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Département

Génie Civil

CONCEPTION
DES PONTS

Alexandre NIETO
Janvier 2014
CONCEPTION DES PONTS
I - BREF HISTORIQUE
La fonction d’un pont est de permettre à une infrastructure, routière, ferroviaire ou autre, de franchir un obstacle naturel tel
qu’un cours d’eau, un thalweg, un bras de mer ou un obstacle artificiel comme une autre infrastructure routière, ferroviaire
ou un canal.

L’histoire des ponts est intimement liée à celle des matériaux et des techniques utilisés pour les construire.

Avec des pierres, servant d'appuis et des troncs d'arbres balancés au dessus de petites brèches, les hommes savaient, très
tôt, réaliser des franchissements de portées réduites.

Une des autres techniques permettait, par des empilements de


pierres plates disposées en lits horizontaux et posées en léger
''porte à faux'', de franchir des obstacles de dimensions
réduites(dessin). Ces fausses voûtes qui avaient déjà permis, dans
l’antiquité, la construction d’édifices parfois imposants, sont
encore utilisées, de nos jours, dans certaines régions reculées du
Dessin A.N. globe.

Les premiers matériaux utilisés étaient naturellement ceux présents en abondance à proximité des lieux de construction
comme la pierre, le bois ou encore les lianes avec lesquelles des passerelles suspendues ont pu être construites.

En plus de leur ingéniosité dans leurs réalisations, les hommes ont très vite détecté et exploité les excellentes qualités
mécaniques des matériaux, comme le bois, utilisé pour réaliser des ouvrages destinés parfois à porter de lourds convois.

En imaginant des assemblages, des béquilles ou des contre-fiches permettant un fonctionnement de type ''arc'', identique à
celui déjà connu des ponts en maçonneries, les romains, améliorèrent sensiblement les techniques de construction de ces
ouvrages en bois, encore utilisé dans certaines régions du globe pour la construction de ponts, parfois importants.

L’utilisation de la maçonnerie pour la construction d'ouvrages


remonte à la haute antiquité, mais c’est véritablement la période
romaine, qui vit apparaître les voûtes en pierres assemblées sur des
cintres.

Les premières voûtes circulaires, à arches simples ou multiples,


construites à l'avancement, reposaient sur des appuis massifs, capables
d'encaisser les importantes poussées de la voûte en cours de
construction. Les appuis en rivière de ces ouvrages étaient déjà
équipés d'avant et d'arrière becs permettant de favoriser l'écoulement
des eaux et de limiter les affouillements au droit de ces appuis. Photo Doc-ASP

Les ponts en maçonnerie ont traversé les époques en évoluant avec les performances permises par les progrès réalisés, tant
dans le dimensionnement des voûtes que dans la conception des cintres.

Avec la Renaissance italienne on assistera à la naissance des voûtes surbaissées.

Par leur audace et la beauté des ouvrages qu’ils ont conçus et réalisé, M. Perronet et M. Séjourné marquèrent de leur
empreinte les ponts français en maçonnerie.

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Le développement des chemins de fer au XIX ème siècle exigera, en raison des contraintes de tracé : limitation de pentes et
de courbures, la réalisation d’importants terrassements et la construction d’un grand nombre d’ouvrages en maçonnerie,
mais aussi de tunnels.

Le recours à ces matériaux de construction sera cependant progressivement freiné, puis quasiment stoppé par l'apparition
de la fonte à la fin du XVIII ème siècle, du fer au début du XIX ème siècle, et de l'acier au milieu du XIX ème siècle. Les
derniers ouvrages en maçonneries furent construits dans la première moitié du XXème siècle.

Le métal permettra de diversifier les formes mais aussi de diminuer le coût de la main d'œuvre. La fonte, cassante, peu
résistante en traction et au choc, verra son utilisation limitée aux ponts en arc. Elle n'aura servi qu'à la construction de
quelques rares ouvrages parmi lesquels la passerelle des Arts à Paris, réalisée par Cessart en 1803.

Par la réalisation des premières poutres à âmes pleines et plus tard des
poutres triangulées, le fer a permis l'allègement des structures. Il sera très vite
remplacé par l'acier qui présentera de meilleures caractéristiques mécaniques.

C’est dans ce domaine que s’illustra l’ingénieur français Gustave Eiffel, à qui
l’on doit la construction de nombreux ouvrages métalliques.

Il réalisa, entre autres, les ouvrages de Maria Pia sur le Douro, au Portugal,
en 1878, de Saint André de Cubzac, en 1882 et le viaduc de Garabit (photo) en Photo Doc-ASP
1885.

En raison de ses nombreux avantages, l'utilisation de l'acier se généralisera dans la


construction des ponts.

C'est ainsi que se développera, malgré les problèmes rencontrés lors de leur
réalisation, la construction des ponts à câbles parmi lesquels le pont de Brooklyn (photo)
construit de 1869 à 1888, de 487 mètres de portée centrale. Depuis cette époque, tous
les ponts suspendus sont réalisés avec des câbles d'acier.
Photo Doc-ASP

Les ponts à haubans dont le principe date du début du XVII ème siècle ne seront véritablement construits qu'à partir du
milieu du XXème siècle .

De grandes réalisations marqueront cette nouvelle ère de construction. On peut citer, en particulier, le pont en arc
Alexandre III de 103 mètres d'ouverture (1900) ou le pont de Sydney de 503 mètres d'ouverture (1932).

Très vite, la forme des poutres en acier se diversifiera pour donner naissance aux structures triangulées de type : Pratt,
Croix de Saint André, Warren, Howe, etc.

L'amélioration des caractéristiques de l'acier et des modes d'assemblage : boulons, rivets puis soudure, permettront un
essor considérable des ponts métalliques.

Ces progrès et l'augmentation constante du coût de la main d’œuvre conduiront progressivement à un retournement de
tendance. Ainsi, les gains de matière et de productivité, rendus possible par les performances des aciers de construction,
les nouvelles dispositions constructives et les nouvelles méthodes d'assemblage et de montage, ont vu progressivement les
ponts à poutres à âmes pleines remplacer les ponts à poutres triangulées.

Les progrès les plus sensibles ont cependant été réalisés grâce au gain de poids des couvertures de ponts de moyennes et
de grandes portées ou, la tôle d'acier seule mais raidie (dalle orthotrope), la dalle mince en béton, connectée à la tôle de
platelage (dalle Robinson) ou la dalle seule en béton armé, remplaceront désormais les anciennes couvertures en bois
(moins pérennes) ou en maçonnerie (beaucoup plus lourdes).

Dans le même temps, des progrès importants sont réalisés dans la mise au point du béton.

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Les liants hydrauliques : chaux hydraulique, mortier de chaux, étaient déjà connus des romains. C'est le français Vicat qui
inventa le ciment artificiel, au début du XIXème siècle. La production industrielle ne démarrera cependant qu'en 1850.

Le béton armé ne fût réellement mis au point qu'au cours de la seconde moitié du XIX ème siècle. Son fonctionnement réel
n'a été compris qu'à la fin du XIX ème siècle. Les premiers bétons faiblement dosés en ciment, de composition
granulométrique aléatoire, peu compacts, subiront des désordres dus au délavage du béton et à la corrosion accélérée des
armatures du fait de la porosité du béton.

Par leur dosage plus élevé en ciment, leur composition granulométrique soignée et par le respect d'enrobages minimaux,
les structures actuelles en béton armé sont à l'abri de ces désordres. Néanmoins, la diminution de la fissuration du béton
armé reste un axe important de recherche.

Les nombreuses tentatives de compression du béton à l'aide d'armatures tendues ont lieu au début du XX ème siècle.

Elles se traduiront par des échecs dont la cause sera la méconnaissance des phénomènes de fluage du béton et de
relaxation des aciers qui annulent en grande partie les efforts de traction insuffisants mis en jeu.

L’ingénieur français Eugène Freyssinet découvrit le fluage du béton. Il avait compris qu'il fallait appliquer une tension
importante aux aciers de précontrainte pour pouvoir conserver, après pertes, une tension suffisante pour comprimer
efficacement et durablement le béton. Il faudra attendre le milieu du XX ème siècle environ pour voir se construire les
premiers véritables ponts en béton précontraint.

Depuis, beaucoup de progrès ont été faits, tant dans la compréhension des phénomènes liés à la précontrainte que dans les
techniques de construction des ponts en béton précontraint ou utilisant des câbles. Les progrès réalisés ces cinquante
dernières années dans les techniques de construction des ponts : mise en place, entre autres, par encorbellements
successifs, par poussage, par lançage, par rotation, par fonçage, etc., ont permis de s’affranchir des contraintes de site et
d’augmenter très sensiblement le domaine de performance de certains types d’ouvrages parmi lesquels : les ponts
suspendus dont la portées a dépassé 1900 mètres, les ponts caisson en béton précontraint et les structures mixtes.

II – LES ACTEURS DE PROJET

A - Généralités - les acteurs de projet

Les études d’ouvrages d’art sont intimement associées aux études routières. A ce titre, elles doivent faire l’objet d’un
examen approfondi, à chaque étape de la conception et de la réalisation, dans le cadre de la démarche qualité des études.
Cette démarche suppose que les missions et les responsabilités de chacun des intervenants soient clairement définies.
Le maître d’ouvrage, personne morale généralement à l’origine du projet, peut déléguer une partie de ses missions à des
personnes physiques ou morales qui assurent, pour son compte, dans le cas de la conduite d’opération, l’assistance
générale de l’opération sur les plans administratif, technique et financier.
Le schéma suivant résume les principaux acteurs de projet.

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Le maître d'ouvrage peut également décider de confier une partie plus ou moins importante des missions de conception et
d’assistance à un maître d’œuvre, qu’il désigne à cet effet. Le maître d’œuvre endosse la responsabilité du bon
déroulement de l’opération (chef de projet). Le « programme de l’ouvrage » détaille la commande du maître d’ouvrage
au maître d'œuvre. Il est généralement complété au cours des études amont de projet (APS routier - EP Ouvrage d'Art).

L’Entrepreneur qui construit l’ouvrage, étudie et propose les méthodes de construction de la solution définie dans le
dossier de consultation des entreprises. Il peut intervenir dans la conception si le règlement de la consultation l'autorise à
présenter des variantes de conception.

Enfin, la mise au point du plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé (PGCSPS)
incombe au coordonnateur sécurité (SPS) désigné et directement rattaché au maître d’ouvrage. Ce dernier est propriétaire
de l’ouvrage à l’achèvement et la réception des travaux. Il peut toutefois en confier la surveillance et la gestion à un
service chargé de la gestion de l’ouvrage.

B - Rôle et missions des principaux acteurs

LE MAITRE D’OUVRAGE L’ENTREPRISE


 Définit le programme de l’ouvrage : besoins,  Établit et propose une offre et éventuellement des «
contraintes, délais, … « QUALITE D’USAGE », variantes » si elles sont acceptées,
 Choisit le Maître d’œuvre et définit sa mission,  Met en place le «PLAN D’ASSURANCE QUALITE»
 Arrête le coût de l’opération,  Exécute le contrat,
 Met en place le financement et les crédits,  négocie les modifications,
 Signe les contrats.
LE MAITRE D’ŒUVRE  Organise les tâches sur chantier,
 Organise les études et complète le
PROGRAMME DE L’OUVRAGE  Définit et dégage les moyens,
« Qualité requise »,  Organise le « CONTROLE INTERNE »,
 Évalue le coût de l’opération,
 Rédige et fait appliquer les contrats,  Assiste les différents intervenants,
 Organise le « CONTROLE EXTERIEUR »  Met en place et assure le suivi de
l'« ACTION QUALITE »
 définit les « POINTS d’ARRÊT ou CRITIQUE »

 SELECTIONNE les Entreprises»,  Donne au Maître d’œuvre l’assurance qu’il s’est organisé
 MET AU POINT les documents de l’offre avec pour obtenir la « QUALITE REQUISE » et le prouve.
l’Entreprise,
 COORDONNE le PAQ des ENTREPRISES,  Gagne de l’argent.
(Schéma Directeur de la Qualité - SDQ),
 Prépare les situations et effectue les règlements,

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III - CLASSIFICATION DES PONTS
De même que l’on distingue les ouvrages par leur destination : barrages, ponts, tunnels, murs de soutènement, réservoirs,
ouvrages à la mer, etc., la tentation a toujours été de trouver un mode de classification qui permette de les regrouper par
famille représentative : d'une morphologie, d'un comportement, d'un mode d'exécution ou de tout autre critère capable de
les différencier.

On pourrait ainsi proposer de classer les ponts :

A - Suivant la nature de la voie portée ou de la voie franchie

Route, canal, voie ferrée, passage à faunes, etc.

B - Suivant les difficultés d'exécution

Les ouvrages dits courants, de dimensions modestes, qui ne présentent pas de grandes difficultés de dimensionnement ni
d'exécution. Ils sont de conception simple et ne nécessitent pas d'équipements spéciaux de construction autres que les
échafaudages et cintres classiques ou les matériels de levage de puissance modérée.

Ces ouvrages peuvent être standardisés. Ils bénéficient pour la plupart, d'un guide de conception ainsi que d'un programme
de dimensionnement. Ces programmes permettent entre autres justifications, celle du ferraillage et du câblage du tablier
précontraint.

Les ouvrages dits non courants ou exceptionnels qui, par leurs caractéristiques dimensionnelles, leur particularité de
conception ou les difficultés d'exécution qu'ils posent, nécessitent soit des calculs particuliers pour leur dimensionnement,
soit le recours à des équipements spéciaux pour leur construction.

C - Suivant le matériau principal utilisé pour leur construction

Si l'on exclut les ponts anciens en bois, en fer ou en fonte ainsi que les ponts en maçonnerie, on peut distinguer les ponts
en béton armé, en béton précontraint ou les ponts métalliques. Les ponts ne se limitent cependant pas à leur seule
structure porteuse, qui peut être mixte, mais comprennent également les appuis et fondations, qui peuvent également être
en béton armé, en métal ou mixtes.

D - Suivant le mode de fonctionnement mécanique longitudinal de leur structure

On peut ainsi distinguer les ponts fonctionnant en poutre, les ponts


en arc, les ponts à câbles.

Cette distinction reste cependant contestable ou pour le moins


imparfaite. Certains de ces ponts peuvent en effet entrer dans deux
classes différentes.

C'est le cas en particulier des ponts qui fonctionnent en arc et en poutre comme les ponts à béquilles ou tout simplement
les portiques.

E - Suivant la morphologie transversale de leur structure

On distinguera ainsi les ponts-dalles, à poutres, en caissons, à nervures, etc.

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F - Suivant leur mode de construction

L’ouvrage peut être construit :


 Sur échafaudages généraux ou cintres,
 En encorbellement à l’aide d’équipages mobiles,
 À l’aide d'un coffrage outil, d'une poutre de lancement,
 Sur un cintre auto-lanceur (obsolète aujourd'hui),
 Par lançage,
 Par rotation ou par poussage,
 Par vérinage (construction par en dessus, dans le cas ou le gabarit provisoire ne peut pas être réalisé autrement),
etc.

On peut ajouter les ponts coulés en place ou préfabriqués.

G - Suivant leur position par rapport à la voie considérée

On distinguera ainsi les passages supérieurs ou inférieurs suivant la position de la voie de référence.

H - Conclusion

On se rend bien compte de la difficulté d'organiser une classification, tant les critères qui caractérisent les différentes
structures de ponts : morphologie, matériaux, comportement, mode de construction, pour ne citer que les plus importants,
peuvent être communs à plusieurs d'entre eux.

Nous ne nous sommes pourtant intéressés qu'à la structure du tablier. On comprend aisément les difficultés qu'il y aurait à
vouloir intégrer les appuis, voire les fondations.

Ces difficultés conduisent généralement à ne retenir que deux classifications : selon la morphologie transversale du
tablier ou suivant le fonctionnement mécanique longitudinal de la structure.

Ces classifications peuvent permettre en outre de distinguer les grands principes de pré-dimensionnement ou de
justification des structures.

  

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IV – LES PRINCIPAUX TEXTES
Références Références Références Références Gestion Références
Textes Guide - Conception - Projet Exécution Surveillance Matériaux Produits
Entretien - Réparation
Conception des Loi MOP Guide du projeteur ouvrage d’art Instruction Technique pour
Circulaire 94-56 du 5/05/94 la surveillance et l’entretien
ponts (janvier 1999)
des OA 10/79.
Corniches, GC, JC, etc. Guide méthodo. SETRA
Chargements des Eurocode 1
(anciens règlements)
ouvrages Fascicule 61 titre I (rails)
Fascicule 61 titre II (routes)
Fascicule 61 titre III (canaux)
Béton armé Eurocode 2 Guide méthodo. EC2 (Juillet 2008) Fascicule 65A Additif au fascicule 31 Fascicule3
(anciens règlements) (ancien guide) fascicule 65A (fourniture de liants
Fascicule 62 titre I Section I Guide d’emploi du BAEL83 Fascicule 65B hydrauliques)
(BAEL91-mod99) Fascicule 63 (béton non armé) fascicule 4 titre I
Béton Eurocode 2 Guide méthodo. EC2 (Juillet 2008) Fascicule 65A fascicule 32 fascicule 4 titre II
(anciens réglements) (ancien guide) Additif au fascicule 65A
Précontraint
Fascicule 62 titre I Section II Guide d’emploi du BPEL83
(BPEL91-mod99) Précontrainte extérieure (90)
Métal Eurocode 3 Guide méthodologique EC3.4 (Juillet 2007) Fascicule 66 fascicule 33 fascicule 4 titre III
(anciens réglements) Guide de conception et de justification. Montage des ponts fascicule 4 titre IV
Fascicule61 titre V(voir DC71) Recommandations : résistance à la fatigue. métalliques-BT8 NF-EN 10 025/029
Mixte Eurocode 4 Guide méthodo. EC3.4 (Juillet 2007) Fascicule 66 fascicule 33
(anciens réglements)Recommandations pour maîtriser la
Circulaire 81-63 (cf.DC71) fissuration.
Fondations Fascicule 62-V modifié Pieux forés-Recueil des règles de l’art Fascicule 68 fascicule 10 - 11
par la Note 30 du SETRA. Les micropieux (86)
(Eurocode 7) Dossier Fond72
Maçonneries Eurocode 6 Les ponts en maçonneries Fascicule 64 fascicule 30

Séisme Eurocode 8 Guide de conception des OA courants en


Guide AFPS 90 tomes 1,2,3 zone sismique.
Guide AFPS 92

Protection contre Fascicule 56

la corrosion
Étanchéité Fascicule 67 STER81

Neige et Vent Fascicule 61 titre IV Section Recommandations pour le calcul des effets
II du vent sur les constructions.
Pour actualiser ce tableau, se reporter au « Répertoire des textes et documents techniques essentiels » édité et librement téléchargeable sur le site
du SETRA qui passe CEREMA au 1/1/2014

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V – LES PRINCIPALES PARTIES D’UN PONT
A - Généralités

La représentation d’un ouvrage comporte généralement plusieurs plans, parmi lesquels :


 Une vue en plan, précisant le tracé en plan de la voie portée par l’ouvrage, la position des appuis du pont et
certaines autres caractéristiques utiles comme : le biais, la position des sondages, le nord, l’échelle, etc...
 Une coupe transversale précisant le type et la morphologie du tablier projeté, les caractéristiques transversales
fonctionnelles (largeurs de chaussée et de trottoirs, etc.), les dispositions générales de superstructures, etc...
 Une coupe longitudinale précisant : la coupe du tablier, les portées, la position, le type, la nature et la morphologie
des appuis et des fondations, les détails structurants des obstacles franchis, les informations géotechniques et
hydrauliques utiles à la compréhension du projet,
 Des plans de détails : appuis et fondations, superstructures, etc.

B - Ponts à une ou plusieurs travées continues à tablier indépendant des appuis (hors fondations spéciales)

C - Ponts à traverse encastrée sur les appuis et les fondations (hors fondations spéciales)

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VI - LES DIFFERENTES ETAPES DE LA CONCEPTION

A - Principales références :

 Circulaire 94-56 du 5/05/94 : « Modalités d’élaboration, d’instruction et d’approbation des opérations


d’investissements sur le réseau routier national non concédé »,
 Loi MOP - Loi 85-704 du 27/7/85 modifiée, décrets 86-520 du 14/03/86, 93-1268 du 29/11/93, 93-1269 du
29/11/93 et 93-1270, relatifs à la maîtrise d’ouvrage publique et ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée,
 Circulaire 87-88 du 27/10/87 : « Modalités d’établissement et d’instruction des dossiers techniques concernant la
construction et l’aménagement des autoroutes concédées » (en cours de révision),
 Circulaire du 23/08/90 : « Complétant et modifiant la circulaire 87-88 pour les ouvrages d’art non courants sur
les autoroutes concédées »,

On retrouve dans ces textes les trois grandes étapes d’études de conception décrites ci après : APS (EPOA), POA, PEO.

B - L'avant projet sommaire (APS - EPOA)

Il a pour but, pour le franchissement envisagé, d'étudier, d'estimer et de comparer les ouvrages possibles et de proposer
au Maître d'Ouvrage la ou les solutions sur la base desquelles seront poursuivies les études de définition (EPOA, APD, etc.).

Dans le cas d'un ouvrage courant, au sens de la circulaire de mai 1994 (ouvrages dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par
l’état), la consistance de l’APS se limitera sous forme d'un simple tableau, à résumer :
 Les caractéristiques fonctionnelles de l'ouvrage : définition transversale des chaussées, gabarit, etc.
 Les conditions d'exploitation : convois exceptionnels, réseaux divers, etc.
 Les données liées au site : hydrauliques, géologiques, géotechniques, etc.
 Les contraintes particulières à respecter : emprises, bruit, assainissement, etc.
 Les objectifs architecturaux,
 Les types d'ouvrages envisagés,
 L'estimation du coût d'objectif sur la base de ratios appropriés : surfaces, volumes.

Dans le cas d'un ouvrage non courant, la proposition au maître d'ouvrage ne peut se faire, au stade des études d’APS ou
d’EPOA (ouvrages dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’état), qu'après :
 Recensement de l’ensemble des contraintes de projet : naturelles, fonctionnelles, architecturales, etc.
 Recherche des solutions possibles pour le franchissement envisagé. Cette étape de la conception exige la
connaissance du domaine d'emploi usuel des différentes structures en matière de portées et d'encombrement :
épaisseur du tablier, élancement, etc. (voir annexe 1),
 Analyse multicritères pour définir la ou les solutions les mieux adaptées aux données ou contraintes et au type de
franchissement envisagé.

Le dossier dans ce cas comporte au minimum les pièces suivantes :


 Un dossier géotechnique,
 Un inventaire des contraintes auxquelles doit satisfaire l'ouvrage,
 Un dossier de plans comportant au minimum et par solution envisagée : un profil en long, une coupe longitudinale,
une coupe transversale,
 Une ou plusieurs photomontages de l'ouvrage dans le site depuis des points de vue marquants,
 Une estimation sommaire,
 Un mémoire:
o Explicitant le programme de l’ouvrage, les données et contraintes de projet,
o Comparant les diverses solutions envisagées,
o Proposant les orientations pour l'étude de projet.

Selon le texte de référence choisi (maîtrise d’ouvrage), cette étape d’étude sera nommée avant projet sommaire (APS) ou
étude préliminaire d’ouvrage d’art (EPOA).

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Au sens de la circulaire du 5 mai 1994 (ouvrages dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’état), les ouvrages non
courants sont :
 Les ponts qui comportent au moins une portée de plus de 40,00 m,
 Les ponts qui possèdent un tablier d’une surface utile totale > 1200m²,
 Les murs de plus de 9,00 m de hauteur,
 Les tranchées couvertes de plus de 300m de longueur, les tunnels,
 Les ponts mobiles et ponts canaux,
 Les ponts présentant des contraintes particulières liées :
o À l’importance du biais ou à la courbure,
o Aux caractéristiques des sols de fondation,
o À leur caractère innovant,
o À l’emploi de techniques particulières d’exécution, etc.

Les autres ouvrages sont considérés comme des ouvrages courants.

C - Le projet d'ouvrage d’art (POA)

Sont but est :


 De définir avec précision le dimensionnement de l'ouvrage,
 De justifier l’ouvrage par le calcul,
 De fixer toutes les options techniques et architecturales de la solution retenue au stade de l'avant projet, ses
conditions de dévolution ainsi que les variantes admises.

Ce projet sert de base à la consultation des Entreprises pour lequel il est complété par les pièces écrites administratives et
techniques du futur marché (DCE).

Selon le texte de référence choisi, cette étape d’étude sera nommée projet d’ouvrage d’art (POA – circulaire de mai 1994)
ou projet (PRO - loi MOP).

D - Le projet d'exécution des ouvrages (PEO)

Comme son nom l'indique, le projet d'exécution a pour but la mise au point des notes de calculs des ouvrages définitifs et
provisoires ainsi que des plans d'exécution : coffrage, ferraillage, câblage de l’ouvrage définitif mais aussi plans des
ouvrages provisoires (documents méthodes).

Il s'accompagne de la mise au point :


 Des documents d'assurance de la qualité (PAQ),
 Des documents d'hygiène et de sécurité (PPSPS) qui répondent aux dispositions du PGCSPS et des textes en
vigueur.

Le Maître d’œuvre, choisi par le Maître d'Ouvrage :


 Établit l'avant projet sommaire et le projet d'ouvrage,
 Vérifie pour le compte du Maître d'Ouvrage le projet d'exécution, établit par l'Entreprise adjudicataire ou par son
sous traitant (études).

VII - LES DONNEES DE PROJET


Il appartient au maître d’ouvrage d’arrêter le programme détaillé de son opération.

Ce programme, qui traduit un besoin exprimé par la collectivité, doit apporter toutes les précisions concernant : les objectifs,
les besoins à satisfaire et l’ensemble des données ou contraintes à respecter.

Les paragraphes qui suivent, balayent de façon non exhaustive, les différentes données ou contraintes classées par catégorie.

Un inventaire plus exhaustif est donné dans le ''Guide du projeteur OA'' édité par le SETRA en janvier 1999.

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A - Données administratives

Elles fixent le cadre administratif et réglementaire du projet. Elles sont généralement dictées par le Maître d’ouvrage.

Elles font l’objet d’un inventaire et d’une hiérarchisation avec le maître d’œuvre lors de la mise au point du programme de
l’opération.

Elles concernent, entre autres :


 Les données de financement et de délai. L’ouvrage d’art fait généralement partie d’une opération routière,
 Les données de contrats passés avec les divers intervenants précisant les différents points d’arrêt fixés par le
Maître d’ouvrage pour s’assurer du respect des termes de la commande passée,
 Les autres données particulières liées :
o À l’environnement de l’ouvrage,
o À la position stratégique et à l’évolution prévisible du statut de l’ouvrage : changement de maître
d’ouvrage (rétrocession : état  département par exemple), évolution de la morphologie (élargissement
envisagé, etc.).

B - Données fonctionnelles

1 - Données de tracé routier

Ces données sont systématiquement à faire confirmer par le maître d'ouvrage.

Il s'agit des caractéristiques géométriques des voies portées et franchies s'il y a lieu, et des contraintes fonctionnelles qui
s'y appliquent, à savoir :
 Caractéristiques des courbes de tracé en plan : droites, cercles ou clothoïdes, données généralement dans l’axe du
projet routier,

 Caractéristiques des courbes de profil en long : rampes, pentes ou paraboles données :


 Dans l’axe du projet dans le cas de voie bidirectionnelles,
 Sur le bord intérieur de chaussée, dans le cas de 2 x 2 voies (autoroute, voie express, …),

Détail du profil en travers type :


 Largeur des voies portées et franchies, comprenant la largeur des différentes voies de chaussée mais également les
caractéristiques des bandes latérales prévues au projet ainsi que des trottoirs, des pistes ou bandes cyclables, etc.
 Lois de variation des dévers sur ces différentes voies, en fonction des caractéristiques du tracé en plan.

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Le profil en travers doit réserver les sur-largeurs éventuelles de débattement des dispositifs de retenue : glissières ou
barrières de sécurité.

Les documents de référence pour le choix du profil en travers sont listés dans la bibliographie donnée en dernière partie de
ce cours.

2 - Gabarit(s)

Le gabarit est défini par une hauteur et une largeur qui précisent la zone à dégager pour assurer le passage des véhicules
(gabarit routier), des crues et des embâcles (gabarit hydraulique), des bateaux (gabarit fluvial), des trains (gabarit
ferroviaire), etc.

En hauteur, il concerne le dégagement statique minimal à assurer,


pour permettre le passage des véhicules routiers ou d’un convoi
exceptionnel, d’un train, etc. avec leur chargement, admis à circuler
sur la voie franchie.

Dans le cas d’un franchissement routier, cette hauteur doit être


augmentée d’une revanche pour les rechargements ultérieurs
d'enrobés ( 0,10 m en général).

 Concernant les gabarit routiers, les largeurs sont fixées par le maître d’ouvrage.
Les hauteurs dépendent du statut des voies franchies, à savoir :
 7, 00 m pour les itinéraires de convois type D ou E,
 6, 00 m pour les itinéraires de convois type C,
 4,75 m pour les autoroutes de liaison,
 4,75 m pour les voies rapides urbaines et itinéraires militaires de 3ème/4ème classe,
 4,50 m pour les grands itinéraires de trafic international,
 4,30 m pour l’ensemble du réseau routier national,
 3,65 m pour les itinéraires à gabarit réduit pour bus,
 1,90 m pour les itinéraires à gabarit réduit pour véhicules légers (gabarit A),
 2,60 m pour les itinéraires à gabarit réduit pour véhicules légers (gabarit B).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 12 Version 11_2013


Matérialisation d’un gabarit provisoire routier en cours de chantier

 Concernant les gabarits ferroviaires courants en hauteur (purement indicatif, se reporter aux documents ferroviaires) :
 4,80 m pour les lignes non électrifiées,
 4,95 m ou 5,46 m pour les lignes électrifiées à 1,5 kV,
 5,20 m ou 5,30 m pour les lignes électrifiées à 25 kV,
 5,80 m pour les lignes nouvelles à grande vitesse (hors zone d’appareils de voies),
 6,25 m pour les lignes nouvelles à grande vitesse (en zone d’appareils de voies).

Les gabarits SNCF en largeur dépendent du nombre de voies à franchir, de la présence ou non de pistes, de la courbure des
voies : dévers de plate-forme, de la hauteur des remblais sous voies : position des appuis.

Ils convient de consulter systématiquement le Réseau Ferré de France.

 Concernant les gabarits fluviaux :

Ces gabarits sont à définir au cas par cas avec le service de la navigation gestionnaire du cours d'eau.

Ce service doit apporter l’ensemble des précisions relatives aux contraintes ou données à respecter :
 Catégorie de la voie navigable,
 Gabarits de navigation,
 Couloirs de navigation,
 Protections éventuelles,
 Actions particulières à prendre en compte : intensité, hauteur des chocs de bateaux (frontal ou latéral),
 etc.

Ils convient de consulter systématiquement le Gestionnaire de la voie navigable.

3 - Autres données fonctionnelles

Elles concernent (liste non exhaustive) :


 Les autres ouvertures à dégager sous ouvrages pour passages à bestiaux, cycles, etc.
 Les réseaux divers à prévoir : caractéristiques et contraintes de mise en place, réseaux d'appel d'urgence "RAU",
réseaux PTT, EDF, GDF, LGD, etc.
 Les charges particulières prévues sur l'ouvrage,
 Les équipements particuliers à prévoir sur ouvrage : portiques de signalisation, écrans anti-bruit, écrans anti-jets de
pierres (ouvrages ferroviaires), etc.
 Les actions d'origine fonctionnelle :
o Chocs de véhicules sur dispositifs de retenue,
o Chocs de trains ou de bateaux sur appuis de pont.
 L’évolution prévisible du profil en travers fonctionnel de l’ouvrage qui peut fortement influer sur le choix de la
solution à retenir : élargissement, doublement, etc.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 13 Version 11_2013


C - Données naturelles

Elles comprennent l'ensemble des données et actions naturelles à prendre en compte pour la mise au point du projet
d'ouvrage, à savoir :

1 - Levé du terrain naturel

Compte tenu des outils actuellement utilisés pour mener à bien la conception d’un projet, il s’agit des levés en 3D du terrain
naturel :
 Courbes de niveaux, lignes caractéristiques de terrain (crête de talus, etc.),
 Semi de points (3D) à partir duquel une triangulation du terrain pourra être effectuée.

2 - Données géotechniques

Ces données peuvent influer sur le type, la conception, le niveau et les techniques d'exécution des fondations, la position des
appuis et le type de tablier à projeter.

Elles comprennent :
 La coupe géologique des terrains de fondation,
 Les caractéristiques mécaniques des terrains de fondation : pression limite, pression de fluage, module
pressiométrique,
 Les données relatives à la compressibilité des sols,
 Les données relatives à la perméabilité des sols,
 Le niveau de la nappe phréatique,
 Ainsi que toutes autres données susceptibles d’influer sur le projet : présences de blocs, de cavités, etc.

3 - Données hydrauliques

Ces données peuvent, de même que les données géologiques ou géotechniques, influer sur la position, le type, la forme des
piles en rivière, le niveau et les techniques d'exécution des fondations, la nature et l’importance des protections de berges, la
position des appuis et donc le type et le mode de construction du tablier.

Elles doivent préciser en particulier :


 La vitesse du courant,
 Les niveaux des plus hautes eaux (PHE), des plus basses eaux ou étiage (PBE), des plus hautes eaux navigables
(PHEN),
 Les profondeurs d'affouillement général et local,
 L’action hydrodynamique du courant,
 Les chocs de corps flottants,
 Les gabarits hydrauliques à respecter : ouvertures hydrauliques, etc.

4 - Données sismiques

Il convient de s’assurer de la catégorie de la voie routière et de la classe de l’ouvrage si ce dernier est concerné par cette
action (voir décret n°91-461 du 14 mai 91 relatif à la prévention du risque sismique).

Le Guide de conception des ouvrages d’art courants en zone sismique, zonage sismique de la France édité par le SETRA
(janvier 2000), énonce les règles de l’art en la matière.

D - Données paysagères et données architecturales

Une circulaire ministérielle relative à la qualité paysagère et architecturale des ouvrages routiers a été diffusée en
septembre 1984. Elle insiste sur l’intérêt d’accorder la même importance aux petits et aux grands ouvrages.

La réussite, tant sur le plan de l’insertion paysagère que sur celui de l’esthétique de l’ouvrage passe, dès le début des études
de conception et jusqu’aux études d’exécution, par la participation, au sein d’une équipe, de chacun des acteurs du projet :
projeteur OA, architecte, paysagiste, entrepreneur, etc.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 14 Version 11_2013


Les données paysagères et architecturales doivent obligatoirement être intégrées dès le stade des études préalables (APS-
EPOA).

Pour rester simples, harmonieuses et bien équilibrées, tout en s’attachant au traitement du moindre détail et en portant
l’accent sur la durabilité et la facilité de visite et d’entretien de l’ouvrage, les dispositions architecturales doivent
conjuguer :
 La cohérence entre l’usage, le fonctionnement et la forme de l’ouvrage,
 L’harmonie des proportions : rapport entre la largeur et la hauteur de l’ouvrage, épaisseur des appuis, traitement
des continuités : murets, etc., le rapport des volumes,
 L’affinement des formes : complexité et texture des surfaces, couleur, caractère, etc.

La réussite du traitement paysager et architectural passe


nécessairement par :
 Une analyse préalable du site,
 La définition de la zone d’influence de l’ouvrage,
 La recherche et le choix de produits, de matériaux et de
dispositions constructives pérennes, Photo AN – Inclinaison des piles ..., pas très heureuse !
 Le souci d’accorder la même importance à chaque élément,
jusqu’au plus petit détail,
 Une mise en œuvre soignée.

Ces conditions feront, suivant qu’elles sont réalisées ou non, qu’un ouvrage sera bien ou mal perçu en fonction de la qualité
du site où il va s’inscrire, de sa position plus ou moins dominante, de la présence d’autres ouvrages à proximité, de
l’évolution prévisible du site, etc.

E - Données environnementales

Elles visent à conserver la qualité environnementale du site et à permettre le recyclage éventuel des matériaux.
Elles concernent :
 La protection des monuments historiques, des sites classés, des sites archéologiques,
 La préservation de la qualité de l’eau (écoulements, rejets, etc.), de l’air,
 La limitation des nuisances sonores tant en cours de chantier qu’en situation de service,
 La préservation de la faune et de la flore (ouvrages à faune, échelles à poissons, etc.), ainsi que toutes les autres
données spécifiques liées à la sensibilité du site,
 Dans le cadre des préoccupations de développement durable et dans le but de limiter la production de déchets
définitifs, le cycle de vie des matériaux employés.

F - Données climatiques

Sauf prescriptions particulières, les données climatiques sont dictées par les textes réglementaires en vigueur.

C’est le cas ( voir les EUROCODES 0 et 1 ) :


 Pour la température uniforme,
 Pour le gradient de température,
 Pour le vent (en service et en construction)
 Pour la neige, etc..

L’action dynamique de la neige peut s’avérer dimensionnante dans le cas d’ouvrages paravalanches. La présence de neige
doit toutefois être prise en compte dans le cadre de la viabilité des ouvrages : déneigements hivernaux, traitement des rives
d’ouvrage, sécurité des usagers.

Ces données peuvent être complétées au cas par cas, pour tenir compte d’événements climatiques particuliers comme par
exemple les cyclones.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 15 Version 11_2013


G - Données d'exécution

Elles précisent :
 Le phasage des travaux,
 Les déplacements éventuels de réseaux,
 La libération éventuelle d’un gabarit provisoire en cours de travaux,
 La déviation et/ou la canalisation de cours d'eau,
 Les déviations provisoires de voie routière,
 La présence de lignes électrifiées, les conséquences sur les installations de chantier, position et réglage des grues,
etc.

H - Données de gestion

Le coût d’un ouvrage doit intégrer, en plus du coût immédiat de construction, celui à plus long terme d’exploitation, de
surveillance, d’entretien et de réparation.

Ces coûts différés seront optimisés d’autant que l’on aura privilégié, pour les opérations de visite et d’entretien, dès la
conception de l’ouvrage, les dispositions susceptibles :
 De faciliter l’accès à toutes les parties de la structure : dégagements, bermes, échelles, etc.
 De contribuer à la durabilité de la structure : structure simple en matériau peu altérable, bien protégée de l’eau,
robuste aux chocs, adaptée aux conditions de sols : tassement,
 De simplifier les opérations de réparation : changement de câbles, remplacement d’appareil d’appui, équipements
adaptés à l’usage prévu : joints de chaussée, étanchéité, gargouilles, etc.
 D’anticiper les futurs besoins : réseaux, élargissements, etc.
 De construire l’ouvrage dans de bonnes conditions : DÉLAIS D’EXÉCUTION RAISONNABLES.

VIII - DEMARCHE DE CONCEPTION AU NIVEAU DE L'AVANT PROJET (APS-EPOA)

A - Généralités

Les études d’avant projet, première étape des études sont destinées :
 À vérifier la faisabilité d’une opération,
 À proposer des solutions adaptées aux besoins exprimés (voir programme du maître d’ouvrage),
 À fixer un coût d’objectif.

Les études d’avant projet représentent la phase décisive d’études d’une opération.

Leur pertinence conditionne bien souvent le bon déroulement des études ultérieures en évitant les dérives financières et le
dérapage des délais d’exécution. Cette démarche de conception qui procède par étape, peut dans certains cas nécessiter une,
voire plusieurs itérations.

Elle consiste successivement à :


 Caler la position des culées, qui délimite la longueur de la brèche à franchir,
 Définir les zones d’implantation possible des appuis intermédiaires éventuels : position des piles, en tenant
compte des contraintes diverses de site,
 Définir les « ouvrages envisageables » en fonction :
 Des contraintes particulières de projet : exécution, environnement, architecture, etc.
 Des variantes possibles d’implantation d’appuis,
 Des élancements économiques d’ouvrages,
 Définir le coût des différentes solutions envisagées,
 Procéder, après la sélection de critères pertinents, à l’analyse multicritères visant à mettre en évidence la solution
optimale proposée au maître d’ouvrage.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 16 Version 11_2013


B - Définition de la longueur de la brèche à franchir

Il s'agit dans un premier temps, et après mise en place du tracé routier sur le levé de terrain, de localiser les zones possibles
d'implantation des appuis d'extrémité : CULEES, qui vont conditionner la longueur totale de l'ouvrage mais aussi, suivant
les cas, les types d'ouvrages envisageables (pont en arc, pont à béquilles, etc.).

Exemples de définition de brèche

L’ensemble des données précédemment décrites est à prendre en compte dès ce stade de l'étude.

