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NOTE SUR LES BAINS DE DAMAS

Author(s): JACQUES DE MAUSSION DE FAVIÈRES


Source: Bulletin d'études orientales, T. 17 (1961-1962), pp. 121-131
Published by: Institut Francais du Proche-Orient
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41585284
Accessed: 19-11-2015 12:17 UTC

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NOTE SUR LES BAINS DE DAMAS

PAR

JACQUES DE MAUSSION DE FAVIÈRES

Parmi les monuments encore si nombreux que le temps et l'évolution des formes de
vie laissent subsisterà Damas, les bains publics, malgré leur intérêtd'ensemble et souvent
leur grand charme, formentune catégorie quelque peu déshéritée: en raison de la difficulté,
au moins apparente, de leur accès pour le visiteurétranger,ces édifices (dont la collection
formaitpourtant l'un des «cinq titresd'orgueil» de la capitale omméyade) (1) bénéficient
plus malaisément que d'autres monuments historiquesde l'intérêt du grand public. Après
vingt ans, le travail que leur a consacré M. Écochard (2) ne garde pas seulement sa valeur
documentaire. Son propos: l'étude souhaitée par W. Marçais d'un des «organes essentielsde
la cité musulmane» (3) conserve toute son actualité; enfin, l'évolution des bains confirme
l'appréhension qu'il exprimait quant à leur avenir (4). Aussi peut-on penser qu'il n'est pas
inutile de faire le point de la situation actuelle, en confrontantavec la liste exhaustive et
les renseignementsd'ordre divers présentéspar l'ouvrage de M. Écochard, le travail plus
récentde M. Salâh ad-Dïn al-Munaggad(5) et notreexpérienceprésentedes bains de Damas.

I. - Notons tout d'abord que dans notre perspective,il convient d'écarter de la liste
fournie par M. Écochard et groupant 60 bains, ceux qui avaient déjà disparu lorsqu'il
publia son étude. Ces bains étaient au nombre de sept (6) ; trois d'entre eux (hammam

(1) Cf. l'anecdoteconnue(in Sauvaire, Des- Citésouscetteréférence par M. Écochard,I, Avant-


criptionde Damas, Journal , mars-avril1896,
Asiatique Propos.
p. 187) où Ton voitle califeal-Walid,fondateur de (4) Op.cit.,I, p. 53. - EdmondPauty(Les
la GrandeMosquéede Damas,annoncer à la popu- Hammams du Caire, InstitutFrançaisd'Archéologie
lation «qu'il a voulu ajouterce cinquièmesujet Orientale,vol. LXIV, Le Caire 1933)présenteun
d'orgueilaux quatrequ'ils possédaientdéjà: leur bilan plus sombreencore(Intr.,p. 3). En faitles
eau, leurair, leursfruits,leursbains». dimensions et la richesse
décorative deshammams'du
(2) Les Bainsde Damas , en collaborationavec Caire rendentnécessairement plus frappantesleur
Cl. Le Cœur,P.I.F.D., 2 vol. 1942-1943. décadenceet leur dégradation.
(3) Comptes -rendus desSéancesde l'Académie (5) mm Dimašq , I (1947),pp. 1-20.
des Inscriptionset Belles-Lettres,1928,pp. 86-100. (6) Hammãm Rämi(n° 16); h.an-Néifirï
(n° 17) ;

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DE FAVIÈRES [2

al-Qanãtir, hammãm Sunqur, Sitti 'Adra) fontcependant l'objet de monographies,l'auteur


en ayant opportunémentdressé le relevé avant leur élimination.
Parmi les bains qui, bien que fermés,subsistaientlors de son enquête, signalons que
deux ont été rouvertset fonctionnentnormalement.Le premier,an-Nawfara (n° 25; WW
G3, 7), est situé à Bäb Gayrün, à quelques pas de la Grande Mosquée; le second, ai-Gura
(n° 13), dans le quartier de ce nom à l'intérieurdu rempart,à l'Ouest et tout près de Bäb
Tumã. En revanche,al-Bû§ï (n° 28), prisdans les constructionsnouvelles du suq Hamidïya,
a totalementdisparu. Les autres étaient au nombre de huit (1); deux seulement, al-Haräb
et al-Qisânï, pouvaient être en toute certitude attribués à l'époque ottomane, les autres
n'étant pas datés avec précision (2) ; un seul, le hammam ad-Dibs, avait été publié anté-
rieurementà la parution des Bains deDamas (3). Il fautajouter le bain privé du Bayt al-'Azm
(Palais Azem, n° 34) (4) dont la destinée ne pose naturellement pas les mêmes problèmes
que celle des hammams d'usage collectif.Ce dernierbain, toutefois,et malgré sa restauration,
est le seul à garder de l'intérêt avec la belle salle de déshabillage du hammam al-Qišán!
(unique reste de ce bain). Il n'en est plus de même pour celle d'al-Harâb, sinon pour quel-
ques détails de la façade éventrée,ni pour la coupole qui subsiste à peu près intacte d'al-
Mawsilï.

