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[i]

EPIGRAPHE

« Si l’homme est-ce que les structures font de lui, la


question est de savoir ce qu’il fait à son tour de ce que les
structures ont fait de lui. Cette question essentielle ouvre un
champ immense qui constitue justement l’espace de la liberté »

JEAN PAUL SARTRE, cité par JEAN FRANCOIS KHAN,


Esquisse d’une philosophie de mensonge, 1989.
[ii]

IN MEMORIAM

A nos regrettés parents


BOLITSI ISOMANYA Paul et NKOLO BOLIMA Mado, que
cette dissertation doctorale vous immortalise à jamais.
[iii]

DEDICACE

A ma chère épouse
Francine KAPINGA BOLIMA
Pour tous les sacrifices

A mes enfants :
Morena MISENGABO BOLIMA ;
William BOLIMA BOLITSI, K, et;
Djamilah NKOLO BOLIMA.
[iv]

AVANT - PROPOS

Cette dissertation couronne la fin de notre cursus au doctorat. Elle


constitue une modeste contribution dans la recherche de résolution des problèmes
des populations rurales, principalement, en République Démocratique du Congo.

Exprimons ici toute notre reconnaissance au Professeur Lombeya


Bosongo Likund’elio, qui a dirigé ce travail en dépit de ses multiples
responsabilités. Il est aussi important de souligner les apports des Professeurs
Albert Muluma Munanga et son collègue Alphin Kaba-Kaba, copromoteurs. Leurs
sévères critiques, et rigoureuses recommandations, ont été d’une importance
particulière. Dans cette liste, s’ajoutent les Professeurs Rémy Mbaya Mudimba,
Emile Bongeli, Jeannot Mokili Danga, Pierre Gambembo Gawiya et Antoine –
Thomas Bofambu Nkombe, tous membres du jury, pour leurs apports dans ce
travail.

Nous sommes également reconnaissant à l’égard des Professeurs


Sylvain Shomba Kinyamba, Gaston Mwene Batende, Mbela Hiza, Florentin
Mokonda Bonza, Beaujolais Bofoya Komba et Jean Piere Mpiana, pour avoir
accepté la lecture de nos multiples productions scientifiques. Nos mots de
gratitude s’adressent aussi aux Professeurs Emmanuël Mukundi, Jody Ngongo,
Willy Mbalanda, Remy Bolito, Mussa Galu, Payanzo, Joël Lisenga, Ntungila
Nkama, Kalonda Mbulu, Katunda Mondundu, Mwabila Malela, Musau, Ngoma
Ya Nzuzi, Tshishimbi, Biloso, Donat Olela, et Tomi Wuemba, etc., pour leurs
encouragements. A cette liste, s’ajoutent les professeurs Kaminar, Nkwanzaka,
Mukaba, Lubo, Ngondankoy, Ekongo Ndemba et Amisi Herady, pour qui, nous
gardons de souvenir d’aides et de conseils éloquents. Nous ne pouvons pas clore
cette liste sans citer les Doyens Mvudi Matingu, Tiker Tiker, Kamiantako,
Luyinduladio, Nzita, les Professeurs Emina Jacques, Mangalu, Marie Nyange et
Boleli, ainsi que Nsilu, Kituku et Solo.
[v]

Nous adressons égalemment nos mots de gratitude aux Honorables


Patrick Bombelosanda, Jean-Paul Nemoyato Bagebola, Pacrance Boongo Nkoy,
Jean - Lucien Bussa, Norbert Eholo, Gaston Musemena, Petronelle Iyefa, Samy
Simene wa Simene, ainsi qu’à toutes les familles Lombeya, Bolitsi, Limbili,
Lisembe, Bongima, Basosila, Tshibasu, P. Lokuli, Basele et Ali Kyamasa, pour
leurs contributions multiformes. Au Général Sony Kafuta de l’Armée de l’Eternel
et ses collaborateurs, dont Guy Kankwanda, Medard Ingomo, Felly Bekonda et
Felly Osemwa, pour nous avoir acceptés comme compagnon dans l’œuvre de
l’évangélisation. Que nos amis de la Chaire de la Dynamique Sociale (CDS) pour
avoir, à tout moment, à travers la Revue MES, fait connaître nos idées par la
publication de nos articles, et, vous, de l’Observatoire Interdisciplinaire du
Religieux, avec les Cahiers Interdisciplinaire des Religions, Revue Semestrielle, qui
nous permettez de nous exprimer en religiologue, et, les informaticiens Arbert
Yakusu et Blaise Etana Lilanga, qui ont rendu définitive la forme de cette
dissertation doctorale, trouvent leur place de choix dans notre cœur.
[vi]

RESUME

La présente étude jette un regard critique sur l’impact de la pratique des projets de
développement rural en République Démocratique du Congo. Elle prend en compte
l’expérience de la Cacaoyère de Bengamisa (CABEN), projet logé dans «l’espace
Bengamisa», dans la Province de la Tshopo, autrefois l’un des districts de l’ancienne
Province Orientale. Ce projet visait, principalement, l’augmentation de la production de
cacao et l’amélioration des conditions de vie des paysans. La CABEN devrait, en outre,
être la solution aux problèmes posés par la dépendance de la vie de la nation à
l’exportation seulement des matières prèmières, en occurrence, le cuire, le diament, l’or,
la cassitérite, etc. Il a fallu encourager la diversification par la culture de cacao, en vue de
rapporter des devises à la République.

En effet, avec la méthode dialectique et l’analyse contrefactuelle, l’étude révèle qu’en RD.
Congo, la logique capitaliste1 qui tracte ces projets de développement rural, détermine
négativement leur action. Certes, « le capitalisme est un processus de production ayant
une double dimension dans sa définition traditionnelle. La dimension destructrice et la
dimension créatrice. Comme tel, il dépend profondément de son environnement,
politique et juridique. Donc, si cet environnement est juste et équilibré, alors le
capitalisme participera au développement de la société. Si, par contre, cet environnement
est laxiste, injuste et déréglé ou dérégulé, alors le capitalisme peut basculer dans la pure
logique de prédation. Il n’y a pas de barrière étanche entre capitalisme et prédation : tout
dépend de l’environnement dans lequel ce processus de production évolue».2

Certes, cette étude, qui procède par la triangulation des techniques comme approche,
démontre qu’en RD. Congo, la logique capitaliste, par la financiarisation des projets,
ainsi que la faiblesse de la régulation étatique de la vie nationale, etc., bascule dans la
logique de prédation.3 Partant, la fonction émancipatrice des projets de développement
rural, en général, et celle de la CABEN, en particulier, est mise en cause.4 A coup sûr, la
logique capitaliste5, avec « la recherche d’intérêts à tout prix » comme principe qui guide
les acteurs en interaction dans le procès de la production de la CABEN, ses gestionnaires,

1 JACQUES DE SAINT VICTOR, « Capitalisme prédateur et logique mafieuse, Au-delà des « affaires », l’esprit
mafieux a-t-il gangrené l’économie et nos démocraties ? », Conférence débat tenue à Toulouse, le 18 janvier 2014, pp.
3- 23.
2 JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp. 9- 10.

3 MABI MULUMBA, Les dérives d’une gestion prédatrice, CPR-Kinshasa, (SD).

4 W. BOLIMA BOLITSI, « Logique marginaliste et projets de développement rural en République

Démocratique du Congo. Regard sociologique sur une base d’action capitalistique de la paupérisation des
masses rurales », dans M.E.S, n° 101 du, Kinshasa- R.D.C, 2017, pp. 27- 41.
5 JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp. 3- 9.
[vii]

particulièrement, entretient des frustrations dans le chef de la population locale. Sa


plantation, (Bloc Industriel) totalement abandonnée, quelques travailleurs qui tiennent
encore, vivotent sous le regard indifférent de l’Etat congolais, au point que d’aucuns
soutiennent que la pratique des projets de développement rural en RD. Congo, se veut
plutôt un moyen de paupérisation des masses rurales.6

Il s’observe, cependant, que ces dernières années, le cacao connait un essor considérable
avec des prix qui doublent presque. La culture de «cacao se présente donc, à l’heure
actuelle comme l’une des sources de revenus et/ou des devises dans le monde. D’ailleurs,
la filière cacao joue un rôle de locomotive de la croissance en Côte d’Ivoire, 7 alors que ce
pays présente un espace cultivable moindre que celui de la RD. Congo. Nous sommes,
ainsi d’avis, « sans vouloir opposer à l'optimisme exagéré du passé, un pessimisme de
circonstance »8 des résultats plutôt discutables du bilan fait sur des apports de la CABEN,
que ce projet devrait être relancé en vue de la promotion de la culture de cacao à travers
le pays. Puisque la RD. Congo présente des conditions agroécologiques très favorables à
la culture de cacao, il est important que les acteurs impliqués dans la gestion de la
Cacaoyère de Bengamisa, tirent des leçons du passé et réconcilient celle-ci avec les
besoins présents de la République. Que l’Etat congolais réorganise la filière de cacao, en
assurant un revenu attractif aux cultivateurs, qu’il faut encadrer. Pour ce faire, « la
cacaoculture durable (CCD) », soutenue par la territorialisation des projets de
développement rural (TPDR), le tout assis sur un « pouvoir service (PS) », qui doit être
appuyé par « une gouvernance intelligente (GI) », fait l’objet de notre plaidoirie dans
cette thèse, en vue de faire de la Cacaoyère de Bengamisa le « cœur »9 de l’« économie
cacaoyère durable » en République Démocratique du Congo.

6 W. BOLIMA BOLITSI, P. IYEFA WESSA & CL. K. NZENGA MAMBU, « Projets de développement rural
et la transformation de l’espace rural congolais. Bilan et perspectives dans le cas de la CABEN dans la
Tshopo», in Revue ECLAT DU CERIDAC, Volume I, Ed. du CERIDAC, Kinshasa-RDC, 2017, pp. 101- 137.
7 BCEAO, Etude monographique sur la filière cacao dans l’UEMOA, juin 2014, pp. 5- 7.
8 IKA, L. A. « La gestion des projets d'aide au développement: historique, bilan et perspective, Perspective
Africaine », 2, Revue Management & Avenir, 128- 153, 2005.
9 JACQUES ATTALI, Les lignes d’horizon, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système, socio-

économique, inédit, p. 44. Voici comment il répond à la question de savoir ce qu’il fait qu’un lieu devienne
« cœur » : « il me semble, dit- il, que c’est toujours là où un groupe sait mobiliser un peuple autour d’un
objectif culturel»
[viii]

LISTE DES ABREVIATIONS & ACRONYMES


AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo
ARCC : Autorité de Régulation du Café et de CAcao
ANADER : Agence National d’Appui au Développement Rural
ANAR : Agence National d’Appui au Developpement
ASBL : Association Sans But Lucratif
BAD : Banque Africaine de Développement
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
BDPA : Bureau de Développement de la Production Agricole
BI : Bloc Industriel
BF : Bloc Familial
BIT : Bureau International du Travail
BM : Banque Mondiale
BRACONGO : Les Brasseries du Congo
CABEN : Cacaoyère de Bengamisa
CACAOZA : Cacaoyère du Zaire
CAID : Cellule d’Aide au Développement
CCC : Conseil du Café-Cacao
CCD : Culture de Cacao Durable
CDS : Chaire de la Dynamique Sociale
C EI : Communauté des Etats Idépendants
CGFCC : Comité de Gestion des Filières de Café et Cacao
CICIBA : Centre International des Civilisations Bantues
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
CONADER : Commission Nationale Desarmement, Demobilisation et Reinsertion
CPRK : Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa
CTB : Coopération Technique Belge
CNS : Conférence Nationale Souveraine
DES : Diplôme d’Etudes Supérieures
DSCRP : Document Stratégique pour la Croissance et Réduction de la
Pauvreté
DTS : Droit des Tirages Spéciaux
EAD : Entités Administratives Décentralisées
ECO. DEV : Economie de Développement
ECO. RUL : Economie Rurale
[ix]

EU : Espace Urbain
FAD : Fonds Africain de Développement
FAO : Organisation des Nations- Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FAP : Force d’Auto-défense Populaire
FAZ : Forces Armées Zaïroises
FED : Fonnds Européen de Développement
FMI : Fonds Monétaire International
GI : Gouvernance Intelligente
GIEC : Groupe International d’Experts sur le Climat
GVC : Groupement à Vocation Coopérative
IBW : Institutions de Bretton Woods.
ICCO : Organisation Internationale de Cacao
IDH : Indice de Développement Humain
IFA : Institut Facultaire Agronomique (de Yangambi)
INEAC : Institut National d’Etudes Agronomiques du Congo
INERA : Institut National d’Etudes et de Recherches Agronomiques
INSS : Institut National de la Sécurité Sociale
IRES : Institut de Recherches Economiques et Sociales
ISEA : Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques
ISDR : Institut Supérieur de Développement Rural
MDP : Mécanisme de Développement Propre
MES : Mouvements et Enjeux Sociaux
MLC : Mouvement de Libération du Congo
MPME : Micros, Petites et Moyennes Entreprises
MPME : Ministère de Petites et Moyennes Entreprises
NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONA : Organisation des Nations Africaines
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONGD : Organisation Non Gouvernementale pour le Développement
O.N.U : Organisation des Nations Unies
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PALMEZA : Palmeraie du Zaire
PAS : Programmes d’Ajustement Structurel
[x]

PDE : Pays en Voie de Développement


PEV : Programme Elargi de Vaccination
PLC : Plantations Levers au Zaire
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Pétite et Moyenne et Industrie
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PNR : Programme National Riz
PRODEKI : Projet de Développement de Kiri
PS : Pouvoir Service
RDC : République Démocratique du Congo
SENASA : Service National des Statistiques Agricoles
SNHR : Service National d’Hydrogaulique Rurale
SNIR : Service National d’Informations Rurales
SNV : Service National de Vulgarisation
SOCITURI : Société de l’Ituri
SSPA : Sciences Sociales Politiques & Administratives
TM : Tiers - Monde
TPD : Térritorilisation des Projets de Développement
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique, Mométaire Ouest Africain
UNIBRA : Union des Brasseries du Congo
UNIKIN : Université de Kinshasa
URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques
USA : Etats - Unis d’Amérique
USAID : Agence des Etats- Unis pour le Développement International
USD : Dollard des Etats- Unis
[xi]

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : Vue générale de la répartition des profits entre les deux camps engagés
dans un procès de projet de développement rural en RDC. .......................... 124
Tableau II. Quelques critères sélectionnés de définitions de la pauvreté .................... 158
Tableau III. Répartition spatiale des indices de la pauvreté en RD. Congo considérée
dans ses 11 anciennes provinces .......................................................................... 166
Tableau IV. Répartition des principales activités économiques du territoire de Banalia
(dans l’espace Bengamisa), en termes de pourcentages/2016. ........................ 181
Tableau V. Prévisions initiales de la culture de cacao par la CABEN (première phase)
dans le territoire de Banalia en termes d’hectares et de pourcentage .......... 186
Tableau VI. Financements initiaux de la CABEN exprimés en USD et en pourcentage.
.................................................................................................................................... 187
Tableau VII. Financements révisés de la CABEN en DTS et en pourcentage.............. 188
Tableau VIII. L’échantillon et ses éléments constitutifs. .................................................. 209
Tableau IX. Point de vue des enquetés sur les attentes de la population de la CABEN.
.................................................................................................................................... 211
Tableau X. Opinion des enquêtés sur l’impact social visible de CABEN dans « l’espace
Bengamisa » ............................................................................................................. 212
Tableau XI. Opinion des enquêtés sur la rémunération et/ou la prise en charge des
agents par la CABEN.............................................................................................. 214
Tableau XII. Point de vue des enquêtés par rapport à la gestion des cacaos marchands
produits par la CABEN .......................................................................................... 215
Tableau XIII. Opinion des enquêtés sur les rapports gouvernement et CABEN ......... 216
Tableau XIV. Opinion des enquêtés sur le bilan de la CABEN ....................................... 217
Tableau XV. Point de vue des enquetés sur des raisons de l’échec de la CABEN........ 218
Tableau XVI. Point de vue des enquetés sur ce qu’il faut faire pour que le projet
CABEN joue le rôle émancipateur à Benganisa et/ou dans la Tshopo (RDC)
.................................................................................................................................... 219
Tableau XVII. Point de vue des enquetés autour des projets que la Tshopo a connus
.................................................................................................................................... 221
Tableau XVIII. Propositions pour faire de la pratique des prjets un outil de
développement socio-économique pour la Province de la Tshopo et pour la
République .............................................................................................................. 222
Tableau XIX : Evolution de la production des cacaos marchands de la CABEN
exprimée en tonnes (de 2007 à 2016). .................................................................. 230
Tableau XX : La variation de la production des cacaos marchands de la CABEN de
2007 à 2016, exprimée en pourcentage. ............................................................... 231
[xii]

Tableau XXI : Evolution des recettes réalisées de la vente des cacaos marchands au
niveau de Kisangani par la CABEN (de 2007 à 2016 en $ USD/TONNE). ... 234
Tableau XXII : Evolution des prix des cacaos au niveau du marché mondial (de 2008 à
2017 en $ USD/Tonne) ........................................................................................... 235
Tableau XXIII: Evolution des recettes estimées de la CABEN de la vente des cacaos
marchands au niveau mondial (de 2008 à 2016 en $ USD/ Tonne). ............. 236
Tableau XXIV: Comparaison entre des recettes de la vente au niveau local (de
Kisangani) avec celles du niveau mondial ........................................................ 237
Tableau XXV : Esquisse des axes d’intervention des plans de développement rural . 277
[xiii]

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Vue générale de la répartition des profits entre les deux camps engagés dans un
procès de projet de développement rural en RD. Congo. ................................. 125
Figure 2. Répartition spatiale de la pauvreté en RD. Congo considérée dans ses 11
anciennes provinces ................................................................................................ 167
Figure 3. Répartition des principales activités économiques du territoire de Banalia (dans
l’espace Bengamisa), en termes de pourcentages/2016. ..................................... 182
Figure 4. Prévisions initiales de la culture de cacao par la CABEN (première phase) dans
le territoire de Banalia en termes de pourcentage. ............................................. 187
Figure 5. Financements initiaux de la Cacaoyère de Bengamisa exprimés en pourcentage.
.................................................................................................................................... 188
Figure 6. Financements révisés de la CABEN exprimés en DTS et en pourcentage ........ 189
Figure 7. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur les attentes de la
population par sur la CABEN. .............................................................................. 212
Figure 8. La répartition des enquêtés selon que le projet CABEN présenterait un impact
social visible dans « l’espace Bengamisa ». .......................................................... 213
Figure 9. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur la rémunération et/ou la
prise en charge des agents par la CABEN ........................................................... 214
Figure 10. La répartition des enquêtés selon leur point de vue par rapport à la gestion
des cacaos marchands produits par la CABEN. ................................................. 215
Figure 11. La répartition des enquêtés selon leur opinion sur les rapports gouvernement
et CABEN.................................................................................................................. 216
Figure 13. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur les raisons de l’échec de
la CABEN. ................................................................................................................. 219
Figure 14. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur ce qu’il faut faire pour
que le projet CABEN joue un rôle émancipateur à Benganisa et/ou dans la
Tshopo (RDC)........................................................................................................... 220
Figure 15. La répartition des enquêtés selon leur point de vue autour des projets que la
Tshopo a connus. ..................................................................................................... 221
Figure 16. La répartition des enquêtés selon leur proposition sur ce qu’il faut, en vue de
faire de la pratique des projets un outil de développement économique et
social pour la province de la Tshopo et pour la République. .......................... 223
Figure 17. La variation de la production des cacaos marchands de la CABEN de 2007 à
2016, exprimée en tonnes........................................................................................ 231
[xiv]

LISTE DES PHOTOS


Photo 1. La chute d’Ambuludjonge dans la rivière Yamé, à la porte d’entrée de la
plantation de la CABEN. ........................................................................................ 175
Photos : 2, 3, 4 et 5. Le paysage de la plantation de la CABEN à 36 Km de la ville de .... 191
Photos. 6 & 7. Il s’agit de l’habitation d’un « Garde Industriel », chef de la sécurité du
projet, à l’entrée du site de la plantation. .................................................................. 196
Photos 8 & 9. Le séchoir, type Samora, logé dans l’aire de séchage cimentée à 3
compartiments au sein de la plantation. .............................................................. 197
Photos 10 & 11. Respectivement, des images des magasins de stockage des cacaos
marchands et du bâtiment administratif (pour les deux blocs). ....................... 197

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique n°1. La variation de la production des cacaos marchands de la CABEN de


2007 à 2016, exprimée en pourcentage. ................................................................ 233
Graphique n°2. La variation des recettes réalisées par la CABEN avec la vente des cacaos
marchands au niveau de Kisangani (de 2007 à 2016 en $ USD/TONNE) ....... 235
Graphique n° 3. Evolution des prix des cacaos au niveau du marché mondial (de 2008 à
2017. ........................................................................................................................... 236
Graphique n°4. Evolution des recettes estimées de la CABEN par la vente des cacaos
marchands au niveau mondial (de 2008 à 2016, $ USD/ Tonne). .................... 237
Graphique n°5. Evolution de l’écart entre les recettes de la CABEN de la vente de cacos
au niveau local (de Kisangani) avec celles estimées du niveau mondial (de
2008 à 2016, en USD/ Tonne). ................................................................................. 238
[xv]

LISTE DES SCHEMAS

Schéma n°1 : Cycle du projet selon le Schéma de Rondinelli .............................................. 106


Schéma n° 2 : Illustration de la théorie de la territorialisation des projets de
développement rural (Le CT= P+ I (p) - C-S-E-Ev-DR…) ................................. 130
Schéma n°3 : Esquisse d’une vue structuro – synoptique d’une stratégie nationale de la
relance de la Cacaoyère de Bengamisa et la promotion de la culture de cacao
durable en vue d’une économie cacaoyère durable en RD. Congo. ................ 252
[1]

INTRODUCTION GENERALE

1. OBJET D’ETUDE

Le propre de l’esprit humain est de questionner. En effet, Gilbert


Kuyunsa Bidum et Sylvain Shomba Kinyamba soutiennent que « le rôle de la
science se résume à résoudre des problèmes, à répondre à des interrogations, à
expliquer, et à démontrer des réalités méconnues, corriger et réorienter les
connaissances déjà acquises ».10 Face aux problèmes posés par rapport au devenir
historique des sociétés, plusieurs interrogations se posent aux esprits avertis et
impliquent des recherches scientifiques.

Point n’est besoin de rappeler qu’il ne peut y avoir une recherche ou


une étude scientifique sans un objet et un objectif. C’est ainsi que, dans une
recherche scientifique, l’objet d’étude indique ce sur quoi l’esprit s’applique. Nous
faisons nôtre l’affirmation de Loubet, selon laquelle : « … A ne pas savoir ce que
l’on cherche, on risque de ne pas savoir ce que l’on trouve ».11 Précisons ainsi que
l’objet de notre étude consiste à l’analyse de l’impact de la logique capitaliste dans
l’action des projets de développement rural, pris pour l’instrument de
transformation de l’espace rural congolais à travers un projet particulier. Il s’agit
de la Cacaoyère de Bengamisa (CABEN), dans la Tshopo, autrefois l’un des quatre
districts de l’ancienne Province Orientale, aujourd’hui Province.

Notre préoccupation majeure est de savoir : alors qu’à l’heure


actuelle, le cacao demeure un produit d’exportation faisant l’objet d’un intérêt
majeur à l’échelle mondiale, et que plusieurs pays en tirent dividende, pourquoi la
RD. Congo, qui présente des conditions agroécologiques largement favorables au
développement de la culture de cacao, avec sa Cacaoyère de Bengamisa, n’est pas
présente dans les differnts marchés de cacao ? Voilà, ce sur quoi notre rêflexion va
se focaliser tout au long de développement de cette dissertation.

10 G. KUYUNSA BIDUM et S. SHOMBA KINYAMBA, Initiation aux méthodes de recherche scientifiques,


Kinshasa, RDC, PUZ, 1995, p. 22.
11 LOUBET DEL BAYLE, L’Introduction aux méthodes des sciences sociales, Toulouse, Primat, 1989, p. 15.
[2]

2. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

2.1. De la problématique

La question des projets de développemet rural comme stratégie de la


réduction de la pauvreté, mieux, de la pauvreté rurale fait appel à la
problématique de développement rural. Il s’observe qu’avec la montée de la
mondialisation, le procès de développement fait face aux défis de ce que certains
considèrent comme de « l’américanisation ».12 Beaucoup de gouvernements à
travers le monde pensent et repensent sans cesse leurs politiques de
développement et multiplient des stratégies porteuses en faveur de leurs
populations, singulièrement, les populations rurales.

Cependant, en République Démocratique du Congo, dans les villes


comme dans les campagnes, les effets pervers de la pauvreté13 prolifèrent
quotidiennement. En dépit de la multiplication des projets de développement
rural, la pauvreté s’impose comme une réalité de taille et elle entraine la misère
qui touche toutes les couches et catégories sociales. Il s’observe que de la décennie
60 jusqu’à ces jours, la situation en milieu rural congolais se caractérise par des
politiques publiques en matière de la santé, de l’éducation, de l’habitat, etc, qui
n’ont pas donné des résultats attendus.14 L’agriculture, avec ses unités de
production frappées par la zaïrianisation de 1973, a disparu avec l’exode rural et
les déplacements dus à des guerres à répétition.15 Il s’y observe également une
dégradation continuelle des voies de communication qui bloque les échanges
entre la ville et la campagne. Il faut, en outre, noter que la politique d’ajustement
structurel, prônée vers les années 80, n’a accouché que d’une souris.

12 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie du développement, citée par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de
réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la Communauté
Armée de l’Eternel à Kinshasa, (Mémoire de DES en Sociologie), UNIKIN, 2013, p. 39.
13 MINISTERE DU PLAN (RDC), Document stratégique de la croissance et de réduction de la pauvreté (version

intérimaire), Kinshasa- Gombe, Mirak Impressions, 2004, pp. 10- 71. A ce sujet, lire encore WINGENGA-
WI - EPENDO, « L’Emergence d’une culture de la pauvreté dans les villes du Congo- Kinshasa », dans
MES, n° 001, Septembre - Octobre 2001.
14 J. MOKILI DANGA KASSA, Politiques agricoles et promotion rurale au Congo-Zaïre 1885-1997, Paris,

Ed. L’Harmattan, 1998.


15L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie rurale, citée par W. BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du territoire
de Yahuma et la pauvreté des paysans Bongando. Etat des lieux et esquisse d’un plan de désenclavement»,
dans MES, N0 71, Mars- Avril, 2012, p. 48.
[3]

Aujourd’hui encore, il se remarque que les guerres de « libération »,


ainsi que des guerres d’agression par l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, etc.,
sont venues achever la destruction du monde rural dans les provinces et/ou les
territoires autrefois occupés : les forêts, les parcs nationaux, les réserves naturelles,
la faune et flore ont été profondément affectés par la prédation, et les
prélèvements anarchiques16 aggrave la pauvreté17 rurale. Certes, il nous revient
l’obligation de soutenir que les populations rurales de la RD. Congo ont
réellement subi les désastres des conflits armés : les infrastructures de base (les
ponts sur les rivières et les outils de production) détruites, les hommes habiles
emportés et tués, etc.18 Les entreprises et les sociétés qui y étaient installées, ont été
forcées, si pas de fermer, mais, de réduire leurs activités à cause de l’insécurité.
Ces territoires ruraux à vocation agricole principalement, se sont vus abandonnés,
non seulement par leurs fils et filles, à la suite de l’exode rural qui culmine, mais
aussi, par les pouvoirs publics, au point que la situation entretient ce qui peut être
qualifié de culture de la pauvreté.

Le recul de l’Etat congolais, c’est-à-dire, des pouvoirs publics, dans


l’accomplissement de ses fonctions de sécurité, de satisfaction des besoins sociaux
de base et des aspirations sociales, etc., maintient sa population, en général, et
celle rurale, en particulier, dans une situation de permanente dépendance, de
sous-développement et de pauvreté. En effet, cette «… pauvreté qui frappe plus
de 80% de la population»19 congolaise, doublée des maladies et de la
désintégration des familles, fait intervenir d’autres agents régulateurs, et, de
partout : les organismes internationaux, particulièrement, l’Organisation des
Nations Unies, (O.N.U),20 les organisations non gouvernementales (les O.N.G), les
partis politiques, les Eglises, les personnalités de toutes sortes, les associations
locales de développement, etc. Tous ces intervenants, y compris les pouvoirs
publics, procèdent, aussi et, surtout, par des projets, dits de développement rural,
en vue de la transformation de l’espace rural et de la réduction de la pauvreté.

16 W. BOLIMA BOLITSI, op - cit, p. 48.


17 KIMPIANGA MAHANIAH, Discours sur les causes du sous- développement en Afrique, Paris, P.U.L.L,
Kinshasa, 2000.
18 W. BOLIMA BOLITSI, op - cit, pp. 47- 50.

19 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat et système socio- économique, cité par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de

réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la Communauté
Armée de l’Eternel à Kinshasa, op - cit, p.14.
20 E. BONGELI YEIKELO, « L’Etat- bébé, lutte contre la pauvreté : nouveau mythe onusien », dans LASK

(Asbl), Vol. IV Numéro unique, Janvier-Décembre, 2004, pp. 7- 46.


[4]

Sans être exhaustif, nous citons à titre d’exemple : la Cacaoyère du


Zaïre (Cacaoza) et la Palmeraie du Zaïre (PALMEZA) (dans le Sud-Ubangi), la
Sucrière de Lotokila à Yalotsa, la Cacaoyère de Bengamisa (la CABEN) dans la
Tshopo, qui fait l’objet de la présente dissertation, le Parc Agro-industrielle de
Bukanga Lonzo dans le Kwango, le Projet de développement de Kiri (le
PRODEKI) dans le Mai- Ndombe, etc. En outre, en dépit des témoignages de
Patrick Makala Nzengu, qui cite la FAO, la BM et l’UE, etc., 21 et rapporte que le
Congo-Kinshasa, dans le domaine de l’agriculture, au regard de son espace rural,
«… est l’un des pays les plus riches de l’Afrique subsaharienne, en termes de
potentialité agricole. Certaines estimations faites par la FAO sur les potentialités
agricoles dans le monde avancent que, sous l’hypothèse d’un haut niveau
d’intrants, le pays peut produire suffisamment pour alimenter 2,9 milliards de
personne, soit presque la moitié du monde».22 L’hiatus entre les potentiels
géologiques de la RD. Congo, sa riche biodiversité attirant des multiples projets de
développement rural, financés et exécutés à travers la République et les conditions
de vie des masses se confirme. Autrement dit, en République Démocratique du
Congo, jusque là, la pratique des projets de développement rural n’assure pas la
réduction de la pauvreté et n’améliore pas les conditions de vie des populations
rurales.23 Leurs échecs à répétition font que certains observateurs trouvent dans
cet outil de gestion entre les mains des acteurs socio-économico-étatiques,
l’instrument de paupérisation des masses paysannes.

En ce qui concerne la Cacaoyère de Bengamisa, particulièrement, la


littérature socio-économique sur le cacao parcourue par nous et tant d’autres
sources, renseignent que le marché de cacao connait un essor considérable ces
dernières années, avec des prix qui doublent presque.24 Cette demande du cacao
au niveau mondial, laisse donc augurer, à tout égard, de bonnes perspectives pour
les pays producteurs. Nous évoquons particulièrement, les pays de l’UEMOA,
singulièrement, la Côte d’Ivoire, où « la culture de cacao représente entre 15% à
20% du PIB. La filière de cacao y emploie près de 600 000 planteurs et fait vivre
près du quart de la population, soit environ 6 millions de personnes. A coup sûr,

21 P. MAKALA NZENGU, op. cit, pp. 32- 33


22 FAO, Les potentialités agricoles dans le monde. Document de travail de RFAO. 2001, (inédit), cité par P.
MAKALA NZENGU, op. cit., pp. 32- 33.
23 A. MOUMMI, « Analyse de la pauvreté en République Démocratique du Congo », dans Working Papers,

Séries N0 112 African Développement Bank, Tunis, Tunisia, 2010, pp.1 - 25.
24 BCEAO, op - cit, pp. 6- 18.
[5]

pour la Côte d’Ivoire, la cacaoculture demeure non seulement un élément de la


stabilité macro-économique, mais aussi et surtout, un instrument de l’équilibre
social.25 Cet intérêt croissant pour le cacao au niveau mondial, parait, du point de
vue socio-économique, être une opportunité de revenus pour la RD. Congo, pays
en crise multiforme, et le canal pour se procurer des devises à travers le projet
CABEN, sans pour autant qu’il soit l’unique.

Ainsi, de ces préoccupations, des interrogations suivantes nous


viennent à l’esprit :

 qu’est- ce qui fait que, de manière générale, la multiplication des projets de


développement rural en République Démocratique du Congo n’assure pas
l’amélioration des conditions de vie dans ses milieux ruraux ?

 est-ce la logique capitaliste qui les tracte, fait de la pratique un mécanisme


d’expropriation et/ou de la paupérisation de la population rurale congolaise ?

 quelle est la situation qui prévaut dans le cas de la CABEN à Bengamisa dans la
Province de la Tshopo ?

 que doivent ainsi faire les gouvernants congolais, ainsi que sa population rurale,
particulièrement, pour que la pratique des projets de développement rural, de
manière générale, participe au développement du pays, et, que le projet CABEN,
particulièrement, devienne le « cœur » de l’économie cacaoyère durable en RD.
Congo ?

C’est à cet ensemble de questions que nous tentons de répondre de


manière positive.

2.2. Des objectifs de la recherche

 Objectif général

L’objectif général poursuivi par cette étude, est celui de démontrer


que le projet CABEN n’est pas différent des autres projets capitalistes qui visent
la rentabilisation de gain à tout prix.

25 BCEAO, op- cit, pp. 6- 18.


[6]

 Objectifs spécifiques

A coup sûr, en ce qui concerne les objectifs spécifiques, nous


soulignons que l’étude tient à :

 l’identification des acteurs, mais surtout, des enjeux concourant à la


dynamique des projets de développement rural en RD. Congo, en
général, dans son espace rural, en particulier, et, singulièrement, dans la
Province de la Tshopo, sans la réduction de la pauvreté ;

 l’intégration de la compréhension de la prolifération des projets de


développement rural en RD. Congo, à travers le cas concret de la
CABEN dans la dynamique générale des mécanismes de la
paupérisation des masses par le capitalisme26 pour y apporter des
solutions réalistes ;

 la plaidoirie pour la substitution de l’agriculture d’exportation par celle


qui doit d’abord être au service des agriculteurs eux-mêmes, en
esquissant des stratégies allant vers « la territorialisation des projets de
développements rural» en République Démocratique du Congo ;

 faire de la pratique des projets de développement rural un véritable


instrument de l’élévation des populations rurales en consacrant la
territorialisation la règle de gestion ;

 promouvoir la « cacao culture durable » par la conscientisantion de la


population rurale à s’autoprendre en charge en vue d’une « économie
cacaoyère durable » en République Démocratique du Congo.

3. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE

Au regard du questionnement ci-haut soulevé, nous pensons que la


manière utile d’y répondre est celle d’analyser les projets de développement rural
à travers l’expérience de la Cacaoyère de Bengamisa, dans les circonstances de sa
conception, de son élaboration, etc. L’accent sera mis surtout sur la logique
marginaliste qui a guidée ce projet, de sa création à ce jour. Certes, notre

26 J., STIGLITZ, La grande désillusion, Paris, Fayard, 2000, lire en suite, Un autre monde, contre le fanatisme du
marché, Paris, Fayard, 2006, en fin, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard, 2003.
[7]

l’hypothèse principale se formule en ces termes : la pratique des projets de


développement rural serait l’un des outils utile à la disposition des acteurs socio-étatiques
pour la transformation, non seulement de l’espace rural congolais, mais, aussi et surtout,
de l’ensemble de l’espace national. Cependant, ces projets, souvent, fonctionnent comme
toute micro-entreprise capitaliste. Basés sur la logique d’action marginaliste, c’est-à-dire la
liberté de propriété individuelle étant la règle, ils s’intéresseraient plus à la recherche du
profit de l’investisseur. Ainsi, dans la pratique, avec l’insouciance des acteurs socio-
économiques Congolais et la faiblesses des mécanismes de la régulation étatique, les projets
de développement rural passeraient pour être un mécanisme d’expropriation et/ou de
paupérisation de la population congolaise, en général, de sa population rurale,
particulièrement, au point que nous proposions la térritorialisation des projets de
développement rural comme mode de gestion RD. Congo.

Pour ce qui est des hypothèses secondaires, nous retenons que :

 l’accélération de la production des projets de développement rural en RD. Congo,


par leur financiarisation procède plus des enjeux politico-financiers. Ils tiennent
compte des intérêts des bailleurs de fonds et certains politiques prédateurs
impliqués dans leur gestion ;
 tel est le cas avec la CABEN, un projet agricole logé à Bengamisa, dans la Tshopo,
qui serait arrêté avec le tarissement de son financement, en dépit des atouts
environnementaux qui l’entourent. Ainsi, le financement étranger doit laisser la
place à l’autofinancement ;
 tout cela se justifie suite à l’ insouciance des acteurs socio- économiques et politico-
étatiques à la situation misérabiliste à laquelle se trouve plongée la population
congolaise et à l’absence de la bonne gouvernance, ainsi que d’une politique
budgétaire volontariste, soutenues par des institutions étatiques et des services
spéciaux capables de soulager des populations rurales des effets dévastateurs de la
politique de saupoudrage des projets de développement rural, en instituant la
territorialisation comme mode de gestion.
[8]

4. REVUE DE LA LITTERATURE EN RAPPORT AVEC LE SUJET

De nos jours, la littérature sur la problématique de développement


rural, en particulier, et, sur le développement,27 en général, est abondante. En ce
qui concerne la RD. Congo, depuis les années 60, l’on a observé une hypertrophie
de l’activité politique qui rime aussi bien avec la pauvreté 28 rurale qu’urbaine.
Cette situation misérabiliste des masses rurales suscite et entretient des nouvelles
pratiques sociales de survie. Elle mobilise beaucoup d’acteurs et accélère la
multiplication des productions scientifiques. Historiens, anthropologues,
politologues, philosophes, théologiens, économistes, démographes, médecins,
géographes, sociologues, psychologues, juristes et autres chercheurs se sont
préoccupés de réfléchir sur les différentes modalités et/ou stratégies de
l’amélioration des conditions de vie des populations rurales.

Face aux divers débats que soulève le mode de vie des ruraux en RD.
Congo, en particulier, et, en Afrique, en général, la sociologie, singulièrement,
offre une littérature éloquente. Celle-ci, généralement, tourne autour des
généralités sur le mode de vie dans le monde rural, sur sa logique, sur les rapports
entre les ruraux et les milieux urbains, sur la mondialisation et son impact dans les
campagnes, sur l’intervention des Institutions de Breton Wood et d’autres
partenaires au développement et sur la problématique de la réduction de la
pauvreté rurale, etc. D’autres, s’occupent de son économie, mieux, de son
développement. Les lignes qui suivent en citent quelques unes à titre indicatif.

Il siède d’entrée de jeu, que nous precisons que l'accent sera mis plus
sur des écrits en rapport avec "la politique des projets de développement rural."
Nous évoquons : Houée Paul dans « les politiques de développement rural».29 Il
soutient que les politiques de développement rural n’ont jamais cessé de se
différencier dans leurs sources et leurs objectifs, leurs modalités et leurs
applications. Il prend l’exemple de la France et révèle qu’en 1950, un Etat très
centralisé pouvait promouvoir une politique nationale de modernisation
technique, face à des pouvoirs territoriaux subalternes, démunis et à des situations

27 F. PERROUX, L’Economie du XXème Siècle, Paris, PUF, 1961.


28 A ce point de vue, lire utilement AHMED MOUMMI, « Analyse de la pauvreté en République

Démocratique du Congo », dans Working paper, SERIES N°112, BAD, Tunis, Août, 2010, pp. 1- 25.
29 P. HOUEE, Les politiques de développement rural, 2ème Edition revue et augmentée, Paris, Ed. Economica,

INRA, 1996.
[9]

régionales relativement homogènes à cet égard. Mais, depuis un certain temps,


face aux contraintes économiques nées de la surproduction et de la compétition
mondiale, les requêtes écologiques et les nouvelles demandes de groupes sociaux
qui deviennent de plus en plus distincts, il considère que l’Etat devrait faire de
bons choix. Entre la volonté de l’unité nationale et les disparités croissantes parmi
les territoires nécessitant des traitements spécifiques compte tenu de leurs réalités
historiques, l’Etat doit considérer les décisions de l’UE, l’affirmation des
collectivités territoriales et des nouvelles organisations de la société actuelle.

Houée Paul nous intéresse en ce qu’il souligne qu’en matière de


politique de développement rural, les Etats doivent retenir qu’«à l’uniformité a
succédé la diversité, à la cohérence affichée le compromis entre des orientations
contrastées, aux directives venues du sommet l’efflorescence d’initiatives locales
en quête de reconnaissance ».30 Il propose que les politiques agricoles et rurales
s’adaptent au contexte d’une économie globalisée, aux exigences
environnementales et du développement durable.

Le même Houée Paul, dans un autre ouvrage intitulé « Quel avenir


pour les ruraux ? »,31 jette un regard critique sur les réalisations secrétées par le
courant réformateur et leurs limites dans une société qui ne reconnait et ne
soutient que ce qui est rentable. Les propositions contenues dans cette étude sont
globales et sortent du corporatisme des notables. Il souligne que dans un procès
de développement, les paysans comme les commerçants et les artisans sont
incapables de s’en sortir seul. Pour lui, le développement doit être l’œuvre de
toute une population et de toutes les institutions qui l’organisent. A cet effet, il
plaide pour des projets mobilisateurs, qui font de tous les habitants d’un pays des
acteurs de leur développement.

Dans « Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du


changement social »,32 Jean-Pierre Olivier de Sardan aborde les processus et les
phénomènes sociaux associés à ce qu’il appelle, en référence aux pays du Sud,
développement, politiques de développement, opérations de développement,

30 P. HOUEE, op cit, pp. 7- 30.


31 P. HOUEE, Quel avenir pour les ruraux ?, Paris, , Eds. Economie et Humanisme & Les Editions Ouvrières,
1985.
32 J.P. OLIVIER DE SARDAN, Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social,

Paris, Karthala, 1995.


[10]

dispositifs de développement, et des projets de développement.33 Il considère le


développement comme « une forme particulière de changement social, qu’un
ensemble complexe d’intervenants (ONG, agences nationales ou internationales,
experts, coopérants, techniciens,…), cherche à impulser auprès de « groupes-
cibles » eux-mêmes divers et évoluant selon les dynamiques propres. A partir des
matériaux observés auprès des pays africains, Jean-Pierre Olivier de Sardan fait le
constat selon lequel : depuis 1960, année de leur indépendance, ces pays, après
plusieurs décennies de « développement», les résultats n’ont pas été à la hauteur
des espérances. En effet, en dépit des flux « d’aide » et de « projets » de tous
ordres, le mot développement a besoin lui-même d’approches fondées sur
l’analyse et le doute, soutient-t-il.

Répondant à la question de : « comment décrire et comprendre les


relations multiples qui existent entre les institutions de développement (publiques
ou privées) et les populations locales auxquelles elles s’adressent ? », Jean- Pierre
Olivier de Sardan condamne toute anthropologie au rabais, enfermée dans le
ghetto de l’expertise et de la consultance. Il propose, la socio-anthropologie du
développement. Celle-ci, pourrait améliorer la qualité des services que les
institutions de développement proposent aux populations, en permettant une
meilleure prise en compte des dynamiques locales. Il insiste, ici, sur la nécessité de
considérer à tout moment, les réactions et les attitudes des destinataires finaux et
des utilisateurs réels ou potentiels du développement face aux opérations de
développement mises sur pied à leur intention.

De son coté, Marc Dufumier, dans son ouvrage « Les projets de


développement agricole, manuel d’expertise »,34 reste très sévère vis-à-vis des
politiques des projets de développement appliquées dans les pays du Tiers-
Monde. Pour lui, les efforts déployés dans le cadre des projets de développement
ont été en vain, avec même parfois, des résultats négatifs sur la croissance
économique des pays et l’environnement écologique des populations. Il se
demande même si les Etats des pays du Sud devraient encore intervenir dans les
transformations de leur agriculture ou ils doivent abandonner les paysanneries
aux seules "lois" du marché ?

33J.P. OLIVIER DE SARDAN, op-cit, p. 5.


34M. DUFUMIER., Les projets de développement agricole, manuel d’expertise, Paris, Karthala & CTA, 1996, pp. 1-
360.
[11]

Force est de souligner que l’auteur retient de nombreux méfaits des


projets de développement agricole : équipements surdimensionnés, techniques
inappropriées, paysanneries démobilisées, désastres écologiques, etc. Il insiste sur
le fait que « le désengagement des Etats, consécutif aux programmes de "
stabilisation " et aux plans d'ajustement structurel prônés par les Institutions de
Bretton Woods a aussi des effets pervers : paupérisation des agriculteurs les plus
défavorisés, exode rural accéléré, chômage chronique, déséquilibres régionaux,
insécurité alimentaire, etc. Il poursuit en insistant sur le fait que les errements et
gaspillages trop souvent observés ne proviennent pas seulement de malversations
de telle ou telle classe au pouvoir. Ils résultent aussi fréquemment des
maladresses commises par de nombreux ingénieurs et économistes qui ignorent
les conditions de travail réelles des agriculteurs et méprisent leurs pratiques
techniques et sociales. Ainsi, Dufumier Marc nous intéresse, car, il propose la mise
en œuvre de nouvelles formes d'interventions plus respectueuses des intérêts et
des savoirs- faire paysans.

Poursuivons l’exploration de la littérature avec l’étude de Marielle


Berriet-Solliec et Aurélie Trouvé intitulée : « développement des territoires de projet :
quels enjeux pour les politiques rurales ? ».35 L’étude concerne la question de
renforcement des formes de territorialisation dans le domaine du développement
rural, en particulier, des territoires de projet, dont le programme européen (avec la
France en tête). Elle en propose une grille d’analyse des objectifs et des modalités
d’intervention, qui reposent sur les deux critères d’efficacité : économique et
d’équité. Elle croise une littérature théorique et empirique sur la territorialisation
des politiques et des travaux de recherche en cours sur l’analyse des politiques de
développement rural.36

L’étude démontre que ces territoires de projet apparaissent comme


des vecteurs de renouvellement de l’efficacité économique, mais également de
remise en cause de la fonction distributrice de l’Etat. Ainsi, ils considèrent que la
territorialisation est marquée par le renforcement des politiques dites « de
territoires projet ». En Europe, principalement, en France, depuis les années 80, ces
politiques permirent la modernisation des interventions publiques, en dépit des

35 MARIELLE BERRIET-SOLLIEC & AURELIE TROUVE, « Développement des territoires de projet : quels
enjeux pour les politiques rurales ? », dans INRA-AGROSUP du CESAER, 2012-2013. pp.1- 13.
36 Idem.
[12]

réticences de la part de certains acteurs institutionnels. Ainsi, l’analyse débouche


sur la nécessité de l’intervention publique en milieu rural. En effet, sur le plan
économique, l’intervention publique en faveur des espaces ruraux se justifie par
deux principaux arguments : - l’équité ou logique redistributrice, afin de répondre
à des inégalités sociales issues de la localisation rurale, puis, - l’efficacité
économique ou logique allocative, en ceci que la présence d’activités en milieu
rural devrait contribuer à l’amélioration de l’intérêt général défini par un
optimum social. Donc, il est utile que les autorités centrales, pour des raisons de
l’efficacité économique, favorisent la dispersion des activités, à partir d’un certain
niveau d’agglomération, concluent-ils.

Des Congolais (RD. Congo) se sont intéressés aussi à la problématique


de développement rural. Citons, entre autre, L., Lombeya Bosongo qui propose,
pour sa part, le développement rural par le moyen de l’ « … organisation
coopérative… ».37 Il soutient que, pendant les décennies du développement, les
méthodes basées sur l’industrialisation ont été appliquées surtout à partir des
centres urbains et leurs régions avoisinantes. Il note que ces « pôles de
développement » n’ont pas produit des effets de développement attendus. De
manière générale, le fossé entre les villes et campagnes ressemble à celui séparant
les pays industrialisés des pays non industrialisés : il s’élargit chaque jour
davantage. Alors qu’il y a progrès d’un côté, il y a recul de l’autre.38 Ainsi, sans
pour autant proposer d’abandonner l’industrialisation, il préconise de limiter son
rôle et son importance dans le chemin qui conduit au développement. Il pense
qu’il faut plutôt donner à la campagne un rôle plus grand dans les efforts de
développement, ensuite, augmenter dans la même mesure, sa part dans la
consommation de biens et services. Il doit être aménagé de manière telle qu’elle
retienne les ruraux sur place.

Toutefois, il y a lieu de soutenir que jusque là, l’expérience de


développement rural par les coopératives n’a pas aussi donné le résultat attendu
en RD. Congo. Notons que la coopération ne demeure pas un remède miracle.
Certes, comme toutes les idées, la coopération ne pourrait prendre corps que si les
règles qu’elle propose sont appliquées dans le respect de leurs exigences.

37 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et le développement rural, Kinshasa, PUZ, 1985, pp.7-158.
38 Idem.
[13]

Dans la recherche des voies de sortie de la pauvreté dans laquelle


étaient plongés les paysans zaïrois, aujourd’hui congolais, Muluma Munanga
Albert, écrivit : la « Politique agricole et le développement rural. Analyse sociologique du
développement de quelques expériences agricoles au Zaïre. Cas des institutions de
recherches et formation agricoles : INERA, IFA, ISEA et ISDR».39 Son étude s’inscrit
dans les domaines de sociologie rurale et du développement en ceci que, la crise
économique était surtout ressentie avec ampleur par les masses paysannes qui
vivaient et restent encore dans la misère la plus totale. Ne pouvant pas aborder
tous les aspects de ce secteur, elle s’est limitée à l’analyse de quelques institutions
de recherches et de formation agronomiques, dont : l’INERA, IFA, ISEA et ISDR),
qui devraient booster le développement rural à partir de l’agriculture.

Pour Muluma Munanga Albert, ces institutions devraient


logiquement, soutenir l’agriculture congolaise (zaïroise à l’époque) pour son
extension, en vue de propulser le développement national. Mais, sous le regard
systémique, l’étude révèle l’échec de ce secteur. Ceci serait la conséquence de
certaines contradictions dans l’ensemble des mesures prises par les instances du
Département de l’Agriculture et Développement rural dénommées « politique
agricole ». La conclusion est que, la non prise en charge financière de ces
institutions de recherches et de formation agronomiques par les pouvoirs
publiques a été à la base de leur inefficacité, au point qu’elles ne pouvaient pas
donner le résultat voulu.

Dans le même ordre d’idées, Augustin Mambulu Ndofula, dans


l’«Analyse critique des outils conceptuels du développement dans le milieu rural »,40
souligne que la République Démocratique du Congo est un vaste pays aux
potentialités naturelles diverses et immenses qui, malheureusement, contrastent
avec la misère dans laquelle croupit sa population. L’auteur révèle qu’après la
politique d’ajustement structurelle prônée par la Banque Mondiale et les Fonds
monétaires International dans les années 1980, 41 la RD. Congo ne connait toujours

39 A. MULUMA MUNANGA, Politique agricole et le développement rural. Analyse sociologique du développement


de quelques expériences agricoles au Zaïre. Cas des Institutions de Recherches et Formations agronomique : INERA,
IFA, ISEA, et ISDR, thèse de doctorat en Sciences Sociales, Faculté des Sciences Sociales, Politiques et
Economiques, Université Libre de Bruxelles, Novembre, 1987.
40 A. MAMBULU NDOFULA, « Analyse critique des outils conceptuels du développement dans le milieu

rural », dans Revue Psychologie et Société Nouvelle du CARAS, numéro spécial d’Octobre 2009, pp. 204- 219.
41 A ce sujet, lire utilement, KALELE KA- BILA, Le F.M.I. et la situation sociale au Zaïre. « Basusu na bisengo,

basusu na mawa », Lubumbashi, LABOSSA, 1984, pp. 3- 102.


[14]

pas une situation socio-économique reluisante. Plusieurs initiatives sont


envisagées, notamment par les ONG tant nationales qu’internationales dans
l’objectif de faire face à la pauvreté.

Bien sûr, l’auteur renchérit en soutenant que dans les milieux ruraux,
les effets des actions de développement telles que la sensibilisation, la
participation, la communauté de base, l’initiative de base, l’aide, l’information, la
formation, la vulgarisation, l’animation rurale, n’induisent aucun impact
positivement significatif sur la population cible. Bien au contraire, l’expérience sur
terrain présage que tout semble être orienté vers les intervenants extérieurs qui
empêchent le trois quart des financements destinés à ces milieux. Ainsi, cet
analyste des sociétés, plaide aussi pour l’organisation de ces milieux ruraux afin
de connaitre le processus du développement. La valorisation et l’appropriation de
l’ensemble de son patrimoine tant immatériel, matériel que naturel en constituent
un cheval de bataille, selon l’auteur, en vue de freiner l’exode rural qui demeure
un goulot d’étranglement du développement en province.

A. Kaba-kaba Mika, dans son étude intitulée : « les actions de


développement à la base et l’agression des milieux ruraux : cas du projet Ntsio
dans le plateau de Bateke »,42 analyse l’impact des projets de développement en
RD. Congo. Sous l’angle sociologique, cet analyste des sociétés jette un regard
critique sur les actions du développement à la base en rapport avec le projet
« Ntsio » dans le plateau de Bateke. Ainsi, il arrive à la conclusion selon laquelle,
les initiatives gouvernementales et privées sont qualifiées d’agression par les
peuples autochtones.

En effet, la sociologie comparée nous présente des analystes, qui, pour


leur part, ont consacré leurs réflexions sur le développement des milieux ruraux
des certaines nations et/ou certaines régions particulières et de manière spécifique.
Nous retenons par exemple, l’étude de Claude Élisma et André Joyal, intitulée :
« Le défi de développement rural en Haïti : études de cas»..43 La présente étude, se veut
l’évaluation des interventions des partenaires aux efforts de développement rural
et prend en compte, un cas particulier de la population rurale. Concrètement, la

42 A. KABA-KABA MIKA, « Les actions de développement à la base et l’agression des milieux ruraux : cas
du projet Ntsio dans le plateau de Bateke », dans Revue RASSH du CERDAS, Vol. VI, 2014, pp. 29- 32.
43 C. ÉLISMA & A. JOYAL, « Le défi de développement rural en Haïti : études de cas », Centre de recherche en

développement territorial, Université du Québec, 2013.


[15]

recherche visait à explorer les capacités de développement local (rural) existant


dans certains milieux ruraux haïtiens afin d’identifier le potentiel et le rôle que
peut y jouer l’entrepreneuriat à travers des micros, petites et moyennes entreprises
(MPME), ainsi que des entreprises collectives d’économie sociale issues du milieu.

L’étude informe que deux tiers environ de la population d’Haïti


vivent en milieu rural, c’est-à-dire, dans des sections communales,44 et, que 60%
de la population dépend de l’agriculture de subsistance. Néanmoins, le secteur
décline en raison des infrastructures négligées, de la faiblesse de la recherche et du
développement, de l’accès limité au financement, du sous-investissement en
capital humain, de la croissance démographique, renchérissent les auteurs. Raison
pour laquelle, il a fallu voir comment des programmes efficaces
d’accompagnement de ces collectivités rurales permettraient un apprentissage
entrepreneurial dans le cadre d’une stratégie de développement local. Cela
importe, car, le défi consistait à amener les ménages ruraux qui, dans leur grande
majorité, conservaient encore des traditions ancestrales d’organisation du travail,
vers des comportements et des savoir-faire nouveaux.45

L’étude de Claude Élisma et André Joyal a pu attester que le


développement se veut une démarche de long terme et qu'il fallait activer la
population pour créer et gérer des entreprises, des organisations et des projets
locaux, en leur facilitant l’accès aux différents capitaux : humain, social, physique
et financier, etc. Ainsi donc, à l’instar de ce qui se fait au Québec, les collectivités
rurales haïtiennes réclament à hauts cris l’implantation d’une politique rurale,
déclarent ces deux analystes des sociétés. Ils proposent, pour ce faire, des
dispositifs concertés d’accompagnement qui doivent être conçus et mis en place
par l’État central, les élus locaux, les agences de développement impliquées en
Haïti et les acteurs associatifs afin de faciliter le renforcement des capacités
nécessaires au développement local de ces communautés.

Notre revue de la littérature se poursuit avec « Les politiques de


développement rural en Tunisie : acquis et perspective »46de Mohamed Elloumi.
L’étude analyse les différentes formes prises par le développement rural en

44 C. ÉLISMA & A. JOYAL, op- cit, pp. 1- 17.


45 Idem.
46 MOHAMED ELLOUMI, « Les politiques de développement rural en Tunisie : acquis et perspectives »,

dans CHASSANY, J. P, CIHEAM, Option Méditerranéennes : Série A. N O 71, 2006, pp. 55- 65.
[16]

Tunisie, depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Elle rassure que les actions de
développement rural sont relativement anciennes en Tunisie. Celles-ci, ont pris la
forme d’actions ponctuelles sous le protectorat, de chantier de lutte contre le
chômage au début de l’Indépendance pour devenir de plus en plus une partie
intégrante de la politique de développement régional et local en articulation avec
la politique de développement.47 La dynamique de la transformation de l’espace
rural tunisien a suivi la trajectoire que voici : première forme correspond à une
politique de développement rural administré. Elle est caractérisée par une
approche descendante visant dans un premier temps à assurer un minimum de
revenus aux agriculteurs puis à développer les infrastructures et la recherche.
Certes à l’Indépendance, cette approche à perduré.

Mohamed Elloumi signale cependant que le retour de la Tunisie au


libéralisme en 1970 délaissera quelque peu le secteur agricole laissant les
disparités villes-campagnes et entre zones rurales proprement dites s’accroitre
malgré l’expérimentation de Plans de Développement Rural. Ensuite, sont venus
des Plans de Développement rural Intégrés de 1986 à 1992, au nombre de 190
verront le jour et tiendront compte de la complexité du développement, des
rapports entre l’armature urbaine et le monde rural et relativisent la place de
l’agriculture dans le développement des espaces ruraux. Ensuite, la même étude
stigmatise que l’adhésion de la Tunisie au GATT en 1990, les accords avec l’OMC
en 1994 et la création d’une Zone de Libre Echange avec l’UE en 1996 entérinent
l’entrée de la Tunisie dans un processus relatif d’ouverture aux marchés
mondiaux, introduisant davantage de concurrence entre les producteurs, de
l’accent portée sur l’amélioration de la compétitivité des produits et sur
l’environnement des producteurs, notamment pour le secteur des exportations. La
montée en puissance du secteur des produits manufacturés restreint encore plus
la place de l’agriculture dans le développement du pays. Les années 1990 de la
Tunisie verront également le cadre institutionnel se déconcentrer fortement, voire
s’enrichir de nouvelles formes (Groupement de Développement Agricole par
exemple), note Mohamed Elloumi.

Si la place de l’agriculture dans l’économie tunisienne a baissé, le


nombre d’exploitations a augmenté, la taille moyenne ayant baissé et la pression

47 MOHAMED ELLOUMI, op- cit, pp. 55- 65.


[17]

sur les ressources naturelles s’accroissant. Néanmoins, les infrastructures rurales


de base se sont notablement améliorées, l’exode rural s’est ralenti grâce à la
création d’emplois (bien que précaires), les conditions de vie également (accès à
l’eau potable, à l’électricité, routes de transports). Le taux de pauvreté est passé de
13% en 1980. 4,2% en 2000, même si le retard par rapport à la ville demeure quant
au niveau des revenus. Toutes ces évolutions ont été rendues possibles par une
forte densification du tissu institutionnel que ce soit dans les modes d’intervention
des pouvoirs publics ou dans les formes et modalités de concertation entre la
puissance publique et les porteurs de projets, introduisant un maillage
institutionnel très dense susceptible de préparer le monde rural à une démarche
plus territorialisée de son développement, impliquant davantage le monde
associatif et les différents partenaires de la société civile dont le renforcement reste
une priorité de l’action sur le terrain. Certes, en définitive, cette étude de
Mohamed Elloumi, nous fait retenir ce qui suit : la dynamique de la
transformation des milieux ruraux tunisiens est ancienne et même promotrice.
Mais la libéralisation de l’économie, doublée de la politique d’ouverture et
approfondie avec les accords d’association et de mise en place de zone de libre
échange avec l’UE, mettent le monde rural face à des nombreux défis. La perte de
protection du secteur agricole fragiliserait encore plus le monde rural.

En explorant la littérature sur notre objet d’étude, nous sommes


convaincu que certains analystes des sociétés, ont, dans leurs productions
scientifiques, réfléchi, particulièrement, sur « le rapport entre la femme et projets
de développement rural». Pour cette série d’analyses, nous faisons référence, de
manière indicative à l’étude de I. Droy. Il s’agit de son ouvrage intitulé : « Femmes
et projets de développement rural en Afrique sub-saharienne : essai d’analyse à partir
d’études de cas ».48 A travers cet ouvrage, l’auteur met en exergue l’apport non
négligeable de la femme dans l’atteinte des objectifs de développement. Il fait, en
outre, remarquer que, les résistances des femmes peuvent faire échouer les projets
qui contrecarrent leurs intérêts. A cet effet, Droy, I., plaide pour la prise en
compte du dynamisme et des intérêts des femmes. Certes, cela parait être un
vecteur essentiel pour la réussite des interventions.

48I. DROY, Femmes et projets de développement rural en Afrique sub-saharienne : essai d’analyse à partir d’études de
cas, Ed. IREP - développement, Université des Sciences Sociales, 1985.
[18]

Revenons en RD. Congo avec la contribution de Toengaho Lokundo


en rapport avec le développement rural au Zaïre, aujourd’hui, République
Démocratique du Congo. Ayant, pour sa part, en 1993 réfléchi sur le devenir
historique des populations rurales congolaises, autrefois zaïroises, cet analyste des
sociétés, dans son étude intitulée : « Pour une approche managériale dans la réalisation
des projets de développement communautaire au Zaïre »,49 avait, en ce temps là, fait
observer des problèmes liés à la gestion des projets de développement. Il avait fait
remarquer que cet outil de politique de développement rural, ne donnerait pas le
résultat escompté. Voilà pourquoi, il plaida pour « une approche managériale
dans la réalisation des projets de développement communautaire ».

Il nous importe de considérer aussi la contribution de Lubo Yambele.


Celui-ci, abordant pour sa part, la problématique de développement rural, a pris
un cas particulier d’un territoire rural congolais. Il s’agit ainsi du territoire de
Kabinda dans la province du Kasaï Oriental. Il en a présenté l’état des lieux de
l’intervention de la Coopération technique Belge. Son étude s’intitule :
« Mondialisation, politique de développement et perspectives de lutte contre la pauvreté en
milieu rural : regard sur l’intervention de la Coopération Technique Belge dans le
territoire de Kabinda ».50

La recherche de Lubo Yambele a été consacrée à l’analyse du


processus de la mondialisation en se posant principalement, la question de savoir
si cette dernière pouvait constituer une solution à la lutte contre la pauvreté dans
le milieu rural. L’étude fait le bilan de la coopération technique Belge à Kabinda et
remet en cause la fameuse théorie de l’aide comme panacée au développement
des pays sous-développés. En effet, son investigation s’est en outre, penchée sur
l’analyse critique des politiques de développement rural de la RD. Congo qu’elle
estimait être une alternative crédible au développement de la République, en
général, et de son milieu rural, dont le territoire de Kabinda, en particulier. Elle
dénonce toutes les stratégies impérialistes qui s’appuient sur des collabos locaux
recrutés au sein de l’élite intellectuelle pour justifier, démontrer, expliquer à l’aide
de graphiques, tableaux… le bien fondé de leur politique. Cette étude dénie à la

49 TOENGAHO LOKUNDO, « Pour une approche managériale dans la réalisation des projets de
développement communautaire au Zaïre », dans Zaïre-Afrique, n°272, 1993, pp. 97- 103.
50 D. LUBO YAMBELE NTAMBUE MPUNGWE K-L, Mondialisation, politique de développement et

perspectives de lutte contre la pauvreté en milieu rural : regard sur l’intervention de la coopération
technique Belge dans le territoire de Kabinda, (Thèse de doctorat en sociologie), UNIKIN, 2007- 2009.
[19]

mondialisation le pouvoir de développement des pays du tiers monde dont elle se


fait passer à l’aide des stratégies ad hoc pour maitresse.

Certes, nous sommes de son avis, lorsqu’il souligne que l’aide


international devrait tenir compte des aspirations de la population vers laquelle
elle est destinée. Surtout, encore lorsqu’il fait la plaidoirie pour des politiques de
développement rural bien conçues et planifiées par les pouvoirs publics, avec la
participation de tous les acteurs concernés par le développement de ces milieux
ruraux, tout en tenant compte de leurs cultures et de leurs besoins réels.

Nous cloturons la liste des congolais pour lesquels leurs productions


scientifiques ont été consultées par nous dans le cadre de cette étude par Rémy
Mbaya Mudimba. Cet analyste des sociétés avait déjà en 1989, écrit sur la CABEN.
Dans son article intitulé : « Les Bamanga face à l’introduction de la culture du
cacao dans leur agriculture »,51 l’auteur s’interesse au processus de l’introduction
de la culture de cacao dans l’agriculture paysanne des ruraux de la collectivité de
Bamanga par la Cacaoyère de Bengamisa (CABEN) en tenant compte des
conditions psychosociologiques, socio-économiques et agricoles. En effet, faisant
parler les paysans encadrés par la CABEN, l’étude (de Mbaya Mudimba, R.)
révèle que le processus de la conscientisation des Bamanga appliquée par la
CABEN s’accompagnait d’un certain autoritarisme caractérisé par le fait de ne pas
écouter le paysan pour entendre sa rationnalité.

Certes, cette étude souligne que la mise à la disposition des paysans


des outils agricoles par la CABEN et la régularité des contacts entre ces paysans et
encadreurs agricoles de la CABEN constituaient les avantages de l’encadrement
technique de ces paysans par la CABEN concernant la culture de cacao.
Cependant, de l’avis des paysans, cet encadrement comporterait quelques
incovénients. Il s’agit du caractère ardu des travaux d’ouverture des champs
destinés à la culture de cacao, la non incinération du sol et la non association du
cacaoyer avec les cultures vivrières. D’ailleurs, R. Mbaya Mudimba se demandait
si les actions culturales de la CABEN ne revêtaient pas une certaine tendance à
détuire l’agriculture vivrière chez les paysans Bamanga au profit de la culture de

51R. MBAYA MUDIMBA, « Les Bamanga face à l’introduction de la culture du cacao dans leur
agriculture » dans Cahier du Cride », Série n°1, Kisangani, 1989, pp. 39- 59.
[20]

cacao.52 Il finit en plaidant pour que les études futures répondent à la question de
savoir si le processus de commercialisation du cacao ne s’inscriverait pas dans la
logique d’exploitation de ces paysans. L’une des questions soulevées par nous
dans cette production sociologique.

Terminons ainsi par l’étude de Grigori Lazarev et Mouloud Arab,


intitulée : « Développement local et communautés rurales : approches et instrument pour
une dynamique de concertation».53 Ces deux analystes des sociétés pensent que « les
crises qui accompagnent l'ouverture de ce siècle rappellent que la mondialisation
ne peut se faire sans une préoccupation d'équité, et que les conflits et les
extrémismes ont des causes profondes dans le mal-développement. Certes, le
développement des pays pauvres redevient dans ce contexte un impératif
incontournable. Mais après tant d'échecs, quelles réponses nouvelles peut-on
apporter ? », se demandent-ils.

Ils révèlent que « le concept de développement durable a été mis en


avant comme la seule stratégie pour lutter contre la pauvreté, la malnutrition, la
dégradation de la biosphère. La prise en main de leur destin par les populations
pauvres du globe apparaît comme l'indispensable levier de cette nouvelle
dynamique. Mais où en est-on dans la pratique ? Comment engage-t-on un
processus de développement durable dans des milieux démunis, peu éduqués et
concernés par la seule préoccupation de leur survie ? Comment suscite-on la
participation et comment peut-on en faire le moteur d'une gestion efficace ? »,
s’interrogent- ils.

Force est de reconnaitre que cet ouvrage de Grigori Lazarev et


Mouloud Arab, fruit d'une recherche étalée sur plusieurs années dans divers pays,
apporte une contribution à ce questionnement. Il expose pour le public le plus
large des réflexions générales pour comprendre la problématique du
développement local. Il se veut aussi être un instrument de travail et un guide
méthodologique pour des décideurs, des praticiens, des enseignants, etc. En effet,
le souci est que les praticiens du développement qui se sont attachés à apporter
des réponses à ces interrogations sur le développement (rural), se retournent à la

52R. MBAYA MUDIMBA, op. cit, pp. 39- 59.


53 G. LAZAREV & M. ARAB, Développement local et communautés rurales : approches et instruments pour une
dynamique de concertation, Paris, Karthala, 2002.
[21]

base, en cherchant dans le développement local et dans la praxis démocratique


de la gestion les moyens d'une responsabilisation effective des populations.

En définitive, soulignons que les auteurs précités ont contribué,


chacun, à l’étude de développement rural comme préoccupation sociale majeure
et universelle, en tout temps, d’une part. La littérature sur les politiques publiques
en matière de développement de l’univers rural, et, particulièrement, celle
concernant l’animation et la gestion des différentes stratégies de transformation
du mode de vie des ruraux et/ou des paysans, ont été évoquées, de l’autre part. La
pratique des projets de développement, principalement, la politique des projets de
développement rural, a été analysée dans les circonstances de leur conception et
de leur exécution. Cet outil de transformation de l’espace rural, a été également
examiné dans ses modalités de financement par ces analystes des sociétés, voire,
dans son fonctionnement, doublé des recommandations pour l’avenir, etc.

L’apport de chacun de ces chercheurs évoqués, n’est pas négligeable,


lorsqu’il faut penser à l’émergence des sociétés nationales et au bien-être des
populations rurales. Cependant, les auteurs ci-haut cités, en dépit de l’apport
d’un chacun au débat sur la problématique de développement rural et des
politiques y afférentes, quoique relatif pour certains d’entre- eux, la clairvoyance
sociologique qui nous guide, nous permet de rappeler que, le point de vue d’un
chacun, comme, la théorie soutenue et/ou récusée par l’un ou l’autre analyste des
sociétés, le soutien à telle ou telle stratégie de développement rural, sont ainsi
redevables de la trajectoire socio-scientifique d’un chacun et de sa position
idéologico-politique au moment de ses recherches. Nous insistons sur la nécessité
de situer chacun d’entre- eux dans les contextes spatio-historiques qui lui soient
particuliers, en vue de la meilleure saisie de leurs thèses respectives.

La République Démocratique du Congo se veut dans son état actuel


un pays rural et agricole.54 C’est pourquoi, en ce qui nous concerne, nous nous
engageons à apporter une contribution à la critique de la logique d’action1 des
projets de développement rural en RD. Congo, considérés comme l’un des outils
de transformation de son espace rural. Nous voulons, à travers le projet CABEN,
vérifier la thèse selon laquelle : « la logique capitaliste qui accompagne les projets de
54Cfr. L’étude du Département de l’Agriculture et Développement rural, citée par NKWEMBE UNSITAL &
BOLIMA BOLITSI, « La dynamique de la ruralisation de la Ville de Kinshasa. Identification des facteurs et
perspectives », dans Revue RASSH, du CERDAS, Vol. IV, 2013, pp. 54- 55.
[22]

développement rural en RD. Congo, fait que tout projet ainsi financé, s’arrête avec le
tarissement du financement. Ainsi, la territorialisation des projets de développement rural
parrait être l’une des solutions »55 à cette réalité, et, elle constitue notre apport par
cette production sociologique.

5. DU CONTEXTE, DE L’INTERET ET DE LA JUSTIFICATION DE LA


RECHERCHE

5.1. Du contexte de la recherche

La République Démocratique du Congo avec une population estimée


à 70 millions d’habitants,56 a une superficie de 2345 000km.2 La grande partie de sa
population dépend principalement de l’agriculture et le pays connait plus de 60%
des forêts. Ceci fait d’elle, le deuxième massif de forêts tropicales au monde après
l’Amazonie.57

Avec une potentialité naturelle qui attire les convoitises, le pays est
traversé par le fleuve Congo. Alimenté par plusieurs affluents, il est le deuxième
de l’Afrique après le Nil du point de vue de longueur et deuxième du monde
encore du point de vue de son débit, après l’Amazone. Cependant, le pays connait
une «… pauvreté qui frappe plus de 80% de la population ».58 Celle- ci vient de
s’aggraver par la chute des prix des matières premières, alimentée par la crise
financière que connait le monde entier. Au moment de la rédaction de cette thèse,
le Congo connait, non seulement, une crise politique suite à la crise de légitimité
due à la fin de 2ème mandat du Président Kabila, mais, aussi et surtout, une crise
économico-financière aux conséquences multiformes.

Force est de souligner que la pratique des projets de développement


rural, prise pour l’une des stratégies de transformation de ce grand pays à la

55 W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural, logique capitaliste et la dynamique de la


pauvreté en République Démocratique du Congo. Plaidoyer pour la territorialisation des projets de
développement rural en RD. Congo », dans Cahiers Economiques et Sociaux de l’IRES, Vol. XXXIII, n°1,
PUK, décembre, 2017, pp. 97- 123.
56 A ce sujet, lire utilement, UNFP (2010), cité par M. NYANGE NDAMBO, Participation des communautés

locales et gestion durable de la forêt. Cas de la réserve de la biosphère de Luki en République Démocratique du Congo,
thèse de doctorat en Sciences Economiques. Université de Kinshasa et Université Laval, 2014, p. 8.
57 Idem.

58 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat et système socio- économique, cité par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de

réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la Communauté
Armée de l’Eternel à Kinshasa, déjà-cité, p. 14.
[23]

dimension d’un continent, entouré de 9 pays avec lesquels il partage les frontières,
fait l’objet de notre étude pendant que l’inconscience des congolais dénoncée par
M. Mutinga Mutuishayi dans son ouvrage : « RD. Congo, la République des
inconscients. Hier, la guerre des mines, aujourd’hui, la guerre du pétrole, demain, la
guerre de l’eau »59 ne cesse de d’aller crescendo. C’est en ce moment que la
République Démocratique du Congo va passer de 11 provinces à 26. Il devient
ainsi urgent, au groupe porteur congolais, en général, et aux gouvernants
congolais, en particulier, de penser et repenser des stratégies de développement
pour le bien- être des populations de toutes ces nouvelles provinces.

5. 2. De la justification de la recherche

Cette étude est motivée par notre vécu quotidien. En effet, en RD.
Congo, au même moment qu’il s’observe des crises multiformes, qui entretiennent
la pauvreté à travres le pays, il se remarque une inflation des projets de
développement rural. Celle-ci fait de la question des projets de développement
rural une préoccupation majeure pour tout observateur critique.

En République Démocratique du Congo, précisément, dans les


campagnes, il s’observe le recul de l’Etat en ce qui concerne la satisfaction des
besoins de base. Ceci fait que beaucoup de Congolais, en général, et de paysans,
en particulier, recherchent leur salut auprès des « développeurs-porteurs » de
développement, mais, sans solution satisfaisante jusque là. Avec l’insécurité et les
multiples guerres à répétition que la République connait, les campagnes
congolaises deviennent de plus en plus improductives et vides. La traditionnelle
dépendance alimentaire ville-campagne se trouve inversée. La campagne qui
alimentait les milieux urbains de ses multiples productions, commence à
dependre aussi des produits importés. Sa dépendance vis-à-vis des donateurs
extérieurs se trouve accrue. L’exode rural vient saper les avantages acquis par la
ville, aggraver la situation alimentaire des uns et des autres. La nécessité de
changer la vision et la méthode de développement dans l’utilisation des projets
par les politiques congolais pour les territoires ruraux se fait sentir.

59 M., MUTINGA MUTUISHAYI, R D Congo, la République des inconscients. Hier, la guerre des mines,
aujourd’hui, la guerre du pétrole, demain, la guerre de l’eau, Kinshasa, Ed. Le Potentiel, 2010.
[24]

En faisant nôtre, la conviction de V. Germain lorsqu’il soutient avec


E. Durkheim que « la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle ne peut
servir »,60 il nous a paru utile et urgent d’analyser l’opportunité de recourir encore
à la pratique des projets de développement rural à l’heure actuelle en RD. Congo.
C’est pourquoi, en ce qui concerne les populations rurales de la Province de la
Tshopo, nous nous sommes décidé, du point de vue sociologique, d’examiner, à
travers la Cacaoyère de Bengamisa, des enjeux qui militent pour la production
exponentielle de ces projets, sans que la transformation des milieux d’accueil
suive.

5.2. De l’intérêt de la recherche

La présente étude présente un double intérêt : pratique et scientifique.


Sur le plan pratique, notre étude est une interpellation lancée, à la population
congolaise, en général et aux gouvernants, particulièrement. Nous croyons, qu’en
joignant notre voix à d’autres qui l’ont déjà fait, d’une part, nous entendons faire
prendre conscience à la population congolaise, aux hommes politiques,
singulièrement, à la population rurale de la Tshopo, de l’importance à accorder à
la question des enjeux qui concourent à la production des projets de
développement rural et la logique d’action qui les guide.

Faire prendre conscience aux Congolais et/ou à la population rurale


congolaise, signifie, exactement, d’une part, provoquer leur mobilisation
consciente et résolue vers une saisie des enjeux accompagnant la politique de
sous-poudrage de ces projets qui entretient leur paupérisation. Force est de
soutenir que, c’est grâce à l’activité de la population rurale elle-même, de son
action enthousiaste et confiante pour l’accomplissement d’une quelconque
politique de développement, soutenues par des pouvoirs publics mus par l’esprit
prométhéen, que dépend le succès de toute stratégie de réduction de la pauvreté
dans leur quotidienneté à travers la République. Parailleurs, nous attirons
l’attention des « acteurs de développement » sur leur devoir de façonner le
Congolais de sorte qu’il soit lui même, acteur et artisan de son développement.
Nous faisons remarquer aux porteurs des projets de développement rural de tenir
compte de la question de l’intérêt du Congolais (paysan).

60 E. DURKHEIM, cité par V. GERMAIN, Eléments de science pénitentiaire, Cujas, 1959, p. 18.
[25]

L’étude est aussi, une interpellation pour les opérateurs politico-


étatiques, afin de les pousser à plus de responsabilité. En effet, il n’est un secret
pour personne que la domination capitalistique (la mondialisation, le stade
suprême de l’impérialisme), se sert aussi des projets de développement rural pour
l’expropriation des Congolais. C’est ainsi qu’une interpellation des pouvoirs
publics s’impose, particulièrement, pour qu’ils puissent, en toute responsabilité,
en assurer le suivi à travers toute la République. Il est, certes, urgent en matière
de politique de développement rural, de décourager toute pratique inhibitrice, qui
ne participe pas à l’émergence de la nation congolaise. L’on doit sans autre forme
de procès, avec « la territorialisation … » comme nouveau mode de gestion,
freiner l’élaboration de tout projet de développement rural qui ne met pas
l’homme congolais au centre de sa préoccupation.

Sur le plan scientifique, notre étude est une production sociologique


qui, à travers la Cacaoyère de Bengamisa, ressort la face réelle des contradictions
et des conflits d’intérêts inhérents à la pratique des projets de développement
rural. Par l’instrumentalisantion de cette « pratique », et, en se servant de la
faiblesse de l’Etat congolais, doublée de la misère de la population », les
« développeurs- porteurs de développement» s’octroient des prestiges de toutes
sortes. Ceci entretient généralement la dynamique de la pauvreté dans les
territoires ruraux congolais, donnant ainsi de la matière à réflexion aux
sociologues et à tous les autres analystes de développement rural.

Toutefois, nous soulignons que dans les deux cas, nous ne pensons
pas avoir épuisé la matière. Cependant, avec cette dissertation doctorale, tout en
appelant à la promotion de « la culture de cacao durable »,61 nous faisons écho des
dommages que la politique de saupoudrage des projets de développement rural
comporte du fait de leur financiarisation et nous proposons la territorialisation
des projets de développement rural. Raison est ainsi notre, d’affirmer que par
cette production sociologique, nous mettons à la disposition des hommes de
science, une contribution modeste, mais, malgré tout, utile dans la resolution des
problèmes des populations rurales, en rendant les projets de dévelopement rural

61Le vocable de « cacao durable » renvoie à l’ensemble de règles de production qui doit respecter trois
aspects essentiels : économique, social et environnemental. L’objectif visé est de mettre sur le marché un
produit de bonne qualité de facon durable, faisant l’objet de transactions transparantes et équilibrés, afin
d’améliorer les conditions de vie des producteurs, etc. A sujet, lire utilement, BCEAO, op- cit, p.10.
[26]

porteurs. Ensuite, par elle, nous jetons les bases d’ « une sociologie de l’économie
cacaoyère durable ».62

6. DES METHODES, DES TECHNIQUES UTILISEES, DU MODELE


THEORIQUE ET DES DIFFICULTES RENCONTREES

Nous devons, ici, préciser les méthodes, les techniques, l’approche et


la théorie, etc., utilisées dans le cadre de ce travail. Nous en donnons même des
raisons de leur choix, en soulevant les difficultés connues dans leur
opérationnalisation. Il nous revient, ici, la charge de préciser que nous allons
d’abord commencer par la méthode dialectique et l’analyse contrefactuelle qui
s’imposent à nous, puis, nous présenterons les techniques usitées, et la multi
angulation comme approche, ainsi que la théorie de matérialisme historique qui
sous-tend notre démarche, dans la suite.

