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Valérie Bugault

Demain dès l’aube


… le renouveau

Synthèse du livre
Les raisons cachées du désordre mondial

Éditions SIGEST, 2020


PROLÉGOMÈNES
Depuis que je travaille sur les concepts de géopolitique économique, je me suis souvent aperçue que
plus les gens maîtrisaient, en matière juridique, économique et monétaire, les plus fines techniques utilisées,
moins le tableau d’ensemble leur apparaissait clairement. De longues années de recherche, de nombreuses
rencontres « de terrain » et la confrontation aux événements historiques ont fini par dessiner devant mes
yeux un tableau aux contours parfaitement limpide. Ce tableau est, dans une très large mesure, totalement
ignoré des spécialistes ‒ analystes et géopolitologues ‒ qui, privés d’une bonne grille d’analyse, restent
relativement démunis face à l’adversité.

La naissance d’un nouvel acteur géopolitique : la caste des « banquiers-commerçants »


La carence de la plupart des analyses géopolitiques vient du fait que le paradigme d’étude ne prend, le
plus souvent, pas en compte la réalité des acteurs en présence. Les rapports de force sont, la plupart du
temps, considérés au regard des seuls États. Or, depuis plusieurs siècles, s’est développé, dans l’ombre, un
acteur nouveau, anonyme et de nature privée, que j’appelle du terme générique de « banquiers-
commerçants ». D’un point de vue méthodologique, cet acteur nouveau est déroutant à plus d’un égard.
Premièrement, il est anonyme, ce qui rend difficile son appréhension précise et la mesure de sa
puissance ‒ relative comme absolue ‒ par rapport aux traditionnels États.
Ensuite, cet acteur ne répond pas aux mêmes règles d’engagement ‒ pour employer une terminologie
militaire ‒ que les États. D’une part, les « banquiers-commerçants » sont des acteurs privés, et non publics,
qui répondent donc à des intérêts d’ordre strictement catégoriels, en aucun cas à un quelconque «  intérêt
général ». Mais, comme par essence ils sont anonymes, on a du mal à discerner leur présence autrement
que par des déductions (intervention de la capacité logique) et recoupements d’informations (faisceau
concordant d’indices). C’est ici que les questions méthodologiques peuvent apporter une importante plus-
value aux analystes et géopolitologues. D’autre part ‒ et peut-être surtout ‒ ces acteurs, qui ne sont pas
géographiquement délimités (pas de contraintes géographiques), ne fonctionnent fondamentalement pas
selon la même logique que les États traditionnels. Alors que les États, quelle que soit leur taille, sont limités
par des frontières et répondent à une logique d’ordre sédentaire, ces nouveaux acteurs politiques (que
d’aucuns, tels que Peter Scott Dale, nomment État profond) répondent à une logique de type nomade. Or,
les grilles d’analyses des géopolitiques sont très largement issues des concepts développés au sein des
États dans une logique sédentaire. C’est la raison pour laquelle ces analystes politiques ont du mal à
concevoir le phénomène nomade élevé au rang d’acteur géopolitique.
Comprendre ce phénomène nouveau dans son ampleur ‒ car sa création remonte loin dans le temps ‒
est pourtant fondamental car il permet de percevoir que ce nouvel acteur politique a, in fine, un seul ennemi
mortel : la présence d’États au sens politique du terme, c’est-à-dire d’États souverains. Ainsi, dans le
contexte d’un rapport de force et de puissance, les États sont, par construction, les pires ennemis des
« banquiers-commerçants ». Les « banquiers-commerçants » devraient dès lors, en retour, devenir les pires
ennemis des États. Cette réalité tout à fait essentielle, est malheureusement très mal anticipée et, pour ainsi
dire non prise en compte par les acteurs étatiques !
À partir du moment où l’on considère, de façon systématique, cette nouvelle grille d’analyse, une
méthodologie se dégage qui permet de mieux percevoir la réalité et les manifestations concrètes de ce
nouvel acteur géopolitique, appelé, par commodité de langage, « banquiers-commerçants ».
Cette méthodologie permet, par exemple, de comprendre que des États nomades nouveaux, tels que
Daesh et autres congénères, sont en réalité de façon fondamentale, une émanation de cet acteur
géopolitique nouveau, à savoir la caste des « banquiers-commerçants ». Cette méthodologie permet
également d’appréhender à sa juste mesure le récent phénoménal développement ‒ tant quantitatif que
qualitatif ‒ des paradis fiscaux : il s’agit en réalité, là encore, de la manifestation de la puissance de cet
acteur politique nouveau, qu’est la caste des « banquiers-commerçants ». On peut également comprendre
grâce à cette méthodologie, que tous les États récents, prétendument indépendants, mais dont les
ressources sont essentiellement d’ordre financier ‒ le terme d’État relève, à leur égard, de l’abus de droit
public international ‒ sont également une manifestation de la puissance politique acquise, au XX e siècle, par
la caste des « banquiers-commerçants ».
La prise en compte de ce nouvel acteur géopolitique permet également de percevoir la naissance, au
cours du XXe siècle, d’entités juridico-politiques sui generis telle que la BRI ou le Vatican (résultant des
accords de Latran1), s’inscrit dans un renouveau fondamental des rapports de puissance politique entre
d’une part les « États » véritables et d’autre part la caste des « banquiers-commerçants ». À partir de 19292,
la papauté est devenue une vaste entreprise de gestion d’avoirs financiers (gestion déléguée conjointement,
par la papauté, à des banques anglaises et américaines). Cette « mission nouvelle » de la papauté s’est
concrétisée par la création en 1942 ‒ sous l’occupation allemande de l’Italie ‒ de l’Institut des Œuvres
Religieuses (IOR), la très opaque Banque du Vatican dont le rôle essentiel fut, ab initio, d’assurer l’opacité
des flux financiers et de blanchir l’argent sale. Le Vatican est ainsi de facto devenu, en 1929, l’un des
terrains de jeu favori de la caste des « banquiers-commerçants ». À la même époque, c’est-à-dire dans les
années 30 et suivantes, nous retrouvons les mêmes acteurs germano-anglo-saxons à l’initiative de la
création de la Banque des Règlements Internationaux (dont la naissance a été officialisée en 1930 par le
plan Young) : en l’occurrence un Américano-allemand (né dans une province allemande devenue danoise en
1919), Hjalmar Schacht3, le gouverneur de la banque centrale anglaise Norman Montagu et des intérêts
américains par le biais de J-P Morgan. L’Américain John Foster Dulles 4, chargé de la représentation en
Europe des intérêts conjoint de la Banque d’Angleterre et de J-P Morgan 5 fut, à ce titre, l’interlocuteur
privilégié de Schacht dans ses œuvres bancaires créatrices en Europe !

Historique
La première « puissance » a avoir intégré la caste des « banquiers-commerçants » en tant que nouvel
acteur politique est l’Angleterre. Le choix d’Olivier Cromwell de développer l’Empire britannique en adossant
la puissance des armes à celle des banques a créé un nouveau paradigme politique. Dans ce nouveau
paradigme, la puissance militaire, et par ricochet la puissance politique, deviennent assujetties au bon
vouloir ‒ censé durer toujours ‒ des banquiers fournisseurs de fonds.
Dire cela ne signifie pas que l’Angleterre porte l’acte de naissance de cet acteur géopolitique nouveau,
anonyme, appelé par facilité de langage « banquiers-commerçants ». Sa naissance est plutôt à rechercher
dans les Républiques commerçantes de Gènes, de Florence ou de Venise. Elle est aussi à rechercher dans
le premier État à avoir donné une réalité institutionnelle à ces banquiers, la Hollande, via la création en 1609,
de la Banque d’Amsterdam. Au travers de la Ligue Hanséatique, ces banquiers ont acquis un pouvoir très
important qui leur a permis de développer ce qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, s’est
apparenté à ce qui deviendra une « banque centrale ». Cette Banque d’Amsterdam préfigure ce que seront
les banques centrales car elle en a les principales caractéristiques :
1) Elle était détenue par des personnes privées et néanmoins dotée de la garantie des États de
Hollande ;
2) Ses effets, sous forme de papier, circulaient quasi-librement.
Puisque nous parlons de géopolitique, il faut rappeler que les villes de la Ligue Hanséatique ont perdu
l’essentiel de leurs prérogatives politiques à la naissance des États, au sens moderne du terme, issus des
Traités de Westphalie de 1648. « Puissance privée » contre « puissance publique » est le véritable rapport
de force qui a émergé, en Occident, au cours des siècles.
Si l’Angleterre de Cromwell n’est pas, stricto sensu, à l’origine du développement des « banquiers-
commerçants », il est néanmoins à l’origine du paradigme consistant à adosser les velléités impériales à la
puissance financière naissante des banquiers ; ce phénomène a, mécaniquement, généré l’avènement d’un
nouveau modèle de référence dans lequel la puissance politique et militaire est intimement liée au
développement de la banque. Dans les étapes ultérieures, les banquiers se sont internationalisés dans le
même temps qu’ils ont commencé à se centraliser par l’instauration du système des banques centrales. Ces
banques centrales sont aujourd’hui l’élément pivot, fondamental, du système monétaire mondial.
En prenant le contrôle des monnaies, ces puissances d’argent ont pris le contrôle des économies
puisqu’elles étaient en mesure de décider, en toute autonomie et de façon discrétionnaire, de l’affectation

1 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_du_Latran
2 En guise (ce fut la justification officiellement annoncée) de dédommagement pour la perte de sa gestion de la plupart des États du
centre de l’Italie en raison de l’unification italienne (survenue dans la seconde moitié du XIX e siècle), Mussolini a accordé au pape
quatre milliards de lires à l’occasion de la signature des accords du Latran. Ces sommes colossales seront gérées par des
banques anglo-saxonnes (anglaises et américaines) jusqu’à la création en 1942, l’Italie étant sous occupation allemande, de l’IOR.
3 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hjalmar_Schacht ; https://reseauinternational.net/des-banquiers-anglo-saxons-ont-organise-la-
seconde-guerre-mondiale/
4 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Foster_Dulles ; https://en.wikipedia.org/wiki/John_Foster_Dulles
5 Cf. http://echodesmontagnes.hautetfort.com/archive/2015/04/05/adolf-hitler-hajlmar-schacht-ig-farben-bri-auschwitz-banque-cartel-
clara-ga.html
des ressources monétaires. Ainsi, ces banquiers ont, historiquement, engendré ou facilité la création de gros
conglomérats économiques qui entretiennent ensemble des liens juridiques, économiques ou familiaux. La
création de ces énormes conglomérats capitalistiques, à son tour, a permis une prise de contrôle politique
décisive. Pour donner une simple mais éloquente illustration européenne, le « Cartel international de
l’acier6 », qui a ouvert ses portes à Luxembourg en 1926 et qui avait servi de « gendarme privé » pour le
commerce mondial de l’acier de 1926 à 1939, a été le premier pas concret ‒ en devenant la Communauté
Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) 7 ‒ de la construction européenne que nous connaissons
aujourd’hui.
L’énorme pouvoir des banquiers est lié à la gestion exclusive qu’ils ont de l’économie via le contrôle des
monnaies. Ils ont, peu à peu, établi un système de prédation capitalistique qui, à son tour, leur a permis de
prendre le contrôle du phénomène politique ‒ par la corruption ou l’intimidation ‒, organisant en
conséquence un système législatif qui leur soit de plus en plus favorable. Nous sommes aujourd’hui arrivés,
avec l’avènement des institutions dites européennes, au point culminant qui consiste en l’institutionnalisation
du « phénomène économique » en lieu et place du « phénomène politique ».
Les institutions européennes sont l’éclatante manifestation politique du rapport de force perdu par le
« concept politique » au détriment du « concept économique ». Commerciales par essence, les institutions
européennes sont la parfaite manifestation de l’élévation de la caste des « banquiers-commerçants » au
rang politique et géopolitique.

Le lien entre « économie » et « monnaie » est la clé de la compréhension des évènements


géopolitiques.
Le phénomène économique est, par construction, lié au phénomène monétaire : il existe un lien de
dépendance indéfectible entre monnaie et économie car aucune économie ne peut se développer sans
monnaie disponible.
C’est précisément le lien entre « économie » et « monnaie » qui explique les déboires des États-Unis
dont la monnaie, le dollar US, est (bientôt « était ») à la fois nationale et internationale. Les contraintes
économiques d’une monnaie nationale viable sont en effet opposées aux contraintes d’une monnaie
internationale viable.
Une économie nationale doit, pour se développer, privilégier les exportations tandis que les contraintes
internationales de la monnaie imposent de privilégier les importations afin d’abreuver le monde en devises.
Ajoutons à cela qu’une monnaie internationale doit suivre les besoins de l’économie mondiale, ce qui
suppose, en période développement des échanges internationaux, un accroissement quantitatif de cette
monnaie. Il devenait dès lors mécaniquement impossible, à terme, pour les États-Unis dans le contexte du
développement du commerce international, de maintenir un adossement du dollar ‒ en tant que monnaie
mondiale ‒ à l’or.
Pour répondre à la demande mondiale de devises, les États-Unis ont donc dû privilégier les importations
sur les exportations. L’aspect mondial de la monnaie américaine devait immanquablement, mécaniquement,
entraîner l’affaiblissement de l’économie américaine avec le développement quantitatif très important des
échanges internationaux qui a eu lieu dans le dernier quart du XX e siècle. Pour répondre à la demande
internationale de leur devise, les États-Unis ont ainsi été contraints de faire deux choses :
1) Confisquer les économies de leurs États féaux, en particulier celles des pays de l’Union
Européenne ;
2) Créer des actifs artificiels sur lesquels il devenait possible d’adosser la création monétaire. C’est
ainsi que nous avons vu fleurir dès le début des années 1970, la dérégulation financière qui a donné
lieu à la créativité financière illimitée (CDS, CDO…).
Une fois la dérégulation établie, il devenait ensuite nécessaire d’imposer la circulation mondiale des actifs
synthétiques « toxiques » en établissant le phénomène de « titrisation ». La titrisation, par le biais de
véhicules particuliers (Special Purpose Vehicle ou, en français, fonds communs de créances) permet de
mélanger des actifs viables et toxiques de façon à faire disparaître, avec la complicité des agences de
notation, la réalité toxique de l’ensemble.
C’est précisément pour répondre aux besoins internationaux de sa monnaie que les organismes
financiers américains ont abreuvé banques et compagnies financières mondiales d’actifs toxiques. La
multiplication de ces actifs a ensuite rendu nécessaire le sauvetage des banques « too big to fail » par les
banques centrales qui avaient, jusque-là, sciemment fermé les yeux sur la dérégulation (création « d’actifs
financiers » toxiques), qu’elles avaient de facto couverte. Ajoutons au passage que la mode de la
dérégulation financière ‒ initiée aux États-Unis mais hélas devenue mondiale ‒ a aussi (sur le modèle de la
6 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Émile_Mayrisch
7 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Communauté_européenne_du_charbon_et_de_l%27acier
création de gros conglomérats économiques prisés par les « banquiers-commerçants ») consisté en la
création d’énormes conglomérats bancaires « too big to fail  » qui mélangent ‒ sans aucun scrupule ‒
banque de dépôt et banque d’investissement. Ce « mélange des genres » bancaires a, de fait, été autorisé
par les « régulateurs bancaires », c’est-à-dire par les « banques centrales » et surtout par la BRI qui les
coordonne.
De cause en effet, nous sommes arrivés à la mise en œuvre par les banques centrales, dans les pays
occidentaux, de politiques monétaires non conventionnelles ‒ pudiquement appelées Quantitative Easing
(QE) ‒ qui sont de simples injections monétaires contre des rachats d’actifs plus ou moins toxiques (jusqu’à
devenir, parfois, des rachats de « non-actifs », pour ne pas dire des rachats de « passif ») ; les banques
centrales se sont dès lors, volontairement mais dans des proportions variables, transformées en une sorte
de gigantesques structures de « defeasance8  ».
Notons que cette création monétaire ‒ appelée politique monétaire « non-conventionnelle » (QE) ‒ des
banques centrales va directement abreuver les bilans des banques privées ‒ et non, comme l’ancienne
méchante « planche à billets », l’économie matérielle ‒ générant en contrepartie d’énormes bulles
financières sur les actifs, bulles qui éclateront un jour ou l’autre. On ne parle plus alors « d’inflation »
(comme au temps jadis de la « planche à billets »), si néfaste aux rentiers et aux « banquiers-
commerçants », mais bien de « stagflation » puisque les revenus du travail ne bénéficient aucunement de
cette immense manne monétaire9. Les banquiers à la manœuvre ont ainsi réussi le double tour de force :
1) créer une énorme masse monétaire, qui leur permet de racheter, à l’aide de cette « monnaie de
singe », à peu près tous les actifs tangibles disponibles,
2) tout en générant une « stagflation » qui ‒ tout au contraire de l’inflation ‒ ne porte pas atteinte à
leurs intérêts bien compris et qui participe au contraire à la disparition des «  classes moyennes »,
lesquelles n’ont plus les moyens de se loger ni d’acquérir des actifs tangibles, dont les prix se sont
littéralement envolés ! Les « classes moyennes » affaiblies ‒ plus exactement : en voie de
disparition ‒ sont ainsi amenées à accepter docilement toutes les régressions politiques et
économiques qui leur sont présentées comme nécessaires et indispensables ! Un bon moyen, pour
les « banquiers-commerçants » d’assouplir l’échine des plus récalcitrants !
Le QE est la forme nouvelle de la fameuse « planche à billets » ; à ce titre, cette pratique démontre de
façon évidente que les « hommes politiques », ignorants des questions monétaires, ne sont pas les seuls
capables de création monétaire abusive ! Les masques tombent : les banquiers centraux « indépendants »
ont apporté, eux-mêmes, la preuve absolue qu’ils étaient aussi capables que les « hommes politiques » de
faire marcher la planche à billets. Avec une nuance de taille : les États (alors discrètement conseillés par les
banquiers eux-mêmes) recouraient à la planche à billets en interaction avec l’économie réelle, tandis que les
banques centrales recourent au QE en interaction avec les seuls établissements bancaires !
Ces pratiques monétaires, dites disruptives, ont abouti à rendre « nécessaire » un « reset » monétaire
mondial. « Reset » qui permettra aux « banquiers-commerçants » ‒ toujours à la manœuvre ‒ de mettre en
œuvre le Bancor, sous la nouvelle forme des Droits de Tirage Spéciaux (DTS), défendus par Keynes en
1944 lors des accords de Bretton Woods. Cette monnaie mondiale circulera sous forme totalement
dématérialisée, ce qui explique les énormes efforts faits actuellement par la BRI pour arriver à la disparition
de la monnaie sous forme d’espèces 10. À son tour, l’établissement d’une monnaie mondiale gérée par les
« banquiers-commerçants » et ‒ sous leur contrôle ‒ permettra l’arrivée d’un gouvernement mondial
ploutocratique de type autoritaire.
Pour résumer la situation, nous avons vu apparaître, au cours du XX e siècle et sous l’égide des USA
(alors puissance dominante), un système financier international intégré fondé sur une supercherie monétaire
car la devise internationale n’était, sur le long terme, pas viable en tant que telle. Ce problème a généré une
certaine remise à plat du système monétaire international, que les banquiers centraux, dirigés par la BRI,
s’empressent de mettre à profit pour imposer une monnaie mondiale centralisée, qui circulera sous forme
dématérialisée et non anonyme, dont ils auront la gestion unique ; faisant dès lors avancer leur agenda
global d’un gouvernement mondial ploutocratique centralisé. Inutile de préciser ce que la gestion de cette
monnaie permettra aux nouveaux dirigeants en terme de contrôle intégral des individus… Nous nous
avançons lentement mais sûrement vers un système d’esclavagisme radical, global et inédit dans l’histoire
de l’humanité en raison de sa globalité.

