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direction

des Routes

LES
DECHETS
ET
LA ROUTE
photo : DDE 66 - Richard Bayle
Document de travail - mars 2003

photo : DDE 28 - Jean-Claude Bonamy


L
a production de déchets par les chantiers de tra-
vaux publics est estimée à environ 100 millions de
tonnes par an. Ce chiffre ne s'appuie sur aucune
étude nationale, toutefois, des études menées par des
groupes d'entreprises de TP confortent cette évaluation .
A titre comparatif, la production annuelle d'ordures
ménagères est de 42 millions de tonnes, le bâtiment pro-
duisant, quant à lui, environ 32 millions de tonnes de
déchets de chantiers.
Toutefois la connaissance des tonnages de déchets produits
par les TP demeure imprécise pour les déchets de chantiers
mais aussi pour ceux de l'entretien, beaucoup plus diversifiés
et à la gestion tout aussi complexe. A titre indicatif, les déchets
verts représentent près d'1 million de tonnes.

De plus, les déchets de chantiers sont encore sous un cer-


tain flou juridique quant à la responsabilité de leur ges-
100 tion et leur ré-utilisation ou leur recyclage. Contrairement
au autres catégories de déchets, les déchets de chantiers,
et de TP en particulier, présentent une multitude d'inter-
80
100 venants, entre le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre, les
entreprises et sous-traitants…
60 Enfin ces déchets sont souvent exclus des filières tradi-
tionnelles d'élimination.

40

42
20 32
Déchets Ordures Déchets
de chantiers ménagères du bâtiment
0
Photo : DREIF

Somma
Cadre législatif et réglementaire
Cadre législatif P7

• Le principe du pollueur-payeur

• La planification

Cadre réglementaire P8

Les déchets : du chantier de TP


à l'exploitation de la route
Les déchets produits sur un chantier P9

• Catégories de déchets produits

lors d'un chantier

• La prise en compte des déchets lors de l'appel d'offre

• Comment gérer les déchets au cours du chantier ?

Les déchets et l'entretien P12

• Catégories de déchets produits durant

ire la vie de la route

• Comment gérer les déchets issus de l'entretien ?

Les déchets utilisés en technique routière


Ce sont les déchets utilisés pour la P15

construction des routes

Réglementation concernant l'utilisation de P15

déchets en TP

Pour une bonne utilisation des déchets industriels P16

• Evaluer les risques

• Protéger les travailleurs


Cadre législatif et réglementaire

Cadre législatif
Le principe du pollueur-payeur

Comme tout déchet, les déchets de chantiers sont soumis au code de l'environnement,
livre V, titre 4.
Le code impose au producteur ou détenteur du déchet de l'éliminer dans le respect de la
réglementation en vigueur. Le terme " d'élimination " englobe aussi bien la mise en déchar-
ge que le recyclage, la valorisation matière et énergétique, le réemploi ou la réutilisation.
Ce principe du " pollueur-payeur " pose un problème pour les chantiers du bâtiment et
aussi ceux des travaux publics. Le maître d'ouvrage imposait très rarement des obligations
concernant l'élimination des déchets, considérant que c'était à l'entreprise de s'occuper
de leur gestion ; et d'un autre côté, les entreprises détaillaient peu le coût d'élimination
des déchets.

Dans le cas des chantiers de TP, deux types de déchets sont à considérer :
• Les déchets dits " de conception ", imposés par la réalisation de l'infrastructure (tels que les déchets
de démolition d'ouvrages d'art ou d'anciennes chaussées, les excédents de déblais…) : le maître
d'ouvrage est bien le premier " producteur " du déchet par le fait même des travaux ; il doit donc
les prendre clairement en compte dans son appel d'offre et suivre leur élimination ;
• Les déchets dits " de fonctionnement ", liés aux techniques utilisées par l'entreprise de TP
(tels que les huiles usagées de moteur, les excédents de fabrication d'enrobés ou de béton…) :
l'entreprise peut alors être considérée comme le seul producteur et détenteur du déchet.
Actuellement, aucune jurisprudence ne permet de distinguer clairement la responsabi-
lité de chacun.

