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FORMATION ASSEMBLAGES BOULONNES N°1 -

PRATIQUE DU SERRAGE
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SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS

Symboles Définitions
(unités)
Re (MPa) Limite d’élasticité du matériau

Rm (MPa) Résistance à la traction du matériau

F0 (N) Précharge ou force de serrage

C (N.m) Couple de serrage

Seq ou As (mm²) Section équivalente


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1 - OBJET

L'assemblage boulonné ou vissé est, depuis fort longtemps, un mode de fixation très utilisé en
mécanique pour fixer ou relier deux pièces entre-elles. Son principal avantage est la rapidité et la
facilité de démontage.

La conception d'un assemblage boulonné paraît, en première approche, assez simple mais nécessite
cependant une étude rigoureuse et méthodique, afin d'éviter d'éventuelles erreurs pouvant entraîner
de lourdes conséquences.

Il est donc important de bien connaître le comportement mécanique d'un assemblage boulonné, les
différentes sollicitations auxquelles il est soumis et les actions pratiques qui peuvent être entreprises,
tant à la conception qu'au montage, afin d'assurer la meilleure qualité et fiabilité.

Le présent document expose les principales bases et caractéristiques d'un assemblage boulonné ainsi
que les démarches nécessaires d'une part, lors de sa conception et de sa réalisation, et d'autre part,
lors de son montage.

Il est principalement orienté sur l'un des éléments majeurs de l'assemblage : la vis, puis sur la notion
de précharge qui est un des facteurs prépondérants pour la bonne tenue de l'assemblage.
Ce document ne traite que des assemblages soumis à des contraintes de sécurité et/ou à de fortes
sollicitations. On ne considère pas ici les assemblages de maintien.
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2 - LES ÉLÉMENTS D'UN ASSEMBLAGE BOULONNÉ

Un assemblage boulonné idéal doit répondre à deux impératifs essentiels :

- Remplir correctement la fonction précise qui est de lier les pièces constituant l'assemblage en
évitant tout glissement ou décollement et de permettre aisément leur démontage ;

- Assurer cette fonction au moindre coût global (étude, choix des vis et des pièces, réalisation, ...).

Dévissage

En règle générale, un assemblage boulonné comprend la vis, les pièces à assembler, l'écrou ou le trou
taraudé. Il est également assez fréquent d'utiliser une ou des rondelles placées, soit sous la tête de vis,
soit sous l'écrou ou bien sous les deux pour améliorer la tenue de l'assemblage.

Boulonné Goujonné Vissé

3 - NORMALISATION

Toutes les normes relatives aux assemblages boulonnés sont regroupées dans un catalogue édité par
l'AFNOR et renouvelé chaque année.

Les deux principales normes utilisées pour les assemblages boulonnés de structure sont :
- NF EN ISO 898-1 : caractéristiques mécaniques des éléments de fixation - Partie 1 : boulons, vis et
goujons (norme européenne);
- NF E 25-030 : assemblage vissés - Conception, calcul et condition de montage.

Les principales définitions et unités utilisées dans ce document sont :


Résistance à la rupture : Rm en MPa ou N/mm2
Limite d'élasticité apparente : Re en MPa ou N/mm2
Contrainte : σ en MPa
Section équivalente de la vis : Seq en mm2
Couple de serrage : C (ou T pour "torque") en N.m
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4 - CARACTERISTIQUES DES VIS, ECROUS ET BOULONS

Les vis, écrous ou boulons sont caractérisés par leur classe de qualité et non pas par une nuance de
matériau.
Les classes des vis et boulons sont symbolisées par deux nombres (ex. : 8 - 8) situés en général sur la
tête de la vis.

Classe de qualité pour une vis en acier


symbolisée par 2 nombres : X - Y

Rm min = X x 100 Re min = X x Y x 10

Exemple : vis de classe 8-8


Rmmin = 8 x 100 = 800 MPa Remin = 8 x 8 x 10 = 640 MPa

Les classes des ECROUS sont symbolisées par un seul nombre


Exemple : un écrou de classe 8 doit pouvoir subir une contrainte de 800 MPa sans déformation
notable.

