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Dr.

R_KIHAL Chapitre I: Rappels sur les solutions électrolytiques

I.1.Introduction
L’électrochimie est la discipline scientifique qui s’intéresse aux relations entre la chimie et
l’électricité. L’électrochimie fait partie de notre quotidien: les accumulateurs de nos appareils
portables et des véhicules; l’aluminium et l’eau de javel par exemple sont issus de procédés
électrochimiques ;…etc. L’électrochimie a plus de deux siècles (Galvani 1780), elle concerne les
transformations d’énergie chimique en énergie électrique. Elle implique des transferts d’électrons
aux électrodes, le transport des composés au sein de la cellule vers les électrodes et le transport des
charges dans l’électrolyte pour assurer le courant ionique.

I.2. Historique de l’électrochimie


Parmi les événements majeurs et les découvertes qui en ont découlé dans le domaine de
l’électrochimie on peut citer:

Année Inventeur Découverte


1780 Luigi Galvani Electricité animal
1792 Alessandro Volta Pile de volta
1807 Humphrey Davy Electrolyse de la soude ou de la potasse fondues
1833 Faraday Loi de l’électrolyse
1836 Daniell Pile de Daniell
1837 Jacobi Galvanoplastie
1859 Raymond Gaston Planté Batterie au plomb
1868 Leclanché Pile saline à base de zinc et de dioxyde de manganèse
1874 Kohlausch Conductivité des électrolytes
1886 Hall et Héroult Elaboration de l’Aluminium par électrolyse
1889 Nernst Thermodynamique électrochimique
1902 Cotrell Transport de matière par diffusion
1905 Tafel Loi de surtension d’électrode en fonction du courant
1924-1930 Butler et Volmer Théorie du transfert de charge à une électrode

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I.3. Application de l’électrochimie


On classe généralement les applications industrielles de l’électrochimie en cinq grandes
catégories, parmi les:
 Electrosynthèse
Les principales matières premières produites par électrosynthèse sont: l’aluminium, le
dichlore et la soude, le difluor, le lithium, le sodium, le magnésium et le dihydrogène.
 Traitement de surface et corrosion
Electrodéposition de métaux comme le nickel, zinc, étain, cuivre…etc. anodisation de
l’aluminium.
 Stockage et la conversion de l’énergie
Les piles et accumulateurs électriques sont des générateurs électrochimiques.
 Méthodes d’analyse et de mesure: Conductimétrie, spectroscopie d’impédance
électrochimique, polarographie, méthodes potentiométriques….
 Environnement et la biologie: électrodialyse, bio capteurs chimiques, capteurs
électrochimiques.

I.4. Solutions électrolytiques


Une solution est par définition, obtenue par dissolution d’un soluté dans un solvant. Une
solution électrolytique est une solution ionique contient des ions (anions, cations) permettant de
conduire le courant électrique, car les ions qui la constituent sont des porteurs de charges capables
de se déplacer dans la solution.

I.5. Différents types d’électrolyte


On distingue les d’électrolytes suivantes
I.5.1. Electrolytes forts
Ce sont des matières qui se dissocient complètement dans l’eau donnant des solutions de
forte conductivité électrique comme les acides forts, les bases fortes et les sels.
H2 O
Exemple: NaCl(s) → Na+ (aq) + Cl− (aq)

I.5.2. Electrolytes faibles


Ce sont des matières qui se dissocient partiellement dans l’eau donnant des solutions de
faible conductivité électrique comme les acides et les bases faibles.
H2 O
Exemple: CH3 COOH ↔ CH3 COO− (aq) + H+ (aq)

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I.5.3. Non-électrolyte
Dans ce cas le soluté ne se dissocie pas, ou très faiblement, en ions en solution. Il
reste majoritairement sous forme moléculaire. Ne conduit pas l’électricité (CH 3CH2OH)
Exemple: comme l’éthanol (CH3CH2OH).