En plus de sa fonction mécanique qui consiste à transmettre les efforts généraux au sol de fondation : poids propre du tablier
et de la culée, efforts horizontaux de poussée des terres, de freinage, etc., la culée doit permettre un accès aisé à la structure.
Cet accès est indispensable pour acheminer, en service, les matériels nécessaires à d'éventuels travaux d’entretien ou de
réparation.

C - Définition des portées de l'ouvrage

De même que pour les culées, les conditions géotechniques, hydrauliques mais aussi les possibilités d'accès et les conditions
de réalisation des fondations sont à considérer pour la définition des zones d'implantation des appuis intermédiaires :
PILES.

La position des piles doit permettre de respecter un balancement correct des travées de l'ouvrage, et/ou d'optimiser la
fabrication et la mise en œuvre des éléments de structure : poutres préfabriquées par exemple. La position des appuis
conditionne les portées de l'ouvrage. Elle doit tenir compte, dans un souci d'optimisation de la structure, de la hauteur de la
brèche à franchir dont va dépendre la technique de construction des piles mais aussi celle du tablier.

D - Sélection des ouvrages possibles en fonction des élancements économiques (annexe 1)

Cette sélection s'effectue à partir des caractéristiques particulières des différents types d'ouvrages et plus spécifiquement du
domaine d'emploi des différents types de structures porteuses.

A chaque type de structure correspond, en fonction du nombre de travées envisagées, un domaine de portée et d'élancement
optimal qui conduisent à un dimensionnement correct et économique du tablier. Il est possible, lorsque les contraintes liées
aux implantations des appuis l'imposent, de s'écarter légèrement de ces ratios. Dans ce cas, le coût du tablier s'en trouvera
généralement affecté.
Le choix des structures possibles doit tenir compte de l’ensemble des données énumérées ci avant, mais aussi des contraintes
de construction, à savoir :
 Réalisation des gabarits provisoire et définitif,
 Maintien des voies de circulation,
 Variation de la hauteur des eaux en cours de construction, etc.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 17 Version 11_2013


E - Prise en compte des contraintes particulières d'exécution ou d'exploitation des ouvrages

Il s'agit de s'assurer que les conditions de site permettront, dans de bonnes conditions :
 De réaliser la structure suivant le mode de construction envisagé :
o Possibilité de mettre en œuvre des échafaudages ou cintres compte tenu des contraintes de gabarit
provisoire,
o Possibilité de dégager, à l'arrière des culées, la place d'une aire de préfabrication dans le cas d’un pont
poussé,
o Possibilité de disposer, à l'avant des culées, de la place nécessaire à la mise en œuvre de l'échafaudage
pour réaliser le clavage sur culée d’un pont construit par encorbellements successifs,
o Possibilité de passer le coffrage outil ou les équipages mobiles entre l'intrados d'ouvrage et les caténaires
ferroviaires avec la garde de sécurité exigée, etc.
 D’organiser la visite complète des ouvrages en service.

F - Considérations environnementales. Prise ne compte des contraintes d'intégration au site

La fonction principale d'un ouvrage est évidemment d'assurer la continuité, au droit d'un obstacle naturel ou artificiel, d'une
voie routière, d'un canal, d'une voie ferrée ou tout simplement d'un cheminement pour piétons.

Chez nos anciens, la démarche de conception intégrait naturellement la recherche de la qualité esthétique de l’ouvrage
d'art. Aujourd'hui, cette recherche dépend de la volonté affirmée de l'équipe de conception mais avant tout de celle du
Maître d'Ouvrage d'assurer le financement de la plus value qu’elle entraîne.

La recherche de la qualité esthétique d'un pont doit être entreprise dès le stade des études préalables (APS, EPOA) en tenant
compte des conditions de site et de perception de l'ouvrage : équilibre des formes, rapport harmonieux des proportions,
matériaux, couleurs, etc.

G - Estimations

Le détail de l'estimation prévisionnelle de l'ouvrage dépend de l'importance de l'ouvrage.

Dans le cas d'un ouvrage courant, l'estimation se résumera à l'application de ratios tirés, soit d'exemples récents semblables,
soit d'études statistiques. Cette estimation est généralement ramenée au mètre carré de surface utile.

Surface utile = L totale du tablier x largeur entre nus intérieurs des dispositifs extrêmes de sécurité

L'estimation totale et le coût au mètre carré de surface utile, comprennent la plus value architecturale ainsi que les coûts
éventuels dus : aux protections, aux travaux sortants du cadre purement fonctionnel de l'ouvrage, etc.

Dans le cas d'un ouvrage non courant, l'estimation est précédée d'un avant métré sommaire permettant de mieux cerner les
quantités de matériaux à mettre en œuvre.

Cette estimation doit tenir compte du coût des ouvrages et équipements provisoires à fournir par l'Entreprise. Elle détaille
alors le coût de chaque partie d'ouvrage : fondations, appuis, tablier, superstructures, mais aussi le coût des équipements de
construction, la plus value architecturale prévue ainsi que les travaux annexes nécessaires pour assurer la pérennité de
l'ouvrage : perrés, enrochements de protection, déviation provisoire de route ou de cours d'eau, etc.

Le CEREMA (ex SETRA) publie régulièrement une mercuriale des prix d’ouvrages courants établie sur la base de constats
réels de travaux.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 18 Version 11_2013


H - Analyse multi-critères - Proposition au Maître d'Ouvrage

Elle consiste, après que l’on se sera fixé des critères pertinents : coût, insertion dans le site, difficultés de construction,
etc.. :
 À comparer les solutions envisagées, en tenant compte des diverses contraintes recensées et hiérarchisées au cours
des phases précédentes,
 À faire ressortir la ou les solutions optimales pour le franchissement envisagé, tant du point vu technique que
architectural (2 solutions au maximum).

Ces solutions seront proposées au choix du Maître d'Ouvrage. Dans certains cas, il peut être nécessaire, suivant les
difficultés rencontrées à satisfaire l'ensemble des contraintes de projet, d’itérer et de redéfinir la brèche à franchir et la
répartition s'il y a lieu des portées de l'ouvrage.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 19 Version 11_2013


IX - MORPHOLOGIE ET PRINCIPES DE PREDIMENSIONNEMENT DES OUVRAGES

A - Généralités

Les paragraphes suivants passent en revue les différentes familles d’ouvrages d’art courants ou non courants.

Certains de ces types ouvrages peuvent être abandonnés aujourd’hui au profit d’autres types d’ouvrages en raison des
difficultés rencontrées en service : coût d’entretien ou tout simplement parce qu’ils ne sont plus économiquement
compétitifs.

Ces ouvrages peuvent cependant avoir été construits en un grand nombre d’exemplaires. Il convient donc d’en connaître les
caractéristiques et les problèmes qu’ils peuvent poser pour les réparer ou prévenir certaines réparations lourdes en les
surveillant régulièrement.

Certains d’entre eux assurent encore des fonctions importantes sur de nombreux axes routiers.

B - Les buses métalliques

1 - Morphologie - Domaine d'emploi

Les buses métalliques, employées sous remblais, sont des ouvrages préfabriqués en acier.

Les premières buses métalliques datent des années 1950. Elles


étaient essentiellement réservées aux ouvrages hydrauliques de
faibles dimensions.

Avec l'affinement des méthodes de calculs et des techniques de


réalisation, en particulier dans le choix et les techniques de
mise en œuvre des remblais enrobant la buse, les performances
de ces ouvrages ont été portées au-delà de 10,00m d'ouverture.

Photo AN - Buse arche

Les buses métalliques se caractérisent essentiellement par leur forme, les caractéristiques mécaniques de leur paroi et leur
mode d'assemblage.

Elles sont regroupées en deux grandes familles : les buses à contours


fermés : buses circulaires, elliptiques ou arches, et les buses à contours
ouverts : les buses arches.

La forme circulaire, est la première à avoir été mis en œuvre. Les buses
circulaires représentent la grande majorité des buses actuellement en
place. Leur ouverture peut aller jusqu'à 8,00m.
Photo AN - Buse circulaire
Les buses elliptiques existent suivant deux configurations :

 à grand axe vertical. Elles sont constituées de plaques préfabriquées cintrées suivant deux rayons différents de
courbure. Ce sont celles qui permettent généralement le mieux d'inscrire le gabarit routier. Elles permettent des
franchissements jusqu'à 8,00 m d’ouverture.

 à grand axe horizontal. Elles se caractérisent par un surbaissement plus accentué que celui des buses arches.
Elles ont essentiellement été utilisées sous faible hauteur des remblais pour des ouvertures de 6,00 à 13,00m. Leur
forme les rend très sensibles aux charges concentrées susceptibles d'être appliquées pendant la mise en œuvre et le
compactage des remblais.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 20 Version 11_2013


Pour permettre de mettre en œuvre les remblais dans de bonnes conditions, ces ouvrages sont équipés de poutres de
poussée (raidisseurs), constituées de longrines en béton faiblement armé, solidaire de la structure métallique,
installées au 2/3 de la hauteur.

Les buses arches présentent une ouverture supérieure à


leur hauteur. Elles sont dites surbaissées.

Elles sont constituées de plaques préfabriquées cintrées


suivant trois ou quatre rayons différents de courbure.

Elles permettent d’atteindre jusqu'à 12,00 m d'ouverture.

Les buses arches sont constituées de plaques identiques à


celles employées pour les buses circulaires. De contours
ouverts, elles sont calées sur des semelles ou radiers en Photo AN - buse arche de franchissement routier et hydraulique
béton armé.

Les arches sont utilisées pour des ouvrages de grandes dimensions : grandes ouvertures. Les dispositions constructives sont
identiques à celle des buses elliptiques.

L'assemblage des éléments de tôles ondulées est réalisé par suivant deux grands principes :
 Boulons en sommet ou en creux d'ondulations, avec joints circonférentiels associés réalisés par recouvrement de la
dernière ondulation avec boulonnage en creux d'ondulation,
 Boulons en flanc d'ondes, avec joints circonférentiels associés réalisés, par juxtaposition et boulonnage des flancs
des ondulations.

D’autres dispositions de joints existent : les joints à encoches, les joints à bords tombés ou encore les joints en hélice ou
agrafés par pliage.

2 - Dimensionnement

Le principal intérêt des buses est leur flexibilité. Le tassement de l'ouvrage, à la clé, va s'accompagner d'une déformation de
la buse, avec augmentation du diamètre horizontal. Les remblais latéraux jouent alors le rôle de butée en reprenant une
bonne partie des efforts appliqués.

Le comportement mécanique des buses reste cependant assez mal connu.


L'interaction entre le sol et l'ouvrage, les efforts développés par les poussées
des terres sont en effet assez difficiles à modéliser de façon théorique.

Le dimensionnement s'appuie sur la théorie de l'anneau comprimé basée sur la


grande flexibilité des parois de la buse vis à vis des remblais.

Cette théorie suppose que la position finale d'équilibre de la paroi est telle que
celle ci soit soumise à une compression simple en tous ses points.

Les paramètres importants de dimensionnement, sans oublier les caractéristiques des remblais, sont :
 L’ouverture horizontale,

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 21 Version 11_2013


 L'épaisseur des tôles, le rayon de courbure de la paroi,
 Les ondulations, qui procurent l'inertie nécessaire à la reprise des sollicitations de flexion, en assurant la stabilité au
flambement en phase de service.
 Le boulonnage,

L'épaisseur théorique de calcul des tôles est augmentée pour tenir compte de la corrosion. Cette sur-épaisseur sacrifiée
dépend de la durée de vie prévue pour l’ouvrage.

3 - Fonctionnement/Pathologie

Les ouvrages métalliques sont des ouvrages simples et robustes qui posent cependant des problèmes de calculs et
d'exécution, en particulier pour les grandes ouvertures.

Elles offrent une flexibilité et une adaptation plus grande que les ouvrages courants en béton.

Dispositions conseillées de construction

La visite d'un grand nombre d'ouvrages, après quelques années de service, a permis de constater un certain nombre de
désordres dus, suivant les cas, aux caractéristiques des sols de fondation, aux caractéristiques des remblais, à la qualité de la
mise en œuvre des remblais ou à la corrosion accélérée des tôles.

La compressibilité des terrains de fondation peut en effet provoquer la déformation du profil en long, par tassement des sols
sous le poids des remblais.

Lorsque ces tassements sont faibles, ils n'entraînent en général que des désordres limités aux déformations de chaussée,
pertes de gabarit ou flashes de stagnation des eaux dans l'ouvrage (1).

Les conséquences peuvent être plus graves en cas de tassements importants et entraîner des déformations importantes des
parois pouvant conduire à la déchirure des tôles ou au cisaillement de la buse lorsqu'il existe une discontinuité très marquée
des caractéristiques des sols de fondation (2).

(2)
(1)
Des remblais de mauvaise qualité, une mise en œuvre dissymétrique ou une mauvaise mise en œuvre des remblais peuvent
également être la cause de déformations transversales d'ensemble comme en particulier l'aplatissement de la buse. Ces
désordres peuvent aussi être la conséquence d'un sous dimensionnement des tôles.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 22 Version 11_2013


Certaines déformations peuvent également être la cause d'une insuffisance de rigidité. C'est en particulier le cas des
extrémités de buses hydrauliques qui peuvent aller jusqu'à se soulever en raison du déséquilibre créé par les sous pressions
(vitesse élevée de l'eau, perte de charge hydraulique élevée à l'entrée de la buse).

Même dans le cas ou elle est correctement dimensionnée et les remblais de bonne qualité et bien mis en œuvre, la buse peut
connaître un certain nombre d'autres désordres localisés : poinçonnements, enfoncements, dégradations locales, dus en
particulier, à des chocs de véhicules, à la circulation d'engins de chantier avec une couverture de buse insuffisante, etc.

Les chocs peuvent entraîner des arrachements de boulons, des enfoncements locaux.

Enfin, l'altération partielle ou totale du revêtement de protection (galvanisation), les agressions extérieures (sels de
déverglaçage, eaux agressives) ou simplement le vieillissement naturel de l'acier, peuvent entraîner une corrosion accélérée
des tôles. A noter que si cette corrosion intéresse la partie extérieure des tôles : contre les remblais, elle ne pourra souvent
être décelée que lorsque des traces de rouille : coulures, apparaîtront sur le parement intérieur ou qu'après avoir percé la
tôle. D'autres causes peuvent expliquer la détérioration accélérée des buses, comme les affouillements des remblais ou des
perrés aux extrémités amont ou aval.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 23 Version 11_2013


C - Les cadres et portiques en béton armé

1 - Généralités

Il s'agit d’ouvrages pour lesquels le tablier, les appuis et les


fondations constituent un ensemble monolithique.

Les ouvrages de base sont les ponts-cadres et les portiques ouverts,


qui ont donné lieu par la suite aux cadres doubles et multiples, aux
portiques doubles et un grand nombre de variantes préfabriquées

Photo AN - Ouvrage biais avec chaussée supérieure en forte pente


Dissymétrie de poussée des terres sur les piédroits .

2 - Les ponts en cadre fermé ( PICF )

a - Morphologie générale

Comme son nom l'indique, le pont en cadre fermé est un tube rectangulaire constitué d’une traverse encastrée sur deux
piédroits, eux-mêmes encastrés sur un radier de fondation.

La même structure monolithique assure les fonctions de fondation : radier, également appelé traverse inférieure, d'appui et
de soutien des terres : les piédroits, et de tablier : la traverse.

Dans certains cas, les murs qui permettent de buter les remblais sont solidaires de l'ensemble : ce sont les murs en retour
suspendus. Dans le cas contraire il s'agira de murs en aile, obliques, fondés sur semelles superficielles ou semi-profondes.
Les piédroits sont encastrés sur le radier par des goussets à 45 degrés. La traverse comporte à son encastrement sur les
piédroits des goussets dont les dimensions varient avec l'ouverture de l'ouvrage. L'ensemble est hyperstatique, très rigide.

Compte tenu de leur longueur, les passages inférieurs d'autoroutes sont généralement conçus en deux parties mécaniquement
indépendantes. Dans ce cas, les piédroits des deux cadres sont reliés par un mur masque et les traverses par un caillebotis
métallique : Grille, qui présente l'avantage d'éclairer l'intérieur du cadre mais peut aussi constituer une gène par temps de
pluie : Voile d'eau.

Les ponts en cadre fermé peuvent être enterrés d'un mètre ou deux suivant leur ouverture. Des corbeaux, encastrés à
l'extérieur et en partie haute des piédroits permettent d'appuyer les dalles de transition. La seule fonction de ces dalles est
d’atténuer la marche pouvant naître d’un tassement des remblais routiers contre les piédroits (remblais contigus aux
ouvrages).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 24 Version 11_2013


b - Principaux paramètres de pré-dimensionnement

Contrairement aux ponts à tablier indépendant, la traverse est ici encastrée sur les appuis : piédroits.

Les paramètres fondamentaux de dimensionnement sont :


 Le biais : noté habituellement j,
 L’ouverture biaise : distance horizontale mesurée suivant l’axe de la voie portée, entre faces intérieures des
piédroits,
 Les caractéristiques mécaniques des sols de fondation.

c - Domaine d'emploi

La structure pont-cadre fermé en béton armé est utilisable depuis des ouvertures droites très faibles : petits ouvrages
hydrauliques, passages piétons, de l'ordre de 2 m jusqu'à 12 mètres environ.

Le biais géométrique est généralement supérieur à 65 grades. Lorsque ce biais est inférieur à 65 grades, des calculs
particuliers doivent être réalisés. Le ferraillage doit alors être adapté.

Le radier général qui réparti les charges sur le sol de fondation permet au pont-cadre de s'accommoder des sols de fondation
les plus médiocres. Sous charges d’exploitation, il amène des pressions au sol généralement inférieures à 0,1 MPa, pas
plus que les remblais adjacents.

Il faut cependant noter que sauf précautions et dispositions constructives particulières ces ouvrages sont fortement
déconseillés dans les cas ouvrages sous hauts remblais.

d - Dimensionnement

Les épaisseurs des différentes parties d'ouvrage : radier, piédroits et traverse sont modérées. Pour faciliter les opérations de
bétonnage, ces épaisseurs ne descendent pas au-dessous de 30 cm, et atteignent au maximum 50 cm environ pour les plus
grandes ouvertures.

Ces épaisseurs dépendent évidemment de l'ouverture biaise de l'ouvrage. Les épaisseurs du radier et des piédroits dépendent
des caractéristiques des sols de fondation : rigidité, et plus particulièrement du module de réaction du sol, traduit par le
paramètre ESOL, intégrant la demi-ouverture du cadre.

Pratiquement, seule l'exploitation d'essais pressiométriques permet d'obtenir une valeur réaliste de ce paramètre ESOL qui
dépend du module du sol de fondation.

Le guide de pré-dimensionnement des ponts cadres et portiques auquel il convient de se référer, propose des valeurs de
ESOL pour des terrains argileux, limoneux, sableux ou graveleux, suivant leur état de consolidation présumé.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 25 Version 11_2013


Il faut noter cependant que le paramètre ESOL qui caractérise la raideur du sol de fondation, proposé dans le guide de
conception des ponts cadres et portiques du SETRA, intervient à la puissance 1/4, et qu'une erreur grossière a finalement peu
d'influence sur les efforts de calculs.

Les abaques contenus dans le « Guide de dimensionnement des ponts cadres et portiques du SETRA » permettent la
détermination immédiate de ces épaisseurs. La classe de béton généralement utilisée est la classe C30/37 : 30 MPa de
résistance à la rupture par compression simple. Les aciers de béton armé représentent environ 80 à 110 kg/m3 de béton.

e - Méthode de calcul

Le calcul du pont-cadre diffère de celui des ponts ordinaires puisqu'on ne peut pas traiter séparément la structure porteuse
des appuis et des fondations. Pour un pont classique tel que le pont-dalle par exemple, on calcule le tablier comme un
élément indépendant. Le seul lien logique avec le sol est que le tablier doit être capable de supporter des tassements
différentiels de la fondation qu'il charge.

Dans le cas du pont-cadre, en revanche, la nature et les caractéristiques du sol de fondation interviennent dans l'intensité et la
répartition des efforts puisqu'on est conduit à considérer son radier comme une dalle sur appuis élastiques. Les efforts
appliqués sur la traverse sur les piédroits se transmettent au sol de fondation par l'intermédiaire du radier.

Sous un système de charges, le radier est sollicité par ses extrémités qui subissent des efforts verticaux et des moments
amenés par les piédroits. Le système global peut être résolu par la méthode des rotations. On se trouve alors ramené à un
portique ouvert partiellement encastré à sa base. Il ne reste alors, pour que le système soit totalement résolu qu'à déterminer
une inconnue hyperstatique.

On considère le radier comme une plaque reposant sur un sol élastique. Cette méthode de calculs qui conduit à une solution
plus voisine de la réalité que celle fournie par l'hypothèse d'une répartition linéaire des pressions sur le sol de fondation, est
beaucoup moins simple à effectuer.

Le calcul de la répartition transversale des moments longitudinaux s’effectue suivant la méthode de MM. GUYON et
MASSONNET en prenant en compte comme portée fictive de calcul, la portée de la traverse indépendante présentant la
même flèche que la traverse encastrée sous charge uniformément répartie. Les moments transversaux sont calculés par la
même méthode.

f - Exécution

Le radier général est coulé en première phase sur un béton de propreté.


Photo AN - Ferraillage des semelles des
murs en aile.

Photo AN - Après mise en place des étaiements et


du coffrage de la traverse.
Avant repliement, à l’horizontale, sur la traverse,
les armatures verticales de liaison piédroits-
traverse
Photo AN - Cadre après bétonnage et décoffrage
des piédroits.
Les armatures de liaison piédroit-traverse sont
posées verticales pour faciliter l’extraction des
banches intérieures de piédroit, mais aussi la pose
des échafaudages et coffrage de la traverse.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 26 Version 11_2013


Les piédroits coulés en deuxième phase soutiennent les terres et font office de culées incorporées. Ils portent la traverse
supérieure coulée en troisième phase qui constitue le tablier.

L'exécution des ponts-cadres ne pose pas de problème particulier à condition de respecter quelques règles élémentaires de
bonne construction et en particulier le remblaiement symétrique des piédroits avec de matériaux de bonne qualité, compacté
à l’aide de moyens adaptés.

Il suffit d'observer les prescriptions usuelles pour arriver à un résultat correct.

A ce titre, il convient absolument de dissuader ceux qui souhaitent :


 La suppression des goussets, même s'ils n'ont pas été pris en compte dans les calculs d'efforts,
 La simplification voire suppression de quelques armatures,
 La suppression d'une reprise de bétonnage.

g - Fonctionnement / Pathologie

Le pont cadre terminé est une structure complexe. Sous l'effet des charges d'exploitation, la traverse supérieure a tendance à
se déformer, provoquant la déformation des piédroits, qui ont tendance à repousser les remblais.

Les charges verticales sont reprises par réaction élastique du sol sur le radier. L'interaction entre le sol et le cadre est donc
importante.

Si le pont-cadre a été conçu et exécuté de manière correcte, il ne donne lieu qu’à des désordres mineurs. En raison de sa
rigidité, le pont-cadre ne résiste pas à des dénivellations différentielles d'appui importantes.

Un cadre n'est pas fait pour travailler en poutre caisson sur deux appuis. Un cadre appuyé d'un côté sur du calcaire sain et de
l'autre sur du limon compressible finira par basculer et se fissurer, aussi bien exécuté soit-il.

A la limite il conviendra de préférer un mauvais sol général sous le cadre plutôt qu'une alternance de bon et de mauvais sol
de fondation.

Le pont-cadre peut souffrir de mauvaises conditions de remblaiement. Les remblais doivent être mis en oeuvre de manière
symétrique sur les deux piédroits par couches de 30 cm environ soigneusement compactées.

Les aléas de chantier (remblaiement anarchique, etc.), ont conduit à renforcer le ferraillage transversal inférieur des
piédroits. Dans certain cas ou ces armatures ont été allégées, voire supprimées, on a pu constater une fissuration verticale
des piédroits, qui sans être grave par elle-même, peut accélérer la corrosion des armatures.

3 - Le portique ouvert (PIPO)

a - Morphologie générale

Il s'agit d'un ouvrage en béton armé, à fondations intégrées


en U renversé, constitué d'une traverse encastrée sur deux
piédroits fondés sur semelle superficielle ou sur fondations
profondes suivant la profondeur du substratum.

Extérieurement les portiques ouverts ressemblent beaucoup


aux ponts-cadres. Les goussets supérieurs suivent les mêmes
principes.

Les différences se situent au niveau des fondations.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 27 Version 11_2013


Des corbeaux, installés à l'extérieur et en partie haute des piédroits permettent d'appuyer les dalles de transition.

On notera toutefois qu'en l'absence de radier général, les murs en retour suspendus sont prohibés sur ce type d'ouvrage.

Contrairement au PICF, le PIPO permet d'enjamber une voie pour laquelle l'interruption de circulation est impossible ( voie
ferrée par exemple).

b - Domaine d'emploi

Au-delà d'une ouverture de l'ordre de 8,00 m sur très bon sol, ou de 12,00 m sur sol de qualité moyenne, le radier général
des cadres perd de son intérêt et l'ouvrage sur semelles superficielles devient alors intéressant.

Sur de très mauvais sols, sur lesquels un radier général est impossible, on peut très bien concevoir des portiques ouverts
fondés sur pieux ou barrettes.

Le PIPO assure généralement la relève du PICF à partir de 10,00 mètres environ d'ouverture, légèrement moins si le sol
présente de bonnes caractéristiques (pression admissible par le sol supérieure à 0,3 MPa).

Le domaine d'emploi du portique ouvert va de 6,00 mètres ou il est concurrencé par le pont cadre, à 22 mètres environ ou
il est alors concurrencé par le pont-dalle.

c - Dimensionnement

Les efforts déterminants intéressant principalement la liaison piédroits-traverse au niveau de l'angle supérieur les piédroits et
la traverse sont de fait de même épaisseur.

Comme pour le PICF, les épaisseurs qui ne descendent pas en dessous de 0,30 m peuvent par contre atteindre 0,70 à 0,75
m pour des ouvertures avoisinant 22,00 m.

Comme pour le PICF, les abaques contenues dans le guide de conception des ponts cadres et portiques du SETRA
permettent la détermination aisée des différentes épaisseurs de structure.

L'épaisseur minimum conseillée des semelles est de 0,60m. Leur largeur et leur excentricité par rapport à l'axe des piédroits
dépendent de la morphologie du portique et des caractéristiques des sols de fondation.

Dans le cas de sols de fondation ne permettant pas de reprendre 0,20 MPa sans tassement important, on devra avoir recours
à des fondations profondes de type "pieux", "barrettes" ou gros massif de béton si le substratum se trouve à faible
profondeur.

La classe de béton généralement utilisée est la classe C30/37. Les aciers de béton armé représentent environ 100 à 110
kg/m3 de béton.

d - Méthode de calculs

Comme pour le PICF, les efforts longitudinaux sont calculés pour une tranche de 1m de largeur d'ouvrage.

Dans le cas d'un ouvrage de biais modéré, supérieur à 70 grades, on se ramène à l'ouvrage droit fictif ayant pour ouverture,
l'ouverture biaise.

Pour la répartition transversale des moments longitudinaux, on utilise la méthode de MM. GUYON et MASSONNET
suivant le même principe que le cadre fermé.

Les efforts transversaux sont calculés suivant le même principe que pour le PICF.

Le calcul de la traverse et du piédroit, des portiques de biais prononcé, sont faits à partir d'une modélisation informatique
détaillée (voir également le programme de calculs MRB du CEREMA – ex SETRA).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 28 Version 11_2013


e - Exécution- Fonctionnement - Pathologie

Les commentaires relatifs à l’exécution, le fonctionnement et la pathologie des portiques sont identiques à ceux des cadres
fermés. Il convient cependant d’attirer l’attention sur les risques que présentent les portiques (PIPO) dont les dimensions de
piédroits et de traverse sont très disproportionnées : plats ou allongés, de rapport supérieur à 2,5 environ :

a - PIPO surbaissé :

Ces ouvrages sont particulièrement sensibles aux déplacements latéraux des semelles par déformation des remblais ou sols
de fondation en place. En effet, et quel que soit le PIPO, le moment d’encastrement en tête des piédroits est équilibré par les
réactions piédroits-sol en place et/ou butée sur semelles.

En augmentant exagérément la longueur de la traverse par rapport à la hauteur des piédroits, les efforts de butée des
remblais contigus deviennent importants. Ces réactions peuvent être incompatibles avec la capacité des remblais ou des sols
de butée des semelles à les encaisser sans déformations excessives.

Les éventuelles déformations horizontales (écartement des semelles vers l’extérieur) entraînent alors un supplément de
moment positif en milieu de traverse. Ce supplément peut compromettre la stabilité de l’ouvrage s’il n’a pas été pris en
compte dans les calculs. La pathologie se traduit par des fissures de flexion, en milieu d’intrados de traverse, parfaitement
visibles, pouvant rapidement atteindre des ouvertures importantes : supérieures à 0,3mm.

(a) (b)

b - PIPO surhaussé

La logique rejoint celle précédemment décrite sauf qu’ici, ce sont les efforts de poussée sur les piédroits qui peuvent
rapprocher les piédroits. Dans ce cas, la seule butée mobilisable est celle au contact semelle-sol de fondation. La pathologie
éventuelle qui peut s’en suivre se traduit par des fissures de flexion en extrados d’ouvrage : piédroits et traverse, ce qui rend
la détection de ces fissures très difficile. Lorsque cette pathologie devient observable par le visiteur d’ouvrage, elle risque
d’avoir atteint des proportions très préjudiciables à la stabilité interne de la structure : intégrité des matériaux aciers, béton.

4 - Portiques ouverts doubles ( POD )

a - Morphologie générale

Imaginé en 1971, le portique ouvert double (POD) a fait


l'objet d'un dossier pilote en 1976 et d'un programme de
calcul automatique.

C'est une extrapolation du portique ouvert simple qui en


possède les avantages et les inconvénients.

La morphologie de cet ouvrage correspond à celle d'un


portique simple, de grande ouverture, auquel on ajoute une
pile intermédiaire pouvant être composée suivant les cas, de
plusieurs voiles.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 29 Version 11_2013


La liaison traverse-pile est assurée par un appareil d’appui de type « articulation Freyssinet ».

Pour les portées les plus importantes, il peut être nécessaire de renforcer
la traverse sur appui central par deux goussets de courte longueur,
généralement inférieurs à 3,00m.

Cette disposition se rencontre habituellement sur les ponts-dalles lorsque


l’on ne souhaite pas pénaliser l’épaisseur de toute la traverse ou de la
dalle par la sur-épaisseur de matière qu’impose le pic de moment négatif
sur pile.

Photo AN - Gousset sur traverse (sur pile)

Le POD permet donc, avec les mêmes dimensions de structure que le PIPO, de franchir des brèches deux fois plus
importantes.

Les dispositions générales : goussets, corbeaux, murs de tenue des terres, etc. sont identiques à celles des PIPO.

b - Domaine d'emploi (voir annexe 1)


Photo AN - POD
Le POD multiplie en fait par deux les possibilités de
franchissement des portiques simples, ce qui les rend
compétitifs pour les franchissements de 2 x 2 voies, dans le
cas ou il n’est pas envisagé d’élargissements ultérieurs des
voies par l’extérieur.

Leur domaine d'emploi leur permet de franchir des brèches


jusqu'à 2 x 20 mètres environ. Ceci les met en concurrence
avec les ponts-dalles ou les ponts à poutres lorsque les
éventuelles contraintes particulières d’aménagements
ultérieurs de l’ouvrage n’interdisent pas leur emploi.

Photo AN – POD avec murs en retour


En fondation superficielle, il exige les mêmes qualités de sol que le PIPO.

Lorsque le tracé de la route présente une courbure en plan plus ou moins prononcé, on leur préfère parfois le pont-dalle, plus
ouvert et plus favorable sur le plan de la visibilité.

c - Dimensionnement - Exécution - pathologie

Les paramètres de dimensionnement ainsi que les ratios de matériaux sont identiques à ceux du PIPO.

L'exécution, le fonctionnement et la pathologie des POD ne présentent rien de très particulier par rapport aux portiques
simples (PIPO).

L'épaisseur du (ou des) voile central est plutôt dictée par des considérations esthétiques. Elle ne descend généralement pas
en dessous de 0,45m.

5 - Autres variantes d’ouvrages à fondations intégrées

a - Cadres multicellulaires

Ce ne sont pas des ouvrages types bien qu'ils s'apparentent aux cadres classiques. Les cadres multicellulaires se prêtent
mieux aux ouvrages hydrauliques moyens que les cadres simples : ouvrages de décharge.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 30 Version 11_2013


Dans le cas de sols médiocres et hétérogènes, les cadres multiples monolithiques risquent de ne pas résister aux tassements
différentiels. On préférera alors les cadres simples accolés transversalement, et mécaniquement indépendants.

Photo AN – Cadre multicellulaires


b - Voûtés massifs (OHVM)

Ces ouvrages, de conception ancienne sont encore projeté dans le cas


d’ouvrages isolés devant parfois supporter des hauteurs importantes de
remblais.

Photo AN - Ouvrage paravalanches

a - Généralités

Il s'agit d'un ouvrage de type ponceau, de dimensions réduites et de conception assez ancienne, composé d'une ou deux
voûtes plein-cintre d'épaisseur variable, reposant par l'intermédiaire de deux piédroits formant culées (simple voûte) ou de
deux piédroits formant culées et une pile centrale (dans le cas d'un ouvrage à deux arches), sur un système de fondation de
type semelle filante, massif ou radier général.

Dessin AN
Cet ouvrage était utilisé pour le passage de petits torrents ou de voies à caractéristiques réduites : voie de désenclavement de
largeur inférieure à 8,00 mètres, traversée d'animaux, ouvrages sous hauts remblais, etc. Il a fait l’objet d’un dossier pilote
de conception OHVM, mis au point par le SETRA en 1963.

b - Dimensionnement

Les règles de pré-dimensionnement des épaisseurs des différentes parties d'ouvrages sont données dans le dossier pilote
OHVM63, soit à partir de tableaux de valeurs pré-calculées, soit directement à partir de formules fournies dans ce dossier.

Les règles proposées dérivent des formules de M. SEJOURNE, mises au point pour le dimensionnement des ponts en
maçonnerie. Ces ouvrages, très massifs sont en général peu ou pas ferraillés.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 31 Version 11_2013


Ils comportent à leurs extrémités des murs de soutènement de têtes de type mur en aile dissociés de la voûte par un joint
vertical.

Du fait de sa grande rigidité, cet ouvrage ne résiste pas aux tassements différentiels, même faibles. C'est pour cette raison
qu'il convient, dans le cas ou subsiste un doute de la portance des sols de fondation, de préférer le radier général aux
semelles ou massifs de fondation.
Dessin AN
Le radier des ouvrages hydrauliques est généralement équipé de
para-fouilles amont et aval.
La hauteur d’un para-fouille amont est de 1,00m minimum, celle du
para-fouille aval se déduit des épaisseurs suivant un fruit vertical de
1/5.
Dans le cas d'un ouvrage à deux travées, la protection des
maçonneries est assurée par un système de drainage directement
hérité des ponts en maçonnerie.
Appui intermédiaire d’un multi-arche 

c - Les passages inférieurs voûtés (PIV)

a - Généralités

C'est un ouvrage qui peut être considéré comme schématiquement équivalent à un cadre fermé (PICF) ou à un portique
ouvert (PIPO) dont la traverse supérieure aurait été remplacée par une voûte circulaire articulée aux naissances.

L'inscription du gabarit et le bon fonctionnement de la voûte circulaire suppose que la dénivellation entre les deux voies,
portée et franchie, est importante : hauteur des remblais supérieure au gabarit à dégager.

b - Morphologie
Dessin AN
L'ouvrage se compose d'une voûte circulaire préfabriquée, de
faible épaisseur, posée et articulée sur des piédroits verticaux
fondés sur semelles : bons sols de fondation ou radier : sols
de caractéristiques médiocres, exécutés en place.

Pour de grandes ouvertures de voûte, le transport et la


manutention peuvent conduire à réaliser deux demi-coquilles
qui seront clavées sur chantier.

g - Dimensionnement

Les ouvrages de ce type, réalisés à ce jour sont relativement peu nombreux. Ils ne permettent pas d'établir des règles
générales de dimensionnement. Dans sa note d'information diffusée en 1978, le SETRA donne un exemple de
dimensionnement d'ouvrages fondés sur semelles ou radier général.

d - Fonctionnement - Pathologie

La configuration de voûte articulée répartie les efforts de manière rationnelle en faisant travailler le béton en compression.

Les piédroits bénéficient pour leur stabilité, des charges amenées par la voûte.

Il semble, d'après le SETRA, que les ouvrages construits à la date de publication de la note d'information n°12, en 1978,
n'aient pas eu à souffrir de tassements différentiels entre semelles.

Il reste cependant que si la construction de la structure ne pose pas de problème technique particulier, à condition de
respecter les règles de l'art, il n'en va pas de même de la mise en oeuvre des remblais techniques.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 32 Version 11_2013


Ces derniers doivent être mis en œuvre avec le plus grand soin en particulier le premier mètre contre l'ouvrage, qui doit être
compacté à l'aide d'engins de faibles puissances. Un compactage défaillant peut induire des sollicitations importantes sur
l'ouvrage.

d - Autres ouvrages préfabriqués

Les cadences de production associées aux progrès réalisés dans la préfabrication des pièces ont favorisé depuis les années
1980 l’émergence d’un certain nombre de structures préfabriquées d’ouvrages courants, en particulier des petits ouvrages de
type cadre simple ou multiples et surtout d’ouvrages voûtés préfabriqués en tout ou partie.

Les cadences de fabrication en usine et les conditions de démoulage, de manutention et de stockage des pièces fraîchement
bétonnées peuvent cependant entraîner l’apparition de multiples fissures fines, avant même la sortie d’usine. La profondeur
de ces fissures peut dépasser l’enrobage des armatures, voire même traverser certaines pièces lorsqu’elles présentent des
épaisseurs très faibles.

Il convient d’être attentif aux conditions de fabrication, mais aussi de transport, de stockage et de mise en place des pièces,
qui sont autant de risques d’initier une pathologie prématurée des éléments. Il est primordial par ailleurs de ne pas dissocier
les remblais contigus et de les traiter avec autant de soin que l’ouvrage principal : qualité de l’assise, des matériaux de
remblais, de compactage, de drainage, sans oublier la granulométrie de la couche de contact avec l’ouvrage principal qui ne
doit pas occasionner de désordres à l’étanchéité qu’il est toujours conseillé de prévoir.

La conception de ces ouvrages est assez diverse et bien que assez récents, ces ouvrages représentent aujourd’hui un parc
important parmi les ouvrages de faible ouverture.

a - Les cadres complets assemblés longitudinalement par précontrainte

Il s’agit de cadres simples préfabriqués par tronçons, de dimensions réduites, dont le poids et la longueur restent compatibles
avec les contraintes de transport. Ces variantes ont souvent été utilisées pour les petits passages souterrains en site urbain :
passages piétons, etc.

Les éléments, de 2,00 m à 3,00 m de longueur s’emboîtent


suivant le principe du tenon-mortaise. Ils comportent des
réservations dans leurs quatre angles pour permettre la mise
en œuvre d’une précontrainte longitudinale.

Après pose des éléments sur une assise réglée, le joint souple
mis entre les éléments est maté par la précontrainte
longitudinale.
Cadre préfabriqué assemblé par précontrainte longitudinales 

Photo AN - Les demi-cadres articulés en milieu de piédroits Photo AN - Modulo-cadre -articulation sur piédroits

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 33 Version 11_2013


Il est utile de rappeler que la pérennité de ces petits ouvrages en béton armé dépend, comme pour les buses métalliques
précédentes, de la qualité des matériaux de remblais mais aussi et surtout du soin apporté à la mise en œuvre de ces remblais
: épaisseur des couches, compactage, drainage, etc.

b - Les portiques mis en place par déploiement

Ce sont des ouvrages préfabriqués imaginés par une Entreprise


italienne qui consiste à bétonner la traverse et les piédroits à plat et
à les déployer à la mise en œuvre, comme le montre la photo
suivante du constructeur.

Ce sont des ouvrages très particuliers pour lesquels nous ne


disposons pas de retour sur leur comportement dans le temps.

Photo catalogue TENSITER 

g - Les voûtes préfabriquées en béton armé

Elles sont souvent présentées en variantes des cadres ou portiques lorsque l’excès de hauteur libre permet d’inscrire
l’encombrement de la coque supérieure au-dessus du gabarit théorique exigé. La note d’information n°12 du SETRA
précise les conditions requises pour l’ouvrage principal et les remblais contigus pour accepter une variante de ce type (voir
conditions de mise en œuvre des buses métalliques, ci avant).

