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Analyse 

de la cinétique de diffusion du CO2
lors   d’un   essai   de   carbonatation   accélérée
selon la norme XP P 18­458

Ph. Turcry, L. Nelfia, A. Younsi, A. Aït­Mokhtar

Université de La Rochelle, LaSIE, Avenue Michel Crépeau, F­17042 La Rochelle
cedex, France
philippe.turcry@univ-lr.fr

RÉSUMÉ.  Le   comportement   des   matériaux   cimentaires   vis­à­vis   de   la   carbonatation   est


communément   évalué   en   laboratoire   à   l’aide   d’essais   accélérés.   En   France,   l’essai   de
carbonatation accélérée fait l’objet de la norme XP P18­458. Dans ce travail, qui est une
analyse de l’essai accéléré conduit selon la norme française, nous étudions la cinétique de
carbonatation   dans   les   premiers   jours   de   l’essai.   Moyennant   des   techniques
thermogravimétriques   et   de   spectroscopie   par   émission   atomique,   nous   étudions   ensuite
l’influence du préconditionnement sur la cinétique de diffusion du CO2.
ABSTRACT.  The  carbonation  of  cementitious  materials  is  commonly  assessed  in  laboratory
using accelerated tests. In France, the accelerated carbonation test is conducted according to
XP P18­458 Standard. In this work, which is an analysis of the accelerated carbonation test
conducted according to French standard, we study the kinetics of carbonation in the early
days of the test. Using thermogravimetric and inductively coupled plasma­atomic emission
techniques, we then study the influence of preconditioning on the kinetics of CO2 diffusion.
MOTS­CLÉS  :   carbonatation   accélérée,   norme   XP   P   18­458,   analyse   thermogravimétrique,
spectroscopie par émission atomique, séchage, diffusion du CO2.
KEYWORDS:   accelerated   carbonation,   XP   P   18­458   Standard,   thermogravimetric   analysis,
inductively coupled plasma­atomic emission spectroscopy, drying, CO2 diffusion.

Nom de la revue. Volume X – n° X/2001, pages 1 à X
1. Introduction Titre courant de l’article     2

Depuis peu, l’approche « performantielle » permet d’envisager la formulation
des bétons avec pour critère la durabilité (Younsi et al., 2011). Il s’agit d’évaluer les
performances   du   matériau   vis­à­vis   des   agressions   susceptibles   de   dégrader   les
structures en béton armé (Rozière  et al., 2009). Une telle approche nécessite des
outils efficaces de caractérisation des propriétés de transfert du matériau afférentes à
la durabilité.
L’une des principales agressions du béton est la diffusion dans son réseau poreux
du CO2 de l’air ambiant qui provoque une carbonatation de sa matrice cimentaire. A
long terme, la baisse de pH engendrée peut provoquer une corrosion des armatures.
Pour évaluer le potentiel de carbonatation d’un béton en laboratoire, on réalise des
essais accélérés qui consistent à soumettre des échantillons à des concentrations en
CO2 bien supérieures à la concentration « naturelle » de l’air, généralement après un
prétraitement   thermique   visant   un   conditionnement   hydrique.   Il   n’y   a   à   ce   jour
aucun protocole unique. Une norme européenne est certes en cours de préparation,
mais sa construction demeure difficile, en particulier par l’absence de consensus sur
la concentration en CO2 à utiliser pour accélérer la carbonatation.
De même, il n’existe pas de consensus sur le préconditionnement. Avant l’essai
accéléré, en vue d’une teneur hydrique visée, les échantillons sont passés à l’étuve à
une   température   et   pour   une   durée   qui   varient   bien   souvent   d’un   laboratoire   à
l’autre. L’objectif de ce prétraitement est de dé­saturer en partie le réseau poreux
pour accélérer la diffusion du CO 2, le coefficient de diffusion d’un gaz dans un
milieu poreux étant fortement dépendant du degré de saturation en eau de ce milieu.
Notre   objectif   est   ici   d’analyser   l’essai   de   carbonatation   accélérée   selon   la
procédure   de   la   norme   française   XP   P18­458   (AFNOR,   2008).   Nous   nous
intéressons à la cinétique de carbonatation dans les premiers jours de l’essai et  à
l’influence   du   préconditionnement   sur   la   diffusion   du   CO 2.   Une   campagne
expérimentale a été menée sur un béton de classe C30, conservé soit à l’air libre (dit
« Air ») soit sous eau (dit « Eau ») pendant les 27 jours suivant le décoffrage à 24
heures. La carbonatation a été caractérisée par pulvérisation d’indicateur de pH et
par mesure de profils de Portlandite (analyse thermogravimétrique couplée à des
analyses chimiques). Le séchage des échantillons avant et pendant l’étuvage a été
suivi expérimentalement à l’aide de sondes hygrométriques. Ces mesures de teneurs
hydriques ont été poursuivies en cours d’essai de carbonatation.

