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OUVRAGES HYDRAULIQUES CHAPITRE II OUVRAGES DE RETENUE

II-6 BARRAGES RIGIDES (EN MATERIAUX ASSEMBLES)


Ils regroupent les barrages poids, contreforts, voûte, et voûtes multiples qui
différent les uns des autres par la forme de l’ouvrage. La construction de ces barrages est
presque toujours réalisée en utilisant le béton (la maçonnerie de moellons est de moins en
moins employée). Le béton utilisé dans la construction des barrages rigides est constitué de

deux avantages : résistance à la rupture par compression, σr, plus grande (σr
gros éléments de dimensions inférieures à 250 mm. Le choix de gros éléments présente

proportionnelle à la racine cinquième des dimensions des plus gros agrégats) et prix réduit
des installations de concassage.
Une comparaison des dosages types des bétons de masse, de parement et ordinaire
des autres parties (déversoirs, supports de vannes des évacuateurs, galeries, bâtiments des
usines hydroélectriques etc...) est donnée dans le tableau suivant :
Tableau II-6.1 : Dosage type du béton des ouvrages hydrauliques
Composants Béton de masse Béton de Béton ordinaire
(Kg/m3) parement (Kg/m3) (Kg/m3)
Ciment 250 300 300
Sable (0-2) mm 330 300 -
Sable (0-4) mm 170 150 800
Gravillon (12-25) mm 565 565 1800
Pierre (70-150) mm 1070 1070 -
Eau 150 155 160

La résistance à la rupture par compression σr, d’un béton à gros agrégats au dosage
en ciment de 2500 Kg/m3 peut être caractérisé par les valeurs suivantes : 250 daN/cm2 à 90
jours et 300 daN/cm2 à un an.
Les contraintes admissibles σc (valeurs maximales des contraintes calculées) ont été

exemple, en France, σc a passée de 25 daN/cm2 en 1935 à 100 daN/cm2 en 1955. Soit des
sans cesse accrues depuis que l’on utilise le béton dans la construction des barrages. Par

coefficients de sécurité, σr/σc, de plus en plus faibles.


La fabrication et la mise en place du béton au barrage comprend les étapes
suivantes :
- Extraction des agrégats (carrières, cours d’eau, plages, ...)
- Concassage, criblage et lavage des agrégats sur site
- Fabrication des bétons : usine à béton comprenant essentiellement (silos à agrégats +
cuve à ciment + doseurs + trémie de remplissage + bétonnières + trémies à béton)
- Mise en place des béton (blondins ou transporteurs à câbles, grues, et pompes de
bétonnage).
Le contrôle de la qualité des bétons est réalisé dans un laboratoire de chantier ; il
comporte, en général, l’essai de rupture par compression d’échantillons en forme de cubes
de 20x20 cm de coté, confectionnés spécialement ou de carottes cylindriques prélevées
dans la masse de l’ouvrage.
II-6.1 Barrages poids ou « gravité » (gravity dams)
Ce sont des barrages en béton ou en maçonnerie qui résistent aux forces auxquelles

présente un léger fruits (m ≅ = H/V = 0.05) et la somme des fruits des parements amont et
ils sont soumis, entièrement par leur poids propres. En pratique, le parement amont

aval est voisine de 0.75. L’engraissement du profil permet l’établissement d’un passage en
crête avec une largeur de 4 à 6 m. Enfin, le parement amont présente, en général, une

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forme cylindrique pour éviter que des contraintes de traction ne prennent naissance dans le
béton au voisinage de ce parement ; dans ce cas le barrage se comporte comme une voûte
travaillant à la compression. Dans certains cas, le parement aval présente une forme en
marches d’escalier pour des raisons de coffrage et de construction.
II-6.1.1 Forces agissant sur un barrage poids
La recherche des conditions de stabilité des ouvrages et le calcul des contraintes
dans les matériaux qui les constituent nécessitent la connaissance des forces appliquées à
ces ouvrages. Celles-ci sont communes aux différents types de barrages fixes et sont
représentées sur la Figure II-6.1. Les calculs de stabilité sont effectués en décomposant le
barrage en tranches verticales de largeur unitaire, 1m, supposées indépendantes les une des
autres. Les vérifications doivent être faites, en principe, pour toutes les assises horizontales
de l’ouvrage.

b
Surface d’eau B C

F5
G
Fv Fv F4
h
F6
α
Fh G’
Fh F5 F5
Q

α F4
0,425 h
h s F2 W

ρgh
E’ A’ A E

P0 (1) R
R
(1) répartition triangulaire (2) Pr
(2) répartition trapézoïdale P0
B

Figure II-6.1 : Force agissant sur un barrage rigide (HB Civil Eng.).

