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L a b o r a t o i r e de R e c h e r c h e des M o n u m e n t s H i s t o r i q u e s

29, rue de Paris • 77420 Champs sur Marne • Tél 01 60 37 77 80 • Fax 01 60 37 77 99 • Mél : lrmh@culture.fr

RAPPORT N°243 B 27 août 1999

P rem ière e x p é rim e n ta tio n de th e rm o n é b u lis a tio n en m ilie u


s o u te rra in
B ila n sa n ita ire des g ro tte s de F o n t-d e -G a u m e e t C o m ba re lles
Les E yzie s-de -T a yac, 24 D o rd o g n e (A q u ita in e )

Rapport à diffusion restreinte. Toute reproduction totale ou partielle est soumise à l'accord exprès du LRMH.
27 août 1999

R A P P O R T N°243 B

Fiche demandeur 93-26

Mise en page : GT

P R E M IE R E E X P E R IM E N T A T IO N D E T H E R M O N E B U L IS A T IO N
E N M IL IE U S O U T E R R A IN
B IL A N S A N IT A IR E DES G R O T T E S D E F O N T - D E - G A U M E ET C O M B A R E LLES
Les Eyzies-de-Tayac, 24 Dordogne (A quitaine)

Geneviève ORIAL, responsable de la section «Microbiologie» Anne BRUNET, Microbiologiste

Destinataires :

M . François BARRE, directeur du Patrim oine


s /c M . M ichel REBUT SARDA, directeur adjoint du Patrim oine
3 rue de Valois - 75042 Paris cedex 01

M . Jean-Jacques CLEYET MERLE, adm inistrateur


Musée N ational de la Préhistoire - 24620 Les Eyzies

M . Philippe O U D IN , architecte en chef des m onum ents historiques


35 rue M e rlin de T hio nville - 92150 Suresnes

Mme Marie-Anne SIRE, conservateur des m onum ents historiques


DRAC - 56 rue du Taur - 31069 Toulouse cedex

Mme Anne M A N G IN -PA Y EN , architecte des bâtim ents de France


H ôtel Estignard - 3 rue Limogeanne - BP 9021 - 24019 Perigueux cedex

M . Jean-Daniel PARISET, conservateur des archives et de la bibliothèque du Patrim oine


H ôtel de C roisilles -12 rue du Parc Royal - 75003 Paris

L a b o r a t o i r e de R e c h e r c h e d e s M o n u m e n t s H i s t o r i q u e s
2 9 ru e de P a ris • 7 7 4 2 0 C h a m p s s u r M a r n e • T é l. 01 6 0 3 7 7 7 8 0 • F ax 01 6 0 3 7 7 7 9 9 • M é l. : lr m h @ c u ltu r e .fr
IN T R O D U C T IO N

La compréhension des modes d'évolution des cavités A u cours de ces dernières années, d'im portants pro­
qu'elles soient ornées ou non passe par la connaissance blèmes de contaminations fongiques (apparition de m y­
des phénomènes hydrogéologiques, géochimiques mais célium) ont été observés sur les sols et les banquettes,
également biologiques. dans la grotte de Font-de-Gaume et de façon similaire
En effet, la grotte est un m ilieu naturel, avec toute une dans celle des Combarelles.
«vie» microbienne, en équilibre dynamique. Mais ces Ces phénomènes, sont apparus peu de temps après le
équilibres peuvent se déplacer rapidement et entraîner renouvellement de la «castine» (terre argileuse) recou­
des développements anarchiques, causes de dégrada­ vrant les sols des cavités. Il est à noter qu'à la même
tions. Il est donc important de connaître tous les «ac­ époque les conditions climatiques qui semblaient se
teurs» de cette vie et leur population afin de pouvoir, le m odifier sensiblement (temps plus chaud et pluvieux,
cas échéant, rétablir, grâce à des traitements biocides, plus orageux l'été) ont pu influer sur ces manifestations.
les équilibres indispensables à une bonne conservation Dans ces cas de contamination fongique, il fallait choi­
des peintures et gravures rupestres. sir un biocide plus ciblé contre les moisissures mais qui
réponde à un certain nombre de critères en particulier
C'est dans ce but que le L.R.M.H., depuis plus de 20 la stabilité dans le temps, l'innocuité vis à vis du sup­
ans, prend semestriellement en charge les contrôles port et de la peinture, le caractère non hygroscopique
microbiologiques des supports et atmosphères des m i­ et invisible à l'œil.
lieux souterrains préhistoriques comme ceux de la val­
lée de la Vézère en Dordogne (grottes de Lascaux, Font- Par ailleurs, les interventions d'assainissement de l'at­
de-Gaume, Combarelles,) ou, plus récemment, ceux de mosphère et des supports sont toujours difficiles à met­
la vallée ardéchoise (grotte Chauvet - Pont d'Arc). tre en oeuvre en de tels lieux, au relief mouvementé, au
Les résultats de ces contrôles permettent de vérifier l'ef­ volume difficile à déterminer et exposés à un nombre
ficacité des traitements biocides d'entretien dont dé­ de visiteurs élevé.
pend directement l'équilibre des cavités. Pendant long­ Il nous a donc paru intéressant de tester une nouvelle
temps, ces traitements ont été axés sur l'élim ination des tech n iq ue de tra ite m e n t d 'a tm osp h ère, la
algues ou la prévention de leur apparition. thermonébulisation, procédé basé sur l'émission d'une
vapeur sèche.
Cette expérimentation a eu lieu pour la première fois
dans les grottes de Font-de-Gaume et des Combarelles.

