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Karstologia : revue de

karstologie et de spéléologie
physique

Les phénomènes karstiques des quartzites d'Afrique du Sud


Jacques E.J. Martini

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Martini Jacques E.J. Les phénomènes karstiques des quartzites d'Afrique du Sud. In: Karstologia : revue de karstologie
et de spéléologie physique, n°9, 1er semestre 1987. pp. 45-52;

doi : https://doi.org/10.3406/karst.1987.2157

https://www.persee.fr/doc/karst_0751-7688_1987_num_9_1_2157

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Résumé
Des phénomènes karstiques sont décrits en Afrique du Sud dans des quartzites et plus
accessoirement dans des diabases altérées et dans du wad. Ils comprennent des dolines, pertes
et grottes. La genèse du karst est attribuée à une altération météorique des roches qui sont
transformées en matières meubles par dissolution lente de la silice, suivie d'une érosion
souterraine régressive à partir d'une source. Cette dernière est responsable de la formation des
grottes et du modelé karstique. Pour décrire ces phénomènes, l'auteur pense que l'appellation
karst est préférable à pseudo-karst. Les phénomènes karstiques tels qu'ils sont définis, sont très
localisés et n'occupent qu'une partie très restreinte des affleurements des quarztites. Par contre,
les surfaces rocheuses à pinacles évoquant les lapiés sont ubiquistes, bien que généralement non
associées à un écoulement souterrain des eaux, et par conséquent ne sont pas considérées
comme des phénomènes karstiques.

Abstract
Karst features in quartzite of South Africa
The author describes karst features developed in quartzite and also, but to a lesser extent, in
weathered diabase and in wad. In quartzite the karst is due to weathering along joints and bedding
planes, producing a softer areanaceous rock by stow dissolution along grain boundaries. Later,
vadose caves form by piping in this weathered material, starting at a spring and progressing up-
stream. The karst features include dolines, swallow-holes arid caves grouped in very localized
systems. Over most of the quarztite plateaus, however, real karst features are absent and the
drainage remains superficial. The only ubiquitous features, reminiscent of lapiés, consist of
pinnacles left after erosion of sand. As most of the time they are not associated to deep karst
systems, the author proposes that they should not be considered as karst features. Other caves
are developed in weathered diabase and dolomite (wad), sandwiched between resistant quartzite
layers. They result from the erosion of these soft layers.
The author is of the opinion that the term karst rather than pseudokarst should be used to describe
this morphology developed in silica and silicate rocks. The reason is that not only the features
produced compare welt with the ones observed in «soluble rocks» (limestone, gypsum, etc.). but
that the genetical process is very similar. It is suggested that the term pseudokarst should be used
only in cases were the genesis is very different.
ES PHENOMENES KARSTIQUES