BOULON : Symbolisation identique à celle d'une vis


Exemple : un boulon de classe 10 - 9 est constitué par :
- une vis de classe 10-9 et un écrou de classe 10

VISSERIE INOX

70 R x10 m

Type d’acier
A : acier austénitique
C : acier martensitique
F : acier ferritique
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Elément d’alliage
Exemple A2-70 : acier austénitique – nickel + chrome – Rm = 700 MPa
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5 - TENUE MECANIQUE D'UNE VIS

5.1 - Tenue statique

L'évaluation de la tenue des boulons demande des calculs complexes du fait qu'il est extrêmement
difficile d'estimer réellement les contraintes en fond de filet.
Les différents efforts transmis, statiques ou dynamiques, sont les suivants :
- traction pure (effort axial centré),
- traction + flexion (effort axial excentré),
- effort transversal (cisaillement),
- traction + flexion + effort transversal (sollicitation composée).
- torsion liée au serrage

La charge maximale en absence de serrage qu'un boulon peut supporter sans se déformer notablement
lorsqu'il est soumis à un effort de traction axial peut être évaluée à :
F max = 0,9 Re min x Seq
où Re min = limite d'élasticité minimale de la classe de qualité considérée,
où Seq = section équivalente de la vis.

Exemple : pour un boulon de 12 x 1,75 de classe 8-8


Seq = 84,3mm2
Re min = 640 MP F max = 48 900 N

Elle est également appelée charge d'épreuve dans les normes.

5.2 - Tenue dynamique avec un effort de traction

Un des facteurs importants en mécanique est la tenue en fatigue des pièces. L'essai dit «de fatigue»
consiste à superposer une sollicitation dynamique sur une sollicitation statique moyenne. Il permet,
ainsi, d'obtenir une limite de contrainte dynamique admissible au delà de laquelle la pièce présente
tous les risques de fissurer puis de se rompre.
Ce type d'essai a été effectué sur les vis de différents diamètres et de différentes classes de qualité.
Il a été constaté que la tenue dynamique des boulons est pratiquement indépendante :
- de la charge statique,
- de la classe de qualité.

La contrainte maximale de traction dynamique que pourra supporter un boulon est égal à :

σ max dynamique ≈ ± 50 MPa


à 50% de probabilité de non rupture

Par conséquent, la limite dynamique admissible à prendre en compte dans les calculs doit être
inférieure à 25 MPa.
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Dans le cas d'un effort dans l'axe de la vis, le comportement d'un assemblage boulonné de structure
peut être illustré par les schémas ci-dessous:

Sans contact des pièces assemblées Avec contact et serrage des pièces assemblées
Pas de serrage

F0 F0 : précharge

Cas Cas
N°1 N°2

Force dans le boulon Fb (N)

Décollement
Non Décollement

Sollicitation extérieure F (N)

Les pièces assemblées participent pleinement à la rigidité de l’assemblage. C’est


la combinaison de tous ces éléments qui permet de supporter les sollicitations
extérieures.

En cas de décollement, seule la vis travaille. Il existe un risque important de


rupture.
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6 - REGLES DE CONCEPTION

Dans le cas le plus général de l'introduction de la précharge au moyen d'un serrage au couple, il faut
les règles suivantes :
- définir la criticité de l'assemblage ;
- définir toutes les données nécessaires aux calculs ;
- vérifier la tenue statique et/ou dynamique de l'assemblage;
- définir la classe de qualité des boulons;
- vérifier la pression sous tête de vis, les sollicitations dynamiques subies par la vis, la résistance
du filetage, les phénomènes de tassements;
- calculer le couple de serrage à appliquer.