Photo AN - Stockage des pièces sur chantier Photo AN - Simple tube en cours de montage

Photo AN - Bétonnage du radier Photo AN - ouvrage préfabriqué double

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 34 Version 11_2013


D - Les ponts-dalles rectangulaires ou à encorbellements latéraux

La forme de la structure porteuse (tablier) des ponts-dalles évolue avec la portée déterminante de l’ouvrage (plus grande
portée du franchissement).

1 - Terminologie

Photo AN

2 - Principaux paramètres de pré-dimensionnement

Le balancement des travées (noté q) est généralement compris entre 0,6 et 0,8.
Le biais géométrique (noté j ) est l’angle aigu en grades entre les tangentes aux lignes de référence des tracés en plan en
leur point d’intersection.

3 - Généralités sur les ponts-dalles

De formes simples, faciles à coffrer et à ferrailler, les tabliers de ponts-dalles consomment, à portées équivalentes, plus de
béton que les autres types de tablier de ponts.

Les ponts-dalles sont bien adaptés aux franchissements moyens, ce qui expliquent qu'ils représentent la grande majorité des
ouvrages sur autoroutes.

De plus, leur épaisseur réduite leur confère une ligne particulièrement discrète.

Ces ouvrages ont fait l’objet, de la part du SETRA, depuis les années 1960, de nombreux dossiers pilotes, de guides de
conception et de programmes de calculs automatiques.

Ces guides permettent, à partir d'abaques, d'effectuer un pré-dimensionnement rapide de la structure porteuse (tablier). Ils
rassemblent, en outre, quelques conseils esthétiques.

Parmi ces dossiers on peut citer :


 Le PSIDA : Passage Supérieur ou Inférieur en Dalle Armée,
 Le PSIDP : Passage Supérieur ou Inférieur en Dalle Précontrainte,
o Le PSIDE : Passage Supérieur ou Inférieur en Dalle Élégie (obsolète aujourd’hui),
 Le PSIDN : Passage Supérieur ou Inférieur en Dalle Nervurée.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 35 Version 11_2013


4 - Morphologie et domaine d’emploi des ponts-dalles

a - Morphologie générale

Photo AN
Photo AN - Structure de pont dalle terminée et en attente de pose des superstructures et remblais contigus

En raison de l'influence souvent déterminante de son poids propre, la


morphologie du tablier en béton armé ou en béton précontraint va évoluer
avec la portée.

La coupe transversale du tablier dans sa forme la plus simple est un


rectangle, parfois chanfreiné aux deux angles inférieurs

Exemples de coupes transversales 

La dalle pleine rectangulaire, assez facile à coffrer, présente l'inconvénient d'être très pesante. Elle ne convient que pour des
portées généralement limitées. Lorsque la portée augmente, le gain de poids est obtenu en disposant de petits
encorbellements latéraux. Pour des portées plus importantes, il est nécessaire de réaliser de larges encorbellements.

Dans le but de limiter les importantes sollicitations de poids


propre, il a été imaginé de réduire le poids de béton en
ménageant, au milieu de la dalle, des réservations réalisées à
partir de tubes (métalliques ou en feuillard) ou de polystyrène
expansé, dans la partie centrale des travées intermédiaires.

Ces élégissements, qui peuvent représenter jusqu'à 25% à 30% du volume de la section pleine de la dalle ont pour but
d’augmenter les performances (domaine d’emploi) des ponts-dalles.

Malgré cet artifice de construction, les dalles élégies sont pratiquement abandonnées aujourd'hui en raison du coût élevé
des élégissements et des difficultés de réalisation liées aux difficultés d’arrimage des élégissements (poussée au vide du
béton sur les élégissements), de coffrage, de ferraillage et de bétonnage de la dalle.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 36 Version 11_2013


D'autres dispositions peuvent être adoptées pour limiter les effets du poids propre.

Elles concernent l'épaississement ponctuel de l'ouvrage, sur piles intermédiaires ou les sollicitations sont maximales, par la
mise en oeuvre de goussets de longueur réduite ou bien encore l'adoption d'un profil d'intrados variable linéairement ou
paraboliquement.

Photo AN - Gousset de dalle sur piles intermédiaires.

Ces dispositions, en particulier l'intrados parabolique, contribuent le plus souvent à améliorer l'esthétique de l'ouvrage.

b - Domaine d'emploi (voir annexe 1)

a- Choix du type d'ouvrage

Les ponts-dalles, comptent généralement de une travée indépendante à six travées continues. Les dalles en béton armé sont
projetées pour des portées comprises entre 10,00 mètres et 16,00 m environ. Le domaine d’emploi usuel des dalles en
béton précontraint se situe entre 14,00 et 25,00 mètres environ.

Les performances de portées peuvent être étendues au-delà de 25,00 mètres :


 En disposant des encorbellements,
 En disposant des goussets sur appuis intermédiaires (épaississement de la dalle),
 En adoptant un profil d’intrados (ligne inférieure de la dalle) parabolique.

Ces dispositions peuvent permettre d’atteindre des portées usuelles de 30,00 à 35,00 mètres. Ces ouvrages s'adaptent bien
aux géométries complexes de tracés : ouvrages courbes en plan, circulaires ou clothoïdés, parabolique en profil en long ou à
dévers variables.

Les programmes de calculs automatiques développés par le SETRA pour la vérification des dalles en béton armé ou en
béton précontraint, ne permettent pas le calcul d'ouvrages à courbure prononcé ou très biais. Leur utilisation est limitée à des
biais minimaux d’environ 65,00 grades et à des portées angulaires inférieures à 0,2 radian environ. Pour des courbures ou
des biais plus prononcés, il est nécessaire d'avoir recours à des logiciels spécifiques : logiciel MRB " Méthode des
réflexions bi-harmoniques" par exemple, développé et diffusé par le CEREMA (ex SETRA) ou des modélisations aux
éléments finis de la structure.

b - Choix du nombre de travées

Le choix du nombre de travées dépend des contraintes


particulières d'implantation des appuis mais aussi des
contraintes de gabarit qui obligent parfois à limiter les portées
pour diminuer l'épaisseur du tablier.

Photo AN - Pont-dalle à quatre travées continues

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 37 Version 11_2013


Pour des ouvrages autoroutiers, les zones possibles d'implantation des appuis intermédiaires : piles ou palées, correspondent
habituellement : au terre-plein central (TPC), si sa largeur le permet, aux délaissés gauche et droit, situés entre les
dispositifs de retenue qui bordent la bande d'arrêt d'urgence (BAU) et les pieds de talus de remblais.

L'éventail des solutions correspond, dans ce cas, aux ouvrages à deux travées : 1 pile sur TPC, trois travées : 2 piles en
retrait des bandes d'arrêt d'urgence ou quatre travées : une pile sur TPC + une pile à l'arrière des bandes d'arrêt d'urgence.

Les culées sont installées soit en tête des talus de déblais (simple sommier d'appui du tablier), soit noyées dans les remblais
contigus (piles-culées) ou calées en bord des bandes d'arrêts d'urgence (culées massives à mur de front).

Le choix de la solution proposée dépend alors, en fonction des élancements adoptés pour chacun des ouvrages envisagés :
 Du coût des ouvrages,
 Du respect du gabarit routier ou autoroutier,
 Des considérations esthétiques qui peuvent conduire à privilégier une solution en raison des proportions entre
travées et piles (rapport de la hauteur des piles sur la portée), du dégagement de l'espace (deux travées de grandes
portées), d'une meilleure perception (les ouvrages à nombre impair de travées sont généralement mieux perçus que
les ouvrages à nombre pair de travées qui sont par ailleurs plus pénalisant du point de vue du calcul).

g- pré-dimensionnement (voir annexe 1)

La caractéristique la plus remarquable de ce type de structure est sa minceur.

Pour les ponts en béton armé en dalle pleine de hauteur constante, l'élancement varie habituellement de :
 1/20ème une travée isostatique,
 1/25ème pour un ouvrage à deux travées,
 1/28ème pour un ouvrage à trois travées et plus.

Pour les ponts en béton précontraint, en dalle pleine de hauteur constante :


 1/25ème une travée isostatique,
 1/28ème pour un ouvrage à deux travées,
 1/33ème pour un ouvrage à trois travées et plus.

En diminuant la section de la dalle par la mise en oeuvre de dalles à larges encorbellements de hauteur constante, les
élancements sont portés, pour les dalles précontraintes à :
 1/22ème pour des travées isostatiques,
 1/25ème pour un ouvrage à deux travées,
 1/28ème pour un ouvrage à trois travées et plus.

A titre indicatif, les élancements pour dalles élégies sont comparables à ceux des dalles à larges encorbellements. Le
balancement des travées (rapport entre la portée de rive et la portée centrale), ne doit pas descendre en dessous de 0,60 pour
éviter le soulèvement du tablier sur les culées, en service.

De même, pour éviter de pénaliser la solution par un déséquilibre trop marqué des travées, on limite, lorsque cela est
possible, le balancement des travées à 0,80 au maximum.

Au-delà d’un balancement de 0,80, la longueur des travées de rive conduit à une esthétique peu satisfaisante et pénalise
sévèrement la solution en augmentant sensiblement les sollicitations sur appuis intermédiaires.

Même dans le cas ou ils ne s'avèrent pas nécessaires pour assurer la stabilité de la structure, les encorbellements, même
limités en dimensions, améliorent l'esthétique des ouvrages en diminuant l'épaisseur apparente du tablier.

L'épaisseur des extrémités d'encorbellements est au moins égale à 0,20 m. Elle est parfois à augmenter pour satisfaire les
conditions de scellement des montants des dispositifs de retenue et de transfert des efforts de chocs des véhicules : 0,25 m en
présence de barrières lourdes par exemple.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 38 Version 11_2013


La photo ci dessous montre un exemple de dalle à très larges
encorbellements, qui exige, compte tenu des cycles transversaux de
chargement, une vérification des armatures des piles à la fatigue.

Pour une dalle en béton armé, la consommation d'acier est de l'ordre


de 100 à 120 kg/m3. Elle passe pour les armatures de béton armé, de 70
kg/m3 à 80 kg/m3 de béton pour les ouvrages en béton précontraint
pour lesquels la consommation d'armatures de précontrainte est
habituellement comprise entre 30 kg/m3 et 40 kg/m3 de béton.
Photo AN - Dalle à très larges encorbellements -Tablier encastré sur piles

Les câbles de précontrainte des tabliers PSIDP coulés en une seule phase, sont généralement filants de bout en bout des
ouvrages et tendus, en fonction des pertes de tension, d’un ou des deux côtés.

Les appareils d'appui peuvent être répartis de façon à optimiser la forme des appuis, ce qui permet d'ouvrir le champ des
formes des piles et contribue à améliorer l'esthétique de l'ouvrage.

Cette possibilité constitue un réel progrès par rapport aux ponts à poutres qui imposent, par la distance entre poutres de rive,
une largeur des chevêtres d’appuis proche de celle du tablier. Pour les piles de grande hauteur, un chevêtre de type marteau
peut coiffer un fût de dimension réduite.

------------------------------Piles pour travées continus --------------------------------- ------ Piles pour travées indépendantes -------
Quelques exemples de dispositions constructives de piles

d - Méthodes de calcul

La méthode détaillée du calcul des ponts-dalles est exposée dans les dossiers pilotes PSIDA et PSIDP du SETRA. Le calcul
des efforts de flexion longitudinale comporte plusieurs parties traitant de l'ensemble des sollicitations agissant sur la
structure : poids propre, superstructures, charges variables.

Les calculs de la répartition transversale des moments longitudinaux ainsi que ceux de flexion transversale sont basés la
théorie de MM. GUYON MASSONNET et BARES. Cette théorie ne vaut que pour les dalles rectangulaires isostatiques,
simplement appuyées, respectant un rapport longueur-largeur bien défini. Elle a donc du être aménagée pour être étendue à
l’évaluation des efforts sur dalles biaises et sur dalles continues. Le calcul des sections de béton armé est conduit en prenant
pour coefficient d'équivalence acier-béton de 15 et en négligeant les armatures comprimées.

L'intérêt de pouvoir construire des ponts-dalles de biais


prononcé se manifestant de plus en plus au fil des années, il a
été mis au point dès 1964 un calcul des dalles biaises par la
"Méthode des réflexions bi-harmoniques" (MRB).

C'est une méthode de calcul de plaques permettant de tenir


compte de la continuité, du biais, du coefficient de Poisson.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 39 Version 11_2013


Aujourd'hui, ce calcul peut également être effectué à l'aide d'un programme aux éléments finis. Afin que l'effet du biais
puisse être réellement négligé, l'angle minimum de biais géométrique a été limité au départ à 65 grades.

Il est introduit une donnée nouvelle : le biais mécanique. Désormais, c'est ce critère du biais mécanique qui permet de
déterminer si un ouvrage est dans le domaine d'emploi standard, on s'il nécessite un calcul spécifique en raison de son biais
prononcé.

Le guide de conception des ponts dalles définit le biais mécanique «y» de la façon suivante :

y = j + (100-j) (1-0,5. h)² si h < 2 avec : j = angle de biais géométrique,


y=j si h >= 2 h = (largeur droite)/(ouverture droite)

Les calculs des dalles, même très biaises, ne posent plus de problèmes insurmontables et ne conduisent plus à des impasses
dangereuses du point de vue de la reprise des efforts.

Il convient cependant d’être attentif aux problèmes de construction en portant une attention particulière aux cotes de
réglages des coffrages pour les ouvrages de biais prononcés. A défaut de le vérifier, on risque de constater, au décoffrage,
des déformations au moins préjudiciables à l’esthétique de l’ouvrage.

e- exécution

L'exécution des ponts-dalles se caractérise par sa simplicité. Il arrive certes que des encorbellements sous trottoirs présentent
deux ou trois pans coupés, voire un raccordement circulaire, mais cela s'arrête généralement là. Sur un coffrage lisse, posé
sur des échafaudages généraux ou des cintres, suivant les contraintes imposées, on dispose le ferraillage, de conception
assez simple, d'une densité modérée : 100 à 120 kg/m3 de béton, soit 40 kg à 70 kg d'armatures au m2.

Ces ouvrages consomment beaucoup de béton par mètre carré de surface de tablier, et leur forme extrêmement simple
n'exige pas a priori de phaser le bétonnage.

Cela a posé, et pose hélas encore parfois, plusieurs problèmes. Le premier est celui de l'approvisionnement à pied d’œuvre et
la mise en oeuvre d'importantes quantités de béton, de la centaine à quelques centaines de mètres cubes. La deuxième
difficulté est de transporter ce béton, supposé livré avec une qualité satisfaisante et à une cadence suffisante, dans le
coffrage.

Le bétonnage à la benne déplacée par une grue a fait place aujourd'hui au bétonnage à la pompe.

Une fois le béton dans le coffrage, il faut le vibrer. Une cadence élevée de bétonnage, de l'ordre de 20 m3 par heure,
nécessite une équipe nombreuse pour assurer une vibration satisfaisante.

Photo AN - Coffrage de pont dalle Photo AN - Ferraillage de pont dalle


Préparation du ferraillage Au premier plan ferraillage du chevêtre incorporé sur appui.

Enfin, la finition par talôchage de la surface d'extrados reste assez artisanale, dans la plupart des cas.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 40 Version 11_2013


Un autre problème réside dans le poids du béton frais des
ponts-dalles. L'échafaudage général doit supporter une
charge élevée, amenée en une fois, ce qui change par rapport
aux ponts à poutres où les charges sont moindres et amenées
en plusieurs phases.

Ainsi, plus d'une fois des échafaudages de ponts-dalles


insuffisamment fondés ou de trop faible constitution, se sont
affaissés localement sous le poids du béton frais. On a même
eu à déplorer des effondrements généraux.

Photo AN - Mise en place et réglage des conduits de précontrainte dans le


ferraillage

Hormis ces rares cas, il faut redouter les déformations peu visibles des échafaudages se produisant quand le béton a
commencé à faire prise. Il s'ensuit des ouvertures de fissures que rien ne refermera malheureusement plus jamais.

La conduite du bétonnage, doit provoquer si elle est bien conçue les plus grandes déformations quand le béton est encore
frais et plastique. Ceci impose de bien avoir étudié la méthodologie de bétonnage lorsque l’ouvrage est supporté
provisoirement par des cintres. C'est un élément essentiel de la réussite du tablier.

f fonctionnement pathologie

Hormis les défauts inhérents à un mauvais bétonnage ou à des déformations excessives des échafaudages généraux, les ponts
en dalle pleine de béton armé ou de béton précontraint sont assez peu sujets à désordres.

La raison réside dans la grande robustesse de ces structures. Les diverses mesures effectuées à cette occasion ont montré que
ces ouvrages étaient beaucoup plus résistants que ne le montraient les calculs théoriques.

Les ponts-dalles ne sont cependant pas complètement exempts de pathologie, l'une des causes peut être une prise en compte
insuffisante du biais.

Dans un pont à poutres, les efforts longitudinaux transitent en majeure partie dans les poutres.

Dans un pont-dalle biais, les efforts transitent certes dans un matériaux hétérogène et anisotrope mais cependant relativement
continu. La direction des contraintes principales ne coïncide pas forcément avec la direction du ferraillage.

Il peut arriver que des ponts-dalles de biais prononcé, mal calculés et mal ferraillés, présentent quelques fissures
d'ouvertures importantes. Une des causes de fissuration est la sous estimation des efforts transversaux par la prise en compte
du coefficient de poisson.

Les ponts-dalles très larges peuvent ainsi être affectés de fissures longitudinales au milieu de l'intrados. La grande largeur
accentue les conséquences éventuelles du retrait transversal et des effets thermiques.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 41 Version 11_2013


Les ponts-dalles sont caractérisés par leur minceur. L'une des conséquences immédiates est qu'ils sont peu affectés par les
dénivellations d'appuis.

Les dossiers PSIDA et PSIDP et le ''Guide des ponts-dalles'' indiquent que les tabliers de ce type sont peu sensibles aux
tassements différentiels d'appuis inférieurs à 2 cm environ.

En conclusion, on peut dire que les ponts-dalles en béton armé ou en béton précontraint, bien conçus, bien exécutés et
correctement fondés sont quasiment à l'abri de désordres pathologiques.

E - Les ponts en dalles nervurées en béton précontraint

1 - Généralités

Les dalles nervurées, qui sont une extension des dalles à larges encorbellements, existent en fait depuis longtemps, sous des
formes les plus diverses.

Le dossier pilote PSDN81 du SETRA standardise toutes ces formes et fait du pont en dalle nervurée un pont type au même
titre que les ponts-dalles en béton armé ou en béton précontraint.

Ce dossier traite également des dalles mono-nervurées traitées dans le paragraphe précédent.

Leur domaine d'emploi est assez étendu. Il peut aller des petites portées, de l'ordre de 20,00 mètres environ, lorsque l'on
vise l'économie du projet, à 40,00 mètres lorsque l'on désire privilégier l'esthétique en réalisant un ouvrage plus élancé, à
intrados parabolique par exemple, tout en optimisant la section de béton.

La forme et les dispositions évoluent avec la portée mais aussi avec la largeur de l'ouvrage.

2 - Morphologie

La morphologie transversale du tablier porte essentiellement sur le


nombre, la forme et la position des nervures.

Le nombre des nervures dépend de la largeur du tablier et du choix


architectural, des dimensions des piles par exemple.

Les nervures peuvent être de forme rectangulaire ou trapézoïdale.

L'optimisation du rendement mécanique des sections conduirait à


s'orienter vers des nervures étroites et hautes.

Contrairement à des nervures larges, cette disposition de rendement


inférieur imposerait souvent :
 De remonter le profil en long pour respecter le gabarit,
 D’augmenter la hauteur des remblais d'accès à l'ouvrage,
 D’augmenter le ratios d'armatures transversales dans le hourdis.

Le choix définitif résulte en fait d'une comparaison économique des deux solutions : nervures larges et peu épaisses et
nervures hautes et peu larges. Le pré-dimensionnement peut être fait en s'aidant des abaques donnés dans le dossier PSIDN
81 du SETRA.

La répartition des nervures doit assurer une bonne résistance à la section et correspondre à un bon équilibre entre la largeur
des encorbellements, qui ne doivent pas être trop sollicités par les charges de superstructures disposées aux extrémités
latérales de dalle, de chaussée, et la partie de hourdis entre nervures.

La répartition des nervures doit en outre tenir compte du biais.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 42 Version 11_2013


Pour permettre le calcul de la structure à partir des méthodes exposées dans le dossier PSIDN81, la dalle nervurée doit être
encastrée à la torsion sur appuis.

Cet encastrement est obtenu par la mise en oeuvre, entre nervures, d'une entretoise en béton armé qui permet, en outre, le
vérinage du tablier.

3 - Domaine d'emploi

L'aspect architectural, le gabarit à dégager, la largeur du tablier, le mode de construction et en particulier le phasage de
réalisation de la structure, les problèmes de visibilité, les risques d'affouillement dans le cas d'une pile en rivière sont autant
de paramètres, parmi les plus importants, à influer sur le choix définitif des portées, du nombre et de la forme des nervures.
Pour des ouvrages de largeur réduite, inférieure à 10,00 m environ, et de trois travées et plus, on ne disposera qu'une seule
nervure :
 De hauteur constante lorsque le gain de poids, l'esthétique de l'ouvrage ou le respect du gabarit ne justifie pas de
passer en hauteur variable. Dans ce cas, le domaine de portées varie habituellement entre 25,00 et 35,00 mètres.
 De hauteur variable au-delà de ces portées jusqu'à 50,00 m environ.

Pour des largeurs d'ouvrages supérieures à 10,00 mètres, on disposera deux ou trois nervures (larges ou étroites), suivant
que cette largeur est supérieure ou inférieure à 16,00 mètres environ.

Les portées économiques doivent être réduites de 10% environ dans le cas d'ouvrages à deux travées.

4 - Dimensionnement

On distingue les nervures larges utilisées pour des largeurs faibles de tablier et les nervures étroites, mieux adaptées aux
ouvrages très larges.

Les ouvrages à nervures étroites et hautes, ont un meilleur rendement que les ouvrages à nervures larges. Plus consommateur
de coffrage, ils nécessitent en outre, en raison de l'augmentation des encorbellements, de renforcer le ferraillage transversal.

La largeur des encorbellements doit rester inférieure à la largeur du hourdis entre poutres. Cette condition est importante
pour assurer un bon équilibre transversal et éviter des efforts parasites qui peuvent entraîner des déformations transversales
permanentes (torsion).

Comme pour les ponts-dalles classiques, l'épaisseur des encorbellements doit permettre la fixation des dispositifs de retenue
envisagés.

Les élancements adoptés pour les dalles nervurées à larges nervures sont semblables à ceux des ponts-dalles classiques à
larges encorbellements.

Lorsque la largeur des nervures diminue, on se rapproche des dispositions des ponts à poutres pour l'élancement de la
structure.

Que l'ouvrage soit prévu à intrados parabolique ou à épaississements localisés sur appuis intermédiaires, par goussets par
exemple, les élancements conseillés pour les ouvrages à trois travées ou plus sont les suivants:

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 43 Version 11_2013


 Avec nervures larges :
o En hauteur constante : 1/30ème,
o En hauteur variable : 1/24ème sur appuis, 1/42ème en travée,
 Avec nervures étroites :
o En hauteur constante : 1/22ème,
o En hauteur variable : 1/22ème sur appuis, 1/35ème en travée,

Dans le cas d'un ouvrage à deux travées, ces élancements deviennent,

 Avec nervures larges :


o En hauteur constante : 1/25ème,
o En hauteur variable : 1/20ème sur appuis, 1/30ème en travée,
 Avec nervures étroites :
o En hauteur constante : 1/16ème à 1/18ème en 1 ou 2 travées,
o En hauteur variable : 1/22ème sur appuis, 1/35ème en travée,

La longueur du gousset est généralement limitée au 1/5ème de la portée déterminante.

Le balancement des travées est identique à celui des ponts-dalles classiques, entre 0,6 et 0,80. Dans le cas d'ouvrages à biais
prononcé, inférieure à 50 grades, il est conseillé de redresser les appuis, quitte à majorer les portées de l'ouvrage.

La courbure a peu d'influence. Elle peut être négligée si l'ouverture angulaire reste inférieure à 0,20 radian environ. Au-delà
de cette valeur, des calculs particuliers doivent être envisagés pour évaluer ses effets.

La consommation d'armatures de précontrainte varie de 30 kg/m3 à 50 kg/m3 de béton. Ces quantités peuvent être
dépassées pour des ouvrages de grandes largeurs, pour tenir compte de la précontrainte transversale.

Le dossier PSIDN du SETRA permet, à l'aide d'abaques, de déterminer plus finement la consommation d'armatures de
précontrainte.

5 - Méthodes de calcul

Le calcul des dalles nervurées doit envisager l'ensemble des points suivants :

 Effets de la répartition transversale des charges entre les nervures. Ce calcul doit tenir compte de la liaison
éventuelle entre nervures, entretoisement par exemple, et des conditions d'appuis,
 Étude de la flexion transversale : cumul des effets généraux et locaux engendrés par les charges réglementaires, par
les déformations gênées de retrait, de fluage et de température. Ce calcul comprend l'évaluation des sollicitations de
flexion dans les encorbellements,
 Étude de la flexion longitudinale et l'évaluation des sollicitations de gradient vertical : différence de température
entre extrados et intrados de la dalle,
 Études des contraintes de cisaillement de torsion, qui se cumulent aux contraintes de cisaillement d'effort tranchant.
Ces contraintes peuvent être très importantes sur les flancs verticaux des nervures. L'étude de ces contraintes est à
faire sous charges concomitantes.

Ces sollicitations peuvent entraîner, compte tenu de la morphologie de cet ouvrage, des tractions importantes en fibre
inférieure, en travée et surtout sur appuis intermédiaires.

6 - Exécution

Les ouvrages en dalle nervurée peuvent être exécutés sur cintre en une seule fois comme les ponts classiques en dalle pleine.

Compte tenu des grandes quantités de béton à mettre en place, le phasage des tabliers en dalle nervurée, qui permet
d'optimiser l'utilisation des cintres et des coffrages est très souvent envisagé.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 44 Version 11_2013


On adopte généralement le phasage transversal en réalisant les nervures
d'une même travée l'une après l'autre et en les clavant en partie centrale,
sur une bande suffisante pour assurer la continuité de ferraillage
transversal. Le décalage entre la réalisation des nervures et du clavage
doit permettre de minimiser les effets du retrait différentiel entre nervures
et clavage.

Dans le cas de travées continues, ces opérations se répètent de travée en


travée.

Elles supposent bien entendu une mise en précontrainte partielle pour


assurer la stabilité des ouvrages. Dans certains cas, les cintres sont
conservés sur la travée "n-1" pour diminuer les sollicitations à reprendre
en phase provisoire.

Photo AN - phasage longitudinal et transversal Photo AN - phasage longitudinal et transversal

La précontrainte de continuité est mise en oeuvre en fin de construction. Elle peut être ancrée en extrados dans le cas
d'ouvrages de grande longueur.

Ce phasage impose bien entendu, pour viser à réaliser le profil en long définitif de l'ouvrage, que des calculs spécifiques
soient entrepris pour évaluer les déformations de l'ouvrage dans ses diverses phases de réalisation.

7 - Fonctionnement - Pathologie

Les PSDN fonctionnent comme des ponts à poutres continues, beaucoup plus que comme des ponts dalles. Les désordres
qui les affectent plus particulièrement sont de plusieurs ordres.

Dans le cas d'une exécution fractionnée, les clavages entre nervures peuvent donner lieu à des désordres si la jonction béton
frais-béton durci est mal réalisée et insuffisamment armée.

En raison de leur importante hauteur, les dalles nervurées à nervures hautes, plus raides, sont vulnérables aux tassements
différentiels d'appuis, au gradient de température et au fluage. Il convient de tenir compte de ces effets dans le
dimensionnement de la précontrainte et dans le calcul des aciers passifs.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 45 Version 11_2013


Faute d'avoir prévu ces effets, les dalles nervurées peuvent présenter des fissures dans les nervures et le hourdis, et
particulièrement des fissures de flexion en partie basse des nervures (sous gradient, à vide).

Enfin et dans le cas de biais prononcé, la sous estimation des effets du biais dans les calculs conduit de façon inéluctable à
des désordres dans les nervures, voire dans le hourdis.

F - Les ponts à béquilles (PSBQ)

1 - Généralités

Le pont à béquilles, PSBQ, est un ouvrage de forme élégante dont il existe peu d'exemplaires en raison de son coût
légèrement plus élevé que celui d'autres ponts types et de son fonctionnement : réactions horizontales en pieds de béquilles,
nécessitant pour leurs reprises, des sols de fondations d’excellentes caractéristiques mécaniques.

Photo AN - PSBQ sur autoroute en déblais.

Le nombre d'ouvrages de ce type est trop restreint pour que l'on puisse établir valablement des conclusions générales.

Depuis la parution du dossier pilote PSBQ67, la morphologie et les moyens de calcul de ce type d'ouvrage ont évolué.

On s'oriente maintenant, pour le tablier, pour les ouvrages de moyenne importance, vers les dalles pleines (de hauteur
variable), qui consomment plus de matériaux mais qui sont plus simples à exécuter que les caissons anciens.

Le recours aux contre-béquilles est assez rare.

2 - Morphologie

Cet ouvrage est constitué d'un tablier en dalle pleine ou nervurée en béton précontraint de hauteur variable.

Les appuis intermédiaires sont constitués de béquilles inclinées à 45 degrés, encastrées dans le tablier et articulées en pied,
sur le massif de fondation.

Sur les ouvrages en forts déblais, avec substratum affleurant, les culées sont réduites à des sommiers d'appui du tablier.

Dans le cas ou le balancement des travées risque d’entraîner un soulèvement du tablier sur les culées, du fait de la forte
dissymétrie entre travée centrale et travées de rive, le tablier peut alors être retenu par des contre-béquilles reliant le tablier
sur culées au massif d'appui des béquilles.

Bien que l'usage de contres-béquilles soit à éviter, il peut parfois arriver que leur mise en oeuvre soit prévue pour pallier,
pour des ouvrages en déblais, les caractéristiques insuffisantes des terrains d'appui des culées. Dans ce cas, les contres-
béquilles permettent de faire participer le massif d'appui des béquilles à la reprise de la réaction d'appui du tablier.

3 - Domaine d'emploi

Les ponts à béquilles sont adaptés aux franchissements droits, en déblais.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 46 Version 11_2013


S’ils permettent de dégager un gabarit important en hauteur, il conviendra toujours de s'assurer que les béquilles ne vont pas
compromettre la réalisation du gabarit routier.

Dans tous les cas, et plus particulièrement lorsque l’obstacle à franchir présente une courbure prononcée, les PSBQ offrent,
en plus d'une qualité architecturale incontestable, une meilleure visibilité et donc un meilleur confort à l'usager.

L'inclinaison des béquilles occasionne des réactions inclinées, en leur pied. La reprise de la composante horizontale impose,
pour éviter tout déplacement nuisible à la pérennité de l'ouvrage, des sols de fondation à bonnes, voire très bonnes
caractéristiques mécaniques.

Cet ouvrage permet des portées entre têtes de béquilles de l'ordre de 20,00 m à 35,00 m, voire 50,00 mètres en adoptant un
profil transversal à larges encorbellements. Le biais doit par contre être limité à 80 grades.

Pour des raisons esthétiques, il arrive que l’on ait recours à ce type de structure pour le franchissement de brèches plus
importantes pour lequel le PSBQ peut être retenu pour son intérêt esthétique.

Photo JBL - Pont sur la Truyère (A75)

C’est le cas du nouveau pont sur la Truyère(Photo) portant l’A75. Le tablier en


caisson précontraint de cet ouvrage, qui jouxte le pont classé de Garabit, a été
construit par encorbellements successifs à partir des têtes de béquilles construites
en première phase.

Les béquilles ont été neutralisées en construction. Des palées provisoires


verticales ont été mises en place pour assurer la stabilité des fléaux, en cours de
construction. Ces palées ont été démolies en fin de travaux. Photo JBL - Pont sur la Truyère (A75)
Palée provisoire

Il faut être très attentif aux problèmes que peuvent


générer la suppression d’une des béquilles.

Des dispositions particulières doivent être prises pour


assurer la stabilité de l’ouvrage mono-béquille ci
dessous.

Photo JBL - Ouvrage mono-béquille (A75)

4 - Dimensionnement

Le balancement des travées d'un pont à béquilles conditionne comme nous l'avons indiqué ci dessus l'emploi de contre-
béquilles.

Pour éviter ce recours, il convient d’adopter un balancement de travées supérieur à 0,55. Au-delà, la trop grande longueur
des travées de rive entraîne une majoration sensible des efforts sur les béquilles. La hauteur du tablier varie paraboliquement
entre têtes de béquilles ou linéairement par addition de goussets de longueur comprise entre 0,15 et 0,20 fois la longueur de
la travée centrale. La forme d'intrados se retrouve par symétrie, en travées de rive.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 47 Version 11_2013


La géométrie transversale du tablier dépend étroitement de la largeur de la structure. Elle peut également être conditionnée
par des considérations architecturales.

Pour des ouvrages peu larges, il s'agira le plus souvent d'un tablier à une nervure large, de hauteur variable. La nervure peut
se poursuivre en appui par une mono-béquille ou par plusieurs béquilles. Dans ce dernier cas, la largeur totale des béquilles
est inférieure à la largeur de la nervure du tablier.

Pour des portées entre têtes des béquilles comprises entre 20,00m et 40,00m, les élancements conseillés varient du
1/23ème à 1/28ème sur béquilles pour atteindre 1/33ème à 1/38ème à la clé et sur culées.

En général, la largeur de la béquille s'amincit vers la base et son épaisseur en tête varie entre 0,60 et 0,80 fois l'épaisseur du
tablier.

Le pied de la béquille, dégagé des remblais pour éviter tout blocage, doit être correctement fretté. Il doit permettre de
réaliser l'articulation "Freyssinet", dans les meilleures conditions.

La consommation de matériaux dans le tablier varie approximativement de 70 kg/m3 à 80 kg/m3 d'armatures de béton
armé par m3 de béton, de 30 kg/m3 à 40 kg/m3 d'armatures de précontrainte par m3 de béton.

Les béquilles consomment environ 120 kg à 150 kg d'acier par mètre cube de béton.

G - Les Ponts à poutres en béton armé (TIBA, PSBA)

1 - Généralités

Les ponts à poutres en béton armé ont connu leur essor lors des grands travaux d’infrastructures, au début de la construction
des autoroutes. Le principe consistait à rechercher un rendement optimal de la structure du tablier, en projetant un hourdis de
couverture de faible épaisseur, porté par des poutres elles-mêmes constituées d’un talon relié au hourdis de couverture par
une âme de faible épaisseur.

Cette conception se retrouve sur de très nombreux ouvrages en service aujourd’hui.

Photo AN - Stockage de poutres préfabriquées Photo AN - Mise en place de poutres préfabriquées


Dallettes de coffrage entre poutres

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 48 Version 11_2013


2 - Morphologie des tabliers de ponts à poutres en béton armé

Le schéma (1) ci après rend compte d’une coupe transversale classique de tabliers de ponts à poutres en béton armé de la
première génération.

Les âmes étaient dimensionnées pour reprendre l’effort tranchant. Les talons étaient destinés à loger les armatures de flexion
longitudinale.

A noter que le faible épaisseur courante des âmes ne permettaient généralement pas de reprendre l’effort tranchant au droit
des appuis. C’est ce qui explique que les âmes de poutres s’élargissent systématiquement en se rapprochant des appuis
(blochets).

(1) Coupe transversale de première génération (2) Coupe transversale de deuxième génération

(3) Vue en plan ½ tablier enlevé

La recherche de la performance mécanique se traduit par une complication des coffrages, des armatures et ce qui est plus
inquiétant, du bétonnage rendu délicat par la faible place laissée au béton et la forme des talons qui ne favorise pas le
remplissage correct des angles morts. Il convient par ailleurs d’indiquer que les errements de calculs de l’époque
conduisaient à disposer, une série d’entretoises en travées qui participaient à compliquer un peu plus les opérations de
chantier.

Les schémas ci dessus rendent compte de l’évolution de la géométrie des poutres.

En adoptant une forme rectangulaire, on facilite le coffrage, le ferraillage et le bétonnage, au prix d’un supplément de béton
tout à fait acceptable. A noter que la diminution des angles vifs simplifie le traitement du coffrage et réduit les pertes de
laitance au bétonnage. Il n’est plus indispensable dans ce cas de modifier l’épaisseur des âmes de poutres pour satisfaire les
conditions de justification à l’effort tranchant.

Les tabliers en poutres en béton armé étaient utilisés, à l’origine, pour des ouvrages à une seule travée ( TIBA) ou des
ouvrages à plusieurs travées indépendantes, équipés de joints de chaussée sur piles intermédiaires. Très vite, les contraintes
d’entretien de ces joints (interruption de circulation, déviation, etc.), ainsi que le coût occasionné par ces travaux ont conduit
à assurer la continuité mécanique des travées au droit des piles intermédiaires (PSBA).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 49 Version 11_2013


H - Les Ponts à poutres en béton précontraint

1 - Généralités

Les tabliers à poutres préfabriquées sous chaussée se distinguent suivant que les
poutres sont :

 Précontraintes par post-tension : mise en tension des unités de


précontrainte effectuée après coulage et durcissement du béton,
 Précontraintes par pré-tension : mise en tension des fils ou torons, sur
banc, avant coulage du béton.

La première famille d'ouvrage est dénommée VIPP, la deuxième PR.AD.

Photo AN - Vue générale d'un VIPP 

2 - Les VIPP

Le sigle VIPP signifie Viaduc à travées Indépendantes à Poutres en béton Précontraint.

a - Morphologie

Le VIPP est une structure isostatique, composée de poutres en « T », précontraintes par post-tension. Les poutres sont reliées
par des entretoises d’extrémités, sur appuis. Elles sont coiffées par un hourdis en béton armé ou en béton précontraint
(transversalement).

Coupe transversale et longitudinale d’un VIPP

Ces poutres sont soit coulées en place, une à une entre appuis, à leur emplacement définitif, soit préfabriquées sur les
remblais contigus et lancées sur leurs appuis définitifs à l’aide d’une poutre de lancement métallique.

Le tablier VIPP est constitué de poutres longitudinales composées, d'un talon et d'une table de compression reliés par une
âme verticale.

Ces poutres parallèles et équidistantes sont entretoisées transversalement sur appuis.

La géométrie des poutres leur confère un excellent rendement mécanique ce qui permettait à ce type d'ouvrage, avant les
progrès réalisés à partir des années 1980 dans les techniques de construction des ouvrages, de concurrencer les autres types
d'ouvrages entre 30,00 m et 50,00 m de portée.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 50 Version 11_2013


Ces poutres sont :
 Soit reliées entre elles par un hourdis d'épaisseur
égale à celles des ailes des extrémités des tables de
compression des poutres. Il s'agit des ouvrages de la
première génération.
 Soit recouvertes d'un hourdis continu
transversalement et longitudinalement de faible
épaisseur (0,16m à 0,20 m). Ce sont les VIPP
d'aujourd'hui.

Poutre seule avec son hourdis associé

Dans les premiers VIPP, le hourdis mince était précontraint transversalement. Ceci impliquait un câble transversal et ses
deux ancrages environ tous les mètres.

Ces dispositions coûtaient fort cher et n'étaient envisageables que pour des tabliers très larges. On préfère aujourd'hui des
hourdis simplement armés, moyennant une densité de ferraillage plus importante.

Par ailleurs, ces premiers VIPP étaient munis d'entretoises intermédiaires, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

Photo AN - VIPP de première génération équipé d’entretoises intermédiaires.

Le nombre de poutres dépend de la largeur du tablier et de la hauteur disponible pour inscrire le tablier.

Avec l'apparition des pré-dalles (participantes ou non) servant de coffrage perdu du hourdis entre poutres, on place les
poutres de rive en bordure du tablier, pour éviter d'avoir à coffrer la rive du hourdis en encorbellement.

b - Domaine d'emploi

Le domaine d'emploi des VIPP varie de 30 à 50 mètres environ. Au-dessous de 30 m, le VIPP est concurrencé par les
poutres précontraintes à fils adhérents (PRAD) ainsi que par les structures en dalle. Au-delà de 50 m, les poutres ont de
telles dimensions et un tel poids que leur mise en oeuvre devient très délicate et très coûteuse.
Le recours à des portées de cet ordre ne se justifie qu'en présence de très mauvais sol d'appui occasionnant d'importants
surcoûts de réalisation des fondations.

Actuellement et dans la gamme de portées de 30 à 50 mètres, les VIPP sont très sévèrement concurrencés par les ossatures
mixtes acier-béton et par les ponts poussés.