8 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Structure_de_défaisance
9 Cette « manne monétaire » est aussi abusive qu’elle est abondante.
10 Cf. à cet égard : https://lesakerfrancophone.fr/horizon-2025-disparition-de-largent-liquide ; ces efforts de la BRI sont largement
confirmés par ceux faits par Mme Lagarde, directrice du FMI, pour habituer le public aux bienfaits des cryptomonnaies.
De l’empire géographique à l’empire financiers.
Ce qui s’est peu à peu mis en place sous l’égide américaine doit être précisé. Car, à partir de 1913
(création de la Fed par, et pour, les puissances d’argent) l’Empire américain dominant a lui-même largement
perdu le contrôle de sa politique. Ce que nous appelons Empire américain n’est en réalité, depuis lors, pas
un empire au sens politique du terme car il est assujetti au « nouvel acteur géopolitique », la caste des
« banquiers-commerçants » « supranationale » ‒ et non « apatride ».
Nous nous heurtons ici à une difficulté conceptuelle liée à l’usage et à la compréhension du vocabulaire.
On parle « d’Empire américain » et de « puissance de feu américaine » mais de quoi parle-t-on vraiment :
est-ce que l’on parle d’un État qui cherche à s’étendre géographiquement ou à développer sa puissance
pour réaliser le bien-être de ses ressortissants, au détriment de tous les autres États ? Ou bien parle-t-on
d’un État qui, en dehors de toute réalité liée à ses ressortissants propres, cherche à appauvrir les autres
États, à les soumettre et à les dissoudre, conquérant au passage leurs richesses, pour le seul intérêt des
« banquiers-commerçants » qui le dirigent en sous-main ? En réalité, refuser de prendre la mesure du
nouvel acteur géopolitique que constitue la caste des « banquiers-commerçants » revient, à coup sûr, à avoir
des analyses confuses et tronquées et, finalement à priver les États de réels moyens d’action. La création de
l’Empire américain comme avant celle de l’Empire britannique, n’ont été que des stratégies de
développement de la caste nouvelle des « banquiers-commerçants ». Le Quartier Général de cette caste se
situe à la City of London et dans tous les paradis fiscaux affiliés fondés sur le modèle de droit anglo-saxon,
c’est-à-dire sur les trusts anonymes.
Le renouveau de l’Empire du milieu, c’est-à-dire de la Chine, a commencé sous les mêmes auspices de
la domination financière anglo-saxonne. Toutefois, rien ne dit qu’il finira de la même façon car les Chinois,
qui ont inventé les arts martiaux, maîtrisent parfaitement l’art d’utiliser la force de l’adversaire pour la
retourner contre lui. Il faudrait juste, pour que cette tactique puisse être utile, que la Chine identifie
clairement son adversaire comme étant la caste des « banquiers-commerçants », et non tel ou tel autre État
ou prétendu Empire.
Les États sont utilisés, par la caste anonyme des « banquiers-commerçants », pour remplir effectivement,
par les armes et le droit, le rôle de domination qui permettra, en fin de parcours, de créer un gouvernement
international dictatorial. Ce gouvernement s’appuiera sur des relais locaux configurés sur le modèle des
institutions européennes. Institutions dont la logique veut qu’elles deviennent, à court terme, fédérales et
apolitiques, au sens où des intérêts populaires n’auront plus aucun rôle à y jouer.
Pour en revenir à l’actualité, les enjeux politiques du Brexit sont une émanation de ce rapport de forces
entre État et banquiers. Indépendamment de la volonté populaire ‒ qui sert comme toujours à valider les
options politiques imposées par les décideurs réels ‒ le Brexit est une initiative de la caste des «  banquiers-
commerçants » siégeant à la City pour s’affranchir des réglementations bancaires et financières de l’UE
dans le contexte où cette dernière est, et reste, largement dépendante de l’Empire américain. Le Brexit est
en quelque sorte la revanche de Keynes sur la suprématie du dollar américain imposé à Bretton Woods par
Harry Dexter White, représentant du Trésor américain sous la présidence de Roosevelt. Alors que le dollar
s’était imposé comme monnaie mondiale dans un contexte où le pouvoir politique avait repris quelque
vigueur (suite, en particulier, à l’intervention du Glass Steagall Act de 1933), le Brexit marque, en quelque
sorte, la revanche de la banque sur l’État. Le pouvoir bancaire, qui a repris ses droits partout dans le monde,
est aujourd’hui largement dominant sur les pouvoirs politiques. C’est précisément cela qui explique les
énormes pressions tous azimuts (d’ordre tout à la fois politique, médiatique, économique et juridique) qui
pèsent sur les États membres de l’UE, afin que ceux-ci ne sortent pas des instances européennes, qui
restent une belle réalisation des banquiers globalistes. En aucun cas, le Brexit ne doit devenir un précédent
politique sous peine de dissolution de cette construction aussi absurde qu’elle est artificielle. L’idéal pouf les
banquiers de la City, serait que l’Angleterre elle-même reste dans les instances européennes pendant que
seule la City of London en sortirait ; ce qui, malheureusement pour les « banquiers-commerçants, ne semble
pas réellement possible étant donnés les liens, historiques et fonctionnels, étroits de l’État anglais avec la
City of London !

Les enjeux en termes de civilisation : nomades versus sédentaires


La capacité des décideurs politiques et des instances de réflexion politique à identifier cette nouvelle
caste dominante des « banquiers-commerçants » et à percevoir ses actions sera, dans les décennies qui
viennent, tout à fait déterminante pour orienter le sort du monde. Rappelons deux principes essentiels.
Le premier principe est que cette caste dominante nouvelle est « anonyme » et fonctionne selon des
postulats « nomades », en ce sens qu’elle est exclusivement motivée par la captation des ressources
naturelles et des richesses créées par l’homme. S’agissant du nomadisme, il faut bien comprendre que
celui-ci provient du modèle de liberté de circulation des capitaux, porté par la religion mondiale du libre-
échange, et des paradis fiscaux qui servent de refuge aux capitaux.
Derrière tout cela est la philosophie de la propriété économique, notion centrale du droit anglo-saxon : ce
n’est plus à proprement parler la propriété matérielle sur un bien (tangible ou immatériel) qui compte, mais la
capacité à contrôler les flux desdits biens, qui procure le véritable contrôle. De ce fait, nous changeons
effectivement de paradigme politique et géopolitique : le mouvement ‒ c’est-à-dire les flux ‒ devient plus
important que l’ancrage géographique des biens et richesses.
Le nomadisme en question ne se réfère pas au concept humain de transhumance, dans lequel les tribus
se déplacent avec leurs propres moyens de subsistance, mais relève du principe de prédation pure d’un
groupe d’individus sur la grande masse de ceux qui participent à l’élaboration des richesses par leur travail,
leur inventivité, leur créativité ou leur dévouement.
Le nomadisme derrière lequel se situe le capitalisme anonyme relève d’un fonctionnement sociétal
particulier axé autour de la pure prédation dans lequel se situe la capitalisme anonyme relève d’un
fonctionnement sociétal particulier axé autour de la pure prédation dans lequel les prédateurs, extrêmement
minoritaires d’un point de vue quantitatif, ne participent en aucune façon au développement collectif. Ce
nomadisme nouveau est en réalité en parfaite adéquation avec le principe de la mafia : ces deux systèmes
évoluent selon le même schéma de prédation sans réelle contrepartie autre que la violence illégitime
(illégitime car inutile à la pérennité du groupe humain concerné). La contrepartie, factice, mise en avant est
celle d’une prétendue garantie de « sécurité », alors que ceux censés assurer la sécurité sont en réalité la
source première de l’insécurité collective ; nous sommes ici encore en pleine imposture, tartufferie,
collective. Le système mafieux gouverne aujourd’hui le monde, il a été institué, au niveau international, par
les « banquiers-commerçants » au moyen du contrôle des monnaies, de l’instauration du libre-échange et de
l’anonymat, dont les paradis fiscaux pirates sont une des nombreuses illustrations.
Le second principe, qui découle du premier, est que le pire cauchemar de cette caste est l’existence
« d’États politiques » indépendants, seuls capable de faire obstacle à ses ambitions politiques mondiales. À
cet égard, souvenons-nous que cette caste anonyme des banquiers est à l’origine de la disparition de
plusieurs empires : l’Empire hongrois, et, en cours de réalisation, l’Empire américain.
Si cette caste des « banquiers-commerçants » continuait à être ignorée, de façon systématique, par les
États, c’est-à-dire si les États persistaient à ne considérer la géopolitique qu’au regard de l’existence des
seuls acteurs étatiques, alors la voie serait libérée pour l’établissement du gouvernement mondial. Cette
nouvelle architecture politique, dirigée par des nomades prédateurs capitalistiques, mettra définitivement les
populations sédentaires productives (celles qui auront survécu aux différentes guerres et génocides, y
compris de nature génétique) en esclavage. Cet esclavage sera rendu plus rigoureux encore par le
développement exponentiel des capacités techniques et technologiques, inédites dans l’histoire humaine.
Rien n’est vraiment écrit, les « sédentaires » peuvent encore se défendre contre leur seul véritable
ennemi, qui se cache tel un virus à l’intérieur d’eux-mêmes. La condition est qu’ils prennent conscience du
danger. Ils doivent également prendre, ou reprendre, possession des avancées technologiques pour
défendre, y compris militairement, leurs propres positions. À cet égard, la monnaie mais aussi les données
dématérialisées doivent revenir sous le strict contrôle politique de l’État et ne pas être laissées à la seule
discrétion des intérêts catégoriels privés ; ce qui nécessite de revisiter la réglementation qui s’applique, de
jure ou de facto, et de bannir le concept de « propriété économique ».
Dans un contexte de lutte géopolitique le retour au modèle juridique proposé par le « droit continental »
traditionnel, n’est pas une option : il est la condition nécessaire, bien que non suffisante, pour que les États
reprennent l’exclusivité dans la dialectique politique et géopolitique.
LE CONCEPT DE MONNAIE FALSIFIÉ
Avec l’avènement du système des banques centrales, les banquiers privés ont pris le contrôle des
masses monétaires en circulation. Ce contrôle des monnaies a permis deux choses de nature différente.
La première, concrète, est de mettre les « hommes politiques » sous dépendance ; les banquiers se sont
ainsi placés en position supérieure par rapport à celle des dirigeants politiques qui dépendent des premiers.
La deuxième conséquence de l’avènement des banques centrales est de nature conceptuelle : les
banquiers ont ainsi retiré aux États la souveraineté monétaire, laquelle induit une perte de souveraineté
politique. Cette conséquence est la plus grave car elle fait perdre aux États, à terme, leur légitimité politique.
Cette perte de légitimité sera ensuite utilisée par les banquiers pour faire passer, auprès du public ‒ sous
prétexte que le droit doit être conforme à la réalité ‒ l’idée selon laquelle les États sont des entités juridiques
de même nature que les entreprises. Puis, de fil en aiguille, l’opinion publique sera « convaincue » de la
nécessaire disparition des États, devenus inutiles…
Comment en est-on, collectivement, arrivé là ? Nous détaillerons, ci-dessous, les étapes de cette prise de
contrôle monétaire par les « banquiers-commerçants ».

Accaparement de l’or par les banquiers et matérialisme monétaire


La question monétaire n’est, historiquement, pas linéaire mais, depuis le XVII e siècle, un point de
permanence demeure : l’accaparement du phénomène monétaire par les banquiers.
Née en tant qu’institution chargée de faciliter les échanges sur un territoire déterminé 11 la monnaie a, peu
à peu, dévié vers une conception matérialiste, laquelle a été le premier pas permettant de faire accepter son
appropriation et, finalement, son accaparement.
Le passage du concept « d’institution politique » à celui de « marchandise » est la plus grande
subversion monétaire de tous les temps, celle qui, finalement, permettra la disparition du « phénomène
politique » et l’avènement actuel du « phénomène économique » en son lieu et place. Pour dire les choses
autrement, la transformation du concept monétaire aura in fine permis la disparition de la gestion collective
de la vie sur terre au profit de l’avidité privée.
L’accaparement de la monnaie s’est réalisé « spontanément » au cours du Moyen-Âge par l’action des
« banquiers changeurs », à la fois fournisseurs de crédits et commerçants en matière précieuse (or et
argent).
Ce double rôle des « banquiers-commerçants » est une constante de l’histoire ; historiquement, les
banquiers accapareurs ne se contentaient pas de fournir du crédit mais faisaient également du commerce,
ce qui leur a permis d’accaparer les matières précieuses. Aujourd’hui, cette double fonction se retrouve à
différents niveaux.
D’une part, les grands détenteurs de capitaux sont souvent présents à la fois dans le capital des grandes
banques internationales et dans celui des multinationales opérationnelles, qui sont de véritables
conglomérats capitalistiques internationaux.
D’autre part, la création de la finance de l’ombre permet l’intervention, dans l’économie réelle, de façon
directe et violente, d’acteurs financiers n’ayant pas la qualité de « banques » (fonds financiers : Hedge
Funds, fonds vautours…) mais dépendant directement de ces dernières ; ces acteurs interviennent sur les
marchés en prenant le contrôle capitalistique des entreprises. La finance de l’ombre est un moyen d’action
très efficace des banquiers agissant en tant que commerçants. Le contrôle des « marchés » par les grands
acteurs financiers est une manifestation de la double fonction des « banquiers-commerçants ».
Historiquement, l’accaparement du concept monétaire par l’action des banquiers a pris un chemin
particulier. Ce dernier passe, notamment, par l’utilisation et l’instrumentalisation, par les banquiers, des luttes
qui ont lieu, en Occident, entre d’une part le pouvoir temporel (seigneurial et royal) et d’autre part le pouvoir

11 Lire à cet égard : Du nouvel esprit des lois et de la monnaie, de Valérie Bugault et Jean Rémy,, éditions Sigest, juin 2017 ; lire
également en anglais The lost science of money de Stephen Zarlanga, édition de sept. 2002, publié par The American Monetary
Institute (AMI).
spirituel représenté par la papauté. Les recherches de feu 12 Jean Remy13 ont permis de découvrir que, dans
le contexte de la lutte entre les guelfes et les gibelins 14 des XIIe et XIIIe siècles, la papauté a imposé une
conception matérialiste de la monnaie, donnant à celle-ci la valeur, intangible, de son poids en or. Cette
conception matérialiste de la monnaie était évidemment celle prônée par les banquiers-changeurs
accapareurs, noyau dur de la caste naissante ‒ à l’intérieur du Tiers-État ‒ de la « bourgeoisie-
commerçante ». Pour la première fois dans l’histoire, dans l’objectif de lutter contre le pouvoir temporel des
seigneurs, le pape a donc ‒ bien malencontreusement ‒ adoptée la position monétaire prônée par les
banquiers. Il s’agissait alors, pour le pape, de lutter contre les capacités politiques que la création monétaire
offrait au pouvoir temporel. Les seigneurs battant monnaie bénéficiaient non seulement du « droit de
seigneuriage15 » mais pouvaient également imposer une valeur monétaire fluctuante en fonction de leurs
besoins ; ces deux phénomènes rendaient le « souverain » indépendant en lui donnant les capacités
financière de mener, en toute indépendance et sans contrôle extérieur, la politique qu’il désirait.
Cette décision de la papauté à eu pour conséquence à long terme une confusion monétaire fatale  : en
s’identifiant avec les biens matériels qui lui servaient de vecteur (de support) ‒ en l’occurrence l’or et l’argent
‒ la monnaie a ainsi perdu son statut initial d’institution publique. D’institution politique, de nature publique, la
monnaie est devenue « marchandise » appropriable par des personnes et des organismes privés.
Une fois collectivement acté le fait que la monnaie était une marchandise, c’est-à-dire une « réserve de
valeur » en termes économiques, il devient aisé de confondre la marchandise, simple vecteur monétaire, et
le concept monétaire lui-même. C’est précisément sur cette supercherie que les banquiers-commerçants ont
fondé le monopole de leur pouvoir monétaire : en accaparant l’or, les banquiers se sont rendus, au fil du
temps, maîtres absolus de la monnaie considérée comme une marchandise. Tout le monde ayant, peu à
peu, oublié ‒ ou feint d’oublier ‒ que la monnaie avait été créée en tant que concept pour faciliter les
échanges dans une collectivité donnée.
Or, précisément, le rôle fondamental de la monnaie, consistant à faciliter les échanges, ne peut pas être
correctement rempli lorsque cette dernière est « appropriée ». En effet, une monnaie appropriée ne sert que
les intérêts de ses propriétaires et ces derniers, par essence, divergent, pour ne pas dire s’opposent, à
l’intérêt général de « facilitation des échanges ». Il en résulte qu’une monnaie appropriée ne peut,
structurellement, pas remplir le rôle essentiel pour lequel elle existe. La monnaie devient dès lors un concept
dévoyé, utilisé par des personnes privées pour défendre leurs propres intérêts bien compris, au détriment de
l’intérêt collectif et des véritables intérêts économiques des utilisateurs de la monnaie. De fait, l’appropriation
monétaire dans les mains des banquiers a permis à ces derniers de choisir les acteurs qui bénéficieraient de
l’accès aux ressources monétaires. C’est ainsi que s’est développé, durant les deux cents dernières années,
le phénomène, constant, de création et de perpétuation des très grosses entreprises, qui ont dérivé vers de
très gros « groupes », véritables conglomérats mondiaux anonymes. Ces cartels, bras armés de la « haute
finance », ont pris le contrôle de l’économie à tous les niveaux, nationaux et surtout international, en
imposant au cours du XX e siècle des institutions mondiales chargées de cristalliser juridiquement ce
nouveau rapport de forces géopolitique. Ainsi, ce n’est pas l’économie en général, majoritairement
constituée d’une multitude de petits acteurs, qui a bénéficié des ressources monétaires, mais seulement les
multinationales contrôlées par les « banquiers-commerçants » !

Nouveau dévoiement de la « monnaie matérialiste » par l’Empire américain


Lorsque le président américain Nixon décide, le 15 août 1971 16, de désindexer le dollar de l’or, le monde
aurait pu changer de paradigme monétaire et retrouver la véritable vocation « institutionnelle » du concept
monétaire. Il n’en a rien été. Tout au contraire, le nouveau paradigme a cumulé les vices d’une monnaie-
marchandise accaparée par les banquiers avec ceux de la dématérialisation totale qui fait échapper la
création monétaire à tout contrôle politique ‒ mais pas à tout contrôle financier ‒ notons le !
Le monde entier, sous la contrainte du dollar américain imposé comme monnaie mondiale lors des
accords de Bretton Woods, s’est retrouvé piégé. Les pays qui avaient besoin de la devise internationale ont
dû financer, ad nauseam, les déficits américains, notamment en achetant des bons du Trésor USA ; d’autres
pays, sous embargo américain (en réalité sous embargo des financiers qui contrôle l’État américain), se
voyaient privés de commerce mondial faute de devises disponibles ; d’autres encore devaient payer deux
fois, en monnaie locale, le « privilège » d’obtenir des dollars. Tous les pays du monde se sont ainsi trouvés
menottés par les contraintes économiques américaines ; tous les pays du monde sont de facto devenus
parties prenantes des problématiques budgétaires américaines d’ordre pourtant strictement interne.

12 Cf. https://edsigest.blogspot.com/2019/03/deces-de-jean-remy.html
13 Cf. Du nouvel esprit des lois et de la monnaie, op. cit.
14 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guelfes_et_gibelins
15 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Seigneuriage
16 Cf. par exemple : https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/29/le-dollar-n-est-plus-convertible-en-or_1563821_3232.html
Les États auraient dû profiter de cette initiative de Nixon pour réévaluer, au niveau mondial, la pertinence
du concept de « monnaie-marchandise », de facto officiellement abandonnée, et revenir à une conception
monétaire immatérielle, d’ordre « institutionnel », sous strict contrôle politique. Puisque la monnaie était
découplée de son support matériel, il aurait été logique de la reconsidérer en tant qu’actif-passif, c’est-à-dire
en tant qu’instrument neutre permettant de favoriser réellement les échanges. En d’autres termes, chaque
État aurait dû saisir cette occasion pour réaffirmer que le concept monétaire était une institution politique
chargée de rendre un « service public », celui de faciliter les échanges.
Mais les États ayant déjà perdu à cette époque le rapport de forces géopolitique et donc, leur qualité
d’entités politiques autonomes, ce revirement du statut monétaire n’a, bien malheureusement, pas eu lieu.
Cette redéfinition du concept monétaire allait à contre-courant exact de toutes les réalisations
institutionnelles centralisatrices du XXe siècle qui ont imposé :
• Une « économie » mondiale artificielle exclusivement tournée vers la concurrence de « tous contre
un », c’est-à-dire vers le libre-échange intégral (qui est, in fine, la négation exacte de la notion
d’échanges).
• L’institutionnalisation des monopoles ou oligopoles au niveau mondial.
Or, ces phénomènes étaient en eux-mêmes une négation du phénomène politique ; les États étant dès
lors soumis aux acteurs politiques dominants. Il faut en effet comprendre que la dérégulation inhérente au
libre-échange est une perte de souveraineté juridique des États. Elle s’oppose, de façon directe et
mécanique, à la notion politique d’État en ce que la raison d’être de ces derniers est précisément de
« réguler » les comportements et appétits individuels afin de permettre le développement de la diversité
comprise dans le « groupe ». La dérégulation actée par institutions prônant le libre-échange est la
matérialisation de la soumission des États aux multinationales. Ainsi, malgré les aléas subis par la monnaie
mondiale, le rapport de forces entre États et multinationales était tel, en 1971, que la désindexation de la
monnaie mondiale (dollar US) par rapport à l’or n’a malheureusement pas permis d’inverser la tendance et
de faire reprendre au phénomène politique la place qui lui revient, de droit, dans la gestion monétaire. Les
intérêts privés ont été, sans surprise, plus fort que l’intérêt général. Le « Business as usual » l’a emporté.
Dès lors, la voie s’est libérée pour les « banquiers-commerçants » qui ont, aujourd’hui, les mains
totalement libres pour imposer la monnaie qui, sous leur strict contrôle, remplacera le dollar en tant que
monnaie mondiale17. Dans ce contexte, les DTS (Droits de Tirage Spéciaux du FMI) finiront, tôt ou tard, par
s’imposer en remplacement du dollar. D’abord utilisés comme mesure d’étalonnage pour les échanges
économiques mondiaux, les DTS ne tarderont pas à devenir une véritable monnaie mondiale dans les mains
des « banquiers-commerçants ».