DES QUARTZITES

D'AFRIQUE DU SUD

Par Jacques MARTINI, Geological Survey, private bag XI 12, Pretoria - Republic of South Africa
d'âge protérozoïque ancien (2300-2100
Résumé : ched between resistant quartzite Ma). On distingue trois groupes (SACS,
Des phénomènes karstiques sont décrits layers. They result from the erosion of 1980) qui de la base au sommet sont: le
en Afrique du Sud dans des quartzites et these soft layers. groupe du Wolkberg (laves, argilites et quart¬
plus accessoirement dans des diabases zites), le groupe de Chuniespoort (quartzites
altérées et dans du wad. Ils comprennent The author is of the opinion that the du Black Reef, à la base, suivis de dolomies
desdolines,
du karst est pertes
attribuée
et grottes.
à une Laaltération
genèse should
term karstbe usedrather
to describe
than pseudokarst
this mor¬ et d'itabirites) et enfin le groupe de Prétoria
(argilites , quartzites et laves). Ces couches
météorique des roches qui sont transfor¬ phology developed in silica and sili¬ sont en général peu plissées, monoclinales et
méeslente
tion en matières
de la silice,
meubles
suiviepar
d'une dissolu¬
éro¬ cate rocks. The reason is that not only à pendages modérés. Elles sont intensément
the
with features
the onesproduced
observed compare
in «soluble
welt injectées par des roches basiques formant de
sion souterraine régressive à partir nombreux sills et dykes. Les couches du
d'une source. Cette dernière est respon¬ rocks » (limestone . gypsum, etc.). but Waterberg ont été déposées dans un autre
sable de la formation des grottes et du that the genetical process is very simi¬ bassin situé légèrement plus au Nord par
modelé karstique. Pour décrire ces phé¬ lar. It is suggested that the term pseu¬ rapport au bassin du Transvaal. Elles consis¬
nomènes, l'auteur pense que l'appella¬ dokarst should be used only in cases tent principalement en quartzites et conglo¬
tion karst est préférable à pseudo-karst. were the genesis is very different. mérats d ' origine f luviatile ( 1 7 0 0 Ma) épais de
Les définis,
sont phénomènes
sont très
karstiques
localisés ettelsn'occu¬
qu'ils plusieurs milliers de mètres. Elles sont en
Key-words: Karst, pseudo-karst, général très peu plissées et forment des
pent qu'une partie très restreinte des quartzite , pinnacles, caves, weathe¬ paysages tabulaires (fig. 1). Dans le Sud de la
affleurements des quarztites. Par contre. ring, South Africa. province du Cap et dans le Natal, les quart¬
les surfaces rocheuses à pinacles évo¬ zites de la Montagne de la Table occupent de
quant les lapiés sont ubiquistes, bien que très larges surfaces. Il s'agit de couches
généralement non associées à un écou¬ 1. INTRODUCTION épaisses de plusieurs centaines de mètres
lement souterrain des eaux, et par con¬ Des grottes et une morphologie de surface composées d'un matériel quartzitique très
séquent ne sont pas considérées comme évoquant bien des phénomènes karstiques pur, dont l'âge est ordovicien. Le plus sou¬
des phénomènes karstiques. classiques semblent particulièrement bien vent elles ont été plissées dans un style
développées dans les quartzites d'Afrique du subalpin lors de l'orogenèse des chaînes du
Mots-clés: Karst. pseudo-karst, quart- Cap.
zite, lapiés. altération, Afrique du Sud. Sud: dans
riées environ ces 150
roches.
cavités
Ellesontontétéétéréperto¬
briève¬
ment signalées dans la littérature dès le début 3. MORPHOLOGIE SUPERFICIELLE
Abstract : KARST FEATURES IN du siècle (HALL, 1906), mais il faudra atten¬ ET GROTTES DES QUARTZITES
QUARTZITE OF SOUTH AFRICA. dre les années 50 pour voir apparaître des
The author describes karst features études plus approfondies, principalement Comme c'est généralement le cas ailleurs
developed in quartzite and also, but to menées par la «South African Spelaelogical reliefs vigoureux les
dans le monde, quartzites forment des
avec surfaces rocheuses et
a lesser extent, in weathered diabase Association», d'abord dans la péninsule du
and in wad. In quartzite the karst is Cap, puis dans le Transvaal. Plus récem¬ sols pauvres. Particulièrement lorsque les
due to weathering along joints and ment, des grottes très particulières, creusées couches sont horizontales ou à faible pen-
bedding planes . producing a softer dans des sills de diabase intrusifs dans des dage, le modelé des affleurements rappelle
areanaceous rock by stow dissolution quartzites, ont été mises en évidence. les surfaces calcaires: les lapiés à rainures, les
along grain boundaries. Later, vadose baignoires à fond plat et à rebords striés sont
L'étude de ces phénomènes morphologi¬ communs. Cependant les formes de loin les
caves form by piping in this weathered ques, appelées pseudo-karsts par nombre
material, starting at a spring and d'auteurs, déborde du cadre régional et incite plus caractéristiques sont les pinacles créant
à
ral.
réfléchir sur la définition du karst en géné¬ des paysages ruiniformes en bordure de
progressing
tures includeup-stream.
dolines, swallow-holes
The karst fea¬ plateau (photo 1). Cette morphologie est très
arid caves grouped in very localized répandue dans tout le pays là où des quartzi¬
systems. Over most of the quarztite 2. ENVIRONNEMENT GEOLOGIQUE tes affleurent, les développements les plus
plateaus, however, real karst features spectaculaires s 'observant sur les couches du
are absent and the drainage remains Des quartzites sont déjà présentes dans les Black Reef, de Prétoria, du Waterberg et de
superficial. The only ubiquitous fea¬ roches les plus anciennes, d'âge supérieur à la Montagne de la Table, particulièrement
tures, reminiscent of lapiés, consist of 3 milliards d'années, et sont bien distribuées dans les régions pluvieuses.
pinnacles left after erosion of sand. As jusqu'au Carbonifère. Seulement une partie Si cette morphologie des quartzites évoque
most of the time they are not associa¬ d'entre elles sont importantes pour le déve¬ un paysage karstique, cependant l'écoule¬
ted to deep karst systems, the author loppement des grottes et sont localisées dans ment des eaux reste superficiel dans la plu¬
proposes that they should not be deux régions: la province du Transvaal et le part des cas. Les formes liées à une circula¬
considered as karst features. Other Sud de la province du Cap. Le bassin du tion souterraine, comprenant des dolines,
caves are developed in weathered Transvaal (fig. 1) a été rempli par une succes¬ pertes, grottes et résurgences, sont rares et
diabase and dolomite (wad), sandwi¬ sion de sédiments marins peu profonds et de très localisées; elles occupent moins de 1%
laves, épais de plusieurs milliers de mètres et

