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Par Pierre Grenand,

Pierre Joubert,
Françoise Grenand
& Damien Davy
& TOPONYMES
des territoires teko & wayÃpi
Près de 600 toponymes transcrits

L
es toponymes apparaissant sur plusieurs réunions participatives se
Remarques les cartes anciennes de la Guyane sont déroulées à Cayenne et dans les
sur l’écriture correspondent à l’accumulation communautés de Camopi, permettant
des langues de noms recueillis tout au long de son de vérifier l’ensemble des données.
wayãpi et teko histoire coloniale. Les personnes qui Les contributeurs à cet effort de car-
Les langues wayãpi et teko traçaient ces cartes ne parlaient ni les tographie participative, unique pour
disposent désormais d’une langues amérindiennes ni plus tard les la Guyane, sont présentés dans la lé-
écriture basée sur l’Alphabet langues maronnes ou le créole. gende des cartes. Le financement des
Phonétique International
opérations 2009-2011 et la spatialisa-
(API). Pour permettre aux non-
Roche Assiette.© D. Davy
locuteurs de ces deux langues La tâche de l’Institut Géographique Na- tion de ces données ont été obtenus
de les prononcer correctement, tional (IGN) est de produire et d’amen- grâce à une convention de recherche
voici quelques indications des der sans cesse des cartes de l’espace entre le Parc amazonien de Guyane et
Le wayãpi et le teko sons (phonèmes) qui leur sont
géographique et politique de la France. le CNRS (OHM Oyapock).
propres.
deux langues sensiblement différentes Pour le sud de la Guyane, elle remonte
Le phonème [u] est prononcé à 1947, avec le travail pionnier de l’un Parallèlement, un jeu de cartes histo-

L
comme le ou du français "loup". de ses géographes les plus émérites, riques a pu être dressé. Les données
es Wayãpi et les Teko (anciennement nom- brésilienne, désormais bien réelle, est venue Le phonème [i], absent des
l’ingénieur Jean Hurault, qui se prit de sont issues de divers travaux ethnolo-
més Oyampi et Émérillon) sont deux peuples restreindre les activités sur la rive droite du langues européennes mais
présent dans de nombreuses passion pour le pays et ses habitants. giques (Grenand, Navet, Ouhoud-Re-
amérindiens de la grande famille tupi-guara- fleuve depuis la création au Brésil du Parque langues amérindiennes, est une noux), travaux ici compilés. Ces cartes
ni, largement répandue au Brésil. Leurs langues Nacional Montanhas do Tumucumaque ; à cela voyelle prononcée entre le i et u Depuis une quarantaine d’années, la concernent les Teko à partir de la pé-
présentent de sensibles différences phonétiques, s’ajoute le regain de l’orpaillage illégal depuis la du français.
France se veut soucieuse de rendre riode où ils commencent à peupler
lexicales et grammaticales. En 2016, la popula- fin des années 1990. Le phonème [e] est prononcé é
comme dans le français "été ". compte de la diversité nationale par- le bassin de la Camopi, et les Wayãpi
tion amérindienne de la commune de Camopi Les voyelles nasales des tout où la langue d’oil (à la base du après leur entrée en Guyane. Pour la
avoisine les 1700 personnes, toutes locutrices de La décroissance démographique et la concen- langues amérindiennes sont : français standard) n’est pas la langue période la plus ancienne, elles s’ap-
l’une ou l’autre de ces deux langues, parfois des tration de l’habitat sont des périodes révolues. [ĩ] prononcé comme dans le
historique. C’est le cas pour la Pro- puient sur les archives et les docu-
deux. L’intercompréhension se généralise. Aujourd’hui, ce vaste territoire reste parcouru français "peint", [õ] comme
dans "bon", [ã] comme dans vence, le Languedoc, la Corse, le Pays ments imprimés. Les noms de village
Le territoire des Wayãpi de Guyane et des Teko par les habitants, qui y puisent une bonne par- "banc"; [ĩ] et [ũ] sont prononcés Basque, la Bretagne, les Antilles… – noms de chefs ou de lieux-dits – sont
s’est construit, depuis deux siècles, autour du tie des ressources indispensables à leur mode de comme dans le portugais Et maintenant, la Guyane. En capitali- reproduits dans leur orthographe fran-
fleuve Oyapock et de ses affluents, dont la rivière vie. Ils sont les seuls à connaître par le détail tous "mirim" et "atum".
sant des relevés effectués depuis bien- çaise originale. Pour les périodes après
Camopi. les sauts et leurs passes, les criques, les bancs de Le teko écrit [b] se prononce
mb, comme dans de tôt cinquante ans et en effectuant, de 1830, ces documents ont pu être re-
sable, les reliefs, les layons de chasse, les zones nombreuses langues africaines. 2009 à 2011, un relevé systématique au coupés et largement complétés par
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Teko ont habité di- de collecte et de pêche, les villages anciens… Le son [ö] se prononce eu GPS, nous avons pu dresser des cartes les détenteurs de savoir wayãpi et teko
verses parties de la Guyane centrale avant de se Cette connaissance longue et intime de leur ter- comme dans le français
de la commune de Camopi compor- dont les noms figurent sur la carte.
répartir plus au sud au XXe siècle entre un groupe ritoire s’exprime dans le très grand nombre de "peur".
Les consonnes finales présentes tant près de 600 toponymes différents Tous les toponymes sont donc trans-
du Tampok (affluent du Maroni) et un groupe de toponymes dont il est maillé. en teko comme k, m, n, p, t sont transcrits dans les langues wayãpi et crits dans l’orthographe actuelle des
la Camopi. Les Wayãpi sont entrés en Guyane toutes prononcées. teko. langues wayãpi et teko.
française par les sources au début du XIXe siècle, La présentation détaillée des toponymes wayãpi Ce relevé exhaustif a été possible grâce
occupant progressivement le bassin de l’Oyapock et teko nécessiterait un livre entier. Quant aux à la forte implication et à l’impression- Concernant la Guyane, notre travail
jusqu’en aval du confluent de la Camopi. cartes historiques, elles feront ultérieurement nant travail de mémoire des popula- sur la commune de Camopi est pion-
l’objet d’un texte particulier. Nous avons choisi tions teko et wayãpi dont rendent en nier. Il devrait être suivi rapidement
L’ensemble du bassin de l’Oyapock jusqu’à ici de présenter, d’aval en amont, quelques to- partie compte les travaux sur le temps par d’autres communes comme Saint-
Canari-Zozo et celui de la Camopi jusqu’au Mont ponymes wayãpi et teko très remarquables et de long des anthropologues Pierre et Georges de l’Oyapock et Maripasoula.
Belvédère furent longtemps le domaine des présenter leur histoire. Françoise Grenand. En 2012 et 2013,
peuples Wayãpi et Teko. La frontière franco-

