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• Les solutions pour un bon
des
croquis préparatoire
HS N°61
• Bien organiser son paysage
• Traduire la profondeur
• Le cas du paysage urbain
• 7 conseils pour des photos
fidèles au motif
Dessin
18 p. PRÉCIEUisS, ES
sur le croqu
bres,
les valeurs, les om
la composition et
HS N° 61 – MAI-JUILLET 2023 – BEL/LUX : 10,80 EUR - CH : 15,80 CHF - ESP/GR/ITA/PORT. CONT. : 10,80 EUR - CAN : 15,99 CAD - MAR : 112 MAD - TUN : 23 TND - DOM/S : 10,80 EUR - SÉN : 6 600 CFA
les finitions
P. 21
PRATIQUE
Le contre-jour au
service de l’œuvre 25 ASTUCES
POUR PEINDRE
EN EXTÉRIEUR
exercices
les valeurs avant
les couleurs
L AT I O N
P E R - G RANU s de 15 ml
et tube coffrets!
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CHAPITRE 1. DESSIN p. 21
▶ Exercice : p. 22
Le croquis préparatoire
▶ Exercice : p. 28
Perspective à l’usage du peintre
▶ En pratique : p. 34
Comment organiser un paysage ?
▶ En pratique : p. 38
Un paysage urbain
▶ Boîte à outils : p. 42
Débuter en photo de paysage
▶ Boîte à outils : p. 46
ESSENTIELLES
8 points clés pour aborder le paysage
▶ En pratique : p. 48
Réussir ses ciels. Couleurs et gestes
▶ En pratique : p. 52
Contrastes chaud-froid
pour dynamiser un paysage
▶ En pratique : p. 54
Composition alla prima
CHAPITRE 4. PERFECTIONNEMENT p. 83
▶ Dossier p. 84
PERFECTIONNEMENT
7 principes pour améliorer ses paysages
Le paysage
Bienvenue dans
notre portfolio de
tableaux de paysages.
Comme vous êtes des
artistes passionnés par
la nature et les grands
espaces, nous avons
pensé que vous seriez
heureux de découvrir
cette collection
de peintures
capturant la beauté
et la tranquillité des
paysages qui nous
entourent. Chacun
de ces tableaux
représente une vision
unique de la nature,
des forêts luxuriantes
aux montagnes
majestueuses en
passant par les côtes
rocheuses et les
vallées verdoyantes.
Nous espérons que
cette collection vous
inspirera et vous
transportera dans
un monde de paix
et de sérénité.
Verses.
2006.
Acrylique
sur toile,
130 x 140 cm.
Feeling Your
Touch. 2017.
Acrylique sur toile,
24 x 48 cm.
Olivier
De Nato
Paysage
éphémère.
Pastel,
30 x 40 cm.
Josef Kote
Claiborne Pell Newport Bridge Rhode Island.
2015. Acrylique sur lin, 102 x 152 cm.
Federico Infante
And the Day
Came.
Acrylique,
122 x 122 cm.
Claire Degans
Songe d’été. 2017.
Acrylique sur toile,
60 x 80 cm.
Devdatta Padekar
Roman Marvel.
Huile sur toile,
27 x 24 cm.
Ian Elliot
Small Beach, Mallorca.
Huile sur toile, 50 x 50 cm. Kathleen Giles
Summer Evening,
Olcott Harbor.
Aquarelle, 38 x 56 cm.
Charlie Hunter
The Road to Riverview Farm.
Huile sur mousseline montée sur panneau,
30 x 61 cm.
Michèle Ratel
Nénuphars sur la Seine.
Huile, 81 x 116 cm.
David Curtis
Bridge and Rooftops from the Nab.
Huile sur panneau, 40 x 30 cm.
Philippe Lhez
Sous le Monfaucon.
2018. Aquarelle, 20 x 30 cm.
Nina Davidowitz
Summer Haze.
2012. Acrylique sur toile, 91,5 x 91,5 cm. Kim Lordier
Half Moon Bay
Spring.
Pastel sur papier
Wallis,
41 x 51 cm.
Charlie Hunter
Bellows Falls
Rail Yard.
Peinture
à l’encaustique,
18 x 20 cm.
Vadim Sekatsk
Fantasy. 2016.
Richard Thorn
Huile sur toile,
50 x 70 cm.
Ober-Rae
Starr
Livingstone
Étude
à l’huile
dans les marais.
Françoise
Papail
Serrés les uns
contre les autres.
Huile sur toile,
40 x 80 cm.
Christopher
Forsey
In on the Tide,
River Dart.. 2015.
Acrylique sur toile,
40 x 50 cm.
Christian
Eurgal
L’un contre
l’autre. Huile au
couteau, 73 x 92 cm.
Peter Thomas
La maison de Sardy vue du plan d’eau.
2017. Pastel sur papier, 28 x 28 cm.
Spécial plein-air
Marqueur aquarelle
Colorex de Pébéo
Plus facile à transporter que
les tubes, godets ou flacons :
le marqueur. Rempli d’encre
aquarelle Colorex, il possède
une pointe pinceau polyvalente,
qui allie souplesse et précision,
et garantit un flux régulier
et homogène. Le nuancier compte
29 couleurs, mais peut s’élargir
aux 60 teintes de la gamme grâce
au système de recharge.
Prix : 3,15 € (à l’unité), 17,25 €
(set de 6), 32,50 € (set de 12)
Pocketbox
Aquarelle Koi de Sakura Set Botanique
Cette boîte au format de poche contient Duotip d’Ecoline
l’essentiel pour peindre en extérieur : 24 godets Dans la gamme Ecoline, les marqueurs
d’aquarelle, une palette amovible (à clipser à Duotips sont parfaits pour emmener sur
droite ou à gauche), deux éponges et un pinceau le motif. Remplis de peinture aquarelle
à réservoir d’eau. Le couvercle permet même concentrée et transparente, ils possèdent
d’insérer du papier format carte postale ! deux pointes (ogive fine et biseautée large)
pour tracer des lignes et colorier de
Prix : 42,90 € larges zones. Ce set botanique de 6 couleurs
a été pensé pour les sujets floraux.
Un format idéal pour un transport facile
lors de ses déplacements.
Prix : 27,90 €
Pinceau de voyage
Casaneo XS Da Vinci
Version de voyage de la gamme
Casaneo, les mini-pinceaux
Casaneo XS mesurent moins
de 10 cm. Leur fibre synthétique,
à la fois souple et nerveuse, se
Siège télescopique rapproche du petit-gris pour
Pinceau de voyage Gerstaecker une rétention capillaire optimale.
Outremer Léonard Ingénieux et facile à Disponible en 4 formes :
À son incontournable gamme de pinceaux transporter, ce siège plat (série 986, taille 10), épée
de voyage, le pincelier français ajoute télescopique peut être (série 987, taille 10), rond
sa récente série Outremer, en imitation emporté partout pour (série 988, taille 8) et Stryper
synthétique du petit-gris. peindre sur le vif. Il se (série 989, taille 8).
Dotés d’un manche court et d’un capuchon déplie pour s’asseoir et se Prix : NC
en laiton, ces pinceaux sont disponibles transporte facilement sur
en forme ronde bout pointu (n° 10 et 14) l’épaule avec sa bandoulière.
ou montés sur plume synthétique Il est réglable en hauteur
(n° 1 et 3). Une gamme végane, en fibre (44 cm maximum), léger
synthétique d’une grande souplesse, (1,15 kg), robuste (jusqu’à
rétention d’eau et finesse du trait. 150g
Prix : NC de charge), imperméable
et compact (7 cm plié).
Prix : 27,50 €
Pratique des Arts- Spécial PAYSAGE 15
arts
Par Elsa Parra.
• Ces événements • Ces stages n’étaient pas • Le nom des • Ces artistes, et bien d’autres,
proposent aussi des encore complets au moment artistes animateurs, proposent un grand nombre
stages avec d’autres où nous écrivions ces les thèmes et de stages sur le thème du
artistes et aux lignes : sous réserve, donc, les dates sont paysage non présentés ici :
thèmes différents, qui des places disponibles lors de susceptibles de contactez et visitez les sites
n’attendent que vous! votre inscription. Faites vite! modifications! de vos artistes préférés!
Exposition d’art
du pastel en France
Du 17 au 25 juin 2023
l Siddick Nuckcheddy – Lundi 19 juin 2023 – « Paysage » – 80 €
l Siddick Nuckcheddy – Mardi 20 juin 2023 – « Marine » – 80 €
l Sylvie Poirson – Vendredi 23 et samedi 24 juin 2023 – « Nature et/
ou eau » – 130 € (2 j.)
> artdupastelenrance.fr – secretariat@artdupastelenfrance.fr
Biennale internationale
et/ou lundi 17 et/ou mercredi 19 et/
ou samedi 22 et/ou lundi 24 et/ou
d’aquarelle
mercredi 26 juillet 2023 – « Balade
croquée » – 30 € (3 h)
Du 12 au 26 juillet 2023 l Foroogh Namjoo – Samedi 15 et/ou
l Jonathan Kwegyir Aggrey – Mardi 18 juillet 2023 – « Paysage » – 100 € lundi 17 et/ou mercredi 19 juillet 2023 –
l Hélène Bastard – Vendredi 14 et/ou dimanche 16 et/ou mardi 18 et/ou « Nature » – 50 € (2 h)
jeudi 20 et/ou dimanche 23 et/ou mardi 25 juillet 2023 l Adam Papke – Samedi 15
– « Carnet de voyage : composition, dessin, texte et collage »– 60 € (1 j.) et dimanche 16 juillet 2023
l Vincent Besançon – Samedi 15 juillet et/ou samedi 22 juillet – « Atmosphère d’un paysage
2023 – « Aquarelle sur le vif » – 5 € (2 h) phénoménal » – 140 € (2 j.)
l Cao Bei An – Jeudi 13 et/ou vendredi 14 et/ou dim. 16 et/ou lun. 24 l Nadees Prabou – Lundi 24 juillet
et/ou mar. 25 et/ou mer. 26 juillet 2023 – « Paysage » – 80 € (1 j.) et/ou mardi 25 juillet 2023
l Isabelle Corcket – Vendredi 14 et/ou samedi 15 et/ou dimanche 16 – « Jour de pluie » – 50 € (3 h)
de l’aquarelle
Du 22 juillet au 20 août 2023
l David Chauvin – « Ambiance et interprétation à l’aquarelle »
– lundi 24, mardi 25 et mercredi 26 juillet 2023 – 240 €
l Alexis Le Borgne – Lundi 24, mardi 25 et mercredi 26 juillet 2023
– « Spontanéité, émotion et lumière : à travers différents sujets saisir
l’essentiel et lâcher-prise tout en poésie – 240 €
l Carlos Dos Santos Marques – Mardi 25 et mercredi 26 juillet 2023
– « Paysage urbain – perspectives, voitures et gens » – 180 €.
l Adam Papke – Samedi 29 et dimanche 30 juillet 2023
– « Paysage phénoménal » – 150 € (2 j.)
l Joëlle Krupa – Dimanche 30, lundi 31 et mardi 1er août 2023
– « Paysage et cascade » – 240 € (3 j.)
l Didier Georges – Vendredi 28 et samedi 29 juillet 2023
– « Peindre la vie – 1er jour : Paysages ou scènes de vie ; 2e jour :
Aquarelle Boissezon (81)
Portraits ou personnages » – 150 €
> salon-international-aquarelle.com, jpk1948@orange.fr
Biennale d’aquarelle
Du 16 septembre au 1er octobre 2023
– Viktoria Prischedko – Dimanche 17 et lundi 18 septembre 2023 –
Pastel Equihen-Plage (62) « Ombre et lumière » – 190 € (2 jours)
Salon de pastel
– Michel Kolsek – Mercredi 20 et jeudi 21 septembre 2023
– « Paysage et eau » – 150 € (2 jours)
des Hauts-de-France
– Dolors Bolaños - Samedi 30 septembre 2023 – « Jouer avec
les pigments et l’eau pour créer des paysages et des marines » – 80 €
Du 15 au 27 août 2023 – Sylvie Donaire – Samedi 23 septembre 2023 – « Carnets
l Françoise Bousquet – Du mercredi 16 au vendredi 18 août 2023 – Apprendre à cadrer en extérieur et à dessiner en perspective » – 30 €
– « Paysages » – 60 € la journée > boissezon.artspassion@gmail.com
> 06 20 99 85 65, patrice.coze@ free.fr
Aquarelle Sacy (51)
Aquarelle Morcenx (40)
Pinceaux passion
3e Festival Landes Aquarelle en Champagne
Du 16 au 24 septembre 2023
l Joëlle Krupa – Dimanche 17 et lundi 18 septembre 2023 – « Paysage » l Eugen Chisnicean – Vendredi 1er, samedi 2, dimanche 3 septembre
– 160 € (2 j.) 2023 – Stage plein-air « Paysages des coteaux champenois »
l Dominique Boni – Lundi 18 et mardi – 180 € (2 j.), 250 € (3. j.)
