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Section 2 – Module 1

L’HYDROGÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le cycle de l’eau (figure 2.1.1)
Quelques notions d’hydrogéologie
L’eau dans les roches et les sédiments : notions de porosité (figure 2.1.2)
L’eau dans les roches et les sédiments : notions de perméabilité (figure 2.1.3)
La Loi de Darcy (figure 2.1.4)
Les eaux souterraines (figure 2.1.5)
La conductivité hydraulique des réservoirs d’eau souterraine (figure 2.1.6)
Les conditions hydrogéologiques du socle rocheux du Québec (figure 2.1.7)
Les aquifères
Les aquifères des dépôts glaciogéniques (figure 2.1.8)
La surface piézométrique dans les aquifères (figure 2.1.9)
Le puits de surface dans un aquifère non confiné (figure 2.1.10)
Le puits artésien (figure 2.1.11)
Les bassins versants
La notion de bassin versant (ou bassin hydrographique) (figure 2.1.12)
Les bassins versants du Québec (figure 2.1.13)
La région hydrographique de la Communauté Métropolitaine de Québec (CMQ) (figure
2.1.14)
La fragilité de l’eau douce
La qualité de l’eau souterraine et de l’eau de surface (figure 2.1.15)
L'enfouissement des substances polluantes doit tenir compte de la nature des terrains (figure
2.1.16)
La contamination au trichloroéthylène (TCE) à Shannon (région de Québec) (figure 2.1.16)
La contamination des puits par l'eau salée en bordure de mer (figure 2.1.18)
La disponibilité de l’eau douce par habitant à l’échelle mondiale, en 2007 (figure 2.1.19)
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Figure 2.1.1 – Le cycle de l’eau.


Sur cette figure, les boîtes représentent les réservoirs et les flèches indiquent les flux. Selon les conditions
de température et de pression, l’eau se retrouve sous trois états : solide, liquide, vapeur.
Le cycle externe est celui qui est observable directement. L’énergie solaire transforme l’eau liquide en
vapeur. L’évaporation se fait principalement au-dessus des océans (84% contre 16% au-dessus des
masses continentales). Les vents et autres mouvements de l’atmosphère redistribuent la vapeur d'eau;
celle-ci retombe sous forme de pluie qui, au niveau des continents, ruisselle et retourne à l’océan tel que
présenté aussi dans la figure 1.5.2. Comme on l’a vu précédemment, une certaine quantité d’eau est
stockée sous forme de glace. L’eau (liquide et solide) constitue l’agent essentiel de l’altération et de la
désagrégation des roches de la croûte terrestre et contribue ainsi au recyclage de plusieurs éléments
chimiques en agissant comme le medium qui permet leur transport dans les cours d’eau et les océans.
Le cycle interne est celui qui concerne la circulation de l’eau entre l’océan, la lithosphère et
l’asthénosphère. Un important volume d’eau s’infiltre dans les pores de la couverture sédimentaire sur
la lithosphère (approximativement 330 x 106 km3). Une autre quantité d’eau s’infiltre dans les fractures
de la lithosphère. On n’a qu’à penser aux sources hydrothermales au niveau des dorsales médio-
océaniques (Fig. 1.7.13) qui agissent en quelque sorte comme un système de pompe. Cette eau est un
agent fort efficace de l’altération chimique des basaltes océaniques modifiant les propriétés physico-
chimiques et la composition de la croûte océanique, et contribuant à la composition chimique de l’eau de
mer. La subduction de la lithosphère dans l’asthénosphère introduit aussi de l’eau dans cette dernière. Les
minéraux du manteau eux-mêmes contiennent une énorme quantité d’eau. Ensemble, la lithosphère et
l’asthénosphère contiennent un volume d’eau évalué à 400 x 106 km3.
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Figure 2.1.2 – La porosité des sédiments et des roches.


Les eaux souterraines se trouvent dans les pores des sédiments et dans les fractures de la roche. Certaines
roches peuvent aussi contenir des pores ayant la capacité d’emmagasiner l’eau (p. ex. les roches
volcaniques remplies de vésicules qui sont des cavités formées lors de l’expulsion des gaz des magmas).
On appelle porosité le volume de vides par rapport au volume total de roche ou de sédiment. Cette
porosité s'exprime en pourcentage. Les argiles, formées de paillettes micacées dont la structure ressemble
à celle d’un château de cartes, sont très poreuses (40-70% de porosité dans les interstices). La porosité
d'un sable, dont les particules sont de taille assez uniforme, peut aussi être très élevée.
(A) Prenons le cas d’un sédiment théorique à l’intérieur duquel les particules sont homogènes et de forme
sphérique. Si ces particules sont alignées de sorte que leurs axes forment un réseau cubique, le
pourcentage théorique des vides, donc l'espace disponible pour le fluide, est de 47,6%. C'est un tassement
cubique qui est plutôt lâche. (B) Si les particules homogènes et sphériques s’emboîtent de façon optimale,
sans se déformer, on obtiendra un tassement rhomboédrique, avec un espace de vides de 25,9%. Malgré
ce tassement serré, il y a encore passablement d'espace pour emmagasiner l'eau. (C) Les porosités
deviennent plus faibles lorsque les particules du sédiment ne sont pas de taille uniforme, par exemple un
mélange de petites et de grosses particules, ou encore (D) lorsque la forme de ces particules varie de
sphérique à allongée. La charge (poids) imposée à un sédiment due à l'accumulation ultérieure de
sédiments additionnels (ce qui provoque de la compaction) peut être suffisamment élevée pour déformer
les particules, ce qui réduira également la porosité. Les phénomènes de cimentation durant la diagenèse
viennent aussi boucher progressivement la porosité.
Dans la nature, on retrouve majoritairement les cas C et D, quoiqu’il arrive que certains dépôts
sédimentaires (comme des sables de plage bien triés) ait une granulométrie relativement homogène. En
généralisant, on peut dire que la compaction reliée à l'accumulation des sédiments diminue
progressivement la porosité. Les grains de quartz sont un exemple de particules sphériques alors que les
micas ont plutôt une forme allongée.
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Figure 2.1.3 – La perméabilité des sédiments et des roches.


