsabilités se pose, que dit le droit international en matière d'obligations des États pour le
sauvetage en mer ? Bonjour qui ? Iran et ri. Bonjour, vous êtes maîtresse de conférences en droit et
codirectrice du centre de droit international de l'université Jean Moulin de Lyon. L'obligation de
porter assistance aux personnes en détresse en mer et la plus ancienne des obligations du droit de
la mer, quels sont les traités qui encadrent cette obligation ? Oui, Bonjour alors cette obligation
effectivement c'est une obligation coutumière qui existe depuis la naissance du droit de la mer et
est aujourd'hui codifiée dans plusieurs traités. Le plus important et le plus clair, c'est sans doute la
Convention des Nations unies sur le droit de la mer qui a été adoptée en 1982 à Montego Bay.
C'est son article 98. Qui impose aux États cette obligation d'assistance, une obligation d'assistance
qui doit bien entendu être faite et menée par les États. Mais alors, comment se répartissent ils en
fonction des zones maritimes respectives ? Comment cela se passe ? Alors, c'est une autre
convention, un autre traité international qui s'appelle la convention SAR SAR donc Search and
Rescue qui a été adoptée en 1979. Et c'est grâce à cette convention que les États parties à la
Convention vont déclarer des zones de recherche et de sauvetage au large de leur côte. Donc c'est
c'est chaque État qui va définir sa propre zone de recherche et de sauvetage. Et dans cette zone, Eh
bien, il sera responsable de la coordination du sauvetage en mer et pour les zones internationales,
celles à priori, qui ne relèvent pas immédiatement d'un État. Comment les choses se passent elles ?
Eh bien, si un navire est effectivement en détresse dans une zone internationale qui ne relève pas
d'une zone sarre d'un État, Eh bien le. Les naufragés vont contacter la zone Sarre la plus proche en
général et donc le centre de coordination de la zone Sarah la plus proche. Bon parce que là
apparemment dans dans le cadre de cette dernière tragédie, il y avait de forts indices sur. Le fait
que les passagers étaient en péril sur ce bateau, on s'en était rendu compte. Et bon évidemment,
hélas, personne n'est intervenu, sinon ce drame aurait pu être évité. Alors là, quelles sont les
responsabilités ? Comment les dires, ces responsabilités, qui aura un Henri ? Alors il va, il va
falloir, je pense, un petit peu de temps pour avoir tous les faits précis un petit peu compliqué de
répondre sans avoir l'effet précis. Mais non, mais il est différent. Effectivement oui. Voilà, s'il
s'avère effectivement qu'un avion de Frontex est survolé cette cette embarcation et
qu'effectivement ils avaient eu connaissance de. De la situation de détresse de ce navire alors
effectivement, la responsabilité de Frontex, qui est une agence de l'Union européenne, pourrait
être engagée pour ce qui est de la responsabilité de la Grèce. Je, je ne pense pas que que sa
responsabilité puisse être engagée dans la mesure où les autorités grecques ont tout mis dans tout
mis en œuvre à partir du moment où ils ont été informés. Pour venir en aide aux personnes
naufragées alors Frontex, ça concerne qui ? Ça veut dire que c'est l'Union européenne qui pourrait
dans ce cas-là être considérée comme responsable ? Oui, c'est ça. Le Frontex est une agence de
l'Union européenne, c'est l'Agence pour la protection des frontières extérieures, donc c'est une
agence de police. Qui a pour objectif de surveiller les frontières extérieures de l'Union européenne.