19 septembre 2023 – « Paysage urbain, > helloasso.com/associations/pinceaux-passion/evenements/
roses ou paysage boisé » – 120 € (2 j.) stage-3-jours-eugen-chisnicean
l Isabelle Estrade – Lundi 18 et mardi
19 septembre 2023 – « Faire des aquarelles Aquarelle Rochetaillée (42)
lumineuses – Personnages, animaux,
paysages de neige » – 120 (2 j.)
l Thierry de Marichalar – Lundi 18, mardi
Fête des peintres
19 et mercredi 20 septembre 2023 –
« La lumière dans l’aquarelle par un travail
et des sculpteurs
l Emmanuelle Germaneau – Mardi 5 et mercredi 6 septembre 2023 –
sur les tonalités et contrastes, basé sur « Paysages autrement et portrait » – tarif : NC
la technique plein-air » – 210 € (3 j.) > 06 77 93 81 30, gilles.labrue@gmail.com
l Stéphane Langeron – Mardi 19 et
Un paysage vu par Anne Larose.
* Réglement du tirage au
sort à consulter sur le site
fr.divertistore.com/brioude
Dessin
CHAPITRE 1
▶ Le croquis préparatoire
Mettre en place les éléments P. 22
▶ Perspective
à l’usage du peintre
Représenter un paysage
en deux dimensions :
règles et principes P. 28
▶ Comment organiser
un paysage ?
Les clés
d’une bonne composition P. 34
▶ Un paysage urbain
Les fondamentaux
du dessin d’architecture P. 38
Le croquis
préparatoire
Le croquis sur le motif est la première étape d’un paysage. Sans se perdre dans la théorie et les schémas
compliqués, Bruno Mollière, organisateur de stages, fondateur du concept Randocroquis et adepte
du « dessin plaisir », nous montre comment réaliser des dessins rapides et justes en toute simplicité.
Matériel de base B
• Carnet de croquis format
A4, 120 g minimum
• Crayons graphites HB,
2B, 9B
• Feutres noirs à pointes
Choix du sujet pour sa lumière (A)
0,1, 0,3 et 0,5 ou pour ses formes (2).
• Gomme, taille-crayon détails : vous aurez besoin de
Matériel hiérarchiser l’information et de
complémentaire beaucoup suggérer (jusqu’aux
3/4 des éléments). L’essentiel de ce que l’on doit dessi-
• Boîte d’aquarelle – Méfiez-vous des sujets « carte ner se situe au-dessus (comme ici)
de voyage (8 godets) postale » : une belle photo ne fait ou en dessous de la ligne d’horizon.
• Pinceau aquarelle de pas forcément un beau dessin. servir de base pour déterminer
type lavis et un plus fin A une perspective (bâtiments,
• Encre de Chine,
Trouver personnages). Les lignes vont,
porte-plume, plumes
DEVANT LE MOTIF, la ligne d’horizon en effet, changer d’orientation
de différentes formes
Choisir son sujet Tout est Commencez par définir la ligne (monter ou descendre) selon
bon à dessiner, du motif le plus d’horizon. En théorie, celle-ci qu’elles se trouvent en dessous
et duretés (éviter
pittoresque (Rocamadour, mont sépare la terre du ciel. En ou au-dessus de cette ligne.
plumes « calligraphie »
Saint-Michel) au plus banal pratique, elle peut être difficile à
à pointe biseautée)
(colline verdoyante), du plus situer si l’horizon est encombré Décider de
• Chiffon, eau (bocal avec épuré (plage hors saison) au plus (végétation, bâtiments) ou dans son emplacement
couvercle/bouteille), godet animé (port, marché). Portez certains cas (rue en pente). Choisissez votre emplacement
• Pinces à dessin (si vent) votre attention sur la qualité de Mieux vaut donc prendre comme (en retrait pour ne gêner
la lumière (jeu d’ombres et de référence la hauteur des yeux. personne) et votre position
• Feutres marqueurs lumières ou d’ombres portées), Pour la situer, regardez en face (debout ou assis) en pensant à
(gamme noire, gris moyen l’arrangement des formes et de vous, sans lever ni baisser votre confort autant qu’à l’angle
ou sépia) des lignes (formes géométriques les yeux. L’endroit où pointe votre de vue. Si vous avez de bonnes
• Crayons de couleur, et organiques) ou l’atmosphère regard donne son emplacement, jambes, habituez-vous à dessiner
gouache, crayons pastel du lieu (vivant, ciel orageux). qui dépend de votre taille et de debout. Sinon, prévoyez un siège
• Sac étanche pour votre position (debout, assis, pliant. Près du sol, vous pourrez
protéger les carnets Conseils couché). Cette ligne virtuelle va tirer parti d’un premier plan et
– Vous faciliterez votre couper le sujet en deux parties : de ses lignes fuyantes. Une fois
• Sac à dos pour le matériel composition et le rendu de ce qui est au-dessus et ce qui le sujet défini, ne bougez plus!
• Petit siège pliable. la profondeur en choisissant est au-dessous et vous aider Vous risqueriez de modifier en
un sujet présentant trois plans à composer votre motif, selon cours de route son point de vue
Dessins et photos : Bruno Mollière (premier, second et arrière-plans). l’importance que vous donnerez à (donc la ligne d’horizon, l’effet de
Texte et photos : Stéphanie Portal. – Attention aux sujets riches en l’un ou à l’autre. Elle va aussi vous perspective et de premier plan).
DEVANT LA FEUILLE,
Prendre les mesures
Il est important de déterminer
précisément la hauteur
des éléments du sujet. Pour
cela, tendez votre bras et prenez
les mesures de chaque motif
avec votre crayon et reportez-
les sur la feuille. Pour calculer
les inclinaisons (toits, angles de
bâtiment), faites une équerre
mobile à l’aide de deux
bandes de carton reliées par
une attache parisienne ou un
trombone, voire d’un mètre en
bois que vous plierez. Alignez
une longueur sur la verticale,
l’autre sur l’inclinaison
et reportez sur le papier.
CONSEILS
– Tracer des traits
parfaitement rectilignes
n’est pas très important.
L’ensemble sera même plus
vivant si les traits ne sont
pas droits. Retenez-vous
donc d’utiliser une règle.
– Dessiner ce que l’on voit,
pas ce que l’on sait. On sait,
par exemple, que les feuilles
d’un sapin ont des aiguilles,
pourtant, avec la distance,
on ne verra qu’une masse et Placer les ombres
non de véritables aiguilles. Une fois les formes et les lignes installées, placez quelques valeurs afin de donner vie au dessin.
Ombres, ombres portées, contrastes vont faire ressortir les éléments du dessin. C’est le moment de
mettre en valeur le centre d’intérêt du sujet : un arrière-plan foncé mettra en avant le premier plan,
un premier plan juste esquissé profitera à un second plan plus défini.
Traduire la profondeur
Pour éviter que l’effet général soit plat, on peut s’aider de différents moyens (valeurs, premier plan,
perspective atmosphérique, contrastes, récession) pour rendre ou renforcer la profondeur.
1. Par les lignes
de fuite au sol
CONSEIL
Ne perdez pas de vue le sujet
principal : plus on ajoute de la
couleur et des détails à l’arrière,
plus on rapproche les plans et
plus le sujet principal risque de
paraître noyé.
Pour traduire une lumière forte, n’hésitez pas à renforcer le contraste entre les surfaces exposées à la lumière et celles qui sont dans l’ombre.
Processus en 3 étapes
Contours Habillage Finitions
C’est l’étape la plus importante. Elle C’est la partie la plus amusante. Habillez C’est la phase la plus créative. Affinez
consiste à tracer le contour des éléments les arbres et buissons de feuilles, les bâtiments le travail de la lumière, des contrastes,
de la composition (silhouette des arbres, de fenêtres et balcons, les toitures de des volumes et de la matière. C’est
surface au sol, montagnes au loin, forme cheminées, les rues de feux et lampadaires, le moment de changer éventuellement
d’un bâtiment) en s’attachant à respecter les chemins de cailloux et rochers, bref, de de médium (encre, aquarelle, crayons
au mieux la perspective, les proportions tout ce que vous voyez. Évitez de surcharger de couleur). Faut-il rajouter de la
et la notion de plans et donc de profondeur. l’arrière-plan où vous vous limiterez au contour couleur, accentuer la lumière, renforcer
Cette étape est l’armature du dessin. C’est sur des objets. Faites aussi des choix : aucune les matières ? À ce stade, il n’y a
ce premier jet que vous vous appuierez pour obligation d’intégrer des fils électriques ou aucune règle. À vous de décider s’il y a
affiner votre dessin. D’où l’importance de des panneaux inesthétiques, ni de foncer des éléments qui méritent d’être affinés,
vérifier les grandes lignes avant de continuer. un poteau ou un tronc qui serait sombre. précisés ou travaillés autrement.
Perspective
à 2 points de fuite
Sur un bâtiment à
deux faces, il y aura donc
deux points de fuite
(à gauche et à droite).
Plus une ligne est
éloignée de la ligne
d’horizon (haut des
murs), plus la pente
sera importante.
Perspective
à 1 point de fuite
Repérez votre ligne d’horizon, À SAVOIR La perspective
puis les lignes horizontales du
des personnages
– Le problème est
sujet. Il suffit alors de repérer que ces deux points L’emplacement des têtes
celles qui sont parallèles de fuite sont rarement et des pieds change
entre elles puis de les incliner dans notre cadrage. selon notre position
plus ou moins de manière Pour une perspective (debout ou assis) et donc
qu’elles puissent se rejoindre parfaite, il faudrait donc notre ligne d’horizon.
exactement sur le même prolonger les lignes hors de – Debout, toutes les têtes
point de fuite. La présence de la feuille. On pourra toutefois sont à peu près au
parallèles multiples va faciliter respecter ces points de fuite même niveau et la ligne
de manière approximative,
la tâche. afin de garder une approche des pieds remonte vers
libre et de dessiner la ligne d’horizon.
À SAVOIR rapidement et avec plaisir. – Assis, notre ligne
– Si les différents objets d’horizon se trouve
– Les lignes les plus proches à mi-hauteur des
de la ligne d’horizon sont ne sont pas parallèles,
celles dont on a le plus à chaque objet aura personnages. La ligne
apprécier l’inclinaison. Elles ses propres points de fuite. des têtes descend, celle
sont presque planes alors Simple : par exemple en des pieds monte.
qu’on a envie de les incliner. ville avec bâtiments, trottoir, – Au ras du sol, les pieds
– Les ombres portées lampadaire, abribus. sont à hauteur des yeux
Plus compliqué : devant
suivent les mêmes règles de
une vue panoramique et donc la ligne des têtes
perspective et convergent descend.
vers le même point de avec les rues (et bâtiments)
fuite que les autres lignes qui s’en vont dans
horizontales du sujet. différentes directions.
Perspective à
l’usage du peintre
Nature morte, intérieur, paysage : le peintre est sans cesse confronté à la perspective. Ce défi de
représenter la 3D en 2 dimensions peut tourner au casse-tête. Faisons fi de celle de l’architecte et
abordons une perspective « juste plutôt qu’exacte », afin de l’appliquer naturellement à la peinture.
Sommaire Partie 1
A La théorie
> La théorie :
la perspective à La difficulté du dessin
1, 2 et 3 points de en perspective est de
fuite. Comprendre traduire dans un plan
les mécanismes des (la feuille de papier)
différentes perspectives une construction qui
et savoir les construire. est définie dans l’espace.
> La pratique : Une gymnastique
la perspective adaptée de l’esprit qui s’appuie
à la peinture. sur quelques règles
Stéphane Prévot nous élémentaires, à
montre comment commencer par le point
de fuite, qui se trouve sur
C
caler rapidement
ses perspectives la ligne d’horizon. Voyons Dans cette rue en pente, la ligne
et les aquareller. comment les définir et d’horizon reste à hauteur des yeux.
appliquons-les à trois cas Mais si le regard reste parallèle au
de perspective. sol (qui descend), le point de fuite
sera plus bas.
B 1. La ligne d’horizon
serait compensé ; leurs lignes
Photo A (ci-dessus à gauche) : se rejoindraient alors
Dans ce point de vue moyen, sur la ligne d’horizon et non
la ligne d’horizon est située sur ce point de fuite.
à environ 1,60 m du sol.
