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Situation politico-sécuritaire et macroéconomique de la

RDC aux cinq premiers mois de 2023


Alexandre Nshue M. Mokime
Mai 2023

0. Introduction

La situation politico-sécuritaire et macroéconomique de la République démocratique du Congo (RDC) n’a pas


été assez stable aux cinq premiers mois de 2023. Quoiqu’au plan économique, les projections fassent état d’une
poursuite de la croissance en 2023 et d’une contenance des pressions sur le taux d’inflation et le taux de change,
d’importantes inquiétudes planent au vu de la situation politico-sécuritaire et des effets de la crise en Ukraine.
Le cadrage initialement élaboré par le gouvernement projetait une croissance de 8 % en 2023 et une inflation
de 8,3 % mais au vu des évolutions de janvier à avril 2023, la cible de croissance a été ramenée à 6,8 % et
l’inflation à plus de 9 %. Un éloignement de l’économie par rapport à la trajectoire de référence est possible si le
cours des choses ne s’améliore pas. Ce papier explique la situation et discute des perspectives d’ici fin 2023.

1. Contexte politico-sécuritaire

L’année 2023 a débuté en RDC sur une note de fragilité car sur le plan politique, les contradictions entre acteurs
se sont renforcées, particulièrement autour du mode de gouvernance, du processus électoral et de la gestion
des problèmes sécuritaires (délinquance juvénile, banditisme de rue, conflits communautaires et guerre à l’Est).
Des initiatives ont été prises pour plus de transparence et d’efficacité dans la gestion publique mais les progrès
sont parfois lents ou mitigés. Les contrats conclus avec les entreprises chinoises en 2010 (troc contre minerais)
ont été examinés par l’Inspection générale des finances (Igf) qui a relevé des incohérences ainsi que le manque
à gagner de la RDC dans ce deal. Depuis des efforts sont entrepris pour renégocier. L’Igf a aussi mis en évidence
les irrégularités figurant dans la paie des agents de l’Etat malgré l’informatisation et la bancarisation.

Le débat politique congolais est actuellement marqué par les élections et tout ce qui s’y rapporte. Le projet de
loi sur la nationalité des candidats à certains postes stratégiques comme la présidence de la république retient
l’attention. Les initiateurs dudit projet suggèrent que seuls les Congolais de père et de mère soient éligibles à
des postes clés pour faire face à l’infiltration étrangère qui serait une des causes de l’instabilité à l’Est du pays.
L’argumentation soutenant ce projet ne rencontre pas la lecture de plusieurs personnes dont celle du Président
Tshisekedi. Pour le Chef de l’Etat, ce n’est pas le fait d’être Congolais de père et de mère qui garantit la bonne
gouvernance et empêche le détournement des deniers publics. Plusieurs opposants ne sont pas aussi favorables
à ce projet estimant qu’il va à l’encontre des prescrits de la constitution et pourrait conduire à une fissure sociale.

L’enrôlement des électeurs s’est déroulé de décembre 2022 à avril 2023, mais la famille politique de l’ancien
Président, Joseph Kabila (FCC), l’a boycotté et sans le dire, pense qu’un dialogue est requis. D’autres opposants
ont pris part à l’enrôlement mais exigent une refonte de la CENI et un audit sérieux du fichier électoral. Les
candidatures à la présidentielle continuent d’augmenter et certaines alliances se font tant du côté du pouvoir
que de l’opposition. En avril, une coalition de 4 partis d’opposition (ECIDE, Ensemble, Envol et LGD) a été créée
à Lubumbashi et la plateforme Union sacrée pour la nation (USN) soutenant le Président Tshisekedi pour sa
réélection a été rendue publique après le remaniement du gouvernement. Celui-ci a fait intervenir d’autres chefs
de partis dans l’équipe dont Jean-Pierre Bemba (MLC), Vital Kamerhe (UNC) et Antipas Mbusa (RCD).