La planification
Le législateur n'avait imposé une planification que pour les déchets ménagers et les
déchets dangereux.
Afin de pallier ce manque, les ministères de l'équipement et de l'environnement, ainsi
que le secrétariat d'état au logement ont cosigné la circulaire du 15 février 2000 concer-
nant l'élaboration des plans de gestion des déchets de chantiers du BTP. Ces plans sont
un consensus entre les différents acteurs de la filière, afin de mettre en place des réseaux
d'élimination et de recyclage des déchets de chantiers, de lutter contre les décharges
sauvages et de sensibiliser les maîtres d'ouvrage à la prise en compte des déchets dans leurs
appels d’offre et à l'utilisation de matériaux recyclés. Contrairement aux autres plans, ceux-
ci ne sont pas opposables au tiers mais leur importance n'en est pas moins cruciale pour
les professionnels.
Concernant la gestion des déchets des réseaux routiers nationaux, le directeur des routes
et le directeur de la prévention des pollutions et des risques ont cosigné la circulaire du
18 juin 2001. Cette circulaire demande aux DDE d'impliquer clairement les respon-
sables des grands travaux routiers dans la gestion de leurs déchets et de faire ressortir dans
les plans la spécificité des déchets des chantiers de travaux publics.
Si la circulaire demandait la publication des plans pour août 2001, les premiers plans ne
sont en réalité sortis que fin 2002, en particulier en Saône-et-Loire. Ces travaux ont aus-
si permis des études poussées sur le gisement (celle l'Ain), voir sur des aspects particu-
liers comme les boues de dragage de ports (diagnostic du Morbihan)…

7
Cadre législatif et réglementaire

Cadre réglementaire

Il n'y a pas de réglementation spécifique aux


déchets de chantiers.
Toutefois plusieurs réglementations s'appli-
quent pour certains de ces déchets :
• Le décret du 18 avril 2002 fixant la liste des
déchets : ce décret définit les différentes caté-
gories de déchets, différenciant les déchets
dangereux des déchets non dangereux (les
déchets concernant spécifiquement les TP
seront exposés dans les chapitres suivants) ;
• La réglementation sur les décharges : deux
catégories de décharges sont actuellement
réglementées, les décharges pour déchets dan-
gereux (arrêté du 18 décembre 1992 modi-
fié) et les décharges pour déchets ménagers et
assimilés (arrêté du 9 septembre 1997). La
troisième catégorie de décharges, celles pour
déchets inertes, concerne en premier lieu les
déchets des TP, considérés pour près de 90%
comme inertes, mais elle est aussi celle qui est
la moins réglementée : c'est la seule catégo-
photo : DDE 28 - Jean-Claude Bonamy rie de décharge qui, par défaut d'une régle-
mentation issue du code de l'environnement,
est soumise au code de l'urbanisme. Cette
situation ne semble pas devoir se clarifier à court terme et
pose évidemment le problème des autorisations d'ouverture
de telles décharges par les entreprises de BTP. Les plans de ges-
tion devraient permettre de trouver des solutions afin d'équi-
per les départements d'un nombre suffisant de décharges pour
déchets inertes.
• Le décret du 13 juillet 1994 relatif à l'élimination des embal-
lages : bien que les TP soient peu producteurs de déchets d'em-
ballages (palette, film plastique), il faut toutefois les signaler dans
le cas des pots de peinture, emballages d'herbicides…
• Le décret n°99-374 du 12 mai 1999 relatif aux piles et accu-
mulateurs : ce texte s'applique pour les engins de chantiers et
les véhicules des parcs, le producteur du déchet doit prévoir une
reprise de ces piles ou batteries par leur fournisseur ;
• L'arrêté du 28 janvier 1999 relatif à l'élimination des huiles
usagées : ce texte s'applique pour les engins de chantiers et les
véhicules des parcs ;
• La circulaire du 28 juin 2001 relative à la gestion des déchets
biologiques : ce texte fixe des limites sur l'épandage de cer-
tains déchets.