Il faut distinguer deux concepts souvent très près l'un de l'autre : porosité et perméabilité. La porosité est
le pourcentage de vides dans un sédiment ou une roche. La perméabilité réfère à la capacité du sédiment,
ou de la roche, à transporter les fluides qui se trouvent dans les pores. En d'autres termes, il faut que les
pores soient connectés entre eux. On utilise parfois le terme de porosité effective pour référer à la porosité
connectée. Selon la taille et l'agencement de leurs particules ou des fractures qui les affectent, les
matériaux du sous-sol seront plus ou moins perméables. Un matériau qui transporte bien l'eau est appelé
aquifère. (A) Les sables ou les grès poreux constituent généralement de bons aquifères. Ils permettent
aisément l'infiltration, l'emmagasinage et la circulation des eaux souterraines. (B) Les roches fracturées
agissent aussi comme aquifères, en autant que les fractures soient connectées entre elles pour former un
réseau. (C) Par contre, les sédiments fins riches en argile et les roches argileuses comme les schistes
constituent des aquicludes, c.-à-d. des matériaux qui ferment la porte à la circulation des eaux
souterraines. En effet, les minéraux des argiles ont une structure en feuillets dont l'empilement rend le
matériau imperméable malgré que la porosité soit élevée dans les sédiments argileux.
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∆H où Q = Débit (m3/jour)
Q = − KA K = Conductivité hydraulique (perméabilité) [m/s ou m/jour]
A = Surface transversale de l’aquifère [m2]
L ∆H = Charge hydraulique (h2-h1) [m]
L = Distance entre les deux puits [m]

Figure 2.1.4 - La Loi de Darcy.


Le débit d’eau (quantité totale d’eau sortant d’un « réservoir ») dans les sédiments et les roches de même que
le taux d’infiltration (ou la recharge) sont très variables. Ils dépendent d'un certain nombre de facteurs, dont
évidemment la perméabilité de l’aquifère (fonction de la granulométrie et de la porosité du sol) mais aussi du
gradient hydraulique. Ils dépendent également de la présence ou de l’absence de végétation et la nature de
celle-ci, de la présence de pentes et de la viscosité de l'eau. Les débits s'expriment par la loi de Darcy (Henri
Darcy, hydrologue français, 1856) dont l’équation est décrite ci-dessus. La figure illustre certains paramètres
de l’équation.
Imaginons deux puits (1 et 2), équipés de piézomètres 1, forés dans un aquifère (p. ex. sables) où de l’eau
s’écoule de façon laminaire (vers la droite de la figure). Il y aura une perte de charge hydraulique définit
par la différence de hauteur de l’eau (∆H) dans les deux puits. Le gradient hydraulique (i), quant à lui, est
défini par cette différence de hauteur divisée par la distance (L) entre les deux puits. Il s’agit donc d’une
pente. La constante K correspond à la perméabilité qui s’exprime quantitativement par la conductivité
hydraulique. La valeur de la conductivité, qui correspond à une vitesse, est liée à la nature du matériau et à
celle du fluide. La loi de Darcy permet donc de calculer le débit d’eau (Q) s’échappant d’un volume de
roche ou de sédiments en tenant compte de la surface transversale (A) traversée par le fluide. Il est
important de noter que cette loi s’applique seulement pour un écoulement laminaire où les lignes de courant
sont parallèles entre elles. Elle ne s’applique pas aux écoulements turbulents.
Il est difficile de généraliser, mais les aquifères les plus perméables vont permettre des vitesses allant jusqu'à
15 cm/jour. À l'autre extrême, de mauvais aquifères présentent des vitesses de quelques cm/an. En moyenne,
les eaux souterraines se déplacent à des vitesses de l'ordre de 3 cm/jour, ce qui équivaut à environ 10 m/an,
ou 1 km/100 ans. De tels chiffres impliquent deux choses : 1) l'eau que nous buvons (si elle provient de la
nappe phréatique) peut avoir plusieurs dizaines et même centaines d'années; 2) avec un aussi long séjour
dans le sous-sol, l'eau a le temps de réagir chimiquement avec les matériaux et de se charger en sels
minéraux; de là souvent des eaux dures (riches en Ca et Mg) ou sulfurées.

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Appareil inséré dans un puits servant à mesurer le niveau de l’eau souterraine en un point spécifique de la nappe
phréatique.
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Figure 2.1.5 - Les eaux souterraines.


