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OUVRAGES HYDRAULIQUES CHAPITRE II OUVRAGES DE RETENUE

II-9.7.5 Volume de la digue


Les principales dimensions de la digue étant déterminées, le volume de la digue
peut être estimé de la même manière que pour le volume de la retenue (§ II-9.7.1). La
Figure II-9.9 montre les différentes étapes de calcul du volume de la digue. Le Tableau II-
9.1 est également utilisé pour faire les calculs.

Coupe AA Coupe BB
B
B

∆h
Si+1 Si+1
Si
Si+1 Si
Si

A
A

Figure II-9.9 : Calcul du volume de la digue

II-9.8 Etudes des infiltrations dans le barrage et la fondation


Dans un barrage en terre formé de matériaux plus ou moins perméables, l’eau de la
retenue a tendance à s’infiltrer dans le corps du barrage et dans les terrains d’assise,
souvent perméables, pour venir resurgir à l’aval. Ces infiltrations ne seront pas gênantes
tant qu’elles n’affecteront pas la sécurité de l’ouvrage et qu’elles ne dépasseront pas un
certain débit au delà duquel le barrage risque de ne plus remplir efficacement son rôle.
L’ingénieur projecteur aura comme objectif premier de réduire à des valeurs
acceptables les débits d’infiltration, et enfin de les contrôler. Il importe donc que les
caractéristiques des matériaux du massif et de la fondation soient bien connues car elles
influent considérablement sur les phénomènes d’infiltration.
Le corps du barrage et les terrains d’assise doivent opposer aux cheminements de
l’eau une résistance telle que les pertes de charge soient suffisantes pour que toute
résurgence éventuelle à l’aval se produise à des vitesses assez faibles. Par conséquent,
aucun des matériaux, même les plus fins, ne peut être entraînés par les courants
d’infiltration. Si ces courants sont suffisants pour entraîner les matériaux vers l’aval, des
phénomènes de renards se forment et amèneront, plus ou moins rapidement, à la ruine du
barrage.
Outre le danger de renards, les infiltrations peuvent entraîner des effondrements
dans le talus aval. Les infiltrations entraînent à la fois la saturation du talus aval et la
circulation de l’eau dans celui-ci, et aboutissent ainsi à favoriser des glissements du talus
aval, et par conséquent la ruine de l’ouvrage. Dans le paragraphe II-7.1.2 b, nous avons
présenté les dispositifs permettant de lutter contre tout danger de renards et d’empêcher la
saturation du talus aval.
Les études des infiltrations dans un barrage en terre concerne : positionnement de la
digue de saturation, tracé des lignes de courant (ψ = cte) et des équipotentielles (φ = cte),
pression interstitielle en un point, distribution des sous-pressions sous le massif et
détermination du débit d’infiltration.

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D’une manière générale, le débit de fuite par unité de largeur à travers l’assise
perméable est donné par l’expression suivante (Figure II-9.10) :
q = K ∆h
m
(II-9.7)
n
avec,
q : débit de fuite par unité de largeur (m3/s/m)
m : nombre de ligne de courant

∆h : la différence de niveau entre la charge amont et la charge aval (m)


n : nombre de lignes équipotentielles

K : perméabilité équivalente (m/s)

ψ = cte
φ = cte
h

j=0 j=15
0
1 2
3
4
1
2 14
4 6 8 10 12
n=5
Couche imperméable

Figure II-9.10 : Réseau des lignes de courants et des équipotentielles à


travers les fondations homogène d’un barrage avec écran (Graf, 1991).

Pour un milieu non isotrope, la perméabilité intervenant dans l’équation (II-9.7) est

K = ( K v K h )1 / 2
substitué par :
(II-9.8)
1- Cas d’un massif homogène reposant sur une fondation imperméable sans dispositif
de drainage
Pour un massif ne comportant pas de dispositif de drainage (tapis, cheminée ou
butée de drainage), Kozeny a montré que la ligne phréatique peut être assimilée à une
courbe parabolique d’axe horizontal, de foyer O au pied de la digue (Figure II-9.11)

y
Plan d’eau A4 B

A3 A2 b
h
A1
θ
α
C r
x A5 y0
A6 A0

0.3 P a0
P
d

Ligne phréatique Ligne de saturation

Figure II-9.11 : Ligne phréatique à partir du parabole de Kozeny (PNUD/OPE, 1987).