Figure I.1: Différents types d’électrolyte

I.6. Conductivité (γ)


C’est l’aptitude de la solution à conduire le courant électrique. On peut décomposer la
conductivité selon la contribution de tous les ions présents en solution.

I.6.1. Conductivité molaire ionique (λi)


La conductivité molaire ionique de l’ion (i) dépend de la nature des ions et de leurs
concentrations. Elle est exprimée en siemens mètre carré par mole (S.m2.mol-1)

𝛌𝐢 = |𝐙𝐢 | × 𝛍𝐢 ×F

Sachant que:
𝛍𝐢 : Mobilité des ions en mètre carré par seconde volt [m2/Sec.V]
F : Constante de faraday = 96500 cb/mol
𝐙𝐢 : Charges des ions ex:[Na+ : (Z =1), Zn+2: (Z =2)…etc.]

I.6.2. Conductivité d’une solution électrolytique (γsol)


C’est une grandeur qui définit l’aptitude de la solution à conduire le courant électrique.
Chaque espèce i de la solution contribue à la conductivité totale notée (𝛾 sol)
La conductivité 𝛾𝑖 due à chaque ion i est définie par:

𝜸𝒊 =∣ 𝒁𝒊 ∣. 𝑪𝒊 . 𝝁𝒊 . 𝑭 (I.1)

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Avec:
∣ 𝒁𝒊 ∣: Valeur absolue de la charge de l’ion considérée.
Ci : Concentration de l’ion i dans la solution en mole par mètre cube (mole/m3)
μi : Mobilité de l’ion i en mètre carré par seconde et par volt (m2/S.V)
F : Constante de Faraday, 96500 coulomb/mole

On en déduit une formulation simplifiée de la conductivité totale pour la relation de Kohlrausch:

𝛄𝐬𝐨𝐥 = ∑ 𝛄𝐢 = ∑|𝐙𝐢 | × 𝛍𝐢 × 𝐅 × 𝑪𝒊 = ∑ 𝛌𝐢 × 𝑪𝒊

L’unité de conductivité s’exprime en siemens par mètre (S/m).

I.6.3. Résistivité (ρ)


𝟏
La résistivité correspondante de la solution se note ρ sol. Elle est définie par: 𝛒𝐬𝐨𝐥 = 𝜸𝒔𝒐𝒍

La résistivité s’exprime en ohm-mètre (Ω.m).

I.6.4. Conductance d’une solution (G)


On considère une colonne d’électrolyte de longueur (l), de section (S), de résistivité (ρ) à
une résistance (R):
𝒍
𝐑= 𝛒×
𝑺

Sachant que: R en ohms (Ω), l en mètres (m), S en mètres carrés (m2) et ρ en Ohms-mètres (Ω.m)

𝟏
Sa conductance se note G est égale à l’inverse de la résistance 𝐆 = s’exprime en
𝑹
𝑺
siemens (S). On a alors: 1 S = 1 Ω−1. Soit: 𝐆 = 𝜸 ×
𝒍
𝑺
: est appelé « constante de cellule k » (Unité: le mètre). Alors : 𝑮 = 𝜸 × 𝒌
𝑳

Figure I.2: Cellule conductimétrique

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I.6.5. Conductivité équivalente λeq


La conductivité équivalente λeq d’une solution électrolytique est la conductance d’un volume
v (se trouvant entre les deux électrodes de la cellule de conductivité électrique) contenant 1eqg de
l’électrolyte et dont les électrodes sont distantes de 1cm. La conductivité équivalente 𝝀𝒆𝒒 est donnée
par la relation suivante :

𝟏𝟎𝟎𝟎 × 𝜸𝒔𝒐𝒍 (𝜴−𝟏 𝒄𝒎−𝟏 )


