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Première partie : Activités de Lecture

SEQUENCE N°1 : Genres et mouvements littéraires du 20e siècle :


Le Surréalisme

Séance n°1 : Activités préparatoires sur le 20e siècle


1) Qu’est-ce qui caractérise la fin du 19e siècle dans les domaines suivants :
a) le domaine industriel
b) le domaine politique
c) le domaine social
2) Quel pays était considéré comme la superpuissance européenne au début du 20e siècle ?
3) Quel événement est à l’origine du déclenchement de la 1ère guerre mondiale ?
4) Donnez un certain nombre d’adjectifs qualificatifs permettant de qualifier de cette guerre.
5) Dans l’histoire européenne, à quoi correspondent les dates suivantes : 1930 et 1940 ?
6) Qu’est-ce qui a provoqué l’éclatement de la seconde guerre mondiale ?
7) Quels événements ont permis de mettre fin à cette deuxième guerre ?
8) Indiquez quelques unes des conséquences des deux guerres mondiales du point de vue social, moral et
culturelle.
9) Définissez chacun des termes ou expressions suivants :
a) la Triple Entente
b) le Traité de Versailles
c) la Révolution bolchévique
d) le Fascisme
e) la Déportation
f) la Capitulation
g) le Dadaïsme
h) le Surréalisme
i) l’Existentialisme
10) Faites correspondre :
Œuvres Auteurs
a) Capitale de la douleur (1926) Samuel Beckett
b) Corps et biens (1930) Ionesco
c) La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) Michel Tournier
d) Les Faux-monnayeurs (1925) Nathalie Sarraute
e) Voyage au bout de la nuit (1932) Jean Anouilh
f) Les yeux d’Elsa (1942) Jean Paul Sartre
g) Le Parti pris des choses (1942) Albert Camus
h) Fureur et mystère (1948) Paul Eluard
i) Antigone (1844) Robert Desnos
j) La Nausée (1938) Jean Giraudoux
k) L’été (1954) André Gide
l) En attendant Godot (1953) René Char

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m) Rhinocéros (1959) Francis Ponge
n) Vendredi ou les limbes du Pacifique (1967) Louis Aragon
o) Enfance (1983) Louis Ferdinand Céline

Séance n°2 : Lectures analytique : « Les Gorges froides », extrait de l’œuvre C’est les
bottes de sept lieues cette phrase : « je me vois » (1926) de Robert Desnos
Texte : « Les Gorges froides »
A la poste d’hier tu télégraphieras
que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
Facteur triste facteur un cercueil sous ton bras
va-t-en porter ma lettre aux fleurs à tire d’elle.

La boussole est en os mon cœur tu t’y fieras.


Quelque tibia marque le pôle et les marelles
Pour amputés ont un sinistre aspect d’opéras.
Que pour mon épitaphe un dieu taille ses grêles !

C’est ce soir que je meurs, ma chère Tombe-Issoire,


ton regard le plus beau ne fut qu’un accessoire
de la machinerie étrange du bonheur.

Adieu ! Je vous aimai sans scrupule et sans ruse,


ma Folie-Méricourt, ma silencieuse intruse.
Boussole à la flèche torse annonce le retour.
Robert Desnos, C’est les bottes de sept lieues cette phrase : « je me vois », 1926
Questions :
1) Qui parle dans ce texte ? A qui ? Justifiez votre réponse.
2) Quel est le titre de ce texte ? A quelle expression vous fait-il penser ? Quelle est sa véritablement
signification ?
3) Indiquez la forme poétique utilisée ici par Desnos. Justifiez votre réponse.
4) Relevez le champ lexical de la mort. Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
5) Dans ce poème, l’auteur a-t-il strictement respecté les règles de la versification ? Qu’est-ce qui le
prouve ?
6) De manière générale, quel rôle joue la ponctuation ? Est-ce le cas dans ce poème ?
7) A quel temps est conjugué le verbe du vers 1 ? Cela vous semble-t-il logique ? Pourquoi ?
8) Pourquoi le mot « facteur » est-il répété au vers 3 ? Quelle mission le poète lui assigne-t-il ? Selon
vous, pourra-t-il y parvenir ? Justifiez votre réponse.
9) Quel est le sujet du verbe « marque » (cf. vers 6). Quelle remarque pouvez-vous faire sur son sujet ?
10) De quelle nature grammaticale est le mot « amputés » (cf. vers 7) ? Son orthographe est-elle
correcte ? Pourquoi ?
11) Quel rapport pouvez-vous établir entre les vers 2 et 9 ?
12) Quel mot est répété au vers 5 et 14 ? A quoi sert cet instrument ? Sa qualité est-elle la même dans les
deux vers ? Justifiez votre réponse.
13) Par quelle évocation se termine le poème (cf. vers 14) ? Cela vous paraît-il logique ? Pourquoi ?
14) A partir de ce texte, relevez quelques unes des principales caractéristiques du mouvement surréaliste.

Séance n°3 : Eléments de synthèse sur le Surréalisme

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Introduction
I) Historique mouvement surréaliste
1) Origine du mot
2) L’influence du dadaïsme
3) Le groupe surréaliste
II) Caractéristiques du mouvement surréaliste
1) L’écriture automatique
2) Le cadavre exquis
3) Le jeu des définitions
III) Les thèmes surréalistes
3) L’Amour
2) L’Onirisme
3) La révolte absolue
Conclusion

Séance n°4 : Activités de renforcement sur le Surréalisme


(Lectures analytiques)
Texte : « La courbe de tes yeux »
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles du jour et mousse de rosée,


Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores


Qui gît toujours sur la paille des astres
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard, Capitale de la douleur, 1926.
Question :
1) Relevez le champ lexical de la courbe. Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
2) Quelle influence ces images du cercle semblent avoir sur le poète ?
3) Indiquez les différentes connotations du mot « courbe ». Sont-elles appréciatives ou dépréciatives ?
4) Quelle est la figure de style utilisée dans l’expression : « Un rond de danse et de douceur » ?
5) Combien de strophes ce poème renferme-t-il ? Comptez le nombre de vers par strophe et indiquez le
type de strophe.
6) Quel rapport pouvez-vous établir entre l’évocation de la nature et celle du regard de la femme ?
7) Que suggèrent l’image du « berceau » (vers 3) et celle des « ailes » (vers 7) ?
8) Quelle est la figure de style employée dans l’expression : « Et tout mon sang coule dans leurs regards
» ? En quoi cette image semble-t-elle étonnante ?
9) Relevez l’ensemble des mots renvoyant au thème de naissance. Quelle analyse pouvez-vous en faire ?
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10) Dans ce texte, l’auteur attribue un certain pouvoir au sentiment amoureux. Identifiez-le à travers
l’étude des connotations cosmiques.
11) Expliquez la phrase suivante : « Le monde entier dépend de tes yeux purs ».
12) Parmi les cinq sens, lesquels sont présents dans ce texte ?
13) En quoi peut-on dire qu’il s’agit ici d’un texte surréaliste ?

Texte n°2 : « Poisson »


1- Les poissons, les nageurs, les bateaux
Transforment l’eau.
L’eau est douce et ne bouge
Que pour ce qui la touche.

5- Le poisson avance
Comme un doigt dans le gant,
Le nageur danse lentement
Et la voile respire.

Mais l’eau douce bouge


10- Pour ce qui la touche,
Pour le poisson, pour le nageur, pour le bateau
Qu’elle porte
Et qu’elle emporte.
Paul Eluard, Les Animaux et leurs hommes, 1920
Questions :
1) Quel est le thème de ce poème ? Justifiez votre réponse.
2) Ce texte est-il un poème à forme fixe ? Pourquoi ?
3) Relevez le champ lexical de l’eau.
4) Relevez une comparaison du texte et indiquez ses différentes composantes.
5) « Le nageur danse lentement » :
a) de quelle figure de style s’agit-il ? A- métonymie B- oxymore C- métaphore.
b) Justifiez votre réponse.
6) a) Mesurez l’ensemble des vers de la première strophe du poème.
b) De quel(s) type(s) de vers s’agit-il ?
7) a) Relevez trois rimes différentes du texte
b) Précisez, pour chacune d’elles, sa qualité et sa disposition.
8) « Pour le bateau qu’elle porte » :
a) Indiquez la nature du mot souligné.
b) Que remplace-t-il ?
9) Donnez la nature et la fonction du mot « douce » au vers 3 et au vers 9.
10) En quoi peut-on dire que ce texte appartient au mouvement surréaliste ?

SEQUENCE N°2 : Esthétique des genres :


La Poésie

Séance n°2 : Définition, Caractéristique et Evolution de la poésie

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Activité n°1 :
Consigne : Identifiez les principales définitions et caractéristiques de la poésie contenues dans
chacun des textes ci-dessus en répondant correctement aux questions posées.

Texte n°1 : « J’ai vu le menuisier »


J’ai vu le menuisier
Tirer parti du bois.

J’ai vu le menuisier
Comparer plusieurs planches.

J’ai vu le menuisier
Caresser la plus belle.

J’ai vu le menuisier
Approcher le rabot.

J’ai vu le menuisier
Donner la juste forme.

Tu chantais, menuisier,
En assemblant l’armoire.

Je garde ton image


Avec l’odeur du bois.

Moi, j’assemble des mots


Et c’est un peu pareil.
Eugène Guillevic, Terre à bonheur, 1952.
Questions :
1) Quelle est votre première impression à la lecture de ce poème ?
2) De quoi parle-t-on dans ce poème (cf. son thème) ?
3) A quels indices voyez-vous qu’il s’agit d’un poème ?
4) Qui désignent les pronoms personnels « j’ » (vers 1) et « tu » (vers 11) ?
5) Quelles sont les différentes étapes du travail du menuisier ?
6) Que construit-il ? Son travail est-il minutieux ? Justifiez votre réponse.
7) Relevez dans le poème les mots qui évoquent les sensations suivantes :
a) la vue
b) l’odorat
c) l’ouïe
d) le toucher
8) En quoi le travail du poète est-il comparable à celui du menuisier ?

Texte n°2: « L’oiseau futé »


A quoi bon me fracasser
dit l’oiseau sachant chanter
au chasseur sachant chasser
qui voulait le fricasser.

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Si tu me fais trépasser,
chasseur au cœur desséché
tu n’entendras plus chanter
l’oiseau que tu pourchassais.

Mais le chasseur très froissé


dit à l’oiseau tracassé :
Je n’aime pas la musique
et tire un coup de fusique.

Le chasseur manque l’oiseau


qui s’envole et qui se moque.
Le chasseur se sent bien sot,
et l’oiseau lui fait la nique.

Après tout, dit le chasseur,


j’aime beaucoup la musique.
Moi-z-aussi fit le siffleur
se perchant sur le fusique.
Claude Roy, Enfantasques, 1974
Questions :
1) Quels sont les deux acteurs de cette scène ? De quelle activité est-il question ?
2) Quels sont les deux sons qui reviennent le plus souvent dans les deux premières strophes ?
3) Comparez ces sons (cf. question n°2) avec les deux verbes qui disent l’activité des deux personnages.
4) Observez les deux verbes des vers 1 et 4. Quels sont leurs points communs ?
5) Indiquez : le type de strophe, le type de vers et le nombre de rimes pour les dix premiers vers.
6) Quelle liaison étonnante trouve-t-on à la fin du texte ?
7) Quel néologisme trouve-t-on au vers 12 ? Pourquoi rime-t-il avec « musique » ?
8) Quelles sont les innovations du poète ? Son intention ?

Texte n°3 : « Je veux rire »


Les feuilles pourront tomber,
La rivière pourra geler
Je veux rire, je veux rire.

La danse pourra cesser,


Le violon pourra casser,
Je veux rire, je veux rire.

Que le mal se fasse pire !


Je veux rire, je veux rire.
Jean Moréas, Le pèlerin passionné, 1890.
Questions :
1) Quels sont les différents types de strophes qu’on a dans ce poème ?
2) Combien de syllabes chaque vers comporte-t-il ? De quel type de vers s’agit-il ?
3) Combien y a-t-il de rimes différentes dans ce poème ? Justifiez votre réponse.

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4) Essayez de dire ce poème en battant la mesure comme en musique. S’agit-il d’une mesure à deux, trois
ou quatre temps ?
5) Repérez et analysez la principale allitération qui traverse tout le texte.
6) Expliquez le sens du mot « rire ».
7) Selon vous, l’envi de rire du poète est-il dû au bonheur ou au malheur ?
8) Qu’est-ce qui permet d’assimiler ce texte à une chanson ?

Texte n°4 : « Quartier libre »


J’ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l’oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l’oiseau
Ah bon
excusez-moi je croyais qu’on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l’oiseau.
Jacques Prévert, Paroles, 1946 (cf. 1949).
Questions :
1) Que signifie le titre ?
2) Qui est le « je » ? Que sait-on de lui ?
3) Retrouvez quatre mots appartenant au champ lexical de l’armée.
4) Quel est le tempérament du commandant ? Celui de l’oiseau ?
5) Qui a le dernier mot ? Justifiez votre réponse.
6) Quelle est la disposition du texte ? Comment se rend-on compte qu’il y a dialogue ? Combien y a-t-il
de répliques ?
7) Observez les trois vers les plus courts. Que disent-ils ? Quel est leur rôle dans le récit ?
8) Relevez du texte tout ce qui appartient au monde imaginaire.

Texte n°5 : « Le plat pays »


Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l’est, écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien

Avec des cathédrales pour unique montagne


Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d’ouest, écoutez-le vouloir

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Le plat pays qui est le mien
Jacques Brel, Le plat pays, Société des Editions Musicales Internationales.
Questions :
1) Combien y a-t-il de strophe ? Quel nom donne-t-on à ce type de strophe ?
2) Indiquez le thème général abordé dans chaque strophe.
3) Quels sont, dans chaque couplet, les éléments du paysage ?
4) Etudiez les différents sens du mot « vague ».
5) Quelles sont les notations de couleur et les allusions au climat ?
6) Relevez deux allitérations et interprétez leur présence dans le texte.
7) Quel(s) sentiment(s) Jacques Brel ressent-il envers l’univers ? Justifiez votre réponse.
8) En quoi peut-on dire que ce texte est une chanson ?

Texte n°6 : « X comme xylophone »


Il se promène
dans le bois, en hiver,
quand la feuille n’y est pas. Il happe
d’abord quelques buissons, comme ça, histoire
de se mettre bonheur en bouche. Il choisit de préférence
quelqu’épineux pour s’activer les papilles. Puis il attaque les arbustes :
un fusain, un églantier, un genévrier commun, un jeune sorbier d’où
s’échappe toute une flottille d’oiseaux. Ensuite, il s’octroie volontiers un
bouleau à l’écorce argentée, un châtaignier dans la fleur de l’âge et même
un jeune acacia. Mis en appétit, il termine par un arbre généreux au cœur
consistant mais à l’aubier tendre. Un orme. Un hêtre.
Un platane. Un merisier.
Ou le choix du choix :
un chêne
pédonculé,
un rouvre,
un chevelu.
Un chêne qui
a encore un peu
le goût du gland !
(cf. Joëlle Brière, « X comme xylophage », L’Alphabet des délices et des souffrances)
Questions :
1) Quel est le champ lexical dominant dans ce texte ?
2) Quel est le rapport entre ce champ lexical et la forme du poème ?
3) En vous aidant du texte, pouvez-vous dire ce qu’est un xylophage ?
4) Qu’est-ce qu’un calligramme ?
5) Pourquoi peut-on dire que les calligrammes sont à la fois des textes et des images ?

Activité n°2 :
Consigne : Après avoir lu chacun des textes suivants, vous indiquerez le mouvement littéraire
auquel appartient son auteur.