2. Programme expérimental

2.1. Matériaux et conservations

Le béton étudié est de classe C30. Il contient deux gravillons concassés 6/10 mm
et   10/14   mm   de   nature   dioritique,   un   sable   0/4 mm   siliceux   et   un   ciment
CEM I 52,5 N   (Lafarge,   La   Couronne).   Sa   composition,   sa   consistance   et   sa
résistance à la compression à 28 jours sont données dans le tableau 1.
A l’âge de 24 heures, des éprouvettes cylindriques (11x22 cm) de ce béton ont
été décoffrées puis placées pour moitié dans l’eau et pour l’autre moitié à l’air libre
dans une salle à 20°C et entre 50 et 70 % d’humidité relative (HR). Dans la suite, le
premier type de conservation sera appelé « Eau » et le second « Air ». Il est à noter
que   la   composition   étudiée   ici   a   fait   l’objet   de   deux   campagnes   expérimentales
(deux gâchées différentes) ; les résultats de la première ont été publiés dans (Younsi
et  al., 2011).  Pour  différencier ces deux campagnes,  elles seront  notées « 1 » et
« 2 ».

Tableau 1. Composition [kg/m3] et propriétés du béton étudié
Gravillon 10/14 875
Gravillon 6/10 211
Sable 0/4 855
E/C Titre courant de l’article     3
0,6
Affaissement (cm) 16
fcm28j (MPa) 36

2.2. Protocoles expérimentaux

2.2.1. Essai de carbonatation accélérée
L’essai de carbonatation accélérée a été mené selon la procédure recommandée
par la norme française XP P18­458 (AFNOR, 2008). A l’âge de 28 jours, après la
conservation sous eau ou à l’air libre, les éprouvettes 11x22 cm ont été sciées en
disques   de   hauteur   10 cm.   Les   sections   sciées   ont   été   recouvertes   de   feuilles
d’aluminium adhésif en vue d’obtenir une diffusion radiale du CO 2 durant l’essai de
carbonatation.   Ensuite,   les   disques   ont   été   placés   dans   une   étuve   ventilée   à   la
température   de   45±3   °C   pendant   14   jours   (HR   de   l’ordre   de   10   %).   Après   ce
traitement thermique, les disques ont été placés dans l’enceinte de carbonatation à
une   concentration   en   CO2  de   50±5   %,   à   une   température   de   20±2   °C   et   à   une
humidité relative de 65±5 %. A différentes échéances, deux disques par type de
conservation ont été retirés de l’enceinte puis fendus sous presse. Sur les surfaces
fendues, un indicateur de pH (la phénolphtaléine) a été pulvérisé, faisant apparaître
une   zone   non   colorée   (pH<9)   supposée   carbonatée   et   une   zone   colorée   en   rose
(pH>9) supposée non carbonatée. Une profondeur de carbonatation est déduite de la
moyenne des profondeurs mesurées à partir du front séparant les deux zones.
Dans le cas de la première campagne, les profondeurs de carbonatation ont été
mesurées après 7, 14, 21, 28 et 42 jours de carbonatation. Lors de la seconde, notre
objectif était de déterminer les cinétiques de carbonatation au début de l’essai. Ainsi,
les profondeurs ont été mesurées après 0, 0,5, 1, 3, 5, 7, 14 et 28 jours.