mUSTOLOGIA N°B - f «• SEMES WE 1907 45


de lapiazée. Les réseaux souterrains sont
généralement localisés à proximité des bor¬
dures de plateaux et particulièrement là où
des falaises sont développées en aval pen-
dage. Ces réseaux ne s'étendent qu'à une
faible distance
moins de 1 km. desCe caractère
résurgences,
se retrouve
toujoursauà
Vénézuéla (ZAWIDSKI et al, 1976; GALAN,
1983) et en Australie (JENNINGS, 1983).
Tzoneen En résumé, contrairement aux massifs cal¬
caires, il apparaît que la karstification des
quartzites n'est pas la règle.
Mogoto Dans le T ransvaal, environ 50 grottes ont été
observées dans les quartzites de la formation
du Black Reef et du groupe du Wolkberg, là
Q Warmbad où la pluviosité est supérieure à 1 m/an (fig.
1). Cette corrélation avec la pluviosité a été
observée ailleurs en Afrique (MAINGUET,
Neispruit 1972). Les phénomènes les plus spectaculai¬
res sont ceux que l'on observe dans le Black
Reef à Berlin, près de Neispruit (fig. 1 et 2).
Us comportent de grandes dolines ouvertes
dans un paysage ruiniforme, avec pertes et
résurgences. Les grottes sont à peu près ex¬
clusivement vadoses, les galeries étant déve¬
loppées au contact d'une mince couche de
tuf volcanique faisant l'office de niveau im¬
perméable (fig. 3 et photo 2). Un total de 2,5
km de galeries ont été topographiées dans
les systèmes de Berlin, lesquels ont été dé¬
crits plus en détail ailleurs (MARTINI, 1979).
Les grottes dans le groupe du Wolkberg sont
Fig. 1: Répartition des principaux affleure¬ Pretoria Group, w = groupe du Waterberg. Wa- assez différentes. Elles se développent dans
ments de quartette
Distribution
Transvaal. of quartzite
dans le Transvaal.
outcrops in the above
terberg1 Group.
2-Précipitations
m. supérieures à 1 m. Rainfatts de minces niveaux de quartzites intercalés
dans une succession essentiellement argi¬
1 - Quartzite (m = Archéen. Archaean. W1 = 3-Grotte et groupe de grottes des quartzites. leuse. La morphologie de surface est carac¬
groupe du Witwatersrand. Witwatersrand térisée par une déficience des affleurements,
Group,
tion du Black
b = Groupe
Reef. de
Chuniespoort
ChuniespoortGroup
et Fonda¬
and Cave
in4-Idem,
5- quartzite
Idem,
anddans
cave
and
des
dusystem
diabase.
wad.
quartzites
Idem,
in quartzite.
etindiabases.
wad. Idem , la roche étant généralement masquée par un
Black Reef Formation, p « groupe de Pretoria. sol épais. On observe seulement des petites
dolines, des pertes et des résurgences don¬
nant accès à des grottes de faible développe¬
ment (fig. 4).
Un grand nombre de grottes sont connues
dans les quartzites de la Montagne de la
Table. La majorité d'entre elles sont locali¬
sées dans la péninsule du Cap (fig. 5) où près
de 100 cavités ont été répertoriées
(MOORE, 1944). Elles ressemblent beau¬
coup aux cavités du Black Reef, mais à la
différence de ces dernières, elles sont surtout
formées aux dépens des diaclases. La plus
importante est la «Ronan's Well Cave» avec
un développement de près de 800 m. D'au¬
tres grottes de la même région sont en partie
d'origine tectonique, formées par affaisse¬
ment et décollement de rebord de plateaux.
Cependant,
face et ont été
ellesfortement
capturentretravaillées.
les eaux de sur¬