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Les déchets : du chantier de TP
à l’exploitation de la route
Les déchets produits sur un chantier

Catégories de déchets produits lors d'un chantier


En reprenant le classement de la liste des déchets et la différenciation entre
déchets de conception et déchets de fonctionnement, les principaux déchets
de chantiers sont les suivants :

Déchets de conception
170504 Terres et cailloux
ce sont principalement les excédents de déblais, ces déchets sont considérés
comme inertes ;

170503 * Terres et cailloux contenant des substances dangereuses


ce sont les cas de terres polluées, ces terres sont classées par défaut comme
dangereuses. Une caractérisation initiale de ces terres (contenu total et lixi-
viation) permet de déterminer les volumes pouvant être utilisés en l'état, mis
en décharge ou nécessitant un traitement de dépollution ;

170301* Mélanges bitumineux contenant du goudron


malgré un intitulé où se retrouvent pêle-mêle les bitumes et les goudrons,
ce sont exclusivement les fraisats et déchets d'enrobés contenant du goudron,
ces déchets sont classés comme dangereux, par les propriétés cancérigènes
du goudron ;

170302 Mélanges bitumineux autres que ceux classés en 170301*


ce sont les fraisats et déchets d'enrobés bitumineux, ces déchets sont classés
non dangereux mais par défaut non inertes ;

170101 Bétons
ce sont les bétons de démolition d'ouvrages, ces déchets sont considérés com-
me inertes ;

200201 Déchets biodégradables


ce sont les arbres, arbustes et autres déchets verts abattus lors du chantier.
Attention, les poteaux EDF et France Telecom, ainsi que les traverses SNCF
ne sont pas considérés comme des déchets verts à cause de leur traitement
au CCA et à la créosote ; des filières d'élimination spécifiques sont mises
en place par ces trois sociétés.

Déchets de fonctionnement
1501 Emballages
cette rubrique répertorie tous les types d'emballages (palettes, films plas-
tiques…) en différenciant les emballages souillés par des substances dan-
gereuses (déchets dangereux) des emballages non souillés ou lavés (déchets
non dangereux) ;

9
Les déchets : du chantier de TP
à l’exploitation des routes

160103 Pneus hors d'usage

1606 Piles et accumulateurs


cette rubrique répertorie les différentes catégories de piles et batteries, il faut
noter que les batteries au plomb, cadmium et mercure sont considérées
comme des déchets dangereux.

La prise en compte des déchets lors de l'appel d'offre

Le maître d’ouvrage a longtemps laissé l’entreprise gérer les déchets de chantier,


en lui donnant la responsabilité de leur élimination.
De plus, l'absence d'audit préalable du chantier conduit parfois à de mauvaises
surprises : sols pollués, anciennes décharges, présence d'enrobés contenant du gou-
dron.
Avec l'arrivée de réglementations de plus en plus contraignantes concernant l'é-
limination des déchets, il est important que la gestion des déchets soit claire-
ment prise en compte dans les appels d'offre, comme par exemple par la création
d'un lot démolition comparable à celui imposé dans le bâtiment.
S'il peut paraître difficile de comparer les déchets de TP et ceux du bâtiment, par
leur variété et la dangerosité plus présente pour les déchets du bâtiment, il faut
admettre une plus grande avancée dans la gestion des déchets du bâtiment. La
recommandation du 22 juin 2000 de la Commission Centrale des Marchés a éta-
bli les obligations des maîtres d'ouvrage dans la prise en compte des déchets
dans les marchés publics du bâtiment : audit préalable, quantification avant
chantier et après chantier, paiement sur présentation d'un justificatif de l'élimi-
nation du déchet... Cette recommandation a été déclinée dans la norme sur les
marchés privés.
L'élaboration des plans de gestion des déchets de chantiers a permis aux acteurs
de la filière de réfléchir à de nouvelles pièces de marchés à ajouter aux CCTP.
L'un des premiers départements à avoir posé de nouvelles règles est celui de
la Seine-et-Marne avec son Schéma Organisation et de Suivi de l'Elimination
des Déchets (SOSED).

Comment gérer les déchets au cours du chantier ?

Les déchets détaillés ci-dessous sont les déchets dits de conception. Pour les
déchets de fonctionnement, il convient de se référer aux textes réglemen-
taires spécifiques.

