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34.

RAYONNEMENTS IONISANTS
Interaction – Effets biologiques - Radioprotection

- Les radiations ionisantes sont des rayonnements électromagnétiques ou particulaires possédant une
énergie associée suffisante (> 10eV) pour provoquer des effets nocifs variables, allant parfois jusqu’à la
mort cellulaire
- Les sources d'exposition aux rayonnements ionisants (RI) sont multiples, artificielles (médicales,
industrielles) ou naturelles (cosmiques, telluriques...) ; cette dernière représente la principale composante
de l'irradiation reçue par la population générale.
- Les actions biologiques des radiations ionisantes dépendent de:
- La dose en Gy et au débit de dose.
- La nature du rayonnement et son énergie.
- Le type cellulaire, le tissu et le sujet (susceptibilité individuelle).

Intérêt de l’étude :

I- Rappel : Les intervenants dans une interaction rayonnement-matière :


- Structure de la matière
- Atome : Noyau (Neutrons-Protons) – Electrons en orbite
- Molécule : ensemble d’atomes
- Rayonnements ionisants
- Electromagnétiques : non chargés
- Electriques : chargés
- Structure de la cellule
- Noyau central : ADN
- Cytoplasme et membrane cytoplasmique

II- Interactions Rayonnement-Matière : Il existe 2 types d’interactions :

A- Interactions Electron-Matière
L’électron du rayon incident entre en contact :
- Soit avec l’électron de la matière
- Soit avec le noyau en passant par le champ magnétique`

1- Interaction Electron-Electron
Choc mécanique : 3 possibilités :
- EI < EL à Aucun phénomène physique
- EI > EL à Transfert de l’électron de l’atome sur un autre orbite = Excitation (Atome instable)
- EI >> EL à Electron éjecté en dehors de l’atome = Ionisation

2- Interaction Electron-Noyau
Choc Electrostatique avec passage de l’électron incident au voisinage du noyau et donc :
- Changement de la trajectoire de l’électron
- Création d’un photon de freinage

B- Interaction Particule lourde – Matière


- Production d’ionisations par arrachement des électrons
- 2 mécanismes possibles : Choc mécanique – Choc électrostatique
III- Actions physicochimiques et cellulaires :

Avant de produire des effets biologiques, l’action physique (interaction) des RI est suivie d’une action
chimique qui peut être directe sur les molécules, ou bien indirecte par l’intermédiaire des radicaux
libres. Au niveau cellulaire, cette action chimique se traduit par une lésion d’ADN.

A- ACTIONS PHYSIQUES : Toute interaction entre les RI et la matière produit :


- Excitation : électron transféré sur une autre orbite.
- Ionisation : électron éjecté en dehors de l’atome (nécessite de fortes énergies)

B- ACTIONS CHIMIQUES OU MOLECULAIRES :

1- Action directe :
- Les molécules ionisées ou excitées : sont très instables.
- Cette instabilité se traduit par la rupture des liaisons chimiques et la destruction des molécules.

2- Action indirecte :
- Elle résulte de l’action des radicaux libres (RL) formés par radiolyse de l’eau

- Les RL sont porteurs d’un électron "célibataire", possédant une haute réactivité chimique et qui
peuvent attaquer les molécules organiques voisines.

L'ADN peut être lésé directement par les RI ou le plus souvent indirectement par les RL :

- Ruptures de chaînes +++ : peuvent être simples réparables ou doubles irréparables.


- Altération des bases (surtout la thymine) et des sucres.
- Modification de la structure ADN : formation de liaisons chimiques anormales (pontage) intra
chaînes ou inter chaînes (ADN ou ARN) ou avec une protéine.

C- ACTIONS CELLULAIRES :

1- Mort cellulaire / lésions irréparables touche les structures cellulaires vitales (chromosomes)
- IMMEDIATE : après irradiation à doses élevées, le plus souvent accidentelle.
- DIFFEREE : après irradiation à doses moindres ; la cellule cesse de se diviser après une ou
plusieurs mitoses par perte du pouvoir de prolifération. C’est le cas des cellules à fort pouvoir de
prolifération (cellules souches, cryptes intestinales).
Ceci explique le délai observé entre la radiothérapie et la réduction du volume tumoral.
- INDIRECTE : pour les cellules différenciées (SN - Foie..), très radio-résistantes mais elles sont
lésées indirectement par atteinte des cellules interstitielles.

2- Altération des fonctions cellulaires : pour des doses plus faibles


- Troubles de la perméabilité cellulaire.
- Troubles de la mobilité cellulaire.
- ↓ Synthèse de l’ARN et des protéines.
- Arrêt ou retard de mitose : ralentissement de la phase S et arrêt en G2 (± Long)
- Retard de la croissance cellulaire.
La radiosensibilité d’une cellule est en fonction de la gravité des lésions produites par les RI et de
son aptitude à les réparer.
3- Mutations : Elles touchent aussi bien le gène que le chromosome, n’ayant aucune relation avec
la dose (intérêt de la prévention).
IV- Actions sur les tissus
En plus des effets biologiques cellulaires, l’étape tissulaire se caractérise par 2 effets différents :

A- EFFETS DETERMINISTES

- Obligatoires et précoces survenant dans les heures ou jours suivant l’irradiation.