𝝀𝒆𝒒 = (𝜴−𝟏 𝒄𝒎𝟐 𝒎𝒐𝒍𝒆−𝟏 𝒆𝒒𝒈−𝟏 )
𝐂𝐞𝐪 (𝒎𝒐𝒍𝒆 . 𝒆𝒒𝒈⁄𝑳)

Sachant que:
γsol : Conductivité de l’électrolyte en S/cm (ou en Ω-1/cm)
Ceq : Concentration molaire de l’ion s’exprime en mol.eqg /L (ou en mol/cm3)
λeq : Conductivité équivalente de l’électrolyte est exprimé en Ω-1cm2 mol-1 eqg-1 (ou en Scm2/mol)

Lorsque l’électrolyte contient deux sortes d’ions seulement comme le chlorure de sodium
(NaCl); le chlorure de calcium (CaCl2), l’acide nitrique (HNO3)…etc., on définit la conductivité
équivalente λeq de l’électrolyte comme la conductivité de l’électrolyte par unité de concentration en
charges Ceq

𝛄𝐬𝐨𝐥
𝛌𝐞𝐪 =
𝐂𝐞𝐪

La concentration en charges Ceq se calcule pour le cation ou pour l’anion comme suit:

𝑪𝒆𝒒 = ∣ 𝒁𝒊 ∣. 𝑪𝒊 (I.2)

Avec:
𝒁𝒊 : Charge apporté par le cation ou l’anion pour une mole de soluté. On prend Z i en valeur
absolue ∣ 𝑍𝑖 ∣.
Ci : Concentration molaire de l’anion ou du cation, exprimé en mol/m3

Application

 Pour une solution de chlorure de calcium (CaCl2) de concentration C0 mole par litre en
CaCl2, on a:

γsol γsol
𝐶𝑒𝑞 = 𝑍𝑐𝑎+2 . 𝐶𝑐𝑎+2 = 2𝐶0 ou 𝐶𝑒𝑞 = ∣ 𝑍𝐶𝑙− ∣. 𝐶𝐶𝑙− = 2𝐶0 Donc, λsol = Ceq
= 2C0

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A chaque ion correspond une conductivité équivalente ionique λi telle que:

𝛄𝐢 𝛄𝐢 𝛄𝐢
𝛌𝐢 = = = (I.3)
𝐂𝐢𝐞𝐪 ∣𝒁𝒊 ∣.𝑪𝒊 𝐂𝐞𝐪

Avec:
∣ 𝒁𝒊 ∣: Charge de l’ion considérée en valeur absolue
Ci : Concentration molaire de l’ion dans la solution.
Unités : λi en S.m2/mole ; γi en S/m ; 𝐶𝑖𝑒𝑞 en mole/m3
 Pour une solution de chlorure de calcium (CaCl2) de concentration C0 mole par litre:
𝐶𝑖𝑒𝑞 = 𝑍𝑐𝑎+2 . 𝐶𝑐𝑎+2 = 2𝐶0 et 𝐶𝑖𝑒𝑞 = ∣ 𝑍𝐶𝑙− ∣. 𝐶𝐶𝑙 − = 2𝐶0 alors,

γ +2
𝑐𝑎
λ𝑐𝑎+2 =
2C0
(*)
γ𝐶𝑙−
λ𝐶𝑙− =
2C0
(**)
γ𝑐𝑎+2 + γ𝐶𝑙− γsol
En additionnant (*) et (**), on aura donc, λ𝑐𝑎+2 + λ𝐶𝑙− = λsol = =
2C0 2C0
En remplaçant la conductivité γi (I.1) par son expression dans celle de λi (I.3)
∣ 𝑍𝑖 ∣. 𝐶𝑖 . 𝜇𝑖 . 𝐹
𝛌𝐢 = ⇒ 𝛌𝐢 = 𝝁𝒊 . 𝑭
∣ 𝑍𝑖 ∣. 𝐶𝑖

La conductivité équivalente λi d’un ion i est donc égale, à la constante de faraday F prés, a sa
mobilité µi
La mobilité µi n’étant pas indépendante de la concentration molaire de l’ion i, on répertorie
dans les tableaux qui suivent, les valeurs de conductivités équivalentes limites λo c'est-à-dire
extrapolés à dilution infinie.