Chute de l’Empire américain et retour à la monnaie matérialiste via les DTS


Dans le cadre de la démolition contrôlée du dollar US comme monnaie mondiale, nous assistons
actuellement, sous l’égide de la Banque des Règlements Internationaux (BRI/BIS), à un retour temporaire et
partiel du standard-or. Ce retour du référentiel or prend la forme d’une réévaluation des ressources en or
dans les bilans des banques privées et des banques centrales. Cette réévaluation est, sans surprise,
imposée et pilotée par la BRI (BIS en anglais) via les règles de Bâle III 18.
L’étape suivante sera une remise à plat de la valeur de chaque monnaie au regard des actifs tangibles et
des dettes collectivement détenus par chaque État. Le résultat permettra, pour chaque monnaie, l’évaluation
des droits dans les DTS. Les monnaies hors du champs des DTS ‒ c’est-à-dire non inclues dans le panier
de monnaies des DTS ‒ se verront probablement dotées d’un taux de change fixe par rapport aux DTS, sur
le modèle de la « zone livre sterling » de 1931 et de la « zone Franc » ‒ devenue « franc CFA » ‒ de 1945.
Notons que concrètement, cette « évolution » est menée, par la BRI, parallèlement à une autre évolution
consistant à supprimer la circulation monétaire sous forme d’espèces dans le monde entier. La future
monnaie mondiale, qui chapeautera toutes les monnaies du monde, sous le contrôle des « banquiers-
commerçants », devra circuler sous forme exclusivement dématérialisée 19. C’est précisément pour permettre
la validation technique de ce projet que les médias et multinationales lancent en grande pompe «  La Libra »,
cryptomonnaie dématérialisée initiée par Facebook et consœurs. « La Libra » a pour fonction politique de
permettre la vérification, in vivo, des capacités et limites techniques de la circulation monétaire généralisée
sous forme dématérialisée. Une fois que les mises au point techniques seront faites (grâce à l’expérience de
« La Libra »), les DTS, en tant que panier de monnaies, pourront circuler sous forme dématérialisée, en
précisant que cette monnaie sera entièrement contrôlée par les élites bancaires globalistes.

17 Étant précisé que l’histoire a montré qu’une monnaie nationale était structurellement inapte à répondre aux besoins d’une monnaie
mondiale, comme l’avait parfaitement anticipé Keynes en 1944.
18 Cf. https://fr.sputniknews.com/economie/201904121040712855-or-economie-systeme-monetaire-finance-devise/
19 Cf. https://lesakerfrancophone.fr/horizon-2025-disparition-de-largent-liquide
Après quelques mois ou années de ce fonctionnement ‒ s’il reste une once de vie humaine sur terre ‒
nous assisterons à la création simultanée d’une monnaie mondiale, qui circulera de façon dématérialisée et
non anonyme, et d’un gouvernement mondial autoritaire ; car les banquiers à la manœuvre tireront à coup
sûr des leçons de l’échec de l’euro. La monnaie mondiale sera donc assortie d’un Ministère de l’Économie et
des Finances au niveau mondial, et donc, par voie de conséquence, d’un gouvernement en bonne et due
forme.
Ce pseudo retour au standard-or, qui semble réjouir la majorité des économistes puristes, n’est
assurément pas une bonne nouvelle pour les populations. Car les banquiers pourront resserrer leur contrôle
sur les masses monétaires en contrôlant les stocks d’or et d’actifs tangibles disponibles. Or, précisément, la
dérégulation outrancière, menée sous l’égide des banques centrales coordonnées par la BRI, assortie des
politiques monétaires accommodantes a permis une immense captation des richesses mondiales tangibles
par les « banquiers-commerçants ». Ces derniers abordent donc les changements institutionnels à venir de
la monnaie dans les meilleures conditions : celles de l’accaparement maximum des richesse réelles. La loi,
factuelle, du plus fort fonctionnera à plein régime : ceux qui détiennent le plus d’or et de richesses
matérielles ‒ les banquiers accapareurs ‒ imposeront de façon mécanique la loi « juridique » applicable à
tous. Loin de desserrer leur étreinte sur les États et les peuples, les banquiers accapareurs la resserreront
au contraire bien à fond avec le retour des monnaies adossées à des richesses tangibles. On en revient à la
domination des banquiers changeurs du Moyen-Âge sur les stocks d’or disponibles.
De la même manière, loin de permettre le retour de la prééminence du phénomène politique, ce nouveau
virage permettra de réaffirmer que la monnaie, en l’occurrence devenue mondiale, doit être gérée par les
intérêts privés qui détiennent effectivement le plus d’or et le plus d’actifs tangibles. Le principe politique,
porté par des États juridiques souverains, n’a aucun rôle fonctionnel à jouer dans la monnaie ainsi conçue. Il
en résulte que les États perdent, de facto ou de jure, toute légitimité politique dans la mesure où ils sont
privés des moyens concrets d’imposer une quelconque politique correctrice contre les intérêts bancaires
privés afin de protéger l’intérêt commun du groupe formé par leurs ressortissants respectifs.
Il faut comprendre que cette conception monétaire est d’autant plus préjudiciable qu’elle sera
mondialement appliquée. Il résultera de la monnaie mondiale « nouvelle norme », sous forme de DTS, que
nul pays ne pourra souverainement décider de reprendre le contrôle politique de sa monnaie, cette dernière
étant irrémédiablement arrimée aux intérêts des autres pays. Les DTS, panier de monnaies, en tant que
monnaie mondiale seront la réaffirmation politique du fait que les banquiers sont les « légitimes » et
« exclusifs » gestionnaires de la monnaie, celle-ci servant à asseoir définitivement leurs intérêts privés au
détriment de l’intérêt général. Nous assisterons, au niveau monétaire, à ce qui a été fait, au niveau politique,
par l’Union Européenne : enchaîner tous les pays aux intérêts de tous, permettant dès lors de donner le
pouvoir aux banquiers qui apparaissent dès lors dans le rôle positif du « fédérateur » ! Il s’agit de la mise en
pratique du principe de la « stratégie des chaînes », bien connu de l’art chinois de la guerre.
Il faut, ici encore, rappeler qu’une monnaie gérée par des intérêts privés ne peut, de façon structurelle,
pas remplir le rôle de facilitation des échanges qui est la fonction ayant justifié son apparition. Une monnaie
privatisée ne sert qu’à une seule chose : asservir l’intérêt commun et imposer à tous (États, particuliers et
entreprises) l’intérêt économique des « banquiers-commerçants ». En d’autres termes, et c’est ce que nous
verrons dans la troisième partie ci-dessous, l’appropriation du concept monétaire par des intérêts privés
permet de développer les échanges qui ont lieu en faveur des seuls « banquiers-commerçants », c’est-à-dire
les échanges entre multinationales qu’ils ont créées et que, d’une façon ou d’une autre, ils contrôlent. Tous
les petits acteurs économiques, dans quelque pays que ce soit, deviennent des sous-traitants des
multinationales qui détiennent sur eux, un droit de vie et de mort ; nous sommes ici, de façon subreptice
mais bien réelle, dans des liens économiques de nature féodale.
L’ÉCONOMIE ARTIFICIELLEMENT ORGANISÉE
À DES FINS DE CONTRÔLE
Il faut insister sur le fait qu’une « monnaie mondiale », artificiellement gérée par les banquiers, ne
« s’impose » comme une « évidente nécessité » que parce que ces mêmes « banquiers-commerçants » ont,
au cours du XXe siècle, organisé l’avènement d’une « économie mondiale » artificiellement planifiée. Nous
parlons ici de l’organisation consistant, à l’aide du libre-échange intégral et intégriste, à assurer, au niveau
mondial, la prééminence des multinationales sur les États, c’est-à-dire la prééminence de l’avidité des
intérêts privés sur l’intérêt des populations représentées par les États politiques.

Les techniques de contrôle utilisées (entreprise, groupe de sociétés, trusts, droit des affaires
anglo-saxon…) : le groupe d’entreprises, nouvel acteur géopolitique
La captation monétaire par les banquiers a historiquement permis à ces derniers de générer de gros
conglomérats économiques : les grandes entreprises, elles-mêmes devenues « groupe d’entreprises ». Ce
modèle économique a des origines lointaines, on le retrouve dans ce que nous désignons aujourd’hui du
terme générique de « Compagnie des Indes », lesquelles ont émergé entre les XV e et XVIIe siècles, à
l’occasion des Grandes Découvertes20. Nées en Hollande, en Espagne et en Angleterre avant de générer
des avatars dans tous les Empires européens, les « Compagnies des Indes » sont les ancêtres
institutionnels des actuels conglomérats capitalistiques.
Ces « groupes d’entreprises » sont contrôlés par des personnes privées et disposent, aujourd’hui comme
hier, de la force de canon étatique, laquelle évolue de plus en plus souvent ‒ au rythme de la décadence
étatique ‒ en milices privées. La force militaire est ainsi détournée de sa fonction première, qui consiste à
servir un État et ses ressortissants, pour devenir un instrument aux mains des principaux détenteurs de
capitaux ; instrument qui leur sert à imposer, partout dans le monde, leurs intérêts catégoriels de nature
privée au détriment de la paix, qui est un intérêt commun à tous les États et à toutes les populations.
Ces entreprises ont eu besoin, pour asseoir et développer leur volonté hégémonique, de recourir au
concept politique du « libre-échange ». Ce dernier est historiquement né en France en 1791 à l’occasion du
décret D’Allarde (2 mars 1791) et de la loi Le Chapelier (14 juin 1791). Ces deux «  lois économiques »
générées par la Révolution dite française ont abrogé la capacité des métiers à s’auto-réglementer : avec le
décret D’Allarde ; ce fut la première fois dans l’histoire que l’on portait atteinte aux « barrières non
tarifaires ». Même si cette atteinte à la régulation était alors faite à l’intérieur de l’État français, elle a créé un
dangereux précédent juridique. Ces lois économiques de la Révolution de 1789 ont, également, interdit aux
artisans et ouvriers la possibilité de s’unir et de se réunir, cette restriction n’ayant jamais concerné les unions
capitalistiques.
La réalité juridique et économique actuelle est que les grandes multinationales, qui ne sont pas
réellement « une entreprise » mais un conglomérat de « multiples entreprises », se sont imposées dans
l’ordre international public comme des partenaires d’États.
Cette réalité en cache une autre : non seulement les groupes d’entreprises, véritables conglomérats
capitalistiques, se sont imposés comme partenaires des États, mais ‒ ce qui est beaucoup plus grave ‒ elles
ont en réalité pris un rôle prééminent en droit international public et privé, mettant les États en situation de
dépendance par rapport à elles. En position d’opérer de perpétuels chantages à l’implantation, les
multinationales tiennent en réalité les États sous leur férule : elles sont en mesure d’imposer par la force,
une concurrence ‒ non libre et évidemment faussée ‒ auxdits États qui sont perpétuellement sous les
fourches caudines des multinationales, c’est-à-dire de leurs propriétaires anonymes.
Car le chantage à l’implantation, fait aux États par les gros conglomérats capitalistiques, prend de
multiples aspects. Il suppose, premièrement, une diminution de la contribution fiscale et sociale, temporaire
ou permanente, de l’impétrant à l’implantation vis-à-vis de l’État d’implantation. Plus grave encore, ce
chantage peut également impliquer une réduction des exigences étatiques réglementaires. Les États, à la
recherche désespérée d’activité économique pour occuper leurs populations, ne sont plus en mesure

20 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_découvertes
d’imposer quoique ce soit aux multinationales avec lesquelles ils « négocient ». Ils ne sont tout simplement
plus en mesure de remplir leur fonction politique, qu’ils ont abdiquée sous la contrainte, au profit de la
« fonction économique » aux mains d’acteurs privés.
Il faut bien comprendre que la concurrence n’est jamais libre, pas plus qu’elle est en mesure d’être non
faussée : la concurrence pure et parfaite, est conceptuellement un modèle impossible car il suppose
qu’aucun facteur différenciant ne permet de préférer une entité ‒ entreprise, bien ou service ‒ à une autre
dans un contexte déterminé. Ce principe de concurrence, frauduleusement mis en avant par les tenanciers
économiques vis-à-vis de populations naïves, a, en réalité été un moyen efficace de faire prévaloir les
intérêts publics, de nature politique (lesquels comprennent les intérêts des petits acteurs économiques).
La mise en concurrence économique et juridique des États est en réalité une façon judicieuse d’imposer
aux États l’intérêt, bien compris, des multinationales. La concurrence est, en réalité, le moyen technique
d’imposer la loi du plus fort. En l’occurrence, il s’agit du plus fort sous le prisme économique et capitalistique,
ce plus fort étant chapeauté par l’anonymat. Peu importe que ce plus fort soit un terroriste, un assassin, un
voleur et un menteur, car il est, de toute façon, anonyme.
L’histoire démontre largement que les différentes « qualités » que sont l’aptitude au mensonge, l’absence
d’état d’âme, l’absence de toute empathie et bienveillance vis-à-vis de la vie, la volonté hégémonique de
prédation… sont précisément celles qui définissent le « plus fort économiquement ». Ce que les banquiers
oublient vraisemblablement est une autre loi intangible de l’humanité : la loi du Talion. Rien ne leur assure,
a priori, que les souffrances qu’ils auront infligées aux peuples au travers des âges ne se retourneront pas
contre eux, le jour où lesdits peuples les auront identifiés comme leur seul « ennemi » réel. Il n’existe pas de
moyen, pour les plus gros détenteurs de capitaux, de s’assurer à l’aide d’un quelconque produit dérivé,
contre un éventuel retour de flamme que leur outrecuidance et leur violence auront provoqué.
La mise en concurrence des États a un effet essentiel qui est d’affaiblir lesdits États, et de leur retirer les
moyens opérationnels de jouer leur rôle politique, c’est-à-dire de remplir la tâche pour laquelle ils existent  :
défendre l’intérêt commun, permettre la vie en commun sur un territoire déterminé en assurant un équilibre
entre les différents intérêts qui s’affrontent. En perdant la capacité de remplir leur mission politique, les États
perdent également leur légitimité. Ce que les banquiers ne se priveront pas de mettre en avant pour justifier :
1°) la disparition d’acteurs « politiques » au sein des États, les « technocrates » sous contrôle bancaire
étant prétendument beaucoup plus efficaces pour remplir la mission des « hommes politiques » ; et
2°) la prochaine disparition des États eux-mêmes, lesquels auront prouvé (sous la contrainte de leur
dénomination par les « banquiers-commerçants ») leur inefficacité.
Ainsi les banquiers auront créé l’affaiblissement des États pour ensuite justifier leur disparition. Il reste
que tout cela ressort d’une rhétorique oiseuse : ceux qui créent un problème ne sont, structurellement et
opérationnellement, pas qualifiés pour apporter la solution audit problème.
On retrouve ici une méthode couramment employée par les banquiers qui ont justifié leur emprise sur le
phénomène monétaire (la fameuse et fumeuse « indépendance » des banques centrales) par l’inaptitude
supposée des hommes politiques à gérer la monnaie. Or, l’utilisation politique problématique de la « planche
à billets », aujourd’hui transformée en QE (Quantitative Easing), est historiquement et exclusivement le fait
des banquiers eux-mêmes, qui se sont, de longue date, en matière monétaire, accordé le droit exclusif de
conseiller les « hommes politiques ». Les « hommes politiques » ne sont pas souverains mais au contraire
sous dépendance des banquiers. Les moyens de pression à la disposition des banquiers sont divers et très
efficaces : chantage, pressions économiques diverses et variées, mise en avant de leur « compétence »
exclusive sur le fait monétaire en arguant de grandes catastrophes économiques si par hasard un homme
politique s’avisait de ne pas suivre leurs recommandations…
L’histoire des trois derniers siècles démontre que les banquiers ont amplement prouvé que non
seulement ils étaient parfaitement capables de faire advenir directement les pires catastrophes économiques
et monétaires mais qu’en réalité ils étaient les seuls initiateurs de ces catastrophes. Ce que nous be
tarderons pas à constater, une fois de plus, dans les prochains mois et années. Les récentes crises
monétaires aboutiront à un changement de paradigme concernant la monnaie mondiale (passage du dollar
US aux DTS) sans que le fond du concept monétaire ne soit modifié ; de sorte que les banquiers resteront
les maîtres absolus de la monnaie, condamnant in fine celle-ci, qui ne pourra plus remplir son rôle général
de « facilitateur des échanges ».
Les banquiers ont décorrélé de façon artificielle la monnaie des économies locales en falsifiant et en
orientant lesdites économies dans le sens d’une économie internationale au service de leurs seuls intérêts
particuliers ; lesquels peuvent être résumés en la volonté de contrôle absolu du pouvoir mondial.
L’avènement d’une économie internationale artificielle appelle, de façon mécanique, l’avènement d’une
« monnaie mondiale » toute aussi artificielle.
Cette situation, réelle mais cachée, a engendré la pire catastrophe que l’humanité ait connue. Non
seulement la civilisation est en voie de disparition, mais « le vivant » est lui-même en grand danger. Les
« banquiers-commerçants » à la manœuvre prétendent maintenant apporter aux peuples crédules la solution
aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés de toute pièce…

Les institutions de contrôle : Bretton Woods, OMC en lieu et place de l’OIC, Clause de règlement
des différends, développement de la justice privée (arbitrage, justice européenne)
Le principal moyen utilisé par les « banquiers-commerçants » pour prendre le contrôle économique des
États est, à côté du contrôle monétaire, la promotion permanente du « libre-échange ».
Ce libre-échange, paré des vertus de la « liberté », comme son nom le laisse supposer, est en réalité une
double imposture. Premièrement, le libre-échange ne suppose pas la liberté mais au contraire
l’esclavagisme. Deuxièmement, le libre-échange ne favorise pas les échanges mais au contraire la
concentration des capitaux et l’accaparement des biens. Ou plutôt, pour être plus précis, la libre circulation
ne favorise les échanges que le temps, pour les plus fortunés, d’acquérir tout ce qu’il est possible
d’acquérir : le libre-échange est une denrée périssable, avec une date limite de consommation. Une fois
l’accaparement finalisé, le libre-échange disparaîtra de l’horizon politique.
Techniquement, le « libre-échange » a deux applications cumulatives.
Il suppose premièrement un abaissement ‒ jusqu’à la disparition ‒ des droits de douane ponctionnés par
les États. Rappelons que les droits de douane étaient l’un des moyens directs, privilégiés, dont disposaient
les États pour assurer le patriotisme économique en protégeant leurs propres productions et leurs propres
acteurs économiques.
Plus grave encore, il suppose, deuxièmement, la disparition des barrières dites non tarifaires, c’est-à-dire
des contraintes réglementaires mises par les États aux activités des entreprises. Étant entendu que les
entreprises dont il s’agit, celles qui bénéficient de la suppression des « barrières non tarifaires », sont celles
qui auront bénéficié, in fine, du système de concurrence économique généralisée mise en place : à savoir
les multinationales.
Les États, telles de vulgaires entreprises, sont mis en concurrence les uns avec les autres, par une
course effrénée à la moins-disance fiscale, sociale et réglementaire, qui contribue à les affaiblir dans le
même temps que les conglomérats internationaux privés se renforcent ‒ en s’enrichissant au détriment des
premiers.
Les institutions internationales actuelles découlent directement de l’état du rapport de force qui s’est
dessiné entre les XVIe et XXe siècles et qui suppose un face-à-face entre les multinationales et les États.
L’OMC, qui a vu le jour en 1994, a définitivement entériné le fait que les États ont perdu ‒ au moins
temporairement ‒ ce rapport de force.
Les institutions internationales actuelles ratifient et scellent deux réalités qui se superposent :
Le « fait politique », qui suppose la représentation politique de « l’intérêt commun du groupe » a disparu
au profit du « fait économique », qui suppose la prééminence des intérêts privés catégoriels des gros
conglomérats économiques. Les principales institutions internationales chargées de pérenniser la mise sous
tutelle des États par les multinationales sont : l’OCDE, le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC… il faut ajouter à
cette liste toutes les instances qui leur font cortège, et, en particulier, les différents centres d’arbitrage
internationaux, instances juridictionnelles privées de règlement des conflits au profit exclusif des intérêts des
multinationales.
Les institutions internationales qui se prétendent favorables à l’intérêt commun (ONU, UNESCO, OMS,
TPI…) sont en réalité, et structurellement, instrumentalisées par les détenteurs du pouvoir économique
dominant afin de faire advenir un « nouvel ordre politique », appelé « Nouvel Ordre Mondial » qui sera la
matérialisation politique, au niveau mondial, de leur domination monopolistique. Il semble inutile de préciser
‒ mais « ce qui va sans le dire va encore mieux en le disant »21 ‒ que ce gouvernement mondial,
ploutocratique par essence, sera l’antithèse de la démocratie.
Le contrôle des économies, aux échelles locale et internationale par les prédateurs économiques met les
États sous dépendance et leur fait perdre, de facto, leur légitimité politique, les condamnant ainsi à
disparaître.