Une fois arrivées sur le sol, les eaux de précipitation (aussi appelées atmosphériques ou météoriques)
peuvent cheminer dans le sol selon deux circuits d’écoulement. Il y a d’abord le circuit rapide qui est
complété en quelques jours. Ce circuit, limité à la surface du sol, achemine l’eau de ruissellement vers les
cours d’eau et les mers. Ensuite, il y a le circuit lent qui se réalise en quelques années, voire des
millénaires. Dans ce circuit, l’infiltration se fait verticalement puis dans un écoulement souterrain avant
que l’eau ne retourne à la mer via les cours d’eau.
Si les terrains sont plutôt imperméables (p. ex. argiles, tills compacts à matrice fine), l’eau de précipitation
aura tendance à suivre le circuit rapide en formant toutes sortes de cours d’eau. Si les matériaux du sous-
sol sont perméables (p. ex. graviers, sables) dans l'ensemble, les eaux de pluie s'infiltrent et finissent par
s'accumuler à partir d'un certain niveau, ce qui délimite deux grandes zones en ce qui concerne les eaux
souterraines : la nappe phréatique, une zone où toutes les cavités (pores du sédiment, fractures des
roches, cavernes, etc.) sont saturées en eau et la zone vadose, une zone où les cavités contiennent
principalement de l'air avec un peu d'eau (celle attachée aux parois des cavités). La nappe phréatique
correspond au volume d'eau de la zone phréatique, alors que le niveau phréatique (en anglais : water
table) correspond à la surface supérieure de la zone phréatique. Le terme de nappe phréatique est aussi
souvent employé comme synonyme de niveau phréatique. La circulation dans la zone vadose se fait à la
verticale. Mais dans la nappe phréatique, l'eau souterraine circule un peu comme à la surface, c.-à-d.
latéralement comme l'indiquent les flèches. Il peut arriver qu'il y ait localement une zone de matériaux
aquicludes (comme une couche d'argile, par exemple) dans une zone aquifère. Cette couche aquiclude
forme une barrière à l'eau et permet l'accumulation d'une lentille d'eau dans la zone vadose. On parle alors
de nappe perchée. C'est ce genre de nappe d’étendue limitée et dont l’existence est plus ou moins liée aux
conditions météorologiques qui va donner naissance aux sources s’écoulant le long des escarpements.
Les précipitations, qui sont dépendantes des conditions climatiques saisonnières et variables d’un endroit à
l’autre sur la planète, constituent l’origine de l’eau s’écoulant près de la surface terrestre. Ces
précipitations vont soit : 1) retourner à l’atmosphère par évapotranspiration (par évaporation due à la
chaleur et par transpiration des plantes), 2) s’écouler à la surface lorsque la capacité d’infiltration du sol
est dépassée de sorte que l’eau ne peut plus y pénétrer, 3) s’infiltrer dans le sol pour atteindre la nappe
phréatique. L’infiltration dans le sol dépend entre autres du type de végétation, de ses propriétés
physiques, de la température atmosphérique, du taux d’humidité dans l’air et dans le sol, du gradient de
pente et de l’insolation.
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Figure 2.1.6 – La conductivité hydraulique des réservoirs d’eau souterraine.


L’eau souterraine s’emmagasine dans plusieurs types de réservoirs qui ont des conductivités hydrauliques
qui leur sont propres. Il y a deux grands groupes de réservoirs, ceux associés aux roches et ceux des
sédiments (aussi appelés des dépôts meubles). La figure ci-dessus illustre quelques exemples de réservoirs
(aquifères) et d’aquicludes ainsi que leur conductivité hydraulique exprimée en mètre/seconde. Les roches
cristallines massives (p. ex. granites, gabbros), les shales et les siltstones non fracturés et les argiles
marines sont définitivement des unités géologiques à éviter pour quiconque est à la recherche d’un
aquifère. Par contre, ces roches et sédiments constituent d’excellents aquicludes, soit des barrières
naturelles à la circulation de l’eau souterraine. La fracturation (causée par la tectonique des plaques, par
exemple) et l’altération qui affectent les roches permettent, dans certains cas, d’augmenter la conductivité
hydraulique. Ces phénomènes favorisent le développement d’une porosité secondaire (interstitielle ou de
fracture). Les calcaires et dolomies karstifiés (c.-à-d. ayant subi de la dissolution par l’eau souterraine)
peuvent acquérir une bonne perméabilité. Les sables propres (c.-à-d. composés exclusivement de
particules de taille homogène) et les graviers ont les meilleures perméabilités.

Quelques mots sur le nom des sédiments et des roches : Le shale, le siltstone et le grès sont des roches
sédimentaires terrigènes provenant, respectivement, de la diagenèse des sédiments argileux (<2 µm),
silteux (2-50 µm) et sableux (50 µm – 2 mm). Le calcaire et la dolomie sont des roches sédimentaires
allochimiques; la première étant formée de calcite [CaCO3], la seconde de dolomite [CaMg(CO3)2]. Le till
est un sédiment glaciaire composé de particules hétérogènes variablement compactées.
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Figure 2.1.7 – Les conditions hydrogéologiques du socle rocheux du Québec.


