Chapitre 7 : Appareils d’appuis (A.

A)

L’appareil d’appui est un dispositif qui permet de relier le tablier du pont à ses appuis ; piles
ou culées. Cette liaison doit assurer 2 fonctions :

- Transmettre les charges verticales et horizontales vers les piles ou les culées.
- Permettre le libre mouvement du tablier dans les directions choisies que se soient des
translations ou des rotations.

Nous allons traités dans ce chapitre les appareils d’appuis les plus connus ; métalliques, en
néoprène, à pots…

On distingue 2 types d’A.A:

- A.A fixe : il ne permet pas la rotation du tablier en ce point.

- A.A mobile : il permet la rotation et la translation en même temps.
1. Les appareils d’appuis métalliques
a. A.A à friction

Il est utilisé pour des portées inférieures ou égales à 20 m, il est constitué de 2 plaques
métalliques polies et inoxydables qui glissent l’une sur l’autre, elles sont fixées à la structure
du pont à l’aide de connecteurs en acier. Lorsqu’on veut limiter l’intensité des efforts
horizontaux transmis aux piles ou culées. On dépose sur les faces en contact des 2 plaques une
couche mince de PTFE (polytétrafluoro-éthylène), appelé téflon, son coefficient de frottement
est très faible (1 à 2% en laboratoire), ce coefficient peut être nettement plus élevé dans
l’ouvrage. Il dépendra des conditions de pose et d’entretoisement des A.A.

Avantages : simplicité de construction

Inconvénients : si la surface des plaques est importante cela ne va permettre la rotation au

niveau de l’appui.

b. A.A à dent métallique

Il est utilisé dans les appuis fixes où seule la rotation est permise, les efforts transversaux sont
transmis par la dent métallique, les balanciers supérieur et inférieur servent de liaison entre
l’A.A et la structure de l’ouvrage.

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 c. A.A à rouleaux

Il est constitué d’un ou plusieurs cylindres métalliques qui peuvent rouler entre les balanciers
selon l’axe longitudinal (ox) du pont, une calle métallique est fixée au balancier inférieur, elle
sert à guider les rouleaux dans leurs mouvements et à les empêcher de se déplacer
latéralement dans le sens de y, elle va donc transmettre les efforts transversaux Hy. Ce type
d’appareils permet la rotation du tablier. Au lieu d’un seul rouleau, on peut rencontrer dans
mes ouvrages de grande portée des A.A à plusieurs rouleaux.

d. A.A à rotules

Ce type d’appareils ne permet que la libre rotation autour de la rotule.

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 e. A.A à grain

Dans certains cas tels que les ouvrages biais et courbes il faut que la rotation soit libre dans
plusieurs directions, on a recours aux A.A à grain qui sont équipés d’un bloc en acier
d’extrémité sphérique.

Pour permettre le libre mouvement dans toutes les directions on réalise au niveau du balancier
supérieur un plan de glissement où les 2 faces de friction sont peintes à l’aide du PTFE.

f. A.A à galets

Le galet est un bloc rectangulaire en acier avec ses extrémités arrondies en arc de cercle, cela
permet de transmettre les efforts verticaux entre les 2 balanciers et facilite la rotation du
tablier.

Calcul de l’A.A à galet

 Vérification de la pression localisée sur la structure

Les zones de contact avec le balancier doivent vérifier à l’ELS une contrainte de compression
σ’ inférieur à la contrainte admissible du matériau constituant la structure en contact avec
l’A.A.

𝑅
𝜎′ = ≤ 𝜎𝑏
𝑎. 𝑏
Où R : force verticale reçue par l’A.A

a et b les dimensions en plan du balancier.

𝜎𝑏 : Contrainte admissible du matériau constituant la structure le tablier, la pile ou la culée.