6.1. Des méthodes utilisées63 : de la dialectique et de l’analyse


contrefactuelle

De prime abord, notons qu’au sens philosophique, la méthode est un


ensemble d’opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à
atteindre une fin, une découverte ou la preuve d’une vérité. Elle se présente ainsi
comme un ensemble des démarches et/ou des opérations que suit l’esprit pour
découvrir et démontrer la vérité dans le domaine scientifique.

Si Albert Muluma Munanga considère la méthode comme « un


chemin. « Meta » qui signifie vers, au-delà, après. C’est l’ensemble de règles ou
procédés pour atteindre dans les meilleures conditions (temps, argent, hommes…)
un objectif : vérité, expérience, vérification, apprentissage ».64 Tshungu Bamesa
recommande pour la méthode, la définition de Claude Javeau. Ainsi, pour celui-
ci, « la méthode est essentiellement une démarche intellectuelle qui vise, d’un
coté, à établir rigoureusement un objet de science (réalité sociale étudiée en
fonction d’un objectif déterminé) et de l’autre, à mener le raisonnement portant

62 Cela importe du fait que : « des sociologies spéciales naissent des nouvelles pratiques sociales, etc. »
63 LOUBET Del BAYLE, L’introduction aux méthodes des sciences sociales, Primat, Toulouse, 1989, p. 214.
64 A. MULUMA MUNANGA, G. TIZI, Le guide du chercheur en sciences sociales et humaines, Kinshasa, Ed.

SOGEDES- 2003, pp. 37- 38.


[27]

sur cet objet de la manière la plus rigoureuse possible ».65 Pour M. Grawitz, le
concept de méthode renvoie à « un ensemble d’opérations intellectuelles par
lequel une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre
et les vérifie».66

Il y a encore lieu de considérer le point de vue de S. Shomba


Kinyamba et F. Esiso Asia – Amani. Si, le premier définit la méthode comme « une
voie particulière en vue d’éclairer l’itinéraire de la réflexion permettant de saisir
et de démontrer le soubassement du phénomène sous examen »,67 le second
trouve dans la méthode : « une démarche intellectuelle exigée par le schéma
théorique appropriée à elle en vue d’expliquer une série de phénomènes
observés ».68

De notre part, nous définissons la méthode avec Régis Jolivet


comme « l’ordre qu’il faut imposer aux différentes démarches nécessaires pour
arriver à une fin donnée ».69 Pour ce qui est du travail scientifique, la méthode est
l’ordre ou la voie que nous imposons aux démarches intellectuelles pour arriver à
la saisie de l’objet d’étude. La méthode consiste en une tentative d’explication; elle
est rattachée à la théorie appliquée à la réalité, liée à un domaine particulier, à la
manière de procéder propre à ce domaine.

Pour les analystes des sociétés, en général, et aux sociologues, en


particulier, il s’agit de retenir « qu’il n’existe pas, même à l’égard d’un objet
spécifique comme la ville, une méthode universelle applicable en tous temps et en
tous lieux (…). « Chaque objet de connaissance informe et conditionne la méthode
tant il est vrai que la méthode se transforme et s’ajuste constamment au cours
même de son application».70 Guy Rocher reste formel : « le sociologue, dit-il, doit

65 CLAUDE JAVEAU, cité par TSHUNGU BAMESA, Du travail scientifique à l’Université. Initiation à
l’élaboration du travail scientifique, Lubumbashi, République du Zaïre, Ed. Africa, 1988, p.13.
66 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1970, p. 20.

67 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2013, p.

28.
68 F. ESISO ASIA – AMANI, Manuel de méthodologie en sciences sociales, UNIKIS, RD. Congo, Ed. de l’IRKA,

PUK, p. 80.
69 REGIS JOLIVET, cité par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale

en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la Communauté Armée de l’Eternel à Kinshasa, Mémoire de
D.E.S, déjà-cité, p. 17.
70 B. VERHAEGEN et alii, Kisangani : 1876- 1976, Histoire d’une ville. La population, Kisangani, PUK, 1976,

pp. 21- 22.


[28]

être profondément convaincu qu’il existe, pour chaque situation concrète, des
facteurs dominants d’explication, mais il doit être également convaincu qu’il
n’existe pas, dans l’absolu, de modèle général de causalité toujours uniformément
applicable ».71

Il sied de retenir que « le choix des méthodes et des techniques de


collecte des données est fonction de l’orientation du travail, de l’étendue et de
l’ampleur de l’investigation, ainsi que, dans une certaine mesure, des préférences
du chercheur ».72 De ce qui précède, il y a lieu de noter que l’objet de notre étude
nous oblige de faire recours à la méthode dialectique et à l’analyse contrefactuelle,
tout au long de notre démarche.

Concernant la méthode dialectique, nous rappelons qu’elle se justifie


par la nature de l’objet de notre étude. Celui-ci, contient des contradictions et se
trouve au centre d’une totalité toujours dynamique. La pensée capitaliste véhicule
des principes et impose des pratiques, parfois, contraires à la vision républicaine
de la gestion de la chose publique : la « recherche de l’intérêt à tout prix »,73 ne
s’accommodera jamais avec le principe de la justice redistributrice, socle de la
solidarité nationale.

En RD. Congo, en général, et, dans ses différentes provinces, en


particulier, la production exponentielle des projets de développement rural rime
avec des inégalités sociales. Il s’observe un hiatus entre la multiplication de ces
projets et la misère de la population. La fossé entre la vie des « développeurs-
porteurs » des projets de développement rural et les populations rurales
congolaises ne cesse d’aller crescendo. Les projets ne semblent pas améliorer la
vie des populations cibles. La pratique des projets de développement rural et la
pauvreté, ainsi que les frustrations des populations (rurales) coexistent en
République Démocratique du Congo. Cela se passe « sous le regard tantôt
complice, tantôt impuissant des gouvernants, souvent désavoués eux-mêmes par
les populations qu’ils gouvernent, à cause de l’inadéquation entre les potentialités
du pays, leur gouvernance, c’est-à- dire, leurs visions et politiques, et l’état général

71 G. ROCHER, Introduction à la sociologie générale. Organisation sociale, Tome III, Paris, Ed. HMH, 1968, p.
179.
72 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie de la recherche scientifique, Kinshasa, RD. Congo, MES, 2008, p. 56.

73 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, ouvrage déjà cité, pp. 110- 111.
[29]

de la vie des Congolais. Pourtant, la somme des atouts de cette République aurait
fait d’elle un modèle d’émergence en Afrique et dans le monde ».74

Soulignons, en outre, que la dialectique s’impose à nous comme


méthode dans le cadre de cette recherche en ce qu’elle « a la prétention de
récapituler, intégrer et rendre plus pertinentes les méthodes explicatives… : le
fonctionnalisme en ce qu’il extrapole à partir de la fonction, le structuralisme en
ceci qu’il s’efforce de rendre le sens des choses à partir de leur mode
d’agencement interne, et la systémique en tant qu’elle explique l’équilibre et la
continuité des systèmes. Elle se donne également la mission d’aller au-delà : celle
d’expliquer et d’anticiper les mutations affectant les choses, et celle de transformer
efficacement la réalité ainsi connue dans l’intérêt d’un plus grand nombre »75.

Certes, il y a lieu, de noter en ce qui concerne la méthode dialectique


qu’elle « est d’abord associée au concept de la totalité en niant l’isolement entre les
ensembles et leurs parties et en soulignant que la réalité sociale est faite de
l’ensemble des interactions entre ses différents éléments. Elle tend, ensuite, à
privilégier la recherche des contradictions au sein de cette réalité, en mettant en
relief, derrière l’apparente l’unité du réel, des tensions, des oppositions, des
conflits, des luttes, des contraires et des contradictions ».76 En effet, cette méthode
fait partie du paradigme critique, elle appartient au courant du matérialisme
historique et prend très souvent à contre pied les méthodes issues du paradigme
positiviste et fonctionnaliste, en ce qu’elle prêche le chamboulement de l’ordre
existant, le dépassement de l’Etat, la dictature de prolétariat, etc. 77 Pour Esiso
Asia – Amani F., encore, la méthode dialectique recherche les contradictions
inhérentes à tout système social. Elle donne la capacité de compréhension
démystificatrice des phénomènes sociaux.78 Alors que Kabeya Tshikuku, pour sa
part, voit dans la méthode dialectique « l’art de la rhétorique dont la particularité
est de démontrer, prouver, convaincre et obtenir l’adhésion en recouvrant à des
arguments contradictoires ».79

74 J. G., BAENDE EKUNGOLA, Mutations de l’Etat et enjeux de la reconstruction nationale en RDC : quête
citoyenne d’une gouvernance de développement, Thèse de doctorat en SPA, UNIKIN, 2O11-2012, p II.
75 G. KUYUNSA BIDUM & S. SHOMBA KINYAMBA op-cit, pp. 123- 126

76 Idem.

77 K. MARX, cité par MBELA HIZA & LAMES MPONG, op-cit, pp. 83- 86.

78 F. ESISO ASIA – AMANI, op-cit, pp. 45- 152.

79 KABEYA TSHIKUKU, op- cit, p. 255.


[30]

A nous de retenir en définitive, le point de vue de S. Shomba


Kinyamba sur la dialectique. Certes, celui-ci, évoque à son tour Karl Marx et F.
Engels auxquels certains auteurs associent la méthode dialectique. Pour lui, « la
dialectique consiste à analyser les tensions et les contradictions de l’homme. Son
accent est mis sur la menace permanente et de vulnérabilité inévitable de tout
système social, … ».80 Mais, l’on n’est pas là sans savoir que la dialectique procède
par des postulats. Ainsi, devons-nous à la suite de Muluma Munanga affirmer que
ces postulats de départ de la méthode dialectique sont « coulés sous forme des
lois »81 et elles se résument en quatre. Il s’agit de :

 la loi de la connexion universelle des faits ou la loi de l’unité des contraires

Cette loi peut s’interpréter comme suit : tout est en corrélation et en


interaction. Le monde matériel forme un tout unique et cohérent, et que ces
éléments n’évoluent pas isolement, ils sont en relation et en interdépendance. Il est
donc utile, de retenir que les phénomènes sociaux étant connexes, ils ne peuvent
pas être isolés. A cet effet, les marxistes de nos jours pensent qu’une des tâches
importantes de la dialectique est l’étude du monde en tant qu’un tout unique et
cohérent et de l’analyse des connexions générales des faits en application de cette
loi.

 la loi de contradiction ou de lutte des contraires

Les contraires sont des aspects internes, tendances de force de l’objet


qui s’excluent en même temps s’impliquent l’un et l’autre, l’interconnexion
indissoluble de ses aspects constitue l’unité des contraires. Ainsi, la didactique
marxiste considère que la lutte des contraires est le moteur de tout changement,
car la loi de l’unité et de lutte des contraires révèle les origines et les forces
motrices de l’évolution. Il faut considérer que la société ne constitue guère un
consensus.

 la loi du changement dialectique ou la négation de la négation

Elle pose le principe du changement de tout ce qui existe. Marx


considère que tous est en mouvement et tout est en devenir, en changement et en
transformation. La nature est en état de mouvement perpétuel, de changement et

80 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, déjà- cité, p. 130.


81 A. MULUMA MUNANGA, G. TIZI, op- cit, pp. 103-104.
[31]

de renouvellement. Donc, par cette loi, il faut comprendre le fait que, la société
recherche toujours à dépasser les situations présentes, actuelles, pour des
nouvelles.

 la loi du changement de la quantité en qualité ou la loi du progrès par bond

La dialectique prévoit les transformations du changement par


accumulation quantitative ou qualitative. Autrement dit : « tant dans la nature
que dans la société, d’une manière générale et dans chaque cas concret, les
changements qualitatifs ne peuvent se produire qu’à travers les changements
quantitatifs, par addition ou soustraction ».82Elle est cette méthode qui « permet
de découvrir le lieu d’origine et du développement des contradictions ainsi que la
manière dont les individus ou groupes tentent de les surmonter».83 Cependant,
dans le cadre de ce travail, cette méthode nous permet de dégager des différentes
contradictions et des conflits possibles en matière des projets de développement
rural en RD. Congo. Par l’expérience de la CABEN, la dialectique nous révèle la
trame cachée des problèmes liés au financement et à la gestion des projets de
développement rural par l’Etat congolais. Ensuite, elle nous fait découvrir les
enjeux contradictoires et conflictuels, entre les acteurs impliqués (pouvoirs
publiques, ONG, agences nationales ou internationales, experts, coopérants,
techniciens,…), ainsi que, des tensions nées des intérêts opposés au sein des
populations rurales des territoires sous étude, en crise.

Dans le cas de la CABEN, par la dialectique, nous mettons à nu, des


antagonismes, entre d’une part, les acteurs politico-étatiques et les bailleurs de
fonds, les acteurs politico-étatiques entre- eux (membres des différents
gouvernements et des gestionnaires du projet), mais aussi, des contradictions
entre les communautés rurales et les bailleurs de fonds, et, même, entre des
communautés rurales de la Tshopo (les paysans planteurs de cacao, les ouvriers
de la CADEN) et les gouvernants (qui se font passer pour la classe de la
bourgeoisie compradore), etc., de l’autre part. Voire encore, des conflits entre des
paysans répartis en diverses structures impliquées dans la production de cacao
dans le site de la plantation de la CADEN (Bloc Industriel et Bloc Familial par

82 R. L., ALDANA, La dialectique du sous-développement, Paris, Anthropos, 1972, pp. 24- 27.
83 A. MULUMA MUNANGA, G. TIZI, op- cit, pp. 103-105.
[32]

exemple).84 Ici se concrétise la loi dialectique de contradiction ou de la lutte des


contraires, ci-haut énoncée.

Il s’observe que la présence de ce projet de développement rural dans


cet espace rural congolais, nous met, dialectiquement, en face de deux camps en
lutte, pour ne pas parler des « classes sociales »,85 selon les termes de Karl Marx. Il
s’agit, d’une part: de [camp des bailleurs de fonds et alliés, (porteurs de développement)],
et le [camp de la population locale et alliés], de l’autre, etc., avec des intérêts opposés.

En ce qui concerne l’analyse contrefactuelle, nous précisons avec


Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou, qu’il s’agit d’une démarche qui
pousse à : « se demander ce qui aurait pu être si … ».86 Elle, généralement, soulève
la problématique de l’effectuation d’un possible parmi plusieurs possibles, en
répondant à cette question fondamentale : « que se passerait-il passé si…», ou «
qu’est-ce qui aurait pu arriver… ». Par l’analyse contrefactuelle, le chercheur est
appelé à « se poser la question de ce qui aurait pu advenir ».87

Dans le cadre de cette étude, l’analyse contrefactuelle nous permet de


dégager la production de la Cacaoyère de Bengamisa et ses apports possibles, etc.,
par rapport à sa capacité installée, et, d’en faire des projections. Nous nous
plançons, ainsi, sous le modèle formulé par Max Weber, un usage hypothético-
déductif de cette démarche. Celui-ci propose que : « la réalité sociale, prise dans
toute sa complexité, fasse l’objet d’un travail de sélection, d’abstraction et de
modélisation de la part du chercheur. L’élimination d’hypothèses alternatives est
alors l’un des outils mis en œuvres dans cette opération, que ce soit au moment de
la comparaison, pour la validation des hypothèses ou l’examen des écarts et de la
généralisation.88 Par l’analyse contrefactuelle, nous comparerons le patrimoine
actuel du projet sous-étude, son fonctionnement, sa production, sa capacité de
prise en charges de ses agents, ses recettes réalisées et des transformations

84 Données de nos enquêtes à Bengamisa et environs.


85 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, 100 fiches pour comprendre la sociologie, 4ème Bréal, France,
2011, p. 26.
85 C. KABUYA-LUMUNA SANDO, Manuel de sociologie politique, Kinshasa, Ed. P. U. P, 2011, pp. 28- 29.

86 Lire utilement, à ce sujet, QUENTIN DELUERMOZ & PIERRE SINGARAVELOU, « Explorer le champ

des possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus en histoire », dans Revue de l’Histoire
Moderne et Contemporaine, Vol. 59-3, n° 3, 2012, pp.70-95.
87 QUENTIN DELUERMOZ & PIERRE SINGARAVELOU, op- cit, pp. 8- 13.

88 Idem, pp. 14-15.


[33]

apportées dans son milieu d’implantation, etc., par rapport à sa capacité installée
en vue de proposer des solutions adéquate.

6.2. Des techniques utilisées et de la triangulation

a) Des techniques utilisées

Point n’est besoin de rappeler que, dans une recherche scientifique,89


« la technique est un outil qui permet au chercheur de récolter et, dans une
certaine mesure, de traiter les informations nécessaires à l’élaboration d’un travail
scientifique».90 Cependant, il est aussi utile de reconnaitre que « les résultats d’une
recherche valent ce que valent les moyens qui ont présidé à leur obtention ».91 En
effet, pour la récolte des données92 relatives à notre étude, tout en nous accrochant
au caractère complémentaire des techniques de recherche, pour ne pas rappeler
les avantages de « la triangulation »,93 nous avons fait recours aux techniques94
suivantes :

 la technique documentaire95: nous avons consulté plusieurs travaux


scientifiques en rapport avec les projets de développement rural pour nous rendre
compte de l’état de la question en la matière, et pour soutenir notre argumentaire.
Citons également des documents de la création et de fonctionnement, et des
rapports de gestion sur le projet sous étude, des P.V. de certaines de ses réunions y
compris. Grâce à la documentation en rapport avec notre objet d’étude en notre
possession, dont quelques unes sont évoquées dans la revue de la littérature et la
bibliographie, une ligne de démarcation est tracée entre nous et les autres analystes
des sociétés ayant écrit sur le thème que nous exploitons.

89 M. DUCHAMP, B. BOUQUET & H. DROUARD, La recherche en travail social, Paris, Ed. de Centurion,
1989, pp. 5- 169.
90 TSHUNGU BAMESA, op- cit, p. 14.

91 S. SHOMBA KINYAMBA, Thèses de doctorat. Essence, impératifs, typologie et apport, ICREDES, Bruxelles,

1914, p. 83.
92 MULUMBATI NGASHA, Manuel de sociologie générale, Ed. Africa- Lubumbashi, 1980, p. 20.

93 G. WETSHODIMA YOLE YALONGA «La triangulation dans le processus de la recherche de la

conception à la réalisation une étude», dans MES, N0 79, du Juillet-Août, Kinshasa, RD. Congo, 2013, pp. 12-
14.
94 G. KUYUNSA BIDUM & S. SHOMBA KINYAMBA, op-cit, pp. 57- 85. A ce sujet, lire également, MBAYA

MUDIMBA, Cours des recherches, enquêtes sur terrain, la collecte des données, les travaux pratiques, Séminaire de
Méthode quantitative et qualitative, Département de Sociologie, UNIKIN, 2011, (inédit).
95 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, déjà- cité, pp. 70- 75.
[34]

 Le focus group96 : la préoccupation majeure de cette recherche a consisté à


obtenir l’opinion des populations rurales congolaises sur l’apport des projets de
développement rural dans leur quotidienneté. A cet effet, dans le cadre de cette
étude, nous avons pris en compte la CABEN. C’est la raison pour laquelle nous
devrions nous entretenir avec la population auprès de laquelle le dit projet
demeure implanté dans la Tshopo. Certes, si le Comité de Gestion et l’ensemble de
l’administration se trouvent installés à Kisangani (Avenue Mont Kitenge, Clinique
Vétérinaire, Commune de Makiso), le site de la plantation de la CABEN est plutôt
installé à 36 Km de la ville.97 Notons que dans son organisation pour la production,
le projet connait deux structures : le Bloc Industriel (B.I), constitué des travailleurs
salariés et le Bloc Familial (BF), regroupant tous les paysans encadrés par la
CABEN pour la culture et la production de cacao.98

En effet, plus ou moins dix groupes organisés de 10 à 15 personnes


chacun, ont été abordés par nous pour le besoin de la cause. Avec un protocole
d’enquête (en annexe) qui nous guidait, nous avons eu des séances d’échange
d’idées autour de ce projet sous étude, avec deux groupes d’agents à Kisangani,
deux groupes encore dans le site des plantations et les six autres groupes ont
concerné les planteurs familiaux ciblés, dans les villages des alentour (Kapalata,
Yangambi, Yuma, Bandambila, etc.). Avec l’interaction de la dynamique de ces
petits groupes constitués, nous avons eu le point de vue de cette population sur
l’action de projet CABEN, en particulier, sans oublier d’autres projets de
développement rural, sur son avenir historique, en général99.

 le questionnaire100: un ensemble des questions bien structuré a été soumis aux


agents effectifs de la CABEN retrouvés, à Kinshasa (la Représentation), à Kisangani
(la Direction générale), ainsi que dans le site de la plantation et son Hinterland
(Kapalata, Yangambi, Yuma, Bandambila et Banalia, etc.). Les paysans planteurs
indépendants, la population rurale de l’ « espace Bengamisa » autres que les
planteurs indépendants et quelques personnalités, prises pour « personnes
ressources », devaient aussi répondre. Nous avons été assisté à cet effet par deux

96 S. SHOMBA KINYAMBA, op-cit, pp. 70- 73.


97 Les données de l’enquête dans le site de CABEN pendant nos enquêtes de terrain.
98 Idem.

99 Lesquelles séances d’échange d’idées autour de projet sous étude faisaient l’objet de l’enregistrement à

l’aide de notre tablette, et ces données sont exploitées pour soutenir nos propos.
100 S. SHOMBA KINYAMBA, op-cit, pp. 70- 75.
[35]

chercheurs installés à Kisangani, préparés pour le besoin de la cause. Les détails sur
l’usage du questionnaire et du focus group comme outils dans la collecte des
données sur le projet sous-étude sont présentés dans la deuxième partie de cette
dissertation.

 L’observation participante : selon A. Muluma Munanga, « l’observation est la


première étape de la decouverte du social ».101 Dans le cadre de cette étude, par
rapport à l’observation participante, comme originaire de la Tshopo, précisement,
du territoire de Yahuma, aussi, de l’ « espace Bengamisa », nous avons saisi le vécu
et les règles internes du milieu. Ayant évolué dans l’espace sous-étude, et surtout,
avec des parents engagés dans le projet CABEN, ainsi que nos multiples voyages
dans l’ancienne Province Orientale, particulièrement dans l’ancien District de
laTshopo, (aujourd’hui devenue Province), etc, nous permirent de vivre et de
participer aux activités que nous observions. Dans le cadre toujours de
l’observation, la visite guidée du site de la plantation et du siège de
l’Administration de la CABEN et ses autres installations, peut être aussi signalée.
Celle- ci nous a permis de vivre les réalités vécues dans les installations de la
Cacaoyère de Bengamisa, le projet que nous sommes entrain de décrire.

b) De la triangulation102

Signalons que, si le recours à la méthode dialectique et de l’analyse


contrefactuelle, soutenue par la théorie du matérialisme103 historique104 nous a
permis d’explorer notre objet d’étude, il est aussi vrai que, c’est la triangulation105
des méthodes qui guide notre démarche méthodologique. En effet, dans le souci
d’un tri judicieux des postulats qui s’inscrivent dans le fil conducteur de l’étude,
les analystes sociaux se cantonnaient dans le choix méthodologique monolithique.
Mais « considérant les subtilités de l’être humain et la complexité des faits sociaux,

101 A. MULUMA MUNANGA, Le guide de la recherche scientifique. Théorie et pratiques, Kinshasa, Ed.
SOCESES, 2017, p. 119.
102 A. MULUMA MUNANGA, op- cit, p. 185.

103 C. KABUYA-LUMUNA SANDO, Manuel de sociologie politique, Kinshasa- RD. Congo, Ed. P.U.K, 2O11,
pp. 60- 64.
104 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op cit, pp. 26- 29.

105 G. WETSHODIMA YOLE YALONGA, op- cit, pp5-16.


[36]

le choix inclusif des méthodes s’est avéré indispensable pour une analyse
efficiente. C’est ici que se situe le socle de la triangulation». 106

G. Shimba Banza note que : « la complexité de l’objet de la sociologie


ainsi que son double aspect subjectif et objectif, imposent un pluralisme
méthodologique et le recours à plusieurs techniques… ».107 De son coté, N. K.
Denzin présente la triangulation comme « l’emploi d’une combinaison des
méthodes et des perspectives permettant de tirer des conclusions valables à
propos d’un même phénomène».108 De ce fait, « la triangu lation est
essentiellement le point d’articulation des composantes qui fournissent des
nouvelles connaissances relatives à un phénomène ».109 Mais, en ce qui nous
concerne, nous devons recourir plutôt à la définition de S. Shomba Kinyamba, qui
trouve dans la triangulation : « une interactivité raisonnée des méthodes dont
l’exploitation est jugée capable de conduire à une meilleure connaissance du
phénomène sous-examen. Son bon usage compense les limites de l’une et de
l’autre méthodes utilisables dans les recherches en sciences sociales». 110

En définitive, dans le cadre de cette recherche, soulignons que la


triangulation se justifie, en ceci que, face à la complexité des faits sociaux, face à la
pluralité d’acteurs et des facteurs ayant concouru à l’effectuation du projet
agricole CABEN, qui intéresse cette étude, nous avons ainsi fait recours à
plusieures techniques. Telle est aussi la nécessité pour nous de recourir à certains
concepts ayant trait à l’éclairage du constructivisme de Pierre Bourdieu111 pour
accompagner la théorie du matérialisme historique et la méthode dialectique, ainsi
que l’analyse contrefactuelle, ci-haut évoquées. Nous devons, par cette
combinaison des méthodes (dialectique, principalement, combinée avec l’analyse
contrefactuelle et des techniques (documentaire, questionnaire, focus group, etc.),
corriger les faiblesses des unes par les avantages des autres.

Voilà pourquoi Georges Wetshodima Yole Yalonga écrit ce qui suit


: « dans toute recherche scientifique, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation,

106 S. SHOMBA KINYAMBA, op- cit, pp. 133- 134.


107 G. SHIMBA BANZA, Comment mener les enquêtes en sciences sociales ? Théories, modèles et exercices,
Kinshasa, RDC, Eds. MEDIASPAUL, 2011, p. 18.
108 N. K. DENZIN, cité par G. WETSHODIMA YOLE YALONGA, op- cit, p. 6.

109 Idem.

110 S. SHOMBA KINYAMBA, op- cit, pp. 134- 135.

111 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op cit, pp. 62- 63.
[37]

diverses stratégies sont mises au service du chercheur en vue d’accroitre la


fiabilité des données recueillies et la valeur des résultats escomptés. Parmi les
stratégies connues au service des chercheurs, il y a lieu de citer la triangulation.
Celle-ci prône le recours constant à la combinaison de différentes méthodes et
techniques de recherche dans l’accomplissement d’une recherche menée autour
d’un thème spécifique…»,112 surtout que, le terrain informe les méthodes et
impose même des techniques non prévues au chercheur. En definitive, retenons
avec A. Muluma Munanga que la triangulation consiste à « l’utilisation conjointe
et comparative de plusieurs méthodes.113 Il évoque même Hlady-Rispal qui parle
de « multi-angulation dans une acceptation plus large (plusieurs matériaux,
plusieurs approches).114

6.3. De la théorie du matérialisme historique et son application à cette


recherche

Toute thèse devrait être accompagnée par une théorie qui la tracte.
Néanmoins, la théorie est comprise, ici, comme un « courant d’idées dans lequel
se baigne le chercheur. Elle sert d’appui aux méthodes en vue d’atteindre
l’explication. »115 Si l’analyse de notre objet d’étude est facilitée par la méthode
dialectique et l’analyse contrefactuelle, rappelons que celles-ci sont soutenues par
le matérialisme historique, appuyée par la triangulation comme approches.

En effet, dans sa onzième thèse sur Feuerbach, K. Marx soutient que :


« le matérialisme historique est une nouvelle théorie, une théorie scientifique de
l’histoire de la même manière que la théorie scientifique de Galilée qui avait fondé
un champ scientifique nouveau : la science physique. Dans cette thèse sur
Feuerbach, Marx crée la rupture avec les anciennes théories philosophiques sur
l’homme, sur la société et son histoire qui se limitaient à contempler et interpréter
le monde, mais, incapables de le transformer, faute de connaître les mécanismes
de fonctionnement des sociétés ».116

112 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op cit, pp. 62- 63.
113 A. MULUMA MUNANGA, op- cit, p. 18
114 Idem.

115 F. ESISO ASIA – AMANI, op-cit, pp. 40- 41.

116 M. GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 10 ème Ed. 1996, p. 26.
[38]

Mbela Hiza, pour sa part, reconnait à Karl Marx la paternité du


matérialisme historique, selon qu’il « fait de l’économie la base dont dépendent
l’Etat et les idées. D’où le reproche souvent entendu d’avoir réduit les
phénomènes sociaux à des phénomènes économiques. K. Marx attribue le rôle du
changement aux classes sociales qui constituent les acteurs collectifs, qui au cours
de leurs affrontements transforment l’organisation économique et sociale». 117 Car,
pour K. Marx, l’Etat dans les sociétés capitalistes aurait pour mission le maintien
de l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie.118 En d’autres termes, et
considérant les thèses de Hegel pour qui l’Etat est l’incarnation de la rationalité,
K. Marx affirme que l’Etat n’est aucunement extérieur ou supérieur à la société. 119

De ce qui précède, nous retenons, en définitive, que le matérialisme


historique est pour Karl Max, le socle d’analyse des sociétés assis sur un double
refus : celui d’expliquer les transformations de la société par les idées, et celui de
faire de l’Etat le garant de l’intérêt général. Il reconnait à l’économie le rôle
d’orienter la superstructure étatique et idéologique. En effet, le matérialisme
historique est une théorie marxiste de la totalité organique que constitue toute
formation sociale relevant des modes de production déterminés. Il s’articule à
deux niveaux : l’infrastructure économique, la superstructure juridique et
politique, forme de la croissance sociale et du type de causalité interne qui les relie
en affirmant que l’économique est posée comme déterminant en dernière instance
et d’autre part la théorie du passage des modes de production à un autre à partir
de leur structure et de leur contradiction interne.

Le matérialisme historique, certes, est la théorie qui tracte notre thèse.


Mais, il est utile de rappeler qu’il doit être considéré dans l’optique soutenu par L.
Lombeya Bosongo. Ce sociologue, nous convint à tenir compte de l’interaction des
sphères d’une société, toujours dynamique, et, insiste sur la centralité de la sphère
politique, suite à sa puissance.120 Ces éléments nous préservent de nous verser
dans l’économisme, c’est-à-dire : « la réduction des phénomènes sociaux à des

117 MBELA HIZA, Sociologie des conflits, Eds. CAPM, Kinshasa, 2013, pp. 5- 7.
118 MBELA HIZA & LAMES MPONG, Comprendre la sociologie. De sa genèse à la constitution de son langage,
2 Ed. Revue et corrigée, Kinshasa- RDC, Eds. CHAIRE UNESCO, 2009, pp. 82- 91.
EME

119 MBELA HIZA & LAMES MPONG, op-cit, p. 85.

120 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat et système socio-économique, déjà cité, pp.11- 14.
[39]

phénomènes économiques, selon que l’économie reste la base dont dépendent


l’Etat et les idées ».121

En outre, soulignons que la théorie de matérialisme historique,122 dans


le cadre de cette étude, nous offre les concepts auxquels nous allons recourir tout
au long de notre démarche. Il s’agit entre autres : de la « formation sociale », « du
mode de production », « des forces productives » (ensemble des ressources
matérielles : matières premières, machines, et entreprises, et des ressources humaines :
la main-d’œuvre), de « la plus value », des rapports sociaux de production » et « des
moyens de production »,123 ainssi que celui de la « lutte des classes ».

Cette théorie124 nous conduit, ainsi, à identifier les divers types de


mode de production, le fonctionnement des éléments idéologiques ou de la
superstructure dans un procès de projet de développement rural au sein de la
République. A travers le procès du projet CABEN, elle aide à identifier les
rapports de production, selon que ces derniers, « sont les rapports de propriété
sur les ressources matérielles. De ces rapports de production dérivent des rapports
d’exploitation. Car la classe sociale qui ne possède que sa force de travail [pour
parler de la population rurale de Bengamisa et son hinterland] est obligée de mettre
cette capacité de travail au service de la classe qui a la propriété des moyens de
production. De cette exploitation (la classe exploitante s’approprie une partie de la
richesse créée par les travailleurs) nait la lutte de classes ».125

Dans le cas d’espèce, nous nous en servons en ce sens que, dans un


procès d’un projet de développement rural, se rencontrent plusieurs acteurs.
Chaque procès d’un projet de développement, historiquement situé, tel est le cas
de la CABEN, se présente comme un espace social. Ces acteurs aux intérêts
divergents et peut-être opposés, dont les bailleurs de fonds,126 les opérateurs
politiques au niveau central et local, et les acteurs sociaux au niveau local, ainsi
que la masse populaire (exploitants familiaux et les salariés du bloc industriel,

121 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op-cit, p. 26.


122 C. KABUYA- LUMUNA SANDO, op- cit, pp. 62-64.
123 D. LUBO YAMBELE NTAMBUE MPUNGWE K-L, op-cit, pp. 49- 60.

124 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op cit, pp. 26- 29.

125 Idem.

126 E. MABI MULUMBA, «Justice internationale et économie du marché-rôle des Institutions de Breton

Wood», cité par L. LOMBEYA BOSONGO, dans «Le politique et l’intellectuel africain», Conférence déjà-citée,
p. 26.
[40]

producteurs des cacaos marchands) s’y rencontrent. Il s’y observe ce que certains
auteurs qualifient pour l’espace rural congolais, de « darwinisme socio-politico-
économique».127

Certes, le matérialisme historique, qui s’impose dans le cadre de cette


étude consacrée à l’analyse de la Cacaoyère de Bengamisa, nous aide à découvrir
la trame cachée des enjeux socio- politiques et économiques, mais, surtout,
financiers, à la base de l’accélération de la production des projets, dits de
développement rural à travers la RD. Congo, pays à crises multiformes, et, à
plusieurs défis, dans ce contexte général de la mondialisation128.

6. 4. Des difficultés rencontrées

Les principales difficultés rencontrées ont été d’ordre


méthodologique et théorique. La plurarité d’écoles dans la manière d’aborder la
question des méthodes et des techniques ne nous a pas facilité la tache. Nous
soulevons ensuite la problématique de la multiplicité d’approches de définition
du concept « développement » et tous ceux qui lui sont connexes, ainsi que celui
de projet de développement. Il est aussi important de noter que cette recherche
doctorale fait aussi appel à l’interdisciplinarité. Cette exigence scientifique nous
a poussé d’aller au-delà de notre domaine, à savoir la sociologie (rurale et du
dévéloppement), pour interroger l’agronomie, l’écologie, la bioclimatologie, la
pédologie, la géographie-économique et la économie rurale, etc. Cette
interdisciplinarité a certes enrichi le travail, tout en le redant plus complexe.

Sur le plan méthodologique encore, rappelons qu’il a été d’une


nécessité pour nous, de nous rendre à Bengamisa pour la collecte des données. Les
techniques usitées nous obligeaient de rencontrer les paysans dans leurs milieux.
Nos enquêtés, tenus de répondre à leurs occupations agricoles, n’ont pas la même
« perception et la gestion du temps»129 que le scientifique. A ces difficultés, il y a

127 Lutte pour la survie socio- politique, économico-financière, et même, culturelle avec la survie des plus
forts.
128 L. LOMBEYA BOSONGO, « La mondialisation et le déferlement de la violence », Actes de la Grande

conférence de la faculté des Sciences Economiques et de gestion, IRES (S. coord Yvon BONGOY
MPEKESA), Kinshasa, Eds. Universitaires Africaines, 2012, pp.45- 75.
129NYEMBO SHABANI, Economie du développement, Cours inédit, cité par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises
de réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la
Communauté Armée de l’Eternel à Kinshasa, Mémoire de D.E.S, déjà- cité, pp. 38- 41.
[41]

lieu d’ajouter l’absence presque totale des données statistiques, mais, aussi et
surtout, le climat politique pendant lequel se faisaient nos enquêtes (les querelles
entres Majorité Présidentielle et Opposition, avec le Rassemblement en tête, en
Mars et Avril 2017). La méfiance se faisait remarquer à tous les niveaux de la
recherche de l’information en rapport avec la CABEN sur le terrain.

Cependant, rappelons que, si la religion emprunte la voie de la foi, la


science, particulièrement, la sociologie, nous impose la voie critique de la raison.
Force est de considérer ici l’encadrement dont nous avions bénéficié de la part de
nos encadreurs.

7. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L’ETUDE

Pour ne pas demeurer dans les généralités, nous avons délimité notre
étude dans le temps et dans l’espace.

Sur le plan historique, notre investigation qui porte sur la dynamique


de la trajectoire historique du projet CABEN, considère la période qui va de 1981
à 2016. Si 1981 indique l’année de la création de ce projet agricole, l’année 2016
quant à elle, marque la fin de la période pour laquelle, sa production des cacaos
marchands est prise en compte dans nos investigations. Sur le plan spatial, cette
étude concerne la CABEN, un projet de développement agricole logé dans
« l’espace Bengamisa », précisément, dans le Territoire de Banalia, dans la
Province de la Tshopo,130 en République Démocratique du Congo.

8. STRUCTURE DU TRAVAIL

Outre l’introduction générale, la conclusion générale, la bibliographie


et les annexes, la présente dissertation comporte deux parties. La première
présente le cadre conceptuel et les considérations théoriques de l’étude. Elle est
structurée en deux chapitres, consacrés à la définition de concept de
développement, des développements adjectivés et de la politique de
développement rural. La partie passe en revue quelques concepts connexes au
« développement ».

130C.T.B., Monographie du District de la Tshopo, 2009. Cité par W. BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du
territoire de Yahuma et la pauvreté des paysans Bongando. Etat des lieux et esquisse d’un plan de
désenclavement», dans M.E.S, n° 71 du Mars- Avril, Kinshasa- R.D.C, 2012, p. 55.
[42]

La même partie clarifie la notion de projet et celle de projet de


développement rural. Elle parle du mode opératoire et du fonctionnement de la
logique capitaliste qui les tracte. La partie présente, également, l’état de lieux de la
pratique des projets de développement rural comme instrument de la
transformation de l’espace rural congolais, selon qu’ils sont dictés par la logique
capitaliste. Certes, elle pose la problématique de la territorialisation des projets de
développement rural. Enfin, puisqu’il n’est pas possible de parler du
« développement sans parler de l’homme »,131 la même partie se préoccupe de la
problématique des idées, des valeurs et de la place de l’homme dans un procès de
développement.

Quant à la deuxième partie de cette étude, elle est subdivisée aussi en


deux chapitres. Tout en esquissant des définitions du rural et du village, elle trace
la morphologie de l’espace rural congolais. Cette partie soulève la question de
triple niveau d’échange au niveau de la paysannerie, et aborde la question de la
dynamique de la pauvreté rurale en RD. Congo, en faisant une brève présentation
de Bengamisa, l’espace rural sous étude dans la Province de la Tshopo (dans
l’ancienne Province Orientale).

La même deuxième partie jette un regard critique sur la Cacaoyère de


Bengamisa, après l’avoir présentée comme un projet agricole réalisé en RD. Congo
dans son contenu et sa trajectoire historique. Cette partie interprète de manière
dialectico-contrefactuelle les données de terrain, présente le bilan des projets de
développement rural comme moyen de la réduction de la pauvreté et/ou de la
paupérisation des masses, en précise les acteurs et en indique les enjeux. L’étude
culmine sur quelques considérations sociologiques en rapport avec le flux des
projets de développement rural sans développement des milieux ruraux, tel que
perçu et vécu par des populations locales. Elle finit par des recommandations
plaidant pour « la territorialisation » des projets de développement rural en
République Démocratique du Congo, en insistant sur « une économie cacaoyère
durable.

131L. LOMBEYA BOSONGO, « La mondialisation et le déferlement de la violence », Actes de la Grande


conférence de la faculté des Sciences Economiques et de gestion, IRES, déjà cité, pp. 63- 75.
[43]

Ière PARTIE

CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L’ETUDE


[44]

INTRODUCTION

La première partie de cette étude présente les considérations


conceptuelles et théoriques de l’étude. Elle se structure en deux chapitres.

Le premier chapitre est entièrement consacré à la définition de


concept de développement. Il passe en revue quelques concepts connexes au
développement, aborde, ensuite, la prolématique « des développements
adjectivés ». Ce même chapitre traite de la problématique de sous-développement,
et, insiste sur le fait que la démocratie ne soit pas, nécéssairement, synonyme de
développement. Tout en appelant à la prise en compte de « l’action humaine
planifiée » dans un procès de développement, le chapitre finit par une condansée
d’informations sur le développement rural et la politique y relative.

Le deuxième et dernier chapitre, de cette partie, planche sur la


question de projet de développement rural, il en donne le sens et l’essence. La
logique capitaliste et son impact sur les projets en République Démocratique du
Congo, de manière générale, y fait aussi l’objet de notre préoccupation. Enfin, le
chapitre, après avoir ressorti le bilan mitigé que présente la pratique des projets de
développement rural dans le monde rural congolais, propose la territorialisation
comme nouveau paradigme de gestion..
[45]

CHAPITRE I.

DU DEVELOPPEMENT ET SES CONTOURS : APPROCHES


DEFINITIONNELLES D’UN CONCEPT ET D’UNE PRATIQUE SOCIALE

INTRODUCTION

Cette étude met en sollicitation réciproque plusieurs concepts


connexes au développement. L’équivocité des concepts de base ainsi utilisés,
impose que nous précisions leur contenu en vue de dissiper tout mal entendu. Il
s’agit principalement d’expliciter suffisamment nos définitions pour que les
discussions ne soient pas le développement de malentendus, mais permettent de
clarifier les divergences et les désaccords, d’en dégager les lignes de forces et d’en
débatrre. A cet effet, nous discuterons succinctement de concept de
développement, ainsi que celui de politique de développement qui structurent les
réalités analysées dans le cadre de cette étude.

Parlant de développement, nous allons aussi, de manière succincte,


soulever en critiquant quelques théories en la matière, ainsi que d’autres concepts
qui lui sont connexes. Dans cette liste, tout en rappelant que le développement à
une dimension culturelle, il nous semble utile de tabler aussi sur des
« développements adjectivés ».132 La problématique de développement rural, ainsi
que celle de la politique de développement rural, devront être discutées.

SECTION I. DU DEVELOPPEMENT ET DES CONCEPTS CONNEXES

De prime à bord, parlant du développement, soulignons qu’il est un


terme qui aura connu, dans l’histoire des sciences humaines du 20ème siècle, une
fortune théorique et pratique oscillant de la logique historique et pratique au
galvaudage idéologique. Il y a des décennies, le développement est devenu à la
fois un thème de l’idéologie officielle, voire, professionnelle et même un slogan.
Ainsi, sans pour autant entrer dans les débats théoriques passionnés, il est,
toutefois, utile, d’insister sur certaines définitions pouvant soutenir notre point de
vue.

132S. LATOUCHE, Survivre au développement. De la décolonisation de l’imaginaire économique à la construction


d’une société alternative, Eds. Mille et une nuits, 2004, pp. 10- 117.
[46]

Sociologiquement, le développement, dans sa pratique, dans son


procès historique qui est à la fois technologique, économique, culturel, social, etc.,
ensuite, dans ses théorisations aussi bien socialiste (prépondérance de l’Etat et de
la classe ouvrière comme agents principaux de l’histoire), que dans la variante
dominante capitaliste (rôle prépondérant du capital autour duquel l’Etat et toutes
les forces sociales (culture, science et technologie, forces productives) doivent se
mobiliser, s’est défini à partir de l’expérience historique occidentale. En dépit du
fait qu’aujourd’hui, les considérations analytiques tirées de la praxis des nations
« développées » d’Asie viennent compléter les canons capitalistes occidentaux. En
Asie c’est d’abord le Japon et, à sa suite les Dragons (Corée du Sud, Hong-Kong,
Singapour, Taïwan) forment le premier ensemble asiatique à forte croissance.133
Les éléments pour son accession au développement sont en place dès la fin de la
décennie 60.

Il est un fait que, ce sont principalement l’Europe et les Etats-Unis


dont l’expérience a nourri et nourrit encore les thèses relatives au
développement. « Dans la décennie 90, les Tigres : l’Indonésie, les Philippines, la
Malaisie et la Thaïlande forment le deuxième groupe asiatique connaissant un
processus de développement accéléré, avec une forte croissance. Avec des
fortunes diverses, d’autres pays d’Asie, d’Amérique Latine, d’Afrique, mais aussi
d’Europe orientale, prennent conscience de leur état de « sous-développement »
au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale. Au cours de la décennie 60, ils
entreprennent de se lancer dans ce processus historique de progrès économique,
technologique, social et culturel ».134

Il se révèle que des progrès remarquables ont été notés sur l’ensemble
de la planète. S’il faut par exemple rappeler le Sommet de Millénium tenu à New
York en septembre 2000. Dans ce sommet, les chefs de 189 Etats membres de
l’Organisation des Nations Unies, l’ONU en sigle, se sont réunis pour adopter la
déclaration de Millénium dans laquelle huit objectifs du développement pour le
XXIème siècle ont été établis.135 La déclaration cite les valeurs principales de
relations internationales pour le siècle en cours. Il s’agit de : « … la liberté,

133 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, pp. 7- 8.


134 Idem.
135 SINISA TRKULJA, Analyse comparative des politiques du développement territorial, Thèse de doctorat en

cotutelle, Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement. Agro- Paris- Tech, (version
abrégée), Belgrade, Serbie, 2009, p. 16.
[47]

l’égalité, la solidarité, la tolérance, le respect de la nature et le partage de la


responsabilité ».136 Mais, malgré ces valeurs réclamées et soutenues par tous, il
n’est secret pour personne que : les pays d’Afrique subsaharienne, en cette
première décennie du 21ème siècle sont demeurés en gros des pays « sous-
développés », des pays « en voie de développement », ou, pour éviter la
connotation idéologique, des pays non industrialisés. C’est l’ensemble de pays à la
traine sur le plan économique et technologique principalement, avec des
caractéristiques propres d’ordres socio- culturel appelées « tradition », que l’on
qualifie de pays du Tiers-Monde, pour signifier qu’ils sont exclus de la répartition
des richesses dont profitent les populations des pays développés ou de « Quart-
Monde ».137

§1. Du développement : contours définitionnels et théoriques

Pour Darwin le développement s’identifie au mot évolution. Pris dans


ce sens, le développement signifie le progrès et indique un type de changement
lent, graduel, cumulatif et orienté. Oxford English Dictionnary présente le
développement comme « un déploiement progressif, une élaboration plus poussée
des détails qui constituent une chose, ce qui sort d’un germe ». A ce point de vue,
il y a lieu de parler par exemple, du développement d’une grossesse, des yeux,
et/ou du développement d’un enfant, etc. Donc, il est un fait que le terme
développement implique un aspect prospectif.

Les philosophes, à l’instar de Mbolokala Imbuli,138 trouve dans le


développement, une notion « polysémique et essentiellement dialectique. Il
suppose opposition, conflit entre positivité et négativité, domination et liberté,
ignorance et savoir, enfin progression positive (grande production agricole et
minière, exportation, monnaie forte, pouvoir d’achat élevé, mieux-être de
l’homme) et régression (baisse de la production, peu ou presque pas
d’exportation, monnaie sans valeur, dégradation des mœurs, le mal-être ou le
mal-vivre de l’homme).

136SINISA TRKULJA, op- cit, pp. 15- 20.


137Lire encore, utilement, L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, ouvrage
déjà-cité, p. 7.
138 MBOLOKALA IMBULI, « La thérapeutique philosophique : mythe ou réalité » dans Recherche

philosophique africaine, Facultés Catholiques de Kinshasa, 1996, p. 31.


[48]

Le même Mbolokala Imbuli affirme du point de vue phénoménal que,


le développement se rattache principalement à l’homme, car il s’agit précisément
de son développement, mieux de la qualité de sa vie. En effet, l’appréciation de la
qualité de la vie de l’homme apparait toujours comme historicité, philosophicité,
religiosité, donc comme un dialogue au sens de multilogue tant subjectif
qu’intersubjectif.139 Aussi se manifeste-t-il dans son unicité-multiplicité, dans sa
diversité, dans son individualité comme dans son universalité. Economicité,
sociabilité, politicité, sont également d’autres qualités manifestes de l’homme, qui
constituent en soi une multi-dimensionnalité dynamique sans cesse évolutive. Si
Jean-Marie Domenach,140 le philosophe chrétien pose la problématique de
développement en s’interrogeant sur l’écart scandaleux qui existe entre les pays
industrialisés et les pays en voie de développement, il met l’accent sur la force de
la morale, en voulant que : les riches assistent les pauvres, qu’ils assurent
réparation aux pauvres, en prévenant la violence des pauvres.

Alain Touraine trouve dans le développement, cet « ensemble des


actions qui fait passer une collectivité d’un type de société à un autre, défini par
un degré le plus élevé d’intervention de la société sur elle-même. Dans cette
perspective, le développement est le passage d’un système à un autre ».141 De leur
part, J. N. Loucou et C. Wondji, par contre, abordent la question de
développement en évoquant le caractère purement économique. Ces deux
auteurs pensent que « le développement serait la seule croissance matérielle,
économique … vers une société nouvelle et dynamique procurant à ses membres
le maximum de bien- être. Il s’agit d’une véritable mutation ».142 Dans le même
ordre d’idées, Gabriel Gosselin définit le développement en faisant référence à A.
G. Franck et François Perroux. Pour lui, le développement implique en premier
lieu la croissance, et en particulier, l’accroissement des ressources productives
globales, de revenus monétaires globaux et de la productivité moyenne. Il faut
ainsi entendre par ces simples accroissements quantitatifs, globaux ou moyens,
des améliorations économiques… En second lieu, il l’entend comme la

139 MBOLOKALA IMBULI, op- cit, pp. 31- 32.


140 OMENACH, JEAN-MARIE, « Aide au développement, obligation morale ? », Centre de l’information
économique et sociale de l’ONU, Document d’information, N0 4, New York, 1971, p. 30.
141 ALAIN TOURAINE, Les sociétés dépendantes, Paris Eds. Duculot, 1976, p. 9.

142 J. N., LOUCOU & C. WONDJI, « Histoire et développement », dans Cahiers d’Etudes Africaines, N0 61- 62,

1976, pp. 75- 77.


[49]

détermination volontaire, par choix politique, des catégories sociales bénéficiaires


des accroissements quantitatifs. En troisième lieu, le développement implique le
changement social proprement dit, qui demeure qualitatif. Pour Celdo Furtado,
« la croissance est l’augmentation de la production au niveau d’un secteur
productif spécifique, et (…) le développement constitue le même phénomène
économique de structure complexe qui peut comprendre le secteur en
question ».143

Par développement, nous dit Ntuaremba Onfre Léonard, c’est un


idéal, une recherche permanente d’un mieux-exister qui s’opère par un processus
dynamique et par une transformation des structures mentales, politiques,
économiques et sociales d’une société.144 Il insiste plus sur le niveau de
changement de mentalité que la philosophie doit jouer son plus grand rôle. Par sa
critique permanente, par son souci d’objectivité, de rigueur ou de rationalité, elle
réveille l’homme de son sommeil dogmatique en ce qu’elle développe son sens de
prise de conscience et de responsabilité, sa capacité d’être, de penser et d’agir, elle
invite l’homme à réajuster son comportement afférent à l’amélioration de ses
conditions d’existence.145 Bref, il suggère que la philosophie doit contribuer
grandement à l’éducation de l’homme, agent principal du développement.

En jetant un regard critique sur les définitions de développement


proposées par des économistes quantitativistes, il y a lieu, en sociologue, de faire
observer la surproduction des thèses émises. Lesquelles thèses, généralement,
survalorisent l’aspect de croissance économique sous-jacent le modèle occidental
d’industrialisation proposé comme schéma exemplaire de référence. Ce schéma
devrait indiquer le processus comme un phénomène récurent et de validité
universelle. Ainsi, nous sommes là, en face d’un ethnocentrisme occidental et un
évolutionnisme diffus, au point que certains auteurs en pensent au « lit de
Procuste ».146

143 C. FURTADO, « Le développement », dans Revue internationale des sciences sociales, N0 4, Vol. XXIX, 1977,
pp. 679- 702.
144 L. NTUAREMBA ONFRE, Le développement endogène: données pour une nouvelle orientation théorique.

Kinshasa-RDC, Eds. Universitaires Africaines, 1999, p. 26.


145 A ce point de vue, lire utilement, L. NTUAREMBA ONFRE, op-cit, pp. 26- 27.

146 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, p. 4.


[50]

Ce point de vue qui préconise le modèle occidental d’industrialisation


présenté comme schéma exemplaire de référence propose l’image d’une nation
développée. Celle-ci parait, généralement, être cette société où l’on trouve
facilement le travail, où les logements sont en dur, où les villes et les campagnes
ont l’électricité. Elle se veut cette société où il y a des armadas de tracteurs pour
les paysans, où l’on peut s’acheter les produits étalés dans les vitrines des
magasins, etc. En somme, il s’agit d’une société dont les habitants disposent de
tout ce dont ils ont besoin, et le plus moderne possible.

Point n’est besoin d’insister sur l’image que l’on se fait souvent, d’un
pays ou d’une nation développé (e) selon ce schéma unique. Une telle nation, se
présente comme une société dont les habitants n’ont pas peur des menaces de la
nature grâce à la démocratisation à l’abondance dans l’alimentation, dans
l’habillement et au logement au prix d’un travail moindre. Il s’y observe la baisse
de la morbidité et de la mortalité. Avec une telle situation, il y a lieu de nous
imaginer avec A. Lewis147 que les habitants d’un pays développés ont l’avantage
de disposer de plus de biens, de plus de loisirs et d’obtenir plus de service. Elle
assure la libération de la femme de ses corvées, et cette démocratisation à
l’abondance rend les hommes plus charitables, c’est-à-dire, faisant preuve de plus
d’humanitarisme, etc.

C’est là, la caractéristique du développement, ce que la sociologie


traite de l’image -fausse- qu’on se fait de l’Europe, de l’Amérique du nord, de
l’Asie Orientale, et tous les autres pays, dits développés, etc. Kankwenda M’baya
est cité parmi les analystes qui rejettent cette appréhension de développement. Il
s’agit de cette vision de développement qui se résume par les définitions de
développement proposées par Furtado148 et beaucoup d’autres quantitativistes. En
effet, ces définitions, font penser que les pays dits développés vivent dans la
cinquième phase rostowienne, qui est l’ère de la consommation des masses. Alors
qu’il faut noter que, Rostow, dans son ouvrage « Les étapes de la croissance
économiques », fait reposer ses idées dans une large mesure sur un jugement
linéaire. Il consiste en un aplatissement et en une homogénéisation des faits,

147 A. LEWIS, La théorie de la croissance économique, Paris, Payot, 1971, pp. 435- 440.
148 C. FURTADO, « Le développement » et F. PERROUX, L’économie du XXe siècle, cités par KANKWENDA
M’BAYA, « Les faux concepts de développement et de sous-développement », dans Revue du C.I.D.E.P.,
Publication trimestrielle- Vol. n0 1, Janvier- Mars, 1977, pp. 56- 57.
[51]

faisant de l’économie des singuliers et des conjonctures, voire, de la spécificité.


Procédant de la sorte, c’est-à-dire par réduction, il prescrit ce qu’il faut faire, il
trace le cheminement à suivre. Seulement, il ignore de la sorte, la singularité des
trajectoires historiques.

Cette vision réductrice, est aussi la même pour la plupart des


économistes, particulièrement, les quantitativistes congolais. Ceux-ci ramènent
souvent la notion de développement à la croissance économique. Porteuse d’un
mimétisme généralisé, elle ne dit pas que les groupes historiques disposent
chacun dans son espace-temps, des moyens différents, rencontrent des obstacles
différents, doivent imaginer et mobiliser des ressources humaines, technologiques
et financières différentes, afin de résoudre des problèmes différents, dans des
moments différents, dans des contextes nationaux et internationaux différents.
Pour Kankwenda Mbaya, « un raisonnement linéaire constitue de la sorte une
généralisation hâtive qui dispense de la nécessaire obligation de soumettre les
faits à une critique achevée ».149

En effet, le développement ne doit pas être réduit uniquement à la


démocratisation. D’ailleurs, ces nations dites développées, même si elles ne se
reconnaissent développées que par rapport aux critères qu’elles imposent, ou que
leurs savants décrètent. Elles ne sont pas aussi achevées en tant que telles. Certes,
si la société est «…, en effet, ces hommes en actes qui bâtissent dans la solidarité.
La société est ces hommes volontaristes, fondateurs d’espaces étatiques,
économiques, culturels. La société regorge les hommes en actes qui luttent contre
d’autres, pour défendre un espace bien commun. La société est constituée par ces
hommes en actes, est l’esprit partagé de conquête, de domination, de grandeur
voulue, recherchée, bâtie. Parce que la société, ces hommes en actes, est cette
affirmation permanente, quête de soi et des siens, dans et par un avenir, dans et
par un devenir,…».150 La sociologie nous force de reconnaitre qu’un espace
dénommé aujourd’hui « pays, Etat et/ou nation »,151 peut s’identifier à une société.
Etant que telle, une nation, un pays, donc, une société, connait sans cesse le
changement et aspire au développement.

149 KANKWENDA M’BAYA, op- cit, pp. 56- 57.


150 L. LOMBEYA BOSONGO, « Dans Essence et vertus de la solidarité des Anamongo ». (Exhortation et
interpellation à l’occasion de la présentation de la Pléiade des Anamongo de Banyaku Luape), Kinshasa, le 06 mai
2006. pp. 1- 3.
151 C. KABUYA LUMUNA SANDO, op- cit, pp. 24-28.
[52]

L’image que l’on se fait, parfois, de ce monde des « développés » est


quelque peu fausse. En effet, dans tous ces pays dits développés, il existe des
zones de taudis, et de misère, des régions arriérées, « sous développées », des
réserves, une masse d’analphabètes, des milliers, si pas des millions de
travailleurs et autres paysans qui n’ont pas accès – ou alors difficilement – aux
facilités décrites plus haut, un grand nombre de chômeurs. 152Il nous présente un
monde pollué tant physiquement que moralement, où le consommateur, par la
publicité et le bon vouloir du producteur n’est plus qu’un instrument de la lourde
machine de production. Il poursuit en indiquant que, « c’est un monde où les
hommes vivent liés à l’emprunt et la dette par le truchement d’un système de
crédit fort développé, voilant leur misère, un monde où les hommes font le culte
de l’argent, peu importe les moyens utilisés pour le gagner, l’essentiel étant qu’ils
réussissent ».153

De ce qui précède, il y a lieu de retenir que la société de


consommation ne comble pas les plus profonds désirs de l’homme. Sans pour
autant, ne pas avouer que la démocratisation à l’abondance, pour faire allusion à
la société d’abondance, est un pas vers le développement, mais, seulement, elle ne
doit pas lui être identifiée. Le développement n’est donc pas exclusivement une
croissance économique, ni une augmentation des richesses. Il n’est pas non plus
un meilleur équilibre entre production et consommation, moins encore, une
transformation des échanges. Encore que dans ces sociétés dites d’ « abondance »,
non seulement, qu’il peut s’y observer l’aliénation et la contrainte dans les
rapports sociaux, mais aussi, et surtout, « il n’y a pas généralisation de la richesse
et de l’abondance pour tous ».154

Serge Latouche n’a pas tord lorsqu’il souligne que le développement


est une notion complexe, et se veut un « concept attrape-tout, hautement
mystificateur».155 Pour celui-ci, le développement est même, un « concept à
proscrire ».156 Il désigne le changement global qui caractérise une société donnée,
dans une période donnée. Il désigne l’ensemble de transformations, qui, dans des
limites temporelles indiquées, affectent une société ou un groupe social. De

152 KANKWENDA M’BAYA, op- cit, pp. 56- 57.


153 Idem.
154 Ibidem.

155 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 10- 118.

156 Idem.
[53]

manière globale, ces modifications d’ordre économique, social, technique, culturel,


les infrastructures de base, la quantité et la qualité des ressources aussi bien
matérielles qu’humains, bref, toutes les composantes sociétales envisagées dans le
sens d’amélioration dans la durée constituent le développement de la société ou
du groupe social.

Nous somme convaincu que toute société, soit-elle ,étatique ou


nationale, bouge. La société change, pour ce faire, elle a une histoire. Elle rejette la
vision réductrice de développement. C’est pourquoi, nous pouvons soutenir
qu’aucune nation, aucun pays n’est assez avancé(e) sur la voie de développement
en épuisant ses possibilités virtuelles dont : « meilleure utilisation de ses moyens,
progrès de la science et de la technologie », 157 etc. Comme chaque pays bouge,
change, il y a lieu de reconnaitre à toutes les nations la possibilité de continuer à
avancer vers le progrès économique et social. Tous les pays, mêmes les pays
« développés », vont vers le développement. Puisque toutes les sociétés et toutes
les nations, recherchent le développement, Muluma Munanga, pour sa part, met
en relief, l’importance d’une approche interdisciplinaire dans l’étude du
développement. Il démontre que le concept de développement a contribué, plus
qu’aucun autre, à rapprocher les disciplines des sciences sociales séparées par un
siècle d’influence positiviste.158 Il rejoint ainsi, Lombeya Bosongo, Kankwenda
M’baya et tous ceux qui prônent la vision globalisante du développement. Il fait la
plaidoirie pour la lecture plurielle qu’il faut adopter en la matière, en soutenant
que « le développement n’est pas seulement la croissance économique et
matérielle comme l’ont cru J. N. Loucou et C. Wondji.

En définitive, nous sommes d’avis avec ceux qui soutiennent le regard


cursif sur le développement. Certes, la croissance économique n’est rien autre que
l’accroissement matériel des quantités produites par des gains équitablement
répartis. Il doit donc avoir des retombées sociales, culturelles et mentales durables.
Il en résulte le bien-être général qu’on peut appeler globalement
« DEVELOPPEMENT ». C’est cette vision globalisante du développement que la
sociologie soutient. Elle venait d’être renforcée depuis un certains temps par la

157KANKWENDA M’BAYA, op- cit, p. 57.


A. MULUMA MUNANGA, Politique agricole et le développement rural. Analyse sociologique du développement
158

de quelques expériences agricoles au Zaïre. Cas des Institutions de Recherches et Formations agronomique : INERA,
IFA, ISEA, et ISDR, (thèse de doctorat en Sciences Sociales), déjà-cité, pp. 40- 52.
[54]

position du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD, en


sigle). Dans un procès de croissance économique, le PNUD souligne que les
éléments qualitatifs entrent dans l’ordre de plus de 64%.159 Dans sa liste
énumératrice des facteurs non quantitatifs en vue de la croissance économique
dans une nation, cette agence des Nations Unies aligne de manière indicative les
éléments suivants : l’éducation, la santé, la bonne qualité de l’alimentation, la
culture, la religion, l’idéologie, la bonne gouvernance, etc. 160 Il est donc, à notre
avis, une mutation des structures mentales et socio-économiques procurant le
bien-être de la population dans un pays. Il est évident que cette mutation ne peut
s’opérer sans la participation de la population aux actions de développement et
sans la prise en charge de ses mécanismes par les responsables tant politiques que
sociaux d’un pays ».161 Le développement doit être considéré comme un processus
de transformation organisé, dirigé et entretenu de l’intérieur. Le succès de son
procès procède des agents conscients et capables d’assumer pleinement les
responsabilités que leur impose la construction d’une société. Celle-ci implique la
combinaison cumulative et réfléchie des facteurs de tous ordres, mieux, des
conditions tant, objectives (quantitatives) que subjectives (qualitatives).

§2. Du développement comme phénomène culturel

Plusieurs analystes des sociétés présentent le développement en


insistant sur sa dimension culturelle. Telle est aussi le point de vue de Nyembo
Shabani qui met en exergue la place de la culture dans le processus de
développement. Dans ses enseignements de l’Economie de développement, cet
économiste congolais, non de moindre reconnait que le développement est avant
tout un phénomène culturel.

En effet, « dans chaque procès de développement, la nécessité n’est


pas de focaliser l’attention exclusivement sur la domestication de la nature en vue
de lui arracher les secrets qu’elle a recelé ».162 L’expérience accumulée, il y a des
décennies démontre que la mise en branle du procès de développement ne
dépend pas uniquement de la capacité de l’homme à maitriser la science et à
l’accoupler avec la technique. Elle fait aussi indissolublement appel à la culture.

159 PNUD, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie du développement, déjà- citée, op- cit, pp. 10- 11.
160 PNUD, cité par W. BOLIMA BOLITSI, op- cit, p.38.
161 MULUMA MUNANGA A., op- cit, p. 42.

162 NYEMBO SHABANI, op- cit, pp. 112- 154.


[55]

Celle-ci doit être comprise comme : « ce que l’homme a de plus d’intime en lui, à
savoir ses valeurs, ses croyances, ses mentalités, ses habitudes, sa religion, ses
préjugés, ses attitudes à l’égard de l’argent, ses comportement envers du
changement, sa vision de soi, et du monde extérieur ainsi que ses comportements
internes inhérents à la culture humaine et à sa personnalité propre. On comprend
dès lors qu’elle apparaisse aux hommes comme l’un de leurs biens les plus
précieux, dont ils sont les plus jaloux ». 163

La manière dont l’être humain perçoit la matière, le temps, le travail,


les échelles de valeurs, et sa destinée sur la terre est un fait de sa culture fortement
incrustée dans son âme. Il s’en suit que la manière dont nous vivons, dont nous
organisons l’autorité, dont nous assurons la production, dont nous situons la
femme dans la société, dont nous concevons la hiérarchie, des métiers, dont nous
élevons nos enfants, dont nous traitons les étrangers, dont nous nous comportons
devant les obstacles nous sont imposées par la nature et la société mondiale. Elles
relèvent de la civilisation et donc de notre culture. Il est de même des institutions
que nous nous donnons et qui sont conformes à nos mentalités, à la conception
que nous avons de nous-mêmes et du monde.

Nyembo Shabani est formel et sa position, du reste, demeure sans


appel : « nul doute donc que le développement, bien compris, en grande partie,
est un fait culturel ».164 Evidement, la sociologie retient que la production et
l’allocation des ressources économiques résultent de certains comportements des
agents sociaux et ceux-ci sont guidés par les ressorts culturels, les mentalités, les
institutions et les idéologies caractéristiques de la société. Ensuite, s’il est à
soutenir que, pour qu’il ait développement, il faut que la nature soit considérée
comme une machine que l’on peut connaitre, maitriser et perfectionner. Il est tout
aussi à reconnaitre que le même procès de développement ne peut apparaitre et se
consolider que dans une société qui entretient une culture qui offre à l’homme
une prédisposition indéracinable au refus de la pauvreté. Tout cela doit reposer
sur des valeurs permissives, nourries par la culture créatrice.

163 M. L. GARDET, Interpénétration des cultures, in La culture et les cultures (ouvrage collectif), Beyrouth,
Union Catholique des intellectuels du Liban, 1956, p. 137.
164 NYEMBO SHABANI, op- cit, pp. 112- 113.
[56]

Par dessus tout, lorsqu’une personne se meut dans un tel type de


culture, la culture de domination, de conquête, de puissance, dans une société de
culture prométhéenne, etc., il est évident qu’elle soit persévérante, énergétique et
son courage le rendra irrésistible parce qu’animée de soif de vaincre l’adversité et
de s’organiser pour rendre sa vie meilleure et digne. La confiance en soi, la force
de caractère et la ténacité dans les desseins, la résolution et la détermination, le
courage devant l’obstacle, la soif de la puissance et de vaincre, la curiosité, le refus
de l’échec et de la pauvreté, la quête du salut commun sont là les quelques traits
importants de la culture permissive, la culture qui amène l’homme à asservir la
nature et à se libérer de la faim, ainsi que de la pauvreté. «… La culture est le
moteur et surtout le régulateur du développement tandis que le développement
favorise l’accroissement des potentialités créatrices, la participation des hommes à
la création des valeurs culturelles »,165 nous rappelle Edgar Pisani. Il souligne que
la culture et le développement sont deux aspects complémentaires d’une même
problématique.

La littérature sociologique que nous avons parcourue rejette, quant à


elle, l’appréhension moniste-économiste de développement. Elle soutient que le
procès de développement reste interactif. Ce qui veut dire que, le développement
se veut un phénomène, à la fois géographique, historique, économique,
technologique, politique, financier et environnemental, etc., mais aussi, et surtout,
un fait culturel. Certes, la sociologie du développement précise que tous ces
facteurs, porteurs d’une croissance économique durable et/ou du développement
ne doivent jamais être réduits et exprimés en équations mathématiques. Bien sur,
ce sont ces facteurs que les facteurs matériels (capitaux, ressources naturelles,
travail) qui expliquent plus le développement.

De ce qui précède, il y a lieu de conclure le débat sur la notion de


développement par le point de vue du sociologue Casse. Celui-ci, dans sa
démarche globalisante, esquisse une définition du développement en ces termes :
« c’est le processus actif par lequel une société passe d’un état socio-économique
de fait à un état présumé meilleur… ».166 Donc, le développement est un tout,
complexe, et pour tous. Il se veut un idéal pour tout homme, et pour toute société

165E. PISANI, La Main et l’Outil. Le développement du Tiers Monde, Paris, Eds. Robert Laffont, 1983.
166P. CASSE, « Propos sur quelques aspects phénoménologiques du développement » dans Développement
et Civilisations, IFRED, N0 41-42, Sept- Déc., 1971, pp. 139- 147.
[57]

humaine. Une société ou une nation qui se décide d’amorcer son procès de
développement, tout en s’appuyant sur son capital humain, tel que le souligne
Rémy Mbaya Mudimba : «… Mboka ebongaka na boyebi na mpiko ya bana mboka », 167
doit faire face à ces séries des contraintes. Elle doit premièrement, lutter pour
dompter la nature en vue de la satisfaction des besoins de ses hommes, elle doit en
outre, éliminer la dépendance, l’exploitation et l’aliénation sous toutes ses formes,
tant, sur le plan interne qu’externe.

Plusieurs théories168 ont été et sont proposées en ce qui concerne le


développement. Mais du point de vue téléologique, nous proposons en définitive,
que le développement ne puisse pas se focaliser seulement sur les actions des
revenus et des croissances économiques. Il devrait aussi considérer d’autres
objectifs comme, par exemple, la meilleure qualité de vie, la qualité de l’éducation,
la répartition équitable des biens et services, etc. Ainsi, dans tous les cas, la
littérature sociologique à notre possession, nous mène à résumer les grandes
leçons de l’histoire en matière de développement en ces termes :

- le procès de développement demeure interactif : pour dire, le processus de


développement fait appel à plusieurs acteurs et plusieurs facteurs ;
- la volonté de devenir une nation, de bâtir une économie nationale, d’assurer
l’élévation socioculturelle de la population ont toujours rencontré un
soulagement interne, national. C’est ce que Perroux169 appelle les réalités de
l’économie nationale sans lesquelles le développement n’aurait pu
s’imaginer comme il a été au cours des siècles. C’est ce que démontre
l’histoire du développement des nations aujourd’hui développées : « le
réseau ferroviaire unitaire, le protectionnisme efficace en ce qu’il soutient
des centres industriels communiquant avec des marchés intérieurs
rapidement croissants, la rencontre d’un idéal national avec des réserves
d’épargne et des réservoirs de connaissances scientifiques et techniques» ;170

167 R. MBAYA MUDIMBA, Crise de la connaissance et sous- développement en RDC. Nécessité de la


conscientisation pour le développement. Mboka ebongaka na boyebi na mpiko ya banamboka, Kinshasa- RDC, Eds.
Universitaires Africaines, 2009, pp. 19- 252.
168 SINISA TRKULJA, op- cit, p. 16.

169 F. PERROUX, L’Economie du XX eme siècle, citée par L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, p.15.

170 F. PERROUX, op- cit, pp. 199- 200.


[58]

- enfin, il faut retenir que le procès de développement «… ne relève pas du


tropisme, mais des forces sociales qui, dans la durée, se mobilisent et sont
mobilisées pour atteindre des objectifs voulus ».171

SECTION II. DES DEVELOPPEMENTS ADJECTIVES ET DU SOUS-


DEVELOPPEMENT FACE A L’EQUATION « DEMOCRATIE =
DEVELOPPEMENT »

INTRODUCTION

Ayant discuté du développement comme concept et comme pratique


sociale à échelle planétaire, à ce niveau de notre réflexion, l’obligation qui est
notre, consiste à aborder la clarification des concepts de développement social, de
développement humain, de développement intégral et celui de développement
intégré, ainsi que le concept de développement endogène, sans oublier la notion
de développement durable, etc. La question du sous- développement est aussi
soulévée à ce niveau, ainsi que l’équation « démocratie = développement » en vue
de rappeler la portée stratégique de l’action humaine resolue dans le devenir
historique de toute société, en dépit de n’importe quel type de régime politique.

§. 1. Du développement social et du développement humain

Puisqu’il faut commencer par le développement social, évoquons-


nous, ici, le « document préparatoire du forum alternatif avec « les autres voix de
la planète » qui s’est tenu à Madrid à la fin d’octobre 1994 », cité par Serge
Latouche.172 Dans ce document, l’analyste des sociétés cité, dénonce « l’énorme
discrédit du concept de développement qui oblige à penser de plus en plus de
« nouvelles versions de développement assorties des qualificatifs positifs
correspondants … au premier rang le développement durable » et au deuxième
rang le développement humain, etc. ».173

Il soutient qu’il « est clair que c’est le développement réellement


existant, celui qui domine la planète depuis trois siècles, qui engendre les
problèmes sociaux actuels, exclusion, surpopulation, pauvreté, etc. « on nomme
développement l’accès d’une frange infime de la population à la voiture
171 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie du développement, déjà- citée, op- cit, p. 5.
172 S. LATOUCHE, op- cit, p. 33.
173 Idem.
[59]

individuelle et à la maison climatisée. On nomme développement l’élargissement


de la fracture sociale entre cette infime minorité qui accède à une richesse
insolente, et la masse de la population confinée dans la misère ».174 En effet, en
accolant l’adjectif « social » au concept de développement, il est non moins clair
qu’il ne s’agit pas vraiment de remettre en question le développement, tout au
plus songe-t-on à adjoindre un volet social à la croissance économique ».175

Les esprits critiques trouvent dans cette manière de penser et d’agir


de la part des « maîtres de la diplomatie verbale », des bonnes intentions, qui ne
collent pas avec la réalité. Tandis que la machine du « développement continue
son travail massif d’uniformisation, d’occidentalisation, de déculturation et
d’exclusion, détruisant toute protection pour les sociétés fragiles du Sud et
transformant leur frugalité en misère, avec les plans d’ajustement structurel, on se
donne l’illusion de remédier aux maux qu’on engendre en procédant à des
analyses toujours plus raffinées des indices de la pauvreté et en redistribuant
quelques miettes de la croissance retrouvée »,176poursuit Serge Latouche.

Il ressort de ces affirmations de Serge Latouche l’évidence que voici :


la définition actuelle du développement qui se confond à l’ « occidentalisation »,
pose problème. Décidément, puisque le développement découle de la croissance,
et que cette dernière caresse le social, il n’est pas utile, du point de vue de la
sociologie, d’adjoindre l’adjectif « social » au concept développement pour le
distinguer du « développement social ». Sociologiquement, un développement
social équitable constitue le fondement nécessaire d’une prospérité économique
durable. Inversement, un développement économique général et durable est la
condition préalable du développement social et de la justice sociale. Parler de
« développement social » en adjoignant l’adjectif « social » au développement, l’on
serait là en face du paradoxe suivant : « sur le plan de l’imaginaire, il s’agit d’un
pléonasme conceptuel car le développement ne peut pas ne pas être social, tandis
que sur le plan du vécu il s’agit d’un oxymore : le développement réellement
existant ne peut pas ne pas engendrer l’injustice sociale ».

174 JEAN AUBIN, Croissance : l’impossible nécessaire, Planète bleue, Le Theil, 2003, p. 144.
175 S. LATOUCHE, op- cit, p. 34.
176 Idem.
[60]

A ce point de vue, G. Myrdal reste formel. Il trouve dans cette façon


de procéder, de la « diplomatie par terminologie».177 D’ailleurs, si le
développement durable est une heureuse trouvaille conceptuelle encore
d’actualité, le développement social est une « vieille lune ». N’est- ce pas que
Raymond Aron et Bernard Hoselitz avaient publié un ouvrage collectif intitulé « le
développement social »178 depuis 1965, dans lequel tous problèmes actuels étaient
abordés ? Il faut retenir que le développement social ne pourrait aucunement
paraitre d’un nouveau paradigme de développement, sans que le sacro-saint libre
échange mondial ne soit touché. Le débat de ce jour sur le « développement
durable »,179 etc., et, de tout autre « développement » auquel l’on pourrait accoler
un adjectif, ferait encore là, une fois de plus, la preuve de ce que d’aucuns
qualifient d’« un inquiétant épuisement de l’imagination des maîtres de cette
diplomatie verbale ».180 En somme, le développement social constitue, par-dessus
tout, pour reprendre les termes de Serge Latouche, une belle illustration du
procédé d’euphémisation par l’adjectif dénoncé ci-haut. Certes, le développement,
considéré comme de l’américanisation, mieux, comme de l’occidentalisation,
engendre des injustices sociales.

En ce qui concerne le développement humain, de prime à bord, il est


commode d’indiquer que le même Serge Latouche le considère de « complément
en quelque sorte statistique du développement social ».181 L’éducation, la santé, la
nutrition, etc., constituent l’indice mis au point par le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD, en sigle), tenant compte de dimensions
sociales moins économistes. Le PNUD indique que le PNB, par tête d’habitant
demeure trop étroit pour rendre compte du développement humain. Néanmoins,
tout esprit averti ne doit pas perdre de vue face à cette position. Il s’agit toujours
là « de variations plus ou moins subtiles sur le thème du niveau de vie, donc du
nombre de dollars par tête. Ce faisant, on ne quitte pas pour autant l’espace de
l’imaginaire économique occidental. Faute d’une critique des présupposés

177 G. MYRDAL, cité par S. LATOUCHE, op- cit, p. 35.


178 RAYMOND ARON & BERNARD HOSELITZ, Le développement social, cités par S. LATOUCHE, op- cit, p.
35.
179 A ce sujet, referez- vous aux propos du Sénateur congolais (RDC) LOMBEYA BOSONGO L., lors de son

intervention dans le « Débat de la Deuxième Commission sur le Développement Durable », à l’occasion des
travaux de la 120 ème Assemblée de l’Union Interparlementaire, Addis-Abeba, du 05 au 10 avril 2009, pp.2-5.
180 S. LATOUCHE, op- cit, p. 35.

181 A ce point de vue, lire utilement, S. LATOUCHE, op-cit, pp. 42- 44.
[61]

économistes et occidentaux, la nouvelle universalité est tout aussi entachée


d’ethnocentrisme ordinaire que l’ancienne. Cela est vrai de l’IDH (indice de
développement humain) ou de ses variantes comme le PQLI (Physical Quality of
Life Index »).182 D’ailleurs, les indices nutritionnels, plus objectifs, sont certes plus
neutres et plus intéressants comme indicateurs d’un problème. Certes, ils n’ont
pas la même portée synthétique et n’échappent pas totalement aux critiques
énoncées ci-dessus.183

De sa part, Gilles Séraphin, note que l’IDH serait un indice universel


de la vraie richesse et de la vraie pauvreté.184 Mais pour le construire, on s’efforce
de combiner des évidences de bon sens, du type « pas de développement
authentique avec croissance de la pauvreté », avec d’autres évidences construites
dans et par l’analyse économique, c'est-à-dire un ensemble de préjugées
occidentalistes. Ainsi, les critères de la pauvreté reposent sur la satisfaction des
besoins dits essentiels tels qu’ils sont définis par les instances internationales.
Toutefois, « qualifiés de besoins les éléments d’un mode de vie « idéal »
occidental, note Gilles Séraphin, permet de l’imposer symboliquement dans
l’imaginaire des autres sociétés ».185 Il est évident que la définition du
développement humain n’échappe ni à l’impérialisme culturel, ni à
l’ethnocentrisme.

Si, « la croyance que la croissance du PNB est une bonne chose, la


condition de toute autre amélioration y occupe une place centrale. En
conséquence, les gens sérieux, tels les experts du Fonds monétaire international ou
de la Banque mondiale, mais aussi les autres (les économistes des ONG de
développement, par exemple), une fois décapée la rhétorique humanitaire,
considèrent le niveau et la croissance du PNB comme le jugement dernier de
l’évaluation des sociétés humaines. Et cela à raison, dans la logique de la
modernité, puisque l’économicisation du monde permet aux critères économiques

182 GERARD AZOULAY, « La pauvreté, nécessaire, le besoin », suivi par « Besoins et apports
nutritionnels », notes de travail GRAEEP, Sceaux, 1994,.
183 Idem.