I - Rappel sur les traitements traditionnels

C'est la maladie «verte» de la grotte de Lascaux dans Dans certaines cavités comme Font-de-Gaume ou
les aimées 60, qui avait permis de prendre conscience Combarelles, ces traitements de surface ont été com­
des risques qu'encouraient les cavités. En effet, les visi­ plétés par des traitements réguliers de l'atmosphère, par
teurs, de par leur nombre élevé, avaient m odifié les nébulisation de Cequartyl A50.
conditions climatologiques (augmentation du taux de Pour mémoire, au cours de la nébulisation, le produit
Co2, phénomènes de condensation, apport de particu­ biocide, préparé en solution aqueuse, est pulvérisé dans
les extérieures) et stimulé l'apparition de cellules d 'a l­ l'atmosphère par un système de ventilation et de chauf­
gues sur les peintures et parois. fage léger. Ce procédé permet l'émission de particules
Dès cette époque des traitements ponctuels de surface actives dans l'atmosphère sous forme de b rouillard
avaient donc été régulièrement effectués avec une so­ humide, les microgouttes formées restent assez gros­
lution de form ol et s'étaient avérés très efficaces. ses et se redéposent très vite sur les supports.
Depuis environ une dizaine d'années, pour des raisons
liées à l'action fortement irritante des vapeurs de for­ A u cours de ces années, l'expérience a montré que les
mol, celui-ci a été remplacé par le Cequartyl A50 (ré­ traitements préventifs réguliers permettaient de m in i­
cemment renommé Rhodaquat RP50 et commercialisé miser certains risques de contamination et que l'é q u ili­
par la société Rhône Poulenc) dont le principe actif est bre biologique des cavités pouvait ainsi être maîtrisé.
un ammonium quaternaire (Chlorure de dim éthyl alkyl
benzyl ammonium).

Rapport N°243B du 27/08/99


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Bilan sanitaire des grottes de Font- de-Gaume et Combarelles
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I I - La thermonébulisation

C'est par l'interm édiaire de Malala Rakotonirainy du C - L e fonctionnement


CRCDG (Centre de Recherche pour la Conservation des L'air est ventilé et chauffé dans une résistance électri­
Documents Graphiques), qu'un contact a pu être établi que tubulaire de 10KW et sort à une vitesse de plusieurs
avec la société XEDA international, spécialiste de la centaines de mètres.
thermonébulisation. Cette collaboration nous a permis Le biocide est introduit au centre de ce flux d'air. L'eau
d'adapter, à nos problèmes, cette méthode de traitement s'évapore en partie. En sortie, le produit actif atteint
atmosphérique déjà utilisée dans le domaine de l'agro- une température de 180°C pendant un temps très bref.
alimentaire. Le brouillard est filtré en sortie de tubulure.
Les grandes particules sont captées et seules les petites
A - LE PRINCIPE particules de Tordre du micron sont émises. La cinéti­
C'est un procédé qui associe les effets d'un flux d'air à que de ces microparticules est suffisante pour attein­
grande vitesse et d'une température élevée, ce qui en­ dre les moindres cavités de l'espace à traiter.
traîne l'é m issio n d 'u n b ro u illa rd très fin de
microparticules de produits biocides. On obtient donc La technique fut d'abord utilisée dans l'agro-alimen-
une vapeur sèche. L'intérêt majeur de cette méthode taire pour le traitement des fruits entreposés, après ré­
réside dans le fait que ce brouillard est exempt d'hum i­ colte, dans les chambres de stockage. De très bons ré­
dité et que les particules émises sont de très petite taille sultats avaient alors été obtenus avec des anti-oxydants
(inférieure au micron). Ce qui leur permet de rester en puis avec des fongicides comme le thiabendazole ou
suspension dans l'a ir pendant 24 heures environ. Torthophényl-phénol

B - L ' appareil
L'appareil utilisé est l'ELECTROFOG XEDA, (modèle Puis son application à la désinfection de locaux a été
EW 7500 ou 10 000), conçu et breveté par la Société développée par Monsieur Bompeix et son équipe de
XEDA International, l'Université Pierre et Marie Curie de Paris. Ils ont pu
montrer que dans les conditions de réalisation de leurs
Caractéristiques de l'appareil : essais, l'efficacité des fongicides était préservée lors de
• Puissance de chauffage : 7,5 kW - 10 KW en fonc­ la thermonébulisation et qu'un tel traitement était pos­
tion du modèle sible avec des produits à forte ou faible tension de va­
• Ventilateur à haute pression : 45 à 60 m3/heure sui­ peur. Ils ont constaté également que l'efficacité au n i­
vant les modèles veau de l'atmosphère d'un local dépend d'une réparti­
• Pompe volumétrique à débit réglable : 3 à 50 litre s/ tion régulière de la matière active en tous points de ce
heure local.
• Tube de vaporisation avec injecteur de produit aé­
rosol Dans le domaine de la conservation des biens cultu­
• Thermomètre digital pour le contrôle de la tempé­ rels, les premiers essais se sont déroulés avec Madame
rature du brouillard à la sortie du tube de vaporisa­ Rakotonirainy du C.R.C.D.G., et ont consisté en des trai­
tion tements atmosphériques de réserves de musées. Selon
• Potentiomètre pour le réglage du débit de la pompe. les informations recueillies, les traitements se sont ré­
vélés tout à fait concluants.

I I I - Expérimentation de thermonébulisation en m ilieu souterrain

Les sites retenus ont été les grottes de Font- de-Gaume Les paramètres de l'expérimentation ont été choisis en
et Combarelles, aux Eyzies de Tayac. fonction de l'expérience antérieurement acquise dans
les réserves de musées et en fonction des volumes à
traiter.

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Première expérimentation de thermonébulisation en milileu souterrain
Bilan sanitaire des grottes de Font- de-Gaume et Combarelles
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A - C aractéristiques des sites à traiter

=> Grotte de Font-de-Gaume


• Longueur : 125 m
• Volume : environ 3000 m 3
• Position de l'appareil : en 2 points successifs :
2 /3 et 1/3 de chaque galerie
• Nombre de traitement : 1

=> Grotte des Combarelles


• Longueur : 125 m
• Volume : environ 500 m 3
• Position de l'appareil : en 2 points successifs :
2 /3 et 1 /3 de chaque galerie
Photo 1 - Installation de l'appareil
• Nombre de traitement : 1