1
Les villages
Les toponymes de village sont sou- rare que de vieux toponymes dé- Zidock Yawapini, Roger Civette. Ça
vent construits sur le nom d’un signant des sauts ou des lieux-dits ne les empêche pas d’être aussi
arbre. Ainsi sur la Camopi, il existe aient été réappropriés, comme c’est nommés respectivement Itu wasu
les villages teko nommés Tsitonõng le cas de Masikili et de Alikoto qui (Trois Sauts), Pasisiwi (Sous l’arbre
(Citron), Titikö (Canari-macaque), apparaissent sur la Carte de Audif- goupi) ou Tsala itu (Saut du grand-
sur le moyen Oyapock les villages frédy (1763), donc antérieurement père Tsala). Le créole, autre langue
Maripa, Mombin… Dans le pays à l’arrivée des Wayãpi dans le bassin parlée sur l’Oyapock, a lui aussi
wayãpi du Haut-Oyapock, on ren- de l’Oyapock. laissé son contingent de toponymes
contrera le village Yululuwi (sous Les villages peuvent également être (Dégrad Saint-Pierre sur la Camopi).
l’arbre bois-ara, Parkia pendula)… nommés du nom de leurs fonda- Au final, on peut se retrouver avec
Cette façon de nommer les villages teurs, manière très ancienne de des lieux nommés dans ces trois
se trouvant sur les très anciennes leur rendre hommage. C’est le cas langues, chaque nom pouvant avoir,
cartes, laisse à penser qu’elle exis- des villages Roger, Zidock ou encore ou non, la même signification.
tait déjà chez les peuples de la ré- Civette qui portent le nom des chefs
gion aujourd’hui éteints. Il n’est pas qui les ont fondés, Roger Kamala,

pourquoi
Carte de la rivière d’Oyapock, chevalier D’Audiffredy, 1763.

Les cours d’eau et les sauts


et comment nommer ? Les cours d’eau principaux du sont presque tous nommés
bassin de l’Oyapock étaient avec le suffixe -li en wayãpi
Vue aérienne du bourg de Camopi. ©G. Feuillet / PAG déjà nommés dès la pénétra- et tiãkã en teko signifiant