21 Dixit Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838).


LA « POLITIQUE » SUBVERTIE
PAR LES TENANCIERS ÉCONOMIQUES
La lutte des « banquiers-commerçants » pour faire disparaître les États politiques et pour faire advenir un
gouvernement mondial qu’ils contrôleront a commencé, sous la forme que nous lui connaissons
actuellement, au moment des Grandes Découvertes et de la Renaissance qui a suivi. Arrivée à son apogée,
cette lutte a aujourd’hui pour conséquence directe le fait que le concept d’État, par essence politique,
attaqué de toutes parts, est en voie de disparition.

Création de multiples « États » sous dépendance capitalistique (Paradis fiscaux)


Le « paradis fiscal » est un concept récent dont l’origine se perd pourtant dans le temps. Cette origine
peut être trouvée en Occident, sous l’Ancien Régime, dans la notion de « ville franche ». La « ville » et plus
encore la « ville franche » sont étroitement liées au commerce ‒ à l’époque il s’agissait plus d’artisanat que
de commerce international ‒ et à son développement. Sous l’Ancien Régime, la « ville franche » était une
ville qui avait été affranchie des impôts dus à la noblesse et au clergé afin de permettre au commerce, et aux
commençants de se développer et de prospérer. De ce point de vue, la « ville franche » est une
manifestation institutionnelle, politique, du développement des commerçants en tant que force politique.
Sous l’emprise des « banquiers-commerçants », les Villes ont ensuite laissé la place à des États,
lesquels ont, pour certains d’entre eux, évolués en Empire. Ces derniers sont condamnés par ces mêmes
banquiers ‒ qui sont pourtant à l’origine de leur développement ‒ afin qu’advienne un gouvernement
mondial. Ce gouvernement mondial pour advenir, devra se débarrasser de toute puissance susceptible de lui
faire obstacle, et donc de toute velléité d’indépendance politique étatique. Les relais de pouvoir du
gouvernement mondial centralisé seront, sur le modèle de l’actuelle Union Européenne, des institutions
supranationales apolitiques, ces dernières ne disposant d’aucune autonomie décisionnelle réelle en relation
avec les besoins des populations vivant sur leurs territoires.
Dans ce contexte de centralisation mondiale en formation, les Villes-États réapparaissent sous la forme,
juridiquement décomplexée, de « paradis fiscaux » afin de permettre aux capitaux d’échapper à l’emprise
politique des États. Ces paradis fiscaux, entièrement dominés par les puissances d’argent, se présentent
pourtant en tant « qu’États indépendants ». La réalité est que ces États sont ‒ comme les banques centrales
‒ effectivement indépendants de leurs ressortissants mais sous la totale et définitive dépendance des
puissances d’argent qui les ont générés.
Ces « États » n’ont d’étatique que le nom car ces entités ne répondent en aucune façon au concept
politique d’État, lequel est chargé d’organiser la vie en commun de leurs ressortissants. Tout au contraire,
ces entités dites étatiques par abus de droit international public, sont des armes aux mains des puissances
financières pour anéantir les véritables États.
Pour parfaire la compréhension de ce que sont les « paradis fiscaux », il faut comprendre qu’ils agissent,
sur le modèle du piratage, comme des entités chargées de déposséder les États de leurs richesses. Les
paradis fiscaux sont le relai utilisé par les puissances d’argent pour contourner les organisations étatiques et
pour dépouiller ces dernières au profit des multinationales, elles-mêmes sous l’entier contrôle de ces mêmes
puissances d’argent.
En résumé, les paradis fiscaux sont l’une des armes, sans doute la plus redoutable, de la stratégie de
conquête du pouvoir mondial développée par les « banquiers-commerçants ».
Toujours sur le thème des paradis fiscaux, il est loisible de poursuivre la comparaison avec les pirates.
Les pirates capitalistiques, qui utilisent la stratégie et le « droit » anglo-saxon, ont récemment réussi à se
débarrasser définitivement des « paradis fiscaux » qui leur étaient hostiles et que l’on pourrait assimiler aux
« corsaires22 ».

22 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Corsaire
Les « paradis fiscaux » loyaux à leurs États de rattachement, assimilables aux « corsaires », étaient
fondés, telle la Suisse ‒ qui peut ainsi être qualifiée d’institution de l’Ancien Régime ‒ sur le modèle juridique
de l’anonymat résultant des « comptes numérotés ».
Ce modèle de compte numéroté a définitivement cédé la place à celui fondé sur les Trusts anonymes.
Cette transformation, loin d’être anodine, a permis la dépossession du contrôle des capitaux que les
véritables États (au sens politique du terme) abritaient discrètement pour donner aux gestionnaires anglo-
saxons ‒ à la faveur du principe de droit anglais que l’on nomme « la propriété économique » ‒ la primauté
sur la gestion de ces actifs. Nous avons ici assisté à un gigantesque changement de paradigme ayant
permis, une fois de plus, l’appauvrissement des États au profit de l’enrichissement des seules puissances
d’argent.
La prétendue lutte internationale contre les paradis fiscaux a, en réalité, été une vaste mascarade afin de
permettre un énorme transfert de capitaux vers les « paradis » artificiels anglo-saxons sous la totale
domination de la caste des « banquiers-commerçants ».
Ce changement a généré, par la même occasion, un changement international de paradigme juridique :
le « droit de la propriété », des États sur les actifs s’est transformé en « droit de propriété économique » des
« banquiers-commerçants » sur lesdits actifs.

Apparition d’institutions sui generis, dotées des attributs diplomatiques et politiques de l’État,
sous le contrôle des seules banques (BRI, SME…)
En 1930, à l’occasion du plan Young, est née l’institution appelée « Banque des Règlements
Internationaux » ‒ BRI en français, BIS en anglais. Cette « banque » est une institution financière dotée de
la totalité des prérogatives diplomatiques d’un État, elle en a tous les privilèges, notamment en matière
d’immunité de ses membres, et ne rend de compte à personne. La BRI a été créée par une initiative ‒ dont
les prémices se situent au tout début des années 1920 ‒ de Hjalmar Schacht, Norman Montagu (gouverneur
de la Banque centrale d’Angleterre), J-P Morgan et leur intermédiaire commun John Foster Dulles. Hjalmar
Schacht était alors un fonctionnaire subalterne auprès de l’autorité bancaire allemande créée par les Alliés à
l’issue de la 1re Guerre Mondiale.
Cette banque a vu le jour dans l’objectif de préserver les capitaux anglo-saxons des pertes qu’ils auraient
dû subir en raison des réparations de guerre dues par l’Allemagne perdante aux pays vainqueurs de la
1re Guerre Mondiale, en particulier à la France. Il s’est agi de convertir les réparations de guerre, dues aux
pays, en prêts à intérêts, empochés par les créanciers individuels, afin de rebâtir l’économie allemande et
surtout de valoriser à nouveau les capitaux anglo-saxons qu’elle hébergeait dans de très grandes
proportions (l’interpénétration des capitaux allemands et anglo-saxons était alors quasi totale).
Ce tour de « magie financière » n’a pu se faire qu’à la faveur de la participation des principaux détenteurs
de capitaux français ‒ qui étaient les réels dirigeants de la France d’alors (ce phénomène n’a pas changé)  !
Les oligarques français qui contrôlaient les dirigeants politiques, ont alors pris le parti du système
capitalistique anglo-saxon, en sacrifiant délibérément l’intérêt de la France contre rémunération sonnante et
trébuchante ; cela a consisté en l’encaissement des intérêts des prêts fournis à l’Allemagne dans l’entre-
deux-guerres, période pourtant marquée par la « Crise » de 1929. Concrètement, sans la BRI, l’Allemagne
nazie n’aurait jamais pu financer ses préparatifs de guerre. La BRI a ainsi été la principale machine ouvrière
de la Seconde Guerre Mondiale.
Cette institution opaque a, plus récemment (en 1992), servi de modèle juridique à l’institution du
« Mécanisme Européen de Stabilité », dit MES. Présentée, comme d’habitude ‒ on ne change pas un
modèle qui marche ! ‒ comme garante de la paix, cette institution scélérate a pour mission de pallier les
limites officiellement posées à la Banque Centrale Européenne par l’Allemagne qui refuse la monétarisation
totale des dettes d’État. La création du MES est une façon, très hypocrite et lucrative, de mettre ses futurs
pays clients dans une disposition identique à celle de la Grèce actuelle, celle de l’esclavagisme financier pur
et simple. Techniquement, il s’agit, comme pour la BRI au moment de sa création, de faire affluer l’argent
« du marché » vers le MES lequel redistribuera ces sommes aux pays en difficulté moyennant finance (taux
d’intérêts) et selon des impératifs politiques de vente d’actifs.
Bien entendu, cette structure (le MES) n’est que diversion. Car l’argent qui afflue vers le MES est quasi
intégralement créé par les banques, elles-mêmes en difficulté financière en raison de leur connexion en
réseau et des actifs synthétiques ‒ fonds communs de créances, CDS, CDO ‒ extrêmement dangereux et
toxiques qui circulent sur le marché (remercions au passage la dérégulation qui sévit depuis le début des
années 1970). Or, l’histoire démontre que les banques systémiques en difficulté sont « sauvées » par les
banques centrales au moyen de rachat d’actifs (toxiques pour la plupart).
Au lieu de sauver directement les États en difficulté, le MES est donc chargé de les endetter davantage ‒
c’est-à-dire d’enrichir davantage leurs créanciers persécuteurs ‒ pendant que la Banque Centrale ‒ sous
garantie d’État, c’est-à-dire garantie par les fonds publics ‒ concentre son rôle sur le sauvetage des banques
privées, elles-mêmes principales fournisseuses des crédits du MES. Ici encore, comme avec la BRI, nous
sommes en pleine « magie financière » : une opération secrète ‒ opaque plus précisément ‒ de privatisation
des profits et de collectivisation des pertes. De la grande délinquance institutionnellement actée par des
acteurs en col blanc cassé !
D’une façon générale et selon un point de vue géopolitique : c’est dans le contexte du rapport de forces
entre États et multinationales, de plus en plus disproportionné au profit des seconds, que s’inscrit, au cours
du XXe siècle, la création d’institutions financières telles que la BRI ou le MES, qui sont dotées de la
plénitude des pouvoirs politiques d’un État sans en supporter aucune des charges.
Une fois de plus, nous avons affaire à un abus de droit caractérisé : donner à des institutions financières
les mêmes pouvoirs qu’un État alors qu’elles n’en supportent aucune des charges (gestion de la collectivité
des individus qui y vivent, responsabilité politique devant ces mêmes individus…) est une aberration
juridique. Cette aberration n’est devenue possible qu’en raison de la profonde confusion des esprits. Les
individus se sont collectivement et insensiblement laissés convaincre de la suprématie juridique du droit
anglo-saxon, dont la seule philosophie relève de la « loi du plus fort capitalistique », sur le droit continental
traditionnel, qui avait une fonction politique de maintien de l’équilibre des forces en présence.
En conclusion, la seule problématique posée est celle du droit applicable : voulons-nous continuer à
appliquer le droit anglo-saxon, quitte à accepter la disparition des États et de la civilisation occidentale au
profit des prédateurs capitalistiques, ou voulons-nous retourner à une saine conception du droit, celle qui
prévalait du temps où s’appliquait le droit continental traditionnel, c’est-à-dire le «  droit civil » considéré
comme « droit commun » ?
La question, tue jusqu’à ce jour, est pourtant cruciale : elle est la première, et peut-être la seule, question
qu’il faudra résoudre dans les années qui viennent. Les États doivent-ils disparaître au profit des
multinationales ? Pour cela il suffit que les États continuent sur la voie des trois cents années précédentes, à
se tromper d’ennemis en considérant les États indépendants étrangers comme des adversaires politiques,
pendant que leur seul adversaire politique réel, la caste des « banquiers-commerçants », est situé dans les
paradis fiscaux.
Faire disparaître la prétendue indépendance et intégrité de la BRI ‒ ainsi que tous les paradis fiscaux de
la planète ‒ serait simple à mettre en œuvre : il suffirait qu’un ou plusieurs États envoient des corps militaires
à l’assaut de cette forteresse financière pour qu’il n’en reste rien.

Attaques juridiques, financières et militaires contre les États indépendants


Nous avons brièvement vu, dans l’analyse ci-dessus, que les paradis fiscaux et les institutions du type de
la BRI constituaient des défis de premier ordre pour les États politiques. Ces «  paradis terrestres artificiels »
sont les seuls véritables ennemis actuels des États. Ils autorisent une permanente fuite des capitaux des
États vers les places financières obscures, appauvrissant les États en réduisant, de façon mécanique, leurs
capacités budgétaires. Ces places opaques et financièrement contrôlées par les principaux capitalistes sont
des succédanés, des ersatz, d’États : elles en ont l’apparence mais ne remplissent aucune des conditions
politiques auxquelles répondent de véritables États.
Nous avons affaire ici à une concurrence internationale déloyale ‒ méthode familière aux banquiers ‒
fondée sur un abus de droit public caractérisé. Cet abus de droit a été organisé par les principaux détenteurs
de capitaux qui ont acquis une position géopolitique dominante ; ce rôle politique des tenanciers
économiques est discret ‒ pour ne pas dire secret ‒ car fondée sur l’anonymat des capitaux, ce qui leur
permet de s’émanciper radicalement de toute responsabilité institutionnelle de nature politique, pénale,
civile…
Ces mêmes dominants capitalistiques ont utilisé d’autres armes, toujours de nature juridique, pour
appauvrir et dénaturer les États. Parmi ces armes, citons pêle-mêle :
• L’OCDE, ses études économiques internationales et ses modèles de conventions fiscales
internationales. Parées de vertus civilisatrices, elles ont toutes pour point commun d’asseoir la
suprématie des multinationales sur les États.
• L’utilisation de la « soft law  », qui n’a de « soft » que le nom dans un environnement tout acquis à la
cause anglo-saxonne. « Guidelines », « lignes directrices » et autres « recommandations », très en
vogue à l’OCDE, en Union Européenne et dans certaines instances onusiennes, servent de points
de repère aux acteurs chargés de futures réglementations (il ne s‘agit plus alors de «  soft law » !) de
nature économique. D’un point de vue géopolitique, la prétendue « soft law » est une arme chargée
de créer des « coutumes », des habitudes de fonctionnement économique qui, à terme, justifieront
l’implantation des législations impératives ; la « soft law » a bien entendu pour vocation de se
transformer en « hard law ». Pire encore : la soft law est chargée d’uniformiser les « coutumes
économiques » au niveau international, justifiant les futures réglementations économiques
impératives centralisées au niveau mondial. Nous entrevoyons ici le futur gouvernement mondial de
nature ploutocratique.
• Le libre-échange est une autre arme massive de destruction de la substance des États. Cette arme
a vu un accroissement brutal de sa sa dangerosité au moment de la création de l’OMC 23 en 1994.
L’OMC, dont l’objectif avoué est de faciliter le commerce, devrait préciser officiellement que son
objectif réel est de favoriser l’accaparement mondial des richesses par les multinationales. L’OMC,
bien que n’étant pas une agence onusienne, entretient évidemment des liens étroits avec l’ONU.
Cette organisation propose, comme l’OCDE, des modèles de traités internationaux, en particulier
multilatéraux, chargés de faciliter le libre-échange mondial. La clause dite de « règlement des
différends » incluse dans les modèles de traités de l’OMC est une attaque juridique directe envers le
concept d’États, et, plus largement, envers le « fait politique » lui-même. Techniquement, cette
clause permet aux multinationales de réclamer, devant une juridiction arbitrale, des dommages et
intérêts en cas de réglementation portant atteinte aux investissements des multinationales. Sur le
fond, cette clause s’oppose frontalement à la capacité juridique des États d’édicter des règles de
protection de l’environnement et de leurs ressortissants.
• La récente création et prolifération d’armées de proxy, formées de mercenaires, est une autre
attaque juridique contre les États. Elle manifeste de façon évidente la méfiance que les «  principaux
détenteurs de capitaux » entretiennent vis-à-vis des forces de l’ordre étatiques traditionnelles. Les
attaques militaires, officielles, officieuses ou par mercenaires interposés ‒ la dernière en date fut
l’attaque massive de la Syrie par des hordes de mercenaires soutenus par les « banquiers-
commerçants », qui utilisent les États occidentaux comme des armes pour asseoir leur propre
hégémonie politique ‒ sont une manifestation de force employée par les « principaux détenteurs de
capitaux » pour faire disparaître les États indépendants. Outre la captation des richesses que ces
guerres permettent, elles ont aussi, et sans doute surtout, pour objet la disparition effective de tout
contre-pouvoir réel. À cet égard, il importe de rappeler que l’OTAN, sous commandement américain
officiel, est en réalité une « force » qui a été créée sous l’impulsion des globalistes (Société
Fabienne en tête), eux-mêmes très impliqués à la City 24.

23 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_du_commerce
24 Cf. https://fort-russ.com/2019/03/who-created-nato-arrows-point-to-uk-not-u-s/
LES CAUSES, CONSÉQUENCES ET ENJEUX
POLITIQUES ET CIVILISATIONNELS DE CETTE
ÉVOLUTION POLITIQUE DÉFAVORABLE AUX ÉTATS
Aujourd’hui le « fait économique » a remplacé le « fait politique » dans le contrôle et l’organisation du
monde. Ce phénomène s’est produit par glissement insensible depuis, grosso modo, la Renaissance.
Fondamentalement, il s’agit d’une imposture par inversion du sens. La politique consiste, justement, à
organiser les groupements humains en tenant compte, par hypothèse, des intérêts contraires, voire
contradictoires. La politique suppose de faire respecter un certain équilibre entre les différents intérêts en
présence dans un groupe d’humains.
Tout au contraire, l’économie ‒ en général et particulièrement celle qui est actuellement mise ne œuvre
au niveau mondial ‒ consiste à faire prévaloir de façon définitive et radicale le seul intérêt privé ‒ de nature
catégorielle ‒ de la caste des « banquiers-commerçants », matérialisée par les multinationales. L’avènement
politique des multinationales agissant pour le compte des « banquiers-commerçants » suppose la disparition
du « fait politique », lequel est représenté par les États.
Dans ce rapport de force entre États et multinationales, il faut préciser que les petites et moyennes
entreprises (PME) et les entrepreneurs individuels se situent clairement dans le camp des États ; ces
« entreprises » n’ont strictement rien à voir, par nature et par fonction, avec les multinationales. Il faut
marteler, encore et encore, que la réalité est à l’opposé de l’idée à laquelle renvoient généralement les
médias, les hommes politiques, les économistes et, malheureusement, les juristes eux-mêmes.
Les multinationales répondent aux seuls intérêts de leurs propriétaires majoritaires ‒ on parle ici de
majorité relative, quantitativement parfois infime ‒ et leurs contraintes ne sont pas géographiquement
délimitées car leur terrain de chasse est mondial.
À l’opposé, les PME et les entrepreneurs individuels sont ‒ presque exclusivement ‒ dépendants de leur
marché local et des contraintes financières (fiscales) et juridiques étatiques. Or, justement, les contraintes
étatiques sont maintenant décidées par les multinationales. Il en résulte que le poids politique des
contraintes économiques pèse désormais de façon systématique et exclusive sur les petits acteurs
économiques, pendant que les bénéfices économiques sont perçus par les multinationales qui échappent en
quasi-totalité aux contraintes étatiques, aussi bien en terme d’imposition que de réglementation.
En réalité, nous vivons dans un contexte d’imposture généralisée dans lequel le phénomène économique
a définitivement « rivé le clou » au phénomène politique. Les États, au sens politique du terme, sont devenus
des vestiges historiques que les tenanciers économiques veulent faire disparaître au plus vite. Encore faut-il
préciser que par « phénomène économique », il faut comprendre la domination absolue de l’économie par
des multinationales, alors qu’au demeurant ces multinationales ont des propriétaires anonymes communs ou
de même lignage (ou filiation). Sous couvert d’anonymat capitalistique, quelques familles chapeautent tout
l’édifice capitalistique mondial.