II. - Ainsi le nombre total des bains s'élevait-il alors à 53 (5), dont 41 en activité.

h.as-Serãya (n° 29; WW B4,2) ; érigéen waqfen faveurde la fiänaqäYûnisïyapar


(n° 27); h. al-Qanãtir
h. Sitti(Adrã (n° 31; WW D4, 6); h. al-Mãristãnal-Mu'ayyadŠayh,aprèsl'incendiequi détruisit les
(n° 32); h. Sunqur (n<>53; WW DIO, 1). boutiques sisesà Bâb al-Faragetprécédemment com-
Nous faisonssuivrele nom des bains de leur prisesdans le waqfde ce couvent.Qu'il se soitagi
numérod'ordre,donnépar M. Écocharden appen- d'un échangeou plutôtd'unefondation, l'origine de
dice du tomeI (pp. 55 sqq.) et utilisépar chacune ce bainremonte doncde toutefaçonau-delà 824 de
de ses monographies. H/1421,date de la findu règned'al-Mu'ayyad.
Nousy ajoutonslorsqu'ily a lieu,en le faisant (3) PubliédansDamaskus (p. 52 et planche54)
précéderdes initialesWW, la cote donnée par sousle nomde hammãm du nomde la mai-
al-Bafptfi,
K. Wulzinger et G. Watzinger aux bainscitéspar son et du marchévoisins.
eux (Damaskus, die islamische Stadt, De Gruyter, (4) PubliéparJ. Sauvaget, Monuments histo-
Berlin-Leipzig, 1924). riquesde Damas , Beyrouth 1932 (in n° 85).
Nous renverrons en notesles références et le (5) K. Wulzingeret G. Watzinger faisaient
commentaire de la Description de Damas , trad.Sau- figurer surleursplans34 bains, mais sans viser à un
vaire (Journal Asiatique , mars
-avril 1894 - mai -juin dénombrement complet.Un seul des hammams qu'ils
1896),en utilisant pourles derniers textesles abré- mentionnent avait complètement disparulors des
viationsemployées par Mlle E. Ouéchekdansl'éta- travauxde M. Écochard:Sba'a Qâ'at (WW E3, 8)
blissement de son IndexGénéral de la Description de ou les «SeptSalles».Ce bain,ravagéparun incendie
Damas(P.I.F.D., 1954). en 1893,étaitsituéauprèsde la Petitemadrasa'Adi-
(1) tfammãm al-Aylãni(n° 12); h. ad-Dibs (n° lïyaet faceau dãral-hadït de Nùrad-Dïn.Il corres-
15; WW G2, 10); h. Mangak(n° 21, mais cf. ci- pondait donc de façonpréciseà l'emplacement du
dessousnote25); h. al-Qisânï(n° 33; WW E4, 6); hammamd'Ibn Susek(ou Ibn Musek)de Sauvaire
li. al-Qdrï(n° 35); ìi. ar-Rkab(n° 42; WW F6, 5); (II, 306 n. 84; III, 425), appeléaussi (ibid.)«bain
h.al-Harãb(n°44; WW G5,6) ; h.dl-Maw$ili (n° 54). de la 'Açrûnîya». Maislesvestiges décritsdansDamas-
(2) Le bain 'Ayläni(ou 'Alãni), «situé en de- kus ne permettent aucunement de savoir s'il peut
horsde Bäb al-Farãdis»(.Description , VIII, p. 296), s'agir de l'édificeancien,d'un agrandissement ou
estmentionné dansle mêmetextecommeayantété d'une reconstruction.

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3] NOTE SUR LES BAINSDE DAMAS 123

Ces vingt dernièresannées, le développement intensifde la ville a eu pour conséquence la


fermetureou la suppression d'un certain nombre d'entre eux, qui ne répondaient plus
(comme nous le montreronsplus loin) à l'usage social pour lequel ils étaient conçus; la
fermetureétant souvent,de par les aménagementsqu'exige la nouvelle destinationde l'édi-
fice, une première étape vers la disparition.

A) - Quatre bains publics ont été entièrementabsorbés par des constructionsnou-


velles. Tous les quatre étaient en fonctionnementlors de l'établissement de la liste de
M. Salâh ad-Dïn al-Munaggad (1). Ce sont:

1°/ al-Hägib («à Sâlihïya, au Sud de la mosquée 'Umarïya»), bain du XVe siècle
publié par M. Écochard: n° 3, quartier d'Abû-Garas;
2°/ al -Malíka («sur la route qui mène au Mïdan, au Nord de la mosquée Darwïsïya») :
bain du XVIe siècle selon M. Écochard qui l'a publié (n° 30; WW C4, 4; quartier de
Qanãwãt), ramené par J. Sauvaget (2) à la date de 1130 H/1717-1718;
3°/ as-Sinânïya (près de la mosquée de ce nom), bain du XVIe siècle égalementpublié
par M. Écochard (n° 41; WW D5, 9; quartier de Bâb al-öäbiya);
et 4°/ al-Miskï (3) («près du ribãt d'Abü'l-Bayän») (4): n° 45, WW K4, 4; à Bâb
Tüma.

B) - D'autres, fermésdepuis lors, ont plus ou moins souffertde leur abandon ou de


leur transformation. A part le hammam al-Gadïd du Mïdan Sultani (n° 58; WW Cl 6, 2),
transforméen atelier de soudure, tous faisaient partie des bains étudiés par M. Écochard,
et leur sort respectifmérite d'être examiné. Nous classerons par ordre chronologique ces
différentsmonuments:

1°/ al-Buzûrïya (n° 36; WW F4, 21), «bain type du XIIe siècle» et jusque-là l'un des
mieux conservés(5), a été transforméen savonnerie. Si cette nouvelle destination semble
du moins assurersa conservation,elle ne laisse pas pour l'instant de le défigurergravement:
un mur, en effet,coupe en deux l'intérieurdu bain, séparant latrines et salle froide, locaux
affectésau dépôt des marchandises, du reste de l'édifice qu'utilise la fabrique;