Nous avons vu dans le module sur la géologie du Québec que le sud de la province est formé de trois
provinces géologiques aux caractéristiques bien différentes. Elles ont également des conditions
hydrogéologiques bien distinctes. À priori, le socle rocheux offre une porosité primaire quasiment nulle.
Par contre, ce sous-sol rocheux peut constituer des réserves en eau souterraine grâce au développement
d’une porosité secondaire créée par la fracturation des roches. Depuis la rive nord du fleuve Saint-Laurent
jusqu’à l’extrémité nord du Nunavik (à l’exception d’une bande de roches de quelques dizaines de
kilomètres entre Québec et Montréal), le socle rocheux du Québec est composé de roches cristallines du
Bouclier canadien (Provinces du Supérieur et de Grenville). Ces roches sont majoritairement saines d’un
point de vue hydrogéologique étant donné qu’elles n’ont pas été altérées de façon significative par des
processus superficiels et qu’elles ne sont pas intensément fracturées. La porosité dans ces roches est
inférieures à <1% bien qu’elle puisse augmenter significativement dans les zones traversées par des
failles. Dans ce cas, la perméabilité augmente également. D’ordre général, les roches du Bouclier canadien
ont une faible perméabilité offrant des débits d’eau inférieurs à 2,7 m3/h. Malgré tout, il existe de
nombreux puits servant à approvisionner des municipalités (p. ex. Stoneham et Tewkesbury au nord de la
ville de Québec) ou des particuliers. Comme le taux de dissolution est très faible dans ces roches, l’eau
puisée est d’une excellente qualité et ne nécessite aucun traitement.
De part et d’autre du Saint-Laurent, on retrouve des calcaires, des grès et des shales appartenant à la
province géologique de la Plate-forme du Saint-Laurent. Ces roches ont une faible porosité (1-5%)
quoique les grès moins indurés puissent avoir une porosité maximale de 15%. La perméabilité varie de
faible (p. ex. shales d’Utica et de Lorraine) à élevée (p. ex. calcaire du Trenton, grès du Postdam) et les
débits moyens dans les puits sont supérieurs à 8 m3/h. La dissolution des calcaires favorise leur
perméabilité. Les Appalaches, quant à elles, sont caractérisées par des roches sédimentaires et
métamorphiques souvent fracturées qui ont une perméabilité modérée. L’eau de cette province géologique
est habituellement plus riche en fer, manganèse, arsenic et baryum.
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Figure 2.1.8 – Les aquifères des dépôts glaciogéniques.


L’une des raisons pour lesquelles le Québec est si riche en réserves d’eau douce repose sur l’abondance de
dépôts glaciaires qui recouvre son substratum rocheux. Outre ces dépôts datant de la dernière glaciation, il
y a aussi des dépôts sédimentaires d’origine fluviatile, deltaïque et marine. Tous ces dépôts d’origine
glaciaire ou non ont le potentiel d’être d’excellents aquifères régionaux s’ils sont constitués de sables et de
graviers. Les deltas proglaciaires érigés à l’embouchure des grandes rivières débouchant au sud des
Laurentides lors de la déglaciation renferment les principaux aquifères du Québec. Un de ces exemples est
le paléo-delta de la rivière Saint-Maurice qui constitue la source d’eau potable pour des milliers de
personnes. Au cours du retrait de la calotte glaciaire, et même ultérieurement, les eaux de fonte étaient
canalisées dans la rivière Saint-Maurice. Cette dernière devait avoir un débit 10 fois supérieur à celui
d’aujourd’hui. Lorsque les eaux de la Saint-Maurice sont parvenues à la mer de Champlain, les sédiments
transportés se sont accumulés. Ces dépôts très poreux forment aujourd’hui le plus grand aquifère de la
région de la Mauricie.
L’esker de Saint-Mathieu-Lac Berry, près d’Amos en Abitibi-Témiscamingue, est un excellent exemple
d’aquifère contenu dans un dépôt glaciogénique. La figure ci-dessus montre de façon schématique la
composition et la structure interne de cet esker d’une longueur supérieure à 70 km qui s’est formé il y a
environ 10 000 ans lors du retrait de l'inlandsis Laurentidien. Les sédiments de l’esker reposent sur le
socle rocheux de la Province du Supérieur et sont confinés de part et d’autre par des argiles marines
déposées dans la mer de Tyrrell (ancienne mer ayant occupé une superficie encore plus grande que les
baies de James et d’Hudson). Le socle rocheux et les argiles agissent comme des aquicludes en gardant
l’eau à l’intérieur de l’esker (aquifère) qui est composé de tills, de graviers et de sables. L'eau qu'on y
trouve est d'une très grande pureté (pH de 7,1 et <200 ppm de sels dissous) ; elle est d’ailleurs exploitée
commercialement sous le nom Eska par l’entreprise Eaux Vives Water inc. La ville d'Amos puise son eau
à même cet esker.
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Figure 2.1.9 - La surface piézométrique dans les aquifères.


À la figure 2.1.5, il a été mention de nappe phréatique. Ces nappes se développent à l’intérieur d’aquifères
donc dans des corps rocheux ou des dépôts meubles de porosité élevée qui possède une conductivité
hydraulique qui leur permettent de fournir de l’eau de façon économique. La conductivité hydraulique,
telle que mentionnée précédemment, correspond au taux de déplacement de l’eau, et ce, sous des
conditions naturelles ou de pompage. Il existe deux types d’aquifères basés sur la présence ou non
d’horizons imperméables adjacents. Les aquifères qui n’ont pas d’horizon imperméable sont dits libres ou
non confinés; leur surface phréatique pouvant varier librement en fonction des taux d’alimentation en eau
ou de pompage. Lorsqu’un niveau imperméable (aquiclude) recouvre une zone saturée en eau, on parle
d’un aquifère confiné (ou d’une nappe captive).
La surface piézométrique représente l’élévation à laquelle l’eau remonte dans un puits pour atteindre
l’équilibre avec la pression atmosphérique. Pour une nappe libre, la surface piézométrique est le toit de la
nappe phréatique à l’intérieur de l’aquifère. Pour une nappe captive, la surface piézométrique se situe en-
dessous ou au-dessus du toit de l’aquifère, selon la pression exercée sur l’eau souterraine. Si on relie les
niveaux piézométriques mesurés sur un territoire donné (au moyen de puits existants et de piézomètres),
on définit alors la surface piézométrique. Sur une carte, les lignes sont tracées entre différents points de
même niveau piézométrique. On appelle ces lignes des isopièzes (ou courbes piézométriques), à l’image
des courbes topographiques sur une carte. L’écoulement de l’eau souterraine se fait alors
perpendiculairement aux isopièzes, depuis des points de piézométrie élevée vers ceux de piézométrie plus
basse.
Au Québec, le niveau des nappes monte au printemps puis s’abaisse jusqu’à la fin de l’été. Il y a
généralement une remontée durant l’automne lorsque les précipitations sont plus abondantes et que
l’évapotranspiration est faible avant de redescendre jusqu’au début du printemps.
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Figure 2.1.10 - Le puits de surface dans un aquifère non-confiné.