Texte n°1 : En mon pays suis en terre lointaine ;


Je meurs de soif auprès de la fontaine, Près d’un brasier frisonne tout ardent ;
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ; Nu comme un ver, vêtu en président,

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Je ris en pleurs et attends sans espoir ; Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Confort reprends en triste désespoir ; Tristement accoudé contre une cheminée,
Je m’éjouis et n’ai plaisir aucun ; Les yeux figés vers terre, et l’âme mutinée,
Puissant je suis sans force et sans pouvoir, Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.
Bien accueilli, repoussé par chacun…
François Villon, Ballades L’espoir qui me renvoie du jour au lendemain,
Essaie de gagner temps sur ma peine obstinée,
Texte n°2 : Et, me venant promettre une autre destinée,
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.
Ou comme celui-là qui conquit la toison, Saint-Amant, Poésies, 1629.
Et puis est retourné, plein d’usage et de raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Texte n°4
L’innocente victime, au terrestre séjour,
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village N’a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Fumer la cheminée, et en quelle saison Rien n’est resté de lui qu’un nom, un vain nuage,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Un souvenir, un songe, une invisible image.
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Joachim Du Bellay, Regrets, 1558 Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
Adieu, dans la maison d’où l’on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
La campagne d’été rend la ville déserte…
Texte n°3 André Chénier, Elégies,
Les roses d’Ispahan dans leur gaine de mousse,
Texte n°5 : Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l’oranger
La nuit vint ; tout se tut ; les flambeaux s’éteignirent ; Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
Dans les bois assombris les sources se plaignirent ; O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.
Le rossignol, caché dans son nid ténébreux,
Chanta comme un poète et comme un amoureux. Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Chacun se dispersa sous les profonds feuillages ; Sonne mieux que l’eau vive et d’une voix plus douce,
Les folles en riant entraînèrent les sages ; Mieux que le vent joyeux qui berce l’oranger,
L’amante s’en alla dans l’ombre avec l’amant ; Mieux que l’oiseau qui chante au bord du nid de
Et, troublés comme on l’est en songe, vaguement, mousse…
Ils sentaient par degrés se mêler à leur âme, Leconte de Lisle, Poèmes barbares, 1862.
A leurs discours secrets, à leurs regards de flamme,
A leur cœur, à leur sens, à leur molle raison,
Le clair de lune bleu qui baignait l’horizon.
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856.

Texte n°7
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur ?
Qui pénètre mon cœur ?
Texte n°6

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O bruit doux de la pluie Texte n°9
Par terre et sur les toits ! Et ce pays cria pendant des siècles
Pour un cœur qui s’ennuie que nous sommes des bêtes brutes ;
O le chant de la pluie !... que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux
Paul Verlaine, Ariettes oubliées, 1887. portes de la négrerie ;
que nous sommes un fumier ambulent
Texte n°8 hideusement prometteur de cantandres et de
La girafe et la girouette, coton soyeux
Vent du sud et vent de l’est, et l’on nous marquait au fer rouge
Tendent leur cou vers l’alouette, et nous dormions dans nos excréments
Vent du nord et vent de l’ouest. et l’on nous vendait sur les places
et l’aune de drap anglais
Toutes deux vivent près du ciel, et la viande salée d’Irlande coutait moins cher
Vent du sud et vent de l’est, que nous,
A la hauteur des hirondelles, et ce pays était calme, tranquille,
Vent du nord et vent de l’ouest. disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes
Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs, […]
1944. Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal,
1939.
Séance n°5 : Activités de renforcement sur la poésie
Texte n°1 : « Soit que son or se crêpe… »
Soit que son or se crêpe lentement
Ou soit qu’il vague en deux glissantes ondes,
Qui çà, qui là par le sein vagabondes,
Et sur le col, nagent folâtrement ;

Ou soit qu’un nœud illustré richement


De maints rubis et maintes perles rondes,
Serre les flots de ses deux tresses blondes,
Mon cœur se plaît en son contentement.

Quel plaisir est-ce, ainsi quelle merveille,


Quand ses cheveux, troussés dessus l’oreille,
D’une Vénus imitent la façon ?

Quand d’un bonnet son chef elle adonise,


Et qu’on ne sait s’elle est fille ou garçon,
Tant sa beauté en tous deux se déguise ?

Ronsard, Les Amours, 1552


Questions :
1) Qui parle dans ce texte ? A qui ? Justifiez votre réponse.
2) a- Combien de vers contient chacune des strophes de ce poème ?
b- Comment appelle-t-on ce genre de strophe ?
3) Faites correspondre en remplissant le tableau suivant :
A- des tresses sublimes ; B- une femme coiffée d’un bonnet ; C- des cheveux dénoués ; D- une coiffure
plus sobre.
Strophe 1 Strophe 2 Strophe 3 Strophe 4
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4) Relevez le champ lexical des sentiments (au minimum quatre mots).
5) a- Mesurez les deux premiers vers de la première strophe.
b- De quel(s) type(s) de vers s’agit-il ?
6) a) Indiquez la qualité des rimes des deux dernières strophes.
b) Comment sont-elles disposées ?
7) « Ou soit qu’un nœud illustré richement » ; « Mon cœur se plaît en son contentement ». Précisez la
nature des mots soulignés.
8) « Soit que son or se crêpe lentement ». De quelle figure de style s’agit ? A- hyperbole ; B- anaphore ;
C- métaphore. Choisissez et justifiez la ou les bonnes réponses.
Expression écrite : Pensez-vous, comme semble le suggérer ici Ronsard, que la qualité d’une personne
réside seulement dans son apparence physique ? (cf. donnez votre réponse en une dizaine de lignes).

Texte n°2 : « L'albatros »


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,


Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !


Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées


Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857
Questions :
1) a- Quel est le thème général de ce poème ?
b- Justifiez votre réponse.
2) a- Relevez le champ lexical de la maladresse (au minimum quatre mots)
b- Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
3) a- Combien de syllabes compte chacun des vers de la troisième strophe ?
b- De quel(s) type(s) de vers s’agit ?)
4) a- Indiquez la qualité des rimes des deux premières strophes du poème.
b- Comment ces rimes sont-elles disposées ?
5) a- Relevez quatre adjectifs mélioratifs et quatre adjectifs péjoratifs.
b- Selon vous, qu’est-ce qui justifie leur abondance à travers ce poème ?
6) «Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage prennent des albatros » :
a- De quelle figure de style s’agit-il ?
b- Justifiez votre réponse.

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7) a- Quel rapport Baudelaire établit-il entre le poète et l’albatros ?
b- Justifiez votre réponse.
8) Relevez une comparaison du texte et indiquez ses différentes composantes.

SEQUENCE N°3 : Esthétique des genres :


Le Roman

Séance n°1 : Définition, Caractéristique et Evolution du roman

Activité n°1 :
Consigne : Identifiez les principales définitions et caractéristiques du roman contenues dans chacun
des textes ci-dessus en répondant correctement aux questions posées.

Texte n°1 :
La porte du restaurant Henry s’ouvrit et deux hommes entrèrent. Ils s’assirent devant le comptoir.
- Qu’est-ce que ce sera ? leur demanda Georges.
- J’sais pas, dit l’un des deux hommes. Qu’est-ce que tu veux bouffer, Al ?
- J’sais pas, fit Al. J’sais pas ce que je veux bouffer.
Dehors, il commençait à faire sombre. La lueur du réverbère s’alluma derrière la vitre. Les deux
hommes assis au comptoir consultèrent le menu. (cf. Ernest Hemingway, Les Tueurs)
Questions :
1) Quelle est la position du narrateur par rapport aux personnages ?
2) Donne-t-il des indications sur leurs pensées ou sentiments ? Justifiez votre réponse.
3) Ajoute-t-il des commentaires pour aider le lecteur à comprendre les personnages ? Pourquoi ?
4) De quels indices le lecteur doit-il se contenter ? Relevez-les.
5) Le lecteur en sait-il plus, autant ou moins que les personnages de l’histoire ? Pourquoi ?

Texte n°2 :
La porte du restaurant Henry s’ouvrit et Georges vit deux hommes entrer. Ils s’assirent devant le
comptoir. Leur air et leur attitude lui déplurent. Georges tarda à prendre leur commande.
- Qu’est-ce que ce sera ? leur demanda-t-il ?
- J’sais pas, fit Al. J’sais pas ce que je veux bouffer.
Ils ne sont pas du coin, pensa Georges qui connaissait tout le monde à des kilomètres. Que peuvent-
ils bien vouloir ?
Dehors, il commençait à faire sombre. La lueur du réverbère s’alluma derrière la vitre. Les deux
hommes assis au comptoir consultèrent le menu.
Questions :
1) Quelle est la position du narrateur par rapport aux personnages ?
2) Qui raconte les événements ? Qui les voit et les comprend ? De qui adopte-t-il donc le point de vue ?
3) Donne-t-il des indications sur les pensées ou sentiments de ce personnage ? Justifiez votre réponse.
4) Le narrateur révèle-t-il les faits connus de tous les personnages ? Pourquoi ?
5) Quelles questions le personnage dont il a adopté le point de vue se pose-t-il ?

Texte n°3 :
La porte du restaurant Henry s’ouvrit et Georges vit deux hommes entrer. Ils s’assirent devant le
comptoir. Leur air et leur attitude lui déplurent. Georges tarda à prendre leur commande.

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- Qu’est-ce que ce sera ? leur demanda-t-il ?
- J’sais pas, dit Mac en réfléchissant à son dernier repas.
Qu’est-ce que tu veux bouffer, Al ?
Ils ne sont pas du coin, pensa Georges, qui connaissait tout le monde à des kilomètres. Que peuvent-
ils bien vouloir ?
Dehors, il commençait à faire sombre. Leur comparse, qui les attendait dans la voiture au coin de la
rue, commençait à trouver le temps long. Avaient-ils trouvé, oui ou non, le type qu’ils étaient
chargés d’abattre ?
Les deux hommes assis au comptoir consultèrent le menu.
Questions :
1) Quelle est la position du narrateur par rapport aux personnages ?
2) Donne-t-il des indications sur leurs pensées ou sentiments ? Justifiez votre réponse.
3) Relevez les passages révélant les pensées des personnages.
4) Dans quels endroits se produisent les faits relatés par le narrateur ? Pourquoi ?
5) Quelle(s) information(s) donnée(s) par le narrateur est (sont) ignorée(s) de certains personnages ?

Texte n°4 :
En mai s’acheva la guerre. Deux semaines avant que le gouvernement n’en fit l’annonce officielle par
une retentissante proclamation qui promettait un châtiment sans pitié aux promoteurs de l’insurrection,
le colonel Aureliano Buendia fut fait prisonnier alors qu’il était sur le point d’atteindre la frontière
occidentale, déguisé en sorcier indigène. Des vingt et un hommes qui l’avaient suivi à la guerre,
quatorze étaient morts au combat, six avaient été blessés et un seul l’accompagnait encore au moment
de la débâcle finale : le colonel Gerineldo Marquez. La nouvelle de la capture fut portée à la
connaissance de Macondo par avis spécial. Ursula en informa son mari : « Il est vivant. Prions Dieu
que ses ennemis soient cléments. » Au bout de trois jours de larmes, un après-midi qu’elle battait
quelque dessert au lait dans la cuisine, elle entendit distinctement la voix de son fils tout près de son
oreille. « C’était Aureliano, s’écria-t-elle en courant jusqu’au châtaigner, pour faire part de la nouvelle
à son époux. Je ne sais comment est arrivé ce miracle, mais il est en vie et nous allons le voir très
bientôt. » Elle le donna pour acquis. Elle fit laver par terre dans toute la maison et modifia
l’emplacement des meubles. Une semaine plus tard, un bruit courut, dont on ignorait l’origine et
qu’aucun avis ne devait officialiser, qui confirmait tragiquement le présage. Le colonel Aureliano
Buendia avait été condamné à mort et, pour servir d’exemple à la population, la sentence serait
exécutée à Macondo même. Un lundi, à dix heures vingt du matin, Amaranta était entrain d’habiller
Aureliano José lorsqu’elle perçut dans le lointain un bruit confus de troupe en marche ainsi qu’un coup
de trompe, une seconde avant qu’Ursula ne fit irruption dans la chambre en poussant un cri : « Ils le
ramènent déjà ! » La troupe luttait à coups de crosse pour contenir la foule houleuse. Ursula et
Amaranta se précipitèrent jusqu’au coin de la rue, jouant des épaules pour se frayer un passage, et c’est
alors qu’elles le virent. On aurait dit un mendiant. Ses vêtements étaient en haillons, sa chevelure et sa
barbe broussailleuses, et il marchait nu-pieds. Il foulait la poussière brûlante sans rien sentir, les mains
liées derrière le dos par une corde qu’un officier à cheval avait nouée au troussequin de sa selle. A ses
côtés, aussi mal vêtu et en aussi piteux état, se trouvait ramené le colonel Gerineldo Marquez. Ni l’un
ni l’autre n’étaient tristes. Ils paraissaient plutôt troublés par l’importance de la foule qui criait à la
troupe toutes sortes d’injures.
- Mon fils ! s’écria Ursula au milieu du tumulte et en donnant une torgnole au soldat qui tentait de la
retenir.
Le cheval de l’officier se cabra. Alors le colonel Aureliano Buendia s’arrêta, tout tremblant, esquiva les
bras de sa mère et, droit dans les yeux, la fixa avec dureté.
- Retournez à la maison, maman, lui dit-il. Demandez un permis aux autorités et revenez me voir à la

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prison.
Il regarda Amaranta qui restait, indécise, à deux pas derrière Ursula, et lui demanda en souriant :
« Qu’est-ce qui t‘est arrivé à la main ? » Amaranta leva sa main bandée de noir : « Une brûlure »,
répondit-elle, et elle entraina Ursula pour qu’elle ne se fit pas piétiner par les chevaux. La troupe
s’ébranla à nouveau. Une garde spéciale entoura les prisonniers et les emmena au trot jusqu’au quartier.
En fin de journée, Ursula alla à la prison rendre visite au colonel Aureliano Buendia. Elle avait essayer
d’obtenir un laissez-passer par l’intermédiaire de don Apolinar Moscote mais, devant la toute puissance
des militaires, celui-ci avait perdu toute autorité. Quant au père Nicanor, il était cloué chez lui par une
fièvre hépatique. Les parents du colonel Gerineldo Marquez, lequel n’était pas condamné à mort,
avaient cherché à le voir et furent refoulés à coups de crosse. Toute intervention s’avérant impossible,
convaincue que son fils serait fusillé avant l’aube, Ursula réunit dans un baluchon ce qu’elle voulait lui
faire parvenir et s’en fut seule à la caserne.
- Je suis la mère du colonel Aureliano Buendia, dit-elle en se présentant aux sentinelles.
Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude, 1967.
Questions :
1) Quels sont les événements importants racontés dans cette page ?
2) Le lecteur reste sur une interrogation à la fin du texte. Laquelle ?
3) Quels sont les membres de la famille Buendia mentionnés ici ? Quelles sont leurs caractéristiques ?
4) Le colonel Buendia se comporte en soldat courageux et digne. En quelles occasions ?
5) A quels moments de ce récit les événements sont-ils brièvement racontés ? (cf. le sommaire)
6) Pourquoi, selon vous, ne sont-ils pas racontés en détail, avec les gestes et les paroles des personnages ?
7) A quels moments le narrateur raconte-t-il de manière détaillée ce que disent et font les personnages ?
(cf. la scène) Pourquoi, selon vous, le narrateur a-t-il choisi ces moments ?
8) Trouvez quelques exemples d’événements non relatés, c’est-à-dire passés sous silence ? (cf. l’ellipse)
9) Pourquoi, selon vous, certains événements sont-ils escamotés ?
10) Dans les lignes 1 à 14, les événements suivent-ils l’ordre chronologique ? Justifiez votre réponse.

Texte n°5 : « J’étais un peu étourdi… »


Les deux gendarmes m’ont fait entrer dans une petite pièce qui sentait l’ombre. Nous avons
attendu, assis près d’une porte derrière laquelle on entendait des voix, des appels, des bruits de
chaises et tout un remue-ménage qui m’a fait penser à ces fêtes de quartier où, après le concert, on
range la salle pour pouvoir danser. Les gendarmes m’ont dit qu’il fallait attendre la cour et l’un
d’eux m’a offert une cigarette que j’ai refusée. Il m’a demandé peu après « si j’avais le trac ». J’ai
répondu que non. Et même, dans un sens, cela m’intéressait de voir un procès. Je n’en avais jamais
eu l’occasion dans ma vie : « Oui, a dit le second gendarme, mais cela finit par fatiguer. »
Après un peu de temps, une petite sonnerie a résonné dans la pièce. Ils m’ont alors ôté les menottes.
Ils ont ouvert la porte et m’ont fait entrer dans le box des accusés. La salle était pleine à craquer.
Malgré les stores, le soleil s’infiltrait par endroits et l’air était déjà étouffant. On avait laissé les
vitres closes. Je me suis assis et les gendarmes m’ont encadré. C’est à ce moment que j’ai aperçu
une rangée de visages devant moi. Tous me regardaient : j’ai compris que c’étaient les jurés. Mais je
ne peux pas dire ce qui les distinguait les uns des autres. Je n’ai eu qu’une impression : j’étais
devant une banquette de tramway et tous ces voyageurs anonymes épiaient le nouvel arrivant pour
en apercevoir les ridicules. Je sais bien que c’était une idée niaise puisque ici ce n’était pas le
ridicule qu’ils cherchaient, mais le crime. Cependant la différence n’est pas grande et c’est en tout
cas l’idée qui m’est venue.
J’étais un peu étourdi aussi par tout ce monde dans cette salle close. J’ai regardé encore le prétoire
et je n’ai distingué aucun visage. Je crois bien que d’abord je ne m’étais pas rendu compte que tout
le monde se pressait pour me voir. D’habitude, les gens ne s’occupaient pas de ma personne. Il m’a

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fallu un effort pour comprendre que j’étais la cause de toute cette agitation. J’ai dit au gendarme :
« Que de monde ! » Il m’a répondu que c’était à cause des journaux.
Albert Camus, L’Etranger, 1942.
Questions :
1) Qui parle dans ce texte ? Justifiez votre réponse.
2) Quels indices vous permettent de savoir que le narrateur est ici le personnage principal ?
3) Que savez-vous du personnage qui raconte ?
4) Dans quelle situation se trouve-t-il ?
5) Quels sentiments ressent-il ? Justifiez votre réponse.
6) En quoi les réactions du narrateur vous semblent un peu étranges ? Quels passages du texte le montrent
le mieux ?
7) Pourquoi peut-on dire que le lecteur se trouve dans une situation inattendue ?
8) Pourquoi l’auteur a choisi de faire parler le héros, alors qu’il aurait pu trouver un autre narrateur ?