2°/ as -Sultan (n° 11) ou al-Asraf (WW Hl, 2), le plus vaste et le plus beau des bains

(1) La listede M. Salâh ad-Din al-Munaggad tentque cependant, dansla première moitiédu dix-
comporte 28 bains.Il fautaujourd'hui en retrancherneuvièmesiècle,les voyageursanglaisAddisonet
également le bainar-Rkâbà Sâgûr.En revanche, de Buckingham en faisaientplus grand cas que «des
mêmequ'an-Nawfara et al-öüra, les hammams as- plusfameuxbainsdu Caire»(ibid.).De fait,lorsque
Sakäkri,ad-Dahab et aš-ŠayhHasan fonctionnentM. Écocharda vufonctionner à nouveaule hammam
actuellement et doiventreprendre place sur la liste al-Miskï,le tarifde ce bainétaitle plusélevéde tous
de 1961. ceuxde Damas (op.cit., I, p. 52).
(2) J. Sauvaget,Compte-rendu des Bainsde (4) Indicationfourniepar M. Salâh ad-Dïn
Damasin Journal , CCXXXIV (1943-1945), al-Munaggad.Sur ce ribãt,cf.Sauvaire,Description
Asiatique ,
pp. 327-332. IX, 377.
(3) K. Wulzingeret G. Watzinger ontvu ce (5) Cf.N. Elisséeff,Les Monuments deNürad-
monument à l'étatde ruine(Damaskus , p. 76); ilsno- Dïn,B.E.O. XIII (1949-50),pp. 25-26.

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de Damas, a plus gravement souffertencore, sans que sa qualité de monument historique


ait suffià empêcher les dégâts. Partagé entre des ateliers de teinturierset d'ébénistes, il a
subi des dégradations sensibles en ce qui concerne dallage et décors; surtout,pour obtenir
l'éclairage nécessaire au travail des artisans, de larges ouverturesont été pratiquées dans
ses coupoles, éliminant le dessin des culs-de-bouteille et défigurantl'ensemble;

3°/ al-Gisr (n° 4; WW DN la) (1) a été ferméaprès de sérieusesmutilations. Sa belle


façade Nord avait été ouverte pour y loger des boutiques, au-dessus desquelles apparaissent
les vestiges du décor: appareil dichrome, médaillon de pierres incrustées. Il en a été de
même pour ce qui subsistaitde la façade Ouest après la destructiondu portail: les brèches
ont été, depuis, sommairementcomblées. L'intérieur de la salle de déshabillage (que couvre
encore la pyramide tronquée signalée par K. Wulzinger et C. Watzinger) a, de ce fait,
pratiquement disparu; la boulangerie que M. Écochard avait connue cantonnée dans la salle
Nord de l'édifice (où il restituaitune ancienne salle de déshabillage) occupe maintenant
tout le reste du bain : salle tiède et salle chaude. Certes les boulangers se montrentfort
accueillants pour le visiteur, et leur activité garantit peut-être, là aussi, la conservation
de ce qui subsiste encore du monument. Néanmoins, l'ensemble où s'intégrait celui-ci a
subi d'irrémédiables dommages : après la constructiond'un mur et de boutiques contre
l'élégante façade de la madrasa Mãridãniya (2), la destructiondu portail et celle de la
façade Nord du bain lui-même, la dégradation de sa façade Ouest, le récent remplace-
ment du précieux linteau ouvragé de la madrasa, enfinles nécessairestravaux sur le Tawrâ
ont porté le coup de grâce au site dont M. Écochard signalait l'ancienne séduction;

4°/ ar-Ra's (n° 18; WW C3, 2) a cessé son activité peu après la parution du premier
volume des Bains de Damas. Son état est resté sensiblementle même que lors de cettepubli-
cation, la plupart de ses salles étant maintenant utilisées pour la récupération,la manu-
tention et le travail du caoutchouc de pneus;

5°/ le grand bain de Fathï «qui est celui de Fathí al-Daftardär,au Mïdan, rue d'al-
Mawsilï» (3), n° 55, WW D 12, 1, était encore en fonctionnementquand fut rédigé le travail
de M. Saläh ad-Dïn al-Munaggad. S'il est aujourd'hui fermé,il présentele cas exceptionnel
d'une parfaite conservation; transforméen entrepôt de grains, il bénéficie d'un entretien
soigneux; de plus, ses usagers semblent ne pas ignorer son intérêt et permettentsa visite
avec beaucoup de bonne grâce, - prouvant par l'exemple que la fermetured'un bain
pourrait ne pas préluder à sa dégradation et à sa mort;
6°/ le hammãmal-Hayyâtïn (n° 39; WW E5, 6), depuis longtemps déjà transformé
en atelier de tissage, est lui aussi entretenuconvenablement;

7°/ le hammämal-Qadï (n° 38), en revanche, bien que plus récemment fermé, reste
actuellement abandonné et semble devoir tomber en ruines;

(1) Décrit avec précisiondansDamaskus sous youbides , fase.3 (P.I.F.D. 1948),pp. 119-
de Damas
ce numéro.Photographie du portail(n° 23 a), plan 130.
partiel(planche58). (3) Indicationdonnéepar M. Salâh ad-Dïn
(2) Publiée par J. Sauvaget, Monuments -
Ay al-Munaggad, op.cit.