B - C aractéristiques de l' appareillage et du biocide

• Appareil Electrofog 7500 EWD


• Puissance de chauffage : 7,5 kW
• Ventilateur à haute pression : 45 m3/heure
• Pompe volumétrique à débit réglable : 3 à 50 li­
tres/heure
• Débit horaire : 12 litres/heure environ
• Tube de vaporisation avec injecteur de produit
aérosol
• Thermomètre digital pour le contrôle de la tem­
pérature du brouillard à la sortie du tube de va­
porisation
• Potentiomètre p our le réglage du débit de la
pompe
• Température en sortie de résistance : 500-550°C
• Température en sortie du p roduit : 90-95°C
• Solution de V ita lu b QC 50 diluée à 40% (soit 20% Photo 2 - Mise en route
de matière active)
• Quantité utilisée : 10 litres

A part le calfeutrage obligatoire des ouvertures, la mise • L'absence d'eau, ce qui entraîne des risques moin­
en œuvre est simple et le procédé comporte de nom­ dres de contaminations associées.
breux avantages :
• La température et le débit d 'a ir sont parfaitement Il faut souligner que, lors de l'expérimentation, l'opé­
contrôlés. rateur a senti une odeur de produit (Vitalub) et remar­
• La dimension des particules est proche du micron, qué la présence de résidus légèrement visqueux au ni­
ce qui permet une stabilité du brouillard pendant veau des em placem ents de l'a p p a re illa g e de
plusieurs heures et une meilleure répartition du pro­ thermonébulisation.
d u it biocide dans l'espace à traiter.

C - C ontrôle de l' efficacite

La thermonébulisation étant un traitement de désinfec­ ressant de vérifier s'il y avait sélection dans les espèces
tion atmosphérique, le contrôle d'efficacité a consisté, éradiquées e t/o u modification de la flore après traite­
dans chacune des cavités, en des analyses de la flore ment.
microbienne de l'air, avant et après tra item en t. Germes bactériens totaux, spores fongiques ont été
Notre objectif premier était d'estimer la dim inution de dénombrés et plus spécifiquement, les moisissures pré­
la flore après traitement. Mais il était également inté- sentes ont été identifiées.

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Ces contrôles ont été effectués, sur place, à l'aide d'un Rapportées en laboratoire, les boîtes contenant les m i­
appareil S.A.S. C88701 (Surface A ir System). Le p rin ­ lieux sont mises à incuber, 10 à 15 jours dans des condi­
cipe est le suivant : des volumes d 'a ir définis sont aspi­ tions optimales de croissance. Les colonies bactérien­
rés sur des m ilieux de culture spécifiques à la mise en nes et les formes mycéliennes fongiques présentes sur
évidence des champignons (extrait de malt) et des bac­ les géloses peuvent alors être comptabilisées en nom­
téries (gélose nutritive). Les germes présents dans l'a ir bre de C.F.U. (Colonie Formant Unité) par m3 d'air.
viennent s'impacter sur la gélose.

1) Situation des prélèvements (Notée ■ pour Font-de-gaume et • pour Combarelles)

=> Grotte de Font-de-Gaume


=> Grotte des Combarelles
- N°1 : carrefour des 2 entrées
- N°1 : entrée, avant le premier virage à gauche
- N°2 : salle des machines, galerie
- N°2 : après le virage à gauche
- N°3 : grand carrefour (2 groupes de visiteurs sont
- N°3 : après le virage à droite
entrés dans la grotte)
- N°4 : après le virage à gauche
- N°4 : diverticule de droite
- N°5 : sous l'ours
- N°5 : salle des bisons

2) Résultats

Ils sont consignés dans les tableaux ci-après.

G rotte de F ont - de-G aume

C H A M P IG N O N S BACTERIES
PRELEVEMENTS C.F.U. PAR M 3 D 'A IR C.F.U. PAR M 3D 'A IR

A van t Après A va n t Après


traitem ent traitem ent traitem ent traitem ent

N °1 139 44 1706 722

N°2 256 44 1367 378

N°3 50 22 211 72

N°4 61 17 183 111

N°5 33 17 339 67

Ces données ont été mises sous forme d'histogrammes pour une meilleure lecture.

Champignons (Font-de-Gaume)

Points de contrôle

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Bactéries (Font-de-Gaume)

1800

1200
A va n t
1000 tra ite m e n t
800
A p rè s
600 tra ite m e n t
400
200

N°1 N°2 N°3 N°4 N°5

Points de contrôle

G rotte des C ombarelles

CHAMPIGNONS BACTERIES
PRELEVEMENTS C.F.U. PAR M 3D'AIR C.F.U. PAR M 3D'AIR

A van t Après A va n t Après


traitem ent traitem ent traitem ent traitem ent ||

N°1 56 1 67
39
N°2 33 11 44 28

N °3 22 5 72 55

N °4 28 11 172 22

N°5 33 17 83 133

Champignons (Combarelles)

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Bactéries (Combarelles)

L'examen des résultats complété par la lecture des histogrammes montre que :

=> Pour la grotte de Font-de-Gaume On note également un résultat paradoxal en ce qui


Avant traitement, les taux de spores fongiques ne concerne le point n°5 (fond de la cavité, niveau de
sont pas très élevés dans l'ensemble, excepté au n i­ l'Ours), puisque celui-ci présente une augmentation
veau des 2 premiers points de contrôle correspon­ du taux de bactéries, après traitement.
dant à l'entrée, mais où ils restent tout de même ac­ En fait, la position de l'appareil était un peu trop
ceptables. Ces constatations sont identiques pour les éloignée de cette zone. Cette remarque a pu être faite
bactéries. par l'opérateur, qui s'est assuré visuellement de la
Après traitement, il est à noter une diminution des bonne d iffusion du p ro d u it dans la galerie de la
germes fongiques et bactériens. grotte, au cours du traitement, et qui a pu constater
que le brouillard n'allait pas tout à fait jusqu'au ni­
=> Pour la grotte des Combarelles veau de « l'ours».
Avant traitement, les spores fongiques et bactéries L'hypothèse qui peut être émise est que les germes
sont à des taux relativement bas. présents au niveau du point n°4 ont été déviés jus­
Après traitement, une dim inution du nombre de ger­ qu'au point n°5, à la suite des mouvements d'air en­
mes par m3 d 'a ir a tout de même pu être observée. gendrés par la thermonébulisation.