𝑃𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒𝑠: 𝜎𝑏 = 5𝑀𝑃𝑎
{ 𝐺𝑟𝑎𝑛𝑖𝑡: 𝜎𝑏 = 7𝑀𝑃𝑎
𝐵. 𝐴: 𝜎𝑏 = 15𝑀𝑃𝑎
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  Vérification du balancier

Il est supposé comme une console appuyée en un point E. Le moment fléchissant au point E
est :

𝑅. 𝑎
𝑀=
8
La contrainte de traction dans le balancier est :

3𝑅. 𝑎
𝜎= ≤ 𝜎𝑒𝑏
4𝑏. 𝑐²

 Vérification du galet

La hauteur h du galet doit vérifier la condition :

𝐿𝑝
ℎ≈
50

𝐿𝑝 : portée de la travée considérée.

Le rayon r de la partie cylindrique doit vérifier la relation :

ℎ
𝑟≥
2
La contrainte de contact σ est donnée par la formule de Hertz :

𝑅. 𝐸
𝜎 = 0.418√ ≤ 𝜎𝑒𝑔
𝑏. 𝑟

Où E est le module de Young de l’acier constituant le galet. E = 2.105 MPa.

𝜎𝑒𝑔 : contrainte admissible de compression. Puisqu’il s’agit d’un acier très résistant, on a :

A420 𝜎𝑒𝑔 = 960 𝑀𝑃𝑎

A520 𝜎𝑒𝑔 = 1440 𝑀𝑃𝑎

Exercice :

Soit le pont métallique à poutres latérales pleines de portée égale à 30 m. on se propose de

vérifier l’AA qui est constitué d’un seul galet et recevant les charges :

Rg = 1000 KN et Rq = 600 KN.

Données : le balancier E36 ; 𝜎𝑒𝑏 = 360𝑀𝑃𝑎

Le galet : A420 ; 𝜎𝑒𝑔 = 960𝑀𝑃𝑎

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 Epaisseur du galet eg = 15 cm et culée en BA.

2. Les articulations en béton fretté

Les articulations représentent une section rétrécie en béton qu’appelle articulation de
Freyssinet, elle est traversée par des goujons de largeur c de l’ordre de 6 à 10 cm. Le volume
entourant l’articulation est fretté ce qui permet de confirmer le béton qui se plastifie dans cette
zone. Ce type d’articulation n’admet pas de déplacements horizontaux mais permet des petites
rotations de l’ordre de 0.05 radians lors de la mise en service de l’ouvrage. La réalisation de
cette articulation doit être faite avec le plus grand soin et ce pour éviter toute détérioration
future.

3. Les A.A en néoprène fretté

Cet A.A est constitué par un empilage de feuilles en élastomère (néoprène) et de plaques
métalliques non apparentes qui jouent le role de frettes. La liaison entre les feuilles et les
plaques se fait par vulcanisation (à chaud). Ce type d’A.A appelé CIPEC est très utilisé
actuellement dans les ponts de faible et de moyenne portée. Sa géométrie est représentée dans
la figure suivante avec les dimensions données par le tableau ci-dessous.

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 t (mm) 8 10 12 16
Epaisseurs (t) des feuilles de néoprène.

ts (mm) 2 3 3
Epaisseur (ts) des plaques d’acier.

Min (a x b) (mm) (100 x100)

Max (a x b) (mm) (700 x700)
Dimensions en plan d’un A.A en néoprène

Avantages :

- Cout modéré
- Simplicité de la mise en œuvre
- Comportement élastique vis-à-vis des charges verticales et horizontales et les
rotations.

Inconvénients

La durée de vie de ce type d’A.A varie entre 5 et 15 ans, au-delà de cette période il y a risque
d’apparition de déchirures (fissures) dans le néoprène dues aux sollicitations, l’ozone (O3)
contenu dans l’air pout amorcer un processus de décomposition dans ces zones là.

- Calcul d’un A.A en néoprène

Contrainte de cisaillement : Pendant sa mise en service, l’A.A subit des contraintes de

cisaillement (τ) dues aux surcharges verticales, horizontales et les rotations.

La contrainte de cisaillement due aux charges verticales.

1.5 𝐹𝑧
𝜏𝑁 = .
𝛽 𝑎. 𝑏

Où 𝛽 est le coefficient de forme d’une feuille de néoprène.

𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 ℎ𝑜𝑟𝑖𝑧𝑜𝑛𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑎. 𝑏

𝛽= =
𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑙𝑎𝑡é𝑟𝑎𝑙𝑒 2(𝑎 + 𝑏). 𝑡

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La contrainte de cisaillement due à une force horizontale ou un déplacement horizontal :

𝐹𝐻
𝜏𝐻 = = 𝐺. 𝛾
𝑎. 𝑏
G : module de cisaillement du néoprène :

Effets différés : G = 0.8 MPa

Effet instantanés : G = 2G = 1.6 MPa

L’A.A va subir en face supérieur un déplacement horizontal u. On a :

𝑢
𝛾 ≈ 𝑡𝑎𝑛𝛾 =
𝑇
Contrainte de cisaillement due aux rotations :

𝐺
𝜏𝛼 = 𝑎 . 𝛼1
2( )²
𝑏
Où 𝛼1 est l’angle de rotation d’une feuille de néoprène.
𝛼
𝛼1 =
𝑛
Où 𝛼 est l’angle de rotation totale de l’A.A

n est le nombre plaques métalliques.

𝛼 = 𝛼0 + 𝛼𝑐

Où 𝛼𝑐 est l’angle total de rotation calculée.

𝛼0 dépend de la nature du matériau constituant le tablier.

3
𝑇𝑎𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑒𝑛 𝐵𝐴 ∶ 𝛼0 𝑟𝑑
1000
10
𝑇𝑎𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑒𝑛 𝐵𝑃 ∶ 𝛼0 𝑟𝑑
1000
30
{ 𝑇𝑎𝑏𝑙𝑖𝑒𝑟 𝑚é𝑡𝑎𝑙𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 ∶ 𝛼 0 𝑟𝑑
1000
- Vérification des contraintes de cisaillement

A l’ELS (effet de la charge verticale)

𝜏𝑁 ≤ 3𝐺

A L’ELS (effet de rotation)

𝜏𝛼 ≤ 1.5𝐺
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A l’ELS (effets différés)

𝜏𝐻1 ≤ 0.5𝐺

𝜏𝐻1 : Contrainte de cisaillement due aux effets de température, retrait et fluage.

Effets différés plus le freinage :

Soit FHfr la force horizontale de freinage reprise par l’A.A, on doit vérifier :

𝐹𝐻 𝐹𝑟
𝜏𝐻 = 𝜏𝐻1 + ≤ 0.7𝐺
2(𝑎. 𝑏)

A l’ELS (vérification générale aux conditions normales ; g+q) :

𝜏 = 𝜏𝑁 + 𝜏𝐻 + 𝜏𝛼 ≤ 5𝐺

Effet de séisme :

Soit FH S la force horizontale due au séisme et revenant à l’A.A, on doit vérifier :

𝐹𝐻 𝑆
𝜏𝐻1 + ≤ 1.3𝐺
2(𝑎. 𝑏)

- Vérification de la contrainte normale

à l’ELS :

𝐹𝑉
𝜎𝑚 =
(𝑎. 𝑏)

On doit vérifier la condition

2 𝑀𝑃𝑎 ≤ 𝜎𝑚 ≤ 15 𝑀𝑃𝑎

Où la borne de 2 MPa représente la condition de non cheminement de l’A.A, et la borne de 15

MPa représente la condition de non écrasement du béton dans les zones entourant l’A.A, c’est
pour cela que les dés d’appuis sont fortement ferraillés.

Puisque la dimension maximale de l’A.A est de (700 x700) mm², on peut calculer la capacité
portante maximale de cet appareil.

𝐹𝑣𝑚𝑎𝑥 = 0.7 × 0.7 × 15 = 7.35𝑀𝑁 = 7350𝐾𝑁

- Condition de non flambement

à l’ELU :

𝐹𝑣𝑚𝑎𝑥 𝑎²
𝜎𝑚 = < 𝐾. 𝐺.
(𝑎. 𝑏) 𝑡²

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Où a est la plus petite dimension en plan de l’A.A

Où K est le coefficient déterminé par les essais. En l’abscisse d’essais suffisant on doit
vérifier.
𝑎 𝑎
≤𝑇≤
10 5
- Condition de non soulèvement

Le risque de soulèvement peut se produire si la rotation (𝑎) de l’A.A est excessive. Pour la
limiter, l’angle de rotation 𝛼1 d’un feuillet de néoprène doit vérifier la relation.