4. MODE DE FORMATION DES


GROTTES ET DE LA MORPHOLOGIE
SUPERFICIELLE DES QUARTZITES
Il semble que le développement des grottes
dans les quartzites dépende de deux proces¬
sus distincts: premièrement arénisation des
m# quartzites le long des diaclases et des plans de
stratification, et deuxièmement formation de
grottes par érosion souterraine de ces matiè¬
res plus ou moins meubles (COLVEE, 1973).
Ce second processus aussi appelé «piping»,
de
Photo
pinacles
Berlin,1:dans
Est
Leles
Transvaal.
«Devil's
quartzites
Kantoor»,
du BlackunReef
lapiaz
prèsà Black
The Devifs
Reef quartzite
Kantoor.near
pinnacles
Berlin, East
lapiéTran-
s. in consiste en une érosion régressive à partir
d'une source. Quoique nombre d'auteurs
acceptent ces deux phases de formation, un

46 KARSTOLOGIA N°9 ~ I-
SEMESTRE 198 I
creusement des grottes en partant directe¬
ment de la roche non altérée a été proposé
(JENNINGS, 1983). Cependant la grotte sur
laquelleatteint
avoir cet auteur
un stade
baseévolutif
cette théorie
sénile semble
où les
matières meubles ont été complètement éli¬
minées ou cimentées par de la silice secon¬
daire déposée par évaporation. Dans les
nombreuses grottes d'Afrique du Sud, des
quartzites fortement arénisées sont très fré¬
quentes.
Bien des auteurs semblent se heurter au
problème de la solubilité du quartz qui
d'après eux est trop basse dans les conditions
physico-chimiques normales de surface pour
expliquer la formation des grottes. Il s'ensuit
que différentes hypothèses ont été propo¬
sées pour résoudre ce problème: transfor¬
mation préliminaire du quartz en opale, qui
est plus soluble (WHITE et al., 1966), action
hydrothermale arénisant la roche le long des
diaclases (ZAWIDSKI et al., 1976), pédoge¬
nèse en milieu très basique dans lequel la
silice serait plus soluble (MARKER, 1976) ou
même lithologie particulière héritée des
conditions climatiques du Précambrien
(POUYLLAU et SEURIN, 1985). Ces hypo¬
thèses
les raisons
ne peuvent
suivantes:
guère
la être
transformation
retenues pour
du
quartz en opale, dans de telles conditions, va
à l'encontre des lois de thermodynamique;
dans les grottes d'Afrique du Sud, l'auteur n'a
pas observé le moindre indice suggérant une
action hydrothermale (veines, minéralisation
et minéraux d'altération hydrothermale); la
pédogenèse en milieu très basique est à
écarter car les pH observés dans des sols très
lessivés en climat humide, où les grottes des
quartzites sont le mieux développées, sont
neutres à acides; enfin la pétrographie des
roches précambriennes ne diffère pas sensi¬
blement de celles d'âge plus récent.
En fait l'arénisation des quartzites s'explique
très bien, simplement par dissolution du
quartz en conditions de pH habituelles
(MARTINI, 1979; JENNINGS, 1983;
CHALCRAFT and PYE, 1984). Il est bien
connu que la dissolution du quartz dans l'en¬
vironnement superficiel est simple (ex: quartzite forming paving(a}and pinnacles (b).
RIMSTID and BARNES, 1980): la solubilité Berlin,
Fig.
vaal Oriental.
2: Flan
East des
Map
Transvaal.
deux
of the
grottes
two
1-Eboulis.
de
camBerlin,
systems
Trans¬of
Scree. 4-Socle
de diabase.granitique.
Diabase Granit
dyke. 6-Doltnes
basement.et5-Dyke
rebord
est de 5-10 mg/1 de silice présente sous la 2-Doiomie, presque complètement altérée en
forme de H4SiÛ4. Etant neutre, cette forme de plateau.d'écoulement.
Ruisseau
swallow-hole/resurgence.
Direction etDolines
perte-résurgence
andDirection
edge
8* Grotte.
. ofStream
plateau
of Cave.and
flow. . 9-
7-
est très peu influencée par les ions de la wad. wad.
into Dolomite
3-Quartzite
. nearlyducompletely
Black Reefweathered
affleurant
solution, ce qui veut dire que la solubilité du en dalles (a) et en pinacles {b}. Black Reef
quartz restera pratiquement constante si les
conditions chimiques changent, à condition
que le pH reste inférieur à 9. Cette dernière
valeur n'est pratiquement jamais atteinte solution du quartz peut être mise en évidence joints interbancs (fig. 6). Donc la règle géné¬
dans les eaux superficielles et souterraines
des quartzites. par modèles théoriques (MARTINI, 1984). rale est l'absence de grottes, excepté dans
Par exemple, dans une fissure verticale large quelques cas où, en raison des conditions
L'extrême lenteur de la dissolution du quartz de 20 microns dans laquelle l'eau s'écoule géologiques et topographiques favorables,
(RIMSTIDT and BARNES, 1980) joue un par gravité,
ment aucunele concentration
calcul montre n'est
que pratique¬
réalisée l'érosion régressive («piping») peut agir. Par
rôle important dans l'altération des quartzi¬ exemple, de telles conditions sont réalisées
tes. Ainsi à cause du temps très long mis pour après 100 m de parcours. Cette largeur de dans le cas où une falaise de quartzite avec
atteindre la saturation, la dissolution peut diaclase peut être considérée comme stan¬ son soubassement imperméable affleure en
agir dans des fissures extrêmement minces, dard (DREYBRODT, 1980). A titre de aval pendage. Par le fait que les grottes ne se
comme par exemple le long des joints inter¬ comparaison, dans le cas des calcaires, 90 % développent qu'à une faible distance des re¬
cristallins,oùcelaqui
calcaires vitesse
est impossible
de dissolution
pourde les
la de la saturation
dizaines de centimètres
est réalisée
seulement.
après quelques
Par con¬ bords des plateaux, il semble qu'une fissura¬
tion par décompression des versants pour¬
calcite est considérablement plus rapide. séquent, la dissolution des quartzites n'abou¬ raient jouer un rôle. Cependant, à l'excep¬
Ceci explique que les quartzites s'arénisent tit pas à la formation de cavités comme dans tion de certaines grottes de la péninsule du
par altération superficielle, ce qui n'est pas le les calcaires, mais à une arénisation progres¬ Cap (voir plus haut), il n'est pas possible
cas pour les calcaires. Cette lenteur de la dis- sive des quartzites à partir des diaclases et des d'évaluer avec certitude le rôle de cet effet.