L
tion des premiers Européens. rivière, affluent ou crique se-
a toponymie d’un territoire reflète l’impor- vant être considérées comme des nébuleuses Ainsi l’Oyapock et la Camopi lon l’appellation guyanaise,
tance de l’appropriation de son environ- d’aires de parcours, reliées entre elles par les apparaissent dès la fin du XVIe comme Tuyukumuli (Crique
nement par une société. Aussi n’est-il pas chemins des hommes (pe) et les cours d’eau na- siècle pour le premier et à la des feuilles pourries), Pekea-
étonnant que la rivière Camopi, territoire teko, turels (li/tiãkã). fin du XVIIe pour le second. li (Crique de l’arbre pekea),
Leurs noms seront utilisés Kulumulili (Crique des bam-
possède plus de 150 toponymes : sauts, criques, On remarquera assez rapidement que les eaux avec des variantes proches bous), Mãndo tiãkã (Crique
courants, anciens villages, lieux-dits souvenirs vives, fleuve, rivières et ruisseaux, sont beau- jusqu’à nos jours. Sikini, Yawe, de Mado), Alat tiãkã (Crique
d’événements historiques ou anecdotiques. Car coup plus riches de toponymes que la grande Yarupi et Mutula sont autant du ara rouge)…
exploiter son territoire, c’est savoir le parcourir et forêt. On peut penser que, pour cette partie d’exemples qui apparaissent Les sauts (itu dans les deux
dès le milieu du XVIIIe siècle. langues) sont construits de la
le connaître. Le connaître, c’est tout simplement de la Guyane tout du moins, l’absence presque Les cours d’eau secondaires, même façon : on trouve ainsi
le nommer. Voilà le seul moyen de l’inscrire dans absolue de larges horizons ou de points de vue linéaires structurant vérita- le long de l’Oyapock ou de la
la durée, de rendre compte de son histoire, de remarquables a participé à la structuration d’une blement leur territoire, ont Camopi des noms comme  :
permettre aux assises du passé de vivifier le pré- perception linéaire du territoire. Ainsi, les layons été majoritairement renom- Uluku itu (Saut roucou),
més dans les années 1830, dzawat pitãng a itu (Saut tigre
sent. Dans le contexte actuel où il existe de nom- de chasse sont très souvent nommés par la cri- avec l’avancée progressive rouge : puma), Paila itu (Saut
breux enjeux liés à la terre et à la langue, reven- que ou le criquot desquels ils sont voisins. des Teko et des Wayãpi. Ils de l’arc)…
diquer la richesse toponymique de son territoire
représente tout simplement un véritable acte de Dans cette grande diversité de milieux, chaque
vie politique et culturelle. toponyme est ainsi la marque de la connais- Des noms liés à la nature
sance intime de ce territoire par ses habitants.
Les Wayãpi et les Teko définissent trois grandes Sans surprise, ce sont les régions les plus péri- La grande majorité des noms Néanmoins la référence à la
évoqués ci-dessus fait réfé- flore et à la faune relève de
catégories permettant de rendre compte de leur phériques aux territoires parcourus qui sont les rence au monde naturel, qu’il circonstances variables. Pour
espace de vie : moins couvertes de noms. soit végétal ou animal, mon- la flore, il s’agit le plus sou-
• Le village (taa), Cette toponymie en lignes et en points remar- trant l’importance du milieu vent de points de repère re-
• Les zones défrichées périphériques comme quables (et non pas en zone ou en aires) figure pour les Teko et les Wayãpi,
mais surtout la connaissance
marquables dans le paysage.
Les nombreux Kulũbuli itu/Ku-
les abattis (koo/ko) ou les anciens abattis bien sûr les moyens de se repérer spatialement. fine qu’ils en ont. Rappelons lumuli itu sont des sauts mar-
(koke/tapelet), Mais elle va bien au-delà : elle dessine toute une simplement que ces derniers qués par des peuplements de
• Les zones de parcours quotidiennes ou épi- géographie mythique et culturelle du territoire, nomment 1200 taxons vé- bambous à crochets, faciles à
sodiques au sein de la forêt (ka’a), celle-ci et témoigne, au moins partiellement, d’une his- gétaux, utilisent 272  plantes visualiser. D’autres combinent
médicinales, ainsi que plus de flore et faune comme sur la
constituant une mosaïque de milieux éga- toire antérieure à leur arrivée, dont les Wayãpi 200 plantes à usage technique Camopi, le lieu-dit Bodjuhu
lement nommés. et les Teko ont conscience d’être les dépositaires dont 57 pour la seule activité lapat, « Roseaux à flèche de
Ce sont des zones emboîtées, de la plus huma- pour les temps présents et les relais pour les de vannerie. l’anaconda ».
nisée (le village) à la plus sauvage (la forêt), pou- temps futurs.