En théorie, la ligne d’horizon
Photo B (ci-contre) : Dans ce sépare la terre du ciel. Mais en
point de vue plongeant, la ligne pratique, elle peut être difficile à
d’horizon est située plus haut situer si l’horizon est encombré
que le sol de la rue. (végétation, bâtiments, à
l’intérieur), voire inutile si le
Photo C (ci-dessus à droite) : point de vue est faussé (vue
Dans cette rue en pente, la plongeante, sol en pente).
ligne d’horizon reste à hauteur
des yeux. Mais si le regard est Mieux vaut donc prendre
parallèle au sol (qui descend), comme référence la hauteur
le point de fuite sera plus bas. des yeux. Pour la situer,
Photos et dessins : À noter : Si des bâtiments il suffit de regarder en face
Stéphane Prévot, Wim Verhelst,
Joël Simon et Stéphanie Portal . étaient construits de part et de soi, sans lever ni baisser
Texte : Stéphanie Portal d’autre du chemin, le dénivelé les yeux. L’endroit où pointe
3. La perspective Application
oblique avec 2 points avec un cube
de fuite
Dès que l’objet est vu de biais,
ses deux faces s’éloignent
dans deux directions
différentes. Ici, seules les
verticales vont rester verticales,
tandis que les horizontales, Procédé :
de part et d’autre de l’arête la 1. Tracez la ligne d’horizon,
plus proche, vont se diriger vers puis dessinez l’arête la plus
l’un ou l’autre point de fuite. proche en calculant sa hauteur
avec votre crayon. En partant
Cette perspective rend des extrémités de l’arête, tracez
mieux les volumes les fuyantes de part et d’autre
et la profondeur. des points de fuite.
5. La perspective
atmosphérique
Nul besoin de calcul pour
cette perspective qui contribue
néanmoins à créer l’idée
de distance et de profondeur.
Le phénomène est simple :
en raison de la présence
de poussières et gouttelettes
dans l’atmosphère, l’air perd
de sa pureté dans la distance.
D’où deux conséquences :
– Ils pâlissent
progressivement, perdant leur
teinte d’origine pour prendre
une teinte plus froide et bleutée.
Partie 2
La pratique
Mise en situation
dans les rues
de Tours
Ni géomètre, ni architecte,
Stéphane Prévot,
professeur de dessin à
Tours (Atelier Turner),
prône une perspective
intuitive et sensible,
« juste plutôt qu’exacte ».
Il nous amène dans
les rues de Tours pour 1. Le sujet
une démonstration de et le centre d’intérêt
son approche.
Devant mon sujet, je décide
du point focal qu’il va s’agir
CONSEILS de mettre en valeur (ici,
POUR TROUVER la maison à colombage), quitte
SON SUJET à laisser le reste inachevé.
Je définis le meilleur angle
> Il n’y a pas de mauvais (frontal ou de biais) et observe
sujet. Tout peut être la lumière. Je choisis de décaler
intéressant : un détail, mon centre d’intérêt pour
une ombre sur une maison, donner plus de dynamisme
une perspective avec la rue,
un cadrage. Trouvez un point à l’ensemble. On a donc un côté
de vue intéressant, même si chargé et un autre plus léger. 3. L’analyse de la perspective
le lieu ne saute pas aux yeux. Sur cette vue, on peut dégager :
> Choisissez votre jour :
préférez une journée – la ligne d’horizon (en noir),
ensoleillée, afin de bénéficier qui indique la hauteur de
d’un jeu intéressant d’ombres l’œil de l’observateur, avec,
et de lumières sur le motif. représentée par un point blanc,
> Prenez votre temps : sa position : c’est le point de
sillonnez les rues et observez fuite principal.
les lieux en gardant votre – les lignes verticales (en
carton sous le bras. Cherchez
le meilleur angle : c’est rouge), qui marquent les arêtes
parfois après coup que l’on des bâtiments et cheminées :
découvre un meilleur point elles sont toutes parallèles.
de vue que celui choisi, – les lignes horizontales 4. La pose des repères
juste à côté ou derrière. (en bleu) du bâtiment à Avant toute chose, je marque
> Éloignez-vous : collé colombages : vu de manière le centre de la feuille (centre
au monument, on le voit frontale (et donc parallèle au de mon viseur) et pose les
rarement bien. Mieux vaut premiers repères : haut, bas,
prendre du recul et jouer plan de la feuille), il donne des
lignes qui ne sont pas fuyantes ligne d’horizon. Toujours en
sur l’effet de découverte
du site, à travers un chemin, 2. Le cadrage au viseur et restent horizontales. regardant dans le viseur, je pars
une arcade, etc. Je sors mon viseur en carton : – les lignes fuyantes (en vert) du centre et place de proche
> Analysez la lumière : cela il me permet d’isoler le sujet des bâtiments vus en biais en proche toutes les verticales
vaut parfois la peine de afin de le percevoir en de part et d’autre de la rue : (les arêtes des maisons).
revenir à un moment où deux dimensions. Il élimine elles se rejoignent chacune sur Avec le crayon, je mesure leur
la lumière sur le point focal
également les motifs parasites leur propre point de fuite, situé hauteur et place des repères de
est plus intéressante. hauteur. À partir de là, je déduis
à droite et à gauche, en haut sur la ligne d’horizon.
et en bas. Je cadre donc en les fuyantes et les horizontales.
incluant le clocher et la base À noter : En théorie, il y a autant de points de fuite que de bâtiments à
de la maison. La fenêtre l’inclinaison différente par rapport au plan du tableau. En pratique, on peut
correspond à la surface à tout baser sur un ou deux points de fuite et situer les autres de manière
peindre, le centre offrant intuitive. Inutile ici de perdre du temps à chercher des points de fuite
un bon repère pour débuter. secondaires, notamment ceux qui partent hors du cadre.
6. Les détails
Je peux maintenant dessiner
les détails (corniches, bords
des toits, cheminées, châssis
des fenêtres, etc.) à partir
des volumes mis en place.
Inutile de trop surcharger :
mon but est d’en faire
une peinture. Pour ne pas salir
le papier, je ne marque pas 8. Les lumières et le point focal
les ombres, juste les contours La couleur me permet aussi de mettre en valeur
à peindre, tout en pensant à ce mon centre d’intérêt : la maison à colombages, 10. Les finitions
que je veux mettre en valeur. teintée d’un enduit ocre et joliment éclairée par Enfin, je pose quelques rehauts au crayon
la lumière du matin. Je passe un jus de terre (évocation des ardoises sur le toit, des briques
(Sienne naturelle et laque écarlate) sur l’ensemble sur la cheminée). Le retour du crayon (bien taillé)
du bâtiment. Quant aux autres maisons, après la couleur permet de trouver des points
leurs murs en pleine lumière sont laissés blancs. d’équilibre. Je note la référence du lieu et signe.
Comment organiser
un paysage?
Petit tour d’horizon des possibilités qui s’offrent à vous pour composer un paysage campagnard (champs,
arbres, petite maison ou grange, étang, chemin, ligne d’horizon, ciel…). Vous verrez comment le mettre
en scène sans recopier une photo et organiser votre dessin sur le motif pour le rendre attrayant.
4
Comment situer possibilités. La première,
la ligne d’horizon ? la plus courante, correspond
Sauf cas particulier – paysages au regard que vous portez
Dessins : Albina Simatova marins, de haute montagne sur le paysage en vous tenant
Texte et photos : Jean-Pierre Parlange ou urbains –, il existe trois debout. Regardez en face de
1. La mise en place
des éléments, l’esquisse
Comme toujours en dessin (et en peinture d’ailleurs),
c’est l’étape la plus importante car, à ce stade,
une erreur ne se rattrape pas. Tracez les contours de
votre sujet, prenez le temps de dresser une bonne
esquisse. Pour plus de souplesse, nous travaillerons
le format en hauteur, ce qui nous laissera la
possibilité de recadrer le dessin à notre guise
lorsqu’il sera fini. Pour le cadrage définitif,
« La gomme est le négatif
nous emploierons la règle des tiers, plus simple de votre crayon :
12
que la règle d’or. L’eau occupera le tiers inférieur, l’un permet de noircir,
le sujet principal le tiers central, la lune, les crêtes
et le ciel le tiers supérieur [Fig. 12 et 13]. l’autre d’éclaircir. »
2. Détacher les 14 15 3. Précisez les détails
différents plans à la pointe du crayon
Lorsque le trait est en La technique des hachures consiste à tracer de nombreuses
place, il ne reste plus lignes parallèles proches les unes des autres, afin de créer
qu’à ombrer, en allant du un effet d’ombre. Croisées, elles forment des entrelacs de lignes
plus flou au plus précis, sur votre dessin. C’est une très bonne manière d’assombrir
du plus clair au plus une zone rapidement et facilement, tout en conservant
sombre. Pour esquisser une certaine texture dynamique à la zone concernée. Chaque
les éléments, plutôt plan est ainsi précisé sans souci du détail réaliste. Ni tuiles
qu’un crayon, nous 16 sur les toits, ni feuilles dans les arbres, juste une utilisation
utiliserons un papier judicieuse des hachures et de l’estompe [Fig. 18 à 20].
mouchoir doux à la
manière d’une estompe.
Taillez la mine HB pour
obtenir une poudre
que vous récupérez
sur le papier mouchoir. 18
Ensuite, dégradez le ciel 17 19
et délimitez la ligne de
crête de la montagne.
Couvrez pour finir
la maison, les arbres et
dégradez la surface de
l’eau. Travaillez de haut
en bas sans toucher
la feuille pour ne pas
la marquer [Fig. 14 à 17].
20
24
25
Un paysage urbain
Il y a deux façons d’aborder un dessin d’architecture. Par un relevé millimétré ou à main levée, en
s’appuyant sur l’observation, afin de privilégier un résultat artistique. Ce n’est pas tant le souci d’exactitude
qui me guide ici, mais une représentation libre, sans pour autant déroger aux règles de la construction.
Matériel
Mon équipement est on
ne peut plus minimaliste,
ce qui me permet d’être
très mobile et réactif,
là où le sujet m’appelle.
• Une mine de plomb 2B
insérée dans un
Sketch Pen Mont-Blanc.
Je tiens beaucoup à cet
accessoire tant pour
ses dimensions que pour Mon trait se fait volontairement
le confort d’écriture qu’il plus insistant, afin de conférer
+m’apporte. Grâce à sa à cette maison une certaine
dizaine de centimètres de primauté. Je place ensuite
long et son corps trapu, il Le sujet Ma façon de procéder n’a rien certains détails des maisons
offre une parfaite tenue. Il Ce qui m’a intéressé dans d’académique, en ce sens où qui l’entourent, en dosant la
se fait oublier et c’est toute ce panorama urbain et je m’affranchis de la règle qui pression sur la mine. Au besoin,
ma main qui travaille. historique, c’est avant tout veut que l’on évolue du général je corrige une perspective.
cette rivière qui nous guide vers le particulier, d’une vue Ma hiérarchie de niveaux
• Papier Fabriano, 640 g, naturellement au centre d’ensemble vers les détails d’information est établie depuis
qui procure un plaisir d’une composition où se trouve le début. À ce stade, je sais
très sensuel au niveau un vieux pont qui recoupe la À partir d’un point de vue choisi, exactement où je souhaite aller
de la touche. Avec son perspective des quais. L’enfilade je m’attarde tout d’abord sur et m’arrêter.
millimètre d’épaisseur, il des maisons fait penser à un jeu l’architecture de cette maison
offre par ailleurs une très de construction. En me situant (la deuxième en partant
bonne tenue en extérieur. sur un autre pont de la ville, de la gauche) – un rectangle
• Une gomme mie en amont, je bénéficie étroit entre deux cubes plus
de pain pour les rares d’un découpage 1/3-2/3 donnant imposants) – qui sera la clé de
repentirs et, au besoin, une large place au ciel. Tout ma composition. Après l’avoir
pour nettoyer la surface est là sous mes yeux, je n’ai située dans l’espace de la feuille,
du papier sans en plus qu’à raconter l’histoire de tout en ayant une vision générale,
altérer la fleur. cette rencontre architecturale, je m’attache à représenter ses
crayon en main, en m’appuyant particularités – ses trois étages
sur cette lumière douce mais coiffés de grandes fenêtres et Comme dans un jeu de
suffisamment contrastée qui met de deux lucarnes, un arbre au construction qui se met en
parfaitement en valeur le sujet. premier plan. place, je progresse de gauche
à droite, étant droitier, afin de
ne pas salir le papier. Notez que
chaque partie est traitée comme
un sujet à part entière, c’est-à-
dire que je pousse suffisamment
le travail des valeurs et
des contrastes de lumière pour
Dessins : Xavier Kosmalski. ne plus y revenir.