Les VIPP sont bien adaptés aux franchissements :


 De brèches importantes : rivières, complexes ferroviaires, …
 De séries d'obstacles de faibles portées qui nécessiteraient la construction de plusieurs ouvrages indépendants,
 De brèches ou la réalisation de remblais de moyennes ou grande hauteur risquerait de poser des problèmes de
stabilité : zones tourbeuses par exemple.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 51 Version 11_2013


Une poutre métallique de lancement ou un cintre représente un coût important qui ne peut être amorti qu'au prix de la
préfabrication d'une dizaine voire d'une douzaine de poutres ce qui correspond à des ouvrages à trois travées de 12,00
mètres de largeur environ de tablier.

En deçà, le sur-coût occasionné par la poutre de lancement ou de bétonnage en place, ne permet plus à ce type d'ouvrage
d'être compétitif par rapport aux autres type d'ouvrages.

Il convient de signaler :
 Que l'élancement imposé par ce type de structure ne permet pas toujours de respecter les contraintes de gabarit,
lorsque le profil en long du tracé routier est peu haut par rapport au sol,
 Que les ouvrages de portées variables, ne permettent plus la standardisation des poutres, ce qui constitue un
handicap économique sérieux pour cette structure.

Le choix de ce type de structure peut, en raison de la rectitude des poutres, imposer un certain nombre d'adaptation du
projet, en particulier, une adaptation des appuis aux biais dictés par les caractéristiques en plan du tracé.

Dans ce cas, il est souvent nécessaire de rattraper le biais sur appuis en disposant des lignes d'appuis non parallèles, mais
perpendiculaires à l'axe longitudinal des poutres, ce qui conduit à des chevêtres d'appuis intermédiaires trapézoïdaux en
plan. Ceci complique sensiblement le coffrage et le ferraillage des chevêtres et rend plus coûteuse la réalisation des appuis.

Aménagement des chevêtres sur piles intermédiaires pour standardiser la longueur des poutres
Les axes d’appui des poutres sur un même chevêtre ne sont pas parallèles

 Des sur-épaisseurs de chaussée, entraînant un supplément de charges de superstructures, lorsque le profil en long
est lui-même en courbe, parabole, quelle que soit sa concavité,
 Des dispositions particulières au droit des appuis, pour permettre un contact aussi net et horizontal que possible de
la poutre sur l'appareil d'appui : bain de mortier à la pose ou joint maté au mortier de résine,
 Des encorbellements variables sur les poutres de rives, lorsque l'ouvrage est courbe en plan, ce qui complique la
réalisation du hourdis.

Ces schémas peuvent se trouver très sensiblement compliqués par une surface d'extrados en hélice, ce qui peut être le cas de
tracés comportant des clothoïdes à sommets.

Lorsque les contraintes de projet l'autorisent, on préfère conserver la même géométrie pour toutes les poutres et rattraper les
sur-épaisseurs, soit en jouant sur l'épaisseur du hourdis, ce qui complique le ferraillage (hauteur variable), soit en faisant
varier les épaisseurs de chaussée. Dans les deux cas on aboutit à une augmentation sensible du poids propre.

c - Dimensionnement

Les élancements courants des poutres (rapport entre la portée et la hauteur totale des poutres), sont compris entre le
1/16ème et le 1/18ème. Au-delà du 1/20ème on s'expose à des problèmes aigus de justification (stabilité interne, intégrité
des matériaux acier et béton).

Les poutres des tabliers V.I.P.P. exigent un béton présentant de résistance caractéristique à 28 jours de l'ordre de 35 MPa.
Ainsi dimensionnés, les tabliers VIPP ont une épaisseur équivalente, volume de béton au m² de tablier, de l'ordre de 45 cm à
55 cm selon la portée.

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L'espacement des poutres varie en pratique entre 2,50m et 3,50m. Le nombre de poutres dépend donc de la largeur du
tablier et de la position des poutres de rive que l'on a intérêt à positionner en bordure d'ouvrage pour s'affranchir d'un
équipage de réalisation des encorbellements.

On a de façon courante quatre poutres pour une largeur de tablier de 10 à 11m.

La largeur de la table de compression est égale à environ 0,60 fois la hauteur de la poutre sans descendre cependant en
dessous de 1,20 m à 1,50 m pour prévenir tout risque de déversement.

Des tables de compression larges permettent, bien que surabondantes en flexion transversale, de diminuer le coffrage perdu
du hourdis entre poutres. Leur épaisseur peut être réduite au strict nécessaire pour assurer leur stabilité en phase de
construction.

L'épaisseur des âmes est conditionnée par les diamètres des conduits de précontrainte et dépend du mode de vibration du
béton (vibration externe par coffrage vibrant ou vibration interne). Autrefois calée à 0,16m ou 0,18m, cette épaisseur d'âme
ne descend jamais aujourd'hui en dessous de 0,25m à 0,30m. Dans tous les cas l’épaisseur des âmes doit être supérieure à
3 F (F = diamètre des conduits de précontrainte).

Au voisinage des appuis, l'épaisseur des âmes est augmentée pour résister aux efforts tranchants. Cet épaississement s'obtient
par une variation linéaire de l'âme, de son épaisseur en travée à 0,40 m sur appuis dans les cas courants. Cet épaississement
règne sur environ L/4 (L=portée de la poutre).

Les âmes sont reliées à la table de compression par des goussets à 45 degrés et au talon par des goussets dont la pente doit
permettre le bon bétonnage.

La géométrie des talons doit assurer un certain nombre de conditions :


 Permettre de loger la précontrainte longitudinale, en partie médiane des poutres en respectant les dispositions
réglementaires dictées par l'EC2,
 Permettre la déviation et la remontée des conduits dans les âmes : pente du gousset 3b/4h,
 Respecter, à toutes les étapes de la construction et de la vie de l'ouvrage, les contraintes réglementaires,
 Ne pas être surévaluée pour éviter de pénaliser le poids propre des poutres.

La largeur des talons peut, en première approximation, être estimée par la formule empirique suivante :
 Bt = ( l x L) / ( Ht² x K) avec - l : largeur du tablier, L : portée de la travée,
- Ht : Hauteur totale du tablier,
- Bt : largeur totale des talons d’un jeu de poutres.
- K est un coefficient qui varie de 1100 à 1300 ( K dépend de l'élancement )

Le non-respect des élancements peut conduire à élargir exagérément les talons et à pénaliser la poutre par son poids propre.
La retombée verticale du talon est habituellement comprise entre 0,10m et 0,20m.

Les entretoises, dont une partie est généralement préfabriquée avec la poutre, sur la largeur de la table de compression (voir
photo ci après) sont coulées en place en même temps que le hourdis de couverture et suivent le biais de l'ouvrage. Elles
assurent la liaison des poutres le long de la ligne d'appui.

Les entretoises ont une hauteur voisine de celle des poutres et font entre 0,30m et 0,40 m d'épaisseur. Elles comportent
une partie horizontale contre la poutre qui permet d'assurer le vérinage de la structure.

L'épaisseur du hourdis de couverture varie en fonction de la distance « E » prise entre extérieur des goussets supérieurs des
tables de compression :
 0,16 m pour E <= 2,75 m,
 0,18 m pour 2,75m <= E <= 3,50m,
 0,20 m pour E > 3,50m.

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Lors de la préfabrication des poutres des premiers VIPP, on avait recours à l'étuvage à la vapeur basse pression pour
accélérer le durcissement du béton et permettre la libération rapide du coffrage. Cette technique n'est plus utilisée
aujourd'hui. La demi-poutre préfabriquée ci après (élément témoin), montre les câbles d’about et ceux relevés sortant en
travée et mis en tension après bétonnage du hourdis de couverture.

La précontrainte longitudinale est constituée de deux familles de


câbles :
 Des câbles ancrés aux abouts qui peuvent être tendus, en
partie assez rapidement pour permettre de libérer le
coffrage : 2 à 3 jours après bétonnage. La deuxième partie est
tendue lorsque la résistance du béton est devenue suffisante.
Ces câbles représentent environ les 2/3 de la précontrainte.
 Des câbles relevés en travées qui sortent dans des boites
aménagées dans le hourdis de couverture. Ces câbles sont
tendus après coulage du hourdis. Il peut arriver que la mise
en tension de certains câbles soit effectuée après la pose
Photo AN - Élément témoin de poutre VIPP (1/2 poutre). d'une partie des superstructures pour assurer la parfaite
L’entreprise démontre sa capacité à réaliser toutes les taches stabilité de l'ouvrage.
en respect des règles stipulées au marché : qualité des
coffrages, ferraillage, bétonnage, parements, etc

La densité d'armatures de précontrainte avoisine 40 Kg/m3 pour la précontrainte longitudinale uniquement.

La densité d'armatures passives est d’environ de 100 à 120 Kg/m3, toutes parties d'ouvrages, confondues), et peut
atteindre 180 Kg/m3, voire plus de 200 Kg/m3 dans le seul hourdis.

Les câbles sont excentrés au maximum. Leur tracé est généralement rectiligne en partie centrale de la poutre et à l'arrivée sur
l'ancrage. Le raccordement entre ces deux tronçons est parabolique. Cette précontrainte est généralement surabondante à
proximité des appuis.

d - Méthodes de calcul

Si l’on considère que les entretoises intermédiaires (en travée), lorsqu’elles existent (ouvrages dont la construction date
d’avant 1980 environ) sont infiniment rigides, on utilise la méthode de M. COURBON pour l'étude de la répartition
transversale de la flexion longitudinale.

En l'absence d'entretoises intermédiaires, le hourdis assurant seul l'entretoisement (sauf aux abouts), on utilise, en l’adaptant,
la Méthode de MM. GUYON et MASSONNET.

Dans le calcul de l'inertie de torsion de chaque poutre et du hourdis associé, la démarche proposée par le SETRA consiste à
corriger la géométrie réelle du montage : poutre et hourdis (voir dossier PRAD du SETRA) :
 en doublant la hauteur réelle pour l'âme des poutres,
 en divisant la valeur donnée par le calcul du hourdis par deux.

Pour la justification à l'effort tranchant au voisinage des appuis, on prend en compte la réduction d'effort tranchant due aux
câbles relevés. Tous ces calculs peuvent être effectués après un pré-dimensionnement de la structure, à l’aide du programme
V.I.P.P. du SETRA (programme de justification).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 54 Version 11_2013


e - Exécution du tablier

Les poutres peuvent être coulées en place sur une poutre métallique aérienne ou au sol sur les remblais d'accès à l'ouvrage.

Photo AN - Construction des poutres sur appuis définitifs Photo AN - Construction des poutres sur appuis définitifs
Ferraillage, avant bétonnage Après bétonnage de la poutre
Préparation du bétonnage du hourdis.
Les ennuis et incidents peuvent rapidement apparaître, si l'on ne se méfie pas suffisamment.

Tout d'abord, il faut que l'aire de préfabrication soit suffisamment stable.

On va amener dans le coffrage une masse importante de béton frais dont le poids, ajouté à celui du coffrage, va produire une
pression au sol importante. Le nombre de poutres ainsi coulées sur un support insuffisamment stable ont fini en remblai.

Une deuxième difficulté réside dans la mise en place du béton.

Comme sa résistance doit être élevée, on demande un béton très sec avec des slumps de l'ordre de 5 à 8. Si le slump vaut
moins de 5 cm, le béton peut difficilement descendre dans le talon des poutres, en dépit des moyens de vibration utilisés. Il
vaut mieux un slump de 8 et du béton partout, qu'un slump de 4 et des trous dans les poutres.

Les moyens de vibration doivent être adaptés au coffrage, lui-même adapté à la forme des poutres.

Les textes prescrivent une épaisseur minimale d'âme égale à trois fois le diamètre des conduits de précontrainte. Dans le cas
de câbles à 12 torons d'un demi-pouce, la gaine a un diamètre extérieur de 7 cm, et l'âme de la poutre peut être épaisse de 21
cm. Mais ceci ne peut être réalisé qu'au moyen d'un coffrage métallique, avec vibration extérieure par le coffrage.

Dans le cas d'un coffrage en bois, par lequel on ne peut pas vibrer correctement, il faut prévoir le passage des aiguilles
vibrantes, ce qui conduit à une épaisseur d'âme de l'ordre de 30 cm. On notera qu'une telle épaisseur en partie courante
dispense, dans de nombreux cas, de prévoir un épaississement vers les appuis.

Une fois la poutre coulée et son béton durci, on procède à la mise en tension des câbles de 1ère phase, pouvant reprendre le
poids propre des poutres et celui du hourdis. Si le béton au droit des ancrages n'a pas une résistance suffisante, il arrive que
ceux-ci s'enfoncent dans le béton à la mise en tension.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 55 Version 11_2013


Pour éviter pareil ennui, on a souvent recours à des plaques d'about préfabriquées, dont le béton, plus âgé et plus résistant
permet la reprise et la diffusion des efforts de mise en tension des câbles de 1ère phase.

On peut remarquer sur les deux


photos ci contre que les abouts
préfabriqués des poutres inclus les
amorces d’entretoises, les conduits
de précontrainte et le ferraillage de
liaison :
 Au reste de la poutre,
 Au reste de l’entretoise,
 Au hourdis de couverture.

En partie inférieure apparaît


l’emplacement du futur appareil
d’appui

Photos AN - abouts préfabriqués de


poutres VIPP avec amorces d’entretoises .

La fabrication des plaques d’about doit faire l’objet d’une attention particulière si l’on ne veut pas être confronté à des
impossibilités d’enfilage des torons de précontrainte ou de rupture de câbles : défaut d’alignement des conduits, points
anguleux, etc. A la mise en tension des câbles de 1ère phase, la poutre se cambre et se détache du fond de moule. On peut
alors la mettre en place, au moyen d'un outillage approprié : grues, poutres de lancement, pontons-grues, cintres avec
chemin de roulement, etc. La poutre, amenée à son emplacement définitif, est ensuite descendue sur ses appareils d'appui.

L'ensemble de ces manœuvres est délicat. Il nécessite du matériel approprié et des équipes entraînées, faute de quoi une
poutre peut tomber, avec toutes les conséquences que cela implique. Les accidents graves de ce genre ne sont pas rares.
Certains d’entre eux sont dus au déversement intempestif de la poutre insuffisamment encastrée en torsion sur appuis, en
attendant le bétonnage du hourdis de couverture et des entretoises (risque de déversement).Quand toutes les poutres d'une
même travée sont en place, on procède au coffrage, au ferraillage et au câblage des entretoises s'il y a lieu, puis, soit :
 Au bétonnage et à la mise en tension des entretoises, puis au bétonnage du hourdis (dans le cas d'entretoises
précontraintes),
 Au bétonnage des entretoises et du hourdis.

On procède ensuite à la mise en tension des câbles de 2ème phase, et on exécute les superstructures. Les joints de chaussée
sur appuis intermédiaires peuvent être supprimés par la mise en continuité du hourdis suivant le même principe que celui
exposé pour les ouvrages de type "PRAD".
Phasage de réalisation du VIPP

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 56 Version 11_2013


f - Fonctionnement/Pathologie

Le tablier VIPP ainsi construit fonctionne comme une travée isostatique.

Le remplacement des joints de chaussée sur piles intermédiaires par des dallettes de continuité ne change pas le
fonctionnement longitudinal de l'ouvrage. Il peut par contre modifier le dimensionnement des appareils d'appuis en
caoutchouc fretté. Les dallettes de continuité, très sollicitées, doivent être fortement ferraillées en prenant en compte la
"fissuration préjudiciable".

Les encoches réalisées sur le hourdis pour la mise en place de l’ancrage des câbles relevés peuvent être de véritables pièges
à eau. Il convient de les cacheter le plutôt possible, après injection des conduits et nettoyage, et de mettre en oeuvre une
chape efficace. Les ancrages des câbles d'about peuvent également être exposés aux eaux d'infiltration (joint de chaussée
défectueux). Les dallettes de continuité sont une solution à condition de respecter quelques dispositions simples de mise en
oeuvre. Enfin, les désordres affectant de façon générale les ouvrages en béton précontraint, affectent aussi les V.I.P.P. qui
souffrent, en outre, de leur non-continuité et de leur non-monolithisme.

3 - Les PR.AD

a - Généralités

Le sigle PR.AD signifie PRécontrainte par ADhérence.

Il s’agit d’ouvrages utilisant des tabliers constitués de poutres précontraintes par adhérence, préfabriquées en usine
contrairement aux poutres de VIPP. Ce sont des ouvrages-types, quand il s'agit de travées indépendantes.

Photo AN - Tablier PR.AD vue par-dessous

La mise en continuité des travées successives au droit des appuis intermédiaires, conduit à des ouvrages hybrides qui ne sont
pas des ouvrages-types, mais auquel on a de plus en plus recours pour simplifier la maintenance de ces ouvrages
(suppression des joints de chaussée).

b - Morphologie
Les poutres sont de forme rectangulaire pour les plus petites
portées, et en « I » pour les plus grandes portées.

Pour ces dernières, la reprise de l’effort tranchant, impose


d’épaissir les âmes au voisinage des (blochet).

Comme pour les tabliers de type VIPP, les poutres de


tabliers PR.AD sont reliées entre elles :
 En partie supérieure, par le hourdis de couverture,
 Aux extrémités, par des entretoises d'about.
Le hourdis participe à la résistance de l'ensemble du tablier à la flexion longitudinale. Il résiste seul à la flexion transversale.
Son épaisseur est généralement comprise entre de 16 à 20 cm.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 57 Version 11_2013


La liaison des poutres avec le hourdis de couverture est assurée par les armatures d’effort tranchant de la poutre. Ces
armatures sont prolongées en partie supérieure pour assurer le connectage des poutres au hourdis de couverture.

L’espacement entre l’axe des poutres est généralement constant. Cet espacement varie en fonction de la portée de calcul et
des charges sur le tablier. Il est généralement compris entre 40cm et 130cm, valeurs extrêmes, ce qui permet généralement le
coffrage du hourdis à l'aide de pré-dalles en béton armé entre tables de compression.

Photo AN - Stockage des poutres en usine après démoulage Photo AN - Pose des poutres sur chantier
Calage IMPERATIF sous les extrémités de poutres
Ferraillage de liaison au hourdis (connecteurs)

Comme pour les VIPP, les poutres de rive sont systématiquement placées en bord de tablier pour s'affranchir d'un coffrage
d'encorbellement. L'épaisseur du hourdis général, connecté et coulé sur les poutres, doit être adaptée à ce paramètre.

Les poutres sont encastrées à la torsion sur des entretoises d'about, formant chaînage, sur piles et culées. La faible épaisseur
de ces entretoises ne permette pas le vérinage du tablier. Ce vérinage doit être assuré à partir des talons de poutres.

Les poutres sont préfabriquées en usine, ce qui impose, en raison du nombre limité de coffrages disponibles, de s'inscrire
dans la gamme de dimensions des pré-fabricants. Il appartient au projeteur de s’assurer que ces poutres pourront être
acheminer, sans problème , jusqu’au chantier !.

Certains d'entre eux proposent des catalogues avec abaques et tableaux permettant d'établir un premier dimensionnement
rapide : type et nombre des poutres (hors précontrainte), voire même un dimensionnement via internet.

c - Domaine d'emploi

Le domaine d'emploi de ce type de structure va de 10,00 à 25,00 mètres, exceptionnellement 30,00 mètres.

Ces structures sont concurrencées :


 Pour les petites portées, de l'ordre de 10,00 m à 20,00 m par les ouvrages en cadre, portique ou dalle en béton armé,
qui nécessitent un échafaudage général pour leur construction ou les ponts à poutres en béton armé,
 Pour les portées plus importantes, par les ponts-dalles en béton précontraint ou les ouvrages mixtes lorsque la
portée atteint les 30,00 mètres.

Le domaine d'emploi courant va en réalité de 15,00 m à 25,00 mètres.

Ces structures s'imposent souvent lorsque l'ouvrage doit être réalisé dans des délais réduits. En effet, les poutres peuvent être
préfabriquées pendant la phase de réalisation des fondations et des appuis et posées dès achèvement de cette première phase.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 58 Version 11_2013


Le délai de réalisation du hourdis de couverture se résume à celui du ferraillage et du bétonnage.

Le fait cependant que les poutres soient très sensibles aux chocs de véhicules devrait limiter l'utilisation de ces structures aux
ouvrages en sur-gabarit ou aux ouvrages encadrés par des structures massives et plus résistantes à ce type d'action : pont
dalle par exemple.

d - Méthode de calcul

Pour la répartition transversale de la flexion longitudinale et la flexion transversale du hourdis on a recours à la méthode de
MM. GUYON et MASSONNET.

L'effet du biais est négligé en général dans les calculs. Ceci est admissible tant que le biais reste modéré : de l'ordre de 60
grades environ, les moments fléchissants sont seulement un peu surestimés. Dès que le biais devient plus prononcé, son effet
ne peut plus être négligé et il faut procéder à un calcul spécifique. À défaut, on risque de sous-estimer gravement les
moments de torsion dans le hourdis, et dans une moindre mesure les efforts tranchants dans les angles obtus.

Les principaux fabricants de poutres disposent de programmes calculant les efforts dans le cas de biais modérés, et assurant
la justification réglementaire des poutres. Il reste à justifier le hourdis par d'autres voies.

e - Exécution

La phase essentielle est la préfabrication et la pose des poutres. Celles-ci sont réalisées par groupes occupant la plus grande
longueur possible du banc de préfabrication (une centaine de mètres dans les cas courants).

Photo AN - Banc de préfabrication - massif d’ancrage de la précontrainte.


Les trous de passage des unités de précontrainte permettent la fabrication de l’ensemble des poutres.

Les armatures passives sont d’abord disposées dans le moule métallique. Les armatures actives, fils ou torons, sont ensuite
mises en tension une par une après leur enfilage à travers les bancs et cadres de ferraillage d’une extrémité à l’autre du banc
de préfabrication.

Des coffrages transversaux séparent les unités de poutres précontraintes par les mêmes unités de précontrainte. Le béton
extrêmement sec (E/C # 0,4 environ) est acheminé par pont roulant, déversé dans le moule métallique et vibré par des
vibrateurs fixés au moule. Parfois la vibration est complétée à l'aiguille.

Le cycle d'étuvage commence dès la mise en place de la bâche de couverture. Ce cycle comporte en principe une pré-prise,
au cours de laquelle la température s'élève lentement sous l'effet de la chaleur d'hydratation du ciment, puis une injection de
vapeur d'eau saturée, à une température ne devant pas dépasser 70°C environ, et un refroidissement lent.

Il est recommandé les valeurs suivantes :


 Durée de pré-prise : 4 h.
 Montée en température : 15°C/heure maximum
 Refroidissement : 15°C/heure maximum

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 59 Version 11_2013


Après refroidissement complet et enlèvement de la bâche, les joues sont décollées, et les torons peuvent être relâchés (16
heures avec un étuvage soutenu, sinon 3 jours avec des coffrages simplement calorifugés).

De façon générale, cette opération est la plus dangereuse dans la vie d'une poutre.

En effet, on applique à un béton jeune des forces importantes, alors que plus tard le béton sera plus résistant et les forces
plus faibles. Si les poutres ne présentent pas de désordre à ce moment là, elles n'en présenteront sans doute plus jamais, sauf
accident.

Dans les abouts de poutres ou les sollicitations de poids propre restent faibles, la précontrainte excentrée est préjudiciable.
Elle peut entraîner des tractions importantes de la fibre supérieure, au moment du démoulage et du stockage provisoire en
usine ou sur chantier, voire même la rupture de la poutre en cas d’erreur de stockage : non calage des poutres aux extrémités.

Pour pallier ces problèmes, une partie de la précontrainte d'about est annulée par gainage des torons sur une longueur telle
que l'effet de cette précontrainte ne puisse avoir lieu que lorsque les sollicitations de poids propre sont aptes à les équilibrer.

Il arrive cependant que les faibles tractions résiduelles doivent être reprises par des armatures passives (voir EC2). Après le
relâchement des torons, ceux-ci sont sectionnés à la meule, et non au chalumeau, puis les poutres sont enlevées et stockées,
et le banc est libre pour une nouvelle fabrication. Un cycle peut ainsi être accompli en une journée ou deux.

Les poutres en place sur leurs appareils d'appui, on dispose un coffrage perdu ou pré-dalles, et on peut procéder au
ferraillage et au coulage du hourdis et des entretoises.

Les ouvrage à plusieurs travées indépendantes successives posent le problème de la multiplicité des joints de chaussée qui
coûtent chers en pose et en entretien. Cet inconvénient peut être supprimé en réalisant une continuité, soit au niveau de la
structure, soit au niveau du hourdis seulement.

Photo AN - Chevêtre incorporé sur appui intermédiaire. Photo AN - Chevêtre incorporé,


Pré-dalles entre poutres-Ferraillage du hourdis nombre réduit d’appareils d’appui
La continuité de la structure n'intéresse que les charges appliquées après la mise en continuité, c'est à dire les
superstructures, les charges d'exploitation, et les actions de la température (gradient) mais aussi les effets différés de retrait
et de fluage du béton.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 60 Version 11_2013


Les sollicitations de moment négatifs sur appuis, qui n'existent pas en travées indépendantes, sont reprises soit par mise en
oeuvre de chapeaux (cas courants), soit par addition de précontrainte supérieure dans le hourdis (moins courant).

Cette première technique pose cependant un certain nombre de problèmes dont par exemple :
 Sensibilité accrue aux tassements ou dénivellations d'appuis,
 Incertitude sur la redistribution des efforts par fluage des bétons,
 Prise en compte de l'effet du gradient de température.

La deuxième solution, plus classique, consiste à atteler les travées par le hourdis supérieur. Il ne s'agit en fait que d'une
continuité de roulement qui ne modifie pas le fonctionnement de la structure en raison du rapport de rigidité entre l'élément
de continuité (section entre piles) et la section complète du tablier.

L'attelage transmet les efforts et déplacements horizontaux. Il n'a pas d'effet sur les rotations des travées.

Comme l'indique le principe de continuité, la souplesse de l'attelage est obtenue en réduisant l'épaisseur du hourdis, le plus
souvent par interposition d'une couche de polystyrène expansé. La fissuration de la dalle de continuité est cependant
inévitable et impose la mise en oeuvre, pour la limiter, d'armatures de faible diamètre : 8 HA12 pm réparties, qu'il convient
de protéger par galvanisation par exemple. L'étanchéité de l'ouvrage doit être particulièrement soignée.

L'attelage peut avoir, dans le cas d'ouvrage de grande longueur des conséquences sur le dimensionnement des appareils
d'appuis.

L'utilisation des poutres PRAD permet de réaliser des tabliers dans des délais brefs, sans avoir recours à un cintre.

f - Fonctionnement/Pathologie

La fabrication des poutres ne pose généralement pas de problème en elle-même.

Les ennuis arrivent parfois au cours des opérations de manutention ou de stockage qui peuvent entraîner des ouvertures de
fissures prématurées si les consignes ne sont pas scrupuleusement respectées, en particulier en ce qui concerne le calage
provisoire des poutres sous leurs abouts.

Les tabliers ainsi réalisés constituent des travées isostatiques robustes.

Comme tous les ponts à poutres, les PRAD sont vulnérables plus que les ponts-dalles aux accrochages par les véhicules
hors-gabarit.

La blessure ou la rupture d'un toron a des conséquences plus graves que le même incident sur une armature passive. La
réparation par restauration de l'état initial est malheureusement impossible.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 61 Version 11_2013


Photo AN - Choc de camion sur talons de poutres PR.AD
Éclatement du béton, cisaillement d’armatures de BA et de BP.

Lorsque les coffrages perdus ne sont pas étanches, les PRAD peuvent souffrir de la fuite de laitance lors du bétonnage du
hourdis. Enfin, les poutres elles-mêmes peuvent présenter des désordres lorsqu'elles ne sont pas exécutées conformément
aux instructions du dossier-pilote PRAD 73.

En particulier, il faut apporter une attention particulière aux points suivants :


 Cycle d'étuvage . Durée de pré-prise
. Vitesse de montée et descente en température
. Températures réellement atteintes en plusieurs points.
 Ferraillage passif . armatures d'éclatement
. Armatures de peau
. Position et ferraillage de la zone des dispositifs de levage.

4 - Les ponts métalliques ou mixtes

a - Historique - Évolution générale

Les ponts métalliques sont constitués d'une structure, partie résistante, portant les charges de chaussée par l'intermédiaire
d'une couverture. Les premiers ponts métalliques étaient composés de structures lourdes et complexes, constituées de
matériaux fragiles, cassants et de faible résistance à la traction (en fonte au XVIIème puis en fer au XIXème).

Photo AN - Poutres latérales reliées par des pièces de pont. Corps de chaussée en voûtains de maçonnerie.

Les couvertures dont la fonction était de porter et de transmettre les charges de chaussée à l'ossature, elle-même constituée
des pièces de pont et des poutres maîtresses, étaient réalisées.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 62 Version 11_2013


 En maçonnerie, dans le cas d'ouvrages de faibles ou moyennes portées : voûtains de briques avec remplissage de
béton maigre, pesant de 400 kg/m2 à plus de 1000 kg/m2,
 En bois, constitué de madriers de chêne disposés longitudinalement sur les pièces de pont, dans le cas d'ouvrages
de grandes portées pour lesquels le poids constituait un handicap : ponts suspendus ou mobiles,

Plus tard par un hourdis en béton armé qui a remplacé les voûtains et les platelages en bois.

Les dispositions constructives de départ étaient directement inspirées des ponts en maçonnerie.

Bénéficiant des progrès réalisés dans l'élaboration d'aciers à caractéristiques élevées et des techniques de construction, ces
structures se sont progressivement simplifiées et allégées.

Les facteurs qui ont permis cette évolution sont en particulier :


 Les progrès réalisés par la sidérurgie qui permet aujourd'hui d'obtenir des aciers à caractéristiques mécaniques
élevées. Ces caractéristiques sont garanties par des normes,
 Les progrès dans les techniques d'assemblages qui ont permis de simplifier les formes et de remplacer les
assemblages rivés par des assemblages soudés ou par des boulons à haute résistance. Cette simplification des
formes facilite la mise en peinture des ouvrages en améliorant leur pérennité,
 L'évolution des techniques de fabrication et de montage,
 L'apparition du béton armé qui à permis d'alléger les couvertures d'ouvrages,
 L'affinement des calculs qui a profité des progrès réalisés dans la connaissance de la résistance des matériaux et du
développement de l'informatique,
 Une meilleure connaissance de la sécurité des constructions.

Par les performances des aciers et la simplicité des formes, ces avancées ont permis d'évoluer vers des conceptions plus
simples de ces types d'ouvrages.

La dalle tout d'abord, qui ne participait pas à la reprise des efforts a été connectée à la structure métallique ce qui a permis
de l'associer au métal pour la reprise des sollicitations longitudinales.

Le seul contact du béton et de l'acier ne suffisant pas à reprendre correctement les


glissements aux interfaces, on utilise des ancrages directement soudés sur les pièces
métalliques, et scellés dans le béton coulé en place.

Ces dispositifs, connus sous le nom de connecteurs, peuvent être de divers types :
cornières, arceaux ou goujons. Les arceaux sont abandonnés aujourd'hui.

La dalle, dimensionnée en épaisseur pour reprendre les sollicitations transversales, peut être d'épaisseur constante ou
variable suivant les dispositions constructives des éléments métalliques transversaux : pièces de pont ou entretoises.

Il peut être parfois intéressant d'avoir recours à la précontrainte transversale pour diminuer le poids du hourdis de couverture
en béton qui représente une part souvent importante des charges à reprendre par la structure métallique.

La précontrainte longitudinale était employée avec les dénivellations d'appuis, avec l'ancien règlement de 1966, pour
comprimer le béton. En effet, ce règlement interdisait les tractions du béton du hourdis, sous charges permanentes.

La réglementation actuelle ne limite plus la fissuration du béton. Malgré cela, la précontrainte longitudinale est encore
utilisée sur certains ouvrages pour limiter la fissuration du béton.

Les ouvrages associant l'acier et le béton sont connus sous le nom de ponts mixtes.

Lorsque les portées deviennent importantes, le poids du hourdis en béton armé, bien que facile à réaliser, pénalise
lourdement la structure et les appuis.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 63 Version 11_2013


Ce hourdis en béton armé est alors remplacé par un platelage en tôle qui, pour reprendre les sollicitations de service tout en
limitant les déformations doit être sérieusement raidi longitudinalement et transversalement.

La couverture peut être constituée d'une tôle d'épaisseur réduite, renforcée par un hourdis en béton armé de faible épaisseur.
Il s'agira alors d'une dalle Robinson.

Lorsque la portée est très importante, la suppression du hourdis en béton conduit à épaissir la tôle de platelage qui passe à
12mm voire 14mm pour une dalle orthotrope.

Toutes ces avancées technologiques, scientifiques et techniques ont permis aux structures métalliques de retrouver leur place
et de concurrencer les structures en béton, y compris aujourd'hui les structures les plus innovantes en béton précontraint.

b - Tabliers en Poutrelles enrobées

Les tabliers en poutrelles enrobées sont des ouvrages mixtes acier-


béton, rectangulaires, constitués de poutrelles du commerce en "H"
noyées dans une dalle en béton armé.

Ils sont construits suivant le même principe que les tabliers à


poutres préfabriquées du type "PR.AD".

Leur domaine d’emploi se situe en dessous de 25,00 m de portée.

Les poutrelles sont préalablement préparées pour recevoir le


ferraillage passif. Les âmes sont percées pour permettre la mise en
oeuvre d'écarteurs.
Photo AN - Membrures inférieures des poutrelles
Coffrage perdu entre membrures.

Après la mise en oeuvre des poutrelles métalliques, des coffrages perdus sont posés sur les membrures inférieures des
poutres. Ces membrures constitueront la seule partie visible des poutres après bétonnage.

Après mise en place du ferraillage passif, le béton, coulé en place, noie l'ensemble des poutres. Ces ouvrages comportent
cependant, contrairement aux "PRAD", des parties latérales débordant sur les poutres métalliques de rive.

Employés en ouvrages routiers dans le cas ou les contraintes de circulation ou les délais d'exécution de l'ouvrage l'imposent,
ces ouvrages sont cependant plus souvent employés en France en ouvrages ferroviaires.

Les élancements habituels sont compris entre :


 Le 1/35ème dans le cas d'une travée isostatique,
 Le 1/40ème dans tous les autres cas.

Cet élancement rend ces structures très intéressantes lorsque le fuseau d’inscription du tablier est réduit.

Le domaine usuel d'emploi de ces structures en ponts routiers se situe entre 10,00 m et 20,00 mètres.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 64 Version 11_2013


Le guide de pré-dimensionnement des tabliers de pont en poutrelles enrobées fournit le mode de détermination du nombre et
des caractéristiques des poutres métalliques.

Les ouvrages actuellement construits en France comportent, comme le montre le schéma ci dessus, un appareil d’appui par
poutre et par ligne d’appui (piles ou culées).

Il peut être envisagé, comme pour les PR.AD, d’encastrer les poutres métalliques sur des chevêtres incorporés au tablier sur
appuis et de réduire ainsi le nombre d’appareils d’appui par ligne.

c - Tablier en ossature mixte

Le domaine d'emploi des ouvrages métallique ou mixte, autres que les poutrelles enrobées, commence véritablement à
partir de 20,00 m à 25,00 m de portée environ.

Jusqu'à 80,00 m de portée, pour des travées isostatiques, voire 100,00m à 110,00m pour des travées continues, le hourdis
de couverture en béton armé ou précontraint, bien que très pesant ne constitue pas encore un véritable handicap et permet à
ces structures de concurrencer les ponts construits par encorbellements ou les ponts poussés.

Il s'agit dans ce cas de structures mixtes de type bipoutres en


"I" qui limitent le nombre d'assemblages et facilitent la
construction de la structure. Les ossatures mixtes à plus de
deux poutres sous chaussée sont quasiment abandonnées
aujourd'hui, même pour de grandes largeurs de tablier.

Photo AN - Conception ancienne des ponts mixtes (4 poutres métalliques


sous chaussée)

Suivant les conditions de tracé (courbure) ou de biais, le bipoutres mixte peut être remplacé par un caisson mixte qui
présente l'intérêt de mobiliser, par sa forme, une meilleure résistance à la torsion. Les caissons métalliques sont cependant
plus coûteux et plus délicats à réaliser que les poutres en "I". Les structures bipoutres classiques comportent deux poutres
métalliques en "I", à âmes pleines, reconstituées en usine, contreventées transversalement par des :
 Entretoises tous les 5,00 à 6,00 m dans le cas
ou le hourdis ne porte que sur les poutres
principales. C'est le cas en général des
ouvrages de largeur inférieure à 13,00m ou
14,00m. Cette disposition permet de réaliser le
hourdis de couverture, en place, par plots
successifs, à l'aide d'un coffrage outil pouvant
se déplacer entre le hourdis et les entretoises,

 Pièces de pont, plus rapprochées, 4,00 m


environ, lorsque ces éléments transversaux
reportent les charges de hourdis sur les poutres
principales, soit directement, soit par
l'intermédiaire de longerons, parallèles aux
Photo AN - Bétonnage par plots à l’aide d’un coffrage outil
poutres principales. C'est le cas des ouvrages
On remarque le ferraillage mis en œuvre en première phase.
dont la largeur est supérieure à 14,00m. Dans
ce cas, l'impossibilité d'utiliser un coffrage outil
complique la réalisation du hourdis entre
poutres principales.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 65 Version 11_2013


Les poutres portent directement la chaussée, les superstructures ainsi que les charges de chaussée et de trottoirs, par
l'intermédiaire d'un hourdis de couverture en béton armé ou précontraint.

Photo A.N.

Pour des balancements de travées compris entre 0,65 et 0,80, les élancements courants (rapport de la hauteur des poutres sur
la portée déterminante) des poutres métalliques des structures mixtes de type bipoutres sont approximativement :
 De 1/20ème dans le cas d'une travée isostatique (exceptionnellement le 1/22ème lorsque des conditions
particulières l'imposent (gabarit par exemple). Dans ce cas la consommation de matière (structure métallique) peu
très sensiblement augmenter,
 De 1/25ème dans le cas de deux travées continues de hauteur constante,
 De 1/28ème dans le cas de trois travées continues de hauteur constante,
 Variables du 1/20ème au 1/35ème en deux travées continues, variables du 1/25ème au 1/40ème de trois travées
continues.

Les épaisseurs des âmes et des membrures des poutres principales sont adaptées aux sollicitations à reprendre.

Les largeurs de membrures varient habituellement entre 0,60 m et 1,00m. En travées, la participation du béton comprimé
à la reprise des efforts permet de diminuer sensiblement les épaisseurs de membrures.

Par contre l'application de la réglementation actuelle conduit à une augmentation sensible des épaisseurs des membrures
supérieures et inférieures des poutres sur appuis intermédiaires. Ces épaisseurs peuvent rapidement atteindre 100mm à
120mm voire les dépasser, pour des portées moyennes d’ouvrages.

L'épaisseur des âmes est fonction des efforts tranchants à reprendre. Les âmes doivent permettre en outre aux différents
panneaux délimités par les membrures des poutres, les montants d’entretoisement : raidisseurs verticaux, et par les
raidisseurs horizontaux, de satisfaire les critères de stabilité au voilement.

La justification des structures à la fatigue peut conduire à augmenter sensiblement l'épaisseur des membrures inférieures et
supérieures en travées.

Ces sur-épaisseurs concernent surtout les ouvrages de portées modérées pour lesquels, les épaisseurs nécessaires en service,
en charge, ne permettent pas de satisfaire, sous le convoi de fatigue, les recommandations édictées par l'Eurocode 4. Voir
également les recommandations du « guide de conception et de justifications des ponts métalliques et mixtes, résistance à
la fatigue » de mai 1996.

L'épaisseur du hourdis de couverture en béton armé est liée aux dispositions constructives adoptées et en particulier à
l'entraxe des poutres et à l'option prise pour les éléments transversaux : entretoises ou pièces de pont.

Dans le cas de pièces de pont, les poutres sont espacées au maximum pour limiter la largeur des encorbellements latéraux du
hourdis afin de ne pas pénaliser la solution. L'épaisseur du hourdis de couverture est de 0,22m à 0,24m dans ce cas.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 66 Version 11_2013


Dans le cas d'entretoises, l'entraxe des poutres doit au contraire permettre d'équilibrer les efforts transversaux dans le
hourdis.

Dans le cas d'un hourdis d'épaisseur constante, l'épaisseur pourra approximativement varier entre 0,25m et 0,27m suivant
que l'entraxe des poutres variera de 5,00m ou 6,00m environ.