Tableau: Conductivités équivalentes limites à 25°C des ions en solution aqueuse.


Cations λo en S.cm2/mol Anions λo en S.cm2/mol
H3O+ 350 OH 198
Li+  F 
Na+  Cl 
K+   
NH4+  NO3 
Mg+2  CH3COO 
Ca+2  S 
Zn+2  C 
Ba+2  P 
Cu+2  C 
Ag+  C2 
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I.6.5.1. Espèces monochargées


La valeur de la conductivité γ sol peut être calculée à partir des conductivités molaires
ioniques λi des ions qui composent cette solution (voir tableau ci-dessus), ainsi que de
leur concentration Ci:

𝛾𝑠𝑜𝑙 = ∑ 𝛾𝑖 = ∑ λi . 𝐶𝑖
𝑖 𝑖

Ceci constitue la Loi de Kohlrausch, dans laquelle γsol est en S.m−1, λi en S.m2.mol−1 et Ci en
mol.m−3

I.6.5.2. Espèces polychargées


Si les ions portent plusieurs charges, les tables de valeurs donnent généralement les conductivités
molaires spécifiques, c'est-à-dire ramenées à l'unité de charge. La Loi de kohlrausch prend alors la
forme:

𝜸𝒔𝒐𝒍 = ∑ 𝜸𝒊 = ∑ ∣ 𝒁𝒊 ∣ 𝛌𝐢 . 𝑪𝒊
𝒊 𝒊

Où ∣ 𝑍𝑖 ∣: est le nombre de charges portées par l'ion, indépendamment de leur signe.

I.6.6. Conductimétrie
La conductimétrie est une technique de mesure qui permet d’étudier le mouvement des ions
en solution, principalement en solution aqueuse. La conductimétrie permet de suivre les titrages
acido-basiques, les titrages de précipitation, les titrages d’oxydoréduction,…etc.

I.6.6.1. Appareillage
L’appareil permettant de mesurer la conductance G d’une solution
est le conductimètre, muni d’une cellule de conductimétrie. Cette
cellule, de forme géométrique fixe, emprisonne un cylindre
d’électrolyte de section (S) et de longueur (l). La conductance est
𝑺
proportionnelle au quotient 𝑳. Le coefficient de proportionnalité

représente la conductivité, notée 𝜸, de la solution. On a la


𝑺
relation: 𝑮 = 𝜸 ×
𝑳
𝑺
= 𝒌 : est appelée constante de la cellule en mètre (m)
𝑳

La conductance (G) est donnée par la relation suivante : 𝑮 = 𝜸 × 𝒌


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I.6.6.2. Titrage par suivi conductimétrique


Le titrage conductimétrique est une méthode qui consiste à suivre l’évolution de la
conductivité (γ) d’une solution lorsqu’on y ajoute, petit à petit, une solution titrante. Il se produit
une réaction entre les espèces titrée et titrante: des ions peuvent apparaître, disparaître, ce qui
modifie la conductivité de la solution. On trace alors la courbe représentative de la conductivité (γ)
en fonction du volume versé (VB) de la solution titrante.

Exemples de courbes obtenues lors de titrages conductimétriques, représentant la


conductivité (γ) en fonction du volume VB versé de solution titrante. Ces courbes représentent les
différentes situations que l’on peut obtenir lors de titrages. Elles sont toutes constituées de deux
demi-droites asymptotiques ayant un coefficient directeur des portions de droite différent.

Figure I.3: Courbes de titrages conductimétriques, représentant la conductivité (γ) en fonction du


volume VB versé de solution titrante.
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Avant l’équivalence, la conductivité varie de façon affine en fonction du volume versé, et


après l’équivalence, la courbe reste une droite mais la pente est différente. Le changement de pente
permet donc de déterminer le volume à l'équivalence (VE).