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Ce parabole passe par les point A4, A3, A2, A1 et A0 avec A4 est le point du plan
d’eau amont ; A3 : ; A2 : intersection de la ligne phréatique avec le parement aval, A1 :
intersection du parabole de Kozeny avec l’axe y et A0 : intersection du parabole de Kozeny
avec l’axe x.
A partir du parabole théorique de Kozeny, la ligne phréatique est déterminée
graphiquement de la manière suivante :
- Tracer la normale au parement amont au point B, intersection du plan d’eau amont
avec le parement amont, la ligne phréatique est tangentielle à la normale construit et à
la partie médiane du parabole théorique
- la partie médiane du parabole théorique est confondue avec la ligne phréatique
- La troisième partie de la ligne phréatique est raccordée au point C tangentiellement à la
parabole théorique (le point C est distant du foyer de la distance b).

compte de l’angle α, angle que fait la face aval du massif avec l’horizontal :
Le débit de fuite peut être approché par les expressions suivantes, qui tiennent

* Si α < 30°
q = K b sin 2 α (II-9.9)

avec, b = (h 2 + d 2 )1 / 2 − (d 2 − h 2 cot g 2α ) 1 / 2
* Si 30° <α ≤ 180°
q = K y0 (II-9.10)

2) Cas d’une fondation relativement perméable


Dans ce cas, la longueur moyenne de la ligne d’infiltration est supposée égale à
celle de la ligne de contact du massif imperméable avec la fondation perméable. Dans ce
cas, le débit de fuite par unité de largeur de fondation perméable est (Figure II-9.12 a) :
q=
PKh
(II-9.11)
E
avec, P : profondeur de la fondation perméable
K : perméabilité de la fondation perméable
E : empattement du massif imperméable
h : hauteur de la retenue

3) Cas d’un massif homogène relativement étanche


Dans ce cas, l’équation II-9.11 est également valable en prenant comme valeur de E
l’empattement de la digue homogène.

4) Cas d’un massif imperméable ancré dans l’assise perméable


Soit F la profondeur d’ancrage. Le débit d’infiltration à travers l’assise est alors
(Figure II-9.12 b) :
2P / E + 1 + 4 P 2 / E 2
q = K h log
1
2F / E + 1 + 4 F 2 / E 2
(II-9.12)
2

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Massif imperméable

P E Fondation perméable

Assise imperméable

a) Massif imperméable sans ancrage

Massif imperméable
ancré

F
P Fondation perméable
E

Assise imperméable

b) Massif imperméable ancré

Figure II-9.12 : Calcul du débit de fuite (PNUD/OPE, 1987).

II-9.9 Calculs de stabilité


Voir barrage en terre (§ II-7.1.2)
II-9.10 Protection de la digue
La digue est soumise à l’érosion due au ruissellement et au vent. Il est donc
nécessaire de la protéger, comme doit l’être le parement amont contre le batillage de l’eau.
Le choix du type de protection doit tenir compte des matériaux disponibles localement. Les
protections en enrochement se sont avérées dans la pratique les plus sûres.

II-10 OUVRAGES ANNEXES


II-10.1 Déversoirs
Les déversoirs de crue sont des ouvrages annexes aux barrages, qui permettent la
restitution des débits de crues excédentaires (non stockés dans le réservoir) à l’aval du
barrage.
D’une importance primordiale pour la sécurité du barrage, les déversoirs doivent
être en mesure d’empêcher le débordement de l’eau par-dessus la digue et l’apparition de
phénomènes d’érosion à l’aval de la digue dans la zone de rejet dans l’oued.
Les déversoirs peuvent être groupés en deux principaux types : les déversoirs de
surface et les déversoirs en charge
II-10.1.1 Déversoir de surface
Il s’agit du type le plus communément utilisé et aussi le plus fiable. L’évacuateur
de surface débute par un seuil. Ce seuil dans un chenal à faible pente qui amène l’eau à
l’aval de la digue. L’eau emprunte ensuite le coursier dont la pente permet de rattraper la
différence de cote entre le niveau de la retenue et celui de l’oued à l’aval.
Le coursier aboutit soit directement dans l’oued (différence de cote faible), soit
dans un bassin d’amortissement (cas de forte pente).

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L’évacuateur de surface est placé selon les cas (Figure II.9.13) :


- déversoir latéral : latéralement à l’axe du barrage sur une rive
- déversoir frontal : parallèlement à l’axe du barrage

a) Déversoir frontal en béton massif

seuil

canal Bassin de
coursier dissipation

b) Evacuateur frontal posé sur le barrage

Figure II-9.13 : Evacuateur frontal (PNUD/OPE, 1987).