On appelle « puits de surface » un puits qui s'approvisionne directement dans la nappe phréatique libre,
soit l’aquifère non-confiné. Si la composante d’écoulement verticale dans l’aquifère est nulle, le niveau
d’eau atteint dans le puits sera celui du niveau phréatique (une question d’équilibre des pressions). Le
pompage d’un puits dans un aquifère libre a pour effet d’abaisser le niveau phréatique autour du puits ce
qui crée un cône de dépression, à la surface de la nappe. Le volume occupé par le cône devient donc non-
saturé (zone vadose). Le cône s’agrandira ou diminuera en fonction du pompage et de la conductivité
hydraulique, de l’épaisseur et des propriétés d’emmagasinage de l’aquifère. Un excès de pompage
abaissera le niveau phréatique et pourra contribuer à assécher d'autres puits avoisinants.
L’assèchement naturel d’un puits est également possible même sans qu’il y ait pompage. C’est pourquoi,
avant même d’installer des puits, il peut s’avérer essentiel de faire des mesures afin de connaître le bilan
hydrique d’une région. Ces bilans sont faits lors de l’exploitation d’eau souterraine par des municipalités
mais ne sont pas nécessaires lorsqu’un puits est destiné à alimenter une résidence. Mathématiquement, on
peut considérer le bilan hydrique comme étant :
P =ET + Rsurf + R
où P correspond aux précipitations totales sous forme de pluie, verglas ou neige ; ET est
l’évapotranspiration (eau retournée à l’atmosphère par évaporation et par transpiration des plantes) ; Rsurf
est le ruissellement de surface ; R est la recharge (eau qui s’infiltre dans le sol et qui atteint la nappe
phréatique).
Autrement dit, les précipitations peuvent soit retourner à l’atmosphère par évapotranspiration, s’écouler à
la surface ou s’infiltrer dans le sol tel que mentionné à la figure 2.1.5. Pour qu’un aquifère continue à
fournir suffisamment d’eau aux puits, il faut de toute évidence que la variable R soit supérieure à la
quantité d’eau pompée, peu importe la valeur des autres paramètres.
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Figure 2.1.11 - Le puits artésien.


Le puits artésien est un puits qui s'approvisionne dans un aquifère confiné par un aquiclude et mis sous
pression à la faveur d'une zone de recharge. Ce schéma montre que la recharge en eau de l'aquifère se fait
à partir de la surface du terrain, créant dans l'aquifère une pression croissante avec la profondeur. Au point
où on a percé l'aquiclude, la pression dans l'aquifère fait en sorte que l'eau va jaillir si la bouche du puits
se situe sous la surface piézométrique. On parle alors d’un puits artésien jaillissant. Si la bouche du
puits se situait au-dessus de la surface piézométrique, il n'y aurait pas de jaillissement; l'eau atteindrait
dans le puits la hauteur de la surface piézométrique. C'est une question d'équilibre entre la zone de
recharge ouverte à la pression atmosphérique et le puits aussi ouvert à la pression atmosphérique (selon le
principe des vases communicants). Ceci explique qu'il faut une zone de recharge qui soit au-dessus de la
bouche du puits. On pourrait avoir facilement un puits artésien dans une plaine qui borde une zone
montagneuse, si la recharge se fait en montagne, mais il serait impossible d'avoir un puits artésien
jaillissant si la zone de recharge ne se trouvait que dans la plaine.
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Figure 2.1.12 – La notion de bassin versant (ou bassin hydrographique).


Un bassin versant (ou bassin hydrographique) correspond à un territoire géographique où l’ensemble
des pentes sont inclinées vers un seul cours d’eau où s’y accumulent les eaux de ruissellement. Ces
bassins sont séparés par des lignes de partage des eaux qui correspondent à des lignes de crêtes. De part et
d’autre de ces lignes s'écoulent les eaux des précipitations et des sources, ainsi que tous les éléments
dissous ou en suspension tels que les sédiments et les agents polluants. Chaque bassin versant se subdivise
en un certain nombre de bassins élémentaires (parfois appelés « sous-bassin versant »). On appelle un
bassin versant local, la zone qui draine toutes les précipitations reçues sous forme de ruissellement ou
d’écoulement de base (sources souterraines) par une rivière donnée ou un ensemble donné de rivières.
Tous ces petits bassins versants forment ensemble un bassin versant régional lequel, à son tour, s’ajoute
à d’autres pour former un bassin versant à l’échelle d’un continent.
Les cours d’eau canadiens s’écoulent dans cinq bassins continentaux débouchant dans les océans
Pacifique, Arctique et Atlantique ainsi que dans la baie d’Hudson et le golfe du Mexique. Paradoxalement,
environ 60% des eaux douces coulent vers le nord tandis que 85% de la population habitent dans la
portion méridionale du pays, à proximité de la frontière internationale avec les États-Unis.
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Figure 2.1.13 - Les bassins versants du Québec.