I.7. Mobilité des ions (μi)


A l’intérieur d’un électrolyte, les ions ont une vitesse désordonnée due à l’agitation
thermique.
Si on applique un champ électrique supposé uniforme 𝐸⃗ à un ion de charge q, il est soumis à une
force électrique 𝑓 , telle que 𝑓 = 𝑞 × 𝐸⃗ . Sa vitesse augmente jusqu'à ce que les forces de frottement
équilibrent la force électrique. La vitesse d’agitation thermique est alors négligeable et la vitesse Vi
de l’ion reste constante.

La mobilité (μi) d’un ion « i » placé dans un champ électrique d’intensité (E) est reliée à sa
vitesse (Vi) par la relation suivante:

𝑽𝒊
𝝁𝒊 =
𝑬

Avec :
Vi : Vitesse de l’ion en mètre par seconde (m/S)
E : Intensité du champ électrique en volt par mètre (V/m)

La mobilité donc s’exprime en mètres carrés par seconde et par volt (m2/s.V). Si l’ion est
placé dans un champ (𝐸⃗ ) d’intensité 1V/m, le nombre exprimant la vitesse est le même que celui
exprimant la mobilité; c’est pourquoi on définit parfois la mobilité comme la vitesse de l’ion dans
un champ électrique unité.

On distingue aussi les mobilités des anions et des cations, notés µ+ pour les cations et µ-
pour les anions :

𝑽+ = 𝝁+ × 𝑬
𝑽− = 𝝁− × 𝑬

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I.8. Nombre de transport (ti)


La fraction de courant transportée par un ion i est appelée «nombre de transport ti» de l’ion
i. Sachant que: ti  1 et ∑ ti = 1

La fraction de courant transportée est le rapport entre la conductivité de l’ion considéré et la


conductivité totale de la solution.

𝜸𝒊 𝝀𝒊
𝒕𝒊 = ou𝒕𝒊 = 
𝜸𝒔𝒐𝒍 𝝀𝒔𝒐𝒍

I.9. Relation empirique (loi) de Kohlrausch


Dés 1900, Kohlrausch et ses collaborateurs ont étudié la variation de la conductivité
équivalente de plusieurs électrolytes en fonction de leur concentration. Ils ont obtenu deux types de
variation:

 Les électrolytes qui conduisent à des droites sont ceux qui se dissocient totalement en
solution appelés électrolytes forts tels que: acides forts, bases fortes, sels solubles….
 Les électrolytes qui conduisent à des courbes sont ceux qui se dissocient partiellement en
solution appelés électrolytes faibles tels que: acides faibles, bases faibles, sel peu
solubles,…

I.9.1. Détermination de la conductivité équivalente limite 𝝀𝟎 d’un électrolyte fort


Si la solution est diluée, λi tend vers une valeur limite λi0 qui ne dépend plus que de l’ion et
de la viscosité du solvant, à température fixe:

𝐥𝐢𝐦 𝝀𝒊 = 𝝀𝟎𝒊
𝒄𝒊 →𝟎

λi0 est appelé conductivité équivalente limite à dilution infinie (à concentration nulle) de l’ion
Ai.

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La conductivité équivalente d’électrolytes forts (totalement dissocié) varie linéairement en


fonction de la racine carrée de la concentration (exemple de KCl et Ag NO3 de la figure ci-dessus)
pour les solutions diluées est donnée par la relation empirique suivante:

𝝀 = 𝝀𝟎 − 𝑲√𝑪 Loi de KOHLRAUSCH

λ: Conductivité équivalente de l’ion (dépend de C).


k: Constante qui dépend de la nature de l'électrolyte.

L’extrapolation graphique des mesures expérimentales quand C tend vers 0 permet de déterminer
0: Conductivité équivalente limite de l’électrolyte, caractéristique de l’électrolyte à température
donnée et pour un solvant donné.