Texte et photos : David Gauduchon
COLD PRESSED • MATT • GRAIN FIN • GRANO FINO ROUGH • RAU • GRAIN TORCHON • GRANO GRUESO
R R R
Watercolour Block • Aquarelle • Aquarell • Acuarela • 100% Pur Coton • 100% Bütten • 100% Algodón • 20 Feuilles • 20 Bogen • 20 Hojas Watercolour Block • Aquarelle • Aquarell • Acuarela • 100% Pur Coton • 100% Bütten • 100% Algodón • 20 Feuilles • 20 Bogen • 20 Hojas Watercolour Block • Aquarelle • Aquarell • Acuarela • 100% Pur Coton • 100% Bütten • 100% Algodón • 20 Feuilles • 20 Bogen • 20 Hojas
Alvaro Castagnet
Parce que j’ai la main lourde avec mes peintures et que je suis assez
dur avec mes pinceaux, le choix de mon papier doit être 100% en
coton de très haute qualité, avec une grande capacité d’absorption
et une belle texture. Le papier pour aquarelle, Le Choix des Maitres
par Baohong, de 300 grammes convient parfaitement à mon style de
peinture à l’aquarelle.
CHAPITRE 2
Compétences
essentielles
Débuter en photo
de paysage
Prendre un paysage en photo est à première vue accessible à tous. Pourtant, le résultat
est souvent décevant à moins de respecter un certain nombre de points que voici.
Les paysages sont parmi nos composition. Nos sens en éveil, Dans les deux cas, le trépied est 3. Faire un point météo
sujets favoris. Pourtant, ils sont nous percevons dans l’image indispensable. La plupart du temps, Avant de partir sur le motif, il est
aussi parmi les plus difficiles à ci-dessous le ruissellement de l’exigence d’un arrière-plan net toujours important de faire un point
appréhender. Tout simplement l’eau, la pureté de l’air sur notre obligera à choisir une sensibilité météo. Mais une belle lumière
parce que vouloir révéler la beauté visage, le contraste du bleu du ciel Iso de 100 voire 50 et des vitesses n’est pas pour autant synonyme
d’un panorama dans le champ avec la cime du volcan enneigé. lentes (15e/s par exemple) voire un de beau temps et de grand ciel
restreint d’un cadre, qu’il soit temps de pose plus ou moins long bleu. Un ciel de pluie ou d’orage
photographique ou pictural, selon l’effet recherché. peut vous offrir des situations
peut sembler, de prime abord, incroyables, où le jeu des lumières
une gageure. Mais en faisant est poussé à son paroxysme.
preuve de patience, d’astuce et de
méthode, le paysage est l’un des
sujets les plus riches et variés qu’il
nous soit donné de traiter.
1. Trouvez le point
focal du paysage Notre conseil : Ne sortez pas
Nous avons tous pointé notre votre appareil photo tout de suite !
appareil photo vers la beauté Prenez le temps de l’observation et
d’un paysage suscitant en de la compréhension. Demandez-
nous une réelle émotion. Mais, vous ce qui vous séduit tant, En Irlande, dans le comté de Mayo,
face à notre ordinateur, qu’elle décelez les éléments constitutifs et après la pluie : un ciel d’orage gris
ne fut pas notre déception graphiques qui rendent ce paysage En Islande, les lumières du petit matin anthracite qui contraste avec le vert
offrent des palettes subtiles de gris et électrisant de la nature humide, le tout
quant au résultat. À l’évidence, si évocateur… Repérez les lignes de de bleu, des contrastes marqués qui
appuyer sur le déclencheur force, les points de fuite, les obliques gratifié par un double arc-en-ciel…
soulignent le graphisme des éléments.
par opportunisme conduit au qui donnent du caractère et du
mieux à une photographie mouvement à l’ensemble. Il sera
acceptable, mais le plus souvent toujours temps par la suite d’opter
à un rendu plat traduisant mal pour un format vertical ou horizontal
la réalité du moment. Pourquoi ? et de penser au matériel donc aux
Tout simplement parce qu’en choix techniques.
photographie comme en peinture,
une belle interprétation requiert 2. Chercher À Cuba, un coucher de soleil aux
un minimum de préparation et la bonne lumière Jardins de la reine confère au paysage
de réflexion. L’étude de la lumière est capitale et des tonalités plus chaudes et produit En Irlande, à Rock House, avant la pluie :
Pour dialoguer avec un lieu, il faut peut avoir une incidence radicale des ombres longues qui donnent de être prêt au bon moment au bon endroit !
d’abord se pénétrer de son esprit. sur l’ambiance de votre sujet. la profondeur Un ciel nuageux menaçant, un rideau de
Notre œil procède d’abord par Peut-être préférerez-vous travailler à l’image. Il est pluie qui s’avance inéluctablement, alors
un balayage global, puis s’arrête avec la lumière d’un lever de soleil intéressant d’arriver qu’un rai de lumière tente de se frayer un
sur tel ou tel détail. Il cherche dès 5 h, notamment l’été ! Peut- sur un lieu repéré ultime passage.
naturellement à se focaliser sur être préférerez-vous la lumière au préalable, afin
un point. Un point de départ qui chaude de fin de journée, quand de saisir toutes Notre conseil :
nous aidera dans un choix de le soleil commence à se coucher ? les évolutions du
déclin du soleil qui
La photographie de paysage
embrase le paysage. est affaire d’organisation et
42 Pratique des Arts-Spécial PAYSAGE
d’anticipation. Un bon cliché est automatique, la mise au point En qualité de sujet principal,
rarement le fruit du hasard. Il
5. Du bon usage s’effectuera sur « l’infini » et, dans les yourtes se retrouvent
repose sur un repérage des lieux,
du premier plan des conditions de lumière moyenne, avancées et décalées dans une
Faut-il faire rentrer
une fréquentation régulière du votre premier plan sera flou. Préférez
systématiquement un premier
sujet choisi à différentes heures de le mode priorité-ouverture (mode A)
plan dans votre composition ?
la journée et par tous les temps. pour rester maître de votre netteté
Non, pas forcément, tout dépend
et non la subir.
de l’interprétation que vous
4. Une école souhaitez faire passer dans
Steppe de
de la patience votre image. Dans certains
Mandchourie :
En photographie, il faut être patient. Grâce à
cas, un premier plan permet de une lumière
Souvenez-vous que le soleil change
renforcer l’idée de profondeur, ambiante
selon les saisons, autrement dit
d’animer ou d’étager les différents suffisante,
composition plus dynamique qui,
ce qui peut se trouver à l’ombre une ouverture à
plans de la composition. de facto, traduit mieux l’immensité
en plein après-midi d’hiver peut f.16 (vitesse 30/s
se retrouver baigné de lumière avec l’utilisation du paysage et du ciel.
un jour d’été. Sur le terrain, il est d’un trépied)
important de s’orienter et de définir permet d’avoir
la meilleure heure d’exposition un résultat net du premier plan à l’infini Matériel
pour un sujet déterminé. et de traduire l’immensité de la steppe Gardez l’essentiel !
Mongole, dont l’effet de profondeur est l Le trépied : un accessoire
Cas pratique : En ce début de accentué par le graphisme des traces indispensable qui vous permettra
printemps, le soleil joue à cache- de pneus. de peaufiner votre cadrage et de
cache et une première série de travailler avec des profondeurs de
clichés s’avère peut intéressante. 7. La règle du tiers champs importantes qui ont pour
Sur l’île de Pâques, l’oblique en La règle du tiers est la règle de corollaire des vitesses lentes.
L’image est plate, l’avant-plan est
premier plan anime la composition composition la plus simple à mettre l Le pare-soleil évite les incidences
terne, sans intérêt. Il aura fallu de ce paysage tout en contrastes de
attendre une bonne heure pour en œuvre afin d’équilibrer votre de la lumière sur votre optique,
lumière et invite l’œil à se projeter
qu’une lumière fugace mais intense photo. Servez-vous du quadrillage source d’éclats lumineux
progressivement dans l’immensité
mette en scène ce vieux chêne au dans votre viseur (une option dont indésirables.
du grand bleu.
premier plan, dont la composition Au Brésil, lors disposent la plupart des appareils l Les focales : Si vous utilisez
ne retiendra finalement que d’une escale du marché). un réflex APS, n’hésitez pas à tester
la partie droite, le nuage s’étant sur le Rio Negro, différents objectifs. Si un grand-
déplacé entre-temps, la trouée la verticale Cas pratique : Le cadrage de angle (14 ou 20 mm) convient bien
de ciel bleu aussi. du palmier, au ces yourtes mongoles ne semble à la photo de paysage, vous pouvez
premier plan à, pas des plus judicieux. L’élément aussi opter pour un téléobjectif,
droite, répond à afin de découvrir des détails ou
l’horizontalité du des éléments graphiques.
bateau renforcée
par celle de Réglages pour le paysage
la ligne d’horizon. l Le réglage le mieux adapté
Le feu sur la plage, au centre, invite l’œil à la photo de paysage reste
à suivre les différents points lumineux le mode priorité diaphragme
qui mènent vers l’embarcation, point qui vous permettra de maîtriser
central du sujet. complètement la profondeur
Notre conseil : Face à un de champ et de choisir d’avoir
principal est trop centré et un premier plan flou ou net.
panorama, retenez que notre œil l’absence de mise en œuvre
opère, dans un premier temps, l La mesure matricielle est idéale
de la règle des tiers n’apporte pour les photos de paysage qui
un balayage global (de haut en pas de dynamique intéressante
bas, de gauche à droite) avant de permet de pondérer la lumière de
à la composition globale. la scène dans son ensemble. Vous
s’attacher à repérer tel ou tel détail Dans l’exemple ci-dessous,
sur lequel il va se fixer. pouvez aussi utiliser les autres
le cadrage est décalé vers modes de mesure de la lumière
la gauche et la limite supérieure (spot, par exemple), afin de mettre
6. La profondeur
de champ en valeur l’exposition sur une plus
Paysages La profondeur de champ, petite zone de votre composition.
de Sarthe. l Sélectionnez La balance
autrement dit, la zone perçue nette
par l’œil dépend de l’ouverture automatique des blancs.
du diaphragme choisie. C’est Cadrage vertical ou horizontal ?
un paramètre important avec lequel Selon le sujet traité, n’hésitez pas à
il faut savoir composer si vous jouer sur différents cadrages. Pour
souhaitez, par exemple, un avant- traduire l’élévation de gratte-ciel,
par exemple, le cadrage vertical
plan. Si vous faites la mise au point du premier tiers est remontée s’impose comme une évidence.
sur le plan le plus éloigné en vous jusqu’à la base des arbres
reposant sur l’autofocus de votre au troisième plan.
appareil, vos réglages en mode Texte et photos : David Gauduchon
Peindre en extérieur
en 25 astuces
Avec le retour des beaux jours, retourner sur le motif est un vrai bonheur pour les amoureux de
la nature. Mais les initiés le savent, il s’agit d’une pratique difficile. Voici une série de 25 réflexions
émises durant mes récentes expéditions. De quoi vous préparer à peindre les belles couleurs de l’été!
Contrastes chaud-
froid pour dynamiser
un paysage
C’est aux mois de mai-juin, et pour quelques semaines seulement, que les champs se couvrent
de coquelicots du rouge le plus ardent. Un moment très court à saisir au pinceau, comme nous
le montre Sergueï Toutounov, que nous avons suivi sur le motif.
MATÉRIEL
Matériel
Support : planche
d’Isorel enduite et poncée.
Pinceaux : brosses plates
et rondes en soies de porc,
pinceau usé bombé en poils
de mangouste, pinceaux
ronds fins en martre.
Palette
Couleurs à l’huile :
blanc de titane, noir d’ivoire, 2. Je démarre avec le ciel : un bleu 4. Je pose les grandes masses au
bleu de cobalt imitation clair sur la ligne d’horizon, qui pinceau large, dont les poils fermes
(plus fort que le véritable), devient plus soutenu en montant. suggèrent l’herbe. J’affine valeurs
jaune citron clair et jaune
de cadmium moyen (pour Je donne une nuance plus violacée et traitement au pinceau plus fin.
la vivacité), rouge de à ce bleu et pose la colline dans Devant, le bord de la route est peint
cadmium, orange, laque de le lointain. d’un mélange ocre et de blanc.
garance foncée, vert armor
(phtalo), vert olive, vert
anglais, ocre.
Composition
Texte et photos :
Laurent Benoist alla prima
C’est dans les paysages des Alpes-de-Haute-Provence que Pascal Giroud donne libre cours
à sa passion pour la peinture, lumineuse et alla prima. Peintre d’atmosphère, il nous confie
ses règles pour recomposer un paysage, s’affranchissant souvent de la ressemblance au sujet.