2 3
…aux épisodes historiques
La toponymie témoigne également par leurs parents et grands-parents naires à l’époque où ils parcou-
d’épisodes historiques récents, et la et inscrite dans les toponymes. raient ce fleuve entre les missions
rivière Camopi en est tout particu- de Saint-Paul et de Sainte-Foy à la
lièrement parsemée. La toponymie actuelle, nous l’avons recherche d’âmes à convertir…
Elle garde en mémoire la première montré, garde aussi en mémoire
ruée vers l’or datant de la fin du des couches d’occupation terri- Sur l’Oyapock, le toponyme Kei-
XIXe siècle jusqu’avant la Seconde toriale bien plus anciennes, anté- mukwale (antre de l’anaconda
guerre mondiale. À cette époque, rieures à l’arrivée des Wayãpi et des mythique à qui les oiseaux prirent
cette rivière était continuellement Teko dans la région, ce qui prouve à leurs couleurs), témoigne lui aussi
parcourue par des Créoles, des la fois leur fusion avec les anciens d’une occupation amérindienne
Saramaka et quelques aventuriers occupants de la région, et l’exis- plus ancienne que celle des deux
européens. Ainsi, on rencontre la tence de relations politico-cultu- sociétés actuelles, de langue tu-
crique Jalbot, du nom d’un orpail- relles sur des territoires immenses. pi-guarani.
leur de cette époque, le dégrad On retrouve des toponymes té- En effet, le mot keimu provient du
Saint-Pierre, du nom d’un orpailleur moignant de l’activité mission- groupe linguistique karib (auquel
venant de cette ville martiniquaise, naire ancienne dans l’Oyapock appartiennent les peuples contem-
ou bien le joli nom évocateur de au XVIIIe siècle : ainsi le lieu-dit porains Kali’na et Wayana) : il dé-
« Roche Habillé des dames », belle contemporain de Saint-Soi est la rive du terme kali’na okoyumo ou
roche plate (Takulu tape en teko) où déformation de Notre-Dame de wayana okoyu imë et serait passé
les femmes s’arrêtaient pour se pa- Sainte-Foy, nom de la mission jé- dans la langue wayãpi d’aujourd’hui
rer de leurs plus beaux atours avant suite dont l’implantation principale par l’intermédiaire des Piriu ayant
d’aller danser au casino (salle de se situait au niveau de l’actuelle vécu sur l’Oyapock jusqu’au début
bal) du village d’orpailleurs de Ca- gendarmerie de Camopi, l’église se du XIXe siècle, groupe tupi-guarani
mopi (situé bien plus en amont que trouvant à l’emplacement du grand qui parlait aussi le galibi véhicu-
l’actuel bourg amérindien). fromager du haut du bourg. laire (ancien nom du kali’na) dont
La mémoire des Teko contempo- Plus en aval, la « Roche Mon Père » l’usage avait été diffusé par les
Anaconda. © G. Kleitz/PAG rains est ainsi dépositaire de cette a été ainsi nommée en souvenir du Pères Jésuites.
période aujourd’hui révolue, contée lieu de pique-nique des mission-

Des lieux légendaires…


Une grande partie de la topony- même, l’Oyapock est parsemé de des origines à nos jours dans cet
mie tire également son origine lieux où des épisodes mythiques se environnement qu’ils connaissent
d’épisodes légendaires incluant en sont déroulés, comme par exemple et parcourent depuis des siècles.
particulier les antres d’animaux Wilapolaytawe, l’endroit où les oi- Cette géographie mythique et ma-
fabuleux. Ces termes, stables sur seaux ont dansé après avoir obtenu gique demeure vivante dans la pen-
le temps long puisqu’on les trouve leurs couleurs, qui apparaît déjà sur sée des Wayãpi et des Teko qui en
déjà dans les textes anciens, consti- des cartes du milieu du XVIIIe siècle, sont les dépositaires. Les Wayãpi
tuent un maillage structurant du ou encore les deux sauts Masala, ne racontent-ils pas que le cours
territoire. Ainsi les Teko connaissent « gouffre », éloignés de 35 km qui rectiligne de l’Oyapock fut créé par
sur la Camopi un lieu nommé Bo- communiquent par un tunnel sou- le martin-pêcheur (yawasi) ? Puis
djuju namitsila, « Anaconda cor- terrain par où circulerait un ana- l’anaconda (moyu), en avançant
nu », créature extraordinaire et conda géant (moyu wasu). tout doucement, en façonna les
dangereuse, déjà indiqué par le En parcourant l’Oyapock et ses af- méandres que l’eau de pluie em-
voyageur Patris en 1761. Une île fluents, c’est toute une géographie plissait tout suivant. Enfin, il revint
rocheuse de cette même rivière historique et mythique qui peut au poisson goret (mili) d’en creuser
est appelée Wakula dzawat « En- ainsi être esquissée. Les peuples les longs biefs (les « pointes » en
goulevent-jaguar », monstre qui vivant ou ayant vécu le long de ces créole).
dévore ceux qui le nomment. De cours d’eau ont inscrit leur histoire

Roche Canari zozo.© D. Davy.