Force de pression de l’eau (poussée de l’eau) Q : C’est la résultante de la composante


horizontale de la force de pression hydrostatique de l’eau Fh et de la composante verticale

• La force hydrostatique a une distribution triangulaire est déterminée par la formule


de pression Fv.

suivante :
Fh = ρ g h 2
1
(II-6.1)

avec, ρ masse volumique de l’eau ; g accélération de la pesanteur ; h : hauteur amont du


2

barrage.

• La composante verticale de la force de pression Fv est donnée par :


Fh passe par le point G’ défini par (E’A’ = 1/3 (ρ g h) ; E’G’ = 1/3 h).

Fv = ρ g (volume ABC ) (II-6.2)


Fv passe par le point G défini par (AE = 1/3 BC ; EG = 2/3 h). Cette force s’annule pour un
parement amont vertical,.
Ainsi, la résultante de poussée de l’eau (composante normale au parement amont de
la force hydrostatique) est :

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Q= = ρ g h2
sin α 2 sin α
Fh 1
(II-6.3)

où, α est l’angle que fait le parement amont avec l’horizontal.


Pour un parement vertical, sin α = 1, et Q = Fh = ρ g h 2
1
2
Force de pression des vases F2 : Cette force représente la pression des vases déposées à la
base du barrage. Cette pression peut être calculée par la théorie de Rankine pour la

1 ⎛ 1 − sin ϕ ⎞
pression des terres, appliquée au poids apparent ou submergé des vases :
F2 = ⎜ ⎟ ρ s g hs2
2 sin α ⎜⎝ 1 + sin ϕ ⎟⎠
(II-6.4)

avec, ρs : masse volumique des vases ; ϕ : angle de frottement du sol ; hs : profondeur des
vases déposées.
Poussée de la glace F3 : La glace qui se forme à la surface du plan d’eau du réservoir en
hiver, à la suite d’augmentation de la température, exerce une poussée horizontale au
voisinage couronnement en haut du parement amont du barrage. Cette poussée peut varier
de 10 à 50 t/ml. A titre indicatif, les barrages suédois sont calculés avec une force de 30
t/m2.
Forces d’actions des séismes F4 et F5 : Ces forces représentent les composantes
horizontale et verticale des forces d’accélération dues aux séismes. Aux USA, la plus part
des barrage des régions actives ont été dimensionnés pour une accélération égale à 0.1 g,
soit le dixième de l’accélération de la pesanteur, agissant dans toutes les directions.
Force d’inertie d’un tremblement de terre F6 : Cette force représente la force d’inertie
de l’eau sur la face amont du barrage, suite à un tremblement de terre. Une bonne

F6 = 0.555 a ρ h 2
approximation de cette force est donnée par Von Karman :
(II-6.5)
avec, a : accélération due au tremblement de terre ; ρ : masse volumique de l’eau ; h :
hauteur d’eau en amont du barrage.
Cette force s’applique en un point situé à 0.425 h au-dessus de la base.
Force de sous-pressions S : Les sous-pressions sont des pressions internes de soulèvement
qui résulte des fuites d’eau à travers les pores ou les canaux capillaires des fondations ou à
travers des joints non étanches des ouvrages en maçonnerie. Cette force agit sur toute la
longueur de base du barrage. La distribution des sous-pressions sur la base plane du
barrage est, en général, supposée linéaire pour le calcul de stabilité ; elle décroît de l’amont

triangulaire, la sous-pression sur le parement amont partant est P0 = ρ g h et s’annule sur le


vers l’aval du fait des pertes de charge dans les canaux capillaires. Pour une répartition