• Si les déblais réutilisés comme remblai sur le même site ne sont ni considérés
comme déchets (considérant 14 de la directive européenne 1999/CE/31
du 26 avril 1999 concernant la mise en décharge des déchets), ni comme
extraction de carrière (décret n°2002-680 du 30 avril 2002), les déblais
devant quitter le chantier sont considérés comme des déchets. L'entreprise
doit pouvoir estimer cette quantité à éliminer pour vérifier :
- les filières de recyclage proches du site, pouvant recevoir ces déblais ;
- les décharges pour déchets inertes pouvant accueillir ces déchets ;
- les utilisations possibles hors emprise.

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Les déchets : du chantier de TP
à l’exploitation des routes

Le coût d'élimination de ces déchets doit avoir été clairement détaillé dans
la réponse de l'entreprise à l'appel d'offre. Le coût de mise en décharge
pour déchets inertes est entre 5 et 10 Euros/tonne et le recyclage (ou mise
en centre de tri) entre 7 et 12 Euros/tonne.

• Concernant les fraisats d'enrobés bitumineux, la circulaire du 18 juin a rap-


pelé les conditions de recyclage :
- Pour les bétons bitumineux semi-grenus destinés à être employés sous un
trafic < T1 ou pour les bétons bitumineux minces destinés à être employés
sous un trafic < T3, il n'y a pas d'inconvénient technique à réutiliser dans
la limite de 10% des agrégats d'enrobés hydrocarbonés sans avoir à effec-
tuer d’études préalables ;
- Dans les autres cas, l'utilisation d'agrégats d'enrobés hydrocarbonés est pos-
sible mais nécessite systématiquement la réalisation d'études préalables afin
d'assurer la qualité requise de constituant et de formuler le mélange.
Toutefois, les études permettant d'étendre les possibilités de recycler les
enrobés (technique à froid ou à chaud) doivent être encouragées afin de limi-
ter au maximum la mise en décharge de ce type de déchets. On peut noter
le programme de travail du LCPC de Nantes sur le " recyclage et les maté-
riaux non conventionnels ". Pour comparaison, le coût d'élimination de frai-
sats d'enrobés est estimé à :
- environ 10 Euros/tonne pour le recyclage ;
- environ 30 Euros/tonne pour la mise en décharge pour déchets ménagers et
assimilés ;
- environ 200 Euros/tonne pour la mise en décharge pour déchets dange-
reux.
On peut citer comme exemple d'utilisation d'enrobés recyclés la RN 21
(Labastens, Hautes-Pyrénées), et du recyclage à froid la RN 20.

• Concernant les enrobés contenant du goudron, leur classement comme


déchets dangereux leur interdit la mise en décharge pour déchets inertes.
Toutefois, considérant leur risque d'émission de polluants équivalent à celui
d'un déchet non dangereux, ils peuvent être mis en décharge pour déchets
ménagers et assimilés (souvent utilisés pour renforcer les chemins de la
décharge).

• Concernant les bétons de démolition d'ouvrage d'art et de technique


blanche, ils peuvent être considérés comme les bétons de démolition du
bâtiment. Il convient alors de vérifier les filières de recyclage (concasseurs)
proches du chantier.
Le coût du recyclage (autour de 10 Euros/tonne) est souvent mis en avant
par rapport à la mise en décharge (entre 5 et 10 Euros/tonne) ou l'achat de
granulat naturel. Il faut toutefois relativiser cette comparaison compte tenu
des coûts de transport des granulats naturels et du médiocre maillage des
décharges pour déchets inertes.
On peut mentionner comme exemple d'utilisation de grave de recyclage la
RD 47 (Caubert, Seine-et-Marne) ou le BIP A15-RD109 (Val d'Oise).