Texte n°6 : « L’évolution du personnage »

Rastignac en 1819
« Si j’étais riche, se dit-il en changeant une pièce de trente sous qu’il avait prise en cas de
malheur, je serais allé en voiture, j’aurais pu penser à mon aise. » Enfin il arriva rue du Helder et
demanda la comtesse de Restaud. Avec la rage froide d’un homme sûr de triompher un jour, il reçut le
coup d’œil méprisant des gens qui l’avaient vu traversant la cour à pied, sans avoir entendu le bruit
d’une voiture à la porte. Ce coup d’œil lui fut d’autant plus sensible qu’il avait déjà compris son
infériorité en entrant dans cette cour, où piaffait un beau cheval richement attelé à l’un de ces cabriolets
pimpants qui affichent le luxe d’une existence dissipatrice.
(Balzac, Le Père Goriot, 1835)

Rastignac en 1827
Rastignac me dit : « Je m’ennuie, je suis désappointé. L’Alsacienne qu’on m’a proposée pour
femme a six doigts au pied gauche, je ne puis pas vivre avec une femme qui a six doigts ! cela se
saurait, je deviendrais ridicule. Elle n’a que dix-huit mille francs de rente, sa fortune diminue et ses
doigts augmentent. Au diable ! En menant une vie enragée, peut-être trouverons-nous le bonheur par
hasard ! » Rastignac m’entraina.
- « Et de l’argent ? lui dis-je.
- N’as-tu pas quatre cent cinquante francs ?
- Oui, mais je dois à mon tailleur, à mon hôtesse.
- Tu paies ton tailleur ? tu ne seras jamais rien, pas même un ministre.
- Mais que pouvons-nous avec vingt louis ?
- Aller au jeu.
Je frissonnai.
Ah ! reprit-il en s’apercevant de ma pruderie, tu veux te lancer dans ce que je nomme le
Système dissipationnel, et tu as peur d’un tapis vert ! »
(Balzac, La peau de chagrin, 1831)

Rastignac en 1846
- Ah ! çà, qui est-ce ? demanda Gazonal.
- Eh bien ! le comte de Rastignac, le ministre dans le département de qui se trouve ton affaire…
- Un ministre !... c’est pas plus que cela ?
- Mais c’est un vieil ami à nous. Il a trois cent mille livres de rente, il est pair de France, le roi

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l’a fait comte, c’est le gendre de Nucingen, et c’est un des deux ou trois hommes d’Etat enfantés par la
Révolution de juillet ; mais le pouvoir l’ennuie quelquefois, et il vient rire avec nous.
(Honoré de Balzac, Comédiens sans le savoir, 1846)

Questions :
1) a) Quel âge a Rastignac dans chacun de ses trois textes ?
b) A quels moments de la vie d’un homme les trois étapes correspondent-elles ?
2) a) Comparez le caractère de Rastignac tel qu’il est décrit en 1819, 1827 et 1846.
b) Quels sont ses traits de caractère permanents ?
c) Quels sont ceux qui changent ?
d) Dans quel sens son caractère évolue-t-il ?
3)a) Quelles sont les étapes de la réussite sociale de Rastignac ?
b) A quels indices remarque-t-on surtout cette réussite ?
c) Quels renseignements cette réussite apporte-t-elle sur le personnage et son caractère ?
4)a) Observez les revenus de Rastignac aux trois moments de sa vie.
b) De quelle manière évoluent-ils ?
c) D’où lui viennent-ils ?
Expression écrite :
Racontez les trois moments de l’ascension sociale d’un ambitieux d’aujourd’hui.
Première étape : sur le modèle du personnage de Rastignac, inventez les premières années difficiles de
votre personnage. Recopiez et complétez la fiche.
Nom
Prénom
Situation familiale
Lieu d’habitation
Situation sociale
Habitudes
Fortune
Deuxième étape : mettez au point une fiche identique correspondant à sa situation dix années plus tard.
Son ascension sociale doit être expliquée logiquement. Votre personnage ne peut ni gagner un prix, ni
gagner au jeu, ni hériter, ni épouser une femme riche.
Troisième étape : Imaginez la suite de l’ascension sociale, cette fois-ci vingt ans plus tard.

Activité n°2 :
Consigne : Après avoir lu chacun des textes suivants, vous indiquerez le mouvement littéraire
auquel appartient son auteur.
« En vérité, je ne suis pas homme à vouloir
flatter sa dame. Irai-je dire que la comtesse vaut
Texte n°1 autant de reines qu’une seule pierre précieuse

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peut valoir de perles et de sardoines ? Certes non, Texte n°4
je ne dirai rien de tel, même si c’est vrai, que je « Un jeune homme, aussi pauvre d'habits que
le veuille ou non, mais je dirai qu’en cette œuvre riche de mine, marchait à côté de la charrette. Il
son commandement fait son œuvre bien mieux avait un grand emplâtre sur le visage, qui lui
que ma sagesse ou mon travail. » couvrait un œil et la moitié de la joue, et portait
Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette, un grand fusil sur son épaule, dont il avait
vers 1176. assassiné plusieurs pies, geais et corneilles, qui
lui faisaient comme une bandoulière au bas de
Texte n°2 laquelle pendaient par les pieds une poule et un
« En ce temps vint gîter au logis un aveugle, qui, oison. »
me trouvant propre à le conduire, me demanda à Paul Scarron, Le Roman comique (1651-1657
ma mère. Elle me recommanda à lui et lui dit que
j’étais fils d’un homme de bien, qui, pour exalter Texte n°5
la foi, était mort en la journée des Gerbes, qu’elle « Cécile Volanges à Sophie Carnay, aux Ursulines
comptait que le fils ne démentirait pas le père, et de. . . . .
qu’elle le priait de me bien traiter et soigner, Il vient d’arrêter un carrosse à la porte, & maman
puisque j’étais orphelin. » me fait dire de passer chez elle, tout de suite. Si
La vie de Lazarillo de Tormès, 1554 c’était le monsieur ! Je ne suis pas habillée, la main
me tremble & le cœur me bat. J’ai demandé à la
Texte n°3 femme de chambre si elle savait qui était chez ma
mère : « Vraiment, m’a-t-elle dit, c’est M.
« Quelque dangereux que soit le parti que Ch.***. » Et elle riait. Oh ! je crois que c’est lui. Je
je prends, je le prends avec joie pour me reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera
conserver digne d'être à vous. Je vous passé. »
demande mille pardons, si j'ai des Choderlos de Laclos, Les Liaisons
sentiments qui vous déplaisent, du moins dangereuses,1869
je ne vous déplairai jamais par mes
actions. Songez que pour faire ce que je
fais, il faut avoir plus d'amitié et plus
d'estime pour un mari que l'on en a
jamais eu; conduisez-moi, ayez pitié de
moi, et aimez-moi encore, si vous
pouvez. »

Madame de la Fayette, La Princesse de Clèves, 1678


Texte n°6
« Mais cette Zaïde est-elle donc unique ?
Mirzoza ne lui cède en rien pour les charmes, et
j’ai mille preuves de sa tendresse : je veux être
aimé, je le suis ; et qui m’a dit que Zuleïman l’est
plus que moi ? J’étais un fou d’envier le bonheur
d’un autre. Non, personne sous le ciel n’est plus
heureux que Mangogul. »
Denis Diderot, Les bijoux indiscrets, 1748

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Texte n°7 Texte n°11
« Celui qui veut nuire (…) loue au
commencement, et blâme à la fin. Le premier
paraît un ennemi impartial qui est forcé enfin
de reconnaître vos bonnes qualités ; le second
semble être un ami équitable qui ne demande
qu’à vous louer, mais qui est contraint ensuite
d’avouer vos défauts, par le sentiment de la
justice. L’un et l’autre savent bien que la
dernière impression est la seule qui reste dans
la tête du lecteur. »
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, 1788

Texte n°8
« La gaieté redoubla. Le gros pelletier-
fourreur, sans répondre un mot, s’efforçait de
se dérober aux regards fixés sur lui de tous
côtés ; mais il suait et soufflait en vain :
comme un coin qui s’enfonce dans le bois, les
efforts qu’il faisait ne servaient qu’à emboîter
plus solidement dans les épaules de ses
voisins sa large face apoplectique, pourpre de
dépit et de colère. »
Victor Hugo, Notre Dame de Paris, 1831

Texte n°9
« En ce moment solennel, il entendit dans les
galeries un tumulte sourd : c’était des voix
confuses, des rires étouffés, des pas légers, les
froissements de la soie, enfin le bruit d’une
troupe joyeuse qui tâche de se recueillir. La
porte s’ouvrit, et le prince, les amis de don
Juan, les sept courtisanes, les cantatrices
apparurent dans le désordre bizarre où se
trouvent des danseuses surprises par les lueurs
du matin... »
Honoré de Balzac L’Élixir de longue vie, 1830.
Texte n°10
« Gervaise ne voulait pas de noce. À quoi bon
dépenser de l’argent ? Puis, elle restait un peu
honteuse ; il lui semblait inutile d’étaler le mariage
devant tout le quartier. Mais Coupeau se récriait :
on ne pouvait pas se marier comme ça, sans manger
un morceau ensemble. Lui, se battait joliment l’œil
du quartier ! Oh ! quelque chose de tout simple, un
petit tour de balade l’après-midi… »
Emile Zola, L'Assommoir, 1877

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vous-même par téléphone, car il ne fallait pas que
« Ma pensée c’est moi : voilà pourquoi je ne peux quelqu'un sût chez Scabelli que c'était vers Rome que
pas m’arrêter. J’existe parce que je pense …et je ne vous vous échappiez pour ces quelques jours. »
peux pas m’empêcher de penser. En ce moment Michel Butor, La Modification, 1957
même –c’est affreux- si j’existe, c’est parce que j’ai
horreur d’exister. C’est moi, c’est moi qui me tire du Texte n°13
néant auquel j’aspire : la haine, le dégoût d’exister, ce Lui, Climbié, il est un « objet » parce qu’il n’est pas
sont autant de manières de me faire exister, de un citoyen-métro. Il n’a même pas, juridiquement, la
m’enfoncer dans l’existence… » même valeur que tous ses amis naturalisés français
Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938 qui sont-là, autour de lui. A quoi a-t-il droit ? A la
natte – et encore, lorsque les crédits le permettent – à
Texte n°12 la vieille gamelle rouillée et sale, au repas infect cuit
« Si vous êtes entré dans ce compartiment, c'est que dans un fût d’essence, au coucher de dix-sept heures.
le coin couloir face à la marche à votre gauche est Pas droit au lit, au couvert, au repas venu de l’hôtel, à
libre, cette place même que vous auriez fait demandé aucun des avantages attachés à la qualité de Français-
par Marnal comme à l'habitude s'il avait été encore métro.
temps de retenir, mais non que vous auriez demandé Bernard Dadié, Climbié, 1956.

Séance n°5 : Activités de renforcement sur le genre romanesque (Lecture analytique)


Texte n°1 : « Comme la salle était fraîche… »
Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés
que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant n'était pas belle, point assez pâle,
peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de
lignes sur les contours. Ce qu'elle avait de beau, c'étaient les yeux ; quoiqu'ils fussent bruns, ils
semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide.
Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M. Rouault lui-même, à prendre un
morceau, avant de partir.
Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée. Deux couverts, avec des timbales d'argent,
y étaient mis sur une petite table, au pied d'un grand lit à baldaquin revêtu d'une indienne à
personnages représentant des Turcs. On sentait une odeur d'iris et de draps humides qui s'échappait de
la haute armoire en bois de chêne, faisant face à la fenêtre. Par terre, dans les angles, étaient rangés,
debout, des sacs de blé. C'était le trop-plein du grenier proche, où l'on montait par trois marches de
pierre. Il y avait, pour décorer l'appartement, accrochée à un clou, au milieu du mur dont la peinture
verte s'écaillait sous le salpêtre, une tête de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait
au bas, écrit en lettres gothiques " A mon cher papa ".
On parla d'abord du malade, puis du temps qu'il faisait, des grands froids, des loups qui
couraient les champs, la nuit. Mlle Rouault ne s'amusait guère à la campagne, maintenant surtout
qu'elle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. Comme la salle était fraîche, elle
grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lèvres charnues, qu'elle avait coutume de
mordillonner à ses moments de silence.
Son cou sortait d'un col blanc, rabattu. Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun
d'un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui
s'enfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine le bout de l'oreille, ils allaient
se confondre par-derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes, que le
médecin de campagne remarqua là pour la première fois de sa vie. Ses pommettes étaient roses. Elle
portait, comme un homme, passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon d'écaille.
Quand Charles, après être monté dire adieu au père Rouault, rentra dans la salle avant de partir,
il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les échalas des haricots
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avaient été renversés par le vent. Elle se retourna.
- Cherchez-vous quelque chose ? demanda-t-elle.
- Ma cravache, s'il vous plaît, répondit-il.
Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre,
entre les sacs et la muraille. Mlle Emma l'aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par
galanterie, se précipita, et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa
poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda
par-dessus l'épaule, en lui tendant son nerf de bœuf.
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.
Questions :
1) Quelle est le type de focalisation employée dans ce passage ? Justifiez votre réponse.
2) Citez les différents personnages évoqués dans ce texte.
3) Quel est le cadre spatial de cette description ? Qu’est-ce qui le prouve ?
4) Quel effet les richesses paysannes du Père Rouault ont-elles sur Charles ? En est-il sensible ou pas ?
Pourquoi ? (cf. la grandiloquence des éléments décoratifs telle l’indienne, totalement inadaptée au lieu).
5) N’y a-t-il pas un contraste entre les meubles cossus et le reste du décor (cf. la nature des draps,
l’emplacement des sacs de blé, la qualité de la peinture murale…)
6) Que vient faire Charles dans cette ferme ? Relevez les indices qui montrent qu’il commence à s’y
habituer progressivement. (cf. il revient seul chercher sa cravache, il monte dire adieu au Père Rouault)
7) Sur quoi porte la conversation entre les personnages pendant le repas ? (cf. la santé du malade, la météo,
les loups dans les champs).
8) Comment Emma est-elle décrite dans ce passage ? (cf. sa caractérisation directe ou indirecte). Quelle(s)
partie(s) de son corps la rend(ent) davantage séduisante ? Justifiez votre réponse à partir du texte.
9) Relevez le champ lexical de la blancheur. Quelle(s) interprétation(s) pouvez-vous en faire (par rapport
au personnage d’Emma)?
10) Quelle est la figure de style employée dans l’expression : « hardiesse candide » (cf. le sens opposé des
deux termes). Expliquez-la. (cf. l’évocation du regard).
11) Relevez des termes appartenant à chacun des réseaux sémantiques suivants :
- la grâce ;
- l’ordre ;
- la pudeur ;
- la sensualité, discrète ou plus apparente.
12) Pourquoi Flaubert fait-il référence à Minerve (cf. déesse maîtresse, virile) ?
13) Comment l’auteur met-il en avant la sensualité d’Emma ? (cf. les gestes, le regard…).
14) Quelle dualité caractérise sa main ? (cf. les ongles nobles =/= la paume rustique).
15) Expliquez la phrase suivante : « il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le
jardin, où les échalas des haricots avaient été renversés par le vent ».