Avant de commencer un calcul, il est nécessaire de connaître de nombreuses données initiales. Les
principales sont en général :
- les dimensions des pièces à assembler, leur matériau et leur mode d'usinage,
- le type de sollicitations extérieure et leurs valeurs maximales avec, dans le cas de sollicitations
dynamiques, l'amplitude et le nombre de cycles prévisibles durant la vie du matériel,
- l'environnement du montage (encombrement), le type de mise en place, le serrage qui sera utilisé,
- les dimensions et le nombre de boulons,

Les calculs consistent à déterminer la classe, la précharge et le couple de serrage assurant une tenue
convenable en service de l'assemblage.

6.1 - La précharge

La précharge est la tension de vis (N) après serrage.


C'est le paramètre principal dans la tenue mécanique d'un assemblage boulonné.

Elle permet de filtrer les sollicitations extérieures subies par les pièces assemblées. Il est
important de l’évaluer de façon précise lors de l’application du couple de serrage. Elle introduit
une augmentation de la charge statique et une diminution de l’amplitude dynamique transitant
dans la vis.

Avant montage Après montage


C0 : Couple de serrage (N.m)
F0 : Précharge (N)

6.2 - Sollicitations de service

Dans une grande majorité des cas :


- l’effort axial est appliqué à une certaine distance de la vis, il s’agit donc d’un effort axial excentré,
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- les montages sont soumis à des sollicitations dont l’intensité varie au cours du temps,
- les assemblages sont soumis à de la fatigue, donc à des sollicitations dynamiques dont l’amplitude
est un des paramètres importants pour le calcul de la durée de vie de l’assemblage boulonné.

FE : Effort axial
TE : Effort tangentiel

La norme NF E 25 030 (calculs simplifiés ou complexes) permettent de vérifier le bon comportement


d'un assemblage.

7 - MODES DE SERRAGE
Les trois principaux modes de serrage maîtrisés utilisés, sont :
- le serrage au couple,
- le serrage à l'angle,
- le serrage à l'allongement.

7.1 - Serrage au couple

Le plus utilisé dans le milieu industriel est le serrage au couple, mais c'est celui qui est le moins
précis après le serrage à l'angle et le serrage à l'allongement.

SERRAGE AU COUPLE

Cette méthode entraîne une dispersion importante de la précharge due à une variation des frottements
entre deux assemblages. L'unité du système international pour un couple de serrage est le N.m
(1 daN.m = 10 N.m)
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7.2 - Précaution d’utilisation pour le serrage au couple

Une clé dynamométrique doit être considérée comme un dispositif de mesure, à ce titre, cet outillage
est rattaché au service de la métrologie, et est répertorié dans une base de données identifié par
l’apposition d’une plaque signalétique. Cette identification permet à l’opérateur de contrôler sa
validité et sa date limite d’utilisation.
Avant toute utilisation, vérifier la conformité de l’équipement grâce à la présence de l’étiquette
apposée par la métrologie. Si l’équipement n’est pas conforme (date limite dépassée ou absence
d’étiquetage) l’outil ne doit pas être utilisé.

En cas de chute de l’outil, celui ci doit subir un nouveau


contrôle

Avant de commencer le serrage s’assurer si la clé permet d’inverser le sens du carré que la
flèche indique le bon sens pour le serrage au couple.

Flèche donnant le
sens de serrage

La clé dynamométrique est un outil s’utilisant en tirant uniquement en serrage. La façon dont la force
est appliquée sur la clé induira des variations sur le couple de serrage. Il est donc indispensable que la
vitesse de serrage soit la plus constante possible.

Il faut impérativement éviter les « à coups »

Le serrage doit s’effectuer en maintenant la clé perpendiculaire à l’axe de l’assemble.


Aucun couple autre que celui de serrage ne doit être transmis à la clé.

Ne pas continuer à serrer après attente de la valeur de


consigne (valeur de déclenchement). Ne pas réaliser de
« double clique »
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Les outils de serrage contrôlés sont à utiliser pour le serrage des assemblages.