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6 7
Kumalawa itu
Ce saut important est mentionné sur la carte
des exemples d’Audiffrédy de 1763. Ce sont les ancêtres
qui lui ont donné ce nom dont on ne connaît
sur le Fleuve Oyapock pas la signification.
Wilatuluake (Roche Canari zozo)
Le toponyme créole signifie «Poterie de Meikolo yuka’e
l’oiseau» et renvoie à son nom wayãpi, C’est la passe principale du saut Kumalawa,
wilatuluake, «Ancienne poterie des « Là où les Noirs ont tué ». Ce nom
oiseaux». Son second nom est Wilakawawe, commémore l’assassinat, sur la grande
« Là où les oiseaux ont bu ». Les Wayãpi roche de la rive gauche, du grand chef
racontent comment un couple de colibris wayãpi Waninika par des Boni en 1842. Cet
Zoom 2
en parade nuptiale réussit à tuer un événement prend place dans une suite de
Alikoto itu
anaconda géant, ce qui permit aux oiseaux tensions importantes dans la colonie. Fuyant
Ce serait un esprit qui aurait donné son nom
de se peindre avec ses excréments irisés. les exactions des Ndjuka sur le Maroni,
au saut. Il est déjà mentionné sur la carte
Tous noirs dans les temps mythiques, les des Boni, traversant la Guyane vers l’est,
d’Audiffrédy de 1763 qui le décrit comme « long
oiseaux doivent leurs magnifiques couleurs tentèrent de s’implanter dans l’Oyapock.
d’environ 800 pieds et à peu près 10 pieds de
à l’anaconda. Après s’être peints, les oiseaux 1 En 1841, eut lieu à Cafésoca le massacre
chutes ». Depuis 1830, de nombreux villages
burent le cachiri contenu dans cette poterie, par la troupe française d’un groupe de
wayãpi ont existé en amont et en aval de ce saut
et la retournèrent une fois vidée. 2 Boni cherchant à parlementer. Les Wayãpi,
qui est une pêcherie de première importance
L’anaconda, maître des couleurs, de quant à eux, étaient peu désireux de devoir
et possède des dégrads de roches plates
l’arc-en-ciel et des motifs dessinés, est un partager leur territoire. L’année suivante,
particulièrement agréables pour les activités
grand classique de la pensée des peuples des Boni en visite chez le chef suprême
villageoises.
amazoniens. des Wayãpi rejetèrent les rituels d’accueil
Le nom Wilakawawe apparaît sur la carte Masikili (cachiri et repas collectifs). Dans la crainte
d’Audiffrédy de 1763, soit avant l’arrivée des Ce toponyme est mentionné sur la carte d’être empoisonnés, ils quittèrent en
Wayãpi en Guyane à partir de 1810. Sans d’Audiffrédy de 1763. Il s’applique à un saut désordre le village wayãpi, poursuivis par
doute faut-il voir là un héritage des Piriu, Zoom 1 et une grande île. C’est le nom d’un esprit Waninika. Abandonné par ses hommes, le
ancien peuple tupi aujourd’hui éteint ayant anthropophage aquatique. En créole, les chef les affronta seuls et succomba sous
vécu dans cette zone avant eux. Roche Mon Père Maskililis sont des petits lutins forestiers qui leurs coups. Conscients de la gravité des
Marquant la limite entre les communes de Cette savane-roche, plongeant directement dans persécutent les chasseurs. Le chef Eugène faits, les Boni rebroussèrent chemin vers
Saint-Georges de l’Oyapock et de Camopi l’Oyapock du haut de ses 200 mètres, est nommée Inãmu dirigea un grand village de 1955 à 1982 à l’ouest. Ce fut leur dernière incursion sur
sur la rive droite du fleuve, cette roche Taparap sur la carte d’Audiffredy de 1763. Elle est l’extrémité amont de l’île. l’Oyapock.
proéminente ovoïde, ressemblant à une connue de tous les Oyapockois sous le nom créole de
jarre retournée, est connue sous le nom de Roche Mon Père depuis le XIXe siècle. Le nom actuel Tayaunõlõnga
Canari-zozo par tous les Oyapockois. apparaît pour la première fois dans le rapport de L’abbé Fournier mentionne cette montagne
En aval de cette roche, jamais entièrement Bodin en 1824. Elle était l’étape des Missionnaires remarquable dès 1824. Il s’agit d’une
recouverte même en très hautes eaux, jésuites entre leurs missions de Sainte Foy, à Camopi, « montagne couronnée », site de village
c’est le territoire de pêche et de chasse et de Saint Paul, près du confluent de la Notaye. amérindien anciennement fortifié. Son
des habitants de Saint-Georges, en amont nom signifie « Là où les cochons-bois ont
commence celui des habitants de Camopi. Yeloikeae (Case kalé) grogné». Les Wayãpi et les Teko disent
Le nom saut signifie « [le village] qui fut englouti » que le site était habité par les Kalanã,
ou en créole « les maisons ont sombré ». Les Wayãpi Amérindiens petits mais agressifs comme
Wilapolaytawe et les Teko associent ce saut et le remous profond des pécaris à lèvres blanches, aujourd’hui
qui le jouxte en aval à une belle légende. éteints. Ils furent attaqués et vaincus par
Ce lieu-dit n’est visible qu’à la saison sèche.
Un anaconda s’était transformé en beau jeune une expédition d’Amérindiens alliés à des
En baissant, le niveau du fleuve découvre une
homme et avait séduit la fille du chef. Mais pendant Français. Cet événement conté par le chef
grande île sableuse et plate.
ses ébats amoureux, il redevenait serpent et fut wayãpi Norbert Suitman est attesté par les
Les Wayãpi nomment précisément ce lieu
surpris par sa belle-mère qui fit tomber la résine de archives du début du XVIIIe siècle et donc
wilapolaytawe «Ancienne aire de danse des
son flambeau dans son œil. C’est pour se venger antérieur à l’arrivée des
oiseaux». Nouvellement parés des couleurs
qu’il engloutit le village. On dit qu’il vit désormais au Wayãpi et des Teko dans la
de l’anaconda, les oiseaux dansèrent sur le
fond de l’eau avec sa bien-aimée, seule survivante. région.
banc de sable avant de prendre leur envol
pour leurs habitats respectifs.