La cause de cette rupture ontologique : rupture institutionnelle et politique du lien entre pouvoir
et responsabilité ou « l’autoritarisme ploutocratique en lieu et place de la démocratie »
La rupture du lien entre « pouvoir » et « responsabilité », qui s’exprime aujourd’hui à tous les niveaux de
la société et de la vie, trouve sa source dans les institutions. Cette disjonction est extrêmement toxique du
point de vue social. Elle relève, en premier lieu, de la traduction institutionnelle que la Révolution française a
faite du principe de séparation des pouvoirs, auquel s’est ajouté, toujours au moment de la Révolution de
1789, le principe de « mandat représentatif ». L’association fatale de ces deux conceptions politiques aboutit
au fait que ce que l’on représente comme étant LE modèle de régime politique démocratique cache une
réalité très différente : celle d’un régime ploutocratique absolu, sans contre-pouvoir.
Trois phénomènes institutionnels distincts et complémentaires (extrêmement pervers et toxiques) entrent
en jeu dans le concept de « séparation des pouvoirs », tel qu’interprété par les actuels régimes
parlementaires, pour permettre à des régimes ploutocratiques de prendre l’apparence de régimes
démocratiques.
Le premier phénomène est le suivant : créer des États fondés sur une indépendance fonctionnelle du
« législatif », de « l’exécutif » et du « judiciaire » a deux conséquences théoriques essentielles. La première
conséquence est que le pouvoir politique est dissout, car à l’évidence, aucun corps ne maîtrise l’intégralité
du phénomène de pouvoir. Ceci se traduit juridiquement par une impunité relative des différents organes qui
ne peuvent jamais, à eux seuls, être considérés comme « responsables » des problèmes qui peuvent
survenir. La seconde conséquence est un vice fondamental : créer une institution, le « Parlement », dont la
seule fonction est de « fabriquer des lois » aura pour conséquence inéluctable, structurelle, une inflation
législative impossible à endiguer. Tous les spécialiste ayant travaillé sur les « institutions » savent que ces
dernières, une fois créées, n’ont de cesse de justifier leur fonction afin d’assurer leur survie puis le
développement de leur pouvoir. Ainsi, un organisme dont le seul rôle est de créer des lois aura pour seul
souci de créer toujours plus de lois, ce qui est directement contraire à l’intérêt commun.
Par ailleurs, si l’on observe la pratique, les choses sont encore beaucoup plus graves en raison de la
combinaison institutionnelle du principe de séparation des pouvoirs avec le principe, d’origine anglaise, de
« mandat représentatif ». Ce principe, qui s’est imposé en France, au moment de la Révolution de 1789,
impose un « pouvoir législatif » élu ‒ dans des conditions variables selon les époques et les pays ‒ pour une
durée déterminée sans autre limitation que celui de « faire des lois ». Or, ces « représentants » du peuple
échappent, dans les faits, totalement à tout contrôle populaire et donc ne représentent, in concreto, pas du
tout la « volonté populaire ». Pour dire les choses autrement : le mode de désignation du parlement est un
obstacle dirimant, pour l’idée que cette instance représente la « volonté populaire », laquelle « volonté
populaire » justifie pourtant sa création !
D’une part, les « élus » sont choisis par les partis politiques, ils ne sont pas une émanation spontanée du
peuple qui les aurait librement « choisis ». Le vote populaire est chargé d’entériner un choix qui lui échappe.
Logiquement, étant choisi par un « parti politique », ces « représentants » ne doivent rendre des comptes
des lois qu’ils votent ou non qu’à leur « parti » de rattachement, certainement pas à la population qui n’a fait
qu’entériner leur cooptation. D’ailleurs, dans les faits, les électeurs ne savent quasiment rien de ce que leur
« représentant » vote au jour le jour ; tout au plus s’émeuvent-ils, a posteriori, de lois votées dans des
conditions obscures et dont ils ignoraient tout. Or, qui a le contrôle des « partis » politiques ? Ceux qui
contrôlent les « partis » sont précisément ceux qui financent les élections. Dans un circuit fermé de
financement étatique, les élections ne sont soumises qu’à des tractations personnelles plus ou moins
douteuses. Mais dans un système de financement extérieur, comme c’est devenu le cas, le « fait
économique » contrôle des « partis » et donc les « représentants du peuple », qui ne représentent en réalité
que des personnes privées anonymes qui se cachent derrière les multinationales apporteuses de capitaux.
D’autre part, si l’on se situe en amont du phénomène législatif : il n’existe aucun moyen structurel pour le
ressortissant d’un État de contrôler effectivement le vote des lois effectué par les « représentants du
peuple ». En réalité, le vote des élus s’analyse en un blanc-seing donné, sur une période déterminée, à des
individus absolument hors de tout contrôle populaire. Le seul « contrôle » ‒ ce terme est vraiment inadapté ‒
consiste, pour les électeurs, à « choisir » un autre représentant plusieurs années après le vote de la ou les
lois contestées. Ajoutons, pour être précis, que le vote pour un nouveau représentant se fait à l’aveugle
puisque les électeurs ne savent à peu près RIEN de la très grande majorité des lois qui ont été votées par le
précédent « élu » lors de sa magistrature.
Nous sommes ici, avec le principe du « mandat représentatif » en pleine tartufferie institutionnelle !
D’ailleurs, Jean-Jacques Rousseau avait lui-même, en son temps, dénoncé cette imposture institutionnelle.
Le deuxième phénomène induit par l’actuelle conception institutionnelle de la « séparation des pouvoirs »
est tout aussi grave que le premier. Il consiste à établir structurellement une rupture radicale du lien,
fonctionnel et naturel, qui doit exister entre « pouvoir » et « responsabilité ». Puisque le pouvoir est éclaté
entre d’une part un organe législatif, un organe juridictionnel et un organe exécutif, le « pouvoir exécutif »
n’est pas responsable des lois votées, qu’il doit appliquer et dont il ne maîtrisera pas l’application concrète
qui échoit aux juridictionnel. Dans le même temps que l’organe législatif n’est pas responsable de
l’application des lois qu’il a votées. Cette disjonction est institutionnellement malsaine.
Pour bien comprendre les choses, il faut, comme toujours, revenir à la source linguistique, à la
sémantique. Le pouvoir politique suppose un pouvoir exercé sur un territoire déterminé et consistant à
faciliter et à régir la vie en commun des gens qui y vivent. Le pouvoir est politique parce qu’il prend
structurellement en compte la divergence des intérêts présents qui sont, sinon toujours antagonistes, du
moins la plupart du temps divergents. Le pouvoir politique consiste donc, réellement à assurer un équilibre
entre les intérêts divergents ‒ ce qui suppose que ces intérêts disposent d’une représentation politique ‒, à
assurer la justice de façon à permettre la vie en commun. Pour faire cela, le pouvoir doit être complet, il doit
maîtriser le processus législatif du début à la fin ; c’est aussi le seul moyen pour qu’il soit politiquement
responsable des conséquences des décisions qui seront prises. Un pouvoir complet a pour pendant une
responsabilité complète. Désolidariser institutionnellement le pouvoir exécutif du pouvoir législatif et du
pouvoir judiciaire consiste, en réalité, à disjoindre le pouvoir politique de la responsabilité politique  ; le tout
contribuant à faire perdre au « pouvoir » son sens ontologique, politique et civilisationnel.
La séparation des pouvoirs telle qu’actuellement conçue consiste en réalité à acter la disparition du
« pouvoir politique ». la question qu’il faut alors poser est la suivante : qui, quel est le groupe qui profite de
cette disparition du pouvoir politique ?
Le troisième phénomène extrêmement toxique et préjudiciable induit par l’actuelle traduction
institutionnelle du concept de « séparation des pouvoirs » est relatif aux deux autres. Dans le contexte du
mandat représentatif, le véritable pouvoir échoit de façon opaque, anonyme, à ceux qui financent les partis
politiques. En effet le parti qui gagne les élections, et plus généralement « les partis dits au pouvoir »
détiennent en réalité les rênes du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, le pouvoir de l’ordre judiciaire étant
marginal car largement dépendant du pouvoir exécutif.
Il en résulte que la séparation des pouvoirs est, structurellement, une apparence contraire à la réalité :
alors que l’apparence prévoit des pouvoirs séparés, la réalité donne tous les pouvoirs, sans aucun contre-
pouvoir institutionnel, aux seuls « fournisseurs de capitaux », c’est-à-dire aux entités qui financent les partis
politiques lors de perpétuelles et incessantes élections.
Une fois de plus on constate une rupture radicale du lien entre le pouvoir, qui échoit intégralement et de
manière absolue, aux grands détenteurs de capitaux (nationaux ou étrangers !), et la « responsabilité
politique » de ces derniers, qui n’existe tout simplement pas car ils ne sont pas institutionnellement actés
comme étant les réels détenteurs du pouvoir politique. Le pouvoir des « détenteurs de capitaux » est
officieux et bien caché derrière une apparence vicieuse. Le pouvoir politique apparent revient à des hommes
politiques dont l’apparente « indépendance » cache mal leur réalité « d’hommes-liges » des détenteurs du
pouvoir économique. Ceux qui détiennent effectivement le pouvoir sont « anonymes », cachés derrière des
structures capitalistiques opaques. Ceux qui détiennent en apparence le pouvoir ne sont pas des «  hommes
politiques » stricto sensu, ils ne représentent pas la « politique » mais sont des courroies de transmission du
pouvoir économique caché. Nous avons, ici encore affaire à un « abus de langage » : les hommes dits
politiques n’ont rien de « politique », ils sont des « hommes de paille », des « hommes-liges » des
« banquiers-commerçants », réels donneurs d’ordres.
La séparation des pouvoirs telle qu’institutionnellement comprise, alliée au mandat représentatif, est une
tartufferie politique ! C’est, en réalité, une stratégie utilisée par les « banquiers-commerçants » pour prendre
le pouvoir politique à l’intérieur du pays. C’est cette prise de contrôle institutionnelle, à l’intérieur des États
européens, qui a permis l’avènement de l’Union Européenne en tant qu’institution. Il faut bien comprendre
que cette prise de contrôle des institutions internes par les « banquiers-commerçants » a permis le
rattachement des pays, prétendument démocratiques mais réellement ploutocratiques, à une construction
supranationale d’essence « commercialiste », ou plutôt « affairiste ». Car les institutions européennes ont
été, historiquement, faites par et pour les multinationales ; non pour le commerce en général, mais plus
précisément pour le commerce des multinationales ‒ il ne faut donc pas s’étonner de la propension de
l’Union Européenne à signer des accords de libre-échange, puisque précisément elle a été conçue dans cet
objectif.
La prochaine étape de la stratégie, jusqu’ici gagnante, des « banquiers-commerçants » sera la mise au
point d’une monnaie mondiale ‒ le retour du Bancor sous forme de DTS ‒ qu’ils contrôleront et qui
débouchera, par la force des choses, sur un gouvernement mondial ploutocratique désigné sous le doux
nom de « Nouvel Ordre Mondial ».

La conséquence de cette rupture : disparition des notions de « droit » et de « justice »


La prééminence juridique des multinationales matérialisée par des institutions comme l’OMC, l’OCDE, le
FMI et la Banque Mondiale, passe ‒ notamment ‒ par l’affirmation d’une justice privée organisée sous le
doux nom « d’arbitrage ». La multiplication mondiale des instances arbitrales, qui sont des « justices
privées », est une manifestation claire du rapport de force perdu par les États au profit des multinationales.
Il faut encore préciser que le développement de cette « justice privée » se manifeste soit ouvertement
comme telle par le biais de l’arbitrage, soit de façon insidieuse et vicieuse en prenant l’apparence d’une
« justice » publique de nature politique et étatique alors qu’elle est au service des seuls intérêts catégoriels
des multinationales ; ce qui est précisément le cas de la « justice » de l’Union Européenne. La CJUE (Cour
de Justice de l’Union Européenne) a ainsi pour seule et unique fonction de faire appliquer par les États
membres de l’Union Européenne, les règles commerciales libre-échangistes qui régissent les traités
constitutifs de l’UE : à savoir, la liberté de circulation mondiale des capitaux, la liberté d’établissement des
entreprises à l’intérieur de l’Union, la liberté de circulation des travailleurs à l’intérieur de l’Union (dont
découle la fameuse « directive service » qui impose l’existence de « travailleurs détachés »), et, bien sûr, la
liberté de circulation des marchandises par suppression des droits de douanes. En outre et en raison de la
prééminence des « libertés » ci-dessus décrites, les Traités européens s’opposent à toute possibilité de
« patriotisme économique » de la part d’États qui ne doivent jamais privilégier leurs propres entreprises
« nationales ». Cette interdiction est sanctionnée, institutionnellement et financièrement (à la mode anglo-
saxonne de prééminence absolue du financier sur le sociétal), par l’interdiction générale des « Aides
d’États » ainsi que par les « recours en manquement25 » à disposition de la « Commission européenne »
pour faire condamner les États réfractaires à appliquer les règles de l’Union. La « Commission » aux ordres
oligarchiques peut ainsi rappeler à l’ordre (financier) les États qui auraient eu des velléités de déroger à leur
propre sabordement. Ce sabordement est, notons-le, « librement » consenti par les États qui s’interdisent,
par leur adhésion aux Traités constitutifs scélérats de l’Union Européenne, toute capacité de défendre et de
protéger leurs propres ressortissants, personnes physiques ou morales. L’Union Européenne serait plus
justement dénommée « Union des conglomérats capitalistiques du monde », relai du futur « gouvernement
mondial ».
Ces formes nouvelles de « justices », exclusivement tournées vers la satisfaction des intérêts des
multinationales, sont une violation frontale, directe et radicale de la capacité des États (au sens politique du
terme) à « rendre la justice ».
Il faut ajouter que, dans le contexte actuel d’assujettissement quasi-total des États au «  phénomène
économique globaliste », les instances juridictionnelles internationales, du type TPI (Tribunal Pénal
International), sont, par nécessité, soumises à la dérive du phénomène politique étatique : ils rendent, en
raison du déséquilibre des forces entre États et multinationales, des jugements forcément biaisés en faveur
des seconds. Les plus gros intérêts financiers, qui sont adossés aux plus puissantes armées (lesquelles
reposent sur les plus puissants banquiers, conformément au nouveau modèle géopolitique défini par
Cromwell), remportent la mise au TPI.
Il faut remettre ce phénomène de multiplication des « justices privées » dans un contexte général et dans
la bonne dimension sémantique.
La justice est, fondamentalement, la recherche du respect de l’équilibre des intérêts en présence. La
« justice » relève donc, par nature, du phénomène politique. La recherche de la « justice », c’est le rôle
essentiel de l’État, le rôle qui, à lui seul, justifie l’existence du phénomène politique. Sans fonction de justice,
l’État au sens politique du terme, ne s’explique plus et ne se justifie plus. C’est précisément cet argument qui
sera mis en avant par les porte-paroles du pouvoir économique pour justifier la prochaine disparition des
États et la création d’un gouvernement mondial relayé par des institutions supranationales apolitiques (sur le
modèle de l’actuelle Union Européenne), simples courroies de transmission.
D’un point de vue méthodologique, créer un problème en décrédibilisant les États et en les empêchant de
remplir leur fonction politique, puis résoudre ce même problème en imposant une centralisation
ploutocratique toujours plus resserrée est la stratégie suivie ‒ avec beaucoup de succès jusqu’à présent ‒
par les « banquiers-commerçants » pour prendre le pouvoir au niveau mondial. Il s’agit de la mise en œuvre,
à grande échelle, par les « banquiers-commerçants » de la méthode du « chaos constructif ».

La disparition de la « justice » et le remplacement du « droit civil » par le « droit commercial » en


tant que « droit commun »
Sur le continent européen, traditionnellement régi par le droit continental (par opposition au « droit anglo-
saxon »), cette notion de « justice » était rendue, non seulement par des institutions juridictionnelles, mais
aussi et surtout par l’existence d’un droit civil, appelé « droit commun ».
Ce droit civil, d’application commune, était en partie une façon de faire respecter un certain équilibre des
forces à l’occasion de l’application du droit contractuel, dit « droit des obligations ». Le droit civil, brillamment
représenté par le Code napoléonien de 1804 ‒ qui s’est exporté dans le monde entier ‒ était, en particulier
par son « droit des obligations », le moyen de réguler les rapports de forces. Le droit des obligations issu du
Code civil permettait aux juridictions civiles de rechercher, en cas de litige, la « vérité » ayant présidé à la
conclusion de contrats litigieux et de faire appliquer « le droit » compris comme « la justice ». Notons que ce
droit contractuel a progressivement, dans la dernière partie du XX e siècle, été détricoté au profit des
multinationales, notamment par l’apparition de concepts tels que les « contrats d’adhésion » et autres
« contrats-cadre ».
En d’autres termes et d’une façon générale, le droit des obligations était l’arme politique des États pour
faire appliquer la « justice ». Il en va très différemment du « droit » anglo-saxon véhiculé par les institutions

25 La Commission peut attraire devant la justice de l’Union tout État qui aurait manqué à son obligation d’appliquer scrupuleusement
sur son territoire les principes commercialistes issus des Traités constitutifs. Ce « recours en manquement » a pour conséquence
la condamnation des États réfractaires (à appliquer les règles de l’Union) à de très conséquentes amendes.
européennes. Les institutions européennes, par la force obligatoire qui s’attache à leurs droits dérivés 26
assurent, lentement mais sûrement, la disparition du droit civil contractuel, c’est-à-dire du droit des
obligations traditionnel, au profit de la mise en œuvre généralisée du « droit commercial » d’essence anglo-
saxonne.
Il faut préciser que cette dynamique de fond, telle une vague scélérate, tendant à la disparition du droit
civil en tant que droit commun, est accéléré mais non pas créé par les institutions européennes. Cette lame
de fond est principalement ancrée dans les instances nationales, toutes dévouées au «  fait économique ».
Ainsi, les institutions européennes servent, très souvent, de simple justification ‒ facile ‒ aux hommes
« politiques » pour, en interne, faire passer des lois d’obédience affairiste tout en se déchargeant
officiellement de toute responsabilité.
Ainsi les préconisations du rapport de 2008 de la Commission Attali dite de « libération de la croissance
française » ‒ qu’il faut comprendre comme étant la libération de la croissance des multinationales 27 ‒ se
retrouvent quasi intégralement dans les GOPE28 de 2015.
Le « secret des affaires » est une illustration typique de cette méthodologie utilisée par les dominants
économiques pour protéger leurs « faire-valoir » internes, les « hommes politiques » qui sont officieusement
leurs « hommes-liges ». L’intervention d’une directive européenne a permis aux « hommes politiques »
français d’imposer la loi dite « secret des affaires », sans aucune contestation institutionnelle possible, alors
même que l’idée d’assurer le secret de leurs affaires était, de longue date, initiée par les propriétaires
« français » des multinationales (les dominants économiques), qui sont les véritables donneurs d’ordre des
« hommes politiques ». Le droit européen permet ainsi aux « hommes politiques », véritables hommes-liges
des « banquiers-commerçants » de supprimer toute contestation institutionnelle à l’intérieur des États ; dans
le même temps qu’elle élargit le champ d’action desdites lois qui s’imposeront à tous les États membres !
L’utilisation du droit européen, véritable mantra, interdit aux ressortissants des États toute possibilité de
dénoncer les dysfonctionnements dont ils sont les victimes à l’occasion du non-vote des lois qui leur sont
applicables.
Alors que le droit continental traditionnel, issu d’un long processus politique, était un droit d’équilibre,
centré sur la recherche de la « vérité », et qui permettait aux juridictions de faire appliquer la « justice », il en
va très différemment du droit anglo-saxon. Ce dernier est historiquement l’arme des dominants économiques
pour faire appliquer, à tous, des lois qui mettent en œuvre leur seul intérêt catégoriel. En termes clairs, le
droit anglo-saxon est une arme, politique, aux mains des tenanciers du pouvoir économique, pour faire
prévaloir leur intérêt privé catégoriel au détriment de l’intérêt du groupe, représenté par le phénomène
politique et matérialisé par l’État (et bien sûr son organisation institutionnelle).
Est-il possible, en l’état actuel de la situation, de revenir à une saine application du droit continental,
d’origine civile, qui suppose l’abandon corrélatif du droit anglo-saxon d’origine affairiste  ? Cette question,
simple à poser, n’est techniquement pas simple à résoudre pour deux raisons principales.
Premièrement, le « droit » civil français a subi en interne et depuis fort longtemps de considérables
atteintes pour le rendre compatible avec le droit affairiste anglo-saxon. Sont concernés : le droit des
obligations, le droit patrimonial, le droit des personnes, le droit des incapables, le droit des familles… aucune
partie du Code Civil napoléonien n’a échappé à sa modernisation façon anglo-saxonne. Il en résulte que le
droit civil devra être revisité de fond en comble avant de pouvoir redevenir valide en tant que tel. S’agissant
du seul droit des obligations, il faudrait, en particulier, de manière urgente, réhabiliter la notion de recherche
d’une cause dans les contrats.
Il faudrait aussi, d’une façon plus générale, réhabiliter le droit civil contractuel en tant que droit commun,
et supprimer le droit commercial (et tous ses dérivés), qui est devenu, subrepticement, le droit commun
applicable à tous. À titre d’illustration, ceci permettrait de remettre la cession de créances sous la saine
égide du droit des obligations antérieur, est donc de revenir sur les règles commercialistes qui régissent
aujourd’hui ‒ et depuis peu ‒ cette matière, nous entraînant collectivement sur la voie du retour à
l’esclavagisme légal puisque les frontières entre droit réel et droit personnel deviennent de plus en plus
inopérantes pour ne pas dire insignifiantes.
Deuxièmement, et plus généralement : le droit « civil » d’aujourd’hui ne peut certainement pas être
calqué sur ce qu’il était en 1804, au moment de l’apparition du fameux « Code Napoléonien ». L’époque a
26 Le « droit dérivé » est le « droit » dérivé des Traités constitutifs, c’est-à-dire le « droit » qui résulte de la mise en œuvre pratique
des Traités. Il se matérialise par les Directives, qui doivent être transposées par les différents pays dans leur législation interne, et
des Règlements, d’application immédiate. Pour prendre une comparaison ‒ que l’on espère plus parlante ‒ le « droit dérivé »
(Directives et Règlements européens) s’apparente aux « décrets », dans l’ordre institutionnel interne français : il est chargé de
mettre en œuvre, dans les États membres, les Traités, comme les décrets français sont chargés de mettre en œuvre, sur le
territoire français, les lois internes.
27 Cf. https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000041.pdf
28 Édictées par l’article 121 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_orientations_des_politiques_économiques
changé radicalement, les techniques ont considérablement évolué et les questions sociales, humaines et
sociétales ne se posent ‒ au moins formellement ‒ plus dans les mêmes termes qu’il y a deux cents ans.
Aussi, si le sens profond du droit civil n’a pas changé, il devra être profondément repensé, dans toutes ses
composantes, afin d’être adapté à l’époque contemporaine et aux nouveaux défis de la société qui ont surgi,
et qui continuent et continueront de surgir. Nous pensons, en particulier, aux problématiques génétiques et
aux principales applications qui en sont faites sur le vivant, mais nous pensons également aux immenses
nouveaux défis que posent la dématérialisation des données et la facilité avec laquelle elles peuvent circuler.
Là encore, il faudra supprimer la domination du droit anglo-saxon, qui tourne autour du concept de
« propriété économique », pour réaffirmer la philosophie du droit continental. Les données dématérialisées
doivent rester exclusivement attachées aux personnes dont elles émanent, c’est-à-dire aux personnes qui
sont les sujets des données dématérialisées : aucune entité extérieure, aucun conglomérat capitalistique ne
doit avoir quelconques droits sur ce type de « ressources ». De la même façon, il faudra réaffirmer haut et
fort que « le vivant » ‒ dans toutes ses composantes, c’est-à-dire notamment dans son intégrité et sa
diversité ‒ est hors du champ d’application du droit commercial : aucune particule de vie ne doit pouvoir être
appropriée et utilisée pour des convenances personnelles ou catégorielles, que celles-ci soient réelles ou
artificielles. Il s’agit d’un principe intangible ; y déroger, comme cela est allègrement fait actuellement, signifie
mettre en question la pérennité de la vie sur Terre.
La transcription politique des principes ci-dessus brièvement évoqués suppose, une fois encore, la
réaffirmation de l’État en tant qu’entité politique protectrice de ses ressortissants.