3) Identification des espèces fongiques présentes avant et après traitem ent

Outre une action du traitement sur le nombre global ces, visuellement différentes sur m ilieu de culture. El­
(toutes espèces confondue) de spores fongiques par m3 les se réalisent par coloration au bleu coton qui a la
d'air, il a paru également intéressant de vérifier l'effet particularité de pénétrer la paroi de la cellule fongi­
du produit fongicide sur les espèces elles-mêmes : éra­ que ; ce qui permet, grâce à une observation micros­
dication totale, résistance ou m odification de la flore copique entre lame et lamelle, de visualiser la struc­
vers des espèces non présentes avant traitement. ture, la m orphologie filamenteuse et la form e de
sporulation des champignons et par suite de pouvoir
Après numération des colonies sur les m ilieux utilisées les classer par famille, genre, voire espèce.
lors de l'aspiration d'air, avant et après traitement, des Les résultats sont regroupés, par cavité, dans les ta­
identifications ont été effectuées sur chacune des espè­ bleaux ci-après. Les souches nouvellement apparues
sont écrites en rouge.

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G rotte de Font - de-G aume

P rélèvem ents Espèces fo n g iq u e s


Avant traitement Après traitement
1 • Pénicillium biverticillé et terverticillé • Hyphomycète m onilia
• Aspergillus bisérié • " " fusarium
• Deutéromycète (genre indéterminé) • " " cladosporium
• Hyphomycète ve rticilliu m • " " (indéterminé)
• Hyphomycète sporothrix
• Hyphomycète (indéterminé)
2 • Pénicillium biverticillé et terverticillé • Hyphomycète géotrichum
• Aspergillus bisérié • " " cladosporium
• Deutéromycète (indéterminé) • " " (indétenniné)
• Hyphomycète (indéterminé)
• Hyphomycète cladosporium
3 • Pénicillium terverticillé • Hyphomycète géotrichum
• Aspergillus bisérié • " " (indéterminé)
• Zygomycète • Talaromycès (forme im parfaite
d'Hyphom ycète paecilomyces)
• Pénicillium terverticillé
4 • Ascomycète (indéterminé) • Hyphomycète (indétenniné)
• Deutéromycète (indéterminé)
• Aspergillus bisérié
• Hyphomycète fusarium
• Zygomycète
5 • Hyphomycète alternaria • Hyphomycète géotrichum
• Hyphomycète fusarium • " " cladosporium
• " " fusarium

G rotte des C ombarelles

P rélèvem ents Espèces fongiques

Avant traitement Après traitement

• Pénicillium biverticillé • Hyphomycète (indéterminé)


• Pénicillium monoverticillé aspergilloides • " " géotrichum
• Hyphomycète fusarium
1 • " " cladosporium
• " " (indéterminé)
• Pénicillium monoverticillé aspergilloides • Hyphomycète (indéterminé)
• Hyphomycète fusarium
2 • " " (indéterminé)
• Hyphomycète cladosporium • Hyphomycète géotrichum
3
• " " fusarium
• Hyphomycète fusarium • Hyphomycète trichoderma
4
• " " alternaria
• Hyphomycète fusarium • Hyphomycète fusarium
5

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La prem ière rem arque q u i peut être avancée est, Combarelles II s'agit de Trichoderma, Géotrichum,
qu'avant traitement, les souches sont, toutes, commu­ Monilia et Humicola. Ces moisissures proviennent fort
nes et globalement semblables d'une grotte à l'autre. p ro b a b le m e n t d 'a p p o rts e xté rie u rs (p o llu a n ts
Après traitement, et par rapport aux souches présentes particulaires, poussières...) ou intérieurs (sols, parois...)
au départ, on ne re tro u ve que Cladosporium et car les cavités, espaces non stériles, sont constamment
Fusarium, apparemment plus résistantes. Toutefois le siège d'échanges entre les environnements intérieur-
l'observation microscopique montre que, leur structure extérieur.
et leur morphologie ont été fortement endommagée par
le fongicide. La sim ilitude de contaminants entre les deux grottes
peut s'e xp liq ue r par leur p ro xim ité géographique
La majorité des espèces a bien été éradiquée par le trai­ (même type de pollutions environnementales) mais
tement. aussi par le fait qu'elles soient généralement visitées
Enfin, quatre nouvelles souches apparaissent après trai­ par les mêmes personnes (qui véhiculent donc les mê­
tement, de façon sim ilaire à Font de Gaume et aux mes polluants).

IV - Bilan sanitaire complémentaire

Une évaluation de la flore présente dans/et sur les sols mosphérique. Il nécessite, in situ, un échantillonnage
a permis de compléter les contrôles microbiologiques de matière de Tordre de quelque grammes, et, en labo­
atmosphériques. Ce bilan a été établi d'une part en réa­ ratoire, de nombreuses manipulations, de manière à
lisant un spectre microbien des sols d'autre part en ana­ comptabiliser nombre le plus probable de germes par
lysant certains dépôts suspects présents sur les banquet­ gramme de prélèvement.
tes des cavités et supposés d'origine biologique.
Ce sont les germes totaux (microflore totale), spores de
A - S o ls moisissures et cellules algaires qui ont été recherchés.
Pour ces analyses microbiologiques, le protocole suivi
est beaucoup plus complexe que celui de l'analyse at­

1). Situation des prélèvements (Notée ■ pour Font-de-gaume et • pour Coombarelles)

=> Grotte de Font-de-Gaume => Grotte des Combarelles


- N°1P : carrefour des 2 entrées - N°1P : niveau escalier
- N°2P : sous le félin - N°2P : sous Tours
- N°3P : cabinet des bisons

2) Résultats

Ils sont regroupés, pour les deux grottes, dans le tableau ci-après et exprimés en nombre de germes/gramme de
prélèvement.

PRÉLÈVEMENTS M ICROFLORE CHAMPIGNONS


TOTALE

1P 110.106 96 666

Font-de-Gaume 2P 140.106 28 550

3P 2,5.106 5000

Combarelles 1P 110.106 33 333

2P 110.106 19 663

Le nombre de germes correspondant à la microflore totale est tout à fait normal.