L’utilisation de ces outils pour le dévissage est à proscrire

Le serrage doit s’effectuer en tenant à une main l’extrémité de la clé, à l’emplacement prévu à cet
effet.

Attention aux unités de la clé lors du réglage

Clé type « STAHLWILLE » avec double unité Clé type « FACOM » en daN.m
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Lors du stockage de la clé dynamométrique, on doit la


remettre à son réglage minimum

7.3 - Serrage à l’angle (mesure de l'angle de serrage en °)

Cette méthode s’effectue en deux temps :


1. serrage de l’assemblage avec un couple prédéterminé,
2. rotation de l’écrou d’un angle déterminé

Relation entre le pas de la vis et le déplacement effectué

360°= 1 pas ∆ θ = ∆ L x 360 / P


∆θ°= ∆ L

Pour utiliser cette méthode, des précautions sont nécessaires :

S’assurer que la partie arrière de l’assemblage est bloqué en rotation par rapport à la pièce à l’aide
de blocages mécaniques, outillages ou autres.

Vérifier que la résolution angulaire du cadran est suffisante pour réaliser le serrage

S’assurer que le cadran est lisible, sachant que la lecture s’effectue perpendiculairement au cadran.

7.4 - Serrage à l’allongement (mesure de l'allongement de la vis en mm)

Cette méthode utilise la mesure d’allongement de la vis pour déterminer quand l’assemblage est
correctement serré.
Il existe principalement deux possibilités de mise en œuvre :

La mesure directe par un comparateur


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La mesure par ultrasons

Longueur de vis non serrée

Trajet aller/retour de l’onde ultrasonore Temps


de vol référence
Sonde
Temps de vol après serrage

Longueur de vis serrée

A titre indicatif, le tableau ci-dessous donne les différents moyens de serrage avec leur précision,
selon la FDE 25 030.

Moyen de serrage Précision sur la précharge

Clé dynamométrique
- déclenchement simple
- déclenchement à réarmement auto. Ou à ± 20 %
lecture directe à cadran électronique

Visseuse rotative avec étalonnage Entre ± 10 % et ± 15 %

Clé à choc
Clé à main ± 50 %
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8 - CONDITIONS DE MONTAGE

8.1 - Influence des frottements

Un des paramètres les plus influents dans un assemblage boulonné est le coefficient de frottement µ.
En effet, lors du serrage, des frottements ont lieu au niveau des filets et sous tête. L'état de surface
des pièces et les conditions de montage (à sec ou lubrifié) sont importants à définir ou à évaluer car
cela peut modifier considérablement les résultats des calculs et des efforts introduits dans la vis et
donc intervenir dans la bonne tenue de l'assemblage.

 : facteur de frottement
A titre informatif, des estimations de coefficient de frottement sont

 moyen = 0,10
Visserie graissée (bisulfure de molybdène, etc…)

 moyen = 0,15
Visserie noire huilée ou visserie zinguée - Lubrification sommaire (état de livraison)

 moyen = 0,20
Montage "à sec" avec contact

8.2 - Influence du graissage et de la lubrification

L’ajout de graisse modifie les caractéristiques de l’assemblage et plus particulièrement les


coefficients de frottement dans les filets et sous la tête de vis. Ceci entraîne également l’augmentation
de la tension dans la vis pour un même couple de serrage.

Le graissage n’est pas une opération anodine et ne doit être mis


en œuvre que s’il est imposé dans les instructions de montage.
Dans le cas contraire la vis se monte directement dans son état
de livraison.

Exemple: Influence du coefficient de frottement sur la valeur du couple de serrage en fonction des
conditions de montage. Il montre que le couple de serrage peut varier de 25% à 60% suivant le type
de lubrification.