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Zoom 4
Itu wasu (Trois Sauts)
Le nom wayãpi du saut signifie « Saut géant ».
Il est situé sur le haut Oyapock. Sur sa rive gauche
se trouve, juste en aval, le village Roger, le plus
méridional de la commune de Camopi et même
de la Guyane tout entière.
Son nom français actuel, qui n’apparaît qu’au
milieu du XIXe siècle, est dû à une mauvaise
compréhension du nom wayãpi, itu wasu
devenant Trois Sauts par la ressemblance des
sonorités. De fait, il ne comporte pas trois niveaux
mais quatre, faisant de celui-ci une barrière
naturelle infranchissable par canot. Il est aussi
l’antre d’un anaconda monstrueux, moyuu en
wayãpi.
Ce saut a longtemps été une séparation physique Mitake
isolant les groupes wayãpi du haut fleuve du « Vieille plateforme de chasse ». Le nom
monde du bas cours de l’Oyapock et du littoral. de cette crique apparaît au XIXe siècle ;
Les Wayãpi qui vivent actuellement à Zidock, Pina, auparavant elle était nommée Akao. Les
Yawapa ou Roger sont tous originaires d’anciens Wayãpi appellent cet endroit Mitake car de
villages situés en amont de ce saut. Ce n’est qu’à grandes pinotières s’y sont développées,
partir de 1969 que deux villages (Roger et Zidock) et à la saison des fruits du palmier wassey,
furent installés en aval du saut. les toucans viennent s’en délecter. Du
temps de la chasse à l’arc, les Amérindiens
confectionnaient à cet endroit des affûts
de chasse en hauteur (mita) afin de flécher
aisément ces oiseaux
3
Zoom 3
4

Alaliyo Yengalali
Ce saut apparaît sur la carte de Brodel et Mentelle de « Rivière des chansons ». Le nom de cette
1778. Ce serait un esprit qui aurait donné un nom au crique apparaît en 1824 dans le travail de
saut et au bassin situé en aval. Jadis, une grand-mère Bodin. Il y avait en amont un grand village où
y était tranquillement en train de pêcher à l’aide du l’on trouvait de très bons chanteurs wayãpi.
poison kunami. Un martin-pêcheur qui passait par De fait, cette crique fut le siège de plusieurs
là, jaloux des prises de la grand-mère, demanda à villages wayãpi au début du XIXe siècle.
l’anaconda caché dans le bassin de l’effrayer. L’enfant
qui l’accompagnait, comprenant le piège qui était Yawapa
en train de se mettre en place, essaya d’entraîner la Littéralement « Jaguar anciennement ».
grand-mère paralysée de peur par l’anaconda. Nom d’une crique du haut Oyapock. Les
Mais il était trop tard, la pirogue se retourna et les anciens ont vu là, sur les roches situées
martins-pêcheurs purent récupérer le butin de la près du confluent, un énorme jaguar. C’est
grand-mère. l’un des lieux où les Wayãpi, lors de leur
migration vers le nord en provenance de
Mutusi itu l’actuel Amapá, se scindèrent en deux après
« Saut des moutouchis », car ces arbres sont très que le tronc jeté en passerelle en travers
abondants sur les rives. Le nom de ce saut apparaît de la rivière, étroite à cet endroit, se fut
pour la première fois dans l’ouvrage de Jules Crevaux symboliquement brisé. Ceux qui n’avaient pas
de 1883. Il fut le siège du grand village de Pierre encore traversé, restant au Brésil, repartirent
Ka’iluwiyã, collaborateur de Henri Coudreau dans son vers le sud, les autres s’enfoncèrent en
exploration des affluents de l’Oyapock en 1889-90. Guyane. Aujourd’hui y est installé le village
du chef Laurent Pilauku.