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5] NOTE SUR LES BAINSDE DAMAS 125

8°/ enfin le hammamal-Manâçlïya (n° 19) est partagé entre plusieurs boutiques et
ateliers (1).
On voit que sur ces huit bains dont aucun n'est dénué à quelque titre d'un plus ou
moins grand intérêt, deux seulement présentent après leur fermetureet dans leur état
actuel, une conservation satisfaisante.Encore ces deux bains, quoique beaux (2), n'étaient-
ils pas ceux dont la sauvegarde aurait eu le plus de prix; les dommages subis par les hammams
al-öisr et surtoutas-Sultan sont, par contre, tout particulièrementregrettables.
Quant aux monumentsdétruits,la parenté entre al-Hâgib et al-Gisr rend plus fâcheuse
la disparitiondu premierdoublée de la dégradation du second, même si cette superbe série
de bains du quinzième siècle a conservé en excellent état le plus beau de ses représentants:
le hammam at-Tayrûzï (n° 49; WW B7, 2). De même, on ne peut que déplorer sans réserve
la destructiondes grandset richesbains d'époque turque: al-Malika et as-Sinânïya, dont nous
ne trouvons plus à Damas l'équivalent satisfaisant, ni avec ar-Ra's ou al-Bakrï (n° 24;
WW J3, 2), l'un trop remanié, l'autre par trop modeste, ni avec les édificestardifsque sont
al-Hayyâtxn ou FathL

III. - Si maintenant, faisant abstraction des bains disparus ou fermés,nous consi-


dérons ceux qui restentà l'heure actuelle en fonctionnement,nous pouvons aisément les
grouperpar quartiersou par groupes de quartiers. Mentionnons d'autre part, pour les bains
intéressants,la date que leur architectureconduit M. Écochard à leur assigner (nous ren-
verronsen note, pour plus de commodité, le commentairede certaines de ces attributions):
nous obtenons la liste suivante:

Šarkasíya : 2 bains : al-'Afïf (n° 1; XIIe siècle) ;


al-Muqaddam (n° 2; XIVe siècle?) (3);

SüQ,Särügä, 'Uqayba : al -Ward (n° 5; XIVe siècle) (4);


7 bains : al-Gawza (n° 6; XIIe/XIIIe siècle);
al-Hângï (n° 7) ;

(1) Bainreconstruit à une époque sansdoute waqfen faveurde la fiãnaqã 'Izzïyaun foursituéau-
à
tardive l'emplacement même de l'ancien hammam près de lui. Il estvraique l'acteremonte
si à 696 H/
al-Quçayr : cf. J. Sauvaget, Compte-rendu , loc.cit., 1296, il n'aurait étéenregistré qu'en 884 H/1479;on
p. 329. peut toutefois y trouverun de
argument probabilité
(2) Le bain de Fathï s'imposeincontestable-appuyantla date approximative (XIVe siècle) pro-
mentà l'attention parsesdimensions, sa composition
poséepar M. Écochardpource bain.
et sa richesse;quant au hammamal-Hayyâtîn,
J. Sauvagetvoit en lui le «bain typede l'époque (4) La Description deDamas(IX, 381) situele
ottomane»(.Monuments historiquesde Damas , p. 86). «rebât d'az-Zarrâr au quartier du Petitmarchéde
Notonsque J. Sauvaget,se ralliantà la datation Sâroûdjâ,en dedansde l'impasseoù se trouveBers-
proposéepar M. Écochardpour ce dernierbain,la bay, le chambellan,au Nord de son bain». En
confirme par une inscription d'Ismâ'ïl Paša (Ree. conséquence,J. Sauvaget (Compte-rendu , loc.cit.,
Schefer,n° 148) en date de 1131H/1718-1719 p. 330) abaissela date de la construction du bain
(Compte-rendu, op.cit p. 331). aux alentours de cellede la mosquée: 830H/1426-
(3) Une mention de ce bain figureselonal- 1427.- Mentions du baindesRosesdansla Descrip-
'Almawï(Sauvaire,VIII, 287) dansl'acteconstituanttionen VI, 467; XI, 254; G", 246.

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126 JACQUESDE MAUSSION
DE FAVIÈRES [6

al-'Umarx (n° 8; WW El, 2 ; XIIe/XIIIe s.) ;


Ammüna (n° 9; XIIe/XIIIe s.) (1);
as-Sakãkri (n° 10; WW Fl, 7);
al-Qaramânï (n° 14; WW C2, 5);
'Amära, Bãb-al-Bar!d : al-Mälik az-Zähir, ou al-'Aqïqï (n° 20; WW E3, 3;
4 bains : Xe siècle) (2) ;
Sãmi (bain d'Osama: n° 22, WW G3, 4;
début XIII« s.) (3);
an-Nawfara (n<>25; XVIIe/XVIIIe s.);
as-Silsila (no 26; WW F3, 6; XIIe ou XIIIe s.) (4);

Qaymarïya, Bãb Tumã: al-Qaymarïya (n° 23; XIVe s.);


3 bains : al-Bakrï (n° 24; WW J3, 2; XVIIe s.) ;
al-öüra (n° 13);

Qanãwãt : 3 bains : al-Haddâdïn (n° 37 ; WW C5, 4) (5) ;


al-Gadïd (= al-Qammâhin; n° 40; WW C5, 8) ;
'Izz ad-Dïn (n° 46) ;
Sägür : 3 bains : an-Nâsirï (n° 43; XIVe s.);
as-Safï (n° 47 ; WW F6, 1 ; XIIIe s.) (6) ;
as-Surugi (n° 48; WW G7, 1 ; XIIe s.) ;