Le déversoir du type latéral est adopté dans le cas ou la pente du versant est faible.
Ce type d’ouvrage repose directement sur le sol et n’est donc soumis à des tassements sous
l’effet du massif du barrage. Si la pente du versant est forte, un déversoir latéral conduit à
des déblais important et un déversoir frontal est alors préférable. Ce type de déversoir est
également utilisé dans le cas de débit évacué très important conduisant à une longueur du
seuil très important. Lorsque la hauteur du barrage est de 10 à 15 m, le déversoir frontal est
construit avec un massif en béton, tandis que pour des hauteurs inférieures, l’ouvrage peut
être réalisé directement sur le couronnement du remblai, en modifiant le profil en travers
de celui-ci et en protégeant le canal contre l’érosion.
II-10.1.2 Déversoir en charge
Ils peuvent être du type puits ou type siphon (Figure II-9.14).

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a) Déversoir en puits

b) Déversoir siphon

Figure II-9.14 : Différents types de Déversoir en charge (PNUD/OPE, 1987).

L’évacuateur en puit est un ouvrage en béton de forme circulaire. Il évacue l’au par
chute verticale dans la conduite enterrée débouchant à l’aval de la digue dans un bassin de
dissipation. Le puit peut servir également de tour de prise d’eau. La conduite d’évacuation
joue le rôle de conduite de vidange.
L’évacuateur en siphon est constitué d’une simple conduite qui fonctionne par
aspiration. Cette conduite peut être incorporée dans la digue ou, de préférence, posée dans
une tranchée latérale creusée dans la berge. Des grilles installées à l’entrée de l’évacuateur
permettent d’éviter l’obstruction par les corps flottants.
II-10.1.3 Choix du type de déversoir
Le choix entre un déversoir de surface et un déversoir en charge dépend :
- de l’importance des débits à évacuer
- de la dénivellation entre la cote des plus hautes eaux et celle du lit de l’oued dans la
zone de rejet des eaux à l’aval,
- de la nature des terrains traversés par l’ouvrage, en particulier par le canal ou coursier
(rendant nécessaire ou pas le revêtement).
Dans tout les cas, il est recommandé de concevoir l’évacuateur de crues le plus
simplement possible afin de circonscrire les coûts dans les limites raisonnables.
Il faut noter que les déversoirs en charge ont, par rapport aux déversoirs de
surface :
- une marge de sécurité beaucoup moins grande, due aux variations du débit en fonction
1/2 3/2
de la charge nettement moins élevée (H et H ).
- Un coût de réalisation plus élevé

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II-10.2 Bassins d’amortissement ou de dissipation d’énergie


Ce sont des ouvrages associés au déversoir qui ont pour rôle de dissiper l’énergie
cinétique de l’eau à la sortie aval du chenal, du coursier ou de la conduite (suivant le type
de déversoirs). La création d’un ressaut hydraulique, transforme un courant torrentiel
(rapide) en un courant fluvial (lent) pouvant être restitué sans risque dans le lit de l’oued.
La figure II-9.15 illustre les différents types d’ouvrages de dissipation d’énergie. Les
dissipateurs à auge nécessitent la présence d’un lit en matériau rocheux très compact et
stable pour éviter les affouillements. Ces diffèrent suivant la nature de l’écoulement :
- Dans le cas d’ouvrage de dissipation avec bec de refoulement, l’écoulement est
totalement submergé par le courant aval (Figure II-9.15 a). le bec terminal est surélevé
par rapport au fond du lit, afin de protéger la structure en béton des chocs provoqués
par les matériaux accumulés par le remous. Le fonctionnement de cet ouvrages
nécessite, dans le lit aval, une hauteur d’eau d’environ 110 % de celle requise pour la
formation du ressaut.
- L’ouvrage de dissipation en saut de ski donne un écoulement émergeant du courant
aval (Figure II-9.15 b).
Si des affouillements sont à craindre, il y a lieu d’augmenter la dissipation de
l’énergie avant que l’écoulement rejoint le lit aval au moyen de blocs de béton permettant
d’amortir le jet d’eau à la sortie du bassin (Figure II-9.15 c et d).

a) avec bec de refoulement b) avec saut de sky

c) équipés de blocs d) avec chute

Figure II-9.15 : Types de Bassin de dissipation d’énergie (PNUD/OPE, 1987).

II-10.3 Critères de dimensionnement


Pour l’étude des déversoirs d’un barrage en général et d’une retenue collinaire en
particulier, il faut en premier lieu :
- établir la crue maximale à prendre en compte
- évaluer, au plan économique, l’opportunité d’évacuer en aval du barrage la totalité du
débit de crue au moyen d’ouvrages de déversement appropriés.