Essais de serrage avec une vis dont le serrage à l’allongement ∆L = 0,65 mm


Serrage à "sec" : C = 720 N.m
Serrage avec huile moteur : C = 530 N.m
Serrage avec graisse molykote G3 : C = 280 N.m

La présence d’un lubrifiant dans les filets de vis affecte énormément l’efficacité du couple de
serrage. En effet, à chaque lubrifiant correspond un facteur de frottement propre.
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8.3 - Préparation de l’assemblage

Pour garantir l’efficacité des assemblages, il faut s’assurer de la propreté des éléments constituant cet
assemblage. Pour cela, il est nécessaire de réaliser une inspection après démontage et avant
remontage afin de procéder a un nettoyage des surfaces.
Ce nettoyage consiste à éliminer toute pollution présente sur les faces en contact des pièces, comme
par exemple :
- l’huile ou la graisse
- la calamine
- l’oxydation
- la présence de corps étrangers (copeaux, poussières, projection de soudure

Ce nettoyage peut être de deux types :

■ mécanique, par l’utilisation :


- d’un chiffon
- d’un grattoir
- d’une brosse à poils souples (synthétiques ou métalliques à revêtement laiton)

■ chimique, par l’utilisation :


- d’un solvant
- d’un diluant

Pour qu’un taraudage soit « propre » et conforme pour le montage, les critères suivants doivent être
respectés :
1. si le trou est borgne, pas d’accumulation de graisse, de poussières, de copeaux métalliques
en fond de trou ou des résidus de frein filet sec
2. pas d’accumulation de graisse, de poussières ou de copeaux métalliques dans les trous de
passage, des résidus de frein filet sec dans les filets, ainsi que dans les lamages (si présent)
3. pas de trace de corrosion sur les trous de passage ou les filets

En l’absence de prescriptions dans le document de


maintenance, le dégraissage et le nettoyage du taraudage
est impératif.

8.4 - Contrôles des éléments d’assemblage

Il existe principalement 2 méthodes de contrôle d’utilisation plus ou moins usuelles permettant de


détecter d’éventuelles dégradations des éléments d’un assemblage :

▪ le contrôle visuel,
▪ le contrôle par tampon

Zones à contrôler :

▪ les filets
▪ les surfaces d’appui
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Dans le cas des taraudages, le fait de monter la vis à la main (ou au cliquet) permet de détecter
une éventuelle non conformité si un blocage important intervient créant un surcroît de
frottement.

8.5 - Outillages

L’utilisation de la clé à chocs non étalonnée non vérifiée


métrologiquement est interdite à l’approche, en pré-serrage et
en serrage

8.6 - Utilisation de rallonges et de prolongateurs

Il sera nécessaire d’être particulièrement attentifs à :

- garder la clé perpendiculaire à l’axe de serrage


- maintenir le cliquet dans l’axe de la vis

Exemples de rallonge et de prolongateur du commerce autorisée


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Exemples de prolongateur et rallonge non conforme

Attention aux frottements parasites provoqués par


La rallonge ou la douille sur des surfaces métalliques.
Dans ce cas le couple transmit par la clé sur la vis sera
nettement inférieur à celui préconisé.

Pour le cas particuliers des cardans, l’angle d’inclinaison du cardan influe fortement sur le
couple réellement transmis.
Pour cette raison l’utilisation du cardan pour le serrage au couple est à proscrire.

8.7 - Mise en œuvre du serrage

Serrer l’assemblage en appliquant le couple préconisé en priorité sur l’écrou (selon accessibilité), le
vissage sur la tête ne constituant pas une non-conformité mais peut introduire un surcroît de
frottement de la vis dans le montage.

Le serrage à l’écrou est obligatoire pour les vis très longues


(supérieure à 10 fois le diamètre)

8.8 - Cas des assemblages comportant plusieurs vis

Dans le cadre des assemblages vissés, certaines pièces sont jointes avec différents types de joints
(caoutchouc , pâtes etc ..)
Dans ces cas (également pour les matériaux tendre type aluminium, composite etc ..) il est
indispensable de respecter un ordre dans le montage et le serrage des assemblages.