Premier plan
1793
AQUARELLE
KOLINSKY SYNTHETIQUE
Rencontres
▶ Natalia Polikarpova
L’âme des paysages (pastel) P. 58
▶ John Wilson
Voyages en terres
australiennes (huile) P. 64
▶ Judith Bergerson
Paysages imaginaires
(techniques mixtes) P. 70
▶ Marie-Christine Coupillaud
La vie silencieuse
des espaces infinis (pastel) P. 76
MA
MÉTHODE
DE TRAVAIL
J’essaie de travailler
tous les jours.
Quand je me réveille
le matin, j’imagine
mon nouveau travail
et j’y pense. Je le garde
dans ma tête jusqu’à
ce que je commence
à dessiner. Je prépare
un café, je m’assieds
derrière mon chevalet
avec une tasse de
café, je regarde une
feuille de carton
vierge et je commence
à dessiner dans
ma tête l’image à
venir en travaillant
chaque étape. C’est
pour moi le moment
le plus important
dans la création
d’un nouveau pastel.
À ce stade, il est
important de ne pas
être distraite. C’est là
que je vois mon futur
tableau mentalement.
Je travaille sur
toutes les nuances
techniques, les détails
et la séquence de
travail, pas à pas.
Je comprends où
il pourrait y avoir
des passages difficiles
et comment je
dois les résoudre
techniquement. Je ne
suis jamais pressée, à
cette étape… Je sais
qu’il s’agit des trois
quarts de la réussite
de mon futur pastel !
Et c’est seulement
quand j’ai fait tout
cela que j’allume
la musique et
que je commence
mon dessin. Le reste
est pour moi, comme
j’aime à le décrire
en plaisantant,
« une affaire de
technologie » ! J’ai
acquis cette habitude
en travaillant à
l’aquarelle dans
l’humide.
La technique
employée
Rapidement, j’ai posé
quelques coups de crayon
et construit la composition.
J’ai commencé ensuite
à réfléchir au choix des
couleurs de ce pastel.
J’aime représenter dans mes
pastels le jeu et les liens
entre la lumière et l’ombre.
La couleur pure, pour moi,
est associée à des tons bleu
émeraude ; donc, la palette
de couleurs principales de
ce pastel est issue de ces
teintes. Je voulais vraiment
transmettre une ambiance
de lumière chaude, du relief,
pour attirer le regard du
spectateur ; la composition,
l’emplacement correct
de la ligne d’horizon et
la couleur contribuent à cela. La réalisation
Il y a une nette profondeur J’ai d’abord esquissé le sujet au crayon, en en dessinant les lignes principales. J’ai ensuite donné le relief, avec une lumière chaude
et une bonne harmonie et le ton principal du chemin. J’ai placé les troncs des arbres. J’ai marqué les endroits les plus sombres du feuillage et ajouté
des couleurs dans ce pastel. de grandes taches de couleur sur toute la composition. J’ai imaginé l’ensemble du sujet puis, comme à mon habitude, j’ai finalisé
une partie du tableau afin de m’en inspirer pour le travail ultérieur.
techniques et des couleurs. Je me née par les paysages que j’ai vus. Ainsi,
délecte à trouver de nouvelles en souvenir de mon voyage en France,
gammes de couleurs et parfois combi- j’ai peint plusieurs paysages réalistes. Je
ner le « non-combiné ». J’aime les tona- suis perfectionniste ; j’ai une idée claire
lités très créatives, mais aussi travailler de ce que je veux en tant qu’artiste,
directement avec les couleurs des pas- donc je suis très exigeante envers moi-
tels, surtout quand je suis impression- même et dans mon travail. Et si mon
imagination ne se concrétise pas sur
le papier comme j’ai peint le paysage
HISTOIRES À SUIVRE… dans ma tête, je ne suis pas contente
Mes tableaux sont présents dans des galeries et quelques musées. de moi…
Je suis heureuse que des personnes choisissent d’accrocher l’un
de mes pastels dans leur lieu de vie. Je suis extrêmement touchée PDA : Quel est votre quotidien de
lorsque l’on m’envoie des photos de mon travail accroché, je vois peintre aujourd’hui ?
comment il s’intègre dans l’intérieur des acheteurs. Je partage N. P. : J’aime rencontrer de jeunes
toujours cette joie avec eux. Et, probablement comme pour tout
artiste, il est important pour moi que mes tableaux trouvent artistes, si désireux d’apprendre de
une nouvelle maison, qu’ils soient entre de bonnes mains, nouvelles choses, et je partage volon-
en un lieu où ils donneront une petite joie, ou une grande, tiers avec eux mes connaissances ; et
et susciteront des souvenirs de beaux moments de la vie. dans le cadre de mes expositions per-
sonnelles, j’organise toujours une réu-
nion créative et une démonstration de
mon travail au pastel. J’ai la joie d’avoir
la possibilité de peindre tous les jours,
et j’en suis reconnaissante à ma famille.
Et j’aime travailler : je ne me lasse pas
du pastel et je l’adore. C’est un grand
bonheur dans la vie de faire ce que
vous aimez !
Étape 6
Natalia Polikarpova sera en stage à Saint- Je termine le pastel, que je juge bien abouti; de
Aulaye les 3 et 4 juin 2023, sur le thème la première idée à la mise en œuvre sur papier,
« Apprenez à rêver avec la couleur ». ce travail a suivi toutes les étapes de la création
Infos et inscriptions : nataly192305@mail.ru d’un sujet au pastel telle que je la conçois.
Étape 1 Étape 2
Je dessine un Je m’attache
plan lointain dans à tracer et à
ma composition, positionner
marqué par de correctement dans
grandes zones de la composition
couleur : la lumière la clairière éclairée
et la forêt éclairée par le soleil.
par le soleil.
Je positionne
ensuite les troncs
d’arbres et
commence à
dessiner la masse
sombre de la forêt.
Étape 3
Étape 4 Étape 5 Je continue à peindre
Je commence à Je dessine le premier plan une forêt sombre, comme
dessiner le centre de la composition, surveille pour entourer la lumière.
de la composition. également de près les transitions Puis j’ajoute quelques détails
Je traite douces de la lumière à l’ombre. dans la partie lumineuse
attentivement Ma composition est entièrement et chaude de la composition,
les transitions campée. Je suis satisfaite de qui rende celle-ci plus
douces de l’équilibre lumières/ombres et vivante et intéressante –
la lumière et de de l’emplacement des troncs m’invitant à continuer à
l’ombre et je dessine d’arbres. Je peins les branches imaginer mon sujet.
plus en détail et le feuillage fin en ajoutant
la forêt de l’arrière- un peu de ces détails pour
plan, en lui donnant donner vie au plan lointain.
de la vivacité Mais je n’abuse pas des détails :
et du naturel. ces derniers doivent rester dans
la profondeur de la composition.
John Wilson
Voyage en terres aust
Amoureux des paysages de son pays, l’artiste sillonne les routes et les airs pour trouver
les meilleurs sites à peindre. On le retrouve ainsi aussi bien en haut d’une falaise vertigineuse
qu’au bord d’une tranquille rivière. Il revient avec nous sur ses cinquante ans de peinture.
« En peinture, il n’y
a pas de raccourci,
de recette ou de
formule magique.
Chaque œuvre
est différente :
elle apporte
ses propres défis
et nécessite ses
propres solutions. »
raliennes
Texte : Stéphanie Portal
Photos : John Wilson
Leura Cliffscape. Blue Mountains, NSW.
2022. Huile sur carton, 45 x 30 cm.
PDA : Comment trouvez-vous votre souvent l’ingrédient magique : elle ma saison préférée, c’est sans hésita-
sujet et que recherchez-vous dans arrive parfois de manière furtive et tion l’automne. La flore australienne
un paysage ? vient éclairer une partie du paysage, se révèle alors dans toute sa richesse,
J. W. : Le plus important est d’être au le fond restant encore brumeux et une ses couleurs chaudes renforcées par la
bon endroit au bon moment. Le sujet autre ambiance se fait jour. Attraper qualité de la lumière australienne. La
le plus banal ou triste, sous le ciel le ce moment fugace est le vrai défi de pollution est si faible ici, l’air si pur, la
plus maussade, peut se transformer la peinture. lumière si forte que les couleurs appa-
en un instant. La lumière est, en effet, raissent alors dans une formidable
PDA : Suivez-vous des règles de intensité. Le paysage n’est plus qu’un
composition ? exercice de complémentaires : verts
MON MATÉRIEL J. W. : Il existe beaucoup de règles, contre rouges, oranges contre bleus.
Je voyage avec un matériel minimal : un tabouret et mais je ne suis attaché à aucune. Je
mon indispensable boîte-chevalet Jullian que j’ai achetée il y a préfère rester libre, me détourner des PDA : En cinquante ans de pratique,
cinquante ans pour 90 dollars ! formules pratiques, telle que la règle comment avez-vous évolué ?
C’était ce qui se faisait de mieux à
l’époque et elle est encore en bon d’or, et utiliser plutôt mon expérience. J. W. : Quand j’ai appris le métier de
état. Elle est comme un vieil ami, Je sais comment équilibrer une com- peintre, je décrivais ce que je voyais.
sans lequel je serais perdu. position en bougeant un arbre ou en Aujourd’hui, je recherche des choses
rapprochant trois, en adaptant leur moins tangibles : l’ambiance, l’at-
À l’intérieur, on trouve taille ou leur positionnement pour mosphère, le caractère du lieu. Donc
une sélection de couleurs à l’huile harmoniser les plans. Mais c’est mon chaque peinture est un défi, avec un
extrafines Winsor & Newton. instinct qui me guide, plutôt que des but impossible à atteindre mais duquel
Ma palette est la suivante : bleu règles établies. on peut parfois se rapprocher. Chaque
de cobalt, bleu outremer, bleu de fois que j’ai l’impression de le toucher,
céruléum, jaune citron, ocre jaune, PDA : Avez-vous une saison ou un je prends conscience de la chance que
jaune de cadmium pâle, orange de
cadmium, écarlate de cadmium, moment de la journée préférés ? j’ai de peindre. C’est ma raison d’être
garance rose véritable, vert J. W. : J’aime le petit matin, quand la là, en plein air, face à ce défi que repré-
émeraude, terre de Sienne brûlée, lumière est fraîche et vive, ou la fin sente la nature.
blanc de titane. d’après-midi, lorsque le paysage se
colore d’une lumière dorée. Quant à
3. L’arbre 4. Le sol
Je travaille l’arbre comme J’affine
si je réalisais un portrait : le traitement
je regarde le mouvement du sol herbeux
de ses branches, certaines qui se réchauffe
s’éloignent, d’autres sont en avançant
vues en raccourci. J’étudie et j’ajoute
la lumière : celle qui se pose les branches
directement sur le tronc, tombées au
les branches et le feuillage, sol. Je renforce
mais aussi celle du sol qui la lumière
se reflète sous les branches, réfléchie sur
celle du ciel qui tombe les branches et
sur les cimes. Je travaille continue sur
les branches, leur attache, le tronc noueux.
le feuillage, crée des trouées pour le ciel et atténue les dernières feuilles qui
reçoivent une lumière réfléchie.
5. Le premier plan
Je termine le premier plan,
toujours plus chaud, et
le traitement du tronc qui donne
tout son caractère au vieil arbre.
Je peux amener de la texture
grâce à une peinture plus épaisse.
Enfin, je décide d’ajouter quelques
bovins à mi-distance, afin de
donner une idée de la taille
immense des arbres.
Judith Bergerson
Paysages Texte et photos : Stéphanie Portal
imaginaires
D
Dans son atelier au bord du fleuve Mississippi, l’artiste américaine epuis toujours, je
explore les techniques et les matières, dans des arrangements suis fascinée par les
formes, les textures,
paysagers imaginaires qui trouvent leur source dans la réalité. Chaque les contrastes et les
œuvre évolue organiquement, instinctivement, à l’image de la nature. relations que je peux
créer entre ces élé-
ments. Face à un pay-
sage, une ville ou un bol de fruits,
c’est avant tout l’interaction entre les
formes qui me passionne. C’est sur ces
bases que j’ai développé mon art et
cela m’a amené, au fil des ans, dans
des directions très différentes.