A dilution infinie, les ions migrent indépendamment, de sorte que la conductivité molaire
limite (0), est égale à la somme des conductivités équivalentes ioniques limites des cations (+0)
et des anions (-0) constitutifs de l'électrolyte:

𝝀𝟎 = ∑ 𝝀𝟎𝒊 = 𝝀𝟎+ + 𝝀𝟎−

I.9.2. Détermination de la conductivité équivalente limite 𝝀𝟎𝒊 d’un électrolyte faible


Pour les électrolytes faibles (dissociation partielle α<1), la détermination expérimentale de
𝝀𝟎 par l’extrapolation à zéro concentration de la courbe 𝝀 = 𝒇(√𝑪 ) est impossible (exemple de
CH3COOH de la figure ci-dessus). Alors, on le calcule uniquement à partir des valeurs obtenues
pour les électrolytes forts qui sont faciles à déterminer expérimentalement.

On peut déterminer le coefficient de dissociation ionique (d’ionisation) de l’électrolyte


𝝀
faible par: 𝜶 =
𝝀𝟎

Application
Calculez λ0 de CH3COOH à 25ºC. L’extrapolation des courbes 𝝀 − √𝑪 a donné les valeurs
suivantes (pour des électrolytes forts):
λ0(HCl) = 426,1 s.cm2/mol, λ0(CH3COONa) = 91 s.cm2/mol, λ0(NaCl) = 126,5 s.cm2/mol

Solution
λ0(CH3COOH) = λ0(CH3COONa)-λ0(NaCl)+λ0(HCl)
λ0(CH3COOH) = (91-126,5+426,1) s.cm2/mol
λ0(CH3COOH) = 390,6 s.cm2/mol
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I.10. Loi de dilution d’Oswald


La loi de dilution d'Ostwald, du nom de Wilhelm Ostwald, est une loi concernant les
réactions acido-basiques sur l'eau, qui dit que la dilution augmente la dissociation de l'acide
(respectivement la protonation de la base).

Exemple: Cas d’un acide faible, noté HA, réagit avec l'eau de la manière suivante:

𝐴𝐻 + 𝐻2 𝑂 ⇌ 𝐴− + 𝐻3 𝑂 +
Ei C 0 0
Ef C-x x x

On pose [AH]0 = C et [A-] = [H3O+] = x ; avec x = αC où α est le coefficient de dissociation 𝛼 =


𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑠𝑠𝑜𝑐𝑖é𝑒𝑠
; (0 < α ≤ 1).
𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑠𝑠𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠

On a alors la constante d’acidité KA

𝑥2 𝐶𝛼2 𝑲𝑨 𝜶𝟐
𝐾𝐴 = = ⇒ = Loi d’OSTWALD
𝐶−𝑥 1−𝛼 𝑪 𝟏−𝜶

𝛼2
Si on effectue des dilutions alors 𝐶 → 0; on déduit que la fonction 1−𝛼 → ∞ ainsi que 𝛼 → 1

 Plus la concentration est faible, plus la dissociation est grande (et vice-versa).
 un acide faible et de faible concentration, se comporte comme un électrolyte fort (se dissocie
fortement).
 Donc, on trouve la Loi de dilution d’Ostwald: lorsque la dilution devient infinie (la
concentration C0 tend vers zéro), le coefficient de dissociation α tend vers 1 (l’électrolyte
faible tend vers un électrolyte fort).