■ 11111 KARSTOLOGIA N~ 9 - V SEMESTRE 1987 47


Contrairement à ce qui a été admis, la faible
solubilité du quartz n'est pas l'obstacle à la
formation des grottes dans les quartzites, car
les eaux de pluie se saturent en silice essen¬
tiellement en profondeur et non pas en
surface comme c'est le cas pour les calcaires. Grotte 5
Dans ce dernier cas, si l'on admet une solu¬
bilité moyenne de la calcite de 200 mg/1, si E r~n_ Grotte 4
l'on tient compte aussi que 90-95 % de la sa¬
turation s'effectue très près de la surface, il
apparaît que la «solubilité profonde» des cal¬ .f Siphon
e
caires et des quartzites est à peu près sembla¬
ble en ce qui concerne la phase initiale de
karstification. Par contre, la formation des
grottes proprement dite par «piping», est Grotte 6 tuf volcanique Dyke
certainement beaucoup plus rapide que dans
les calcaires. Il est possible que des systèmes
comme celui des grottes de Berlin (fig. 2) ne Grottes de Berlin réseau Nord
se soient formés qu'en quelques milliers
d'années. Doline
Le rôle du climat est évident car la localisa¬ Siphon
tion des grottes dans les zones pluvieuses Grotte 5 Légende du plan
n'est certainement pas fortuite. La raison est Plan d'eauoctif
Ruisseau
multiple. En climat humide, le pourcentage
des eaux de pluie s 'infiltrant est beaucoup Sable-grovier
P Cours d'allophone-pigotite
plus importante que dans les régions arides.
Par exemple, dans le Transvaal, l'infiltration A E
est de 18 mm et 130 mm pour respective¬ Grotte 8
ment 0,5 et 1 m de précipitations annuelles Grotte 2
(ENSLIN, 1970). Un autre facteur est la
couverture végétale bien développée dans
les régions humides, qui freine l'érosion des
zones arénisées et protège les réseaux sou¬
terrains. SASA-Tvt Grotte 2