A défaut de précision dans une instruction de montage, suivre les préconisations générales de
séquence de montage ci-dessous.
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Serrage dans l’ordre après accostage des pièces

Séquence de serrage pour une culasse (dit « en escargot »)

8.9 - Les effets du fluage

Le fluage est un phénomène physique qui provoque la déformation


irréversible différée (c'est-à-dire non-instantanée) d’un matériau
soumis à une contrainte. Le fluage entraîne une relaxation des contraintes
dans la vis.
Lorsqu’on impose un échelon de déformation, du fait du caractère
viscoélastique du matériau, la contrainte met un certain temps
à atteindre sa valeur finale. Le matériau retourne progressivement à un état plus stable.
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Exemple de phénomène de fluage avec pâte anti-couple

Les éléments en élastomère assurent souvent 2 fonctions : la tenue mécanique d’un système et son
isolation vibratoire ou son étanchéité.
Le caoutchouc est donc soumis à une double contrainte : une charge statique (très souvent en
compression) et une charge dynamique qui vient des sollicitations de service.
Le relâchement après serrage étant souvent très important, il sera nécessaire de trouver des solutions
techniques pour conserver dans l’assemblage un niveau de tension suffisant.
Par exemple par l’introduction dans le montage d’inserts métalliques.

8.10 - Réutilisation et rebut de la visserie

Dans les cas d’organes impactant la sécurité et (ou) les pièces montées en extérieur de caisse le
rebut systématique est requis à défaut de prescription particulière.

9 - ANOMALIES SUR LES ASSEMBLAGES BOULONNES

9.1 - Anomalies

Les principales anomalies rencontrées sur les assemblages boulonnés sont :

Mauvais serrage au couple


Mauvais montage
Précharge trop faible ou trop forte
Mauvais état de surface ou de planéité
Mauvaises conditions de montage
Mauvaise réalisation des pièces d’assemblage
Mauvaise conception ou calcul de l’assemblage
Mauvais choix des éléments de l’assemblage...
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9.2 - Démarche à suivre lors d’une défaillance

Lorsque survient une rupture de vis, la démarche suivante est mise en œuvre :

ANALYSE
DU FACIES

RUPTURE
DE VIS ENQUETE

REMEDE

Une première analyse du faciès de rupture permet de déterminer le type de rupture (rupture brutale ou
rupture par fissuration progressive). L'enquête doit permettre de remonter à la cause originelle de la
rupture;

Type Cause Solutions possibles

Rupture brusque Effort de traction trop Enquête - Augmenter le


important - Choc diamètre de la vis
Arrachement
des filets Mauvaise qualité Augmenter la classe de
ou choix incorrect qualité
des éléments

Rupture Du dynamique passe Enquête - Analyse


par fatigue dans la vis de l’assemblage

La rupture brusque présente un faciès à grains, rugueux et présentant un profil accidenté.


La rupture par fatigue présente un faciès lisse avec des lignes d'arrêt et présentant un profil
relativement plat.
Il faut tout particulièrement garder en mémoire que le remède classique et instinctif de changer
la classe ou d'augmenter le diamètre de vis ne réglera pas le problème s'il s'agit d'une rupture
de vis par fatigue. Il reste cependant valable pour une rupture brusque.

En effet, s'il y a eu rupture par fatigue, il y a donc eu des sollicitations dynamiques dans la vis.
Comme la limite de fatigue est quasi identique quelque soient la classe et le diamètre de vis, la
solution précitée ne réglera pas le problème.
Il sera donc plus judicieux d'étudier ou d'analyser l'assemblage et les conditions de montage.

En tout état de cause, si des ruptures de vis sont nombreuses, fréquentes et répétitives dans le
temps, il est vivement conseillé de consulter un organisme compétent.
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Ce document donne des lignes générales et théoriques. Chaque problème est particulier. Les solutions
ne sont pas identiques à chaque fois.
Dans la majorité des cas, des essais sont effectués afin de valider un calcul ou une modification de
conception.