LES ATOUTS DE LA SÉRIE sortes de paysages qui m’ont tou- HUIT ARTISTES QUI
l Canaliser ses idées chée. Je suis subjuguée par l’ordre M’ONT INFLUENCÉE
Une série permet d’explorer une même idée sous différents que l’on trouve dans la nature, par
angles : un sujet à développer, un matériau à expérimenter. ces vérités universelles qu’elle reflète. 1. Lyonel Feininger Je me souviens avoir vu
Je travaille ainsi souvent sur 4 à 8 tableaux en même temps, Et par le fait qu’elle soit en perpétuel son travail dans un musée quand j’étais
allant et venant de l’un à l’autre jusqu’à ce que tous changement, avec toutes les sur- enfant et avoir été fascinée par son utilisation
soient terminés. Cela me permet de faire des découvertes prises qu’elle réserve, tout en main- d’éléments géométriques comme moyen
sur un tableau, que je peux ensuite appliquer aux autres. tenant cet ordre essentiel. Même ses d’unifier la composition.
Avec cette approche, les tableaux ont généralement tous 2. Richard Diebenkorn J’admire son remarquable
les mêmes dimensions et le même support. J’aime le aspects les plus chaotiques adhèrent
à ces lois fondamentales : chaque sens du dessin et sa façon unique de construire
sentiment de continuité qui résulte naturellement du travail un tableau.
sur toute la série à la fois. couleur, chaque texture, chaque jeu
de lumière, chaque motif linéaire se 3. Bruce Dorfman Pour son sens incroyable du
l Limiter le gaspillage retrouve dans la nature. design et son utilisation créative des couleurs
Cette approche est très économique côté peinture. et des matériaux.
Au lieu de la palette traditionnelle, je mélange mes couleurs Exprimer son ressenti 4. Gunther Gerzso Il savait utiliser la couleur et a
dans de petits récipients en plastique munis de couvercles Les éléments du monde naturel sont, développé une façon unique de gérer les bords et
(récupérés à droite à gauche). Je peux ainsi continuer de créer de la profondeur avec ce qui, à première
pour moi, non seulement beaux et ins- vue, semble être des formes géométriques plates.
à utiliser n’importe quelle couleur ou mélange jusqu’à pirants, mais aussi métaphoriques. Les
ce qu’il s’épuise. Pas de déchets. 5. Charles Rennie Mackintosh Un designer
roches et les pierres représentent la
étonnant qui jouait avec l’abstraction ou
l Varier les thèmes stabilité ou l’intemporalité. Les arbres la stylisation des formes naturelles. Il savait rendre
Je choisis un titre quand je commence une série puis j’ajoute et les forêts sont une présence enve- passionnante une composition équilibrée.
des tableaux au fil du temps. À l’intérieur, je peux donc loppante, les racines établissant leur
6. Virginia Cobb J’aime son talent à manipuler
varier les tailles et les techniques. J’ai ainsi exploré les grilles lien avec la terre. L’horizon est plat, les couleurs, les formes et les textures pour créer
(série « Grid »), les couches de la terre et le passage du stable, de n’importe quel point de des compositions dynamiques, inspirées de la nature.
temps (série « Strata »), les ambiances des bords de rivière vue, le même pour tous. Il a un effet
(« River Moods ») ou les chemins forestiers (« Forest Path »). 7. George Morrison Amoureux du Minnesota,
apaisant. Le cercle (de la lune ou du il a donné des représentations abstraites du lac
soleil) est toujours présent, que nous Supérieur et de l’horizon, dans des assemblages
l Simplifier les titres puissions le voir ou non. Ainsi, bien
L’un des gros avantages du travail sériel est la facilité à titrer complexes à base d’éléments naturels (bois).
les tableaux : il suffit d’ajouter un numéro au nom de la que mon travail n’ait pas réellement J’ai eu la chance de le rencontrer et de visiter
série (« Strata 1 », « Strata 2 », « Strata 3 », etc.). Tellement de message, j’essaie d’exprimer cette son atelier sur la Rive-Nord.
plus facile que de chercher un titre astucieux à chaque fois ! unité que je ressens avec la nature et 8. Pablo Picasso Dessinateur, coloriste, collagiste,
j’espère pouvoir apporter un peu de libre-penseur. Et une énergie inépuisable !
ce sentiment au spectateur.
MindScape 25. Acrylique sur toile, 30 x 30 cm. MindScape 49. Acrylique et crayons de couleur sur toile, 30 x 30 cm.
MON MATÉRIEL
l Peinture acrylique J’utilise les acryliques Liquitex
depuis de nombreuses années et je n’ai trouvé aucune
raison de changer. J’ai quelques autres bonnes marques
(Utrecht et Golden). Ne perdez pas de temps avec
de la peinture de qualité étudiante bon marché, sauf
pour votre carnet de croquis.
l Crayons de couleur J’utilise des crayons de couleur
de qualité artiste Prismacolor depuis des années et
j’y suis habituée. Ils ont une charge pigmentaire élevée,
sont très faciles à mélanger et fonctionnent sur la plupart
des surfaces non lisses. J’aime particulièrement les utiliser
en combinaison avec les acryliques.
l Pastels à la cire Les bâtonnets Neocolor 1 de Caran d’Ache,
non soluble dans l’eau, sont de très haute qualité. Leur charge
pigmentaire est très élevée et ils sont très faciles à mélanger.
l Feutres fins Les Pigma Micron de Sakura proposent
une belle variété de tailles de mines. Indélébiles et résistant
à la décoloration, ils permettent d’écrire sur la plupart
des surfaces.
l Crayons graphite Je travaille avec une gamme complète
de crayons à dessin graphite (9B-7H) de différentes marques.
Mon crayon préféré est le graphite Stabilo 8008, délébile et
qui devient très foncé lorsqu’il est scellé avec le médium mat.
l Papiers pour collage Il peut s’agir de papiers d’artiste ou
washi du commerce, de papiers faits à la main, de journaux,
de cartes, d’essuie-tout, de papier de soie, de papier
d’emballage, de papier kraft, etc. Soit n’importe quel papier
propre et qui garantit une bonne accroche.
l Papier à dessiner Le vélin bristol de Canson est parfait
pour les dessins au crayon ou le carnet de croquis Super
Deluxe Aquabee. Je récupère aussi des cartons de bristol,
de passe-partout ou d’illustration.
Marie-Christine Coupillaud
La vie silencieuse
Propos recueillis
par Alex d’Abo
Photos : D. R.
Le froid de la neige
est rendu par l’emploi de
couleurs froides, comme
le bleu clair ou le violet
clair, plus sombres à
l’ombre. Même au soleil,
l’ajout sur ces tons froids
d’une touche de jaune,
orangé ou rose clairs ne la
réchauffera pas. Le travail
en plusieurs couches,
pour rendre l’épaisseur du
manteau neigeux, permet
ces différentes nuances.
Geste léger
Peindre les rochers nécessite un geste plus appuyé, souvent en touches
verticales et en juxtaposant les couleurs. Pour les crêtes et les arêtes, je prends
des pastels plus durs comme les Rembrandt. Ombres et lumières se travaillent
ou plus appuyé?
en même temps, et les creux avec les mêmes tons augmentés de carmin, violet,
outremer foncés, mélange qui fait vibrer la couleur, contrairement au noir pur.
Les zones d’ombre doivent être traitées avec bienveillance et respect : tout à
l’heure, la course du soleil les révélera et elles doivent se tenir prêtes !
Tous ses conseils pour peindre la brume,
les rochers et le froid de la neige. nous : c’est un tremplin vers j’essaie de traduire tout cela avec mes
nos images intérieures. propres couleurs qui sont révélatrices
de ma démarche intérieure.
Son artiste préféré PDA : Comment choisissez-vous votre
sujet ? PDA : Quels sont les secrets d’une
Sans conteste, le maître pastelliste Richard M.-C. C. : Lors de mes randonnées en bonne composition ?
Heitz. C’est un fascicule de ses pas à pas et montagne, une vue ou une scène peut M.-C. C. : Tout d’abord, selon le sujet
ses superbes peintures lumineuses qui m’ont accrocher mon regard et me séduire. Je choisi, il faut déterminer le format de
confortée dans l’idée que le pastel sec était prends plusieurs photos et, de retour à la feuille : horizontal, il donnera une vue
la technique qui me convenait : c’est de cette l’atelier, je m’approprie le sujet, je note linéaire et ample. Vertical, il augmentera
façon que je voulais peindre! Je l’ai retrouvé les sensations qui ont conduit à mon la sensation d’élévation ou de domina-
aux stages de Feytiat, où j’ai suivi ses ateliers émerveillement : je suis encore là-haut, tion. Autrement dit, il faut savoir ce que
animaliers et paysagers. avec le froid de la neige en hiver, la l’on veut montrer dès que l’on cadre,
dentelle mouillée des brumes, l’odeur mais sans centrer le sujet pour éviter
piquante de l’herbe drue en été… Et tout statisme et en éliminant tout ce
Feux de neige.
Pastel sur papier,
65 x 85 cm.
Perfectionnement
▶ 7 principes pour améliorer ses paysages
Techniques et conseils pratiques P. 84
▶ Sur le motif au pastel.
Réaliser deux études en parallèle
Observer, analyser et synthétiser P. 90
▶ Réinventer les couleurs de l’automne
Composer par les valeurs P. 94
▶ Moment en sous-bois
Sur le motif en forêt de la Double P. 96
▶ Maîtriser le paysage par les valeurs
avant les couleurs
Principes et démonstrations P. 98
▶ Synthétiser un paysage
L’épure jusqu’à l’abstraction P. 104
▶ Lumières du Sud à la gouache
Scène de vie dans le Midi P. 108
▶ Le pastel à l’alcool sur Pastel Card
Tombée du jour
sur l’îlot de Contrecœur P. 110
▶ Le contre-jour au service du paysage
Marine au soleil couchant P. 112
7 principes
pour améliorer
ses paysages
Champion des cours en ligne, Johannes Vloothuis a imaginé une méthode qui s’adresse
à tous les artistes, quel que soit leur médium. Il développe ici une série de principes destinés
à créer une « mélodie visuelle » dans le paysage.
Comment attirer
le regard par la couleur
l Les rochers et les arbres
n’ont pas besoin d’être gris,
San Juan Capistrano Mission. Aquarelle sur papier, grain fin, 28 x 35 cm.
Cette peinture montre des dégradés intéressants de couleurs : à la fois sur les surfaces
verticales (murs blanc et ocre, muret) et horizontales (sol, eau). J’ai aussi inclus
des dégradés de couleurs chaudes à l’intérieur des ombres projetées.
Delightful Thawing.
Aquarelle sur papier, grain fin, 28 x 35 cm. Pratique des Arts- Spécial PAYSAGE 89
PERFECTIONNEMENT
Sur le motif
Texte et photos :
David Gauduchon
au pastel
Avec la collaboration
de Xavier Kosmalski Réaliser deux études en parallèle
Tel un photographe, Xavier Kosmalski joue de son œil comme d’un déclencheur et se lance un nouveau
défi, artistique autant que sportif : réaliser deux études simultanément afin de repousser les limites
de son acuité visuelle et de sa capacité d’analyse et de transcription par la synthèse du geste.
Côté pastel
Sur le motif, j’essaie toujours de
ne pas trop me charger. J’emporte
évidemment mes boîtes de pastels
composées de différentes marques
selon leur texture. Si je trouve
une belle gradation de couleurs
dans la marque Sennelier, j’utilise
aussi les pastels artisanaux de
mon ami José Daoudal. Ce chimiste
de formation n’en est pas moins
un pastelliste passionné. J’ai
défini plusieurs choix de teintes
personnelles avec sa collaboration
étroite. J’apprécie beaucoup
« l’onctuosité gourmande »
Ma surprise est grande de rencontrer un autre peintre qui est et la qualité chromatique de
déjà à son affaire. Le paysage fait la part belle à un ciel bleu azur ses bâtonnets, dont le format
et aux scintillements de la rivière bordée de grands arbres. est adapté à mes besoins,
Je le salue et continue mon chemin sans le déranger.
du sur-mesure, en somme !
Le ou les sujets?
Mon matériel de pastelliste à l’épaule, je me balade
sur les bords d’un chemin de halage, l’humeur
vagabonde mais l’œil en alerte. La lumière est
généreuse ce matin et met en valeur une nature qui
fleure bon le joli mois de mai. J’avoue avoir du mal
à me décider, tant les propositions de sujets sont
nombreuses. Mon regard est soudain attiré par ces frondaisons et leurs ombres
sur ce sentier qui offre une belle profondeur. De prime abord,
Côté face, côté pile! le traitement de ce sujet n’est pas facile, tant la masse des verts
qui le composent est dominante.
Je me retourne vers cette vallée qui offre un
beau sujet panoramique. J’hésite ! Je dois me décider avant que la progression du soleil n’altère la qualité
des contrastes. Format horizontal pour le premier sujet (le sentier ci-dessus) ou vertical pour le second
(la vue sur la vallée) ? Je pose ma boîte de pastels au sol, sors mes panneaux de médium qui me servent de
table de travail. Finalement, je prépare deux formats. Mon choix est fait, je décide d’embrasser les deux sujets
du même point de vue. Côté face, côté pile !