184 GILLES SERAPHIN, « L’indicateur du développement humain », note GRAEEP, sceaux, 1994.

185 GILLES SERAPHIN, « Les concepts de « science » et « technique » au sein de l’Unesco, mémoire IEDES,

1994, p. 81.
[62]

occidentaux de fonctionner. Dans un monde globalisé, il n’y a plus d’autres


valeurs que celles du marché, donc de l’évaluation quantitative par les prix ».186

De cette croyance, il s’observe que tous les gouvernements de la


planète, sinon les populations, intériorisent le critère du PNB comme base d’une
auto-évaluation. Ceci appelle une participation à ce que d’aucuns considèrent des
« jeux olympiques de la croissance dans l’espoir de figurer en bonne place dans le
palmarès. Dans l’espace de la modernité où nous sommes tous plus ou moins
piégés, chacun a à cœur de « tenir son rang ». Alors qu’à dire vrai, l’on est devant
le mensonge statistique qui constitue « le triomphe du paraître et la forme
ostentatoire d’une compétition agonistique exacerbée. Résultat des courses :
« l’écart de revenu entre le milliard d’êtres humains les plus riches et le milliard
des plus pauvres…, de 1 à 30 en 1960, passe de 1 à 150 en 1990 ».187 Parler
de « développement humain », serait, une fois de plus, entretenir l’œuvre des
maîtres de la diplomatie verbale capitalistes.

Certes, il se remarque qu’« à chaque étape historique, une


justification idéologique d’apparence humanitaire (coloniser pour civiliser,
coopérer pour développer, mondialiser pour lutter contre la pauvreté) sous-
tendait les pratiques dominantes ».188 C’est dans cet ordre d’idées qu’il y a eu
encore dans le jargon diplomatique, l’apparition de concept de « développement
intégral et/ou intégré »,189 pour dire qu’il faut prendre en compte toutes les
dimensions de l’homme, avec la combinaison de tous facteurs sociaux et
environnementaux ; développement endogène (c’es-à-dire de l’intérieur),
développement exogène (pour signifier le développement de l’extérieur) et le
développement auto- centré, pour dire l’homme au centre de développement, etc.
Puis, il y a eu le tour de développement local et de développement durable,
encore d’actualité. Il y en aura encore d’autres.

Mobutu Sese Seko, alors Président du Zaïre, actuelle République


Démocratique du Congo, avait déjà, sur la tribune des Nations-Unies, soulevé ces

186 S. LATOUCHE, op-cit, pp. 42- 44.


187 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Paris, Economica, 1992, pp.38-39
188 E. BONGELI YEIKELO YA ATO, La mondialisation, l’Occident et le Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan,

2011, p. 21.
189 I. MUKABA MBUTU, Les théories du développement, (Notes de séminaire de D.E.S en Sociologie, SSPA,

UNIKIN), Kinshasa, R. D. Congo, 2011, (Inédit).


[63]

problèmes de mépris, de péjoratif, de suranné, et des caractères d’impropre et de


fausseté, que comportent et soulèvent par exemple, les concept de Tiers Monde,
Pays arriérés, de Sous-développement, de coopération technique, Pays en voie de
développement, et, même, celui de développement, etc., « concepts inventés par
les théoriciens de l’Occident »,190 selon ses propres termes. Ces propos
démystificateurs contre ces concepts qui cachent la pratique de domination et de
l’exploitation entretenue par l’Occident, prononcés par le Président Mobutu Sese
Seko, rencontrent les problèmes encore d’actualités dans les relations
économiques internationales.

§2. Du développement local et du développement durable.

Après le développement social, le développement humain, le


développement intégré, etc., est venu incontestablement, dans la rhétorique des
promoteurs du libéralisme, le tour du développement social et celui du
développement durable, d’actualité.

La littérature sur le développement parcourue par nous, laisse voir


que la mondialisation vient reposer la question du local, comme le repose l’après-
développement. Le « localisme » pense-t-on, constituerait ainsi, un élément
fondamental de toute solution alternative au développement et à la
mondialisation.

En effet, le mot « local » pose problème non pas du fait qu’il soit en
son tour accolé à celui de « développement », mais, le « local » semble « ambigu en
raison de son extension géographique à géométrie variable- de la localité à la
région transnationale, du micro au macro, en passant par le méso-, il renvoie de
façon non équivoque au territoire, voire au terroir et plus encore aux patrimoines
installés (matériels, culturels, relationnels), donc aux limites, aux frontières et à
l’enracinement ».191 De l’autre coté, nous devons rappeler que le développement
se veut un concept attrape-tout, hautement mystificateur, mieux, un concept à
proscrire. Si « le « local » émerge aujourd’hui, il n’émerge pas (ou ne devrait pas

190 Vous referez à ce propos au « Discours de MOBUTU SESE SEKO », Président de la République du
Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo, prononcé à la 28 Emme Assemblée Générale des Nations
Unies (ONU) à New York, le 4 octobre, 1973.
191 S. LATOUCHE, op- cit, p. 45.
[64]

émerger) comme « développement » mais plutôt comme cadre d’un « après-


développement » d’un « au-delà du développement.», soutient, Serge Latouche.192

Il faut considérer que le concept de « développement local »


n’échappe donc pas à la colonisation de l’imaginaire par l’économique. Accolé à
développement, le « local » est tout juste alors, comme le social et le durable, ce
qui permet au développement de survivre à sa propre disparition. Le
développement a détruit le local en concernant toujours plus les pouvoirs
industriels et financiers. En France par exemple, comme le révèle Serge Latouche,
le développement local, fut le slogan des technocrates. Il est né dans les régions
rurales (et à leur propos), en particulier dans les zones d’agriculture de montagne,
victime du productivisme. Dans les années 1970, ne disait-on pas déjà que les
routes construites à grands frais, sur les crédits départementaux de l’agriculture
destinés au bien-être des paysans, sous le prétexte de désenclaver les zones
rurales, servaient au denier agriculteur à procéder à son déménagement vers la
ville et au premier parisien à installer sa maison de campagne dans la ferme ainsi
libérée! Le discours du développement local faisait écran au « grand
déménagement » du territoire et sa mise en œuvre visait à faire passer en douceur
cette destruction en mettant du baume sur les blessures et en réutilisant au mieux
les décombres … dans beaucoup de pays, ça a été plus ou moins la même chose. 193

Revenons encore à Serge Latouche, 194 qui démontre comment le


concept « local » accolé au développement, masquerait la réalité et pouvait servir
à la paupérisation de la masse paysanne. Ce qui s’est passé avec les banques est
révélateur. Avec « … local », on utilisait la créativité populaire, voire, locale, et les
ressources diverses pour le développement du Nord. A ce sujet, E. Cane et J.
Rawe, écrivent qu': « Au siècle dernier, il y avait une foule de petites banques
locales et régionales, fortement enracinées dans l’économie locale. Le
développement des banques nationales les a fait disparaître pour les remplacer
par des agences qui drainent l’épargne locale et le financement de la grande
industrie nationale. Aujourd’hui, ce sont les banques transnationales qui font
disparaître à leur tour les banques nationales au profit des firmes multinationales.
Si l’argent est le nerf de l’économie, la disparition des banques locales signifie sans

192 S. LATOUCHE, op-cit, pp. 45- 50


193 Idem.
194 Ibidem.
[65]

doute la fin de l’économie locale. Comme l’écrivent les théoriciens de time dollars
d’Ithaca, l’économie assure sa croissance « en se nourrissant de la chair et des
muscles qui maintiennent soudée la société.195Par-dessus tout, le marché a
fortement marginalisé des aires importantes tant au Sud qu’au Nord.

Il importe de rappeler que dans des telles zones déprimées, qui


survivent grâce aux subsides, subventions, assistantes, presque tout l’argent
gagné sur place ou provenant de l’extérieur est accaparé par les supermarchés et
drainé hors de la région. On débouche ainsi sur « le cas limite des réserves
indiennes nord-américaines où il ne faut que 48 heures à 75% des dollars alloués
par le gouvernement fédéral pour s’écouler vers les villes limitrophes ».196 Telle est
aussi la situation en République Démocratique du Congo, où le petit commerce
par exemple, est tenu par des expatriés. Ces derniers, à travers les différentes
agences bancaires (généralement, propriétés des étrangers) installées au pays,
rapatrient leurs fruits de travail vers leurs pays d’origines. Cela constitue l’exode
des capitaux,197 avec comme conséquence, la non-accumulation et la
décapitalisation de l’économie nationale. Voilà encore, ici, l’une des stratégies de
prédation, par laquelle se fait le prélèvement des richesses dans les économies du
Sud.

Il y a lieu de soutenir, à la suite de Serge Latouche, que le


développement local apparaît ainsi comme une expression antinomique pour
toute une série de raisons liées. « D’abord, le développement est la conséquence
d’un processus économique qui n’est ni local, ni régional, ni même national
(même si l’Etat-nation en a été l’acteur privilégié), mais fondamentalement
mondial (et surtout à l’époque actuelle). Certes, bien que de plus en plus
déterritorialisé, le processus mondial se réalise dans une inscription spatiale. Le
développement mondial est une somme de transformations, voire d’initiatives,
localement situées, mais la logique du processus est d’abord globale et donc a-
spatiale. Sur le processus lui-même, les politiques ont de moins en moins de prise,
et sur son inscription territoriale, leur maîtrise reste très limitée. Il ne faut donc
pas confondre « développement local » et croissance localisé ni, s’agissant du Sud,

195 E. CANE & J. RAWE, Time dollars, Emmanus, Pennsylvannia, cité par S. LATOUCHE, op-cit, p. 47.
196 PERRY WALKER & EDWARD GOLDSMITH, « Une monnaie pour chaque communauté », silence, n°
246-247, Août 1999, p. 19.
197 Nous vous appelons à comprendre par là, le transfert des capitaux de la « périphérie » vers le « centre »

dans les rapports internationaux et/ou du milieu rural vers le centre ville, dans le cadre d’un Etat- nation.
[66]

développement local et dynamique informelle. Tout changement local, même et


surtout bénéfique, n’est pas du développement, c’est la réaction de survie d’un
organisme agressé par le développement ».198

Certes, le procès de changement local devrait être analysé selon deux


processus concurrents et/ou complémentaires. D’une part, on trouve les
« retombées » locales d’un phénomène qui se passe fondamentalement ailleurs.
D’autre part, il est possible d’identifier des réactions créatives de la société en face
des conséquences du développement et plus encore de la mondialisation. Ces
deux processus, souvent combinés en une sorte d’alliance contre nature, forment
justement ce qui est d’habitude désigné improprement comme le
« développement local ».199

Cette thèse est aussi soutenue par Luisa Bonesio qui souligne que :
« la croissance des systèmes locaux répondant à des logiques globales ne peut pas
être appelée développement local ».200 Il y a lieu de dire que « le localisme » et/ou
« le développement local » nous met en face de territoires sans pouvoir à la merci
de pouvoirs sans territoire. « En facilitant une gestion à distance, écrit Jean-Pierre
Garnier, à la fois décentralisée et unifiée, d’unités dispersées dans l’espace, les
nouvelles technologies de la communication permettent aux grandes firmes de
superposer un espace organisationnel hors sol dont la structure et le
fonctionnement obéissent à des stratégies d’entreprise de plus en plus autonomes
à l’égard des activités et des politiques autocentrées sur des territoires
déterminées ».201

Au demeurant, le développement local comme pratique et/ou


concept, ne pouvait pas résoudre l’équation du développement à l’échelle
planétaire. Quoique considéré d’un nouveau paradigme de développement, « le
développement local » n’a pas touché au sacro-saint libre-échange mondial, ainsi
donc, ne pouvait pas jouer pleinement son rôle. C’est pourquoi l’on va connaitre
l’émergence du concept développement durable.

198 S. LATOUCHE, op-cit, pp. 47- 48.


199 Idem pp. 45- 50.
200 Cité par LUISA BONESIO, « paysages et sens du lieu », Eléments, n°100, mars 2001. « Une réponse à la

mondialisation : le localisme »
201 JEAN-PIERRE GARNIER, Le capitalisme high tech, Paris, Spartacus, 1988, p. 55.
[67]

Evoquant la question de développement durable, nous sommes,


d’emblée, appelé à dire qu’il « a été mis en scène à la conférence de Rio en Juin
1992. Les documents de la conférence de Johannesburg, montrent que désormais
le développement durable comme mythe rassemble tous les espoirs des
développements à particule. Selon les ONG, il s’agit d’un développement
« économiquement efficace, écologiquement soutenable, socialement équitable,
démocratiquement fondé, géopolitiquement acceptable, culturellement
diversifié », bref le merle blanc. Pour les organisateurs officiels, la mise en avant
du bien-être social et de la question de la pauvreté sert à liquider pratiquement
tous les engagements de Rio ».202 Généralement, il se définit comme « un mode de
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures de répondre aux leurs». 203 Autrement dit, il faut que la
production pour la consommation actuelle tienne compte des générations à venir.
Ceci implique la nécessité des relations entre l’économie et l’environnement.
Catherine Aubertin en retient « 2500 recommandations de l’Agenda 21 qui seraient
abandonnées au bon vouloir des ONG et au sponsoring (éventuellement
subventionné) des firmes transnationales, et la solution des problèmes de
pollution (changement climatique et autres) est confiée aux forces du marché. 204

Il n’est pas étonnant que nous puissions inscrire le concept de


développement durable dans ce que certains auteurs appellent le «vernis lexical
idéologique de coopération»,205 qui accompagne la compétition des Etats du
monde dans le procès de la planétarisation. Déjà, en 1989, John Pessey de la
Banque mondiale recensait trente-sept acceptions différentes du concept
développent. Le rapport Brundtland (world commission 1987) en contiendrait six à
lui tout seul, alors que François Hatem, qui à la même époque en répertoriait
soixante, propose de classer les théories principales actuellement disponibles sur

202 S. LATOUCHE, op-cit, pp. 51- 53.


203 D. ALCAUD & L. BOUVET (Sous la direction de), Dictionnaire de sciences politiques et sociales, Paris, Eds.
Dallos, 2004, pp. 77- 78.
204 CATHERINE AUBERTIN, « Johannesburg : retour au réalisme commercial, Ecologie politique, n° 26,

2002. La formule est peut être de Dominique Plihon, actuel président du conseil scientifique d’Attac qui
l’utilise sans guillemets et au premier degré dans « une autre mondialisation », Revue du MAUSS, n°20,
2ème semestre 2002, p. 108.
205 W. BOLIMA BOLITSI, « le 21ème siècle kinois et le dynamique d’une démocratie spirito–religieuse sous–

développée. Pour une théologie de la libération en République Démocratique du Congo je plaide, dans
MES, KINSHASA, 2009, pp. 153- 154.
[68]

le développement durable en deux catégories,206«écocentrées» et


«anthropocentrées», suivant qu’elles se donnent pour objectif essentiel la
protection de la vie en général (et donc de tous les êtres vivants, tout au moins de
ceux qui ne sont pas encore les êtres vivants, tout au moins de ceux qui ne sont
pas encore condamnés) ou le bien-être de l’homme.207

La sociologie comparée dénonce la divergence manifeste dès le départ


sur la signification du soutenable/durable. Pour les uns, le développement durable
se veut un développement respectueux de l’environnement. Ici, c’est la
préservation des écosystèmes qui est mis en avant plan. Pour les autres,
l’important est que le développement tel qu’il est puisse durer indéfiniment. Cette
position est celle des industriels, de la plupart des politiques et de la quasi-totalité
des économistes.

Dans le premier cas, le développement est supposé signifier, comme


dans la conception mythique, bien-être et qualité de vie satisfaisants.
Malheureusement, l’on ne s’interroge pas trop sur la comptabilité des deux
objectifs, développement et environnement. Cette attitude est assez bien
représentée chez les militants d’Organisation Non Gouvernementale et chez les
intellectuels humanistes, comme il a été dit ci-haut. La prise en compte des grands
équilibres écologiques doit aller jusqu’à la remise en cause de certains aspects de
notre mode de vie. Ensuite, dans le second cas, le développement durable parait
« le moins ironique que ce soit ceux qui suivent le modèle de destruction
consumériste qui parlent de développement durable ! déclare le responsable
d’Ekta Parishad, une ONG indienne. Ce sont eux qui ont déchaîné les forces du
marché, responsables de la destruction de notre modèle durable ».208

Le développement durable présente une ambigüité en permanence,


aussi évoquée dans le rapport Brundtland. La lecture de ce document fait observer
ce qui suit : « pour que le développement durable puisse advenir dans le monde
entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites
écologiques de la planète. ». Toutefois, il est écrit qu’: « étant donné les taux de
croissance démographique, la production manufacturière devra augmenter de

206 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 51- 53.


207 CHRISTIAN COMELIAU, « Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ? »,
Tiers-Monde, n°137, Janvier-Mars, 1994, pp. 62- 63.
208 Cité par JEAN AUBIN, op cit, p. 142.
[69]

cinq à dix fois uniquement pour que la consommation d’articles manufacturés


dans les pays en développement puisse rattraper celle des pays développés».
Comme le remarque non sans humour Marie-Dominique Perrot : « le Rapport
dans son ensemble montre que l’objectif poursuivi ne vise pas tant à limiter
l’opulence économique et le gaspillage des puissants (au Nord comme au Sud)
qu’à proposer une sorte de saut périlleux fantasmatique qui permette de garantir
le beurre (la croissance), l’argent du beurre (l’environnement) ainsi que le surplus
du beurre (la satisfaction des besoins fondamentaux) et même l’argent du surplus
(les aspirations de tous aujourd’hui et à l’avenir). ». On ne peut que reprendre sa
conclusion désabusée : « qu’est-ce donc que le développement durable sinon
l’éternité assurée à une extension universelle du développement ? ».209

Incontestablement, l’adjonction du « durable » au développement


entretient une ambigüité qui appelle des sincères critiques et beaucoup de doutes.
Il vaut la peine d’y regarder de plus près en revenant aux concepts pour voir si le
développement durable relève le défi du développement. Certes, la « définition
du développement durable telle qu’elle figure dans le rapport Brundtland ne
prend en compte que la durabilité ou la soutenabilité. Il s’agit, en effet, d’un
« processus de changement par lequel l’exploitation des ressources, l’orientation
des investissements, les changements techniques et institutionnels se trouvent en
harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur des besoins des hommes ».210
D’ailleurs, pour les décideurs, ce n’est pas l’environnement qu’il s’agit de
préserver, mais avant tout le développement. Tel est bien, en effet, le pari du
développement durable que la sociologie dénonce. N’est-ce pas qu’ « un industriel
américain exprime la chose de façon beaucoup plus simple : « nous voulons que
survivent à la fois la couche d’ozone et l’industrie américaine »211 ?

En effet, le problème avec le développement soutenable n’est pas avec


le mot « soutenable » qui est plutôt une belle expression, mais avec le concept de
développement qui est complexe. Le soutenable, si on le prend au sérieux,
signifie que l’activité humaine ne doit pas créer un niveau de pollution supérieur
à la capacité de régénération de la biosphère. Mais, il sied de reconnaitre que cela
n’est que l’application du principe de responsabilité énoncé par le philosophe

209 MARIE DOMINIQUE PERROT, cité par, S. LATOUCHE, op- cit, p. 56.
210 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 58- 59.
211 Idem.
[70]

Hans Jonas : « Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles
avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur la terre ».212 Certes, la
signification historique et pratique du développement, liée au programme de la
modernité, est fondamentalement contraire à la durabilité ainsi conçue.
Seulement, toute l’idéologie et la pensée unique dominante s’efforcent avec un
certain succès d’occulter cette réalité. La main invisible et l’équilibre des intérêts
nous garantissent que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes
possibles. Personne ne devrait se faire du souci pour ce faire.

Il devient utile de faire remarquer le fait que le développement


durable doit, a priori, demeurer suspect parce qu’il fait l’unanimité. Il demeure un
concept qui satisfait le riche et le pauvre, le Nord et le Sud, le patron et l’ouvrier,
etc. Chacun y met ce qu’il veut, et pendant qu’on investit ses espoirs dans les
mots, les pratiques se chargent de vous détrousser et de vous étrangler. Le
socialiste, ami de Marx, August Bebel, avait coutume de se demander quelle
sottise il avait pu dire quand la bourgeoisie l’applaudissait au Reichstag.

Evidemment, tous sont concernés par les dangers signalés et tous y


sont conviés. Mais, une chose aussi est vraie : « la faim et la pauvreté des uns ne
sont pas comparables à la destruction des ressources qui nous vaut aujourd’hui
d’être conviés à la table de la recherche des voies et moyens conduisant au
développement durable. Chacun sait que nous (les pays sous-développés) n’avions
pas été conviés à la table pour aller vers un développement dont les dangers sont
aujourd’hui dénoncés»,213 dixit Lombeya Bosongo, L.

Sans doute, le développement durable ou soutenable est pavé de


bonnes intentions. Il comporte, non seulement des défis, mais aussi et surtout, des
incertitudes. Si, aujourd’hui, la survie de tous, développés et non développés,
passe par la sauvegarde de la biodiversité, il faut reconnaitre que l’utilisation du
concept de développement durable est belle et bien, imposée par la « tyrannie des
circonstances dans toute sa sévérité », 214 selon l’expression de John Galbraith. Le

212 HANS JONAS, cité par, S. LATOUCHE, op- cit, p59.


213 Propos du sénateur congolais (RDC) LOMBEYA BOSONGO L., lors de son intervention dans le « Débat
de la Deuxième Commission sur le Développement Durable », à l’occasion des travaux de la 120 ème Assemblée
de l’Union Interparlementaire, Addis-Abeba, du 05 au 10 avril 2009, pp. 2- 5.
214 JOHN GALBRAITH, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 2.
[71]

développement durable auquel tous sont conviés inconditionnellement, soulève


beaucoup de problèmes pour les Pays en voie de développement.

Présentés sous forme de questionnement par Lombeya Bosongo, L.,


ces problèmes ou déficits déterminent l’avenir et pourraient être des difficultés sur
le chemin du développement durable. Il s’agit par exemple : « à l’intérieur : une
réduction de la pauvreté qui ne se fait pas voir ; des insuffisances d’une
gouvernance qui peine à prendre les besoins des populations en charge. A
l’extérieur : des échanges inégaux séculaires, encore et toujours actuels ».215 Ainsi,
« que feront par exemple, les pays en développement d’un marché mondial basé
sur un avantage comparatif lui-même basé sur leurs ressources naturelles, mais
qui n’apporte pas d’avantages ? Le développement durable nous sauvera-t-il
d’une théorie et d’un ensemble de politiques qui, malgré la durée, présentent des
résultats douteux ? Les efforts, aujourd’hui, de relancer le capitalisme financier
qui impose sa logique à l’ensemble de l’économie, séparant le monde en
développés et en non développés, ces efforts tiendront-ils compte de la nécessité
proclamée du développement durable ? Quid du Mécanisme de Développement
Propre (M.D.P) impliquant une proposition de compensation ? Onze à 19
milliards de dollars américains par an comme valeur potentielle des échanges de
gaz à effet de serre au profit des P.E.D. Les pollueurs, nonobstant des efforts
internes, n’établissent pas là une nouvelle légitimité pour rester pollueurs en
achetant aux pauvres leur incapacité de polluer ?».216

En outre, il ne faut pas oublier que les écosystèmes des Pays en voie
de développement, dont la République Démocratique du Congo, sont la base,
pour leurs différentes populations, de l’habitat, de moyens de substance, de terres
agricoles, et pour l’ensemble de l’humanité, de source de régulation climatique. Il
est aussi utile de considérer que le développement durable reste un processus à la
fois politique, social, financier, scientifique, technologique, etc., afin d’aller vers
des utilisations concurrentes qui sauvegardent la biodiversité et l’achat de
l’incapacité de polluer de certains pays. En conséquence, le développement
durable ne parait pas la voie indiquée pour qu’ils participent aux efforts de
sauvegarde des écosystèmes, et pour le monde, d’aller vers la régulation
climatique.

215 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, p. 2- 3.


216 Idem
[72]

N’est ce pas que Michel Petit, expert du Groupe international


d’experts sur le climat (GIEC), reconnait que : « le modèle de développement suivi
par tous les pays jusqu’à aujourd’hui est fondamentalement non durable, au-delà
des arguties qui entourent le concept de développement durable 217 ? Les faits sont
têtus : la baisse de l’intensité en ressources naturelles est indéniable mais elle est
malheureusement plus que compensée par l’augmentation générale de la
production. Mais, la ponction sur les ressources et la pollution continuent
d’augmenter. Comme l’affirme le rapport du Programme des Nations Unies pour
le Développement : « partout dans le monde, les processus de production sont
devenus plus économes en énergie depuis quelques années. Cependant, vu
l’augmentation des volumes produits, ces progrès sont nettement insuffisants
pour réduire les émissions de dioxyde de carbone à l’échelle mondiale. 218 De ce
fait, il s’observe que tout en étant les vrais partisans du développement durable,
les pays développés sont eux qui ont instauré des « droits à polluer » et de la
marchandisation de l’environnement.

Il est de notre obligation de conclure ce débat sur le développement


durable en ces termes : le développement étant défini par Rostow comme self-
sustaining growth (croissance auto-soutenable), l’adjonction de l’adjectif « durable »
ou « soutenable » au développement est inutile et constitue un pléonasme.
L’expression développement, accolé de l’adjectif durable ou tout autre, nous importe
peu. Sans aucun doute : « aujourd’hui, ce dont nous avons besoin, c’est une
nouvelle ère de croissance, une vigoureuse croissance et, en même temps
socialement et environnementalement soutenable ».219

D’ailleurs, les caractères durable ou soutenable renvoient non au


développement « réellement existant » mais à la reproduction. Mais, il est aussi
utile d’indiquer que la reproduction durable a régné sur la planète en gros
jusqu’au XVIII ème siècle. Il est encore possible de trouver chez les vieillards du
tiers monde des « experts » en reproduction durable. Les artisans et les paysans
qui ont conservé une large part de l’héritage des manières ancestrales de faire et
de penser. Ils vivent le plus souvent en harmonie avec leur environnement ; ce ne

217 Cité par JEAN-PIERRE DUPUY, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, Paris, Seuil,
2002, p. 30.
218 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Bruxelles, De Boek, 2002, p. 28.

219 RAPPORT BRUNDTLAND, Notre avenir à tous, Montréal, éd. du Fleuve, 1987, p. XXIII.
[73]

sont pas des prédateurs de la nature. Au XVIIème siècle encore, en édictant ses édits
sur les forêts, en réglementant les coupes pour assurer la reconstitution des bois,
en plantant des chênes que nous admirons toujours pour fournir des mâts de
vaisseaux trois cents ans plus tard, Colbert se montre un expert en « sustainability
». Ce faisant, ces mesures vont à l’encontre de la logique marchandise. 220

Il faudra souligner aussi des pratiques de tous ces paysans qui


plantaient et plantent encore de nouveaux oliviers et de nouveaux figuiers dont ils
ne verraient jamais les fruits. Ils le font en pensant aux générations suivantes.
Certes, cela, sans y être tenu par aucun règlement, tout simplement parce que
leurs parents, leurs grands-parents et tous ceux qui les avaient précédés le
faisaient. Nous sommes en droit de dire qu’en accolant l’adjectif « durable » au
concept de développement, l’on ne fait qu’embrouiller un peu plus les choses. Il
est plus que douteux que cela suffise pour résoudre les problèmes. Voilà
pourquoi, d’une certaine façon, nous partageons le point de vue d’Ignacy Sachs,
qui tire la conclusion logique sur l’inutilité ou la redondance du qualificatif. Il
souligne que : « le moment est venu, peut-être, de proposer une révolution
sémantique et de revenir au terme « développement » sans aucune qualification, à
condition bien entendu de le redéfinir en tant que concept pluridimensionnel»,221
soutient-il. Le succès universel de « développement durable » atteste que la
question du développement ne concerne pas ou plus seulement les pays du Sud,
mais tout aussi bien ceux du Nord. Ce développement durable qui a été « mis en
scène » à la conférence de Rio en Juin 1992 et, qui continue à faire couler de
l’encre, nous promet le développement pour l’éternité. « Fort heureusement, le
développement parait ne pas être durable. Il nous enlève ainsi toute perspective
de sortie. C’est la raison pour laquelle, à la suite de Serge Latouche, nous
noutenons que, le développement durable constitue « un bricolage conceptuel
visant à changer les mots à défaut de changer les choses. Mais cette fois, on a
affaire à une monstruosité verbale du fait de l’antinomie mystificatrice de
l’expression ».222 Il n’empêche que le concept de développement durable contribue
largement à une sonnette d’alarme qui appelle les générations présentes et futures
à collaborer à la construction de notre « futur commun ».

220 S. LATOUCHE, op- cit, p. 65.


221 Idem.
222 Ibidem.
[74]

En somme, la littérature223 en rapport avec le débat sur le


développement nous fait affirmer qu’il faut faire la distinction entre le
«développement réellement existant», des générations présentes et les
« développements adjectivés : développement social, développement humain,
développement intégré, développement intégral, développement endogène ou
développement exogène, sans oublier le développement durable, etc. ». La
sociologie retient que toute cette série de développements adjectivés, témoigne de
la créativité des « tenants de la pensée libérale ». Ils sont tenus, sans cesse,
d’alimenter la superstructure idéologique en vue du contrôle de la planète. C’est
pourquoi, en ce qui concerne les pays en voie de développement, lorsque nous
considérons les relations à l’échelle planétaire, et les populations rurales, lorsque
nous sommes au niveau national, doivent penser leur propre paradigme pour
s’assurer le « développement réellement existant », et celui des générations
futures. Il leur faut non pas la modification, à tout moment, des concepts, moins
encore, des adjectifs à adjoindre au « développement », mais plutôt, un nouveau
paradigme qui apportera le changement du système libéral qui engendre les
inégalités et la pauvreté à l’échelle planétaire et/ou nationale.

§3. Des conditions de sous-développement face à l’équation « démocratie =


développement » : de la nécessité de l’action de l’homme dans le dévenir
historique des sociétés

Il serait moins commode pour nous de terminer le débat sur le


développement et « les développements adjectivés » sans que nous évoquions la
question du sous-développement et de la démocratie. Cela importe en ceci que, la
démocratie se résume à la gestion de la chose publique par le peuple. Ainsi,
signalons que le sous-développement comme terme, est à la fois évocateur et
mobilisateur. En même temps qu’il suggère un temps d’insuffisance et de
subordination, il insinue une comparaison.

Le sous-développement ne peut se situer et se comprendre lui-même


que par rapport au développement. Il n’a donc de sens que si on le compare avec
le développement. En effet, le terme sous-développement fut lancé dès 1949 dans
le quatrième point du programme Truman qui s’énonçait comme suit : « … en

A ce point de vue, lire utilement les écrits de R.MBAYA MUDIMBA, J. E. STIGLISH, E. BONGELI, L.
223

LOMBEYA BOSONGO, S. LATOUCHE, KANKWENDA M’BAYA, etc., sur, généralement, le


développement (endogene), le libéralisme, le capitalisme et la mondialisation, etc.
[75]

quatrième lieu, nous devons nous lancer dans un programme hardi et nouveau,
visant à mettre les ressources de nos conquêtes scientifiques et de nos progrès
techniques au service de l’amélioration et de la croissance des zones sous-
développés …».224 Il se veut trop ambigu et renvoie à des désignations suivantes :
pays non-alignés, pays retardés, pays du Tiers-Monde, pays non-industrialisés,
pays non-développés, pays périphériques, etc. Tel est aussi le point de vue
d’Alfred Sauvy, qui souligne que les pays sous-développés sont généralement
ceux du Tiers-Monde, ils sont à la recherche de leur originalité.

En effet, « le sous-développement est en réalité, le drame historique


du siècle et des temps à venir ».225Il se caractérise par l’insuffisance des éléments
technologiques et l’incapacité qu’a un pays de beaucoup produire et d’exploiter
ses produits. Cette position rejoint celle des économistes modernes et bien
d’autres analystes des sociétés qui affirment que le transfert de secteur ou encore
de la technologie, l’industrie détermine le degré du développement d’un pays.
Mais, selon D. Tshenke qui cite Yves Lacoste, le sous-développement est un
phénomène global, une situation éminemment complexe. Dans chaque territoire,
le sous-développement se manifeste par une imbrication des symptômes
économiques et démographiques, et procède d’une combinaison des facteurs
embéguines les unes dans les autres.226

Cependant, Goffaux, pour sa part, voit dans le sous-développement,


« une crise, aigue ou latente, entre passé et avenir qui n’a rien d’étonnant lorsqu’il
s’agit de franchir un seuil important ».227 Alors que Yves Lacostes, se basant sur ce
qu’il considère comme les causes du sous-développement, le définit comme « un
état économique et social, caractérisé par une grave contradiction interne : d’une
part, ce qui provoque nécessairement l’accroissement rapide des populations,
d’autre part, et entrave la croissance économique qui leur permettrait de subvenir
à leur besoins ».228 Il pense, ensuite, que « la faim et la misère sont, de trop vieilles
et trop fréquentes compagnes des hommes pour qu’elles puissent constituer la
seule base d’une définition satisfaisante de ce phénomène complexe et original qui

224 J. GOFFAUX, Problèmes de développement, C.R.P., p41.


225 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, déjà-cité, op-cit, p. 157.
226 D. TSHENKE, Mbuji-Mayi : diamant et pauvreté d’une ville. Approche sociologique, (thèse de doctorat,

Sociologie), FSSAP, Unikin, 2012, p. 36.


227 J. GOFFAUX, op- cit, p. 36.
228 YVES LACOSTE, Les pays sous-développés, Paris, P.U.F., 1962, p. 6.
[76]

est le sous-développement ».229 C’est pourquoi, à coté de ces éléments, il est utile
qu’on puisse considérer aussi : l’insuffisance alimentaire, la prise de conscience, le
manque de capitaux, le taux élevé de mortalité, la situation environnementale, etc.

Le même Yves Lacostes présente deux tendances du sous-


développement dans le temps230. Il s’agit de :

 la première tendance est celle qui confond le sous-développement et la


situation pré- industrielle. C’est aussi là, la thèse de Rostow, la thèse qui
assimile les transformations du Tiers- Monde actuel à la situation pré-
industrielle de l’Europe ;
 la seconde tendance est celle des marxistes qui considèrent que « le sous-
développement commence au moment de la conquête coloniale. Des auteurs
comme Gunder Frank et Samir Amin, etc., peuvent être cités à ce sujet.
Certes, si Gunder Frank voit le sous-développement comme le fruit des
transformations liées à la dépendance, Samir Amin de son coté, trouve dans
le sous-développement, la conséquence de l’établissement de la domination
impérialiste.231

Kuyunsa Bidum et Shomba Kinyamba, de leur part, affirment que le


sous-développement est un déséquilibre, la carence dans laquelle se trouve un
pays ou un peuple.232 Il se remarque dans l’état des infrastructures de base, dans
l’état général de l’économie, dans la non maitrise des avantages de l’organisation
sociale, politique, économique, etc. Il s’agit d’un phénomène complexe touchant
aux aspects qualitatifs et quantitatifs de la vie d’un peuple. Le sous-
développement, comme le développement, nécessite une approche holistique
pour son appréhension.

Il y a lieu de conclure ce débat sur le sous-développement par le point


de vue d’Albert Doutreloux. Celui-ci soutient que : « le sous-développement
pourrait se reconnaitre au moins par l’inaptitude pour une société de concevoir sa
propre évolution hors des cadres théoriques, idéologiques, pratiques, importés de

229 YVES LACOSTES, op- cit, p. 6.


230 YVES LACOSTES, Vocabulaire et problématiques du sous-développement, dans Connaissance du Tiers-
Monde, Paris, Laboratoire du Tiers-Monde, 1978, pp 50-51.
231 Idem,

232 KUYUNSA BIDUM & SHOMBA KINYAMBA, op- cit, p. 264.


[77]

toutes pièces ».233 Nous partageons ce point de vue en ce que, le simple transfert
technologique ne suffit pas à développer un pays ou une nation. Une technologie
peut être mal maitrisée et non adaptée à la réalité du pays récepteur et passe, ainsi
pour devenir obstacle au développement. La non maitrise d’une technologie par
les autochtones, par exemple, fera que ceux-ci ne parviennent plus à utiliser leur
potentialité. Ceci favorisera l’accumulation et la dépendance vers l’extérieur.
Raison pour laquelle, la sociologie tient compte des conditions de développement
dans une société.

En effet, puisqu’il faut discuter de la question des conditions de


développement et de sous-développement, nous rappelons qu’ils sont des
circonstances dont leur présence est favorable au développement considéré
comme changement social. Les facteurs de développement sont les causes qui
peuvent le produire. Le temps, par exemple, est une condition, et non une cause ;
quant aux facteurs physiques, ils peuvent jouer tantôt comme conditions tantôt
comme causes. L’accumulation des connaissances, le type de valeurs dominantes
sont des conditions de développement.

Le problème est celui-ci : qu’est-ce qui explique le développement ?


Dans les transformations qui affectent les sociétés humaines, quels sont les
éléments dont l’action peut- être considérée comme prépondérante, au point de
conduire les sociétés à ces transformations ? La réponse n’est pas simple. De nos
jours, les sociologues retiennent, principalement, les éléments démographiques et
technologiques, les infrastructures économiques, les valeurs, les idéologies et les
conflits comme éléments concomitants et interagissant du développement. Une
modification des modèles de conduite est soit inventée, soit empruntée. Il existe
ces deux voies qui amènent des transformations des sociétés vers le
développement. Il s’agit de l’invention et de la diffusion.

La diffusion se veut de l’introduction dans une culture donnée, d’une


modification de culture venant d’une autre culture. Mais, il faut signaler que les
emprunts culturels doivent se faire de manière sélective. Cela signifie que toutes
les sociétés n’acceptent pas toutes les innovations. Il y a donc, dans toutes les
sociétés, le phénomène de résistance au changement. Les modèles de
comportement auxquels la société attache plus de valeur ne changent pas vite. Ce

233 A. DOUTRELOUX, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, déjà- cité, p. 34.
[78]

sont en effet ceux auxquels les gens se conforment le plus. Pour cette raison, ils ne
changent pas facilement. Il en est de même pour les institutions majeures : famille,
religion, etc. En outre, l’on ne devra pas aussi procéder par un mimétisme aveugle
et aveuglant comme le cas de la RD. Congo. Un tel agir, entretient la dynamique
du sous-développement.

Nous soutenons que l’état actuel des connaissances ne permet pas


d’élaborer un modèle absolu et universel. En d’autres termes, le poids des
éléments explicatifs doivent varier d’une situation à une autre, d’une société à
une autre, selon telle ou telle culture. Ce n’est donc qu’une analyse des faits qui
puissent montrer, de manière empirique, celui des éléments qui, dans une
transformation donnée, a pesé plus que les autres. Il importe de signaler aussi que
la culture est faite de processus complexes. Ce ne sont pas des enchainements
isolés et linéaires. En privilégiant les mécanismes, les inerties et dynamismes
internes propres aux sociétés comme causes déterminantes du sous-
développement par exemple, nous faisons là écho à la proposition d’Albert
Doutreloux234 citée, ci-haut.

Il faut, en corollaire de cette thèse et au regard de l’expérience


congolaise, « poser que l’inaptitude théorique, idéologique, pratique, procède de
l’inculture dans son sens le plus large. Les transformations matérielles, les
transformations des institutions, les transformations qui affectent les rapports
économiques, les mentalités et les rapports sociaux, celles qui indiquent la
direction appropriée des collectivités humaines ainsi que la gestion acceptable des
choses sont produit d’une culture consciente. Cette culture au sens large est faite
des savoirs et des savoirs faire des dispositions et attitudes mentales, des règles
éthiques vécues d’une vision du monde qui éclaire la conduite vis-à-vis des
normes légales, vis-à-vis des droits, vis-à-vis des hommes et des choses. Cet
ensemble, en même temps qu’il prédispose les acteurs à l’action, oriente
également celle-ci. La vision théorique, économique et politique procède de cet
ensemble et informe la conduite de ceux qui constituent le groupe de
référence ».235

234 A. DOUTRELOUX, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, déjà- cité, p. 34.
235 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, déjà-cité, pp. 35- 37.
[79]

A dire vrai, l’incapacité théorique et le déficit en capacité de combiner


les facteurs générateurs de progrès procèdent des caractéristiques de la culture
des catégories qui composent le groupe porteur. Par exemple, on a noté en 1985,
que l’application au Zaïre de l’informatique et des principes de management pour
gérer le personnel de l’Etat et faciliter la paie, a produit plutôt des effets
contraires : l’injection des agents fictifs, de faux grades, etc. On a abouti à une
mauvaise connaissance des effectifs de l’Etat et à l’hémorragie des derniers
publics. Dans ce cas, la technique de l’informatique a joué plutôt comme un
élément de sous-développement et non de progrès. Parce que le milieu dans
lequel elle a opéré ne lui permettait pas de jouer son rôle. La pénurie économique,
la politique salariale, les attitudes mentales, les structures sociales et les
conditions politiques etc. ont annulé toute rationalité dans la gestion et entraîné
des pertes de gains considérables.236

De la même manière, il serait faux de penser que la mécanisation,


c’est-à-dire l’usage, sur une vaste échelle, de machines agricoles pourrait à elle
seule, venir à bout de la pénurie alimentaire et favoriser le développement rural 237.
Il faut encore que les conditions politiques, économiques, les structures sociales,
les attitudes mentales et culturelles s’y prêtent. Nous retrouvons là le principe de
la pluralité des facteurs et des conditions. Il faut retenir que si le changement
social est inhérent à la vie sociale et qu’il constitue un phénomène universel, par
delà les variations qui sont le passage d’un état à un autre, d’un mode d’existence
à un autre. Il n’en est pas le cas pour le développement. Celui-ci, phénomène
organique, n’est pas inhérent à la vie sociale, moins encore, un phénomène
universel. Le développement, le passage d’une société ou d’une nation
quelconque d’une situation moins satisfaisante vers une situation plus
satisfaisante avec l’économie du temps et d’outils, etc., demeure donc tributaire de
« l’agir humain réfléchi » et des certaines conditions offertes par chaque société.

Si nous devons encore revenir au cas de la République Démocratique


du Congo, contrairement aux Etats Unis d’Amérique par exemple, il y a lieu de
soutenir par l’observation que la nation congolaise, reste un modèle de la culture
débilitante, inhibitrice et destructrice de développement. Alors que la volonté politique

236 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie générale, (2013- 2014), pp. 84- 85.
237 Le passage de vue sur Kanyama Kasese et Mbakana, etc., « sites agricoles » transformés en cimetières
des tracteurs et autres enjeux agricoles pour vous en rendre compte.
[80]

d’occuper la première place, demeure une possession américaine, celle-ci se traduit par
volonté la domination qui culmine. Cette volonté américaine d’occuper la
première place se confirme par la volonté de domination sur le plan politique,
militaire, et sur le plan économique, etc.

Malheureusement, comme le démontre L. Lombeya Bosongo, « dans


la concurrence mondialisée, un pays dont les dirigeants sont dépourvus de toute
force de négociation comme la République Démocratique du Congo, ne pourrait
aujourd’hui jouer que deux rôles : - subir une industrie extractive dont la fonction
essentielle est de servir de pourvoyeuse des matières premières aux industries des
pays développés d’une part, et d’autre part, - servir d’exutoire pour les produits
d’exportation des pays du Nord ».238 Une chose reste vraie : « les Etats-Unis ont
construit l’économie la plus puissante et la plus riche qui n’ait jamais existé. Ils le
doivent à leur modèle et aux valeurs qui sous-tendent – liberté, progrès,
pragmatisme mais aussi le culte de la réussite et de la force (…) ».239 Donc, nous
sommes en droit de dire que la superpuissance américaine est tributaire de leur
culture qui favorise la créativité. Le « protestantisme »240 détermine leur agir
historique. Une lecture attentive de « L’Ethique et l’esprit du capitalisme » de Max
Weber suffit pour avoir la clé de ce qui vient être dit. Dans cet ouvrage, l’auteur
« s’attache à montrer que les valeurs contenues dans l’éthique religieuse du
protestantisme- et spécialement du calvinisme- ont favorisé l’essor du capitalisme.
Max Weber établit une relation entre opinions religieuses et valeurs, et entre
valeurs et comportements économiques,… ».241 Il en découle donc la possibilité
d’expliquer des situations sociales en considérant « les relations entre les
croyances comportementales et l’évolutions des structures institutionnelles et
organisationnelles spécifiques ».242

C’est pourquoi, en cherchant à comprendre les déterminations de


l’émergence des Dragons d’Asie orientale, etc., sans pour autant soutenir le
monisme explicatif, la sociologie du développement nous renseigne que ces
nations s’accrochent au Confucianisme pour justifier leur action historique.

238 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie de développement, déjà-citée, p. 26.


239 L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 15.
240 A ce sujet, lire utilement, MAX WEBER, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Eds. Plon,

1964.
241 DOUGLASS NORTH, op- cit, p. 174.

242 Idem.
[81]

Faisant foi à leur culture, elles n’ont pas suivi aveuglement les prescrits du
Consensus de Washington. Leur émergence provient de la volonté de leurs
groupes porteurs243 qui ont recherché une marge de liberté de décision et une dose
de la capacité étatique dans leur action historique. Par contre, dans le cas de la RD.
Congo, non seulement, le groupe porteur, particulièrement, les acteurs politiques
agissent à contre courant et à contre sens. A cela, s’ajoute « l’action actuelle des
Eglises de réveil pour lesquelles la causalité sociale est logée, non plus dans
l’action humaine mais dans la volonté divine ; démobilisant de la sorte tout effort
de transformation de la société par l’homme : NZAMBE KAKA, YAHWE SALA
LOLENGE NA YO, BISO TOKOMI NA SUKA, AU NOM DE JESUS, SANS EFFET,
etc. »,244 (traduit littéralement comme suit : que la volonté de Dieu soit faite,
YAHWE fait ce que tu veux, nous nous sommes arrivés à bout de notre force et
que toi Dieu tu fasses ta volonté, …), qui entretient la culture de la pauvreté au
Congo-Kinshasa et la dynamique du sous-développement.

N’est-ce pas que par le travail l’Etat d’Israël a changé une partie de
désert en terre arable ? Mêmement, par le travail, les hollandais ont gagné sur la
mer une partie de la terre exploitable (polders) ?245 Cependant, en dépit des
potentialités naturelles que regorge le Congo-Kinshasa, le congolais attend à tout
moment l’aide de la communauté internationale et le miracle de Dieu. Raison est à
E. Bongeli Yaikelo Ya Ato, qui souligne de sa part que, l’Etat congolais est, non
seulement, un grand bébé, mais, aussi et surtout, un pleurnichard devant la
communauté internationale.246 A l’heure actuelle, la RD. Congo est incapable, à
cause de l’impuissance de son groupe porteur de connaitre l’émergence ou le
développement.

En somme, pour ne retenir que le domaine économique, il nous


semble que le sous–développement, la croissance et le développement
économiques sont des sujets sur lesquels les débats paraissent infinis. Soit qu’ils

243 W. BOLIMA BOLITSI, & S. MASUMBUKU KALONDA, op- cit, pp. 67- 72.
244 W. BOLIMA BOLITSI, « Le 21ème siècle kinois et le dynamique d’une démocratie spirito – religieuse sous
– développée. Pour une théologie de la libération en République Démocratique du Congo je plaide », déjà-
cité, p. 154.
245 Ab. CIAMALA KANDA, « les éléments de blocage du développement rural au Zaïre (cas Luba du

Kasaï) », Cahiers Economiques et Sociaux, IRES, Vol. XVI n°3, Septembre, Eds. PUZ, 1978, p. 364.
246 E. BONGELI, « L’Etat- bébé. Lutte contre la pauvreté : nouveau mythe onusien », dans LASK, V. IX, n°

unique du Janvier- Déc., 2004, pp. 7- 46.


[82]

sont menés sous tel éclairage idéologique, soit qu’ils sont conduits sous les
ténèbres de l’ignorance. Aujourd’hui, la mondialisation, qui se veut l’unification
de la planète par les Nouvelles Technologies de l’Information (NTIC) d’abord,
puis, affirment certains, par des échanges commerciaux sans frontière, paraît être
le changement social qui entraîne toutes les activités humaines, toutes les
productions sociales vers des horizons qui ne sont pas nécessairement de progrès
pour tous.

Avec la percée de la mondialisation qui propose le développement


pour tous, la sociologie révèle que les inégalités ne sont pas encore près de
disparaître. Ensuite, il s’avère que pour les pays pauvres, la lutte contre la
pauvreté soulève des préoccupations dont l’imagination sociologique, nonobstant
le triomphe historique du bloc capitaliste libéral, peine à apercevoir le caractère
univoque du monde de demain. Il nous semble aussi être légitime de souligner
que la démocratie n’apporte pas obligatoirement le développement dans une
société nationale. Le développement, en dépit du système politique, nous l’avons
souligné, est tributaire de la culture favorable ou non, que présente la nation
considérée. Elle dépend, ensuite, de l’engagement de la population concernée à la
mystique de développement, y compris, l’action de son groupe porteur,
particulièrement, la capacité émancipatrice du groupe qui anime l’Etat. N’est- ce
pas que Mbaya Mudimba Rémy souligne la nécessité de la conscientisation pour
le développement, en insistant sru le développement endogène ? Il le rappelle en
ces termes : « Mboka ebongaka na boyebi na mpiko ya bana mboka ».247

A part le cas de Libye de M. Kadhafi, il y a encore de nombreux


exemples qui démontrent que, le développement ne dépend pas nécessairement
de la démocratie. Tel est l’exemple du Japon qui a pu maitriser parfaitement la
sphère de la gouvernance et témoigne de l’émergence sans précédent, « … dans
un régime autocratique et hiérarchique : la révolution Meiji n’est pas née d’une
bourgeoisie éclairée mais bien des samouraï des couches inférieures, d’une classe
des guerriers et d’intellectuels qui voulut restituer le pouvoir de l’empereur sur
des populations et des terres restées jusqu’ici sous le contrôle et l’autorité des

R. MBAYA MUDIMBA, Crise de la connaissance et sous-développement en RDC. Nécessité de la conscientisation


247

pour le développement. Mboka ebongaka na boyebi na mpiko ya bana mboka, Kinsahasa, Ed. Universitaires
Africaines, 2009, p. vi.
[83]

seigneurs féodaux ».248 Le même constat serait fait pour « des expériences plus
récentes : le Mexique, la Turquie, le Chili, la Thaïlande, la Corée du sud, …, qui
démontrent à suffisance que les succès économiques ne sont pas liés à la vitalité
du pluralisme politique, mais bien à la capacité de systèmes étatiques à
promouvoir pragmatiquement le développement durable ».249

A coup sûr, il se remarque que, si la démocratie ne sera pour les pays


du Tiers-Monde, en général, et, ceux de l’Afrique, en particulier, singulièrement,
pour la RD. Congo, que comme celle « dictée par l’Occident », nous n’hésiterons
pas de douter de décollage de ces nations. L’histoire récente nous rappelle par
exemple que, la situation sociale de la population libyenne de Kadhafi, 250 était plus
favorable que celle du Congo démocratique de Kabila, en dépit du multipartisme,
etc. Une lecture attentive de l’article intitulé : « Les mensonges de la guerre de
l’occident contre la Libye »251 de Jean-Paul Pougala, donnerait des pièces à
conviction sur ce sujet. Indiscutablement, cette production sociologique propose
des vraies raisons de l’acharnement de l’Occident contre l’ancien Guide libyen
Mouammar El Kadhafi.

D’ailleurs, pour Mouammar El Kadhafi, « le progrès politique, social


et économique n’est pas nécessairement le fait de « l’appareil du gouvernement »
dans son sens moderne. Il pense pour sa part que la solution au problème de la
démocratie est « le pouvoir du peuple ». La révolution opérée en Libye est
justement la voie à l’émancipation. C’est en fait cela que le leader lybien appelait
« la troisième théorie universelle ». Celle-ci annonça la libération définitive des
masses du joug de l’injustice, du despotisme, de l’exploitation et de la domination
politique et économique, et l’avènement de la société de tous les hommes. Chacun
y sera libre. Tous seront égaux dans la détention du pouvoir de la richesse, et des
armes, pour que la liberté triomphe totalement et définitivement. Dans ce
contexte, le pouvoir exercé par le peuple prend le dessus sur la théorie de la bonne
gouvernance dans l’aire africain : « pas de démocratie sans congrès populaires et

248 M. MIRISIMBA, Capitalisme et confucianisme. Technique occidentale et éthique japonaise, Paris, Flammarion,
1987, pp. 135- 136.
249 S. TSHIKOJI MBUMBA, De la bonne gouvernance. Appel à un nouvel ordre éthique du pouvoir en Afrique noire,

Eds. du Cerdaf, Kinshasa- RDC, SD, p. 32.


250 J-P. POUGALA, op- cit, pp. 12- 19.

251 Idem
[84]

des comités populaires partout ».252 C’est dans cette optique que l’ancien guide
lybien « a proposé au sommet extraordinaire de l’O.N.A à Sirthe, en Lybie, la
réforme de la charte panafricaine des droits de l’homme et des peuples, et la
création des Etats-Unis d’Afrique ».253

Les Etats africains, en général, la République Démocratique du


Congo, en particulier, en dépit des richesses en ressources naturelles, ne font pas
encore preuve de la performance économique. N’est- ce pas qu’Eden Kodjo
soutient qu’à « force d’avoir regardé vers extérieur et pour l’extérieur, à force
d’avoir accepté tout de l’extérieur concept, comme produits, l’Afrique a perdu la
boussole de son intériorité… » ?254 Raison donc de rappeler qu’il n’y a que des
sociétés étatiques dotées d’institutions fortes qui pourront voire leurs richesses en
ressources naturelles être en corrélation positive avec la croissance économique

Consernant le groupe porteur et son action historique, il y a lieu de


soulever cette question en soutenant que, non seulement la société dans laquelle
nous vivons change, mais les autres sociétés avec lesquelles nous sommes en
contact changent également. De manière lente, par exemple, la République
Démocratique du Congo (Zaïre) de 1885 à 1985 ou de manière brusque : la RD.
Congo. (Zaïre) de 1959 à 1960, l’Iran de 1980 et les pays du Maghreb avec des
bouleversements politiques connus. La société change sous plusieurs aspects. Elle
change sous les aspects démographiques, les aspects économiques et aspects
culturels. Le changement se présente encore sous un aspect humain, mais, aussi
sous un aspect environnemental. Elle change par l’action des forces internes ou
externes.

Le changement, généralement, peut être perçu comme une variation


par rapport à un mode de vie antérieur ou un état passé. Mais, pour Guy Rocher,
le changement peut se définir comme « toute transformation observable dans le
temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la
structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale d’une collectivité donnée

252 MOUAMMAR El KADHAFI, Le livre vert. La solution du problème de la démocratie « Le pouvoir du peuple »,
Première partie, cité par S. TSHIKOJI MBUMBA, op-cit, pp. 32- 33.
253 S. TSHIKOJI MBUMBA, op-cit, pp. 32- 33.

254 EDEN KODJO, Et demain l’Afrique ?, Paris, Eds. Stok, 1985.


[85]

et modifie le cours de son histoire».255 Il ressort de cette définition que le


changement social suppose : premièrement, les modifications profondes des
structures de la société considérée ; que cela se passe dans une longue durée. En
suite, les modifications de ces structures doivent être identifiables dans le temps et
que ces modifications touchent la majorité des membres de la société prise en
compte. En fin, elles doivent avoir de l’impact sur le cours de son histoire.

Partant de ces propos de Guy Rocher, et lorsque nous y associons le


point de vue de François Perroux, qui définit le développement comme «… la
combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la
rendent apte à faire croitre, cumulativement et durablement, son produit réel
global…».256 Nous nous rendons compte que le développement s’identifie au
changement social, et il se prolonge dans le temps. En effet, pour qu’on parle de
développement dans une société, il faut aussi qu’ils s’observent des modifications
dans le sens de l’accumulation économique. Celles-ci doivent avoir des
répercutions sociales, sans qu’elles détériorent l’environnement. Ces modifications
en question, doivent être identifiées dans le temps et toucher la majorité de la
population. Elles doivent impacter le cours de l’histoire de la société prise en
compte. Comme « le changement social »,257 le développement comporte une
dimension temporelle, et son procès appelle, inévitablement, le débat sur ses
agents (des acteurs), ses facteurs (des déterminations) et ses conditions
(culturelles).

Puisqu’il est question, ici, d’une série des transformations globales


engendrées par l’homme, elle implique certaines capacités, certaines qualités et
des valeurs, qu’il faut intérioriser. C’est la raison pour laquelle, nous devons à
présent, évoquer la problématique de la place de l’homme dans le processus de
développement, sans oublier des conditions qui en découlent. C’est-à-dire, la
question de « groupe porteur » et de son action historique, et celle de la nécessité
de la culture permissive de développement, telle que évoquée ci-haut. Lorsque
nous parlons de l’agent de développement, il est utile de comprendre que nous
nous inscrivons dans la logique de la dynamique délibérée, donc, la dynamique

255 G. ROCHER, Introduction à la sociologie générale, Changement social, .Tome III, Paris, éd. HMH, 1968, p.
22.
256 Souligné par nous, mais, lire utilement à ce sujet F. PERROUX, op- cit. pp. 195- 196.
257 W. MOORE, les changements sociaux, Paris, Eds. J. Duculot, 1971.
[86]

recherchée, voire même, la dynamique voulue. C’est dans cette optique qu’il faut
considérer la notion de l’agent de développement, pris pour le changement social.
En effet, le développement doit être pensé, voulu et planifié par l’homme. C’est
par là que se justifie l’importance d’un « groupe porteur » au sein de la nation.

Il n’est un secret pour personne que l’homme est l’acteur principal du


développement. Il se veut « l’alpha et l’oméga du développement ». Il faut
comprendre par là, qu’il est l’agent et le bénéficiaire ultime de développement. Si,
pour Guy Rocher, les agents du changement sont « les personnes, les groupes, les
associations qui introduisent le changement, qui l’appuient, le favorisent ou s’y
opposent … Ils sont donc, les acteurs et les groupes dont l’action est animée par
des buts, des intérêts, des valeurs, des idéologies qui ont un impact sur le devenir
d’une société ».258 Autrement dit, pour toute action allant dans le sens de
développement, « pour faire un plan, il faut des hommes qui le conçoivent et
l’établissent ; pour le réaliser, il faut des hommes qui animent les populations et
les populations capables d’être animées. Le modèle idéal du plan montre
clairement que la construction ou la production de l’homme par l’homme est
essentielle…»,259 le soutient François Perroux. Les hommes, acteurs du
développement constituent l’élite nationale ou son groupe porteur. En effet, au
niveau élevé des animateurs, celui des animateurs de l’Etat, des détenteurs du
pouvoir politique, principalement, « le groupe porteur est celui qui établit les
conditions générales de la pensée et de l’action, de manière que par les
consolidations successives des actions intégrées d’ordre politique, économique,
social, et culturel (religieux et idéologique), la nation soit cet ensemble d’intérêts
communs, de conscience et de solidarité partagés, tendus, vers des objectifs
communs, sur un territoire donné, distinct des autres groupes à vocation
semblable ».260 Dans cet ordre d’idées, les élites situées dans tous les domaines
d’activité de production sociale font partie du groupe porteur. Les décisions
politiques, les actions culturelles et les actions religieuses, etc. sont porteuses de
changement. La croissance économique, le développement socio-économique ou
de tout autre secteur de la production sociale relèvent de cet ordre.

258 G. ROCHER, op- cit, p. 26.


259 F. PERROUX, op- cit, pp. 195- 196.
260 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, cité par W. BOLIMA BOLITSI, & J.P,
NEMOYATO, op- cit, p. 74.
[87]

Il y a lieu de considérer que lorsque cette série d’actions apporte le


changement doublé des effets positifs dans la société, qu’il s’agit là du
développement. Par contre, l’on a affaire à la dynamique du sous-développement,
lorsque le changement compromet l’avenir de la société. Le développement est la
preuve de la manifestation de la volonté politique pour exprimer des efforts
tendus et des ressources mobilisées vers un ou des buts recherchés en vue du
bien-être de la communauté. Les résultats attendus seront fonction et de cette
volonté, et du savoir – faire, et des ressources engagées. Les agents de
développement sont des hommes, des groupes d’hommes, qui, par leurs actions,
orientent positivement le cours des événements. Ils forment ce qu’on peut
qualifier de « groupe porteur » et ce sont eux qui font l’histoire des nations. Il
importe que nous puissions insiter sur le fait que la solution de l’équation : « sous-
développement + démocratie = développement » ne trouve la réponce que dans
«le type d’homme» que la sociéte comporte, dans son « goupe porteur ».

SECTION III. DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE LA POLITIQUE DE


DEVELOPPEMENT RURAL

INTRODUCTION

Puisque nous parlons de projet de développement rural, il est


important de fixer les esprits sur la notion de développement rural et de la
politique de développement rural. Ces notions font l’objet de cette section. Pour
des raisons de bonne compréhension, nous pensons commencer le débat par la
problématique de développement rural, puis, nous parlerons de la politique de
développement rural, ainsi que de développement agricole dans la suite.

§1. Du développement rural et du développement communautaire

Le terme développement ayant été suffisamment discuté, il ne nous


semble plus utile de nous y attarder. Mais pour rappel, le terme renvoie au
changement global qui caractérise une société donnée, dans une période donnée.
Il désigne l’ensemble de transformations qui, dans des limites temporelles
indiquées, affectent une société ou un groupe social. De manière globale, les
modifications d’ordre économique, social, technique, culturel, les infrastructures
de base, la quantité, et la qualité des ressources, aussi bien matérielles
qu’humains, bref, toutes les composantes sociétales envisagées dans le sens
[88]

d’amélioration, dans une durée, constituent le développement de la société ou du


groupe social. Lorsque nous considérons le développement dans sa vision globale,
il importe de discriminer la croissance économique qui, de portée plus restreinte,
désigne « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues,
d’un indicateur de dimension, le produit global net en termes réels ».261

En effet, le concept du développement rural est très complexe et riche


en dimension. Le développement rural porte sur un groupe social, une vaste
étendue, ou un espace géographique et démographique. Il relève de la sorte, du
développement global.

L’« expression de développement rural, livre d’emblée son intention


de dépassement d’un état global (économique, socioculturel et même politique,
etc.), aboutissant à une transformation de l’homme et de la collectivité telle que
ceux-ci deviennent des sujets historiques dans la transformation de leur
environnement ».262 Il préconise que dans les deux cas, l’on considère la vision
théorique d’une situation donnée, et la vision tout aussi théorique des actions à
entreprendre afin d’amener la collectivité et les individus qui la composent à un
état donné de ce qu’il qualifie de progrès global ou développement. Il convient
d’insister sur le fait que le développement rural est plus qu’un simple
développement agricole.

Certes, le développement rural englobe un espace, l’espace rural, où


l’agriculture est au centre du système socio-économique mais au sein duquel
existent des activités différentes, avec des fonctions et des objectifs diversifiés, qui
sont tous à intégrer et coordonner dans une optique de développement cohérent,
durable et solidaire. En outre, la littérature sociologique en rapport avec le
développement rural rappelle que l’importance de celui-ci et de l’agriculture est
également prouvée par l’étroite interdépendance que ces thèmes ont avec le
développement durable et la pauvreté dans le monde et au Sud en particulier, et
avec la sauvegarde et la promotion du droit à la souveraineté alimentaire des pays
en voie de développement et de leurs peuples.

261 F. PERROUX, Les méthodes quantitatives de la planification, Paris, P.U.F, 1965, p. 154.
262 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, ouvrage déjà-cité, pp. 7- 158.
[89]

Il sied de noter que la vision et l’action sur l’homme global dans un


procès de développement rural subit des déterminations. Elle se trouve modifiée
par des influences exercées à d’autres niveaux géographiques ou spatiaux : niveau
régional, niveau national, niveau international. Cela nous pousse à dire que tout
développement, perçu comme un ensemble de transformations et donc comme un
processus qui conduit d’un état vers un autre, jugé préférable, est synonyme d’une
action délibérée de l’homme tendant à agir sur les données géographiques,
démographiques, culturelles, politiques, en vue de la transformation de l’homme
lui-même dans un sens voulu. Voilà pourquoi, Jean Marc Ela voit dans le
développement rural, une méthode multisectorielle selon laquelle diverses
activités sont entreprises presque simultanément. Il le considère comme un
processus stratégique qui combine ces services multiples de développement en
programme cohérent visant à améliorer le sort de la population rurale. 263 Mais,
Claude Lames M., de sa part, présente le développement rural comme un
processus de mutation et de changement continu allant dans le sens de la
promotion avec la participation de la majorité des individus concernés à la base et
à leur profit.264

Ainsi donc, nous définissons le développement rural comme


l’ensemble de transformations quantitatives et qualitatives qui caractérisent un
groupe social rural ou une société rurale d’un pays, en une période donnée, à
partir des activités recherchées ou non recherchées, qu’elles soient techniques,
économiques ou socioculturelles. Comme tout développement, il est une tension
vers des objectifs de plus être et de mieux-être. En effet, comme toute tension, le
développement demeure aussi un processus global, qui se veut une amélioration
par rapport à un temps de référence.

Il faut alors insister sur le fait qu’on ne doit pas confondre le


développement rural avec le développement communautaire. Celui-ci reste une
action ou une stratégie de développement rural. Le développement
communautaire se définit selon G. Paudet, comme une stratégie qui donne
l’occasion aux hommes d’unir leurs forces en s’associant dans une œuvre

263 J. M. ELA, cité par C. LAMES, M., « Paysannisation du développement rural aujourd’hui : esquisse
d’un développement Autocentré des villages au Zaïre », dans Cahiers du Crésa, n°10, JES-L’SHI, 1992-
1993.
264 Idem
[90]

commune afin de l’amélioration ensemble de leurs conditions d’existence. A tout


moment qu’on aborde la question de développement, et dans lequel s’insère le
développement rural, il faut absolument tenir compte de la structure marchande
internationale. En effet, l’analyse de développement rural soulève la cruciale et la
non surmontée question de la création, et de l’appropriation et/ou du partage du
surplus par les économies développées (ou les économies du centre) et les
économies sous-développées ou les économies de la périphérie. Certes, au niveau
de la société globale, la problématique du développement semble être théorisée en
termes dualistes de l’opposition, entre la tradition et la modernité.

Généralement, cette conception dualiste oppose les sociétés rurales


supposées traditionnelles par la conservation des modes de vie anciens, qui
privilégiant la stabilité et une reproduction lente des structures sociétales, dans
des cadres de pensée connue et éprouvée, à la modernisation, qui fait appel à des
transformations accélérées, propres au machinisme, à l’économie urbaine et aux
modes de pensée et de vie urbaine. Néanmoins, la sociologie nous renseigne que
pour réussir le procès de développement rural, il sied de ne pas envisager la
suppression des rapports de forces défavorables, à la manière d’une ablation
chirurgicale. Il faut, dans l’optique théorique, comme dans l’optique
paradigmatique de l’organisation de la société rurale et du développement rural
qui nous met sur l’orbite théorique du développement endogène, tenir compte des
contraintes structurelles au niveau national et au niveau international. Il faut en
outre, partir des faiblesses internes aux structures locales ou régionales pour les
transformer en forces d’action susceptibles d’inverser les rapports des forces.

En définitive, rappelons avec L. Lombeya Bosongo que « le procès de


développement rural ne doit pas se conformer aux abstractions de la théorie ni
aux schémas stéréotypés. Mais il n’y a pas non plus de malin génie qui organise le
système, pipe les dés, et fait gagner toujours les mêmes. Il y a simplement des
acteurs du système qui utilisent celui-ci de façon opportuniste, en fonction des
situations changeantes ».265 Ceci justifie notre insistance sur la possibilité
d’inventer, dans les interstices des contraintes historiques, d’autres manières de
problématiser le développement rural pour les Pays en voie de développement,
dont la République Démocratique du Congo.

265 L. LOMBEYA BOSONGO, op. cit, pp. 7- 158.


[91]

§2. De la politique de développement rural et de la politique agricole : point de


vue de rupture

Les hommes, confrontés à des déficits d’organisation sociale, globale


(économie, société, marché, politique, etc.) ont imaginé des stratégies
d’intervention afin de résoudre les problèmes rencontrés, principalement, dans la
communauté que n’a pas ou que n’a que peu touchées les transformations propres
au monde urbain. Cet ensemble de stratégies et actions d’intervention dans une
société donnée et en un moment donné prend la qualification de « politique ».
Dans cette optique, la politique prend le sens de l’art de la gestion de la chose
publique.

De ce qui précède, la question que voici mérite d’être soulevée : C’est


quoi la politique de développement rural ? « La politique », prise pour la stratégie
d’intervention édicte des principes qui orientent l’action et propose des valeurs et
des optimums à atteindre. De ce point de vue, il y a lieu de définir la politique de
développement rural comme étant l’ensemble de décisions ou mesures cohérentes
et systématiques prises par un gouvernement, en vue de la promotion du monde
rural. Il s’agit des décisions et des mesures cohérentes et systématiques prises par
les pouvoirs publics en vue de l’amélioration des conditions de vie des
populations qui habitent l’espace rural, au sein d’une société étatique. Le
développement doit être ainsi considéré dans son sens de l’amélioration des
conditions actuelles de la vie d’une population (rurale) par rapport à sa situation
ancienne.

Il importe de signaler aussi que la problématique de la politique de


développement rural s’intègrera parfaitement dans le cadre des préoccupations
permanentes des pouvoirs publics. L’ « accent doit ainsi être mis sur
l’agriculture ».266 Mais, il convient de retenir aussi que, celle-ci ne peut devenir le
secteur moteur de développement rural que si elle bénéficie de l’attention des
pouvoirs publics tant pour son financement que pour son fonctionnement. Dans le
cas particulier du développement rural, l’objectif serait de sortir les structures

266 A ce sujet, lire utilement, MULUMA MUNANGA GAMAYALA TIZI, Politique agricole et développement
rural. Analyse sociologique du développement de quelques expériences agricoles au Zaïre…, thèse de doctorat déjà-
citée, pp.140- 149. A cette production scientifique recommandée pour la lecture, s’ajoute KIKA
MAVUNDA, « Les freins culturels au développement de l’agriculture en République du Zaïre », dans
Cahiers Economiques et Sociaux de l’IRES, Volume XXIII, numéro spécial, du décembre, 1989, p. 155.
[92]

locales des rapports de domination qu’exercent les structures des niveaux


supérieurs, c’est-à-dire, nationales et internationales.

Pour l’Union Européenne, par exemple, la politique de


développement rural comporterait « trois objectifs stratégiques généraux »,267 qui
sont : le renforcement du secteur agricole et forestier, l’amélioration de la
compétitivité dans les zones rurales et la sauvegarde de l’environnement et du
patrimoine rural.

Les pays de l’Afrique de l’Ouest, pour leur part, une politique de


développement rural268 signifierait aussi trois choses:

 la réduction de la dépendance alimentaire et l’affirmation de leur droit à la


souveraineté alimentaire;
 l’amélioration du fonctionnement des marchés régionaux et locaux des
produits agricoles, et ;
 le développement de l’économie rurale dans le respect des identités locales
productives, économiques et sociales.

De ces objectifs stratégiques et généraux d’une politique de


développement rural, il ya lieu de dégager des axes d’intervention qu’un plan de
développement rural devrait considérer. Ils se dessinent dans le tableau en
annexe. En effet, Toutefois, nous devons préciser que, ces éléments demeurent
indicatifs et non universellement opposables pour toute politique de
développement rural.

Certes, il se dégage que la politique de développement rural fait


référence au développement du « rural». Le territoire “rural”a des caractéristiques
spécifiques et déterminées. Il faut, pour ce faire, adopter une politique qui ait
comme objectif stratégique de développement de ce territoire. Le développement
d’un territoire renvoie ainsi, à l’augmentation de la durabilité et de la viabilité
économique, environnementale et sociale de l’espace territorial considéré.269 Le
territoire étant la zone, la région, à l’intérieur de laquelle vivent différents sujets
économiques, sociaux, et environnementaux qui exercent différentes activités, ils

267 MARIE HELENE CANALE, op-cit, p. 3.


268 Idem.
269 Ibidem
[93]

ont besoin de différents services et différentes infrastructures, etc. Sur un territoire


rural déterminé, vit une communauté organisée. Celle-ci a droit à une politique de
développement et à une gouvernance adéquate répondant aux besoins que cette
communauté exprime. De ce fait, seule une vision partagée du développement
rural, qui mette en évidence avec clarté et simplicité une politique capable de le
réaliser, permettra de trouver les synergies pour une valorisation réelle des
territoires ruraux, dans leurs diversités et dans leurs spécificités.

Sans pour autant ignorer le débat sur le caractère naturel ou non, des
inégalités entre les communautés urbaines et rurales, rappelons que le
développement rural est envisagé comme un processus qui tend à surmonter les
déficits de tous ordres qui caractérisent les communautés rurales par rapport au
monde urbain. Sous cet angle, dans cette opposition, la sociologie fait ressortir un
matérialisme historique qui ne dit pas son nom. Ainsi, sur le plan de l’action,
l’opposition entre la tradition et la modernité accuse l’existence des rapports de
forces qui traversent tous les champs de l’activité humaine en tous cas socio-
économique dans lesquels le processus de développement s’inscrit
nécessairement.

Certes, l’objet fréquemment situé dans la sphère d’activité


économique est d’accroitre la productivité du travail par de l’adoption ou
l’injection des inputs qui améliorent le rendement, la production et, partant, la
croissance, par l’adoption de méthodes estimées plus rationnelles d’organisation
du travail, par un ensemble de mesures d’aménagement du territoire autour
d’une communauté ou d’une région, etc., de façon à élever le niveau de vie des
populations rurales, ce qui implique aussi des apports sociaux et culturels. Il est
certain que tous ces apports transportés au monde rural joueraient dans le sens
d’un équilibre entre les villes et les campagnes en termes de flux migratoires. En
effet, retenir les ruraux dans leurs milieux par des apports économiques et sociaux
est aussi un des objectifs de toute action de développement rural. Dans les pays
colonisés autres fois, par exemple, cet objectif a été à la base de l’action de l’Etat
dans les campagnes, le contrôle démographique dans les villes, qui se confond
[94]

avec un contrôle politique, ont été les grandes motivations de l’activité étatique
dans les milieux ruraux.270

En ce qui concerne « la politique agricole »,271 il sied de reconnaitre


que celle-ci « constitue l’un des aspects sans doute le plus ancien de la politique
économique. Elle peut être définie comme étant l’ensemble de décisions ou
mesures cohérentes et systématiques prises par un gouvernement dans le but de
promouvoir la croissance et le développement du secteur agricole ». Pour
Makonda Bonza Florentin, « l’élaboration d’une bonne politique agricole requiert
la parfaite maîtrise des réalités du monde rural, c'est-à-dire, en partant de l’état
des lieux, dégager les contraintes, les potentialités, les acteurs et le mode
d’organisation institutionnel.272 Ce diagnostic permet, en effet, d’identifier, avec
méthode, rigueur et persévérance les obstacles dont l’anéantissement se révèle
nécessaire pour la croissance du secteur agricole et la promotion du
développement rural ».273

En somme, rappelons que c’est par les mécanismes du marché que


l’économie nationale mobilise une importante épargne nécessaire au financement
d’autres secteurs. En effet, le niveau relativement bas du prix des produits
agricoles favorise un financement indirect de l’activité industrielle. Ce mécanisme
améliorait dans une certaine mesure la compétitivité des industries
agroalimentaires orientées vers les marchés intérieurs ou internationaux. Le
financement devrait encore se réaliser, notamment, par les impôts sur les revenus
agricoles, les impôts fonciers, les livraisons obligatoires destinées à l’Etat ou à
l’armée, les droits et taxes à l’exportation ou à l’importation de produits agricoles,
l’épargne rurale transitant par les caisses rurales de développement ou d’autres
institutions de micro-finance.

270 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie rurale, citée par NKWEMBE UNSITAL & BOLIMA BOLITSI, « La
dynamique de la ruralisation de la ville de Kinshasa. Identification des facteurs et perspectives », dans
revue RASSH, du CERDAS, vol. IV, 2013, pp. 63- 64.
271 F. MOKONDA BONZA, Politique de développement rural des pays en voie de développement, Cours L2
Economie rurale, FASEG, UNIKIN, 2013-2014, (inédit)
272 Idem.

273 Ibidem
[95]

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Le présent chapitre a été consacré à la clarification de concept de


développement et à la définition des notions qui lui sont connexes. A cet effet,
nous avons discuté, succinctement, non seulement du développement, mais aussi,
et surtout, des « développements adjectivés ».274 La problématique de la politique
de développement et de développement rural, ainsi que celle du sous-
développement face à l’équation : « démocratie = développement », ont été aussi
au rendez-vous de ce chapitre.

Il a été fait observé que, généralement, des analystes des sociétés


recourent à la définition de développement proposée par François Perroux : «…la
combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la
rendent apte à faire croitre, cumulativement et durablement, son produit réel
global ».275 Mais, de notre part, il doit être compris, comme le rappelle Kika
Mavunda,276 selon la littérature socio-économique actuelle, celle qui met un accent
particulièrement sur son caractère global et intégré. A cet effet, le développement
serait défini comme une action permanente et dynamique visant le progrès à
multiples dimensions de l’homme. Son procès demeure donc interactif.

Par ailleurs, le développement rural se définirait comme « l’ensemble


de transformations quantitatives et qualitatives qui caractérisent un groupe social
rural ou une société rurale d’un pays, en une période donnée, à partir des activités
recherchées ou non recherchées, qu’elles soient techniques, économiques ou
socioculturelles ».277 Certes, avec « le développement rural », 278 la population à
faible revenu vivant en milieux ruraux voit son niveau de vie s’améliorer et il se
fait doter ainsi des capacités de maintenir cette amélioration des conditions de vie
par ses propres moyens.

274 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 51- 68.


275 F. PERROUX, L’économie du XX ème siècle, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie de développement,
déjà-citée, p. 8.
276 KIKA MAVUNDA, op- cit, p.155.

277 P. IYEFA WESSA, Le développement rural et la lutte contre la pauvreté par les projets agricoles. Cas de la
Cacaoyère de Bengamisa (CABEN), Mémoire de Licence en Economie rurale, UNIKIN, 2004-2005, p. 7.
278 A ce sujet lire utilement, MULUMA MUNANGA GAMAYALA TIZI, op- cit, pp. 60- 64.
[96]

Force est, cependant, de soutenir avec Serge Latouche que tous les «
développements adjectivés » entrent dans le cadre de vernis lexical de la logique
de la théorie libérale dominante. Dans le même ordre d’idées, il devient urgent,
face à l’apologie de « développement durable » qui culmine, d’insister sur le fait
que celui-ci ne doit pas demeurer un alibi en faveur des pays développés. L’appel
au développement durable ne doit pas être le canal par lequel les pays du Nord
doivent s’accorder le droit de payer l’incapacité de polluer la nature des pays du
Sud. Il faut qu’avec le développement durable, tous, les développés comme les
sous-développés, pensent réellement aux générations futures.

En effet, la littérature sociologique279 à notre portée nous a fait


remarquer que, si, dans le milieu urbain, la vitesse du changement est accélérée,
dans les milieux ruraux, aujourd’hui, l’on peut encore relever une faible tendance
à l’autoconservation. Toute politique de développement rural qui se veut
émancipatrice, doit la considérer. Les communautés qui constituent la société
rurale, tendent à garder encore des idées, des valeurs, des structures qui leur
donnent identité et à travers lesquelles, elles se reconnaissent et se font nommer.
La culture générale agit alors comme un filet de sécurité face aux innovations qui
constituent le changement.

Nous proposons ainsi que les porteurs des innovations soient


profondément convaincus qu’il existe, pour chaque situation concrète et pour
chaque société particulière, des réalités historiques propres. Ils doivent être,
également, convaincus qu’il n’existe pas, dans l’absolu, des modèles qui doivent
être toujours uniformément applicables et partout. Une exigence apparaît, ainsi,
pour les porteurs de développement ou ceux qui proposent le changement : celui–
ci- « passe par les lignes de moindre résistance ».280 L’acceptation des innovations
se négociera avec le groupe récepteur, dans le respect des hiérarchies et influences
locales.

En définitive, il sied de retenir que le chemin qui conduit du sous-


développement vers le développement, en dehors de tout ethnocentrisme
occidental, reste l’idéal pour tous les peuples, comme pour toutes les nations.
Mais, celui-ci dépend plus de l’action humaine refrechie. Certes, il s’avère aussi

279 W. BOLIMA BOLITSI, P. IYEFA WESSA & K-CL. NZENGA MAMBO, op-cit, pp. 100- 137.
280 L. LOMBEYA BOSONGO, op. cit, p. 125.
[97]

utile de retenir que l’efficacité du capitalisme ne découlerait pas que de


l’excellence du calcul économique, moins encore, de la rationalité capitaliste. Il est,
pourtant, vrai que l’impact des richesses en ressources naturelles sur la
performance économique est subordonné aux institutions d’un pays. Il n’y a que
des pays dotés d’institutions faibles pour qui les richesses en ressources naturelles
sont en corrélation négative avec la croissance économique. Telle est l’expérience
de la République Démocratique du Congo, pour laquelle nous plaidons pour une
politique de développement rural intégrée et cohérente, capable de répondre aux
exigences de développement durable de sa communauté rurale.
[98]

CHIPITRE II.
DE LA LOGIQUE CAPITALISTE ET LA PLACE DE L’HOMME DANS UN
PROCES DE PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO

INTRODUCTION

Comme l’intitulé l’indique, le chapitre clarifie le sens et donne


l’ensence de projet de développement rural. A cet effet, ce dernier doit être
considéré, non seulement comme concept, mais aussi, et surtout, comme une
pratique sociale.