Perspective d’avenir : le retour de l’esclavagisme ou la reprise en main politique des États par
leurs peuples respectifs
Nous avons fait, dans cette synthèse de notre ouvrage Les raisons cachées du désordre mondial un tour
général des problématiques juridiques, économiques, politiques et sociologiques qui se posent aujourd’hui,
en France mais aussi dans le monde.
Cet exposé ne serait pas complet sans une mise en perspective historique des rapports de force que
nous décrivons dans Les raisons cachées du désordre mondial. Car le monde actuel est l’héritier direct du
monde d’hier, de la même façon qu’il est le précurseur du monde de demain. Aujourd’hui doit donc être
replacé dans une perspective de long terme. Or il se trouve que, de ce point de vue, la situation géopolitique
nationale et mondiale se situe dans une parfaite continuité historique. Le point de départ de notre réalité
géopolitique peut, grossièrement, être datée de l’Époque des Grandes Découvertes, qui inaugure l’envol du
commerce maritime international et de la domination des mers comme enjeu stratégique. La projection dans
l’avenir de ce phénomène passé est intéressante à plus d’un titre : elle permet de bien comprendre le
présent et elle permet, également, de se positionner de façon à préparer l’avenir que l’on souhaite
collectivement voir advenir.
Le développement du commerce maritime a eu pour corollaire le développement du capitalisme, fait
d’opacité et d’anonymat, en raison des énormes besoins de financement des expéditions maritimes, elles-
mêmes extrêmement risquées. Or les habitudes d’opacité et d’anonymat ont aiguisé les appétits des
principaux fournisseurs de capitaux ; ces derniers ont développé leurs ambitions et intensifié leur besoin
d’accaparement des ressources naturelles. Ils ont été jusqu’à créer des armes immatérielles et fictives, telle
que la fausse monnaie, des « produits financiers synthétiques » ‒ transformant dès lors, par une curieuse
alchimie financière, des créances irrécouvrables en actifs sans risque, valorisés au plus haut point (le
brevetage du vivant et des idées) pour réaliser cet accaparement. Une telle volonté d’accaparement, même
parée d’anonymat, n’ayant décemment pas pu se présenter comme telle, la ruse, le mensonge, la duperie, la
perversité et la corruption ont immanquablement escorté ces appétits économiques florissants.
De fil en aiguille, on en arrive à un monde nouveau vêtu d’oripeaux : un monde dans lequel l’apparence
institutionnelle ne correspond plus du tout à la réalité des rapports de force politique. Cette « divergence
contrôlée » permet aux détenteurs du « fait économique » de se dispenser de la responsabilité politique et
juridique qui devraient accompagner le pouvoir qu’ils ont usurpé, elle est un moyen infaillible de
décorrélation des notions de pouvoir et de responsabilité.
Les peuples se trouvent dès lors sans interlocuteur et sans ressource pour faire face aux pires exactions
politiques, économiques, juridiques et morales qui sont commises, le plus souvent en leur nom. Pire encore,
cette dichotomie entre apparence et réalité institutionnelle sera elle-même utilisée par les détenteurs du fait
économique pour mettre en avant un nécessaire renouveau institutionnel qu’ils contrôleront officiellement de
façon légale, à savoir un gouvernement mondial à leur seule mesure.
Ce vaste mouvement d’accaparement a techniquement commencé par l’accaparement des monnaies et
le développement, dans le monde entier, du concept de « banque centrale indépendante ». Ces banques
centrales, présentées comme des institutions d’État, sont en réalité restées contrôlées par les intérêts privés
des ploutocrates, « banquiers-commerçants ». Il fut ensuite relativement aisé, pour cette caste dominante,
de fédérer ces différentes instances monétaire au niveau mondial dans le cadre d’institutions dédiées  : la
Banque des Règlements Internationaux (BRI/BIS), le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque
Mondiale.
L’accaparement des monnaies a permis à ces « banquiers-commerçants » d’accaparer le système
économique, aux échelons nationaux et international, et finalement d’orienter la création de richesses dans
leurs seules poches privées. Cet énorme effet de levier a enfin permis à cette caste prédatrice et sans
scrupule de se rendre définitivement maîtresse des États et d’agir de sorte à rendre ces derniers inopérants
et inutiles, justifiant, aux yeux du public, la disparition desdits États et l’avènement d’un gouvernement
mondial centralisateur.
La période intermédiaire, dans laquelle nous vivons actuellement, est sociologiquement instable : elle
oscille perpétuellement entre crise et stabilité. À l’image du nomadisme des capitaux, cette période est le
témoin de l’affirmation de la soumission du mode de vie sédentaire au mode de vie nomade. Lorsque nous
parlons de nomadisme, nous ne parlons évidemment pas du mode de vie relatif au concept de
transhumance, dans lequel les gens transportent leurs moyens de subsistance, mais au contraire d’un mode
de vie exclusivement tourné vers la prédation par quelques personnes n’apportant aucune plus-value à la
collectivité sur ceux qui produisent la richesse par leur travail, leur talent, leur inventivité, leur ingéniosité,
leur créativité…
Ces « nomades » véritables prédateurs des richesses passées et à venir, considèrent que ce monde est
trop peuplé et qu’il convient donc de le dépeupler 29 afin de mieux le contrôler. De leur point de vue, il est
difficilement concevable de maîtriser parfaitement dix milliards d’individus répartis partout sur la planète.
D’une façon générale, les choses se présentent donc de la façon suivante : le rapport de force acquis entre
l’intérêt privé de la caste des « banquiers-commerçants » et l’intérêt général (politiquement représenté) est
extrêmement défavorable aux populations. Les intérêts privés des plus gros capitalistes de la planète ont
réussi à supprimer quasiment tous les contre-pouvoirs à leur hégémonie politique, aussi bien à l’intérieur des
États qu’au niveau international.
L’avenir doit donc être envisagé, au niveau collectif, dans les termes suivants : les peuples veulent-ils
continuer à aller dans cette voie ? Voie qui mènera tout droit vers l’esclavage, juridiquement acté au niveau
international, de ceux qui produisent la richesse par ceux qui la captent alors que ces derniers ne sont eux-
mêmes aucunement investis dans un quelconque processus de création de richesses ou d’apport collectif.
La question, qui reste ouverte au niveau international, reçoit, en France, un commencement de réponse
avec le mouvement populaire des Gilets Jaunes. Car, à l’évidence, la seule réelle revendication de ce
mouvement est de récupérer le contrôle politique que les Français ‒ certains d’entre eux, de plus en plus
nombreux ‒ ont compris avoir perdu. La seule réelle revendication des Gilets Jaunes est de récupérer leur
droit politique à s’autodéterminer en fonction de leurs différents intérêts collectifs ‒ qui devront être
politiquement affirmés ‒ et de leurs intérêts communs ‒ qu’il faudra juridiquement déterminer. Les Gilets
Jaunes français sont l’antidote au futur gouvernement mondial dictatorial et prédateur.
Dans ce contexte, il est de la plus haute importance que les informations contenues dans cet ouvrage
circulent le plus largement possible, en France et dans le monde, de façon à donner des armes
intellectuelles et techniques fonctionnelles ‒ de nature juridique et institutionnelle ‒ aux peuples désireux de
se libérer de la prédation économique qu’ils supportent depuis beaucoup trop longtemps.

* * *

29 Voir à cet égard notamment les Georgia Guidestones et le rapport Meadows du Club de Rome.
LEXIQUE

ab initio  : locution latine signifiant « dès l’origine », « depuis le commencement ».

arbitrage : l’arbitrage, méthode de résolution des conflits, est une alternative, de nature privée, à l’action en
justice, c’est-à-dire au procès réglé par des juridictions étatiques. En droit continental, l’arbitrage était
traditionnellement réservé aux litiges commerciaux tandis que les pays de droit anglo-saxon permettaient
également l’arbitrage en matière civile. L’arbitrage est aujourd’hui devenu une méthode courante de
résolution des conflits internationaux de toute nature (civils ou commerciaux) ; notons que le droit français
rend possible, dans certains cas, le renoncement à une convention d’arbitrage au profit des juridictions
étatiques (https://www.juritravail.com/lexique/Arbitrage.html).

Bâle III (règles de) : version en date de 2010 des standards internationaux de la réglementation bancaire ;
ces standards internationaux sont transposés en droit français dans le Code monétaire et financier. Il est
établi par le « Comité de Bâle sur le contrôle bancaire », lequel est hébergé par la BRI. Ce comité,
initialement appelé « Comité Cooke » du nom (Peter Cooke) d’un directeur de la Banque centrale
d’Angleterre qui en fut le premier président, est une institution créée en 1974 par les gouverneurs des
Banques centrales du Groupe des Dix (alors G10). Le Comité de Bâle, chargé de la réglementation bancaire
internationale, est ainsi intimement lié aux intérêts bancaires supérieurs représentés de façon générale par
les Banques centrales et de façon particulière par la Banque centrale d’Angleterre. Une fois de plus,
apparaît, au niveau international, un conflit d’intérêts lié au fait que les banquiers (c’est-à-dire les personnes
qui contrôlent les Banques centrales ainsi que les principaux établissements bancaires internationaux) sont
à la fois juges et parties dans l’édiction des normes bancaires internationales.

Bretton Woods (accords de) : accords issus de la Conférence tenue aux USA, entre les 1 er et 22 juillet
1944, à Bretton Woods dans le New Hampshire. Ces accords ont mis en place les grandes lignes du
système international encore en place aujourd’hui. Ces accords ont créé :
‒ le FMI
‒ la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD, aujourd’hui connue sous
le nom de Banque Mondiale), comportant quatre institutions dont la Société Financière Internationale
(IFC), le Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI),
l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA) et l’Association Internationale de
Développement (IDA).
Le représentant américain Henri Dexter White, assistant au secrétaire du Trésor des États-Unis, a réussi a
imposer le dollar US, alors partiellement adossé à l’or, comme monnaie de référence dans les échanges
internationaux. Les accords de Bretton Woods ont en conséquence rejeté le projet anglais alors appelé
« Bancor », porté par John Maynard Keynes, qui prévoyait une unité monétaire internationale sous forme de
panier de monnaies. Notons que ce projet de panier de monnaie est actuellement en cours de mise en
œuvre sous le nom de DTS (Droits de Tirage Spéciaux).

Brexit (Britain Exit) : velléité politique de la Grande-Bretagne de sortir du système réglementaire


contraignant (en particulier en matière financière) qu’est l’Union Européenne. Présenté comme émanant de
la population britannique, cette initiative politique a, en réalité, son origine chez certains acteurs financiers
majeurs de la City of London qui veulent récupérer des marges de manœuvres financières dans l’objectif de
préparer (et d’accompagner) le futur changement de monnaie internationale.
Le Brexit doit, in fine, permettre la mise en œuvre de l’étape suivante dans l’élaboration du futur
gouvernement mondial. Cette initiative a pour double objectif :
1°) de libérer la finance internationale sise à la City of London du carcan réglementaire européen sous
domination américaine, et
2°) d’engendrer un resserrement, dans le sens fédéral, des institutions européennes pour les États
membres participants.
Ce Brexit ne doit donc surtout pas, du point de vue de ses initiateurs, se traduire par la possibilité ouverte
aux autres États membres de sortir de l’Union ; d’où les tensions abondamment relayées par les médias,
entre partisans et opposants britanniques au projet. Du point de vue de la Haute Finance, l’idéal eût sans
doute été que les financiers britanniques de la City s’émancipent des réglementations de l’UE tandis que le
pouvoir politique britannique resterait prisonnier des institutions européennes ; malheureusement pour les
initiateurs, l’imbrication politique historique du gouvernement britannique dans les activités financières de la
City s’oppose vraisemblablement à la réalisation d’un tel scénario.

BRI/BIS : Banque des Règlements Internationaux/Bank for International Settlements ‒ organisme


international à vocation financière créé en 1930 à l’occasion du plan Young sous la forme d’une Société
Anonyme dont les propriétaires (actionnaires) étaient des Banques centrales et des banques privées. Bien
plus qu’une simple société anonyme, la BRI a tous les attributs juridiques, y compris diplomatiques, d’un
État ; elle est maître absolu sur son territoire qui est en même temps sa juridiction. La BRI fonctionne comme
un véritable État, enclave financière souveraine, qui n’est pas sans rappeler la City of London, le Vatican,
ainsi que, de près ou de loin, tous les « paradis fiscaux ». L’existence et les fonctions de la BRI portent
éminemment atteinte à la souveraineté financière des États (au sens politique du terme État). En ce sens, la
BRI a été la première pierre de l’édifice financier international, structurellement complété par les accords de
Bretton Woods.
La BRI a pour fonction de gérer et de coordonner les politiques suivies par les Banques centrales qui y
participent (c’est-à-dire la plupart des Banques centrales du monde) et joue un rôle déterminant dans la
gestion des réserves de devises desdites banques. À ce titre, elle sera l’organe de gestion et de contrôle,
avec le FMI, de la future monnaie mondiale (panier de devises actuellement appelé DTS) qui circulera de
façon totalement dématérialisée. La BRI héberge, entre autres, le Comité de Bâle chargé de la régulation
internationale du secteur bancaire.

cartel : Sur un même secteur d’activité, entente entre des entreprises juridiquement indépendantes (acteurs,
agents économiques) afin de limiter ou de supprimer la concurrence en s’entendant sur les prix d’un bien ou
d’un service tout en se répartissant le marché.

CDO : Collateralised Debt Obligation ‒ Obligation adossée à des actifs ‒ produit financier synthétique
développé dans le courant des années 1990. D’une façon générale, il s’agit d’une structure de titrisation
d’actifs financiers (c’est-à-dire d’un ensemble coagulé de titres de marchés de nature diverse). Initialement
utilisés pour financer la dette de marchés des entreprises, les CDO ont, dès le début des années 2000, été
utilisés pour financer des créances hypothécaires (Mortgage Backed Security dits MBS).

CDS : Credit Default Swap ‒ Dérivés sur événement de crédit ‒ contrat de protection financière entre
acheteurs et vendeurs développés par la Banque J-P Morgan à partir de 1994. Plus précisément, le CDS est
un contrat par lequel un vendeur de protection s’engage, contre le paiement d’une prime, à dédommager
l’acheteur en cas de survenue d’un événement affectant la solvabilité de l’entité de référence. Ce contrat est
une sorte d’assurance dans laquelle l’assureur n’est pas tenu de provisionner les risques encourus. Par
ailleurs, ce contrat permet de s’assurer contre tout type de risque affectant tout type de biens, y compris des
biens qui n’entrent pas dans le patrimoine du garanti. Les CDS sont passés entre entités juridiques
indépendantes du bien garanti : il s’agit de fournir une « assurance » à n’importe quel preneur sur un
quelconque bien, c’est-à-dire y compris des biens dont le contrôle effectif échappe totalement aux parties du
contrat. Concrètement, l’émission de CDS a pour objectif de s’affranchir (activité de piratage juridique) des
principes moraux établis au fil du temps pour réguler et sécuriser le secteur de l’assurance.
L’émission de CDS est une activité « créatrice » de certaines banques entrant dans la grande mode de la
dérégulation financière initiée par les USA. D’un point de vue politique, il s’est agi, pour les banques
américaines, de créer fictivement des « actifs financiers » sur lesquelles l’émission de dollars pouvait être
adossée afin de répondre aux besoins mondiaux de devises. Cette dérégulation financière a été initiée par
les Américains dans leur quête désespérée pour conserver la suprématie internationale de leur monnaie.

CECA : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier ‒ organisation internationale fondée sur le Traité
de Paris (1951), entrée en vigueur le 23 juillet 1952 pour une durée de 50 ans. Elle n’existe plus depuis le
22 juillet 2002. La proposition de sa création a été annoncée par Robert Schuman (alors ministre français
des Affaires Étrangères) lors de son discours du 9 mai 1950 (devenu Journées de l’Europe). Elle rassemblait
six nations d’Europe de l’Ouest. La CECA est l’un des piliers des actuelles institutions européennes en étant
la première organisation européenne à vocation officiellement supranationale. Elle est en quelque sorte le
successeur du Cartel de l’Acier 30, créé en 1926, à Luxembourg, qui a servi de véritable gendarme privé du
commerce mondial de l’acier entre 1926 et 1939. Le 30 septembre 1926, tous les sponsors du cartel se
vantent en effet de ce que le premier pas vers la formation des « États-Unis économiques de l’Europe »
vient d’être franchi.