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Les déchets : du chantier de TP
à l’exploitation des routes

Les déchets et l'entretien

Catégories de déchets produits durant la vie de la route

Toujours en reprenant la liste des déchets, les principaux déchets d'entretien


sont les suivants :
200201 Déchets biodégradables
ce sont tous les déchets verts, troncs, tailles, élagages…

200301 Déchets municipaux en mélanges


ce sont les déchets ménagers récupérés sur les aires de repos ou, malheu-
reusement, abandonnés par les usagers le long de la route ;

Boues de curages de fossés


ces déchets n'ont pas de classement spécifique dans la nomenclature, elles
sont souvent assimilées au 170506 Boues de dragage

180202* Déchets provenant des soins vétérinaires


dont la collecte et l'élimination font l'objet de prescriptions particulières vis-
à-vis des risques d'infections : se retrouvent dans cette rubrique les cadavres
d'animaux ;

200140 Métaux
ce sont par exemple les pièces de glissières.

Comment gérer les déchets issus de l'entretien ?


Comme précédemment, les déchets spécifiques du type huiles et batteries
ne sont pas détaillés.

Déchets verts :
La solution à préconiser est bien sûr le compostage. Il est important de
vérifier quelles sont les filières existantes (plate-forme communale, agricul-
teurs, compostage privé, pépiniériste). Le coût du compostage est entre 30
et 90 Euros/tonne.
Toutefois, il est possible de broyer les déchets et les laisser sur place s'il n'y
a pas de matériel de compostage (plate-forme communale par exemple) à
disposition. Mais cette solution ne doit être prise qu'en l’absence de toute
autre filière. De plus, il faudra faire particulièrement attention aux risques
d'obstruction des réseaux pluviaux.
Il faut rappeler qu'il faut absolument éviter de brûler les déchets verts. Si aucun
texte national n'interdit le " brûlage ", certains règlements sanitaires dépar-
tementaux ou certains arrêtés municipaux peuvent l'interdire.

Boues de curage
Les boues de curage posent un problème, principalement lié au manque de
données sur leurs caractéristiques. La principale question est de savoir s'il
y a présence de substances dangereuses (HAP, plomb, cadmium).
Actuellement, aucune étude générique n'a permis de déterminer une com-
position moyenne en polluants pour les boues urbaines ou rurales.
photo : DDE

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Les déchets : du chantier de TP
à l’exploitation des routes

Cadavres d'animaux
La réglementation en vigueur est l'article L. 226-2 et suivants du code rural.
Après avoir prévenu la commune sur laquelle a été découvert le cadavre, il faut :
- pour les petits animaux, les enfouir avec de la chaux vive après accord de la com-
mune sur le lieu choisi ;
- pour les cadavres de plus de 40 kg, appeler l'équarrisseur qui se chargera gra-
tuitement de l'enlèvement (pour les gibiers, remplir conjointement la fiche " mor-
talité extra-cinégétique ").

Déchets ménagers des aires de repos


Ces déchets doivent être éliminés dans les installations prévues à cet effet
dans le département. Il convient alors de négocier la collecte de ces déchets
par la collectivité ayant cette compétence (les coûts de mise en décharge pour
déchets ménagers et assimilés varient entre 30 et 100 Euros/tonne).

Le cas des décharges sauvages


On appelle “décharge sauvage” une décharge non autorisée : ceux qui pro-
duisent les déchets ne peuvent être identifiés. Il faut les différencier des
décharges dites brutes, qui ont reçu une quelconque autorisation d'exploi-
tation mais ne respectent pas la réglementation en vigueur.
Il convient, dans tous les cas, de déterminer la présence de déchets dange-
reux (batteries, huiles de vidanges, acides…). Si aucun déchet dangereux n'est
à signaler, il faut amener les déchets à la déchetterie ou négocier la reprise
par la collectivité ayant compétence pour la collecte des déchets ménagers.

S'il y a présence de déchets dangereux, il faut les trier et les séparer des
autres déchets non dangereux. En cas de grande quantité de déchets dan-
gereux, un procès verbal de l'inspecteur des installations classées (DRIRE)
doit être demandé.
Dans tous les cas de figure, une extrême prudence est demandée lors de la
manipulation de ces dépôts : utiliser une pince manuelle ou des gants, pré-
voir une boîte hermétique pour les seringues.