Dans le cas d'épaisseur variable, l'épaisseur aux extrémités des encorbellements sera fonction des dispositifs de sécurité à
accrocher à la structure avec un minimum de 0,20m. Sur poutres principales cette épaisseur pourra varier, hors renformis,
de 0,28m à 0,38m suivant que l'entraxe des poutres sera supérieur ou inférieur à 5,00m à 6,00m environ.

Le hourdis est accroché aux poutres


par des connecteurs en cornières,
arceaux ou goujons.

L’écartement de ces connecteurs est


fonction des cisaillements à
reprendre sans toutefois pouvoir
aller au-delà d'une valeur fixée par la
circulaire.

La disposition des connecteurs


(calepinage) conditionne le schéma
de ferraillage général (transversal et
longitudinal).

 Photo AN - Connecteurs de type cornière

Photo AN - Connecteurs de type goujon 

A défaut d’anticiper ces dispositions, et en raison de la concentration des connecteurs et du ferraillage du hourdis, on peut
être rapidement confronté à des impossibilités de montage et à des improvisations plus ou moins heureuses sur chantier.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 67 Version 11_2013


L'estimation du poids de l'ossature peut être approchée par la formule du BT5 du SETRA dans le cas d'une couverture en
béton armé participante :
P (kg/m2) = 0,105 L1,6 + 100

L est la portée déterminante d'un ouvrage à trois travées ou plus,


Dans le cas d'un deux travées, il faut pondérer la portée déterminante par 1,20,
Dans le cas d'une travée isostatique, il faut pondérer la portée déterminante par 1,40.

Une autre formule a été mise au point par MM. Aubagnac et Tanin : P (kg/m2) = 0,6 L1,3 + 70

Dans ce cas la longueur de la travée indépendante ou des deux travées continues doit être pondérée par 1,6.

La consommation d'armatures de béton armé du hourdis de couverture dépasse, dans les cas courants, 200 kg/m3 et
peut atteindre jusqu'à 300kg/m3.

La géométrie du tracé : forte courbure en


plan et/ou les dispositions d’appui (un seul
appui central sur pile) peuvent imposer
d’avoir recours à un caisson ouvert ou
fermé, plus apte à reprendre les
sollicitations particulières de torsion.

Photo AN - Ossature mixte « caisson métallique à larges encorbellements» .


Les larges encorbellements sont portés par des consoles métalliques solidaires du caisson.

Les recommandations pour maîtriser la fissuration des dalles éditées par le SETRA, fixe les règles de ferraillage des
hourdis de ponts mixtes. Ces règles sont particulièrement sévères pour le ferraillage longitudinal des sections de hourdis
tendu.

Pour limiter le ferraillage dans ces zones, des dispositions particulières de construction peuvent être envisagées.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 68 Version 11_2013


Elles consistent à limiter la longueur définitive des
zones de hourdis tendu de part et d’autre des piles
intermédiaires, en adoptant deux principes constructifs
:
 Dénivellation des appuis intermédiaires,
 Bétonnage par plots en terminant par les
plots encadrant les appuis intermédiaires ?
 Les deux dispositions en même temps.

Les dénivellations d’appuis intermédiaires sont


délicates à maîtriser pour les ouvrages de plus de trois
travées continues.
Photo AN - Calage de la structure métallique sur appuis
Après bétonnage, le tablier est dénivelé sur appuis L’ouvrage est descendu sur ses appuis définitifs après bétonnage du hourdis.
intermédiaires pour comprimer le hourdis de Le polyane sert à protéger les parements architectoniques de la pile
couverture.

Lorsque la géométrie du hourdis le permet et que les conditions d’exécution, en particulier les délais d’exécution de
l’ouvrage l’exigent, le hourdis en béton armé peut être préfabriqué. Cette technique, qui permet de s’affranchir du coffrage
outil, pose un certain nombre de problèmes qu’il convient systématiquement d’avoir étudié dans le détail avant d’engager
les études sur cette base :
 Géométrie des dalles préfabriquées : ouvrage à dévers variable, dimension des pièces, préparation des surfaces de
reprise, etc.
 Traitement du contact dalle-membrure supérieure des poutres : joint,
 Conception et calepinage des armatures et des connecteurs poutres-hourdis,
 Clavage longitudinal entre dalles préfabriquées, dispositions de recouvrement des armatures,
 Dispositions de matage des joints entre éléments de hourdis dans le cas de précontrainte longitudinale,
 Mode de préfabrication des éléments de hourdis, etc.
 Formulation du béton de clavage entre lanières et de remplissage des réservations de liaison avec les connecteurs
sur poutres.
Photo AN - Éléments de hourdis préfabriqués à joints conjugués destinés à être montés à
joints matés par précontrainte longitudinale.

On remarque ci dessus l’absence d’armatures longitudinales de liaison


entre éléments de hourdis (lanières). Des précautions doivent être prises
pour prévenir tout problème de précontrainte (défaut d’alignement des
Photo
conduits, points anguleux, etc.)
AN - Éléments de hourdis préfabriqués avec coffrage La photo de gauche donne un aperçu des détails de construction :
suspendu du clavage entre lanières préfabriquées. On calepinage des armatures, passage des connecteurs entre les armatures dans
remarque le vide central entre les deux ouvrages les réservations (4 par lanières), etc.
autoroutiers jumelés.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 69 Version 11_2013


5 - Mise en place des structures métalliques

La construction des structures métalliques des ouvrages métalliques ou mixtes commence par la construction, en usine des
tronçons et des diverses pièces annexes : pièces de pont, entretoises, connecteurs et éventuellement des équipements
spéciaux qui permettront d'assembler les divers éléments sur chantier.

La dimension des tronçons principaux fabriqués en usine est fonction des contraintes de transport.

Après la fabrication des éléments prêts à être transportés, un montage à blanc complet ou partiel est réalisé en usine. Ce
montage a pour but de vérifier la géométrie de l'ouvrage et en particulier le respect des contres-flèches de fabrication. Les
éléments peuvent être dès lors acheminés sur chantier, par voies routières, ferroviaires, fluviales ou maritimes. La technique
d'assemblage et de mise en place de l'ouvrage va dépendre étroitement des conditions d'accès au chantier.

Plusieurs techniques peuvent être envisagées.

a - Mise en place par lançage.

Cette technique qui consiste à assembler la totalité de


l'ouvrage sur les remblais d'accès, présente l'avantage de
permettre la réalisation de tous les assemblages au sol dans de
très bonnes conditions.

Photo AN - Structure métallique préfabriquée sur les remblais contigus en


attente d’être lancée
.

Avec le renouveau des ouvrages métalliques ou mixtes, ce procédé de mise en place a fait de grands progrès.

Limité à l'origine aux ouvrages parfaitement rectiligne, constitués de poutres


parallèles, il permet aujourd'hui de lancer pratiquement tous les types de
structures en s'accommodant en particulier de la courbure.

Photo AN - Avant bec avant l’accostage sur pile .


L’avant bec est adapté au biais de l’ouvrage
Photo AN - Avant bec avant l’accostage sur pile
Présence d’un premier tablier

Le lancement est une opération excessivement délicate. Les techniques employées reposent sur l'utilisation de chaises à
galets, de plaques de glissement ou d'autres systèmes ou la combinaison de certains d'entre eux.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 70 Version 11_2013


b - Mise en place par levage.

Cette technique consiste à mettre en place, par levage, les éléments de structure,
qu'ils soient pré-assemblés en usine ou sur le site si les contraintes de transport ne le
permettent pas.

Photo AN – Palée provisoire au droit d’un joint de montage (préparation de soudage)

Elle suppose possible l'accès à l'aplomb de l’emplacement définitif des éléments. C'est en particulier le cas d'ouvrages
fluviaux ou les engins de manutention peuvent être amenés par barges ou de certains ouvrages terrestres.

Photo AN - Mise en place à la grue. Photo AN - Mise en place de l’élément intermédiaire


Palée provisoire sur la première travée

Dans le cas de franchissements importants, les portées de construction peuvent être adaptées en intercalant des palées
provisoires qui doivent être dimensionnées et vérifiées au même titre que les ouvrages définitifs.

Ces ouvrages provisoires peuvent être très coûteux.

Cette technique permet en principe de mieux maîtriser les efforts parasites en cours de montage.

Il convient cependant de porter une attention particulière aux problèmes de déversement des poutres en cours de
manutention.

Cette technique, comme la précédente a nettement progressé ces dernières années et a permis, à partir d'équipements
spécifiques de réaliser des mises en place d'ouvrages spéciaux particulièrement délicats.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 71 Version 11_2013


c - Mise en place par encorbellement.

La mise en oeuvre de cette technique, particulièrement contraignante doit être limitée aux sites inaccessibles ne permettant
pas de libérer un recul suffisant pour pré-fabriquer et lancer l'ouvrage à partir des rives. Elle consiste à pré-fabriquer et à
lancer longitudinalement l'ouvrage, par tronçons, dont la longueur est limitée aux possibilités du site.

Les éléments successifs sont lancés et assemblés sur les éléments précédents, ce qui peut conduire à pénaliser la structure
jouant le rôle d’appui provisoire. La stabilité de l'ouvrage en construction est assurée par lest, par haubanage ou par tous
autres systèmes. Dans ce dernier cas, le coût du système est particulièrement élevé du fait de la complexité de son réemploi.

6 - Poutres latérales triangulées ou à treillis

Les poutres latérales triangulées ou à treillis constituent l'ossature d'un grand nombre d'ouvrages anciens.

Photo AN - Poutres latérales de grande hauteur Photo AN - Poutres latérales de hauteur variable

Autrefois constituées de plats, cornières et de U, principalement assemblés par rivets, les poutres triangulées étaient et
restent inesthétiques et difficiles d'entretien.

Schéma de poutres latérales Dispositions d’assemblage (nœud)

Les poutres latérales de grande hauteur exige parfois de disposer d’éléments de contreventement transversaux pour éviter le
déversement des poutres sous charges de service (flambement de la membrure supérieure).

Le domaine naturel d'emploi de ces structures est souvent limité aux franchissements ne libérant qu'une très faible hauteur
disponible d'ouvrage. Les poutres ont évolué dans leur forme, pour donner naissance aux poutres Warren, très simple de
conception et de réalisation.

Ces poutres sont aujourd'hui constituées de membrures en tubes métalliques reconstituées avec diagonales en tubes ou
profilés en "I". L'assemblage des éléments est réalisé par soudage ou par boulonnage (boulons à haute résistance).

Les tubes sont obturés en bout par des plats métalliques soudés.

Ces poutres latérales, encadrent la chaussée et les trottoirs. Elles sont reliées par des pièces de pont qui portent et leur
transfèrent les charges : du hourdis mince de couverture en béton armé, de la chaussée et des superstructures.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 72 Version 11_2013


La hauteur utile de la structure du tablier ne dépend plus des
portées de l’ouvrage mais de celles des pièces transversales :
pièces de pont.

C’est cette particularité qui explique que ces ouvrages


conviennent particulièrement bien aux franchissements pour
lesquels la hauteur disponible pour le tablier est faible :
hauteur entre la limite supérieure du gabarit de la voie
franchie et la cote de chaussée supérieure.

Le domaine d'emploi des poutres "Warren" recouvre celui


des structures mixtes bipoutres en travée isostatique soit
environ 100,00 mètres de portée.
Photo AN - Poutres Warren

L'estimation du poids d'acier nécessaire à sa réalisation peut être approchée par la relation fournie dans le BT5 du SETRA
( ponts à couverture en béton armé non participante) :

P (kg/m2) = 0,115 x L1,6 + 110 avec L = portée d'un pont continu à plusieurs travées
(L est à pondérer par 1,4 dans le cas d'un pont à une ou deux travées).

7 - Dalle Robinson

La couverture de l'ouvrage est constituée d'un hourdis général en béton armé de faible épaisseur connecté à une tôle générale
de 8mm à 10mm d'épaisseur.

Malgré la diminution d'épaisseur du hourdis, le poids de la couverture peut atteindre 330 kg/m2 et aller jusqu'à 500 kg/m2
dans le cas d'un épaississement du hourdis à 20cm.

En raison du nombre important de connecteurs liés au platelage métallique et aux liaisons entre les connecteurs et les ronds à
béton qui arment la dalle, cette solution présente l'inconvénient de multiplier le nombre de soudure. Elle impose en plus de
rapprocher les raidisseurs.

Ce type de structure était utilisé autrefois pour les ouvrages dont les portées pouvaient atteindre plusieurs centaines de
mètres. Il n’est plus utilisé aujourd’hui.

Le pont suspendu de Tancarville est un des rares ouvrages conçus sur ce principe. Ouvrage en trois travées symétriques,
d'une longueur totale de 960,00 mètres, il comporte une travée centrale de 608,00 mètres.

Cette technique n’est quasiment plus utilisée de nos jours en raison de l’important coût de main d’œuvre qu’elle entraîne.

8 - Dalle orthotrope

Le tablier est ici constitué d'une tôle de 12mm à 14mm d'épaisseur formant couverture, raidie longitudinalement par des
nervures et transversalement par des pièces de pont.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 73 Version 11_2013


Les nervures les plus employées sont en forme d'augets. Elles existe également sous forme de plats, de Y, de T ou de L.

Relativement légère : environ 200 kg/m2, cette dalle présente l'avantage de pouvoir être montée rapidement.

Cette structure présente cependant l'inconvénient de nécessiter des opérations d'usinage et de réglage minutieux ainsi qu'un
très grand nombre de soudures ce qui la rend très coûteuse. Elle prend le relais des ossatures mixtes pour les ouvrages de
grandes portées, quand le gain de poids est recherché.

Elle constituait une solution intéressante lorsque les contraintes de gabarit imposaient des ouvrages très élancés. C'était le
cas des ouvrages provisoires de type Viaducs Métalliques Démontables "VMD". Ces ouvrages, de conception et de
construction simple, ont permis de résoudre un grand nombre de problèmes de circulation en zone urbaine. De nombreux
ouvrages de ce type sont encore en fonction aujourd’hui.

L'estimation du poids d'acier peut être obtenue par application de la formule du BT5 du SETRA :

P (kg/m2) = 0,130 L1,44 + 200 ou


P (kg/m2) = 40 . L0,5 -100 (dont 200 kg/m2 pour la tôle de platelage et ses nervures).

I - Les ponts construits par encorbellements successifs

1 - Généralités - Principe de construction

Photo AN - Fléaux en construction (TGV-SE) - Clavage entre fléaux. Photo AN - Ouvrage contrepoids - Construction à partir de la culée avant.

Le principe de la construction par encorbellements successifs consiste, après la réalisation des appuis de l'ouvrage, piles et
culées, à construire le tablier à l'avancement, en partant des appuis, par tronçons longitudinaux successifs, de manière
symétrique ou dissymétrique (ouvrage à contrepoids).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 74 Version 11_2013


Ces voussoirs peuvent être coulés en place à l'aide
d'équipages mobiles ou préfabriqués et assemblés, en
place, à l'aide d'une poutre de lancement.

Les voussoirs sont stabilisés par paire, par la


précontrainte de construction ou précontrainte de fléau
qui reste en place en phase définitive.

Les équipages mobiles sont montés sur l’amorce du


tablier : voussoir sur pile ou « VSP », réalisée en
première phase

Photo AN - Fléau en construction - Équipages mobiles


Tablier encastré sur la tête de pile. on remarque la trace du
voussoir sur pile et des voussoirs courants successifs

.Cette technique de construction est adaptée aux ouvrages


de grande hauteur pour lesquels, les techniques de
construction habituelles : échafaudages, cintres, seraient
prohibitives, mais aussi aux ouvrages franchissant des
brèches difficiles d’accès comme les sites escarpés ou
dont l’accès est interdit pour des raisons d’exploitation
comme les gares de triage par exemple

Photo AN - Ouvrage construit au dessus d’une gare de triage

Après la construction des fléaux, la continuité de la structure est assurée par des éléments de tablier coulés en place :
clavages. Ces clavages relient les différents fléaux entre eux et avec les culées.

Leur construction est suivie de la mise en précontrainte de deuxième phase précontrainte de continuité de rive et centrale.
Cette dernière famille de câbles est destinée à apporter le complément de précontrainte propre à assurer la stabilité de
l’ouvrage sous les charges de superstructures, de service, de température, etc.

Pour un tablier classique à trois travées continues, on trouvera trois clavages : deux clavages isostatiques sur culées, réalisés
en première phase et un clavage hyperstatique réalisé en partie centrale de l'ouvrage.

La cadence de réalisation du tablier est généralement d'une paire de voussoirs par semaine ce qui correspond sensiblement à
une avancée de 2 x 3,50m à 2 x 4,00m environ. Des cadences plus rapides ont déjà été observées. Elles supposent des
formules appropriées de béton et des équipements de construction spécifiques favorisant la montée en résistance des bétons.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 75 Version 11_2013


Phasage de construction d’un ouvrage à trois travées continues construit par encorbellements successifs

2 - Domaine d'emploi

Cette technique de construction, qui permet la réalisation de tabliers de ponts de type caisson mono-cellulaire ou
multicellulaires ou de dalles nervurées, s'applique aussi à la construction d'autres types de structure, comme les arcs, même
si les dispositions de construction diffèrent parfois sensiblement.

Photo AN

On distingue deux grandes familles de tabliers construits par encorbellements : les ouvrages de hauteur constante et ceux de
hauteur variable. Le domaine d'emploi optimal de ces types de structures va de 50 mètres à 150 mètres environ, même si
des performances très supérieures ont déjà été atteintes sur certains ouvrages : pont de Gennevilliers ou pont sur la Severn en
Angleterre.

En dessous de 50 mètres, ces structures sont concurrencées par les ponts en béton précontraint à poutres sous chaussée, les
ponts poussés ou encore les structures mixtes bipoutres (acier-béton).

Dans le domaine des grandes portées, ces structures sont concurrencées par les ponts à câbles (haubanés et suspendus) et les
ponts métalliques (dalles orthotropes essentiellement) ou encore les structures mixtes bipoutres.

En caisson de hauteur constante, le domaine d'emploi optimal est compris entre 35 et 60 mètres.

En caisson de hauteur variable, le domaine d'emploi optimal est compris entre 80 et 150 mètres.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 76 Version 11_2013


Le domaine élargi peut aller jusqu’à environ 80 mètres pour les caissons de hauteur constante et jusqu'à plus de 250 mètres
pour les caissons de hauteur variable, même si le record est supérieur à ces portées. Pour les grandes portées, le poids de
l'ouvrage peut être allégé par l'utilisation de béton de granulats légers comme par exemple pour les ponts du Tricastin 142,50
mètres et d'Ottmarsheim 172,00 mètres.

3 - Dimensionnement

a - Balancement des travées

Le balancement des travées correspond à celui des ouvrages courants déjà présentés.

Pour réduire la longueur des clavages sur culées, lorsque la mise en place d’ouvrages provisoires pour la construction est
rendue difficile par la configuration du site, on peut limiter le balancement des travées à 0,58 ou 0,6. II peut également être
envisagé de construire des voussoirs en sur-encorbellement. Dans ce cas, des dispositions particulières doivent avoir été
prises pour garantir la stabilité du tablier en phase de construction dissymétrique : encastrement, contre poids.

b - Hauteur du caisson

Pour les caissons de hauteur constante, l'élancement varie de 1/20ème à 1/22ème environ, exceptionnellement
1/25ème.

Pour des caissons de hauteur variable les élancements optimaux varient de :


 1/35ème à 1/42ème en travée avec une hauteur minimum égale à 2,20m pour permettre la circulation aisée
dans le caisson lors des éventuelles interventions de maintenance ou de réparation,
 1/16ème à 1/18ème sur appuis (1/20ème exceptionnellement).

La variation de hauteur de l'intrados peut être soit parabolique, soit linéaire.

Pour des longueurs de travées déterminantes comprises entre 60 et 100 mètres, le SETRA propose une formule empirique
pour estimer l'épaisseur équivalente du tablier : Ee= 0,40 + 0,0035 L (L= portée déterminante en m).

c - Section transversale

Bien que utilisés par le passé, pour la construction d'ouvrages très larges, les caissons à trois âmes (bi-cellulaires) ne seront
pas évoqués ici en raison des difficultés qu'ils posent à l'exécution. Ces caissons ne sont pratiquement plus utilisés
aujourd'hui.

Hourdis supérieur renforcé par nervures transversales


Photo AN - Voussoir témoin

En fonction de la largeur totale de l'ouvrage, on distingue :


 Le caisson monocellulaire, pour des largeurs de tabliers inférieures ou égales à 14 mètres,
 Pour des largeurs d'ouvrages, supérieures à 14 mètres, on peut utiliser, soit :
o Un caisson monocellulaire large. Le hourdis supérieur est renforcé transversalement par des nervures en
béton armé ou en béton précontraint,
o Un double caisson unicellulaire:
 Indépendants, supportant chacun une chaussée unidirectionnelle,
 Jumelés, clavés en partie centrale par le hourdis supérieur. Dans ce cas, le clavage doit avoir une
largeur suffisante pour permettre de reprendre les imperfections de niveaux des deux fléaux en
vis à vis. Il est généralement conseillé d'associer une précontrainte transversale du hourdis
supérieur pour améliorer le fonctionnement transversal de l'ouvrage.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 77 Version 11_2013


La largeur des encorbellements est prise égale au quart de la largeur totale du hourdis supérieur. Les considérations
esthétiques amènent parfois à incliner les âmes (arc tangente=2). Cette disposition qui complique l'exécution permet
cependant un gain appréciable de poids.
La largeur des âmes est déterminée par diverses considérations :
 la reprise des efforts tranchants,
 les conditions de bétonnage, cheminée de bétonnage ( 7 à 8 cm minimum),
 le logement des ancrages de précontrainte (câbles de fléau),
E= 0,40 m ( ancrage de câbles 12 T 13), E= 0,45 m ( ancrage de câbles 12 T 15).

La largeur minimum conseillée des âmes est de 0,40m.


L'épaisseur du hourdis supérieur varie d'environ 20cm entre âmes à 24cm à l'encastrement.

On peut également adopter un élancement au 1/30ème en restant supérieur à 22cm dans le cas d'absence de goussets à
la jonction avec les âmes. L'épaisseur aux extrémités d'encorbellements est de 20cm mini. Cette épaisseur doit être adaptée
au dispositif de retenu. L'élancement de l'encorbellement à l'encastrement avec l'âme est comprise entre le 1/5ème et
1/7ème de la longueur de l'encorbellement. L'épaisseur du hourdis inférieur varie entre appuis et section de clé.

Si l'épaisseur du hourdis inférieure du caisson à la clé est réduite au minimum, soit 0,18m à 0,20m environ ou plus dans le
cas ou la précontrainte de continuité logée à l'intérieur du caisson l'exige, il est par contre nécessaire de l’épaissir sur appuis
pour permettre de satisfaire les critères réglementaires de compression du béton sous moments négatifs. On peut être amené
à projeter des épaisseurs de plusieurs décimètres et dans certains cas, de plus d'un mètre (caisson d'élancement tendu sur
appuis).

Des goussets sont généralement prévus à l'encastrement entre les âmes et les hourdis. En partie supérieure la dimension des
goussets dépend des dispositions de câblage (logement des conduits), en partie inférieure les goussets sont souvent réduits à
30x30cm ou aplatis à 30v x 60h pour favoriser la mise en oeuvre du béton.

4 - Stabilité des fléaux en cours de construction

En phase d’exécution, les deux principaux problèmes que pose la construction des tabliers par encorbellements successifs
sont, d’une part, la maîtrise de la stabilité du tablier, d’autre part, la maîtrise des déformations. Plusieurs techniques peuvent
être envisagées pour assurer la stabilité du tablier en phase d’exécution :

 Mise en oeuvre de palées provisoires : Photo AN – VSP (bloc sur pile) – Après décoffrage, en attente
des

Photo AN – VSP (bloc sur pile) – Coffrage sur palées provisoires Équipages mobiles de construction des fléaux.

Cette technique consiste à construire, de part et d'autre des appuis définitifs des palées provisoires sur lesquels repose le
fléau, en cours de construction, par l'intermédiaire de boîtes à sable. Les "palées provisoires" ne sont économiquement
valables que dans le cas d'ouvrages situés à de faibles hauteurs au-dessus du sol. En construction, l'ouvrage repose également
sur ses appuis définitifs. Les appuis provisoires sont démontés après clavages des fléaux.

Lorsque les palées provisoires ne peuvent pas être suffisamment écartées pour contenir la résultante des efforts et stabiliser
le fléau, le complément d'effort normal nécessaire à recentrer les efforts et à assurer la stabilité du fléau peut être obtenu par
de la précontrainte verticale d'accrochage du voussoir sur la pile sur la semelle ou sur les fondations s'il y a lieu.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 78 Version 11_2013


o Appuis définitifs dédoublés :

Ce cas s'apparente au cas précédent. Les appuis définitifs dédoublés jouent alors le rôle des appuis provisoires précédents.
Les fléaux en cours de construction appuient directement sur les appareils d'appui définitifs.

En phase définitive, ce dédoublement d’appuis intermédiaires correspond à un pseudo encastrement du tablier.

o Précontrainte du VSP sur les appuis :

Lorsque qu’il est nécessaire de recentrer la résultante des efforts en phase de construction, on peut utiliser la précontrainte
verticale pour augmenter la charge verticale (serrage du VSP sur les piles : e=M/N  augmentation de N).

o Encastrement du tablier sur la pile :

C'est la solution la plus couramment adoptée pour les ouvrages de grande


hauteur.

Dans ce cas, la souplesse des piles, peut éventuellement permettre de


redresser les fléaux pour les aligner avant clavage et permettre ainsi de
corriger les défauts de construction

Photo AN - Encastrement du tablier sur les piles

5 - Principe de câblage

Le principe de câblage est intimement lié au phasage de construction de l'ouvrage et à l'option de précontrainte choisie
(intérieure ou extérieure au béton mais intérieure au caisson).

Le câblage se compose de trois grandes familles :


 Les câbles de fléaux qui sont généralement intérieurs au béton. Les voussoirs sont serrés par paires à l’aide d’un ou
deux câbles de précontrainte, par âme, suivant le schéma suivant :
 Les câbles de continuité ou de clavage peuvent être soit:
o Intérieurs au béton, et logés dans le hourdis inférieur du caisson. Ce sont les câbles de clavage,
o Extérieurs au béton et intérieur au caisson. Leur tracé suit alors une polygonale dont les sommets se
situent sur appuis (piles et culées) et/ou sur des déviateurs disposés en travée.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 79 Version 11_2013


Principe de câblage d’un ouvrage à trois travées continues

La précontrainte de fléaux est destinée, d'une part à stabiliser les fléaux en cours de construction, d'autre part à
assurer la précontrainte définitive de poids propre seule ou totale sur appuis. Logée dans le hourdis supérieur, sur piles, cette
précontrainte est ancrée par paire, à l'avancement, sur les âmes ou le hourdis supérieur des voussoirs successifs. Son
inclinaison sur pile entraîne une réduction d'effort tranchant.

La précontrainte de continuité, essentiellement destinée à reprendre les sollicitations de moments positifs en travée
dues aux superstructures et aux actions variables peut être logée et ancrée dans des bossages, en saillie, dans le hourdis
inférieur, dans le cas de la précontrainte intérieure. En rives d'ouvrage, ces câbles remontent généralement sur les âmes sur
culées pour recentrer la précontrainte sur les axes d’appui sur culées (moment nul).

Certains de ces câbles intérieurs au béton peuvent être remplacés par de la précontrainte extérieure au béton (intérieure au
caisson). Ils sont alors ancrés sur piles et culées et déviés en travées par des diaphragmes déviateurs.

6 - Exécution du tablier

La principale difficulté de la construction par encorbellements successifs réside dans la maîtrise des déformations en
cours de construction. En effet, si la réalisation du profil définitif de l'ouvrage, ne pose généralement pas de problème dans
le cas des ouvrages coulés sur échafaudages généraux, à conditions de tenir compte d’une légère contre flèche de
construction, il n'en va pas de même des ouvrages construits par encorbellements successifs.

En plus de la maîtrise des déformations, cette technique suppose la maîtrise des techniques de reprise, en cours de
construction, des déformations imprévues afin d'éviter le festonnage du tablier.

Cette maîtrise passe par une évaluation détaillée des déformations pour toutes les phases de construction : poids des
voussoirs, mise en précontrainte, avancée et déformation des équipages, poids des superstructures, fluage du béton, etc.

a - Voussoirs coulés en place

Employée dès la construction des premiers ouvrages de ce type, dans les années 50, cette variante de construction consiste,
après avoir réalisé les appuis et une partie du tablier sur pile "bloc sur pile ou VSP", à installer des équipages mobiles
constitués généralement de deux poutres longitudinales posées sur le VSP.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 80 Version 11_2013


Ces équipages, mis en oeuvre par paire, dos à dos, sur le VSP, et avancés ensuite sur les voussoirs successifs, portent à
l'avant, le coffrage des voussoirs à construire et la passerelle de travail par des tiges à pas rapide. Leur stabilité est assurée
soit par ancrage, à l'arrière, sur le tablier, soit par un contre poids.

Une fois la paire de voussoirs symétriques bétonnée et mise en précontrainte, le coffrage est libéré et les équipages avancés
sur ces derniers voussoirs. La maîtrise des déformations se fait à l'avancement, sur les voussoirs suivants, par correction des
flèches ou contre flèches de bétonnage (déformation de l'équipage) ou de précontrainte en intégrant les déformations
ultérieures : superstructures, fluage du béton, etc.

b - Voussoirs préfabriqués

Cette variante de construction, utilisée à partir des années 60, permet en principe de réduire les délais de construction. Les
voussoirs sont préfabriqués sur une aire, puis acheminés à leur emplacement définitif avant d'être assemblés par
précontrainte, après préparation de la surface de contact entre voussoirs (matage).

Photo AN - Stockage de voussoirs préfabriqués avant pose Photo AN - Poutre de levage et de mise en place
des voussoirs préfabriqués.
Deux principes de préfabrication sont utilisés :
 Les cellules de préfabrication, qui permettent la construction des voussoirs, en poste fixe, en suivant leur ordre de
mise en oeuvre. Les voussoirs sont construits à "joints conjugués" ce qui favorise leur assemblage et permet en
outre de mieux maîtriser les imperfections de construction. (joints conjugués=le voussoir (i-1) sert au coffrage du
voussoir(i))
 La préfabrication d'un fléau complet sur une aire spéciale : slip-form qui reproduit parfaitement la géométrie
d'intrados de l'ouvrage.

Photo AN - Voussoirs préfabriqués - On remarque la position des tenons-mortaises

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 81 Version 11_2013


Les surfaces en contact des voussoirs préfabriqués, qui comportent des systèmes de tenon et mortaise (clés), sur les âmes
mais aussi sur les hourdis, sont enduites de colle aux résines époxydes pour boucher les vides éventuels et assurer
l'étanchéité.

Les imperfections de préfabrication sont plus délicates à rattraper que les déformations parasites dans le cas de voussoirs
coulés en place.

7 - Fonctionnement /Pathologie

Ces ouvrages ont été affectés par deux grands types de pathologie dus d'une part aux imperfections de calculs pour les
ouvrages de première génération, d'autre part aux imperfections de construction.

Les désordres consécutifs aux imperfections de calculs, qui ont conduit à effectuer, sur un certain nombre d'ouvrages, des
réparations parfois lourdes, ont essentiellement pour cause, la prise en compte de manière imparfaite des effets de
redistribution des efforts par fluage du béton, du gradient de température ainsi que de la diffusion des efforts concentrés de
précontrainte.

La prise en compte de ces phénomènes n'était pas imposée dans les instructions provisoires servant de base au calcul des
ponts précontraints, avant 1975. Les règlements français de calculs BAEL91(modifié 99) et BPEL91(modifié 99) ainsi que
le nouveau code de calculs EC2 corrigent ces manques.

Les principales imperfections de construction sont à mettre au compte de la déformabilité des équipages mobiles et du
phasage de bétonnage des voussoirs. En effet, une trop grande souplesse des équipages peut conduire, par déformation sous
chargement lors du bétonnage du voussoir, à l'ouverture du joint entre voussoirs successifs.

J - Les ponts poussés

1 - Généralités - Principe de construction

Le principe de la construction par poussage consiste à s'affranchir des difficultés de réalisation de l'ouvrage en place en
construisant le tablier par tronçons successifs, sur une aire de préfabrication aménagée à l'arrière des culées, sur les
remblais contigus, et à le pousser à son emplacement définitif sur des appareils d'appui glissants disposés sur les longrines de
préfabrication, les appuis définitifs et sur les éventuels appuis provisoires placés entre les appuis définitifs pour limiter les
efforts de poussage : porte à faux.

Les tronçons successifs de tablier sont reliés par les armatures de béton armé laissées en attente et par la précontrainte de
continuité.

Principe de poussage d’un seul coté

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 82 Version 11_2013


Principe de poussage des deux cotés

Cette technique d’exécution présente un grand nombre d'avantages :


 Contraintes sur la brèche à franchir limitées au temps de poussage quel que soit le type de franchissement
envisagé : routier, autoroutier ou ferroviaire, fluvial, etc.
 Optimisation des moyens de fabrication : coffrage, étaiements, … et des phases de construction par la mise en
oeuvre d'équipements limités et réutilisables,
 Maîtrise parfaite de la fabrication du tablier qui peut s'effectuer à niveau, sur les remblais contigus à l’ouvrage,
favorisant ainsi les diverses interventions, y compris celles imposées par les contrôles de fabrication,
 Optimisation des délais de construction du tablier.

La grande rigidité de l’ouvrage permet de se dispenser d’avoir à tenir compte de contre-flèches de construction qui seraient
impossibles à réaliser.

2 - Conditions de mise en oeuvre de cette technique

Contrairement aux autres techniques de mise en oeuvre, cette technique impose que le tracé théorique dans l’espace, soit
superposable par déplacement (conjugaison du tracé en plan et du profil en long).

Il est de plus nécessaire de dégager une longueur d'environ deux fois la portée courante de l'ouvrage à l’arrière des
culées, pour l'installation de l'aire de préfabrication du tablier.

Sauf aménagement particulier, cette technique ne convient pas : aux tracés en plan en clothoïde, aux tabliers de hauteur
variable et aux tracés trop perturbés.

Il est prudent, lorsque les contraintes de site (gabarit, morphologie), rendent difficiles, voire impossible le recours à d’autres
techniques de construction (échafaudages ou cintres, encorbellements), d’agir très en amont des études pour faire adopter,
par le projeteur routier, des caractéristiques de tracé routier qui permettent de mettre en œuvre la technique de poussage dans
de bonnes conditions.

Dans la pratique, et lorsque cette technique de construction s’impose alors que le tracé ne le permet pas théoriquement, il
arrive néanmoins d’y avoir recours en recherchant une trajectoire de poussage qui s’écarte le moins possible du tracé
théorique. Dans ce cas, les écarts entre la géométrie d’extrados théorique de l’ouvrage et celle de poussage doivent être
rattrapés par la couche de roulement (enrobés).

Ces dispositions qui peuvent se traduire, dans certains cas, par un élargissement de la structure, conduisent dans tous les cas
à une majoration de la charge permanente de l’ouvrage, qu’il convient de prendre en compte dans les justifications.

3 - Domaine d'emploi

Cette technique de construction, qui implique la construction d'une aire spéciale de préfabrication et la mise en oeuvre
d'équipements spéciaux de poussage ne trouve son intérêt économique qu'à partir de portées de 35 mètres environ.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 83 Version 11_2013


Cette technique est plus particulièrement adaptée aux ouvrages à portées régulières. Les travées continues de portées
fortement variables peuvent en effet compliquer la mise en oeuvre de la précontrainte.

Le domaine d'emploi des ponts poussés d'un seul côté va de 35,00m à 50,00m environ. La mise en place de palées
provisoires, qui divise les portées à franchir en phase de poussage peut augmenter ces performances. Dans le cas d'un
poussage des deux cotés ces performances peuvent aller jusqu'à 70,00m environ pour la travée centrale.

4 - Principe de construction

La construction par poussage suppose que soit aménagée une


aire de préfabrication et de poussage du tablier, sur les
remblais contigus à l'ouvrage, à l'arrière d'une des culées dans
le cas du poussage d'un seul coté ou à l'arrière des deux culées
si l'ouvrage est poussé des deux cotés.

La maîtrise de l’altimétrie des longrines de préfabrication et de


poussage, construites sur les remblais contigus à l’ouvrage,
garantit la réussite de l’opération et conditionne la géométrie
définitive de l’ouvrage.

Photo AN - Aire de préfabrication sur remblais contigus

Cette aire, d’une longueur égale à environ 1,5 fois à 2,0 fois la longueur de la travée déterminante, comporte en général
deux longrines en béton armé, dont l’espacement et le tracé correspondent aux surfaces de glissement de l’ouvrage. Elle est
équipée de plots d’appuis, destinés à recevoir les tronçons successifs d’ouvrage en cours de préfabrication.

Comme pour les appuis définitifs, les éventuels appuis provisoires mis en œuvre sur la trajectoire de poussage de l’ouvrage
pour diminuer les sollicitations de flexion de poussage, sont équipés de dispositifs de glissement.

L’ouvrage est construit par tronçons dont la longueur peut atteindre la longueur d’une travée. La construction est réalisée à
l’aide d’un outil coffrant articulé permettant le coffrage extérieur du tablier par déplacement vertical (hourdis inférieur) ou
rotation (âmes extérieures et encorbellements latéraux). Le coffrage intérieur épouse le contour intérieur du tablier. Sa mise
en œuvre est rendue compliquée par la présence des diaphragmes nécessaires à la déviation des câbles en travée et des
entretoises sur appuis. Après mise en précontrainte du tronçon en cours, l’ouvrage préfabriqué est poussé par l’arrière :
vérins double effet ou tirés par des câbles ancrés sur la culée.

Photo AN - Vérins double effets Photo AN - Vérins inférieurs de tirage Photo AN - Vérins latéraux de
(système GTM) tirage

Les 2 vérins inférieurs () ou latéraux () sont


  installés sur la culée de poussage.
Le vérin est fixé par sa tête sur le voussoir.

L’effort de poussage est transmis aux longrines par


pinçage arrière.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 84 Version 11_2013


Les 2 vérins avalent les câbles ancrés sur un peigne, à l’extrémité arrière de l’ouvrage ().

Photo AN - Peigne fixé sur OA à l’arrière du caisson sur l’aire de préfabrication

Pour le poussage proprement dit de l’ouvrage, deux techniques peuvent être mises en œuvre. La première technique consiste
à pousser l’ouvrage en continu. Lors de son déplacement, il glisse, sur chacun des appuis provisoires, sur des plaques en
élastomère téflon qu’il entraîne dans son déplacement sur des feuilles d’acier inoxydable fixées sur les plots. Cette
technique exige un ouvrier, par unité d’appui, pour alimenter le plot de feuilles en élastomère téflon.

Photo AN - Appui provisoire de glissement Photo AN - Glissement de l’avant bec sur l’appui provisoire
(appui à pot définitif, en attente de pose au premier plan)
(vérins d’accostage de l’avant bec sur la gauche)

La deuxième technique de poussage, discontinue, consiste suivant le même principe que le précédent, à faire glisser
l’ouvrage sur des dés d’appui équipés comme précédemment. La différence avec la technique précédente réside dans le fait
qu’après traversée du plot par les appareils d’appui, l’ouvrage est soulevé par vérinage pour permettre de replacer les
appareils d’appui à l’origine du plot, et ainsi de suite. Un système d’asservissement horizontal par vérin permet
actuellement d’automatiser la manœuvre.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 85 Version 11_2013


Des dispositifs latéraux de guidage, installés sur les appuis
empêchent l'ouvrage de s'écarter de sa trajectoire. Ces dispositifs
sont indispensables pour le poussage des ouvrages courbes.

Lors du poussage, la partie avant de l'ouvrage, qui se trouve en


porte-à-faux après passage sur appuis provisoires ou définitifs,
occasionne des sollicitations importantes de moment négatif qui
deviennent maximales juste avant accostage de l’avant bec sur
l'appui suivant ou après le passage de l’appui pour un avant bec
souple.

La reprise de telles sollicitations impose de sur-dimensionner le


tablier pour cette seule phase provisoire. Photo AN - Guides latéraux installés sur piles

Du fait de la déformation verticale du porte-à-faux (avant bec), l'accostage de l'ouvrage sur ses appuis successifs est réalisé
par vérinage.