5. GROTTES DE TYPE QUARTZITE-


DIABASE ALTEREE
pigotite rimpool-dam, swallow-hole-resur-
A part les cavités précédemment décrites, Fig. 3:Northern
Caves,
stream, Grottes
casual flow,
deSystem.
Berlin,
sand-gravel,
Legend
réseau :nord.
pool,
allophane-
Berlin
active
creusées exclusivement dans des quartzites,

Gravier
Sling Cave Resurgencevji

Quartzite

Ruisseau temporaire
A\
Entrée

Section
Funnel Cave I Perte Funnel Cave I Entree
Resurgence
SASA-Tvl 19.4.81 20m

Fig. 4: àLaia«Sting
creusée Cave»,mince
base d'un un exemple
banc de de grotte
quartzite intercalédudans
(groupe Wolkberg).
des roches détritiques à grain fin Sling (Wolkberg
quartzite
stone Cave,laper
excavated
tnterbedded
Group).
at thein shale
base ofand
a thin
silt-

48 KARSTOLOGIA N:9 - ?■ SEMESTRE 19 nBwigi IMlli ■il ■il


9 grottes développées dans des sills de dia¬
base ont été explorées dans le Transvaal. Ces LEGENDE
sills sont instrusifs dans des quartzites ap¬ Cape Town
wn j——
partenant à divers niveaux stratigraphiques:

\
groupe du Wolkberg, formation du Black Quaternaire
Reef et groupe de Prétoria (fig. 1). Dans la
plupart des cas les quartzites ne sont pas
aussi altérées que dans le cas des grottes de Quartzites ordoviciennes
quartzites. Par contre la diabase est toujours
complètement décomposée en une argile
ferrugineuse massive. Dans la grotte de + Socle précambrien
Mogoto (MARTINI, 1984 c), qui est de loin
la plus importante avec un développement
de 1,6 km (fig. 8), on distingue deux niveaux Grotte vadose
dans le sill. La partie moyenne et inférieure
consiste en une argile très poreuse brune et
rose résultant
ment de volume.d'uneLealtération
sommetsans du change¬
sill est Cavité tectonique
décoloré par un lessivage plus poussé et
transformé en kaolin plus dense avec fissures Kalk Baai /
/ Precipitations > I m
de retrait. L'observation montre que les ga¬
leries se développent
utilisant les fissures de à partir
retraitdu comme
toit du sillvide
en
initial (fig. 7, photo 3). La plupart des galeries
sontoùdeletype
cas creusement
vadose à s'est
l'exception
effectuédeencertains
milieu
N
phréatique comme par exemple la partie
aval de l'Affluent supérieur et le siphon de la A
grotte de Mogoto (fig. 8). En outre, dans 10 km
cette grotte, on observe que le diamètre des
galeries varie considérablement en fonction
de la pente: les galeries parallèles au pen-
dage offrent un diamètre maximum alors
que, lorsque la direction devient subséquente
ou obséquente,
réduite d'un facteur
l'airedede100.
la section
La raisonpeutenêtre
est
évidemment la vitesse d'écoulement des
eaux dont dépend l'intensité de l'érosion. Fig, 5: Carte de la péninsule du Cap montrant (Orvodician ) inand
distribution the inTable
the Mountain
high rainfall
quartzite
area.
D'un certain côté, ce type de grotte ressem¬ laMontagne
répartitiondedesla Table
grottes (Ordovicien)
dans les quartzites
et dansde la
ble assez à des «bad lands», mais avec des zone pluvieuse. Quaternary.
brian basement.Ordovician
Vadose Cave.
quartzite.
GravityPrecam-
tecto¬
toits, ce qui suggère que leur formation doit Map of the Cape Peninsula showing the cave nic cat'e. Rainfall above 1 m.
être rapide, peut-être quelques siècles seule¬
ment. Au point de vue climatique, ces grottes
semblent pouvoir se former dans des condi¬
tions plus arides que les grottes de quartzites,
car la plupart sont localisées dans des régions
à précipitations inférieures à 1 m/an (fig. 1).