Texte n°2 : « Une séance du conseil des ministres »


Le capitaine Yabaka fit une longue profession de foi en faveur de la liberté d’opinions. Il fallait
laisser s’exprimer tous les points de vue existant dans la société. Plus on empêchait, affirmait-il, le
peuple de se moquer de ses dirigeants et de rouspéter, à tort ou à raison, plus on cristallisait soit des
foyers de violence, soit des masses d’inertie, compliquant ainsi les tâches du gouvernement. Il invitait
chacun à se mettre à l’écoute de la voix du peuple, à entendre cette rumeur grandiose qui s’élève au-
dessus de sa marche collective, et qui annonce ses travaux, ses productions, ses créations, ses joies et ses
labeurs, ses efforts pour vivre ou survivre. C’étaient ses mots exacts. Un lyrisme à secouer les viscères.
Voyez comme je m’y laisse prendre encore aujourd’hui, en vous imitant la voix du capitaine.
Quelqu’un rétorqua aussitôt en faisant l’éloge du parti unique. C’était la seule solution réaliste au

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 20


Pays. Il fallait la démocratie, d’accord, mais pas au point de singer les Blancs. Vouloir autoriser
plusieurs partis serait officialiser le regroupement en tribus antagonistes et encourager la lutte fratricide.
Non, on ne connaissait aucun exemple en Afrique où cela avait réussi. Cela ne réussirait jamais.
L’Afrique n’était pas l’Europe. […]
Tonton remercia alors chacun de la franchise de ses propos. Le débat s’était situé « à un très haut
niveau » (hochements de tête unanimes). Cela prouvait la maturité atteinte par tous dans l’exercice du
pouvoir. Tonton poursuivit en faisant l’éloge des vertus de la démocratie et des élections. Puis il dit, en
des termes vagues, les anciens royaumes et empires africains. Il dit la sagesse des ancêtres. Il dit nos
sociétés traditionnelles, notre fierté d’être africains et le danger de se laisser dissoudre dans les mœurs
corruptrices et individualistes des pays occidentaux. Il fallait être réaliste et compter avec les structures
sociales et mentales spécifiques qu’aucune théorie occidentale n’avait étudiées ou, en tout cas
comprises. Bien joli de songer à des élections. ca légaliserait sans doute le régime. Mais c’était là
sombrer dans la faiblesse du juridisme. Alors qu’il fallait faire confiance à la direction, à ceux qui
avaient eu le courage de sauver le Pays lorsqu’il était au bord du gouffre où allait le faire basculer
Polépolé. Depuis que l’Afrique était l’Afrique, le chef de village, chez nous, n’avait jamais été élu.
Vouloir aujourd’hui innover en ce domaine aurait été aussi insolite que de demander à un mâle de faire
la cuisine ou porter la calebasse sur la tête. Idées de pédérastes européens ! Non. Le chef, c’était le plus
courageux, le plus sage, le meilleur orateur, l’homme à la poigne la plus ferme. Il s’imposait par la grâce
occulte des morts et tout le monde le reconnaissait. Qui osait mettre en doute son autorité était, séance
tenante, sanctionné par la communauté qui l’écrasait comme un cafard. Le vote était une hypocrisie de la
mentalité blanche. Dans une famille saine, il ne pouvait pas y avoir d’enfant qui voulût commander à la
place du père. Et si c’était un véritable membre de la famille, pas un serpent ou un esclave, il n’avait pas
peur de faire connaître son désaccord. Il le déclarait ouvertement. Qu’est-ce que c’était que cette histoire
de vouloir l’écrire sur un papier anonyme en se cachant derrière un isoloir ? Il ne fallait pas favoriser la
fausseté. Contraire à l’éducation des ancêtres, contraire. De quoi aurait-il eu peur, un tel fils ? De quoi,
n’est-ce pas, si ce qu’il disait à son père était juste ? Hein ? S’il avait besoin de la protection des
anonymats et des isoloirs, c’est qu’il savait bien que ce qu’il avait derrière la tête c’était une malpropreté
qui irriterait son pauvre vieux papa ; que c’étaient des saletés pas intéressantes. Or que le Pays, c’était
une grande famille.
« Moi, je suis le papa. Vous, vous êtes mes enfants. Tous les citoyens sont mes enfants. Vous
devez me conseiller avec franchise, ou si par crainte de mes réactions, vous voulez m’épargner, vous
devez alors vous taire respectueusement. »
Henri Lopès, Le Pleurer-Rire, 1982.
Questions :
1) Quelles sont les thèses défendues par les deux ministres ? Sur quoi porte leur désaccord ?
2) Relevez une intervention du narrateur. De quoi accuse-t-il implicitement l’orateur ?
3) Comment le Président introduit-il son propos ?
4) Quelle thèse attend-on qu’il soutienne ? Laquelle soutient-il en fait ?
5) En quoi cette thèse est-elle différente de celle du précédent intervenant ?
6) comment s’opère le revirement dans l’argumentation du président ? Pourquoi fait-il allusion aux pays
occidentaux ?
7) Montrez que Tonton passe dans son discours de la flatterie à l’avertissement, puis à la menace.
8) Relevez dans le texte des exemples de vocabulaire recherché appartenant au registre de langue soutenu
et des exemples de vocabulaire familier, voire vulgaire, en les classant sous forme de tableau.
9) Y a-t-il selon vous une différence dans la signification des mots « père » et « papa » ? Justifiez votre
réponse en vous appuyant sur le texte ou sur votre propre expérience.
10) Citez les différents types de régimes politiques que vous connaissez ? Lesquels sont évoqués dans ce
texte ? Lequel de ces régimes vous semble plus bénéfique pour nous Africains ?

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11) « Le chef, c’était le plus courageux, le plus sage, le meilleur orateur, l’homme à la poigne la plus
ferme ». De quelle chef s’agit-il ? Partagez-vous cette affirmation ?
Expression écrite :
« Plus on empêchait (…) le peuple de se moquer de ses dirigeants et de rouspéter, à tort ou à raison, plus
on cristallisait soit des foyers de violence, soit des masses d’inertie, compliquant ainsi les tâches du
gouvernement. » Qu’en pensez-vous ?

SEQUENCE N°4 : Esthétique des genres :


Le Théâtre

Séance n°1 : Définition, Caractéristique et Evolution du théâtre

Activité n°1 :
Consigne : Identifiez les principales définitions et caractéristiques du théâtre contenues dans
chacun des textes ci-dessus en répondant correctement aux questions posées.

Texte n°1 : « Où me cacher ?... »

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PHEDRE
Misérable ! et je vis ? et je soutiens la vue
De ce sacré soleil dont je suis descendue ?
J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ;
Le ciel, tout l’univers, est plein de mes aïeux.
Où me cacher ? Fuyons dans la nuit infernale.
Mais que dis-je ? mon père y tient l’urne fatale ;
Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains :
Minos juge aux enfers tous les pâles humains.
Ah ! combien frémira son ombre épouvantée,
Lorsqu’il verra sa fille à ses yeux présentée,
Contrainte d’avouer tant de forfaits divers,
Et des crimes peut-être inconnus aux enfers !
Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible ?
Je crois voir de ta main tomber l’urne terrible :
Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau,
Toi-même de ton sang devenir le bourreau.
Pardonne. Un Dieu cruel a perdu ta famille ;
Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille.
Hélas ! du crime affreux dont la honte me suit
Jamais mon triste cœur n’a recueilli le fruit.
Jusqu’au dernier soupir de malheurs poursuivie,
Je rends dans les tourments une pénible vie.
Jean Racine, Phèdre, 1677.
Questions :
1) Indiquez le genre littéraire auquel appartient ce texte. Justifiez votre réponse par un relevé d’indices
linguistiques et textuels.
2) Qui parle dans ce passage ? Que savez-vous de lui ? (cf. son idéologique, sa sociologiques et sa
psychologique)
3) Selon vous, l'univers du théâtre relève-t-il du « vrai » ou au contraire du « réel » ?
4) Quelle influence ce personnage pourrait-il exercer sur le lecteur ? (cf. son affectivité et sa raison ; son
inconscient et son conscient ; sa conscience individuelle et sa conscience collective)
5) Quels sont les principaux thèmes abordés dans ce passage ?
6) Quelle conception Racine nous donne-t-il de la « passion amoureuse » ? Son opinion est-il motivé par
“la nature”, “l’histoire” ou “l’idéologie” ?
7) Que ressentez-vous devant le sort de Phèdre : de l’admiration plutôt de la terreur ? Pourquoi ?
8) Quelles sont les différentes connotations des termes « soleil » et « nuit » ?
9) En quoi consiste exactement la faute à punir ? Phèdre en est-elle responsable ? Justifiez votre réponse.
10) Par quoi Phèdre espère-t-elle se racheter ? Pensez-vous que c’est une bonne décision ? Justifiez votre
réponse.
11) En vous inspirant de la pièce théâtral d’où est extrait ce passage, dites si vous pensez que le théâtre
incite le méchant à se corriger ou à se corrompre davantage.

Texte n°2 : « V’n’êtes pas médecin »


VALERE : - Monsieur, il ne faut pas trouver étrange que nous venions à vous ; les habiles gens sont
toujours recherchés, et nous sommes instruits de votre capacité.
SGANARELLE : - Il est vrai, messieurs, que je suis le premier au monde homme du monde pour faire
des fagots.

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VALERE : - Ah ! monsieur !...
SGANARELLE : - Je n’y épargne aucune chose, et les fais d’une façon qu’il n’y a rien à dire. […]
VALERE : - Faut-il, monsieur, qu’une personne comme vous s’amuse à ces grossières feintes, s’abaisse à
parler de la sorte ! qu’un homme si savant, un fameux médecin, comme vous êtes, veuille se déguiser aux
yeux du monde, et tenir enterrés les beaux talents qu’il a !
SGANARELLE, à part : - Il est fou.
VALERE : - De grâce, monsieur ne dissimulez point avec nous.
SGANARELLE : - Comment ?
LUCAS : - Tout ce tripotage ne sart de rian ; je savons çen que je savons.
SGANARELLE : - Quoi donc ! que me voulez-vous dire ? Pour qui me prenez-vous ?
VALERE : - Pour ce que vous-êtes, pour un grand médecin.
SGANARELLE : - Médecin vous-même ; je ne le suis point, et ne l’ai jamais été.
VALERE, bas : - Voilà sa folie qui le tient. (Haut) Monsieur, ne veuillez point nier les choses davantage ;
et n’en venons point, s’il vous plaît, à de fâcheuses extrémités.
SGANARELLE : - A quoi donc ?
VALERE : - A de certaines choses dont nous serions marris (= désolés, navrés).
SGANARELLE : - Parbleu ! venez-en à tout ce qu’il vous plaira. Je ne suis point médecin, et ne sais ce
que vous me voulez dire.
VALERE, bas : - je vois bien qu’il faut se servir du remède. (Haut) Monsieur, encore un coup, je vous
prie d’avouer ce que vous êtes.
LUCAS : - Hé ! tétigué (=déformation de « tête de dieu », c’est un juron) ! ne lantiponez (=bavarder)
point davantage, et confessez à la franquette (=avec franchise) que v’s êtes médecin.
SGANARELLE, à part : - J’enrage.
VALERE : - A quoi bon nier ce qu’on sait ?
LUCAS : - Pourquoi toutes ces fraimes-là ? (=frimes, simagrées) A quoi est-ce que ça vous sart ?
SGANARELLE : - Messieurs, en un mot autant qu’en deux mille, je vous dis que je ne suis point
médecin.
VALERE : - Vous n’êtes point médecin ?
SGANARELLE : Non.
LUCAS : - V’n’êtes pas médecin ?
SGANARELLE : - Non, vous dis-je.
VALERE : - Puisque vous le voulez, il faut s’y résoudre. (Ils prennent chacun un bâton, et le frappent.)
Molière, Le Médecin malgré lui, Acte I, scène 5, 1666.
Questions :
1) En observant la présentation du texte, montrez qu’i s’agit bien d’un dialogue théâtral.
2) Quelles paroles ne doivent pas être entendues des autres personnages ? A qui sont-elles destinées ?
3) Si vous lisez le texte tout haut comme sur une scène, quand changez-vous de voix ?
4) Quels mots ne sont pas destinés à être prononcés par les acteurs ?
5) Quel est le vrai métier de Sganarelle ? A l’aide des mots, repérez cependant le véritable représentant du
monde rural.
6) En quoi le malentendu sur le terme capacité (l.3) est-il comique ? Quel nom lui donne-t-on ?
7) Pourquoi la situation des trois hommes est-elle amusante ?
8) Ces personnages sont-ils comiques ? Justifiez votre réponse.
9) Quelles répliques de Valère montrent que Martine a su trouver de bons arguments pour que celui-ci
croie à son mensonge ?
10) Quels gestes font rire à la fin du texte ?
11) En vous aidant de l’introduction, expliquez comment s’opère un renversement des rôles dans la farce.

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Texte n°3 : « Et d’un… »
THOGO-GNINI. - Je la connais maintenant la vie…
(Au boy qu’il interpelle.) Boy ! Es-tu content de ton état ?
LE BOY (surpris). - De mon état ?
THOGO-GNINI. - Oui, de ton état !
LE BOY. - Quel état ?
THOGO-GNINI : - Mais de ton état de boy !
LE BOY. - Ah ! De mon état de boy ! J’en suis très satisfait. Il me permet d’écouter beaucoup,
d’observer énormément. Je suis arrivé à la conclusion qu’il monte une classe de Blancs noirs… et d’un ;
on crie chacun pour soi, Dieu pour tous, et de deux.
FAKRON (rit). - Chacun pour soi… c’est la nouvelle devise ?...
LE BOY. - Chacun cherche à être l’étoile la plus brillante dans le ciel le plus noir, et de trois. Cette
classe est impatiente, avide, brutale… Ah si les vieux nègres pouvaient sortir de leurs tombeaux, ils ne
nous reconnaîtraient plus et se demanderaient si les Noirs ne sont pas entrain de perdre leur couleur
noire, et leur rire aussi.
THOGO-GNINI. - Ce n’est guère le moment de rire, c’est celui d’ouvrir les yeux. C’est bon que les
Noirs ne sachent plus rire.
FAKRON. - Les rois d’Europe recherchaient le Noir pour apprendre à rire. Aujourd’hui, le Noir
abandonne le rire… Demain, il nous faudra payer des Blancs pour réapprendre à rire.
THOGO-GNINI (riant). - N’exagérons pas, des professeurs de rire, des experts et des conseillers
techniques en rire. Allons ! Allons !
FAKRON. - C’est pourtant possible au train où vont les choses. Chacun pour soi, ne plus vivre
ensemble, ne plus se saluer, ne plus penser aux autres. Ne voir que soi, à la longue, ça coupe le sommeil
et le rire.
THOGO-GNINI (riant). – Il les faudrait très compétents pour que le rire ne soit ni bruyant, ni
sarcastique, ni amer, ni puéril, ni fou, ni grossier et surtout, surtout… d’aucune couleur. Dieu fasse qu’on
ne nous apprenne à rire ni jaune… ni vert, ni bleu, ni rouge…
FAKRON. – Lorsque nous aurons perdu notre beau rire nègre, que nos professeurs nous apprennent à
avoir un rire humain dans une bouche dorée…
THOGO-GNINI (riant). – La belle prière ! une bouche argentée, une bouche dorée, une bouche
diamantée. Toi, moi, nous tous ! Sans l’argent il n’y aurait pas eu de Juda, il n’y aurait pas de
retournement de veste, de boubou, les expressions : pays pauvres, pays riches ; les mots : devise,
monnaie, livre, dollar, gourde, francs, rouble, ces mots, ces expressions n’auraient pas vu le jour.
L’argent enrichit les hommes et le langage ! Boy ! deux gins…
LE CRIEUR DE JOURNAL. – La Fortune ! Achetez La Fortune, Messieurs, La Fortune… La Fortune,
Messieurs, le journal le plus populaire du monde.
LE MENDIANT. – Donnez aux pauvres, prêtez à Dieu. Les riches qui donnent aux pauvres passeront
par le trou de l’aiguille et verront Dieu face à face…
Bernard Dadié, Monsieur Thôgô-Gnini, 1970.
Questions :
1) Indiquez les différents personnages mentionnés dans ce texte ainsi que leur appartenance sociale. (cf.
classe sociale)
2) Quelle idéologie Thôgô-Gnini semble-t-il incarner ? Peut-on dire de lui qu’il est un « assimilé » ?
Justifiez votre réponse.
3) Qu’est-ce qu’un boy ? Avec quelle tonalité Thôgô-Gnini s’adresse-t-il à lui ?
4) La conversation entre Thôgô-Gnini et le boy est-elle facile ou difficile ? Pourquoi ?
5) Quelles sont les différentes étapes du raisonnement du boy ? (cf. sa réponse) Que reproche-t-il à la
nouvelle société ?