Tableau 1. Candidats probables pour la présidence de 2023


Félix Moïse Adolphe Jean-Claude Augustin Martin Denis Delly Franck
Tshisekedi Katumbi Muzito Muyambo Matata Fayulu Mukwege Sessanga Diongo
UDPS Ensemble ELAN SCD LGD ECIDE Indépendant Envol MLP
Président Ancien Ancien Ancien Ancien Premier Ancien Député Prix Nobel de la Ancien Ancien
sortant Gouverneur Premier Ministre ministre et et candidat paix Ministre et Député
du Katanga ministre actuel Sénateur Président en actuel Député
2018 national
Source : Auteur

1
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a, au mois de mai 2023, soumis le nouveau fichier
électoral à l’audit d’un groupe d’experts de la francophonie qui l’a jugé fiable après un léger apurement qui a fait
passer le nombre d’électeurs de 47 à 43 millions. Pour sa part, l’opposition politique a rejeté les conclusions de
ces experts et entend poursuivre une série de manifestations publiques pour dénoncer ce qu’elle estime être
irrégulier dans le processus électoral. La surchauffe continue ainsi à gagner du terrain dans l’espace politique
nationale. Le sit-in organisé par l’opposition le 25 mai devant la centrale électorale a conduit à des bras de fer
entre manifestants et forces de l’ordre. L’interdiction par les autorités de certaines provinciales des
manifestations politiques des opposants est très mal perçue par une partie de l’opinion.

La situation sécuritaire du pays a continué à se détériorer avec d’une part, l’expansion de la délinquance juvénile
(dans les villes) et des conflits intercommunautaires (à Kwamouth), et de l’autre, la poursuite de la guerre à l’Est,
malgré les opérations militaires en cours et les actions menées au plan diplomatique. Pour faire face au M23, le
gouvernement a recouru à la force de l’EAC (Eastern african community)1 mais il n’a pas obtenu gain de cause.
Fort de cela, au mois de mai, il a levé l’option de recourir à l’appui militaire de la SADC (Southern african
development community). Plusieurs opposants et acteurs de la société civile avaient critiqué le recours à la force
de l’EAC au vu des dispositions du traité la créant mais aussi du fait de l’appartenance du Rwanda à cette
organisation alors qu’il appuie le M23.

Pour dénoncer l’agression de la RDC par le Rwanda à travers le M23, plusieurs marches ont été organisées par
les acteurs politiques aussi bien du pouvoir que de l’opposition de novembre 2022 à mai 2023. A la suite de ces
protestations, plusieurs voix se sont levées dans le monde (au niveau des pays et des organisations
internationales) pour dénoncer et condamner le soutien accordé au M23 par le Rwanda. Le 20 mai 2023, la
jeunesse de l’UDPS (parti présidentiel) a organisé une marche de soutien au Président de la république et de
protestation contre la guerre à l’Est du pays. A la même date, l’opposition a marché pour exprimer un
mécontentement par rapport à l’insécurité, à la cherté du coût de la vie et aux faiblesses du processus électoral.
Cette marche de l’opposition a donné lieu à des affronts entre manifestants et éléments de la police.

2. Activités économiques

Initialement fixée à 8 %, la prévision de croissance pour 2023 a été revue à la baisse en avril 2023 avec un objectif
de 6,8 %. Cet ajustement tient à a dynamique des marchés des matières premières au vu des effets de la crise
en Ukraine et aux incertitudes suscitées par le contexte politico-sécuritaire interne. La croissance devrait être
essentiellement portée par les industries extractives, grâce particulièrement à l’exploitation de la mine cuprifère
de Kamoa. Celle-ci devrait produire environ 450.000 tonnes de cuivre sous forme de concentré à la fin du 2nd
trimestre 2023. La valeur de la tonne de cuivre qui était de 10.182,3 USD en avril 2022 est cependant passée à
8813,3 USD en avril 2023, soit une baisse de 13,5 %, justifiée par un resserrement des débouchés à l’étranger. Le
cours du cobalt qui était de 56.026 USD/tonne en décembre 2022 est passé à 34.256 USD en avril 2023.

Figure 1. Croissance économique et part des industries à la croissance : 2021 – 2023


8,5 8
6,2 6,8
5,3 5,1
3,05 3,7

2021 2022 2023 (prév. Initiale) 2023 (prév. Ajustée)

Croissance du PIB réel Part des ind. Extractives

Source : Banque centrale du Congo et Ministère du Plan

Tableau 2. Cours du cuivre par tonne (USD)


avr-20 avr-21 avr-22 avr-23
Valeur de la tonne 5048,2 9335,5 10182,3 8813,3
Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/010002052

1 Créée à l'origine en 1967, l'EAC fut dissoute en 1977, puis recréée en 2000-2001 avec le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Ces trois pays ont
signé un traité qui a été modifié en 2006 et en 2007. En 2007, le Burundi et le Rwanda se sont joints au groupe initial. La RDC a rejoint
l’organisation en 2022.