parement aval si celui-ci est à la pression atmosphérique (profil (1) sur la figure II-6.1). Si
le parement aval contient une certaine profondeur d’eau, la répartition des sous pressions
est trapézoïdale, comprise entre P0 en amont et Pr en aval (profil (2) sur la figure II-6.1).
Par exemple, pour un barrage poids de hauteur h et de base B = 3/4 h et en
supposant une répartition triangulaire, l’expression de S sur une largeur unitaire :
S = ρ g B h = ρ g h2
1 3
(II-6.6)
2 8
La force S apparaît donc comme une fraction de la pression hydrostatique (ρ g h).
Poids propre W : Elle s’applique au centre de gravité de la section transversale du barrage
et dépend de la forme de cette dernière et de la densité moyenne des matériaux. Dans le cas
d’un barrage en maçonnerie ou en béton, la densité est de l’ordre de 2.4 à 2.5 ; pour les
barrages en terre compactée, elle est comprise entre 2.1 et 2.3 suivant le type de matériau.
Le poids d’un barrage de section trapézoïdale est donné par :

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W= d ρ g ( B + b) h
1
(II-6.7)

avec, d = ρm/ρ : densité du matériau constituant le barrage (ρm étant la masse volumique du
2

matériau).
Autres forces : certains ouvrages sont calculés en prenant en considération les effets
thermiques (cas des barrages rigides seulement) et des efforts dus aux explosions des
bombes en plus des efforts dus tremblements de terre.
II-6.1.2 Conditions de stabilité des barrages poids
Soit le profil en travers OAB d’un barrage de forme triangulaire (la plus
économique) représenté sur la figure II-6.2. Considérons pour simplifier que ce profil est
soumis aux trois forces principales suivantes :
- Poids propre, W, appliqué au centre de gravité G,
- Poussée de l’eau, Q, appliquée au point PQ,
- Sous pressions, S, son point d’application est PS pour une répartition triangulaire.
La résultante de ces forces est équilibrée par les réactions de la surface d’appui AB.

RN O

h A’ B’
S
pQ G
Q

A Ps B
mh

Figure II-6.2 : Forces appliquées à un barrage poids (Ginocchio,1959).


Dans l’étude sommaire de stabilité qui suit, nous vérifions la stabilité de la partie du
barrage situé au-dessus de l’assise AB. En réalité, les vérifications doivent être faites pour
toutes les assises horizontales A’B’ du barrage (Figure II-6.2). Nous supposerons pour
simplifier que le parement amont du barrage est vertical et que le parement aval a un fruit
m = H/V. Les conditions d’équilibre peuvent être décomposées en deux groupes :
- équilibre statique (glissement, renversement)
- équilibre élastique interne (corps du barrage) et externe (fondation)

Les forces horizontales ( ∑ Fh ), telles que la poussée de l’eau, Q, et des vases, qui
a) Stabilité au glissement des barrages poids

s’exercent sur le barrage tendent à le déplacer vers l’aval. La résistance à ces forces

c, et à leur coefficient de frottement (tg ϕ). En général, la cohésion est considéré


horizontales (résistance au cisaillement) est offerte par les fondations grâce à leur cohésion

négligeable et la stabilité au glissement est assurée si la condition suivante est satisfaite :

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∑F ≤ tgϕ
∑F
h
(II-6.8)

Pour un frottement béton-béton et béton-rochet de qualité : tg ϕ = 0.75. Si la


v

et nous pouvons adopté tg ϕ = 0.60.


fondation est constituée de roche plus tendre (calcaire, marne), le frottement est plus faible

∑ Fv tgϕ > 1
Le coefficient de sécurité au glissement doit vérifier :

∑ h
Fsg = (II-6.9)
F
Cette condition exprime que la composante horizontale des forces appliquées est
inférieure à la résistance due au frottement de l’ouvrage sur la section AB et peut s’écrire

Q < tgϕ (W − S )
sous la forme :
(II-6.10)
Si le diagramme des sous-pressions est triangulaire, l’équation (II-6.10) s’exprime
comme suit :
⎛1 ⎞
< tgϕ ⎜ d m h 2 − m h 2 ⎟
h2 1
⎝2 ⎠
(II-6.11)
2 2
d’où :
m>
(d − 1) tgϕ
1
(II-6.12)

soit pour, tg ϕ = 0.75 et d = 2.4, m > 0.96 ; et si les sous-pressions sont négligeables, cette
condition devient :
m> > 0.55
d tgϕ
1
(II-6.13)

En pratique, on donne au fruit m une valeur égale à 0.75, et la condition de non


glissement est assurée en réduisant les sous-pressions au moyen d’un réseau de drains
verticaux (Figure II-6.3).