Les Champignons sont à des taux légèrement supérieurs Les Algues sont absentes ou en quantité très faible dans
à la moyenne des sols en ce qui concerne les prélève­ tous les échantillons excepté le 2P de Combarelles où
ments IP ; 2P de Font-de-Gaume et 2P de Combarelles. leur taux reste acceptable.

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B - D épôts suspects

Ils ont été prélevés à l'aide de fro ttis stériles, sur les parois, et par grattage de matière pour les sols.
1) Situation des prélèvements (Notés ■ pour Font-de-Gaume et • pour Combarelles sur les plans) (cf. plans)

=> Grotte de Fot-de-Gaume (prélèvements de matière)

• N °A : carrefour des 2 entrées, sol au niveau de la


banquette, champignons marrons avec des fila­
ments blanchâtres, épais, form ant une auréole
d'une seule unité (Basidiomycète ?) (photo 3 et
4)

Photo 3 - Prélèvement N°A :


carrefour des deux entrées Photo 4 - Prélèvement N°A :
(analyses microbiologiques qualitatives). carrefour des deux entrées
Développement fongique (analyses microbiologiques qualitatives).
Développement fongique

• N°B : champignons noirs au sol, niveau tapis. pect duve teu x, banquette au n ive au du sol
• N°C : entrée, évolutions en forme de rosaces rou­ (Basidiomycète ?) (photo 5-6).
geâtres avec à leur centre un mycélium blanc d'as­

Photo 5 - Prélèvement N°C :


entrée de la cavité, banquette.
Développement fongique

Photo 6 - Prélèvement N°C :


entrée de la cavité, banquette.
Développement fongique
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Première expérimentation de thermonébulisation en milileu souterrain
Bilan sanitaire des grottes de Font- de-Gaume et Combarelles
Les Eyzies-de-Tayac, 24 Dordogne (Aquitaine)..................................................................................................................................................... 10
• N °D : champignon noir en forme de vésicule, niveau l'avoir percé au scalpel, mise en évidence d'un nid
grand carrefour sous la banquette au sol (après d'insectes).

=> Grotte des Combarelles (prélèvement par frottis)

• N°1 : sous la lampe située à environ 40 mètres de • N°2 : dépôts noirs présents au niveau de l'ours.
l'entrée, présence de ponctuations blanches et co­
lonisations verdâtres (algues).

2) Observation directe des prélèvements


Dans un premier temps, chacun des prélèvements de matière de la grotte de Font- de-Gaume a été observé à la
loupe binoculaire.

• N °A : Recouvrements de couleur marron, d'as­ Visualisation, sur certains points d'im pact de
pect tissé et de texture résistante. cette colonisation, d'une base adhérant au sup­
Présence de fils colorés enchevêtrés entre les fi­ port, fine, d'aspect bleu intense presque fluores­
laments. Ce tissage, d'une seule unité possède, à cente (en lumière réfléchie)
ces extrémités, des filaments en forme de toile
d'araignée qui évoluent sur la banquette.

Photo 7 - Prélèvement N°A : Photo 8- Prélèvement N°A :


présence de fils colorés synthétiques présence de formes filamenteuses de
salissures synthétiques

Photo 9 - Prélèvement N °A :
formes filamenteuses entrecroisées et petites boules noires
supposées être d'origine fongique

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• N°B : Dépôts noir intense, parfois brillants avec des noire. En surface d'une partie de l'échantillon, des
filaments et les mêmes ponctuations bleues que cel­ fils colorés et une substance gélatineuse sont pré­
les observées dans le N°A. Des débris de bois et ra­ sents (photo 10-11).
cines sont entièrement recouverts de cette texture

Photo 10 - Prélèvement N°B : Photo 11 - Prélèvement N°B :


dépôts noirs avec des reflets bleutés et des dépôts noirs desséchés
filam ents blancs

N°C : Idem N °A, évolutions de couleur marron plus Filaments blancs et recouvrements noirs brillants
clair. avec des ponctuations bleues brillantes d'aspect gou­
N°D : Vésicule noire desséchée, devenue très dure dronneux (photo 12-13-14-15).
après quelques jours de stockage au laboratoire.

Photo 12 - Prélèvement N°D :


vésicule noire supposée être un cocon d'insectes

Photo 13 - Prélèvement N°B :


dépôts noirs avec des reflets bleutés et des
filaments blancs

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P hoto 14 - Prélèvement N °D : P hoto 15 - Prélèvement N °D :
vésicule noire desséchée + minuscules fila m e n ts vésicule noire cassée e t desséchée
fongiques

3) Analyses microbiologiques

Après cet examen direct partiel, l'ensemble des prélève­ Une estimation de l'activité des champignons et bac­
ments a été analysé. téries dans les prélèvements a été effectuée, pour les
Les frottis ont été ensemencés, en stries, à la surface de frottis, par numération des germes et pour les frac­
géloses spécifiques à la culture des champignons et bac­ tions déposées, par l'appréciation du nombre de points
téries ; les prélèvements de matière ont été fractionnés en positifs (ayant donné une culture) sur les cinq ense­
cinq parties puis déposés sur les mêmes milieux. mencés.

Les résultats sont consignés dans le tableau ci-dessous :

PRÉLÈVEMENTS CHAMPIGNONS BACTÉRIES


N °A 5 /5 5 /5
N°B 5 /5 5 /5
Font-de-Gaume
(5 points N°C 5 /5 5 /5
ensemencés)
N °D 5 /5 5 /5
N°1 15 formes mycéliennes blanches petites colonies bactériennes
rases et floconneuses + quelques parsemées sur les stries du frottis
actinomycètes (indénombrables )
Com barelles N°2 35 minuscules formes colonies bactériennes sur les stries
(frottis) mycéliennes blanches parsemées du fro ttis (indénombrables)
sur les stries d u fro ttis +
quelques actinomycètes

Il est à noter une activité très marquée des germes bacté­ Ce sont certains métabolites bactériens (par exem­
riens et fongiques. ple les acides organiques) qui vont engendrer une
Dans le cas des champignons, il s'agit bien de pollution fon­ altération du support.
gique déclarée au niveau des sols. Ce résultat n'ayant apparemment pas été constaté,
Par contre, en ce qui concerne les bactéries, l'interpréta­ in situ, la conclusion se lim ite à constater l'inten­
tion est plus délicate puisque l'activité bactérienne ne peut sité de l'activité bactérienne.
être caractérisée visuellement.