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En effet, l’hydrogramme relatif à la crue prévisible est très souvent caractérisé, pour les
bassins versants de petites dimensions, par des valeurs du débit de pointe assez élevées
(quelques dizaines de m3/s) mais de durée réduite (généralement une ou deux heures au
plus). Le déversoir permettant d’évacuer le débit de pointe maximal est alors de dimension
très importante et donc un coût excessif.
Il faut donc vérifier si la morphologie du réservoir permet le stockage du débit de
crues prévu. Cette solution n’est avantageuse que dans le seul cas où une faible
surélévation du niveau de l’eau entraîne une augmentation importante du volume stocké
(cas du barrage Sidi Salem et Sidi Saad).
Il aussi possible, en augmentant la revanche de manière appropriée, d’écrêter le
débit de pointe et dimensionner le déversoir pour un débit de crues bien inférieur, sans
qu’il ait à craindre une submersion de la digue.
Au cas où la morphologie de la retenue ne serait pas favorable et le débit de crue
pas bien défini, la construction d’un réservoir aux dimensions adéquates pourrait constituer
une contrainte si sérieuse que la réalisation d’un barrage dans la section considérée ne
puisse être envisagée.
L’étude des variations du volume d’eau stocker dans le réservoir pour laminer des
crues de différentes durées et de même fréquence montre que le volume passe par un
maximum pour une crue de durée supérieure au temps de concentration du bassin versant.
A ce volume maximal correspond la cote des plus hautes eaux dont dépend la hauteur de la
digue.
Le dimensionnement hydraulique et structurel des déversoirs exige une analyse
approfondie des caractéristiques et du fonctionnement des différents ouvrages. Dans les
paragraphes suivants nous présentons les principaux critères de base pour l’étude et le
calcul hydraulique des déversoirs les plus couramment employés.
II-10.3.1 Laminage des crues et recherche des dimensions optimales de l’évacuateur
de crues
L’atténuation du débit de pointe de l’hydrogramme de crue par moyens naturels ou
artificiels s’appelle laminage de crue. L’atténuation naturelle est due essentiellement aux
pertes d’énergies par frottements sur le fond et les berges. Si l’onde de crue trouve sur son
passage un réservoir muni d’un système de vidange quelconque, un certain volume de crue
servira à remplir le réservoir jusqu’à la cote de déversement. Ensuite le débit sortant suivra
la courbe caractéristique des vannes du fond et l’hydrogramme de sortie présentera une
pointe plus faible et décalée dans le temps par rapport à l’hydrogramme d’entrée (Figure
II-9.16).

Débits

Qe Hydrogramme de crue
à l’entrée de la retenue
Volume

Qs Hydrogramme à la
sortie de l’évacuateur
Volume

Temps

Figure II-9.16 : Laminage des crues (Bédient, 1989).

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L’établissement de la courbe hauteur-capacité de la retenue et l’hydrogramme de