Certes, l’homme devrait être considéré comme « Alpha et Omega du


développement ». Pour ce faire, la place de l’homme dans un procès de
développement rural, de manière générale, fait aussi l’objet de notre
préoccupation dans ce chapitre, avant de considérer le cas particulier du projet
CABEN. Il est question, à ce niveau de cette étude, de ressortir, dialectiquement,
l’impact de la logique capitaliste dans le dévenir historique de la RD. Congo,
lorsqu’on fait recours aux projets de développement rural. Enfin, le chapitre
aborde la question de la territorialisation que nous proposons comme le nouveau
paradigme de gestion des projets de développement rural. Il est structuré en deux
sections, qui se développent dans les lignes qui suivent.

SECTION I. DU PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL : POINT DE VUE


SOCIOLOGIQUE SUR LE SENS ET L’ESSENCE D’UN CONCEPT
ET D’UNE PRATIQUE SOCIALE

INTRODUCTION

Avant d’aborder la problématique de la place de « l’homme », en


général, et du « paysan congolais », en particulier, dans la transformation de
l’espace rural national par des projets de développement rural, selon qu’ils sont
tractés par « la logique capitaliste », il est commode que nous discutions du
projet de développement en soi. En effet, le concept projet est polysémique, il
demeure donc important, avant tous les autres détails, d’en préciser la portée et le
contenu. En dépit de multiples définitions proposées par la littérature économico-
sociologique à notre possession, nous allons nous limiter à évoquer quelques unes
d’entre elles qui cadrent avec cette étude. Cette réflexion, qui du reste se veut
[99]

sociologique, va consacrer quelques lignes analyse de la typologie et du cycle de


projet (de développement rural).

§1. Quid du projet, du projet de développement et du projet de développement


rural ?

De prime à bord, notons que le concept « projet » renvoie à quelque


chose qu’on projette de faire, ou encore, ce qu'on se propose de faire. II peut être
défini comme étant un genre d'activités qui donnent prépondérance aux objectifs
immédiats. Ces activités sont conçues en vue de la recherche des méthodes et de la
mise en œuvre des ressources pour atteindre de tels objectifs.

Certes, soulignons que le terme projet, a une signification beaucoup


plus spécifique et précise dans son usage usuel et commun que nous en faisons
dans notre quotidienneté. Ainsi, dans le langage populaire, ce terme a plusieurs
sens parce qu'il fait référence à des nombreuses idées. Généralement, il s'utilise
comme expression pour faire davantage référence au plan d'une chose à faire
plutôt qu'à son exécution. Le concept projet se sert parfois, pour évoquer une idée
ou plutôt une intention dont la conception n'est pas encore arrêtée ou même,
nécessairement envisagée.

L’introduction du terme projet dans le vocabulaire français, comme


scientifique, vient du mot latin « projectum » et/ou de «projicere », selon que le
préfixe pro signifie qui « précède dans le temps» et le radical jacere signifie «
jeter».281 En effet, un projet se définit comme une démarche spécifique qui permet
de structurer méthodiquement une réalité à venir. Il est défini et mis en œuvre
pour élaborer la réponse au besoin d’un utilisateur, d’un client ou d’une clientèle
et il implique un objectif et des actions à entreprendre avec des ressources
données.».282 Il peut aussi être considéré comme cet ensemble d’activités
coordonnées mises en œuvre pour atteindre des objectifs spécifiques selon un
calendrier, un budget et des paramètres de performance définis.

Legros. A, rappelle que la notion de projet bénéficie d'une pluralité


d'approches qui se distinguent les unes des autres en fonction des points de vue à

281Source disponible en ligne: http://www.granddictionnaire.com, consulté le 31, 08, 2016.


282Banque Européenne D'investissement (BEI), Le cycle du projet à la Banque européenne d'investissement
- Publication destinée à informer le Public, 2001.
[100]

partir desquels elle est appréhendée.283 Loin d'être une fin en soi, le projet est
donc, un moyen pour réaliser efficacement un changement permettant à un
demandeur (personne physique ou morale), d'atteindre des objectifs
prédéterminés. Mais, à en croire les idées de Poulin Yves, un projet est un effort
complexe pour atteindre un objectif spécifique, devant respecter un échéancier et
un budget, et qui, typiquement, franchit des frontières organisationnelles, est
unique, et, en général, non répétitif dans l'organisation.284

Pour Manuel Bridier et Serge Michailof, le projet est un ensemble


complet d’activités et d’opérations qui consomment des ressources limitées (telles
que mains d’œuvre, devises, etc.) et dont on attend certains individus, groupe ou
classe sociale ou collectivité entière) des ressources, ou des autres avantages
monétaires ou non monétaires.285 De sa part, H. Kerzner trouve dans le projet,
« un ensemble d’activités et des tâches orientées vers la réalisation d’un objectif
spécifique au moyen des ressources humaines, financières et matérielles, limitées
au cours d’une période préalablement déterminée.286

Sommetoute, précisons-nous que sur le plan économique, le concept


de projet revêt une double acception.287 Il est compris sous l’angle macro-
économique, comme sous l’angle micro-économique. Du point de vue macro-
économique, la notion du projet est utilisée sur le plan national pour définir une
politique d’aménagement du territoire, de réalisation d’équipements collectifs, de
mise en valeur de ressources rares… sous l’égide de l’Etat et, sur le plan
international, cette notion est utilisée comme instrument par les bailleurs de fonds
dans le cadre de l’aide au développement. Mais, sous l’angle micro-économique,
le terme projet est associé à l’investissement qu’un entrepreneur privé ou publique
compte réaliser.288

283 LEGROS (A), «Définition et implantation des systèmes de suivi évaluation », SETYM International
volume1, 2011, pp. 59-62-75.
284 POULIN, Yves, Définition de la notion de projet – La gestion de projet, L’informateur, Les cahiers

didactiques en management public, ÉNAP, UQ, 2000, p. 33- 53.


285 MANUEL BRIDIER & SERGE MICHAILOF, Guide pratique d’analyse de projet, Bordas, Paris, 1984, p. 1.

286 H. KERZNER, Management de projet, 2ème Eds. Vau Nostand, New York, 1984.

287 JUDITH GBETOWENOMON KONYAOLE, « Le suivi financier du projet de développement pendant

son exécution ainsi que les procédures d’utilisation des Fonds Banque, PNUD, UNICEF », p. 2.
288 Idem.
[101]

Il se conçoit et se réalise dans un environnement complexe, où


nombreux et divers facteurs, endogènes et exogènes, facilitent (ou favorisent) ou
compliquent (ou empêchent) son accomplissement. C'est à la gestion de projet
qu'il incombe de façonner et de modeler cet environnement pour contrôler ces
facteurs, et, ainsi assurer la réalisation dudit projet pour satisfaire non seulement
le client, mais aussi, tous ses acteurs. Le projet peut ainsi être considéré de
synonyme d’un investissement dont on attend le résultat échelonné dans le
futur.289
De sa part, la Banque Mondiale, propose aussi des définitions pour le
projet. Selon cette institution de portée internationale, le projet se veut « un
ensemble optimal d’actions à caractère d’investissement, fondé sur une
planification sectorielle globale et cohérente, grâce auxquelles une combinaison
définie de ressources humaines et matérielles engendre un développement
économique et social d’une valeur déterminée».290

Décidément, il se dégage de cette définition de la Banque Mondiale


que, cette dernière institution ne se réfère uniquement qu’aux projets publics.
Elle ne tient pas compte des projets économiques initiés par les privés et des
Organisations Non Gouvernementales. Mais, de notre part, nous trouvons dans le
projet, un canevas dans lequel sont résumées les différentes opérations
génératrices des avantages économiques et socio- culturels, etc., du milieu pour
lequel il est destiné.

Il y a lieu, de ce qui précède, de retenir que le projet est un ensemble


organisé d'activités et de procédures conçues pour réaliser des objectifs
spécifiques à l'intérieur des limites de budget, des ressources et de délais
préétablis. C'est donc la réalisation d'une activité dans le futur qui se caractérise
par une envergure (moyens) et une ou plusieurs finalités (objectifs). 291 En somme,
nous nous résumons en notant qu’un projet, est un ensemble d’activités
interagissantes, entreprises et circonscrites dans un temps déterminé, dans le but
d’atteindre des résultats, des objectifs souhaités selon des besoins biens définis.

289 MUSHI MUGUMO, Les projets, techniques d’élaboration, d’exécution et d’évaluation, Kinshasa, Eds. Pensée
Africaine, 2005, p. 12.
290 B. M. Citée par HAPPI TCHOKOTE. S & TOUMBI B. S., Conception, analyse et gestion de projet, Douala,

Eds. Hida/CAPPID, 1992, p. 10.


291 BANQUE MONDIALE, L'Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le 21e siècle ?, Juin 2002.
[102]

Partant, ainsi, des différentes définitions de projet, la sociologie


ressort quatre mots clés qui sont : objectifs, activités, résultats et délais. Tout projet,
généralement, part des objectifs (O), qui appellent des activités (A), en vue des
résultats (R), attendus dans un délai (D) bien défini. Il y a donc lieu de noter le
modèle que voici : PROJET = O. A. R. D.

Le changement souhaité, raison d'être du projet provient,


généralement, d'une situation d'insatisfaction à corriger ou du désir de saisir une
opportunité attrayante d'affaires. Tout projet vise donc, nécessairement, soit à
résoudre un problème, soit, à satisfaire un besoin, soit à concrétiser une politique
pour atteindre des objectifs précis formulés par des personnes privées ou
publiques. Le projet se caractérise par son unicité, sa durée limitée, la multiplicité
des personnes qui interviennent dans son exécution.

Le projet de développement, peut encore être défini comme une


action réalisée dans un objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un
besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de
base, information, connaissances, etc.) d'une communauté d'hommes et de
femmes leur permettant de s'épanouir dignement. « Il tente d'en valoriser les
qualités (ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en
contourner les contraintes.».292 Il implique des groupes d'intérêts divers
notamment des membres de la communauté, les autorités locales et des agents
externes d'appui technique et financier.

Autrement dit, le projet de développement demeure cet ensemble


organisé et cohérent d’activités menées collectivement, limitées dans le temps et
l’espace, mobilisant des moyens dédiés et visant à la production d’un objet-but
concourant à améliorer la situation d’un groupe de bénéficiaires.293 Généralement,
un projet de développement est financé par des bailleurs bilatéraux, multilatéraux
ou privés et qui a pour but l'amélioration du niveau socio-économique d'un pays

292 DANIEL, Neu. Les notes méthodologiques n°4 : Développement local et décentralisation Points de vue, GRET,
Mai 2003, p. 8.
293 Guide pratique de sensibilisation à la gestion d’un projet de solidarité internationale à destination des

acteurs en région Nord - Pas de Calais, Édition 2009


[103]

(PIB) ainsi que l'amélioration des conditions et du niveau de vie des populations
locales du pays (PNB).294

De notre part, nous retenons que le projet de développement est un


projet financé par l’Etat, soit, par des bailleurs bilatéraux, multilatéraux ou privés,
etc., poursuivant l’amélioration du niveau socio-économique d’un pays et les
conditions, ainsi que le niveau de vie des populations locales du pays considéré.
Dans le même ordre d’idées, nous considérons que le projet de développement
rural, est celui qui s’adresse à un milieu ainsi déclaré. C’est pourquoi, il peut se
définir comme une action concertée de mobilisation et d’affectation des ressources
de plusieurs ordres, en vue de transformer l’espace rural par des apports
multiples conduisant au bien-être total de la population.

Il se présente comme l’ensemble des améliorations socioculturelles et


d’infrastructures de toutes sortes, réalisées dans une zone non urbaine. Il peut
s’agir des routes, de l’environnement, des ponts ou des projets de production
agricole se rapportant à la pisciculture, à l’élevage, ainsi qu’aux cultures vivrières
(maïs, haricot, riz, soya, etc.) et aux cultures pérennes (qui se veillent
industrielles : café, thé pyrèthre et cacao). Le projet de développement (rural) peut
être financé par plusieurs bailleurs à la foi

§2. De la typologie, du coût et bénéfice, et du cycle des projets

Rappelons qu’il est question dans ce chapitre que nous présentions de


manière ramancée, la problématique de projet de développement rural. Il importe,
ainsi, d’évoquer, quand même, la notion du coût et des bénéfices dans le procès
d’un projet, sans oublier de soulever le problème de cycle de projet.

En effet, dans le cadre de cette étude, en évoquant la question de la


typologie des projets, nous nous rabattons sur la classification de Happi Tchokote,
S et Toumbi, B. S.295 Certes, partant des informations que nous tenons de ces deux
chercheurs, il y a lieu de soutenir que les projets sont classifiés selon leur nature, le
statut des promoteurs et selon leurs secteurs d’activités. Ainsi donc il y a lieu de
distinguer :

294 PNUD, Manuel de Programmation du PNUD - Chapitre 6, Opérations des Programmes et des Projets,
295 S. HAPPI TCHOKOTE & B. S., TOUMBI, op- cit, p.11.
[104]

1. partant de leur nature, nous avons :

_ les projets économiques : ils sont basés sur la recherche de la rentabilité


financière. A l’instar des projets agricoles, industriels et de services initiés
par des promoteurs privés ou parapublics, ces types de projets, assurent, de
manière souhaitée, l’accroissement des richesses de leurs promoteurs ;
_ les projets sociaux : ils sont, dans la plupart de cas, le fait des pouvoirs
publics, des collectivités locales et des organismes d’aides humanitaires ou
philanthropiques. Les projets sociaux s’intéressent à l’amélioration des
conditions et de qualité de vie des populations cibles. Ces genres de projets
s’engagent à la résorption des problèmes qui se posent dans un milieu
considéré. Il s’agit par exemples des projets portant sur l’éclairage publique,
l’enseignement public, la vulgarisation agricoles, l’assainissement de
l’environnement, la santé publique, l’adduction d’eau, etc.
_ les projets socio- économiques : il y a des décennies, des projets socio-
économiques sont en vogues, ils permettent à la fois de résoudre des
problèmes sociaux des masses et à assurer la réalisation des projets par les
pouvoirs publics que les opérateurs privés.

2. Par rapport au secteur d’activités économiques, il y a lieu d’évoquer :

_ les projets du secteur primaire, qui s’intéressent à la production agricole,


l’élevage, l’exploitation des usines et carrières, etc. ;
_ les projets du secteur secondaire s’occupent de la transformation des
matières premières en produits semi-finis, ou s’intéressent aux bâtiments et
travaux publics ;
_ les projets du secteur tertiaire s’intéressent aussi bien au commerce, aux
institutions de crédit, aux transports, qu’à l’enseignement et à la formation.

3. En fin, considérant le statut du promoteur du projet, il y a lieu de retenir :

− les projets publics qui sont initiés par l’Etat ou par la collectivité publique.
Généralement, l’Etat, face à la faiblesse de l’épargne privée, intervient
comme un investisseur principal ;
− les projets privés et des ONG sont initiés par les promoteurs ou entreprises
privés et par les ONG;
[105]

− les projets parapublics sont ainsi déclarés parce qu’ils sont conjointement
l’œuvres des pouvoirs publics et des privés. Ils se réalisent dans beaucoup
de cas dans les domaines stratégiques de la nation. A titre indicatif, il y a
lieu de considérer le secteur bancaire, le secteur énergétique, etc.

En effet, la littérature socio-économique sur le projet (de


développement rural) parcourue par nous, nous autorise à souligner que,
généralement, les projets sont planifiés et exécutés en suivant un ordre logique
nommé « cycle de projet ».296 Celui-ci se décompose en : identification, préparation
et analyse, évaluation, mise en œuvre et évaluation rétrospective, etc.

S’agissant de l’identification, signalons qu’elle comprend la définition


des objectifs, l’élaboration des diverses stratégies de développement possibles
tout en évaluant les résultats menées, etc. Elle se veut donc « la première
maturation de l’idée de projet et sous-entend l’analyse de besoin ou du marché : le
diagnostic d’une situation qui pose le ou les problèmes dominant (s), ainsi que le
ou les facteur(s) limitatif(s)».297

Si la préparation et l’analyse consiste à l’étape de la mise en place


d’un mécanisme de l’étude progressives et plus détaillées des plans du projet,
c’est-à-dire, l’étude de faisabilité, l’évaluation renvoie à l’examen critique du
projet. Elle se réalise, soit par le bailleur de fonds (l’organisme chargé de financer
le projet). Il s’agit, ici, de l’étude de faisabilité en vue de financer le projet dans sa
forme actuelle ou non. La mise en œuvre du projet rime avec le planning résultant
du délai entre l’étude de faisabilité et la phase d’exécution. En fin, l’évaluation
rétrospective reste la phase finale du cycle d’un projet. Il s’agit de passer en revue
les causes de la réussite ou de l’échec du projet en vue de tirer des leçons pour
l’avenir.
Voilà en peu de mots, les éléments, qui, de manière générale,
constituent le cycle d’un projet. Mais, signalons qu’il y a encore d’autres schémas
proposant la structure de cycle de projet. Tel est le cas du Schéma de Rondinelli,

296 A ce sujet, lire utilement, J. PRICE GITTINGER, Analyse économique des projets agricoles, Paris, 2ème Ed.,
Economica, 1985, p. 25.
297 S. MICHAILOF, cité par J. EKINA BONGONGO, Projet de réhabilitation et politique de relance des industries

industrialisantes : Analyse et perspectives de 1998 à la période post-conflit cas de la SOSIDER/RD. Congo, Mémoire
de DEA en Management Economique et Droit de l’homme, Chaire Unesco, UNIKIN, 2005- 2007, p. 16.
[106]

ainsi que le Schéma de la Banque Mondiale, etc. Le Schéma de Rondinelli présente


le cycle d’un projet en 12 étapes. Elles se résument comme suit :

Schéma n°1 : Cycle du projet298 selon le Schéma de Rondinelli

1. Identification et 2. Formulation,
12. Analyse
définition du préparation et
postérieure
projet. faisabilité.
action.

3. Conception du
11. Evaluation du projet.
projet.

4. Estimation du
10. Diffusion du
projet.
produit et
transmission

5. Sélection,
9. Achèvement et
approbation et
terminaison du
négociation.
projet.

8. Suivi direction et 7. Mise en œuvre et 6. Activation et


contrôle du opération du organisation du
projet projet. projet

Source : S. Miichailof, cité par J. Ekina Bongongo, op- cit, p.16.

La Banque Mondiale par contre, propose un schéma du cycle de


projet qui comprend au moins 8 étapes.299 Il s’agit de : - l’identification (elle se
réalise souvent par une mission du siège. Celle-ci devra identifier le problème), -
la préparation (à cette étape, la mission du siège prépare le projet en indiquant les
grandes lignes) – l’évaluation (il s’agit de la planification du projet par la mission
du siège qui revient au pays visé), - la négociation (elle se traduit par la signature
d’un protocole entre l’Etat bénéficiaire et la Banque Mondiale, après l’accord sur la

298 A ce sujet, lire utilement, RUZIBUKA, J.E.M. & RUTEBINGA, Projet planning and management, IDM,
NZUMBE, 1996, cités par J. EKINA BONGONGO, op. cit, p. 23.
299 http://WWW.bird.com, consulté le 01, 09, 2016.
[107]

réalisation du projet), - la réalisation (se réalise par l’implication du gouvernement


de l’Etat d’accueil et celle de la Banque Mondiale), - l’évaluation à posteriori (c’est
une dernière évaluation qui se fait par une mission du siège), - l’étude de l’impact
(consiste à une étude sur la capacité de survie du projet en dehors du soutien
extérieur) et - de la rédaction du projet, qui n’est rien autre que la rédaction du
dernier rapport sur le projet.

Il importe de noter que la question des coûts d’un projet nécessite une
analyse minutieuse. Elle permet d’identifier les inputs et de ressortir les intrants
de base, ainsi que les intrants secondaires du projet (inputs), en assurant des
ramifications et l’impact des extrants qui en résultent. Certes, le coût (de projet)
peut se comprendre comme toute valeur engagée, cédée, échangée ou encore
encourue en vue de produire un bien ou un service quelconque.

Dans le cadre de l’élaboration technique de projet, les principales


dépenses à considérer sont les dépenses d’investissement et celles d’exploitation.
Certes, les dépenses d’investissement prennent en compte les dépenses
préliminaires, l’achat de terrain et son aménagement, les constructions des
ouvrages, le matériel, les pièces de recharge, les ingénieurs conseils, les
immobilisations incorporelles, les frais de premier établissement, les provisions
pour dépenses imprévues, sans oublier le fonds de roulement permanent.

De ce qui précède, nous précisons qu’un investissement est une


opération pour un projet ou une entreprise, consistant à la transformation des
ressources financières en un ou plusieurs éléments que l’entreprises utilisera de
manière permanente ou pendant une durée relativement longue pour concourir
de manière durable à la réalisation de son objectif social. 300 A cet effet,
l’investissement comporte le coût de l’équipement principal et des équipements
secondaires, le coût du montage et géni civil, les frais indirects de chantier et de
transport, ainsi que les imprévus.301 Quant aux dépenses d’exploitation, elles
portent sur les dépenses récurrentes ou fixes nécessaires au cycle d’exploitation
normale. Il s’agit par exemple du cas des achats, des travaux, des fournitures et
des services extérieurs.

300 A ce sujet, lire utilement, AFITEP, Dictionnaire de management de projet, Paris, 4ème édition AFNOR, 2000,
p. 135.
301 AFITEP, op- cit, p. 135.
[108]

Enfin, en ce qui concerne les bénéfices des projets, nous notons que le
bénéfice se veut la satisfaction obtenue par les consommateurs d’un produit ou
d’un service. Autrement dit, les bénéfices de projet renferment tous les avantages
découlant de la réalisation d’un projet, selon que le but visé a été atteint, peu
importe qu’ils soient chiffrés ni matériellement palpables.

SECTION II. DE LA LOGIQUE CAPITALISTE ET LA PLACE DE L’HOMME


DANS UN PROCES DE PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL :
DU FONCTIONNEMENT IDEOLOGIQUE DE LA VOLONTE DE
DOMINATION

INTRODUCTION

L’une des hypothèses retenues dans le cadre de cette étude est que :
« la pratique des projets de développement rural ne rassure que peu ou pas la
transformation des territoires ruraux en congolais. Cela, du fait de la logique
capitaliste302 qui les guident, et, qui, généralement, caresse leur fananciarisation».
Raison pour laquelle cette section de ce chapitre s’intéresse à la compréhension du
fonctionnement de la dite logique. Partant, sous le regard dialectique, cherche à
rétrouver la place que cette logique confie aux acteurs impliqués. Ceci nous
permettra de tabler sur la problématique de la territorialisation des projets de
développement (rural) comme notre apport dans la suite.

Néanmoins, il se remarque que « la logique capitaliste » se veut une


pensée ou une une idée et que, la pratique des projets de développement, notre
objet d’étude, s’inscrirait dans le contexte général de la globalisation ou la
planétarisation. A cet effet, pour la bonne saisie de nos propos, à ce stade de
débat, nous allons d’abord, en sociologue, discuter de la problématique cruciale
de la place des idées, des valeurs et du rôle du groupe porteur dans le procès de
développement, ensuite, vient la question de la logique capitaliste prise pour une
idée que certains auteurs considèrent comme élément du « discours de la
domination ».303

302 F. MOKONDA BONZA, Structures socio-économiques et développement rural au Zaïre. Le cas du Bas-Uélé,
Thèse de Doctorat en Sciences Economiques, Unikin, Kinshasa, 1982, pp. 5- 6.
303 L. LOMBEYA BOSONGO, « Joseph. E. STIGLITZ : Un économiste – Nobel opposé à la mondialisation,
secundum, le FMI et la Banque Mondiale », in Le Bâtisseur, n°1, Juillet 2OO4.
[109]

§1. Des idées, des idéologies et des valeurs dans le devenir historique des
sociétés : regard dialectique sur une base d’action capitalistique de la
pauperisation des masses

Nous souhaitons commencer notre propos à ce sujet par cette


déclaration de Paul Romer : « Les idées devraient constituer notre principale
préoccupation. Les idées sont les biens économiques d’une importance extrême
bien plus grande que celle des éléments sur lesquels la plupart des modèles
économiques mettent l’accent »304. Cette citation pose le problème crucial et
historique des idées et des valeurs dans le devenir historique des nations. Ainsi,
évoquons-nous Douglass North, et déclarons avec lui qu’à présent, «tournons-
nous vers l’évolution des croyances qui guident les choix et les actes des
humains ».305

L’histoire montre que dans l’émergence des nations, les idées et les
valeurs occupent une place stratégique. Mais avant d’examiner la problématique
des idées et des valeurs dans l’effectuation historique des nations, mieux, dans le
procès de développement, disons un mot sur la classe sociale et la lutte des
classes.

2. 1. 1. De la volonté de domination et de la production des idées et des idéologies


par des classes sociales (dominantes)

La compréhension d’un système social n’est possible que si on


comprend la motivation des relations sociales, si on comprend les idées et les
valeurs qui justifient pourquoi les individus et les groupes agissent. L’histoire des
nations nous montre que les idées et les valeurs n’ont pas manqué de l’influence
dans leur devenir historique. Dans tous les groupes humains, les valeurs sociales,
les idées sont des idéaux, des comportements, appréciés et recherchés, se
rapportant aux institutions familiales, aux relations avec autrui, aux effectuations
spécifiques. Certes, dans un monde, physiquement limité, c’est la découverte des
grandes idées, qui rend possible une croissance économique durable. Les idées

303 Banque Mondiale, L'Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le 21e siècle ?, Juin 2002.
303 Idem.
304 PAUL ROMER, cité par W. BOLIMA BOLITSI & R. NDJONDJI, op-cit, p.202.
305 DOUGLASS NORTH (Prix Nobel d’économie), Le processus du développement économique, Paris, Eds.

d’Organisation, 2005, p.174.


[110]

sont des instruments qui nous permettent d’organiser des ressources physiques
limitées. Selon des combinaisons toujours plus performantes, elles nous
permettent d’organiser le système éducatif, la communication, la défense, la
diplomatie, la politique sociale. Les idées permettent de penser la politique
nationale et même de planifier le développement.

Mais, il est aussi un fait que depuis les nuits de temps, il s’est observé
et s’observe encore, une constance oppositionnelle entre par exemple : Chrétien et
Païen/Seigneur et Serf /Maitre et Esclave /Colonisateur et Colonisé /Patron et
Ouvrier /Oppresseur (dominateur) et Opprimé (dominé) /Capitaliste et
Prolétaire /Nord et Sud /Pays développés et Pays sous-développés /Ville et
Campagne /Paysan et Urbain /Riche et Pauvre ; etc. Cette constance, toujours
dynamique, a été aussi observée par Karl Marx, lorsque celui-ci analysa la société
de son époque. Il a, pour sa part, posé la problématique de la lutte des classes.
Pour lui et tous les marxistes, la lutte des classes serait le moteur de l’histoire de
l’humanité. En effet, il est évident que les rapports de production, parce qu’ils sont
inscrits dans les rapports de propriété, seront contradictoires et conflictuels entre
ces groupes ainsi organisés aux intérêts opposés.306

Dans toute société nationale et/ou étatique, chaque groupe social ainsi
établi, pense une superstructure et une économie conformes à ses intérêts et à sa
« conscience sociale », c’est-à-dire, à la manière dont il perçoit et pense la société,
plus précisément, selon la place qu’il occupe. Certes, l’opposition entre ces classes
sociales ou entre ces groupes sociaux, etc., constitue en elle-même le principe de
dépassement de certaines situations historiques et celui de leur substitution par
d’autres. Dans cette dynamique de lutte des classes, il s’observe, en effet, que,
chaque classe sociale doit se battre pour se maintenir dans sa position et pour
sauvegarder ses intérêts. Elle forgera des stratégies et des contre-stratégies, et se
fera créer des idées qu’elle proposera à la communauté à laquelle elle appartient.
De telles idées et/ou valeurs devront être imposées à leurs adeptes et
permettraient de justifier certaines actions historiques.

Il s’agit, ici, du déproiement des efforts de la legitimation idéologique


des comportements et des actes par les acteurs sociaux. Les idées et les valeurs ont
déterminé et déterminent encore des actions historiques à travers le monde. Parmi

306 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie générale, déjà-cité, (inédit)


[111]

les idées que nous retenons de l’histoire des sociétés et des nations, il y a lieu de
citer par exemple le « principe de limitation de naissance ». Malthus, pasteur
anglais, avait estimé que la population humaine, partant, les besoins humains de
la vie en société, croissent de manière exponentielle par rapport à l’accroissement
des richesses destinées à faire face à ces besoins, qui connaissent un rythme
d’accroissement arithmétique. Face à cette inadéquation, des besoins humains
élémentaires (manger, boire, s’abriter) et sociaux (éducation, travail, sécurité,
logement décent, culture, etc.) ne peuvent être bien assurés que moyennant une
politique qui concerne la population. Pour des raisons économiques, ainsi que
politiques, il y a des pays qui ont pratiqué la limitation des naissances. Résumée
dans le malthusianisme, 307 la théorie a été exploitée aux USA et la Chine, etc.
Voilà où la pensée, l’idée basée sur la pression démographique a conduit bien des
politiques des nations en matière de la population que la pratique sociale. Un
second exemple qui illustre l’influence idéologique (donc des idées ou des
idéologies) sur la pratique sociale (politico-militaire) est le Nazisme. Basée sur la
théorie de la « race pure », le nazisme a amené Hitler à penser une société
purement dominée par les allemands ; et pour ce faire, il devrait mener des
expéditions mortelles contre les juifs.

A coup sûr, il y a lieu, dans maints domaines de production sociale,


sans pour autant faire l’apologie de déterminisme idéologique, de trouver encore,
des idées qui ont orienté des actions historiques de milieux d’acteurs sociaux.
Nous citons le cas de la « civilisation des peuples barbares ou sauvages», qui a
entretenu la colonisation et l’exploitation des continents considérés de non
civilisés. Nous avons encore, le « matsouanisme »,308 d’André Matsoua, qui a
fortement influencé ses adeptes à multiplier des actions de révolte contre le
colonisateur français et à la réclamation de l’indépendance de la population du
Congo-Brazzaville.

Même chose de l’exaltation de la « mort sainte » dans l’Islam. Cette


pensée élimine la « peur de la mort chez tout islamiste » et le prédispose aux

307 « Le malthusianisme» évoqué par E. BONGELI YEIKELO YA ATO, La mondialisation, l’Occident et le


Congo-Kinshasa, déjà-cité, p. 67.
308 SINDA MARTIAL, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris, Ed. Payot, 1972.
[112]

actions terroristes.309 Dans cette liste, nous trouvons bon de considérer encore la
pensée qui consiste à considérer « le porc comme un animal infâme » par l’Islam et
le Kimbanguisme. La pensée est enseignée et imprégnée par les adeptes de ces
mouvements religieux. L’observation nous fait dire qu’il est impossible de
proposer aux Kimbanguistes et aux musulmans la croissance économique par
l’élevage de porc.

N’est-ce pas que la sociologie des relations internationales nous


rappelle l’invasion de l’Irak par l’armée américaine et alliées, il y a quelques
années ? Le discours dominant lancé pour justicier cette intervention militaire fut
donc « … la recherche des armes de destruction massive … ». De l’autre part, sans
pour autant « philosopher sur les causes de l’assassinat de l’ancien guide libyen, le
colonel Kadhafi, nous savons tous que le discours dominant pour convaincre,
nous a fait croire à la « démocratisation de la Lybie ». Mais, Il suffit de lire « les
mensonges de la guerre de l’occident contre la Libye » 310 de Jean-Paul Pougala,
écrivain d’origine camerounaise, directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques
et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse,
pour en savoir plus.

Dans le même ordre d’idées, depuis un certain temps, la principale


priorité de la Banque Mondiale devient la création et l’aide à mettre des meilleures
stratégies pour le développement économique. Ces stratégies pour le
développement devraient reposer dans une plus grande mesure qu’auparavant,
sur la transformation du savoir, de manière à compenser le manque prévisible
d’assistance au développement. Donc, il faudrait dans les jours à venir, de n’avoir
pas beaucoup d’agents pour le développement, mais, plutôt, beaucoup de bonnes
idées.

Puisque « les idées mènent le monde », dit-on, force est de retenir que,
de nos jours, cette vérité est réaffirmée avec éclat par les mesures d’ajustement
structurel, les privatisations, la désétatisation et la déréglementation des
économies, l’ensemble des mesures que tentent d’imposer les institutions

309 A ce point de vue, lire utilement, W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de réveil comme nouvelle forme de
sécurité sociale en R.D. Congo. Regard sociologie sur l’expérience de la Communauté Armée de l’Eternel à Kinshasa,
Mémoire de D.E.S, déjà-cité, p. 36.
310 Référez-vous à ce sujet à J-P. POUGALA, « Les mensonges de la guerre de l’occident contre la Libye »

in Jean-Paul Pougala- pouga @ gmail.com, Genève le 28, 03, 2011.


[113]

financières internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC, Club de Paris, Club de


Londres, etc.), afin de contrôler et d’orienter les économies des pays en voie de
développement dans le cadre de l’idéologie de la mondialisation. La dialectique
« superstructure- infrastructure » ou « économie – idéologie » 311 reste d’actualité.
Elle doit être prise en compte, à tout moment, où l’on pensera une quelconque
politique nationale.

Tout en relevant le caractère immanent de l’opposition des groupes


et, partant, de la lutte de ces groupes (qui ne sont pas nécessairement des classes),
nous insistons sur la place stratégique qu’occupent les idées et/ou idéologies dans
la dynamique sociale à travers l’histoire de l’humanité. En outre, l’histoire
comparée des nations nous fait admettre que la structuration de la société à
travers le temps et à travers l’espace n’est jamais la même. La configuration
sociale analysée par Marx au 19eme siècle contient comme facteur dominant de la
spécificité une lutte des classes exacerbée entre les possédants et les non
possédants. Néanmoins, les facteurs dominants de différenciation peuvent varier
d’une société à une autre ou même, dans une société d’une époque à une autre.

La sociologie considère que la vision marxiste, fondée sur la situation


économique comporte, en plus, un élément important. Il s’agit de « la conscience
d’appartenance au groupe ». Mais, n’oublions pas que Weber et Tocqueville312
distinguent principalement l’ordre économique qui donne leur place aux classes
sociales, alors que l’ordre social donne leur place aux groupes de statut. La lutte
des classes comme facteur exclusif de la dynamique des systèmes sociaux
s’estompe, et cède, ainsi, la place à une vision psychologique, basée sur « la
recherche d’un statut plus avantageux ».

En définitif, il y a cette vérité que nous devons retenir en ce qui


concerne la dynamique des systèmes sociaux. Il s’agit du « rôle majeur du conflit
qu’il y a de commun chez les acteurs sociaux ». Le conflit et, partant, la lutte
subséquente, cristallise une conscience qui peut durer ou ne pas durer autour des
intérêts communs, économiques ou autres. En effet, de nos jours la mobilité
sociale rend précaire la stratification sociale telle qu’elle existait à l’époque de
Marx et des classiques de la sociologie. Georges Gurvitch en rend bien compte

311 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie du développement, déjà- citée, op-cit, p. 69.


312WEBER & TOCQUEVILLE, cités par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, déjà-
cité, p. 34.
[114]

quand il affirme qu’ « il est impossible de prédire d’avance le nombre de classes,


car il y en a toujours qui sont en germe et manifestent les velléités de
structuration, selon les variations des types globaux et selon la conjoncture, ces
virtualités peuvent devenir effectives ou ne pas se réaliser ».313

Certes, à travers les temps, dans le processus de la lutte entre les


classes ou les groupes, chaque classe ou chaque groupe se sert inévitablement des
idées ou des discours pour assoir sa domination par la conquête des esprits. Car, il
y a lieu, ici, de rappeler que « c’est à l’application des idées théoriques que nous
devons l’existence des sociétés socialistes, c’est à l’application des idées théoriques
que nous devons la présentation des sociétés libérales et capitalistes ».314 N’est-ce
pas que celui qui contrôle l’esprit, domine ? Voilà pourquoi, il nous revient, en
conclusion, en soutenant que : « c’est dans cette perspective qu’il faut placer la
mondialisation qui s’impose comme l’idéologie universelle et comme le discours
de la domination, soutenu par des principes contraignants ». C’est dans ce même
angle qu’il faut comprendre la logique capitaliste.

§2. De la logique capitaliste et la pratique des projets de développement rural en


RD. Congo : analyse du fonctionnnement d’une base d’action pour des acteurs
sociaux

A ce niveau de notre réflexion, nous sommes appelé à tabler sur le


mode opératoire de la logique capitaliste. Celle-ci, est perçue par beaucoup
d’esprits critiques comme l’idée à la base de l’action de plusieurs acteurs sociaux.
Il faut rappeler, certes, que beaucoup de ce qui a été dit sur le développement, et,
particulièrement sur tous les « développements adjectivés »,315 considérés comme
instruments idéologiques du capitalisme pour la colonisation de l’espace
planétaire, peut aussi être retenus pour la logique capitaliste.

En effet, de l’action capitaliste,316 nous avons le capital. Selon Le


Grand Larousse Illustré, le capital désigne l’ensemble des biens, monétaires ou
autres, possédés par une personne ou une entreprise, constituant un patrimoine et
pouvant rapporter un revenu, etc. Il renvoie aussi à une somme d’argent

313 GEORGES GURVITCH, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, déjà-cité, p.
33.
314 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, ouvrage déjà-cité, p.158.

315 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 10- 119.

316 Idem.
[115]

représentant l’élément principal d’une dette et produisant des intérêts. 317 Le


capital désigne aussi « l’ensemble des ressources (intellectuelles, morales, etc.)
dont dispose quelqu’un ou quelqu’une, son patrimoine ».318 Ainsi, il y a lieu d’en
distinguer : le capital circulant du capital fixe, puis, le capital humain du capital
physique ou technique et du capital social.

Par le capital circulant, nous entendons la partie du capital physique


incorporée (matières premières) ou détruite (énergies) lors du processus de la
production. Alors que par le capital fixe, nous désignons cette partie du capital
fixe qui assure plusieurs cycles de production. Pour ce qui est du capital humain,
nous rangeons l’ensemble de tous les éléments qualitatifs du travail mis en œuvre
dans le processus de la production et le capital physique ou technique regorge les
machines et tous les instruments et les équipements entrant dans un procès de
production. Enfin, par rapport au capital social, nous désignons le montant des
sommes ou des biens apportés à une société et de leur accroissement ou réduction
ultérieur figurant au passif des bilans.

Par rapport à la question de la logique capitaliste, notons qu’elle nous


amène à tabler sur le « capitalistique » et/ou le « capitaliste » pris pour adjectifs.
Chemin faisant, notons que capitalistique renvoie au capital. Il désigne, ensuite,
toute activité de production utilisant davantage de capital physique (machines)
que de main d’œuvres. Cependant, en nous référant à la théorie marxiste, le
capitalisme se veut un mode de production caractérisé par la recherche de la plus-
value fondée sur l’exploitation des travailleurs par les propriétaires des moyens
de production et d’échange.319 Certes, nous sommes là, en face du fondement de
l’économie marchande. Celle-ci se préoccupe de la recherche forcenée des profits.
Le salaire donné au travailleur dans ce cas, sert essentiellement au renouvellement
de la force de travail, en vue de faire de lui, un éternel dépendant.

La logique capitaliste, certes, demeure à la fois complexe, axée sur le


futur et porteuse de dynamique transformatrice. Elle incarne trois motivations
humaines fondamentales – pouvoir, avoir, substance – sources à la fois de
séparation et de cohérence : d’un coté, la recherche de l’enrichessiment et du

317 LE GRAND LAROUSSE ILLUSTRE, Paris, Larousse, 2016.


318 Idem
319 Ibidem.
[116]

profit, le pouvoir sur les hommes, la conservation du capital, les positions


dominantes et pouvoirs de monopoles, de l’autre, la substance qui, pour des
fractions de plus en plus larges des sociétés, passe par l’emploi dépendant, le
salariat et l’achat de bien de consommation produits par la machinerie
capitaliste.320

Mais, dans le cadre de cette étude, il est utile de souligner que le


capitalisme évoque le système économique et social, fondé sur la propriété privée
des moyens de productions et d’échange. Ce système se caractérise par la
recherche des profits, l’initiative individuelle et par la concurrence entre les
entreprises. Il se présente même comme un état d’esprit qui mobilise l’homme à la
conquête de gain.321 Cette thèse, d’ailleurs, se confirme par la littérature socio-
économique322 parcourue par nous. Celle-ci nous fait admettre que, l’économie du
marché ne recherche pas la satisfaction directe des besoins et des aspirations des
masses. Elle obéit plutôt aux dures règles complémentaires de la solvabilité et de
la rentabilité.323

En outre, nous sommes convaincu que, pour suivre efficacement le


déroulement de toutes les activités d’une entreprise ou d’un projet et apprécier le
niveau d'atteinte de ses objectifs, il est important de tenir compte du mode
opératoire. Il doit être intégré et fonctionnel au niveau même de la conception, de
l’exécution pour permettre de rendre compte des réalisations du projet surtout,
depuis sa mise en œuvre, apprécier l'impact, les retombées des principaux
changements constatés dans les zone d'intervention, en général, et dans les
communautés villageoises, en particulier.

Le mode opératoire vise déjà au départ à mieux apprécier la conduite


de la mise en œuvre des projets et de leur évolution en faisant ressortir les
avancées majeures et les lacunes à combler en vue d'une meilleure efficacité.
Certes, les modes opératoires, comme procédures et précisions des modalités de

320 MICHEL BEAUD, « Capitalisme, logiques sociales et dynamiques transformatrices », dans Bernard
Chavance, Eric Magnin, Ramine Motamed-Nejad, Jacques Sapir (dir), Capitalisme et socialisme en perspective.
Evolution et transformation des systemes économiques, La Paris, Découverte, 1999, pp. 256- 257.
321 MAX WEBER en développe plus dans son ouvrage intitulé : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme,

Paris, Ed. Plon, 1964.


322 STIGLITZ, La grande désillusion, Paris, Fayard, 2000, lire ensuite, Un autre monde, contre le fanatisme du

marché, Paris, Fayard, 2006, enfin, Quand le capitalisme perd la tête, Paris, Fayard, 2003.
323 A ce sujet, lire utilement, L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p.110.
[117]

réalisation ou de contrôle des opérations d’un projet, apportent un complément


d'informations sur l'exécution d’une ou plusieurs activités enchaînements
opératoires de poste à poste et définissent l'ensemble des postes de travail
concernés par la réalisation d'un projet décrit les temps d’exécution prévus
(alloués) à chaque poste, (traitements et tâches).

Pour un projet, le mode opératoire n’est pas un univers entièrement


rationnel puisque les comportements humains et les incertitudes de
l’environnement modifient le cours des événements. L’essentiel est de créer un
terrain fertile qui permettra aux collaborateurs de comprendre les problèmes
auxquels ils sont confrontés et d’apporter des solutions adaptées. Il n’est pas non
plus question d’ajouter aux superpositions verticales d’une organisation
hiérarchique de nouvelles rigidités transversales que peut engendrer une
organisation dite matricielle.

Sociologiquement parlant, en ce qui concerne le mode opératoire des


projets de développement, pour sa réussite, il faut nécessairement prendre en
compte les points suivants :

− définir les responsabilités et les contributions de chaque intervenant ;


− faire ressortir un calendrier clair, un chronogramme et respecter les
différentes étapes ;
− ne pas le remplir mécaniquement mais de façon réfléchie et objective ;
− doit être dynamique selon les circonstances du projet ;
− doit ressortir une planification réaliste et une budgétisation claire et
transparente ;
− doit servir d’instrument au dialogue et à la négociation avec les partenaires;
− l’équipe chargée de l’encadrement des activités doit faire preuve d’une
capacité ;
− tous les points cités doivent être élaborés de façon participative et en
concertation avec les différents intervenants.

Il est évident que les cycles des projets et les modes opératoires ne
constituent pas un remède infaillible aux difficultés légendaires de planification
des projets de développement. La sociologie retient, entre autres,- la négligence de
la participation des bénéficiaires, - la négligence des facteurs externes du projet (la
[118]

réussite d’un projet de développement est fortement corrélée au système dans


lequel il est réalisé), - des objectifs nébuleux (les initiateurs des projets
développent, arrêtent des objectifs vagues souvent basés sur l’intuition des
experts),324 - l’ignorance de certains facteurs de qualité (la conception des projets
par les initiateurs ne tient pas forcement compte de certains facteurs essentiels de
qualité comme : l’implication des groupes faibles comme la femme à la
formulation des idées de projets ; l’analyse convenable de l’impact des
interventions sur l’environnement du projet ; prise en compte du contexte
socioculturel des populations bénéficiaires), ainsi que la logique d’action, etc.

Il y a lieu, ici, d’insister sur le fait que l’esprit capitaliste exige que
l’entreprise soit rentable pour le porteur des capitaux, c’est-à-dire, pour
l’investisseur. A partir de sa financiarisation, la logique capitaliste entretient la
prédation. Elle se veut ainsi un facteur d’instabilité et de violence potentiellement
producteur de conflits sociaux.325 Cette logique prône le maintien du coût de
production à son niveau le plus bas. D’où la pratique des salaires, parfois, en
dessous du minimum vital et des prix à la production forte dérisoire.326 Il s’en suit
que toute entreprise capitaliste, dans son fonctionnement, assure à l’employé un
salaire uniquement pour sa survie.327 Certes, l’esprit capitaliste ainsi expliqué, se
présente comme l’un des éléments perturbateurs de la société.

Voilà pourquoi, nous faisons nôtre la pensée de Adrien Richard


Gbwadjou Aoudou qui écrit : « les paysans sont réfractaires à la colonisation
rurale. Les politiques de développement mises en train par les pouvoirs publics
africains ou des organismes d’appui étrangers n’ont pas dans l’ensemble, fait
progresser le monde rural. Non parce que les ruraux sont contre le
développement, mais, parce qu’ils sont réfractaires à cette nouvelle forme de
colonisation qui veut que le paysan ait tout à apprendre de l’autre »328. En effet,

324 ZANA, Gestion participative des projets de développement rural : Outils et méthodes d'intervention, mémoire,
ENA de Meknès, 2003, p. 54.
325 JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp. 3- 16.

326 F. MOKONDA BONZA, op-cit, pp. 5- 6.

327 Cfr. la « loi d’airain des salaires ». La loi selon laquelle les salaires des ouvriers s’établissent au niveau juste de
nécessaire à leur substance. A ce point de vue, lire utilement J.,- YVES, CAPUL, &, O., GARNIER, op- cit, p.
560.
328 W. BOLIMA BOLITSI, « Logique marginaliste et projets de développement rural en République

Démocratique du Congo. Regard sociologique sur une base d’action capitalistique de la paupérisation des
masses rurales», Article déjà-cité, pp. 21-’47.
[119]

contrairement à l’économie capitaliste, l’économie communautaire fait que tous


les producteurs possibles accèdent aussi bien aux moyens de productions qu’aux
sources des richesses. Cela est rendu possible grâce à la stratégie
communautaire qui peut se résumer en ces termes : « le salut de l’individu à
travers le salut du groupe ».329 Il sied de considérer que l’économie capitaliste qui
s’impose à l’ensemble des Etats du monde, ne favorise pas cette productivité
généralisée, condition sine qua non de la vie communautaire.

De ce qui précède, il y a lieu, sans pour autant cautionner le monisme


explicatif, de rappeler que l’économie marchande, avec sa logique capitaliste ou
marginaliste, assure la rupture entre la vie économique et la vie sociale. Par la
sélection qu’elle entretient en ce qui concerne la main-d’œuvre, l’économie
marchande ou capitaliste écarte beaucoup de producteurs potentiels de son
circuit. Ainsi, la logique capitaliste et/ou marginaliste, avec cette sélection qu’elle
aménage, entretient, non pas seulement, la paupérisation des masses admises
dans son système, mais aussi, et surtout, elle rime avec le chômage et le
parasitisme familial.330 Ainsi, la paupérisation, dans le cadre de cette étude, doit
être comprise comme un ensemble des mécanismes, mieux, un processus
complexe, consistant en un appauvrrissement progressif et contenu d’une
population ou d’une classe sociale, débouchant sur une marginalisation socio-
politique de la population considérée ou dans les cas extremes, sur sa misère.331

SECTION III. DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT RURAL, DE LA


LOGIQUE CAPITALISTE ET DU MONDE RURAL CONGOLAIS :
ENDOSCOPIE DES FAITS ET DE LA TERRITORIALISATION
COMME NOUVEAU PARADIGME DE GESTION

INTRODUCTION

Nous nous engageons au nivaeu de cette section, à l’analyse des


apports des projets de développement rural qui se multiplient à travers la
République, en étant planifiés et exécutés suivant la logique d’action marginaliste

328 A ce sujet, lire utilement, L., LOMBEYA BOSONGO, Etat et système socio-économique, déjà-cité, pp. 5-6
329 L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 109.
330 W. BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du territoire de Yahuma et la pauvreté des paysans
Bongando…», Article déjà-cité, pp. 47- 83.
331 G. KUYUNSA BIDUM & S. SHOMBA KINYAMBA, op- cit, p. 261.
[120]

ou capitaliste.332 Autrement dit, cette section fait dégager une vue générale de
l’impact de ces projets, tracés par la logique capitaliste dans les milieux ruraux
congolais, avant d’analyser la situation particulière de la Cacaoyère de Bengamisa
dans la Province de la Tshopo. Un mot sera dit à propos de la territorialisation des
projets de développement rural que nous proposons comme remède par cette
étude.

§1. De la pratique des projets de développement rural en RD. Congo et des


contraintes de la logique capitaliste : esquisse d’une vue générale de la
situation

De prime à bord, en RD. Congo, s’il faut paraphraser Baende


Ekungola Jean Gérard, nous sommes d’avis, de manière générale, que la pratique
des projets de développement rural, la pauvreté, les actions de réduction de la
pauvreté et les frustrations des populations (rurales) alternent, sinon coexistent.
Cela se passe « sous le regard tantôt complice, tantôt impuissant des gouvernants,
souvent désavoués eux-mêmes par les populations qu’ils gouvernent, à cause de
l’inadéquation entre les potentialités du pays, leur gouvernance, c’est-à-dire, leurs
visions et politiques, et l’état général de la vie des congolais. Pourtant, la somme
des atouts de cette République aurait fait d’elle un modèle d’émergence en
Afrique et dans le monde ».333

La littérature socio-économique parcourue par nous, nous fait noter


que « le capitalisme est un processus de gestion, et comme tel, il dépend
profondément de son environnement, politique et juridique. Donc, si cet
environnement est juste et équilibré, alors le capitalisme participera au
développement de la société. Si, par contre, cet environnement est laxiste, injuste
et déréglé, alors le capitalisme peut basculer dans la pure logique de pédation ».334
Une façon de reconnaître qu’il n’ya pas de barrière étanche entre le capitalisme et
la prédation. Autrement dit, il n’y a pas de sens particulièr au capitalisme par
essence, tout dépend de milieu dans lequel ce processus de production évolue.

332 C’est une logique qui prône « la recherche des intérêts à tout prix », Cf. F. MOKONDA BONZA, op-cit,
pp. 5- 6.
333 J. G., BAENDE EKUNGOLA, op-cit, p. II.

334 JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp. 7- 15.


[121]

En RD. Congo, le récul de l’Etat à tous les niveaux, fait que le


capitalisme bascule vers la prédation. Point n’est besoin de rappeler que par la
logique capitaliste, les bailleurs de fonds visent fondamentalement, leurs intérêts,
contre vents et marées, au détriment de ceux des populations congolaises visées
par leurs prétendus projets de développement rural.’ Mbaya Mudimba R.,
analysant l’impact de l’introduction de la culture de cacao dans l’agriculture des
Bamanga, avait retenu que « les actions culturales entreprises par la CABEN dans
l’agriculture paysanne Manga se carecterisent par une désarticulation entre la
production des cultures vivrières et la production de la culture commerciale
qu’est le cacao. Elles reposent sur deux rationalités différentes : celle de
l’articulation des cultures vivrières avec la culture du coton qui préoccupe les
paysans et celle de la seule rentabilité de la culture du cacao qui interesse la
CABEN ».335 Cette réalité « criminogène »,336 est aussi soulignée par A. Kaba-Kaba
Mika dans son étude intitulée : « Les actions de développement à la base et
l’agression des milieux ruraux : cas du projet Ntsio dans le plateau de Bateke ».337
Sous l’angle sociologique, cet auteur analyse les actions du développement à la
base en rapport avec le projet « Ntsio » dans le plateau de Bateke. Ainsi, il arrive à
la conclusion selon laquelle, les initiatives gouvernementales et privées sont
qualifiées d’agression par les peuples autochtones.338

Force est, cependant, de retenir à partir des résultats de ces deux


études que le projet CABEN comme le projet Ntsio ont introduit dans les milieux
des paysans une rationnalité contraire la leur. Le même constat est fait pour
d’autres projets de développement rural à travers le pays.339 Ces projets de
développement paraissent être des voies d’enrichissement de leurs initiateurs
et/ou leurs gestionnaires, et sont à considérer comme des instruments de
paupérisation des masses paysannes.340 Par sa pénétration dans l’espace rural, le

335 R. MBAYA MUDIMBA, « Les Bamanga face à l’introduction de la culture du cacao dans leur
agriculture», article déjà cité, p. 57.
336 C’est pour dire, facteur déterminant pour des conflits et crimes. A ce point de vue, lire IDJUMBUIR

ASSOP, Criminologie (1995-1996), citée par W. BOLIMA BOLITSI, « Kinshasa et ses Eglises : la dialectique
d’un espace socio- religieux criminogène, in M.E.S, nO Spécial de l’Aout, Kinshasa- R.D.C, 2004, p.129.
337 A. KABA-KABA MIKA, op- cit, pp. 29- 32.

338 Idem.

339 L. NTUAREMBA ONFRE, Le développement endogène : données pour une nouvelle orientation théorique,
Kinshasa- RDC, Ed. Universitaires Africaines, 1999, P.14.
340 A. KABA-KABA MIKA, op- cit, pp. 29- 32, ainsi que , W. BOLIMA BOLITSI, « Logique marginaliste et

projets de développement rural en République Démocratique du Congo. …», Article déjà-cité, pp. 27- 41.
[122]

capitalisme essaie de s’organiser de manière à répondre aux exigences du profit.


Cette nouvelle organisation amène une nouvelle rationalité distincte de la logique
communautaire, qui, jusqu’alors, soutenait l’organisation de la vie dans les
milieux ruraux.

N’est ce pas ce que Lombeya Bosongo Likund’elio rapporte : « le


système économique capitaliste constitue le phénomène économique le plus lourd
de toute l’histoire de l’humanité. Depuis l’économie de traite qui a précédé la
traite négrière, l’ensemble de l’accumulation capitaliste qui passe par les
croisades, les conquêtes coloniales, la perpétuation du pacte colonial qui se
prolonge dans l’échange inégal, jusqu’à la mondialisation, le capitalisme a informé
et structuré la planète toute entière. L’économie communautaire a été balayée par
la colonisation, tandis que l’économie centralisée a disparu avec la dislocation de
l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. La Chine Populaire, devenue la
République de Chine, n’a pas constitué le dernier bastion de l’économie socialiste,
elle qui fait des « bonds en avant » grâce à l’ouverture de son économie à
l’économie mondiale. Le 21ème siècle s’annonce sous le signe de la domestication
des pouvoirs publics, dont le capitalisme avancé confisque et organise le transfert
des prérogatives ».341

En effet, en République Démocratique du Congo, il se révèle que la


rencontre entre un projet de développement rural et les initiatives locales met en
contact deux mondes différents. Il y a les développeurs, les donneurs, les experts,
concepteurs de projets, face aux développés, aux assistés, aux ignorants et
bénéficiaires, etc. Elle augure, d'un espace d'interaction et de confrontation de
nouvelles logiques multiples, voire, divergentes et contradictoires. Par ce contact,
« la loi de la lutte des contraires »342 se concrétise sans autre forme de procès.

Il y a lieu, ainsi, de retenir qu’en RD. Congo, chaque projet de


développement rural, dialectiquement,343 rapproche deux camps en conflit
d’intérêts.344 Nous avons, généralement, « le camp des porteurs des projets de
développement (et/ou des bailleurs de fonds) » qui reçoit souvent ± 80% du profit

341 L., LOMBEYA BOSONGO, Etat et système socio-économique, déjà- cité, p. 47.
342 A. MULUMA MUNANGA, Le guide du chercheur…, déjà- cité, pp. 103- 104.
343 Cfr. La première et deuxième loi dialectique.

344 W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural, logique capitaliste et la dynamique de la

pauvreté en République Démocratique du Congo. Plaidoyer pour la territorialisation des projets de


développement rural en RD. Congo », Article déjà-cité, pp. 97- 123.
[123]

de la production, d’une part, et le camp de la population réceptrice du projet, qui


n’a souvent que ± 20% d’autre part.345 Pour la bonne saisie de ces rapports
dialectiques, nous avons à présenter la situation comme suit :

1. le [Camp des bailleurs de fonds et alliés, porteurs de développement (ONG, agences


nationales ou internationales, experts, coopérants, techniciens,…).]: acteurs
politico-étatique, propriétaires des fonds, des infrastructures et de tous les moyens
de production. Ceux-ci s’accaparent, (chacun à son niveau), de tous les avantages
que dégénèrent le projet financé et exécuté, peu importe le besoin de
réinvestissement;

2. le [Camp de la population locale (les paysans engagés à l’exécution du projet à moindre


coup)] : qui n’ont rien autre chose que les différents bras comme force de travail

Cette réalité de lutte d’intérêts entre ces deux camps (ou groupes) se
réalise à tout moment qu’il y a un projet de développement rural. Certes, à
travers toute la République, ces deux camps (que nous pouvons considérer « des
classes sociales », si nous empruntons le langage marxiste et/ou celui de
Bourdieu),346 sont en contradiction et en conflit par rapport aux avantages que
procure « la pratique des projets de développement rural». Ceci fait appel au
principe dialectique de « lutte des contraires ».347 D’ailleurs, il s’observe, de plus
en plus, que la pratique des projets de développement rural, par leur
financiarisartion, passe plutôt pour être un moyen de la criminalisation de l’Etat
par les acteurs socio-politico-étatiques en RD. Congo. Il en résulte un système
constitué des réseaux d’acteurs, qui permettent et encouragent des attitudes et des
pratiques de prédation.348

A travers des projets de développement rural, l’on assiste à la


soustraction organisée, tolérée et/ou impunie des circuits financiers normaux des
recettes publiques internes et externes par des responsables économiques, politico-

345 W. BOLIMA BOLITSI, op-cit, pp. 97- 123.


346 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op-cit, pp. 26- 29 et 62- 63.
347 A. MULUMA MUNANGA, G. TIZI, op- cit, p. 104.

348 MABI MULUMBA, « Justice internationale et économie du marché – rôle des Institutions de Bretton

Woods », cité par L. LOMBEYA BOSONGO, dans « Le politique et l’intellectuel africain », (Conférence
donnée dans le cadre de l’Institut International Africain), Janvier 2009, p. 26.
[124]

étatiques et leurs complices, à leurs fins propres.349 En effet, cette pratique qui
devrait assurer la transformation de l’espace national, de manière générale, s’est
fait lister dans la multiple et multiforme ornière de la « Dérive d’une gestion
prédatrice »,350 décrite par E. Mabi Mulumba, inhibitrice de toutes les perspectives
de développement, ignorante de toutes les opportunités, irresponsable devant les
défis à vaincre. Ainsi donc, le regard dialectico-sociologique trouve dans cette
frustration de la population rurale paupérisée,351 l’un des facteurs de sa
démobilisation aux programmes de développement national et local. Le tableau
ci-dessous résume nos propos à ce sujet.

Tableau I : Vue générale de la répartition des profits entre les deux camps
engagés dans un procès de projet de développement rural en RDC.

N° Les acteurs en contradiction par rapport à la répartition des profits %


dégagés par un projet de développement rural
1 Camp des bailleurs de fonds et alliés 80%
2 Camp de la population locale engagé dans l’exécution du projet de 20%
développement rural
Total 100%

Source : Tendance générale dégagée lors de nos enquêtes de terrain à l’Equateur, Bandundu,
Katanga, Maniema, Province Orientale (anciennes configurations) en 2016 et, surtout à
Bengamisa et son hinterland dans la Tshopo, en avril 2017, etc.

Commentaires : Les données du tableau ci-dessus découlent de la lecture de


quelques travaux sur les projets de développement rural et des conclusions de
notre passage en revue des quelques projets de développement rural à travers les
provinces352 de la République. Il montre que le camp des bailleurs de fonds (et/ou
de porteur de développement, etc.) s’accapare de la part de lion des profits
procurés par un procès de projet de développement (± 80%). La petite quotité (±
20%), qui est, généralement, réservée à la population locale engagée dans
l’exécution de projet de développement, ne sert qu’au renouvellement de sa force

349 Raison est parfois donnée à KARL MARX qui refusait à l’Etat le rôle du garant de l’intérêt général. Cfr.
MBELA HIZA, op-cit, p. 13.
350 A ce point de vue, lire utilement, E. MABI MULUMBA, Les dérives d’une gestion prédatrice, ouvrage déjà-

cité, pp. 1- 54.


351 Les frustrations ainsi ressenties par des masses rurales vont provoquer leur démobilisation. Celle-ci se

manifeste souvent par des déclarations hostiles des populations locales concernées, des actes de sabotage
ou par le refus d’autres projets proposé dans l’avenir.
352 Résultat de nos enquêtes sur le terrain dans le cadre de notre recherche doctorale en cours de rédaction,

completé par la revue de la littérature en la matière.


[125]

pour le travail. Nous regroupons dans ce camp, tous les vendeurs de leur force de
travail à vil pris.
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Camp des bailleurs de fonds et alliés Camp de la population locale engagé dans l’exécution du
projet de développement rural

Figure 1. Vue générale de la répartition des profits entre les deux camps engagés dans
un procès de projet de développement rural en RD. Congo.

Les éléments ci-haut évoqués et la littérature économico-sociologique


à notre portée, nous autorisent de soutenir que les projets, dits, de développement
rural, se présentent comme des micro-entreprises. Etant que tel, ils fonctionnent,
souvent, comme toute entreprise capitaliste.353En effet, basée sur la logique
d’action marginaliste, c’est-à-dire, la liberté de propriété individuelle étant la
règle, ils s’adonneraient plus à la recherche du profit de l’investisseur. 354 En
conséquence, tout financement d’un projet de développement rural, soit-il, devrait
être rentable pour le bailleur de fonds (et/ou son initiateur). C’est la raison pour
laquelle, il est utile de soutenir que l’action actuelle des gouvernements de la RD.
Congo, par la pratique des projets de développement rural ne rassure pas le salut
de ces populations. Il n’est pas non plus logé dans l’action des « développeurs-
porteurs » de financement qui s’accaparent de la part de lion des retombées de ces
projets. N’est-ce pas que Léonard Ntuaremba Onfre révèle : « dans leur réalité la

353MABI MULUMBA, « Justice internationale et économie du marché – rôle des Institutions de Bretton
Woods », cité par L. LOMBEYA BOSONGO, dans « Le politique et l’intellectuel africain », Conférence donnée
dans le cadre de l’Institut International Africain, Janvier 2009, p. 26.
354 J.- YVES, CAPUL, &, O., GARNIER, Dictionnaire d’Economie et de Sciences sociales, Paris, Eds. Hatier,

2011, pp. 34- 35.


[126]

plus crue, les mouvements internationaux visent principalement la recherche de la


rentabilité financière la plus forte et la plus rapide »355 ?

Sans pour autant donner raison aux marxistes, lorsqu’ils soutiennent


que l’Etat, dans les sociétés capitalistes, aurait pour mission le maintien de
l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie. 356 Il se remarque de plus en plus
que toute crise économique de quelque importance, intérieure ou internationale,
redonne à l’Etat le rôle de régulateur et de soutien du capitalisme, qui a été son
rôle historique. En dehors de ces facilités d’ordre administratif et fiscal :
régulations, contrôle, mesures protectionnistes … l’Etat est aussi le client le plus
important du « secteur privé », et certaines industries majeures n’y pourraient
survivre sans la clientèle de l’Etat, sans les crédits, subventions et avantages qu’il
leur accorde.

Force est ainsi notre, d’affirmer que l’intervention de l’Etat dans


chacun des aspects de la vie économique n’est pas un phénomène nouveau. Cette
intervention a présidé à la naissance du capitalisme ou tout au moins, l’a guidé et
l’a aidé dans ses premiers pas… Cette intervention n’a jamais cessé d’avoir une
importance capitale pour le fonctionnement du capitalisme même dans les pays
les plus voués au LAISSER-FAIRE et à l’individualisme le plus farouche ».357 En
République Démocratique du Congo, donc, par la pratique des projets de
développement rural, la population rurale subit la paupérisation. Cela, se fait
devant le recul manifeste de l’Etat et/ou l’indifférence totale des pouvoirs publics.
Ainsi, la population rurale se retrouve en face d’une situation de conflit que les
psychologues appellent « d’approche et évitement».

De ce qui précède, il y a lieu de retenir qu’en RD. Congo, à travers les


projets dits de développement rural, les capitalistes détruisent, accablent les
masses rurales par la faim, le pillage, les bas salaires et l’exclusion. L’Etat, au
service du capital, après avoir maitrisé le travailleur et le paysan par la limitation
de leurs droits, se donne encore une autre tâche. Il s’âgit de maîtriser la nature
humaine, de prevoir et de prévenir les sentiments contraires à l’accumulation,

355 L. NTUAREMBA ONFRE, op- cit, p. 14.


356 MBELA HIZA & LAMES MPONG, op- cit, pp. 82-91.
357 Ralph MILIBAND, l’Etat dans la société capitalisme, Paris, FM Fondation, p. 18
[127]

d’effacer ce qu’il y a de plus homme en homme : « la volonté d’une humanité


toujours plus accomplie ».

En définitive, avec la logique capitaliste telle que décrite ci-haut, nous


sommes dans le droit d’affirmer que la pratique des projets de développement
rural, qui assurerait la transformation de l’espace rural congolais, en particulier,
et, de l’espace national, en général, s’est fait lister dans la multiple et multiforme
ornière de la « Dérive d’une gestion prédatrice », décrite par E. Mabi Mulumba,
inhibitrice de toutes les perspectives de développement, ignorante de toutes les
opportunités, irresponsable devant les défis à vaincre. Ainsi, dans cette frustration
de la population rurale paupérisée, 358 nous trouvons l’un des facteurs de sa
démobilisation aux programmes de développement local et national. Les
divergences des intérêts entre bailleurs de fonds et pays bénéficiaires, ont souvent
tendance à reléguer au second plan, les objectifs globaux de ces projets de
développement rural. A cet effet, tout en faisant notre, la pensée de Severino, J-
M. et Charnoz, O., nous recommandons que les mesures de réduction de la
pauvreté par des projets de développement rural, tiennent compte des conditions
économiques spécifiques et de la situation sociale de chaque milieu. Celles-ci,
doivent être comprises et définies par les différents groupes sociaux qui
existent.359

§2. De la logique capitaliste et la transformation de l’espace rural congolais par


des projets : la territorialisation comme un nouveau paradigme de gestion

De prime à bord, face aux problèmes de l’hétérogénéité, de


l’incompatibilité, de la fragmentation et de l’intégration, de l’ordre et du désordre,
de l’inégalité, de l’exclusion et de la solidarité, de la domination, de l’exploitation,
des affrontements idéologiques et des relations humaines, qui sont souvent régies
par des rapports de force, que pose la logigique capitaliste, il importe de faire
notre la pensée de Serge Latouche. Celui-ci préconise la décolonisation de
l’imaginaire des pays pauvres.360 De ce fait, la sociologie nous contraint de

358 Les frustrations ainsi ressenties par des masses rurales vont provoquer leur démobilisation. Celle-ci se
manifeste souvent par des déclarations hostiles des populations locales concernées, des actes de sabotage
ou par le refus d’autres projets proposés dans l’avenir.
359 SEVERINO, J-M., CHARNOZ, O., « Un paradoxe du développement », dans Revue économique de

développement. pp. 77- 97, mars 2004. Document disponible à www.afd.fr.


360 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 115- 119.
[128]

proposer la territorialisation comme le nouveau paradigme de gestion. Ces propos


nous amènent à plancher sur la « territorialisation des projets de développement
rural».361

Dans le cadre de cette étude, la « territorialisation des projets de


développement rural » doit être comprise, à la fois, comme une pensée et, comme
un mode de gestion. Elle consiste à l’identification du projet de développement
rural au territoire cible, mieux, à la collectivité jugée réceptrice du projet. Elle
consiste à l’appropriation du projet de développement rural par la population
cible.

Certes, comme un mode de gestion, la territorialisation des projets de


développement rural englobe l’approche participave en la dépassant. Elle prone la
participation de la population du territoire cible, mais, la dépasse, car, elle exige la
prise en compte des réalités et des besoins de l’espace conerné par le projet.
Surtout, elle conditionne l’implication de la population cible dans toutes les étapes
du procès du projet de développement. Voilà, pourquoi, elle ne doit pas être
comprise dans le sens donné par Trouvé362 et ses pers,363 qui ont, pour leur part,
disserté sur « le territoire de projet ».

Certes, pour Marielle Berriet-Solliec & Aurelie Trouvé, le « territoire


de projet »364 renvoie à un espace de référence qui a du sens que pour l’action des
acteurs dans la mésure où il correspond à la réponse à un appel à projet lancé par
un echelon politico-administratif. Le territoire doit etre compris comme « la zone,
la region, à l’interieur de laquelle vivent différents sujets économiques, sociaux et
environnementaux qui exercent différents activités, ont besoin de différents
services, infrastructure, etc. Sur le territoire rural vit une communauté organisée

361 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 115- 119.


362 A ce point de vue, lire utilement, MARIELLE BERRIET-SOLLIEC & AURELIE TROUVE, ainsi que
TROUVE (2007).
363 Ces informations sont tirées de «http://fr. wikipedia.org/w/index. php?tike= Territorialisation & oldid=

95661830 ». Consulté le 15, 03, 2016.


364 «http://fr. wikipedia.org/w/index. php?tike= Territorialisation & oldid= 95661830 ». Consulté le 15, 03,

2016.
[129]

qui a droit à une politique et à une gouvernance adéquate répondant aux besoins
que cette communauté exprime ».365

Cependant, la territorialisation des projets de développement rural366,


quant à elle, puisqu’elle doit s’appuyer sur une gouvernance intelligente, fonde
son action sur l’implication et la participation de la population concernée par le
projet à tous les niveaux de son procès.367 Il s’agit de la contextualisation de
développement par rapport aux besoins présents du territoire cible, et soutenue
par la participation réfléchie de la population concernée. Soutenue par « le
sentiment du salut commun »,368 elle recommande la participation de la
population réceptrice de projet de développement : au niveau de la conception, au
niveau de la sensibilisation, au niveau de l’exécution, au niveau de l’évaluation,
et, au niveau de la décision de réinvestissement, etc... Le schéma ci-dessous
illustre cette théorie de la territorialisation des projets de développement rural (ou
le Cercle de la territorialisation : Le CT= P+ I (p) - C-S-E-Ev-DR…).

365 MARIE HELENE CANALE, (Traduction en français) La politique de développement rural : une politique au
service du territoire. Economie, environnement, société et rôle de l’agriculture, EUROPE-AFRIQUE, SD, SL, pp.1-
2.
366 W. BOLIMA BOLITSI, op- cit, pp. 97- 123.

367 L’implication et la participation de la population concernée par le projet de développement rural

déterminerait le résultat de celui-ci, même si la logique d’action capitaliste, donc, la logique marginaliste,
ne la permettra pas, surtout pour les projets de développement provenant des partenaires extérieurs
(occidentaux). Cette participation à ce niveau demeure l’idéal.
368 Il s’agit de ce sentiment qui consiste à servir les autres comme vous vous servez, à donner aux autres ce

que vous vous accordez. IL s’agit de cette volonté de réussir avec les autres ou de monter avec les autres,
en les mettant dans les mêmes conditions que vous aspirez vous- mêmes.
[130]

Schéma n° 2 : Illustration de la théorie de la territorialisation des projets de


développement rural (Le CT= P+ I (p) - C-S-E-Ev-DR…)

P.C

P. DR P.S

Territoire/population cible

P.EV
P.E

G.I

Commentaires : Ce schéma réprésente de manière simplifiée la structure de la


théorie de la territorialisation des projets de développement (rural) proposée par
cette étude. Avec ce cercle de la territorialisation tel que présenté ci-haut, il faut
retenir ce qui suit :

 T = « Territorialisation » (du projet) s’obtient par la


P (Participation) + I (Implication) de la population réceptrice
du projet de développement rural à la :
 C = Conception ;
 S = Sensibilisation ;
 E = Exécution ;
 Ev = Evaluation, et ;
 DR= Décision de Réinvestissement, etc.

Certes, nous devons insister sur le fait que, dans un procès de projet
de développement rural, le Cercle de la Territorialisation (Le CT= P+ I (p) - C-S-E-
Ev-DR), c’est-à-dire, la participation et l’implication de la population du territoire
concerné par le projet à la conception, à la sensibilisation, à l’exécution, à
l’Evaluation, ainsi qu’à la décision de réinvestissement, doit se matérialiser sous
l’œil vigilant des pouvoirs publics, qui doivent faire preuve de la gouvernance
[131]

Intelligente. A cet effet, la territorialisation exige que le Gouvernement central,


avec des élus locaux,369 des agences de développement et des acteurs associatifs,
etc., mettent en place des dispositifs concertés d’accompagnement des populations
rurales en vue de renforcement de leurs capacités nécéssaires au développement
de leurs milieux.

En définitif, la territorialisation, nouveau mode de gestion des projets


de développement rural que nous proposons, fait partie des paradigmes de
développement endogène. Il s’agit de tout développemnt « qui a sa base dans la
société en développement ou qui est engendré de l’intérieur de cette société, est le
seul développement digne de son nom».370 Nous partageons ainsi le point de vue
de Rémy Mbaya Mudimba, qui soutient que le developpement endogène est « un
développement conçu par la population concernée et répondant, de façon
prioritaires, aux besoins ou aspirations de cette population et aux réalités de son
environnement social et naturel ; en d’autres termes, un développement non-
aliéné ».371 C’est dans ce sens que nous voulons que la gestionn des projets de
développement rural se passe. En effet, la territorialisation incarne toute stratégie
de la libération de la population (rurale) et prone la rupture avec la dépendance
par la recherche de la récupération et l’expression de l’identité congolaise
authentique en retouvant ses entrailles culturelles perdues. Voilà pourquoi cette
production sociologique insiste sur «… la nécessité de la conscientisation …»372
de la population rurale congolaise, qui doit briser l’insouciance des opérateurs
économiques et socio-étatiques face à son devenir historique.

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE

Le présent chapitre rappelle quelques notions de projet, il définit et


soulève le problème du sens et de l’essence des projets de développement rural.
La question de la logique d’action capitaliste qui, de manière générale, tracte les
projets de développement rural en RD. Congo, fait aussi l’objet de notre analyse
dans ce même chapitre. Structuré en trois sections, le chapitre insiste, sur la portée
stratégique des idées et des valeurs dans le devenir historiques des sociétés

369 Des élus locaux, ici, renvoient aux autorités provintiales, les admistrateurs des territoires, etc.
370 R. MBAYA MUDIMBA, op- cit, p. 15.
371 Idem.

372 R. MBAYA MUDIMBA, op- cit, pp. 61- 101.


[132]

étatico- nationales. Il scrute, en outre, la question de l’action résolue d’un groupe


porteur, sujet de l’histoire, en mettant l’accent sur les deux modèles de cultures : le
modèle de la culture débilitante, destructrice, qui est inhibitrice de développement
et le modèle de culture créatrice, permissive de développement. Enfin, le chapitre
esquisse la somme des éléments explicatifs de la théorie de la territorialisation des
projets de développement rural, celle-ci étant proposée comme un nouveau mode
de gestion, en vue de rendre porteur la pratique.

Certes, le concept projet n’est pas monosémique. Ainsi, dans le cadre


de cette étude, nous l’avons défini comme un ensemble systématisé d'activités et
de procédures établies pour réaliser des objectifs spécifiques à l'intérieur des
limites de budget, des ressources et de délais préconçus. Il s’agit donc de la
réalisation d'une activité dans le futur qui se caractérise par une envergure
(moyens) et une ou plusieurs finalités (objectifs). 373 En effet, si le projet de
développement se définit comme une action réalisée dans un objectif socio-
économique orienté vers la satisfaction d'un besoin collectif de base (alimentation,
santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.)
d'une communauté d'hommes et de femmes, leur permettant de s'épanouir
dignement,374 il faut considérer le projet de développement rural comme un
ensemble organisé et cohérent d’activités réalisées collectivement et limitées dans
le temps, mobilisant des moyens dédiés et visant à la production d’un objet-but
concourant à améliorer la situation d’un groupe de bénéficiaires dans un espace
rural.

Les données à notre possession nous forcent de soutenir que les


projets de développement rural, qui se multiplient à travers la République
Démocratique du Congo (à titre indicatif nous rappelons : le projet « Ntsio au
Plateau de Bateke (Kinshasa375), le CODAIK dans le Kwilu, la CACAOZA et la
PALMEZA (dans le Sud Ubangi), le Projet de Kiri (PRODEKI) dans le Mai-
Ndombe et d’autres projets connus à Kanyama Kasese, etc.), sont planifiés et
exécutés suivant « la logique d’action marginaliste ou capitaliste ».376 Cette

373 Banque Mondiale, L'Afrique peut-elle revendiquer sa place dans le 21e siècle ?, Juin 2002.
374 DANIEL, Neu. Les notes méthodologiques n°4 : Développement local et décentralisation Points de vue, GRET,
Mai 2003, p. 8.
375 A ce sujet, lire utilement, A. KABA-KABA MIKA, op-cit, pp. 29- 32.

376 C’est une logique qui prône « la recherche des intérêts à tout prix », cf. F. MOKONDA BONZA, op- cit,

pp. 5- 6.
[133]

dernière, c’est-à-dire, la logique capitaliste, exige la rentabilité de l’entreprise à


tout prix. Elle caresse, pour ce faire, la financiarisation des projets de
développement rural, qui se font ainsi passer pour l’un des outils de prédation.

Par cette étude, nous soutenons que la pratique des projets de


développement rural met ensemble plusieurs acteurs, qui peuvent être regroupés
en deux camps en conflit d’intêrets. En effet, la sociologie377 rapporte que la
rencontre entre un projet de développement et les initiatives locales, rapproche,
dialectiquement, deux mondes différents : le monde capitaliste et le monde
communautaire. Autrement dit, nous avons des développeurs, donneurs, des
experts, concepteurs de projets, face aux développés, aux assistés, aux ignorants et
bénéficiaires, etc. Elle augure d'un espace d'interaction et de confrontation de
nouvelles logiques multiples, voire, divergentes et contradictoires. En RD. Congo,
cette dynamique de lutte d’intérêts entre ces deux groupes se réalise à tout
moment qu’il y a un procès de projet de développement dans un espace rural
donné.

Certes, à travers toute la République, ces deux camps (que nous


pouvons considérer de « classes sociales », si nous empruntons le langage
marxiste et/ou celui de Bourdieu),378 sont en contradiction et en conflit par rapport
aux profits que procure la pratique des projets de développement rural. Il devient
ainsi utile de recommander que la société congolaise, en général, et, son espace
rural, en particulier, cesse de paraitre comme « la société africaine des temps
coloniaux. Celle-ci ayant été considérée d’« une société de consommation » ayant,
d’une part, les colons « donnateurs de tout », et, d’autre part, des colonisés
« consommateurs ».379 Pour ce faire, il urge que l’agriculture bénéficie de
l’attention des pouvoirs publics en vue de réoccuper sa place de secteur moteur de
développement rural. L’Etat congolais doit assurer la substitution de
« l’agriculture d’exportation »380 par une agriculture qui demeure au service
d’abord des agriculteurs eux-mêmes, et, devenir, ainsi, l’instrument de la
stabilisation des populations rurales dans leurs milieux.

377 A. KABA-KABA MIKA, op- cit, pp. 29- 32.


378 MARC MONTOUSSE & GILLES RENOUARD, op- cit, pp. 26- 29 et pp. 62- 63
379 J. A. MALULA que nous avons paraphrasé dans, L’Eglise de Dieu qui est à Kinshasa vous parle, Kinshasa,

Eds. St. Paul d'Afrique, 1978.


380 A ce sujet, lire utilement, E. BONGELI YAIKELO YA ATO, D’Etat-bébé à un Etat Congolais responsable.

Paris, Harmattan LASK, 2009, pp. 146- 150.