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4) Identification des champignons

Les champignons identifiés ont été regroupés dans les tableaux ci-après.

=> Grotte de Font-de-Gaume

PRÉLÈVEMENTS SOUCHES FONGIQUES VISUALISÉES

N°A • B a s id io m y c è te
• Zygomycète
• Ascomycète
• Hyphomycète trichoderma
N°B • B a s id io m y c è te

• forme mycélienne avec spores énormes à bord dentelé


(ressemblance avec Hyphomycète p a p u lo s p o ra ).
• Zygomycète
• Ascomycète
N°C • B a s id io m y c è te

• Hyphomycète verticillium
• H y p h o m y c è te ( p a p u lo s p o r a ? )
• Zygomycète : m o rtie re lla et m u c ora le
• Hyphomycète paecilomyces
• " " trichoderma
• " " (indéterminé)
N°D • B a s id io m y c è te

• Présence de spores non identifiées


• D o ra to m y c è s

• Hyphomycète trichoderma

=> Grotte des Combarelles

PRÉLÈVEMENTS SOUCHES FONGIQUES


N°1 • Pénicillium biverticillé et terverticillé
• Hyphomycète culvularia
• " " fusarium
• " " (indéterminé)
• Zygomycète de l ’ordre des mucorales
fro ttis N°2 • Pénicillium m onoverticillé et biverticillé
• Aspergillus
• Hyphomycète trichoderma
• ” " fusarium
• " " culvularia
• " " cladosporium
• " " (indéterminé)
• Zygomycète (indéterminé)

On retrouve un certain nombre de souches déjà identi­ et surtout des formes de basidiomycètes (plus commu­
fiées dans l'atmosphère mais aussi des espèces nouvel­ nément «champignons des bois»).
les comme Doratomycès, Mortierella ou Papulospora

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5) Quelques caractéristiques des champignons identifiées

Groupe

• Les basidiom ycètes, sont des champignons morpho­ des distances considérables et permettent le déve­
logiquement très évolués qui ne peuvent être culti­ loppement du champignon sur des supports qui, à
vés en laboratoire, sur les milieux classiques des l'origine, ne sont pas prédisposés à ce genre de con­
moisissures. Les champignons «des bois» (bolets, tamination.
cèpes...) font partie des basidiomycètes. Ces hyphes très épais sont composés de «clamp con­
Ce sont aussi les champignons «du bois». Ils peu­ nections» (excroissance ou fructification des fila­
vent engendrer 2 types de dégradations appelées ments), il est à noter également l'absence de spores.
communément «pourriture sèche» (craquelure cu­ • Les zygom ycètes, champignons à mycélium si­
bique du bois) et «pourriture humide» (craquelure phonné (reproduction sexuée et asexuée), rencon­
et rétrécissement). Ils se développent initialement sur trés fréquemment sur de nombreux supports.
le bois et ont besoin d'une teneur en humidité de 20 • Les ascomycètes, champignons à mycélium septé ou
à 50%. Leur implantation peut avoir des conséquen­ levuroïde avec des asques contenant des spores ou
ces graves (sécrétion d'acides organiques) et être ascospores, dont beaucoup d'espèces cellulolytiques
difficile à enrayer. sont des agents de biodétérioration de substrats cel­
C'est le cas de la mérule qui après avoir colonisé un lulosiques. Ils sont également parasites de végétaux.
support bois humide, est capable d'évoluer jusqu'à • Les deutéromycètes, regroupent 2 des genres, et es­
des supports secs (bois, pierre...) grâce à sa struc­ pèces fongiques très larges et variées.
ture complexe et résistante, composée de La majorité des Deutéromycètes sont des formes
rhizophores. Ces derniers sont des hyphes qui stoc­ imparfaites d'Ascomycètes.
kent et transportent l'eau et les éléments nutritifs à

Genre
Les genres identifiés dans cette étude font tous partie de la classe des Hyphomycètes.

• Les pénicillium peuvent être responsables de cer­


taines dégradations en produisant des métabolites vent produire de dangereuses toxines.
toxiques. • Les culvularia sont très communs sur de nombreux
• Les aspergillus sont des contaminants très com­ substrats.
muns, polyphages, parfois pathogènes pour • Les trichoderma, genre très commun dans les sols
l'homme, les animaux et végétaux, et susceptibles et les matières végétales en décomposition.
de produire des métabolites toxiques. • Les altem aria sont cosmopolites, saprophytes com­
• Les cladosporium se rencontrent dans l'air, le sol, muns sur de nombreuses plantes, sol, etc.
les textiles, la peinture, les céréales, les matières vé­ • Les verticillium sont des parasites d'insectes.
gétales en décomposition. Ils sont souvent impliqués • Les sporothrix, saprophytes colonisant surtout le
dans les problèmes de biodétérioration. bois.
• Les paecilom yces sont parfois des espèces saprophy­ • Les géotrichum sont isolés de nombreux substrats :
tes mais toujours des contaminants fréquents ; air, sol, eau, céréales, papier, textiles, fruits, etc.
d'autres sont des parasites d'insectes. • Les humicola, 2 espèces sont les plus communes, on
• Les talarom yces, certaines espèces sont peu fréquen­ les rencontre dans le sol, sur le bois et débris de plan­
tes, d'autres rencontrées dans les sols, matériel vé­ tes. Elles sont fortement cellulolytiques.
gétal, etc. (forme im parfaite : pénicillium ,
paecilomyces).
• Les fusarium sont parfois phytopathogènes et peu­

6) Antibiogramme

De nombreux biocides (bactéricides, fongicides, tats très performants quelque soit le produit ou le mi-
algicides) principalement à base d'ammonium quater- cro organisme à éradiquer. L'expérience nous a mon-
naire sont actuellement disponibles sur le marché. Les tré qu'il y avait de grandes différences dans l'efficacité
descriptifs publicitaires annoncent toujours des résul- des produits.