6. GROTTES DE TYPE QUARTZITE-


WAD
Ces grottes ressemblent beaucoup au type
précédent, excepté que la diabase altérée est
remplacée par du wad. Le wad est une
matière terreuse très légère, à structure cel¬
lulaire, composée d'oxydes de fer et manga¬
nèse, qui résulte de l'altération météorique
de la dolomie. Quatre petites cavités de ce
type ont été observées dans l'Est du Trans¬
vaal, à l'extrême base de la série dolomitique
du groupe de Chuniespoort et dans le groupe
du Wolkberg (fig. 1 et 9). Leur genèse est par
«piping» (MARTINI, 1984a).
7. CONCLUSIONS ET DEFINITION
DES KARSTS
En règle générale, le caractère le plus mar¬
quant de la morphologie karstique est la Fig. 6: Schéma illustrant l'altération superfi¬
présence de grottes qui capturent les eaux de cielle des quartzites. Par dissolution le long des
surface et causent la disparition plus ou espaces intercristallins, fa quartzite se trans¬
moins complète du réseau fluviatile. Dans le Diagram
By
quartzite
stone»
cohesion
when
become
silica
tingd?sso/uffon
the
deposited
the
(«néogrès»),
erosion
«neosandstofîe»
showing
issand
disappear.
transformed
along
isby
resistant
the
remooed
then
evaporation
weathering
inter-crystal
The
sand
(silcrete).
into
due
bypinnacles
(sable)
soft
toerosion.
of
and
amorphous
space,
quartzite.
«neosand-
when
cemen¬
form
They
the
all
cas
modelé
des est
calcaires,
surtout ledûdéveloppement
à la dissolution. de
Dans
ce forme
en
érosion
et
déposée
nent
ensable
résistants
partie
endes
par
lorsque
matière
recimentés
sables,
evaporation
à l'érosion,
laplus
lescohérence
meuble
«néogrès»sont
par
formant
(silcrete).
de la{«néogrès»)
silice
disparaît.
desetamorphe
exhumés
pinacles.
devien¬
puis
Par
les trois cas examinés dans cet article, une
morphologie similaire est le résultat d'un
I KARSTOLOGIA N"9 - 1- SEMESTRE 1987 49
processus légèrement différent, comportant
deux phases: 1) altération météorique de
quartzite, diabase et dolomie produisant des
roches meubles («néogrès», argile et wad); 2)
formation de grottes par érosion régressive.
Le développement de la circulation souter¬
raine est donc uniquement un processus
mécanique. Pour cette raison une partie des
auteurs (BLANCANEAUX et POUYLLAU,
1977) utilisent le terme pseudo-karst en
décrivant grottes et lapiés des quartzites,
granites, etc... Cependant une autre partie,
incluant l'auteur, se demande si simplement
le terme karst ne serait pas préférable
(COLVEE, 1973; JENNINGS, 1983).
Ici il faut rappeler que la définition du karst,
telle qu'elle est généralement admise de nos
jours, en substance s'exprime comme suit:
une morphologie essentiellement due à la
dissolution des roches. Il en découle que le
terme pseudo-karst s'emploie dans les cas où
les formes ressemblent à un karst, mais dont
Fig. 7: Formation des grottes dans un sill de
diabase. Formation of caves in a diabase sill 1 - Unwea l'origine n'est pas due à une dissolution.
thered state: q = quart/Me. d = diabase (thick
seur.
1 - Etatenviron
initial,3q m),
= quartzite.
di - diaclase.
d •= diabase
2 • Altération
(épais¬ ness. about 3 m). di = joint. 2-Weathering of Les lapiés s'observent sur la plupart des
diabase into brown cellular clay (a) without roches, soit «solubles» comme les calcaires,
de la diabase en une matière argileuse brune et volume change. 3 - By more advanced lea¬
cellulaire (a) sans changement de volume. 3 - Par ching of the sill top. under acidic and slightly dolomies, gypses et sels, soit «insolubles»
comme les quartzites, grès, roches éruptives
:
lessivage
acides
se transforme
et plus
légèrement
poussé
en uneduréductrices,
matière
sill, dansblanche
des
I'argiîe
conditions
(k).brune
kao- reduciding
red into kaolin
conditions,
(k) whichthe
is denser.
brown clay
Cracks
is alte¬
are
basiques (ex: HOLMES, 1965) et acides (ex:
forming and due to differential compaction. TWIDALE, 1984). Pour ces formes, il sem¬
formentetet.plus
linique dusdense.
à la compaction
Des fissures différentielle.
de retrait se ble que le terme pseudo-karst soit particuliè¬
des vides de décollement se développant au 5-a Starting
floor
void
More
appears.
is devehppiny
advance
from 6these
- stage
Roof
spaces,
at the
where
breakdown
top
thethe
ofcave
the
quartzite
due
forms.
sill. to4 rement inadéquat en ce qui concerne les
contact sill-quartzite. 4 - Utilisant les vides for¬ roches siliceuses, car la dissolution joue en
excessive enlargement. fait un rôle essentiel (fig. 6). C'est à ce stade
més précédemment,
Stade
dégagé.
ment excessif
plus
6 - avancé
Effondrement
de la galerie.
oùla legrotte
plancher
dû à un
se agrandisse¬
forme.
du sill 5esr-
de la discussion
comme étant un modelé
que la résultant
définitiondedula disso¬
karst
lution apparaît malheureuse. En effet l'alté¬
ration superficielle des roches, si importante
dans la pédogenèse,
dissolution: certains minéraux
est un phénomène
des roches de
comme le gypse, la calcite et le quartz se
dissolvent d'une façon congruente. D'autres,
comme les feldspaths, les pyroxènes, la do¬
lomie manganèsifère ne sont apparemment
que partiellement solubles; en fait ils se dis¬
solvent aussi complètement, mais comme les
solutions produites sont sursaturées par rap¬
port à d'autres phases stables dans les condi¬
tions de pédogenèse, des minéraux des argi¬
les et divers oxydes se forment immédiatem-
Réseau de Mogoto ment, donnant l'impression d'une dissolu¬
tion incomplète. Cependant, il serait absurde
d'employer le terme karst pour tout phéno¬
mène lié à la pédogenèse. De plus on peut se
poser lad'une
tuants question
rochesuivante:
soient enlevés
que lesmolécule
consti¬
-45 m
Affluent inférieur Grotte inférieure par molécule (dissolution) ou grain par grain
Grotte supérieure Siphon Entrée (érosion) représente-t-il une différence telle¬
ment importante si dans les deux cas la
morphologie résultante est similaire?
Ecoulement
u ifossile
permanent A B Q Résurgence
Il semble donc que la définition du karst
Resaut Maguire devrait être modifiée et pourrait s'exprimer
comme suit:
circulation des«Une
eaux souterraines
morphologie etdue
caracté¬
à la
Coupe au resaut Maguire risée par la disparition plus ou moins com¬
Quartzite. plète du système de drainage superficiel». Il
Coupe générale faut remarquer que c'est essentiellement à
Affluent supérieur Quartzite cause de ce dernier caractère que le karst de
Coupe au siphon la Slovénie a été choisi comme la région
100 m
.. Silllde la grotte
type. Les formes caractéristiques seraient