(1) Aucunbain ne figure sous le nomď Am- dateurdu hammamal-'Aqïqï.Al-'Almawï placesa


münadansla Description. Mais la hãnaqãNahhâssïya morten 368H/979(III, 421); Ibn Ghâker, en 378H/
y estlocalisée(VIII, p. 291) «au Norddu bain de 988 CO.T p. 377). Mentionen G', p. 438.
Chodja',à l'extrémité du cimetièred'al-Faradis».Ce (3) Sauvaire,III, 397; X, 395; X, 408 n. 34.
couventsubsiste, et permetd'identifier l'actuelham- - Le hammamSãmi a étépubliéparJ.Sauvaget,
mamAmmûna aveclebainde Chodja'.Unerecherche Un baindamasquin du XIIIe siècle
, SyriaXI (1930),
(qui dépassenos moyensautantque notrepropos) pp. 370-380.
sur ce personnage pourraitpeut-être permettre de (4) Le toponymeancien de hammamas-
dateravec certitude notrebain. Notonsseulement Silsilan'appartenait pas au baindésignésousce nom
qu'en614H/1218, selonIbn Katir(inSauvaire,III, par M. Écochard(bainn° 26) commepar K. Wul-
469,n. 131),meurtle riche«ech-Chodja* Mahmoûd, zingeret G. Watzinger(F3, 6), situéen facede la
connusous le nomd'ebn ed-Dammâgh..., l'un des maisond'enseignement du Goranal-Ihnâyya.Get
amis d'el-'Adel,qu'il faisaitrire». La probabilité actuelbainas-Silsilaportait chezIbn 'Asäkir(édition
d'uneattribution à ce personnage ne nousparaîtpas de Salâh ad-Dinal-Munaggad, deVAcadé-
Publications
négligeable,tantparcequ'il s'agitd'unepériodecor- mieArabedeDamas)le nomde «bainde Mu'ayyad»
respondant presqueexactement aux conclusions de (p. 163).M. Salâhad-Dinal-Munagèadrestitue d'au-
M. Écochard{op.cit.,II, p. 140: findu XIIe siècle, trepartson nomd'as-Silsilaau bain situé«dansla
XIIIe au plus tard),que parceque ce personnage ruequi mèneà la madrasaSarïfiya desHanbalites»:
étaitapparemment fortconnu: cf. Description , III, il s'agitdu bain (toutproche)n° 21 de M. Écochard,
401, à proposde la fondation par sa femmede la contiguà WW F3 7. Ge bain n'estplusen activité.
madrasaDammâhiya. Ajoutonsque cettedatation (5) SelonJ. Sauvaget {Compte-rendu, loc.cit.,
seraitcorroborée la
par remarque J. de Sauvaget p. 330), le bain al-Haddâdïn ne serait
autre que le
, loc.
(Compte-renducit.,p. 330) rapprochant certains hammâm al-Marâdnïya, daté par une inscription
détailsde ce baindu mausolée d'IbnSalama(61OH/ de 1147H/1734-1735.
1213). (6) «Qui estle hammamd'aç-SafiIbn Sukr»
(2) Deux noticesdans Sauvaire sur le fon- (Salâh al-Dïn al-Munaööad, op.cit.).

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7] NOTE SUR LES BAINSDE DAMAS 127

Suwayqa, Qabr 'Ätika : at-Tayrûzï (n° 49; WW B7, 2; XVe s.) ;


4 bains : az-Zayn (n° 50; WW D7, 3; XIVe s.) (1);
ad-Dahab (n° 51) ;
as-Sayh Hasan (n° 52) ;
Mídãn : 4 bains : ar-Rifa'ï (n<>56; WW D13, 2; XVIe s. ?) (2);
al-cAqïl (n° 57) ;
ad-Darb (n<>59; WW C17, 2; XIVe s. ?);
at-Tûta (n° 60).

Soit un total de 30 bains en activité,dont la répartition(en date et sur le terrain) peut


permettrede dégager certaines conclusions en ce qui concerne leur conservation, d'avancer
certains pronosticsen ce qui concerne leur avenir. Considérons en effetles groupes qu'ils
forment,en examinant le genre de vie de leur clientèle d'ensemble et le type d'habitat du
quartier :

1°/ Sarkasïya garde de nombreux caractères de la cité autonome qu'elle étaitnaguère


encore (3) : dans son décor de constructionsanciennes, elle conserve ses souks particuliers
et quelques éléments de son artisanat,justifiant l'activité traditionnelledu hammam al-
Muqaddam, au cœur du quartier, et ďal-ťAf!f, qui dessertbien davantage le secteur Ouest
de Sarkasïya que la rue de Sâlihïya sur laquelle il s'ouvre. Mais le développement considéra-
ble (et toujours en cours) du quartier de Mazraa dans l'angle des avenues qui, de la place
Ghahbandar, montent l'une à la mosquée du Sayh Muhyï ad-Dïn, l'autre à la madrasa
Ruknîya, a créé au Sud-Est de Sarkasïya une zone de constructionsmodernes abondamment
équipées en eau: de ce fait le hammam al-Hâgib, bâti par surcroîtsur un terrain dont la
valeur foncièrese trouvait multipliée, apparaissait nécessairementcomme condamné.

2°/ Suq, SärüöÄ et 'Uqayba formentun quartier d'époque mamelouke (et même ayyu-
bide pour certains éléments) (4) presque entièrementhomogène, à l'exception d'une rangée
d'immeubles modernes formantsur la rue Faysal, au Nord de la mosquée Mu'allaq (5)
une façade qu'interromptla bâtisse frusteet ancienne d'un hân. Très animé mais voué à
), ce quar-
un petit commerce de détail et de qualité courante (c'est la formuledes suwayqat
tier garde à la fois son cadre ancien, l'ensemble de ses monuments et son rythmede vie
conservateur;cela s'ajoute à l'étroite imbrication des vieilles constructionsentre elles, pour
expliquer l'abondance, la survie collective et même l'activité exceptionnelle de ses bains.