R a p p ort N°243B du 27/08/99


P rem ière expérim en tation de therm on ébu lisation en m ilileu souterrain
B ilan sa n ita ire d es g ro ttes de F ont- de-G au m e et C om barelles
Les F y zies-d e-T ay ac, 24 D ordogne (A q u itain e) ......................................................................................................................................................... 15
La première étape de discrim ination entre ces produits comme fongicides et bactéricides (de la fam ille des
peut être l'antibiogramme, méthode d'analyse basée ammonium quaternaire, de la famille des imidazoles et
sur la détermination du produit biocide le plus efficace le pentachlorophénate). Cette recherche a été menée sur
dans l'élim ination de tel ou tel micro-organisme. Le l'ensemble des espèces fongiques et bactériennes iso­
principe consiste à ensemencer les souches fongiques lées dans les deux cavités, car si les produits biocides
et bactériémies concernées, par étalement sur des gélo­ (formol comme Cequartyl A50) se révèlent très effica­
ses spécifiques, puis de déposer, à la surface de chaque ces contre les algues, leur pouvoir d 'in h ib itio n s'est
m ilieu, des disques de cellulose imprégnés de solutions montré insuffisant face aux contaminations d'origine
fongicides et bactéricides présélectionnées. La lecture fongique apparues plus tardivement sur les supports.
se fait, après 48 heures d'incubation, par la mesure du
halo d 'in hibition fongique et bactérien formé autour de
chaque disque. Les résultats consignés dans le tableau ci-après sont
exprimés selon une échelle allant de - à +++ (+++ cor­
Dans le cas de cette étude, nous avons comparé, grâce respondant à une efficacité maximale), établie par com­
à cette méthode, une douzaine de produits annoncés paraison des diamètres des halos d'inhibition.

=> Grotte de Font-de-Gaume (champignons)

BIOCIDES CHAMPIGNONS

de l'atmosphère avant de l'atmosphère dans les


traitement après traitement prélèvements de
matière

Nitrate d’éconazole 5,3 cm 4,7 cm 2,7 cm


à 0,2% dans un mélange eau- +++ +++ ++
alcool

Pentachlorophénate de sodium 4,9 cm 6,7 cm 3,5 cm


à 2,5% dans eau-alcool (50/50) +++ +++ +++

Cequartyl A50 1,9 cm 2,3 cm 1,7


à 5% dans l'eau ++ ++ +

Barquat MB80 1,9 cm / 2,1 cm


à 5% dans l'eau ++ ++

Vitalub QC80 2,3 cm / 1,7 cm


à 5% dans l'eau ++ +

Vitalub QC50 2,5cm 2,5 cm 1,7 cm


à 5% dans l'eau ++ ++ +

Vitalub QA50NA 1,9 cm / 1,7 cm


à 5% dans l'eau ++ +

Proseptyl B 2,3 cm / 1,3 cm


à 5% dans l’eau ++ +

Xedol20 0,9 cm 1,3 cm 1,3 cm


à 0,5% dans l'eau £ + +

Xedol 20 1,3 cm / 1,3 cm


à 0,5% dans eau-alcool (50/50) + +

Xedol 20 1,1 cm / 1,1 cm


à 1% dans l'eau £ £

Xedol20 1,1 cm / 1,1 cm


à 2% dans l'eau £ £

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Grotte de Font-de-Gaume (bactéries)

BIOCIDES BACTÉRIES

de l'atmosphère de l'atmosphère dans les


avant traitement après traitement prélèvements de
matière

Nitrate d'éconazole 1,7 cm 3,3 cm 1,5 cm


à 0,2% dans un mélange eau-alcool + +++ +

Pentachlorophénate de sodium 3,1 cm 5,5 cm 1,7 cm


à 2,5% dans eau-alcool (50/50) +++ +++ +

Cequartyl A50 2,7 cm 3,1 cm 1,1


à 5% dans l'eau ++ +++ Z

Barquat MB80 1,5 cm / 1, 3cm


à 5% dans l'eau + +

Vitalub QC80 3,1 cm / 1,5 cm


à 5% dans l’eau +++ +

Vitalub QC50 2,9 cm 3,3 cm 1/5 cm


à 5% dans l'eau +++ +++ +

Vitalub QA50NA 3,9 cm / 0,9 cm


à 5% dans l'eau +++ Z

Proseptyl B 4,7 cm / 1/3 cm


à 5% dans l'eau +++ +

Xedol 20 0,9 cm 2, 3 cm 0,9 cm


à 0,5% dans l'eau Z ++ Z

Xedol 20 1,1 cm / 1,1 cm


à 0,5% dans eau-alcool (50/50) Ʃ Z

Xedol 20 0,9 cm / 0,9 cm


à 1% dans l'eau Z Z

Xedol 20 0,9 cm / 1/3 cm


à 2% dans l'eau Z +

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Grotte des Combarelles (champignons)

BIOCIDES CHAMPIGNONS

de l'atmosphère de l'atmosphère dans les


avant traitement après traitement prélèvements de
matière

Nitrate d'éconazole 4,7 cm 4,5 cm 2,5 cm


à 0,2% dans un mélange eau-alcool +++ +++ ++

Pentachlorophénate de sodium 7,7 cm 6,7 cm 3,1 cm


à 2,5% dans eau-alcool (50/50) +++ +++ +++

Cequartyl A50 2,1 cm 3,5 cm 2,3 cm


à 5% dans l'eau ++ +++ ++

Barquat MB80 2,1 cm / 2,3 cm


à 5% dans l'eau ++ ++i

Vitalub QC80 1,9 cm / 2,3 cm

à 5% dans l'eau ++ ++

Vitalub QC50 2,1 cm 3,3 cm 2,1 cm


à 5% dans l'eau ++ +++ ++

Vitalub QA50NA 1,9 cm / 2,1 cm


à 5% dans l'eau ++ ++

Proseptyl B 1,9 cm / 1,9 cm


à 5% dans l’eau ++ ++

Xedol 20 1,1 cm 2,7 cm 0,9


à 0,5% dans l'eau Z ++ Z

Xedol 20 1,1 cm / 1,3 cm


à 0,5% dans eau-alcool (50/50) Ʃ +

Xedol 20 1,7 cm / 0,9 cm


à 1% dans l'eau + Z

Xedol 20 1,5 cm / 1,1 cm


à 2% dans l'eau + Z

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Grotte des Combarelles (bactéries)