2.2.2. Détermination d’un profil de carbonatation
Généralement, la pulvérisation de l’indicateur de pH suggère l’existence d’un
front net de carbonatation séparant une zone carbonatée d’une zone non­carbonatée.
Beaucoup d’auteurs montrent que le matériau est déjà partiellement carbonaté dans
la zone colorée en rose, e.g. (Omikrine et Aït­Mokhtar, 2009). Pour obtenir une
information plus précise sur l’état de carbonatation de la matrice cimentaire, on peut
déterminer la teneur en CaCO3, produit de la carbonatation. Cependant, différentes
sources de calcaire sont souvent présentes dans le matériau, par exemple dans le
ciment   ou   les   granulats.   Il   peut   être   difficile   expérimentalement   de   faire   la
distinction entre ces différentes formes de CaCO3  présents dans le matériau. Une
alternative est de déterminer la teneur en Portlandite (Ca(OH) 2), un des principaux
hydrates consommés par la réaction de carbonatation.
Lors de la seconde campagne, la teneur en Ca(OH) 2 a été déterminée par analyse
thermogravimétrique (ATG). Des échantillons ont été prélevés par sciage dans les
disques carbonatés à différentes profondeurs (dans le sens radial, de la périphérie au
centre). Ces prélèvements de béton ont été broyés pendant 2 min puis tamisés à
315 µm. Dans l’appareil d’ATG, les échantillons de 100 mg de la poudre obtenue
sont chauffés à 10 °C/mn de 20 °C à 1000 °C sous argon. Leur teneur en Portlandite,
exprimée en g par g de poudre, est déduite de la perte de masse entre 380 et 550°C. 
Ces échantillons de poudre ne sont pas représentatifs du béton, notamment parce
qu’un tamisage a été effectué. Pour exprimer la teneur en Ca(OH) 2 en fonction d’une
quantité   représentative   du   béton,   la   teneur   en   ciment   des   échantillons   a   été
déterminée par analyse chimique, en suivant la méthode proposée par (Villain et al.,
2007). Après le broyage et le tamisage, une partie de la poudre obtenue (environ
100 mg) est immergée dans 2 mg d’acide nitrique (HNO3) pendant 24 heures, puis
une solution d’acide nitrique diluée à 1/50 est ajoutée. Une semaine plus tard, les
suspensions ont été analysées par spectroscopie par émission atomique (ICPAES)
pour quantifier leur teneur en oxyde d’aluminium (Al 2O3). Cet oxyde a été choisi
comme traceur du ciment (Villain et al., 2007). Connaissant la teneur en Al2O3 des
4     Nom de la revue. Volume X – n° X/2001
2.2.3. Suivi du séchage
Un suivi du séchage avant l’essai de carbonatation a  été effectué à l’aide de
capteurs capacitifs d’humidité relative. Dans le cas de la conservation « Air », cinq
perçages   (0,6 cm   de   diamètre,   5 cm   de   profondeur)   ont   été   réalisés   dans   une
éprouvette 11x22 cm au moment du décoffrage à 24 heures (figure 1). Dans le cas
de   la  conservation  sous  eau,   des  perçages  identiques  ont   été   réalisés   à  l’âge  de
28 jours. Les capteurs HR ont été placés après perçage dans les trous qui ont été
ensuite rebouchés par une résine au silicone. Les surfaces supérieures et inférieures
des éprouvettes ont été recouvertes d’aluminium adhésif pour permettre un séchage
radial. L’évolution dans le temps de l’humidité relative a été mesurée à partir de 24
heures, pendant la conservation à l’air libre, puis l’étuvage à 45°C et enfin dans
l’enceinte de carbonatation accélérée. Dans le cas de l’éprouvette conservée sous
eau,  le  séchage   a   été  suivi   à  partir   de  28  jours,  dans   l’étuve  puis  l’enceinte   de
carbonatation.

Capteur Profondeur (mm)
2 1 10
3 5
4 1 2 20
3 30
4 40
5 55

Figure 1. Eprouvette 11x22 cm – Position des 5 perçages (profondeur = distance de
la surface au centre du perçage)

3. Résultats et discussion

3.1. Suivi du séchage avant l’essai de carbonatation

La figure 2 donne l’évolution relative des masses des  échantillons pendant la
période   de   conservation   jusqu’à   l’âge   de   28   jours   suivie   de   l’étuvage   à   45   °C
pendant 14 jours (moyenne de trois échantillons). 

Figure 2. Evolution de la masse des échantillons pendant les conservations à l’air
libre (« Air ») et sous eau (« Eau »), suivies de l’étuvage à 45 °C

On observe un gain de masse pour les échantillons conservés dans l’eau dû à
l’absorption d’eau. Les variations de masse sont identiques pour les échantillons des
deux campagnes de mesure (« Eau 1 » et « Eau 2 »). La reproductibilité est moins
bonne dans le cas d’une conservation à l’air libre. La différence de perte de masse
entre « Air 1 » et « Air 2 » s’explique par une ambiance en moyenne plus sèche lors
de la deuxième campagne (la conservation a été effectuée dans une salle où la plage
d’humidité relative est assez grande : 50 à 70 % HR).
Comme le révèlent les mesures de HR à la fin de l’étuvage (figure 3), l’effet du
Titre courant de l’article     5
entre le cœur et la peau des disques. En début d’essai de carbonatation accélérée, les
disques   ne   sont   pas   en   équilibre   hydrique   avec   l’ambiance   de   l’enceinte   de
carbonatation dans laquelle règne une HR de l’ordre de 65 %. Ce résultat remet en
cause la méthode de préconditionnement, car un flux d’humidité viendra se coupler
au flux de CO2 durant l’essai de carbonatation. Or, le coefficient de diffusion du CO2
est fortement dépendant de l’état hydrique du matériau.