(1) Ce bain ancien (Sauvaire, XI, 223) a au débutdu XVe siècleau plustard,J. Sauvaget
sansdoutesubiau XIXe siècleimerestaurationra- ( Compte-rendu, loc.cit.p. 330) juge impossible d'abais-
dicale,puisqueK. Wulzingeret G. Watzinger le ser jusqu'au XVIe siècle la date du bain de Damas.
ans
datent(moinsde cinquante après) de 1289H/ (3) Cf. J. Sauvaget, DécretsMamelouks deSyrie
1872ou 1873. (.B.E.O., II, fase. 1, 1932): in n° 5, pp. 18-20.
(2) S'appuyantsur une étude consacréeau (4) Ibid.ydécretn° 9, pp. 26 à 30.
bain d'Iznik (archétypeprobable du hammam (5) Monuments historiques de Damas, n° 70;
remonte WW E2, 5.
ar-Rifa'!)et suivantlaquellece monument

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128 JACQUESDE MAUSSION
DE FAVIÈRES [8

3°/ 'Amära et Bäb al-Bar!d, dans un décor parsemé de monumentsanciens,sont pour-


tant sollicités par un rythmeplus moderne d'activité: des ateliers de soudeurs avoisinent
Bâb al-Farag, des magasins et des bureaux se sont installés dès la fin de l'époque ottomane
au Sud-Ouest de la citadelle et auprès du dar al-haditde Nur ad-Dïn. Si le vieux bain
d'al-'Aqïqï, très fréquentéen particulierle soir, desserttout le quartier sans distinctionde
classe sociale, il semble qu'à l'Est de la grande mosquée, les hammams Sãmi et an-Nawfara
(situés dans des rues dont le caractère local reste plus nettementmarqué) gardent plutôt
une clientèle bourgeoise d'habitués, souvent d'un certain âge ou d'un certain rang (com-
merçants aisés, officiersparfois). Quant à as-Silsila, réservé aux hommes et tout proche de
la grande mosquée, il continue à se remplir de clients à l'approche des heures de prière,
comme M. Ëcochard l'avait déjà noté.

4°/ A l'Ouest de la grande rue de Bâb Tümä, les bains d'AL-QAYMARÏYAet d'al-Gùra
se partagent la clientèle musulmane de ces vieux quartiers,dont le caractère populaire s'est
accentué avec le départ et l'installation extra-murosde nombreux chrétiensaisés. Al-Bakrï
reste le bain préférédes chrétiens: mais en dépit de la disparition du hammam al-Miski,
qui le concurrençaità ce point de vue, il ne reçoit plus tant les habitants du voisinage im-
médiat, que des groupes établis à l'extérieur des remparts et bénéficiant d'un moindre
confort: ainsi la population de l'étroit et dense quartier arménien.

5°/ Qanäwät présente le développement d'un urbanisme moderne (s'exerçant princi-


palement de la gare du Higãz jusqu'au sùq Hamïdïya le long de l'avenue an-Nasr, et de là
versle sudjusque devant Bãb al-Gãbiya) (1) qui tolère la conservationde quelques mosquées
anciennes, mais élimine progressivementles blocs de vieilles maisons en rectifiantle tracé
des rues. Les exigences de cet urbanisme ont entraîné la destructiondes bains d'époque
turque, al-Malika et as-Sinânïya; mais le maintien d'une clientèle de modestes boutiquiers,
d'artisans et de campagnards de passage a sauvegardé l'existencedu hammam al-Haddâdïn
(toponymecaractéristiqued'une clientèleinchangée) à proximitéimmédiate, et un peu plus
loin, à l'écart de la grande artère, là où le faubourg garde un caractère plus visiblement
archaïque, des bains al-Gadïd et 'Izz ad-Dïn.

6°/ A Sägür le rythmede vie sera sans doute sérieusementmodifiélorsque l'élargisse-


ment de la rue de Hassan al-Harrät, effectuéà partir du sùq de Midhat Paša, atteindra
Bâb Sagïr. Il n'en est rien encore, et l'avenue qui se dessine est surtout utilisée à l'heure
actuelle par les voituriersqui y garentleurs charrettes.D'autre part, si le jeu des sens uniques
accroît la circulation automobile sur l'itinéraire qui de la rue al-Amïn (issue méridionale
de la vieille ville) rejoint la route du Mïdân, le fait n'empêche pas ce secteur de conserver
(hors les murs) certaines activitésartisanales des plus traditionnelles:verreriesà Bâb Sagïr
et près de la mosquée al-Garrãh, boiseries ajourées et incrustéesà Mazzãz. Ces quartiers

(1) Cf. N. Elisséeff,Corporations


de DamassousNûrad-Dïn{Arabica,
III, 1,janvier1956): dispari-
tionà cetteplace du marchédes Saqatiyyûn
(n° 38, p. 72).

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Pl. II

Hammamat-Tûta

Hammamal-ôadïd

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Hammämal-Hayyãtin

HammamFathï

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Pl. VI

Hammamal-Malika (clichéAzad)

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PL VII

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PL X

Hammãmas-Silsila

Hammãmas-Sultãn

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PL XI

Hammãmar-Ra's

HammãmFathï

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PL XU

Hammamal-Malika (clichéAzad)

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9] NOTE SUR LES BAINSDE DAMAS 129

anciens et populaires restentfidèles aux trois bains survivants,malgré la vétusté aggravée


d'an-Nâsirï en particulier.