2
Les autres secteurs de l’économie (secondaire et tertiaire) devraient également progresser selon les
prévisions du gouvernement et contribuer à plus ou moins 3 points de cette croissance projetée à 6,8 %.
Cependant, l’environnement des affaires reste peu propice aux entreprises malgré quelques réformes
annoncées. La fiscalité, le déficit en infrastructures, l’insécurité sont autant de facteurs qui limitent les
perspectives de développement du secteur privé. En 2022, le gouvernement a annoncé la suppression de
14 taxes dans le domaine du commerce extérieur mais jusque-là, la suppression n’est pas effective. Une
enquête menée au Nord-Kivu fait état de 26 taxes non-justifiées pesant sur l’activité agricole. Plusieurs
infrastructures sont en état de délabrement avancé et imposent ainsi aux entreprises des coûts superflus.

En dépit de ces facteurs structurels, le baromètre de la conjoncture qui fait office d’indice de confiance des
entreprises renseigne d’un maintien global des perspectives de poursuite de l’activité économique sur
l’année 2023. Certes les dérapages observés au niveau du taux d’inflation et du taux de change ainsi que
les risques liés au processus électoral et à l’insécurité sont sources d’inquiétudes, mais le baromètre ne
pointe pas vers le bas. Grâce aux industries extractives, il s’est établi à 31,5 en mars 2023 alors qu’il était à
32,1 en févier et 31,1 en janvier. L’indice des branches agriculture et manufacture a connu une évolution
contrastée au vu des défis rencontrés. Certaines entreprises tendent à réduire leurs investissements.
Projeté initialement à 10,7 % pour 2023, le taux d’investissement privé a été revu à 9,6 % en avril.

Figure 2. Baromètre de la conjoncture : nov. 2022 – mars 2023 Figure 3. Taux d’investissement privé : 2021 – 2023
10,8 10,7
31,5 9,8 9,6
31,1 8,5
31,2 8
6,2 6,2 6,8
29,7
28,9
1,7

nov-22 déc-22 janv-23 févr-23 mars-23 2020 2021 2022 2023 (prév. 2023 (prév.
Initiale) Revue)

Taux d'investissement privé Taux de croissance

Source : Banque centrale du Congo et FMI

L’accès des entreprises au financement, particulièrement des petites et moyennes entreprises (PME), est
toujours très limité en dépit des initiatives prises par le gouvernement pour lever la contrainte. Plusieurs
projets dont certains appuyés par les partenaires extérieurs (BAD, Elan RDC, etc.) n’ont pas encore permis
aux PME de relever le niveau de leurs investissements et d’améliorer leurs compétitivités, ce qui limite les
progrès de l’économie. Le volume de crédits accordés aux entreprises a baissé ces derniers mois en raison
du contexte pays et de l’effet de l’inflation sur les taux d’intérêt pratiqués. L’encours du crédit à l’économie
qui a augmenté de 399.820 millions de CDF en décembre 2022 a diminué de 604.967 millions en janvier
2023 avant d’augmenter de 420.848 en février et diminuer de nouveau de 364.125 millions en avril.

Figure 4. Taux d’intérêt moyen débiteur (taux d’intérêt réel en %) : décembre 2022 – avril 2023

14,91
12,69 11,54 11,26 11,29

5,9
3,93
1,67 1,5 1,53

déc-22 janier 2023 févr-23 mars-23 avr-23

Taux débiteur opérations en monnaie nationale


Taux débiteur opérations en monnaie étrangère

Source : Banque centrale du Congo

3
3. Situation des finances publiques

La situation des finances publiques s’est avérée très préoccupante durant les premiers mois de l’année
2023. En effet, les contreperformances enregistrées au plan de la mobilisation des recettes ont réduit
l’espace budgétaire de l’Etat et ne lui ont pas permis de couvrir certaines dépenses courantes, notamment
les rémunérations de la plupart des fonctionnaires et agents de l’Etat. Cet état de choses a exercé une
pression sur les arriérés budgétaires qui en 2022, avaient déjà dépassé 2 milliards USD. A la première
semaine du mois de mai 2023, l’Etat a mobilisé 24 % des recettes publiques internes de l’année alors qu’en
2022, soit à la même période, le taux de collecte des recettes de l’Etat a été de 41 % et, en mai 2021, il a
été de 30 %. Le recul enregistré en 2023 est assez préoccupant et requiert un ajustement.