12 13
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des exemples
sur la rivière camopi
Rivière Inipi, Ĩdipi Tipoko Dzawat (Roche crabe) Saut Yaniwe, Dzaliwe itu Dzawat a itu (Saut Chien)
Cette rivière est déjà indiquée sous ce nom par les « [Roche] Crabe-jaguar ». Situé sur la rivière Situé à une journée de pirogue du bourg, c’est le Ce saut, qui peut être difficile à franchir à la
Pères Grillet et Béchamel en 1674, resté inchangé Inipi, cette roche remarquable est couverte plus grand saut de la rivière Camopi. Il apparaît saison sèche, a été nommé ainsi en souvenir
jusqu’à aujourd’hui. Les Teko ne le traduisent pas, bien de nombreux motifs gravés. En plus des déjà dans les textes du début du XVIIIe siècle d’un accident de pirogue ayant causé la
qu’il ait été indiqué aux Européens par des populations polissoirs couvrant son sommet, on peut comme un obstacle considérable. Autrefois, noyade d’un chien. Celui-ci a été enterré en
parlant comme eux des langues tupi-guarani. admirer en saison sèche de nombreux motifs racontent les Teko, un caïman géant habitait tête de l’îlet du même nom.
C’est par cet affluent que les premiers explorateurs, anthropomorphes accompagnés de dessins dans une de ses passes nommée Dzakalekwat,
en provenance de l’Approuague, pénétrèrent dans la semblant représenter des macaques à la «Trou du caïman». Il dévorait les hommes qui
Takulu palapi (Roches assiettes)
Camopi et de là dans l’Oyapock. Cette rivière devint queue enroulée ainsi que des amphibiens. passaient par là. Aujourd’hui, il a été rendu
inoffensif par un charme. Il constitue la limite « Assiettes de pierre ». Ces roches dissé-
surtout le principal axe de circulation des Teko dont Comme tous les pétroglyphes, il est
amont du terroir agricole des Teko habitant cette minées sur plusieurs centaines de mètres
les villages étaient alors dans le haut Inini. Les deux impossible de les dater et donc très difficile
rivière. Au-delà, seules la chasse, la pêche et la possèdent la caractéristique d’être plates pour
bassins étaient reliés par ce que l’on nomma plus tard de les attribuer à tel ou tel peuple, quant
cueillette sont pratiquées, on ne rencontre plus certaines d’entre elles.
« Ancien chemin des Émérillons ». L’actuel « Chemin à comprendre leur rôle… Elle est nommée
des Émérillons » allant de la Tamouri à la Ouaqui, n’a Roche jésuite ou Roche crabe sur les cartes ni village ni abattis contemporains.
été utilisé qu’à partir des années 1920. depuis que le Dr Heckenroth remonta cette Situés en Zone de droits d’usage collectifs, ce Takulu tsĩng
crique en 1941. Le nom teko Tipoko dzawat saut et ses alentours sont un haut lieu de pêche « Roche blanche ». Ce rocher blanchâtre se
Roche Bicyclette rappelle son origine magique. En effet, au et de chasse pour les Teko, dont c’est le cœur du situe sur la rivière Camopi, à deux heures
Située sur la rivière Inipi, affluent de la rive gauche de XVIIIe siècle, à l’époque où les Kali’na (appelés territoire contemporain. de pirogue du bourg. Comme beaucoup
la rivière Camopi, ces roches sont à plus d’une journée Taida par les Teko) remontaient jusqu’à l’Inipi d’éléments remarquables de la nature, cette
de pirogue du bourg. Il est probable que le nom de pour guerroyer, un chamane teko créa un roche possède des pouvoirs singuliers. Les
Takulu onãonãn
Roche bicyclette ait été donné jadis par des orpailleurs monstre anthropophage pour protéger les Teko disent que si on la montre du doigt ou
Lieu-dit « Caillou qui court, qui court… ».
créoles ou par des métropolitains, ces grands rochers siens. Celui-ci dévora les guerriers kali’na et, si l’on prononce son nom, il va se mettre à
Ce chaos rocheux situé sur la rive gauche de la
plats dressés rappelant des roues de bicyclette. depuis, demeure pétrifié et inoffensif. pleuvoir.
Camopi proche de l’embouchure de la crique
En effet, le Dr Heckenroth qui remonta la Camopi puis Tsitonõng tiãkã (crique Citron) constitue aux
l’Inipi en septembre 1941 note déjà ce toponyme yeux des Teko un lieu magique qui ne doit pas Takulu tape (roche habillé des dames)
Floris uwa’a
dans son carnet de route. Or cette zone est, depuis le être cité et où il vaut mieux éviter camper. « Roche plate ». À l’époque du village
premier cycle de l’or de la fin du XIXe siècle et jusqu’à « Bassin Floris ». Toponyme rappelant
l’intense activité d’orpaillage lors de la En effet, une famille teko y a déjà été attaquée d’orpailleurs de Camopi (1925-1953) situé
aujourd’hui, un lieu d’activité pour les orpailleurs. par de nombreux êtres dangereux. Pendant la en amont de la Crique Alikene, les femmes
Il est à noter que de nombreux toponymes créoles des première ruée vers l’or. Ce bassin a été
nommé en souvenir de cadavres d’orpailleurs, période de la première ruée vers l’or de la fin du des placers s’arrêtaient sur cette roche pour
rivières Camopi et Inipi constituent un témoignage XIXe siècle, un obiaman saramaka aurait travaillé mettre leurs plus beaux atours avant de
unique de cette période de la première ruée vers l’or dont un certain Floris, retrouvés à cet endroit.
Ils avaient dérivé depuis le village Bienvenue à cet endroit… débarquer et d’aller danser.
guyanaise.
situé en amont.
14 15
Carte de la rivière d’Oyapock, chevalier Daudiffredy, 1763.