Pour réduire ces moments de console, trois dispositions peuvent être adoptées :
 Mise en place de palées provisoires entre appuis définitifs.
o Ces appuis permettent de réduire très sensiblement les moments de porte-à-faux et par contre coup
d'optimiser la précontrainte de poussage. Lorsque cette solution est adaptée aux contraintes de projet, il
n’est généralement disposé qu’un appui provisoire en milieu de la travée avant survolée. Cet appui
provisoire est déplacé de travée, au fur et à mesure du poussage,
 Utilisation d'un avant bec métallique.
o L’avant bec, généralement constitué de deux poutres métalliques entretoisées, présente deux avantages : il
réduit la longueur de béton en console et limite les flèches de porte-à-faux à l'accostage. Sa longueur
optimale correspond à environ 0,6 fois la longueur de la travée déterminante. Il peut être équipé de vérins
à son extrémité avant, pour accostage.
 Utilisation d'un mât de haubanage.
o Cette disposition, très contraignante est plutôt réservée aux ouvrages très tirés qui imposent de réduire
sensiblement les moments de porte-à-faux pour assurer la stabilité de la structure en construction.

Les deux dernières dispositions permettent de simplifier les problèmes d'accostage sur appuis.

En raison de la complexité du réglage des haubans en cours de poussage, le recours au mât de haubanage est beaucoup
moins fréquent aujourd'hui.

L’utilisation d’un l'avant bec, beaucoup moins contraignant, s'est généralisé même pour les grandes portées.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 86 Version 11_2013


Les dés d'appuis sont généralement repris, par vérinage, en fin de construction, pour permettre un positionnement correct des
appareils d'appui : mise en place de dés d’appui préfabriqués collés ou de dés matés en mortier de résine.

En fin de poussage, la mise en place de la structure sur appuis définitifs est effectuée par vérinage. Cette opération peut avoir
lieu, suivant les cas, avant ou après la mise en oeuvre de la précontrainte de continuité.

5 - Dimensionnement

Les sollicitations de moments négatifs encaissées par la structure en cours de poussage impose de respecter des élancements
d’environ :
 1/11ème à 1/14ème environ avec avant bec court,
 1/14ème à 1/16ème environ avec avant bec long,
 1/16ème à 1/18ème environ avec mât de haubanage,

L'optimisation du poids de la structure, très pénalisant en phase de construction, passe par l'optimisation des épaisseurs de
béton du hourdis et des âmes.

6 - Principe de câblage

La précontrainte se compose de deux familles de câbles :


 Les câbles de construction destinés à assurer la stabilité de l'ouvrage en phase de poussage. Ces câbles sont
soit intérieurs au béton et ancrés dans les âmes ou sur des bossages, soit extérieurs au béton, mais intérieur au
caisson. Dans ce cas, ils sont ancrés dans les entretoises sur appuis. Des diaphragmes sont nécessaires dans ce cas
pour assurer la déviation des câbles en travée. Ces câbles de construction peuvent être conservés en partie, en
service, lorsque leur tracé le permet,
 Les câbles définitifs qui peuvent comprendre certains câbles de poussage et les câbles additionnels mis en œuvre
en fin de construction.

Les sections passant alternativement sur appui et en travée, les sollicitations induites par le câblage de construction doivent
être corrigées pour compenser leurs effets néfastes. Il est nécessaire d’adopter un schéma de câblage capable, quelle que soit
la position de chacune des sections de l’ouvrage par rapport aux appuis, de recentrer les efforts de précontrainte en cours de
poussage. C'est le rôle des câbles de poussage également appelés "câbles antisymétriques".

Principe de précontrainte de poussage. Cette précontrainte est fonction du phasage de bétonnage(sections de reprises)

En fin de poussage, la précontrainte antisymétrique est démontée avec, si nécessaire une partie du reste de la précontrainte
nécessaire au poussage.

La précontrainte de construction est complétée par des câbles de continuité procurant le complément de précontrainte
nécessaire à reprendre les sollicitations de superstructures et de charges de service.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 87 Version 11_2013


Photo AN - Précontrainte extérieure Photo AN - Précontrainte extérieure
Entretoises sur appuis intermédiaires Conduits en Polyéthylène haute densité (PEHD).

Le schéma de câblage doit permettre la mise en place des vérins de


mise en tension entre :
 les conduits PEHD,
 les plaques d’ancrage utilisées et en attente.

Photo AN - Précontrainte extérieure


Traversée des entretoises sur appuis intermédiaires Conduits en acier

7 - Fonctionnement /Pathologie

Le recul n'est pas encore suffisant par rapport aux ouvrages construits suivant cette technique pour nous permettre de
commenter valablement leur comportement dans le temps.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 88 Version 11_2013


K - Le Bow-string

Selon M.Courbon, une poutre Bow-String est l’ensemble de deux poutres, généralement situées dans un même plan vertical
et franchissant une seule travée.

Comme l’indique le dessin, les poutres sont réunies


solidairement à leurs abouts et entre elles par une série de
suspentes, appelées aussi aiguilles. Elles reposent sur les
culées par deux appuis simples. La poutre supérieure, à
forte courbure est l’arc du bow-string, la poutre
inférieure à faible courbure est le tirant du bow-string.
Le tablier qui porte les charges de service, parfois par

l’intermédiaire de longerons, est supporté par les deux arcs. Les charges transitent transversalement, du tablier aux tirants,
par des pièces de pont installées au droit d’un jeu de suspentes. Les poussées de l’arc sont reprises par les tirants.

Pour assurer la stabilité au déversement des arcs de bow-string, il peut s’avérer nécessaire, de relier les arcs par une ou
plusieurs entretoises horizontales. Malgré leur coût généralement plus élevé que les autres variantes de franchissement en
béton ou mixte, la faible épaisseur de la structure porteuse rend ces ouvrages particulièrement intéressant lorsque le fuseau
de passage du tablier est limité, à condition qu’aucun obstacle n’empêche la mise en place des arcs en hauteur.

Cette faible épaisseur du tablier permet de réduire la hauteur des remblais sur les rampe d’accès des ouvrages, ce qui peut
s’avérer intéressant sur des sols compressibles.

Les structures métalliques soudées, plus faciles à mettre en œuvre remplacent aujourd’hui les anciennes structures en béton
ou en treillis métalliques assemblées par rivets ou boulons. Pour des considérations tenant plus à l’esthétique des ouvrages,
les arcs et les suspentes peuvent être inclinés vers l’intérieur (voir photos suivantes).

Pont sur le petit Rhône à Saint Gilles (Gard)

Photo AN - Montage du tirant Photo AN - 2 - Montage du l’arc Photo AN - 3 - Contreventement pour lancement

Photo AN – 4 - Structure avant lancement Photo AN - 5 - Structure principale en place Photo AN - 6 - Structure principale en place

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 89 Version 11_2013


L - Les ponts à câbles

Les ponts à câbles peuvent être classés en deux grandes catégories, les ponts suspendus et les ponts à haubans.

1 - Les ponts suspendus

Photo Doc ASP - Pont suspendu de Manhattan à New York

a - Généralités

La technique qui fait la spécificité des ponts suspendus, consiste à porter le tablier, entre appuis successifs (pylônes) et par
l’intermédiaire de suspentes, par un ou plusieurs jeux de câbles latéraux, de tracé parabolique, ancrés sur des massifs
extérieurs à l’ouvrage. Les câbles sont dans un plan vertical.

Même si d’autres techniques de construction le permettaient au prix de travaux prohibitifs, les ponts suspendus étaient
projetés autrefois pour franchir les brèches importantes, parfois supérieures à 50,00 mètres.

Ces ouvrages présentaient l’avantage de limiter le nombre d’appuis intermédiaires voire même de s’affranchir totalement de
ces appuis dans certaines brèches comme les thalwegs très encaissés ou les cours d’eau.

La conception de la première génération des ponts suspendus a conduit à un certain nombre de déboires dans le monde :
effondrements ou mise hors d’usage d’un grand nombre d’ouvrages, parfois même avant leur mise en service.

Ce n’est véritablement qu’avec l’effondrement du pont de Tacoma Narrows, en 1940, que les concepteurs ont pris
conscience de l’importance des phénomènes aérodynamiques méconnus jusqu’alors.

Les études entreprises depuis, qui se poursuivent encore aujourd’hui, ont permis de comprendre les causes de ces accidents
et d’en tenir compte dans la conception de ces types de structures de tablier.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 90 Version 11_2013


Dans le même temps, les grands progrès technologiques réalisés, tant dans la connaissance des matériaux que dans celle des
techniques de construction des ouvrages d’art ont permis la naissance et l’évolution de nouveaux types d’ouvrages, en acier
ou en béton, capables de franchir des brèches de plus en plus importantes.

Ces évolutions successives ont considérablement réduit le domaine d’emploi des ponts suspendus qui se trouve aujourd’hui
repoussé, sauf considérations particulières (esthétique), vers les franchissements des brèches les plus importantes par de très
grandes portées.

Par la légèreté des structures que permet leur mode particulier de fonctionnement, les ponts suspendus sont les seuls
ouvrages pouvant permettre d’enjamber les très grandes portées, de plusieurs centaines de mètres à près de 2000 mètres
comme le pont sur le détroit d’Akashi Kaikyo, construit au Japon entre les îles Honshu et Shikoku, ou encore le pont sur le
détroit de Méssine de 3300 mètres de portée centrale , prévu pour relier Réggio de Calabre à Messine.

C’est à ce type de structure auquel on fait référence aujourd’hui lorsque l’on imagine le raccordement par un ouvrage aérien,
des continents africain et européen au-dessus du détroit de Gibraltar ou encore la traversée de passes importantes comme
celles de Messine ou de Patras.

Des très nombreux ouvrages de ce type construit en France, on peut citer, parmi ceux en service aujourd’hui :
 Le pont de Tournon sur le Rhône, construit par les frères Seguin en 1849, de 85 mètres de portée centrale, qui a
marqué une importante étape dans les progrès réalisés dans la technologie des câbles porteurs,
 Le pont de Tancarville sur la Seine, construit en 1955, de 608 mètres de portée centrale qui remplace l’ancien bac
et qui a permis de rapprocher les villes du Havre et de Caen,
 Le pont d’Aquitaine sur la Garonne à Bordeaux, construit en 1967, de 394 mètres de portée centrale.

b - Fonctionnement

Le fonctionnement des ponts suspendus repose sur :


 Un tablier :
o Il assure la fonction d’usage, tant transversale que longitudinale : continuité de la voie portée. Il porte la
chaussée et permet la répartition des charges entre suspentes,
 Des suspentes :
o Elles assurent la liaison entre le tablier et les câbles porteurs. Elles remontent les charges du tablier aux
câbles porteurs.
 Des câbles porteurs :
o D’allure parabolique, les câbles porteurs, qui assurent la fonction porteuse, suspendent latéralement le
tablier par l’intermédiaire des suspentes verticales. Les charges générales du tablier : poids propre,
superstructures et charges de service se répartissent en une charge verticale appliquée par les câbles sur les
pylônes, par l’intermédiaire de selles d’appui, et un effort de tension transmis par des câbles de retenue
amarrés sur des massifs d’ancrage. Ces câbles de retenue ne supportent généralement pas de charge
verticale,
 Des pylônes :
o Ils assurent les fonctions d’appui et de déviation des câbles porteurs et ils transmettent les charges
générales au sol de fondation.

La variation des charges sur le tablier entraîne une variation des efforts sur les
suspentes et sur les câbles et une déformation élastique des câbles.

Dans le cas ou ces câbles sont continus entre massifs d’ancrage extérieurs, ils
transitent avant leur ancrage sur ces massifs, par les têtes de pylônes qui assurent
leur déviation verticale. Disposition en tête de pylône 

Ceci rend donc nécessaire, pour éviter les fortes sollicitations horizontales et les moments de flexion sur les pylônes, de
réduire, voire d’annuler la composante horizontale de cet effort de traction des câbles en libérant le déplacement du câble en
tête de pylône. Ce déplacement est permis, soit par l’installation des câbles sur des selles montées sur galets de roulement,
soit par articulation des pylônes en leur base.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 91 Version 11_2013


Deux situations peuvent alors être rencontrées :
 Les câbles ne peuvent pas glisser sur la tête des pylônes, s’ils sont bloqués par exemple. Dans ce cas, leur tension
se décompose en un effort vertical et un effort horizontal qui peut compromettre la stabilité du pylône, par
sollicitations excessives de flexion,
 Les câbles peuvent glisser sur la tête des pylônes. La composante horizontale s’annule et la composante verticale
s’excentre, ce qui induit une sollicitation de flexion faible dans le pylône.

Si ces dispositions permettent de résoudre les problèmes de stabilité des pylônes dans le cas d’un ouvrage à trois travées, ils
convient, dans le cas d’un nombre supérieur de travées, de compléter ce dispositif pour éviter les déformations verticales
excessives du tablier, permises par celles des câbles, lorsque la travée « n » peut se trouver soulevée par le chargement des
travées adjacentes.

Une disposition peut consister à amarrer les câbles de suspension des travées successives, par travée, à l’arrière des pylônes,
en les descendant verticalement. Dans ce cas, les câbles des deux travées adjacentes, qui se croisent en tête de pylône,
exercent, lors du chargement dissymétrique de ces travées, une précontrainte verticale du pylône mis en flexion par les
efforts de traction des câbles.

c - Tablier

L’une des principales différences de conception des tabliers de ponts suspendus très anciens avec les tabliers modernes tient
au fait qu’à l’époque, les tabliers n’avaient pas pour fonction majeure de répartir les charges entre suspentes, ce qui
permettait de se satisfaire de structures particulièrement souples longitudinalement.

Ceci pouvait s’expliquer par la faible intensité des charges de service qu’ils avaient à supporter.

La faible rigidité longitudinale avait pour principale conséquence de le rendre les tabliers très déformables tant verticalement
que horizontalement, en particulier sous l’effet du vent. De plus, cette souplesse qui ne permettait pas la répartition des
charges entre suspentes, rendait la stabilité de ces tabliers très sensible à la ruine d’une suspente.

L’analyse des causes de ruine des ouvrages défectueux, ont conduit, en analysant le comportement au vent du pont de
Tacoma Narrows, à revoir les dispositions constructives des tabliers.

Ces tabliers ont évolué pour tendre vers des structures plus raides, à poutres latérales, poutres de rigidité, reliées
transversalement par des pièces de pont, portant la structure de chaussée, platelage, par des longerons longitudinaux. Les
platelages étaient constitués de madriers en bois recouverts par des planches supportant directement les charges de chaussée.
Les dalles en béton armé et les structures métalliques ou mixte béton-acier ont rapidement remplacé les anciennes
couvertures.

Contrairement aux ouvrages anciens, les poutres de rigidité permettaient de mieux répartir longitudinalement les charges
entre les suspentes, de limiter les déformations des câbles et du tablier en assurant la stabilité au vent des ouvrages.

Les poutres triangulées de grande hauteur fortement contreventées, avec suspentes rapprochées, constituèrent la première
réponse aux instabilités constatées. Des pièces de pont métalliques assuraient la transmission des efforts de platelage aux
poutres et aux suspentes. A ce titre, les pièces de pont constituaient des éléments importants du tablier.

Les considérations de construction et d’entretien ont conduit à remplacer dans un premier temps les poutres triangulées par
des poutres à âme pleine. La tendance actuelle est de s’orienter, pour les grands ouvrages, vers des structures en caisson
offrant une meilleure rigidité en torsion. Les caissons métalliques offrent, en plus, en gain de poids non négligeable.

Les appareils d’appui de ces ouvrages sont soumis à des sollicitations complexes :
 Des sollicitations horizontales longitudinales dues aux efforts de freinage et aux charges dissymétriques,
 Des sollicitations horizontales transversales dues au vent qui se traduisent par des efforts transversaux et des
Rotations de la ligne d’appui d’axe vertical,
 Des rotations d’axe horizontal transversal de la ligne d’appui, fonction de la souplesse du tablier,
 Des sollicitations verticales alternées liées aux cycles de chargement de l’ouvrage.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 92 Version 11_2013


En permettant les déformations tout en évitant les sollicitations parasites sur l’ouvrage, les appareils d’appui doivent
s’opposer aux déplacements d’ensemble du tablier.

Compte tenu de la nature des sollicitations, ces exigences compliquent le choix des appareils d’appui. Il est conseillé de les
sur-dimensionner pour limiter les interventions ultérieures d’entretien.

L'estimation du poids d'acier des ponts suspendus peut être approchée par la formule mise au point par le SETRA et donnée
dans le BT5 (tablier + câbles, à l'exclusion des pièces moulées) : P (kg/m2) = 570

d - Suspension

La suspension en acier comprend les câbles porteurs et les suspentes de liaison entre le tablier et les câbles. Elle constitue
l’élément porteur essentiel des ponts suspendus.

La recherche a constamment été orientée vers l’augmentation des caractéristiques mécaniques des aciers utilisés pour la
fabrication de la suspension, l’augmentation de leur ductilité : allongement à la rupture et de leur durabilité : limitation des
risques de corrosion par dissolution et par corrosion fissurante sous tension.

Les premiers câbles étaient constitués d’un grand nombre de fils parallèles, de 4 à 5mm de diamètre, serrés entre eux par des
frettes régulières mises en œuvre sous tension. Plus tard, certains ouvrages anciens ont été construits à l’aide de câbles
torsadés.

Aujourd’hui, la technologie de câblage consiste, en usine, à toronner les fils en hélice en plusieurs couches circulaires dont
le sens d’enroulement est inversé d’une couche à l’autre. L’assemblage des fils successifs par ligatures, a été remplacé
aujourd’hui par un assemblage par soudure en veillant à décaler les soudures entre fils.

Visant à améliorer la résistance à la corrosion des câbles, le profil et le traitement des


aciers (galvanisation) ont évolué avec le temps.

Sont ainsi nés les câbles clos, utilisés sur quelques ouvrages.

Ces câbles sont constitués d’un faisceau central de fils ronds enserrés entre une ou deux
couches de fils de profils spéciaux : en trapèze ou en Z.

Coupe d’un câble toronné clos (câbles ronds, en trapèze, en Z)

En fonction de l’importance de l’ouvrage et de leur nombre, les câbles peuvent être organisés en nappe, en faisceau, ou en
couronne en ménageant l’espace entre câbles, au niveau des colliers d’attache des suspentes, à l’aide de noyaux de forme
tronconique.

Câbles en faisceau Câbles en couronne Câbles en nappe

A l’occasion des récents travaux de remise en état de la câblerie d’ouvrages en France, l’ancienne câblerie a été remplacée
par des câbles toronnés à fils galvanisés.

De la comparaison des trois systèmes de suspentes expérimentés : fer forgé, suspentes toronnées et barres en acier, il ressort
que les barres présentent les meilleures garanties de pérennité, à condition de respecter quelques principes de bonne
constructions relatifs, entre autres, au diamètre de filetage des barres et aux caractéristiques de l’acier (résilience aux faibles
températures).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 93 Version 11_2013


Des recommandations de bonne construction des différents systèmes d’attache des câbles et suspentes ont été proposées par
le SETRA et le laboratoire central des ponts et chaussées dans le guide relatif aux ponts suspendus.

e - Pylônes

De géométrie souvent simple, les pylônes verticaux des ponts suspendus, de section constante ou variable, peuvent être
indépendants ou reliés par une ou plusieurs entretoises servant de contreventement.

Ils peuvent être constitués de matériaux divers : en maçonnerie dans le cas des ouvrages anciens, en métal ou en béton pour
les ouvrages plus récents. Leur mode de fonctionnement dépend d’un certain nombre de paramètres qui tiennent à leur
rigidité et à leurs conditions de liaison à leur base : encastrement, articulation.

Pylône en maçonnerie Pylône en métal Pylône en béton

Ils sont soumis à leur propre poids, aux efforts transmis par les câbles et aux efforts de vent (pylônes de grande hauteur). Ces
efforts dépendent également des dispositions adoptées pour la déviation des câbles sur les pylônes et en particulier du
frottement selle-béton.

Les pylônes doivent généralement être justifiés au flambement.

f - Massifs d’ancrage

Les dispositions les plus souvent mises en œuvre pour l’ancrage des câbles, sont celles des massifs ou chambres d’ancrage
pour lesquelles il convient d’être attentif à la résistance des sols de fondation : modification des caractéristiques dans le
temps ou risque d’affouillement.

D’autres dispositions existent comme par


exemple, l’ancrage sur les pylônes dans le
cas d’ouvrage de moyenne importance, ou
encore l’auto ancrage dans le cas ou les
câbles sont directement ancrés sur le tablier
(anciens tabliers).

Dans ce domaine également, l’évolution a consisté, lorsque cela était


possible, à remonter les systèmes d’attache en partie supérieure des massifs
pour les mettre à l’abri d’une corrosion précoce.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 94 Version 11_2013


g - Mode de justification

Contrairement aux ouvrages classiques décrits ci avant, la justification des ouvrages à câbles ne peuvent plus se satisfaire
des calculs au premier ordre. Il convient impérativement de prendre en compte les effets du second ordre en partant d’une
schématisation correcte de l’état initial sous charges permanentes seules et à la température de réglage des suspentes.

Les ponts anciens ont été calculés par la méthode manuelle, mise au point par M.Courbon. Des logiciels de calculs
permettent aujourd’hui de justifier ces structures en tenant compte de l’ensemble de ces effets. En raison de la sensibilité de
l’ouvrage à la tenue de la suspension, la tension maximale des câbles de suspension est réduite, contrairement aux ouvrages
précontraints à moins de la moitié de la limite de rupture des câbles.

Le comportement de la structure au vent est vérifié par des essais en soufflerie sur modèle réduit.

h - Mode de construction du tablier

La construction des ponts suspendus consiste, après construction des pylônes et massifs d’ancrages des câbles, à mettre en
œuvre l’ensemble des câbles longitudinaux, préalablement préfabriqués suivant leur longueur définitive et des suspentes.

On met en place dans un premier temps les câbles sur les pylônes d’une extrémité à l’autre de l’ouvrage en se servant de
câbles auxiliaires de transport et de guidage ou d’autres systèmes de mise en œuvre.

Le réglage des câbles est réalisé en déterminant les flèches, qui tiennent compte des charges permanentes à accrocher et de
la modification des courbures au droit des suspentes.

A titre de rappel, la longueur d’un câble parabolique peut être donnée en fonction de sa flèche (f) et de la corde (l) par la
formule suivante : L = l * (1 + (8.f²)/(3.l²) - (32.f 4)/(5.l4) + ….), sachant qu’une variation de longueur dL entraîne une
variation de flèche df = (15.l3) / (80.f.l² - 384.f3) . dL .

La précision de réglage qui peut être obtenue sur les câbles paraboliques ne peut cependant pas l’être sur les parties
rectilignes des câbles de retenu.

Dès lors les colliers, les suspentes et les éléments de tablier peuvent à leur tour être accrochés. L’ordre de pose des éléments
de tablier dépend des conditions de résistance au vent et des déplacements possibles des câbles sur les pylônes.

Un réglage général de la longueur des suspentes permet, par visées optiques, dans un premier temps d’obtenir le profil en
long théorique du tablier. Cette opération suppose que les effets de la température aient été préalablement évalués.

La difficulté de réglage des câbles réside dans le fait qu’avec des câbles toronnés, la mise en tension resserre les torons et/ou
fils entre eux et modifie ainsi le module du câble.

Une des solutions consiste à procéder en usine, à une mise en tension préalable des câbles à un taux supérieur à celui de
service pour minimiser ces problèmes sur chantier. Cette opération n’est généralement pas réalisée parce que trop
compliquée.

Le réglage des câbles réalisé, celui des suspentes peut être entrepris par vérinage, après avoir préalablement vérifié leur
verticalité.

Divers incidents : glissement des colliers, blocage des selles, mouvements des pylônes ou des blocs d’ancrages, peuvent
obliger les gestionnaires d’ouvrage à ré-intervenir, en service, pour vérifier et remettre à niveau la tension des éléments de
suspension du tablier.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 95 Version 11_2013


2 - Les ponts à haubans

Photo JP.L - Pont de Seyssel

a - Généralités

Ces ouvrages se différencient des ponts suspendus par le fonctionnement de la structure.

Le schéma ci avant montre la conception générale des ouvrages à haubans. Le tablier est suspendu par des câbles inclinés,
accrochés d’une part au tablier et d’autre part au mât de haubanage (pylône).

Les vues suivantes illustrent la décomposition des charges de poids propre du tablier entre le tablier ( compression), les
haubans (traction) et le mât (compression), dans le cas d’un haubanage en éventail (gauche) ou en harpe (droite).

L’esthétique, voire l’élégance de ces ouvrages a souvent séduit les maîtres d’ouvrage qui acceptent le surcoût qu’ils
entraînent par rapport à d’autres ouvrages plus en rapport avec les caractéristiques de la brèche à franchir.

b - Fonctionnement

Contrairement aux ponts suspendus, le principe de fonctionnement des ponts à haubans repose sur :
 Les haubans qui suspendent le tablier. Ils sont inclinés et ancrés sur les pylônes. Les charges générales du tablier :
poids propre, superstructures et charges de service se décomposent en une charge verticale appliquée par les
haubans sur les pylônes, et un effort de compression dans le tablier transmis par les ancrages,
 Le tablier qui porte la chaussée et assure la répartition des charges entre points d’ancrage des haubans,
 Les mâts sur lesquels sont ancrés les haubans. Ils assurent les fonctions d’appui.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 96 Version 11_2013


Pour les mêmes raisons que celles décrites précédemment pour les ponts suspendus, une augmentation de l’espacement
longitudinal des points d’ancrage des haubans impose nécessairement une rigidification du tablier, pour assurer une bonne
répartition des charges entre haubans.

Les tabliers peuvent être en béton précontraint, en métal ou mixte. Le métal est généralement choisi lorsque un gain de
poids est recherché (grandes portées).

Plusieurs dispositions de haubanage peuvent être rencontrées. Les câbles peuvent être regroupés en deux grandes familles :
le haubanage central et le haubanage latéral. Exceptionnellement et bien que non encore retenu en construction (sauf
omission), une disposition à trois nappes : une nappe centrale encadrée par deux nappes latérales a été imaginée par certains
ingénieurs. Cette disposition réduit très sensiblement les sollicitations sur le tablier. Elle ne sera pas commentée dans la suite
du texte.

- Le haubanage central

Le haubanage central (ou suspension centrale) constitué d’une nappe unique, présente, par l’impression de légèreté qu’il
donne en évitant la vision des deux nappes croisées, un incontestable intérêt esthétique. Il pose cependant le problème des
sollicitations de torsion engendrées par les charges transversales dissymétriques sur l’ouvrage.

La rigidité en torsion nécessaire à la reprise de ces sollicitations conduit généralement, en particulier pour les ouvrages de
grande largeur, à des structures surabondantes en flexion.

La rigidité du tablier permet une meilleure répartition des charges sur les haubans, ce qui limite les variations de charges et
la tenue en fatigue des aciers ainsi que la tenue au vent de la structure. Ce système est toutefois limité aux ouvrages de faible
largeur, qui permettent encore de reprendre les sollicitations de torsion.

Haubanage central avec mât vertical et câbles en éventail ou parallèles Mât en « A »

Cette disposition est essentiellement adaptée aux ouvrages supportant une


autoroute pour laquelle le terre-plein central peut dégager la largeur
nécessaire pour inscrire le mât et les protections.

La place nécessaire pour protéger le mât et les câbles, en partie centrale


des ouvrages peut conduire à élargir substantiellement la structure.

Les considérations purement esthétiques ont conduit à imaginer des ponts


haubanés avec mât central incliné, comme le pont « Alamillo (Photo) » sur le
Guadalquivir à Séville.

- Le haubanage latéral

Le haubanage latéral peut se trouver sous les deux configurations précédentes, en éventail ou en parallèles, à partir de mâts
installés de part et d’autre de l’ouvrage. Il peut également se rencontrer sous une autre configuration, avec un mât en « A » et
des câbles en faisceaux comme le montrent les dessins ci après.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 97 Version 11_2013


Haubanage latéral avec mâts verticaux et câbles en éventail ou en harpe Haubanage latéral avec mât en A
et câbles en faisceau
L’inclinaison des câbles dans le cas du haubanage en faisceau pose le problème du dégagement du gabarit sur l’ouvrage. Il
peut imposer, pour éviter d’augmenter exagérément la hauteur des mâts, d’écarter les points d’attache des haubans sur le
tablier en laissant déborder latéralement les pièces de pont.

Ce problème ne se rencontre généralement que pour les ponts de petites portées.

Si le haubanage en faisceau est assez bien adapté aux ouvrages de grandes portées pour des raisons aérodynamiques, il
complique par contre la construction des branches inclinées des mâts.

- Dispositions longitudinales des haubans

Les schémas ci dessus montrent quelques-unes unes des dispositions de haubanage mises en œuvre à ce jour, à savoir :
 Le haubanage en éventail,
 Le haubanage en harpe ou en semi-harpe,
 Le haubanage en faisceau.

En alignant l’inclinaison de l’ensemble des haubans à celle du hauban extrême le plus incliné, la disposition en harpe
conduit à augmenter les efforts moyens sur les haubans. Elle répartit par contre les efforts normaux sur la hauteur du mât et
simplifie les dispositions d’ancrage des câbles.

La disposition en éventail concentre les ancrages en partie haute des mâts, ce qui
complique sérieusement les dispositions d’ancrage et conduit à concentrer la totalité de
l’effort normal à proximité de la tête des mâts.

Cette disposition présente cependant l’avantage de réduire très sensiblement l’effort moyen
de haubanage en augmentant l’inclinaison moyenne des haubans. Ceci a pour conséquence
de réduire également l’effort total horizontal sur le mât. Cette disposition suppose que les
travées de rive sont plus courtes que la travée centrale.

La disposition en semi harpe consiste à adopter une solution intermédiaire entre les deux
solutions précédentes. Elle consiste à diminuer progressivement l’inclinaison des haubans
en s’approchant des mâts tout en maintenant un écartement vertical des points d’ancrage
sur les mâts suffisant pour permettre une mise en œuvre aisée des dispositions d’ancrage.

Toutes ces dispositions symétriques ou quasi-symétriques par rapport aux mâts


conviennent lorsque la configuration du site le permet ce qui est le cas dans la grande
majorité des brèches à franchir. Photo JR - Pont de Châlon sur Saône

Dans la cas de franchissement de brèches très marquées ou tout simplement pour de simples raisons tenant à l’esthétique des
ouvrages, il peut arriver de projeter de tels ouvrages en supprimant les travées de rive, sans qu’il soit possible d’équilibrer la
travée centrale comme cela l’est dans les configurations déjà décrites.

Cette disposition asymétrique entraîne un déséquilibre longitudinal qu’il convient de corriger, soit en ancrant le mât rigide
sur un massif contrepoids, soit en disposant un haubanage arrière également ancré sur un massif contrepoids. Les efforts
horizontaux induits par les haubans peuvent être réduits en diminuant leur inclinaison par rapport à la verticale. Cette
possibilité est cependant limitée par les considérations esthétiques et la dimension des mâts.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 98 Version 11_2013


- écartement des points d’ancrage des haubans sur le tablier

L’écartement longitudinal des points d’ancrage des haubans sur le tablier dépend d’un certain nombre de facteurs comme :
l’esthétique de l’ouvrage, le mode de construction de l’ouvrage, la rigidité et le poids du tablier mais aussi le coût des
haubans.

Ce raisonnement diffère légèrement suivant que l’on a affaire à une portée importante ou réduite en raison de la variation des
efforts dus au vent.

Dans le cas d’une construction par encorbellements successifs et symétriques par rapport aux mâts, l’écartement des haubans
variera en fonction de la nature et l’importance des moyens de montage.

En raison des importants moyens nécessaires pour leur construction, les voussoirs en béton, coulés en place exigent
généralement de rapprocher les points d’ancrage des haubans, de 5,00m à 10,00m environ ou de disposer lorsque cela est
possible, des haubans intermédiaires provisoires. La particularité des voussoirs coulés en place réside dans le fait que la
composante horizontale du haubanage avant ne pouvant pas être reprise par le béton frais, elle doit être reportée sur les
voussoirs précédents en attendant le durcissement et la montée en résistance du béton frais, ce qui complique leur exécution.

Les voussoirs métalliques, plus légers, permettent par contre d’espacer un peu plus les haubans et d’atteindre 20,00m à
30,00m d’écartement.

Ces données sont à adapter aux portées déterminantes de l’ouvrage.

c - Tablier :

Dans la majorité des cas, les tabliers de ponts à haubans


sont dimensionnés en flexion transversale, les haubans
pouvant affecter très fortement les zones d’ancrage,
latérales ou centrales.

Comme cela a déjà été précisé, le haubanage central


exigera une rigidité torsionnelle importante, surtout
lorsque le tablier est de grande largeur.

Les nombreux types de structures de tablier en béton, en


métal ou mixtes, témoignent de la panoplie des
dispositions possibles, en particulier si l’on considère
pour chacun des matériaux les variantes envisageables :
caisson, treillis, etc.
Schémas simplifiés de quelques coupes transversales réalisées
Les haubans sont toujours bien protégés des chocs de véhicules.

Pour les faibles portées, le domaine d'emploi des ponts à haubans recouvre celui des ponts suspendus. Il arrive, pour des
raisons purement esthétiques, que ce type d'ouvrage soit réalisé, de nos jours, pour des portées déterminantes inférieures à
100,00 m, voire à 50,00 m pour des passerelles.

En dehors des considérations architecturales ou d’insertion, le domaine d’emploi des ponts à haubans est, comme pour les
ponts suspendus, repoussé par les performances toujours croissantes des ponts en béton précontraint, métalliques ou mixtes.

Les performances atteintes par les derniers ponts à haubans construits sont :
 Pour les tabliers métalliques : 890,00m de portée pour le pont Tatara au Japon, en 1999, 856m de portée pour le
pont de Normandie en 1995,
 Pour les tabliers en béton : 440,00m de portée pour le pont de Barrios de Luna en Espagne, 320,00m de portée
pour le pont de Brotonne en France.
L'estimation du poids d'acier du tablier métallique peut être approchée par l'utilisation de la formule du BT5 du SETRA
(tablier + câbles, à l'exclusion des pièces moulées) : P (kg/m2) = 0,87 L +280.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 99 Version 11_2013


Le poids propre du tablier peut être approximativement estimé en pré-dimensionnement à environ (voir guide du SETRA) :
 2,5 + 3,5 KN/m² pour des tabliers en acier,
 6,5 + 8,5 KN/m² pour des tabliers mixtes,
 10,0 + 15 KN/m² pour des tabliers en béton.

d - Haubans

La principale cause des désordres constatés sur les premiers ponts à haubans est liée à la qualité des aciers utilisés pour la
confection des câbles et des ancrages. Comme pour les ponts suspendus, les évolutions technologiques permettent
aujourd’hui d’obtenir des aciers de qualité qui permettent d’obtenir des haubans durables. En plus des câbles à fils
parallèles, à torons ou clos, on trouve, compte tenu de l’allure rectiligne de la suspension, les câbles à barres parallèles.

Les dispositions de protection des câbles se résument :


 À la galvanisation, qui malgré la baisse de résistance qu’elle entraîne offre une bonne qualité de protection,
 À l’enduction qui consiste à enduire les fils par un produit de protection anti-corrosion adhérent et de longue
conservation. Cette technique est utilisée pour les câbles clos,
 Au gainage et au tubage des câbles, autres que les câbles clos. L’efficacité de cette disposition dépend des
conditions auxiliaires de protection et en particulier de la qualité de l’injection.

e - Mâts de haubanage

La géométrie des pylônes est un compromis entre l’esthétique, l’économie du projet et les dispositions de haubanage,
sachant que la quantité d’acier de haubanage varie avec les efforts à reprendre et donc avec la hauteur des pylônes.
En règle générale, pour les ouvrage symétriques on peut admettre :
 Pour les mâts latéraux verticaux reliés en tête, en « H », un rapport H/L = 0,2 à 0,22. Cette règle est également
valable pour les mâts indépendants,
 Pour les mâts en « A », un rapport H/L = 0,22 à 0,25, avec H=hauteur du mât au-dessus du tablier et L=portée
déterminante de l’ouvrage.

Après la réalisation des fondations solidement ancrées dans le sol résistant, les mâts généralement en béton, sont bâtis à
l’aide de coffrages glissants.

Quelques exemples de mâts : I, H , A,..

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 100 Version 11_2013


f - Mode de justification

Les mâts de haubanage, généralement très élancés ont à supporter les charges générales de l’ouvrage : charges permanentes
et charges d’exploitation. La stabilité de ces éléments doit donc faire l’objet, dans tous les cas, de justifications
approfondies. Ces justifications entraînent d’importants calculs mettant en œuvre des méthodes particulièrement élaborées,
surtout dans le cas d’utilisation de matériaux présentant des lois de comportement non linéaires, comme le béton.

La justification en portance des mâts fait généralement appel à des calculs assez compliqués en raison :
 De la géométrie des mâts, souvent variable,
 De la variation par paliers de la charge normale. Ces paliers correspondent aux cotes d’ancrage des haubans,
 Des sollicitations de flexion générale qui peuvent comprendre des composantes transversales plus ou moins
importantes suivant l’agressivité des charges d’exploitation,
 Des conditions particulières de modélisation des mâts tenant compte des réactions élastiques des haubans.

Contrairement aux ouvrages classiques décrits ci avant, la justification des ouvrages à câbles ne peuvent plus se satisfaire
des calculs au premier ordre. Il convient impérativement de prendre en compte les effets du second ordre en partant d’une
schématisation correcte de l’état initial sous charges permanentes seules et à la température de réglage.

L’ensemble des ouvrages situés en zone sismique, doivent faire l’objet de justifications détaillées, tenant compte de la classe
de l’ouvrage et de l’intensité du séisme.

La particularité des ouvrages à câbles réside dans le fait, qu’en plus de ces justifications, ils doivent obligatoirement faire
l’objet de justifications dynamiques au vent.

g - Mode de construction du tablier

Deux techniques peuvent être mises en œuvre pour la construction des ponts à haubans.

La première consiste lorsque la configuration du site le permet, à mettre en œuvre des palées provisoires, à lancer le tablier
sur ces appuis en le calant à son niveau définitif et à mettre ensuite les câbles en place et à les tendre pour qu’ils reprennent
la totalité de la charge.

La deuxième solution, plus souvent mise en œuvre et plus adaptée aux ouvrages correspondant au domaine d’emploi de ce
type de structure consiste, après la construction des mâts, à construire le tablier à l’avancement par encorbellement en le
stabilisant à l’aide des haubans définitifs avec utilisation éventuelle de haubans provisoires. Les éléments de tablier sont
amenés par barge ou ponton (rivière ou mer) ou par route, au droit de leur emplacement et hissés jusqu’à leur niveau
définitif avant d’être assemblés aux précédents, stabilisés et haubanés.

Les difficultés diffèrent suivant le type de structure. Les structures métalliques sont généralement plus simples à construire
en raison de leur faible poids. Lorsque les haubans sont rapprochés, le réglage du profil en long s’effectue, de la même
manière que pour les constructions par encorbellements successifs classiques en arc, en adaptant la tension des haubans
(câbles) à la phase de montage. Les données de calage doivent tenir compte de la température.

Il convient, si nécessaire, de soulager les encorbellements en phase


intermédiaire de construction, lorsque l’écartement de points
d’ancrage des haubans définitifs sur le tablier est important.

Un système provisoire de haubanage peut être utilisé à cet effet.

Une des méthodes de déterminations des paramètres de construction consiste à démonter selon l’ordre inverse de celui de la
construction, en partant de l’ouvrage terminé dans sa bonne géométrie définitive avec fluage effectué (t=) et d’en déduire,
les efforts et les déformations dans chacune des parties de structure.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 101 Version 11_2013


h - Haubanage de requalification d’ouvrage

Lors d’élargissements de chaussées autoroutières, un problème difficile se pose au droit des passages supérieurs lorsque
ceux ci comportent des piles latérales. C’est le cas des 4 travées continues en dalle.

Des solutions qui peuvent être envisagées, la première consiste à démolir l’ouvrage existant et à construire, à sa place un
nouvel ouvrage répondant aux nouvelles données routières.

Un variante judicieuse, mise au point par la société


RAZEL TM a été proposée pour les ouvrages existants
bien dimensionnés et sains.

Elle consiste à conserver la dalle, les culées et la pile


centrale du 4 travées et à substituer aux piles latérales, une
suspension du tablier par des haubans ancrés sur des
raidisseurs transversaux installés sous la dalle, au droit des
piles démolies.

Les mâts sont construits, sur le TPC, de part et d’autre de la


pile centrale. Photo AN - Pont sur l’A7 à Orange

Des câbles de retenue (ici présents) peuvent s’avérer nécessaires pour limiter la déformation longitudinale des têtes de mâts
sous charges dissymétriques et par contre coup, des sollicitations longitudinales sur l’ouvrage dues aux déformations
excessives du tablier, incompatibles avec sa capacité résistante.