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La dilution augmente la dissociation de l’électrolyte. A dilution infinie (𝐶0 ⟶ 0), le coefficient


d’ionisation augmente et tend vers une valeur limite 𝛼𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 . C’est la loi d’OSTWALD ou la loi de
dilution

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Dr.R_KIHAL Série de TD N1

Série de TD N°1
Exercice 01
Calculer la conductivité d’une solution de chlorure d’hydrogène (HCl) à pH =2 et les nombres de
transport des deux ions présents
On donne: λH+= 350 scm2/mol, λCl-= 75 scm2/mol

Exercice 02
Calculer la conductivité d’une solution contenant du chlorure de zinc (ZnCl2) à la concentration de
0.1 M et du chlorure d’hydrogène (HCl). Le pH de la solution est égal à 0
On donne: λH+= 350 scm2/mol, λCl-= 75 scm2/mol, λZn+2= 55 scm2/mol

Exercice 03
Aux bornes d’une cellule plongée dans une solution de chlorure de potassium et branchée sur un
générateur alternatif, on a mesuré une tension (U) efficace de 13,7 V et une intensité (I) efficace de
89,3 mA.
1) Calculer la résistance R de la portion d’électrolyte comprise entre les électrodes.
2) Calculer la conductance G en S.
3) La valeur de la constante k de la cellule est de 12.71cm à 20°C. Calculer la valeur de la
conductivité de cette solution.

Exercice 04
Une cellule conductimétrique est constituée de deux électrodes de surface S = 2,0 cm2 séparées
d’une distance l= 1,5 cm et soumises à une tension continue U = 1,2 V. La cellule est immergée
dans une solution ionique: l’intensité du courant traversant la cellule mesure I=7,0 mA.
1) Exprimer et calculer la conductance et la résistance de la cellule.
2) Exprimer et calculer en cm-1 et en m-1 la constante k de la cellule
3) Exprimer et calculer la conductivité de la solution en unité S.I.
4) En modifiant la géométrie de la cellule, l’intensité du courant devient I’=10,5mA
a) Déterminer la constante k’ de la cellule modifiée.
b) En supposant que la distance entre les électrodes est inchangée que vaut leur surface ?
c) En supposant que la surface des électrodes est inchangée que vaut leur distance ?
5) La solution ionique a une concentration C = 5,0 mmol.L -1. Exprimer la concentration en
unité S.I. et calculer la conductivité molaire de la solution (résultat en unité S.I.)

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Exercice 05
On étudie la dissociation de l’acide acétique dans l’eau par des mesures conductimétriques.
Pour ce faire, on mesure la conductivité de solutions à diverses concentrations.

Concentration (mol/L) Conductivité (S/m)


0,001 4,45.10-3
0,01 1,46.10-2
0,1 4,70.10-2

Déterminer la constante d’acidité de l’acide acétique. Que peut-on en conclure ?

Données:
Conductivités molaires ioniques limites: λ0(H+) = 31,46 mSm2/mol et λ0 (H+) = 3,53 mSm2/mol

Exercice 06
Un courant de 0.01A traverse une colonne de solution de KCl 0,1M. L’aire de la colonne est
de 2 cm2 et les conductivités molaires ioniques de K+ et Cl- à 25°C en Sm2/mol sont respectivement
63.10-4 et 66.10-4
Calculer la conductivité de la solution, l’intensité du champ électrique, la vitesse de déplacement
des ions K+ et Cl-

Exercice 07
Le tableau ci-dessous donne la conductivité molaire du chlorure de sodium en fonction de sa
concentration.

CNaCl (mol/L) 1 0,1 0,01 0,005 0,001 5.10-4 Dilution infinie


λ(mS.m /mol)
2
8,58 10,67 11,84 12,06 12,37 12,44 12,645

Étudiant la conductivité d’électrolytes forts, le chimiste allemand Kohlrausch (1840 – 1910)


a montré empiriquement qu’en solution pas trop concentrée la conductivité molaire variait avec la
racine carrée de la concentration C selon la loi: 𝝀 = 𝝀𝟎 − 𝑩√𝑪

Où λ0 est la conductivité molaire à dilution infinie, et B un coefficient positif dépendant de


l’électrolyte. Dans quel domaine de concentration cette loi est-elle suivie pour le chlorure de
sodium, et quelle est la valeur de B correspondante?

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