9.3 - Bonnes pratiques pour les concepteurs :

Tout document concernant un assemblage boulonné devrait comporter :


- le type de vis ou boulon et la classe de qualité,
- le moyen de serrage préconisé,
- la valeur (couple, angle, allongement) à appliquer,
- les conditions de montage (à sec, lubrification, graissage, frein filet),
- les éventuelles opérations particulières (nettoyage du filetage, passage de taraud, etc...).
- nettoyer au mieux les surfaces des pièces à assembler,

9.4 - Amélioration sur la tenue en fatigue

La fatigue est la cause d'un assez grand nombre de cas de rupture de vis. Il a été démontré que les
boulons ont une limite de fatigue très faible (inférieure à 50 MPa) et qu'il est donc important
d'améliorer leur tenue vis à vis des sollicitations dynamiques.

9.5 - Qualité des moyens de serrage

Suivant les possibilités et dans un souci de sécurité, il est préférable de choisir les moyens de serrage
appropriés.

Il est important :
- d’être bien sensibilisé sur l'utilité des moyens de serrage et leurs conditions d'utilisation.
- d'imposer périodiquement leur vérification et leur étalonnage en mettant en place un plan qualité
par exemple.

10 - DÉFINITION DU DESSERRAGE

Le desserrage est considéré comme l'une des principales causes de défaillance des assemblages
boulonnés. Il est donc important de bien définir ce que l'on entend par le terme desserrage.

La terminologie exacte du desserrage recouvre en fait deux phénomènes :


- le relâchement de l'assemblage précontraint sans mouvement relatif de la vis et de l'écrou,
- le dévissage spontané vis-écrou.
Ces deux phénomènes peuvent intervenir séparément ou simultanément. La conséquence est une
diminution de la précharge initiale donc une modification de la tenue en service de l'assemblage.

10.1 - Les causes

Le relâchement de l'assemblage peut être causé :


- soit par un phénomène de fluage, c'est-à-dire une plastification due au dépassement de la limite
d'élasticité du matériau de la vis, de l'écrou ou des pièces assemblées,
- soit par tassement, c'est-à-dire l'égalisation des rugosités des surfaces en contact.
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Le dévissage spontané peut être causé par :
- des efforts tendant à créer un couple de dévissage sur les pièces assemblées,
- des sollicitations dynamiques axiales agissant sur l'assemblage et qui créent une «respiration» du
contact vis-écrou tendant à réduire le coefficient de frottement dans le filetage donc à diminuer l'auto-
blocage,
- des sollicitations dynamiques transversales qui peuvent engendrer des déplacements relatifs dans le
filetage ainsi qu'aux surfaces d'appui de l'écrou ou de la tête de vis.

10.2 - Les remèdes

Pour lutter contre le relâchement, les moyens disponibles sont :


- conception d'assemblages à rapport de rigidité faible,
- emploi de vis à résistance élevée pour augmenter la précharge initiale,
- diminuer la pression superficielle par augmentation des surfaces d'appui,
- diminuer le nombre de surfaces de joint,
- augmenter les longueurs d'implantation de filetage.

Pour lutter contre le dévissage spontané, les moyens disponibles sont :


- augmenter la précharge,
- augmenter l'élasticité de la vis,
- augmenter les frottements sous tête,
- limiter le glissement transversal éventuel,
- diminuer le jeu dans le filetage,
- employer des éléments de sécurité complémentaires (colles frein filet, vis ou écrou à embase
crantée, écrou autofreinée, rondelles à dent, vis autofreinée).