30 Sur le Cartel de l’Acier, lire du même auteur « La présence d’une banque centrale est-elle compatible avec la souveraineté
étatique ? » in Les raisons cachées du désordre mondial.
CJUE : Cours de Justice de l’Union Européenne, qui a succédé à la CJCE (Cour de Justice des
Communautés Européennes) à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne le 1 er décembre 2009). Elle
regroupe deux juridictions, le Tribunal, en première instance, et la Cour de Justice, en appel et comme
juridiction exclusive pour certains litiges ; une troisième juridiction, le Tribunal de la Fonction Publique, a été
dissoute le 1er septembre 2016. La transcription institutionnelle de la distinction entre droit privé et droit
public, d’origine française, disparaît ainsi du paysage des instances européennes.
La Cour veille à l’application du droit de l’Union, c’est-à-dire à l’application, par tous les États membres, du
droit dérivé des Traités instituant et formant l’Union Européenne. Ces Traités établissent des institutions, à
vocation fédérale, chargées d’appliquer les principes suivants :
• liberté de circulation ‒ officiellement mondiale ‒ des capitaux
• liberté de circulation des entreprises (appelée liberté d’établissement)
• liberté de circulation des biens (suppression des barrières douanières) et
• liberté de circulation des personnes, à l’intérieur de l’Union mais aussi au-delà…
La CJUE est un organe essentiel de développement des institutions européennes en ce qu’elle veille à
l’application du « droit européen » et à l’uniformisation de son interprétation dans les États membres (elle
interprète le droit de l’Union à la demande des juridictions des États membres). Elle contrôle la légalité des
actes européens et statue sur le respect, par les États membres, de leurs obligations au regard des Traités
constitutifs.

Clause de Règlement des Différends : clause insérée dans un contrat ou dans un Traité de libre-échange
permettant de recourir à l’arbitrage (justice privée, c’est-à-dire non étatique) en cas de survenue d’un litige lié
à l’interprétation ou à l’exécution d’un contrat ou d’un Traité.

corsaire : navire rapide, armé, dont l’équipage est habilité par son gouvernement à capturer des bâtiments
de commerce ennemis (du XVe au XIXe siècle) ; le terme « corsaire » désigne également le capitaine et les
marins de ce navire « de guerre ».

de facto/de jure  : locutions latines signifiant respectivement « de fait » ou « en fait » et « de droit » ou « en
droit ».

décret d’Allarde (2 et 17 mars 1791) : loi votée par l’Assemblée Constituante française les 2 et 17 mars
1791 (Pierre d’Allarde étant le rapporteur) qui a eu pour objet de renouveler l’édi t de Turgot de 1776
supprimant les « corporations » et libéralisant le commerce des grains. Turgot avait été renvoyé par le Roi
(le 13 mai 1776) car sa mesure, qui avait induit simultanément une baisse des salaires et une augmentation
du prix du pain, avait provoqué un nombre considérable d’émeutes populaires. Cf. Loi Le Chapelier ; ces
deux mesures législatives (décret d’Allarde et loi Le Chapelier) phares de la Révolution de 1789 ont créé sur
le territoire français le principe, alors nouveau, du libre-échange, alors appelé «  liberté du commerce » ; la
liberté d’accès au commerce suppose la fin de ce que nous appelons aujourd’hui les «  barrières
réglementaires ». Notons que la fin des barrières réglementaires est précisément l’objectif poursuivi, au
niveau mondial, par l’actuelle OMC.

droit de seigneuriage : expression issue de l’époque féodale et utilisée en matière monétaire pour désigner
le pouvoir financier octroyé au seigneur détenteur du droit de battre monnaie. Initialement, le montant de ce
droit financier était, a minima, égal aux sommes engagés pour les opérations de façonnage du métal en
pièces ; en réalité et plus largement, le montant de ce droit financier lié au privilège de battre monnaie est à
la discrétion du détenteur de ce droit.

DTS/SDR : Droits de Tirage Spéciaux ‒ Special Drawing Rights ‒ instrument monétaire international créé
par le FMI en 1969 (dans le cadre du système de parité fixe de Bretton Woods) pour compléter les réserves
de change officielles de ses pays membres 31. Tout pays adhérent au système devait disposer de réserves
officielles (avoirs en or et devises acceptées) qui pourraient servir à racheter sa monnaie nationale sur le
marché des changes internationaux afin, par exemple, de maintenir son taux de change. Cependant, l’offre
internationale des deux principaux avoirs de réserve (l’or et le dollar) se révélant insuffisante pour favoriser
l’expansion en cours du commerce international et des flux financiers, le FMI a pris la décision de créer un
nouvel avoir de réserve mondiale, les DTS. Les DTS peuvent être librement échangés contre des devises
librement utilisables. En mars 2016, 204,1 milliards de DTS (= 285 milliards de dollars US) avaient été
alloués aux pays membres. À compter du 1 er octobre 2016, la monnaie chinoise devient librement
31 Cf. https://www.imf.org/fr/About/Factsheets/Sheets/2016/08/01/14/51/Special-Drawing-Right-SDR
échangeable et entre dans la composition des DTS, lesquels reposent dès lors sur un panier de 5 grandes
devises : le dollar des USA, l’euro, le renminbi chinois (RMB), le yen japonais et la livre sterling anglaise. La
pondération de ces cinq monnaies est prévue pour être revue tous les cinq ans, au plus tard en 2021, sauf
crise financière majeure intervenant entre temps. Depuis 2016, la pondération retenue est la suivante  :
41,73 % pour le dollar US, 30,93 % pour l’euro, 10,92 % pour le renminbi, 8,33 % pour le yen et 8,09 % pour
la livre sterling. La lutte est actuellement engagée par les USA pour conserver la part prépondérante du
dollar US dans les DTS. Cette lutte passe par la préservation et/ou l’acquisition d’actifs tangibles tels que
l’or, le pétrole, les terres rares… ; les pays détenteurs de tels biens (le Venezuela…) sont particulièrement
visés par les manœuvres militaires et paramilitaires américaines.

Fed : Federal Reserve System ‒ c’est la Banque centrale américaine créée, en décembre 1913, par le
Federal Reserve Act (dit aussi Owen Glass Act). Cette loi, passée en catimini pendant les fêtes de fin
d’année, était le fruit de menées politiques de longue date des principales banques internationales pour
établir un contrôle centralisé sur la monnaie américaine. Ce contrôle s’est finalement matérialisé par la loi de
1913 qui a été préparée, en secret, sur l’île de Jekyll Island par une petite coterie de banquiers influents et
d’hommes politiques à leur solde. Pour l’essentiel, cette clique se composait :
• du sénateur Aldrich, qui entretenait des relations d’affaires avec J-P Morgan, lequel était le beau-
père de John D. Rockfeller fils,
• de l’assistant du secrétaire au Trésor US Abraham Piat Andrews,
• du président de la National Bank of New York (alors la plus puissante banque américaine), Frank
Vanderlip. Cette banque représentait les intérêts financiers de William Rockfeller et de la société
d’investissement internationale Kuhn & Loeb Company,
• du principal associé de J-P Morgan Company (Henry Davison),
• du président de la First National Bank of New York (Charles Norton),
• du directeur général de la J-P Morgan’s Bankers Trust Company, Benjamin Strong (qui devint PDG
trois ans plus tard), et enfin
• de Paul Warburg (allemand naturalisé américain, partenaire de la Kuhn & Loeb Company ; il
représentait également la dynastie bancaire Rothschild en Angleterre et en France).

FMI : Fond Monétaire International ‒ institution financière internationale née en 1944 des accords de Bretton
Woods. Cette organisation a pour vocation d’assurer la stabilité du système monétaire international et d’en
gérer les éventuelles crises. Elle est à l’origine de la création, en 1969, des DTS, panier de monnaies, que
Keynes appelait de ses vœux à Bretton Woods sous le nom de Bancor.
Comme toutes les institutions financières internationales, le FMI a pour vocation de déposséder les États de
leur gestion souveraine des monnaies et de centraliser, au niveau mondial, la gestion monétaire et financière
dans les mains privées des banquiers.

fonds vautour : fonds d’investissements spéculatifs spécialisés dans l’achat à bas prix de dettes (dettes
d’entreprise ou dettes souveraines) émises par des débiteurs en difficulté ou proche du défaut de paiement.
Ils réalisent une plus-value soit au moment de la restructuration de la dette, soit en refusant ladite
restructuration et en obtenant une décision de justice imposant le remboursement de leur créance à une
valeur proche de la valeur nominale à laquelle s’ajoutent d’éventuels intérêts de retard. Leur stratégie est de
parier sur le défaut du débiteur (emprunteur) pour ensuite récupérer un maximum d’argent lors dudit défaut.
Les rendements obtenus vont de 300 à 2000 %.
L’autorisation (la légalité) de tels fonds est due au vaste mouvement de dérégulation résultant du fait que
ceux qui sont à l’initiative des lois (principaux propriétaires de capitaux) sont à la fois juges et parties dans le
processus normatif. Le terme de loi est dès lors subverti. La dérégulation financière est une vaste
escroquerie politique résultant d’une corruption totale des instances politiques.

Franc CFA : Franc de la Communauté Financière Africaine ‒ le Franc CFA est né en 1945. Il fait partie
intégrante de la « zone franc » créée au sortir de la 2 de Guerre Mondiale sur le modèle de la zone livre
sterling.
Le Franc CFA est le nom de deux monnaies communes héritées de la colonisation française utilisées par 14
pays d’Afrique. Ces deux monnaies sont :
- le Franc de la Communauté Financière en Afrique : émis par la Banque centrale des États de
l’Afrique de l’Ouest pour les huit États de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Bénin,
Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo)
- le Franc de la Coopération Financière en Afrique centrale : émis par la Banque des États de
l’Afrique centrale pour les six États membres de le Communauté Économique et Monétaire de
l’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République Centrafricaine et
Tchad).
Le Franc CFA est arrimé à l’euro selon une parité fixe garantie par la Banque de France. Les pays de la
zone Franc ont l’obligation de déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français sur un compte
rémunéré. Les billets de Franc CFA sont imprimés en France. Ce système permet des transferts de capitaux
libres et gratuits à l’intérieur de la zone monétaire. Ce système monétaire est une mise en application du
principe de libre-échange et, en particulier, de la liberté de circulation des capitaux.

Glass Steagall Act (1933) ou Banking Act : loi du Congrès américain votée sous une majorité démocrate
et signé par le président Franklin D. Roosevelt. Le vote de cette loi fait suite à la panique bancaire et
financière de 1929 ; elle avait pour vocation d’éviter le renouvellement d’une telle catastrophe. Cette loi
instaure :
- l’incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d’investissement,
- le système fédéral d’assurance des dépôts bancaires,
- le plafonnement des taux d’intérêts sur les dépôts bancaires.
Ces principes de saine gestion financière ont été battus en brèche (largement contournés par l’ensemble de
la profession bancaire) aux USA, depuis le milieu des année 1970. Cette loi a finalement été abrogée le 12
novembre 1999 sous l’administration Clinton par le Financial Services Modernisation Act, juste à temps pour
permettre la fusion de la banque Citigroup.

Hedge Funds : les Hedge Funds sont des fonds spéculatifs32 ; aussi appelés « fonds alternatifs », « fonds
de couverture » ou « fonds d’arbitrage ». Ils sont avec le Private Equity et « l’investissement immobilier » l’un
des trois piliers de la gestion financière alternative. Ces fonds sont soumis à moins de régulation que les
fonds d’investissement traditionnels et que les fonds d’assurance ou de pension. Ces fonds investissent eux-
mêmes dans d’autres fonds de même nature. Ils investissent dans tous types d’actifs, œuvres d’art, matières
premières, monnaies… Ils sont gérés par des gestionnaires qui détiennent en général une part importante,
voire prépondérante, du fonds. Ils spéculent sur l’évolution des marchés avec trois outils principaux :
- la vente à découvert (short selling) : consiste à vendre un actif prêté (c’est-à-dire que vous ne
détenez pas) dans le but de le racheter plus tard à un prix inférieur afin de le rendre au propriétaire
ayant prêté le titre. Elle a un coût car il faut rémunérer le prêteur et les contraintes de liquidités sont
importantes.
- l’arbitrage : opération financière destinée à assurer de manière certaine un gain positif ou nul en
profitant d’écarts de prix temporaires et injustifiés, constatés entre différents titres ou contrats.
- l’effet de levier : technique destinée à multiplier les profits et les pertes au moyen de
l’endettement, de l’achat d’actifs à long terme, de l’achat de produits dérivés (tels que les
warrants).
Les clients qui investissent dans les Hedge Funds sont des personnes privées très riches (le ticket d’entrée
est à environ 500 000 dollars), des banques, des institutions financières, des fonds de pension...

in fine : locution latine signifiant « en fin de compte ».

IOR : Institut des Œuvres Religieuses ‒ institution financière dotée de la personnalité juridique (ce qui ne
manque pas de rappeler la BRI et, plus récemment, le MES), aussi appelée « Banque du Vatican », elle est
la principale institution financière du Saint-Siège. L’IOR a été formellement fondée le 27 juin 1942 (l’Italie
étant alors sous occupation allemande) par le pape Pie XII. Les fonds initialement gérés par cette
« banque » proviennent des sommes versées au pape par Mussolini en 1929 en dédommagement de la
perte ‒ en 1870 ! ‒ des États Pontificaux. Notons que ce « dédommagement financier », qui résulte des
accords de Latran de 1929, avait, dans un premier temps, été géré par des banques anglo-saxonnes. Un
nombre considérable de scandales financiers ont émaillé l’histoire de l’IOR, qui est né sous des auspices
extrêmement temporels, pour ne pas dire matérialistes… On est, avec l’IOR, loin de toute quête spirituelle,
et très proche d’un système de manipulations financières fondées sur la corruption.

Libra : monnaie totalement dématérialisée initiée par l’entreprise Facebook prévoyant a priori la participation
d’autres multinationales de nature globale (Amazon, Microsoft, Google…). Facebook est aujourd’hui en
pourparlers avec la BRI à propos de cette « nouvelle monnaie » qui s’apparente à une cryptomonnaie. Cette
« monnaie », d’ores et déjà prévue pour être un panier de monnaies, sera gérée par une fondation sans but
lucratif située à Genève 33). Cette « monnaie nouvelle norme » sera donc, sur le modèle de l’organisation
32 Cf. https://gestion-de-patrimoine.ooreka.fr/astuce/voir/423929/hedge-funds
33 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Diem_(cryptomonnaie)
émettrice des règles comptables internationales (normes IFRS produites par l’IASB 34) sous l’entier contrôle
d’intérêts privés coalisés, plus ou moins ouvertement anonymes et, selon la méthode anglo-saxonne, cachés
sous les oripeaux fallacieux de l’absence d’intérêts lucratifs.
Il faut faire le lien entre la méthode de gestion de cette nouvelle « monnaie » et l’actuelle édiction des
normes monétaires et financières par les intérêts privés réunis à la BRI. Le contrôle de cette monnaie privée
échappera totalement à ses usagers ainsi qu’aux États, de la même façon que les normes comptables
internationales et que les institutions financières actuelles leur échappent déjà. Nous assistons, avec la
Libra, à l’achèvement de la mainmise des intérêts privés capitalistiques sur la gestion de la vie des individus,
c’est-à-dire à la disparition définitive des notions d’intérêt commun, de politique et de démocratie (thème
historiquement et fallacieusement mis en avant par ceux-là mêmes qui cherchaient depuis toujours à
prendre un pouvoir absolu, c’est-à-dire débarrassé de tout contre-pouvoir). La Libra est, très probablement,
lancée en tant que ballon d’essai permettant de tester en grandeur nature la technique (capacité, limites,
etc.) qui sera utilisée pour la circulation de la monnaie mondiale (DTS) gérée par les banquiers. La Libra a
été rebaptisée Diem en 2020.

LBO : Leverage Buy-Out ‒ montage juridico-financier consistant à créer une société mère ou holding qui
rachètera une autre entreprise (rentable) au moyen d’un endettement bancaire maximum . La société cible
(celle qui est « rachetée ») financera elle-même son rachat en remboursant, par la remontée des dividendes,
les intérêts bancaires dus par la holding de rachat. Il s’agit d’une technique de pure prédation et de
concentration des entreprises dans laquelle les banquiers agissent de concert avec les prédateurs
capitalistiques en les finançant et en les conseillant. Ces opérations sont adossées à la finance dite de
Private Equity Les fonds de Private Equity investissent dans un montage juridique consistant à créer un
groupe de sociétés ; le montant des investissements en Private Equity servant de garantie à la banque qui
octroiera ainsi aisément le prêt ; la banque prêteuse pouvant avoir des intérêts dans le fonds de Private
Equity qui investit dans le montage juridique.

libre-échange : le principe dit de libre-échange, aujourd’hui à portée mondiale, a été instauré , en France,
en 1791 (au moment de la Révolution de 1789) par les lois D’Allarde et Le Chapelier. Il est institutionnalisé
aujourd’hui par l’OMC. Concrètement, il vise, techniquement, au niveau international, à abolir les « barrières
douanières et réglementaires » entre les États de façon à donner l’entier contrôle du commerce international
(qui se traduit par la totale liberté des flux de marchandises, de capitaux, d’entreprises et d’humains) aux
multinationales, qui en sont les principaux acteurs.

ligue hanséatique : au Moyen-Âge il s’agit d’une association politique des villes du nord de l’Europe ayant
adhéré à la Ligue marchande de la Hanse. La Hanse, germanique ou teutonique, était située sur le pourtour
de la mer Baltique et de la mer du Nord. Le terme allemand de « hanse », ou « guilde » en français, désigne
initialement une association de marchands ou d’artisans exerçant la même profession.

loi Le Chapelier (14 et 17 juin 1791) : cette loi, votée les 14 et 17 juin 1791 à l’initiative d’Isaac Le
Chapelier, fait suite au décret D’Allarde des 2 et 17 mars 1791. Cette loi interdit les groupements
professionnels (Corporations de métiers de l’Ancien Régime), les organisations ouvrières et les
rassemblements d’ouvriers et de paysans ainsi que le compagnonnage. Notons que, par asymétrie de
principe chère aux banquiers-commerçants, cette loi n’a jamais interdit les rassemblements de patrons et
autres fournisseurs de capitaux.
Les deux mesures phares de la Révolution de 1789, que sont le décret D’Allarde et la loi Le Chapelier, ont
créé sur le territoire français le principe nouveau du « libre-échange » alors appelé « liberté du commerce » ;
c’est-à-dire liberté d’accès au commerce, qui suppose, notamment, la fin de ce que nous appelons
aujourd’hui « les barrières réglementaires ». Notons que la fin des barrières réglementaires est précisément
l’objet poursuivi, au niveau mondial, par l’OMC.

mantra : en hindouisme ou en bouddhisme, syllabe ou phrase dotée d’un pouvoir spirituel. Par extension, le
terme mantra est utilisé hors bouddhisme ou hindouisme pour désigner des syllabes ou des phrases que la
doxa politico-économique actuellement au pouvoir a élevées au rang symbolique de « pouvoir spirituel »
sans spiritualité.

MES : dispositif financier mis en place par et pour les États membres de la zone euro en réponse à la
« crise » de la dette publique. Au sein du « Pacte budgétaire », il remplace, depuis le 1er juillet 2012, les
MESF (Mécanisme Européen de Stabilité Financière) et FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière). Le

34 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Accounting_Standards_Board
Traité instituant le MES, entré par effraction dans « l’ordre juridique européen », crée une nouvelle institution
financière internationale, dotée de la personnalité juridique et habilitée à lever des fonds (jusqu’à
700 milliards d’euros) sur les marchés financiers afin :
‒ « d’aider » ‒ sous condition de cessions d’actifs publics ! ‒ les États en difficulté et
‒ de sauver certains établissements bancaires privés en péril.
Ce fond, entré en vigueur le 27 septembre 2012, est dirigé par un Allemand (Klaus Regling) depuis le
8 octobre 2012.
Il va sans dire que ce fonds est abondé par les principaux États membres qui, comme la France, doivent
eux-mêmes s’endetter sur les marché pour fournir leur part. Il s’agit, comme d’habitude en matière
financière, d’un mécanisme subtil permettant de faire peser sur les ressortissants des États membres les
pertes financières tandis que les principales banques prêteuses s’enrichissent du même montant  : un
système de vases communicants qui permet, sur le modèle de l’alchimie, de transformer les richesses
publiques en richesses privées.

monopole : situation économique dans laquelle, sur un marché particulier, un acteur économique est en
position d’exclusivité sur la vente d’un bien ou sur la fourniture d’un service face à une multitude
d’acquéreurs potentiels. Le monopole est la situation opposée à celle de la libre concurrence.