[134]

En définitive, retenons que dans un procès de développement, rural


soit-il, il faut faire face aux contraintes de la logique capitaliste. Ainsi puisque « …
le capitalisme n’a pas de visage : il dépend des lois et de l’environnement du
moment… »,381 l’action humaine réfléchie jouera un grand rôle. Car, c’est donc
cette action qui crée des inégalités dans l’organisation de la production, comme
dans l’organisation des institutions, mêmes pour des pays qui posséderaient des
mêmes ressources potentielles, comme le cas pour la République Démocratique
du Congo. Voilà pourquoi, nous partageons le point de vue de Bruno
Mupinganayi Kadiakuidi, qui plaide pour la moralisation de la vie politique.
Celui-ci insiste sur la nécessité de la «… volonté politique ferme et un patriotisme
du type Lumumba au Congo (Kinshasa), Mandela en Afrique du Sud, Kadhafi en
Libye, De Gaule en France, Mao en Chine, Cavour en Italie, Bismarck en
Allemagne ».382 Cela importe, car, c’est « le groupe porteur »383 qui pense et
actionne le développement national et booste l’émergence des populations rurales.
C’est l’Etat géré par des hommes, « historiquement, qui demeure le levier central
de tout ordre socio- politique naissant, même si à la longue et le triomphe du
capitalisme aujourd’hui en témoigne, l’ordre parvenu à maturité s’approprie les
pouvoirs de l’Etat, et ambitionne de se transformer en Etat lui-même. Ainsi,
puisque la conquête du pouvoir de l’Etat ou, tout au moins, une forte participation
au pouvoir de l’Etat joue un rôle STRATEGIQUE pour l’avènement de toute
alternative socio-économique »,384 la mise en place d’un système de gouvernement
tenu par un « groupe porteur mu par la volonté de conquête et de domination, et
sujet de l’histoire»385 en RD. Congo, fait l’objet de notre plaidoirie à ce niveau de
cette réfléxion, en vue de voir le monde rural congolais cesser d’évoluer à
contresens ou à contre courant, et que cessent de triompher les intérêts des
particuliers dans ce milieu.

381 JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 15- 17.


382 B. MUPINGANAYI KADIAKUIDI, « Avènement d’un port maritime à Kinshasa. Puissant instrument
d’élimination définitive de la pauvreté en RDC», Actes de la Grande conférence de la faculté des Sciences
Economiques et de Gestion, IRES (S. coord Yvon BONGOY MPEKESA), Eds. Universitaires Africaines,
2012, p. 305.
383 W. BOLIMA BOLITSI, & S. MASUMBUKU KALONDA, op-cit, p. 71.
384 L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système socio-économique, cité par W. BOLIMA BOLITSI, & S.
MASUMBUKU KALONDA, op- cit, p. 37.
385 W. BOLIMA BOLITSI, & S. MASUMBUKU KALONDA, op- cit, pp. 48- 72.
[135]

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La première étape de cette réflexion qui se structure en deux


chapitres, planche sur les considérations générales et théoriques de l’étude. En
effet, la partie se consacre à la définition de développement et des concepts qui lui
sont connexes, ainsi qu’à quelques « développements injectivés ».

Elle aborde la question des projets de développement rural entant que


concept et comme pratique sociale, tractée par la logique capitaliste. Laquelle
logique, caresse leur finaciarisation. Elle pose, en outre, la problématique des
idées et des valeurs dans le devenir historique des sociétés, en insistant sur la
place de l’homme dans le procès de développement. La territorialisation des
projets de développement rural, prise pour théorie et pour un nouveau mode de
gestion, fait aussi l’objet de débat dans cette même partie de cette production
sociologique.

Dans le cadre de cette étude, nous rappelons que, le développement


doit être compris tel que la littérature sociologique386 l’aborde. Celle-ci met l’accent
particulier sur son caractère global et intégré.387 A cet effet, le développement, tout
en présentant un procès interactif, reste une action permanente et dynamique
visant le progrès à multiples dimensions de l’homme. Elle condamne tout
ethnocentrisme occidental et le présente comme un idéal pour tous les peuples,
voire, pour toutes les nations.

Cependant, il sièd de soutenir avec Serge Latouche que, tous les


«développements adjectivés »388 entrent dans le cadre de vernis lexical de la
logique de la théorie libérale dominante. En outre, la sociologie insiste sur le fait
que « la mondialisation »,389 qui s’impose comme une réalité universelle, ne doit

386 A ce sujet, il est utile de lire, entre autres, I. MUKABA MBUTU, Le projet du développement de la conception
à l’évaluation, Kinshasa, Eds. CIEDOS, 2011, ainsi que R. MBAYA MUDIMBA, Les acteurs du développement
des sociétés du Tiers-Monde. Réalités et Mythes. On ne développe pas, on se développe. Mosala na mosala ezali na
mokolo na yango, Kinshasa, Eds. Universitaires Africaines, 2017, etc.
387 KIKA MAVUNDA, op- cit, p. 155.
388 S. LATOUCHE, op- cit, pp. 51- 68.
389 A propos de la mondialisation, lire utilement, A. NKUANZAKA INZANZA, « Essoufflement du
capitalisme libéral : comment opérer une transition vers la social-démocratie comme solution palliative ? »,
dans MES, n°51 du Novembre & Décembre, Kinshasa- R.D.C, 2008, pp. 71-87, L. LOMBEYA BOSONGO,
« La mondialisation et le déferlement de la violence », Actes de la Grande conférence de la faculté des Sciences
Economiques et de gestion, déjà- cité, pp. 63- 75, E. BONGELI YAIKELO, La mondialisation, l’Occident et Le
Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan, 201, et enfin, toutes les productions scientifiques de Joseph. E.
[136]

pas être considérée pour les pays du Tiers-Monde, et, particulièrement, pour la
RD. Congo comme une nécessité historique, mais plutôt, comme une
détermination historique. Ceci appelle l’insistance sur la portée stratégique des
idées et des valeurs dans le devenir historiques des sociétés étatico-nationales, en
mettant en exergue l’action résolue « d’un groupe porteur », sujet de l’histoire.

L’étude arrête que le développement, (rural soit-il), devrait être


conçu, planifié et assuré, par des hommes porteurs de valeurs, soutenu par des
hommes pour les hommes. Ceux- ci doivent tenir compte des réalités de leur
société nationale et de leurs besoins propres. Certes, l’histoire comparée des
nations nous mène à souligner que la démocratie n’est pas nécessairement
synonyme de développement. En dépit de régime politique, le développement,
ensemble des changements quantitatifs, qualitatifs et environnementaux pour le
mieux être des populations, se veut, par dessus tout, tributaire de l’action
historique d’un « groupe porteur » sujet de l’histoire et mû par la volonté de
domination.

Evoquant la question de projet de développement rural, il importe de


rappeller que la partie définit et table sur le projet, donne l’essence de projet de
développement rural comme pratique sociale. En effet, de toutes les différentes
définitions de projet recensées par nous, tout au long de cette étude, nous
ressortons quatre éléments clés qui se répètent partout. Il s’agit des : objectifs,
activités, résultats et de déllais. Pour ce qui est du sens à donner au projet de
développement rural, nous notons qu’il s’agit de tout projet, qui propose des
apports de toutes sortes, mais, cela dans le but de la transformation positive d’un
espace rural. En RD. Congo, les projrts de développement rural sont,
généralement, tractés par la logique capitalistte ou marginaliste.

Nous retenons, certes, dans le cadre de cette étude que « le


capitalisme est un prcessus de production, et comme tel, il dépend de son
environnement, politique et juridique. Donc, si cet environnement est juste et
équilibré, alors le capitalisme participera au développement de la société. Si, par
contre, cet environnement est laxiste, injuste et déréglé, alors le capitalisme peut

STIGLITZ, cet économiste – Nobel opposé à la mondialisation, secundum, le FMI et la Banque Mondiale,
etc.
[137]

basculer dans la pure logique de prédation ».390 Tel est le cas en RD. Congo où la
faiblesse de l’Etat et l’inobservance des règles de gestion font que les projets de
développement rural passent pour un moyen de la paupérisation des masses
rurales. Ainsi, face à cette réalité, l’étude propose la territorialisation des projets
de développement rural comme nouveau paradigme et mode de gestion.

390 JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 9- 10.


[138]

II Eme PARTIE

BENGAMISA, SON HINTERLAND ET SA TRANSFORMATION PAR LE


PROJET CABEN : PRESETATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES DONNEES DE TERRAIN
[139]

INTRODUCTION

Il sied de rappeler que cette seconde partie de cette dissertation, sous


le regard dialectico-contrefactuel, planche sur l’état actuel des apports de la
Cacaoyère de Bengamisa, une expérience particulière de projet de développement
rural, logé dans le territoire de Banalia, dans la Tshopo. Sous l’angle micro-
économique, le projet CABEN se veut une micro-entreprise spécialisée dans la
culture du cacao. Ainsi, elle s’accommode avec la notion de projet pris pour un
investissement. Cependant, vue sous l’angle micro-sociologique, nous sommes
dans le droit de soutenir que ce projet fonctionne selon la logique capitaliste
decrite ci-haut.

Pour la clarté de l’exposé, il nous parait utile que cette partie se


structure en deux chapitres. Le premier, parle du rural et de l’espace rural, en
esquissant une vue synoptico – sociologique de la vie villageoise en RD. Congo. Il
fait une brève présentation de l’« espace Bengamisa », le milieu rural récepteur du
projet sous-étude. Le même chapitre, offre quelques informations sur le projet
CABEN : son contenu et sa trajectoire historique. Dans un langage statistique, il en
offre des données de terrain par rapport à son impact à Bengamisa et son
hinterland. Par contre, sous le regard dialectico-contrefactuel, le deuxième
chapitre, et, le dernier, à partir de ces données de terrain évoquées, analyse et
interprète des résultats. Il insiste sur des aspects de paupérisation de la population
rurale et propose des perspectives. Elles militent pour la territorialisation des
projets de développement rural, en plaidant pour « une économie cacaoyère
durable » en République Démocratique du Congo.
[140]

CHAPITRE. I.

DE BENGAMISA COMME MILIEU RECEPTEUR DU PROJET : ESQUISSE


D’UNE VUE SYNOPTICO – SOCIOLOGIQUE D’UN ESPACE RURAL ET DU
PROJET CABEN

INTRODUCTION

Le présent chapitre a pour objectif de faire la présentation de l’espace


Bengamisa, notre milieu d’étude. C’est l’espace géographique dans lequel le projet
CABEN est logé. Il importe d’indiquer que, outre l’esquisse de la morphologie de
la vie villageoise et de la présentation des faits de la pauvreté dans l’espace,
aujourd’hui dénommé la République Démocratique du Congo, nous tablerons,
d’abord, sur le concept rural, avant de faire la présentation de « l’espace
Bengamisa». La question de la paysannerie congolaise et ses rapports avec le reste
du monde fera aussi l’objet de notre analyse.

Il est utile de noter que ce chapitre s’intéresse aussi à l’évolution


historique de la Cacaoyère de Bengamisa. Il l’analyse comme projet de
développement rural dans l’ancience Province Orientale, pricisément, dans le
District de la Tshopo, (aujourd’hui, devennue la Province de la Tshopo). Le
chapitre fait la description des circonstances de la création du projet, en donne le
contenu, et scrute quelques unes de ses réalisations dans sa prémière phase de
financement. Pour ce faire, le chapitre est ainsi organisé en trois sections.

SECTION I. DU MONDE RURAL, DE LA VIE VILLAGEOISE ET DE LA


PAYSANNERIE EN RD. CONGO

L’étude porte sur l’impact des projets de développement dans le


monde rural congolais. Elle se sert de l’expérience de la CABEN, projet logé dans
un espace rural congolais denommé Bengamisa. Ainsi, en vue de fixer les esprits,
cette section aborde la question sur les concepts rural et de l’espace rural. Elle
table sur la morphologie de la vie villageoise et sur le problème de rapports de la
paysannerie congolaise avec le reste du monde. La section met, également,
l’accent sur la tendance d’autoconservation reconnue aux milieux ruraux dans le
cas de l’espace rural congolais paupérisé.
[141]

§1. Quid du rural ? : condensée d’informations sur la vie villageoise et sur la


paysannerie en RD. Congo dans ses rapports avec le reste du monde

Le concept « rural », pris comme adjectif, est défini par le Robert


Méthodique comme ce qui concerne la vie dans la campagne. Etymologiquement,
rural vient du « rus » qui signifie « campagne ». Rural se rapporte ainsi à tout ce
qui a trait au mode de production paysan. Puisque nous parlons « rural », il est
commode que nous évoquions aussi la ruralisation.

Mais, avant cela, nous signifions, du point de vue de la sociologie que,


« rural » comme substantif désigne tout celui qui habite dans un espace rural. Il
peut être un paysan (pour désigner tout celui qui ne vit que du travail de la terre
ou de l’agriculture), d’un forgeron, artisan, etc.

Quand à la ruralisation, « elle désigne le processus par lequel un


espace géographique, acquiert des aptitudes rurales, par ses caractéristiques et les
valeurs du monde rural. C’est le processus par lequel un centre se ruralise ».391 Il
peut s’agir de l’aspect anthropologico-sociologique, c'est-à-dire, lorsqu’on tient
compte du comportement des habitants du centre considéré, de l’aspect
démographique lorsqu’on considère le nombre de la population et de l’aspect
purement urbanistique, lorsque le centre considéré perd progressivement les
atouts d’une ville, etc. Si l’indicateur par lequel se mesure la ruralité reste,
d’abord, le niveau d’activité agricole, précisons que « la ruralité désigne le degré
auquel un pays, une région et/ou un territoire est ruralisé».392 A ce point de vue,
Darly note que : « 25 millions d’habitants qui peuplent l’Afrique au sud du
Sahara, groupés en inombrables petites collectivités rurales continuent en grande
majorité de pratiquer une agriculture de subsistance ».393

En effet, Kaba- Kaba Mika soutient que toute définition de l’espace


rural poserait des problèmes dans la mesure où cet espace est complexe. Il note
que « l’espace rural est un complexe constitué par un environnement
géographique non urbain et par des fonctions différentes établies par
l’homme ».394

391 W. BOLIMA BOLITSI, & S. MASUMBUKU KALONDA, op- cit, p. 71.


392 DARLY (1956: 23), cité par NKWEMBE UNSITAL & BOLIMA BOLITSI, op- cit, p. 55.
393 Idem.
394 A. KABA- KABA MIKA, op- cit, p. 30.
[142]

A coup sûr, nous faisons observer que l’espace rural regroupe


l’espace naturel et l’espace agricole. Le premier désigne les surfaces non
aménagées par l’homme, c'est-à-dire les montagnes, les marécages et donc les
secteurs laissés à l’abandon et non transformés par l’homme. Pour le Congo-
Kinshasa par exemple, un tel espace représentait 51,74% des superficies totales des
terres d’après l’étude du Département de l’Agriculture et Développement rural
(1982). 395 Il importe de noter que le second, c’est-à-dire, l’espace agricole désigne
la portion de l’espace aménagé en vue de la production agricole et couvert de ce
fait d’une végétation utilisée par l’homme : les terres labourables.396 Ainsi, se
caractérise-t-il par la dissémination des activités et des hommes, l’importance des
activités et du type fondamental.

Le monde rural, en général, le village et/ou la campagne, en


particulier, se distingue du milieu urbain (la ville) par l’homogénéité de son
territoire qu’il occupe. Le paysan, pour désigner la population paysanne et/ou
villageoise, est attaché aux habitudes ancestrales, dans un mode de production
communautaire. Au village, c’est la parenté,397 fondée sur la solidarité, qui assure
les rapports sociaux de production. Dans ce mode de production « villageois »,
communautaire, la terre a une valeur existentielle. Elle appartient à la collectivité
et non à l’individu. Chaque membre en est l’usufruitier. Vis-à-vis de la terre, les
paysans ont une attitude émotionnelle et affective. Cela fait de la terre, une valeur
non seulement économique, mais, surtout, socio- religieuse.398C’est la terre
ancestrale.

Le monde rural est une catégorie la plus englobante qui inclut le


monde paysan. Est rural, ce qui n’est pas urbain. Mais, la dominante rurale,
précisément, fut longtemps dans les pays aujourd’hui post-industrialisés et
fondamentalement dans les pays peu développés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique
Latine, la composante paysanne. C’est cette composante dite paysanne qui, par le
travail de la terre, ses produits, sa main d’œuvre, entretient des échanges
essentiels avec le monde urbain plus que les artisans et les fournisseurs de

395 NKWEMBE UNSITAL & BOLIMA BOLITSI, op- cit, p. 54- 55.
396 Idem.
397 L. LOMBEYA BOSONGO, « Les permanences structurelles au milieu rural africain, Analyse du mode de
production dans la cuvette du Zaïre», dans Cahiers Economiques et Sociaux de l’IRES, n0 5, SD, pp. 10- 17.
398 NKWEMBE UNSITAL & BOLIMA BOLITSI, op-cit, p. 55.
[143]

services. Malgré qu’il soit paysan dans son centre, l’espace rural demeure total et
complexe.399

Cependant, la conception de l’espace rural en l’opposant à l’espace


urbain laisse entrevoir un conflit. Le rural se retranche dans sa campagne et refuse
de se laisser envahir par la ville et par les citadins. Certains analystes des sociétés
soulignent que, face aux enjeux de la planétarisation qui entretient le darwinisme
dans tous les fronts, c’est le milieu rural souvent qui subit négativement les
actions des milieux urbains. Jusqu’à une date récente, il était facile au géographe
de distinguer l’espace urbain qui se marquait par un point sur une carte à grande
échelle, et l’espace rural, c'est-à-dire tout le reste. L’espace rural était pour
l’essentiel consacré à l’agriculture et l’espace urbain aux autres activités
économiques, politiques et administratives du monde moderne.

Cette dichotomie n’est plus de mise aujourd’hui. Il y a certes, des


zones à faible densité de population, où la majeure partie de l’espace reste
occupée par des activités agricoles, et des zones à forte densité, dépourvues de
toute activité agricole, mais non dépourvues de zones récréatives « biologiques »
comme les jardins publics. L’activité économique des zones rurales semble loin
d’être toujours exclusivement agricole.

Nkwembe Unsital400 indique que dans les pays développés, il existe


de nombreuses industries, et même des sociétés de services qui préfèrent
s’installer en zones rurales. Il en est souvent de même dans les pays en voie de
développement, avec la circonstance aggravante qu’il est de plus en plus fréquent
de rencontrer des situations dans lesquelles beaucoup d’habitants des zones
rurales ne vivent plus d’aucune activité économique, et se bornent à attendre les
mandats qui leur sont envoyés par leurs parents travaillant « en ville ». En plus,
avec le développement des moyens de transport, en Europe et dans d’autres pays
développés, de nombreuses personnes travaillent en « ville » et vivent « à la
compagne » dans des maisons individuelles qui occupent des surfaces non
négligeables dans certains pays. Cela fait qu’à ces jours, les spécialistes ruraux
réfléchissent davantage en termes de réseau ou d’espace géographique.

399 NKWEMBE UNSITAL & BOLIMA BOLITSI, op-cit, p. 55-56.


400 Idem.
[144]

En ce qui concerne le village et la vie villageoise en République


Démocratique du Congo, soulignons qu’entrée historiquement en conflit avec les
forces productives, la communauté villageoise ne peut s’identifier avec elles. Mais
elle n’est pas davantage un mode de production. Etymologiquement, le terme
« village » dérive de l'ancien français vil(l) e « ferme, propriété rurale,
agglomération » issu du gallo roman VILLA « domaine rural », du latin villa
rustica « grand domaine rural » avec un suffixe-âge. Il est attesté sous la forme
latinisée villagium « groupe d'habitations rurales » en latin médiéval dès le
XIe siècle, mais rare avant le XIIIe siècle et uniquement d'un emploi savant. Il
permet de faire la distinction avec « ville », mot qui pouvait avoir soit le sens de
« domaine rural », soit celui de « village, agglomération », avant de prendre celui,
unique, d'« agglomération urbaine » qu'on lui connaît aujourd’hui.401

En effet, le village apparait dès qu’il y a fixation au sol d’un groupe


d’hommes auparavant nomades ou semi- nomades. Il disparait, au sens précis du
mot, dans certaines conditions, notamment, devant la grande exploitation (de type
antique, villas romaine, latifundia, de type féodal, sovkhoz socialiste). « Sans
doute, autrefois, les villages se déplaçaient, mais, ce fut toujours dans les limites
qui avaient une signification pour le groupe en mouvement, comme pour les
groupes environnants. Le village, dans ses activités de production, se meut dans
un espace qui le désigne et qui en indique les limites aux groupements voisins ».402
Par là, il se révèle le caractère total de l’habitat. Celui-ci résulte de la nature des
liens de l’homme avec la terre.

Certes, est village, une « agglomération rurale caractérisée par un


habitat plus ou moins concentré, possédant des services de première nécessité et
offrant une forme de vie communautaire ».403 C’est là où triomphe la force de la
parenté, la communauté villageoise se reconnait par les relations réciproques et
l’interconnaissance des individus. Elle réunit organiquement, non des individus,
mais des communautés partielles et subordonnées, des familles (elles-mêmes de

401 http://fr.wikipedia. org/wiki/village. ». Consulté le 03, 09, 2016.


402 L. LOMBEYA BOSONGO, « Les permanences structurelles au milieu rural africain, Analyse du mode de
production dans la cuvette du Zaïre » article déjà-cité, p. 9.
403 http://fr.wikipedia. org/wiki/village. Consulté le 03, 09, 2016.
[145]

types différents, mais inséparables de l’organisation de la communauté). Henri


Lefebvre404 nous donne la structuration villageoise.

Selon Genevoix, le village constitue une « agglomération rurale;


groupe d'habitations assez important pour former une unité administrative,
religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre ».405 Pour Emile
Durkheim, « la dernière molécule sociale, le village, est bien encore un clan
transformé. Ce qui le prouve, c'est qu'il y a entre les habitants d'un
même village des relations qui sont évidemment de nature domestique et qui, en
tout cas, sont caractéristiques du clan ».406 Aristote de sa part, considère « village »
comme la première communauté formée de plusieurs familles en vue de la
satisfaction de besoins qui ne sont plus purement quotidiens.

Certes, la famille se veut, selon le philosophe cité, le premier stade de


communauté que l’on peut observer. L’« unité sociale fondamentale et discernable
demeure la famille étendue. Elle est construite autour d’un « ainé, ses frères, leurs
enfants, qui constituent la parentèle qui a une origine commune, un ascendant ou
une ascendante selon qu’on se retrouve en régime patrilinéaire ou
matrilinéaire ».407

En République Centrafricaine, le village est une subdivision sans


personnalité morale de la commune. Il est constitué en zone rurale par un
ensemble de familles ayant réalisé entre elles une communauté d’intérêts pour des
raisons ethniques, économiques, historiques ou religieuses. Il est dirigé par un
chef de village élu pour dix ans et placé sous l’autorité du Maire de la commune.
Au Rwanda, ce terme désigne aussi la plus petite division administrative du pays.

Mais le terme village s’emploie, aussi, souvent avec un qualificatif


particulier. Le village planétaire (en anglais global village) est une expression qui
exprime le raccourcissement des distances dû au développement des
communications, particulièrement avec internet. Elle a été créée en 1971 par le
Canadien Herbert Marshall Mac Luhan, professeur à l'université de Toronto,
lorsqu'il publia War and Peace in the Global Village. Un « éco village » (ou éco-

404 H. LEFEBVRE, Du rural à l’urbain, Paris, Eds. Anthropos, 1970, pp. 15- 80.
405 GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 52.
406 E. DURKHEIM, De la division du travail social, Paris, France, PUF, 1973, p. 159.

407 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, p. 7.


[146]

village, éco-lieu, éco-hameau), est une agglomération, généralement rurale, ayant


une perspective d'autosuffisance variable d'un projet à l'autre et reposant sur un
modèle économique alternatif. Par contre, le « village étape » est un label officiel
français attribué à des communes de moins de 5000 habitants situées à proximité
d'un grand axe routier. Dans le même ordre d’idées, un « village vacance » est un
hébergement touristique qui accueille essentiellement des familles, le plus souvent
lors de leurs vacances. Il s’observe qu’à côté des villages purement agricoles et des
villages de résidence pour les travailleurs urbains (villages-dortoirs) apparaît une
catégorie de village « urbanisé » plus complètement : le village-centre ou centre
rural (GEORGE1984). Il s’agit de type de village dont l'aménagement et les
équipements se rapprochent de ceux d'une ville, (village-centre). Mais par contre,
le « village-dortoir » est celui qui est constitué, essentiellement, d'habitations dont
les habitants travaillent en ville.

L’étude retient quelques éléments par lesquels se forgent les


définitions du village. Il s’agit, entre autres, du seuil de la surface et de la
population, de la fonction et la situation géographique, etc. Toutefois, il se
remarque que les seuils de la surface et de la population au-delà desquels on peut
dire qu'un établissement humain est un hameau, un village, un bourg ou une ville
sont relatifs. Ils varient dans l'histoire et selon les territoires. En 1825, F. J. Grille
note à propos de Wormhout qui abrite alors trois à quatre mille âmes, en Flandre
maritime, dans le département du Nord, qu'il ne sait pas s'il faut parler de village,
ou plutôt de bourg, ou même de ville. « On donne en Flandre le nom de village à
des lieux qui, dans les Alpes ou les Pyrénées, seraient très bien des préfectures »408,
commentait-il. De l’autre coté, en France, dans certaines régions, dont le Limousin
ou la Bretagne, le terme « village » désigne un hameau, dont le nombre
d’habitations peut être inférieur à cinq maisons. Ainsi la commune (ou paroisse)
comprend son bourg et ses villages409. Au Canada, par contre, le terme village peut
désigner un type de municipalité ; au Québec, la municipalité de village est l'une des
cinq expressions qui désignent les municipalités, lorsque son territoire correspond

408 http://fr.wikipedia.org/wiki/village*cite_note4 Consulté le 31, 08, 2016.


409 A ce sujet, lire utilement, W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural, logique capitaliste et
la dynamique de la pauvreté en République Démocratique du Congo. Plaidoyer pour la territorialisation
des projets de développement rural en RD. Congolais », Article- déjà cité, pp. 97- 123.
[147]

à un village au sens d'habitat plus ou moins concentrés6. Mais, en Italie et Suisse


italienne, l'équivalent est frazione, sous-division d'une commune.

Si le « village-hôtel » désigne l’ensemble d'hôtels constitué


d'habitations regroupées sur le modèle des villages et possédant ses propres
équipements, le « village-retraite » renvoie à l’ensemble d'habitations destinées
aux retraités dans les villages. Des retraités quittent les grandes agglomérations
trop coûteuses pour s'installer à la campagne soit individuellement, soit dans des
«villages-retraite ».410 Il y a lieu de noter pour ce qui est de la République
Démocratique du Congo que le village constitue la principale unité du pouvoir.
Constitué des clans, qui, à leur tour, renferment des familles, le village,
généralement, est dirigé par le chef de village qui est assisté des chefs des clans.
Selon qu’on est en face d’un système patriarcal ou matriarcal, le chef du village
protège celui-ci, règle des conflits et conduit des rites destinés à l’ouverture des
activités socio-économiques, etc. Ainsi, puisqu’au village, le communautarisme
ordonne que le chef ne mange pas seul, chaque membre du clan ou de la famille a
l’obligation de lui procurer une part importante de sa production (comme taxes et
impôts), en vue de s’en servir pour soutenir les indigents et de recevoir des
étrangers, etc. C’est la raison pour laquelle il est dit que la force d’un village et de
son chef réside essentiellement dans le nombre de ses hommes actifs.

Concernant la géographie d’un village, c’est-à-dire, son implantation,


celle-ci demeure significative. En effet, n’importe qui ne peut pas implanter son
habitation à n’importe quel endroit.411 Dans la plupart de cas, les villages
congolais sont implantés au prêt d’une source (d’eaux) et, généralement, au long
de la route. Chez les Yansi, par exemple, ils « construisent sur des collines et
donnent à leur village une disposition axial : une large rue centrale partage les
deux rangées de maisons. Alors que les Mbala lui donnent une disposition
circulaire. En République Démocratique du Congo encore, par dessus tous, le
biotope, pour exprimer le milieu physique, impose certaines contraintes aux
groupements humains villageois. L’agriculture de famille en milieu rural
congolais utilise encore des outils très faibles. Pour ce faire, « l’organisation
familiale développe, naturellement, l’esprit communautaire, et la coopération

Ph. SAINT-MARC, Socialisation de la nature, 1971. Eds GILB, 1980.


410

F. NGOMA NGAMBU, Manuel de sociologie et d’Anthropologie, Kinshasa, Presses Universitaires Kongo,


411

1996, P. 46.
[148]

économique dans le travail ».412 Quelques images offrant la morphologie de ce que


l’on appelle village en République Démocratique du Congo sont alignées en
annexe (I).

Ces images présentent des élements des villages avec des maisons
étalées de part et d’autre de la route. Celles- ci sont construites, soit, en stiques,
soit encore, en briques à dobes ou voire même, d’autres couvertes par des feuilles,
etc. Le communautarisme, caractéristique principale de la vie au village se fait
ainsi remarquer. Si la sociologie413 reconnait, en outre, que la maison dans les pays
tropicaux a comme fonction, de garder les biens et de se protéger contre les
intempéries. Les photos (en annexe I) témoignent que, généralement, tout se fait à
l’extérieur de la maison.

Retenons en définitive que le village est cet espace géographique dans


lequel les membres d’une communauté, généralement, les descendants d’un
ancêtre commun aménagent leur habitat. Il s’agit de l’espace dans lequel la
communauté des hommes vivant en interconnaissance, établit son habitation, où
elle pratique la chasse, le piégeage et l’agriculture à la base de jachère, etc. Certes,
par delà les attaches économiques avec la terre, il y a aussi des liens spirituels. En
en effet, « … il est utile de distinguer la terre, moyen de production agricole dans
lequel s’incorpore le travail de l’homme, du territoire, espace reconnu, revendiqué
par le groupe et objet de ses activités économiques extractives (chasses, pèche,
cueillette) ou selon la pertinente terminologie marxiste, entre terre, moyen de
travail et objet de travail».414 Certes, en République Démocratique du Congo, les
attaches d’ordre spirituel observées chez les villageois envers la terre, présentent
une dimension qui fait de la communauté villageoise et/ou de l’espace tribal un
fait social total.

En ce qui concerne la paysannerie, nous empruntons les mots de


Redfield, et, nous notons que celle-ci renvoie aux petits producteurs agricoles,
utilisant la main d’œuvre familiale et qui, principalement, produisent à l’aide d’un
équipement simple, en vue de l’autoconsommation et s’acquitter d’obligation

412 J. MAQUET, Africanité Traditionnelle et Modernité, Paris, Présence Africaine,


413 W. BOLIMA BOLITSI, « La RDC et la transformationde son milieu rural :… »,. Article déjà-cité, pp. 50-
51.
414 CL. MEILLASSOUX, L’anthropologie économique des Gouro, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, p. 9.
[149]

politique, ainsi que économique.415 Il ressort de cette affirmation, des liens


existentiels entre le paysan et la terre.

Par rapport à la paysannerie congolaise et de ses rapports avec le


reste du monde, soulignons que l’analyse sociologique de la communauté rurale
laisse voir une configuration globale composée de diverses sphères d’activités
fonctionnelles les unes par rapport aux autres. Chacune d’elles participe à
l’équilibre général de la configuration. De ce fait, il y a lieu de retenir que la
communauté rurale se veut une communauté organique. La caractéristique
centrale de tout organe (ceci se réfère à la biologie et à la physiologie) ou de tout
organisme (ceci se réfère aussi au social, au politique, à l’économie), est
l’interdépendance des parties, des liaisons utiles dans leur majorité nécessaires à
la vie et au fonctionnement des composantes.

Sans pour autant faire l’apologie de l’organicisme platonicien, comme


toute réalité sociale, la communauté rurale et/ou villageoise se présente comme un
individu, et subit plusieurs déterminations. Etant que tel, le monde rural se
reconnait par la sphère du pouvoir, la sphère socio-économique et aussi, mais
surtout, par la sauvegarde des équilibres (de la tradition) et la lente acceptation du
changement. La sphère du pouvoir est la sphère d’activité qui tend à
l’organisation et à l’équilibre général de la communauté, par l’assomption de la
capacité de commander.

Il importe d’y identifier et de reconnaitre les hiérarchies


traditionnelles superposées ou non, formelles ou non, religieuses ou profanes. La
fonction essentielle de la composante autoritaire de la sphère du pouvoir est celle
du maintien physique et de la conservation de l’identité. La sauvegarde des
équilibres, le respect de l’intégrité physique et territoriale de la communauté sont
donc capitales. Ces hiérarchies superposent les notabilités traditionnelles,
formelles ou informelles, religieuses ou profanes. Ce sont-elles qui opposent le
plus de résistance au changement. La négociation avec elle est au centre de toute
stratégie d’adoption des innovations, de l’acceptation de celles–ci principalement

415 KABA KABA MIKA, op- cit, pp. 30- 32.


[150]

quand elles sont porteuses « de changement social »416 pour un élément du groupe
ou pour l’appartenance du groupe.

De ce qui précède, il sied de nous poser la question suivante : quand


on apporte une culture nouvelle, une technologie nouvelle, des procédés
nouveaux, des idées nouvelles, y aura-t-il apparition d’un nouveau leadership,
économique, social, religieux ou politique ?

La sphère socio-économique se présente comme la sphère des intérêts


et des consommations matérielles, sociales et symboliques. Au centre de la vie
paysanne et rurale, toutes les consommations qui s’attachent à la terre, sous forme
de propriété soit privée, soit communautaire et ordonnancent les rapports sociaux,
constituent le noyau appelé RENTE FONCIERE. Celle-ci, dit Henri Lefebvre,417
est explicative de l’évolution de la société. Evidemment, retenons que toute
théorie qui s’attache à donner la clé de la communauté rurale devrait partir de
l’analyse des transformations que la terre subit, dans son ou ses processus
d’appropriation et de rentabilisation. L’étude de Lombeya Bosongo Likund’elio
sur les permanences structurelles du mode de production communautaire
africain, 418 dans le cas particulier du mode de production communautaire en
vigueur dans la cuvette congolaise, en offre plus des détails.

Point n’est besoin de rappeler en sociologue que les transformations que


connait l’économie affectent inévitablement le social et le politique. Certes, en
Europe comme en Asie et en Afrique, les liens de consanguinité sont pour le
monde rural, le premier liant le social et l’économique. « Dans la communauté
paysanne, on constate d’abord la prédominance des liens de consanguinité.
Lorsqu’ils se dissolvent, ils laissent la place aux liens de territorialité sur la
résidence, la richesse, la propriété, le prestige, l’autorité. On passe ainsi des
parentèles étendues à la famille restreinte (avec prédominance masculine) et aux
relations de voisinage ».419

416 A ce sujet, lire utilement, S. SHOMBA KINYAMBA, « Le changement social : ambigüité du concept et
du profil de ses agents en R.D.C », dans MES, n° 006, Juillet & Aout, 2002, pp. 3- 15.
417 H. LEFBVRE, op- cit, p. 28.

418 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, pp. 1- 23.

419 H. LEFBVRE, op- cit, p. 27.


[151]

Le monde rural et surtout le monde paysan se caractérisent par


l’environnement qui comporte notamment :

 un déterminisme géographique certes relatif, des combinaisons sociales,


disons une production sociale (culture, économie, politique, idéologique)
fortement marquées par le terroir ;
 l’interconnaissance, qui est due à une proximité géographique, imposée par
l’environnement, la taille des agglomérations et le volume démographique ;
 laissés à eux-mêmes, le monde rural et le monde paysan présentent une
économie, une agriculture, un artisanat, une stratification sociale et une
distribution de pouvoir marquées par la tradition ;
 des grandes mutations qui ont affecté le monde rural et paysan au cours de
l’histoire.420

Il est importe de rappeler avec Hugues Dupriez que « la langue, la


conscience des hommes et des femmes d’une communauté paysanne, leur
personnalité propre, constituent des éléments importants du système de vie
paysan ».421 Raison est à Marthe Engel Borgh-Bertels, lorsqu’elle souligne qu’on
« peut parler d’un monde paysan, non pas en ce sens que la réalité paysanne
constituerait un monde isolé, mais à cause de sa variété extraordinaire et de ses
caractéristiques propres ».422 Certes, la spécificité rurale est globale, mais, elle
reste paysanne dans son centre en ceci que par son économie, sa culture, ses
sociabilité, sa perception du monde, son « autarcie » et son repliement sur lui-
même, ses stratifications sociales, le monde paysan, arrimé à la terre et à ses
modes d’exploitation, rythmés par les saisons a longtemps évolué dans des
rythmes qui le distinguent du monde rural, et principalement du monde
urbain ».423

La paysannerie connait, ainsi, un triple circuit d’échanges. En effet, la


paysannerie entretient des échanges, premièrement, avec elle-même. Puis, elle a
des échanges avec d’autres ruraux : nous citons par exemple les forgerons et les
artisans, etc. Nous avons démontré ci-haut que le monde rural abrite non pas que

420 L. LOMBEYA BOSONGO, op-cit, pp. 8- 9.


421 H. DUPRIEZ, Paysans d’Afrique, Paris, France, Eds. Terres et Vie, 1982, p. 50.
422 M. ENGEL BORGH-BERTELS, La Chine- Rurale : des villages aux communes populaires, Eds. de l’Université

Libre de Bruxelles, 1974.


423 L. LOMBEYA BOSONGO, Sociologie rurale, déjà-citée, p. 7.
[152]

les paysans, mais aussi, une catégorie de personnes qui y trouvent résidence, en
travaillant en ville. Enfin, elle échange avec la ville dans le contexte de la
mondialisation.

A coup sûr, l’observation nous autorise de souligner que la théorie


socio-économique censée faire progresser les masses rurales ne les sort pas de
l’ornière creusée par la colonisation de séparation de la ville et de la campagne.
Dans ses rapports avec la ville, traditionnellement, la campagne est le milieu qui
subit la forte influence de la ville. Celle-ci, par la volonté politique, par son
économie et par son prestige socioculturel, pèse plus sur la société rurale.

Par son économie, le milieu urbain pour ne pas citer la ville, arrête les
termes de la demande des produits agricoles et fixe les prix. La ville arrête l’offre
des produits manufacturés vendus à la campagne et en fixe les prix. Par des
influences culturelles de toutes sortes (idéologiques, religieuses, politiques) et le
« prestige social urbain », la ville exerce une puissance d’attraction qui pousse à
l’exode rural et à un mimétisme social. La campagne reste donc profondément
affectée par l’influence de la ville qui, pour faire fonctionner ses usines et autres
établissements, a besoin de la main d’œuvre de la campagne. Même chose en ce
qui concerne le besoin en matières premières.

Cependant, si traditionnellement, les campagnes devraient alimenter


les villes en produits agricoles de consommation, à l’heure actuelle en RD. Congo,
la règle connait l’exception. Il y a des décennies, avec des guerres en répétions que
la République a connues et les faiblesses des politiques de développement rural,
les campagnes congolaises sont devenues improductives et vivent de l’aide des
grandes villes et de la communauté internationale. « La distribution des farines
de mais, etc., par la Croix rouge depuis un certain temps sous forme de don à la
population Bongando de Yahuma, alors population essentiellement cultivatrice,
avec les potentialités agricoles qu’offre la forêt de ce territoire rural cité, est un
signe flagrant de beaucoup de recul pour la République Démocratique du Congo,
en général »,424 et pour les campagnes congolaises, en particulier.

Voilà pourquoi Henri Lefebvre souligne que : « la vie paysanne n’a


plus rien aujourd’hui d’autonome. Elle ne peut plus évoluer selon des lois

424 W. BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du territoire de Yahuma et la pauvreté des paysans Bongando…»,
Article déjà-cité, pp. 59- 60.
[153]

distinctes, elle se rallie de multiples façons à l’économie générale, à la vie


nationale, à la vie urbaine, à la technologie moderne…». 425 La littérature
sociologique sur les communautés rurales parcourue par nous, nous amène à
rappeler que les variations d’ordre qualitatif ou quantitatif affectent les
communautés rurales, sous des poussées internes ou externes. Celles-ci assurent la
dissolution des composantes et de leur forme. Par ces modifications, la solidarité,
caractéristique sociale la plus forte de la communauté rurale, cède, petit à petit, le
pas à d’autres formes de relations de coopération.

Toutefois, l’analyse sociologique du changement social dans les


communautés rurales révèle quelques constantes universelles. Il y a lieu de
signaler par exemple, la sauvegarde des équilibres (de la tradition) et la lente
acceptation du changement, comme des réalités retenues pour les communautés
rurales. Si, rien (agression politique, poussée économique, religieuse, culturelle,
poussée démographique, etc.) ne vient violenter le monde rural, il tend à
conserver ses équilibres politiques, socio-économiques, culturelles, et productifs,
etc. Cette tendance à s’auto conserver n’a rien d’étonnant. Elle répond d’abord à la
notion d’homéostasie des organismes vivants ou des écosystèmes. L’homéostasie
signifie le maintien d’un équilibre par le jeu de régulation. Un système
homéostatique résiste aux changements et aux perturbations. Un écosystème est
un système qui regroupe des espèces vivant en interdépendance. Par extension, le
mot est valable pour tout système qui rassemble des être vivants et des machines
fonctionnant en interdépendance

Ce principe d’autoconservation est universel : « tous les historiens de


la communauté rurale ont insisté sur le fait qu’à une certaine époque (au XVIIIème
Siècle en France, au 19ème siècle (…) en Russie) la communauté rurale a entravé le
développement des forces productives en empêchant la liberté des cultures, en
paralysant les initiatives et l’individualisme agraire, en gênant l’introduction des
nouvelles cultures et de nouveaux instruments, etc.».426 Il faut, cependant,
reconnaitre que nous nous retrouvons là, devant le principe bien connu de la
thermodynamique, celui de la conservation de l’énergie. Au niveau des
organismes vivants et sociaux on a alors le mécanisme de l’auto sauvegarde,
d’auto organisation, d’auto conservation. Il est vrai que la caractéristique

425 H. LEFEBVRE, op- cit, p. 39.


426 L. LOMBEYA BOSONGO, Organisation coopérative et développement rural, ouvrage déjà-cité, pp. 124- 125.
[154]

d’autarcie (relative) des communautés rurales et paysannes procède de ce principe


d’auto conservation. Il s’agit, pour la communauté villageoise ou territoriale, de
sauvegarder son identité, son esprit, mieux, son âme, afin de maintenir ses
équilibres, condition pour la sauvegarde et le maintien du groupe.

Cette caractéristique, en ce qui concerne les communautés rurales


africaines, les théoriciens occidentaux développementalistes l’ont exprimée par la
théorie des « freins et obstacles au développement »427 en vigueur durant la
décennie 70 jusqu’à la moitié des années 80. Les sociétés africaines traditionnelles
ont fortement opposé une résistance aux bouleversements qu’ils sentaient derrière
l’introduction des nouvelles technologies, des nouvelles cultures,
bouleversements des équilibres sociaux, des stratifications sociales, des
hiérarchies, bref, le bouleversement et la perte aussi bien de la stabilité que de
l’identité des groupes. Il convient donc, de retenir qu’en Europe, en Asie, en
Afrique, partout dans le monde, qu’il s’agissait et il s’agit là d’une
« résistance normale » et « légitime » que la volonté de substituer des formes de
vie à d’autres formes de vie rencontre. A ce point précis, il semble donc utile, de
dégager un principe en ce qui concerne la modernisation. Il reste nécessaire,
surtout lorsque l’on a affaire à une société passive, soumise à la réception des
changements proposés de l’extérieur : innovations agricoles, technologiques et
culturelles. La négociation avec la population réceptrice des innovations demeure
la pédagogie exigée.

En effet, il sied de rappeler que, les théoriciens de l’Occident qui ont


parlé du principe de « freins et obstacles au développement »,428 l’ont fait par
ignorance de cette règle fondamentale et universelle d’autoconservation. Ils ont
été poussés dans cette voie par un européocentrisme confiant dans sa mission
civilisatrice. C’est pourquoi, en tant que sociologue, nous proposons de résoudre
ce problème d’acceptabilité de changement en rendant la stratégie compatible
avec le principe d’auto conservation. A cet effet, les innovations proposées
doivent être fonctionnelles et compatibles avec la trame de la vie dans le milieu
d’accueil.

427 L. LOMBEYA BOSONGO, op- cit, pp. 124-125.


428 Idem.
[155]

§2. Le milieu rural congolais et la dynamique de la pauvreté : esquisse de la


morphologie d’un espace paupérisé

Ce paragraphe esquisse les différentes approches définitionnelles du


concept de la pauvreté et en fait une radioscopie des faits dans les territoires
ruraux congolais.

1. De la pauvreté dans le milieu rural congolais : condensée des approches définitionnelles

La pauvreté est un concept polysémique, multidimensionnel, et donc,


complexe.429 Ainsi, il est difficile de cerner son contour et même d’appréhender
avec exactitude son sens. Force est de soutenir qu’il n’y a aucune définition
universellement acceptée pour désigner ce concept. Le processus de sa
détermination soulève un problème d’identification et d’agrégation, c’est-à-dire
d’évaluation du bien-être des individus et du seuil à partir duquel une personne
peut être considérée comme pauvre.

Certes, la pauvreté comme concept et comme réalité sociale connait


une fortune littérature. Ainsi, la définition de la pauvreté dépend d’une école à
l’autre, tout comme d’un auteur à un autre. Pour Bugnicourt et all, le concept de
pauvreté est encore prisonnier d’une pensée politique forgée dans d’autres
contextes et il s’accole, presque indissociablement, à d’autres concepts :
surpeuplement, précarité de revenu, « retard », etc.430 Gambembo, G., de sa part,
soutient que la pauvreté n’est pas une question de posséder ou de ne pas posséder
matériellement. Est pauvre, celui qui ne peut donner un autre sens à sa propre
situation, soit au point de vue matériel, social. Pauvres sont également ces
personnes qui par leur dépendance, n’ont pas la possibilité d’avoir leur influence
dans la société. 431

Néanmoins, il y a lieu de noter que le pauvre est celui qui, « de façon


permanente ou temporaire, se trouve dans une situation de faiblesse, de
dépendance, d’humiliation, caractérisée par la privation des moyens variables
selon les époques et les sociétés, de puissance et de considération sociale : argent,
relations, influence, pouvoir, sciences, qualification technique, capacité

429 W. BOLIMA BOLITSI, op- cit, p. 63.


430 J. BUGNICOURT et all, Pauvreté ambiguë : Enfants et jeunes au Sénégal, Editions Etudes et Recherches, Dakar,
Sénégal, 1987.
431 P. GAMBEMBO, G., Service social, inédit, Kinshasa, 2017, p. 8.
[156]

intellectuelle, liberté et dignité personnelles. Vivant au jour le jour, il n’a aucune


chance de se relever sans l’aide d’autrui ».432

Force est de souligner que, généralement, au sein d’un pays, la


pauvreté se définit par rapport au produit national brut (PNB), considéré comme
indicateurs permettant de mesurer l’activité économique d’un pays, et qu’il
correspond ainsi en gros à la valeur aux prix du marché de tous les biens et
services produits dans un pays pendant une année et équivaut
approximativement au revenu national.433

De ce qui précède, il ressort plusieurs approches dans la définition de


la pauvreté. Il y a l’approche quantitative, l’approche qualitative et l’approche
globalisante, etc. Les quantitativistes434 appréhendent la pauvreté en termes
d’insuffisance de ressources. On y retrouve d’une part la pauvreté absolue
déterminée par un seuil de dépense minimale en deçà de laquelle un individu ou
ménage est considéré pauvre. Et, d’autre part, la pauvreté relative, qui elle, est
déterminée à partir des revenus ou des dépenses de consommation moyenne
annuelle par adulte, qui sont supposés représenter le niveau de vie. 435 Parmi les
quantitativistes, il y a lieu, ici, d’évoquer par exemple Nicolas Ponty, qui, dans son
étude intitulée : « Mesurer la pauvreté dans un pays en développement »,436
affirme que : « dans la description de la pauvreté, la situation d’un individu est
appréciée par rapport à un indicateur de bien-être et pour un seuil critique, appelé
seuil de pauvreté. Formellement, un individu i sera classé comme pauvre si sa
dotation initiale yi en bien-être est inférieure au seuil z ».437

Quant aux qualitativistes,438 ils s’intéressent plus aux trois aspects ci-
après : la précarité et la vulnérabilité : caractéristique de ce qui n’est pas assuré, de
ce qui est éphémère et qui a pour attribut essentiel la non durabilité; l’exclusion
sociale : elle met en évidence l’exclusion qui résulte d’un handicap physique ou

432 M. MOLLAT, Les Pauvres au Moyen- âge, France, Editions Hachette. 1978.
433 J.S. TRAHM, RH, Pourquoi sont-ils si pauvres ? Faits et chiffres en 57 tableaux sur les mécanismes du sous-
développement, A la Braconnière, 1978, p. 13.
434 NICOLAS PONTY, « Mesurer la pauvreté dans un pays en développement », Statéco n° 90-91, d’aout-

décembre, 1998, pp. 53-65, et aussi, F. PERROUX, Les méthodes quantitatives de la planification, ouvrage déjà-
cité.
435 NICOLAS PONTY, op- cit, pp. 53- 65.

436 Idem

437 Ibidem.

438 G. SIMMIL, Les pauvres, Quadrige, PUZ, 1998.


[157]

mental d’une inadaptation sociale et de la privation ; le concept de la pauvreté


humaine implique la privation de possibilité de choix et d’opportunité qui
permettraient aux individus de mener une vie décente.

Le point de vue onusien sur la pauvreté mérite aussi d’être évoqué.


Ce point de vue reste celui soutenu par le PNUD.439 Pour l’Organisation des
Nations Unies, l’ONU en sigle, la pauvreté est définie comme le fait d’être privé
des possibilités de choix et des opportunités les plus essentielles au
développement humain. La pauvreté, d’après cette conception s’exprime par une
durée de vie brève, un déficit d’éducation de base, un manque de biens matériels,
l’exclusion et une privatisation de liberté et de dignité. 440

Il se remarque que l’approche onusienne souligne la responsabilité


des pouvoirs publics dans la survenance de la pauvreté. Elle déclare que la mal
gouvernance qui caractérise l’exercice de l’autorité de l’Etat a comme conséquence
la régression de tous les indicateurs du développement humain : difficultés
d’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, emploi,…) et dégradation
avancée des cadres de vie (habitat, environnement). Ces problèmes naissent du
fait que l’Etat en tant qu’acteur politique et agent économique ne développe pas
un partenariat actif avec la société civile et n’assure pas un environnement
politique, juridique et macro-économique propice au développement. Dans ce
contexte, l’élimination de la pauvreté passe par l’accès à des conditions plus
favorables considérées comme le minimum vital.

Face à toutes les difficultés que couvre la précision de la notion de la


pauvreté, l’assemblée générale de l’O.N.U a réaffirmé l’ambition de promouvoir
les droits de l’Homme (le droit de chaque personne à la santé, à l’éducation, au
logement, à la sécurité,…). En effet, en Septembre 2000, a été adoptée la
déclaration du millénaire qui fonde un nouvel accord entre pays riches et pays
pauvres. Le but de cet accord est de contribuer à améliorer les conditions de vie
des pays pauvres et de garantir le développement humain. L’idée centrale de ces
objectifs est d’encourager les pays en développement à s’engager sur les chemins
de la croissance et du développement durable. Décidément, des libertés
élémentaires dont doivent jouir les individus constituent des droits politiques,

PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, New-York, 1998, p. 28.


439

Programme des Nations Unies pour le Développement, Rapport mondial sur le développement humain,
440

New-York, 1997, p. 46.


[158]

économiques et sociaux, qui sont des principaux enjeux et facteurs du


développement et du progrès. Ainsi, toute privation de ces libertés élémentaires
empêche aux populations de se réaliser et de développer leurs potentialités et
engendrent des inégalités entre individus, de ce fait, les maintiennent dans la
dynamique de la pauvreté.

Il sied, pour ce faire, que nous puissions faire triompher le point


de vue de la sociologie. Celle-ci insiste sur le caractère relatif du concept, selon
que le tableau, ci-dessous, nous présente quelques critères selectionnés de
définition, retenus par la BM, le PNUD, Destremau et Salama, ainsi que par Sen. 441

Tableau II. Quelques critères sélectionnés de définitions de la pauvreté

PNUD BA NQUE DESTREMAU, SEN


MONDIALE SALAMA,
VALIER
Absence de : Manque de Nécessités de Manque de
revenus, revenus, base besoins
d'habillement, d'opportunité insatisfaites, fondamentaux.
d'énergie, de d'éducation, (eau, drainage, Absence de
logement.
de santé. électricité, capacité.
Présence :-
vulnérabilité, habillement, Absence
d'analphabétisme,
Impuissance, niveau d'accès à une
-de malnutrition,
-de longévité manque de d'éducation infrastructure
réduite, parole et de des enfants, de base.
-de santé non pouvoir mobilier du
décente, foyer).
-de faim,
-de mortalité,
-d'environnement
insalubre.
Source : A partir de la lecture de Yannick Paule – Estelle Gnamian, Libération et pauvreté : le cas des
producteurs de cacao de la Côte d’Ivoire, Mémoire de Maitrise en Administration des affaires,
Université du Québec à Montréal, Mars 2008, p.13. Il utile de souligner quelques
modifications portées par nous.

441 YANNICK PAUL – ESTELLE GNAMIAM, Libération et pauvreté : le cas des producteurs de cacao de la Côte
d’Ivoire, Mémoire de Maitrise en Administration des affaires, Université du Québec à Montréal, Mars 2008, p.
13.
[159]

Commentaires : Les informations fournies par ce tableau nous laissent soutenir


qu’il y a certains points communs, comme, ils existent aussi des éléments de
différence dans toutes les définitions suggérées par les auteurs cités. Par ce
tableau, la difficulté de donner une définition générale et universelle de la
pauvreté, compte tenu de la relativité du phénomène qui se fait affirmer.

Il importe que nous prônions l’approche globalisante qui doit primer


sur les autres. Celle-ci intègre les éléments des quantitativistes et qualitativistes,
tout en le dépassant. Certes, l’approche globalisante, sans pour autant ignorer la
référence à l’utilité et à la satisfaction des besoins de base, propose que la pauvreté
soit appréhendée aussi par rapport aux potentialités, aux aspects
environnementaux, et au cadre de vie des ménages. Elle prend ainsi en compte,
outre la culture et les capacités humaines, mais aussi, la perception et les
sentiments des personnes. Elle considère même l’élément moral, spirituel et
l’aspect de connaissance. Pour les tenants de l’approche globalisante, un individu,
une société peut être traité (e) de pauvre, par manque de connaissance. Voilà
pourquoi, il est utile d’évoquer, ici, Molière qui a dit : « Sine doctrina, Vita est quasi
mortis imago»,442 pour dire, « sans le savoir, la vie est comme l’image de la mort».

Dans le cadre de cette étude, nous précisons que nous recourons à


l’éclairage anthropo-sociologique, celui-ci étant globalisant. Pour ce faire, la
pauvreté, sans pour autant récuser le regard critique sur des conditions d’accès
aux services sociaux de base, elle doit être expliquée en tenant compte de la
spécificité historique de chaque société.443 Elle est un phénomène couvrant dans
son acceptation, non seulement l’absence de revenus et ressources financières,
mais inclut aussi la notion de vulnérabilité ainsi que des facteurs tels que l’absence
d’accès à une alimentation adéquate, à l’éducation, à la santé, aux ressources
naturelles et à l’eau potable, à la terre, à l’emploi et au crédit, à l’information et à
la participation politique. En somme, nous concluons qu’un seuil de la pauvreté,
aussi élaboré et précis soit-il, est toujours arbitraire.

442 Pour dire, « Sans le savoir, la vie est comme l’image de la mort ».
443 W. BOLIMA BOLITSI, op- cit, p. 63.
[160]

2. De la radioscopie des faits de la pauvreté dans les milieux ruraux congolais

La République Démocratique du Congo se veut un pays


essentiellement rural.444 Plus ou moins 70 % de la population est rurale et dépend
de l’agriculture sur brûlis. Celle-ci reste la première activité économique du pays
avec 47% du PIB.

La RD. Congo, est un pays largement rural dans la mesure où les


superficies non urbanisées, non industrialisées, à composantes démographiques
vivant principalement de l’agriculture l’emportent sur les superficies et
composantes démographiques urbanisées. Il est également un pays largement
agricole dans la mesure où la production agricole occupe le plus grand nombre
d’actifs économiques, mais surtout parce que, avec le recul de la production
industrielle et manufacturière, avec le recul des activités d’extraction, l’agriculture
donne preuve qu’elle demeure le secteur qui résiste le mieux à cette longue crise
que la nation congolaise a connu et continue à connaitre.

Cependant, en dépit de ces potentialités en matières premières et


toutes les autres richesses naturelles que regorgent ce grand pays, qui est situé au
cœur de l’Afrique, la pauvreté s’y installe comme une réalité de taille. Si jadis, la
pauvreté était considérée comme étant une simple absence de revenu,
actuellement, elle est plus qu’un manque de revenu. Elle est un état complexe à
plusieurs facettes. Elle englobe des multiples dimensions notamment sociales,
culturelles, environnementales, politiques et économiques.

Aujourd’hui, la pauvreté se conçoit comme un processus de


dégradation de conditions de vie et de négation de l’identité et de la dignité
humaine qui réussit à modeler les comportements, les manières de penser et
d’agir de la population pauvre. « En dépit de toutes ces immenses ressources
humaines et de sous sol, la RD. Congo est classée parmi les pays les plus pauvres
du mode. Certains indicateurs l’alignent parmi les pays les misérables de l’Afrique
au sud du Sahara. Près de 80% de sa population survivent à la limite de la dignité
humaine, avec moins de US $ 0.20 par personne et par jour ».445 Les études
récentes, sur la pauvreté en RD. Congo, indiquent que celle-ci devient un fléau qui

444 MINISTERE DU PLAN, op- cit, p. 5.


445 Idem.
[161]

frappe diversement toutes les provinces et ses manifestations sont différentes


d’une province à l’autre.446

Certes, le concept pauvreté demeure multidimensionnel, s’il faut le


rappeler, mais, autant elle n’est pas la même d’un territoire à un autre, ni même,
d’une province à une autre en RD. Congo. L’observation sociologique dénonce le
dysfonctionnement du système de santé, de l’éducation, du système alimentaire,
des services de communication et de l’habitat, etc.

Considérant les cinq besoins de l’homme dont : nourriture, logement,


vêtement, santé, et éducation, en quoi il est utile d’ajouter des besoins non
matériels tels que le droit au travail, l’épanouissement personnel, la participation à
la vie communautaire et culturelle, la sécurité et la paix, etc., nous sommes fondé
de soutenir que la population rurale de la RD. Congo, particulièrement, se trouve
coincée dans un étau de la pauvreté, qui ne dit pas son nom. Signalons,
néanmoins que lorsqu’on parle de la pauvreté à travers la nation congolaise, la
lecture faite sur ses différentes provinces place l’Equateur (soit à ce jour : Tshuapa,
Mongala, Equateur, Nord- Ubangi et Sud- Ubangi) au dernier plan. Autrement
dit, cette province de la RD. Congo reste la plus pauvre de la République, suivie
de la province de Bandundu (soit à ce jour : Kwango, Kwilu et Mai- Ndombe).447

Dans l’espace rural congolais, la pauvreté, s’observerait par le passage


en revue des modalités d’accès aux soins de santé, d’accès en eau potable et à
l’électricité. Le système éducatif, le mode habitat- logement et communication,
l’organisation du transport public et autres éléments environnementaux, etc., ne
seront pas oubliés pour le besoin de la cause. Ainsi donc, de manière synoptique,
la situation se présente comme suit :

 Les territoires ruraux de la RD. Congo et les soins de santé de la population

Il ressort de l’observation et de la lecture du DSRP que la plupart des


Zones de santé sont à l’état d’abandon. Les estimations modestes de la couverture
des installations de santé montrent qu’au moins 37% de la population ou
approximativement 18.5 millions de personnes n’ont pas accès à toute forme de

446 AHMED MOUMMI, op-cit, pp.1- 25.


447 Idem.
[162]

soins de santé.448 Suite à la pauvreté dans les milieux ruraux, les populations
rurales congolaises présentent le taux élevé de mortalité. Depuis la création du
Programme Elargi de Vaccination, « PEV » en 1978, la mission lui dévolue n’a
jamais été accomplie de façon satisfaisante. L’enclavement de certains territoires et
l’insuffisance des ressources financières reste un problème majeur à la base du
faible développement des activités de vaccination de routine dans le pays, avec
toutes les conséquences possibles.

En RD. Congo, encore, la malnutrition se veut un grand problème de


santé publique. Le PAM estimerait que 16 millions de personne (55% de la
population) avaient des sérieux besoins alimentaires suite aux déplacements
prolongés, au manque de débouchés sur le marché, à la rupture des voies
d’approvisionnement et à l’inflation. Sans pour autant ignorer une enquête449
menée à Kinshasa qui signale le taux de malnutrition aigüe et sévère, mais, aussi
la situation de malnutrition déclarée, partout, à travers la République, il y a lieu de
soutenir par les données du DSCRP que, dans les territoires occupés, les taux
globaux de malnutrition des enfants de moins de 5 ans relevés au cours de 12
derniers mois ont atteint 41% avec des taux de malnutrition graves allant jusqu’à
25.79%.450

L’enclavement de la plupart des territoires ruraux congolais rend


difficile l’accessibilité aux soins de santé par la population. A la base, le manque
ou la quasi-inexistence des infrastructures sanitaires et pharmaceutiques, sans
oublier le manque de revenu. Certains bâtiments des hôpitaux et centres
hospitaliers construits depuis l’Etat de Congo-Belge, aujourd’hui, non équipés,
sont menacés par l’érosion et l’usure du temps.

Le matériel médico-sanitaire y est obsolète, s’il n’est pas tout


simplement inexistant; les produits pharmaceutiques sont introuvables suite à la
l’absence des pharmacies, et il s’y observe le manque du personnel qualifié. 451
Tout compte fait, c’est la médecine dite traditionnelle qui rend des services
appréciables à cette population rurale congolaise. Cependant, les conditions dans

448 MINISTERE DU PLAN, op-cit, p.13- 14.


449 Idem.
450 Ibidem.

451 Encore une fois de plus, lire utilement à ce sujet, L. LOMBEYA BOSONGO, Rapport des vacances

parlementaires, déjà cité, p.5.


[163]

lesquelles elle est administrée et les dosages incertains sans diagnostic rigoureux
limitent son efficacité. De plus en plus, la fréquentation des guérisseurs et des
foyers des prières constitue l’alternance.

 Le système éducatif et signes de la pauvreté dans les territoires ruraux congolais

Si la sociologie du développement nous enseigne que le


développement d’une société et/ou d’une population est fonction des
compétences, et que celles-ci sont tributaires de la formation, donc de l’éducation
dans son volet instruction,452 nous pouvons, néanmoins, noter qu’il ne peut pas
être rendu possible dans un milieu, où la pauvreté fait la loi. Tel est le cas des
territoires ruraux congolais.

Dans ces territoires, où l’activité essentielle est l’agriculture,


l’éducation, mieux l’instruction, s’y détériore du jour au jour. Malgré que la
population attache une très grande importance à l’éducation des enfants et y
consacre une part importante de son revenu agricole, le niveau de l’éducation a
considérablement baissé. Les infrastructures et les fournitures scolaires, …, sont
quasi inexistantes. Les quelques établissement scolaires construites à l’époque du
Congo Belge ne tiennent plus face à la flambée des effectifs. Pour ces rares écoles
qui résistent encore, elles sont sous équipées, avec des enseignants non ou sous-
qualifiés, mal et/ou non rémunérés. L’Etat congolais appelle ainsi les parents, sans
revenu, d’allouer « la contribution financière ». Cette pratique, outre qu’elle réduit
les possibilités d’accès à l’éducation pour les enfants des familles pauvres (du
reste majoritaire), elle dévalorise l’enseignement, surtout là où les enseignants
reçoivent des enfants « d’aide en nature ». Il en résulte qu’en milieu rural
congolais, beaucoup d’enfants fréquentent irrégulièrement les écoles, si non
décrochent. Dans d’autres familles, c’est l’alternance en favorisant les garçons en
sacrifiant les filles.

Puisque les écoles sont souvent installées dans les centres et/ou les
villages à forte démographie, les enfants des villages moins peuplés sont obligés
de parcourir des dizaines de kilomètres (aller et retour, chaque jour) pour suivre
les enseignements. Ce qui ne permet pas beaucoup d’enfants d’évoluer
normalement. Pour les écoles secondaires, les enseignements sont assurés par des

452 W. BOLIMA BOLITSI, op- cit, p. 67.


[164]

anciens élèves de ces mêmes instituts, qui ont étudié sans livres, ni bibliothèques ;
moins encore l’internet et ni ordinateur, etc., rares y sont des cadres universitaires,
esprits pensants et concepteurs. Cette sous qualification du corps enseignant
bloque le saut qualitatif et inhibe l’esprit managérial, vecteur du sursaut
quantitatif. Décidément, il s’avère que la pauvreté influence très négativement le
système éducatif à travers les territoires congolais.

En définitive, il convient de retenir avec le DSCRP en ce qui concerne


le secteur de l’éducation qu’il s’observe : « la détérioration du secteur public de
l’éducation, notamment, la saturation des structures d’accueil, le délabrement des
infrastructures, le manque de matériel didactique, la démotivation du personnel
enseignant, le faible rendement attesté par d’importants taux de perdition,… »,453
etc. Les multiples guerres connues, les occupations des territoires par des groupes
armées et les incursions des hommes armés (surtout dans l’Est du pays), doublées
des déplacements des populations, viennent donner le coup fatal au système
éducatif, non seulement, pour ces milieux touchés par ces événements, mais aussi
et surtout, pour l’ensemble de la RD. Congo.

 L'habitat-logement, la communication, le transport public et autres éléments


environnementaux, etc.

L’habitat est l’un des principaux pivots de l’organisation sociale des


sociétés qui se veulent modernes. Il est l’un des facteurs d’intégration et
d’équilibre social. Entendu au sens large, ce concept intègre toutes les dimensions
des cadres de vie de la collectivité : logement, équipements et activités. L’habitat a
des implications sociales, économiques, politiques et environnementales. Il
constitue l’un des déterminants essentiels de la consolidation des structures
familiales et de l’épanouissement des individus. Au point de vue économique, il
est l’un des moyens de l’amélioration des conditions d’existence des populations
que l’un des facteurs de dynamisation de l’économie.

En RD. Congo, « le problème de l’habitat et du logement se pose aussi


bien en milieu urbain qu’en milieu rural ».454 L’expansion démographique ne
s’accompagne pas de l’aménagement de l’habitat. Les villes congolaises, comme
les campagnes connaissent un état de dégradation avancée. Les quelques

453 MINISTERE DU PLAN, op- cit, p. 13


454 MINISTERE DU PLAN (RDC), (DSCRP, version intérimaire), op-cit, p. 15- 48.
[165]

infrastructures laissées par le colon sont emportées par l’érosion et l’usure de


temps. Dans les villages congolais, il n’y a pas de ménages qui ont des latrines
reliées aux égouts publics, et, généralement, il n’y a pas d’électricité. Une maison y
abrite plusieurs familles, la promiscuité et le sous-équipement demeure la règle.
La construction des infrastructures de toute sorte requiert l’utilisation des sticks
en dépit des exigences du développement durable.

L’observation nous autorise de soulever la problématique de sous-


information générale de la population rurale congolaise. Dans plusieurs milieux
ruraux congolais, il est difficile de capter une chaine de télévision ou une station
radio. Il n’existe presque pas de presse écrite, ni la couverture téléphonique. Cela
ne permet pas à la population de participer à la vie nationale et ces entités vivent
dans un isolement généralisé.455

Le triomphe de la pauvreté se confirme aussi par l’inaccessibilité de la


population rurale à l’eau potable. La fourniture d’eau potable en RD. Congo est
assurée par la REGIDESO qui est une entreprise d’Etat. Pour s’alimenter en eau, la
population recourt fréquemment à des sources dont la qualité pour la santé reste
non fiable. Le service de la REGIDESO fait défaut dans presque tous les villages
congolais. La population est, de ce fait, exposée à des diverses maladies au regard
de la qualité d’eau qu’elle est contrainte de consommer.456

L’organisation du système de transport est déplorable en RD. Congo.


Les habitants des villages congolais n’ont comme moyen de transport public que
le « dos », si pas, le vélo (TOLEKA). Le client est prié de descendre à chaque
montée, car il est difficile pour le transporteur de gravir la montagne en le
transportant. Le prix de la course varie selon la distance à parcourir. Outre ce
mode de transport, on retrouve également quelques taxi-motos dont le prix de la
course varie également par rapport à la distance à parcourir. Aux villages, les
initiatives privées et publiques sont complètement absentes dans ce domaine. La
population est contrainte, généralement, à parcourir plusieurs kilomètres à pied.

455 LOMBEYA BOSONGO, Rapport des vacances parlementaires-circonscription électorale de la Tshopo, Sénat- RD
Congo, Août-Septembre, 2008, p. 3.
456 Il s’agit des données de nos observations lors de nos voyages à travers le pays et pendant nos enquêtes.
[166]

La pauvreté qui accable la population rurale congolaise s’observe


aussi bien en ce qui concerne l’emploi, le genre, que le taux de prévalence au
VIH/SIDA et autres endémies. A cette liste, il convient d’ajouter l’absence de la
paix et de la sécurité,457 etc. La province de l’Equateur, (soit à ce jour : Tshuapa,
Mongala, Equateur, Nord-Ubangi et Sud- Ubangi), considérée comme la province
la plus pauvre de la RD. Congo,458 est caractérisée, généralement, par la perte de
l’emploi, des cheptels et des plantations, l’accès difficile aux services sociaux de
base, le logement insalubre. L’insuffisance et la vétusté des infrastructures
scolaires et de santé y sont très remarquables que dans les autres provinces. Le
tableau et le graphique, ici-bas, présentent beaucoup d’autres informations sur la
répartition spatiale de la pauvreté en RD. Congo.459

Tableau III. Répartition spatiale des indices de la pauvreté en RD. Congo


considérée dans ses 11 anciennes provinces

Milieu PO (L’incidence ou le P1 (La profondeur de P2 (L’indice de sévérité de


taux de la pauvretéç la prauvreté) la pauvreté)

National 69.2 30.9 17.4


Urbain 58.3 22.6 11.6
Rural 71.7 30.4 16.5
Provinces
Kinshasa 42.5 13.0 5.8
Bas-Congo 72.4 23.6 10.4
Bandundu 90.7 45.7 27.8
Equateur 93.8 44.2 24.8
Province Orientale 71.3 30.0 16.3
Nord-Kivu 64.4 26.7 14.6
Maniema 43.6 10.2 4.0
Sud-Kivu 76.5 31.8 16.5
Katanga 74.8 32.2 17.2
Kasaï-Oriental 51.5 20.2 10.3
Kasaï-Occidental 45.0 16.2 7.5
Source: Ahmed Moummi, op-cit, pp. 10- 14.

457 DSCRP de 2006, cité par AHMED MOUMMI, op-cit, pp. 7- 8.


458 AHMED MOUMMI, op- cit, pp. 12- 14.
459 Idem.
[167]

Commentaires : Comme le tableau ci-haut l’indique, le P0 = incidence ou le taux


de la pauvreté. Cet indice mesure la proportion de la population ayant un niveau
de dépenses (ou de revenu) inférieur au seiul de pauvreté. Le P1 = la profondeur
de la prauvreté, et cet indice mesure l’écart moyen des pauvres par rapport au
seuil de pauvreté. Enfin, P2 = l’indice de sévérité de la pauvreté. P2 mesure
l’intensité de la pauvreté entre les pauvres eux-mêmes.460

Il ressort de la lecture des données de ce tableau qu’en RD. Congo,


toutes les provinces sont frappées par la pauvreté. Néanmoins, il se remarque que
la province de l’Equateur (soit à ce jour : Tshuapa, Mongala, Equateur, Nord-
Ubangi et Sud- Ubangi), (Nord-Ouest) et celle de Bandundu soit à ce jour :
Kwango, Kwilu et Mai-Ndombe,), enregistrent des taux de pauvreté élevés de
plus de 90% de la population. Il s’observe en outre que la province Sud-Kivu,
Katanga (soit à ce jour : Lualaba, Haut- Katanga, Haut-Lomami et Tanganyika),
Bas-Kongo (actuel Kongo- Central) et la Province Orientale (soit à ce jour :
Tshopo, Bas-Uélé, Haut-Uélé et Ituri), ont un taux de pauvreté qui dépasse les
70%. Les autres provinces ne sont pas épargnées de ce phénomène.

100
90
Taux de pauvreté

80
70
60
50
40
30
20
10
0 Série1

Provinces

Figure 2. Répartition spatiale de la pauvreté en RD. Congo considérée dans ses


11 anciennes provinces461

460 Ahmed Moummi, op- cit, p. 10.


461 Il est utile, à ce sujet de lire, Ahmed Moummi, op- cit, p.13.
[168]

Commentaires : Le graphique ci-haut, nous rassure sur la répartition spatiale de la


pauvreté en RD. Congo. Il témoigne que, généralement, le phénomène frappe
toutes les provinces du pays. Toutefois, il indique que les provinces de l’Equateur
(soit à ce jour : Tshuapa, Mongala, Equateur, Nord-Ubangi et Sud-Ubangi), et de
Bandundu (soit à ce jour : Kwango, Kwilu et Mai- Ndombe,), particulièrement,
enregistrent des niveaux très élevés. Ces résultats sont attestés par les conclusions
du DSCRP de 2006.462

En définitive, de part ce qui précède, il y a lieu de retenir avec Ahmed


Moummi, en ce qui concerne la répartition spatiale de la pauvreté en République
Démocratique du Congo que : « la profondeur de la pauvreté dans le milieu rural
est plus accentuée que le milieu urbain ; la valeur de P1 est de 30.4% et 22.6%
respectivement ».463 (Cfr. le tableau ci-haut). L’écart qui sépare les pauvres des
non-pauvres est relativement large entre le milieu rural et urbain. Mais, en dépit
de l’ampleur de la pauvreté à travers la République, la Province de Kinshasa
présente un niveau de pauvreté relativement bas. La Ville-Province de Kinshasa
est la capitale politique et économique du pays. En tant que siège des institutions,
elle est dotée d’infrastructures et de facilités pour l’accès aux services publics et à
l’emploi plus importants que les autres provinces. 464 La sociologie ressort par là, la
thèse d’une redistribution inégale des richesses. Celle-ci, dialectiquement, va à
l’encontre des lois en vigueur, et contribue d’une façon directe ou indirecte, à
caresser les sentiments de l’injustice et des inégalités dans le pays.

Cette description des territoires ruraux de la RD. Congo qui nous


offre la trame cachée de la dynamique de la pauvreté rurale à travers le pays,
justifie nos interrogations sur l’apport des projets de développement rural dans le
devenir historique de l’espace Bengamisa dans la Tshopo, en particulier, et, aussi
de la nation congolaise toute entière. En effet, notre attention qui se jette sur le cas
particulier de Bengamisa et son hinterland, doit ainsi prendre en compte cette
réalité de la pauvreté de l’ensemble de l’espace rural congolais.

462 DSCRP de 2006, cité par AHMED MOUMMI, op-cit, pp. 7-8.
463 AHMED MOUMMI, op-cit, pp. 13- 14.
464 Idem.
[169]

SECTION II : BENGAMISA ET SON HINTERLAND : ESQUISSE D’UNE VUE


SYNOPTICO-SOCIOLOGIQUE DU MILIEU RECEPTEUR DU
PROJET CABEN DANS LA TSHOPO

INTRODUCTION
Il sied, de prime à bord, de rappeler que, d’une manière ou d’une
outre, les facteurs du milieu influencent sur le projet de développement. Certes, le
choix du milieu d’implantation d’un projet de développement (rural) est
tributaire, à la fois des données géographiques, socio-culturelles,
démographiques, économiques, etc. Puisque le projet CABEN est spatialement et
historiquement situé, à ce niveau de notre analyse, l’obligation qui est notre
consiste à faire une brève présentation de Bengamisa en passant par celle de la
RD. Congo et de la Tshopo. Certes, il est admis que la saisie d’un élément d’une
totalité peut se faire à partir de la compréhension de celle-ci.

§1. Quelques généralités sur la Tshopo, dans l’ancienne Province Orientale, en


RD. Congo.

L’espace géographique de la République Démocratique du Congo


dans la Province de la Tshopo, où se trouve la plantation de cacao du projet sous-
étude porte le non de Bengamisa. En effet, parlant de Bengamisa, la totalité
dialectique,465 complétée par le principe du «primat du tout sur les parties » nous
force de commencer par une brève présentation de la RD. Congo, ainsi que celle
de la Province de la Tsopo.

En effet, cette ancienne colonie belge a accédé à la souveraineté


nationale et internationale le 30 juin 1960. Ce vaste pays d’Afrique centrale,
s’étend de l’océan Atlantique aux plateaux de l’Est et correspond à la majeure
partie du bassin du fleuve Congo. Si le Nord du pays est un grand domaine de la
forêt équatoriale, l’Est du pays se veut le domaine des montagnes, des collines,
des grands lacs et des volcans, le Sud et le Centre, riches en savanes arborées,
forment un haut plateau en minerais divers.

465A ce sujet, lire utilement, A. MULUMA MUNANGA, Le guide du chercheur en science (…), déjà-cité, p.104,
et S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie (…), déjà-cité, p.128.
[170]

Traversée par l’équateur, ceci impose une végétation dense au pays et


réglemente les activités agricoles de la population. Une grande partie du territoire
connait un climat chaud de type équatorial ou tropical, mais la diversité du relief
et la présence de l’équateur impose des distinctions d’une province à une autre.
Les hautes terres de l’Est présentent des températures tempérées (18,3° à 19,9°).
Le centre du pays est constitué d’une vaste cuvette alluviale couvrant environ un
tiers du territoire et dont l’altitude entre 300 et 500 m.466

Rappelons que le pays est riche en biodiversité. 467 Raison pour


laquelle, il est classé parmi les dix pays dits de la méga-biodiversité qui
rassemblent à eux seuls environ 60% des espèces de faune et de flore actuellement
recensées. La RD. Congo connait des parcs nationaux (Virunga, Kahuzi-Biega,
Garamba, Salonga, Upemba, Kundelungu, Maiko) et des réserves de faune et de
flore, des lacs. Ses immenses ressources sont : cobalt, cuivre, radium, uranium,
or, diamant, zinc, manganèse, fer blanc, germanium, radium, bauxite, minerai de
fer, charbon, coltan, pétrole, etc. Kasongo- Numbi Kashemukunda dans
« L’Afrique se recolonise. Une lecture du demi-siècle de l’indépendance du Congo-
Kinshasa »,468 consacre son étude à la présentation des potentialités en matières
premières et autres richesses de la RD. Congo, province par province.

La République Démocratique du Congo possède une zone frontalière


avec neuf pays. La République du Congo et l’enclave de Cabinda (Angola) à
l’Ouest, au Nord-Ouest, la République Centrafricaine, au Nord le Soudan du Sud,
à l’Est, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie et au Sud, la Zambie et
l’Angola. Elle a une superficie de 2345409 km2 et une population de près de 70
millions d’habitants dont 48% composée des jeunes de moins de 15 ans et un taux
annuel de croissance démographique de 3,1%. Le pays se classe parmi les nations
à taux de croissance démographique élevé d’Afrique. Sa population est composée
de 25O groupes ethniques. Elle est regroupée en 5 grands ensembles ayant
chacune une implantation bien déterminée : Bantou (80%), Soudanais (10%),
Nilotique (4%), Chamite (4%) et Pygmée 2%.

466 A ce sujet lire utilement, Père R. WAWA (Sous la direction) et allii, République Démocratique du Congo,
mon beau pays. 3ème édition revue, Kinshasa- RDC, Eds. MEDIASPAUL, 2010, pp. 5- 7.
467 KASONGO - NUMBI KASHEMUKUNDA, op-cit, passim, mais, lire aussi à ce sujet, le Père R. WAWA

(Sous la direction) et allii, op-cit, pp. 79- 115.


468 KASONGO- NUMBI KASHEMUKUNDA, op-cit, pp. 7- 99.
[171]

« D’après les fouilles archéologiques, ce sont les pygmées et les


bochimans qui seraient les premiers occupants de l’actuel espace territorial
dénommé République Démocratique du Congo, pays au cœur de l’Afrique. Ces
derniers vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette».469 La majorité de la
population congolaise est chrétienne, avec ses multiples tendances, puis, viennent
les musulmans, ainsi que des Eglises indépendantes. Les religions traditionnelles
y sont aussi pratiquées.