Dix pour cent du territoire québécois est recouvert d’eau douce répartie dans des dizaines de milliers de
rivières et de ruisseaux et plus de trois millions de plans d’eau. Le Québec possède 3% des réserves en eau
douce renouvelables de la planète ce qui est considérable pour la superficie de la province. Globalement,
les cours d’eau québécois se drainent vers les baies de James et d’Hudson (1), vers la baie d’Ungava (2) et
vers le fleuve Saint-Laurent (3-4). Environ 40% des eaux sont contenus dans le bassin hydrographique du
Saint-Laurent qui inclut la portion fluviale (3) et la portion estuarienne et marine (4) du fleuve telles que
présentées dans la figure ci-dessus. Deux petits bassins versants (5 et 6) occupent les régions du Bas-
Saint-Laurent et de la Gaspésie et s’écoulent vers les baies des Chaleurs et de Fundy. La figure montre
aussi le bassin versant de la mer du Labrador (7). Tous ces bassins se divisent en régions hydrographiques,
elles-mêmes regroupées en bassins de plus petites tailles.
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Figure 2.1.14 – La région hydrographique de la Communauté Métropolitaine de Québec (CMQ).


Le bassin versant de la région de Québec couvre une superficie de 711 km2. Sa portion nord est délimitée
par la ligne de partage des eaux définie par des sommets variant entre 250 et 820 m d’altitude d’où
s’écoulent les ruisseaux qui débouchent ultimement dans la rivière Saint-Charles. La source de cette
rivière est le lac Saint-Charles. (A) Bien que la morphologie finale du bassin soit directement reliée à
l’activité de la dernière époque glaciaire, ce bassin versant est en partie contrôlé par la nature du socle
rocheux (Grenville, Plate-forme du Saint-Laurent, Appalaches). La déclivité 2 des reliefs est beaucoup plus
élevée dans les collines du Grenville que dans la partie sud du bassin, un secteur plus favorable aux
activités urbaines. La plus forte densité d’habitants de la communauté urbaine de Québec se concentre sur
un plateau délimité par les vallées des rivières du Cap-Rouge et Saint-Charles. On peut aussi facilement
s’imaginer que lors du retrait glaciaire, ce plateau constituait le bras nord du fleuve Saint-Laurent,
isolant le promontoire de la ville de Québec à la manière de l’île d’Orléans actuellement. Cette carte
permet de visualiser de grands linéaments structuraux (failles) [lignes tiretées] surtout dans la zone
grenvillienne.
(B) L’eau souterraine de ce bassin versant est contenu dans de multiples aquifères complexes, incluant
des réservoirs de roches fracturées et des dépôts meubles d’origine glaciaire, marin ou fluviatile. En 2005,
cette eau alimentait environ 6,2% des résidences de la ville de Québec et 20% de celle dans le bassin en
entier. Étant donné que la région est fortement urbanisée dans sa partie sud, la majeure partie de
l’alimentation en eau potable se fait à partie des eaux de surface. La ville de Québec s’alimente
majoritairement à partir du fleuve Saint-Laurent et du lac Saint-Charles. Cette eau superficielle ainsi que
les aquifères de faible profondeur sont vulnérables à la pollution, d’où l’importance de les protéger et de
surveiller leur qualité.

2
Mesure exprimée en pourcentage et calculée en divisant la dénivellation verticale entre deux altitudes par la
longueur de la pente entre ces deux mêmes points. Exemple : si la dénivellation est de 10 m et que la longueur de la
pente (et non la distance horizontale) est de 100 m, la déclivité est de 10%.
16

Figure 2.1.15 – La qualité de l’eau souterraine et de l’eau de surface.