Donc effectivement son le rôle de Frontex n'est pas prioritairement un rôle de sauvetage. En
revanche, lorsque, comme comme toute personne, hein, lorsque vous constatez une situation de
détresse, Eh bien il y a une obligation d'intervenir pour. Vous portez au secours des personnes qui
sont en situation de détresse, alors donc c'est c'est là où effectivement on pourrait remettre en
cause enfin mettre en cause la responsabilité de son texte. Alors j'imagine que ça vaut aussi pour
tous les navires qui auraient croisé ce bateau. Tout à fait le droit de la mer prévoit une obligation
pour les capitaines de navire. De se porter immédiatement au secours d'un navire trouvé en
détresse en mer. Pour le moment, on n'a pas d'information qui laisserait penser qu'un capitaine de
navire, ce serait détourné sciemment de cette embarcation en détresse. Mais si c'était le cas,
effectivement. C'est une responsabilité pénale individuelle des capitaines de navire. Et alors je me
pose la question suivante, puisque semble il, d'après ce que j'ai cru comprendre, le capitaine du
navire de ce bateau qui a donc chaviré, Eh bien le, le capitaine est aujourd'hui entre les mains des
autorités grecques avec 8 autres personnes. Le fait de de laisser embarquer sur son bateau un
nombre manifestement trop grande personne, sans gilet de sauvetage, alors je ne sais pas si le gilet
de sauvetage et est obligatoire mais en tout cas il y avait manifestement un danger, c'était clair.
Est-ce que ce capitaine peut être inquiété ? Oui, bien sûr. Le capitaine est responsable de la
sécurité de son navire et il est passible de poursuites pénales pour avoir mis en danger la vie de ces
personnes. Et alors ? Selon toute vraisemblance, il serait probablement poursuivi devant les
juridictions grecques. Ça, est-ce que ce n'est pas un un moyen aussi de de faire pression sur ?
Toutes ces personnes qui sont en train donc d'effectuer d'organiser ce ce type de traversée avec les
risques extrêmement importants que l'on voit, ça peut être un levier. Le problème que l'on observe,
c'est que dans 95% des cas, dans les embarcations qui traversent la Méditerranée et qui sont bien
entendues, surpeuplées et qui ne sont parfois pas. Des embarcations prévues pour la haute mer
dans la plupart des cas, les passeurs ne sont pas à bord. Et ces personnes sont complètement
livrées à elles-mêmes. Donc, lorsque des opérations de secours arrivent, on ne peut pas interpeller
un éventuel capitaine parce qu'il n'y en a pas. Donc ça, c'est un problème qui est qu'on retrouve de
manière quasiment systématique. En revanche, on a des instruments internationaux pour lutter
contre le trafic de migrants. Qui, c'est de la criminalité transnationale organisée ? Et là, on a par
exemple le protocole de Palerme, qui date de 2000, qui est un traité qui permet aux États de
coordonner la lutte contre ces fameux passeurs qui mettent en danger la vie des la vie des
individus. Par ailleurs, kiaran ERI et on a considéré qu'on assisté à un changement de paradigme
en matière de de sauvetage en mer. On serait passé du droit de la mer au droit sécuritaire.
Expliquez nous ce que ça signifie ? Oui, je vous remercie de cette question. En réalité, l'article 98
de la convention de Montego Bay, dont je vous parlais tout à l'heure, c'est un article qui a une
vocation humanitaire, c'est à dire que l'idée c'est de sauver la vie qui est en détresse en mer, la mer
est un endroit dangereux, donc depuis la nuit des temps, les marins se portent au secours. L'un des
autres pour sauver la vie. Donc c'est vraiment une obligation qui est une obligation de protection
de la vie. Et les États européens ont depuis quelques années. Modifier leur approche de cette de de
de la migration en mer et ils ont développé des opérations en mer, des opérations navales, mais
elles ont pour but la surveillance de leurs frontières ou la lutte contre ces fameux passeurs, c'est-à-
dire la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Ce sont donc des opérations de police
qui sont mises en œuvre en Méditerranée par les États européens et non des opérations de
sauvetage. Et c'est ce que réclame les ONG à raison, c'est qu'il faudrait mettre en œuvre des
opérations de sauvetage, de recherche et de sauvetage et non des opérations de police. Parce que
bien entendu. Ça n'a pas, ça n'a pas la même vocation. Merci beaucoup. Qui aura néri ? Je rappelle
que vous êtes maîtresse de conférences en droit à l'université Jean-Moulin Lyon 3.

Vous aimerez peut-être aussi