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6) En quoi la fin du texte semble-t-elle être un rappel des valeurs oubliées ?
7) Quels sont les différentes connotations de l’expression « rire nègre » ?
8) Montrez que Thôgô-Gnini a véritablement perdu le sens de l’humour.
9) Relevez quelques didascalies. Correspondent-elles à ce que pensent les personnages ? Pourquoi ?
10) Dans l’énumération faite par Thôgô-Gnini vers la fin du texte, quel mot n’appartient pas au champ
lexical de la finance ? A quel mot aurait-il pu se confondre ?
11) Qui est Juda ? Pourquoi Thôgô-Gnini fait-il référence à lui dans son plaidoyer en faveur de l’argent ?

Séance n°5 : Activités de renforcement sur le théâtre (Lecture analytique)


Texte : « Tu seras fermier »
Dans un salon de province, les personnages jouent aux cartes et se constituent une petite « cagnotte »
avec l’argent des mises. Un domestique vient de remettre deux lettres.

COLLADAN, qui a mis ses bésicles et regardé sa lettre. – Ah ! c’est de mon fils… de Sylvain… que j’ai
mis à l’école de Grignon pour apprendre les malices de l’agriculture… Il voulait être photographe…
alors, je lui ai fichu une gifle et je lui ai dit : « Tu seras fermier… parce qu’un fermier… »
CHAMPBOURCY. – Oui… nous savons ça… […]
COLLADAN, lisant. – « Mon cher papa, je vous écris pour vous dire qu’on est très content de moi… j’ai
eu de l’avancement… on m’a mis à l’étable… »
CHAMPBOURCY. – A l’étable… Ce sont des détails de famille… lisez tout bas…
OLLADAN. – Si je lis haut, c’est pas pour vous, c’est pour moi… Toutefois que je ne lis pas tout haut…
je ne comprends pas ce que je lis… (Continuant sa lettre à haute voix.) « A l’étable… mais, par exemple,
je n’ai pas de chance, j’ai une vache malade… »
CORDENBOIS, à part. – Je n’aime pas à jouer la bouillotte comme ça !
(Il se lève et se promène dans le fond.)
OLLADAN, lisant. – « Elle ne boit plus, elle ne mange plus, elle tousse, comme une pulmonie. » (Parlé
en s’attendrissant.) Pauvre bête ! elle s’aura (cf. se sera) enrhumée ! (Lisant) « On croirait qu’elle va
trépasser. » (Très ému, passant la lettre à Champbourcy) Tenez !... continuez… ça me fait trop peine !
CHAMPBOURCY, lisant. – « Nous labourons à mort pour faire les mars, il pleut… mais, comme dit le
proverbe : ‘’ Pluie en février. C’est du fumier.’’ »
COLLADAN. – Ah ! c’est bien vrai ! pluie en fumier, c’est du février. (Se reprenant.) C’est-à-dire…
CORDENBOIS. – Champbourcy ! dépêchons !... nous attendons…
Eugène Labiche, La Cagnotte, acte1, scène1, 1864.
Questions :
1) Pourquoi y a-t-il un tiret et des guillemets à la ligne 5 ?
2) Qu’est-ce qui rend ce dialogue théâtral difficile à lire à voix haute ?
3) Dans le texte, quelles indications (précisez les lignes) aident au jeu des comédiens ? Comment les
nomme-t-on ?
4) Quel aparté de Cordenbois indique ce que les personnages faisaient avant l’arrivée du courrier ?
5) Expliquez son jeu de scène et le comique de la situation.
6) Qui est le personnage principal de cet extrait ? Faut-il prendre ses réactions au sérieux ? Pourquoi ?
7) De quelle catégorie comique relève la gifle ?
8) En quoi la dernière réplique du fermier est-elle franchement drôle ?
9) Colladan et son fils sont-ils du même milieu que les deux autres personnages ? Montrez-le.
10) Finissez la phrase : parce qu’un fermier… [l.5].
11) Montrez qu’une certaine catégorie sociale est ridiculisée à travers le personnage de Colladan et la
lettre de son fils.
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Texte : « Libertashio est mort »
LE SERGENT. […] – Sa tête, vous avez dit ? Sa tête ?
RAMANA, sanglotant. – Oui ! Oui ! Oui ! Oui !
LE SERGENT. – La tête de Libertashio ?
RAMANA, sanglots. – Oui ! Oui ! Oui !
LE SERGENT, Il sort une photo d’identité agrandie. – Cette tête-là ?
RAMANA, sanglots. – Papa ! Père ! Papa ! P… Pourquoi es-tu mort de leur mort-là ? (Elle pleure.)
LE SERGENT, aux soldats. – Section, rassemblement! (Les soldats viennent se planter au garde-à-
vous.) – Creusez cette tombe. En vitesse !
MARC, au sergent. – Qu’est-ce que tu fais ?
LE SERGENT. – J’en ai par-dessus le c… Non. Qu’on tire ça au clair avant qu’on ne s’affole tous. Tout
un pays de fous. Cette tête, qu’on l’emmène. Je crois que cette fois la capitale finira bien par comprendre
QUE LIBERTASHIO EST MORT.
Marc dégaine et tire sur le sergent.
LE SERGENT. – Marc, pourquoi as-tu tiré ? M… M… mort !
Il s’écroule.
Marc prend ses galons et en une brève cérémonie incompréhensible de ceux de la maison, ses
camarades le font sergent, et trinquent à son succès.
LE SERGENT MARC, aux soldats. – Les lâches, on les enterre la nuit. Le cimetière n’est pas loin. Il a
droit à soixante-quinze centimètres de terre. (Un Temps) C’était d’ailleurs un brave garçon ; bien qu’il ne
soit pas de la tribu du président, il servait loyalement. Donc mettez-lui quelques minutes de silence.
Qu’il ne soit pas enterré couché sur le ventre comme les lâches. Mettez-le sur le côté droit, fermez ses
yeux. Laissez-lui le haut de l’uniforme, brûlez le bas.
Les soldats emmènent le cadavre du sergent après quelques maigres honneurs. Marc n’a pas pris part
aux obsèques. Il se fait verser du vin dans le chapeau et boit pendant que les autres enterrent.
RAMANA, à Marc. – Pourquoi l’avez-vous tué ?
MARC. – On tue les déserteurs : c’est la loi des armes.
RAMANA. – C’est quoi un déserteur ?
MARC. – Est déserteur tout soldat en tenue qui dit que Libertashio est mort.
RAMANA. – C’est la vérité. Papa est mort.
MARC. – La vérité des civils.
RAMANA, naïve. – La vérité : il est mort
MARC. – Mort ou pas mort, la loi interdit de croire à la mort de Libertashio : donc il n’est pas mort.
RAMANA. – il est mort.
MARC. – Il n’est pas mort.
RAMANA. – Sa tête est dans cette tombe.
MARC. – Sa tête n’est pas dans cette tombe.
RAMANA. – Vous pouvez l’exhumer.
MARC, qui regarde Martial. – Voici Libertashio. Voici Libertashio. Où est la photo ? Donnez-moi la
photo.
Ramana lui donne la photo que Marc va confronter avec le visage de Martial.
– Cette moustache ! Cette barbiche ! C’est lui. Vous ne voyez donc pas que c’est lui.
Il vide son chapeau de vin.
LE FOU. … – Son père était un haut chômeur de la fonction publique. Arrière ! Pangayishio !
Les soldats rentrent de l’enterrement.
MARC, désignant Martial. – Voici Libertashio.
MARTIAL. – Vous… Vous êtes fou ? Je ne connaissais même pas mon oncle. J’en entendais parler. Et

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je n’approuvais pas son… sa… ses agissements. (Silence hostile des soldats.) Je n’approuvais pas. (Un
temps) Je suis naturellement contre le pouvoir de la violence. Naturellement contre. (Aux femmes)
Qu’est-ce que vous attendez pour leur dire que je ne suis pas Libertashio ? Dites-leur que je n’aimais pas
mon oncle et sa… et son… ses cochonneries-là ! (Silence.) Je savais que personne ne voulait de moi ici.
Je le savais. (Aux soldats) Je suis un lâche, messieurs. Un lâche où se sont rencontrées toutes les marques
de la lâcheté. La peur. Vous savez ce qu’on appelle la peur ? (Silence des soldats.) Vous me regardez
avec des yeux… de fer. Et ça s’écroule en moi. Ça tombe tout seul là-dedans. Comment voulez-vous que
je sois mon oncle ? (Aux femmes.) Qu’est-ce que vous attendez ? Dites à ces c…, à ces f…, à ces
messieurs que je ne suis pas Libertashio. (Silence.) Je le savais. Personne ne m’aime ici. A mon arrivée,
j’ai entendu des froissements dans vos chairs de putains.
ALEYO. – Ne sois pas moche Martial.
MARTIAL, aux soldats. – Ah ! vous avez entendu ? Moi je suis Martial. Martial Mounkatashio.
Libertashio était le frère aîné de ma mère. Ma mère s’appelait Sakomansa et mon père… Attendez : j’ai
oublié son nom de famille. (Il réfléchit.) Agoustano… Agoustano… Ah ! Agoustano Pangayishio. Vous
ne me croyez pas ? (Silence.) Vous voulez peut-être que je vous… que je vous parle de notre arbre
généalogique ? L’ancêtre maternelle s’appelait Obramoussando Manuellia. Elle épousa Grabanita. Leur
premier fils, Lessayino, les tua tous deux à l’âge de … Bon, j’oublie l’âge. Lessayino épousa une
Pygmée avec qui il eut deux garçons : Larmonta et … Kanashama, non, je me trompe : c’est
Imboulassoya…
MARC, aux soldats. – Mettez-lui les menottes.
Sony Labou Tansi, La Parenthèse de sang, 1981.
Questions :
1) Distinguez, selon les intervenants et les didascalies, plusieurs parties dans cette scène.
2) Pourquoi Marc tue-t-il le sergent ? Pourquoi faut-il croire que Libertashio est vivant ?
3) Etudiez les détails de l’enterrement du sergent. Quels effets produisent-ils ?
4) Relevez des contradictions dans le discours de Marc à propos de la façon dont on doit enterrer le
sergent.
5) Relevez plus loin, également dans les propos de Marc, un raisonnement absurde.
6) A votre avis, pourquoi Marc décide-t-il que Martial est Libertashio ?
7) Etudiez les deux monologues de Martial (cf. les hésitations, les reprises, la ponctuation,, le registre de
langue, le rôle des didascalies, le contenu de son discours). Tirez-en des conclusions sur la place du
personnage au sein de la famille, son caractère et son rôle dans la pièce.
8) En vous aidant de vos réponses aux questions précédentes ainsi qu’à celles sur la langue, étudiez le
comique de cette scène et qualifiez cet humour.
9) Qui l’expression « la capitale » représente-t-elle ? Comment appelle-t-on cette figure de style ? A votre
avis, dans quel but est-elle employée ici ?
10) Relevez les occurrences du mot « lâche ». Par qui et pourquoi est-il employé ? Quelle conclusion
pouvez-vous en tirer sur l’image de l’homme dans la société décrite ?
11) En dehors de celles qui entrecoupent les monologues de Martial, quel(s) rôle(s) jouent les
didascalies ?

Séance n°1 : Rappel sur la méthodologie du résumé de texte


I) La phase de préparation
1) Lecture générale
2) Lecture détaillée
3) Elaboration dn plan du texte
II) La phase de rédaction
1) Utiliser une expression personnelle
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2) Appliquer les techniques de réduction
3) Vérifiez la longueur du résumé
NB : La seule méthode efficace reste celle de la pratique, entraînez-vous !

Séance n°2 : Application de la méthodologie du résumé


Activité n°1 :
Consigne : Résumez chacune des phrases suivantes au quart de sa longueur (écart toléré plus ou
moins 10%) après avoir identifiez son thème général et son thème particulier.

Phrase n°1 :
L’école est le lieu qui doit créer, au-delà de la transmission des connaissances, une communauté du
respect de l’autre.

Phrase n°2 :
Le fait de respecter ses camarades de classe et, par extension, de se respecter soi-même, doit permettre à
l’enfant d’apprendre à vivre en société.

Phrase n°3 :
Le progrès technique a permis l'éclosion et l'extension de la société de consommation car les objets sont
fabriqués à profusion et doivent être vendus.

Phrase n°4 :
Facebook est le paradis des voleurs d’identité qui se font passer pour d’autres personnes en créant juste un
profil au nom de ces derniers.

Activité n°2 :
Consigne : Résumez chacun des textes suivants au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins
10%) après avoir identifiez son thème général ; son thème particulier et son plan détaillé.

Texte n°1 :
Les dangers des réseaux sociaux comme Facebook guettent les adolescents car ils sont les
premiers à avoir adopté ce réseau social. Ils sont les plus nombreux et les plus actifs sur ce site. C’est
pour cette raison qu’ils en sont les premières victimes. Les adolescents peuvent être victimes
d’harcèlement moral, d’injures, photos obscènes…

Texte n°2 :
Les élèves ambitieux privilégient la réussite sous toutes ses formes avec un objectif affirmé :
prendre sa vie/son destin en main. Confort matériel et financier, valorisation statutaire, reconnaissance,
accès au luxe, liberté, audace... sont autant d’aspirations pour les ambitieux. Les moyens mis en place
pour y parvenir sont : la forte détermination, la confiance en soi, les concessions et les sacrifices.

Texte n°3 :
Actuellement, l’endroit où il faut être est Facebook. Ce nouveau réseau social a déclenché un
véritable phénomène international. Tout le monde s’y retrouve. Que l’on soit jeune ou plus vieux, tout le
monde a un jour était sur facebook. Malgré le fait que ce soit un moyen intéressant pour se faire des amis,
garder le contact, s’exprimer, partager ses émotions, il présente aussi une face cachée qui peut-être
négative voire dangereuse.

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Séance n°3 : Activités de renforcement : Résumé / Discussion
Texte n°1 :
Aujourd’hui, l’école doit faire face à de nouveaux défis. Elle se doit d’y répondre, sans toutefois
faire l’impasse sur ces valeurs fondatrices, dans un contexte social qui évolue et ou le rôle de la famille
pose question quand l’absentéisme d’une part, la violence d’autre part deviennent des problèmes que les
enseignants seuls ne peuvent résoudre.
Pourtant, notre société de plus en plus plurielle donne à l’école un rôle renforcé dans la formation
à la socialisation des individus. Le terme de socialisation est vaste : il comprend la notion du vivre-
ensemble, mais également de citoyenneté et de préparation à l’âge adulte. L’école doit plus que jamais
transmettre des codes de conduite nécessaires aux enfants et les préparer aux rôles sociaux de la vie
adulte. La socialisation et le vivre-ensemble sont dépendantes de la notion du respect d’autrui. Le fait de
respecter ses camarades de classe et, par extension, de se respecter soi-même, doit permettre à l’enfant
d’apprendre à vivre en société, avec les contraintes qu’elle suppose. La mission d’éducation à la
citoyenneté de l’école est primordiale. L’école doit sensibiliser l’enfant aux enjeux contemporains d’ordre
politique, économique ou encore écologique.
Enfin, la préparation à l’âge adulte entraîne également que l’école doit être une institution efficace
en termes de réussite et de débouchés professionnels. Ainsi, les diplômes doivent protéger des risques de
la précarité et du déclassement social. C’est pour cela que, depuis quelques années, le gouvernement
français mise sur la formation professionnelle a l’école. Il est inconcevable qu’un étudiant diplômé par
l’école républicaine ne trouve aucun emploi qualifié. L’école se doit d’être ouverte sur le monde
économique et les formations par alternance (école/entreprise) démontrent leur efficacité.
Ainsi l’école doit en permanence évoluer afin de faire face aux nouveaux défis posés par une
société en perpétuelle mutation. Elle constitue à la fois un miroir des problèmes de notre société et une
partie de la solution. Elle incarne les traditions mais se doit également de préparer les novations. C’est à
ce subtil équilibre qu’il faut veiller : dispenser un savoir, donner des savoir-faire, éduquer au savoir être
pour que l’école demeure, comme le rappelle l’historien Maurice Agulhon, le ‘’ciment de la République’’
Henriette Martinez, « Le rôle et les missions de l’école », 2010
Consigne : Résumez ce texte de 392 mots au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins 10%).
Discussion
Selon Henriette Martinez, « l’école constitue à la fois un miroir des problèmes de notre société et une
partie de la solution ». Qu’en pensez-vous ?