à l’ELS

𝛼 3 𝑡² 𝜎𝑚
𝛼1 = ≤ . .
𝑛 𝛽 𝑎² 𝐺

𝐹𝑣𝑚𝑖𝑛
Où 𝜎𝑚 = (𝑎.𝑏)

Cette condition est à vérifier seulement si :

𝜏𝛼 ≈ 𝜏𝑁

- Condition de non glissement

La force FH sollicitant l’A.A doit etre inférieure à la force de frottement F’ entre l’A.A et la
structure.

L’ELS et L’ELU : 𝐹𝐻 ≤ 𝐹 ′ = 𝑓. 𝐹𝑉

Où 𝑓 est le coefficient de frottement entre l’A.A et la structure du pont, il est donné par :
0.6
Feuille de néoprène en contact avec la structure : 𝑓 = 0.10 + 𝜎
𝑚

0.2
Plaque d’acier en contact avec la structure : 𝑓 = 0.12 + 𝜎
𝑚

Remarques :

Si 𝜎𝑚 < 1 𝑀𝑃𝑎 on aura généralement FH > 𝑓𝐹𝑉 ; la condition de non

glissement n’est pas vérifiée, en plus delà le risque de soulèvement est
imminent. Dans ces conditions on emploie des A.A balancés ou à pot.
 Si 𝜎𝑚 ≥ 1 MPa et FH > 𝑓𝐹𝑉 ; la condition de non glissement n’est pas
vérifiée, on prévoit un dispositif de blocage pour éviter tout déplacement
horizontal de l’A.A.
- Dimensionnement des frettés

L’épaisseur de la plaque métallique doit vérifier à l’ELS.

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 𝑎 𝜎𝑚
.
𝑇𝑆 ≥ { 𝛽 𝜎𝑒
2 𝑚𝑚
Où 𝜎𝑒 est la limite élastique de l’acier constituant les plaques de frettage.

𝜎𝑒 (MPa) 215 235 275

Exercice :

Soit le pont schématisé ci-dessous. Le tablier constitué de 6 poutres en BP repose sur des
appareils d’appuis en néoprène fretté dont on demande de faire la vérification.

Données : - Dimensions des A.A : 400 x 500 x 7(8+2).

- La hauteur du tablier est de 1.8 m, son poids est de 177 KN /ml

- I (poutre) = 0.29 m4. Eb = 12100 MP a.
- εr = 2.10-4. εf = 3.5 10-4. α = 9.9 10-6 C°-1, ∆T = 30 C°.
- Pour chaque A.A, les charges verticales sont :
à l’ELS : Fvmax = 981 KN. Fvmin = 490 KN.
à l’ELU : Fvmax = 1382 KN. Fvmin = 650 KN.

La limite élastique des frettés : σe = 235 MPa.

Le module transversal du néoprène G = .08 MPa.

4. Les A.A à pot

La plaque d’élastomère fretté est logée dans un cylindre métallique sous forme de pot. Le
couvercle supérieur du pot joue de piston qui transmet les charges verticales vers
l’élastomère, ce dernier se trouve confiné à l’intérieur du pot va mieux résister à la
compression, sa contrainte peut atteindre les 25 MPa et sa rotation les 1/100 rad. Puisque les
déformations transversales sont empêchées par le pot les contraintes de cisaillement τ sont
nulles. Ce type d’A.A permet aussi le libre mouvement dans n’importe quelle direction, on
l’utilise quand la réaction verticale reçue par l’A.A dépasse les 7000 KN, dans ces conditions
l’A.A en élastomère fretté va dépasser les (700 x700) mm² d’où la nécessité de l’A.A à pot.

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 5. Les A.A sphériques

Il est constitué de 2 blocs métalliques l’un convexe et l’autre concave facilitant la libre
rotation à l’aide d’une couche de PTFE. Une deuxième couche se trouve entre le bloc et le
balancier supérieur, elle permet la libre translation.

L’appareil d’appui joue un rôle important dans les ponts.

Malgré ses dimensions relativement faibles, il commande le système de liaison et transmet la

totalité des charges du tablier vers les appuis.

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