À noter
À ce stade,
j’évite de tomber
dans le piège
des détails. Ce
serait l’impasse 4 Je pivote à 90° et je reprends mon format vertical. Après avoir placé
assurée ! succinctement quelques tons lumière, j’estompe l’ensemble, afin de lier
les différentes parties de la composition. J’obtiens un fond coloré qui révèle
une première « empreinte impressionniste ».
5 Travailler 7 Changement de
deux sujets sujet : je reprends,
simultanément là aussi, le dessin
est, à mes yeux, des troncs
est source et branches
de plaisir principales qui
démultiplié. apportent du
Cette approche mouvement avec
m’offre une base de
également gris très foncé
le loisir de et du brun pour
deux traitements inférer du volume.
différents. Progressivement,
Je pose le ciel je fais appel à
et la rivière une plus large
en aplats en gamme de verts,
dégradés, du plus du moins vers
foncé vers le plus le plus lumineux
clair, afin de afin de travailler,
créer un effet de par touches,
profondeur. le jeu de la lumière
dans le feuillage.
Notez qu’à ce Mon œil circule
stade, ma palette et accompagne
est la même pour mon geste sur
les deux sujets. l’ensemble de
la composition.
Chemin de halage
ombragé. Pastel
sec sur Pastelmat,
24 x 32 cm.
Nuancier : préambule
Le matériel à la palette
l Une toile format 10 F Il serait évidemment plus simple
(55 x 46 cm) de reproduire la photo couleur,
l Du gesso celle dont mon tirage noir et
l Un brumisateur blanc est issu. La contrainte, pour
l Acryliques de différentes moi, fait partie de la création :
marques (Amsterdam, Sennelier, la recherche d’une image originale
Aquatech). Mes critères sont avec des couleurs inédites !
simples en rapport avec Le travail de la palette est essentiel.
ma technique au couteau. Il faut Les couleurs, en sortie de tube,
que les couleurs soient riches en sont pour moi toutes suspectes.
pigment avec une bonne tenue Je peins par mélanges en
à la lumière. La pâte doit être Ma démarche recherchant des ambiances
plutôt ferme, c’est important pour Au fil des années, le carnet à colorées inédites. Je fabrique
la pratique du couteau. dessin est devenu indispensable à souvent au préalable un petit
l Palette : terre de Sienne mon travail. Je réfléchis sur la lumière nuancier de gris colorés en
naturelle, terre de Sienne avant de penser la couleur! couleurs rompues. Il me semble
brûlée, terre d’ombre naturelle, Pour que le charme d’un tableau se
blanc de titane, bleu de Prusse, commencer, trouve dans l’intervalle, plus que
violet rouge foncé, rouge de je recadre sur les couleurs proprement dites !
quinacridone, vert de vessie, une photo, Pour débuter mon nuancier, j’utilise
vert olive clair, jaune azo foncé, un tirage noir trois teintes : un bleu de Prusse,
blanc de titane. et blanc, une terre de Sienne naturelle
l Couteaux : deux couteaux à à l’échelle du châssis sélectionné. et un violet rouge foncé.
peindre. J’en possède quelques- Je réalise d’après la photo
uns achetés au rayon bricolage. un dessin en noir et blanc au
J’apprécie la marque Liquitex stylo-bille. Le décor est simplifié,
pour la grande variété de modifié quelque peu, j’ajoute
sa gamme ! deux personnages. Autour de
l Pinceaux : brosse en soies l’arbre, sur les sous-bois, je pose
de porc ronde usagée, retaillée une série de gris optiques plutôt
par mes soins, brosse plate foncés. Sur l’environnement, le
synthétique. traité est plus nuancé. Les éléments
intermédiaires : sol, reflets, rochers
Le sujet sont moins marqués avec l’arbre
C’est simplement le spectacle au centre. Ils servent la lumière Ces trois couleurs d’orientation
naturel d’un arbre magnifique en générale! Je souhaite conserver primaire (bleu, jaune, rouge)
automne au milieu d’un paysage le rapport clair/obscur de la photo constituent la base de mon premier
posé sur un miroir d’eau. de base. Chaque couleur à sa propre essai. Je mélange ces teintes
valeur, les gris sur mon dessin au avec un peu de blanc de titane
Texte et photos : Daniel Germain stylo sont transposables en couleur. pour obtenir des gris colorés.
Moment en sous-bois
au pastel
Le Périgord pourpre de Peter Thomas regorge de prétextes à interprétation sur le motif.
C’est en bordure de la forêt de la Double que l’artiste choisit de poser son chevalet,
au milieu d’un petit chemin bordé de chênes et d’acacias.
Maîtriser le paysage
par les valeurs
avant les couleurs
Sujets à émotions se prêtant à une construction méthodique de formes, de lumières et de couleurs,
les paysages offrent la liberté de s’exprimer en prenant le parti de placer la créativité de l’artiste
au-dessus du respect topographique des lieux. Mais encore faut-il respecter certaines règles
techniques simples et efficaces. Mode d’emploi…
Le processus créatif
Dans ce tableau, j’ai voulu que
l’atmosphère soit diaphane et semi-
transparente. Les arbres sont habillés
de couleurs grisées chaudes
(orange) et froides (violet) pour créer
des contrastes apaisants de couleurs.
Quelques ombres courent sur le sol et
dévoilent la topographie des lieux.
Elles témoignent d’un climat ensoleillé.
Pour le ciel, j’ai créé un serpentin de
lumière, entre sol et le haut des arbres
pour dynamiser la scène et lui donner
de la profondeur.
La forêt de Paimpont.
2022-23. Acrylique,
73 x 92 cm.
La côte
à Tréguier
La source d’inspiration
La côte de Granit rose de Tréguier est riche
de petites plages de sable bien cachées
derrière des landes sauvages.
Le processus créatif
Ce mariage réussi m’invite à peindre
une scène paisible, où il fait bon vivre.
Pour rappeler la présence du granit dans
ce paysage, j’ai mis, sous l’horizon, quelques
rochers. La végétation du premier plan
très vigoureuse renforce la profondeur de
la scène et l’harmonie des bleus. Pour tonifier
l’ensemble, un orange soutenu sur la plage
vient s’opposer au bleu grisé de l’océan.
La côte à Tréguier.
2022-23. Acrylique,
81 x 100 cm.
La forêt
de
Fougères
La source d’inspiration
La forêt domaniale de Fougères
est située en Ille-et-Vilaine.
Elle est constituée principalement
de hêtres et de chênes
impressionnants. Elle s’étend
sur 1 500 hectares. Sa végétation
abondante et multicolore parfois
sauvage m’a donné l’idée, arrivé
Le marais salant
devant un chêne imposant,
de traduire cette puissance dans
les feuilles de l’arbre.
Le processus créatif
J’ai établi une ligne d’horizon très
de la presqu’île
basse pour mettre en valeur le
feuillu des arbres. Pour pigmenter
la scène, j’ai mis cet imposant
de Guérande
végétal sur un plan incliné pour La photo sujet
renforcer la verticalité du tronc.
Les feuilles marient des tons très
grisés, notamment ceux au niveau
des arbres situés sur l’horizon,
et des tons très saturés.
Le chemin de Loudéac
La source d’inspiration
Les nombreux chemins de randonnée de Loudéac sont apaisants et se laissent
parcourir agréablement, encadrés par une flore riche d’espèces végétales.
Le processus créatif La source d’inspiration
Je me surprends, en Le marais salant de la presqu’île de Guérande est un paysage
marchant, à concevoir grandiose, façonné par la main de l’homme depuis des siècles.
des mosaïques de Sur 2 000 hectares, les salines se succèdent, entretenues
couleurs nées de par les paludiers.
mon imagination.
Les dessins Le processus créatif
des ombres m’aident Ce qui me captive, au-delà de l’immensité du site,
à donner l’illusion c’est la sensation de marcher sur l’océan et de respirer
du chemin raviné. un air salin renforcé par un léger vent humide.
Les arbres du fond Je traduis ces impressions par des herbes folles hautes
sont éclairés par en couleur. Elles longent les bassins et viennent apporter
le ciel, ce qui donne une animation et une verticalité qui donnent une
de la profondeur à composition équilibrée.
ce chemin fuyant.
Le chemin de Loudéac.
2022-23. Acrylique, 73 x 92 cm.
Pratique des Arts- Spécial PAYSAGE 101
PERFECTIONNEMENT
Maîtriser le paysage par la couleur et les valeurs
Le chaos granitique
de Trégastel. 2022-23.
Acrylique, 65 x 81 cm.
Le chaos granitique
de Trégastel
La source d’inspiration
La photo sujet Usés et déformés par l’érosion à la fois de la
mer (lors des dernières glaciations), du vent
et des eaux pluviales, les rochers granitiques
des côtes d’Armor présentent des formes
étranges et originales. À Trégastel, le gros
rocher rose granitique sommital, presque
en lévitation dans l’air, me fascine. S’agit-il
d’une fiction ou d’une réalité?
Le processus créatif
Pour faire ressortir le gigantisme de la scène, je joue sur la perspective linéaire,
en l’occurrence la taille du personnage près de sa barque. Pour les tons, j’ai joué
sur des camaïeux de violets/roses avec des complémentaires d’un orange timide.
Le lac
de Guerlédan
La source d’inspiration
Plus grande étendue d’eau de Bretagne, le lac de
Guerlédan s’étire sur 12 km au cœur de la Bretagne.
Son parcours est une invitation au calme et à la détente.
J’en profite pour libérer mon énergie en me livrant
à un bain de couleurs.
Le processus créatif
Étape par étape, mon interprétation vagabonde du
paysage me livre des couleurs et des valeurs parfois
contrastées (jaune/violet) ou au contraire très proches.
Je fais attention à bien gérer les échos pour que
la végétation et l’eau soient en étroite union. La barque
et les pêcheurs sont fondus dans le paysage. Ils sont
présents pour renforcer la dimension bucolique du lieu.
Le processus créatif
Les tons grisés renforcent ce climat de quiétude. Comme souvent, pour animer le plan
Le lac de Guerlédan.
2022-23. Acrylique, 65 x 81 cm. d’eau, je joue sur des contrastes de valeurs qui vont du très sombre au très clair par paliers
successifs plaisants à élaborer. C’est ce que j’appelle un chemin de valeurs.
La cascade
2022-23.
Acrylique,
73 x 60 cm.
d’Huelgoat
La source d’inspiration
Ce site est impressionnant par le nombre de chutes
d’eau disséminées à travers un amoncellement
de blocs granitiques de toutes tailles et de toutes
formes. Venant d’une rivière qui descend des monts
d’Arrée, sur une longueur de quelques centaines
de mètres, la cascade descend de 200 à 110 mètres
avec un bruit assourdissant.
Le processus créatif
J’ai perçu comme un beau défi le mariage des oppositions entre la légèreté de
l’eau et les lourdes masses de granit. La végétation sauvage apporte un grain
de folie à l’ensemble. J’ai décidé de couvrir le fond de la toile d’un violet de
valeur 5 en éclairant toutes les surfaces d’eau avec une valeur de 7, 8. Le violet
me permet de mettre en valeur les rochers qui seront de couleurs tirant sur
sa complémentaire orange, mais de valeur entre 1 et 3.
Les plateaux Je commence à peindre tous les volumes de niveau de valeur 1 en rouge et
de Gourin
violet pour les premiers plans et en bleu et vert pour les seconds plans.
Comme les sombres concernent uniquement le minéral, je vois ainsi tout de suite
que la composition que m’offre la nature est excellente. Je ne vais me consacrer
aux couleurs qu’en montant par paliers de valeurs vers le blanc.
La source d’inspiration
Autour du Faouët bordés au nord par les montagnes noires, La phase 2 de ma démarche me conduit à
et à l’est par la vallée du Blavet, les plateaux de Gourin utiliser principalement le couteau, que je passe
sont parmi les plus boisés du Morbihan. Ils sont traversés sur le violet des chutes d’eau et sur la plupart
par des cours d’eau sauvages. des rochers. La présence d’un gesso posé
préalablement sur la toile en épaisseur facilite
Le processus créatif : J’ai voulu résumer ces paysages la réalisation des éclaboussures bienvenues qui
par les éclairages d’une journée brumeuse, un arrière-plan simulent le bouillonnement des chutes d’eau.
très grisé, et des reflets feutrés sur le plan d’eau. La brosse à dents participe aussi à cette illusion.