Texte n°2 : « Les jeunes et les médias interactifs »


Autrefois, les parents s’inquiétaient du temps que leurs enfants passaient devant la télévision.
Maintenant, les parents sont dépassés par les nouveaux médias, que ce soient les ordinateurs portatifs, les
iPad, les iPod, les téléphones intelligents et par tout ce que ces médias mettent facilement à leur portée.
Tout le monde aime être connecté avec ses amis et avec tout ce qui se passe autour de lui. Ce qui a
changé, c’est le nombre croissant de modes de plus en plus rapides par lesquels nous pouvons nous
connecter et accéder aux gens et à l’information, à l’échelle globale. Internet occupe désormais une place
importante dans la vie des gens. Beaucoup de jeunes s’en servent pour leurs projets scolaires, pour garder
le contact avec leurs amis, pour jouer avec eux en ligne, pour faire des achats, télécharger des photos et
des vidéos, de la musique, des émissions de télévision ou des films. Communiquer par la technologie est
un moyen que partagent les jeunes pour interagir avec leurs réseaux sociaux.
La plupart des jeunes se servent des nouveaux médias pour rendre leur vie plus facile. En effet, les
nouveaux médias peuvent permettre aux jeunes d’accéder rapidement à l’information dont ils ont besoin
pour faire leurs devoirs. Ils leur permettent de collaborer en ligne avec leurs camarades de classe. Ils les
mettent en relation avec leurs amis et leur famille. Ils peuvent être pour eux un moyen de se détendre. Ces
nouveaux médias offrent aux jeunes de plus grandes possibilités d’expérimenter avec plus d’audace des
Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 30
relations, un style et des tenues vestimentaires, une indépendance et d’autres comportements, et aussi de
former leur individualité vis-à-vis de leur famille et de la société.
Source : https://knowledgex.camh.net, 2012
Consigne : Résumez ce texte de 289 mots au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins 10%)
Discussion
« La plupart des jeunes se servent des nouveaux médias pour rendre leur vie plus facile ». Discutez cette
affirmation ?

Texte n°3 : « L'objet technique »


Si le progrès technique peut faire l'objet d'un sentiment de peur, c'est qu'il présente un caractère
ambivalent dans la mesure où il est à la fois ce qui nous fascine et ce qui nous effraie, comme si la
puissance à laquelle nous pouvions accéder grâce à lui nous semblait trop difficile à assumer.
La technique parce qu'elle est ce par quoi les hommes se donnent les moyens de transformer le
monde matériel dans lequel ils vivent peut donner lieu à l'appréhension de deux formes de danger : d'une
part le risque de transformer notre rapport à la nature, voire même de modifier la nature elle-même au
point de ne plus pouvoir y vivre ou en tous cas de ne plus pouvoir y vivre humainement, d'autre part le
risque de se voir transformer les rapports sociaux de telle manière que l'homme devienne aliéné par
d'autres qui maîtrisent et possèdent les moyens techniques permettant à la société de fonctionner.
Dans ce cas, est-ce l'objet technique qui peut nous faire peur et rendre l'homme malheureux ou
l'usage qu'on peut en faire ? Tout moyen, quel qu'il soit, peut, selon l'usage que l'on fera devenir un objet
dangereux, un simple couteau, peut d'instrument banal et très utile, devenir une arme meurtrière, de même
pour prendre un exemple faisant référence à une technique plus sophistiquée, l'énergie nucléaire peut bien
servir à produire de l'énergie pour un usage domestique qu'à produire des armes susceptibles de détruire
l'intégralité de la planète. Autrement dit il est donc permis de penser que la raison ne nous conduit pas à
avoir nécessairement peur du progrès technique en lui-même mais plutôt à craindre l'utilisation qui
pourrait en être fait par certains hommes, susceptibles d'en faire un usage nuisible à l'humanité.
L'effroi technophobe trouvera son paroxysme dans la mythologie contemporaine, largement
nourrie du roman de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818). Le monstre y
symbolise l'inquiétude d'une humanité dépassée par ses propres réalisations techniques, d'une technocratie
incapable de maîtriser le produit de ses expériences. Il est vrai que les biotechnologies, la prolifération
des armes bactériologiques ne se lassent pas de nourrir nos inquiétudes. La difficulté à laquelle nous
sommes confrontés est donc celle de savoir si nous pouvons maîtriser le progrès technique au point de
pouvoir refuser une technique, même lorsque celle-ci reste à notre disposition.
http://www.Cyberprofs.com, 2016
Consigne : Résumez ce texte de 416 mots au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins 10%).
Discussion
Que vous inspire l’affirmation selon laquelle « La technique est ce par quoi les hommes se donnent les
moyens de transformer le monde matériel dans lequel ils vivent » ?

Texte n°4 : « La technologie »


Les défenseurs de la technologie argumentent depuis deux postulats. Le premier est que nous
sommes changés par la technologie. La technologie n’est pas seulement un outil au service des gens, mais
un puissant facteur de changement de nos psychologies et de nos sociétés. La technologie est un levier de
transformation qui modifie et influence la société. Ce n’est peut-être pas le seul, mais nous sommes tous
conscients de son pouvoir, qui n’est pas de rationaliser ou d’optimiser la société comme on le croit
souvent, mais qui est avant tout un pouvoir déstabilisateur (du règne précédent) et complexifiant (il
introduit toujours de nouvelles possibilités).

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Le second est de savoir si la technologie détermine la culture et le comportement ou l’inverse… Et
de ce côté-là, les choses ne sont pas si tranchées qu’on voudrait nous le faire croire. Si à l’échelle des
civilisations, Jared Diamond dans Effondrement démontre que le déterminisme technique a une influence
prépondérante, à l’échelle des pratiques, on constate plutôt qu’on a tendance à reproduire des
comportements de classe, de culture, de niveau social quelque soit les technologies qu’on utilise.
Dans un récent article où il défendait le besoin d’alphabétiser nos enfants à la technologie (peut-
être pour qu’elle ne soit pas perçue comme miraculeuse), Kevin Kelly, auteur d’un livre très stimulant sur
notre rapport à la technologie, rappelait que l’ordinateur n’est qu’un outil parmi d’autres. « La
technologie nous a aidés à apprendre, mais ce n’était pas le moyen de l’apprentissage. (…) Et puisque
l’éducation des enfants consiste essentiellement à inculquer des valeurs et des habitudes, elle est peut-
être la dernière zone à pouvoir bénéficier de la technologie ». Pour lui, ce que nous apporte avant tout la
technologie ne repose pas sur des solutions toutes faites, mais au contraire, sur le fait que la technologie
nous pousse toujours à apprendre.
Hubert Guillaud, Ce que la technologie veut, 2013
Consigne : Résumez ce texte de 322 mots au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins 10%).
Discussion
Selon, Hubert Guillaud, « La technologie est un levier de transformation qui modifie et influence la
société ». Discutez cette affirmation.

SEQUENCE N°2 : Exercices littéraires :


La Dissertation et la Discussion

Séance n°1 : Rappel sur la méthodologie de la dissertation et de la discussion

Séance n°1 : Rappel sur la méthodologie de la dissertation et de la discussion


I) La phase de préparation
1ère étape : analyse du sujet
2ème étape : la recherche des idées
3ème étape : l'établissement du plan détaillé
II) La phase de la rédaction
1ère étape : l’introduction
a) Les défauts à éviter :
b) Les éléments attendus :
2ème étape : le développement,
a) Les défauts à éviter :
b) Les éléments attendus :
3ème étape : la conclusion
a) Les défauts à éviter:
b) Les éléments attendus :

Séance n°2 : Application de la méthodologie de la dissertation et de la discussion


Sujet n°1:
Est-il préférable qu’un adolescent reçoive son argent de poche de ses parents ou bien qu’il le gagne en
travaillant ?
Vous appuierez votre réflexion sur votre propre expérience et sur celle de vos amis.

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Activité n°1 : Analyser le sujet.
1) Les termes du sujet :
a) Précisez le nombre et la nature des phrases composant ce sujet.
b) Quel est l’effet produit par la forme impersonnelle du verbe « est-il » ?
c) Quelle valeur faut-il attribuer au futur dans la forme verbale « vous appuierez » ?
d) Ce sujet présente-t-il des difficultés dans le choix des termes ou dans l’expression ? Précisez lesquelles
dans le cas d’une réponse affirmative.
e) Voici un relevé des verbes les plus couramment utilisés dans les sujets de réflexion : analyser,
développer, discuter, exposer, expliquer, évoquer, justifier, exprimer. Quelle est leur signification exacte ?
f) Voici un relevé des noms qui apparaissent le plus fréquemment dans les sujets de réflexion : réaction,
impression, sentiment, sensation, opinion, point de vue, réflexion. Lesquels s’adressent plus
particulièrement à votre sensibilité ? Lesquels font plutôt appel à votre jugement ?
2) La signification du sujet :
a) Soulignez les mots clés de votre sujet. S’agit-il d’un sujet concret ou abstrait ? Quelle différence faites-
vous entre ces deux notions ?
b) Que vous demande-t-on exactement dans ce sujet :
- d’exprimer une opinion ?
- d’analyser un problème ?
- de raconter une expérience personnelle ?
c) Justifiez votre réponse en faisant référence aux termes de votre sujet.
d) La question à traiter vous est-elle totalement étrangère ou bien vous intéresse-t-elle ? Pourquoi ?
e) Le sujet porte-t-il sur une idée ou un thème, une situation, un personnage… ?
f) Ce sujet est-il :
- d’ordre moral : pose-t-il le problème de ce qui est bien et de ce qui est mal, de ce que l’on doit faire et
ne pas faire ?
- d’ordre social : concerne-t-il la collectivité ?
- d’ordre individuel : intéresse-t-il la vie privée d’une personne ?
g) De quelle manière vous demande-t-on de vous impliquer dans votre rédaction ?
3) Les difficultés du sujet :
a) Quelles sont, pour vous, les principales difficultés de ce sujet ?
b) Comment pouvez-vous les résoudre ?
4) Les pistes ouvertes par le sujet :
a) Le sujet vous donne-t-il une indication précise sur l’organisation du devoir ?
b) Quel plan vous suggère-t-il d’adopter ?
5) L’intérêt du sujet :
a) Quel est, à votre avis, le principal intérêt de ce sujet ? Il permet de mesurer :
- vos capacités de réflexion ?
- votre imagination ?
- la cohérence et l’organisation de votre pensée ?
- la richesse de vos idées ?
- vos connaissances ?
Présentez vos réponses par ordre d’intérêt croissant.

Activité n°2 : Arguments et Exemples :


Exercice 1 : Rédiger une argumentation

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1) Voici une série d’arguments et d’exemples en faveur du camping sauvage. Rédigez, à partir de ces
idées, un développement dans lequel vous varierez aussi souvent que possible les constructions de
phrases :
Avantages du camping sauvage :
=> Une garantie de liberté :
- liberté de mouvements : s’arrêter où on veut, quand on veut ;
- absence de promiscuité (aucun voisinage) ;
- immensité de l’espace vital : ni grilles, ni portes, ni contrôle.
=> Un contact exceptionnel avec la nature :
- la qualité des espaces naturels vierges : la faune et la flore
- le silence qui favorise le rêve, la méditation, la réflexion ;
- la communication de l’homme avec la nature : odeurs, contacts, couleurs, saveurs.
=> De l’aventure authentique :
- retour à la vie sauvage ;
- faire preuve d’ingéniosité en l’absence de tout confort (manger, dormir, faire sa toilette)
- permet de tester ses facultés d’adaptation.
2) Voici une série d’arguments et d’exemples en défaveur du camping sauvage. Rédigez, à partir de ces
idées, un développement dans lequel vous varierez aussi souvent que possible les constructions de
phrases :
Inconvénients du camping sauvage :
=> Le danger :
- absence totale de sécurité : le campeur solitaire est une proie facile ;
- absence de quiétude : c’est assez inquiétant et stressant de vivre seul dans certains endroits
- dangers liés à l’environnement : orages, incendies de forêt, piqûres d’insectes ou de serpents.
=> L’isolement :
- la solitude s’ouvre sur l’ennui, le désœuvrement ;
- soif de culture du citadin habitué aux loisirs organisés : cinéma, théâtre, restaurants … ;
- besoin de communiquer avec d’autres hommes.
=> L’absence de confort :
- les difficultés de ravitaillement ;
- l’inconfort sanitaire ;
- dormir « à la dure ».

Exercice 2 : Cohérence et progression de la pensée :


Soit le sujet : « Quelles significations multiples peut comporter le choix d’un vêtement ? »
Complétez l’argumentation suivante en vous aidant des articulateurs dont l’ordre vous est imposé :
« On ne s’habille pas simplement pour avoir chaud. En effet … De plus … D’ailleurs … Par conséquent

Au contraire, le vêtement exprime la personnalité d’un individu. Effectivement … Ainsi … C’est
pourquoi… »

Exercice 3 : Choisir les éléments pour convaincre


1) Vous devez partir en vacances le 1 er août. Votre père veut partir le matin à l’aurore ; votre mère préfère
prendre la route le soir. Chacun essaye de convaincre l’autre. Rédigez sous la forme d’un dialogue animé
un texte argumentatif dans lequel chacun défendra sa position.
2) Vous êtes vendeur dans un magasin. Un client vient se renseigner sur le prix des portables. Vous
essayez de lui vendre le dernier modèle de la marque « Samsung ». Construisez une argumentation dans
laquelle vous ferez alterner des arguments d’ordre financier, esthétique, technique, psychologique.

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Présentez ces arguments par ordre décroissant. Justifiez l’ordre que vous aurez choisi.
3) Soit le proverbe : « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ».
Faites suivre cette idée d’un exemple emprunté soit à vos connaissances, soit à votre expérience
personnelle.

Activité n°3 : La technique de l’introduction et de la conclusion :


Sujet n2 :
La vie moderne vous semble-t-elle favoriser ou réduire la communication avec autrui ?

Introduction :
Pour vivre heureux, l’être humain a besoin de parler, de communiquer ses pensées et ses sentiments aux
autres, à sa famille, à ses amis… C’est dire que l’homme moderne a bien de la chance : il vit l’ère des
médias, une époque fabuleuse où tout est mis en œuvre pour favoriser les échanges, où l’on invente
chaque jour un nouveau moyen de communication. Pourtant, certains semblent nier cette évidence en se
demandant si véritablement la vie moderne semble faciliter ou freiner l’échange entre individus. Le
problème qui se pose est donc de savoir si la modernité constitue un bien ou un méfait pour notre « vivre-
ensemble ».
De ce fait, nous tenterons d’une part de montrer les apports de la vie moderne dans la communication
avec les autres ; d’autres part nous verrons qu’elle peut compromettre ou même bloquer l’échange.

Développement :
1ère partie, thèse : la vie moderne favorise la communication avec autrui.
1) l’homme moderne est extrêmement mobile.
a) Hommes et femmes travaillent. La communication entre les êtres s’exerce avant tout sur le lieu de
travail.
b) L’homme moderne dispose de loisirs. C’est l’occasion pour lui de connaître d’autres gens, d’échanger
des idées et des sentiments.
2) L’homme moderne est soucieux de la communication avec autrui.
a) Une grande place est accordée à l’oral durant les études. On apprend aux enfants à communiquer, à
s’exprimer.
b) La communication devient une science à part entière. Certaines universités ou grandes écoles préparent
à des diplômes de communication.

Transition
Paradoxalement, c’est au moment où l’homme moderne se montre le plus préoccupé de communication
qu’il est le plus isolé.

2e partie, antithèse : la vie moderne compromet la communication avec autrui.


1) La vie moderne favorise l’individualisme.
a) les individus sont de moins en moins disposés à faire des concessions. Chacun veut faire ce qu’il veut,
quand il veut. L’individualisme conduit à l’isolement.
b) L’homme moderne est engagé dans de multiples directions. Il n’a pas le temps d’approfondir ses
relations. Il communique de manière superficielle, que ce soit dans son travail, dans sa famille ou dans ses
loisirs.
b) La technologie nuit à la communication.
a) Les hommes ne communiquent plus entre eux mais par l’intermédiaire d’un support matériel : les
journaux, le téléphone, la télévision, l’internet impliquent un détour de la communication. Il n’y a plus
d’échange direct.

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 35


b) Asservi aux moyens de communication, l’homme moderne ne sait plus communiquer. Mis en présence
les uns des autres, les hommes sont embarrassés. Ils ignorent comment établir la communication,
comment amorcer un échange.

Conclusion :
En définitive, nous pouvons noter que, même si la vie moderne favorise la communication avec autrui à
travers des moyens permettant de multiplier les rencontres et les échanges, celle-ci (cf. la communication)
nous laisse souvent sur notre faim. Ainsi, malgré ses tentatives désespérées et son besoin naturel de
communiquer, l’homme moderne se retrouve souvent seul ou insatisfait de ses amitiés et de ses amours :
pour avoir trop rêvé d’une communication idéale, facile et rapide entre les hommes, notre société,
maladroitement, a mis la machine à la place de l’homme.
Néanmoins, pour des relations de qualité, ne faudrait-il donc pas que nous retrouvions le goût et le savoir
du contact direct.