Figure 3. Profils d’humidité relative (profondeur = 0 mm : surface soumise au
séchage), à la fin de l’étuvage à 45°C, avant l’essai de carbonatation accélérée,
pour les deux modes de conservation « Air » et « Eau ».

3.2. Caractérisation de la carbonatation par pulvérisation de phénolphtaléine

Lors de la 1ère  campagne expérimentale, la profondeur de carbonatation a  été


mesurée à partir de 7 jours dans l’enceinte. La pulvérisation de phénolphtaléine a
fait   apparaître   un   front   net   de   carbonatation   sur   les   disques   fraichement   fendus
(figure 4 à gauche). En revanche, lors de la 2 nde campagne, trois zones sont apparues,
comme schématisé sur la figure 4 (à droite), aux premières échéances de mesure
entre 0,5 à 7 jours de carbonatation. L’indicateur de pH semble révéler une absence
de carbonatation sur les premiers mm des disques (profondeur Xc2).

Figure 4. Représentation schématique d’une section de disque carbonaté après
pulvérisation de phénolphtaléine : à gauche après 7 jours de carbonatation (1ère
campagne) et à droite après 1 jour de carbonatation (2nde campagne).

Sur   la   figure   5   sont   tracées   les   profondeurs   Xc1,   pour   les   deux   modes   de
conservation   et   les   deux   campagnes,   en   fonction   de   la   durée   de   carbonatation.
Comme observé sur les variations de masse, la reproductibilité est meilleure dans le
cas de la conservation « Eau » que dans celui de la conservation « Air ». Pour cette
dernière, les profondeurs de carbonatation plus grandes lors de la 2 nde campagne sont
a   priori   la   conséquence   du   séchage   plus   important   des   disques   (cf   section   3.1).
Jusqu’à 0,5 jours, la profondeur Xc1 est quasiment nulle (seule la peau des disques
conservés à l’air libre s’est carbonatée « naturellement » avant l’essai ­ Xc1 < 1mm).
Entre 0,5 et 1 jours, Xc1 augmente brusquement, pour  évoluer ensuite beaucoup
plus lentement (à peu près linéairement avec la racine carrée du temps).
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Figure 5. Evolution des profondeurs de carbonatation Xc1 (définies sur la figure 4)
en fonction de la durée de carbonatation, pour les conservations « Air » et « Eau ».

La   profondeur   Xc2   apparaît   à   l’échéance   de   1   jour   pour   diminuer   jusqu’à


s’annuler   à   environ   7   jours   (figure   6).   Il   semble   donc   que   la   zone   « non­
carbonatée »,   selon   l’indicateur   de   pH,   se   carbonate   progressivement   pendant   la
première semaine. Cela explique pourquoi cette zone « non­carbonatée » n’ait pas
été aperçue lors de la 1ère campagne.

Figure 6. Evolution des profondeurs Xc2 (définies sur la figure 4) en fonction de la
durée de carbonatation pour les conservations « Air » et « Eau ».

3.3. Profils de carbonatation obtenus par ATG

Les   mesures   de   teneurs   en   Ca(OH) 2  par   ATG   couplée   à   l’analyse   chimique


confirment les résultats obtenus avec la phénolphtaléine (figure 7).

Figure 7. Profils de teneur en Ca(OH)2 après 1, 3 et 14 jours de carbonatation,
pour les conservations « Air » (à gauche) et « Eau » (à droite). Les flèches
indiquent les profondeurs Xc1 mesurées après pulvérisation de phénolphtaléine.

En effet, on observe, dans le cas des premières échéances (1 et 3 jours), une
teneur en Portlandite plus faible à proximité du front de carbonatation Xc1 (indiqué
par   une   flèche)   que   quelques   mm   en   amont   ou   en   aval.   Il   y   a   donc   bien   une
Titre courant de l’article     7
carbonatation naturelle avant l’essai accéléré. Cette faible teneur peut également être
la conséquence d’un arrêt de l’hydratation dû au séchage de la peau (Patel et  al.,
1988).