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique ‒ l’OCDE a succédé à


« l’Organisation Européenne de Développement Économique » dont le rôle était d’assurer la mise en œuvre
et la répartition en Europe du plan Marshall.
L’OCDE est aujourd’hui une organisation internationale chargée d’élaborer des études à vocation
économique ainsi que de proposer des modèles de Traités internationaux, en particulier en matière fiscale
(pour lutter, par exemple, contre les doubles impositions). Elle est également chargée d’assurer la
coordination économique des différents pays du monde, par exemple en matière de prix de transfert,
d’évasion fiscale (l’OCDE a piloté la mise en place, au niveau international, des conventions d’assistance
administrative mutuelle), etc. Il faut préciser que bien plus que la lutte véritable contre l’évasion fiscale (voire
les listes noire et grise), l’OCDE est chargée de suivre les techniques utilisées pour l’évasion fiscale et de
proposer un semblant de lutte en s’abstenant de mettre en lumière et en cause :
‒ les véritables techniques utilisées par et pour l’évasion fiscale ;
‒ les véritables enjeux politiques et géopolitiques des paradis fiscaux en termes de pouvoir ; enjeux
qui s’apprécient sur la longue durée.
Les études de l’OCDE :
‒ sont couramment relayées par des organismes privés à vocation globale telle que les «  Fat Four »
et autres cabinets d’avocats et de conseils à vocation supranationale ;
‒ impliquent, pour leur élaboration, la participation active des multinationales et grosses PME à
implantation géographique multiple.
En tant que pilier de la politique globaliste, l’OCDE est chargée de préparer la mise en place d’une politique
économique mondiale par la création de normes homogènes à travers tous les continents et sur tous les
pays. L’OCDE est par exemple impliquée dans les travaux menés depuis dix ans pour aboutir à la création
d’un impôt sur les sociétés unifié au niveau européen. L’OCDE est un acteur clef de la politique économique
qui s’élabore peu à peu au niveau international et qui aboutira à la création du futur gouvernement mondial.

oligopole : situation économique dans laquelle un très petit nombre d’entreprises (acteurs économiques) ont
le monopole de la fourniture d’un service ou de la vente d’un bien face à une multitude d’acquéreurs
potentiels. L’oligopole fait obstacle à la liberté de concurrence sur un marché déterminé.

OIC : Organisation Internationale du Commerce ‒ C’est la première ébauche, incomplète, de ce qui


deviendra l’OMC. Créée par la Charte de la Havane de mars 1948, l’OIC était une organisation dépendante
de l’ONU chargée de compléter, au niveau commercial, les institutions financières internationales créées par
les accords de Bretton Woods. Notons que, contrairement à l’actuelle OMC, l’OIC laissait aux États une
assez large capacité à déterminer leurs propres objectifs économiques et sociaux. Le refus du Sénat
américain de ratifier la Charte a conduit les États signataires à se rabattre, en matière commerciale, sur les
cycles de négociation du GATT (Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce).
Derrière l’objectif officiel (hautement claironné) de la coordination internationale des politiques commerciales,
les initiateurs de l’ordre de l’après 2 de Guerre Mondiale poursuivaient l’objectif de développer et de
généraliser le principe de libre-échange ; ce qui suppose la disparition des barrières douanières et
réglementaires permettant de réguler le commerce international en protégeant les intérêts nationaux des
États. Ce principe dit de « libre-échange » ou de « liberté du commerce », qui bénéficie aux seules
multinationales, suppose, à terme, la disparition pure et simple des États politiques. Un pas supplémentaire
sera fait dans cette direction par la création, plusieurs décennies plus tard, de l’OMC.

OMC : Organisation Mondiale du Commerce ‒ issue des accords de l’OMC négociés signés en avril 1994 à
Marrakech dans le cadre des négociations du GATT, l’OMC est entrée en vigueur en janvier 1995. L’OMC,
qui n’est pas une agence de l’ONU, entretient néanmoins des liens étroits avec cette dernière. Le siège de
l’OMC est situé en Suisse, à Genève, au centre William Rappard.
Cette organisation est dotée d’un Organe de Règlement des Différends qui lui permet, sur le modèle de
l’arbitrage, de sanctionner financièrement les États membres qui porteraient préjudice à la liberté
d’investissement des multinationales, par exemple en raison de l’édiction de normes protectrices des
consommateurs d’un bien ou des usagers d’un service. Ce système de règlement des différends s’apparente
à l’organisation institutionnelle d’une justice ‒ de nature privée et relevant d’un ordre supérieur aux justices
étatiques ‒ chargée d’assurer, au niveau international, la prééminence des intérêts privés des
multinationales sur les intérêts collectifs des ressortissants des États. L’OMC organise ainsi, de façon
ouvertement asymétrique, la prééminence des multinationales sur les États.
À l’origine des nombreux traités bi- et multilatéraux signés dans le monde en matière commerciale (dont le
CETA…), l’OMC est le pilier du système commercial international chargé de mettre en place la totale
libéralisation des échanges par la disparition des « barrières non tarifaires » c’est-à-dire par la disparition
des règlements étatiques.
D’un point de vue politique, l’OMC s’inscrit dans l’ordre international ‒ initié par la BRI puis par les accords
de Bretton Woods ‒ qui consiste à œuvrer à la disparition institutionnelle des États de façon à imposer,
silencieusement, un futur gouvernement mondial ; gouvernement mondial que tout le monde appellera de
ses vœux afin de résoudre et de supprimer les excès du commerce. Autrement dit, l’OMC s’inscrit dans la
stratégie des mondialistes (c’est-à-dire des principaux propriétaires de capitaux, les « banquiers-
commerçants » ayant la City of London et les paradis fiscaux comme Quartier Général) consistant à créer un
problème, en organisant la disparition des États-nations, de façon à, ensuite, apporter la solution préparée
d’avance par leurs soins, consistant en la création d’un gouvernement mondial régulateur qu’ils contrôleront
totalement ; les concepts de liberté individuelle et collective et de démocratie tombant ainsi dans les
oubliettes de l’histoire.

OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ‒ issu d’un Traité signé le 4 avril 1949, l’OTAN est une
organisation politico-militaire mise en place à l’initiative des États-Unis dans l’objectif officiel d’assurer la
sécurité et la coordination militaire des pays dits de l’Ouest. Cette organisation, dirigée par les Américains,
remplit la double mission consistant à assurer la sécurité et le contrôle politique des pays d’Europe face à
« la menace communiste ». Souvent présentée comme le pendant du Pacte de Varsovie, l’OTAN est en
réalité antérieure à ce dernier, qui a été créé, sur initiative soviétique, en réaction à l’OTAN.
Ce traité est actuellement décrié à plus d’un titre :
‒ comme consistant, pour les États-Unis, à assurer la domination politique des pays européens aux
propres faits de ces derniers ;
‒ en raison des armées secrètes de l’OTAN, les réseaux Stay-Behind (dénoncés par le juge italien
Fernandino Imposimato, aujourd’hui décédé ; les armées secrètes ont été documentées par le
travail de l’universitaire suisse Daniele Ganser), dont la direction, fondée sur la corruption de
certains hommes politiques, échappe largement à l’organisation politique des États européens. Les
réseaux Stay-Behind ont été mis en place en Europe, dès la 2 de Guerre Mondiale, par les agents
secrets anglo-américains.

Paradis Fiscaux (Tax Heaven) : indépendamment des multiples subtilités de définition qui sont fonction des
organismes émetteurs, et sans entrer dans le détail des critères édictés par l’OCDE, les paradis fiscaux sont,
grosso modo, des places juridiques et financières dans lesquelles la fiscalité se situe à un taux extrêmement
bas ‒ voire inexistant ‒ dans le même temps que les bénéficiaires des capitaux qui y sont hébergés sont
rendus anonymes au moyen de différents montages juridiques et fiscaux.

PME : Petites et Moyennes Entreprises. Le terme PME est utilisé afin de faire une distinction claire entre les
acteurs économiques de moyenne taille, plus ou moins géographiquement localisés et localisables, et les
multinationales, groupes de sociétés qui opèrent, directement ou indirectement, dans tous les pays, ou dans
la plupart d’entre eux, et dont les intérêts capitalistiques sont essentiellement apatrides.

Private Equity : Fonds propres privés ‒ il s’agit de fonds de capital-investissement ou de capital-risque. Ces
fonds investissent, en capital ou en fonds propres, dans des sociétés non cotées en bourse. Ils peuvent
intervenir au moment de la création de l’entreprise mais aussi au cours de la vie de cette dernière en
achetant des titres. Ces investisseurs sont partie prenante au capital et peuvent donc décider de ‒ ou influer
sur ‒ la politique ou les stratégies qui seront mises en œuvre par le dirigeant de l’entreprise. Le dirigeant qui
souhaite rester le « maître à bord » de son entreprise doit donc prévoir, dès le départ ou le plus tôt possible,
les modalités de sortie du capital de ces investisseurs.

Produit dérivé (ou contrat dérivé) : il s’agit d’un instrument financier (IFRS 9 depuis le 1 er janvier 2018,
anciennement IAS 39) dont la valeur fluctue en fonction du taux ou du prix d’un autre produit appelé «  sous-
jacent ». Un « produit dérivé » permet aux investisseurs de spéculer sur un actif sans être propriétaire de la
valeur négociée, c’est-à-dire sans être impactés par les fluctuations de la valeur de l’actif sous-jacent.

QE : Quantitative Easing ou assouplissement quantitatif ‒ politique monétaire non conventionnelle


consistant, pour une Banque centrale, à racheter massivement des titres de dettes (bon s du trésor,
obligations d’entreprises, ou même, des titres adossés à des actifs tels que les titres hypothécaires) aux
acteurs financiers. Derrière l’effet d’annonce consistant à dire que le QE a pour objet de favoriser l’activité de
prêt des banques auprès des particuliers et des entreprises, ces opérations dérogatoires des Banques
centrales sont surtout utilisées pour renflouer des acteurs financiers majeurs en grande difficulté. Les QE
pallient les effets du ralentissement ‒ ou de la disparition ‒ des refinancements bancaires par les prêts
interbancaires. Il faut encore préciser que ce dernier problème (concernant le refinancement interbancaire) a
été largement généré par le vaste mouvement de dérégulation financière initié à partir des années 1970 : les
actifs qui circulent étant devenus, extrêmement et dans une très large mesure, douteux, les banques ‒ qui
ne font plus confiance à la solidité apparente transcrite par les bilans de ses consœurs ‒ hésitent fortement,
‒ et ce d’autant plus que leur propre solidité n’est pas acquise ‒, en période de tension financière, à se
prêter entre elles.

SEBC : Système Européen des Banques Centrales ‒ Entré en vigueur le 1er janvier 1999, le SEBC a été
décidé en vertu de la 3 e phase de l’Union Économique et Monétaire introduite en 1992 par le Traité de
Maastricht. Il est composé de la BCE (Banque Centrale Européenne) et du réseau des 28 BCN (Banques
Centrales Nationales) des États membres de l’UE. Cet organisme a pour objectif :
‒ d’assurer la stabilité des prix (éviter l’inflation est l’objectif historique de toutes les Banques
centrales afin de protéger l’érosion des capitaux cumulés) et
‒ d’améliorer la coopération monétaire et financière entre l’Eurosystème et les États membres hors
zone euro.
Le SEBC est un pas important vers le fédéralisme au sein des institutions de l’UE.
Le SEBC détermine la politique monétaire de la zone euro : la BCE exécute les décisions que les BCN
seront chargées de mettre en œuvre au niveau local (c’est-à-dire dans chaque État membre).
Le SEBC détient et gère les ressources officielles (principalement en devises, mais aussi en or) des États
membres ayant adhéré à la zone euro. L’Eurosystème qui regroupe les Banques centrales de la zone euro,
est un sous-système du SEBC. L’objectif de ses concepteurs est que tous les États membres de l’UE
adoptent, à terme, l’euro. Rappelons que l’euro est l’une des monnaies présente dans le panier de monnaies
appelé DTS lequel est, à terme, chargé de remplacer le dollar comme monnaie de référence pour les
échanges internationaux L’euro est donc partie intégrante de l’architecture monétaire internationale qui
aboutira à la création d’un futur gouvernement mondial.

SME : Système Monétaire Européen ‒ Successeur du « Serpent monétaire », le SME a été créé, à l’initiative
et selon la volonté de la France (sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing) et de l’Allemagne de
l’Ouest (sous la présidence d’Helmut Schmidt), le 13 mars 1979. Ce mécanisme était chargé de stabiliser les
monnaies européennes dans l’objectif de la création de ce qui deviendra l’euro. Il a été un pas vers le
fédéralisme en facilitant un rapprochement des politiques économiques.

Société Fabienne : La société Fabienne35 est née en Angleterre, en 1884, d’une scission au sein du groupe
appelé « compagnons de la nouvelle vie », fondé par Thomas Davidson. Elle représente le plus célèbre
groupe de pensée socialiste anglais, notamment, à l’origine de la création, en 1900, du parti travailliste
anglais et de sa transformation, en 1990, en New Labour ainsi que de la fameuse London School of
Economics. Des associés similaires existent au Canada, en Australie et en Nouvelle Zélande. Elle comporte
des branches spécifiques pour les jeunes ainsi que pour les femmes. Pour la première fois en février2007,
elle se matérialise, sous forme institutionnelle en France par la création de « l’École d’Économie de Paris »36.

35 Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabian_Society
36 Cf. https://www.alterinfo.net/La-societe-fabienne_a21104.html
Cette « société » suit de près les changements liés à la mondialisation pour les accompagner et élaborer
des politiques permettant d’accompagner « socialement » ces transformations. Elle est un outil important
dans la mise en place du futur gouvernement mondial.

Soft Law : méthode politique utilisée par les pays de droit anglo-saxon afin de créer artificiellement des
usages et des coutumes, locales ou internationales, dont la vocation, à terme, est de se transformer en droit
effectif. Il s’agit d’une méthode de manipulation des événements et des situations afin de préparer et
d’organiser la réalité juridique à venir selon les principes du droit anglo-saxon, lequel est contrôlé par les
principaux détenteurs de capitaux. L’objectif de la « soft law » est d’imposer l’utilisation du droit anglo-saxon
dans tous les pays du monde.

SPV : Special Purpose Vehicle ou Fonds Commun de Créance ‒ nom générique des véhicules de
financement créés dans le cadre des opérations de titrisation. Ces fonds (qui sont des copropriétés)
acquièrent des créances bancaires qu’elles financent en émettant des parts qui seront revendues à des
investisseurs.

sui generis : locution latine utilisée en droit signifiant « de son propre genre », cette expression est utilisée
en taxinomie juridique pour qualifier une situation n’entrant dans aucune catégorie prédéfinie.

titrisation : il s’agit d’une opération de transformation de créances bancaires en titres négociables sur les
marchés. Plus précisément, les banques cèdent leurs « crédits en cours » à des « fonds communs de
créance » qui financent l’acquisition de ces « actifs » par l’émission de titres sur le marché de capitaux. Il est
bien évident qu’au-delà d’une opération visant à acquérir des liquidités, il s’agit surtout, pour les banques
vendeuses (organisme bancaire cédant), de s’assurer de la circulation de créances douteuses, lesquelles,
mélangées de façon adéquate avec des titres viables, deviendront, en quelque sorte, blanchies de toute
suspicion d’être des actifs irrécouvrables. Les opérations de titrisation, initiées par les banques dans le cadre
de la dérégulation bancaire, ont été « couvertes », c’est-à-dire validées, par les grandes firmes de notations
qui ont octroyé de bonnes notes à des pots-pourris de créances mélangeant actifs irrécouvrables et
créances viables.

trust : structure juridique de droit anglais qui permet et organise la transmission des patrimoines ; ces
structures ont également des fonctions en termes de garantie, de protection des incapables… Notons que le
droit continental traditionnel avait, par le biais du droit civil, résolu ces différents problèmes liés au cours de
la vie des individus en développant d’autres systèmes, plus variés, et extrêmement satisfaisants en matière
de garantie, d’héritage et, plus largement, de transmission du patrimoine… Les trusts anonymes ‒ dans
lesquels les bénéficiaires ne sont pas (ou très difficilement) identifiables ‒ sont des solutions juridiques
actuellement très courues dans les paradis fiscaux et, d’une façon générale, très utilisées dans le monde de
la finance pour rendre anonymes, au niveau international, les réels détenteurs des capitaux.

UE ‒ Union Européenne : organisation à vocation politique de nature supranationale, centrée sur les
principes de liberté du commerce et du libre-échange généralisé, regroupant les pays situés sur le territoire
européen. Cette superstructure correspond au versant civil et politique de la médaille dont le versant militaire
est représenté par l’OTAN.
Initiée37 par les anciennes nations à vocation impériale (disposant de colonies) d’Europe continentale de
l’Ouest (France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Belgique…), cette organisation politique a connu, à partir de la
disparition de l’URSS, un élargissement notoire visant à inclure les pays appartenant anciennement au bloc
de l’Est.
Cette organisation agit juridiquement, sur le modèle anglo-saxon, au moyen du « lobbying » qui est la
transcription juridique, et donc la légalisation, de ce que le droit continental traditionnel appelait «  corruption
d’agents publics ». Précisons qu’en l’espèce il ne s’agit pas tant de corrompre des agents publics que
d’organiser, ab initio, les règles publiques, politiques et sociétales, en fonction des seuls intérêts bien
compris des principaux détenteurs de capitaux. Ainsi, les « agents publics » sont non seulement corrompus
mais aussi et surtout choisis, dès le départ, en fonction de leurs aptitudes à satisfaire la politique décidée par
les principaux détenteurs de capitaux.
Cette organisation internationale bafoue ouvertement et officiellement le principe de séparation des pouvoirs
pourtant désigné depuis le XVIII e siècle comme étant la substance de tout régime démocratique. Elle est
dirigée par les principaux propriétaires de capitaux, cachés derrière l’anonymat des multinationales. Cette

37 Cf. Traité de Rome de 1957 ; pour un historique des Traités, voir :


https://fr.wikipedia.org/wiki/Traité_instituant_la_Communauté_économique_européenne
évolution institutionnelle n’a été rendue possible que parce que les principaux propriétaires de capitaux
contrôlaient déjà préalablement les régimes politiques des pays européens ; concrètement, cette domination
s’est installée au moment des Révolutions du XVIIIe siècle, par l’instauration, partout en Europe ‒ à la mode
anglaise ‒ du parlementarisme dit représentatif organisé autour des partis politiques. Les institutions
européennes sont l’évolution politique logique du renversement qui a eu lieu au XVIIIe siècle lorsque la caste
des « banquiers-commerçants » a décidé de renverser, une fois pour toutes, l’ordre politique en vigueur
dans les pays européens ‒ lequel était fondé d’une part sur la religion catholique (le clergé) et d’autre par sur
la Royauté de droit divin. Initiés comme des révolutions nationales, ces renversements politiques avaient,
dès le début, vocation à devenir une norme internationale ; cette propension internationaliste se manifestant
à mesure que se renforçait le pouvoir international de ses initiateurs.
Table des matières
PROLÉGOMÈNES.................................................................................................................4
La naissance d’un nouvel acteur géopolitique : la caste des « banquiers-commerçants »
...........................................................................................................................................4
Historique...........................................................................................................................5
Le lien entre « économie » et « monnaie » est la clé de la compréhension des
évènements géopolitiques.................................................................................................6
De l’empire géographique à l’empire financiers................................................................8
Les enjeux en termes de civilisation : nomades versus sédentaires................................8
LE CONCEPT DE MONNAIE FALSIFIÉ..............................................................................10
Accaparement de l’or par les banquiers et matérialisme monétaire...............................10
Nouveau dévoiement de la « monnaie matérialiste » par l’Empire américain................11
Chute de l’Empire américain et retour à la monnaie matérialiste via les DTS................12
L’ÉCONOMIE ARTIFICIELLEMENT ORGANISÉE À DES FINS DE CONTRÔLE.............14
Les techniques de contrôle utilisées (entreprise, groupe de sociétés, trusts, droit des
affaires anglo-saxon…) : le groupe d’entreprises, nouvel acteur géopolitique...............14
Les institutions de contrôle : Bretton Woods, OMC en lieu et place de l’OIC, Clause de
règlement des différends, développement de la justice privée (arbitrage, justice
européenne).....................................................................................................................16
LA « POLITIQUE » SUBVERTIE PAR LES TENANCIERS ÉCONOMIQUES....................17
Création de multiples « États » sous dépendance capitalistique (Paradis fiscaux)........17
Apparition d’institutions sui generis, dotées des attributs diplomatiques et politiques de
l’État, sous le contrôle des seules banques (BRI, SME…).............................................18
Attaques juridiques, financières et militaires contre les États indépendants..................19
LES CAUSES, CONSÉQUENCES ET ENJEUX POLITIQUES ET CIVILISATIONNELS DE
CETTE ÉVOLUTION POLITIQUE DÉFAVORABLE AUX ÉTATS.......................................21
La cause de cette rupture ontologique : rupture institutionnelle et politique du lien entre
pouvoir et responsabilité ou « l’autoritarisme ploutocratique en lieu et place de la
démocratie »....................................................................................................................21
La conséquence de cette rupture : disparition des notions de « droit » et de « justice »
.........................................................................................................................................23
La disparition de la « justice » et le remplacement du « droit civil » par le « droit
commercial » en tant que « droit commun »...................................................................24
Perspective d’avenir : le retour de l’esclavagisme ou la reprise en main politique des
États par leurs peuples respectifs...................................................................................26
LEXIQUE..............................................................................................................................28

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