Exercice 1 : Etudiez l’introduction


1) La composition de l’introduction
a) Repérez les trois parties de l’introduction :
- perspective générale,
- présentation du sujet,
- annonce du plan.
b) A quel domaine est empruntée l’idée qui sert d’entrée en matière : science, histoire, géographie,
littérature, technique… ?
c) La perspective générale cite « l’être humain » en général. Plus loin, on parle de « l’homme moderne » :
l’introduction progresse-t-elle par amplification ou par réduction ?
d) En vous aidant des articulations, montrez que l’introduction annonce un plan en deux parties.
e) Rédigez une autre introduction qui commencera par une perspective générale d’ordre historique.
2) Le rôle de l’introduction
a) Pourquoi l’introduction est-elle indispensable au devoir ?
b) Essayez de la supprimer. Quel est l’effet produit ?
c) Comment le lien se fait-il entre l’introduction et le développement :
- par un articulateur ?
- par le sens ?
Justifiez votre réponse en citant le texte

Exercice 2 : Etudiez la conclusion


1) La composition de la conclusion
a) Repérez les trois parties de la conclusion :
- bilan de l’argumentation
- point de vue personnel sur le problème
- élargissement du débat
b) Relevez les articulations permettant la progression des idées dans la conclusion. Précisez leur valeur :
addition, opposition, cause, conséquence, etc.
c) Citez une phrase montrant que la fin du devoir a une double fonction : elle présente une suggestion et
ouvre une perspective sur l’avenir.
d) Rédigez une autre conclusion à ce devoir en respectant les règles de composition observées ci-dessus.
2) Le rôle de la conclusion
a) Essayez de supprimer la conclusion. Quel est l’effet produit ?
b) Pourquoi la conclusion est-elle indispensable au devoir ?

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c) Quel articulateur débutant la conclusion permet de souligner son lien avec le développement.
d) Qu’apporte la conclusion à l’ensemble du devoir ?

Activité n°4 : Construire un développement :


Les livres sont trop chers, grâce aux livres nous apprenons à mieux maîtriser le français ; on n’a pas le
temps de lire ; le livre est devenu un objet de consommation ordinaire ; le livre nous permet de
communiquer par la pensée avec un auteur ; la lecture est une activité solitaire fermée à la
communication ; le livre donne une possibilité d’évasion irremplaçable ; le livre est un moyen privilégié
de connaissance ; un livre ne vieillit pas ; la presse est un moyen de culture mieux adapté à notre époque.
a) Regroupez entre eux les arguments qui vous sont donnés dans le désordre de façon à construire une
thèse et une antithèse.
b) Donnez un titre à ces deux parties.
c) Ajoutez une phrase ou un bref paragraphe de transition.
d) Rédigez l’ensemble.

SEQUENCE N°3: Exercices littéraires :


Le Commentaire de texte

Séance n°1 : Rappel sur la méthodologie du commentaire


Introduction
I) La phase de préparation
1) Observation du texte
2) Analyse du texte
II) La phase de rédaction
1) L’élaboration de l’introduction
a) une entrée en matière
b) une présentation du texte
c) l’annonce du plan
2) L’élaboration du développement
a) Les grandes parties
b) La dynamique du plan
c) L’insertion des citations
3) L’élaboration de la conclusion
a) une synthèse du développement
b) un jugement objectif sur l’auteur
c) une analyse de la portée du texte
4) Quelques recommandations
a) Les erreurs à éviter
b) Les qualités à respecter

Séance n°2 : Application de la méthodologie du commentaire


Activité n°1 : Les principaux centres d’intérêt d’un texte
Texte : « Le homard »
Le homard, compliqué comme une cathédrale,
Sur un lit de persil, monstre rouge, apparaît.

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En le voyant ainsi, Janin triompherait,
Car il a revêtu la pourpre cardinale !

Et c’est le Borgia des mers. Il a l’attrait


Des scélérats déçus dans leur ruse infernale.
Héraut des grands festins, avec pompe il étale
Son cadavre éventré dans l’office en secret.

Jamais plus fier vaincu n’eut plus beau flanc d’albâtre.


Décoratif et noble, il gît sur son théâtre.
Jusques après la mort refusant d’abdiquer,

Il se cramponne aux doigts qui veulent l’attaquer,


Et si quelque imprudent cherche à briser sa pince ;
« Prends garde ! lui dit-il, je suis encore un prince ! »

Charles Monselet (1835-1888), Poésies complètes

Exercice 1 : Analysez le texte


1) Le thème du poème :
a) En quoi un poème sur le homard est-il inhabituel ?
b) Commentez l’effet produit par ce choix.
2) Les idées :
a) Que suggère chacun des mots ou expressions suivants : « compliqué comme une cathédrale » (v. 1) ;
« Car il a revêtu la pourpre cardinale ! » (v. 4) ; « avec pompe » (v. 7) ; « il étale » (v. 7) ; « théâtre » (v.
10) ; « décoratif et noble » (v.10) ; « prince » (v. 14) ?
b) Sur quel aspect du homard les mots suivants insistent-ils : « cadavre » (v. 8) ; « vaincu » (v. 9) ; « gît »
(v. 10) ; « abdiquer » (v. 11) ; « attaquer » (v. 12) ; « briser » (v. 13) ; « prends garde » (v.14) ?
3) Les figures de style :
a) Commentez chacune des métaphores et comparaisons du poème : « comme une cathédrale » (v. 1) ;
« monstre » (v. 2) ; « c’est le Borgia des mers » (cf. Borgia = cardinal à 16 ans qui assassine ses ennemi
pour se venger) (v. 5) ; « il a l’attrait des scélérats déçus dans leur ruse infernale (V 5-6) ; « héraut des
grands festins » (v. 7) ; « je suis … un prince » (v. 14).
b) A quoi font-elles référence ? Quelle est leur valeur suggestive ?
c) Identifiez et commentez les figures de style suivantes: « éventré…en secret » (v. 8) ; « fier vaincu »(v.
9).
4) Les constructions grammaticales :
Commentez la place des verbes « apparaît » (v. 2) et « il étale » (v. 7). Quel est l’effet produit ?
5) La ponctuation :
Que traduisent les points d’exclamations des vers 4 et 14 ?
6) Le rythme :
Montrez que, dans les vers suivants, le rythme est particulièrement évocateur du sens :
- Le homard, compliqué comme une cathédrale (v. 1)
- En le voyant ainsi, Janin triompherait (v. 3)
- Car il a revêtu la pourpre cardinale ! (v. 4)
7) Le style :
Qu’apporte au poème le style direct du dernier vers ?
8) La forme poétique :

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 38


a) Montrez que la forme poétique choisie par l’auteur est extrêmement classique.
b) Identifiez le vers utilisé dans ce poème. Est-il traditionnel ou original ?
c) Observez attentivement l’organisation et la nature des rimes. L’auteur se montre-t-il respectueux des
règles de la versification ?

Exercice 2 : Regroupez vos remarques


1) Les grandes orientations du poème :
En vous appuyant sur l’étude que vous venez de réaliser (cf. Exercice 1), repérez dans la liste suivante les
deux principaux centres d’intérêt du texte :
- le comique
- le conformisme
- l’anticonformisme
- l’art de la mise en scène
- le respect des règles poétiques
2) La synthèse ou bilan de lecture :
NB : La synthèse est une opération par laquelle on rassemble des éléments disparates de façon à
construire un ensemble cohérent.
a) Reprenez votre analyse du texte réalisée ci-dessus. Sélectionnez et regroupez vos remarques autour des
deux principaux centres d’intérêt du poème, de façon à constituer deux ensembles auxquels vous
donnerez un titre.
b) Choisissez, parmi les interprétations suivantes, celle qui vous paraît convenir le mieux au texte :
- dans ce poème, Charles Monselet fait la satire de l’Eglise catholique ;
- dans ce poème, Charles Monselet se moque de l’orgueil des grands ;
- dans ce poème, Charles Monselet prend parti contre la poésie grandiose et larmoyante des romantiques.

Activité n°2 : La réalisation du commentaire de texte


Texte : « Le monstre »
Il revoyait près de l’arche ogive (cf. en forme d’arc diagonal) ces grottes basses et obscures,
sortes de caveaux dans la cave, qu’il avait déjà observées de loin. A présent, il en était près. La plus
voisine de lui était à sec et aisément abordable.
Plus près encore que cet enfoncement, il remarqua, au-dessus du niveau de l’eau, à portée de sa
main, une fissure horizontale dans le granit. Le crabe était probablement là. Il y plongea le poing le
plus avant qu’il put, et se mit à tâtonner dans ce trou de ténèbres.
Tout à coup il se sentit saisir le bras.
Ce qu’il éprouva en ce moment, c’est l’horreur indescriptible.
Quelque chose qui était mince, âpre, plat, glacé, gluant et vivant venait de se tordre dans
l’ombre autour de son bras nu. Cela lui montait vers la poitrine. C’était la pression d’une courroie et la
poussée d’une vrille. En moins d’une seconde, on ne sait quelle spirale lui avait envahi le poignet et le
coude et touchait l’épaule. La pointe fouillait sous son aisselle.
Gilliatt se rejeta en arrière, mais put à peine remuer. Il était comme cloué. De sa main gauche
restée libre il prit son couteau qu’il avait entre ses dents, et de cette main, tenant le couteau, s’arc-bouta
au rocher, avec un effort désespéré pour retirer son bras. Il ne réussit qu’à inquiéter un la ligature (cf. le
lien), qui se resserra. Elle était souple comme le cuir, solide comme l’acier, froide comme la nuit.
Une deuxième lanière, étroite et aigue, sortit de la crevasse du roc. C’était comme une langue
hors d’une gueule. Elle lécha épouvantablement le torse nu de Gilliatt, et tout à coup s’allongeant,
démesurée et fine, elle s’appliqua sur sa peau et lui entoura tout le corps. En même temps, une
souffrance inouïe, comparable à rien, soulevait les muscles crispés de Gilliatt. Il sentait dans sa peau
des enfoncements ronds, horribles. Il lui semblait que d’innombrables lèvres, collées à sa chair,

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 39


cherchaient à lui boire le sang.
Une troisième lanière ondoya hors du rocher, tâta Gilliatt, et lui fouetta les côtes comme une
corde. Elle s’y fixa.
L’angoisse, à son paroxysme, est muette. Gilliatt ne jetait pas un cri. Il y avait assez de jour
pour qu’il pût voir les repoussantes formes appliquées sur lui. Une quatrième ligature, celle-ci rapide
comme une flèche, lui sauta autour du ventre et s’y enroula.
Impossible de couper ni d’arracher ces courroies visqueuses qui adhéraient étroitement au corps
de Gilliatt et par quantité de points. Chacun de ces points était un foyer d’affreuse et bizarre douleur.
C’était ce qu’on éprouvait si l’on se sentait avalé à la fois par une foule de bouches trop petites.
Un cinquième allongement jaillit du trou. Il se superposa aux autres et vint se replier sur le
diaphragme de Gilliatt. La compression s’ajoutait à l’anxiété ; Gilliatt pouvait à peine respirer.
Ces lanières, pointues à leur extrémité, allaient s’élargissant comme des lames d’épée vers la
poignée. Toutes les cinq appartenaient évidemment au même centre. Elles marchaient et rampaient sur
Gilliatt. Il sentait se déplacer ces pressions obscures qui lui semblaient êtres des bouches.
Brusquement une large viscosité ronde et plate sortit de dessous la crevasse. C’était le centre ;
les cinq lanières s’y rattachaient comme des rayons à un moyeu (cf. pièce centrale d’une roue); on
distinguait au côté opposé de ce disque immonde le commencement de trois autres tentacules, restés
sous l’enfoncement du rocher. Au milieu de cette viscosité il y avait deux yeux qui regardaient.
Ces yeux voyaient Gilliatt.
Gilliatt reconnut la pieuvre.

Victor Hugo, Les travailleurs de la mer.

Exercice 1 : L’introduction
1) L’auteur et son œuvre
a) En quelle année Victor Hugo a-t-il écrit Les travailleurs de la mer ?
b) Qui en est le héros ?
2) Le genre du texte
A quel genre appartient cette page ?
3) La situation du passage
a) Situez cet extrait dans l’ensemble de l’œuvre grâces aux informations contenues dans les lignes 1 à 8.
b) Résumez ce texte en une phrase (cf. son idée générale)
4) Les principaux centres d’intérêt du texte
Les deux principaux centres d’intérêt sont les suivants :
- la tension dramatique,
- l’horreur.
a) Pourquoi est-il important de faire figurer cette information dans l’introduction ?
b) Comment allez-vous vous en servir au moment de l’analyse du texte ?

Exercice 2 : Le développement
1) L’analyse du texte
a) Analysez le sens et l’expression des passages soulignés. Sur quel aspect du texte attirent-ils l’attention
du lecteur ?
b) Quels effets l’auteur cherche-t-il à produire ? Par quels procédés ?
c) L’auteur utilise-t-il essentiellement des phrases courtes ? Quel rythme veut-il donner au texte ?
Pourquoi ?
d) Relevez quelques images particulièrement impressionnantes dans le texte. Qu’apportent-elles au récit ?

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 40


e) Rapprochez la première phrase du texte de l’avant-dernière. Montrez que ces deux phrases résument
admirablement l’intérêt dramatique du passage.
2) L’organisation du commentaire
a) Réalisez la synthèse des remarques que vous venez de faire sur le texte : regroupez entre eux les
éléments qui se recoupent ou qui se complètent de façon à former des ensembles.
b) Donnez un titre significatif à ces ensembles.
Pour organiser votre commentaire, inspirez-vous du plan suivant :
=> La tension dramatique
a) ……………………
b) ……………………
etc.
=> L’horreur
a) …………………..
b) ………………….
etc.

Exercice 3 : La conclusion
1) Rédigez une brève conclusion dans laquelle
a) Vous rappellerez les deux centres d’intérêt du texte et les principaux moyens d’expression utilisés par
l’auteur ;
b) Vous proposerez une interprétation symbolique du combat entre Gilliatt et la pieuvre.
c) Terminez, si possible, sur une référence littéraire : ce texte de Victor Hugo présente-t-il une parenté
avec d’autres textes ?

Exercice 4 : Renforcement
Texte : « D’Anne qui lui jeta de la neige »
Anne par jeu me jeta de la neige,
Que je croyais froide, certainement :
Mais c’était feu, l’expérience en ai-je,
Car embrasé je fus soudainement.

Puisque le feu loge secrètement


Dedans la neige, où trouverai-je place
Pour ne brûler point ? Anne, ta seule grâce

Eteindre peut le feu que je sens bien,


Non point par eau, par neige ni par glace,
Mais par sentir un feu pareil au mien.

Clément Marot, Rondeaux, 1532.


Consigne : Complétez le commentaire suivant en y ajoutant :
1) Une introduction
2) Des citations
3) Une conclusion
INTRODUCTION
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DEVELOPPEMENT
Première partie : Une déclaration d’amour conventionnelle
Cette double intention apparaît nettement dans le plan du texte : d’abord, le poète raconte la naissance de
sa passion (…), puis il demande à Anne de l’aimer en retour (…). Le jeu des pronoms dans le poème
confirme ce mouvement : (…). Le poète souffre-t-il ? Le ton léger de cette poésie nous permet d’en
douter ainsi que le caractère tout à fait conventionnel de cette confidence : les clichés, nombreux dans le
poème (…), semblent ne traduire aucune émotion. De même, l’utilisation d’un vocabulaire assez pauvre
(…) rend l’ensemble extrêmement impersonnel.

Deuxième partie : Un homme qui souffre


Cependant la rareté des informations, notamment sur la femme aimée (…) laisse place à l’imagination ; la
répétition des images (…) crée un effet d’insistance qui suggère indirectement la force du sentiment
amoureux ; le jeu des oppositions évoque les tortures de la passion (…)
Tout l’art du poète est là : derrière le conformisme d’une déclaration d’amour s’infiltre une inquiétude
(…) et se développe une argumentation. (…) Le cadre poétique qui impose des limites à l’expression du
sentiment personnel en raison de ses règles strictes (…) oblige l’amoureux à contrôler son lyrisme.