Il faut garder à l'esprit que les coûts de mise en décharge sont :


- entre 5 et 10 Euros/tonne pour les décharges pour déchets inertes
- entre 30 et 100 Euros/tonne pour les décharges pour déchets ménagers et assimilés
- entre 150 et 1000 Euros/tonne pour les décharges pour déchets dangereux.

E 66 - Richard Bayle

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14
Les déchets utilisés
en technique routière
Ce sont les déchets utilisés pour la construction des routes

Les principaux déchets utilisables en TP sont de deux origines :


- les déchets issus des travaux publics : ce sont principalement les excédents de déblais
et les fraisats d'enrobés ;
- les déchets industriels : il existe une grande variété de déchets industriels déjà utilisés
dans la route, tels que les mâchefers, les cendres volantes, les laitiers, les sables de fon-
derie…
La diversité de ces déchets montre aussi la variance de leurs caractéristiques, liée aux pro-
cessus de fabrication : on ne peut assimiler un laitier de hauts-fourneaux à un laitier d'acié-
rie inox.

Réglementation concernant l'utilisation de déchets en TP


La réglementation s'était principalement intéressée aux caractéristiques géo-
techniques des déchets susceptibles d'être utilisés en techniques routières,
plus qu'à leur impact sur l'environnement. Les diverses normes et notes
d'information du SETRA en sont les preuves.
Il faut attendre l'arrêté du 16 avril 1991 relatif à la valorisation des sables
de fonderie pour que des recommandations environnementales apparaissent
dans la réglementation française. Il sera suivi par le texte jusqu'ici le plus abou-
ti sur le sujet : la circulaire du 9 mai 1994 relative aux mâchefers d'inciné-
ration d'ordures ménagères.
Près de 9 ans après cette circulaire, aucun nouveau texte national n'est venu
la compléter.

Une méthodologie de caractérisation du déchet par rapport à une utilisa-


tion donnée en TP est en cours d'élaboration par le ministère de l'écologie
et celui de l'équipement. Ce guide permettra aux industriels de fournir au
maître d'ouvrage les informations nécessaires pour connaître les avantages
et inconvénients concernant l'utilisation d'un déchet, ainsi que les scénarii
à proscrire.

Des guides régionaux ont anticipé, voir appliqué, une partie de cette métho-
dologie. On peut citer rapidement comme exemple le " guide technique pour
l'utilisation des matériaux régionaux d'Ile-de-France " ou les " guides tech-
niques régionaux relatifs à la valorisation des déchets et co-produits industriels "
du PREDIS Nord-Pas-de-Calais.
De plus, le LCPC de Nantes doit mettre en ligne courant 2003 une base de
données, concernant les déchets et matériaux hors spécification (projet
OFRIR : Observatoire Français pour le Recyclage dans les Infrastructures
Routières). Cette base est le fruit d'un partenariat multidisciplinaire, entre
les services centraux et techniques des ministères de l'équipement et de l'é-
cologie, les professionnels des TP, des déchets, les services déconcentrés de
l'équipement… La base servira de source d'informations sur les caractéris-
tiques géotechniques et environnementales de ces matériaux, ainsi que les
expérimentations connues (chantiers expérimentaux, ouvrages….). Elle per-
mettra de consulter sur Internet des fiches par catégorie de produits (mâche-
fers, laitiers, boues de curage…).
15
Les déchets utilisés en technique routière

Pour une bonne utilisation des déchets industriels


Evaluer les risques

La question principale à se poser, avant l'utilisation d'un déchet,


est : quels sont les risques engendrés par cette utilisation ?
Quels sont les risques de relargage de polluants type métaux
lourds, hydrocarbures ? Quels sont les risques pour la stabilité
de l'ouvrage ? Quelles sont les utilisations proscrites ? Pourquoi ?

Actuellement, tous ces éléments ne sont pas à disposition du


maître d'ouvrage (par manque d'essais environnementaux) ou
n'apportent pas de réponses utiles.