crue maximale déterminé lors des études hydrologiques, permettent de procéder à l’étude
du laminage des crues en suivant les étapes suivantes :
- fixer une charge maximale admissible au-dessus du seuil du déversoir permettant une
tranché de laminage de crues suffisantes. Généralement, celle-ci a une valeur comprise
entre 0.6 à 1.50 m environ.
- calculer ensuite le déversoir qui permet d’évacuer sous la charge fixée le débit
maximal de crue (voir chapitre IV).
L’évacuateur ainsi déterminé, l’étude des variations du volume d’eau stocké (ou du
niveau du plan d’eau) dans la retenue, consécutives à des crues engendrées par des pluies
de durée t0, t0 + Dt, t+2Dt, etc..., permet de déterminer la cote maximale atteinte par les
eaux et le débit maximal de l’évacuateur sous la charge correspondante. Cette étude peut se
faire à l’aide de la construction graphique de Blackmore basée sur l’intégration de
l’équation de continuité et la courbe donnant la variation du débit de sortie du déversoir en
fonction de la hauteur d’eau Qs = f(h) représentée par les courbes V=f(h) et Qs=f(h). Cette
intégration peut se faire numériquement (méthode des indicateurs de stockage par
exemple).
II-10.4.2 Calculs hydrauliques
Dans ce paragraphe seront présentées quelques règles permettant le
dimensionnement des ouvrages avec une marge de sécurité acceptable.
a) Déversoir
La capacité d’évacuation est contrôlée par le déversoir situé dans la partie amont de
l’évacuateur. Les parties aval (chenal, coursier, ...) doivent être conçues pour évacuer le
débit du déversoir sans perturber le régime d’écoulement. Le débit du déversoir est
fonction de la charge sur le seuil et du profil de la crête. Le profil Creager est généralement
adopté puisqu’il conduit à une lame déversante qui adhère à la forme de ce profil (voir
chapitre IV).
b) Chenal d’écoulement
Le chenal d’écoulement se situe à l’aval immédiat du déversoir, il doit posséder une
pente suffisamment faible (J0 < Jc) pour assurer un écoulement fluvial. La forme
rectangulaire est généralement la plus adaptée pour le chenal. L’écoulement dans ce chenal
n’est généralement pas uniforme, car le chenal est trop court. Il s’établit un ressaut, juste à
l’aval du déversoir, qui conduit à un écoulement fluvial. Le passage en écoulement
torrentiel au niveau du coursier est assuré par le rétrécissement formé généralement au
niveau du changement de pente. Pour vérifier que l’écoulement est bien fluvial à l’aval du
déversoir, la condition suivante doit être satisfaite :
h0 > hc (II-9.13)
avec, h0 : profondeur normale en écoulement uniforme; hc: profondeur critique
La vérification de cette condition s’opère non seulement pour le débit maximal,
mais aussi pour les débits intermédiaires. Cette condition vérifiée, la hauteur de la lame
d’eau au point aval qui fixe l’écoulement peut être déterminée. A partir de ce point, le
calcul de la courbe de remous (type M2) sera poursuivi de l’aval vers l’amont en
appliquant une des méthodes couramment employées pour ce genre de problème (méthode
à pas constant ou à pas variables selon que le chenal est prismatique ou non, par exemple).
La hauteur amont de cette courbe conditionne la position et le type (noyé ou non noyé) du
ressaut hydraulique éventuel se formant à l’aval du déversoir.

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c) Coursier
Le coursier fait suite au chenal d’écoulement et permet de conduire l’eau au talweg.
Pour assurer de bonnes conditions à l’écoulement, il est conseillé de le construire en béton
avec une section rectangulaire dans les barrages collinaires. Les courants qui aboutissent
au pied d’un coursier (ainsi que ceux qui s’écoulent dans une conduite d’évacuation) ont
une vitesse élevée. Mais ils doivent rejoindre le cours d’eau à une vitesse très inférieure,
l’énergie en excès doit être dissipée.
C’est sur ce critère que se basent les bassins d’amortissement à ressaut hydraulique,
tandis que les bassins à auge se bornent à déplacer le courant plus en aval et à une distance
assurant la sécurité de la digue contre des phénomènes d’érosion.
d) Bassin d’amortissement
Dans les bassins à ressaut hydraulique, l’énergie dissipée peut être exprimée en
fonction du nombre de Froude au niveau de la section initiale du ressaut (Fr1). Le meilleur
intervalle du nombre de Froude qui assure une dissipation d’énergie élevée et la régularité
des courants aval est celui compris entre 4.5 et 9 (ressaut stable). Pour des faibles valeurs
de Fr1, le ressaut est dit fort. Il est appelé faible ou oscillant pour des grandes valeurs de Fr1
(Figure II-9.17). Ces valeurs entraînent la formation des ondulations dans le courant aval
ou à des tourbillons instables voire à une dissipation d’énergie quasiment nulle.

h1 hc

a) Ressaut ondulé (Fr1 =1.0 à 1.7) b) Ressaut faible (Fr1 =1.7 à 2.5)

c) Ressaut oscillant (Fr1 =2.5 à 4.5) d) Ressaut stable e) Ressaut fort (Fr1 > 9)
(Fr1 =4.5 à 9.0)

Figure II-9.17 : Nature du ressaut suivant le nombre de Froude amont


(Chow, 1959).

Une fois que l’efficacité du ressaut est établie, il est opportun que le ressaut
commence au pied du coursier ou du canal d’évacuation de façon à limiter la longueur du
bassin. Pour atteindre ce résultat, il est nécessaire que le fond du bassin et le fond du lit du
cours d’eau en aval de celui-ci se trouvent à des hauteurs différentes. Ceci peut être obtenu
en approfondissant le bassin (à ressaut hydraulique) ou en surélevant la crête du seuil
terminal (avec contre-digue).

d1) Dissipateur à ressaut hydraulique

La Figure II-9.18 représente les différentes sections de contrôle et les profondeurs d’eau
correspondantes intervenant dans le calcul de la longueur L du bassin.

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