7°/ Les bains de Qabr 'Ätika et de Suwayqa ne semblent pas devoir être menacés
à brève échéance: le centre d'activité de la ville, en se déplaçant vers le Nord, laisse ces
anciens quartiers résidentielsà l'écart. Le hammam du Šayh Hasan est à part, et participe
déjà à la vie du Mïdan; pour les autres, le rythmed'existence et le mode de construction
ancien du quartier contribuenttous deux à expliquer leur survie. Leur clientèle est à peu
près identique, semble-t-il,malgré l'extrême disparité d'allure de ces édifices: qu'on com-
pare l'unique bain à façade de pisé qui se rencontre à Damas, le hammam ad-Dahab,
au vaste et somptueux bain de Tayrùzï!

8°/ Au Mïdan enfin,les nombreuses activités artisanales (travail du bois, de la laine,


du cuivre) ou seulement commerciales (vente des poteries), destinées surtout à satisfaire
la demande d'un public campagnard, maintiennentun caractère moins archaïque que semi-
rural, en quelque sorte «villageois». Dans ce cadre conservateur,le bain public continue
à répondre à une incontestablenécessité.Aussi la fermeturedu hammam Fathï (transformé
en han) et d'al-ôadïd (devenu atelier) est-elle compensée par la grande activité maintenue
aux bains ar-Rifa'ï et ad-Darb, leurs concurrentsrespectifs.Quant à la densité ou à l'im-
brication des maisons bâties à l'ancienne, elles ne seraient pas ici de nature à empêcher la
destructiondes bains, le jour où ceux-ci perdraientleur rôle: at-Tûta, qui subsiste,se trouve
contigu à un grand immeuble moderne, le seul encore, ou à peu près, du quartier !

Nous pouvons, à l'issue de cette rapide revue, préciser nos conclusions. Comme l'avait
prévu M. Écochard, la présence et l'activité ancestrales du hammam devaient difficilement
résisterà la constructionde logements modernes, répondant à des habitudes de vie et
d'hygiène différentes;le bain public survitdonc lorsque se réalise l'une au moins des con-
ditions suivantes:
- maintien provisoired'un cadre de vie imposant certaines coutumes anciennes, qui
trouventleur explication dans ce cadre. Nous songeons en premierlieu aux vieilles demeures
insuffisamment pourvues d'installations balnéaires, mais aussi à l'extrême densité de l'ha-
bitat, à l'étroitefamiliaritéentrevoisins,au rythmecollectifde la prière et du travail. C'est
naturellementle cas des quartiers les plus anciens, enserrés dans les remparts ('Amara,
être
Qaymarïya, Bab Tůma et même encore Šagůr) ou de contexture trop étroite pour
reconstruits- sinon intégralement(Sùq Sârûgâ). C'est donc là, non moins naturellement,
que se sont conservés les bains les plus anciens, restés en fonctionnementdepuis l'origine
tel l'antique bain d'al-Mâlik az-Zãhir: il est frappantde remarquer qu'à part lecas (unique)
du hammam al-Buzùrïya, tousles bains antérieursau XIVe siècle qui se trouvaienten service
en 1936 le sont encore aujourd'hui;
- relative stagnation d'un quartier dont le centre économique de la ville s'éloigne
et que n'avoisine aucune grande voie de transit. C'est le cas des quartiers qui furent
XVII. - 9
B.E.O.yTome

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130 DE FAVIÈRES
JACQUESDE MAUSSION [10

résidentielsau XVe siècle et sous les Ottomans (partie méridionalede Qanãwãt, Suwayqa)(l)
d'où en particulier la survie du hammam at-TayrüzL La contre-épreuve est la disparition
des bains du XVe siècle et de la période turque situés dans des quartiersau passé similaire,
mais transforméspar le déplacement du centre vers le Nord (d'où la destructiondu bain
d'al-Hâgib) ou par l'animation d'une grande artère (fermeturedu bain d'al-öisr, dispari-
tion des hammams al-Malika et as-Sinânïya) ;
- ou enfin,échanges nombreux et incessantsavec une population conservant davan-
tage ses habitudes traditionnelles: c'est le cas du Mïdan. Le double rôle de voie de passage
et d'entrepôt constammentjoué par ce quartier (2) rend compte de la grande diversité
d'époque de ses bains, dont la conservation doit assez peu aux facteurs précédemment
décrits.
Bains nombreux encore, conservation toute particulière des plus anciens, état moins
satisfaisantdes hammams désaffectés,telle est la situation si l'on considère les monuments
pour eux-mêmes. Habitude encore bien vivante dans les milieux populaires, mais pour
laquelle une grande partie de la bourgeoisie accentue sa désaffection,tel est le diagnostic
qu'impose apparemment l'étude de la vie actuelle des bains de Damas. L'évolution sur ce
second plan ne paraissant guère réversible,il est probable qu'à terme,seule sa valeur histo-
rique et artistique devra protégercette belle collection d'édifices à l'harmonie fonctionnelle
souvent parfaite et à la délicate diversité.

Damas, décembre
1961.