Membre de plusieurs organisations régionales et internationales, la


Constitution de 2006 lui reconnait 26 provinces,470 Il s’agit de Kongo-Central,
Kwango, Kwilu, Mai-Ndombe, Equateur, Mongala, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi,
Tshuapa, Bas-Uélé, Haut-Uélé, Ituri, Tshopo, Maniema, Nord-Kivu, Sud-Kivu,
Haut-Katanga, Haut-Lomami, Lualaba, Tanganyika, Kasaï Oriental, Lomami,
Sankuru, Kasaï, Kasaï Central, avec « Kinshasa »,471 comme capitale et siège des
institutions politico-étatiques.472 Son hymne national est le Débout congolais, avec
Justice, Paix, Travail comme devise. Si le Français y est retenue comme la langue
officielle, le Tshiluba, le Lingala, le Swahili et le Kikongo sont des langues
nationales.

Généralement, la végétation de la République Démocratique du


Congo se compose de forêts équatoriales et de marais. Le Bassin du fleuve Congo
comporte un réseau hydraulique dense et de larges plaines inondables. Grâce à
son immense bassin hydrographique, la RD. Congo pourrait générer 13% de
l’hydroélectricité mondiale (100 000MW). Par sa longueur (4700km2), il est le
deuxième fleuve d’Afrique après le Nil. En outre, par son débit (21000 à 75000 m 3
par seconde) et l’étendue de son bassin (3700000 km2), le Congo est le deuxième
fleuve du monde après l’Amazone.473 La carte reprise en annexe, nous donne
d’autres informations utiles sur la République et sur la Province de la Tshopo (la
province qui abrite « l’espace Bengamisa»).

469 A ce sujet lire utilement, Père R. WAWA et allii, op-cit, p. 7.


470 Père R. WAWA et allii, op-cit, pp. 25- 78.
471 SHOMBA KINYAMBA, S., Comprendre Kinshasa à travers ses locutions populaires. Sens et contextes d’usages,
Belgique, Eds. Acco-Leuven, 2009, pp. 22- 246.
472 A ce sujet lire utilement, KASONGO- NUMBI Kashemukunda, L’Afrique se recolonise. Une lecture du demi-
siècle de l’indépendance du Congo-Kinshasa, Paris, L’Harmattan, pp. 19- 99.
473 Père R. WAWA et allii, op-cit, pp. 4- 7.
[172]

Assurément, le site de Bengamisa se situe dans le territoire de


Banalia,474 dans l’un des anciens districts de la Province Orientale, qui est devenue
Province de la Tshopo. Cette dernière, est la plus grande sur les 26 nouvelles
provinces qui forment aujourd’hui la RD. Congo du point de vue de la superficie.
Elle se tend sur 199567 Km2, soit le 1/5eme de la superficie totale du pays. Elle est
subdivisée en 7 territoires (Yahuma, Opala, Isangi, Banalia, Bafuasende, Basoko et
Ubundu), son chef-lieu reste Kisangani.475

La Tshopo, Aire de développement cacaoyère, connait une


pluviométrie abondante, avec une moyenne annuelle de 1.800 mm, bien répartie.
Les températures moyennes dans cette aire varient de 24,5°C -25°C, elles sont
régulières le long de l’année, sans grande amplitude de variation journalière. Pour
l’ensemble de la Province, les précipitations les plus fortes sont enregistrées dans
le territoire de Yahuma. La Province de la Tshopo est une région forestière du
type équatorial, dense et humide.476

Sur le plan hydrographique, soulignons que la Province de la Tshopo


est traversée par le fleuve Congo du Sud-est au Nord-ouest. Les principaux
affluents dans cette partie de la République sont : la rivière Tele, la Tshopo, la
Lindi, l’Aruwimi, la Lomami, Lokombe, Loleka, Itimbili, etc. L’importance du
fleuve Congo comme voie de communication et d’évacuation des marchandises
pour l’espace Bengamisa n’est pas à négliger. Voilà pourquoi nous paraphrasons
F. Mokonda Bonza,477 et, nous soutenons que ce réseau hydrographique dense
donne à la Province de la Tshopo, pour ne pas parler de « l’espace Bengamisa »,
des atouts indéniables dans les domaines de la pêche, de l’irrigation, de
l’hydroélectricité et du transport. Son Aéroport International de Bangoka
participerait aussi à la circulation des personnes et des richesses.478

474 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016.


475 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani, en avril 2O17.
476 Idem.

477 F. MOKONDA BONZA, « Développement durable en milieu rural congolais : cas de la Province

Orientale », in Congo-AFRICA. Economie-Culture-Vie Sociale, n°438, 2009, p. 607.


478 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani, en avril 2O17.
[173]

§2. Esquisse d’une vue synoptico-sociologique de Bengamisa, le milieu récepteur


du projet CABEN dans la Tshopo

Certes, parlant de Bengamisa,479 il s’impose à nous de faire remarquer


que, tout ce qui a été dit pour la Province de la Tshopo et/ou pour la République
Démocratique du Congo, peut être retenu pour cet espace. Nous tenons d’en faire
une présentation particulière sur sa situation géographique, culturo - politico-
administrative et socio-économique.

1. Situation géographique480

La plantation de la CABEN est située dans le territoire de Banalia. Ce


dernier, est l’un des sept territoires formant la Province de la Tshopo. Cette
province présente 197.654Km2 de superficie, et, elle est située au Nord-Est de la
République Démocratique du Congo. La Province s’étend du 1er parallèle Nord, et
du 23ème méridien au 31ème méridien à l’Est de Greenwich.481

Dans sa totalité, la Province de la Tsopo, c’est-à-dire, Basoko, Isangi,


Opala, Bafuasende, Ubundu, Yahuma, y compris, Banalia, est dans le climat du
type Af qui, à cheval sur l’Equateur, est un climat équatorial continental, sans
saison sèche régulièrement déterminée.482 La pluviosité y est abondante, avec une
moyenne annuelle de 1.800mm, bien repartie. Les températures moyennes dans
cette aire varient de 24,5°C - 25°C, elles sont régulière le long de l’année, sans
grande amplitude de variation journalière. Raison est notre, de soutenir que cette
Aire de développement de la cacaoyère de la Tshopo, pour ne pas citer
Bengamisa, connait donc le climat de forêt dense, sans saison sèche marquée.483

En effet, nous insistons sur le fait que ce territoire dans lequel se


trouve logé le projet CABEN, est le 3ème en superficie (24.430Km2). Il est localisé au
Nord de la Ville de Kisangani. Généralement, la Province de la Tshopo, comme
souligné ci-haut, et, particulièrement, l’espace Bengamisa, avec Banalia comme

479 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016.


480 Etude de BDPA, réalisée en 1975, citée par YUMA LOULY, Rapport de stage effectué à l’Inspection
Provinciale de l’Agriculture, Kisangani, 1999, passim. Ces informations nous ont été encore confirmées lors
de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani, en avril 2O17.
481 YUMA LOULY, op- cit, pp. 5- 9.

482 PNUD/UNOPS, Monographie de la Province Orientale, Kinshasa, Octobre 1998, p. 6.

483 Idem
[174]

point de départ, présente une catégorie spécifique des sols.484 Il s’agit des « sols
développés sur les dépôts sablo-argileux des terrasses de la rivière Lindi. Ces sols
sablo-argileux avec 30-35% d’argile à 60 cm de profondeur sont trouvés sur la rive
droite de la Lindi et dans plusieurs plages de part et d’autre de la route Kisangani-
Banalia, etc. Ce type de sols, se montre favorable à la culture de cacao. 485 Certes, la
plantation de cacaos de la CABEN occupe effectivement les forêts de ces trois
villages du secteur de Bamanga : Bagbuzi, Bandzande et Bandele. Les données du
terrain nous autorisent, en outre, de révéler que, la rivière Yamé, qui fait la
frontière entre le village Bagbuzi (du chef Sambi Jean) avec la porte d’entrée du
site de la plantation de la CABEN dispose de deux chutes d’eaux pouvant être
exploités pour de multiples fins. La plus attrayante d’entre ces deux chutes
s’appelle Ambuludjonge.486

Le territoire de Banalia, point de départ de ce que nous qualifions


de « l’espace Bengamisa », si, dans sa faune, se remarque la présence des
éléphants, des okapi, des léopards, des antilopes et des singes, etc., sa flore
dispose des espèces rares comme afromosia, etc.. Mais, comme minerais, 487 il y a
lieu de signaler, pour ce coin de la République Démocratique du Congo, le
diamant, l’or et le fer. Tel est aussi le cas d’un étang piscicole naturel de 4Km à
Badenge dans le secteur de Baboa, où l’on trouverait toutes sortes de poissons de
mer, qui a fait aussi l’objet de notre attention. 488 Ci-dessous, nous proposons
l’image de la chute d’Ambuludjonge.

484 PNUD/UNOPS, Monographie de la Province Orientale, Kinshasa, Octobre 1998, p. 6.


485 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani.
486 Idem.

487 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016.

488 Données de nos multiples séjours à Kisangani et ses environs.


[175]

Photo 1. La chute d’Ambuludjonge dans la rivière Yamé, à la porte d’entrée de


la plantation de la CABEN.489

Source : Photo prise par nous, en avril 2O17.

2. Situation politico-administrative

Assurément, la plantation du projet sous-étude se trouve dans le


secteur de Bamanga, l’un des secteurs du territoire de Banalia. Ce dernier, a été
créé comme territoire au terme de l’Ordonnance de l’Autorité Coloniale
N°40/A.I.MO du 15 mars 1933. Par la transmission du circulaire
N°001/MININTERSEC/2015 du Vice-Premier Ministre, Ministre de l’intérieur et
sécurité, le territoire de Banalia est devenu l’une des entités déconcentrées de la
Province de la Tshopo.490 La carte de la République Démocratique du Congo
Province présentée en annexe, nous offre d’autres informations utiles sur la
Province de la Tshopo, partant, sur « l’espace Bengamisa ».491

489 Photos prise par nous même, le 04 Avril 2017, pendant la visite guidée de la Cacaoyère de Bengamisa,
(Cfr. Nos enquêtes de terrain).
490 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia, op-cit.pp. 1-7.
491 Nous considérons comme « espace Bengamisa », l’étendue de la forêt du territoire de Banalia dans

lequel se trouve le site de la plantation de la CABEN, dans le secteur de Bamanga et son hinterland où l’on
trouverait les activités de ce projet dans la Province de la Tshopo.
[176]

Avec une « population estimée à 464.416 habitants »,492 le territoire


comprend la chefferie de Baboro, avec les secteurs de Baboa de Kole, de Bangba,
Bopoy, ainsi que celui de Bamanga. Le dernier secteur cité, a comme chef-
lieu Bengamisa, Centre politico-administratif, situé à 51Km de Kisangani. C’est ce
Centre de Bengamisa qui donne son nom au projet CABEN, c’est-à-dire,
Cacaoyère de Bengamisa. Mais, en ce qui concerne la plantation de cacao, nous
précisons qu’elle est effectivement située à 36 Km de Kisangani. Ainsi nommé, le
projet confèrerait le nom de « Bengamisa » qu’il porte, à tout l’espace dans lequel
ses activités devraient s’étendre. Tel est aussi le cas de l’ISEA/Bengamisa, situé à
60Km de Kisangani. Cette institution de l’Enseignement Supérieur et
Universitaire, porte aussi le nom de ce même Centre.493 La carte ici-bas, nous offre
d’autres éléments importants sur ce territoire, ainsi que sur le secteur de Bamanga
qui abrite la Cacaoyère de Bengamisa.

Carte n° 1 : La carte administrative du territoire de Banalia, avec le secteur de


Bamanga (avec Bengamisa comme chef-lieu)

Source : CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016.

492 Rapport annuel 2015 de l’Administration du territoire.


493 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani.
[177]

En République Démocratique du Congo, c’est le Décret-loi n°081 du


21 juillet 1998 qui réglementait l’organisation et le fonctionnement administratico-
territorial. Ses dispositions ont été abrogées par la Constitution du 18 février 2006
et remplacées par celles des lois n° 08/012 du 07 octobre 2008 portant composition,
organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisées et leurs
rapports avec l’Etat et les provinces.

Certes, le territoire, au même titre que la Ville de Kinshasa, la


province, la ville et la commune, sont considérés comme des Entités
Administratives Décentralisées (EAD, en sigle). Mais dans la pratique, il s’observe
que, et, des entités administratives décentralisées, voire même, des secteurs, etc.,
qui ne les sont pas, demeurent placés sous le joug d’une forte centralisation.
Banalia et Bamanga, respectivement, territoire et secteur, n’échappent pas à cette
logique de « la démocratie de lettre de la loi» en RD. Congo. Il y a, ici, lieu de citer
Samba Kaputo, qui note que : « depuis l’époque coloniale, jusqu’en 1982, le
Congo a toujours été géré selon le système de centralisme à outrance. Dans ce
contexte, les responsables locaux étaient de simples exécutants des instructions
conçues au niveau de la capitale ».494 A nous d’ajouter qu’en dépit des progrès en
matière législative que connait la République, dans la pratique, ce mode du
dirigisme de gestion continue jusqu’à ce jour ...

Puisque le dualisme juridique reste encore d’actualité en République


Démocratique du Congo, rappelons que les chefs coutumiers agissent encore dans
l’espace Bengamisa, pour ne pas parler seulement du territoire de Banalia. Dans
cet espace, le pouvoir est à prédominance masculine. C’est le père qui est le chef
de la famille, avec le système patriarcat de la filiation. A l’absence du « chef de la
famille, donc de papa », le fils ainé prend sa place comme autorité du groupe ainsi
défini.

L’observation nous fait noter que la démocratie, telle qu’importée de


l’occident n’a pas encore réussi à écraser totalement cet ordre traditionnel de
gestion du pouvoir dans ce milieu.495 Il ressort de ce qui précède que, c’est « le
père », chef de la famille, chef du clan et/ou chef du village, selon le cas, qui donne

494 SAMBA KAPUTO, (Sous la dir. de MAKWALA MAVAMBU ye Beda), « D’un Etat fort vert une
administration publique outil de développement de la nation congolaise » in Administration publique outil
du développement de la nation congolaise, Ed. IDLP, 2OOO, p. 20.
495 Notre expérience de vie dans ces milieux.
[178]

des orientations sur la conquête des richesses (économie), sur la sécurité et tout
autre besoin des membres de son groupe.

3. Situation culturo- socio- démographique et économique

De même que les données climatico-géographiques demeurent des


facteurs déterminants de l’action émancipatrice de la pratique des projets de
développement rural dans un territoire, de même, les facteurs culturo- socio-
démographiques le sont. L’espace Bengamisa bénéficie de tous les atouts naturels,
donc : climatiques, pédologiques et hydrographiques, etc., retrouvés dans la
province, tel que développé ci-haut pour accueillir tout projet agricole, ayant pour
finalité la culture de cacao, de palmier, de l’hévéa, et de café, etc.

Force est, de reconnaitre que la Cacaoyère de Bengamisa, dans sa


mission de la culture et de production de cacao marchand, sans pour autant
fermer la porte aux non originaires de cet espace, devrait regrouper plus ou moins
30 tribus des sept territoires de la Province de la Tshopo. Ensuite, il faut insister
sur le fait que Banalia, territoire dans lequel se trouve logé le site de la plantation
de la Cacaoyère de Bengamisa abrite réellement les tribus suivantes : Manga 40%,
Ngelema 35%, Boa 10%, Popoyi 10% et Boboro 5%.496

En dépit du fait que chacune de ces tribus parle sa langue, le Swahili,


langue venue de l’Est (Tanzanie), imposée par les conquêtes des arabes, les unit
toutes. Donc, les langues y parlées sont : Swahili 50%, Lingala 22%, Kingelema
10%, Kimanga 8%, Kipopoyi 6% et Kiboa 4%.497 Le système exogamique du
mariage demeure la réalité dans ces milieux. Attaché à la terre, celle-ci appartient
aux ancêtres, chaque clan ou chaque famille de « l’espace Bengamisa », est appelé
à la protection du patrimoine collectif. Tous sont des usufruitiers, la force de la
parenté y dirige les activités, avec le communautarisme comme mode de vie. 498

P. Iyefa Wessa rapporte qu’« on peut entreprendre le développement


rural par l’agriculture, on ne peut lutter contre la pauvreté rurale par l’agriculture
s’il y a des complications et des incompatibilités relatives au régime foncier». Aux

496 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia, op-cit.pp. 1- 7.


497 Idem.
498 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani.
[179]

termes de la loi foncière 73-021 du 20 juillet 1973, modifiée par la loi n°80-008 du
18 juillet 1980, le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat congolais.499

Signalons que cette loi ne violente pas les habitudes locales de


l’espace Bengamisa. Dans la pratique, celle-ci coexiste avec le droit coutumier. En
effet, en dépit du fait que l’Etat peut concéder la propriété temporaire ou
perpétuelle à qui il veut. Il est, cependant, évident que cela ne devrait se faire
qu’après la consultation des communautés locales à travers les chefs coutumiers.
Ces derniers, tel que évoqué ci-haut, exigent, souvent, des nouveaux occupants,
tout en gardant certains droits sur le terrain, quelques privilèges ou avantages
socio-économiques que peut rapporter l’activité.500

La division traditionnelle du travail n’y est pas encore totalement


effacée, malgré toutes les influences de la modernisation. Pour cet espace de
Bengamisa, il y a lieu de considérer par exemple la pratique du paysannat, qui
aurait inculqué l’individualisme à la population, doublé de droit foncier privé
(chez les Turumbu, etc.). A ce sujet, F. Mokonda Bonza est à citer, lorsqu’il
souligne : « l’intégration verticale fut privilégiée dans l’optique de développer une
approche par filière, à travers l’introduction progressive d’un système
d’appropriation foncière privative et l’intensification des méthodes de
production…».501

Les différentes coopératives agricoles, et, tant d’autres modes de


production venus de l’extérieur,502 et, qui caressèrent un mode de vie fondé sur le
salariat (avec par exemple: la CONADER, la SOCITURI, devenue SAPLAST,
l’UNIBRA, devenue BRACONGO, la BUSIRA LOMAMI, devenue GAP, la PLC,
CELZA, le Complexe Sucrier de Lotokila, SORGERI, etc.), sont aussi à prendre en
compte. Signalons, encore, pour cette même partie de la République, des multiples
structures503de recherche, de vulgarisation et d’encadrement (INERA,
IFA/YANGAMBI, ISEA-BENGAMISA, SNV, etc.) qu’elle hébergerait. Lesquelles

499 P. IYEFA WESSA, op- cit, p. 34.


500 Lire à ce sujet, L. LOMBEYA BOSONGO, « Les permanences structurelles au milieu rural africain,
Analyse du mode de production dans la cuvette du Zaïre», Article déjà-cité, passim, et considérez aussi les
données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani.
500 A ce sujet, lire utilement, P. IYEFA WESSA, op- cit, pP. 33- 35.
501 F. MOKONDA BONZA, op-cit, p. 610.
502 Les données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et Kisangani, en avril 2O17.

503 A ce sujet, lire utilement, P. IYEFA WESSA, op-cit, pp. 36- 46.
[180]

structures (une fois soutenues et réactivées) accompagneraient n’importe quel


projet de développement rural.504

Il est admis par la littérature sociologique sur le monde rural


parcourue par nous que la logique communautaire assure l’accessibilité du plus
grand nombre de la population rurale aux techniques de la production.
Néanmoins, les structures ci-haut évoquées, la plupart d’entre elles, d’une
manière ou d’une autre, seraient les relais des structures de l’économie capitaliste
mondiale. A cet effet, elles entretiendraient la sélection de la population locale
en la matière, avec toutes les conséquences néfastes qui en découlent.

Pour ce qui est de l’habitat, la littérature économico-sociologique505


affirme qu’il est l’un des principaux pivots de l’organisation économico-sociale
des sociétés dites modernes. Du point de vue da la sociologie, l’habitat intègre
toutes les dimensions du cadre de la vie d’une collectivité. Il renvoie à cet espace
rural complexe, jouant plusieurs fonctions, et, nécessitant le zonage. Il y a lieu de
citer, entre autres : cadre de vie ou habitation, zone récréative, moyen de
production et zone de réserve. Certes, l’habitat se veut l’une des déterminations
d’intégration et d’équilibre social.

L’habitat se veut donc, un facteur important de consolidation des


structures familiales et de l’épanouissement des individus. Sur le plan
économique, il se présente comme l’un des moyens de la redynamisation de
l’économie et de l’amélioration des conditions de vie des populations. La gestion
rationnelle de cet espace vital par le zonage s’impose à chaque famille, à chaque
clan et/ou à chaque village.

« L’espace Bengamisa » 506, pour ne pas évoquer seulement le cas de


Banalia, conserve cette vision sur la terre, sur la forêt, ou la vision sur l’espace de
vie que la sociologie nomme habitat. La population manifeste la maitrise de la

504 Les informations reçues par nous depuis notre enfance, dans les territoires de Yahuma, Basoko et nos
multiples passages à Kisangani. A cela, s’ajoutent les propos des certaines personnes ressources qui ont fait
l’objet de l’entretien avec nous dans le cadre de cette étude.
505 L. LOMBEYA BOSONGO, « Les permanences structurelles…, Article déjà cité, pp. 8- 9.

506 Les informations reçues par nous depuis notre enfance dans les territoires de Yahuma, Basoko et nos

multiples passages à Kisangani. A cela, s’ajoutent les données de l’enquete réalisée sur le terrain dans le
cadre de cette étude.
[181]

notion de « développement durable » : les espaces ne sont pas consommés en


désordre et les espaces sacrés, font l’objet de vénération et de protection.

Concernant le logement, il est à indiquer que les influences venues de


la colonisation et de l’étranger, ont fait que les maisons y soient battues en
matériaux durables et semi-durables. Cela, surtout dans les grands centres et
missions ecclésiastiques. Mais, dans les villages, le recours aux sticks et feuilles de
la forêt pour la construction reste encore une pratique à la mode. Les images
évoquées lorsque nous avons présenté la morphologie de village en RD. Congo
suffisent pour convaincre.507 De manière générale, l’agriculture 35%, chasse 25%,
élevage 20%, pêche 12% et le petit commerce avec 8%, sont des principales
activités économiques de la population de Banalia. Il y a lieu de considérer :
manioc (40%), bananes plantains (25%), riz (15%), mais (13%) et arachides (7%),
comme des principaux produits agricoles du milieu. Par contre, l’or et le diamant
y demeurent des produits non agricoles exploités, alors que malgré sa présence, le
fer reste non exploité.508 Il sied de rappeler en passant que le cacao y est cultuvé de
façon artisale par les paysans.

Tableau IV. Répartition des principales activités économiques du territoire de


Banalia (dans l’espace Bengamisa), en termes de pourcentages/2016.

N° Les principales différentes activités économiques de Banalia/2016 %

1 Agriculture 35%

2 Chasse 25%

3 Elevage 20%

4 Pêche 12%

5 Petit commerce 8%

Total 100%

Source : CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, Septembre 2016, pp.


1-7, y associées les données de terrains.

507 Les informations reçues par nous depuis notre enfance, dans les territoires de Yahuma, Basoko et nos
multiples passages à Kisangani. A cela, s’ajoutent les données de l’enquete réalisée sur le terrain dans le
cadre de cette étude.
508 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016, y associées les

données de terrains.
[182]

Commentaires : Le tableau ci-haut indique que l’agriculture se veut la panacée de


la population de « l’espace Bengamisa ». Dans l’agriculture, la culture des champs
occupe la première place.

8%

12%
35%
Agriculture
Chasse
Elevage

20% Pêche
Petit commerce

25%

Figure 3. Répartition des principales activités économiques du territoire de


Banalia (dans l’espace Bengamisa), en termes de pourcentages/2016.

De ce qui précède, la sociologie509 retient qu’en dépit des influences


exogènes que « l’espace Bengamisa » a connues, lesquelles influences y
imposèrent le mode de vie basé sur le salariat, en détachant l’individu de tous les
craquant de la communauté, etc., il s’observe que la famille et/ou le clan reste,
toujours, l’unité économique de base dans cet espace rural en République
Démocratique du Congo. La terre y garde la valeur existentielle, et, que la parenté,
inconditionnellement, y organise encore la vie quotidienne. Tel est par exemple, le
cas des Bagenya et les Lokele, réputés dans la pratique de la pêche, les Topoke
(Isangi) des champs et les Bongango (Yahuma) la chasse, etc., jusqu’à ce jour, la
font en groupe.

509 Données recueillies lors de nos enquêtes à Bengamisa et à Kisangani, et ses environs.
[183]

En définitive, il y a lieu de tirer la conséquence selon laquelle, dans


l’espace rural de « Bengamisa »,510 dans la Province de la Tshopo, pour ne pas
parler de la RD. Congo, il y aurait encore un vaste champ d’action, de larges
franges entières d’activités, une fois la redynamisation des structures sociales et
économiques, soutenues par des structures politico-administratives permissives,
qui permettraient la production de grande envergure des cacaos marchands, des
cafés et de palmier à huiles, etc.., et tant d’autres cultures pérennes. Lesquelles
productions stimuleraient des échanges susceptibles de booster l’économie, en
mobilisant la population rurale de cette partie de la République au travail par des
rémunérations justes.

Décidément, la Cacaoyère de Bengamisa, aujourd’hui, offre cette


opportunité historique, car, sur le plan pratique une fois relancée, elle serait
classée parmi ce que nous pouvons qualifier de poumon de l’économie de la
Province de la Tshopo et/ou de la RD. Congo. La Côte d’Ivoire, première
productrice mondiale de cacao, fait face à des multiples crises financières que
connaissent plusieurs pays du monde en ce moment, grâce aux retombées de la
vente de son cacao. La culture de cacao pourrait aussi bien rapporter beaucoup de
devises à la République Démocratique du Congo que l’exportation des minerais.

SECTION III. DU CONTENU ET DU TRAJET HISTORIQUE DU PROJET


CABEN : SA CREATION, LA FIN DE SA PREMIERE PHASE DE
FINANCEMENT A CE JOUR

INTRODUCTION

Cette section table sur la genèse et offre le contenu du projet sous


étude. Tout en présentant des réalisations de la Cacaoyère de Bengamisa dans
son milieu d’implantation par rapport à ses odjectifs, elle trace en même temps sa
trajectoire historique.

§1. De la Cacaoyère de Bengamisa et sa trajectoire historique : sa genèse et son


contenu comme projet de développement agricole

La Cacaoyère de Bengamisa, (CABEN) fait partie d’un vaste


programme national de la relance de cacao culture en République Démocratique

510L’espace Bengamisa », ici, renvoie à l’ensemble de l’étendu de la Province de la Tshopo dans lequel se
trouverait les activités de la CABEN.
[184]

du Congo. Les fluctuations de prix du cuivre à partir de 1973 avait mis en exergue
le danger que présentait la dépendance en recettes d’un seul produit
d’exportation, en occurrence le cuivre.511 Il se dégagea, ainsi, la nécessité de
diversifier les sources des devises pour la République.

C’est donc, dans le cadre de la diversification des produits


d’exportation que le programme a été lancé. Il visait, en ce qui concerne la cacao
culture, atteindre 23.000ha dans les anciennes Provinces de l’Equateur et
Orientale.512 La CABEN aurait comme objectif global la production de cacao et
assurer l’encadrement des paysans, les planteurs indépendants. La transformation
de cacao en produits semi-finis et finis résume son objectif spécifique, etc. Il ya
lieu de citer, à titre indicatif, le site de Bengamisa – Yangambi (dans les territoires
contigus de Banalia e d’Isangi) et celui de Yatolema (dans le territoire d’Opala)
dans la Province de la Tshopo, le site d’Aketi dans la Province de Bas-Uélé et celui
Haut-Uélé, pricisement, dans les territoires de Poko et de Wamba.

Le Site de Bengamisa, dans l’actuelle Province de la Tshopo, est le


premier à être exploité, alors que les études menées par BDPA,513 un organisme
français en 1975, avait identifié 7 sites d’implantation possible de cacao. Il sied de
signaler que l’exploitation de ce site de la Province de la Tshopo a été rendu
possible grâce aux accords de prêts : CS/ZR/AGR/79/OO9 et CS/ZR/AGR/79/02
du 26 juin 1980.514 Comme son cadre juridique l’indique, force est notre, de
rappeler que la Cacaoyère de Bengamisa est sous la tutelle du Ministère de
l’Agriculture, Pèche et Elevage. Les éléments juridiques qui consacrent son
existence sont :

 ORDONNANCE N°80-305 DU 31 DECEMBRE 1980, PORTANT


APPROBATION DE L’ACCORD DE PRET N°CS/ZR/AGR/79/2 DU 26 JUIN
1980 ENRTRE LE CONSEIL EXECUTIF ET FONDS AFRICAIN DE
DEVELOPPEMNT : PROJET CABEN (Cfr. infra);
 ACCORDS DE PRET N° CS/ZR/AGR/79/009 ET CS/ZR/AGR/79/O2 DU 26
JUIN 1980 ;

511 CABEN, De sa création à la fin de la premiere phase de financement, Rapport synthèse de Décembre 1988,
p.3.
512 Idem.

513 B.D.P.A : Bureau de Développement des Produits Agricoles.

514 Idem.
[185]

 ARRETE DEPARTEMANTAL N°000188/BCE/AGRIDRAL/81DU


23/12/1981 ;
 ARRETE MINISTERIEL N°0029/CAB/MIN/AGRI/2011 DU 18 MAI 2O11.515

Si l’Ordonnance n° 80-305 du 31 décembre 1980, est l’acte qui


approuve l’Accord de Prêt N°CS/ZR/AGR/79/2 du 26 juin 1980 entre le Conseil
Exécutif et Fonds Africain de Développement par rapport au Projet CABEN,
l’Arrêté Départemental N°000188/BCE/AGRIDRAL/81 DU 23/12/1981, par
contre, se veut l’acte de la création du projet sous-étude. Ces documents
s’avèrent, paritairement, éclairants pour comprendre la genèse du projet
CABEN, ils sont respectement classés en annexe.

Le siège de la Direction Générale du projet CABEN se trouve sur


l’Avenue Kitenge/Clinique Vétérinaire, dans la Commune de Makiso, avec son
Comité de Gestion nommé par le Ministre de l’Agriculture, Pêche et Elevage. Son
Bureau de Réprésentation à Kinshasa est logé au Secrétariat Général de
l’Agriculture, Pêche et Elevage, sur « Avenue Batetela, commune de la
Gombe/Boulevard du 30 juin.516

Du point de vue de la socio-économie, il importe de préciser que la


Cacaoyère de Bengamisa reste un projet de développement agricole. Il est ainsi
déclaré parce qu’il gravite, principalement, autour d’une activité agricole, orientée
vers la « culture de cacao».517 Pour ce faire, il y a lieu de soutenir que la Cacaoyère
de Bengamisa comprendrait l’ensemble d’apports d’ordre matériel,
organisationnel, technique, financier, économique, et, même culturel, etc., appelés
à agir ensemble et à modifier son milieu d’implantation.

La CABEN se veut un apport d’ordre matériel en ce sens qu’il


regorgerait les éléments matériels nécessaires à sa gestion. Les apports d’ordre
organisationnel évoque tous les éléments se rapportant à sa structuration et à sa
gestion, et capables d’influencer le milieu d’accueil. Si tous les outils mis à la
disposition du projet pour atteindre ses objectifs constituent les apports
techniques, les apports financiers, sans doute, font allusion aux finances liées au

515 B.D.P.A : Bureau de Développement des Produits Agricoles


516 Données reçues par nous pendant nos rnquêtes auprès des agents de la Direction Générale de la
CABEN.
517 Cfr. ARRETE DEPARTEMANTAL N°000188/BCE/AGRIDRAL/81 de la 23/12/1981 portant création de

Projet Cacao de Bengamisa, dans son Article 1ER.


[186]

projet. Tous ceux-ci, doivent, d’une manière où d’une autre, impacter le milieu de
son implantation. Les apports culturels renvoient aux nouveaux usages que le
projet amène et qui touchent aux habitudes de la population du milieu concerné
par le projet, etc.

Le projet CABEN devrait se réaliser en deux phases de financement et


la finalité était d’atteindre 10. 000 ha de la culture de cacao dans toute la Province
de la Tshopo. La première phase de 1983 à 1988 prévoyait, dans son Site à 36Km
de Kisangani, initialement, 3.750 ha dans le territoire de Banalia : 2000 ha au Bloc
Industriel (pour dire plantation du projet avec les salariés) et 1.750ha au Bloc
Familial (les plantations des paysants afiliés à la CABEN). La deuxième phase
partirait de 1992 à 1997, avec comme finalité : 6. 250ha dans les autres territoires
de la même Province.518

Tableau V. Prévisions initiales de la culture de cacao par la CABEN (première


phase) dans le territoire de Banalia en termes d’hectares et de
pourcentage

N° Les structures pour la Superficie en Superficie


culture de cacao au sein termes d’hectare exprimée en %
de la CABEN
1 Bloc Industriel 2000 ha 53, 3%
2 Bloc Familial 1.750 ha 46,7%
Total 3.750 ha 100%
Source : CABEN, de sa création à la fin de la premiere phase de financement, Rapport synthèse de
Décembre 1988, p.4.

Le tableau ci-haut indique que dans le territoire de Banalia les


prévisions initiales sur la culture de cacao par le projet CABEN avaient réservé
plus d’espace pour le Bloc Industriel que pour le Bloc Familial.

518 Les données et informations reçues par nous lors de notre passage à la CABEN en Avril 2017.
[187]

46,7
Bloc industriel 200ha
Bloc familial 1,750ha
53,3

Figure 4. Prévisions initiales de la culture de cacao par la CABEN (première


phase) dans le territoire de Banalia en termes de pourcentage.

Il importe, cependant, de souligner que, pour atteindre ces objectifs, il


a fallu du financement pour ce projet. A cet effet, aux termes des accords des prêts
cités ci-haut, trois principaux partenaires (Conseil Exécutif, pour parler du
Gouvernement, BAD et FAD) se sont accordés pour financer le projet. Ils avaient
convenu d’intervenir dans la proportion résumée dans les tableaux qui suivent. Ils
présentent, respectivement, les financements initiaux et les financements révisés
par le Conseil Législatif (Parlement) en Février 1988.519

Tableau VI. Financements initiaux de la CABEN exprimés en USD et en


pourcentage.

N° Les partenaires impliqués dans Proportion exprimée en proportion


le financement de la CABEN USD exprimée en %
1 Conseil Exécutif 2.310.000 25%
2 BAD 3.450.000 38%
3 FAD 3.390.000 37%
Total 9.150.000 100%

519 CABEN, op-cit, pp. 3- 4.


[188]

Source : CABEN, de sa création à la fin de la premiere phase de financement, Rapport


synthèse de Décembre 1988, p4.

Commentaires. Le tableau ci-haut indique que la Banque Africaine de


Développement (BAD) et Fond Africain Développement (FAD) se sont engagées à
soutenir financièrement la CABEN plus que le Gouvernement (C.E = Conseil
Exécutif) congolais (zaïrois à l’époque). Les deux Institutions auraient soutenu le
projet dans l’ordre de 75% du financement global.

40%

35%

30%

25% Conseil Exécutif


(C.E=Gouvernement)
20%
BAD
15%

10% FAD

5%

0%
Conseil Exécutif BAD FAD
(C.E=Gouvernement)

Figure 5. Financements initiaux de la Cacaoyère de Bengamisa exprimés en


pourcentage.

Suite aux contraintes politico-financières connues en 1987, les


conclusions de cet accord avaient été révisées en Février 1988 par le Conseil
Législatif. La 2ème version se présente comme l’indique le tableau ci-dessous en
termes de DTS et en pourcentage.

Tableau VII. Financements révisés de la CABEN en DTS et en pourcentage.

N° Les partenaires impliqués Proportion exprimée en DTS proportion


exprimée en %
1 BAD/FAD 883.111 DTS 55%
2 CE 724.000 DTS 45%
Total 1. 607.111 DTS 100%
Source : CABEN, de sa création à la fin de la premiere phase de financement,
Rapport synthèse de Décembre 1988, p.4.
[189]

Commentaires : Le tableau ci-haut indique que le montant de financement arrêté


au départ, avait été revisité. Toutefois, il s’observe que la BAD et le FAD
contribueraient plus que le Gouvernement congolais de l’époque.

60%
50%
40%
30%
20% BAD/FAD 883.111 DTS

10% CE 724.000 DTS


0%
883.111 DTS 724.000 DTS
BAD/FAD CE

Figure 6. Financements révisés de la CABEN exprimés en DTS et en


pourcentage

Dans sa mission de production des cacaos marchands, la CABEN


s’organise en deux grandes structures. Il s’agit du Bloc Industriel et du Bloc
Familial.520 En ce qui concerne le Bloc Industriel, il est commode de soutenir que
celui-ci prend en compte tous les travailleurs : engagés de la CABEN, affectés, soit,
à la Direction Générale, soit, au Bureau de la Représentation à Kinshasa, soit
encore, dans la plantation. Il s’agit des cadres, des agents auxiliaires et ouvriers,
etc., qui ne devraient, en principe, vivre que de leur salaire. Dans cette liste, il
nous revient l’obligation d’ajouter les journaliers. Ceux-ci sont des paysans, qui,
pour satisfaire certains besoins, sont engagés temporairement et sont payés à la
tache. Des femmes et des enfants sont enregistrés de temps à temps comme
« agents temporaires ». Cela se remarque surtout aux moments des récoltes des
cabosses.521

Par contre, le Bloc Familial comprendrait toute personne (ou la


famille) qui, suite à un contrat signé avec la CABEN, bénéficie de son
encadrement. Celle-ci, c’est-à-dire, la Cacaoyère de Bengamisa, à travers ses
agents, assure des formations, fournit des plantules et des outillages (machettes,
520 Les données reçues par nous lors de notre passage à la CABEN, (à Bengamisa).
521 Idem.
[190]

haches, bèches, etc.), avec obligation de ne vendre les cabosses uniquement qu’au
projet. Ils sont désignés des « Planteurs Indépendants ». Ainsi, un agent de
CABEN est commis pour superviser un Poste.

Le Bloc Familial de la CABEN, au moment de notre dernier


passage, c’est-à-dire, en Avril 2017 comptait 6 Postes dans la Province de la
Tshopo. Il s’agit de Poste de Kisangani, Poste de Kapalata, Poste de Yangambi,
Poste de Yuma, Poste de Bandambila et Poste de Banalia. A la tête de chaque
poste, il y a un chef de poste, et, celui-ci est entouré des encadreurs. Chaque
encadreur gère des planteurs indépendants de son ressort. A ce sujet, il y a lieu de
citer par exemple Mr. Atwasile de PK 20. Ce planteur, à lui seul, a une plantation
de cacao de 5ha.522

Il sied de rappeler que la plantation du projet se trouve implantée à


36km de la ville de Kisangani, vers la route Buta. Celle-ci, part de la rivière Yamé,
au point de sa chute dans la rivière Lindi, dans le village Bagbuzi. Cependant,
notons avec les informations à notre possession523 que, jusqu’à ce jour, la
deuxième phase de financement du projet n’a jamais été versée. Cela a comme
conséquence : le ralentissement des activités du projet dans leur réalisation. Les
images qui suivent, nous offrent quelques éléments de l’état actuel de la
plantation de la CABEN.524

522 Les données reçues par nous lors de nos enquêtes de terrain à CABEN.
523 Idem.
524 Ibidem.
[191]

Photos : 2, 3, 4 et 5. Le paysage de la plantation de la CABEN à 36 Km de la ville de

Kisangani dans la Province de la Tshopo/RDC.

Source : Photos prises par nous en Avril 2017.

Dans la production de cacao marchand, durant l’année, plusieurs


opérations sont entreprises. Il y a lieu de signaler, entre autres525 :

1. opération d’entretien :
 coupe recru (3 à 4 fois l’année) ;
 réglage d’ombrage (1 à 2 fois l’année) ;
 égourmandage (1 à 2 l’année) ;
 déliage (1 à 2 l’année), et ;

525 Les données recueillies par nous lors de notre passage à la CABEN.
[192]

 taille (1 à 2 fois l’année).

2. opération de production :
 jeunes cacaoyers sous l’embrage de leucaena;
 plantation ;
 récolte : doit se faire dans un cycle de 10 à 14 jours ;
 écabossage : il s’agit de faire sortir les fèves des cabosses. Il intervient peu
de jours après la récolte pour éviter la fermentation des fèves à l’intérieur
des cabosses;
3. fermentation/les fèves fraiches doivent être bien fermentées dans 7 jours,
après le cabossage. Dépasser 7 jours, le cacao donnerait du cocolait à odeur
moins confortable. L’opération de fermentation à la CABEN se fait dans des
cuves de capacités variables ;
4. séchage : dans une aire de séchage aménagée en pleine plantation, l’opération se
réalise de 2 manières :
− naturellement, les cacaos sont placés sous le soleil pour être séchés, et ;
− artificiellement : Samora, qui utilise la chaleur provenant du foyer. Il se
trouve, ainsi, installé au terrain de séchage des cabosses, à l’entrée de la
plantation.526 Pour des raisons de visualisation, quelques images de ce
foyer artificiel de séchage des cacaos sont présentées dans lignes qui
suivent.
5. cacaos marchands : c’est la dernière étape dans le processus de la
production. Il s’agit des graines obtenues après le séchage. Elles font objet
de vente ou de la transformation en divers produits finis ou semi- finis.527

Il sied de signifier, en ce qui concerne ces opérations qui conduisent à


la production des cacaos marchands que les planteurs indépendants se
limiteraient seulement au niveau de la 2ème opération. Il s’agit, plus précisément,
de l’opération de récolte des cabosses. Après la récolte, ils doivent verser les
cabosses à la CABEN, qui leur paie en termes de x dollars le Kilos.528

526 Les données recueillies par nous lors de nos enquêtes de terrain à CABEN.
527 Idem.
528 Ibidem.
[193]

§2. La Cacaoyère de Bengamisa, sa première phase et ses réalisations physiques

Dans ce paragraphe, nous nous assignons l’obligation de passer en


revue quelques dâtes liées aux faits et réalisations phares du projet, depuis sa
première phase de financement à ce jour. A cet effet, nous trouvons utile de
commencer par quelques dâtes. Ces différentes dâtes rappellent quelques faits
importants dans la trajectoire historique de la Cacaoyyère Bengamisa dans son
milieu d’implantation.

2.1. Survol des dâtes et quelques faits importants dans le parcours historique de
la Cacaoyère de Bengamisa

Dans les lignes qui suivent, nous présentons succinctement la vie de


la Cacaoyère de Bengamisa depuis sa création à ce jour. Nous mettons en relief
quelques dâtes et faits529 qui sont liés. Parmi des faits et dates jugés plus
marquants, nous retenons de manière non limitative :

 16 juin 1980 : signature des accords prêts entre le Conseil Exécutif et la


BAD/FAD ;
 31 décembre 1980 : Ordonnance d’entérinement de la signature des accords
prêts entre le CE, la BAD et FAD ;
 21 décembre 1981 : Arrêté Départemental de la création de la Cacaoyère de
Bengamisa ;
 1982 - 1985 :
- mise en place de l’équipe dirigeante du projet ;
- la réception des équipements et matériel du marché 001 ;
 1984 : - libération de 13% des financements de la BAD destinés au payement
des services de DINAC ;
- Intervention insuffisante du Conseil Exécutif
 1985 BAD/FAD :
- libère 75% de sa quote-part de financement ;
- Payement des équipements du marché 002 réceptionnés un an plus tard ;
- 31. 12. 1985, fin des accords des prêts ;
- Prolongation des accords pour une nouvelle période de trois ans, c’est-à-
dire report de la première phase de financement au 31. 12. 1988 ;

529 CABEN, op- cit, p. 5.


[194]

 1986 : - réception des engins lourds et des équipements du marché 002 ;


- Climat conflictuel Conseil Exécutif/ Direction-CABEN à DINAC
- Mission conjointe de supervision CE/BAD-FAD ;
 1987 : - nouvelles options : objectifs révisés ;
- Missions de supervision groupe BAD 17. 7. 1987 ;
- Programme minimum
 1988 : -1ER Semestre : difficultés financières/carence des pièces de
rechange ;
- Mission d’évaluation groupe BAD ;
- Réalisation du programme Minimum : 1314,64ha/1270.530

Il y a lieu, à ce niveau de notre analyse, d’admettre que les problèmes


évoqués au tour du financement de la Cacaoyère de Bengamisa devraient avoir de
l’impact négatif sur les activités du projet. Certes, le fait que la CABEN soit issue
de la volonté de trois partenaires (CE, BAD et FAD), qui s’accordèrent pour son
financement, dialectiquement,531 des conflits devraient se suivre. En effet, ces trois
partenaires cités, en finançant le projet, n’avaient pas les mêmes ambitions, moins
encore, les mêmes intérêts. Décidément, nos enquêtes nous rassurent de soutenir
que chacun d’entre eux, avait résolument le regard guidée par la boussole du profit
et de la rentabilité des capitaux engagés.

2.2. Quelques réalisations physiques de la CABEN dans sa première phase : une


socio-comptabilité de ce qu’il faut considérer dans le patrimoine du projet

Ce paragraphe se charge, par rapport aux objectifs agro-socio-


économiques du projet, de présenter ses réalisations concrètes sur terrain. A cet
effet, nous rappelons que la Cacaoyère de Bengamisa, comme projet de
développement agricole, avait pour objectifs agro-économiques aux retombées
sociales,532 que nous résumons en ces termes : l’accroissement de la production du
cacao marchand compte tenu de l’immense potentialité du pays en la matière,
l’initiation de la population de l’espace Bengamisa à la cacao-culture et d’assurer de
l’emploi à la population de l’espace cité et tant d’autres services socio- économiques

530 CABEN, op- cit, p. 5.


531 A ce sujet, lire utilement, A. MULUMA MUNANGA, G. TIZI, Le guide du chercheur en sciences sociales…,
ouvrage déjà-cité, pp. 103- 104.
532 CABEN, op- cit, p. 5.
[195]

de base. Le cacao, comme culture d’exportation, l’Etat congolais se rassure, ainsi,


d’une nouvelle source des devises.

Parlant des réalisations de la Cacaoyère de Bengamisa comme projet


de développement rural, il ya lieu de les regrouper en : réalisations en termes des
plantations, des infrastructures de production, des infrastructures de maintenance,
des infrastructures routières et en termes de patrimoine foncier, etc.

2.3. a). Réalisations de la CABEN en termes de patrimoine foncier et des plantations533

Par rapport au patrimoine foncier, le projet dispose d’une concession


de 5000 ha au PK 36 vers route Buta, dont 443ha sont sous culture et le reste étant
réservé pour l’extension des nouvelles plantations de cacao, des palmiers, des
cultures vivrières et pour des champs des travailleurs. La CABEN avait acheté une
autre concession de 40 ha à Konga Konga, dans la commune de Kisangani. La dite
concession, à ce jour, spoliée par la Division Provinciale de l’Urbanisme,534 fut
destinée à l’érection d’une usine de transformation des produits cacaoyers.

En ce qui concerne ses plantions, la situation se présente comme suit :


Bloc Industriel : 443 ha sur 470ha prévus (soit 94% de réalisation) et Bloc Familial :
686 ha sur 515 ha prévus (soit 133% de réalisation). Il y a, ainsi, lieu de noter que la
Cacaoyère de Bengamisa possède en total 1.129 ha de plantations sur 985 prévus.

2.3. b). Réalisations en termes d’emplois créés, de transfert culturo-technologique,


d’infrastructures socio-économiques et en termes des infrastructures de production
et de maintenance

Les données de nos enquêtes nous font affirmer que les effectifs de
départ étaient de 500 à 900 travailleurs. Cependant, à ce jour, il y a lieu de
considérer 243 dans l’ensemble. Toutefois, il s’observe que beaucoup d’entre eux
ne se présentent plus au lieu de travail, à cause des conditions inhumaines et de
manque de motivation.535 La CABEN assure l’encadrement des planteurs
indépendants de cacao et il s’observe que les habitants du milieu sont, tant bien

533 Note technique adressée au Gouverneur de la Province de la Tshopo en 2016 Par le Comité de gestion de
la CABEN, confiée à nous à Kisangani en Avril 2017.
534 Idem.

535 Les données recueillies par nous lors de nos enquêtes de terrain à CABEN.
[196]

que mal, initiés à la transformation de cacao en plusieurs produits (comme par


exemple : boissons, savons, chocolats, beures, mayonnaises, etc.).

Dans son patrimoine, le projet présente une maison de passage


inachevée au sein du site de la plantation et dispose aussi d’un centre hospitalier
pour ses travailleurs à Kisangani, etc. En outre, signalons que la CABEN avait
construit un camp pour ses travailleurs. Mais celui-ci n’existe plus, toutes les
maisons (construites avec des sticks et des feuilles de la forêt) sont toutes tombées
à la suite de l’usure du temps. Les images qui suivent, présentent l’habitation de
l’unique personnel du projet, encore présent au sein de la plantation. Elles offrent,
en même temps, la morphologie de types des maisons construites par la CABEN
pour ses agents.

Photos. 6 & 7. Il s’agit de l’habitation d’un « Garde Industriel », chef de la sécurité du


projet, à l’entrée du site de la plantation.

Source : Photos prises par nous en Avril 2017.

Parlant des infrastructures de production, la « visite guidée » réalisée


par nous en Avril 2017, nous autorise à soutenir que le projet possède un séchoir
du type Samora. Il s’agit d’une aire de séchage cimentée à 3 compartiments, (avec
la capacité d’une tonne par compartiment), un hangar de fermentation et 15 cuves
en bois. A cela s’ajoutent quelques infrastructures de maintenance. Il y a lieu, à ce
sujet, d’évoquer les magasins de stockage de 200m2 et le bâtiment administratif
[197]

de 150 m2 (tous à réfectionner), ainsi qu’un garage atelier de 150m2 (à reconstruire


aussi).

Photos 8 & 9. Le séchoir, type Samora, logé dans l’aire de séchage cimentée à
3 compartiments au sein de la plantation.

Source : Photos prises par nous en Avril 2017.

Photos 10 & 11. Respectivement, des images des magasins de stockage des cacaos
marchands et du bâtiment administratif (pour les deux blocs).

Source : Photos prises par nous en avril 2017. Il s’agit, respectivement, des images des
magasins de stockage des cacaos marchands et du bâtiment administratif (pour
les deux blocs) construits à l’entrée de la plantation de la CABEN.
[198]

2.3. c). Réalisations en termes des infrastructures routières et en termes de production

En ce qui concerne les infrastructures routières, la CABEN a construit


12 km de routes principales, qui doivent être réhabilité et 40 km de routes
secondaires pour la collecte des cabosses. Un pont métallique de 23 m de portée
sur la rivière Yamé est aussi à considérer dans l’actif de la CABEN. Cependant, il
sied de noter qu’en matière de la production des cacaos marchands par le projet,
la question sera développée à travers le deuxième chapitre de cette deuxième
partie de cette dissertation.

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Le regard holistique536 sur la Cacaoyère de Bengamisa logée dans


« l’espace Bengamisa », pris pour une totalité organique, nous fait affirmer que
parmi les déterminations que tout procès de projet de développement rural
subirait, il faut aussi considérer son milieu d’implantation. Il sied en outre, de
préciser que le chapitre offre la condancée d’informations sur le projet CABEN,
scrute ses réalisations dans sa première fase de financement. Il esquisse ensuite la
morphologie de la vie villageoise dans l’expérience de la RD. Congo.

L’étude rappelle que le village devrait être perçu comme une


« agglomération rurale; groupe d'habitations assez important pour former une
unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie
propre ».537 Il faut retenir qu’en RD. Congo, celui-ci, se distingue de la ville par le
nombre de sa population, l’interconnaissance des membres, son attachement à la
tradition, et, principalement, par le travail de la terre. En République
Démocratique du Congo, généralement, le village se place le long de la route, et,
nécessairement, tout près d’une rivière (ou d’une source d’eau). L’activité
principale de la population y demeure l’agriculture, sans pour autant être la seule.
Elle s’attache plus à la tradition.

Néanmoins, de l’observation du monde rural congolais ressort la


trame cachée de la pauvreté, qui y a atteint son paroxysme. Le regard critique sur
le système de l’éducation, l’accessibilité aux soins de santé, à l’eau potable et sur

536 C’est pour évoquer toute analyse qui tient compte de la complexité de fait économico-sociologiques. En
ce qui nous concerne, une exigence s’impose à nous : c’est celle de considérer notre objet dans toutes se
différentes dimension.
537 GENEVOIX, op- cit, p.52.
[199]

les éléments en rapport avec le transport public, l’habitat et environnement, etc., la


démontre. Il s’y observe, un taux important d’analphabètes, de malnutrition, des
viols, des assassinats et l’usage abusif de la forêt, etc., qui sont autant d’indices qui
attestent aussi la pauvreté. A la base de la situation, nous retenons,
principalement : le recul de l’Etat à tous les niveaux de ses responsabilités et la
mal gouvernance, les multiples crises que le pays connait, doublées des guerres à
répétition et les excursions des hommes en armes dans les villages (surtout dans
l’Est du pays), etc.

La littérature sociologique sur le monde rural à notre portée nous fait


admettre un dirigisme dans la volonté de l’aménagement de l’espace rural
congolais par l’autorité coloniale, malgré que cela ait été dans l’intérêt de la
métropole. Force est, cependant, de soutenir que la décolonisation politique qui
déferle en Afrique depuis 1960, non seulement ne résout pas la problématique du
développement rural, mais dans la grande majorité des pays africains,
l’aggrave.538 En RD. Congo, encore, il y a lieu de signaler : l’échange inégal entre
les villes et les campagnes, le contrôle des ressources par les villes, l’aggravation
du caractère dominé de l’agriculture, la baisse et la disparition des activités
agricoles, la dégradation des infrastructures économiques de base et sociales, le
recul et la disparition des régulations étatiques, la criminalisation de l’Etat et tous
les désordres budgétaires qui perturbent l’affectation des ressources, l’exode
rural, etc., forment aujourd’hui la constellation de déficits qui affectent
négativement la vie rurale. Ceux-ci approfondissent le fossé entre la ville et la
campagne.539 Il y a, ainsi, lieu de soutenir que : « la lutte contre la pauvreté
proposée par les organisations internationales n’est pas synonyme de
développement…, (car, celle-ci) n’est pas orientée vers une modernisation
économique ou sociale, ni vers l’émancipation politique des pays pauvres … ».540

Parlant de la Cacaoyère de Bengamisa, le chapitre trace sa trajectoire


historique comme projet de développement agricole dans l’ancience Province
Orientale, pricisement, dans la Tshopo. Il descrit les circonstances de la création

538 W. BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du territoire de Yahuma et la pauvreté des paysans Bongando.
… », Article déjà-cité, pp. 59- 60.
539 Idem.

540 A ce sujet, lire utilement, F. MESTRUM, Mondialisation et la pauvreté. De l’utilité de la production dans le

nouvel ordre mondial, France, Paris, L’Harmattan, SD, p. 25.


[200]

du projet, en donne le contenu, et scrute l’état de lieu ses apports à Bengamisa et


ses environs dans sa prémière phase de financement.

Certes, les données à notre possession541 nous fait admettre que le


projet CABEN se trouve installé dans un espace territorial prédisposé à la culture
de cacao. La Tshopo, particulièrement, le territoire de Banalia, dans « l’espace
Bengamisa», (avec un type de sol argilo-sablonneux, sa richesse hydrographique :
Tele, Lindi et Aruwimi, etc., comblée des chutes d’eaux, avec son climat),
singulièrement, aurait offert des conditions favorables au projet sous-étude.542 A
coté des facilités en rapport avec le régime foncier que la Cacaoyère de Bengamisa
aurait connues, il y a lieu de signaler aussi dans cette même partie de la
République, l’existence de multiples structures543 de recherches, de vulgarisation
et d’encadrement, capables d’appuyer tout projet de développement rural. A coup
sûr, dans le territoire de Banalia et ses environs, l’agriculture, la chasse, la pêche et
le petit élevage, etc., n’ont pas été évacués par les influences exogènes connues par
la province. D’ailleurs, le recul de l’économie nationale s’y présente comme le
déterminant le plus important de renforcement de ces activités.

En définitive, nous soulignons que notre préoccupation par cette


étude, ne consiste pas à pousser uniquement la population de « l’espace
Bengamisa » de se hisser par la culture de cacao. Mais, elle se présente comme une
interpellation à toutes les populations rurales congolaises. Celles-ci, doivent être
organisées afin de résoudre leurs problèmes, après les avoir initiées aux difficultés
à vaincre et les avoir armées du courage pour triompher. Il importe, ainsi, de
rappeler que la mondialisation qui rime avec la compétition ouverte pour la
domination du monde actuellement, n’accordera pas le triomphe aux peuples sans
identité culturelle et qui ne comptent que sur autrui. Le Congolais doit retenir que
seul le travail envisagé comme l’obligation sociale qui vise à la cohésion et à la
survie du groupe, assurera le triomphe sur la pauvreté. N’est ce pas qu’à ce sujet,
l’Ab. Ciamala Kanda enseigne : « par le travail, l’Etat d’Israël avait changé une
partie de désert en terre arable, par le travail, les hollandais avaient gagné sur la

541 Données de terrain : à partir de l’observation et du focus group.


542 Idem
543 A ce sujet, lire utilement, P. IYEFA WESSA, op-cit, pp. 36- 46.
[201]

mer une partie de la terre exploitable (polders)».544 Certes, tout en rappelant


l’immanence du pouvoir comme la donnée de départ dans tout le champ du social
et la place de la politique dans le devenir historique de toute société nationale, le
« culte du travail bien fait et rémunérateur », fait l’objet de notre plaidoirie, en
vue d’espérer l’émergence de la société congolaise dans son ensemble.

544 Ab. CIAMALA KANDA, « Eléments de blocage du développement rural au Zaïre. Cas Luba du Kasaï »,
Cahiers Economiques et Sociaux, IRES, Vol.XVI, n°3, Septembre, Eds. PUZ, 1978, p. 364.
[202]

CHAPITRE II.

PRESENTATION, ANALYSE, INTERPRETATION DIALECTICO –


CONTREFACTUELLE DES RESULTATS DE L’ENQUETE ET PERSPECTIVES

INTRODUCTION

A travers ce chapitre, nous nous proposons de procéder à la


présentation, à l’analyse et à l’interprétation dialectico-contrefactuelle des données
empiriques. Si la dialectique explique les phénomènes dans leurs interactions et
contradictions, l’analyse contrefactuelle, quant à elle, nous permet de saisir le
monde des possibles. La démarche contrefactuelle nous convie à nous « …
démander sur ce qui aurait pu être si …- est ».545 Elle nous permet d’opérer par la
comparaison des résultats advenus de la CABEN avec ce qui aurait dû ou pu se
passer dans le cas d’une bonne tenue de la plantation et d’une bonne gestion des
recettes de la production.

Il est question, dans ce chapitre, d’exploiter et d’interpréter les


différentes contradictions constatées sur le terrain en tenant compte de certaines
données en rapport avec la filière de cacao en Afrique et dans le monde. Les
conclusions tirées nous permettent de faire des projections de ce que le projet
CABEN produirait par rapport à sa capacité installée. Nous terminons le chapitre
par des considérations jugées utiles, en termes de perspectives, qui vont dans le
sens de soutenir la relance de la Cacaoyère de Bengamisa, en plaidant pour la
territorialisation des projets de développement rural en République Démocratique
du Congo. La territorialisation proposée comme nouveau paradigme et mode de
gestion des projets de développement rural, se présente comme le contrepoids aux
méfaits de la financiarisation imposée par la logique prédatrice capitalistique.

545 QUENTIN DELUERMOZ & PIERRE SINGARAVELOU, op- cit, p.2.


[203]

SECTION I. L’« ESPACE BENGAMISA » ET SA TRANSFORMATION PAR LE


PROJET CABEN : PRESENTATION DES DONNEES DE
L’ENQUETE

Cette section se propose de présenter les opinions de nos enquêtés


sur les apports de la Cacaoyère de Bengamisa dans son milieu d’implantation. Il
s’agit de découvrir comment les actions du projet CABEN sont vécues et perçues
dans l’espace sous-étude. A cet effet, nous commençons d’abord par rappeler le
mode opératoire des techniques aux quelles nous avons fait recours, et nous
présenterons notre univers d’enquête, en discutant de la constitution de
l’échantillon dans la suite, et procéderons enfin, dans un langage statistique, à la
présentation des données de terrain.

§1. Du mode opératoire des techniques usitées, de la détermination de l’univers


d’enquête et de la constitution de l’échantillon

a). Des techniques utilisées et leur mode opératoire dans le cadre de cette étude et
du dépouillement des données

Plusieurs techniques ont été mobilisées dans la collecte des données


en vue de la production de ce travail. De ce fait, il nous semble utile de préciser la
manière dont chacune d’entre elles a été mise en œuvre.

Avant d’aborder la question de mode opératoire des techniques


usitées dans la collecte des données, nous nous faisons d’abord l’obligation de
rappeler, non seulement que « chaque recherche a son chemin à suivre selon le
contexte et le sujet ».546 Néanmoins, une chose est vraie que le cadre
méthodologique développé dans l’introduction de cette dissertation doctorale
annonce la manière dont nos méthodes et techniques sont mise en application.
Nous allons, à ce niveau, plancher plus sur quelques éléments de complément de
l’opérationnalisation du questionnaire. Puisque « ce qui importe n’est pas
nullement de nommer les outils utilisés, mais de dire comment ont-ils été
manipulés »,547 nous devons dire un mot par rapport au focus group et à
l’observation qui l’accompagnent.

546 PH. MUAMBA MUMBUNDA & H. MAMBI TUNGA– BAU, cités par J. EBWEME YONZABA,
Construction de l’objectivité en sciences sociales, Paris, Ed. CS, 2017, p. 75.
547 J. EBWEME YONZABA, op-cit, pp. 75- 85.
[204]

Les détails sur l’opérationnalité des techniques usitées suivent l’ordre


que voici : le focus group et l’observation. Il y a lieu de souligner que les données
rassemblées par ces deux techniques, ont fait l’objet de l’enregistrement dans
notre tablette (appareil portable). Cela se faisait pendant chaque séance d’entretien
avec des goupes ciblés par le focus group, d’une part, et, celle de l’observation
(visite guidée), d’autre part. Ces données ainsi enregistrées, sont exploitées, en
étant selectionnées selon les thèmes créés après le dépouillement pour être
évoquées dans le travail. Elles servent à compléter nos informations issues du
questionnaire, ainsi qu’à renforcer notre argumention.

Il importe de rappeler que le terrain informe souvent les méthodes et


les techniques. Raison pour laquelle ce cadre opératoire s’organise dans l’angle de
la triangulation, mieux, de « la multi-angulation ».548 Par-ci, par-là, des notes
infrapaginales indiquent des données du focus group dans le corps du travail. Il en
est de même pour l’observation, qui a fait intervenir directement nos différents
organes de sens, et, surtout que c’est par elle, qu’est venue l’intuition de formuler
et d’aborder ce sujet. Il est ainsi utile de souligner que ces informations
ingénieusement exploitées, ne nous obligent pas nécessairement des références
comme celles issues de la documentation. Celles de l’observation sont notres.

Il se remarque que la technique de questionnaire, à coté de la


technique documentaire, occupe une place non négligeable dans la conqête des
données pour cette production sociologique. A coup sûr, le recours à cette
technique s’est imposé de par la sensibilité même de l’enquête. En effet, il a fallu
pour nous l’associer, en ceci, qu’il était prudent d’empecher que les enquêtés
cachent d’autres informations. Rappelons que nous sommes nous même
originaire de la Tshopo, donc, de l’«espace Bengamisa». Certes, notre position
aurait influencé négativement le terrain. Mais, avec le questionnaire, nous étions
obligé de recruter et former quelques enquêteurs à partir de Kisangani pour nous
accompagner.

Ce questionnaire a été orienté vers les données nous permettant


d’expliquer les observations faites et les constances dégagées. Il comportait des
questions fermées et ouvertes. Leur exploitation devrait nous permettre

A. MULUMA MUNANGA, Le guide de la recherche scientifique. Théorie et pratiques, ouvrage déjà-cité, p.


548

185
[205]

d’explorer, décrire, ainsi que expliquer la réalité étudiée. Le remplissage du


questionnaire devrait se faire en principe par l’enquêté. Mais puisqu’ils avaient
certains detenteurs d’informations importantes sur la CABEN, ne maîtrisant que
peu ou pas le français, pouvaient se faire assister pour des explications ou autres
difficultés, par l’un des membres de l’équipe d’enquête.549 La gestion ingénieuse
des techniques d’enquêtes550 oblige, et des contacts ont été maintenus entre nous
et les enquêtés dans le but de récupérer les protocoles remplis.

Malgré que la question de l’échantillonnage est prise en charge dans


le point qui suit, il est utile pour nous d’anticiper en affirmant que notre
échantillon demeure réprésentatif, et nous a permis d’avoir les données qui ont été
dépouillées et traitées à Kinshasa. Signalons, en outre, que cette opération de
dépouillement et de traitement des données, nous a forcé de faire appel à
l’assistance de quelques spécialistes économistes et démographes de la Facultés
des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Kinshasa.

Pour Paillé et Mucchielli, l’analyse thématique consiste à procéder


systématiquement au repérage, au regroupement et, subsidiairement, à l’examen
discursif des thèmes abordés dans un corpus, qu’il s’agisse d’un verbatim
d’entretien, d’un document organisationnel ou de notes d’observation.551 Sur la
base de cet éclairage et à partir des données dégagées du rapprochement ou de la
séparation des réponses contenues dans notre questionnaire, nous nous sommes
mis à les ranger selon les thèmes créés après le dépouillement. Au bout de cet
exercice, il a finalement été possible de fusionner les réponses portant sur le même
thème. Tel a été aussi pour les données du focus group.

b). De l’univers d’enquête et de la constitution de l’échantillon ciblé par le


questionnaire

Point n’est besoin de souligner que le travail sociologique se base sur


des données empiriques, collectées, grâce aux techniques appropriées, selon que le
chercheur est appelé « à gérer, ingénieusement ses techniques d’enquêtes».552 En

549 Ceci participe à la gestion ingénieuse des techniques d’enquêtes en vue de faire face aux contraintes de
terrain.
550 G.B., KUYUNSA & S. K. SHOMBA, op- cit, p. 85.

551 P. PAILLE & A. MUCCHIELLI, L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Paris, Armand Colin,

2eme Edition, 2010, p. 162.


552 G.B., KUYUNSA & S. K. SHOMBA, op- cit, p. 85.
[206]

ce qui nous concerne, pour avoir des avis des différents acteurs ayant des
informations sur le projet CABEN, nous étions obligé, comme annoncé ci- haut, de
combiner raisonnablement plusieurs techniques. Nous nous plaçions là, s’il faut le
rappeler, sous l’angle de la triangulation des techniques qualitatives et
quantitatives, etc.

En effet, dans le cadre de cette étude, la triangulation,553 comme déjà


noté, doit être comprise dans le sens d’« une interactivité raisonnée des méthodes
dont l’exploitation est jugée capable de conduire à une meilleure connaissance du
phénomène sous-examen».554 L’approche nous parait indispensable, en ce sens
qu’elle nous permet de corriger les faiblesses d’une technique (ou une méthode)
par les mérites des autres. Néanmoins, à ce stade de notre réflexion, qui consiste à
faire la restitution des opinions recueillies par rapport à la contribution de ce
projet de développement agricole sous-étude, logé dans « l’espace Bengamisa »,
nous nous servons, principalement, des données fournies par le questionnaire.
Ces opinions, seront, de temps à temps, complétées et soutenues par les éléments
fournis par les autres techniques usitées pour la production des résultats de cette
réflexion sociologique.

Il sied, cependant, de signaler qu’il est difficile, faute des statistiques


officielles et d’autres organismes spécialisés, sans oublier la mobilité de la
population congolaise, en quête du salut, suite aux multiples raisons déjà
évoquées ci-haut, de présenter les données figées en rapport avec notre univers
d’étude. Il s’avère que les données statistiques sur notre population-mère ne sont
pas à jour. Nous considérons comme faisant partie de notre population-mère : les
agents effectifs (les salariés) de la Cacaoyère de Bengamisa, les paysans planteurs
indépendants, la population rurale de « l’espace Bengamisa», autres que les
planteurs indépendants et quelques personnes ressources, détentrices des
informations sur le parcours historique du projet sous-étude.

553 A ce sujet, lire utilement, MUSAU, « Comprendre la féminisation de la police nationale congolaise à
travers l’analyse stratégique», dans TERRAIN ET EXIGENCES METHODOLOGIQUES. Du choix d’un sujet
de recherche aux résultats escomptés, un parcours indéfini, (Sous-dir. Ph. MUAMBA MUMBUNDA & H.
MAMBI Tunga-Bau), Paris, France, Eds. Académie, 2016, pp. 140- 144.
554 P. RIUTORT, Précis de sociologie, cité par J.P., MPIANA TSHITENGE, Approche sociologique des itinéraires

et des représentations de la réussite sociale dans les milieux populaires de Kinshasa, (Thèse de doctorat en
Sociologie), UNIKIN, 2008, p. 21.
[207]

Du point de vue sociologique, l’échantillon555 « évoque la portion de


la population totale qui sera réellement enquêtée et qui permettra, par extension,
de dégager les caractéristiques de l’ensemble de la population». 556 Néanmoins,
nous notons avec Sylvain Shomba Kinyamba que : « le pourcentage de la taille
de l’échantillon557par rapport à la population-mère n’est pas arrêtée de manière
standard. Il peut être, selon le cas, de l’ordre de 1/10, 1/100, 1/1000…. En général,
ce qui importe le plus, c’est la manière dont les catégories de l’univers se trouvent
imbriquées lors de la constitution de l’échantillon. (…) Chaque chercheur apprécie
le nombre qui lui permet de réaliser un cottage significatif ».558

D’ailleurs, à ce sujet, il est important d’évoquer Jean Pierre Mpiana,


qui note que : « … les enjeux du terrain loin d’être fixés à une phase déterminée
de la production scientifique, déterminent plutôt la dynamique d’ensemble de la
recherche. Et les résultats de la recherche valent, en définitive, ce que vaut la
manière dont ces enjeux ont été négociés tout au long de la recherche ».559 Ainsi,
ayant été, fortement orienté par le terrain, qui nous a obligé même « la visite
guidée » dans la conquête des informations, nous avons opté pour « le procédé
des unités types ou le choix raisonné »560 dans la détermination de l’échantillon.
« Le choix raisonné amène à choisir des individus moyens que l’on déclare
réprésentatifs d’un groupe.561 Réprésentatif a ici le sens de typique.562Ainsi, ayant
été, fortement, orienté par le terrain,563un échantillon de 300 membres pour
recevoir les questionnaires a été retenu. Toutefois, nous rappelons que le principe
voulant qu’on accorde l’égalité de chance à chaque membre de la population-
mère, pour lui permettre de figurer dans l’échantillon a été pris en compte par
nous.

555 A ce sujet, lire utilement, TSHUNGU BAMESA, op- cit, p. 2.


556 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthode de recherche….p.53. Mais, à ce sujet lire aussi, P. NDA, Méthodologie
de la recherche. De la problématique à la discussion des résultats. Comment réaliser un mémoire, une thèse d’un bout
à l’autre, Abidjan, Educi, 2006.
557 A ce sujet, lire utilement, TSHUNGU BAMESA, op- cit, p. 2.

558 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie, …. déjà-cité, p. 77.

559 J. P. MPIANA, « Enjeux du terrain et dynamique de la recherche », dans TERRAIN ET EXIGENCES

METHODOLOGIQUES. Du choix d’un sujet de recherche aux résultats escomptés, un parcours indéfini, (Sous-
dir. Ph. MUAMBA MUMBUNDA & H. MAMBI Tunga-Bau), Eds. Académie, Paris, France, 2016, p. 27.
560 J. EBWEME YONZABA, op- cit, pp. 81- 82.
561 Idem.
562 N. BERTHIER, Les techniques d’enquêtes en sciences sociales. Méthodes et exercices corrigés, Paris, Armand

Colin, 2011, p. 171.


563 J. P. MPIANA, op- cit, p. 27.
[208]

De ce qui précède, il nous revient d’insister sur le fait que le quota564


pour chacune des catégories retenues se présente comme suit :

 la détermination de quota de chacune des catégories supposées être


détentrices d’informations sur le projet :

 les agents salariés de la Cacaoyère de Bengamisa : 105 personnes, soit


35% ;
 les paysans planteurs indépendants : 51 personnes, soit 17% ;
 la population rurale de « l’espace Bengamisa » autres que les planteurs
indépendants : 126 personnes, soit 42% ;
 les personnes ressources : 18 personnes, soit 6%.

 la détermination de quota par rapport au sexe :

 les hommes : 237 personnes, soit 79% ;


 les femmes : 63 personnes, soit 21%.

 la détermination de quota par rapport au degré d’études :

 niveau primaire : 55 personnes, soit 18,33% ;565


 niveau universitaire (gradués et licenciés) : 71 personnes, soit 23,67% ;
 niveau sécondaire : 174 personnes, soit 58%.

564 G. MWENE BATENDE, Les enquêtes sociologiques et anthropologiques. Données techniques de base, Kinshasa,
Eds. du LAAK, 2011, p. 125.
565Il s’agit, ici, des anciens « primériens du temps du Congo-Belge. Ils ont été, toutefois, assistés par les
chercheurs juniors qui nous accompagnaient. N’est-ce pas que le terrain informe les méthodes et adapte les
techniques de recherche ?
[209]

Tableau VIII. L’échantillon et ses éléments constitutifs.

Quotas %
Variables différentielles

Des catégories supposées être détentrices d’informations sur le 105 35


projet

 Les agents salariés de la Cacaoyère de Bengamisa 51


17
 Les paysans planteurs indépendants
 La population locale, autre que les planteurs 126
42
indépendants
 Les personnes ressources 18 6

Total effectif 300 100

Sexe 237 79
 Les hommes 63 21
 Les femmes

Total effectif 300 100

Degré d’études
 Niveau primaire 55 18,33
 Niveau universitaire 71 23,67
 Niveau sécondaire 174 58,00

Total effectif 300 100

Total général 300 100

Notre enquête au sein des structures de la CABEN, ainsi qu’auprès des personnes
supposées détenir des informations sur le projet. Il est commode de signaler que
ces sources sont à prendre en compte pour tous les tableaux qui suivent.

Il ressort de ce tableau que l’échantillon prélevé est, principalement,


constitué de la population rurale de « l’espace Bengamisa» autre que les planteurs
indépendants, soit 42%. En effet, cette catégorie ne participe pas directement à la
production des cacaos avec la CABEN. Mais, elle dispose plus d’informations sur
le projet, car, elle subit, quotidiennement, des effets de la présence du projet dans
l’espace sous-étude. En ce qui concerne le quota par rapport au sexe, les hommes
[210]

forment 79%. Cela s’expliquerait du fait que dans le processus de la production


des cacaos dans la Cacaoyère de la Bengamisa, les travaux font recours plus aux
hommes qu’aux femmes. Les personnes ressources (soit 6%), sont des anciens
membres des différents comités de gestion qui se sont succédé à la tête du projet,
ainsi que d’autres personnalités particulières, disposant de l’information sur la
trajectoire historique de la Cacaoyère de Bengamisa. Quant au degré d’études, il
se dégage, que le projet emploie des agents de niveau secondaire (diplômés
d’Etat) (58%), ainsi que des ouvriers de niveau primaire (18,33%) plus que les
cadres universitaires (gradués et licenciés), (23,67%). Cette dernière catégorie
n’intervient qu’exceptionnellement dans quelques structures de commandement
au sein du projet.

§2. De la présentation des données de terrain

A ce stade de cette production sociologique, force est notre de préciser


qu’ « après avoir fomulé le problème et déterminé les questions de recherche
auxquelles nous comptons répondre, après avoir énoncé les hypothèses et construit
le cadre opératoire devant orienter l’ensemble de la recherche et après avoir précisé
et justifié le choix de la stratégie de vérification et des instruments de collecte de
l’information qui seront utilisés… »,566 nous passons à présent à la présentation des
données empiriques567. En effet, « pour présenter les données avec le maximum de
clarté »,568 nous faisons recours à l’usage des tableaux. Nous insistons, en outre, sur
le fait que ces données relèvent uniquement de l’opinion des enquêtés, et, que ces
tableaux seront appuyés par des figures et des graphiques.

566 G. MACE & F. PETRY, Guide d’élaboration d’un projet de recherche en sciences sociales, BruxelleS, De Boeck,
4eme Édition, 2eme tirage, 2011, p.103.
567 Données confirmées par nos enquetés en décembre 2018 à CABEN/Kisanngani dans la Province de la
Tshopo.
568 N. BERTHIER, op- cit, p. 318.
[211]

Tableau IX. Point de vue des enquetés sur les attentes de la population de la
CABEN.

N° Les attentes possibles de la population Effectifs %


1 Assurance de l’emploi avec une bonne rémunération,
des logements, des écoles pour leurs enfants et des 78 26
hôpitaux, etc.
2 Amélioration socio-économique (développemnt) de leur 200 67
milieu
3 Initiation à la transformation de cacao en produits semi- 22 07
finis et finis
Total 300 100

Tendance dominante : 67% des enquêtés s’attendaient à l’amélioration socio-


économique (pour dire, le développement) de leur milieu.

Ce tableau indique que la population de « l’espace Bengamisa », par


la présence de la CABEN, espérait voir son milieu connaitre des améliorations
dans plusieurs secteurs de vie. Ainsi, si 67% voulaient vivre l’amélioration socio-
économique de leur milieu, 26% s’attendaient à l’assurance de l’emploi, avec une
bonne rémunération, doublée des logements, des écoles pour leurs enfants et des
hôpitaux, etc., 7% voulaient voir la population locale être initiée à la
transformation de cacao en produits semi-finis et finis.
[212]

Assurance de l’emploi avec une


7% bonne rémunération, des
26% logements, des écoles pour leurs
enfants et des hôpitaux, etc.
Amélioration socio-économique
(développement) de leur milieu

Initiation à la transformation de
cacao en produits semi-finis et finis
67%

Figure 7. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur les attentes de
la population par sur la CABEN.

Tableau X. Opinion des enquêtés sur l’impact social visible de CABEN dans
« l’espace Bengamisa »
N° Les points de vue des enquêtés Effectifs %
1 Les espoirs de depart de l’amélioration des conditions du milieu
se sont vite transformés à la déception. 203 67, 70
2 A part son centre hospitalier de Kisangani, les routes pour le
ramassage des cabosses, en ce jour, le projet ne rassure en rien la 32 10, 60
population
3 L’initiation à la culture de cacao à la population locale 65 21, 70
Total 300 100
Tendance dominante : 67,70 % trouvent qu’au départ, le projet avait présenté des
signes d’amélioration des conditions du milieu, mais, il a connu des problèmes
dans la suite. (Cfr. La chançon « Boma libala okota na CADEN », pour dire, une
femme qui trouve un mari, engagé de la CABEN est benie »).

Commentaires : Les informations à notre possession nous autorisent de


reconnaître comme impacts qui auraient dû intervenir à la fin de la 2eme phase de
la CABEN sont : - la stabilisation de la population rurale, - la création des emplois,
- la création des dispensaires tous les 20 ou 30Km, - l’amélioration du niveau de
[213]

vie des paysans, - l’allègement des tâches de la femme notamment par l’adduction
d’eau, les technologies appropriées dans maintes activités,- l’amélioration de la
qualité de gestion , - la circulation d’argent pour les salariés et planteurs, ainsi
que l’écoulement des produits vivriers, etc569, ... Néanmoins, notons que sur le
terrain, rien de concret ne reste visible.570 Décidément, il ressort des données
présentées par le tableau ci-déssus que le projet avait présenté des signes
d’amélioration des conditions du milieu au départ (67,70%). Malgré que 21,70 des
nos enquêtés reconnaissent que le projet a apporté la culture de cacao à la
population locale et 10,70% soutiennent qu’à part son centre hospitalier de
Kisangani, les routes pour le ramassage des cabosses, en ce jour, le projet ne
rassure en rien la population.

100%

90% 21,70% L’initiation à la culture de cacao à


80% la population locale

10,60%
70%

60% A part son centre hospitalier de


Kisangani, les routes pour le
50% ramassage des cabosses, en ce
jour, le projet ne rassure en rien la
40% population
67,70% Les espoirs de départ de
30%
l’amélioration des conditions du
milieu se sont vite transformés à
20%
la déception.
10%

0%

Figure 8. La répartition des enquêtés selon que le projet CABEN présenterait un


impact social visible dans « l’espace Bengamisa ».

569 Les informations recceuillies par nous à la Direction générale de la CABEN à Kisangani en Avril 2017.
570 Cfr. Les données de la visite guidée (observation) et du focus group
[214]

Tableau XI. Opinion des enquêtés sur la rémunération et/ou la prise en charge
des agents par la CABEN

N° Les points de vue des enquêtés Effectifs %


1 La CABEN ne rassure pas une bonne rémunération et 248 82,70
presque plus la prise en charge de son personnel
2 C’est la vente les cacaos aux acheteurs clandestins, etc. qui 52 17,30
assure notre survie, etc.
Total 300 100

Tendance dominante : 82,70%. La CABEN ne rassure pas une bonne


rémunération et presque plus la prise en charge de son personnel.

Commentaires : ce tableau indique que le projet Cacaoyère de Bengamisa, non,


seulement, ne prend pas en charge son personnel comme il faut, mais, aussi et
surtout, ne rassure pas une bonne rémunération et presque plus une prise en
charge conséquente aux travailleurs (82,7%). Leur survie est assurée par la vente
des cacaos aux acheteurs clandestins571.