Afin de pallier ces manques, un guide " méthodologique " est


en cours de rédaction par les services, agences et laboratoires
des ministères de l'écologie et de l'équipement. Ce guide doit
permettre de constituer un dossier répondant aux principales
interrogations des maîtres d'ouvrage. Il explicitera les essais
aussi bien environnementaux que géotechniques à réaliser sur
un déchet pour une utilisation dans un scénario précis en tech-
nique routière (remblai, couche de forme, fondation…).
Afin de simplifier la tache des maîtres d'ouvrage et des ser-
vices techniques sur l'interprétation de ces dossiers, un comité
multidisciplinaire donnera un avis sur ces projets (comparable
aux avis CFTR pour la charte innovation).
Pratiquement, il faut rappeler que deux principaux tests envi-
ronnementaux sont classiquement appliqués pour évaluer les
risques de relargage d'un déchet :
- le test de lixiviation, test rapide permettant de mesurer la
quantité de certains polluants relargués à long terme par un
déchet ; ce test ne permet pas d'évaluer les pointes de relarga-
ge dans le temps ;
- le test de percolation (test en colonne), test long (environ 1 mois)
mais plus descriptif de la réalité que le test de lixiviation ; il per-
met d'évaluer les pointes de polluants dans le temps. Ce test pose
un problème pour les matériaux prenant en masse.
Le problème majeur est l'absence de seuils réglementaires pour
l’utilisation de ces déchets.
Toutefois, il est classique de comparer les résultats des essais
environnementaux à deux séries de seuils :
- les seuils pour la mise en décharge des déchets inertes : fixés
au niveau européen, ils garantissent une utilisation à risques très
faibles (seuils particulièrement sécuritaires) ;
- les seuils de la circulaire " mâchefers " : bien que ne devant
s'appliquer qu'aux mâchefers d'incinération d'ordures
ménagères, ils sont utilisés comme comparatifs.

16
Les déchets utilisés en technique routière

Protéger les travailleurs

Les données environnementales sur les déchets ont une seule préoc-
cupation : la protection des eaux des nappes phréatiques. C'est en
particulier sur cet aspect que sera étudiée la possibilité d'utilisa-
tion d'un déchet industriel par les agents de la DRIRE.
Il faut toutefois se renseigner sur les précautions d'emploi de ces
matériaux sur le chantier.
Bien évidemment, un des aspects à regarder sera les risques de
prises en masse en cas de pluie ou durant la mise en œuvre, mais
il faudra aussi s'interroger sur les risques pour les travailleurs, par
exemple en cas de manipulation de déchets contenant du plomb.
Des protections minimales doivent être envisagées pour éviter l'in-
halation de particules pouvant occasionner un risque pour la santé.

Il ne faut toutefois pas diaboliser l'utilisation de déchets en TP,


d'où la nécessité d'évaluer objectivement les risques (n'est-il pas
plus dangereux de manipuler du ciment à prise rapide que du
mâchefer ?). Ainsi, il est possible de citer comme exemple d'uti-
lisation de déchets industriels dans des infrastructures routières :
- l'A 43, preuve d'une forte volonté de l'Etat d’utiliser déchets et
matériaux recyclés (laitiers, compost, pneus…)
- l'utilisation de laitiers en couche de forme sur la RN 80
(les Baudots) et la RN 202 (Albertville) ;
- l'utilisation de mâchefers en couche de forme sur la bretelle de
Malzéville (Meurthe-et-Moselle) ou le périphérique de Lille ;
- l'utilisation de sables de fonderie sur RN 81 (Montbéliard) ou
la RN 67 ;
- l'utilisation de schistes houillers sur la RD 3 (Saint-Étienne) ;
- l'utilisation de la technique “ pneusol ” sur la RN 90
(Aigueblanche) ou la RN 88 (Pont sur Lignon) ;
- l'utilisation de pneus en stabilisation de terrain sur la RD 17
(Montaigut/Gave) ou la RN 76 ;
-…

17
Notes personnelles
direction
des Routes

Arche de la Défense
Paroi sud
92055 La Défense Cedex

Téléphone
01 40 81 14 77

Télécopie
01 40 81 19 30

Mail : en.dr@equipe-
ment.gouv.fr

Photo : DREIF

Contact : DR/REN
PAO : DR/RIC Gilles Jouanneau - Caroline André

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