A l’échéance fiscale d’avril 2023, la Direction générale des impôts (DGI) n’a pas atteint 40 % de ses
assignations alors qu’elle représente plus de 50 % des recettes. Il faut noter que depuis 2022, le
gouvernement a suspendu la TVA sur certains biens pour contrer les effets de la crise en Ukraine sur
l’inflation. La Direction générale des recettes administratives et domaniales (DGRAD) a aussi vu ses
prévisions de recettes ne pas être réalisées en raison d’un différend qui l’oppose à certaines entreprises
minières au sujet des superprofits de 2022. Au 1er trimestre 2023, sur des assignations de 1125 milliards de
CDF, la DGRAD a réalisé 265,65 milliards, soit une exécution de 23,6 %. La baisse des cours du cuivre et du
cobalt ainsi que la fraude ont impacté les recettes de la Direction générale des douanes et accises (DGDA).

Figure 5. Collecte des recettes publiques (% du total annuel à la 1ère semaine de mai) : 2021 – 2023

41

30
24

2021 2022 2023


Source : Banque centrale du Congo

Au même moment que la collecte des recettes n’a pas été à la hauteur des attentes, il a été observé de
fortes pressions sur les dépenses, notamment avec la prise en charge du processus électoral, les opérations
militaro-sécuritaires menées à l’Est du pays et l’augmentation d’enveloppe de rémunération des agents et
fonctionnaires. Cette dernière a atteint 350 millions USD au mois d'avril, contre une prévision mensuelle de 290
millions. En janvier – février, le Trésor a déboursé 140 millions USD pour financer une opération militaire. Le
creusement du déficit des opérations financières de l’Etat a amené le gouvernement à émettre et à placer,
à deux reprises, des bons et obligations du Trésor dans le public sans atteindre le montant voulu. Ceci peut
aussi s’expliquer par la méfiance des agents économiques au regard du contexte-pays actuel.

4. Inflation et taux de change nominal

Les pressions inflationnistes sur le marché intérieur se sont considérablement accrues aux cinq premiers
mois de 2023. Celles-ci ont été entretenues par le déficit des opérations du Trésor et par l’expansion des
prix alimentaires qui subissent l’influence de la crise en Ukraine. Ils ont contribué à 76,22 % de l’inflation au
mois de mai (contre 69,08 % en mai 2022 et 58,53 % en mai 2021). En glissement annuel, l’inflation s’est
établie à 19,8 % au mois de mai 2023 et en annualisé à 30,4 % contre une inflation de 13,1 % à fin 2022. Un
tel rythme d’expansion des prix a beaucoup pèse sur le pouvoir d’achat des revenus dans un contexte-pays
assez tendu avec les tensions observées au plan politique et la poursuite de la guerre à l’Est. La cherté du
coût de la vie qui s’observe a d’ailleurs été un motif justifiant la marche de l’opposition du 20 mai.

4
Figure 6. Inflation (%) : 2020 – 2023 Figure 7. Part des prix alimentaires dans l’inflation (%)

30,4
76,22
69,08
20,7 19,8 58,53
13,1

5,3

2020 2021 2022 2023 2023 2021 2022 mai-23


(glissement (annualisé)
annuel)
Source : Banque centrale du Congo

L’accélération de l’inflation en début 2023 procède en partie, de la dépréciation de la monnaie nationale


par au dollar (USD), car le pays est un importateur net de produits alimentaires. Pour rappel, chaque année,
la RDC importe des aliments pour plus d’un milliard USD à cause du déficit de son offre intérieure en
aliments essentiels. Dans certaines provinces du pays, notamment le Haut-Katanga et le Grand Kasaï, la
hausse des prix de certains produits de grande consommation comme la farine de maïs (hausse de plus de
150 % de janvier à mai) est le fait d’une déficience de l’offre par rapport à la demande. Les importations de
farine de maïs provenant de la Zambie ont connu une baisse drastique en raison des difficultés que cette
dernière connait à la suite des chocs subis par son secteur agricole (perturbations climatiques).