Crête du barrage 5m Niveaux des plus hautes eaux

Fondation
perméable

Drainage sub-vertical Drainage périmetral


du massif de la fondation

Figure II-6.3 : Coupe dans l’axe du barrage – système de drainage


(PNUD/OPE, 1987).

b) Stabilité au renversement des barrages poids


Le rapport moments résistants (poids propre de l’ouvrage W) et des moments


motrices (poussée de l’eau Q et sous-pression S par exemple) définit le coefficient de
sécurité au renversement :


Fsr = >1
Mr
(II-6.14)
Mm

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Si le diagramme des sous-pressions est triangulaire, la condition (II-4.10) s’écrit


comme suit :
< d m2 h3 − m2 h3
h3 1 1
(II-6.15)
6 3 3
d’où
m>
1
2 (d − 1)
(II-6.16)

soit pour d = 2.4, m>0.60, condition respectée dans un profil type où m = 0.75.

Les barrages poids ont en général, une face amont légèrement inclinée pour faciliter
la construction et éventuellement pour augmenter la stabilité de ces ouvrages.
c) Stabilité interne des barrages poids (équilibre élastique)
La méthode de calcul consiste à déterminer les contraintes dans les sections
horizontales, à partir des formules de la flexion composée (RDM : résistances des
matériaux), compte tenu des actions extérieures appliquées à l’ouvrage et d’éventuelles
actions internes telles que les pressions interstitielles dans les fissures.
La sommation des moments des forces verticales par rapport à n’importe quel point
du barrage (point B par exemple) donne les contraintes (pressions) normales au sol (Figure

∑F ∑ Fv (1 + 6 e )
II-6.4) :

σA = (1 − 6 ) et σ B =
ve
(II-6.17)
b b b b

l’ouvrage par rapport au centre de gravité de la surface de base B ; ∑ Fv : la somme des


avec, e : excentricité du point d’application de la résultante des forces appliquées à

forces verticales appliquées à l’ouvrage (W et S)


h


Fv

Fh

h
A B
σA G
σB
e
b

Figure II-6.4 : Stabilité au renversement (PNUD/OPE, 1987).

Les contraintes normales admissibles dans le béton doivent respecter certaines


conditions.

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1) Calcul de fatigue du béton


Il faut vérifier que ces contraintes normales ne soient pas trop élevées pour le rochet
ou sol de fondation ; et que la pression minimale reste positive (pas de traction), ce qui
équivaudrait à vérifier que l’excentricité reste dans le tiers central de la base b :
e<
b
(II-6.18)
6
2) Condition de non écrasement
Les contraintes de compression les plus élevées se produisent au voisinage du point
B. Il convient de vérifier que ces contraintes ne doivent pas dépasser une certaine fraction
(généralement 30 %) de la contrainte de rupture en compression du matériau constituant le
barrage, béton à 28 jours (cette condition est toujours vérifiée pour les petits et moyens
barrages).
3) Condition de non-traction
Les contraintes les plus faibles se produisant au voisinage du point A, doivent rester
positives (le béton ne peut supporter de traction) et garder une valeur suffisante pour qu’en
cas d’infiltration ou fissure, le calcul ne soit pas remis en cause. Il faut pour cela que la
masse de la partie de l’ouvrage située au-dessus de AB soit telle qu’en tout point du
parement amont la contrainte de compression due au poids et à la poussée de l’eau soit au
moins égale à la pression hydrostatique (ρ g h). Cette condition, dite de Maurice Lévy, se
traduit par :
m > 0.88 (pour d = 2.4) (II-6.19)
En pratique, le fruit adopté du barrage est réduit à m = 0.75 et un drainage du
barrage permet d’éviter les sous pression (Figure II-6.3).
4) Ecran d’étanchéité
Les sous-pressions jouent un rôle important dans la stabilité des barrages. Pour
réduire ces sous pressions, un écran d’étanchéité est réalisé à la base du parement amont.
Le diagramme de sous-pression sous l’effet d’un écran d’étanchéité vertical est représenté
sur la Figure II-6.5. Cet écran est réalisé au moyen de forages dans lesquels on injecte un
coulis de ciment. Le dosage de ciment est plus élevé dans la zone comprise entre le drain et
l’écran d’étanchéité que dans la masse de l’ouvrage : par exemple 300 à 350 Kg/m3 sur une
épaisseur de 2 à 3 m, au lieu de 200 à 250 Kg/m3 dans la masse.