Nous sommes portés à croire que, sans l’activité humaine, l’eau (souterraine et de surface) est toujours de
bonne qualité et potentiellement propre à la consommation. Or, la grande majorité des dépassements des
normes de qualité de l’eau potable pour des critères chimiques relève d’une contamination naturelle des
eaux souterraines. Les formations géologiques, le degré de confinement des nappes phréatiques et le
temps de séjour de l’eau dans ces formations géologiques représentent les principaux facteurs naturels
expliquant la variabilité chimique de l’eau souterraine. Par exemple, une eau souterraine qui circule
dans du minerai riche en plomb, en chrome ou en arsenic deviendrait rapidement impropre à la
consommation. Dans certains cas, le problème est d’ordre esthétique (goût, odeur, couleur) et sans risque
pour la santé. Il arrive que le socle rocheux augmente la concentration en fer et en manganèse sans que ces
métaux soient considérés comme nuisibles à la consommation. Le socle rocheux et l’acidité des
précipitations influencent également le pH des eaux.
Avec la forte croissance de l’industrialisation et de l’urbanisation et avec l’activité agricole toujours
en cours dans les régions rurales, les eaux doivent être continuellement analysées afin de s’assurer de leur
qualité pour leurs diverses utilisations (consommation humaine, loisirs, industries, etc.). Selon le
règlement de la qualité de l’eau potable du Québec, quatre types de contrôle sont effectués sur l’eau:
bactériologique (p. ex. bactéries coliformes fécales, Escherichia coli [E coli]); physico-chimique
(turbidité, substances inorganiques et organiques); désinfection (p. ex. ajout de chlore) ; eau brute (avant
tout traitement).
La figure ci-dessus confirme que les rivières des bassins agricoles (p. ex. Yamaska, Châteauguay, Boyer,
L’Assomption) ainsi que les sections de cours d’eau en périphérie et en aval des zones urbaines (p. ex. du
Loup et Saint-Charles) ont des eaux de qualité mauvaise à très mauvaise. La turbidité, la chlorophylle
«a» ainsi que, dans une moindre mesure, les coliformes fécaux et le phosphore total affectent ces cours
d’eau. Les bassins versants agricoles sont susceptibles de contenir des eaux contaminées par des
substances inorganiques et organiques étant donné l’ajout de produits par les agriculteurs dans le but de
favoriser la croissance de leur récolte ou d’éliminer des organismes nuisibles. Il s’agit d’une
contamination dite diffuse car dispersée dans le temps et dans l’espace. Le phosphore (P), les nitrates
(NO3-) et les nitrites (NO2-), provenant en grande partie de l’utilisation d’engrais, excèdent dans bien des
cas les limites naturellement présentes dans les sols. Les pesticides sont aussi problématiques. De plus, il
n’est pas rare que les eaux souterraines des régions rurales soient contaminées par des coliformes fécaux
(p. ex. bactérie E. coli et certains virus) provenant majoritairement du bétail et de l’épandage du fumier et
du purin dans les champs.
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Figure 2.1.16 - L'enfouissement des substances polluantes doit tenir compte de la nature des
terrains.
Ce postulat qui semble évident n'est pas toujours appliqué. (A) Un enfouissement sur des matériaux
poreux comme les sables et les graviers ne peut conduire qu'à une dispersion des contaminants sur de
grandes distances, lentement mais sûrement. Ainsi, dans la région de Ville de Mercier (sur la rive-sud de
Montréal), on a contaminé, en moins de 10 ans, une nappe phréatique sur une distance de 5 km à cause
d'un déversement de solvant et d'huile dans les sables et graviers d'un esker (c.-à-d. un type de dépôts
glaciogéniques très perméable). (B) On croit généralement que l'enfouissement sur le roc solide (roches
ignées ou métamorphiques) est un gage de sécurité. La roche est souvent fracturée; elle peut alors être très
perméable et constituer un excellent aquifère. Dans l'exemple de Ville de Mercier, la contamination a eu
lieu à la fois dans les dépôts meubles de l'esker et dans la roche fracturée sous-jacente. (C) La roche de
fond n'est pas toujours homogène. Même si l'ensemble des couches apparaît à première vue imperméable
et non fracturé, il faut bien s'assurer qu'il n'y a pas, en profondeur ou latéralement, une ou des couches qui
soient perméables et qui pourraient transporter les contaminants. (D) Un enfouissement dans les argiles
offre beaucoup moins de risque, car ce genre de sédiment est passablement imperméable. Il faut bien
s'assurer cependant que la couche d'argile soit suffisamment épaisse pour que l'enfouissement n'atteigne
pas des couches sous-jacentes perméables.
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Figure 2.1.17 – La contamination au trichloroéthylène (TCE) à Shannon (région de Québec).