BIOCIDES B A C T É R IE S

de l'atmosphère de l'atmosphère dans les


avant traitement après traitement prélèvements de
matière

Nitrate d’éconazole 1,7 cm 2,7 cm 1,7 cm

à 0,2% dans un mélange eau-alcool + ++ +

Pentachlorophénate de sodium 2,7 cm 4,7 cm 2,3 cm


à 2,5% dans eau-alcool (50/50) ++ +++ ++

Cequartyl A50 1,7 cm 2,7 cm 1,1


à 5% dans l’eau + ++ Z

Barquat MB80 1,7 cm / 1,5 cm


à 5% dans l’eau + +

Vitalub QC80 1,5 cm / 1,9 cm

à 5% dans l’eau + ++

Vitalub QC50 1,7 cm 3,7 cm 1,9 cm


à 5% dans l’eau + +++ ++

Vitalub QA50NA 1,3 cm / 1,5 cm

à 5% dans l’eau + +

Proseptyl B 1,5 cm / 1,7 cm


à 5% dans l’eau + +

Xedol 20 0,9 cm 1,3 cm 13 cm avec

à 0,5% dans l’eau Z + envahissement -

Xedol 20 0,9 cm / 2,1 cm avec


à 0,5% dans eau-alcool (50/50) Z envahissement -

Xedol 20 1,3 cm / 23 cm avec


à 1% dans l’eau + envahissement -

Xedol 20 0,9 cm / 2,1 cm avec


à 2% dans l’eau Z envahissement -

Pour les 2 cavités, il ressort que les antibiogrammes avec Le Pentachlorophénate de Sodium a été testé sur les
les A m m onium Q uaternaires (V ita lu b , P roseptyl, souches à titre expérimental ; son efficacité fongique et
Barquat et Cequartyl) donnent d'assez bons résultats bactéricide est excellente, mais il est impossible de l'em­
en tant que fongicide et bactéricide. De plus, leurs pro­ ployer dans ce genre de lieu peu aéré et très fréquenté
priétés algicides ne sont pas à négliger dans ce genre car il est très dangereux et fort toxique pour l'homme.
d'environnem ent.

L'im idazole (Nitrate d'éconazole) donne de très bons C'est à partir de ces résultats que les différents traite­
résultats comme fongicide et d'assez bons résultats en ments fongicides (atmosphérique et surface) ont pu être
tant que bactéricide (bien que son spectre d 'in hibition réorientés vers l'em ploi du nitrate d'éconazole.
bactérienne soit plus lim ité que celui des A m m onium
Quaternaires).

Rapport N°243B du 27108199


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Bilan sanitaire des grottes de Font- de-Gaume et Combarelles
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V - Conclusions

De manière générale, les deux cavités possèdent une Par ailleurs, un nettoyage complémentaire des sols et
flore intrinsèque normale avec toutefois quelques dé­ banquettes, par pulvérisation du même produit biocide,
séquilibres au niveau des champignons. Ces problèmes améliore le traitement général d'assainissement de la
sont souvent liés à une contamination trop importante grotte.
de l'air, ce qui nécessite la mise en œuvre de traitement
de désinfection atmosphérique. Outre l'efficacité, ces A l'heure actuelle, les traitements par thermonébulisation
traitements doivent être le mieux approprié au site. ont lieu 1 à 2 fois par an dans ces cavités préhistori­
ques.
C 'est p o u rq u o i la p re m iè re e x p é rim e n ta tio n de
thermonébulisation dans un environnement aussi spé­ Après cette expérience positive, la thermonébulisation
cifique qu'une cavité souterraine a été testée et s'est ré­ a été utilisée, avec succès, dans le traitement de certai­
vélée tout à fait performante. nes salles du Parlement de RENNES, après l'incendie.

Par la suite, le protocole décrit dans cette étude a pu Enfin, il faut rester conscient que le but recherché, lors
être affiné, en particulier en ce qui concerne la nature d 'u n traitement de l'atmosphère, n'est pas de stériliser
du biocide à employer. En effet, les inconvénients liés à totalement le milieu ambiant, mais de retrouver un équi­
l'utilisation de l'am m onium quaternaire (résidus légè­ libre au niveau d'une flore qui ne sera jamais totale­
rement visqueux et odeurs aux endroits de pose de l'ap­ ment inexistante.
pareil) ont orienté le choix vers un fongicide de la fa­
m ille des imidazoles, l'éconazole qui donne des résul­
tats similaires sans les effets indésirables.

R éférences bibliographiques

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Traitement des fruits par thermonébulisation. Arbo­ technique d'applications de produits anti-m icro­
riculture fruitière, 384, 71-72. biens. Patrimoine culturel et altérations biologiques,
actes des journées d'études de la SFIIC, Poitiers 17
• C H A P O N JF., N G U Y E N -T H E C., SENG JM., et 18 novembre 1988.
BOMPEIX G., 1988. Traitements de post-récolte des
maladies des fruits avec des anti-oxydants et des • BRUNET J., VOUVE J., La conservation des grottes or­
fongicides par thermonébulisation. Annales Ass. Nat. nées, CNRS Éditions, Paris, 1996.
Protection des Plantes, 4, 1, 735-742.

Rapport N°243B du 27/08/99


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ANNEXES

Rapport N°243B du 27/08/99


Première expérimentation de thermonébulisation en m ilileu souterrain
Bilan sanitaire des grottes de Font- de- Gaume et Combarelles
Les Eyzies-de-Tayac, 24 Dordogne (Aquitaine) ..................................................................................................................................................... 21
PLAN DES GROTTES
DE FONT-DE-GAUME ET COMBARELLES

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GROTTE DE FONT-DE-GAUME
(LES EYZIES-DE-TA YAC - 24)
GROTTES DES COMBARELLES
(LES EYZIES-DE-TAYAC - 24)

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