- Le plus souvent réversibles. Ils sont déterminés par des évènements antérieurs à leur manifestation.
- Apparition au dessus d’une dose seuil (0,2 - 0,3 Gy) et la gravité augmente avec la dose.
- Déclenchés par la mort d’un grand nombre de cellules.
- Lors d’une radio-exposition : la perte cellulaire est soit :
- Provisoire si le déficit est compensé ou Permanente si le déficit est non compensé.
- Faible (fonction non affectée) ou Importante (Prolifération des cellules restées viables insuffisante)

B- EFFETS STOCHASTIQUES

- Aléatoires et tardifs, se manifestant plusieurs mois ou années après irradiation


- Seulement chez certains individus
- Non spécifiques : difficiles à distinguer de la même pathologie non radio induite.
- Ils n’impliquent pas obligatoirement des doses importantes.
- Quand la dose ↑, leurs fréquences ↑, mais leurs gravités restent la même.

V- NOTIONS DE RADIOPROTECTION DANS LE SECTEUR MEDICAL

A- PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA RADIOPROTECTION :

Bulletin officiel n°4540-3 (4/12/1997) : 3 principes de base de la Règlementation : CIPR (1928)


- Justification de l’activité qui entraîne l’exposition : éviter toute exposition inutile.
- Optimisation de la Radioprotection : Exposition au niveau le plus bas possible.
- Limitation des expositions individuelles : Professionnels (DATR) et Public

B- LIMITATION DES EXPOSITIONS INDIVIDUELLES :

Pour les travailleurs DATR : (Directement affecté aux Travaux sous Rayonnements) :

Catégorie A : zone contrôlée : où la dose reçue est susceptible d’être ≥ 3/10 limites annuelles
d’exposition (= 15 m SV : irradiation globale)
] Exposition globale de l’organisme :
- La limite dose équivalente : HE = 50 m Sv / an
- Pour les femmes (DATR) en âge de procréer :
- La dose à l’abdomen : HE < 13 m Sv au cours d’un trimestre
- Si grossesse déclarée : dose la plus réduite possible jusqu’à l’accouchement : HE <10mSv
] Exposition partielle :
- La limite de dose efficace pour estimer les expositions internes : HEff = 50 m Sv / an
- Pour chacun des tissus ou organes la limite annuelle est : HT = 500 m Sv/an
- Pour le cristallin : H cristallin = 150 m Sv / an
- Pour la peau, les mains, les avant bras, les pieds et les chevilles : H = 500mSv/ an

Pour les apprentis et les étudiants :


- Âge > 18 ans : idem DATR de catégorie A
- Âge 16 – 18 ans : = 3/10 des limites annuelles.

Pour le Public : Réduction d’un facteur 10


C- REGLES DE RADIOPROTECTION

1- Contre l’exposition Externe


Distance :
- D1 et D2 : débits de dose équivalente – d1 et d2 : distances respectives.
- Le débit D obéit à la loi de l’inverse carré de la distance : D1 / D2 = (d2 / d1)²
Temps d’exposition : T.E
- Pour un Débit de dose donné : la dose absorbée Da est proportionnelle au T.E
- Donc réduire au minimum la durée d’exposition.
Utilisation d’écrans : ce moyen est très efficace
- Ecrans contre α : très minces en : mica – Aluminium - cuivre – Argent
- Ecrans contre β : Matériaux légers = Absorption totale. Si Z ↑ : rétro diffusion ≈100%
- Ecrans contre X et gamma : Atténuation par écrans à Z ↑↑. Ex: Plomb : CDA = X2 ou X10

2- Contre la contamination : Respect des règles suivantes :


- Port de blouses et de gants.
- Eviter de : boire – manger - fumer… en zone contrôlée.
- Matériel – locaux : adéquats.
- Contrôle systématique des travailleurs.
- Identifier clairement les préparations radioactives.
- Eliminer déchets selon les consignes.

D- SURVEILLANCE MEDICALE DU PERSONNEL

- Examens médicaux périodiques / 6 mois.


- Surveillance mensuelle dosimètre (Irradiation Externe)
- Surveillance radio toxicologique avec dosage des radioéléments dans le sang, les urines et autres
secrétions (Irradiation interne ou contamination)

Conclusion :
- Les radiations ionisantes sont largement utilisées aussi bien dans le domaine médical qu’industriel.
- Ils représentent des effets nocifs même à faible dose d’où la règlementation de la radioprotection.

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