h1
Q

drain h2

γ h2 S γ h2

γ d (h1-h2)
γ h1
Ecran d’étanchéité

Figure II-6.5 : Diagramme des sous pressions sous l’action d’un


écran d’étanchéité vertical (PNUD/OPE, 1987).
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d) Stabilité externe (étude des fondations)


a- Stabilité au poinçonnement
En exerçant une charge croissante sur une fondation, il arrive un moment où une

produit lorsque la charge exercée est égale à la charge limite de la fondation σlim :
rupture plastique se produit dans celle-ci : c’est le phénomène de poinçonnement qui se

σ lim = (1 − 0.2 ) γ s N γ + γ s D N q + (1 + 0.2 ) c N c


B B B
(II-6.20)

avec, γs : poids volumique du sol ; B et L : largeur et longueur moyennes du barrage ou de


2 L L

la fondation équivalente ; C : cohésion du sol ; D : profondeur d’enterrement ; Nγ, Nq, Nc :


termes fonctions de l’angle de frottement ϕ, donnés par le Tableau suivant :

Tableau II-6.2 : Coefficients Nγ, Nq, Nc de la charge limite de poinçonnement


ϕ (°) Nγ Nq Nc
0 0 1 5.14
5 0 1.56 6.47
10 1 2.49 8.47
15 2.33 3.94 11.00
20 4.97 6.40 14.80
25 10.40 10.70 20.70
30 21.80 18.40 30.10
35 48.00 33.30 46.10
40 113.00 64.20 75.40
45 297.00 135.00 135.00

La contrainte admissible, σadm = σlim/Fs, où Fs est un coefficient de sécurité qui


tient compte des différentes incertitudes et approximations faites pour calculer σlim. En

Le calcul à court terme (cu, ϕu) est généralement le cas le plus défavorable.
général, Fs est pris voisin de 3.

Lorsque L est grand par rapport à B, l’équation (II-6.21) se réduit à la formule de


Terrzaghi :
σ lim = γ s N γ + γ s D N q + c N c
B
(II-6.21)
2
b- Calcul des tassements du sol de fondation
Le tassement le plus important pour les sols est le tassement de consolidation qui

• Détermination de la répartition des contraintes,


peut être estimer comme suit :

• Décomposition du sol en un certain nombre de tranches de telle façon que la contrainte

• Calcul du tassement de chaque couche de la manière suivante :


moyenne dans chaque tranche varie peu.

(e − e i )
Wi = H i o
1 + ei
(II-6.22)

avec, e0 est l’indice initial des vides du sol soumis au poids des terres qui le surmontent ;
Hi : épaisseur d’une tranche ; ei : indice des vides après application de la surcharge, valeurs

• Le tassement de l’ensemble des tranches formant le sol de fondation est donc :


obtenues de l’essai oedométrique.