100%

90% 17,30%

80%

70% C’est la vente les cacaos aux


acheteurs clandestins, etc. qui
60% assure notre survie, etc.

50%
La CABEN ne rassure pas une
40% 82,70% bonne rémunération et presque
plus la prise en charge de son
30% personnel

20%

10%

0%

Figure 9. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur la


rémunération et/ou la prise en charge des agents par la CABEN.

571Informations confirmées par les agents de la CABEN lors de notre passage à Kisanngani dans la
Province de la Tshopo en décembre 2018.
[215]

Tableau XII. Point de vue des enquêtés par rapport à la gestion des cacaos
marchands produits par la CABEN

N° Les points de vue des enquêtés Effectifs %


1 Les travailleurs ne sont pas associés en ce qui concerne 35 12, 00
la vente des cacaos produits
2 Les différents Comités de Gestion connus gèrent mal le 74 25, 00
produit de vente
3 Insouciance des gestionnaires et des autorités de tutelle
à la situation sociale des employés, etc, du projet 191 63, 00
Total 300 100
Tendance dominante. 63,00%. Insouciance des gestionnaires et des autorités de
tutelle à la situation sociale des employés, etc, du projet.

Commentaires : Il s’observe à travers le tableau ci-haut que 63,00% de nos enquêtés


dénoncent l’nsouciance des gestionnaaires du projet, etc. Ils soutiennent qu’après la
vente de cacaos, les membres du Comité de Gestion, souvent, se partagent les gains
sans penser à l’entreprise et aux travailleurs. 25,00% admettent que les différents
Comités de Gestion connus par le projet ont et/ou gèrent mal le produit de vente et
12,00% concluent que les travailleurs ne sont pas associés en ce qui concerne la
vente des cacaos par les gestionnaires du projet.

Les travailleurs ne sont pas


associés en ce qui concerne la
12%
vente des cacaos produits

Les différents comités de gestion


25% connus gèrent mal le produit de
vente
63%
Insouciance des gestionnaires et
des autorités de tutelle à la
situation sociale des employés,
etc, du projet

Figure 10. La répartition des enquêtés selon leur point de vue par rapport à la
gestion des cacaos marchands produits par la CABEN.
[216]

Tableau XIII. Opinion des enquêtés sur les rapports gouvernement et CABEN

N° Les différentes opinions des enquêtés Effectifs %


1 Le gouvernement ne subventionne pas le projet 78 26,00
2 Les membres du gouvernement, souvent, s’arrangent avec
les Comités de Gestion pour détourner les fonds du projet 146 48,70
3 Le gouvernement étouffe le projet en mettant les
politiciens à la tête du projet 76 25,30
Total 300 100
Tendance dominante. Les pourcentages sont très faibles et dispersés. Il est, ainsi,
malaisé de dégager une tendance dominante.

Commentaires : Certes, 48,70% de nos enquêtés, partant des données du tableau


ci-haut, affirment que les membres du gouvernement, souvent, s’arrangent avec
les Comités de Gestion pour détourner les fonds du projet, 26 % autres
soutiennent que le gouvernement ne subventionne pas le projet, alors que 25,30%
autres, prétendent que le gouvernement étouffe le projet en mettant les politiciens
à la tête du projet.

Le gouvernement étouffe le projet en mettant les


25,30%
politiciens à la tête du projet

Les membres du gouvernement, souvent,


s’arrangent avec les comités de gestion pour 48,70%
détourner les fonds du projet

Le gouvernement ne subventionne pas le projet 26%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Figure 11. La répartition des enquêtés selon leur opinion sur les rapports
gouvernement et CABEN
[217]

Tableau XIV. Opinion des enquêtés sur le bilan de la CABEN

N° Les différentes opinions des enquêtés Effectifs %


1 La CABEN a atteint ses objectifs 73 24,3
2 La CABEN a connu l’échec 227 75,7
Total 300 100

Tendance dominante : 75, 7%. La CABEN a connu l’échec.

Commentaires : 75,7 %, voient dans la CABEN, un projet qui a connu l’échec,


24,3% affirment que la CABEN a réussi dans ses objectifs. A ce sujet, il y a lieu
d’évoquer aussi d’autres données de terrain à travers le focus group. Lesquelles
données affirment l’echec de ce projet au regard de sa capacité installée. Sans pour
autant ignorer le nombre très réduit de son personnel actuel et l’initiation à la
culture, ainsi qu’à la transformation artisanale de cacaos aux paysans
environnants, nos enquêtes nous font admettre que le milieu ne vit pas, vraiment,
des effets ou des activités secondaires nées grâce à la précence du CABEN. Il n’ ya
pas de perspective de transfert de la technologie en termes de développement, ni
en termes de consommation de ses produits, moins encore, d’ouverture sur
l’extérieur en termes de vente, etc.572

572Nous tenons ces informations, aussi, de la technique de l’observation et nos différentes séances de focus
group sur terrain.
[218]

80

70

60

50

40 75,7

30

20
24,3
10

0
La CABEN a atteint ses objectifs La CABEN a connu l’échec

Figure 12. La répartition des enquêtés selon que la CABEN est un projet qui a
réussi ou non.

Tableau XV. Point de vue des enquetés sur des raisons de l’échec de la CABEN

N° Les différentes points de vue des enquêtés Effectifs %


1 Au départ, le président Mobutu devrait plaire à Houphouët
Boigny en laissant la culture de cacao à la Côte d’Ivoire. 32 10,7
D’où ce projet n’a plus jamais été pris en charge par l’Etat
2 La présence des politiciens à la tête du projet qui
détournent les fonds de projet (la megestion) 61 20,3
3 L’absence des partenaires qui financent le projet 29 9,7
4 La non prise en compte des intérêts de la population locale
dans le procès de la production du projet, 27 9
5 Toutes ces raisons sont à prendre en considération 151 50,3
TOTAL 300 100
Tendance dominante : 50,3%. Toutes ces raisons sont à prendre en considération.

Commentaires : La majorité de nos enquêtés font une lecture plurielle sur l’échec
de la CABEN. 50,3% soutiennent toutes les raisons soulevées. Par contre, 10,7
autres, attribuent la responsabilité de l’échec de ce projet au Président Mobutu.
Celui-ci, devrait plaire à Houphouët Boigny en laissant la culture de cacao à la
Côte d’ivoire. D’où ce projet n’a plus jamais été pris en charge par l’Etat.
[219]

Cependant, si, 9,7% autres, retiennent l’absence des partenaires qui financeraient
le projet et 20, 3, évoquent la présence des politiciens à la tête du projet qui
détournent les fonds de projet (la megestion des différents membres du comité de
gestion). Il y a, enfin, 9% de nos enquêtés qui suggèrent la non prise en compte
des intérêts de la population locale dans le procès de la production du projet
comme cause.

Toutes ces raisons sont à prendre en considération 50,3

La non prise en compte des intérêts de la population 9


locale dans le procès de la production du projet,

L’absence des partenaires qui financent le projet 9,7

La présence des politiciens à la tête du projet qui


20,3
détournent les fonds de projet (la megestion)

Au départ, le président Mobutu devrait plaire à


Houphouët Boigny en laissant la culture de cacao à 10,7
la Côte d’Ivoire. D’où ce projet n’a plus jamais été …

0 10 20 30 40 50 60

Figure 13. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur les raisons de
l’échec de la CABEN.

Tableau XVI. Point de vue des enquetés sur ce qu’il faut faire pour que le projet
CABEN joue le rôle émancipateur à Benganisa et/ou dans la Tshopo /RDC

N° Les différents points de vue des enquêtés Effectifs %


1 Que le gouvernement congolais prenne en charge le projet 153 51
pour l’intérêt de la République et pour l’amélioration de la
situation socio-économique de la population locale
2 Que les partenaires financent la CABEN 46 15,3

3 Que les fils natifs de la Tshopo soutiennent le projet 48 16

4 Que la population locale soit associée à toutes les fois qu’il y


a financement du projet 24 8
5 Autres à préciser 29 9,7
Total 300 100
[220]

Tendance dominante : 51%. Que le gouvernement congolais prenne en charge le


projet pour l’intérêt de la République et pour l’amélioration de la situation socio-
économique de la population locale

Commentaires : Le tableau ci-haut nous fait noter que 51% de nos enquêtés
plaident pour que le gouvernement congolais prenne en charge le projet pour
l’intérêt de la République et pour l’amélioration de la situation socio-économique
de la population locale, 16% pensent que le projet CABEN doit, désormais, être pris
en charge par les fils natifs de la Tshopo, 15,3% souhaitent le financent de la
CABEN par des partenaires, 9,7% pensent autrement, et 8%, enfin, rappellent que
la population locale soit associée à toutes les fois qu’il y a financement du projet.

Que le gouvernement congolais


prenne en charge le projet pour
l’intérêt de la République et pour
l’amélioration de la situation
socio-économique de la
population locale
9,7
Que les partenaires financent la
CABEN
8

Que les fils natifs de la Tshopo


soutiennent le projet
16 51

Que la population locale soit


associée à toutes les fois qu’il y a
15,3 financement du projet

Autres à préciser

Figure 14. La répartition des enquêtés selon leur point de vue sur ce qu’il faut
faire pour que le projet CABEN joue un rôle émancipateur à
Benganisa et/ou dans la Tshopo (RDC).
[221]

Tableau XVII. Point de vue des enquetés autour des projets que la Tshopo a
connus

N° Les différents points de vue des enquêtés Effectifs %


1 Les différents projets connus n’ont fait qu’enrichir leurs
porteurs et gestionnaires 51 17
2 Ces projets, souvent, dépossèdent la population de leurs terres 39 13
et les appauvrissent
3 Par ces projets de développement rural, les populations 46 15,3
locales travaillent pour autrui
4 Toutes ces propositions sont à prendre en compte 164 54,7
Total 300 100
Tendance dominante : 54,7%. Toutes ces propositions sont à prendre en compte.

Commentaires : 54,7% de nos enquêtés retiennent toutes les propositions


soulevées par nous. Néanmoins, il y a 17% qui soulignent que les différents
projets de développement rural connus, n’ont fait qu’enrichir leurs porteurs et
gestionnaires, 15,3% notent que par ces projets de développement rural, les
populations locales travaillent pour autrui, et, enfin, 13% affirment que ces projets
de développement rural, souvent, dépossèdent la population de leurs terres et les
appauvrissent.

100%
Toutes ces propositions sont à
90% prendre en compte
80%
54,7
70% Par ces projets de
développement rural, les
60% populations locales travaillent
pour autrui
50%
Ces projets, souvent,
40% dépossèdent la population de
15,3
leurs terres et les appauvrissent
30%
13 Les différents projets connus
20%
n’ont fait qu’enrichir leurs
10% porteurs et gestionnaires
17
0%

Figure 15. La répartition des enquêtés selon leur point de vue autour des projets
que la Tshopo a connus.
[222]

Tableau XVIII. Propositions pour faire de la pratique des projets un outil de


développement socio-économique pour la Province de la Tshopo
et pour la République

N° Les différents points de vue des enquêtés Effectifs %


1 Faire participer la population locale à toutes les étapes du
procès d’un projet 48 16

2 Gérer le projet selon les attentes des partenaires financiers et de


la population réceptive 53 17,7
3 Que la population locale participe à la gestion, décide de
l’affectation des fonds et participe à l’évaluation des projets, etc. 46 15,3
4 Tenir compte de toutes ces propositions précédentes, en faisant
approprier le projet à la population qui trouve son compte et
considère que le projet lui appartient. Cfr. « la territorialisation 153 51
des projets ».
Total 300 100
Tendance dominante : 51%. Tenir compte de toutes ces propositions précédentes,
en faisant approprier le projet à la population, qui doit trouver son compte et
considérer que le projet lui appartient. Ceci résume « la territorialisation des
projets ».

Commentaires : Par les données du tableau ci-haut, nous retenons que 51% des
enquêtés plaident pour qu’on tienne compte de toutes ces propositions évoquées,
en faisant approprier le projet à la population qui trouvera son compte et
considèrera que le projet lui appartient. Ce qui résume « la territorialisation des
projets ». En dépit du fait que les propositions qui suivent sont à prendre en
compte dans les 51%, il y a lieu toutefois de noter 17, 7% considèrent qu’il faut
gérer le projet selon les attentes des partenaires financiers et de la population
réceptive. 16% soulignent qu’il faut faire participer la population locale à toutes
les étapes du procès d’un projet et 15,3%, enfin, soutiennent que la population
locale participe à la gestion, décide de l’affectation des fonds et participe à
l’évaluation des projets, etc.
[223]

Faire participer la population locale


à toutes les étapes du procès d’un
projet

16%
Gérer le projet selon les attentes
des partenaires financiers et de la
population réceptive

17,70% Que la population locale participe à


51% la gestion, décide de l’affectation
des fonds et participe à l’évaluation
des projets, etc.

Tenir compte de toutes ces


15,30% propositions précédentes, en
faisant approprier le projet à la
population qui trouve son compte
et considère que le projet lui
appartient. Cfr. « la
territorialisation des projets ».

Figure 16. La répartition des enquêtés selon leur proposition sur ce qu’il faut, en
vue de faire de la pratique des projets un outil de développement
économique et social pour la province de la Tshopo et pour la
République.

SECTION II : DE LA CABEN FACE AUX RESULTATS D’ENQUETE ET A LA


NECESSITE DE SA RELANCE : UN REGARD DIALECTICO –
CONTREFACTUEL SUR LE PROJET

INTRODUCTION

La dépendance de la RD. Congo à un seul produit d’exportation avait


démontré et démontre encore ses limites. La question de la diversification des
sources des devises refait surface. La cacao-culture, certes, s’avère l’une des voies
pour relever ce défi. L’UEMOA,573 avec la Côte d’Ivoire en tête,574 fait fasse à des
crises financières à répétition avec sa filière de cacao. La République Démocratique

573 UEMOA, Union Economique et Monétaire Ouest Africain


574 BCEAO, op - cit, pp. 5 - 22.
[224]

du Congo, avec la Cacaoyère de Bengamisa, peut se tirer d’affaire. Raison pour


laquelle, cette section structurée en deux paragraphes, scrute la problématique de la
filière de cacao dans le monde, ainsi qu’en Afrique. L’exploitation scientifique des
informations y relatives, nous servirons à formuler des recommandations dans le
cas de la RD. Congo.

§1. Quelques informations utiles sur la filière de cacao dans le monde et en


Afrique : quel avenir pour la Cacaoyère de Bengamisa en RD. Congo ?

Il s’observe que le cacao est un produit d’exportation et fait l’objet


d’un intérêt considérable au niveau mondial. Plusieurs acteurs interviennent dans
le domaine du cacao, ainsi que dans la chaine de valeurs qu’il offre à travers la
production, la transformation, la consommation et la commercialisation. Nous
précisons que nous ne faisons pas une étude agronomique sur le cacao.
Néanmoins, la culture de cacao se veut une pratique sociale, elle caresse les
interactions sociales entres des acteurs impliqués, voilà pourquoi, elle doit
intéresser la sociologie. Raison pour laquelle, à ce stade de cette production
scientifique, sous le regard sociologique, nous analysons, l’impact du procès de la
production de cacao dans les interactions humaines.

En effet, selon l’Agence Belge de Développement « Trade for


Development Center », le marché mondial du cacao représente en moyenne 10
milliards de dollars par an.575 Il constitue le troisième marché alimentaire mondial
et entretient l’émergence d’une classe moyenne dans plusieurs pays d’Asie,
d’Amérique Latine et de l’Europe de l’Est.

Selon les statistiques de l’Organisation Internationale du Cacao


(ICCO),576 la demande de cacao et de ses produits dérivés ne cesse d’aller
crescendo. Les perspectives de la filière cacao demeurent d’autant plus favorables
que la demande potentielle et la demande effective sont appelées à croitre. Les
profondes mutations en cours en sont les déterminants. Dans la liste des
facteurs, il y a encore lieu de citer par exemple la montée en puissance de la classe
moyenne partout dans les pays en développement, particulièrement, en Afrique.

575 BCEAO, op - cit, p. 5.


576 Idem, p. 7- 8.
[225]

Décidément, pour répondre à cette demande mondiale sans cesse


croissante, le développement de la culture de cacao continue à prendre de
l’ampleur, notamment en Asie, après l’Afrique où elle est fortement encrée.577
L’UEMOA demeure une organisation importante, qui s’intéresse à la culture de
cacao en Afrique. Sa filière de cacao connait, parfois, des années de succès et des
incertitudes. Cette dernière peut être marquée notamment par la baisse sensible
des revenus perçus par les paysans, le manque d’investissements dans les
plantations ou par la chute des rendements. Au sein de cette organisation, le cacao
est produit dans trois pays, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo.578

La Côte d’Ivoire en est le premier producteur mondial. Sa production


qui ne fait que croitre, représente un peu plus de 32% des parts du marché. La
filière cacao en Côte d’Ivoire contribue pour environ un tiers aux recettes
d’exportation du pays et environ 20% à la formation de la richesse nationale. Près
d’un quart de la population ivoirienne dépend de la culture du cacao. La
sociologie rurale comparée nous fait noter qu’il est donc d’un enjeu stratégique
pour le développement économique et social de ce pays, ainsi qu’un instrument
important dans la lutte contre la pauvreté. Du coté de Togo, les données en notre
procession, selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et
l’Agriculture (FAO), nous permettent d’affirmer que la production y demeure
modeste, avec un volume moyen estimé à environ 100.000 tonnes. Pour ce qui est
du Bénin, les données disponibles indiquent, selon la même source, une
production moyenne de 100 tonnes durant ces dernières années.579

Le regard sociologique sur le marché international du cacao nous fait


noter que la production mondiale du cacao n’a cessé d’augmenter depuis 1960.580
Les informations y relatives peuvent se résumer comme suit : la production est
passée de 1,2 million de tonnes en 1961 à 1, 7 million de tonnes et 5,0 millions de
tonnes respectivement en 1980 et 2012. Cette progression est la conséquence de
l’extension des superficies plantées et dans une moindre mesure, à l’accroissement

577 BCEAO, op- cit, p. 7- 8.


578 Idem.
579.Ibidem

580 BCEAO, op- cit, pp. 5- 6


[226]

des rendements qui sont, en moyenne, passées de 352, 4 kg à 503, 6 kg entre 1980
et 2012, etc., soit une hausse de 43%581 durant ces dernières années.

En outre, nous soulignons que, durant ces dernières décennies, la


géographique de l’offre de cacao connait aussi des bouleversements. L’Amérique
Latine, d’où est originaire la cacaoyère, est passée du stade de premier producteur
avec plus de 80% des quantités mondiales à la fin du 19 siècle, à la troisième
derrière l’Afrique de l’Ouest et l’Asie en 2012. En Afrique de l’Ouest, la
production de cacao est passée d’environ 1.000.000 tonnes à près de 1.400.000
tonnes au cours de la décennie 1980. Elle se situait autour de 3.000.000 tonnes en
2012. Dans les pays d’Asie, la production qui était inférieure à 60.000 tonnes à la
fin des années 1970 a atteint près de 400.000 tonnes à la fin de la décennie
suivante. En 2012, elle a été élevée à environ 100.000 tonnes, etc. En Amérique
Latine, la production est demeurée autour de 450.000 tonnes entre 1980 et 2010.
Elle s’est accélérée au cours de ces dernières années, atteignant une quantité
moyenne de 560.000 tonnes.582

Il y a lieu de clore nos propos sur la filière de cacao dans le monde et


en Afrique en insistant sur le fait que le marché mondial du cacao présente des
tendances prometteuses actuellement. D’ailleurs, nous rappelons que la
production de cacao est le principal pilier du sous-secteur agricole de la Côte
d’Ivoire, par conséquent, revêt une importance stratégique pour l’équilibre
macroéconomique et la stabilité sociale de ce pays.583 Raison est notre de souligner
que la République Démocratique du Congo, avec sa potentialité, et,
particulièrement, avec la CABEN, peut être lister parmi les grands producteurs
mondiaux de cacao, en emboitant le pas des Etats qui sont entrain de forger leur
équilibre social par l’économie cacaoyère.584 Un regard contrefactuel sur la
Cacaoyère de Bengamisa s’avère nécessaire, en vue des perspectives qui peuvent
faire de la cacaoculture la locomotive de la croissance en RD. Congo.585

581 BCEAO, op- cit, pp. 5- 6.


582 A ce sujet, lire utilement, BCEAO, op- cit, p. 8.
583 Idem

584 BCEAO, op- cit, pp 5- 22.

585 Nous tenons ces affirmations des données de focus group et de l’observation (Cfr. la visite guidée des

installations de la Cacaoyère de Bengamisa dans la Tshopo en Avril 2017).


[227]

§2. De la Cacaoyère de Bengamisa, sa production et ses éventuels apports dans


« l’espace Bengamisa » et en RD. CONGO : un regard dialectico-contrefactuel
sur le projet

De prime à bord, il est utile de rappeler que ce paragraphe doit plus


insister sur la situation de la production du projet CABEN, ainsi que sur ses
éventuels apports dans l’espace de son implantation, voire, pour l’ensemble de la
République. En effet, il ressort des données en notre possession que la Cacaoyère
de Bengamisa a fait recours à des variétés UPPER AMAZONNIENNES (UPA),
qui sont à haut rendement : 3. 000Kg de cacao marchand par hectare à la station
de DIVO en Côte d’Ivoire par exemple. Ces variétés sont issues de trois pays
différents : la Côte d’Ivoire (avec UPA 409 X C, UPA 402 X C410, etc., comme
variétés), le Togo (avec UPA Kpalima-Lomé et UPA B110Kpalima, comme
variétés) et la RDC (avec UPA/FD/BULU, comme variété). Ainsi, les rendements
escomptés avec ces variétés évoquées et utilisées par CABEN étaient de 700 à
1.000Kg de cacao marchands par hectare dans le cas d’une bonne tenue des
plantations et de l’ordre de 350 à 550Kg par hectare dans les concessions
paysannes sur jachère et sous ombrage.586

Force est notre, de souligner par les données statistiques fournies à


travers les lignes précedentes et celles de la visité guidée, sans oublier les
informations recceuillies à l’aide de focus group, etc, que le projet CABEN n’a pas
atteint ses objectifs. Il y a lieu, de considérer par exemple les données du tableau
XIV qui affirment l’échec du projet. Nous avons, ici, 75,7% des enquêtés qui
soutiennent que la CABEN est un projet qui a échoué.

Il y a enconre le tableau XV (sur l’opinion des enquêtés sur les


raisons de l’échec de la CABEN, avec 50,3% de la tendance dominante), tableau X
(sur l’opinion des enquêtés l’impact social visible de CABEN dans « l’espace
Bengamisa». 67,7% des enquetés affirment qu’au départ, le projet avait présenté
des signes d’amélioration des conditions du milieu, mais dans la suité, rien ne va),
et, le tableau XVII (sur le point de vue des enquetés autour des projets que la
Tshopo a connus. 54,7% des enquetés confirment ques ces différents projets de

586 Le rapport d’évaluation projet CABEN de 19979, cité par P. IYEFA WESSA, op- cit, p. 55.
[228]

développement rural que la Tshopo a connus, depossèdent la population de ses


terres et ne font qu’enrichir leurs porteurs et gestionnaires, etc..), etc..

L’ensemble de toutes ces données évoquées, nous font affirmer l’une


de nos hypothèses : « la pratique des projets de développement rural serait l’un
des outils utile à la disposition des acteurs socio-politico-étatiques pour la
transformation, non seulement de l’espace rural congolais, mais, aussi et surtout,
de l’ensemble de l’espace national. Cependant, ces projets fonctionnent souvent
comme toute entreprise capitaliste,587 basés sur la logique capitaliste ou
marginaliste,588 c’est-à-dire la liberté de propriété individuelle étant la règle, ils
s’intéresseraient plus à la recherche du profit de l’investisseur.589 Ainsi, « dans la
pratique, ces projets de développement rural passeraient pour être de mécanisme
d’expropriation et/ou de paupérisation de la population congolaise, en général, de
sa population rurale, en particulier ».590

Dans le cas particulier de projet CABEN, il nous semble utile de


rappeler les données des tableaux, XII (relatif avec la gestion de la production par
les différents Comités de Gestion). 63,6% de nos enquêtés retiennent l’insouciance
des gestionnaires de la CABEN et des autorités de tutelle à la situation sociales
des employés du projet. Ils soulignent en plus qu’après la vente de cacaos,
souvent, les membres du Comité de Gestion, se partagent seul le produit de la
vente des cacaos sans penser à l’entreprise et aux travailleurs. Le tableau XIII (sur
les rapports entre le gouvernement et la CABEN. Si 28% de nos enquêtés
soutiennent que les membres du gouvernement, souvent, s’arrangent avec les
Comités de Gestion pour détourner les fonds du projet, il y a 26% qui affirment
que le gouvernement ne subventionne pas le projet et 25,3% pensent que le

587 MABI MULUMBA, « Justice internationale et économie du marché – rôle des Institutions de Bretton
Woods », cité par L. LOMBEYA BOSONGO, dans « Le politique et l’intellectuel africain », Conférence
donnée dans le cadre de l’Institut International Africain, Janvier 2009, p. 26.
588 MOKONDA BONZA, Thèse déjà-citée, pp. 5-6.

589 J.- YVES, CAPUL, &, O., GARNIER, Dictionnaire d’Economie et de Sciences sociales, Paris, Eds. Hatier,

2011, pp.34- 35.


590 Ces hypothèses ont été affirmées par nous dans : W. BOLIMA BOLITSI, « Logique marginaliste et

projets de developpement rural en République Démocrtique du Congo. Regard sociologique sur une base
d’action capitalistique de la paupérisation des masses rurales », dans MES n°101 d’Octobre-Décembre,
Kinshasa-RDC, 2017, PP.27-’47, ensuite dans: W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural,
logique capitaliste et la dynamique de la pauvreté en République Démocratique du Congo, … », Article
déjà-cité, pp.112- 117.
[229]

gouvernement étouffe le projet en mettant les politiciens à la tête de celui-ci, etc.),


et, le tableau XVII (en rapport avec tous les autres projets que la Tshopo a connus),
54,7% des enquêtés considèrent tous ces projets comme outil de paupérisation des
masses rurales, etc.), etc. Ainsi se confirment les autres hypothèses de cette étude.

Certes, il y a lieu de reconnaître par ces affirmations que


l’accélération de la production des projets de développement rural en République
Démocratique du Congo procède plus des enjeux politico - financiers.591 Ils
tiennent plus compte des intérêts des bailleurs de fonds et/ou des porteurs de ces
projets, ainsi que certains « politiques prédateurs »,592 impliqués dans la gestion.

En effet, nous soulignons par nos enquêtes sur terrain, résumées à


travers les données statistiques évoquées ci-dessus, lesquelles données font l’objet
de l’interprétation et de l’analyse contrefactuelle dans les lignent qui suivent, que
tous ces projets, vus sous l’angle micro-économique, se présentent comme un
investissement. A cet effet, ils fonctionnent, souvent, comme toute micro-
entreprise capitaliste.593 Basés sur la logique marginaliste, c’est-à-dire, la liberté de
propriété individuelle étant la règle, ils s’intéresseraient plus à la recherche du
profit de l’investisseur.594 Voilà pourquoi, dans la pratique (Cfr. le tableau XVII),
par leur financiarisation, la pratique des projets de développement rural, en RD.
Congo, passe pour un mécanisme d’expropriation et/ou de paupérisation de la
population congolaise.595

La sociologie596 souligne, néanmoins, qu’en dépit des difficultés


qu’elle connait, le fonctionnement de la CABEN est assuré par quelques moyens
de bord qu’elle dispose, et le projet assure quand même une production en termes
de tonnes.597 Toutefois, les questions suivantes peuvent être soulevées : _ quelle

591 L. NTUAREMBA ONFRE, Le développement endogène : données pour une nouvelle orientation théorique,
Kinshasa-RDC, Eds. Universitaires Africaines, 1999, p. 14.
592 A ce sujet, lire utilement, MABI MULUMBA, Les dérives d’une gestion prédatrice, CPR-Kinshasa, passim.

593 MABI MULUMBA, « Justice internationale et économie du marché – rôle des Institutions de Bretton

Woods », cité par L. LOMBEYA BOSONGO, in « Le politique et l’intellectuel africain », Conférence donnée
dans le cadre de l’Institut International Africain, Janvier 2009, p. 26.
594 J.- YVES, CAPUL, &, O., GARNIER, Dictionnaire d’Economie et de Sciences sociales, Paris, Eds. Hatier, 2011,

pp. 34-35.
595 Ces affirmations découlent, aussi bien des données du « focus group » réalisé à cet effet, et, de la « visité

guidée » sur les installations de la CABEN.


596 La sociologie se rapporte ici aux techniques utilisées par nous dans la collecte des données. Nous citons :

le questionnaire, la documentation, le focus group, etc.


597 Cfr. les données du « focus group », déjà évoquées ci-haut.
[230]

est, à ce jour, la production réelle de cacao de la CABEN en tonnes ? _ quelle


pourrait être sa production par rapport à sa capacité installée ?, quel est le sort à
reserver pour ce projet par rapport aux données sur le cacao au plan mondial ?,
etc.

A coup sûr, il y a lieu de rassurer que, des réponses à ces


interrogations peuvent être fournies par l’exploitation des données du tableau
qui suit. Ce tableau résume la production de la Cacaoyère de Bengamisa en termes
de tonnages. Il prend en compte l’étendue actuelle de ses plantations : Bloc
Industriel : 443 ha sur 470ha prévus (soit 94% de réalisation) et Bloc Familial : 686
ha sur 515ha prévus (soit 133% de réalisation), soit en total 1.129 ha de plantations
sur 985 prévus. Ces données concernent la période qui va de 2007 à 2016, soit,
environ dix années. Elles font l’objet d’une « analyse contrefactuelle »,598 soutenue
par des éstimations, et, lesquelles estimations contrefactuelles, nous permettent
d’esquisser des récommandations pour le redressement du projet CABEN.

Tableau XIX : Evolution de la production des cacaos marchands de la CABEN


exprimée en tonnes (de 2007 à 2016).

ANNEE 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 TOTAL

BLOCS

B.I 4,8 7,09 10,0 8,0 12,7 4,5 6,0 5,13 6,0 3,68 67,9

B.F 11,5 19,91 23 20,0 25,0 20,0 21 23,0 25,0 100,0 288,41

TOTAL 16,3 27 33 28 37,7 24,5 27,0 28,13 31,0 103,68 356,31

Source : Ce tableau est conçu à partir des données reçues par nous au sein de
l’Administration Centrale de la CABEN, à Kisangani, en Avril 2017. Les sources
sont pareilles pour les quatre autres tableaux qui suivent, en rapport avec la
production de la CABEN.

La lecture de ce tableau nous offre la production de cacao marchand


par la CABEN à travers ses deux structures organisationnelles en la matière. Il
s’agit du Bloc Industriel (BI) et du Bloc Familial (BF). Décidemment, avec ces

598En ce qui concerne l’analyse contrefactuelle c, lire utilement, QUENTIN DELUERMOZ & Pierre
SINGARAVELOU, op- cit, p. 2.
[231]

éléments, nous sommes d’avis que la Cacaoyère de Bengamisa produit encore des
cacaos marchands chaque année. En outre, nous sommes convaincu que le projet
laisse entrevoir des lendemains prometteurs, pourvu que sa gestion soit
rationnelle. Le graphique qui suit en assure la visualisation des données étalées à
travers le tableau ci-dessus.

120
100
100

80

60 B.I
B.F
40
23 25 23 25
19,91 20 20
20 11,5 10 12,7
4,8 7,09 8 4,5 6 5,13 6 3,68
0
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Figure 17. La variation de la production des cacaos marchands de la CABEN de


2007 à 2016, exprimée en tonnes.

Source : Cfr. Les données de tableau XIX.

Tableau XX : La variation de la production des cacaos marchands de la CABEN


de 2007 à 2016, exprimée en pourcentage.

ANNEE 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 TOTAL

BLOCS
B.I 29,4 21,4 31,13 27,4 36,9 -3,6 11 2,8 8,2 -1,3 11,8
B.F 70,6 78,6 68,86 72,6 63,1 103,6 89 97,2 91,8 101,3 88,2
TOTAL 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

Commentaires : les données que nous présente ce tableau renseignent que la


production de la CABEN varie d’une année à une autre. Plusieurs déterminations
[232]

sont à retenir en ce qui concerne la précarité de la production des cacaos


marchands par le projet CABEN.

Certes, depuis 2007 à 2016, en dépit des différentes variations


connues, il ressort de ces données de terrain comme le tableau ci-haut le prouve
que, c’est toujours le Bloc Familial qui produit plus que le Bloc Industriel. Il
s’observe que dans aucune année, la production du Bloc Industriel est allée au-
delà de la moyenne. La comparaison entre les parts du Bloc Familial et Bloc
Industriel arrive à la conclusion selon laquelle, pour les dix années prises en
compte par cette étude, c’est la part du Bloc Familial qui demeure plus
considérable. Il est utile de souligner que, généralement, les planteurs
indépendants, qui forment ce Bloc considèrent leurs cabosses qu’ils vendent à la
CABEN comme de la marchandise. Ceci constitue ainsi un facteur de plus pour
qu’ils s’adonnent à la production que les travailleurs, engagés et salariés de la
CABEN. En considérant par exemple le total général des parts de ces deux blocs,
sur les 100% de la production, le Bloc Familial apporte 88,2%, alors que, le Bloc
Industriel n’apporte que 11,8%.

Sans pour autant contredire ce qui a déjà été évoqué dans les lignes
précédentes, partant des informations en notre pocession599, grâce au focus group, il
y a lieu de les résumer en ces termes :

− l’absence de la bonne volonté de la part des dirigeants politiques, doublée


de leur insouciance à la situation sociale de la population congolaise, en
général, qui se matérialise par l’absence d’une prise en charge de la Cacaoyère
de Bengamisa par l’Etat congolais. Précisément, l’absence des subventions, du
suivi de la gestion et du contrôle de son patrimoine, dans l’intérêt des tous les
acteurs impliqués dans le procès de la production des cacaos marchands ;

− la mauvaise gestion de la part des différents Comités de Gestion que le


projet a connu et leur avarice. Ces derniers, généralement, gèrent le projet
comme leur « entreprise familiale » au détriment des intérêts des ouvriers et
de la population locale. Cela, parfois, en complicité avec les autorités
gouvernementales. A cet effet, il s’observe, non seulement, la désertion de

599 R. MBAYA MUDIMBA, « Cahier du cride », article déjà cité, pp. 39- 57.
[233]

plusieurs travailleurs, mais, aussi et surtout, la réticence des bailleurs de fonds


qui ne sont plus prêts à financer le projet. Pour leur survie, la plupart des
travailleurs (impliqués à la récolte des cabosses) s’organisent pour vendre des
cacaos marchands aux « acheteurs clandestins ». Ces derniers les revendent
aux hommes d’affaires des pays voisins : Rwanda et Ouganda,
principalement.600
− à cela, s’ajoute la situation politico-sécuritaire du pays qui provoque, de
temps à temps, des déplacements des populations. Ces déplacements
concernent aussi bien les travailleurs de la CABEN. Le graphique qui suit en
assure la visualisation.601

Graphique n°1. La variation de la production des cacaos marchands de la


CABEN de 2007 à 2016, exprimée en pourcentage.

120

100

80

60

40

20

0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 TOTAL
-20

BLOC B.I B.F TOTAL

Source : Cfr. Les données du tableau XX.

600 Les informations récceuillies par nous lors de notre passage dans l’ « espace Bengamisa ». Cfr. le focus
group.
601 Idem. Ces déclarations répétées, ont été enregistées par nous, partout où nous sommes passé avec le

focus group.
[234]

Tableau XXI : Evolution des recettes réalisées de la vente des cacaos marchands au
niveau de Kisangani par la CABEN (de 2007 à 2016 en $ USD/TONNE).

ANNEE 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Cacaos marchands 16,3 27 33 28 37,7 24,5 27,0 28,13 31,0 103,68


produits (en tonnes)
Prix de Par kg 1, 3 1, 3 1, 3 1, 3 1,5 1,5 1,5 1,5 1,8 1,8
vente au Par 1300 1300 1300 1300 1500 1500 1500 1500 1800 1800
niveau de tonne
Kisangani
Recettes réalisées en 21190 35100 42900 36400 56550 36750 40500 42195 55800 186624
USD/Tonnes
Source : Cfr. Les données des tableaux XIX, etc.

Commentaires : Le tableau ci-haut indique l’évolution du prix de cacao par kilos,


et telque converti en tonne au niveau Kisangani de 2007 à 2016. Il montre que ce
dernier stagne presque. Les acheteurs à ce niveau local font que le prix
n’augmente pas assez pour qu’eux gagnent plus en revendant. L’évolution des
recettes réalisées par la CABEN chaque année, tout au long de la péroide prise en
compte par cette étude, s’obtient par la multiplication du nombre de tonnes de
l’année et le prix de la tonne de l’année considérée. Ainsi, le projet, non seulement,
perd pédant les récoltes, mais, aussi et surtout, en vendant son cacao à un prix
bas sur place à Kisangani. Voilà pourquoi, il est important que l’Etat congolais
intervienne, en vue de protéger le projet face à tous ces mécanismes de prédation.
Le graphique qui suit en assure la visualisation.
[235]

Graphique n°2. La variation des recettes réalisées par la CABEN avec la vente
des cacaos marchands au niveau de Kisangani (de 2007 à 2016 en $
USD/TONNE)

200000
180000 Cacaos marchands produits (en
160000 tonnes)
Prix de vente au niveau de
140000
Kisangani en USD/Tonnes
120000 Recettes réalisées en
100000 USD/Tonnes

80000
60000
40000
20000
0
2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

Source : Cfr. Les données du tableau XXI.

Un regard curieux sur des prix de cacao au niveau mondial peut nous
permettre à avoir une idée sur ce que le projet CABEN gagnerait en vendant sa
production à cet échellon. Les recettes, ainsi réalisées, pouraient avoir de l’incidence
promettrice, non seulement sur la plantation qu’il faut étendre et sur les outils de
production qui exigent le renouvelement, mais aussi, sur la production, elle-même, sans
oublier la situation sociale des travailleurs, etc. Le tableau ci-dessous nous en donne
l’évolution de 2008 à 2017.

Tableau n° XXII : Evolution des prix des cacaos au niveau du marché mondial (de 2008
à 2017 en $ USD/Tonne)

ANNEE 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Ouverture 1 478,00 1 520,00 1 530,00 1 550,00 1 562,00 1 580,00 1 584,00 1 535,00 1 548,00 1590,00
Clôture 1 516,00 1 529,00 1 554,00 1 558,00 1 579,00 1 593,00 1 533,00 1 547,00 1 583,00 1 580,00

Source : Ce tableau est fait par nous à partir des données reçues du Syndicat du
chocalat, VFC Rélation publique – Sophie Ionasci - 0147578562.
[236]

Commentaires : Les données de ce tableau nous renseignent que les prix de cacao
ne demeurent pas stables. Ils varient d’une année à une autre, voire même au
cours d’une année. Le prix de cacao, à l’ouverture de l’année peut être à la hausse
et à la baisse à la cloture, ou, inverssement. La variation de prix de cacao au
marché mondial determine la production à tout moment. Le graphique qui suit en
assure la visualisation.

Graphique n° 3. Evolution des prix des cacaos au niveau du marché mondial (de
2008 à 2017.

1620

1600 1593 1590


1579 1584 1583
1580 1580 1580
1558 1562
1560 1554
1550 1547 1548
1540 1533
1529 1530 1535
1520 Ouverture
1516 1520
1500 Clôture
1478
1480

1460

1440

1420
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Source : Cfr. Les données du tableau XXII.

Tableau XXIII: Evolution des recettes estimées de la CABEN de la vente des cacaos
marchands au niveau mondial (de 2008 à 2016 en $ USD/ Tonne).
ANNEE 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 TOTAL
Cacaos 27 33 28 37,7 24,5 27,0 28,13 31,0 103,68 356,31
marchands
produits (en
tonnes)
Prix de vente au 1 516,00 1 529,00 1 554,00 1 558,00 1 579,00 1 593,00 1 533,00 1 547,00 1 583,00 13 992
niveau mondial

Recettes estimées 40 932 50 457 43 512 58 736,6 38 685,5 43 011 43123,29 47 957 160 4 985
en USD par la 392,96 489,52
vente de cacao au
niveau mondial

Sources : Cfr. Les données des tableaux XIX et XXII.


[237]

Commentaires : Le tableau ci-haut, nous offre des données sur les recettes
estimées que réaliserait la CABEN par la vente de son cacao au niveau mondial.
Le graphique qui suit, sert de la visualisation. Nous avons considéré les prix à la
cloture de chaque année.

Graphique n°4. Evolution des recettes estimées de la CABEN par la vente des cacaos
marchands au niveau mondial (de 2008 à 2016, $ USD/ Tonne).

180 000

160 000 160 392,96


140 000

120 000

100 000 Recettes estimées en USD par


80 000 la vente de cacao au niveau
mondial
60 000 58 736,60
50 457 47 957
40 000 40 932 43 512 43 01143123,29
38 685,50
20 000

0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Source : Cfr. Les données du tableau XXIII

Tableau XXIV: Comparaison entre des recettes de la vente au niveau local (de
Kisangani) avec celles du niveau mondial
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
ANNEE

Cacaos marchands 27 33 28 37,7 24,5 27,0 28,13 31,0 103,68


produits (en tonnes)
Recettes estimées 40 932 50 457 43 512 58 736,6 38 685,5 43 011 43123,29 47 957 160 392,96
en USD par la vente
de cacao au niveau
mondial
21190 35100 42900 36400 56550 36750 40500 42195 55800
Recettes réalisées
par la vente niveau
local en USD
L’ecart (qui indique 19742 15357 612 22336,6 - 6261 2623,29 5762 104492,96
le manque à gagner) 17864,5

Sources : Cfr. Les données des tableaux XIX, XXI et du tableau XXIII.
[238]

Commentaires : Le tableau ci-haut offre des informations résumées à la fois, des


recettes réalisées :

- au niveau local de Kisangani ;


- au niveau du marché mondial (éstimations) ;
- L’ecart entre les deux niveaux de chaque année, présente le manque à
gagner connu par le projet.

Certes, il ressort de ces estimations que pour chacune de ces années, l’écart entre
ce que CABEN gagne par la vente des cacaos au niveau local et ce qu’elle
gagnerait par la vente de la même quantité mais au niveau mondial, (sauf en 2012)
est criant (Cfr. Le tableau XXIV). Le graphique qui suit, sert de la visualisation.

Graphique n°5. Evolution de l’écart entre les recettes de la CABEN de la vente de cacos
au niveau local (de Kisangani) avec celles estimées du niveau mondial (de
2008 à 2016, en USD/ Tonne).

180000

160000

140000 Cacaos marchands produits (en


tonnes)
120000

100000 Recettes estimées en USD par la


vente de cacao au niveau
80000 mondial
60000 Recettes réalisées par la vente
niveau local en USD
40000

20000 L’ecart (qui indique le manque à


gagner)
0
2014
2008

2009

2010

2011

2012

2013

2015

2016

-20000

-40000

Sources : Cfr. Les données du tableau XXIV.

Ainsi se présente l’état de lieu de la production de cacao de la CABEN


et toutes ses incidences sur le projet lui même, sur l’« espace Bengamisa », et, sur
le devenir historique de la nation congolaise. La question ultime que nous nous
posons, demeure : que faire pour le redressement de la Cacaoyère de Bengamisa et
[239]

rendre ainsi porteuse la filière de cacao en République Démocratique du Congo ?


Ces différentes questions trouvent leurs réponses dans les lignes qui suivent.

SECTION III : BILAN DE L’ENQUETE SUR LA CABEN ET PERSPECTIVES


POUR LA PROMOTION DE L’ECONOMIE CACAOYERE
DURABLE EN RD. CONGO

INTRODUCTION

Cette section expose quelques constats retenus à la suite de notre


enquête sur le projet sous-étude, ainsi que des perspectives en faveur d’une
économie cacaoyère durable en République Démocratique du Congo.

§1. Bilan de l’enquête sur la CABEN, considerée comme une micro-entreprise de


production des cacaos marchands

Le regard dialectico-contrefactuel sur le projet CABEN, tel que soutenu


par le focus group et l’observation (avec la visité guidée), nous fait retenir les
constats suivants :

- l’« espace Bengamisa », avec son sol argilo-sablonneux et son regime fontier
encore d’application, doublé de l’enthousiasme de la population locale, se veut
un milieu favorable à la culture de cacao ;
- la CABEN, en dépit du viellissement de ses plantations, assure encore une
production de cacaos marchands chaque année et présente, tant bien que mal,
quelques réalisations. Certes, celles-ci ne reflètent pas la valeur du projet par
rapport à sa capacité installée, mais nous sommes, grâce aux résultats de
l’analyse contrefactuelle, convaincu que le projet laisse entrevoir des lendemains
prometteurs, pourvu que sa gestion soit rationnel ;
- plusieurs causes sont à la base des problèmes que connait ce projet, en dépit de
la grandeur de sa plantation. Il s’agit entre autres : des données politico-
sécuritaires, économico-financières et de la problématique de la gouvernance,
etc. Sur le plan politique, il nous revient de rappaler qu’au départ déjà, Monsieur
Mobutu Sese Seko, Président de la République du Zaïre, devait satisfaire son
homologue Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire. Ce dernier lui proposa que le
Zaïre de Mobutu exploite les minerais, en laissant la cacao-culture à son pays.602

602 Les données recueillies par nous lors de notre passage à la CABEN. Cfr. Le focus groug
[240]

Avec ce désengagement de l’Exécutif congolais de l’époque, dialectiquement,603


les bailleurs de fonds se sont découragés et retirés jusqu’à ce jour. A cela s’ajoute
l’instabilité politique que connait le Congo- Kinshasa depuis l’entrée de
l’AFDL,604 avec l’insécurité à répétition à travers le pays, etc., qui entraînèrent des
conséquences socio-économiques de toutes sortes. Sur le plan économique, il y a
lieu de soulever le fait de la logique capitaliste 605 ou marginaliste qui tracte les
projets de développement rural en RD. Congo. Il a déjà été fait remarqué que,
prônant « la recherche des intérêts à tout prix »,606 la logique capitaliste caresse
leur financiarisation avec comme conséquence, la paupérisation des masses
rurales. La CABEN n’est pas épargnée de méfaits de cette logique, y compris la
mégestion des différents comités de gestion qui se sont succédé à la tête de ce
projet et l’insouciance des opérateurs économico-étatiques congolais qui
peuvent aussi être retenue comme d’autrescauses, etc.

Tous ces éléments ci-haut évoqués, entretient, non seulement, la


désertion de plusieurs travailleurs, mais, aussi et surtout, la réticence des bailleurs
de fonds qui ne sont plus prêts à financer le projet CABEN.607 En outre, il s’avère
que la logique capitaliste qui tracte et caresse la financiarisation des projets de
développement rural en République Démocratique du Congo en faveur « des
bailleurs de fonds et/ou des porteurs des projets de développement », ainsi que
leurs gestionnaires, se veut criminogène et/ou conflictogène.608 Celle- ci entretient
des tensions et devient l’un des facteurs de conflits sociaux entre des acteurs
impliqués dans la production des cacaos marchands au sein de la Cacaoyère de
Bengamisa. Ces tensions et conflits se remarquent à triple niveaux, que voici : au
niveau individuel de chaque employé de la CABEN, au niveau des travailleurs
du projet, entre eux, et, avec les personnels d’autres structures de ce genre, ainsi

603 C’est-à-dire, par rapport aux principes dialectiques de la connexion universelle des faits et de la lutte
des contraires.
604 L’AFDL, pour dire : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo de LD.
KABILA.
605 JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 3- 9.

606 F. MOKONDA BONZA, op- cit, pp. 5- 6 et aussi, J- YVES, CAPUL, et O., GRNIER, Dictionnaire
d’Economie et des Sciences sociales, Eds. Hatier, Paris, 2011, pp. 34- 35.
607 Données de terrain.

608 Criminogène renvoie à tout ce qui comporte des germes de crimes. A ce sujet, lire utilement,

IDJUMBUIR ASSOP, Criminologie (1995- 1996), citéé par W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de réveil comme
nouvelle forme de sécurité sociale…, Mémoire de D.E.S en Sociologie, SSPA, UNIKIN, 2013, p. 121.
[241]

qu’au niveau de la CABEN, pris pour un projet de développement agricole face à


la fonction émancipatrice des projets de développement.

1. Au niveau individuel de chaque employé de projet de la CABEN

Comme nous l’avons déjà démontré, l’employé de la CABEN n’est


pas qu’un simple ouvrier à manipuler à tout gré, etc. Certes, comme toute être
humain, il garde ses aspects biologiques, socioculturels et mêmes psychologiques.
Toutes ses dimensions attendent être sécurisées. Tel est le cas du besoin d’être
soutenu ou pris en charge par son groupe, celui-ci étant considéré comme sa
seconde famille. Ce besoin qui est exprimé par tout le monde, rélève de la
dimension socio-culturo-psychologique de l’homme. Voilà pourqoi la sociologie
du travail nous convaint de soutenir que la recherche d’emploi par quiconque le
fait, ne relève pas, uniquement, de l’économique, mais, aussi, et surtout, de besoin
de la sécurité sociale,609 c’est-à-dire, de la dimension psycho-sociale de l’homme.
L’employé (salarié de la CABEN) participe à la production des cacaos, qui, tant
bien que mal, apportent des «devises» au projet. Face aux risques et problèmes
sociaux, puisque n’étant pas pris en compte dans la répartition du fruit de cette
production, l’employé frustré, développe plusieurs attitudes et/ou
comportements. Ils peuvent, parfois, être, mêmes, contraires aux attentes de celui-
ci. Ces comportements et/ou attitudes nés de ces frustrations, créent en lui une
situation de conflit en soi, que les psycholoques qualifient d’«approche et
évitement », qui peut, dialectiquement, determiner sa participation au processus
de production dans la suite.

2. Au niveau des travailleurs de la CABEN entre eux, et, avec les


personnels d’autres « structures de même nature »

A ce stade de notre reflexion, le projet CABEN se présente comme


l’élément perturbateur de la société où il se retrouve. Il entretient des tensions et
des conflits entre ses employés, et, entre ceux-ci avec les membres d’autres
communautés en place dans l’« espace Bengamisa ». Le projet CABEN, par la
production et la vente des cacaos marchands, se veut une organisation génératrice

609 W. BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale. Regard sociologique sur
l’expérience de la communauté Armée de l’Eternel à Kinshasa, Mémoire de D.E.S en Sociologie, Unikin, 2013,
pp. 118- 122.
[242]

des capitaux. Pour ce faire, la Cacaoyère de Bengamisa devrait rassurer à ses


employés, non seulement, une bonne rémunération, mais, aussi, et surtout, tous
les autres besoins (de transport, de logement, de sécurité, de formation, de loisir,
etc.). Comme cela n’est pas le cas au sein de ce projet de développement agricole,
prise pour une micro-entreprise de production, expose ses employés qui
cohabitent avec d’autres membres d’« autres organisations » à « des
compétitions » sous plusieurs formes. De ce fait, cette cohabitation des groupes
aux revenus disparates, devient, du point de vue de la sociologie de conflits un
catalyseur des disputes, et, partant, source des tensions sociales entre des amis,
familles, etc.

3. Au niveau de la CABEN, pris pour un projet de développement


agricole face à la fonction émancipatrice des projets de
développement rural par essence et le devenir historique de la nation
congolaise

« Le projet de développement rural» est par essence vertueuse, il


poursuit l’émancipation des masses rurales comme finalité. Cependant, tractés
par la logique capitaliste qui impose leur financiarisation,610 la sociologie611 fait
remarquer la dimension destructrice, parfois, de ces projets, dits de
développement. Tel est le cas de la Cacaoyère de Bengamisa, qui s’est fixée pour
l’objectif majeur : « la rentabilisation des potentielles agricoles en vue d’une
élévation globale des milieux ruraux congolais. Mais, selon les données de nos
enquêtes,612 la CABEN, projet agricole, logé dans la Province de la Tshopo, se fait
passer pour un instrument de prédation au service de ses gestionnaires. 63, 6% de
nos enquêtés dénonce l’insouciance des gestionnaires et des autorités de tutelle à
la situation sociale des employés, etc, du projet. (Ils affirment que, souvent, les
membres de Comité de Gestion du projet se partagent le gain de la vente de
cacaos sans penser à l’entreprise et aux travailleurs. Cfr. Tableau XII). De même,
les 75,7% du tableau XIV, 50,3% du tableau XV et 54,7% du tableau XVII, etc.,
(exprimés, respectivement, sur l’opinion des enquetés sur la réussite ou l’échec de CABEN,

610 A ce sujet lire utilement, JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 1- 23.
611 A KABA KABA- MIKA, op- cit passim.
612 Cfr. les tableaux n°XIV et XV, etc., respectivement, sur l’opinion des enquetés sur la réussite ou l’échec

de CABEN et sur le point de vue des enquetés sur les raisons de l’échec, en rapport avec les données de
terrain.
[243]

sur le point de vue des enquêtés sur les raisons de l’échec de la CABEN et sur le point de
vue des enquêtés autour des projets que la Tshopo a connus), confirment nos propos à
ce sujet.

Point n’est besoin de rappeler que, « la rareté de prestige » et « la


rareté de pouvoir », doublées de « l’absence de la démocratisation à l’abondance »,
ont été à tout moment de l’histoire, et partout, des sources des tensions, des
contradictions et des conflits,613 avec toutes les conséquences possibles. Il suffit de
repasser en revue ce qui a été dit à propos de la rédistribution des revenus de la
vente des cacaos produits par le projet sous-étude et toutes les conséquences
nefastes sur la situation sociale des travailleurs, sans oublier l’incapacité de celui-
ci de transformer son milieu d’acceuil, etc., pour s’en rendre compte. Voilà
pourquoi nous trouvons qu’il faut sortir des certitudes dans lesquelles nous
avions dans nos esprits. Les projets de développement (rural) sont, certes,
émancipateurs par essence, mais, une fois contaminés de l’intérieur par le
capitalisme déréglé, ils déviennent des canaux d’exploitation et de paupérisation
des populations rurales, et, partant, perturbateurs des milieux de leur
implantation.

Il sied de rappeler « le caractère porteur de la cacaoculture durable à


travers le monde ».614 Voilà pourquoi, nous devons nous poser la question que
voici : que faire de la Cacaoyère de Bengamisa et de la cacaoculture en République
Démocratique du Congo ? La réponse à cette interrogation esquisse des
perspectives, en nous réfèrant à ce qui se fait dans d’autres pays par rapport à la
culture de cacao. Nous citons par exemple la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Benin,
l’Equateur, le Pérou, le Brésil (Amérique latine) et l’Haïti, etc.615

Il y a des analyses qui estiment qu’au cours de ces dernières années,


la demande de cacao augmentera de 30%.616 « Nous retenons principalement la
demande asiatique et celle des pays de l’Europe de l’Est, comme la poussée.
Certes, la poudre de cacao prisée par les nouveaux consommateurs devrait

613 A ce sujet, lire utilement, LOMBEYA BOSONGO LIKUND’ELIO, Etat et système socio-économique, cité par
W., BOLIMA BOLITSI, Les Eglises de réveil comme nouvelle forme de sécurité sociale. Regard sociologique sur
l’expérience de la communauté Armée de l’Eternel à Kinshasa, Mémoire de D.E.S en Sociologie, déjà-cité, p. 47.
614 B CEAO, op- cit, pp. 5- 15.

615 Idem

616 BCEAO, op - cit, pp. 19- 20.


[244]

gagner en importance dans les échanges portant sur le cacao. Cette situation est
d’autant plus importante pour l’avenir du marché de cacao que les grands centres
de consommation vont se déplacer progressivement de l’Occident vers l’Asie et la
CEI. Ce mouvement sera favorisé et amplifié par l’avantage comparatif des pays
émergents dont la démographie se caractérise non seulement par sa vitalité,
comparée à la population européenne vieillissante, mais aussi par la formation
d’une classe moyenne appelée à se renforcer au fil des années. A coup sûr, avec
cette tendance actuelle de l’accroissement de la production, il est prévu à moyen
terme un déficit de production des feves de 1million de tonnes ».617

Nous soulignons que « cette demande pontentielle laisse donc


augurer, à tous égard, de bonnes perspectives pour les pays producteurs,
l’UEMOA, en particulier. La République Démocratique du Congo doit se saisir de
cette opportunité de conquête des devises qui lui est offorte par le marché
mondial de cacao et d’en faire un secteur de croissance. Surtout qu’elle a un
enorme espace pour la culture de cacao plusque la Côte d’Ivoire, qui est classée
prémière productrice mondiale jusque là. Certes, la RD. Congo, avec la fertilité de
son sol et des espaces fonciers encore disponibles pour la cacaoculture, doit suivre
l’exemple de l’UEMOA, particulièrement, de la Côte d’Ivoire, où « la culture de
cacao représente entre 15% et 20% du PIB. Celle-ci emploie près de 600 000
planteurs et fait vivre près du quart de la population, soit environ 6 millions de
personnes. Il nous revient, ici, l’obligation de reconnaître que la filiere de cacao est
le pricinpal pilier de l’économie ivoirienne. Raison pour laquelle le
Gouvernement Ivoirien intervient à tout prix pour soutenir le secteur.

En effet, la cacaoculture en République Démocratique du Congo et le


redressement de la CABEN s’avèrent, non seulement, une nécéssité, mais, aussi et
surtout, une opportunité. Une étude encore d’actualité conduite sur les
changements climatiques en Haïti a révélé qu’à partir de 2020 la température
augmentera de 0,90C et à l’horizon de 2050 de 1,80C. Cette augmentation de la
température va affecter négativement le développement de certains systèmes de
cultures comme le café tandis que ce changement pourrait par contre s’avérer
plus favorable pour les cacaoyers.618 De par le potentiel agroécologique du pays, et

617 BCEAO, op - cit, p. 20.


618 WWWayikita. Org/ht/Wp- Content/ Uploade : 22014/01/Le % 20cacao.pdt
[245]

les atouts que la CABEN rencontre dans l’« espace Bengamisa »,619 nous sommes
d’avis qu’il est possible de multiplier sa production actuelle. Ceci favoriserait
une augmentation du revenu des travailleurs, employés au sein du projet, ainsi
que pour des planteurs indépendants. A cela s’ajoute des impacts sociaux et
environnementaux importants.
Pour y parvenir, il est urgent d’envisager des fortes innovations et
réformes en vue de rendre plus performant le système cacaoyer de la RD. Congo.
Il faut rendre moins nuisible, la logique d’action capitaliste qui tracte ces projets
de développement rural à travers le pays, et, booster ainsi, de manière
particulière, la production de la Cacaoyère de Bengamisa dans la Province de la
Tshopo. Les principales actions à entreprendre, doivent concerner d’abord la
logique capitaliste ou marginaliste qui tracte les projets de développement rural
en RD. Congo, puis, esquisser les mécanismes de la promotion de la cacaoculture
à travers la République, de manière générale, et, enfin, proposer des pistes de
solutions utiles à la relance de la Cacaoyère de Bengamisa.

§2. Quelques actions et/ou réformes à entreprendre, en termes de perspectives, en


vue de la relance de la Cacaoyère de Bengamisa et d’une économie cacaoyère
durable en République Démocratique du Congo

Il sied de souligner que, pour arriver à faire de la CABEN « le cœur »


de l’économie cacaoyère durable en RD. Congo, il faut envisager des réformes et
des actions dans cette filière. Il s’agit entre autres, des actions en rapport avec la
logique d’action capitaliste en vue d’attenuer sa nuisance, puis, celles en rapport
avec la promotion de la cacaoculture à travers la République. Certes, toutes ces
actions doivent être soutenues par des réformes qui concourent à la relance de la
Cacaoyère de Bengamisa dans la Province de la Tshopo.

2.2.1. Les actions par rapport aux défis soulevés par la logique capitaliste qui
tracte les projets de développement rural en RD. Congo

Point n’est besoin de rappeler que les projets de développement rural


sont « émancipateurs » par essence. Cependant, nos enquêtes ont revelé que,
étant tractés par la logique capitaliste620 ou marginaliste,621 ces projets se

619 CAID/Province de la Tshopo/Territoire de Banalia/Fiche du territoire, septembre 2016, pp. 1- 2.


620 A ce sujet, lire utilement, JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 1- 23.
[246]

manifestent sous-développants. Dans un procès de production, avec la logique


capitaliste, la division sociale de travail est fonction des rapports entre les
acteurs face aux facteurs de production. Ainsi, il s’en suit que les propriétaires des
biens de production puissent s’accaparer du surplus de la production. La
financialisation des projets de développement rural comme règle de gestion, les
font éloigner de leur mission émancipatrice naturelle. Par l’enrichissement de
leurs « porteurs » et/ou gestionnaires au détriment des populations impliquées
dans leur execution, nous sommes dans le droit de soutenir que ces projets de
développement rural, généralement, deviennent des instruments de prédation au
service des capitalistes. Puisque le recours à ces types de projets par les detenteurs
de pouvoirs d’Etat demeure inévitable, nous proposons « la territorialisation de
projets de développement rural en RD. Congo»622 comme remède.

Dans le cadre de cette étude, la territorialisation des projets de


développement rural doit être comprise comme cette modalité de gestion qui
impose, non seulement, la contextualisation des projets en tenant compte des
réalités de chaque milieu, mais, aussi et surtout, exige l’implication de la
population concernée, dès la conception à la décision de réinvestissement, en
passant par l’évaluation, etc.623 La territorialisation propose que le territoire
récepteur de projet de développement soit considéré dans ses spécificités
historiques et que la population participe à toutes les étapes du procès de
production de projet, etc., comme partie prennante. Elle doit ainsi donner son
point de vue à tout moment, sur le devenir historique de son milieu par les
actions de tout projet de développement.
Nous retenons donc, que la fonction émmancipatrice des projets de
développement rural, dans le cas particulier de la République Démocratiqe du
Congo, procède de leur « territorialisation ».624 Il urge qu’avec les projets de

621 W. BOLIMA BOLITSI, « Logique marginaliste et projets de developpement rural en République Démocrtique du
Congo… », Article déjà-cité, pp. 21- 47.
622 W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural, logique marginaliste, et la dynamique de la

pauvreté en République Démocratique du Congo… », Article déjà-cité, pp. 97- 123.


623 Il s’agit là, d’une des récommandations qui nous ont été faites par nos enquetés à Bengamisa lors de nos

seances de focus group. Ils trouverent par là, un remède contre les méfaits du capitalisme à traves les
projets de développement rural dans leurs milieux.
624 Il s’agit, ici, de l’appropriation avec discernement, par la population d’une entité territoriale bien

déterminée du projet de développement. Elle doit s’agir de son implication dès la conception à l’exécution.
Il faut qu’on arrive à ce que les habitants du territoire concerné par le projet, disent : « notre projet », et non
plus jamais, « le projet de tel, … ».
[247]

developpement rural comme outil des politiques publiques de la transfornation


de l’espace national, que la population parle de « notre projet » et non plus jamais
de « projet de tel ». Cette approche vaut la peine du fait qu’elle englobe celle
participative en le dépassant. La territorialisation caresse, certes, la participation
de la population receptrice de projet de développement rural bien sur, mais en
insistant sur son implication avec dissernement à toutes les étapes de sa
réalisation.

2.2.2. Les actions par rapport aux défis de la promotion de la cacaoculture à


travers la République

Avec des nouveaux marchés de chocolat, la croissance à moyen terme


de la consommation mondiale de cacao est projetée à 3 % par an. Les perspectives
de développement semblent extrêmement favorables. En effet, le soutient de
l’industrie du cacao pour les Etats africains de l’Ouest, par exemple, est
dorénavant, une priorité économique. Les aides à la production se multiplient
dans ces pays. Nous avons déjà pour ce faire, cité le Ghana, le Benin, et, plus,
particulièrement, la Côte d’Ivoire. Classée 1ere productrice mondiale de cacao, elle
a placé la gestion de sa filière de cacao sous la tutelle du Conseil du Café-Cacao
(CCC, en sigle). Celui-ci se veut un organisme public chargé de l’encadrement de
la production et de la commercialisation. Il assure aux producteurs des prix en
foction du cours du marché international. De même, le Togo passe par le Comité
de Gestion des Filières Café et Cacao (CGFCC625) pour les mêmes fins. Le moment
est propiste pour que la RD. Congo entre dans la danse en promouvoyant la
culture de cacao et de l’économie cacaoyère par :

- la réhabilitation et la rédynamisation des activités de toutes les anciennes


plantations de cacaos à travers le pays, en passant à des nouvelles
extentions, avec des nouveaux équipements et méthodes de travail. Celles-
ci doivent être soutenues par des guides méthodologiques et techniques
permettant d’évaluer la performance et la pertinence des techniques
utilisées. Ces guides auront pour objectifs spécifiques d’établir la liste des
facteurs à prendre en compte dans l’évaluation de la performance des
plantations retenues. Parmi ces déterminations, de manière non limitative,

625 B CEAO, op- cit, pp. 15- 16.


[248]

nous pouvons citer : la densité de plantation, l’identification préalable des


grands types de cacaoyers, la productivité individuelle des arbres, la
présence des maladies et ravageurs, l’adéquation des systèmes de
transformation et de commercialisation avec la production locale et les
conditions logistiques d’évacuation des produits ;

- l’initiation des producteurs et/ou tous ceux qui désirent investir dans la
cacaoculture moderne aux nouvelles techniques, ainsi qu’aux données
économiques et écologiques des différents systèmes agroforesteriers
cacaoyers aux fins de la multiplication des innovations techniques et
technologiques en vue de répondre au double défi de la qualité et de la
productivité ;

- la création d’une structure (Office de Promotion et de Vente de Cacaos,


OPVC, tel est le cas de CCC en Côte d’Ivoire et le CGFCC au Togo) avec
comme charge la réorganisation et la gestion de la filière de cacao dans le
but de promouvoir une économie cacaoyère durable (celle-ci implique
l’amélioration de la transparence dans la gestion des ressources générées
par la filière, la réorganisation de la production et l’amélioration de la
productivité,).626 L’Office, à travers l’instauration d’une grande transparence
dans les exportations et une réorganisation de la filière, devra entreprendre
des actions qui permettent aussi la transformation locale de fèves de cacao.
Il va de soi que l’Office devra aussi socialiser les acteurs qui s’engagent dans
la filière aux exigences internationales de l’économie cacaoyère, relatives à
la qualité des produits déterminées par le respect des règles normatives de
production. Il amenagera, ensuite, un système de financement au profit des
producteurs, l’amélioration de leurs conditions de vie et leur formation aux
techniques de production durable ;

- l’adoption et la promotion des principes de «cacao durable »:627 Il s’âgit d’un


ensemble de règles de production qui prône le respect de trois aspects utiles
qui sont environnemental, économique et social. Il sied de noter que « la
production de cacao fait l’objet d’une grande attention qui la place au centre
d’un intense débat à l’échelle mondiale sur les méthodes employées dans le

626 B CEAO, op- cit, p. 7.


627 Idem, pp. 11- 12.
[249]

secteur. La filière se trouve ainsi impliquée dans les grandes questions


d’actualités internationales telles que le travail des enfants, la préservation
de l’environnement et la pauvreté en milieu raral. Ces sujets sont
étroitement liés aux normes internationales de qualité de la production de
cacao ».628 La République Démocratique du Congo doit y souscrire, du fait
que l’objectif poursuivi par le « cacao durable » est de mettre sur le marché
un produit de bonne qualité de façon durable, faisant l’objet de transactions
transparantes et équitables, afin d’améliorer les conditions de vie des
producteurs et porter un coup fatal au travail des enfants dans les
plantations.

2.2.3. Les actions par rapport aux défis de la relance de la Cacaoyère de


Bengamisa, particulièrement

De prime à bord, il y a lieu de rassurer que toutes les réformes et


actions proposées pour la reconversion de la logique d’action des projets de
developpement rural en faveur aussi de la population rurale et la promotion de la
cacaoculture en République Démocratique du Congo, en vue d’une « économie
cacaoyère durable », sont à prendre en compte pour la relance de la Cacaoyère de
Bengamisa. Cependant, au regard des défis que soulèvent la spécificité de ce
projet sous étude et les attentes de son milieu d’implantation, nous sommes tenu,
partant des données de terrain,629de soutenir ce qui suit comme priorités
d’actions à entreprendre :

- le renouvellement des plantations et leur extention dans toutes l’« espace


Bengamisa » comme prévu, en recourant à des nouvelles plantes de cacao
dont le délai de production est raccourci à dix-huit mois, contre cinq ans
auparavant, ainsi qu’aux nouvelles variétés plus productives et résistantes,
etc. Il convient que nous insistions également sur la problématique de la
qualité qui, du reste, apparaît aujourd’hui comme le facteur majeur
influençant les marchés ;

- ce renouvelement et extention des plantations de la Cacaoyère de


Bengamisa devra s’accompagner de la diversification des cultures, afin de
mettre le projet à l’abri de tout choc brutal qui interviendrait dans la filière
628 B CEAO, op- cit, pp.11- 12.
629 Cfr. Les données de l’observation sur terrain.
[250]

cacao. L’exploitation parallèle d’autres spéculations, ainsi que des produits


vivriers, devrait permettre aux travailleurs de ce projet de développement
agricole, non seulement de se créer des alternatives, mais aussi, d’assurer
leur autosuffisance alimentaire ;
- le renouvellement de ses outils de travail, soutenu par la transparance dans
la gestion des ressources générées par des récoltes des cabosses, demeure
une nécéssité en vue de la motivation de tous les acteurs impliqués dans la
chaine de la production. En effet, la réorganisation de la production, doit
être soutenue par le rajeunissement de son personnel en l’initiant aux
technques agricoles modernes sur la cacaoculture. Certes, tous ces éléments
améliorent la productivité qui, à son tour, pourra concourir à une économie
cacaoyère durable et, dialectiquement, rassurer un approvisionnement
sécurisé du marché, ainsi qu’une répartition équitable des révenus générés
par le secteur. La psychologie de la motivation630 nous rassure que
l’amélioration des conditions de vie des planteurs par une meilleure
rémunération de leur activité et la stabilité de leurs revenus est un élément
essentiel de la durabilité économique de la production de cacao par le projet
de développement agricole CABEN.

- la gestion de la Cacaoyère de Bengamisa pour des fins politiques met en


bral toutes les pontatialités de ce projet, par lequel la RD. Congo allait se
taper des devises par l’exportation de cacao. Etant un projet de l’Etat, la
CABEN est placée sous l’autorité du Ministère de l’Agriculture, Pêche et
Elevage. Il n’a donc pas de personnalité juridique et pour prendre certains
engagements, sa Direction, doit se référer à la hiérarchie. Cette dépendance
vis-à-vis de l’autorité gouvernementale (du niveau central), hypotheque le
cours normal des activités du projet, qui est soumis aux règles du marché
tant pour les inputs que pour les outputs. Comme le prix de cacao connait, à
tout moment des fluctuations, tant sur le plan local, national
qu’international, et comme les gestionnaires du projet font face aux enjeux
commerciaux, à la concurrence de la rapidité des décisions par rapport à
cette fluctuation recurente, l’Etat congolais doit, de manière générale, avoir
le regard sur le prix du cacao. Il doit en outre, dans le cas particulier de la

630A ce sujet, lire utilement, HERZBERG F., Le travai et la nature de l’homme, Paris, Entreprise moderne
d’éditions, 1971.
[251]

CABEN, résoudre ce problème de la lourdeur dans la prise des décisions et


du retard dans leur exécution, surtout, en ce qui concerne les urgences. Le
système de décision que connait le projet CABEN logé dans l’ « espace
Bengamisa » dans la Province de laTshopo, avec des structures de décision
éloignées de celles d’exécution de milieux de kilometres, pèche contre les
principes de gestion des urgences. Face à cet handicape, il est urgent que
l’Etat congolais mette en place un système promotionnel des prix de la
commercialisation des produits agricoles destinés à l’exploitation, dont le
cacao.

De ce qui precède, il importe donc que l’Etat congolais se dôte d’une


politique nationale des prix du cacao en vue d’assurer un revenu attractif aux
producteurs. Sa fixation doit cesser d’être abandonnée à la merci d’un marché
libre dominé, depuis l’époque coloniale par des planteurs indépendants, ainsi que
des anciennes unités agro-industrielles, et, dans lequel se mêlent, aujourd’hui,
« des acheteurs clandinstins », (qui sont, généralement, des hommes d’affaires des
pays voisins),631 tous travaillant pour l’exportation. Ci- dessous, nous esquissons
un schéma qui résume, en les complétant, toutes les mesures à prendre, les
réfomes et actions proposées, à entreprendre par l’Etat congolais en vue, non
seulement, de la relance de la Cacaoyère de Bengamisa, mais, aussi et surtout, de
la promotion de la cacaoculture durable, base d’une économie cacaoyère durable
en République Démocratique du Congo.

Nous avons déjà parlé des hommes d’affaires des pays voisins qui achetent clandinstinnément les cacaos
631

aux près des paysans de l’espace Bengamisa et partent les renvendre pour le compte de leurs pays
d’origine. Ceci constitue un manque à gagner, non seulement, pour le projet CABEN et la Province de la
Tshopo, mais aussi, pour l’ensemble de la République Démocratique du Congo.
[252]

Schéma n°3 : Esquisse d’une vue structuro – synoptique d’une stratégie


nationale de la relance de la Cacaoyère de Bengamisa et la promotion la
de la cacaoculture durable en vue d’une économie cacaoyère durable en
RD. Congo.

Cacaoculture Durable Territorialisation des


(CCD) Projets de
Développement Rural
(TPDR)

Projet

CABEN

Pouvoir Service Gouvernance Intelligente


(PS) (GI)

Source : Ce schéma est conçu par nous-même, à partir des récommandations


proposées dans les différents chapitres de cette étude. Lesquelles
récommandations émanent de nos lectures, ainsi que des données de
l’énquête de terrain.

Commentaires : La République Démocratique du Congo est en quête des sources


des devises. La relance de la Cacaoyère de Bengamisa et l’extension de la culture
de cacao dans d’autres milieux ruraux de la République se présente comme la
solution. Pour ce faire, le gouvernement congolais doit entreprendre certaines
réformes et actions en vue de la promotion d’une économie cacaoyère durable qui
se résument à travers le schéma ci-haut. Certes, il doit donc s’engager à la culture
de « cacao durable »632 c’est-à-dire, à la production de cacao, puisque se faisant
passer pour une opportunité mondiale pour se taper des devises, mais en tenant
compte des aspects environnementaux, économiques et sociaux (Cfr. CCD633). En

632 BCEAO, op- cit, pp. 11-12.


633 CCD = Cacaoculture Durable
[253]

effet, la sociologie, par ce schéma rappelle, en insistant sur le fait que cette
« Cacaoculture Durable » (CCD), doit être soutenue par la Territorialisation des
Projets de Développement Rural (TPDR).634 Le tout doit être assis sur un
« Pouvoir Service » (PS), qui tire sa force dans la volonté de réussir exprimée par
l’ensemble de la population, en étant appuyé par une « Gouvernance
Intelligente »(GI) 635 dans la gestion.

Néamoins, nous devons retenir que toutes ces propositions quelle que
soit leur pertinence, ne pouront être rendues possibles que par la prise de
conscience de la population locale elle-même. Elle doit manifester son
engagement résolu à s’auto-prendre en charge. Seulement, cet engagement de la
population doit être appuyé, en dernier essort, par une volonté politique
permissive au niveau provincial, ainsi que national, et accompagnéé d’une
admnistration locale de développement.636

CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE

Point n’est besoin de rappeler que ce chapitre a été consacré, avec


l’expérience de la CABEN, à l’étude de la pratique des projets de développement
rural, telle que perçue et vécue, réellement, par la population réceptrice. Pour la
présentation, l’analyse et l’interprétation des données de terrain, nous nous
sommes servi, principalement, du questionnaire. Cette technique a été soutenue
par le focus group, etc., pour recueillir des opinions de la population de l’espace
sous- étude. Présentés sous le langage statistique, ces points de vue portent sur
des éventuels apports de ce projet dans son milieu d’implantation.

Notre préoccupation majeure à ce niveau de cette production


sociologique, après avoir présenté la genèse et le contenu du projet CABEN, ainsi
que sa tranjectoire historique, a consisté à ressortir la position des récepteurs de ce
projet de développement agricole, logé à « Bengamisa », dans la Province de la
Tshopo. Par des données statistiques qu’il offre, le chapitre expose les points de

634 La Territorialisation des Projets de Développement (TPD) consiste à l’implication et à la participation


réfléchie de la population concernée, soutenue par la contextualisation de projet de développement en vue
de l’amélioration de sa situation sociale.
635« Une gouvernance intelligente » fait appel à un mode de gestion qui, face à plusieurs intérêts, fonde ses

priorités sur les intéêts en tenant compte des réalités locales


636 Nous faisons notre, le point de vue de R. MBAYA MUDIMBA, op- cit, pp. 1- 252. Celui – ci plaide pour

le développement endogène.
[254]

vue de nos enquêtés sur des apports de la Cacaoyère de Bengamisa et sur la


manière dont le projet prend en charge les intérêts des acteurs impliqués dans le
processus de la production des cacaos marchands.

Certes, nous précisons que, hormis le tableau VII qui présente les
éléments de l’échantillon constitué pour le besoin de la cause, le chapitre contient
beaucoup d’autres tableaux et figures. Lesquels tableaux, figures, et graphiques,
offrent, en des termes statistiques, s’il faut le rappeler, des opinions et des points
de vue de nos enquêtés, en visualisant certaines d’entre elles. Ainsi, le passage en
revue des objectifs de la Cacaoyère de Bengamisa et l’interprétation dialectique
des données de l’enquête sur ses apports, nous autorisent d’affirmer que ce projet
n’a pas rencontré les attentes de la population locale. En outre, en nous reférant à
sa capacité instalée, les données empiriques prouvent que le projet CABEN n’a
pas apporté des transformations (en termes d’emplois et d’infrastructures, etc.)
succeptibles de déclencher le développement de la Province de la Tshopo, ni avoir
rapporté des devises à la République. 75,7% de nos enquêtés, (Cfr. le Tableau XIV
qui affirme l’échec de ce projet), l’attestent.

Ce projet, spécialisé à la culture de cacao, comme tant d’autres, en


dépit des atouts environnementaux qui l’entourent à Banalia, dans la Tshopo,
connait des problèmes dans son fonctionnement. Des raisons en sont multiples. Il
y a lieu de rappeler : la mégestion de la part de ses gestionnaires, doublée de sa
financiarisation, qui est dictée par la logique capitaliste (Cfr. les données des
tableaux XII, XV, XVII, etc.), et entretient le tarissement de son financement, ainsi
que la conjoncture socio-politico-économique et sécuritaire du pays, etc.

Néanmoins, il est important de souligner, aussi, par l’analyse


contrefactuelle qui a été associée à la dialectique dans l’examen de l’impact de la
cacaoyère de Bengamisa dans son milieu d’implantation, etc., qu’il y a de l’avenir
avec ce projet. La comparaison des recettes de la CABEN de la vente des cacaos
au niveau de Kisangani (Cfr. Tableau XXIV) et celles qu’elle aurait réalisées, si la
même quantité de cacaos aurait été vendue au niveau du marché international,
rassure que le projet a connu beaucoup de manques à gagner. L’étude révèle que,
face aux difficultés financières que connait la République Démocratique Congo à
la suite de la baisse des prix des matières premières (le cuivre, principalement), la
cacao-culture parait une alternative. « La territorialisation des projets de
[255]

développement rural », prise pour un nouveau mode de gestion des projts,


s’impose, ainsi, comme la possibilité de rendre la Cacaoyère de Bengamisa, et tant
d’autres projets de ce genre, porteurs, et les faire passer pour des instruments de
l’émancipation des masses rurales.

Les efforts doivent ainsi être fournis pour que toute la production de
la CABEN soit canalysée et gérée en bon père de famille par son Comité de
Gestion. Le soutien du Gouvernement Provintial, ainsi que l’appui de l’Etat
congolais au projet en vue d’affaiblir la capacité de nuisance des « acheteurs
clandéstins » s’avère utile. Pour ce faire, tout en leur rappelant « la sensibilité et la
puissance du politique »,637 il est utile et urgent, que le « groupe
porteur »638 congolais, en général, et, les gouvernants congolais, en particulier,
avec une politique budgétaire volontariste, mettent en place des institutions
étatiques et des services spéciaux capables de soulager les populations rurales
des effets dévastateurs de la politique de saupoudrage des projets de
développement rural. Ainsi, « le pouvoir service »,639 qui doit être soutenu par
« une gouvernance intelligente »640 s’impose aux opérateurs socio-économiques et
politico-étatiques de la République Démocratiqe du Congo.

637 «J’entends par puissance d’une sphère, sa capacité à déterminer les choix des possibles dans les autres
sphères. J’entends par sensibilité d’une sphère, sacapacité à être affectée par les autres sphères », A ce sujet,
lire utilement, JEAN BAECHLER, dans son article : « Politique et société, Communication, n°22, 1974, p123.
638 Le groupe porteur, pour rappel, est « celui qui établit les conditions générales de pensée et d’action de

manière que par la consolidations successives des actions intégrées d’ordre politique, économique, social et
culturel (religieuse et idéologique), la nation soit cet ensemble d’intérêts communs, sur un territoire donné,
distinct des groupes à vocation semblable ».
639 « Le pouvoir service » renvoie à une gestion qui tient compte de l’intérêt général.