3.4. Discussion sur la cinétique de diffusion du CO2 lors de l’essai accéléré

Les résultats précédents nous permettent d’analyser la cinétique de carbonatation
lors de l’essai accéléré. Le préconditionnement par étuvage à 45 °C conduit à un
assèchement sur plusieurs cm des disques (figure 3), qui doit faciliter la diffusion du
CO2. Son coefficient de diffusion dépend fortement de la teneur en eau, comme le
montre par exemple (Papadakis et al., 1989). Au cours de l’essai accéléré, la vitesse
de diffusion du CO2  au sein des disques va varier parce qu’il existe un gradient
d’humidité entre le cœur et la peau des disques. Il existe également un gradient entre
l’ambiance et le matériau : un flux d’humidité est donc possible de l’ambiance vers
la peau du béton. Cela pourrait fournir une première explication au changement de
cinétique de carbonatation observé sur les profondeurs Xc1 (figure 5). Une autre
explication est néanmoins plus probable. Dans les premiers mm, nous avons mis en
évidence une carbonatation plus lente du matériau (figures 6 et 7). Celle­ci résulte
d’un degré de saturation a priori trop faible. La réaction de carbonatation se produit
en effet dans l’eau après dissolution du CO2 gazeux. Il est connu qu’à faible HR la
carbonatation   est   ralentie   voire   stoppée   (Vénuat,   1978).   Si   le   CO2  n’est   pas
consommé   rapidement   par   la  carbonatation,  il   peut  diffuser  plus  rapidement.  Le
ralentissement   de   l’évolution   dans   le   temps   de   la   profondeur   Xc1   traduit   la
carbonatation proprement dite de la matrice cimentaire, qui consomme le CO 2  et
limite sa pénétration plus avant dans le matériau.
En   résumé,   le   préconditionnement   assèche   fortement   les   premiers   mm   des
échantillons.   Le   CO2  diffuse   « librement »   en   réagissant   peu   avec   la   matrice
cimentaire. Puis, à une profondeur où le degré de saturation est suffisamment élevé,
le CO2 commence à être consommé par la réaction de carbonatation. La cinétique de
carbonatation   observée   macroscopiquement   avec   l’indicateur   coloré   est   alors
fortement ralentie.

4. Conclusion

L’essai de carbonatation accélérée réalisé selon la norme française XP P18­458 a
été analysé en étudiant d’une part, la cinétique de carbonatation dans les premiers
jours de l’essai et, d’autre part, l’influence du préconditionnement sur la diffusion du
CO2. Les mesures d’humidité relative, par sondes hygrométriques, après étuvage des
échantillons à 45 °C ont mis en évidence un fort déséquilibre hydrique entre le cœur
et   la   peau   des   échantillons.   Les   mesures   ont   ainsi   montré   que   l’essai   de
carbonatation accélérée est réalisé sur des échantillons qui ne sont pas en équilibre
hydrique avec l’ambiance de l’enceinte de carbonatation. Cela expliquerait l’allure
des cinétiques de carbonatation observée.
La   caractérisation   de   la   carbonatation   accélérée,   par   pulvérisation   de
phénolphtaléine ou à l’aide de mesures de teneurs en Ca(OH)2 par ATG couplée à
l’analyse chimique, a montré que les échantillons se carbonatent plus lentement à la
peau   à   cause   du   préconditionnement   qui   assèche   fortement   les   premiers   mm   et
facilite ainsi la diffusion du CO 2  jusqu’à la profondeur à laquelle la réaction de
carbonatation proprement dite a lieu. Cela constitue une explication des cinétiques
de carbonatation observées.
Une   étude   étendue   à   d’autres   matériaux   cimentaires   contenant   des   additions
minérales permettrait de conforter les présents résultats.

5. Remerciements

Nous remercions Carine Churlaud du Centre Commun d’Analyse de l’Université de 
8     Nom de la revue. Volume X – n° X/2001
6. Références

AFNOR, Norme XP P18­458, « Essai pour béton durci – Essai de carbonatation accélérée
­Mesure de l’épaisseur de béton carbonaté », 2008.
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Younsi A., Turcry Ph., Rozière E., Aït­Mokhtar A., Loukili A., “Performance­based design
and carbonation of concrete with high fly ash content”, Cement and Concrete Composites,
vol. 33, n°10, 2011, p. 993­1000.

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