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W = ∑ Wi
n
(II-6.23)
1
où, n : nombre de tranches
c- Etanchéité et drainage des fondations
Pour réduire les sous-pressions sou la base du barrage, plusieurs méthodes peuvent
être distinguées :
- soit un écran vertical d’étanchéité qui coupe en totalité les couches perméables. Cet
écran peut être simplement constitué par une tranchée remplie de matériau étanche
compacté en prolongement du noyau si ce dernier est prévu ou du massif du barrage en
sol étanche homogène.
- Soit d’un tapis étanche horizontal amont. Cependant, un tel tapis ne permet pas
toujours de diminuer convenablement les fuites d’eau sous le barrage. Il est alors
conseillé d’adjoindre aux matériaux argileux des polymères synthétiques et de la
bentonite qui rendent l’étanchéité du tapis plus efficace. L’épaisseur du tapis doit avoir
au moins une épaisseur de 1m après compactage.
- Le drainage vise à réduire et, si possible, à annuler les sous-pressions dans la masse de
l’ouvrage et dans les fondations (Figure II-6.6). Il est réalisé au moyen de puits
verticaux de 0.50 à 1 m de diamètre, dont la distance entre axes est de l’ordre de
quelques mètres, établis à proximité du parement amont. Ces puits débouchent dans des
galeries transversales reliées à l’aval ; l’eau d’infiltration s’écoule par ces galeries.

RN

Puits de drainage φ 0.800 m

Conduite forcée

Usine

de visite φ 3.00 m
Galerie de drainage et

Drain collecteur φ 0.800 m

Figure II-6.6 : Réseau d’étanchéité et de drainage des barrages rigides


(Ginocchio, 1959).

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II-6.1.3 Conclusion
Les barrages poids peuvent être construit sur des fondations en terre, mais dans ce cas
leur hauteur doit être limitée à 20 m. La raison principale de recours aux barrages poids est
leur capacité à laisser passer des crues importantes par leur sommet (submersion) sans
dommages appréciables. Leurs prix de construction et de maintenance sont souvent plus
élevés que ceux des barrages en terre ou en enrochements de hauteurs et longueurs en crête
comparables.
II-6.2 Barrage à contreforts (buttress dams)
Ce sont des barrages poids évidés pour économiser du béton. Ils sont formés de
membranes imperméables soutenues par des contreforts perpendiculaires à l’axe du
barrage. Bien qu’il existe plusieurs types de contreforts, les deux plus importants sont les
murs plats (flat-slab) et les voûtes multiples (multiple-arch). Dans les premiers, la
membrane supportant l’eau est une plaque plane et continue en Béton Armé, s’étalant le
long des contreforts (plots séparés dont la section horizontale a la forme d’une poutre en I
ou en T). Dans les seconds, la membrane est faite d’une série de coûtes elles aussi en béton
armé (Figure II-6.7).

(a) 2 (b) 2 1 (c) 3 1

4 4

Légende :
1) contre fort; 2) recouvrement à dalle plane; 3)recouvrement à voûte; 4) poutre de rigidité

Figure II-6.7 : Barrage à contrefort a) à dalle courbée ; b) à dalle plane ;


c) à voûte multiple (Grishin, 1982).

Les barrages à contreforts en voûtes nécessitent moins d’armature en acier et


peuvent couvrir des distances plus longues entre contreforts. Mais leurs travaux de
coffrages sont plus coûteux.
La face amont du barrage à contreforts est en général incliné de près de 45 °. Le
poids de l’eau sur cette face est nécessaire pour augmenter la stabilité de l’ouvrage au
glissement et au renversement. Les forces agissants sur un barrage à contreforts sont les
mêmes que celles agissant sur un barrage poids. Cependant, l’action verticale de l’eau est
beaucoup plus importante sur un barrage à contreforts, et les forces de soulèvement y sont
plus faibles. Les modes de rupture sont eux aussi les mêmes, mais la conception des
structures est beaucoup plus difficile.
Bien que les barrages à contreforts nécessitent en général moins que la moitié du
volume de béton requis par les barrages poids, ils ne sont pas nécessairement moins
coûteux à cause de l’importance des travaux de coffrage et des importantes quantités
d’aciers d’armatures requises. Avec la croissance rapide du coût de main d’œuvre de ces
dernières décennies, les barrages à contreforts ont beaucoup perdu de leur popularité de
jadis.

Exemple : Barrage de Bni Mtir


La partie centrale de ce barrage, longue de 280 m est fondée sur des argiles
compactes non altérées. Elle est constituée par 20 contreforts de 14 m de largeur chacun,

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