(1) Cf.Esquissed'unehistoire
dela villede Damas, la Direction
Générale et Muséesde Syrie)
desAntiquités ,
par J. Sauvaget {RevuedesEtudesIslamiques , VIII, pp. 121-122.
(1934), p. 471) et Aspects
de VancienneDamas,par (2) J. Sauvaget, Décretsmamelouks
..., op.cit.
SelimAbdul-Haket Khaled Moaz {Publications de n° 5, pp. 17 et 20.

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131

LÉGENDE DES PLANCHES


PLANCHE I
a) Hammamat-Tayrûzï(n°49; WWB7,2),façadeet coupolede la sallede déshabillage (XVe siècle).
b) Hammamas-Sultãn(n° 11; WW Hl, 2), coupolede la salle tiède autourde laquelle s'ordonne
l'édifice(XIVe et XVe siècles).A l'arrière-plan, minaret de la mosquéeas-Sãdãt(WW Hl, 4).
PLANCHE II
a) Hammamat-Tûta(n° 60) : derrière la terrassede la sallede déshabillage, coupolesdu bain pro-
prement dit.Disposition caractéristique de la sallechaude (voûteoblongue) et de la salletiède (au centre)
flanquées de leursmaqçûra .
b) Hammamal-ôadïd (n° 40; WW C5, 8), partiearrièrede l'édifice;à gauche,portede la chauffe-
rie,prèsde laquellestationne la charrette du zabbãl,voiturier chargéde l'approvisionnement en combustible.
PLANCHE III
a) Hammamal-'Aqïqï(n° 20; WW E3, 3) : rebâtià l'époqueottomane pourla dernière fois,il utilise
le dispositif d'un bain du Xe siècleauquel il a succédé.A l'angle de ses murs,une colonneantique
(enceinte extérieure du templede Jupiter Damascénien) .
b) Hammamal-Buzùrïya (n° 36; WW F4, 21), coupolede la salle de déshabillage.Bien que son
aspectla rapproche de seshomologues mameloukes, elle a remplacéà l'époqueottomane la coupoleà côtes
qui subsistait à la findu XVe siècle: cf.J. Sauvaget, Uneancienne de Damas au muséedu
représentation
Louvre , B.E.O., t. XI (1945-1946), p. 8 et p. 9, note1.
PLANCHE IV
a) Hammamal-Qadï (n° 38), le portail(XVIIIe siècle).Le bain a été reconstruit à cetteépoque
surl'emplacement d'un hammambeaucoupplusancien.
b) Hammamal-Öisr(n° 4; WW DN 1 a), façadeNord.La pyramide tronquée remplace unecoupole
surtambour à seizecôtés(XVe siècle).
PLANCHE V
a) Hammamal-Hayyàtïn(n° 39; WW E5, 6), coupoleà nervures de la salle de déshabillage
(XVIIIe siècle).Décorpeintdatantde la restauration du bain (XIXe siècle).
b) HammamFathï(n° 55; WW D 12, 1), la façade (XVIIIe siècle). La coupolea récemment été
remplacée par unecouverture de charpente, etuneportea étépratiquéeà la placed'unedesquatrefenêtres.
PLANCHE VI
Hammamal-Malika (bain d'époque turque,aujourd'huidisparu;n° 30, WW C4, 4): la salle de
déshabillage. Un mihrâbdomineles banquettes de reposde l'ïwânoù estinstalléun client(à droite)et où
s'affairent deuxdomestiques de l'établissement; à gauchedu bassin,le masseur(mudallik , mukayyis) (1).
PLANCHE VII
Hammamat-Tayrûzï(cf.plancheI, a) :
a) la sallefroide, qu'utilisentsouvent commesallede déshabillage les clientsâgés. La nicheà décor
d'alvéolesfaitfaceà un bassinprésentant un motif correspondant;
b) la salletièdeavec,devantla nicheornéed'une conque,une cuve d'ablution;à droite,entrée
d'unemaqsüra.
PLANCHE VIII
HammamFathï(cf.plancheV, b) :
a) la sallefroide, fontaine ornementale. Commedans le bain précédent, fontaineet banquettesde
reposse fontfacede partet d'autrede l'axe du bain;
b) la salletiède: planrectangulaire et enlargeur, fréquent à partirdu XVIIIe s.,etported'unemaqçwra .
PLANCHE IX
a) Hammamal-ôadïd (cf.plancheII, b), coupolescouvrant le couloird'accèsà la sallefroide.
b) Hammamas-Silsila(n° 26; WW F3, 6), coupolette d'unemaqçûra desservant aujourd'huila salle
froide, maisrattachée parle plandesvoûtesà la sallechaude(XIIe ou XIIIe siècle).
PLANCHE X
a) Hammamas-Silsila(cf.plancheIX, a), voûtede la sallefroide:rachatdu carréà l'octogoneet
conquesà septbranches(mêmedécorau hammamal-ťUmari, n° 8, WW El, 2).
b) Hammamas-Sultãn(cf.planchesI, b), voûtede la sallechaude:rachatdu carréau dodécagone.
PLANCHE XI
a) Hammämar-Ra's(n° 18; WW C3, 2), décorde stucdans la maqçûra Ouest de la salle centrale
(findu XVIe siècle).
b) HammamFathï(cf.planchesV, b et VIII, a et b), décorde stucdansla sallefroide.
PLANCHE XII
Approvisionnement du foyeren combustible (sciure,crottin séché,paillehachée). Photographie prise
au hammamal-Malika,cf.plancheVI.
(1) Noustenonsà exprimer notrereconnaissance à M. Azad Boyadjian, qui nousa trèsobligeamment
autoriséà utiliser, pourlesplanchesVI et XII, sesclichésdu hammamal-Malikaaujourd'hui disparu.

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