donc les dolines, poljés, pertes, résurgences

et grottes,
soit liée à laàcirculation
condition des
bieneaux
sûr souterraines.
que l'origine

Les lapiés, quelle que soit la roche sur la¬

quelle ils se développent, ne devraient pas

être considérés comme typiquement karsti¬

ques (MARTINI, 1979). En effet, bien qu'ils

soient souvent associés aux karsts, ils ne sont

pas essentiels à la formation de cette mor¬

phologie telle qu'elle a été définie plus haut.

Le terme pseudo-karst ne devrait s'utiliser

que dans les cas où l'action des eaux souter¬

raines est absente: par exemple cavités vol¬

caniques et tectoniques, morphologie des

dunes et dépressions dues à l'érosion éo-


lienne.

REMERCIEMENTS

Fig. 9:creusée
grotte La «Thin
parRoof
actionCave»,
mécanique
un exemple
dans un
de
L'auteur exprime sa gratitude envers le Di¬

mince niveau
tement altéréedeendolomie.
wad. au préalable complè¬ recteur du «Département of Environmental
Photo 2: Grotte -perte de Berlin ri" 10, réseau
Affairs» qui a donné la permission d'étudier
sud,dans.
du Black les
Reefquartzites
(cliché M.arénisées
Sefton).de la formafion
Thin Roof Cave, excavated by piping in a thin les grottes de Berlin, de même qu'au Direc¬
Photo
3: Galerie
Main passage
principale
in the
de laUpper
grotteMogoto
de Mogoto
Cavesupérieure.
. Note roofAand
noterfloor
le toit
in quartzite.
et le plancher en quartzite.

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