640 « Une gouvernance intelligente » fait appel à un mode de gestion qui, face aux plusieurs possibles, fonde

ses priorités sur les besoins locales.


[256]

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Cette deuxième partie de l’étude, se base plus, sur des données


empiriques. Elle se consacre, à travers des opinions des enquêtés, à une analyse
dialectico-contrefactuelle des apports de la Cacaoyère de Bengamisa dans son
milieu d’implantation. Mais, pour y arriver, elle passe par la déscription du
milieu d’étude et par la présention de la CABEN, comme projet de développement
rural. Elle est structurée en deux chapitres et chaque chapitre étant subdivisé en
trois sections.

En effet, il importe de noter qu’à ce stade de cette production


sociologique, l’étude esquisse la vue générale de notre milieu d’étude. Elle définit,
en offrant la condensée d’informations sur le « rural » et l’espace rural, ainsi que
sur la paysannerie. L’étude fait obsever une dynamique de la pauvreté dans le
milieu rural congolais, en dépit du triple niveau d’échanges qu’il faut signaler au
niveau de sa paysannerie. Elle indique, ensuite que dans les milieux ruraux de la
RD. Congo, aujourd’hui, il se remarque encore une faible tendance à
l’autoconservation. A cet effet, nous nous obligeons de soutenir que toute
politique de développement rural qui se veut émancipatrice, doit considérer cette
réalité.

Autrement dit, les communautés qui constituent la société rurale de


la République Démocratique du Congo, à l’heure actuelle, s’attachent encore à la
tradition. Elles tendent à garder des idées, des valeurs, et des structures qui leur
donnent identité, et, à travers lesquelles, elles se reconnaissent et se font nommer.
Telle est aussi la réalité observée dans « l’espace Bengamisa », le milieu récepteur
de projet CABEN, dans la Tshopo, où, l’agriculture, la chasse, la pêche et le petit
élevage, etc., sont retenues comme des principales activités économiques.

Néanmoins, la littérature sociologique sur le monde rural à notre


portée, comme « les données de terrain »,641 nous ont permis de démontrer qu’un
dirigisme aurait été remarqué dans la volonté de l’aménagement de l’espace rural
congolais par l’autorité coloniale, malgré que cela ait été dans l’intérêt de la

Nous faisons, ici, référence aux informations recueillies par nous, lors de notre passage à Goma et à
641

Lubumbashi, en Février 2016, à Kikwit, en Mars 2016 et à Banalia (espace Bengamisa), en Avril 2017.
[257]

métropole. Par contre, la sociologie rurale642 nous fait remarquer que « la


décolonisation politique qui déferle en Afrique depuis 1960, non seulement, ne
résorba pas la problématique du développement rural, mais dans la grande
majorité des pays africains, l’aggrave ».643 En République Démocratique du
Congo, particulièrement, il s’observe : une aggravation du caractère dominé de
l’agriculture, avec la baisse et la disparition des activités agricoles, la dégradation
des infrastructures économiques de base et sociales. 644 A cela s’ajoutent : le recul et
la disparition des régulations étatiques, la criminalisation de l’Etat et tous les
désordres budgétaires qui perturbent l’affectation des ressources, ainsi que
l’exode rural, etc., qui forment aujourd’hui la constellation de déficits et affectent
négativement la vie des populations rurales.

Nous tenons par cette étude que le projet CABEN porte le nom de
Bengamisa, l’appelation du chef- lieu du secteur de Bamanga, dans le territoire de
Banalia. Il est aussi évident que le projet confère ce nom à l’ensemble de l’étendue
de la Province de la Tshopo sur laquelle se trouvent ou dans laquelle
s’entendraient ses activités. Evidament, les activités du projet se réalisent, aussi,
au délà de Banalia. D’ailleurs, ses ambitions étaient de couvrir tous les 7 territoires
de l’espace, aujourd’hui, dénommé Province de la Tshopo. Partant de ces
éléments, nous avons choisi de parler de « l’espace Bengamisa ».

Nous sommes convaincu que la Cacaoyère de Bengamisa s’est


installée et se trouve logée dans un espace territorial prédisposé à la culture de
cacao.645 La Tshopo, mieux, « l’espace Bengamisa »646, généralement, le territoire
de Banalia, particulièrement, avec son type de sol argilo-sablonneux, offrirait des
conditions favorables au projet sous-étude. A coté des facilités portant sur le
régime foncier que le projet CABEN aurait connues, et qu’il rencontre encore, il y
a lieu de signaler aussi dans cette même partie de la République, l’existence de

642 BOLIMA BOLITSI, « Enclavement du territoire de Yahuma et la pauvreté des paysans Bongando. … »,
Article déjà-cité, pp.59-60.
643 Idem.

644 F. MOKONDA BONZA, op- cit, p.412.

645 Données de terrain.

646 Austin BONGIMA BOLANGI, « Gestion des entités territoriales décentralisées et le développement

rural en RDC : Analyse et perspectives. Cas du territoire de Yahuma », dans M.E.S, n° 107 du Octobre -
Décembre, Kinshasa- R.D.C, 2018, p. 21.
[258]

multiples structures647 de recherches, de vulgarisation et d’encadrement, capables


d’appuyer tout projet de développement de même nature.

Pour ce qui est de la CABEN, le projet de développement agricole


sous-étude, l’analyse prend en charge : sa genèse et son contenu, rappelle des
raisons de sa création, et, scrute ses réalisations depuis sa première phase à ces
jours. Il sied, ainsi, de souligner que la Cacaoyère de Bengamisa se veut un projet
d’Etat. Il est sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture, Pèche et Elevage. Les
éléments juridiques qui consacrent son existence sont les suivantes : si
l’Ordonnance n°80-305 du 31 décembre 1980, est l’acte qui approuve l’Accord de
Prêt N°CS/ZR/AGR/79/2 du 26 juin 1980 entre le Conseil Exécutif et le Fonds
Africain de Développement par rapport au Projet CABEN, l’Arrêté Départemental
N°000188/BCE/AGRIDRAL/81 DU 23/12/1981, par contre, se veut l’acte de sa
création. Ces documents s’avèrent, paritairement, éclairants pour comprendre la
genèse du Cacaoyère de Bengamisa.

En effet, les données de nos enquêtes nous font affirmer que la


trajectoire historique de la Cacaoyère de Bengamisa a été jonchée et demeure
jonchée de plusieurs obstacles.648 Il y a lieu de citer par exemple : - la libération
partielle des crédits prévus, la révision à la baisse des objectifs et l’insuffisance des
réalisations physiques, - sur le plan politico-sécuritaire, nous considérons, depuis
1976 la rébellion de l’AFDL d’abord, puis, sont venues les différentes guerres
d’agression par l’Ouganda et le Rwanda, etc., sans oublier toutes les autres
guerres qui ont suivi. A ces éléments, nous ajoutons l’absence, très remarquable
de la part du gouvernement de la volonté de soutenir organisationnellement,
matériellement et financièrement le projet, ainsi que la mauvaise gestion des
recettes de la production des cacaos marchands de la part des comités de gestion,
etc.

Certes, il y a lieu de reconnaître que toutes ces difficultés rencontrées


par la Cacaoyère de Bengamisa, ont concouru au tarissement de ses ressources, et,
plus particulièrement, des ressources financières.649 Il s’agit là, d’un problème

647 A ce sujet, lire utilement, P. IYEFA WESSA, op-cit, pp.36-46.


648 Nous évoquons à ce sujet, les données de la technique de l’observation et nos différentes séances de
focu group sur terrain.
649 W. BOLIMA BOLITSI, « Projets de développement rural, logique marginaliste, et la dynamique de la

pauvreté en République Démocratique du Congo. », Article déjà cité, pp. 97- 123.
[259]

crucial que rencontrent beaucoup le projets de développement rural en


République Démocratique du Congo.650 Ceci confirme l’une de nos hypothèses
secondaires de la recherche : « … projet CABEN… s’arrêterait avec le tarissement
de son financement à la suite de sa financiarisation, en dépit des atouts
environnementaux qui l’entoureraient…». Partant, cette étude, par les données de
terrain (75, 7% de nos enquêtés, Cfr. le tabeau XIV), affirme l’echec de ce projet au
regard de sa capacité installée. Ainsi, sans pour autant ignorer le nombre très
réduit de son personnel actuel et l’initiation à la culture, ainsi qu’à la
transformation artisanale de cacaos aux paysans environnants, le milieu ne vit
pas, vraiment, des effets ou des activités secondaires nées grâce à la précence du
CABEN. Il n’ ya pas de perspective de transfert de la technologie en termes de
développement, ni en termes de consommation de ses produits, moins encore,
d’ouverture sur l’extérieur en termes de vente, etc.651

Néanmoins, nous insistons sur le fait que l’analyse dialectico-


contrefactuelle sur la Cacaoyère de Bengamisa ne nous amène pas à récuser ou à
abandonner la pratique des projets de développement rural comme l’un des outils
de l’amélioration des conditions de vie des populations rurales en RD. Congo.
Certes, la lecture des objectifs de la Cacaoyère de Bengamisa, confrontée avec les
données de l’enquête sur terrain, nous font soutenir que si les actions du projet
étaient constantes et soutenues, ce projet assurerait la transformation socio-
économique de l’espace sous – étude, et, rapporterait des devises à la République.
A coup sûr, tout en insistant sur « la territorialisation des projets de développement
rural » comme principe de gestion, l’étude recommande, ensuite, aux acteurs
politico-étatiques congolais de rendre ce projet porteur par :

- l’appropriation des projets de développement rural par des populations


locales, tout en écartant toute rétention des revenus au niveau du projet et
au niveau des acheteurs extérieurs au projet ;
- les gouvernants, qui, chacun en ce qui le concerne, doivent faire preuve
d’une politique volontariste et un retournement théorique et pratique qui
permette le contrôle de la chaine des dépenses et de la chaine des recettes,
en vue du réinvestissement des résultats de la production ;

650 A ce sujet, lire utilement, IYEFA WESSA, op-cit, pp98-100.


651 Cfr. Les données de la technique de l’observation et nos différentes séances de focus group sur terrain.
[260]

- le redressement de la Cacaoyère de Bengamisa, en lui apportant quelques


améliorations aux plans organisationnel, technique et socioéconomique.

En définitive, cette étude nous fait admettre que la CABEN, projet de


développement agricole, logé dans « l’espace Bengamisa», dans la Province de
la Tshopo, par rapport à sa capacité installée, une fois redynamisé, redresserait la
situation socio-économique de la population rurale de cette partie du pays et
rappoterait, ainsi, des devises à la République. Certes, cette production
sociologique trouve dans la Cacaoyère de Bengamisa, avec la culture de cacao, la
réponse aux méfaits du changement climatique qui va, dans les jours à venir,
influencer négativement certaines cultures, à l’exemple du caféier, etc. Pour ce
faire, nous récommandons une politique de développement rural cohérente et
intégrée, capable de répondre aux exigences de développement durable en RD.
Congo. Ce qui exige de la part des gouvernants, tout en tenant compte de la
logique communautaire qui détermine encore la vie rurale dans sa pluralité
organique, non seulement, une gouvernance intelligente (GI), mais, aussi et
surtout, une dose de liberté de décision, accompagnée de la capacité étatique aux
animateurs des institutions politico-étatiques locales et nationales.
[261]

CONCLUSION GENERALE

La présente étude consiste à comprendre comment et pourquoi la


prolifération des projets de développement rural en République Démocratique
du Congo ne s’accompagne pas de l’élévation des populations rurales. Nous nous
sommes penché sur le cas particulier de la Cacaoyère de Bengamisa (CABEN). Il
s’âgit d’un projet de développement rural sur base d’un projet agricole réposant
sur la culture et l’exploitation de cacao. Il est logé dans l’« espace Bengamisa »,
dans la Province de la Tshopo.

L’étude est donc intitulée : « Les projets de développement rural en


République Démocratique du Congo. Analyse sociologique de l’expérience de la
Cacaoyère de Bengamisa (CABEN) dans la Province de la Tshopo ». Elle s’inscrit
dans le cadre de la sociologie rurale et du développement. Nous sommes parti des
constats selon lesquelles l’incertitude du lendemain et le sentiment d’abandon,
corollaires de la pauvreté et de la misère constituent des menaces pour la
tranquillité et la sécurité des masses rurales engagées dans des projets de
développement rural à travers le pays.652 Tel est le cas pour la Cacaoyère de
Bengamisa, bien que le projet ait eu l’objectif majeur la rentabilisation des
potentialités agricoles en vue d’une élévation de vie globale du milieu concerné.
Avec des informations sur quelques projets de développement rural à travers le
pays,653 l’étude confirme leur financiarisation par la logique capitaliste soutenue
par l’insouciance des acteurs socio-économiques et politico-étatiques à la situation
sociale de la population congolaise. Leurs échecs à répétition mettent en cause la
fonction émancipatrice des projets de développement rural et font dire à certains
observateurs critiques que cet outil de développement serait l’instrument pour la
paupérisation des masses payannes.

Cependant, la littérature socio-économique sur le cacao parcourue


par nous et tant d’autres sources,654 nous renseignent que le marché de cacao

652 Cette question a fait l’objet d’une réflexion par BOLIMA BOLITSI, W., IYEFA WESSA, P. & NZENGA
MAMBU C-K, « Projets de développement rural et la transformation de l’espace rural congolais. Bilan et
perspectives dans le cas de la CABEN dans la Tshopo », dans Revue ECLAT DU CERIDA, Volume I, Ed. du
CERIDAC, Kinshasa-RDC, 2017, pp.101-137.
653 A. KABA-KABA MIKA, « Les actions de développement à la base et l’agression des milieux ruraux :

cas du projet Ntsio dans le plateau des Bateke », Article, déjà-cité, pp. 29- 32.
654 BCEAO, op- cit, pp. 5- 22.
[262]

connait un essor considérable ces dernières années, avec des prix qui doublent
presque.655 Cette demande du cacao au niveau mondial, laisse donc augurer, à
tout égard, de bonnes perspectives pour les pays producteurs. Nous évoquons,
particulièrement, les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain
(UEMOA), singulièrement, la Côte d’Ivoire, où « la culture de cacao représente
entre 15% à 20% du PIB. Celle-ci y emploie près de 600 000 planteurs et fait vivre
près du quart de la population, soit environ 6 millions de personnes. Pour la Côte
d’Ivoire, la cacaoculture demeure, non seulement un élément de la stabilité macro-
économique, mais, aussi et surtout, un instrument de l’équilibre social. 656 Cet
intérêt croissant pour le cacao au niveau mondial, parrait, du point de vue de la
sociologie, être une opportunité de revenus pour la RD. Congo, pays en crise
multiforme, et le canal pour se procurer des devises avec sa Cacaoyère de
Bengamisa, dans le cadre de la diverssification de l’économie nationale.

Au regard du questionnement ci-haut soulevé, nous avons


trouvé que la manière utile d’y répondre, était celle d’analyser ces projets de
développement rural à travers l’expérience de la Cacaoyère de Bengamisa
dans les circonstances de sa conception, de son exécution et de ses apports
dans son milieu d’implantation, etc. L’accent étant mis sur la critique de la
logique capitaliste657 (ou marginaliste658) qui l’a tractée. Mais, pour y arriver,
c’est-à-dire, en vue de vérifier ces affirmations, et, puisque « la méthode de
recherche confère la légitimité à toute forme de connaissance scientifique, et,
plus, particulièrement, celle des sciences sociales »,659 nous avons eu recours
à la méthode dialectique et l’analyse contrefactuelle. A coup sûr, avec la
dialectique, nous sommes parvenu à saisir la trame cachée des
contradictions et des oppositions, entre les discours justificateurs de la
fonction émancipatrice des projets de développement rural et leur
financiarisation dans la pratique. Cette méthode nous a permis
d’appréhender les paradoxes entre les objectifs initiaux de la cacaoyère de

655 BCEAO, op- cit, pp. 5- 22.


656 Idem.
657 JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp. 3-9.

658 MOKONDA BONZA, Thèse déjà-citée, pp. 5-6.

659 A ce sujet, lire utilement, IBRAHIM LO, Méthodologie de la récherche en sciences sociales, Paris, PUF, 2013,

p. 24.
[263]

Bengamisa et le résultat de sa production actuelle au regard de sa capacité


installée.

Avec la dialectique, encore, l’étude retient que le projet CABEN


fonctionne comme toute entreprise capitaliste.660 Le projet ne prend pas en
charge les travailleurs engagés dans ses différentes structures comme il
fallait.661 A ce sujet, il y a 67,7% de nos enquêtés qui affirment qu’au départ, le
projet avait présenté des signes d’amélioration des conditions de vie du milieu, mais,
dans la suite, rien ne va. Il ne répond pas positivement aux aspirations de la
population rurale de l’espace Bengamisa, qui pensait y touver le refuge
comme dans « l’Arche de Noé ».662 D’ailleurs, 75,7% de nos enquêtés
confirment l’echec de la Cacaoyère de Bengamisa comme projet de
développement rurral. La financiarisation de ce projet dictée par la logique
capitaliste qui le tracte et le fait de ses gestionnaires qui s’attribuent la part
de lion des recettes issues de la vente des cacaos marchands, etc., inhibent
les ambitions émancipatrices fixées à ce projet de développement agricole
dans la Tshopo. Il y a lieu de rappeler à ce sujet, les 82,7% de nos enquêtés
qui soutiennent que le projet CABEN n’assure pas une bonne rémunération
et presque plus la prise charge de son personnel.

L’analyse contrefactuelle, par contre, tout en tenant compte de la


capacité installée du projet, et, en considérant la générosité de l’ « espace
Bengamisa » à la culture de cacao, grâce à son sol argilo-sabloneux,663 etc,
nous a permis de démontrer que le projet CABEN, une fois sa relance
soutenue, non seulement, pourrait améliorer sa production, mais, aussi et
surtout, assurerait la transformation de son milieu d’accueil, ainsi

660 La liberté de la propriété induviduelle étant la règle, doublée de la recherche de gain à tout prix, les
entreprises capitalistes s’intéressent plus à la recherche du profit de l’investisseur.
661 Conclusion confirmée par les salariés de la CABEN lors de notre passage dans les instalations du projet

(Direction Générale) à Kisangani en décembre 2018.


662 Les campagnes publicitaires qui accompagent souvent l’implantation d’un projet de développement,

font croire à l’opinion d’apporter des solutions à tous leurs problèmes, comme se fut le cas dans l’Arche de
Noé.
663 W. BOLIMA BOLITSI et all, « Projets de développement rural et la transformation de l’espace rural

congolais. Bilan et perspectives dans le cas de la CABEN dans la Tshopo », Article déjà-cité, p. 129.
[264]

qu’apporter des dévises à la République. Les données des tabeaux XXIII et


XXIV soutiennent ces propos.

Cette production sociologique, sous le regard dialectico-contrefactuel,


comme déjà souligné, présente, analyse et interprète les données empiriques à
partir de l’expérience particulière du projet CABEN. Partant des opinions issues
de l’enquête sur terrain, l’étude expose en des termes statistiques, les données sur
des apports du projet et son impact dans son milieu d’accueil tels qu’influencés
par la logique capitaliste.664 Elle en fait ressortir des aspects de paupérisation de la
population locale. Ainsi, l’étude fait remarquer qu’il en résulte un système
constitué des réseaux d’acteurs socio-étatiques, qui permettent et encouragent des
attitudes, ainsi que des mécanismes de prédation. A plusieurs reprises des projets
de développement rural, de manière générale, et, le projet CABEN,
particulièrement, démontrent la soustraction organisée, tolérée et impunie des
circuits financiers normaux des recettes publiques internes et externes par des
responsables économiques, politico-étatiques et leurs complices, à leurs fins
propres (Cfr. les données des tableaux XI, XII, XIII, XIV, XV, et XVII).665 A maintes
reprises, ces projets, dits de développement rural, comme la Cacaoyère de
Bengamisa, avec leur financiarisation, connaissent des difficultés dans la
réalisation de leurs objectifs à la suite du tarissement du financement.666Ceci
explique leurs échecs à répétition et fait dire à tout observateur critique que la
pratique des projets de développement rural telle qu’appliquée à l’heure actuelle
en République Démocratique du Congo ne saura pas extirper la population rurale
de sa pauvreté. Elle le peut si les détournements prennent fin et l’argent arrive à la
destination.

Il ressort de cette étude qu’avec son sol argilo-sablonneux, l’« espace


Bengamisa » présente des conditions agroécologiques largement favorables au
développement du cacao, avec des espaces encore disponibles, pendant que
d’autres peuvent être réhabilités. Cependant, le regard critique sur la logique
capitaliste qui guide sa gestion, nous permet de ressortir la concurrence forcenée,
aux prestiges socio-politiques et à l’enrichissement de toutes sortes, etc., dans le

664 W. BOLIMA BOLITSI et all, op- cit, p. 129.


665 On donne parfois raison à Karl Marx qui refusait à l’Etat le rôle du garant de l’intérêt général. Cfr.
MBELA HIZA, op-cit, p.13.
666 Cfr. Les données du focus group et de l’observation.
[265]

chef de ses gestionnaires et complices, comme leur leitmotiv. Cette étude confirme
ainsi la thèse des contradictions évoquées entre la vocation émancipatrice de la
pratique des projets de développement rural et les enjeux politico-financiers à la
base de leur production. Il nous parait, du point de vue de la sociologie, qu’aucun
défi majeur parmi les défis auxquels la pratique des projets de développement
rural devrait faire face, ne semble trouver de réponse. « Il en est ainsi de : la
satisfaction de la demande alimentaire, la réduction de la pauvreté en milieu rural,
de l’intégration de l’agriculture sur le marché interprovincial, national et
international, qui demeurent en réalité des slogans ».667 D’ailleurs, s’il faut
considérer les services essentiels,668 comme des services vitaux ou des services de
base indispensables à une vie digne et décente, pour ce qui est de la Cacaoyère de
Bengamisa,669particulièrement, l’étude démontre que le projet ne participe pas à
leur effectuation en faveur des travailleurs en son sein, moins encore, pour
l’ensemble de la population rurale de l’« espace Bengamisa ».

Certes, la présente étude soulève la question de la rentabilisation


des potentialités agricoles en vue d’une élévation globale des milieux
ruraux. Mais, avec l’expérience de la Cacaoyère de Bengamisa, elle
démontre que la prolifération des projets de développement rural en RD. Congo,
généralement, puisque corrompue de l’intérieur par l’esprit du capitalisme,
doublé de l’insouciance des gouvernants congolais, passe pour être un
moyen de la criminalisation de la pratique.670 L’étude arrête que les projets
de développement rural sont par essence « émancipateurs», mais, ils
deviennent « sous développant » quand le capitalisme déréglé les contamine
de l’intérieur. Rappelons que « le capitalisme est un processus de

667 P. MAKALA NZENGU, Politiques publiques et gestion du secteur agricole et rural en République Démocratique
du Congo. Rétrospective des politiques agricoles fondées sur la cueillette, l’expropriation et la dépendance alimentaire
à l’importation, Kinpress, Kinshasa- RD. Congo, (SD), p. 15. Lire ensuite, MABI MULUMBA, « Justice
internationale et économie du marché – rôle des Institutions de Breton Wood » dans Neuvièmes Journées
Philosophiques, Philosophât St. Augustin, Kinshasa, Décembre 2005.
668 Plate Forme pour le Commerce Equitable, La face cachée du chocolat, Rapport complet, Mars 2016/Rapport -

cacao-vf- comppressed 16/08/2017.

669 Cette question a fait l’objet d’une réflexion par BOLIMA BOLITSI, W., IYEFA WESSA, P. & NZENGA
MAMBU C-K, « Projets de développement rural et la transformation de l’espace rural congolais. Bilan et
perspectives dans le cas de la CABEN dans la Tshopo », dans Revue ECLAT DU CERIDA, Volume I, Ed. du
CERIDAC, Kinshasa-RDC, 2017, pp.101-137.
670 W. BOLIMA BOLITSI et all, op- cit, p.131.
[266]

production, et comme tel, il dépend profondément de son environnement,


politique et juridique. Donc, si l’environnement est laxiste, injuste et déréglé
ou dérégulé, alors le capitalisme peut basculer dans la pure logique de
prédation».671 « Il n’y a pas de barrière étanche entre capitalisme et
prédation : tout dépend de l’environnement dans lequel ce processus de
production évolue ».672 Tel est le cas pour la RD. Congo, où la faiblesse de
l’Etat et l’inobservance des lois de la République font que les projets de
développement rural, parce que tractés par cette logique basculent vers la
prédation.

Il sied de noter que, cette étude insiste sur l’intérêt croissant que
présente le cacao au niveau mondial. Elle rappelle qu’au delà de ses fonctions
sociales, économiques et alimentaires, le système cacao joue encore un rôle
fondamental dans la gestion conservatoire des paysages et de leurs ressources, à
savoir l’eau, les sols, le maintien de la fertilité et la séquestration de carbone. 673 Son
système agroforestier, avec celui du café, contribue le plus à la protection des sols
et des écosystèmes locaux. En outre, la sociologie rurale comparée nous fait
évoquer une étude récente conduite sur les changements climatiques en Haïti.
Celle-ci a révélé qu’à partir de 2020 la température augmentera de 0,90C et à
l’horizon de 2050 de 1,80C. Cette augmentation de la température va affecter
négativement le développement de certains systèmes de cultures comme le café,
tandis que ce changement pourrait, par contre, s’avérer plus favorable pour les
cacaoyers.674 Certes, en nous référant à l’expérience des pays de l’Union
Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA),675la Côte d’Ivoire,
particulièrement, qui n’alimente son budget, essentiellement, que par son cacao,676
et, surtout que le cacao, actuellement, se trouve dans un contexte mondial
mouvant et potentiellement attractif. Nous sommes en droit de rappeler qu’il est
temps que la République Démocratique du Congo, qui possède un patrimoine

671 JACQUES DE SAINT VICTOR, op- cit, pp. 9- 10.


672 Idem.
673 WWWayikita. Org, op- cit passim.

674 WWWayikita. Org, op- cit, passim.

675 L’UEMOA signifie Union Economique et Monétaire Ouest Africain, avec le Bénin, la Côte d’Ivoire et le

Togo comme ses trois membres producteurs du cacao.


676 BCEAO, op- cit, p.5.
[267]

génétique cacao lui permettant d’envisager d’être présente sur tous les types de
marchés, saisisse cette oportunité.

De ce qui précède, il y a lieu de soutenir que le système agroforestier


cacaoyer présente un potentiel énorme pour apporter une partie des réponses
durables face aux grands défis mondiaux en termes de sécurité alimentaire et de
préservation des ressources naturelles. Voilà ce qui justifie l’intérêt de cette étude.
Elle vise, principalement, à analyser les tendances actuelles de la production de la
Cacaoyère de Bengamisa, les transformations apportées dans son milieu
d’implantation, ainsi que les défis présents et futurs à rélever pour permettre à
ce projet, partant de sa capacité installée, de jouer un rôle de locomotive de la
croissance du pays. Ainsi, sous le regard dialectico-contrefactuel, nous rappelons
que cette thèse insiste sur la richesse du système agroforestier cacaoyer de la
République Démocratique du Congo. Elle démontre qu’actuellement, le cacao se
présente comme un énorme potentiel pour apporter une partie des réponses
durables face aux grands défis économico-financiers auxquels le pays fait face. En
s’inspirant de l’expérience des pays de l’UEMOA, cette production sociologique,
qui propose la territorialisation comme nouveau paradigme et mode de gestion
des projets de développement rural, plaide pour la relance de la Cacaoyère de
Bengamisa, qui doit être faite « le cœur »677 de l’économie cacaoyère durable en
République Démocratique du Congo. Certes, tout en appelant à la refondation de
l’Etat congolais, à cause de la « sensibilité du politique », et, par « sa centralité »,
sutout, avec « sa puissance »,678 en rappelant les propositions déjà faites, nous
formulons les recommandations que voici :

 à la population congolaise, en général, à tous les paysans, en particulier, et,


aux cultivateurs de cacao, singulièrement, de :

- comprendre que la pratique des projets de développement rural


demeure un canal pour leur épanouissement. Seulement, ces projets
doivent être conçus, exécutés et évalués, etc., avec elle et par elle, en
tenant compte de ses besoins du moment. Autrement dit, la population

677 A ce sujet, nous rappelons JACQUES ATTALI, Les lignes d’horizon, cité par L. LOMBEYA BOSONGO,
Etat & système…, déjà- cité, pp.44. Voici comment il répond à la question de savoir ce qu’il fait qu’un lieu
devienne « cœur » : « il me semble, dit-il, que c’est toujours là où un groupe sait mobiliser un peuple
autour d’un objectif culturel».
678 J BAECHLER, op- cit, pp. 120- 126.
[268]

destinatrice du projet développement rural, doit en être « l’Alpha et


l’Omega » ;

- s’approprier la cacaoculture durable. Certes, non seulement, la culture


de cacao demeure moins exigeante techniquement et en terme de main
d’œuvre que le café et le palmier à huile par exemple. Il faut noter aussi
et surtout, que le changement climatique encore d’actualité,
s’accompagnerait de l’augmentation de la température de 0, 9°C à partir
de 2020 et 1,8°C à l’horizon 2050. Ce changement pourrait, par contre,
s’avérer plus favorable pour les cacaoyers, s’il faut le rappeler ;

- s’organiser dans des coopératives, dans le but d’un accompagnement et


de la défense commune des intérêts ainsi que de l’amélioration de la
qualité de la production par l’adoption des techniques agricoles
modernes qui accroissent le rendement et améliorent la qualité du
cacao.

 aux opérateurs économiques (du domaine public ou privé), œuvrant dans le


secteur du cacao, et, particulièrement, aux gestionnaires du projet CABEN,
d’aujourd’hui et de l’avenir, de :

- considérer la cacaoculture durable, en ce moment de l’histoire, comme


un élément détonateur de l’économie nationale. A cet effet, il devient
utile d’assurer un prix attractif aux cacaoculteurs. Ce serait là, une
manière réfléchie de garantir la productivité de la filière, et, surtout,
une façon de concourir à la « mystique de développement » en RD.
Congo;679

- penser au redressement du projet CABEN en renouvelant son outil de


production et en renforçant des infrastructures socio-économiques dans
ses installations ;

- assurer la fourniture des sacs de conditionnement appropriés pour le


transport et la conservation des cabosses aux cacaoculteurs (de son Bloc

679La « mystique de développement » consiste à l’engagement et à la participation massive d’une


population donnée, à un moment donné de l’histoire, aux objectifs de développement national.
[269]

Familial), ainsi que leur trouver des produits phytosanitaires en vue de


la protection de leurs plantations ;

- participer à l’amélioration de la transparence dans la gestion des


ressources générées par le projet et des efforts à fournir en vue de la
transformation de la moitié de la production par l’industrie locale ;

- puisque la valeur socialement créatrice de l’action individuelle est


fonction de la motivation de l’auteur, il sied de considérer la question
de la rémunération des travailleurs comme un droit et non une faveur.
La prise en charge totale des travailleurs, non seulement, influencerait
positivement la production en attirant et en rajeunissant la main
d’œuvre, elle empêcherait ceux-ci à vendre les cacaos aux « acheteurs
clandestins », qui travaillent pour le compte des pays voisins, mais,
permettrait, aussi, au projet de réaliser des recettes supplémentaires,
utiles pour renforcer encore sa capacité d’action et participer ainsi à la
transformation de « l’espace Bengamisa »;
- militer pour un pouvoir service et une gouvernance intelligente, qui
imposent la transparence dans la gestion des ressources du projet, en
tenant compte des enjeux sur le marché mondial et des prescrits de la
cacaoculture durable, sans oublier l’intérêt de tous les acteurs impliqués
dans son procès de production.

 aux pouvoirs publics :

 en ce qui concerne la pratique des projets de développement rural, de


manière générale de :

- comprendre que la pratique des projets de développement rural n’a pas


de visage : elle dépend des acteurs, des lois et de l’environnement du
moment. Elle peut être rendue productive, c’est-à-dire, capable de
générer la croissance et le développement. D’où, une vision politique
volontariste, soutenue par un retournement théorique et pratique qui
permettent le contrôle de la chaine des dépenses et de la chaine des
recettes par le pouvoir organisateur s’impose ;
[270]

- considérer la territorialisation des projets de développement rural comme


un nouveau paradigme de gestion. Celle- ci prône la conscientisation de
la population rurale à son auto-développement. Certes, elle impose leur
appropriation par les populations locales, en écartant toute rétention des
revenus au niveau des projets (logique capitaliste) et au niveau des
partenaires extérieurs aux projets, en vue de réinvestissement des
résultats, après qu’ils aient été rompus avec la logique des plantations
datant de la colonisation. Elle propose, ensuite, la représentativité des
producteurs impliqués dans les activités du projet ;

- éviter l’implantation des projets de développement rural aux hinterlands


des agglomérations urbaines. Il est préférable de les étendre dans les
milieux reculés des territoires congolais en vue d’assurer leur
désenclavement.

 en ce qui concerne la Cacaoyère de Bengamisa, particulièrement :

- procéder au redressement de la Cacaoyère de Bengamisa, en lui


apportant quelques améliorations aux plans organisationnel, technique et
socioéconomique. Nous sommes convaincu que ce projet agricole sous-
étude, logé dans « l’espace Bengamisa», dans la Province de la Tshopo, une
fois redynamisé, peut redresser la situation socio-économique de la
population rurale de cette partie de la République ;

- imposer le contrôle de la chaîne des dépenses et la chaîne des recettes (du


projet) par le pouvoir organisateur. La CABEN, quoi qu’un projet de l’Etat
congolais, fonctionne comme une plantation créée par les étrangers, son
extranéité reste forte, par la rétention des bénéfices au niveau des
acheteurs et filières d’exportation. Ce contrôle serait possible par la
dépolitisation de projet, surtout en ce qui concerne la nomination des
membres de son comité de gestion ;

- assurer une rémunération attractive aux cacaoculteurs et tous les autres


ouvriers du projet. Ceci serait un encouragement, qui les empêcherait de
vendre les cabosses aux « acheteurs clandestins », etc.
[271]

 en ce qui concerne la cacaoculture, de manière générale :

- promouvoir la cacaoculture durable en initiant les producteurs et/ou tous


ceux qui désirent investir dans la cacaoculture moderne aux nouvelles
techniques, ainsi qu’aux données économiques et écologiques des
différents systèmes agroforesteriers cacaoyers. Ceci aurait comme
conséquence : la multiplication des innovations techniques et
technologiques en vue de répondre au triple défi de la qualité, de la
productivité et de l’adaptation climatique ;
- soutenir une économie cacaoyère durable par l’amélioration de la
transparence dans la gestion des ressources générées dans la filière et la
réorganisation de la production, ainsi que l’amélioration de la
productivité;680

- intervenir dans la fixation des prix du cacao en vue de maintenir


l’équilibre dans la production et assurer un revenu attractif aux
producteurs. Il nous revient, ici, l’occasion de rappeler l’importance du
prix de cacao pour la survie du secteur. Une étude dans ce domaine a
révélé que « les producteurs plantent plus au moment où les prix sont à la
hausse. Quand arrive la récolte, le décalage temporel entre ces prix
favorables et la production effective provoque une production
excédentaire qui conduit à la baisse des prix. La demande étant rigide,
cette baisse des prix est alors amplifiée, amenant les paysans à réduire leur
offre lors des saisons suivantes. De nouveau, la rigidité de la demande tire
le prix à la hausse et le cycle se répète ».681 Voilà, pourquoi l’intervention
de l’Etat reste utile pour assurer l’équilibre ;

- créer une structure (Office National de Promotion et de Vente de Cacaos,


ONPVC, par exemple, tel est le cas de CCC en Côte d’Ivoire et le CGFCC
au Togo) qui aura comme charge : la réorganisation et la gestion de la
filière de cacao dans le but de l’instauration d’une grande transparence
dans les exportations et une réorganisation de la filière. Il devra, en outre,
entreprendre des actions qui permettent aussi la transformation locale de

680 B CEAO, op- cit, p. 7.


681 A ce sujet, lire utilement, BCEAO, op- cit, p. 16.
[272]

fèves de cacao. Il va de soi que l’Office devra aussi socialiser les acteurs qui
s’engagent dans la filière aux exigences internationales de l’économie
cacaoyère, relatives à la qualité des produits, déterminées par le respect
des règles normatives de production. Il aménagera, ensuite, un système de
financement au profit des producteurs, l’amélioration de leurs conditions
de vie et leur formation aux techniques de production durable.

En définitive, il sied de souligner que, par cette production


sociologique, nous ne pensons pas avoir épuisé la matière autour du thème sous-
étude. Cependant, elle se veut une contribution, si modeste soit-elle, mais utile à
la conception d’une politique nationale de développement rural pour la
République Démocratique du Congo. En outre, cette étude, qui fait appel à
l’interdisciplinarité, entrevoit la possibilité de plusieurs autres recherches. Il y a
lieu de souligner par exemple la possibilité d’une étude sur : « - le coût global de
la relance de la Cacaoyère de Bengamisa, - le changement climatique et la
géographie de la cacaoculture durable en RD. Congo, - la sécurisation de la
production de cacaos/congolais face aux actions des « acheteurs clandestins des
pays voisins, ainsi que - les modalités de la transformation industrielle de cacao
congolais localement, etc.».

Certes, puisque « la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si


elle ne peut servir »,682 nous sommes convaincu que cette étude esquisse des bases
d’une nouvelle sociologie spéciale : la « Sociologie de l’économie cacaoyère durable en
RD. Congo ».683 N’est- ce pas que les sociologies spéciales naissent des nouvelles
pratiques sociales »684 ? Ainsi, nous confirmons notre thèse selon laquelle : « la
logique capitaliste, par la financiarisation des projets de développement rural,
hypothèque leur fonction émancipatrice. Toutefois, il convient de noter que
celle- ci, c’est-à-dire, la logique capitaliste, ne demeure pas une nécessité

682 E. DURKHEIM, Les règles des méthodes sociologiques, cité par V. GERMAIM, Eléments de science
pénitentiaire, Cujas, 1959, p.18.
683 Puisque « les sociologies spéciales naissent des nouvelles pratiques sociales, la pratique d’une « économie

cacaoyère durable en République Démocratique du Congo » fait appel à une nouvelle sociologie pour laquelle
nous jetons des bases.
684 Propos de L. LOMBEYA BOSONGO dans ces enseignements de sociologie destinée aux économistes,

UNIKIN, RD. Congo.


[273]

historique, même, si elle peut paraître comme une détermination historique ».685
Raison pour laquelle nous insistons sur la mise en application des
recommandations et des actions proposées. Ces propositions,686 se résument par
la territorialisation que nous considérons comme paradigme et nouveau mode de
gestion des projets de développement rural. Celle-ci, (c’est-à-dire, la
territorialisation) se présente comme le préalable pour que la pratique des projets
de développement rural génère la croissance, et, que la Cacaoyère de Bengamisa
devienne le « cœur »687 de « l’économie cacaoyère durable»688 en République
Démocratique du Congo. Pour ce faire, une dose de liberté d’action, garante de la
permissivité institutionnelle s’impose au « groupe porteur»689congolais, ainsi que
la capacité étatico-praxéologique à ses gouvernants.

685 A ce sujet, lire utilement, JACQUES DE SAINT VICTOR, op-cit, pp.9-10, ainsi que W. BOLIMA BOLITSI,
« Logique marginaliste et projets de développement rural en République Démocratique du Congo. Regard
sociologique sur une base d’action capitalistique de la pauperisation des masses rurales », Article déjà-cité,
pp. 21-47.
686 A ce sujet, considérez le Schéma n°3 de cette étude : « Esquisse d’une vue structuro – synoptique d’une
stratégie nationale de la relance de la Cacaoyère de Bengamisa et la promotion de la culture de cacao
durable en vue d’une économie cacaoyère durable en RD. Congo ».
687 JACQUES ATTALI, Les lignes d’horizon, cité par L. LOMBEYA BOSONGO, Etat & système…, déjà-cité,
pp44. Voici comment il répond à la question de savoir ce qu’il fait qu’un lieu devienne « cœur » : « il me
semble, dit-il, que c’est toujours là où un groupe sait mobiliser un peuple autour d’un objectif culturel».
688 BCEAO, op- cit, p. 19.

689 « Le groupe porteur » étant, puisqu’il faut le rappeler, « celui qui établit les conditions générales de

pensée et d’action de manière que par la consolidations successives des actions intégrées d’ordre politique,
économique, social et culturel (religieux et idéologique), la nation soit cet ensemble d’intérêts communs,
sur un territoire donné, distinct des autres groupes à vocation semblable » A ce sujet, lire utilement,
LOMBEYA BOSONGO L,, Etat- système socio- économique, cité par W. BOLIMA BOLITSI & S.
MASUMBUKO KALONDA, op- cit, pp. 37-38.
[274]

ANNEXES
[275]

ANNEXE. I.

QUELQUES IMAGES SUR LA MORPHOLOGIE DE LA VIE VILLAGEOISE EN


REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Source : Photos prises par nous lors de nos enquêtesde terrain


[276]

Commentaires : Ces images offrent le paysage d’un village en République


Démocratique du Congo.690 De gauche à droite, et du haut en bas, les images
proposent la morphologie villageoise. Comme il a déjà été dit, nous avons, ici, des
photos des villages avec des maisons étalées de part et d’autre de la route. Ces
images présentent des maisons construites, soit, en stiques, soit encore, en briques
à dobes ou voire même, d’autres couvertes par des feuilles, etc. Le
communautarisme, caractéristique principale de la vie au village se fait ainsi
remarquer. Si la sociologie reconnait, en outre, que la maison dans les pays
tropicaux a comme fonction, de garder les biens et de se protéger contre les
intempéries, nos photos, ici, témoignent que, généralement, tout se fait à
l’extérieur de la maison.

690W. BOLIMA BOLITSI, « LA RD. Congo et la transformation de son milieu rural : esquisse d’une vue
synoptico-sociologique des différentes stratégies d’aménagement de l’espace rural congolais, de la
colonisation à ce jour », dans M.E.S, n°98 du Janvier- Mars, Kinshasa- R.D.C, 2017, p.51.
[277]

ANNEXE II.

Tableau XXV : Esquisse des axes d’intervention des plans de développement rural

Axes Ensemble de Mesures


Propositions
- Formation professionnelle
Renforcement du - Installation des jeunes
capital humain - Préretraite
- Utilisation de la part des agriculteurs des
AXE I: services de consultation pour les
Amélioration de exploitations
la compétitivité - Démarrage des services techniques et de
du secteur consultation
agricole et - Investissements dans les exploitations
forestier agricoles et forestières (modernisation)
Renforcement du - Augmentation de la valeur ajoutée des forêts
capital physique - Développement des infrastructures agricoles
- Restauration et prévention des dommages au
potentiel agricole pour désastres naturels
- Réalisation des standards
Qualité des produits et - Qualité alimentaire
des processus - Promotion et information sur des produits de
(nouvelles mesures qualité de la part de groupes de producteurs
introduites par la
réforme Fischler)

AXE II : - Indemnité de compensation pour zones de


Amélioration de montagne
l’environnement Utilisation Bdurable - Indemnité de compensation pour zones
et de l’espace des terrains agricoles défavorisées
naturel et gestion - Indemnité de compensation pour les ères
du territoire « Natura 2000 »
- Mesures agro-environnementales et de bien-
être des animaux
- Investissements non productifs
[278]

- Premier boisement de terrains agricoles


Utilisation durable des - Démarrage de systèmes agro-forestiers sur
terrains forestiers terrains agricoles
- Premier boisement de terrains non agricoles
- Indemnité de compensation « Natura 2000 »
- Mesure éco-forestières
- Action de restauration et de prévention
forestière
- Investissements non productifs
AXE III : - Diversification vers des activités non
Diversification de Diversification de agricoles
l’économie rurale l’économie rurale - Soutien à la création et au développement de
et qualité de la PMI
vie en milieu - Encouragement des activités touristiques
rural - Protection, valorisation et gestion du
patrimoine rural et naturel
- Développement des infrastructures pour
Amélioration de la communes rurales afin de fournir des
qualité de vie services essentiels à la population et à
l’économie rurale
- Renouvellement et développement des
villages ruraux
Formation : formation professionnelle et des acteurs économiques
Stratégies locales de développement : acquisition de compétences pour
l’animation de stratégies locales de développement

Source : Marie Helene Canale, op- cit, p. 8, celle-ci a été complétée par nous, à
partir d’autres littératures en la matière.
Commentaires : Le tableau ci-haut indique les axes qui peuvent intéresser un plan
de développement rural par rapport à une politique de développement rural. En
outre, il renseigne sur les propositions de chaque axe ainsi que des mesures y
afférentes. En effet, ces éléments demeurent indicatifs et non universellement
opposables pour toute politique de développement rural.
[279]

ANNEXE III.

ORDONNANCE N° 80-305 DU 31 DECEMBRE 1980.

Source : La Direction Générale de la CABEN dans son siège administratif de


Kisangani, le samedi 8 avril 2017, lors de nos enquêtes de terrain. Cette source
est paraille pour l’Arreté ci-dessous.
[280]

ANNEXE IV.

ARRETE DEPARTEMANTAL N° 000188/BCE/AGRIDRAL/81 DU 23/12/1981,


PORTANT CREATION DU PROJET CACAO DE BENGAMISA
[281]

ANNEXE. V.

QUESTIONNAIRE D’ENQUETE

Dans le cadre de notre recherche doctorale en sociologie, à


l’Université de Kinshasa, nous menons une étude sur la pratique des projets de
développement rural, particulièrement, sur le projet CABEN à Bengmisa, dans la
Tshopo. Nous vous prions de bien vouloir nous aider en répondant à ce
questionnaire en cochant la réponse qui convient à votre opinion. Pour d’autres
questions, la liberté vous est accordée de donner votre point de vue.

D’avance, nous vous remercions.

I. Identité de l’enquêté :
1. Noms(Facultatif)…………………………………………………………………….
2. Sexe : a) Masculin b) Féminin
3. Degré d’études :
a) Niveau universitaire
a) Niveau sécondaire
b) Niveau primaire
4. Profession :…………………………………………………………………………
II. Opinion de l’enquêté
1. Avez-vous des informations sur le projet CABEN :
− nombre d’ouvriers
− infrastructures (bâtiments)
− rentabilité (cueillette, vente, bénéfice pour entreprise, bénéfice pour
les travailleurs, bénéfice pour le milieu, bénéfice pour l’emploi)
− effets d’entrainement en activités secondaires nées grâce à la présence
de CABEN (Y-a-il une perspective de transfert de technologie en
termes de développement, y-a-t-il une ouverture sur l’extérieur en
termes de vente ? avec quels pays ?)
− quels effets dans la périphérie immédiate de Bengamisa, de
Kisangani.
− En termes d’absorption de chômage, en termes de consommation des
produits de CABEN, etc..

2. Pouvez-vous nous parler de ce projet…………….………………………………


[282]

3. Quelles furent selon vous les attentes de la population locale sur CABEN ?

N° Les points de vue des enquêtés


1 L’emploi avec des conditions de travail dignes, doublées de la bonne
rémunération, des logements, des écoles pour leurs enfants et des
hôpitaux, etc.
2 Amélioration socio-économique (développemnt) de leur milieu
3 Initiation à la transformation de cacao en produits semi-finis et finis

4. Est-ce que oui ou non, la cacaoyère de Bengamisa présente-elle de l’impact


Social visible à Bengamisa et ses environs en termes d’emplois,
d’infrastructures sociales de bases (écoles, centres hospitaliers, routes), etc. ?
.......................................................................................................................................
5. Est-ce que oui ou non, la CABEN produit encore du cacao marchand ces dix
dernières années ?......A quoi sert cette production de cacao de la CABEN ?
...................................................................................................................................
6. Comment y est gérée cette production ? ………………………………………
7. Selon vous, quels sont les problèmes que la CABEN connait ?
………........................................................................................................................
8. Quelle lecture faites-vous sur le rapport gouvernement (s) / CABEN ?

N° Les différentes opinions des enquêtés


1 Le gouvernement ne subventionne pas le projet
2 Les membres du gouvernement, souvent, s’arrangent avec les comités de
gestion pour détourner les fonds du projet
3 Le gouvernement étouffe le projet en mettant les politiciens à la tête du
projet
[283]

9. Quel est le bilan de la CABEN, quelles sont les raisons de son échec ?

N° Les différents points de vue des enquêtés


1 Le président Mobutu devrait plaire à Houphouët Boigny en laissant la
culture de cacao à la Côte d’Ivoire. D’où ce projet n’a pas été pris en charge par
l’Executif national, avec comme conséquence le desengagement des
partenaires financiers, etc.
2 La présence des politiciens à la tête du projet qui détournent les fonds de projet
3 L’absence des partenaires qui financent le projet
4 La non prise en compte des intérêts de la population locale dans le procès de la
production du projet
5 Toutes ces raisons sont à prendre en considération

10. Avez-vous connaissance d’autres projets de développement rural réalisés à


Bengamisa ou dans les environs ? Lesquels ?, et quel a été leur apport dans
leur milieu d’implantation ? ..................................................................................
11. Quelles leçons tirez-vous des expériences de ces projets de développement
connus ? ………………………………………………………
12. Nous pouvons, partant de ces expériences soulevées par vous, y compris
celle de la CABEN, déduire que généralement, les projets développement
rural sont :
a) Conçus selon la logique marginaliste et exécutés pour l’enrichissent
de leur initiateurs et/ou des bailleurs de fonds, et que les paysans ne
sont que des simples exécutants, peu importe le maigre salaire ?
b) Les projets de développement rural au regard de la logique capitaliste
qui les guide à l’heure actuelle ne pourront pas réduire la pauvreté
dans les milieux ruraux congolais sans l’implication des populations
cibles dans les différents étapes de cycles de projets ;
c) Les projets de développement rural n’apporteront rien, aussi
longtemps que les intérêts des populations rurales ne seront pas au
centre de leur préoccupation et sans l’implication de cette population
elle-même ;
d) Les projets de développement rural n’apporteront rien à la
population rurale, aussi longtemps qu’ils seront conçus et planifiés
dans les bureaux, à l’étranger et loin de la population réceptrice ;
e) Autres à préciser …………………………………………………………
[284]

13. Quelles sont selon vous, les causes des échecs à répétition des projets de
développement rural que vous connaissez ? :

N° Les différents points de vue des enquêtés


1 Les différents projets connus n’ont fait qu’enrichir leurs porteurs et
gestionnaires
2 Ces projets, souvent, dépossèdent la population de leurs terres et les
appauvrissent
3 Par ces projets de développement rural, les populations locales travaillent
pour autrui
4 Toutes ces propositions sont à prendre en compte

14. Selon vous, qu’est- ce qu’il faut faire pour que la CABEN joue le rôle
émancipateur à Benganisa et/ou dans la Tshopo (RDC) ? :

N° Les différents points de vue des enquêtés


1 Que le gouvernement congolais prenne en charge le projet pour l’intérêt
de la République et pour l’amélioration de la situation socio-économique
de la population locale
2 Que les partenaires financent la CABEN

3 Que les fils natifs de la Tshopo soutiennent le projet

4 Que la population locale soit associée à toutes les fois qu’il y a financement
du projet
5 Autres à préciser

15. Pourquoi la culture de cacao n’a pas de l’impact socio-économique visible


à en RD. Congo ?............................................................
16. Quels conseils donnez-vous aux :
a) Autorités politico-étatiques pour que les projets de développement
rural soient permissifs au bien-être total de la population congolaise ?
Particulièrement, en ce qui concerne la CABEN et la cacaoculture ? :
………………………………………………………………………………
b) Aux initiateurs et/ou porteurs (aux bailleurs de fonds) de ces projets
de développement rural ? ………………………………………………..
c) Aux gestionnaires de la Cacaoyère de Bengamisa ?

……………………………………………………………………………………
[285]

d) A la population rurale congolaise elle-même ?........................................


17. Quel est le problème (ou la question) en rapport avec les projets de
développement rural que vous voudrez que je soulève, qui n’a pas été fait
par moi dans ce questionnaire ?
………………………………………………………………………………………

Merci de votre franche collaboration


[286]

ANNEXE. VI.

LE PROTOCOLE DU FOCUS GROUP

Bonjour !

Je suis monsieur William BOLIMA BOLITSI, doctorant en sociologie à


l’Université de Kinshasa, votre fils de la Tshopo, originaire de Yahuma. Je viens
vers vous pour solliciter votre disponibilité à l’étude que je suis en train de mener
dans le cadre mes recherches doctorales.

En effet, dans le cursus universitaire, il est prévu la présentation d’un


travail scientifique pour sactionner la fin des études doctorales. C’est à ce titre que
je compte reccueillir vos différents points de vue sur le sujet que j’aborde : « Les
projets de développement rural en République Démocratique du Congo. Analyse
sociologique de l’expérience de la cacaoyère de Bengamisa (CABEN) dans
Province de la Tshopo ». Vos opinions me sont utiles, elles ne feront en aucun cas
l'objet d'une poursuite judiciaire, et vous garantis la confidentialité en ne faisant
pas allusion à vos noms. Je vous remercie tous d'avoir consenti de participer691 à
cette séance de travail.

1. Thème 1. De la Perception et de la connaissance :

 Depuis quand vivez-vous dans ce milieu ?


 Avez-vous déjà entendu parler d'un projet de développement rural ?
 Avez-vous une idée sur un projet de développement rural ici à
Bengamisa et environs ?
 Pouvez- vous nous retracer l’historique de la Cacaoyère de Bengamisa ?
 Quoi de bon pouvez-vous à dire par rapport au projet CABEN ?

2. Thème 2. Attitudes des ruraux face aux projets de développement rural :

 Quel est selon vous l'impact du projet CABEN à l'espace Bengamisa ?


 Quel est le rôle que jouait et pouvait encore jouer le projet CABEN dans
l'espace Bengamisa et ses environs ?
 Quelle est la valeur du projet CABEN dans l'espace Bengamisa ?

691 Pour ce qui est des participants au focus-group, les précisions ont été données à l’introduction, dans
la partie qui annonce les techniques aux quelles nous avons fait recours.
[287]

3. Thème 3. Mécanismes et Pratiques :


 A qui profitaient ou profite encore le plus, selon vous, les actions du
projet CABEN dans l'espace Bengamisa ?
 Avait-il des conditions ou exigences pour bénéficier des avantages du
projet CABEN ?
 Pouvez-vous nous dire des raisons pour lesquelles la CABEN n’arrive
pas à réaliser ses objectifs ?
 Pouvez-vous nous dire pour quelle fin les habitants de l'espace
Bengamisa s’adonneraient au projet CABEN ?

4. Thème 4. Souhaits :

 Quelles seraient vos attentes par rapport au projet CABEN ?


 Quelles sont vos perspectives d'avenir par rapport au projet CABEN
dans l'espace Bengamisa et même pour l’ensemble de la République ?
 Avez-vous aujourd'hui quelques stratégies à mettre en place pour la
redynamisation ?

Merci de votre participation


[288]

ANNEXE. VII.

ATTESTATION ET RECOMMANDATION A LA RECHERCHE, ET LA


PREUVE DE L’ENQUETE SUR TERRAIN DANS « L’ESPACE BENGAMISA »
[289]
[290]

ANNEXE. VIII.

CARTE N° 2. LA CARTE ADMINISTRATIVE DE LA RD. CONGO AVANT


SON DECOUPAGE EN 26 PROVINCES

Source : Léon de Saint Moulin & Jean-Luc Kalombo, Atlas de l’organisation distractive de la République
Démocratique du Congo, CEPAS-Kinshasa, 2005, p. 8.

Commentaires : La carte présente la RD. Congo dans ses 11 provinces, ce chiffre


comprend la capitale, Kinshasa, qui a le rang de la province.
[291]

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Kinshasa- R.D.C, 2017, pp.75-117.
- MWENE BATENDE G., « Pauvreté et stratégies de survie au Congo-
Kinshasa », dans Cahiers congolais de sociologie et anthropologie, n°18, 2008.
- MWENE BATENDE G., « Les implications sociologiques des stratégies de
développement durable de la République Démocratique Congo», dans
PREMIERES JOURNEES SCIENTIFIQUES : Quel type d’homme, quel projet
de société pour une transition efficiente en R.D.C., Faculté des SSPA,
UNIKIN, Kinshasa, 2003, pp. 127-138.
- NGONGA NZINGA V., « Stabilisation économique et transformation
structurelle de la République Démocratique du Congo », dans MES, n°100,
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développement », Statéco n° 90-91, d’aout- décembre, 1998.
- NKUANZAKA I., « Les minorités pygmées de la RDC face au code
forestier », dans Revue Africaine des Peuples Autochtone, Volume 1, CERDAS,
du décembre, 2009, pp.33-42.
- NKUANZAKA I., « Essoufflement du capitalisme libéral : comment opérer
une transition vers la social-démocratie comme solution palliative ?», dans
M. E. S, nO51 du Novembre & Décembre, Kinshasa- R. D. C, 2008, pp.71-87.
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l’IRES, Volume XXVII, n0 1, du Mars, 2010, pp.99-128.
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- NZENGA MAMBU KELLY CLEMENT, « Impact de la structuration des
organisations paysannes soutenues dans une économie locale rurale de 2011
à 2015 : Cas du territoire de Lisala avec le Projet d’Appui à la Réabilitation
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et à la Rélance du Secteur Agricole », dans MES, Numero spécial du


Décembre, 2017, pp.57-82.
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populations autochtones en RDC : un combat inégal », dans Revue Africaine
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possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus en histoire », dans Revue de
l’Histoire Moderne et Contemporaine, n° 59-3, 20.
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- TIKER-TIKER, « Le concept de Développement rural dans le processus du


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de l’IRES, Volume XVI, n0 3, du Septembre, 1978, pp.244-247.
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managériale au développement de la République Démocratique du Congo :
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pour une transition efficiente en R.D.C., Faculté des SSPA, UNIKIN,
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- UBOLE KHOSHI T., & YUMBU PROTAIS, RD. Congo : Terre de potentialités,
d’opportunités, de convoitises et de pillages. Des originaines à nos jours, Ed. du
CEPAS, Kinshasa, 2O17.
- WETSHODIMA YOLE YALONGA, G., « La triangulation dans le processus
de la recherche de la conception à la réalisation d’une étude », dans MES, n0
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- WINGENGA- WI- EPENDO, « L’Emergence d’une culture de la pauvreté
dans les villes du Congo- Kinshasa », dans MES, n° 001 du septembre &
octobre, 2001.
- WINGENGA- WI- EPENDO, JANNOT, « Le mal congolais : un syndrome
d’intellecto - déficience» dans PREMIERES JOURNEES SCIENTIFIQUES :
Quel type d’homme, quel projet de société pour une transition efficiente en
R.D.C., Faculté des SSPA, UNIKIN, Kinshasa, 2003, pp.139-147.

III. THESES, MEMOIRES ET SEMINAIRES

- AUNGE MUHIYA Jean, Modes de vie des communautés de base en milieu rural
comme stratégie de développement. Etude menée dans le territoire de Kongolo,
(Thèse de doctorat en Economie agricole, Sciences agronomiques),
UNIKIN, Kinshasa, 2O06.
[314]

- BAENDE EKUNGOLA, J. G., Mutations de l’Etat et enjeux de la reconstruction


nationale en RDC : quête citoyenne d’une gouvernance de développement, (Thèse
de doctorat en SPA), UNIKIN, 2O11-2012.
- BOFAMBU NKOMBE ETAF’EOSENGA, Délocalisation des sociétés agro-
industrielles transnationales, capitalisme périphérique et sous-développement.
Analyse sociologique des incidences économico-politiques et socio- culturels
engendrés par la localisation de la filiale d’une Société Agro-industrielle
Transnationale dans une Formation Economique et Sociale (FES) Périphérique,
(Thèse de doctorat en Sociologie), UNILU, 1989-1990.
- BOLIMA BOLITSI W., Les Eglises de réveil comme nouvelle forme de sécurité
sociale. Regard sociologique sur l’expérience de la communauté Armée de l’Eternel
à Kinshasa, (Mémoire de D.E.S en Sociologie), Unikin, 2013.
- BOUARD Séverine, Les politiques de développement à l’épreuve de la
territorialisation : Changement et stabilités dans une situation de décolonisation
négocié, la province Nord de la Nouvelle-Calédonie, (Thèse de doctorat en
Géographie), Université de PAUL VALERY-MONTPELLIER III, Octobre
2011.
- EDIBA YENGEME A., Prédation fiscale et sous-développement en République
Démocratique du Congo : une contribution à la sociologie de l’impôt. Etude menée
en Province Orientale de 1993 à 2010, (Thèse de doctorat en Sciologie),
UNIKIS, 2011.
- IYEFA WESSA P., Le développement rural et la lutte contre la pauvreté par les
projets agricoles. Cas de la cacaoyère de Bengamisa (CABEN), (Mémoire de
Licence en Economie rurale), Unikin, 2004-2005.
- KABA-KABA MIKA A., Emergence des activités rurales à la périphérie de
Kinshasa, (Mémoire de D.E.S en Sociologie), Unikin, 2009.
- KABASELE S. B., Pauvreté et conflits sociaux à Kinshasa. Pentagone de la
régénérescence des capacités comme fondement de lutte contre la pauvreté et les
conflits sociaux. (Thèse de doctorat en Sociologie), Unikin, R. D. Congo, 2006-
2007.
- KABEYA TSHIKUKU, Méthodologie approfondie en science économique (et en
sciences sociales), (cours de DEA en Sciences Economiques), Edition augmentée,
2003.
- KAMINAR NSIY KAVU, Coopération décentralisée et actions publiques de
développement socio-économique d’une entité provinciale : pour un management
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participatif des actions publiques de revitalisation urbaine à Kinshasa, (Thèse de


doctorat en Sciences Politiques & Admnistratives), UNIKIN, 2010.
- KANKWANDA EBULELENG, Croissance et structure de l’économie congolaise.
Analyse par la méthode input-out-put, (Thèse de doctorat en Sciences
Economiques), Unikin, Kinshasa, 2003.
- KAYEMBE KATAYI DELPHIN, Représentation sociales et logiques d’actions des
principaux recipiendaires et sous-bénéficiaires impliqués dans la lutte
antipaludisme à Kinshasa, Contribution à une étude anthropologique de la
santé. (Thèse de doctorat en Anthropologie), SSPA, Unikin, Kinshasa, 2018.
- KINKELA NSABI J. M., Economie sociale et lutte contre la pauvreté en RDC.
Regard sur les tontines à caractères mutualistes de Kinshasa, (Thèse de doctorat
en Sociologie), Unikin, R. D. Congo, 2018.
- KIYULU N’YANGA – NZO, B. J., Les forêts sacrées et les savoirs endogènes
teke : une analyse socio-pragmatique des interactions verbales et symboliques,
Thèse de doctorat en Lettres et civilisations Africaines, (Orientation
Linguistique) Unikin, Kinshasa, 2012-2013.
- LOMBEYA BOSONGO L., Logique communautaire et coopérative économique
chez les Topoke du Haut-Zaïre : essai théorique sur le développement rural en
Afrique Central, (Thèse de doctorat en Sociologie), Université Catholique de
Louvain, Bruxelles, 1975.
- LONGADJO O. L., La paysannerie zaïroise et la loi du développement inégal.
Contribution à la critique de la théorie de la dépendance, Lubumbashi-Unaza,
(Thèse de doctorat en Sociologie), Lubumbashi, 1981.
- LONGOLI MOKOMBOLI P., Faillite des entreprises de portefeuille de l’Etat
congolais et alternatives managériales de leur revitalisation de 2003 à 2008, (Thèse
de doctorat en SPA), UNIKIS, 2012.
- LUBO YAMBELE NTAMBUE MPUNGWE K-L, D., Mondialisation, politique
de développement et perspectives de lutte contre la pauvreté en milieu rural :
regard sur l’intervention de la coopération technique Belge dans le territoire de
Kabinda, (Thèse de doctorat en Sociologie), Unikin, 2007- 2009.
- MBAYA MUDIMBA R., Cours des recherches, enquêtes sur le terrain, la collecte
des données, les travaux pratiques, (Séminaire- D.E.S, de Méthode quantitative
et qualitative, en Sociologie), Unikin, R. D. Congo, 2011.
- MBIMA CESAIRE, Inégalité de revenus des menages ruraux à Madagascar,
(Thèse de doctorat en Sciences Economiques), Université de Rouen, 2017.
[316]

- MOKONDA BONZA F., Structures socio-économiques et développement rural


au Zaïre. Le cas du Bas-Uélé, (Thèse de doctorat en Sciences Economiques),
Unikin, Kinshasa, 1982.
- MPIANA TSHITENGE J. P., Approche sociologique des itinéraires et des
représentations de la réussite sociale dans les milieux populaires de Kinshasa,
(Thèse de doctorat en Sociologie), Unikin, 2008.
- MUKABA MBUTU I., Les théories du développement, (Notes de séminaire de
D.E.S en Sociologie, SSPA), Unikin, Kinshasa, R. D. Congo, 2011.
- MULUMA MUNANGA A., Politique agricole et le développement rural.
Analyse sociologique du développement de quelques expériences agricoles au
Zaïre. Cas des Institutions de Recherches et Formations agronomiques : INERA,
IFA, ISEA, et ISDR, (Thèse de doctorat en Sciences Sociales), Faculté des
Sciences Sociales, Politiques et Economiques, Université Libre de Bruxelles,
Novembre, 1987.
- NEMOYATO BAGEBOLE J-P, Le poids de la culture dans l’effort de la
modernisation de l’agriculture en R. D. C. Cas des Baboa du territoire de Bambesa,
(Mémoire de Licence en Economie rurale), Unikin, 1996-1997.
- NGOY BISONGO C. Les politiques environnementales et sociales de la Banque
Mondiale à l’épreuve des logiques d’action en RDC. Le primat de la logique
d’hibernation sociale, (Thèse de doctorat en Sociologie), UNIKIN, 2014-2015.
- NKUANZAKA I., Planification familiale à Kinshasa, une option possible ou un
impératif de développement. Enquête sociologique menée auprès des cadres et
agents du Ministère de la Fonction Publique, (Thèse de doctorat en
Sociologie), Unikin, 1998.
- NYANGE M., Participation des communautés locales et gestion durable de la
forêt. Cas de la réserve de la biosphère de Luki en République Démocratique du
Congo, (Thèse de doctorat en Sciences économiques), Université de Laval-
Université de Kinshasa, 2014.
- SERAPHIN G., Les concepts de « science » et « technique » au sein de l’Unesco,
mémoire IEDES, 1994.
- SENGI BANGAMA LIKONDO J-P, Les organisations professionnaires
paysannes dans l’Hinterland de Kisangani : recherche des stratégies de
développement endogène, (Thèse de doctorat en Sociologie), UNIKIS, 2005.
- TSHENKE D., Mbuji-Mayi : diamant et pauvreté d’une ville. Approche
sociologique, (Thèse de doctorat, Sociologie), FSSAP, Unikin, 2012.
[317]

- WETSHODIMA YOLE YALONGA, G., Condensée du séminaire des problèmes


de développement des pays du Tiers Monde, (Notes destinées aux apprenants du
3ème Cycle, FSSAP), Unikin, 2017.
- YAAYA LIAGOLOLA V., La culture de la pauvreté à Kisangani : recherche des
thérapeutiques étiologiques, (Thèse de doctorat en Sociologie), UNIKIS, 2009.
- YANNICK PAUL – ESTELLE GNAMIAM, Libération et pauvreté : le cas des
producteurs de cacao de la Cote d’Ivoire, (Mémoire de Maitrise en
Administration des affaires), Université du Québec à Montréal, Mars 2008.

IV. DOCUMENTS OFFICIELS ET RAPPORTS

- BCEAO, Etude monographique sur la filière cacao dans l’UEMOA, juin 2014.

- B. M., Rapport sur le développement dans le monde, 1998- 1999.


- C. N. S, Rapport de la commission juridique, Lingwala, Palais du peuple, 1992.
- Contenu du programme de la campagne agricole 1999- 2000
- CONSTITUTION de la R. D. Congo, du 18, février, 2006, article 22.
- MINISTERE DU PLAN, Document de stratégie de la croissance et de réduction
de la pauvreté (version intérimaire), Mirak Impressions, Kinshasa- Gombe,
2004.
- LOMBEYA BOSONGO L., Rapport des vacances parlementaires, Sénat- RDC,
du Aout-Septembre, 2007.
- MOKONDA BONZA F., Rapport des vacances parlementaires, Sénat- RDC, du
Aout-Septembre, 2007.
- (RDC), Note de politique agricole et développement rural, décembre 2009.
- PNUD, Rapport sur le développement humain 2016, le développement humain,
New York, Etats-Unis, 2016.
- PNUD, RD. Congo, dynamiques et enjeux de développement à long terme, ENP,
2015.
- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Paris, Economica, 1992.
- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Bruxelles, De Boek,
2002.
- RAPPORT BRUNDTLAND, Notre avenir à tous, Montréal, Ed. du Fleuve,
1987.
[318]

V. ALLOCUTIONS, DISCOURS, MESSAGES ET AUTRES SOURCES

- LOMBEYA BOSONGO L. « Le politique et l’intellectuel africain »,


Conférence donnée dans le cadre de l’Institut International Africain, Janvier 2009.

- LOMBEYA BOSONGO L., « La gestion de la Ville de Kisangani en période


postélectorale», Conférence débat animée dans la salle de l’Alliance Franco-
Congolaise, organisée par la mutuelle Des Amis de Kisangani/LA MAK, le
20, O5, 2006.
- LOMBEYA BOSONGO L., Débat de la Deuxième Commission sur «Le
développement durable » Intervention (de la RDC/Sénateur) à la 120ème
Assemblée de l’Union Interparlementaire, Addis-Abeba, (5-10 Avril), 2009.
- MOBUTU SESE SEKO, Président de la République du Zaïre, actuelle
République Démocratique du Congo, à prononcé l’Assemblée générale de
l’ONU, en 1973.
- NGOY KASONGO E., «La clé de l’émergence de l’économie congolaise »,
Conférence débat animée en collaboration avec le Forum Economique,
FSEG, UNIKIN, dans la salle Michel NORO, le 20, O4, 2018.

VI. WEBOGRAPHIE

- http://fr.wikipedia. org/wiki/village. Consulté le 03, 09, 2016.


- http://fr.wikipedia.org/wiki/village*cite_note4. Consulté le 31, 08, 2016.
- Source disponible en ligne: http://www.granddictionnaire.com. Consulté le
31,08, 2016.
- fr.wikipedia.org/wiki/cacao. Consulté le 17, 03, 2017.
- www.unctad.org/infocomm/francais/cacao/marche.htm. Consulté le 19, 04,
2017
- www.cirad.fr/fr/web_savoir/curieux/brochures/cacao/pdf/p1011pdf.
Consulté le 26, 08,2016.
[319]

TABLE DES MATIERES


EPIGRAPHE ............................................................................................................................... i
IN MEMORIAM ......................................................................................................................ii
DEDICACE ................................................................................................................................ iii
AVANT - PROPOS ...................................................................................................................... iv
LISTE DES ABREVIATIONS & ACRONYMES ................................................................. viii
LISTE DES TABLEAUX .............................................................................................................. xi
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... xiii
LISTE DES PHOTOS................................................................................................................. xiv
LISTE DES GRAPHIQUES ...................................................................................................... xiv
LISTE DES SCHEMAS............................................................................................................... xv
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................. 1
1. OBJET D’ETUDE ............................................................................................................................. 1
2. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE...................................................... 2
2.1. De la problématique ............................................................................................................... 2
2.2. Des objectifs de la recherche ................................................................................................ 5
3. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE ........................................................................................... 6
4. REVUE DE LA LITTERATURE EN RAPPORT AVEC LE SUJET ........................................... 8
5. DU CONTEXTE, DE L’INTERET ET DE LA JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE ....... 22
5.1. Du contexte de la recherche.................................................................................................... 22
5.2. De l’intérêt de la recherche ..................................................................................................... 24
6. DES METHODES, DES TECHNIQUES UTILISEES, DU MODELE THEORIQUE ET DES
DIFFICULTES RENCONTREES ................................................................................................. 26
6.1. Des méthodes utilisées : de la dialectique et de l’analyse contrefactuelle.................... 26
6.2. Des techniques utilisées et de la triangulation..................................................................... 33
6.3. De la théorie du matérialisme historique et son application à cette recherche ........... 37
6. 4. Des difficultés rencontrées ..................................................................................................... 40
7. DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L’ETUDE ...................................................... 41
8. STRUCTURE DU TRAVAIL ........................................................................................................ 41
Ière PARTIE CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DE L’ETUDE ................ 43
INTRODUCTION ................................................................................................................................ 44
CHAPITRE I. DU DEVELOPPEMENT ET SES CONTOURS : APPROCHES
DEFINITIONNELLES D’UN CONCEPT ET D’UNE PRATIQUE SOCIALE
...................................................................................................................................... 45
INTRODUCTION ................................................................................................................................ 45
SECTION I. DU DEVELOPPEMENT ET DES CONCEPTS CONNEXES ............................... 45
§1. Du développement : contours définitionnels et théoriques.................................................. 47
§2. Du développement comme phénomène culturel..................................................................... 54
SECTION II. DES DEVELOPPEMENTS ADJECTIVES ET DU SOUS-DEVELOPPEMENT
FACE A L’EQUATION « DEMOCRATIE = DEVELOPPEMENT » .................................... 58
[320]

§3. Des conditions de sous-développement face à l’équation « démocratie =


développement » : de la nécessité de l’action de l’homme dans le dévenir historique des
sociétés ......................................................................................................................................... 74
SECTION III. DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE LA POLITIQUE DE
DEVELOPPEMENT RURAL ...................................................................................................... 87
§1. Du développement rural et du développement communautaire ......................................... 87
§2. De la politique de développement rural et de la politique agricole : point de vue de
rupture .......................................................................................................................................... 91
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE .................................................................................... 95
CHIPITRE II. DE LA LOGIQUE CAPITALISTE ET LA PLACE DE L’HOMME DANS
UN PROCES DE PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL EN
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ............................................... 98
INTRODUCTION ................................................................................................................................ 98
SECTION I. DU PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL : POINT DE VUE
SOCIOLOGIQUE SUR LE SENS ET L’ESSENCE D’UN CONCEPT ET D’UNE
PRATIQUE SOCIALE ................................................................................................................. 98
§1. Quid du projet, du projet de développement et du projet de développement rural ? ....... 99
§2. De la typologie, du coût et bénéfice, et du cycle des projets .............................................. 103
SECTION II. DE LA LOGIQUE CAPITALISTE ET LA PLACE DE L’HOMME DANS UN
PROCES DE PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL : DU FONCTIONNEMENT
IDEOLOGIQUE DE LA VOLONTE DE DOMINATION .................................................. 108
§1. Des idées, des idéologies et des valeurs dans le devenir historique des sociétés : regard
dialectique sur une base d’action capitalistique de la pauperisation des masses .......... 109
§2. De la logique capitaliste et la pratique des projets de développement rural en RD.
Congo : analyse du fonctionnnement d’une base d’action pour des acteurs sociaux ..... 114
SECTION III. DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT RURAL, DE LA LOGIQUE
CAPITALISTE ET DU MONDE RURAL CONGOLAIS : ENDOSCOPIE DES FAITS ET
DE LA TERRITORIALISATION COMME NOUVEAU PARADIGME DE GESTION
........................................................................................................................................................ 119
§1. De la pratique des projets de développement rural en RD. Congo et des contraintes de la
logique capitaliste : esquisse d’une vue générale de la situation....................................... 120
§2. De la logique capitaliste et la transformation de l’espace rural congolais par des projets
: la territorialisation comme un nouveau paradigme de gestion ....................................... 127
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE .............................................................................. 131
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ....................................................................... 135
II Eme PARTIE BENGAMISA, SON HINTERLAND ET SA TRANSFORMATION
PAR LE PROJET CABEN : PRESETATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES DONNEES DE TERRAIN ............................. 138
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 139
[321]

CHAPITRE. I. DE BENGAMISA COMME MILIEU RECEPTEUR DU PROJET :


ESQUISSE D’UNE VUE SYNOPTICO – SOCIOLOGIQUE D’UN ESPACE
RURAL ET DU PROJET CABEN ........................................................................ 140
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 140
SECTION I. DU MONDE RURAL, DE LA VIE VILLAGEOISE ET DE LA PAYSANNERIE
EN RD. CONGO ......................................................................................................................... 140
§1. Quid du rural ? : condensée d’informations sur la vie villageoise et sur la paysannerie
en RD. Congo dans ses rapports avec le reste du monde .................................................... 141
§2. Le milieu rural congolais et la dynamique de la pauvreté : esquisse de la morphologie
d’un espace paupérisé ............................................................................................................... 155
SECTION II : BENGAMISA ET SON HINTERLAND : ESQUISSE D’UNE VUE
SYNOPTICO-SOCIOLOGIQUE DU MILIEU RECEPTEUR DU PROJET CABEN
DANS LA TSHOPO ................................................................................................................... 169
§1. Quelques généralités sur la Tshopo, dans l’ancienne Province Orientale, en RD. Congo.
..................................................................................................................................................... 169
§2. Esquisse d’une vue synoptico-sociologique de Bengamisa, le milieu récepteur du projet
CABEN dans la Tshopo............................................................................................................ 173
SECTION III. DU CONTENU ET DU TRAJET HISTORIQUE DU PROJET CABEN : SA
CREATION, LA FIN DE SA PREMIERE PHASE DE FINANCEMENT A CE JOUR ... 183
§1. De la Cacaoyère de Bengamisa et sa trajectoire historique : sa genèse et son contenu
comme projet de développement agricole .............................................................................. 183
§2. La Cacaoyère de Bengamisa, sa première phase et ses réalisations physiques ................. 193
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE .................................................................................. 198
CHAPITRE. II PRESENTATION, ANALYSE, INTERPRETATION DIALECTICO –
CONTREFACTUELLE DES RESULTATS DE L’ENQUETE ET
PERSPECTIVES D’AVENIR ................................................................................ 202
INTRODUCTION .............................................................................................................................. 202
SECTION I. L’« ESPACE BENGAMISA » ET SA TRANSFORMATION PAR LE PROJET
CABEN : PRESENTATION DES DONNEES DE L’ENQUETE......................................... 203
§1. Du mode opératoire des techniques usitées, de la détermination de l’univers d’enquête et
de la constitution de l’échantillon ......................................................................................... 203
§2. De la présentation des données de terrain............................................................................ 210
SECTION II : DE LA CABEN FACE AUX RESULTATS D’ENQUETE ET A LA NECESSITE
DE SA RELANCE : UN REGARD DIALECTICO – CONTREFACTUEL SUR LE
PROJET ......................................................................................................................................... 223
§1. Quelques informations utiles sur la filière de cacao dans le monde et en Afrique : quel
avenir pour la Cacaoyère de Bengamisa en RD. Congo ? .................................................. 224
§2. De la Cacaoyère de Bengamisa, sa production et ses éventuels apports dans « l’espace
Bengamisa » et en RD. CONGO : un regard dialectico-contrefactuel sur le projet ........ 227
SECTION III : BILAN DE L’ENQUETE SUR LA CABEN ET PERSPECTIVES POUR LA
PROMOTION DE L’ECONOMIE CACAOYERE DURABLE EN RD. CONGO .......... 239
[322]

§1. Bilan de l’enquête sur la CABEN, considerée comme une micro-entreprise de production
des cacaos marchands .............................................................................................................. 239
§2. Quelques actions et/ou réformes à entreprendre, en termes de perspectives, en vue de la
relance de la Cacaoyère de Bengamisa et d’une économie cacaoyère durable en
République Démocratique du Congo...................................................................................... 245
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE ............................................................................... 253
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ...................................................................... 256
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................... 261
ANNEXES .................................................................................................................................... 274
ANNEXE. I. QUELQUES IMAGES SUR LA MORPHOLOGIE DE LA VIE
VILLAGEOISE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO . 275
ANNEXE II. Tableau XXV : Esquisse des axes d’intervention des plans de
développement rural .............................................................................................. 277
ANNEXE III. ORDONNANCE N° 80-305 DU 31 DECEMBRE 1980. .............................. 279
ANNEXE IV. ARRETE DEPARTEMANTAL N° 000188/BCE/AGRIDRAL/81 DU
23/12/1981, PORTANT CREATION DU PROJET CACAO DE BENGAMISA
.................................................................................................................................... 280
ANNEXE. V. QUESTIONNAIRE D’ENQUETE .................................................................. 281
ANNEXE. VI. LE PROTOCOLE DU FOCUS GROUP ....................................................... 286
ANNEXE. VII. ATTESTATION ET RECOMMANDATION A LA RECHERCHE, ET
LA PREUVE DE L’ENQUETE SUR TERRAIN DANS « L’ESPACE
BENGAMISA » ....................................................................................................... 288
ANNEXE. VIII. CARTE N° 2. LA CARTE ADMINISTRATIVE DE LA RD. CONGO
AVANT SON DECOUPAGE EN 26 PROVINCES .......................................... 290
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 291
TABLE DES MATIERES .......................................................................................................... 319

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