Figure 8. Taux de change nominal (CDF/USD) : 2020 – 2023

2101 2300
1909 2044

2020 2021 2022 mai-23


Source : Banque centrale du Congo

De décembre 2022 à mai 2023, la monnaie nationale s’est dépréciée de plus ou moins 13,4 % contribuant
ainsi à une importante perte de pouvoir d’achat de la population. La rareté relative du dollar sur le marché
de change par rapport au CDF, due en partie, à la diminution des réserves internationales, a conduit à un
renchérissement des prix à l’importation, plus particulièrement des prix des produits alimentaires.
L’augmentation rapide des importations que le pays connait depuis le second semestre de l’année 2022 s’est
poursuivie jusqu’en 2023. Elle a affaibli la position extérieure et conduit à une diminution des réserves
internationales du pays. Celles-ci sont passées de 4382,9 millions USD à 4116 millions, ce qui correspond à
un passage de 2,63 à 2,25 mois d’import.

Figure 9. Réserves (millions USD et mois d’import) : décembre 2022 – mai 2023
4500 2,7
4382,9 2,63 2,6
4400 4349
4296,2 2,5
4300
2,35 2,4
2,32 4067,44
4200 4105 2,22 4116 2,3
2,2 2,25
2,2
4100
2,1
4000
2
3900 1,9
déc-22 janv-23 févr-23 mars-23 avr-23 mai-23

Réserves Mois d'import.

Source : Banque centrale du Congo

5
5. Perspectives pour le reste de l’année

La réalisation d’un taux de croissance économique de 6,8 % à fin 2023 dépendra en partie, de l’évolution
de la situation politico-sécuritaire du pays. Une non-décrispation de la crise politique actuelle ainsi que la
non-résolution des problèmes sécuritaires pourraient affecter sensiblement la confiance des hommes
d’affaires et réduire l’investissement privé. Les acteurs politiques sont appelés à privilégier l’intérêt
supérieur de la nation en cherchant à trouver des compromis pour l’aboutissement des élections sur la
table des principes de la démocratie et de la bonne gouvernance. Certes le processus électoral est en cours,
mais il ne fait pas l’unanimité et peut connaître des contestations à son achèvement, ce qui plongerait
encore le pays dans une crise de légitimité et un nouveau cycle de problèmes.

En tant que garant de la nation et Chef de l’Etat, le Président Tshisekedi devrait examiner la question en
profondeur et identifier la meilleure voie qui soit pour rétablir la sérénité et la cohésion nationale. S’il
estime qu’il faudrait convoquer un dialogue politique pour tuer les tensions et décrisper la situation, il serait
souhaitable qu’il le fasse dans le cadre de son action en faveur de la paix, de la stabilité et du
développement du pays. Les efforts du gouvernement sur le plan militaro-sécuritaire sont à renforcer pour
créer un climat de paix favorable à la croissance et au développement humain. Un meilleur calibrage des
actions militaires est à envisager eu égard aux coûts des opérations militaires et des pressions qu’elles
exercent sur les finances publiques.

Il y a nécessité de faire preuve de beaucoup de discipline dans la gestion des deniers publics au regard des
pressions qui émanent du processus électoral et de l’insécurité (avec son coût humanitaire). La collecte des
recettes devrait s’améliorer et le train de vie des institutions devrait réellement être réduit et même de
manière conséquente. Les dépenses de fonctionnement et les missions de service devraient être revues à
la baisse pour dégager des marges permettant de financer les investissements publics. Les réformes visant
à assainir les finances publiques, lutter contre la corruption, améliorer la transparence et créer un meilleur
environnement des affaires devraient conduire à de nouveaux comportements et non pas s’arrêter que sur
des annonces. Le contrôle parlementaire devrait ainsi être renforcé et la sanction devrait être une règle.

Nonobstant le contexte relativement difficile du moment, le gouvernement devrait déployer des efforts
soutenus pour réellement créer les ressorts d’une diversification économique. Plusieurs plans et
programmes sont en cours d’exécution, mais il y a nécessité de renforcer leur pilotage ou leur gouvernance
pour s’assurer de l’atteinte des résultats escomptés. Il faudrait une plus grande implication des acteurs du
secteurs privés pour que les changements voulus dans l’économie soient effectifs. Dans un secteur aussi
stratégique que l’agriculture, les efforts du gouvernement devraient être soutenus pour réduire la
dépendance vis-à-vis des importations alimentaires. Le programme de transformation de l’agriculture
(PTA) initié par le Chef de l’Etat devrait connaitre une très bonne exécution pour répondre à cet impératif.

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