Conclusion
Toponymie historique, mythique ou anecdotique, qu’avaient pu être les emprises territoriales des
appellation de zones de chasse, de pêche ou de Amérindiens dans le passé. Il faut y voir une ten-
cueillette, cette grande richesse dans la nomina- tative de présentation chronologique de l’occu-
tion montre une profonde connaissance de leurs pation du territoire depuis la fin du XVIIIe siècle.
lieux de vie par ces peuples ayant su, tout au long Nous y avons associé des éléments issus des
de leur histoire, apprivoiser et s’approprier cet textes anciens des archives françaises et d’autres
univers d’eaux et de forêt mêlées. Les cartes que puisés dans la tradition orale particulièrement
nous présentons ici restituent les toponymes tels dense et riche à partir du XIXe siècle. Ces cartes
qu’ils sont connus et énoncés par les populations se devront d’être complétées ou amendées.
actuelles de la commune de Camopi. Ils doivent Ce petit carnet toponymique est le résultat d’une
être considérés comme l’aboutissement d’une démarche de cartographie participative. Il a
démarche patrimoniale partagée par tous et bien pour but de constituer un élément pédagogique
ancrés dans la vie quotidienne des villageois. pour les enseignants ainsi que pour toutes les
personnes concernées par le patrimoine de la
Les cartes historiques quant à elles, répondent Guyane et en tout premier lieu les habitants de
à un vœu de l’ancien maire de Camopi, René la commune de Camopi.
Monerville, qui souhaitait « voir sur carte » ce

Illustration à main levée de Gérald Maïpouri du secteur de Yawapa.

Remerciements
Ce travail n’aurait pas été possible sans Yapock Raymond †, Miso Arthur †, Civette Roger †, Suit-
man Norbert †, Jean-Baptiste Eugène †, Monpéra Antonin †, Lassouka Paul †,Lassouka Raymond,
Yawalou Robert, Pawey Jacky, Palassissi Thomas, Panapuy Joachim, Civette Lucien, Couchili Jean-
Etienne, Monerville René, Suitman Christelle, Civette Henri, Suitman André, Panapuy Jammes,
Zidock Jean-Marc, Mata Jérémy, Lassouka Luc, Kouyouli Yves, Miso Jean-Michel, Kupi Sébastien,
Petite bibliographie pour aller plus loin Jean-Baptiste Gérard, Chanel Jean-Yves, Civette Sylvain, Civette Léopold et tous les habitants de
DAVY D., TRITSCH I. & GRENAND P., 2012. “Construction et restructuration territoriale chez les Wayãpi et Teko la commune de Camopi.
de la commune de Camopi, Guyane française », in « Dossier Oyapock, Dossiê Oiapoque » Confins, n°16. URL :
http://confins.revues.org/7964 ; DOI : 10.4000/confins.796
GRENAND, P., 1982. Ainsi parlait nos ancêtres : Essai d’ethnohistoire wayãpi. Paris, Éditions ORSTOM, 408 p.
GRENAND P., GRENAND F. & OUHOUD-RENOUX F., 2000. « Entre fleuve et forêt : stratégies adaptatives du
peuplement wayãpi depuis le XVIIIe siècle », in S. Bahuchet, D. Bley, H. Pagezy & N. Vernazza-Licht (éds).
L’Homme et la forêt tropicale. Châteauneuf de Grasse, Éditions de Bergier, pp. 223-235.
NAVET E., 1985, « Les Emerillons », in La question amérindienne en Guyane Française, Ethnies, n° 1-2, Paris,
SIF, pp. 18-19.
POURTAL-SOURIEU M. (éd.), 2012, Plumes amérindiennes : Don Dr Marcel Heckenroth, Marseille,
Grand-Courtrai, Édition Snoeck et Musées de Marseille, 126 p.

16
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SURINAME
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Conception graphique : Communication PAG 2016 - imprimé par Créatic- Ne pas jeter sur la voie publique
Kayode
Camopi
BRÉSIL
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Alit

Trois-Sauts

kilomètres
0 10 20 40 Zone de Coeur du Parc national
2 millions d’ha
(Priorité protection)

Zone d’adhésion
1,4 millions d’ha
(Priorité développement local durable)

Zones d’étude

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