En 1997, des problèmes de contamination au trichloroéthylène (TCE) ont été mis au jour dans le
système d’alimentation en eau potable de la base militaire de Valcartier qui borde la ville de Shannon, au
nord-ouest de la communauté urbaine de Québec. Le TCE est un liquide incolore, peu visqueux et
ininflammable, ayant une odeur caractéristique, semblable à celle du chloroforme. Ce solvant chloré
(C2HCl3), très volatil et moyennement soluble à la température ambiante, sert principalement au
dégraissage et au nettoyage de pièces métalliques dans les industries automobiles et métallurgiques. Au
début des années 2000, des études hydrogéologiques ont permis de définir un panache d’eau souterraine
contaminée de plus de 4 km de longueur et de 600 m de largeur dans l'aquifère.
Le contexte géologique du secteur comprend des dépôts meubles (sédiments proglaciaires, deltaïques et
fluviatiles) recouvrant les roches métamorphiques imperméables de la Province de Grenville. L’aquifère
principal, contenant les TCE dissous, correspond au sable et au gravier deltaïque et a une épaisseur de
45 m. Le panache contaminé aurait une épaisseur de 20 m. Les concentrations maximales mesurées dans
le panache sont d'environ 1 400 µg/L à 4 500 µg/L à proximité des sources potentielles de contamination.
Au Québec, la concentration maximale acceptable de TCE dans l’eau potable est de 5 µg/L. Les mesures
effectuées dans des forages ont permis de déterminer que ces sources sont multiples et qu’elles
correspondent à d’anciens sites industriels, fermés depuis le début des années 1990, où des armes et divers
équipements étaient dégraissés au TCE. Il s’agit du plus important cas de pollution d’eau souterraine au
Canada.
Les deux cartes montrent des simulations simplifiées du transport du panache en fonction de la
conductivité hydraulique. (A) Dix ans après son rejet dans les sols (la disposition du TCE dans les sols
aurait débuté dans les années 1940), le TCE a déjà commencé à progresser perpendiculairement aux
isopièzes depuis de sources multiples. (B) Quelque 60 ans plus tard, le panache est devenu régional et
occupe l’aquifère de la ville de Shannon, atteignant même la rive de la rivière Jacques-Cartier (cours
d’eau à l’ouest de Shannon). La situation a été très médiatisée depuis la découverte de la contamination
étant donné que de nombreux citoyens du secteur puisent leur eau potable à même cet aquifère. La
contamination est toujours présente mais la municipalité de Shannon a réglé une partie du problème en
2010 en branchant les résidents à de nouvelles sources d'eau potable souterraines.
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Figure 2.1.18 – La contamination des puits par l'eau salée en bordure de mer.
(A) En bordure de mer, dans les régions de plaines surtout, les eaux salées, plus denses que les eaux
douces potables, s'infiltrent sous ces dernières jusqu'à une certaine distance à l'intérieur du continent. La
lentille d'eau douce « flotte » en quelque sorte sur l'eau salée, question de différence de densité. (B) Le
pompage de l'eau douce entraîne la création normale d'un cône de dépression à la surface de la nappe
phréatique; en réaction à ce cône de dépression, il se forme un cône inverse sous la lentille pour
rééquilibrer les masses de densités différentes. (C) Avec un abaissement du niveau phréatique, un puits,
qui pendant un certain temps a pompé de l'eau douce, peut subitement se mettre à pomper de l'eau salée.
(D) Une montée du niveau marin s'accompagnera d'une montée de la nappe phréatique marine sous la
plaine littorale, entraînant le pompage d'eau salée dans les puits, une situation qui risque de se produire
avec la montée prévue du niveau des mers reliée au réchauffement climatique et qui peut s'avérer
particulièrement désastreuse dans les zones deltaïques à forte densité de population. Les Îles-de-la-
Madeleine, dans le golfe du Saint-Laurent, sont candidates à ce genre de problème relié à la hausse du
niveau marin tout comme la péninsule de la Floride où là, en plus, il y a surpompage de la nappe
phréatique en raison de la forte densité de la population.
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Figure 2.1.19 – La disponibilité de l’eau douce par habitant à l’échelle mondiale, en 2007.
Bien que l’eau se trouve en abondance sur notre planète, l’eau douce n’en représente que 2,5%. Le
Québec, et même le Canada en entier, compte comme l’un des endroits avec les plus grandes réserves
d’eau douce. La province compte 3% des réserves mondiales renouvelables de cet or bleu en y incluant
l’ensemble de ses lacs, rivières et eaux souterraines qui fournissent l’eau de consommation à sa
population.
La carte ci-dessus illustre très bien la problématique de l’approvisionnement en eau potable. La répartition
de l’eau douce est loin d’être uniforme à la surface de la planète. En 2007, environ le tiers de la population
mondiale habitait des régions où la disponibilité en eau douce est déficiente (sous le seuil de
vulnérabilité). Selon les prévisions, il est possible qu’environ 2,8 milliards de personnes réparties dans
48 pays soient en stress hydrique d’ici 2025. Les pays ciblés sont majoritairement situés dans le nord de
l’Afrique et au Moyen-Orient. Mais la surconsommation et la croissance démographique peuvent aussi
diminuer significativement les réserves dans certains pays comme la Chine, les États-Unis, le Mexique et
ceux de l’Europe occidentale. L’approvisionnement en eau douce est une problématique planétaire
majeure qui a le potentiel de nuire aux bonnes relations entre pays voisins si des solutions ne sont pas
envisagées à court terme.
Parlant de solution, il est techniquement possible d’utiliser l’eau des océans pour la consommation
humaine en éliminant les sels contenus dans l’eau par désalinisation. En 2002, il y avait plus de
12 000 usines de désalinisation dans 120 pays qui produisaient moins de 1% de la consommation
mondiale d’eau douce. Ce processus, qui consiste à chauffer de l’eau de mer et à condenser la vapeur pour
récupérer l’eau douce, est cependant énergivore si bien qu’il reste impraticable à grande échelle pour les
pays les moins fortunés (qui sont majoritairement ceux qui ont les moins grandes réserves d’eau douce).
La désalinisation est un processus qui se produit naturellement dans le cycle de l’eau. Elle correspond à la
partie du cycle où, chauffée par le Soleil, l’eau de mer s’évapore sous forme d’eau douce gazeuse pour
ensuite se condenser et retomber au sol sous forme d’eau douce liquide ou solide (pluie ou neige).
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Liste des références

Mises à part les références citées ci-dessous, toutes les images proviennent du cours Planète Terre (GLG-
1000).

Figure 2.1.4 – Image tirée de Landry, B., Gauthier, M., Lucotte, M., Moingt, M., Occhietti, S., Pinti, D.L.
et Quirion, M., 2013. Notions de Géologie (4e édition). Groupe Modulo inc., 640 p.
Figure 2.1.6 - Image tirée de Landry, B., Gauthier, M., Lucotte, M., Moingt, M., Occhietti, S., Pinti, D.L.
et Quirion, M., 2013. Notions de Géologie (4e édition). Groupe Modulo inc., 640 p.
Figure 2.1.7 - Image tirée de Landry, B., Gauthier, M., Lucotte, M., Moingt, M., Occhietti, S., Pinti, D.L. et
Quirion, M., 2013. Notions de Géologie (4e édition). Groupe Modulo inc., 640 p.
Figure 2.1.8 - Image tirée de Landry, B., Gauthier, M., Lucotte, M., Moingt, M., Occhietti, S., Pinti, D.L. et
Quirion, M., 2013. Notions de Géologie (4e édition). Groupe Modulo inc., 640 p.
Figure 2.1.9 – Ferlatte, M., Tremblay, Y., Rouleau, A., Larouche, U.F., 2014. Notions d’hydrogéologie,
RQES, 63 p.
Figure 2.1.12 - Ferlatte, M., Tremblay, Y., Rouleau, A., Larouche, U.F., 2014. Notions d’hydrogéologie,
RQES, 63 p.
Figure 2.1.13 - Image tirée de http://www.mddelcc.gouv.qc.ca
Figure 2.1.14 - Image modifiée du site internet http://www.obvcapitale.org
Figure 2.1.15 - Image tirée de http://www.mddelcc.gouv.qc.ca
Figure 2.1.17 – Image tirée de Ouellon, T., Blais, V., Racine, C., Ballard, J.-M., et Lefebvre, R., 2010.
Synthèse du contexte hydrogéologique et de la problématique du TCE dans le secteur Valcartier, Québec,
Canada. Rapport final R-961. INRS, Centre-Eau Terre Environnement.
Figure 2.1.19 - Image tirée de FAO-Nations unies et World Resources Institute, 2008.

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