11 - LES ELEMENTS DE FIXATION

11.1 - Les rondelles

Il existe un nombre important de types de rondelles


Elles doivent assurer des fonctions précises. Ces fonctions sont détaillées dans le tableau ci-dessous:

GROWER
EVENTAIL
DOUBLE DENTURE



NORDLOCK
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Les rondelles à rampes ne doivent pas être utilisés sur des


pièces non bloquées en rotation (par exemple sur une
rondelle plate)
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Par exemple, les rondelles plates d'une dureté supérieure ou égale à 200 HV pour des vis de classe 8.
8 (selon la ST001) sont efficaces pour diminuer les risques de matage et pour protéger les pièces
assemblées.
Certains éléments de freinage influencent la mise en tension. Il convient de vérifier pour chaque
type l’influence de la sur ou sous tension engendrée et de compenser par une diminution ou une
augmentation du couple de serrage.

BELLEVILLE CONIQUE LISSE


TREP 3U – 4U (CL)

CONIQUE STRIEE
(CS) SCHNORR (VS)

11.2 - Les écrous

Il existe un nombre important de types d'écrous :

A CRENEAUX

NYLSTOP VARGAL

HFR DOUBLE FENTE HFR SIMPLE FENTE


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Sauf prescription particulière, il ne faut pas graisser


l’assemblage lors d’un montage avec un écrou auto-freiné

Pour les écrous auto-freinés doubles fentes, la vitesse de rotation maximale au serrage est
de 500 tr/min à condition de visser manuellement l’écrou jusqu’à blocage afin d’engager
correctement les fentes

La vitesse de rotation maximale est de 30 tr/min pour tous les autres écrous.

LES CONTRE-ECROUS

La mise en œuvre s’effectue en 3 étapes distinctes :

1. Serrer le premier écrou au couple final


2. Immobiliser le premier écrou
3. Serrer le deuxième écrou au couple final

Si l’on utilise un écrou bas, il devra impérativement être


monté en premier (et l’écrou de hauteur standard
en second)

11.3 - Freinage par tôle frein


.
Le freinage est obtenu en rabattant un bord de la plaquette sur la pièce et en relevant l’autre bord sur
l’écrou ou la vis. Par sécurité, lors d’un remontage changer le frein tôle.
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Sauf prescriptions particulières dans la fiche de montage,


aucun sur ou sous serrage n’est autorisé pour placer un pan
de vis ou d’écrou de manière idéale.

11.4 - Freinage par fil frein

Le fil d’acier doit être passé de manière à ce que sa tension tende à faire tourner l’écrou ou la
vis dans le sens du serrage.

Bon Mauvais

Bon Mauvais

11.5 - Le freinage par frein filet

Les produits de freinage sont des adhésifs liquides mono composants qui remplissent complètement
les vides microscopiques entre les filets en contact. Ils polymérisent au contact du métal, en l'absence
d'air, pour former un plastique thermodurcissable.

La mise en place d’un frein filet peut influencer de façon importante la mise en tension de
l’assemblage.

Mise en œuvre :
Les surfaces enduites doivent être sèches et exemptes de graisses et de polluants divers (exemple :
résidus de frein filet
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12 - CONCLUSION

Ce document a pour but de sensibiliser les agents sur l'importance :


- De bien respecter les prescriptions données sur les documents de maintenance, tant en termes
d e conformité d’élément de fixation, que du bon respect des conditions de montage.
- D’utiliser les moyens de serrage à bon escient.

Ces informations sont particulièrement importantes pour les assemblages qui ont un impact sur la
sécurité.

Toutefois, ces théories ne sont qu'une approche du problème. Elles doivent être confirmées, dans le
cas d'exigence de fiabilité et de sécurité plus poussées, par des vérifications (par calculs, par essais ou
par le retour d'expérience).

La conception d'un assemblage boulonné reste un compromis technico-économique entre :


- Imposer des conditions de montage très précises, avec des éléments de fixation spécifiques à
chaque besoin ;
- Utiliser des techniques fiables, faciles à mettre en œuvre, avec des éléments de fixation
standardset des conditions de montage harmonisées.
L'aspect sécurité d'exploitation étant la donnée fondamentale pour tout assemblage boulonnée.

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