Cette élégante solution, esthétique et économique simplifie considérablement la gestion de la circulation, la sécurité,
l’exploitation des voies portées et franchies. Lorsqu’elle peut être projetée, elle permet, contrairement à la solution
précédente, de ne pas interrompre la circulation sur les voies franchies.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 102 Version 11_2013


X - LES APPUIS DE PONTS

A - Généralités

Les principales fonctions d’un appui sont de :


 Transmettre les charges du tablier au sol de fondation,
 Permettre l’accès aux ouvrages (c’est essentiellement le cas des grands ouvrages).

On distingue :
 Les appuis d’extrémité d’un ouvrage : culées ou piles-culées s’ils sont noyés dans les remblais d’accès à l’ouvrage,
 Les appuis intermédiaires d’un ouvrage nommés piles.

Les appuis se composent de trois parties :


 Les organes de liaison du tablier aux appuis : appareils et dés d’appui,
 La partie en élévation fût, voile, s’il s’agit d’une pile et mur de front s’il s’agit d’une culée. Les piles ou culées sont
généralement coiffées d’un chevêtre, visible ou incorporé, qui porte directement les appareils d’appui,
 Les fondations qui transmettent réellement les charges au sol en place. Elles se résument à des semelles
superficielles si le bon sol (substratum) est à faible profondeur. Si le bon sol se trouve en profondeur, ce sont des
fondations profondes : pieux, barrettes, etc.

B - Données de conception des appuis de pont

La morphologie d’un appui est intimement liée à celle du tablier qu’il porte. Elle dépend d’un certain nombre de données,
dont l’inventaire, non exhaustif, est résumé dans le tableau suivant.

La prise en compte de cet inventaire, non exhaustif, s’inscrit dans la démarche générale de conception du pont.

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C - Culées

1 - Morphologie des « Culées » et « Piles-culées »

a - Culées massives

Les culées massives en forme de boite ouverte, sont constituées d’un mur de front et de deux murs en retour, généralement
parallèles à l’axe de la voie portée, fondés sur une semelle superficielle ou sur des fondations profondes par l’intermédiaire
d’une semelle.

Les murs en retour, qui butent avec le mur de front, les remblais contigus à l’ouvrage, peuvent être remplacés par des murs
en aile, indépendants du mur de front ou des murs préfabriqués. Les détails suivants précisent la terminologie couramment
employée pour ces parties d’ouvrages.

b - Piles-culées

La différence entre les culées massives et les piles culées réside dans le fait que les piles culées sont en partie noyées dans
les remblais contigus à l’ouvrage. Le mur de front est remplacé par des colonnes, les murs en retour par des murets
directement accrochés au chevêtre qui coiffe les colonnes.
La semelle est souvent surmontée d’un raidisseur qui permet, dans le cas d’un chevêtre déversé, de hauteur constante, de
standardiser la hauteur des colonnes.

La recherche d’un balancement optimal des travées, peut conduire, à raidir les talus de remblais à l’avant des piles culées.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 104 Version 11_2013


Dans ce cas, les talus sont protégés de l’érosion (ravinement), par la mise en place de perrés, inclinés à 1/1 en général, qui
participent à la qualité architecturale de l’ouvrage.

La berme, en partie haute des perrés permet de rendre plus confortable l’accès au chevêtre et aux appareils d’appui
(entretien). Une hauteur libre suffisante doit donc être dégagée entre la berme et sous face du tablier (>= 1 ,00 m).

c - Fonctions des culées

Les fonctions essentielles des culées sont de porter le tablier et d'assurer le soutènement des remblais contigus en
transmettant les charges au sol de fondation.

Les efforts transmis par les ouvrages courants aux culées sont :
 Les efforts amenés par le tablier, qui comprennent la réaction verticale d'appui mais aussi les efforts horizontaux
induits par le freinage, les variations linéaires du tablier (retrait, température, fluage), le séisme, le vent, etc. Ces
efforts sont transmis aux appuis, par l'intermédiaire des appareils d'appui,
 Les efforts de poussée des terres, à l'arrière de la culée mais également les efforts de freinage éventuels sur le garde
grève de culée.
 Les efforts de vérinage lors du changement des appareils d'appui.

Les culées peuvent être sollicitées par des efforts beaucoup plus importants comme, par exemple les efforts horizontaux de
poussage, dans le cas des ponts poussés ou de séisme.

2 - Points communs des différents types de culées

La morphologie des différents types de culées d'ouvrage comporte un certain nombre de dispositions communes :
 Une longueur utile égale à la largeur du tablier. Les dispositions architecturales amènent parfois à les élargir,
 Un garde grève qui permet d'une part de buter les remblais contigus, d’autre part d’accrocher le joint de chaussée.
Sa hauteur dépend de celle du tablier ainsi que des dispositifs d'appui et de vérinage. Son épaisseur utile qui ne
dépend que de sa hauteur, ne descend généralement pas en dessous de 0,40 m,
 Un sommier (ou chevêtre d’appui du tablier), qui permet l'appui du tablier. Son épaisseur est plus ou moins
importante suivant qu’il coiffe une ligne de poteaux (pile culée) ou qu’il soit directement intégré au sommet du mur
de front (culée massive). Sa largeur dépend de la longueur d'about du tablier, du jeu entre tablier et garde grève, de
la dimension des dés d'appui et de la garde avant des dés d'appui. Son épaisseur dépend des conditions de fondation
de la culée,
Ce sommier peut constituer la fondation de la culée dans le cas ou le substratum est affleurant et l'ouvrage de faible
hauteur par rapport au niveau du terrain naturel (ouvrages en déblais),
 Des dispositions d'appui qui dépendent du mode de construction de l'ouvrage,
 Les murs latéraux en retour ou en aile qui permettent de buter les remblais contigus.

3 - Culées creuses

Cette disposition est adoptée lorsque, en raison de la configuration du terrain, le raccourcissement du tablier doit être
compensé par la culée, qui allongée dans le cas ou le profil du terrain naturel est fortement variable au droit de la culée.

La liaison entre le garde grève et l'extrémité de la culée est réalisée par une dalle en béton armée, parfois nervurée lorsque
ses caractéristiques l'exigent, encastrée sur le garde grève et les murs en retour. Cette disposition permet souvent de
s'affranchir de la poussée des terres sur le mur de front de la culée.

4 - Culées spéciales

Elles s'expliquent souvent par le souci d'optimisation du coût des culées classiques. Elles consistent à dissocier en partie ou
en totalité les fonctions d'appui du tablier et de soutènement des remblais contigus.

L'exemple le plus courant est la culée en « massif renforcé » qui offre diverses variantes de conception suivant que ce massif
supporte en tête un sommier réduit d’appui du tablier ou que ce sommier soit fondé sur le substratum, au-dessous de la cote
d’appui du massif renforcé (disposition fortement recommandée lorsque le tablier est sensible aux tassements différentiels).

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 105 Version 11_2013


Cette dernière disposition a tenté un certain nombre de
constructeur de murs préfabriqués. Il convient toutefois
d'être extrêmement prudent et attentif aux problèmes que
risquent d'entraîner pour le tablier, toute défaillance même
partielle de ces culées préfabriquées.
Photo AN - Culée de type massif renforcé 

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 106 Version 11_2013


D - Piles

1 - Fonction

Contrairement aux culées classiques, les piles


n'assurent généralement qu'une fonction
d'appui du tablier.

Pour des raisons esthétiques mais aussi


constructives qui tiennent à la morphologie de
l'ouvrage et en particulier aux dispositions
d'intrados de la structure porteuse, la longueur
des piles est généralement inférieure à la
largeur du tablier.

Lorsque des dispositions spéciales ne sont pas prises, elles peuvent être sollicitées par des actions particulières, souvent très
agressives comme par exemple les chocs de véhicules, de bateaux ou d’embâcles dans le cas de piles implantées en rivière.

Nous ne reviendrons pas sur les distinctions faites par rapport aux fondations qui relèvent des mêmes principes que ceux
évoqués pour les culées.

2 - Géométrie

En dehors des dispositions architecturales et des actions particulières telles que les chocs de bateaux que nous ne
développerons pas ici, les principales dispositions des piles sont dictées par leur hauteur, par la géométrie et le mode de
construction du tablier ainsi que par la place disponible pour les construire.

3 - Fûts de piles hauteur réduite

Elles ne posent généralement pas de difficulté d'exécution et permettent, de fait, "presque" toutes les fantaisies
architecturales.

Photo AN - Pile massive - Épaississement du tablier sur pile Photo AN - Pile portique, spéciale.

Les formes les plus classiques restent cependant les voiles ou palées rectangulaires ou les fûts cylindriques dont les
dimensions et le nombre dépendent de la largeur d'intrados du tablier porté et des dispositions de mise en oeuvre des
appareils d'appui.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 107 Version 11_2013


4 - Fûts de piles de grande hauteur

La hauteur est le facteur déterminant dans Photo AN - Pile marteau


le choix de la géométrie du fût de pile.

En effet, si le coffrage des piles de faible


hauteur, même compliqué, ne pose pas de
problème insurmontable, par contre, dès
que la hauteur est telle qu'elle impose au
moins une reprise de bétonnage, on va
s'orienter, de préférence, vers des formes
qui permettent, l'optimisation et la
réutilisation des coffrages.

Pour les piles de grande hauteur, le voile


classique rectangulaire tel que ci dessus
de 0,50 m d'épaisseur ou les fûts multiples
carrés ou circulaires se transforment en
profil en H, en caisson ou tout autre profil
offrant des caractéristiques intéressantes Pile marteau : fût construit par phases
Photo AN - Piles en « I » construites par passes de pour assurer la stabilité de l'appui. de 3,00m à 4,00m de hauteur, marteau
0,25m à 0,40m à l’aide de coffrages glissants, en coffré et bétonné sur place.
continu.(3x8). La montée du coffrage s’exécute avant
prise du béton. La passerelle inférieure permet le
lissage du béton par talôchage.

5 - Piles particulières

Les contraintes de site ne permettent pas toujours de fonder les piles à la


verticale des descentes de charges du tablier.

C'est le cas par exemple des sites tels que : gares de triage, chaussée en site
urbain, etc.

Dans ces cas, le seul recours consiste à excentrer l'appui en balançant un


chevêtre au-dessus des zones d'emprise au sol interdites : porte-à-faux
ancrés, portiques, etc.

Photo AN - Franchissement de voies ferrées

6 - Dispositions des têtes de piles

Elles relèvent essentiellement du type de tablier à porter et de son mode d'exécution :


 Dispositions courantes, sans disposition particulière pour le pont-dalle,
 Pont à poutres sous chaussée : le chevêtre d'appui est élargi pour recevoir les lignes d'appui des deux travées
adjacentes.
 Pont poussé : les aménagements en tête d'appui (piles et culées) doivent permettre la mise en place des dispositifs
de glissement.
 Pont construit par encorbellements successifs : les dispositions de tête de piles doivent le cas échéant permettre de
stabiliser les fléaux en cours de construction.

Dans tous les cas les appuis doivent être équipés de dispositifs permettant le vérinage du tablier.

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XI - LES OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT

A - Généralités

Les ouvrages de soutènement, plus communément connus sous le vocable de murs de soutènement ou parois, sont des
ouvrages qui présentent la particularité, en raison des efforts de poussée des terres, charges de service et éventuellement de
l’eau, d’encaisser des efforts sur les fondations dont la résultante est plus inclinée que pour un ouvrage pesant normal.

Les ouvrages de soutènement sont des parois résistantes, verticales ou inclinées, en béton armé ou non, en maçonneries de
pierres liées au mortier ou de pierres sèches, en acier, en bois, coulées en place ou préfabriquées, etc. destinées à assurer la
stabilité de talus raides de déblais ou de remblais, et/ou prévenir des éboulements ou des glissements de terrains.

C’est pour cette raison qu’ils sont exclus du champ d’application des règles de calculs des fondations édictées par le
fascicule 62 titre V modifié du CCTG.

Ils sont utilisés comme :


 Protection ou soutènement de routes à flanc de coteau,
 Routes en remblais ou en déblais,
 Soutènement de terrasses, de canaux, d’écluses,
 Culées de ponts,
 Écrans de protection contre le bruit, etc.

Les murs de soutènements sont des ouvrages au même titre que les ponts qu’ils
accompagnent souvent dans le but de confiner les remblais de part et d’autre de
piédroits de cadres ou portiques ou des culées de ponts.

Le détail d’un des ouvrages de soutènement les plus couramment construits est
donné ci après. Il s’agit du mur en « T » renversé en béton armé.

B - Les données de conception des murs

Le choix du type de mur et la morphologie d’un mur de soutènement dépendent suivant qu’il est définitif ou provisoire :
 De la morphologie du site : murs en déblais ou en remblais, site escarpé, risque de glissement,
 De la hauteur des terres soutenues (circulaire du 5 mai 1994) :
o Ouvrages courants : murs de hauteur < 9 mètres et de surface inférieure à 1200 m2,
o Ouvrages non courants : murs de hauteur > 9 mètres,
 Des contraintes de site :
o Voie en circulation (difficulté d’exécution d’un patin),
o Contraintes géotechniques et hydrauliques,
o Difficultés d’accès, etc.
 Du dispositif de retenue qui l’équipe : barrière en tête de mur, glissière, garde corps,
 Des déformations éventuellement acceptables,
 Du mode de construction : coulé en place ou préfabriqué,
 Du mode de fondation,
 Du parti architectural adopté.

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C - Les grandes familles de soutènements (murs, massifs, écrans, etc.)

Le tableau suivant illustre les grandes familles de soutènements :

 les variantes de murs en BETON ARME en « T » renversé (rigide), coulés en place ou préfabriqués,

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 110 Version 11_2013


 les variantes de murs POIDS en béton, en maçonneries, en pierres sèches, en enrochements, de murs
CELLULAIRES, en poutres croisées, caissons, de murs en GABIONS métalliques.

 les variantes de MASSIFS RENFORCES : « Terre Armée », « Freyssissol », « Pneusol », etc.

 les ECRANS fichés verticalement dans le sol, en acier, en bois, en béton armé, les ECRANS ancrés sub-
horizontalement dans le sol par tirants,

Certains de ces types de murs peuvent faire l’objet de variantes diverses.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 111 Version 11_2013


D - Adaptation des variantes de murs aux contraintes de site - choix du type de mur
Type de mur Définitif - provisoire ouvrage en remblais ouvrage en déblais
murs en béton armé définitifs assez bien adaptés assez bien adaptés
(même si blindage)
attention aux majorations de
poussée (effet silos)
murs poids définitifs assez bien adaptés assez bien adaptés même si
blindage
murs caissons préfa.définitifs assez bien adaptés assez bien adaptés
massifs en terre armée définitifs assez bien adaptés non adaptés
importants déblais
rideau de palplanches Définitifs - provisoires assez peu adaptés assez bien adaptés suivant la
nature du sol
parois moulées définitif assez peu adaptés assez bien adaptés
murs cloutés Définitifs- provisoires inadaptés assez bien adaptés

E - Adaptation des variantes de murs aux contraintes géotechniques


Type de mur Présence de la nappe caractéristiques sensibilité aux tassements
minimales des terrains de
fondation
murs en béton armé peu adaptés sous la nappe moyennes à bonnes sensibles
murs poids peu adaptés sous la nappe bonnes sensibles
murs caissons peu adaptés sous la nappe moyennes à bonnes assez bien adaptés
massifs en terre armé peu adaptés sous la nappe faibles à bonnes bien adaptés
rideau de palplanches souvent adaptés terrains meubles bien adaptés
sans blocs importants
parois moulées souvent adaptés attention aux karsts bien adaptés
murs cloutés précautions à prévoir peu sensible assez bien adaptés

F - Principales sources de pathologie des murs en « T » renversé en béton armé

Le schéma suivant illustre les principales causes de pathologie des murs en « T » renversé en béton armé.
Ces pathologies peuvent être la conséquence :
 D’un défaut de conception du mur : mur installé dans une zone sensible (grand glissement), voile trop frêle
accusant une flèche excessive, défaut de dimensionnement de largeur de semelle, de ferraillage, mauvaise
conception du drainage, etc.
 D’une mauvaise appréciation des hypothèses générales de calculs du mur : caractéristiques des sols de fondation,
poussée hydrostatique, charges sur remblais, caractéristiques mécaniques des remblais mis en œuvre, etc.
 D’un défaut d’exécution du mur : défaut de purge des sols porteurs, qualité du béton, qualité des matériaux de
remblais, enrobage insuffisant des armatures, etc.

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Les vérifications spécifiques concernant l’ensemble de ces points particuliers sont détaillées dans le guide de conception des
murs édité par le SETRA qui a diffusé en 2001. Le nouveau logiciel de justification en stabilité externe et interne des murs,
est basé sur la méthode graphique de « CULMANN ».

XII - LES FONDATIONS D’OUVRAGES

A - Généralités - données de projet

Le choix du type de fondation et la technique de réalisation dépend d’un certain nombre de facteurs parmi lesquels :
La morphologie du site :
 Fondations sur un versant à forte pente, stabilité des versants, risque de glissement,
 Difficultés d’acheminement de certains gros matériels, etc.
Les autres contraintes de site :
 Présence d’ouvrages sensibles à proximité : réseaux, autres fondations, pipe-line, etc.
 Contraintes de circulation : difficulté d’amenée de certains matériels en TPC par exemple,...
 Contraintes géotechniques : nature géologique des couches de sol, profondeur du substratum, présence de cavités
(karsts,...), compressibilité du sol, nappe, etc.
 Contraintes hydrauliques et hydro-géologiques : affouillement, transport solide, pont hydraulique, etc.
 Contraintes environnementales : battage (bruit), boue (pollution), etc.
La géométrie de l’appui et de la semelle largeur, etc.
La nécessité de mise en place d’un batardeau associé ou non aux fondations en phase définitive,
Le type principal et l’importance des charges à reprendre :
 efforts horizontaux importants par rapport aux efforts verticaux (cas des murs en général,...),
 fondations d’appuis de petits OA par rapport à celles d’un grand OA (mât de pont à hauban),
 exposition des appuis aux chocs de véhicules, de bateaux, etc.
La sensibilité de la structure aux tassements, etc.

B - Typologie des fondations

Le tableau suivant résume la typologie des fondations d’ouvrages. Certain type, comme les pieux, comporte un certain
nombre de variantes, non décrites ici, comme les pieux métalliques, les variantes de pieux en béton, en bois (ouvrages
anciens), et les techniques particulières comme le jet grouting ou les colonnes ballastées qui frettent le sol, etc.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 113 Version 11_2013


Ces tableaux balayent l’ensemble de la typologie des fondations : superficielles : semelles, radier, semi-profondes : massifs,
et profondes : pieux, barrettes, caissons, etc.

C - Choix du type de fondation

Le choix du type de fondation dépend :


 De la morphologie et de l’accessibilité du site : versant pentu, etc.
 De la nature, des caractéristiques et de la profondeur des sols porteurs : pendage, épaisseur des sols porteurs, etc.
 De la présence d’une nappe passive ou active, de pont hydraulique,
 Des agressions diverses auxquelles devront résister les fondations : affouillements, transports solides, érosion, etc.
 Des conditions admissibles pour leur exécution : fondations en rivière, à proximité d’une zone sensible (voie ferrée,
réseaux divers, etc.),
 De la sensibilité du site aux nuisances engendrées par leur exécution : proximité de lieux habités : bruit, pollution,
salissures, proximité d’une zone de captage, etc.

La démarche de conception d’une fondation passe dans un premier stade par la recherche, en fonction de la sensibilité aux
tassements de la structure à stabiliser, des solutions éventuelles de fondations superficielles, semi-profondes et profondes
envisageables suivant les niveaux d’assise possibles.

Chacun des types de fondation imposant souvent des dispositions particulières d’appuis : semelles mais aussi parfois appuis
en élévation, il va de soi que la recherche d’une solution passe inéluctablement par celle de la géométrie de l’appui associé,
tout au moins pour ce qui est des dispositions minimales à respecter pour permettre un fonctionnement correct de l’ensemble
appui en élévation - semelle - fondation profonde.

Le projeteur très expérimenté pourra, en fonction des contraintes identifiées, écarter rapidement certaines solutions et
réduire ainsi son champ d’investigation.

En général, il conviendra de faire l’inventaire de l’ensemble des solutions possibles, tant il est vrai qu’une solution
acceptable en site terrestre peut, en site aquatique, poser des problèmes plus ou moins surmontables pouvant la rendre
inintéressante par rapport à une autre.

Il convient toutefois de signaler, que même en présence d’une nappe, la solution d’une fondation superficielle ou semi-
profonde offrira la possibilité de statuer, de visu, sur la qualité des sols en place, tant il est vrai qu’aussi pertinente qu’ait été
la reconnaissance géotechnique, les travaux réserves parfois des surprises qu’il convient d’analyser au cas par cas et
auxquelles il convient d’apporter des solutions adaptées.

La principale des difficultés à surmonter sur chantier, lorsque des problèmes surgissent à l’exécution de fondation, est la
recherche, dans l’urgence, d’une solution ne remettant pas en cause les dispositions générales de projet, sachant que les
justifications générales, y compris pour ce qui concerne la structure porteuse peuvent intimement dépendre de la nature de la
solution de recours.

La décision définitive sera donc généralement prise en fonction d’une série de facteurs objectifs, mais aussi et surtout
d’aléas prévisibles, qui à défaut d’avoir été imaginés et anticipés, pourront conduire :
 À la remise en cause éventuelle de la solution du marché, avec les éventuelles lourdes conséquences sur le reste de
la structure,
 À la remise en cause des matériels acheminés sur chantier par l’Entreprise ou son sous traitant,
 À d’importants sur-coûts,
 À des dérapages importants sur les délais.

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XIII - MODES DE CONSTRUCTION DES OUVRAGES

A - Généralités

Ce chapitre traite des équipements mis en œuvre pour la construction du tablier de pont.

B - Construction sur cintre ou échafaudages généraux (étaiements)

Le rôle des étaiements (cintres et échafaudages généraux) est de porter le poids propre de la structure et les charges de
service en construction avant que cette dernière n'ait elle-même atteint une résistance suffisante pour pouvoir se porter
seule.

Les échafaudages, destinés à répartir les charges aussi uniformément que possible sur le sol, sont constitués de forêts de
tours, contreventées, appuyées sur le sol par l'intermédiaire de bastaings ou longrines en béton.

Lorsque le terrain d'appui présente des caractéristiques moyennes voire médiocres, il peut être nécessaire de procéder à une
substitution de sol.

Les cintres sont employés de préférence aux échafaudages lorsque :


 Les travaux de renforcement des sols de fondation de mauvaise qualité en vue d'appuyer un échafaudage général
deviennent prohibitifs,
 Le gabarit de circulation doit être libéré sous l'ouvrage en cours de construction,
 La morphologie escarpée du terrain complique la mise en oeuvre d'un échafaudage général,
 Lorsque la nature de l'obstacle ne permet pas la mise en place d'un échafaudage général : franchissement de cours
d'eau par exemple.

Ils sont constitués en général de profilés du commerce ou de poutres treillis dont les dimensions dépendent de la portée à
franchir. Ces profilés appuient sur des tours provisoires correctement fondées ou sur les appuis définitifs de l'ouvrage.

Contrairement aux échafaudages pour lesquels les tassements en cours de chargement sont généralement limités à la reprise
des jeux entre éléments et au faible tassement des sols de fondation, il est indispensable d'estimer et de compenser par une
contre-flèche de construction les flèches prises par les cintres en construction.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 115 Version 11_2013


Par ailleurs, l'emploi de cintres suppose à priori de définir le phasage de bétonnage pour éviter la formation de fissures dues
aux déformations du cintre sur des bétons en cours de prise.

Parce qu'ils offrent une grande surface de travail, ces ouvrages provisoires permettent une très grande liberté de coffrage des
structures. Leur coût est cependant important, ce qui limite leur emploi aux ouvrages peu hauts et de moyenne importance.

Photo ML - Cette photo illustre les ouvrages provisoires anciennement utilisés pour la construction d’ouvrages : successions de tours, poutres treillis,
poutres sous bandées, échafaudages monumentaux, etc.

Photo PA - Échafaudages pour PSBQ - La forme du futur pont à béquilles (à droite) se devine au sommet de cet impressionnant échafaudage.

Lorsque l'ouvrage est peu haut par rapport au terrain naturel et que par son importante surface, il rend prohibitif la mise en
place d'un échafaudage général, il peut être intéressant de phaser sa construction, ce qui limite l'importance des échafaudages
qui seront déplacés et réutilisés pour chacune des phases.

Plusieurs techniques peuvent être envisagées suivant l'importance de l'ouvrage et la morphologie transversale du tablier en
particulier : le phasage longitudinal seulement, le phasage transversal seulement et le couplage des deux modes (voir dalle
nervurée ci avant).

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C - Construction en « taupe »

Cette technique de construction est utilisée pour la construction d’un passage sous une 2 x 2 voies en service, lorsque les
contraintes imposent le maintien de la circulation.
Phasage de construction

Bien que spéciale, elle ne pose généralement pas de problème particulier, hormis les précautions à prendre lors des
terrassements pour ne pas dégrader les ouvrages, et le soin à apporter à la verticalité des fondations profondes qui
constitueront les futurs appuis en élévation. Ces parties font généralement l’objet d’un habillage.

Les pieux font fonction d’appuis en élévation après terrassement en taupe sous l’ouvrage. Il convient systématiquement de
prévoir un habillage pour reprendre les défauts de verticalité des fondations profondes.

Photo AN - Pieux utilisés en appuis Photo AN - Pieux utilisés en appuis


Légers défauts de verticalité

D - Construction en sur-gabarit

La mise en place d’un cintre lors de la construction d’un tablier de pont sur une voie routière ou sur une voie ferrée en
service peut être compromise par la faible place disponible, lorsque les contraintes de travaux imposent le maintien de la
circulation sur la voie franchie.

Pour dégager la hauteur nécessaire pour installer les ouvrages provisoires, l'ouvrage doit être construit à une côte supérieure
à sa côte définitive.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 117 Version 11_2013


Après la construction des appuis, les équipements de construction : coffrage, cintre, sont appuyés sur un jeu de cales de
faible épaisseur.

Photo DL - Ligne de cales et vérins en place sur pile

Après bétonnage, durcissement du béton du tablier et décintrement complet, la descente du tablier sur ses appuis définitifs
s'effectue par vérinage effectué par paliers successifs limités à l'épaisseur des cales.

Cette limitation des dénivellations différentielles entre lignes d’appuis permet d’éviter ou de limiter le renforcement de la
structure pour assurer la stabilité de cette phase provisoire de construction. Cette opération délicate doit être réalisée par une
entreprise spécialisée seule capable d'assurer la maîtrise parfaite de la technique.

E - Mise en place par ripage transversal

Cette technique de mise en œuvre s’apparente à celle déjà décrite pour les ponts poussés. Elle est également utilisée pour la
mise en place de ponts métalliques.

Elle consiste, pour limiter le temps d’interruption sur un axe routier


ou ferroviaire, à construire la structure du tablier parallèlement à son
emplacement définitif, sur des extensions latérales provisoires des
appuis définitifs et à mettre cette structure en place, par ripage
transversal, après dépose du tablier existant.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 118 Version 11_2013


Cette technique est très utilisée par la SNCF, qui dispose d’un stock de tabliers provisoires, mis à la disposition des régions
pour cet usage. Le temps de mise en place de la structure se limite généralement à quelques heures ce qui est généralement
transparent pour l’usager lorsque cette opération se déroule en heure creuse : nuit ou période de faible trafic.

F - Mise en place par rotation

La mise en place par rotation consiste à s'affranchir des difficultés d'exécution dues à la nature même du franchissement :
gabarit sur voies ferrées, ouvrages sur cours d'eau, etc., en construisant l'ouvrage parallèlement à l'obstacle en utilisant les
appuis de rive et à le mettre en place ensuite par rotation autour de ces appuis définitifs de rive.

Photo AN - Pont à haubans mis en place par rotation Photo AN - Base du pylône appuyé sur appareil d’appui glissant

La photo ci dessus montre l’ouvrage haubané de franchissement d’un cours d’eau construit, par moitié, sur chacune des
rives, parallèlement à ces dernières. Le massif contre-poids, qui servira de culée en phase définitive, sera guidé, lors de la
rotation par un rail circulaire, centré sur l’appareil d’appui glissant d’appui du pylône sur sa fondation (photo ci après).

G - Construction par encorbellements successifs

La technique de construction par encorbellements successifs exposée ci dessus s'applique aux ouvrages de grande hauteur ou
franchissant un obstacle rendant prohibitive la mise en place d'un ouvrage provisoire général. Elle permet la construction de
pont, à l'avancement, suivant le même phasage de construction que celui adopté pour les ponts construits par
encorbellements successifs, ou à l’avancement d’une extrémité à l’autre de l’ouvrage.

Cette technique est couramment utilisée pour la construction des arcs et des ponts à haubans.

Photo AN - Arc construit à l’avancement (caisson). La stabilité est assurée par haubanage.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 119 Version 11_2013


La stabilité en cours de construction de la partie en encorbellement, est assurée par haubanage (arc) ou par des appuis
provisoires lorsque cela est possible.

H - Cintre auto-lanceur

Cette technique qui ne trouve son intérêt que pour la construction d'ouvrages de grande hauteur comportant un grand nombre
de travées d'égales longueurs, souvent comprises entre 40,00 et 45,00 mètres a surtout été utilisée pour la construction des
premiers grands viaducs autoroutiers.

Elle consistait, à partir d'un coffrage porté par un cintre prenant appui en tête des piles ou des culées, de construire
l'ouvrage, à l'avancement, par travées entières (entre foyers).

Cette technique de construction n'est plus employée aujourd'hui. Elle a été


remplacée par la technique de poussage qui permet une plus grande facilité de
construction.

La photo ci contre montre un cintre auto-lanceur de construction d’une dalle bi-


nervurée, en phase de déplacement.

Les raidisseurs transversaux sont désaccouplés avant passage des appuis


intermédiaires et remis en place après passage.

Photo AN - Cintre auto-lanceur auto-porteur

I - Mise en place par fonçage

Cette technique consiste à construire un ouvrage, souvent un cadre, dans les remblais supportant une voie routière, une voie
ferrée ou toute autre infrastructure, sans aucune gêne.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 120 Version 11_2013


Elle consiste, à partir de longrines de préfabrication et de poussage, installées de part et d’autre des remblais :
 À forer préalablement et horizontalement les remblais pour la mise en place de fourreaux destinés à permettre le
passage de la précontrainte de fonçage,
 À pré-fabriquer par demi-longueur, une structure rigide : cadre en général,
 À disposer un couteau en tête, coté remblais, destiné à s’enfoncer dans les remblais,
 À mettre en place et à tendre la précontrainte de fonçage, généralement dans les angles du cadre, de manière à
rapprocher les deux demi-cadres, en les enfonçant dans les remblais,
 À terrasser en taupe au fur et à mesure des opérations de fonçage jusqu’à la rencontre des deux demis ouvrages en
milieu de remblais,
 À claver les deux demi-ouvrages en partie centrale des remblais et à procéder à la mise en œuvre des finitions.

XIV - LES SUPERSTRUCTURES OU ÉQUIPEMENTS

A - Généralités

Les superstructures et/ou équipements des ponts constituent tout ce qui est, en dehors de la structure, indispensable au
confort et à la sécurité des usagers, à l’esthétique et à la pérennité de l’ouvrage et au bon fonctionnement de la structure sans
toutefois concourir directement à sa résistance (portance).

Elles contribuent à assurer la qualité d’usage de l’ouvrage.


Comme pour les charges d’exploitation, les superstructures peuvent être portées par la structure de l’ouvrage. Elles peuvent
également assurer, indépendamment de la structure porteuse, une fonction de protection des piles contre les chocs, de
drainage des remblais, etc.

Leur défaillance peut entraîner des désordres plus ou moins graves sur la structure.

C’est le cas, en particulier :


 Des appareils d’appuis, dont le défaut de dimensionnement ou de pose (appareils ou dés d’appuis) peut
occasionner des redistributions d’efforts (dénivellation d’appuis, blocage,...) préjudiciables à la résistance de la
structure. C’est pour cette raison que les appareils d’appui sont maintenant considérés comme de véritables
éléments de structure,
 De l’étanchéité, dont les défauts de préparation du support, de qualité du produit, de pose proprement dite ou de
drainage du tablier, peuvent provoquer, sur tous les ouvrages, mais de façon plus sournoise sur les ponts en béton
précontraint ou métalliques, des désordres pouvant compromettre, à terme, la portance du tablier.

Cela peut également être le cas d’autres dispositions, comme le drainage de l’ouvrage, qui peut, en cas de défaillance, et
indépendamment des désagréments esthétiques comme les coulures, salissures, être la cause de désordres pouvant affecter la
résistance de la structure.

Les superstructures et équipements font l’objet :


 De documents guides du SETRA ou du LCPC, auxquels il convient systématiquement de se référer lors de la
conception d’un projet,
 De normes et recommandations dont la liste est fournie dans le « Répertoire des textes et documents techniques
essentiels » édité et régulièrement mis à jour par le SETRA. Les principales références sont rappelées dans ce
document.

Les équipements doivent donc faire l’objet de la même attention et du même soin que la structure porteuse, même s’ils
n’exigent pas de calculs pour la plupart, mais simplement le respect de dispositions constructives résumées dans les
documents techniques du SETRA.

A ce titre, il convient d’intégrer systématiquement les préoccupations de gestion lors du choix effectué à la mise au point du
projet : accessibilité, facilité de réparation ou de changement, et.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 121 Version 11_2013


Les superstructures sont souvent classées en familles qui comprennent :
 Les dispositifs de retenue : garde corps pour piétons, glissières pour véhicules légers ou barrières pour véhicules
lourds,
 L’étanchéité qui constitue le parapluie de l’ouvrage en le protégeant de l’agression des polluants, entraînés par les
eaux de ruissellement,
 Les dispositifs de confort qui sont uniquement destinés à assurer le confort de l’usager.
 Les dispositifs de drainage des eaux de surface : gargouilles, caniveaux, …

B - dispositifs de retenue

Les dispositifs de retenue sont destinés à prévenir la chute d’un véhicule routier.

1 - Documents de référence :

 Garde corps : collection du guide technique GC (SETRA 4/97),


 Barrières de sécurité pour la retenue des PL : collection du guide technique GC (SETRA 9/99),
 Barrières de sécurité pour la retenue des VL : collection du guide technique GC (SETRA à paraître),
 Dossier GC-77 du SETRA: Dispositifs de retenue (en cours de refonte), mises à jour 80/81,
 Normes XP P 98-405/409/410 à 413/420/421/422/424/432
 Note d’information n°23 du SETRA : équipements des TPC des ouvrages d’art franchissant des zones à
environnement sensible.

2 - Principes généraux (DR = dispositif de retenue)


 Il n’existe pas de DR universel,
 Un DR est destiné à satisfaire un objectif précis : garde corps, glissière, barrière de sécurité. Un mauvais choix du
DR peut aller à l’encontre de la sécurité,
 Des DR différents (classe ou modèle) transmettent des efforts différents,
 Pour assurer correctement leur fonction, les dispositifs de retenu doivent pouvoir se déformer librement sur une
largeur libre de tout obstacle. Cette largeur varie suivant les dispositifs : 0,60m pour les barrières à partie du nu
avant de la lisse, etc.
 Les caractéristiques transversales de l’ouvrage (largeur totale, largeur utile) vont dépendre du choix du DR : 2 x
0,50m pour une BN, etc.
 La liaison entre deux dispositifs différents doit permettre de passer de la rigidité du premier à celle du second,

Photo AN - Barrière BN4 On peut s’interroger


sur la fonctionnalité du passage de service,
obstrué par la poutre Warren !

Photo AN - Glissière de sécurité libre Photo AN - Liaison GBA-glissière


de se déformer.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 122 Version 11_2013


3 - Démarche de choix du dispositif de retenue :

Le choix du dispositif de retenue sur ouvrage dépend :


 Des conditions de trafic sur l’ouvrage,
 De la classe de l’objectif principal (piétons, VL, PL),
 De la définition de la classe du DR ou de la combinaison optimale (GC, GS, BN),
 Du choix entre les différents types ou modèles adaptés à la classe du DR.

4 - Recherche des objectifs minimaux

La méthode proposée par le guide consiste à :


 Calculer l’Indice de Danger (ID) en tenant compte d’une liste de paramètres routiers,
 À choisir le DR en fonction de la valeur de l’ID.

5 - Méthode de l’Indice de Danger (ID)

Le calcul consiste à déterminer la valeur de 3 sous indices : ID1, ID2 et ID3 et à déterminer l’indice total de danger (ID) de
la manière suivante : ID = maxi [ (ID1+ID2) ; (ID1+ID3) ]

Les IDi sont relatifs à :


 ID1 : la probabilité de sortie de chaussée,
 ID2 : l’évaluation des conséquences pour les occupants,
 ID3 : l’évaluation des conséquences pour les tiers,

Ils sont fonction d’un certain nombre de paramètres concernant :


 Le type des voies portées et franchies,
 Le tracé de ces voies,
 Les trafics,
 La hauteur de chute, etc.

Le bilan chiffré de ces paramètres permet l’évaluation de ces indices et la détermination de l’ID qui débouche sur la classe
du DR conformément au tableau suivant :

l’objectif principal la classe du DR


ID <= 14 piétons garde corps
15 <= ID <= 21 V.L. glissière
21 <= ID P.L. barrière

C - étanchéités

1 - Objectifs

Elles constituent le parapluie de la structure porteuse (tablier) destiné à empêcher aux eaux agressives d’atteindre la surface
du béton et d’attaquer, à terme, les armatures de béton armé ou de précontrainte.

2 - Documents de référence

 Dossier STER-81 du SETRA : Surfaçage, étanchéité et couche de roulement des ponts routes,
 Mise à jour du STER-81 (complexe d’étanchéité mis en œuvre par des moyens à haute cadence (7/90),
 Étanchéité des ponts-routes avec support métallique - avis techniques,
 Étanchéité des ponts-routes avec support en béton ou en tôle d'acier - Avis techniques (1996 - dernière liste
novembre 2007)
 Fascicule 67 du CCTG : Étanchéité des ponts-routes.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 123 Version 11_2013


3 - Préparation de surface

La surface support de chape doit être préalablement préparée afin :


 De supprimer les pièges à eau,
 D’éliminer les matières sans cohésion (rabotage, bouchardage, pistolet à aiguilles, sablage, décapage à l’acide,..)
 De balayer, d’aspirer, de laver la surface à étancher.

4 - Réparation des flaches

La surface à étancher doit être préparée pour recevoir le complexe d’étanchéité : rabotage, bouchardage
.

Les flaches doivent être soigneusement reprises à l’aide de produit dont


l’utilisation est compatible avec l’importance des flaches à rectifier :
 E<1cm : asphalte pur ?
 1<e<5cm : mortier de liant amélioré - résine époxyde,
 E>5cm : micro-béton

5 - Complexes d’étanchéité

Placé entre le support et la couche de roulement, le complexe d’étanchéité


doit :
 Être imperméable,
 Être adaptable à l’état de surface du support,
 Résister aux agents agressifs, à la fissuration, au poinçonnement, aux
chocs,
 Avoir une bonne tenue à la température et aux conditions de
circulation,
Présenter une bonne adhérence au support.
Photo AN - Rabotage de dalle

On trouve trois grandes familles d’étanchéité sur ouvrages d’art :

1 - L’asphalte coulé qui se compose de 4 parties :


 Couche d’accrochage : produit bitumineux permettant l’accrochage béton-asphalte (brosse, pulvérisation)
 Couche d’indépendance (OA en pente) : papier kraft + éventuellement résille de verre,
 1ère couche d’étanchéité : asphalte pur de 4mm+1mm, mastic d’asphalte de 8mm+2mm, mis en place à l’aide de
palettes ou de raclettes,
 2ème couche d’étanchéité : protection mécanique de la 1°couche, asphalte coulé porphyré : 30mm à 35mm, mis en
place à la main ou au finisseur.

2 - Le film mince adhérent au support de 1,5mm à 2,5mm de résine époxyde chargée de brai de houille :
 1ère couche, étanchéité,
 2ème couche, mise en œuvre avant polymérisation de la 1ère couche, et comportant un sable siliceux d’accrochage
qui réalise la liaison chape-enrobés.

3 - Les feuilles préfabriquées :


 Classe A : feuilles à base de produits bitumineux (armatures + masse bitumineuse + protection) :
o B3A : tissu de verre + bitume mou + feuille aluminium de 16/100°mm + 25mm asphalte pur sur chantier
o TERCHAP : la protection est différente : feuille aluminium de 8/100° ou 16/100° ou feuille de cuivre,
 Classe B : feuilles à base d’élastomères purs ou de matières plastiques (feuille de butyle),
 Classe C : feuilles à base de combinaisons d’élastomères ou de matières plastiques, de produits bitumineux ou
goudronneux.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 124 Version 11_2013


Les feuilles présentent un certain nombre d’avantages :
 Préfabrication en usine : régularité, qualité du produit,
 Pas de préparation sur chantier,
 Mise en œuvre à basse température,
 Permet d’exécuter correctement les relevés d’étanchéité.