Synthétiser un
paysage à l’aquarelle
Traiter un paysage en synthèse jusqu’aux frontières de l’abstraction afin de toucher à l’essentiel
– la quintessence des formes et de l’harmonie colorée –, vaste programme! Ce travail d’épure
passe par tout un processus d’analyse et de préparation qui conditionne le temps de l’action.
Laissez-vous guider par Eva Gohier et vous ne serez plus habité(e) par la peur du vide.
« Laisser faire et
contrôler, la pratique
de l’aquarelle repose
sur une dualité
constante qui induit
une tension,
celle qui fera battre
le cœur de l’œuvre
en gestation. »
Astuce
Deux spalters valent mieux
qu’un ! J’opère toujours avec
deux spalters, généralement
de même taille. L’un me permet
de véhiculer les pigments,
l’autre me sert de réservoir 12 Depuis le début, je sais 14 Il faut accepter l’imprévu.
d’eau, afin d’ouvrir des blancs, que cette partie gauche de l’aquarelle est aussi force
par exemple. la composition va être la plus de proposition. Le repentir
délicate à traiter. Dans les études est toujours délicat avec
préalables, mon regard s’est cette technique. Je ressens
10 À l’aide de mon second heurté au manque de clarté et toutefois le besoin d’atténuer
spalter, je tente de contrôler à la faiblesse du motif, un arbre une auréole malencontreuse.
certains aplats de couleur. Je les sur un promontoire rocheux. Ce que je fais, dans l’humide, avec
structure en retirant du pigment Je réfléchis à la manière de un torchon propre. Aux grands
dépasser cette difficulté. maux les grands moyens !
19 Final.
L’équilibre
chromatique me
satisfait, tout
comme
la partie droite de
la composition,
que je trouve
dynamique.
C’est un sujet
qui m’intéresse
et que je vais
reprendre
dans une autre
interprétation,
en mettant
à profit les
enseignements
de cette première
version.
Impressions
marines.
2019. Aquarelle,
35 x 50 cm.
Lumières du Sud
à la gouache
Le peintre écossais Jack Morrocco a une passion pour les lumières du sud de la France. Paysages
et scènes de vie sont transcendés par ses couleurs saturées et sa touche impressionniste. Le temps
d’une halte à l’ombre de platanes séculaires, il nous dévoile son savoir-faire qui fait la part belle
à une forme de spontanéité, qui n’en repose pas moins sur un véritable sens de la composition.
En quête de
vibration colorée
On me pose souvent la question
suivante : « Pourquoi ne
peignez-vous pas les paysages
d’Écosse ? » Aussi belle soit-elle, 3. J’essaie de progresser sur
la lumière de mon pays ne l’ensemble de la toile en précisant
m’offre pas un tel rayonnement, les valeurs tonales. Je renforce les
je parlerais même d’exubérance 1. Après avoir opté pour un format zones les plus claires et les plus
de la couleur, comme si elle 50 x 76 cm, je m’attache à sombres afin d’étalonner leur écart-
était sortie tout droit des tubes. la préparation du fond, qui doit être type et de fixer l’amplitude de la
J’aime par-dessus tout ces bien nourri. Je n’applique pas moins lumière. J’établis mon point de
contrastes forts, puissants, ces de quatre couches acrylique, fuite et pose la ligne d’horizon avec
tons qui vibrent sous la chaleur en imprimatur, tout en respectant un ton gris bleuté. Remarquez
parfois écrasante de la pleine les temps de séchage, raison comment le sens de la touche
journée. Plus qu’un coloriste, pour laquelle je prépare plusieurs 2. Toujours en jus très dilués, participe de la construction par
je me définis vraiment comme toiles en même temps. Pour finir, je m’attache à placer les principales masses colorées.
un peintre de la lumière, je passe une couche de peinture masses d’ombre et de lumière
en quête de cette « vibration à l’huile, en jus dilué à l’essence avec une gamme chromatique 4. Je précise l’alignement
colorée » poussée à son de térébenthine, en choisissant très restreinte : brun, vert, gris des platanes et leur ombre portée,
paroxysme, si chère à Cézanne. une tonalité verdâtre appliquée bleuté, rompus avec du blanc et tout en développant la gamme
avec une brosse large. du jaune. La composition ne doit des verts du feuillage. Les touches
pas en être moins juste, même si successives sont volontairement
Le sujet les repentirs sont bien entendu très schématiques. C’est par
J’adore les scènes de vie qui possibles. Tout repose sur la qualité leur juxtaposition et superposition
s’offrent à moi sur les places de l’observation préalable et que l’idée de volume se met en
ombragées des villages du sud « Remarquez de l’analyse, donc sur les choix qui place. Je positionne le kiosque sur
de la France. J’aime suivre du comment le sens en découlent. la droite de la composition.
regard le dessin de la lumière et de la touche
ses contrastes, saisir les couleurs participe aussi
chantantes aux accents de terroir.
Ah, si je pouvais peindre aussi de la construction
les bruits et les odeurs… par masses colorées. »
Avec la collaboration de
Jack Morrocco. Texte et photos :
David Gauduchon
8. À ce stade de
finition, je suis
dans la délectation
de la couleur et
de la lumière, que
j’ajuste ici ou là
en en accentuant
l’intensité. J’essaie
de traduire l’idée
de la chaleur
et de la fraîcheur
toute relative que
l’on trouve sous
les frondaisons.
Je pousse la magie
des contrastes,
des lumières
rayonnantes, ce
miroitement parfois
aveuglant propre
aux paysages et
scène de vie du sud
de la France.
Le pastel à l’alcool
sur Pastel Card
La pastelliste québécoise Suzanne Godbout, de passage en Normandie, nous fait le plaisir
de peindre un sujet qui lui est cher : l’îlot de Contrecœur, au Canada. Coloriste non pas
d’instinct mais « par amour de la couleur », elle a choisi une lumière de coucher de soleil.
Voici sa technique particulière du pastel à l’alcool sur… Pastel Card.
3. L’alcool
1. Le dessin Je pulvérise de l’alcool sur
Je place les motifs avec un crayon la couche de pastel et laisse
pastel terre d’ombre (Derwent), sécher. La couche est ainsi
en posant tout d’abord mes renforcée et, plus foncée, elle
horizontales (ligne d’horizon, donnera de la profondeur aux
plan d’eau), puis en disposant sombres, faisant ainsi vibrer
les éléments : arbres, massifs. les couleurs froides.
Il s’agit avant tout de régler 6. Les sombres
les proportions, tout en sachant que 4. Les tons moyens extrêmes
toute correction est possible car Avec Maintenant que les trois valeurs sont
le crayon est facilement recouvert. le fuchsia installées, je reviens avec un ton très
Sujet d’un ton sombre : un violacé type aubergine.
Il s’agit de l’îlot de Contrecœur, inférieur, Ces quatre teintes forment la base
au Québec, qui m’est très je cherche de l’harmonie colorée, avant la pose
familier. Je le connais sous toutes les valeurs des couleurs locales.
ses lumières et l’affectionne moyennes.
tout particulièrement lors Cette teinte intermédiaire, que
des couchers de soleil. L’occasion je place dans les dégradés, sert de
pour moi de me lâcher avec couleur de transition. Je la mouille
des couleurs chaudes et vives, avec l’alcool et laisse sécher.
qui parlent à nos émotions, tandis
que le dessin, la composition,
les contrastes et les valeurs 2. Les grandes masses
s’adressent à notre intelligence Je pars sur une base fuchsia en 7. Le ciel
et à notre mémoire. deux tons qui donnera de beaux Je cherche le mouvement au moyen
reflets sur les arbres et l’eau. Avec le de touches spontanées et de nuances
Avec la collaboration de ton supérieur, je dessine les grandes (violet, mauve, orangé) qui donnent
Suzanne Godbout. masses sombres, me servant de l’impression du vent et des nuages.
Texte et photos : Stéphanie Portal la pointe et du talon du bâtonnet, Je floute certains contours pour
selon la direction des motifs. suggérer le côté vaporeux des nuages.
110 Pratique des Arts-Spécial PAYSAGE
15. L’eau 17. Les herbes
Je travaille maintenant l’eau éclairées
et l’écume, à l’aide des mauves Certaines herbes sont éclairées
et orangés du ciel. Il s’agit par la lumière orangée du ciel.
de rendre cette zone plus Je reprends donc deux valeurs
intéressante et vivante. Je tiens d’orangés déjà présentes dans
compte des zones à l’ombre et le ciel et les pose sur la base verte,
8. Le soleil de celles plus en lumière. tout en légèreté, par petits traits
J’amène une nuance plus chaude aléatoires, sans pression.
pour attirer l’œil vers la gauche de 16. Les herbes
la peinture, suggérant la présence à l’ombre
du soleil hors cadre, diffusant 12. Les herbes Au vert clair et rompu, je traite
son aura colorée en dessous Pour les herbes à l’ombre, les herbes au second plan,
de la ligne d’arbres. à contre-jour, j’opte pour par petites touches. Je renforce
un vert turquoise, assez les ombres à la base des herbes
lumineux, qui complémente avec des tons sombres, et sur la rive
bien le fuchsia. Je nuance avec opposée, sur la partie sombre de
trois tons différents, procédant l’eau, avec des bleus et verts grisés.
par petites touches.
18. L’arrière-plan
bleuté
Je reviens sur l’arrière-plan, afin de
faire reculer cette bande d’arbres
9. La ligne d’arbres dans la distance. À l’aide de bleu et
J’atténue justement cette ligne de gris-bleu, je frotte le pastel avec
d’arbres à l’horizon en la bleutant légèreté, afin de laisser transparaître
légèrement avec un gris-bleu. la base fuchsia.
Il s’agit de l’éloigner, selon
le principe de la perspective 19. Le premier plan
atmosphérique, et de la faire passer 13. Le feuillage chaud J’atténue le premier plan avec
derrière les grands arbres. Je vais ensuite vers des verts plus un mauve, afin de diriger l’œil sur
chauds (kakis) pour travailler le centre de la composition. Je réduis
le volume des arbres. Je pense aux la base fuchsia, notamment sur
branches de devant et de derrière, les côtés, afin qu’aucune couleur vive
m’aidant de tons complémentaires n’attire le regard vers les périphéries.
pour faire avancer et reculer
les plans : verts grisés et violacés Avant la tombée
derrière, verts chauds devant du serein.
10. Le clocher (rompus à cause du contre-jour) 2019. Pastel,
Je positionne le clocher, afin et quelques verts lumineux pour 40 x 40 cm.
de ne pas l’oublier. Sans aller amener un peu de lumière dans
dans le détail, je le fais ressortir les ombres.
de la végétation avec un mauve
clair et redessine sa forme
avec le crayon graphite.
Le contre-jour au service
du paysage (huile)
La lumière inonde les tableaux de Thomas Kegler : d’admirables couchers de soleil sur l’océan
qui laissent à peine passer un peu de l’éclat de l’astre. L’artiste revient pour nous sur la réalisation
d’une peinture à l’huile et nous explique comment réussir un bel effet de contre-jour.
Du croquis à l’œuvre finie, il livre ici quelques secrets…
3. Le transfert
Matériel sur la toile
Pinceaux : Rosemary & Co. Avec la plus grande précaution
Peintures : Huile aux pigments et en respectant au maximum
naturels Rublev. les lignes de l’étude, je transfère
Médiums : Oleogel et Impasto le dessin sur la toile préalablement
Rublev. préparée. Celle-ci est teinte avec
Toiles : Lin de la marque une terre d’ombre diluée avec du
Claessens de qualité portrait, qui
correspond à un grammage très fin.
Diluant : Gamsol (médium
inodore).
Vernis : Gamvar.
8. Œuvre
inférieure. En procédant de cette terminée
façon, je peux jouer sur la valeur Au terme de
chromatique de l’ensemble et ainsi plusieurs jours de
renforcer l’effet de contre-jour. travail, la peinture
est enfin terminée.
6. Des glacis et J’ai ajouté de
des détails nombreux petits
Avant de commencer le travail détails et j’ai
en glacis, je laisse la toile retravaillé le ciel
complètement sécher. Grâce au pour lui donner
solvant, c’est assez rapide, comptez plus de présence.
deux ou trois jours. Première L’effet de contre-
étape importante, il faut huiler la jour me semble
surface sèche avec de l’Oleogel de bon. Il ne me
Rublev. Cela permet au lin de mieux reste plus qu’à
signer (le plus
discrètement
possible) et à
trouver un bel
encadrement.
Eventide, Psalms 141 :8.
2015. Huile sur toile
de lin, 35,5 x 45,7 cm.
www.geant-beaux-arts.fr
TOUT POUR L’ARTISTE Société Famie depuis 70 ans