Elles présentent par contre quelques inconvénients :


 Problèmes d’adaptabilité aux supports chahutés,
 Problèmes de liaison feuilles-support,
 Problèmes de liaison feuilles-feuilles, aux raccordements entre feuilles,
 Fragilité de la protection.

Photo AN - Chape asphalte sur cadre Photo AN - Drain à ressort Photo AN - Chape en feuilles préfabriquées

Les eaux d’infiltration à travers les


enrobés sont collectées par des drains
situés transversalement, en point bas
La chape d’étanchéité doit être mise en œuvre de l’ouvrage, contre les bordures de
suffisant tôt, même si l’ouvrage reste, pendant trottoir.
des mois, en attente de la mise en œuvre des
remblais contigus. Ces drains doivent être reliés aux
dispositifs d’évacuation des eaux de
Il est conseillé de réaliser une retombée en tête l’ouvrage (ici gargouille horizontale).
de piédroits et de protéger la chape par une
couche d’enrobés.

D - joints de chaussée

1 - Généralités

Les joints de chaussée ont pour objectifs :


 D’assurer la continuité de la surface de roulement entre l’ouvrage et les accès, en maintenant la libre dilatation du
tablier à ses extrémités,
 D’atténuer ou de supprimer le bruit et les vibrations au passage du joint entre ouvrage et culées,
 D’assurer l’étanchéité et l’évacuation des eaux de transit aux extrémités de tablier.

A ce titre, le joint doit être prévu en même temps que la structure qu’il équipe.

2 - Documents de référence :

 Avis techniques ,
 Joints de chaussée des ponts-routes - Éléments de choix, méthode de pose, entretien et réparation (SETRA juillet
1986)
 Dossier JADE (SETRA 68)

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 125 Version 11_2013


3 - Dimensionnement :

Le joint doit permettre d’assurer le « souffle » de l’ouvrage : déplacement relatif entre les deux positions extrêmes du tablier.
Il doit être :
 Adapté au souffle,
 Adapté à la nature du trafic à supporter :
o Si PL < 10% du trafic total de la chaussée :
 T>3000v/j : joint lourd : cas des autoroutes, voies express et RN (classe C ou D),
 3000v/j > T > 1000 v/j : Joint semi-lourd : cas des RN (classes A ou B), bretelle d’autoroute,
autres voies importantes
 T < 1000 v/j : joint léger : voies locales
 Adapté au biais de l’ouvrage,
 Compatible avec l’étanchéité prévue sur l’ouvrage.

La pose s’effectue après pose et sciage Photo catalogue Freyssinet


Dispositif de calage du joint avant
des enrobés et peut nécessiter des
Bétonnage.
réservations préalables dans la structure
dans le cas d’un ancrage sur la
structure.

Il convient de s’assurer, dans tous les


cas, que le domaine d’emploi et l’avis
de la commission, donnés dans l’avis
technique, sont bien compatibles avec
l’usage que l’on souhaite faire du joint.

Photo catalogue Freyssinet Joint à hiatus équipé

 Photo AN - Joint lourd de chaussée à « peigne »,


pour ouvrage biais.

Joint de chaussée et joint de trottoir (hors


corniche). L’entretien du joint, nettoyage des
dépôts (terres, gravillons, etc.) est
indispensable au bon fonctionnement du joint.
Le dispositif de retenu doit être équipé d’un
joint de dilatation.

Photo AN - Joint de chaussée pour ouvrage droit sur


chaussée et trottoir. 

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 126 Version 11_2013


E - dalles de transition

1 - Objectifs

Les dalles de transition participent au confort et à la sécurité


des usagers.

La dalle de transition assure la souplesse de transition entre


l’ouvrage et les remblais contigus d’accès à l’ouvrage.

Elle permet d’atténuer les effets de la marche d’escalier qui


peut de se produire à long terme, selon l’amplitude de
tassement des remblais contigus à l’ouvrage : qualité des
matériaux, qualité du compactage.
Photo AN - Corbeau pour dalle de transition (remarquer les goujons de
liaison à la dalle de transition) 

2 - Document(s) de référence

 Dalle de transition des ponts route (SETRA 10/84),


 Dossier JADE (SETRA 68).

3 - Dimensions des dalles de transition

Le dossier JADE du SETRA précise les principes de dimensionnement des dalles de transition (L x l x e) et de leur
ferraillage, à savoir :
 La longueur « L » suivant l’axe de la chaussée portée dépend de la distance de la culée au terrain naturel en place
ou aux remblais correctement compactés.
L ≤ hauteur des remblais au droit des culées,
3m ≤ L ≤ 6m sur autoroutes,
1,5m ≤ L ≤ 3m sur RN.

 La largeur « l » correspond à la largeur circulée + la diffusion sur la profondeur de pose soit environ 2 x 0,50m ou 2
x 1.00m,
 La profondeur de pose :
o Chaussée souple : risque de cisaillement des couches : dalle profonde et plongeante, avec sur-largeur
d’environ 2 x 1m,
o Chaussée rigide : dalle superficielle avec sur-largeur d’environ 2 x 0,50m.
 L’influence du biais: la géométrie de la dalle est à adapter au biais de l’ouvrage (angles <= 70 grades).

4 - Calcul du ferraillage

Les dalles de transition se calculent comme des dalles isostatiques appuyées sur deux cotés : corbeau du garde grève d’un
coté et remblai d’accès de l’autre.

Compte tenu de leur répétitivité, le SETRA a publié des ferraillages types de dalles de transition auxquels il convient de se
référer.

F - dispositifs de drainage des eaux de surface - assainissement des ponts-routes

1 - Objectifs

Ce sont des dispositifs destinés :


 À empêcher l’eau de stagner sur l’ouvrage ( forme de pente à prévoir),
 À recueillir et acheminer les eaux vers les exutoires pour traitement.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 127 Version 11_2013


2 - Documents de référence

Le SETRA a diffusé les documents suivants :


 Assainissement des ponts-routes : évacuation des eaux, perrés, drainage, corniches - caniveaux- Généralités,
descriptions, dispositions constructives et règles de dimensionnement (SETRA 6/89),
 Dossier JADE (SETRA 68).

3 - Dispositions constructives

Il convient de veiller :
 A l’étanchéité des joints et des bavettes inférieures de récupération des eaux de joint de chaussée,
 À la mise en œuvre de larmiers en bord de dalle (hourdis), et sur corniches,
 Au drainage des trottoirs : étanchéité + pissettes + gargouilles,
 Au drainage des sommiers,
 Au drainage des eaux d’infiltration dans les enrobés : drain à ressort, caniveau asphalte, remontée de la chape en
feuille préfabriquée,
 Au raccordement des réservations pour gargouilles verticales ou horizontales,
 etc.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 128 Version 11_2013


G - appareils d’appuis

1 - Généralités

Les appareils d’appui ont une double fonction :

 Participer à la transmission des efforts de la structure du tablier au


sol de fondation, au même titre que les appuis proprement dits :
piles ou culées. Ils sont généralement pris en sandwich entre deux
dés d’appui (bossages), disposés sur appuis et sous le tablier,
 Libérer, suivant le cas, certains déplacements (rotation,
déplacements horizontaux). Leur choix conditionne dans tous les
cas les efforts à reprendre par les appuis, y compris les fondations
(efforts horizontaux, flexion, torsion).

Compte tenu des graves conséquences que peuvent entraîner leurs


dysfonctionnements sur le comportement de la structure, ils doivent être
considérés, aujourd’hui, comme de véritables éléments structurels.

Photo AN - Dés d’appui sous dalle posés sur les appareils d’appui en place dans une
engravure du coffrage d’intrados de la dalle. On remarque les armatures verticales
d’accrochage du dé dans la dalle 

2 - documents de référence

 Environnement des appareils d’appui en élastomère fretté (78),


 Appareils d’appui en élastomère fretté - Guide technique (12/99),
 Bulletin technique n°4 (BT4),
 Appareils d’appui en élastomère fretté, Note d’information n°16,
 Conformité aux normes (4/93),
 Norme T47-815 Appareils d’appui en caoutchouc - Spécifications (AFNOR, en cours),
 T47-816 Appareils d’appui à pots (AFNOR)
 Normes européenne NF-EN 1337-1-2-3.

3 - Typologie des appareils d’appui :

Il existe différents types d’appareils d’appui :

 Les appareils d’appui en caoutchouc fretté normaux

Ces appareils d’appuis, rectangulaires dans le cas général (très exceptionnellement circulaires ou hexagonaux), sont
constitués d’empilages de plaques de caoutchouc et de frettes en acier. Ils équipent la grande majorité des ouvrages courants.

Sur une pile ou une culée, leur nombre est variable et dépend de la morphologie du tablier et des appuis :
 Leur espacement varie entre 2,5m et 3,50m, dans le cas général des dalles,
 1 sous chaque nervure, parfois 2, dans le cas de dalles bi-nervurées,
 Égal au nombre de poutres dans le cas de ponts à poutres.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 129 Version 11_2013


Le grand coté de l’appareil est posé parallèlement à l’axe de l’appui, dans le cas d’un fonctionnement de la structure en dalle
ou parallèle à l’axe longitudinal des poutres, dans le cas de ponts à poutres.

Une pile peut supporter :


 une ligne d’appareils d’appui dans le cas des ouvrages continus,
 deux lignes d’appareils d’appuis dans le cas de travées multiples indépendantes (VIPP, PRAD)

Une culée ne supporte qu’une seule ligne d’appuis.

Il est recommandé de respecter les dimensions standards d’appareils d’appui données dans la norme.

Dans des cas exceptionnels, des dimensions différentes de


celles fixées dans la norme peuvent être obtenues sur
commande. Lorsque la contrainte normale minimale est
inférieure à 0,20 Mpa, il y a lieu d’empêcher le déplacement
de ces appareils d’appui par la mise en œuvre de dispositifs
anti-cheminement.

Photo AN - Appareil d’appui en caoutchouc fretté muni de dispositifs


anti-cheminement.

 les appareils d’appui glissants en caoutchouc fretté

Ils sont de même type que les précédents mais comportent une feuille de téflon
alvéolée en partie supérieure permettant, pour un effort vertical donné (Rv), le
glissement sur une plaque en acier inoxydable fixée sous le dé d’appui supérieur
(sous tablier), à partir d’une certaine intensité de l’effort horizontal (Rh) : Rh /
Rv = f (coefficient de frottement téflon-inox)..

Photo catalogue ETIC - Appareil d’appui glissant avec couverture téflon

Du fait de l’écrêtement des efforts horizontaux qui les sollicitent (glissement), ces appareils d’appui présentent une épaisseur
en caoutchouc plus réduite.

Ces appareils d’appui n’équipent généralement que les appuis d’extrémité (culées) des ouvrages courants dont le tablier
présente de fortes variations linéaires dues au retrait, au fluage, à la température. Ils ne sont généralement pas associés à la
reprise des efforts de freinage.

 les appareils d’appuis à pots de caoutchouc

Ce sont des appareils d’appui de grande capacité qui sont principalement utilisés
pour les grands ouvrages.

Le caoutchouc, non fretté, est confiné dans une virole métallique, posée, voire
fixée si nécessaire, sur le dé inférieur, sur appui, et coiffée par une platine
supérieure formant piston pivotant sur laquelle repose le tablier.

Ils sont de trois types et ils se distinguent essentiellement par les déplacements
autorisés.

Photo catalogue ETIC Appareil d’appui à pot

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 130 Version 11_2013


On trouve :

 Les appareils d’appui à pot fixe.

Ils bloquent les déplacements dans toutes les directions, mais permettent les rotations (rotule). L’appareil d’appui à pot fixe
est généralement unique sur un ouvrage sur lequel il est associé, sur la même ligne d’appui à un appareil d’appui à pot
mono-directionnel transversal (libération des déplacements transversaux du tablier).

Pour les ouvrages droits, l’association de ces deux types d’appareils d’appuis permet de bloquer les déplacements
longitudinaux tout en libérant les déplacements transversaux. Ils reprennent généralement la totalité des efforts horizontaux
instantanés (freinage) et participent, comme les autres appuis, à la reprise des efforts horizontaux différés (retrait, fluage,
température). Les ouvrages courbes ou très biais imposent une étude particulière des dispositions de pose de ces appareils
d’appui (orientation). En effet, les déplacements du tablier peuvent engendrer des efforts parasites importants qui peuvent
compromettre leur pérennité (torsion).

 Les appareils d’appuis à pot mono-directionnel.

Ils ne libèrent comme leur nom l’indique, que les déplacements dans une direction. Ils permettent les rotations (rotule).
L’appareil d’appui à pot mono-directionnel est généralement unique sur une ligne d’appuis, sur laquelle il est associé à un
appareil d’appui à pot multi-directionnel ou fixe. Lorsqu’il est associé à un appareil d’appui multi-directionnel, cet appareil
d’appui bloque généralement les déplacements transversaux. La remarque concernant les dispositions à adopter sur ouvrages
courbes ou très biais reste applicable.

 Les appareils d’appuis à pot multi-directionnel.

Ils libèrent l’ensemble des déplacements.

 Disposition des appareils d’appuis à pot.

 Les appareils d’appui métalliques

Ils sont constitués de rouleaux métalliques assurant le blocage (ou non)


en translation du tablier.

Ils équipent essentiellement les ouvrages métalliques ou mixtes


(poutres) et sont principalement utilisés par la SNCF pour les ponts
rails.

Se reporter aux normes :


 Appareils d’appui à rouleaux : NF EN 1337-4,
 Appareils d’appui à balanciers : NF EN 1337-6.

Photo AN - Appui métallique à rouleaux

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 131 Version 11_2013


 Les appareils d’appui pendulaires et les rétrécissements de béton (articulations Freyssinet)
Les règles de dimensionnement sont dictées par les règlement de calculs en vigueur
pour le béton ou le métal.

L’ouvrage doit obligatoirement comporter sur une de ses lignes d’appui, des appareils
d’appui bloquant les déplacements horizontaux.

Photo AN - Appui pendulaire (articulation haut et bas de l’appui)

4 - vérification

Nous ne développons pas ici le dimensionnement des appareils d’appui qui fait l’objet d’une notice spécifique éditée par le
SETRA ainsi que d'un guide de conception et d’un logiciel de vérification du SETRA (NEOP). Le dimensionnement des
appareils d’appui est basé sur la limitation des contraintes qui se développent au niveau des plans de frettage (caoutchouc-
acier) : contraintes normales et de cisaillement.

Ces cisaillements sont générés par la compression du caoutchouc (réaction d’appui verticale du tablier), par les efforts
horizontaux instantanés (freinage) et différés (retrait, fluage, température) et par les rotations du caoutchouc (rotation du
tablier sous charges diverses).

Le dimensionnement des appareils d’appui suppose un calcul préalable de répartition des efforts horizontaux sur les appuis
qui nécessite préalablement :
 La connaissance des raideurs respectives complètes des appuis (appareil d’appui et appui, y compris fondation),
 La détermination du point fixe à partir duquel seront estimées les variations linéaires différées du tablier au droit de
chacun des appuis.

Compte tenu de cette interaction appareil d’appui - appuis, ce dimensionnement ne peut être le résultat que d’un calcul
itératif.

Les appareils d’appui à pot de caoutchouc bénéficient d’un guide récent de dimensionnement et de vérification.

5 - dispositions constructives

Elles doivent assurer la pérennité des appareils d’appui : horizontalité et planéité des dés d’appuis, mise hors d’eau, débords
des dés par rapport aux appareils d’appui, etc.

Ces dispositions sont détaillées dans le document « Environnement des appareils d’appui en élastomère fretté » du SETRA.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 132 Version 11_2013


XV - DOMAINE D’EMPLOI USUEL DES PONTS

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 133 Version 11_2013


XVI - RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Il convient de consulter le «Répertoire des textes essentiels et documents techniques ouvrages d’art» édité et régulièrement mis à jour par le SETRA
(http://www.setra.equipement.gouv.fr/).

 Documents consacrés aux informations périodiques sur les ouvrages d’art ou matériaux (articles, études, recherches, etc.)
 Annales de l’ITBTP,
 Bulletin de liaison LCPC (http://www.lcpc.fr/ => le LCPC est passé IFSTTAR (avec l'INRETS au 1/1/2011) (http://www.ifsttar.fr/),
 Chantiers de France (http://www.chantiersdefrance.com/index.html ),
 Le moniteur des Travaux Publics et du bâtiment (http://www.lemoniteurbtp.com/),
 Notes d’information du SETRA (http://www.setra.equipement.gouv.fr/) => le SETRA est passé CEREMA le 1/1/2014 (http://www.cerema.fr/ )
 Revue du CTICM (http://www.cticm.fr/),
 Revue Travaux (http://www.revue-travaux.fr/ ,
 Revue « ouvrages d’art » du SETRA (http://www.setra.equipement.gouv.fr/) => le SETRA est passé CEREMA le 1/1/2014 (http://www.cerema.fr/ )

 Unités
 Norme AFNOR FD X 02-051,

 EUROCODES
 EUROCODE 1 - Bases de calcul et actions sur les structures
 EUROCODE 2 - Calcul des structures en béton
 EUROCODE 3 - Calcul des structures en acier
 EUROCODE 4 - Calcul des structures mixte acier-béton
 EUROCODE 5 - Calcul des structures en bois
 EUROCODE 6 - Calcul des structures en maçonnerie
 EUROCODE 7 - Calcul géotechnique
 EUROCODE 8 - Conception et dimensionnement des structures pour leur résistance aux séismes
 EUROCODE 9 - Calcul des structures en alliage d’aluminium

 sigles et abréviations - services du Ministère et autres organismes :


 ADEME - Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie,
 ANVAR - Agence de l’innovation ,
 BRGM - Bureau de recherches géologiques et minières,
 CERIB - Centre d’Études et de Recherches de l’Industrie du béton,
 CEREMA (ex CERTU 1/1/2014 - Centre d’études sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques),
 CEREMA (ex CETMEF 1/1/2014 - Centre d’Études Techniques Maritimes et Fluviales),
 CEREMA (ex SETRA 1/1/2014 - Service d'Études Techniques des Routes et Autoroutes),
 CEREMA (ex CETE 1/1/2014 – Centres d'Études Techniques de l'Équipement),

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 134 Version 11_2013


 CETU - Centre d’Études des Tunnels ,
 CIP - Commission Interministérielle de la précontrainte,
 CNRS - Centre national de recherche scientifique,
 CSTB - Centre Scientifique et Technique du Bâtiment,
 CTICM - Centre Technique Industriel de la Construction Métallique ,
 INERIS - Institut national de l’environnement industriel et des risques,
 IFSTTAR (ex LCPC 1/1/2011 - Laboratoire Central des Ponts et Chaussées),
 Ministère de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie,
 OTUA - Office Technique pour l’Utilisation de l’Acier,
 STCPMVN - Service Technique Central des Ports Maritimes et Voies Navigables),

 sigles et abréviations - associations, fédérations, offices de Normalisation, de Certification, etc.


 ACQPA - Association pour la Certification et la Qualification en Peinture Anticorrosion,
 AFCAB - Association française de Certification des Armatures du béton,
 AFGC - Association française de Génie Civil,
 AFNOR - Association française de normalisation ,
 AFPC - Association française pour la Construction,
 AFREM - Association française de Recherches et d’Essais sur les Matériaux et les Constructions,
 AIPCR - Association Mondiale de la route,
 CEN - Commission européenne de Normalisation,
 FFA - Fédération française de l’Acier,
 FIP - Fédération Internationales de la Précontrainte,
 FNB - Fédération Nationale du Bâtiment,

 sigles divers

 APS - Avant Projet Sommaire,


 APSI - Avant Projet Sommaire d’Itinéraire,
 BAU - Bande d’arrêt d’urgence,
 BDD - Bande dérasée droite,
 BDG - Bande dérasée gauche,
 BPUF - Bordereau des Prix Unitaires et Forfaitaires,
 BT - Bulletin technique,
 CCAP - Cahier des Clauses Administratives Particulières,
 CCAG - Cahier des Clauses Administratives Générales,
 CCTG - Cahier des Clauses Techniques Générales,
 CCTP - Cahier des Clauses Techniques Particulières,
 CMP - Chargé des mises en précontrainte,

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 135 Version 11_2013


 COP - Chargé des ouvrages provisoires,
 DCE - Dossier de Consultation des Entreprises,
 DDE - Direction départementale de l’Équipement ou Directeur Départemental de l’Équipement,
 DIUO - Dossier d’Intervention Ultérieur sur Ouvrage,
 DR - Direction des Routes,
 DRE - Direction Régionale de l’Équipement,
 DUP - Déclaration d’Utilité Publique,
 EPOA - Étude Préliminaire d’Ouvrage d’Art,
 GLAT - Grande Liaisons d’Aménagement du Territoire,
 IGOA - Ingénieur Général Ouvrage d’Art,
 IGR - Ingénieur Général Routes,
 IQOA - Image Qualité des Ouvrages d’Art,
 LACRA - Liaison Assurant la Continuité du Réseau Autoroutier,
 PBE - Plus Basses Eaux,
 PDG - Projet de Définition Général (route),
 PGC (PGCSPS) - Plan Général de Coordination en matière de sécurité et de protection de la santé,
 PHE - Plus Hautes Eaux, PHEC - Plus Hautes Eaux Connues, PHEN - Plus Hautes Eaux Navigables,
 POA - Projet d’Ouvrage d’Art,
 RN - Route Nationale,
 SDRN - Schéma Directeur Routier National,
 SOPAQ - Schéma Organisationnel du plan d’Assurance Qualité,
 SMO - Schéma de Maîtrise d’Ouvrage,
 SU - Surface utile,
 TPC – Terre-plein central.

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 136 Version 11_2013


Table des matières

I - BREF HISTORIQUE........................................................................................................................................................................................................... 1

II – LES ACTEURS DE PROJET............................................................................................................................................................................................ 3


A - Généralités - les acteurs de projet.............................................................................................................................................................................................................3
B - Rôle et missions des principaux acteurs....................................................................................................................................................................................................4

III - CLASSIFICATION DES PONTS....................................................................................................................................................................................... 5


A - Suivant la nature de la voie portée ou de la voie franchie.........................................................................................................................................................................5
B - Suivant les difficultés d'exécution.............................................................................................................................................................................................................5
C - Suivant le matériau principal utilisé pour leur construction......................................................................................................................................................................5
D - Suivant le mode de fonctionnement mécanique longitudinal de leur structure.........................................................................................................................................5
E - Suivant la morphologie transversale de leur structure ..............................................................................................................................................................................5
F - Suivant leur mode de construction ............................................................................................................................................................................................................6
G - Suivant leur position par rapport à la voie considérée..............................................................................................................................................................................6
H - Conclusion.................................................................................................................................................................................................................................................6

IV – LES PRINCIPAUX TEXTES............................................................................................................................................................................................ 7

V – LES PRINCIPALES PARTIES D’UN PONT..................................................................................................................................................................... 8


A - Généralités.................................................................................................................................................................................................................................................8
B - Ponts à une ou plusieurs travées continues à tablier indépendant des appuis (hors fondations spéciales)................................................................................................8
C - Ponts à traverse encastrée sur les appuis et les fondations (hors fondations spéciales)............................................................................................................................8

VI - LES DIFFERENTES ETAPES DE LA CONCEPTION..................................................................................................................................................... 9


A - Principales références : .............................................................................................................................................................................................................................9
B - L'avant projet sommaire (APS - EPOA)....................................................................................................................................................................................................9
C - Le projet d'ouvrage d’art (POA)..............................................................................................................................................................................................................10
D - Le projet d'exécution des ouvrages (PEO)..............................................................................................................................................................................................10

VII - LES DONNEES DE PROJET........................................................................................................................................................................................ 10

B - Données fonctionnelles..............................................................................................................................................................................................................................11

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 137 Version 11_2013


1 - Données de tracé routier..........................................................................................................................................................................................................................11
2 - Gabarit(s).................................................................................................................................................................................................................................................12
3 - Autres données fonctionnelles.................................................................................................................................................................................................................13

C - Données naturelles....................................................................................................................................................................................................................................14
1 - Levé du terrain naturel.............................................................................................................................................................................................................................14
2 - Données géotechniques............................................................................................................................................................................................................................14
3 - Données hydrauliques..............................................................................................................................................................................................................................14
4 - Données sismiques...................................................................................................................................................................................................................................14

D - Données paysagères et données architecturales ....................................................................................................................................................................................14

E - Données environnementales ....................................................................................................................................................................................................................15

F - Données climatiques .................................................................................................................................................................................................................................15

G - Données d'exécution..................................................................................................................................................................................................................................16

H - Données de gestion....................................................................................................................................................................................................................................16

VIII - DEMARCHE DE CONCEPTION AU NIVEAU DE L'AVANT PROJET (APS-EPOA)................................................................................................... 16

A - Généralités.................................................................................................................................................................................................................................................16

B - Définition de la longueur de la brèche à franchir .................................................................................................................................................................................17

C - Définition des portées de l'ouvrage .........................................................................................................................................................................................................17

D - Sélection des ouvrages possibles en fonction des élancements économiques (annexe 1).....................................................................................................................17

E - Prise en compte des contraintes particulières d'exécution ou d'exploitation des ouvrages................................................................................................................18

F - Considérations environnementales. Prise ne compte des contraintes d'intégration au site...............................................................................................................18

G - Estimations................................................................................................................................................................................................................................................18

H - Analyse multi-critères - Proposition au Maître d'Ouvrage..................................................................................................................................................................19

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 138 Version 11_2013


IX - MORPHOLOGIE ET PRINCIPES DE PREDIMENSIONNEMENT DES OUVRAGES................................................................................................... 20

A - Généralités.................................................................................................................................................................................................................................................20

B - Les buses métalliques................................................................................................................................................................................................................................20


1 - Morphologie - Domaine d'emploi...........................................................................................................................................................................................................20
2 - Dimensionnement.....................................................................................................................................................................................................................................21
3 - Fonctionnement/Pathologie......................................................................................................................................................................................................................22

C - Les cadres et portiques en béton armé....................................................................................................................................................................................................24


1 - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................24
2 - Les ponts en cadre fermé ( PICF )...........................................................................................................................................................................................................24
a - Morphologie générale..........................................................................................................................................................................................................................24
b - Principaux paramètres de pré-dimensionnement ................................................................................................................................................................................25
c - Domaine d'emploi ................................................................................................................................................................................................................................25
d - Dimensionnement.................................................................................................................................................................................................................................25
e - Méthode de calcul................................................................................................................................................................................................................................26
f - Exécution..............................................................................................................................................................................................................................................26
g - Fonctionnement / Pathologie................................................................................................................................................................................................................27
3 - Le portique ouvert (PIPO).......................................................................................................................................................................................................................27
a - Morphologie générale .........................................................................................................................................................................................................................27
b - Domaine d'emploi................................................................................................................................................................................................................................28
c - Dimensionnement.................................................................................................................................................................................................................................28
d - Méthode de calculs...............................................................................................................................................................................................................................28
e - Exécution- Fonctionnement - Pathologie.............................................................................................................................................................................................29
a - PIPO surbaissé :..............................................................................................................................................................................................................................29
b - PIPO surhaussé .............................................................................................................................................................................................................................29
4 - Portiques ouverts doubles ( POD ) ..........................................................................................................................................................................................................29
a - Morphologie générale..........................................................................................................................................................................................................................29
b - Domaine d'emploi (voir annexe 1)......................................................................................................................................................................................................30
c - Dimensionnement - Exécution - pathologie........................................................................................................................................................................................30
5 - Autres variantes d’ouvrages à fondations intégrées.................................................................................................................................................................................30
a - Cadres multicellulaires........................................................................................................................................................................................................................30
b - Voûtés massifs (OHVM)......................................................................................................................................................................................................................31
a - Généralités......................................................................................................................................................................................................................................31
b - Dimensionnement............................................................................................................................................................................................................................31
c - Les passages inférieurs voûtés (PIV)...................................................................................................................................................................................................32
a - Généralités.....................................................................................................................................................................................................................................32
b - Morphologie..................................................................................................................................................................................................................................32

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 139 Version 11_2013


g - Dimensionnement.............................................................................................................................................................................................................................32
d - Fonctionnement - Pathologie...........................................................................................................................................................................................................32
d - Autres ouvrages préfabriqués...............................................................................................................................................................................................................33
a - Les cadres complets assemblés longitudinalement par précontrainte .............................................................................................................................................33
b - Les portiques mis en place par déploiement...................................................................................................................................................................................34
g - Les voûtes préfabriquées en béton armé..........................................................................................................................................................................................34

D - Les ponts-dalles rectangulaires ou à encorbellements latéraux............................................................................................................................................................35


1 - Terminologie ...........................................................................................................................................................................................................................................35
2 - Principaux paramètres de pré-dimensionnement.....................................................................................................................................................................................35
3 - Généralités sur les ponts-dalles ...............................................................................................................................................................................................................35
4 - Morphologie et domaine d’emploi des ponts-dalles................................................................................................................................................................................36
a - Morphologie générale .........................................................................................................................................................................................................................36
b - Domaine d'emploi (voir annexe 1).......................................................................................................................................................................................................37
a- Choix du type d'ouvrage..................................................................................................................................................................................................................37
b - Choix du nombre de travées...........................................................................................................................................................................................................37
g- pré-dimensionnement (voir annexe 1)..............................................................................................................................................................................................38
d - Méthodes de calcul...........................................................................................................................................................................................................................39
e- exécution..........................................................................................................................................................................................................................................40
f fonctionnement pathologie................................................................................................................................................................................................................41

E - Les ponts en dalles nervurées en béton précontraint.............................................................................................................................................................................42


1 - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................42
2 - Morphologie ............................................................................................................................................................................................................................................42
3 - Domaine d'emploi....................................................................................................................................................................................................................................43
4 - Dimensionnement.....................................................................................................................................................................................................................................43
5 - Méthodes de calcul...................................................................................................................................................................................................................................44
6 - Exécution.................................................................................................................................................................................................................................................44
7 - Fonctionnement - Pathologie ................................................................................................................................................................................................................45

F - Les ponts à béquilles (PSBQ)....................................................................................................................................................................................................................46


1 - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................46
2 - Morphologie.............................................................................................................................................................................................................................................46
3 - Domaine d'emploi....................................................................................................................................................................................................................................46
4 - Dimensionnement.....................................................................................................................................................................................................................................47

G - Les Ponts à poutres en béton armé (TIBA, PSBA)................................................................................................................................................................................48


1 - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................48
2 - Morphologie des tabliers de ponts à poutres en béton armé....................................................................................................................................................................49

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 140 Version 11_2013


H - Les Ponts à poutres en béton précontraint.............................................................................................................................................................................................50
1 - Généralités .............................................................................................................................................................................................................................................50
2 - Les VIPP ................................................................................................................................................................................................................................................50
a - Morphologie.........................................................................................................................................................................................................................................50
b - Domaine d'emploi................................................................................................................................................................................................................................51
c - Dimensionnement.................................................................................................................................................................................................................................52
d - Méthodes de calcul...............................................................................................................................................................................................................................54
e - Exécution du tablier.............................................................................................................................................................................................................................55
f - Fonctionnement/Pathologie..................................................................................................................................................................................................................57
3 - Les PR.AD..............................................................................................................................................................................................................................................57
a - Généralités............................................................................................................................................................................................................................................57
b - Morphologie.........................................................................................................................................................................................................................................57
c - Domaine d'emploi.................................................................................................................................................................................................................................58
d - Méthode de calcul................................................................................................................................................................................................................................59
e - Exécution..............................................................................................................................................................................................................................................59
f - Fonctionnement/Pathologie..................................................................................................................................................................................................................61
4 - Les ponts métalliques ou mixtes..............................................................................................................................................................................................................62
a - Historique - Évolution générale...........................................................................................................................................................................................................62
b - Tabliers en Poutrelles enrobées...........................................................................................................................................................................................................64
c - Tablier en ossature mixte ....................................................................................................................................................................................................................65
5 - Mise en place des structures métalliques.................................................................................................................................................................................................70
a - Mise en place par lançage....................................................................................................................................................................................................................70
b - Mise en place par levage......................................................................................................................................................................................................................71
c - Mise en place par encorbellement........................................................................................................................................................................................................72
6 - Poutres latérales triangulées ou à treillis..................................................................................................................................................................................................72
7 - Dalle Robinson.........................................................................................................................................................................................................................................73
8 - Dalle orthotrope ......................................................................................................................................................................................................................................73

I - Les ponts construits par encorbellements successifs...............................................................................................................................................................................74


1 - Généralités - Principe de construction.....................................................................................................................................................................................................74
2 - Domaine d'emploi....................................................................................................................................................................................................................................76
3 - Dimensionnement.....................................................................................................................................................................................................................................77
a - Balancement des travées .....................................................................................................................................................................................................................77
b - Hauteur du caisson...............................................................................................................................................................................................................................77
c - Section transversale..............................................................................................................................................................................................................................77
4 - Stabilité des fléaux en cours de construction..........................................................................................................................................................................................78
5 - Principe de câblage..................................................................................................................................................................................................................................79
6 - Exécution du tablier.................................................................................................................................................................................................................................80
a - Voussoirs coulés en place....................................................................................................................................................................................................................80

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 141 Version 11_2013


b - Voussoirs préfabriqués.........................................................................................................................................................................................................................81
7 - Fonctionnement /Pathologie ...................................................................................................................................................................................................................82

J - Les ponts poussés.......................................................................................................................................................................................................................................82


1 - Généralités - Principe de construction.....................................................................................................................................................................................................82
2 - Conditions de mise en oeuvre de cette technique ...................................................................................................................................................................................83
3 - Domaine d'emploi....................................................................................................................................................................................................................................83
4 - Principe de construction...........................................................................................................................................................................................................................84
5 - Dimensionnement.....................................................................................................................................................................................................................................87
6 - Principe de câblage..................................................................................................................................................................................................................................87
7 - Fonctionnement /Pathologie ...................................................................................................................................................................................................................88

K - Le Bow-string............................................................................................................................................................................................................................................89

L - Les ponts à câbles .....................................................................................................................................................................................................................................90


1 - Les ponts suspendus.................................................................................................................................................................................................................................90
a - Généralités............................................................................................................................................................................................................................................90
b - Fonctionnement....................................................................................................................................................................................................................................91
c - Tablier..................................................................................................................................................................................................................................................92
d - Suspension...........................................................................................................................................................................................................................................93
e - Pylônes.................................................................................................................................................................................................................................................94
f - Massifs d’ancrage.................................................................................................................................................................................................................................94
g - Mode de justification...........................................................................................................................................................................................................................95
h - Mode de construction du tablier...........................................................................................................................................................................................................95
2 - Les ponts à haubans.................................................................................................................................................................................................................................96
a - Généralités............................................................................................................................................................................................................................................96
b - Fonctionnement....................................................................................................................................................................................................................................96
c - Tablier :...............................................................................................................................................................................................................................................99
d - Haubans..............................................................................................................................................................................................................................................100
e - Mâts de haubanage.............................................................................................................................................................................................................................100
f - Mode de justification..........................................................................................................................................................................................................................101
g - Mode de construction du tablier.........................................................................................................................................................................................................101
h - Haubanage de requalification d’ouvrage............................................................................................................................................................................................102

X - LES APPUIS DE PONTS.............................................................................................................................................................................................. 103

A - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................103

B - Données de conception des appuis de pont...........................................................................................................................................................................................103

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 142 Version 11_2013


C - Culées.......................................................................................................................................................................................................................................................104
1 - Morphologie des « Culées » et « Piles-culées ».....................................................................................................................................................................................104
a - Culées massives..................................................................................................................................................................................................................................104
b - Piles-culées.........................................................................................................................................................................................................................................104
c - Fonctions des culées...........................................................................................................................................................................................................................105
2 - Points communs des différents types de culées......................................................................................................................................................................................105
3 - Culées creuses........................................................................................................................................................................................................................................105
4 - Culées spéciales.....................................................................................................................................................................................................................................105

D - Piles...........................................................................................................................................................................................................................................................107
1 - Fonction.................................................................................................................................................................................................................................................107
2 - Géométrie ..............................................................................................................................................................................................................................................107
3 - Fûts de piles hauteur réduite.................................................................................................................................................................................................................107
4 - Fûts de piles de grande hauteur..............................................................................................................................................................................................................108
5 - Piles particulières...................................................................................................................................................................................................................................108
6 - Dispositions des têtes de piles................................................................................................................................................................................................................108

XI - LES OUVRAGES DE SOUTÈNEMENT....................................................................................................................................................................... 109

A - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................109

B - Les données de conception des murs.....................................................................................................................................................................................................109

C - Les grandes familles de soutènements (murs, massifs, écrans, etc.)...................................................................................................................................................110

D - Adaptation des variantes de murs aux contraintes de site - choix du type de mur...........................................................................................................................112

E - Adaptation des variantes de murs aux contraintes géotechniques ....................................................................................................................................................112

F - Principales sources de pathologie des murs en « T » renversé en béton armé ..................................................................................................................................112

XII - LES FONDATIONS D’OUVRAGES............................................................................................................................................................................ 113

A - Généralités - données de projet..............................................................................................................................................................................................................113

B - Typologie des fondations........................................................................................................................................................................................................................113

C - Choix du type de fondation....................................................................................................................................................................................................................114

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 143 Version 11_2013


XIII - MODES DE CONSTRUCTION DES OUVRAGES..................................................................................................................................................... 115

A - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................115

B - Construction sur cintre ou échafaudages généraux (étaiements).......................................................................................................................................................115

C - Construction en « taupe ».......................................................................................................................................................................................................................117

D - Construction en sur-gabarit...................................................................................................................................................................................................................117

E - Mise en place par ripage transversal.....................................................................................................................................................................................................118

F - Mise en place par rotation......................................................................................................................................................................................................................119

G - Construction par encorbellements successifs.......................................................................................................................................................................................119

H - Cintre auto-lanceur ................................................................................................................................................................................................................................120

I - Mise en place par fonçage........................................................................................................................................................................................................................120

XIV - LES SUPERSTRUCTURES OU ÉQUIPEMENTS..................................................................................................................................................... 121

A - Généralités...............................................................................................................................................................................................................................................121

B - dispositifs de retenue...............................................................................................................................................................................................................................122
1 - Documents de référence :.......................................................................................................................................................................................................................122
2 - Principes généraux (DR = dispositif de retenue) .................................................................................................................................................................................122
3 - Démarche de choix du dispositif de retenue :........................................................................................................................................................................................123
4 - Recherche des objectifs minimaux.........................................................................................................................................................................................................123
5 - Méthode de l’Indice de Danger (ID).....................................................................................................................................................................................................123

C - étanchéités................................................................................................................................................................................................................................................123
1 - Objectifs.................................................................................................................................................................................................................................................123
2 - Documents de référence.........................................................................................................................................................................................................................123
3 - Préparation de surface............................................................................................................................................................................................................................124
4 - Réparation des flaches...........................................................................................................................................................................................................................124
5 - Complexes d’étanchéité.........................................................................................................................................................................................................................124

D - joints de chaussée....................................................................................................................................................................................................................................125

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 144 Version 11_2013


1 - Généralités.............................................................................................................................................................................................................................................125
2 - Documents de référence :.......................................................................................................................................................................................................................125
3 - Dimensionnement :................................................................................................................................................................................................................................126

E - dalles de transition...................................................................................................................................................................................................................................127
1 - Objectifs.................................................................................................................................................................................................................................................127
2 - Document(s) de référence......................................................................................................................................................................................................................127
3 - Dimensions des dalles de transition......................................................................................................................................................................................................127
4 - Calcul du ferraillage...............................................................................................................................................................................................................................127

F - dispositifs de drainage des eaux de surface - assainissement des ponts-routes .................................................................................................................................127


1 - Objectifs.................................................................................................................................................................................................................................................127
2 - Documents de référence.........................................................................................................................................................................................................................128
3 - Dispositions constructives .....................................................................................................................................................................................................................128

G - appareils d’appuis ..................................................................................................................................................................................................................................129


1 - Généralités.............................................................................................................................................................................................................................................129
2 - documents de référence..........................................................................................................................................................................................................................129
3 - Typologie des appareils d’appui :..........................................................................................................................................................................................................129
4 - vérification ............................................................................................................................................................................................................................................132
5 - dispositions constructives.......................................................................................................................................................................................................................132

XV - DOMAINE D’EMPLOI USUEL DES PONTS.............................................................................................................................................................. 133

XVI - RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................................................................................................................................... 134

EMA – Conception des ponts - A.N. Page 145 Version 11_2013

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