CONCLUSION
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Troisième partie : Activités annexes

SEANCES SPECIALES

Séance spéciale n°1 : Eléments de synthèse sur la versification


I) Le vers
1) La mesure
a) Le « e muet »
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b) La diérèse
c) La synérèse
2) Les types de vers
a) Les vers pairs
b) Les vers impairs
c) Le vers libre
3) Les accents
a) les accents fixes
b) les accents secondaires ou flottants
c) le cas de l’alexandrin
4) Les discordances entre le mètre et la syntaxe
a) L’enjambement
b) Le rejet
c) Le contre-rejet
II) La rime
1) La qualité
a) La rime pauvre
b) La rime suffisante
c) La rime riche
2) Le genre
a) La rime féminine
b) La rime masculine
3) La disposition
a) Les rimes plates (ou suivies)
b) Les rimes croisées
c) Les rimes embrassées
III) La strophe
1) La caractérisation
a) La strophe isométrique
b) La strophe hétérométrique
c) La strophe horizontale
d) La strophe carrée
e) La strophe verticale
2) Les types de strophes
a) Le distique
b) Le tercet
c) Le quatrain
d) Le quintil
e) Le sizain …
IV) Les poèmes à formes fixes
1) La ballade
2) Le sonnet
3) La chanson
4) L’ode
5) Le rondeau
6) Le pantoum
7) Le triolet
8) Le calligramme

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9) Le virelai
10) Le lai
V) La versification dans la poésie moderne
1) Le vers traditionnel
2) Le vers libre
3) Le verset
4) Le poème en prose

Exercice d’application :

Séance spéciale n°2 : Les figures de style

I) Les figures par analogie, qui permettent de créer des images


Comparaison
Métaphore
Personnification
Allégorie

II) Les figures de substitution, qui remplacent un terme par un autre terme ou par toute une expression
Métonymie
Synecdoque
Périphrase

III) Les figures de l’insistance ou de l’atténuation


Hyperbole
Gradation
Euphémisme
Litote
Anaphore
Parallélisme

Accumulation
Question oratoire /rhétorique

IV) Les figures d’opposition


Antithèse
Oxymore
Antiphrase
Chiasme
Paradoxe

V) Les figures de rupture


Anacoluthe
Ellipse
Zeugma

VI) Les figures qui jouent sur les sons

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Assonance
Allitération
Paronomase

Exercices d’application
1) […] et ces feuilles tombant toujours semblaient des larmes, de grandes larmes versées par les grands
arbres tristes qui pleuraient jour et nuit sur la fin de l’année…
2) La nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles.
3) Et des fleuves français les eaux ensanglantées / Ne portaient que des morts aux mers épouvantées.
4) Les malvoyants (les aveugles). / Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril.
5) Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
6) Une mère s’adressant à son enfant rentrant du jardin : “ Te voilà ! mon petit monstre ”.
7) […] Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez, / Il y aura des fleurs couleur de l’avenir, / Il y aura
des fleurs lorsque vous reviendrez.
8) Tandis qu’une folie épouvantable broie / Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant…
9) Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits
10) Les hommes, avec des lois sages, ont toujours eu des coutumes insensées.
11) L’heure tranquille où les lions vont boire.

Séance spéciale n°3 : Les registres littéraires (ou tonalités)


1) Le registre comique
2) Le registre ironique
3) Le registre satirique
4) Le registre polémique
5) Le registre tragique
6) Le registre lyrique
7) Le registre pathétique
8) Le registre épique
9) Le registre fantastique
10) Le registre didactique
11) Le registre laudatif ou élogieux

Exercice d’application :
Consigne : Indiquez la tonalité dominante dans chacun des textes suivants
Texte n°1 :
« Allez, faîtes ! retranchez trois millions d’électeurs, retranchez-en quatre, retranchez-en huit millions sur
neuf. Fort bien. Le résultat sera le même pour vous, sinon pire. Ce que vous ne retrancherez pas, ce sont
vos fautes ; ce sont tous les contresens de votre politique de compression ; c’est votre incapacité fatale ;
c’est votre ignorance du pays actuel ; c’est l’antipathie qu’il vous inspire et l’antipathie que vous lui
inspirez. » (Victor Hugo, Discours sur le suffrage universel, prononcé à l’Assemblée nationale le 20
mai 1850).

Texte n°2 :
« Grâce aux dieux ! mon malheur passe mon espérance ! / Oui je te loue, ô Ciel, de ta persévérance ! /
Appliqué sans relâche au soin de me punir, / Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ; / Ta haine a
pris plaisir à former ma misère ; / J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, / Pour être du malheur un
modèle accompli. / Hé bien : je meurs content, et mon sort est rempli. » (Jean Racine, Andromaque,
scène finale (1667)).
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Texte n°3 :
J’avais un peu d’argent, je dis : « Je vais me faire construire une petite maison. ». Je vois un entrepreneur
de bêton armé. Je lui dis : « Ça va me coûter combien ?
- Quinze briques !
- Bon ! Je vais me renseigner… »
Je vais voir un copain qui est du bâtiment. Je lui dis : « Une brique… combien ça vaut ?
- Deux thunes ! »
Je retourne voir l’entrepreneur. Je lui dis : « Pour une thune, qu’est-ce que je peux avoir ?
- Des clous ! »
Je retourne voir mon copain. Je lui dis : « Dis donc, il veut me faire payer les clous !
-Il n’a pas le droit ! »
Je refonce voir l’entrepreneur … Je lui dis : « Je veux bien payer, mais pas pour des clous !
- Vous n’êtes pas obligé de payer comptant…
- Content ou pas content, je suis obligé de payer ? » (R. Devos, Ça n’a pas de sens (Denoël, 1981))

Texte n°4 :
Ney tira son épée et prit la tête. Les escadrons énormes s’ébranlèrent. Alors on vit un spectacle
formidable.
Toute cette cavalerie, sabres levés, étendard et trompettes au vent, formée en colonne par division,
descendit, d’un même mouvement et comme un seul homme, avec la précision d’un bélier de bronze, qui
ouvre une brèche, la colline de La Belle Alliance, s’enfonça dans le fond redoutable où tant d’hommes
déjà étaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant de cette ombre, reparut de l’autre côté du
vallon, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, à travers un nuage de mitraille crevant sur elle,
l’épouvantable pente de boue du plateau de Mont-Saint-Jean. Ils montaient, graves, menaçants,
imperturbables ; dans les intervalles de la mousqueterie et de l’artillerie, on entendait ce piétinement
colossal. Etant deux divisions, ils étaient deux colonnes ; la division Wathier avait la droite, la division
(Victor Hugo, Les Misérables (1862)

Séance spéciale n°4 : Comment caractériser le genre d’un récit ?


1) Le récit fantastique
2) Le récit historique
3) Le récit d’aventures
4) Le récit réaliste
5) Le récit policier
6) Le récit autobiographique

Exercice d’application :
Consigne : Observez ces trois passages et indiquez le genre de récit utilisé dans chaque texte.
Texte 1 :
« Les conviés arrivèrent de bonne heure dans des voitures, carrioles à un cheval, chars à bancs à deux
roues, vieux cabriolets sans capote, tapissières à rideaux de cuir, et les jeunes gens des villages les plus
voisins dans des charrettes où ils se tenaient debout, en rang, les mains appuyées sur les ridelles pour ne
pas tomber, allant au trot et secoués dur. Il en vint de dix lieues loin, de Goderville, de Normanville et de
Cany. On avait invité tous les parents des deux familles, on s’était raccommodé avec les amis brouillés,
on avait écrit à des connaissances perdues de vue depuis longtemps. (Gustave Flaubert, Madame Bovary)
Texte 2 :

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« Encore une fois, je posai le pied sur le pavé de la rue de Siam que le brouillard de la nuit rendait plus
glissant que des écailles de poisson. Le veilleur de nuit venait de passer et j’entendais encore au loin sa
plainte de vieux hibou. Il pouvait être onze heures. […] J’allais doucement le long des murs et, tous les
dix pas, je m’arrêtais afin de prêter l’oreille aux bruits. Il me sembla bien entendre comme une faible
rumeur dont je ne pouvais préciser ni la distance, ni l’emplacement. Il en était dans la nuit des voix
comme des lumières. Je les croyais près de moi quand, au contraire, elles étaient encore loin. »
Texte 3 :
« Il l’enferma avec précaution dans le creux de ses mains. C’était un objet merveilleux par son étrangeté
même : comme un fragment de sculpture grecque, trouvé dans le lit d’une rivière à sec. C’est une
« capsule de temps », pensa Mason, un autre univers est condensé dans cette coquille, et il n’était pas loin
de croire que la mer nocturne qui hantait son sommeil s’était trouvée libérée de l’antique coquille, un jour
où il avait, malencontreusement, écaillé une de ses volutes. (cf. J.G. Ballard, Le Sel de la Terre)

Séance spéciale n°5 : Les procédés narratifs


1) Le choix d’un narrateur
2) La focalisation
3) L’ordre narratif
4) La durée des événements
5) Les indices du vrai
6) Le début et la fin du roman

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
La demi-obscurité était trouée, au fond, à gauche, par la zone laiteuse de l’estrade où s’agitait un
groupe de musiciens de rock’nroll. Le chanteur hurlait, d’une voix encore mal assurée, un succès
américain. Autour de l’estrade, se pressaient des garçons et des filles de l’orchestre, avec ses cheveux
blonds frisés et ses grosses joues, parut à Bellune un enfant de troupe précocement vieilli.
Il se fraya un passage jusqu’au bar et commanda un alcool. Après le troisième verre, il était moins
sensible au bruit. Chaque fois qu’il venait au Palladium, il y restait une heure tandis que les orchestres et
les chanteurs se succédaient sur l’estrade – adolescents de la banlieue ou jeunes employés du quartier. Et
leur rêve était si fort, si violent leur désir d’échapper par la musique à ce qu’ils pressentaient de leur vie,
que Bellune percevait souvent les stridences des guitares et les voix qui s’éraillaient comme des appels au
secours.
Il avait plus de cinquante ans et travaillait dans une maison de disques. On le chargeait de se
rendre deux ou trois fois par semaine au Palladium et de repérer certains groupes de musiciens amateurs.
Bellune leur fixait rendez-vous à la maison de disques et ils y passaient une audition. A cet instant-là, il
n’était rien d’autre qu’un employé des douanes qui choisit, dans une foule d’émigrants massés devant un
bateau, deux ou trois personnes, et les pousse sur la passerelle d’embarquement.
Il consulta sa montre et décida qu’il avait suffisamment fait acte de présence. Cette fois-ci, il ne se
sentait même pas le courage de porter son attention sur un chanteur ou un groupe de musiciens. Marcher
jusqu’à l’estrade en jouant des coudes lui semblait un acte surhumain. Non. Pas ce soir.
C’est alors qu’il remarqua sa présence. Il ne l’avait pas vue jusque-là parce qu’il lui tournait le
dos. Une fille aux cheveux châtains, à la peau très pâle, les yeux clairs. Vingt ans à peine. Elle était assise
au bar mais elle regardait vers le fond, hypnotisée. Un remous s’enflait, il y avait une bousculade, des
applaudissements, des cris. Quelqu’un montait sur le podium : Vince Taylor. Pourquoi ne se mêlait-elle
pas aux autres ? Son regard, fixé vers la seule zone lumineuse du Palladium, évoqua dans l’esprit de

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Bellune l’image d’un papillon hésitant qu’attire la lampe. Sur le podium, Vince Taylor attendait que les
applaudissement et les cris s’éteignent. Il régla le micro et commença à chanter.
- Vous aussi, vous voulez chanter ?
Elle sursauta comme s’il l’avait tirée brusquement de son rêve et se tourna vers lui.
- Vous êtes là parce que vous vous intéressez à la musique ? demanda encore Bellune.
Sa voix douce et sa gravité inspiraient toujours confiance. Elle fit un signe affirmatif de la tête.
- Ça tombe bien, dit Bellune. Je travaille pour une maison de disques. Je peux vous aider, si vous
voulez…
Elle le considérait, l’air interloqué.
Patrick Modiano, Une Jeunesse, 1981

Questions :
1) Le narrateur, présent dans ce texte, est-il : le héros de cet extrait ? l’ami du héros ? un simple témoin ?
2) Dites à quel moment du récit l’ordre chronologique a été respecté.
3) Quelle est la focalisation utilisée dans ce récit ? Justifiez votre réponse.

Séance spéciale n°6 : Comment construire une description


1) Le point d’observation
2) Donner des indications de lieu et de temps
3) Organiser le thème et les sous-thèmes
4) Utiliser la qualification
5) Utiliser les réseaux lexicaux

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après.
Texte :
« La voiture remonta en direction de la colline ; tous phares allumés, elle grimpa le long de la route en
lacets, à travers les fourrés obscurs. De temps en temps, des maisons surgissaient au bord de la route,
énormes masses noires percées d’une fenêtre jaune. La colline était un grand tas de roc et d’arbres plus
sombres que la nuit, et elle dominait la ville. Elle sortait hors des gouffres de l’eau et de la plaine avec
toute la puissance de son dos arc-bouté, si pleine, si solide qu’on l’aurait crue vivante. Percée de puits,
dardant ses arbustes et ses broussailles, étirant les longues pentes d’éboulis, les nappes de terrains vagues,
les rides des torrents gonflés, elle avançait peut-être, pareille à une gigantesque épave, nue, aride, les
flancs ruisselant doucement de pluie, perdant ses particules de poussière, vibrant sur son socle, dans la
nuit. Sur elle, on montait vers le silence, à travers les rues et les escaliers. Tous feux éteints, on faisait
l’ascension vers le sommet où tous les bruits avaient été chassés par le vent. On contournait des
obstacles, des fissures, des carrières, des blocs de rocher encore suspendus par un angle. On longeait des
réservoirs d’eau, des bulles où les gouttes de pluie tombaient.
J.M.G. Le Clézio, Le Déluge)
Questions :
1) Quels indices dans ce texte signalent de quel point de vue la description est faite ?
2) Relevez le thème et les sous-thèmes de la description de Le Clézio.
3) Récrivez le passage en italique en utilisant le procédé de la qualification.

Séance spéciale n°7 : Comment analyser un personnage


1) Rechercher la fonction du personnage
2) Rechercher le but du personnage

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3) Observer la caractérisation directe
4) Observer la caractérisation indirecte
5) Analyser le nom du personnage
6) Analyser les regards portés sur le personnage

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
« Elle couvrit la casserole fumante, passa un torchon sur la tablette de faïence. Elle remplit d’eau
la boite à lait ; referma la poubelle ronde. Ayant assez sacrifié à ses principes de parfaite femme
d’intérieur, elle regagna son studio. En passant devant le miroir de l’antichambre, elle rétablit sur son
visage une contraction des narines à laquelle elle tenait beaucoup, et qui accentuait, disait-elle, son
caractère fauve.
Elle crut entendre des voix dans l’escalier et se hâta de coiffer un chapeau, d’endosser un manteau
clair, dont le lainage imitait de très près la nuance blond beige des cheveux de Julie, coupés court et frisés
à la Caracalla. Elle rejeta des gants défraîchis, puis les reprit : « C’est bien assez bon pour le cinéma »,
enfin elle s’assit, pour attendre, dans le meilleur fauteuil de son studio, après avoir éteint deux lampes sur
quatre : « C’est la dernière fois que j’utilise le bleu et le rouge ensemble pour la décoration, pensa-t-elle
en parcourant du regard le studio. On se ruine en électricité, avec deux couleurs qui boivent la lumière. »
Une paroi rouge, une grise et deux bleues enfermaient un mobilier disparate, qui n’était pas
désagréable, mais seulement un peu trop colonial, grevé (=alourdi) ça et là d’une table à plateau de cuivre
dodécagone (=à douze côtés), qui venait d’Indochine, d’un fauteuil fait d’une peau de bœuf sud-africain,
de quelques cuirs fezzans (=de la ville de Fez) et des vanneries dont la Guinée gaine les boîtes à tabac
anglais. Le reste de l’ameublement, en bon XVIIIe français, tenait debout grâce aux fortes mains adroites
de Mme de Carneilhan, habiles à recoller, cheviller, et même glisser une mince latte de métal dans de
vieux bois et des pieds de fauteuil fendus.
Elle attendit dix minutes, patiente par humilité foncière, droite par discipline et orgueil superficiel.
Sa gorge bien placée, son buste rebelle à l’empâtement, elle les mirait avec plaisir, dans une grande glace
sans cadre qui donnait de la profondeur au studio. Une gerbe de fouets à chiens et à chevaux, promus au
grade d’objets de collection pour ce qu’ils venaient du Caucase et de la Sibérie, retombait, lanières en
boucles, sur le miroir.
Julie de Carneilhan reprit son travail de coussin, bâtit à grands points le dessin de la lettre et se
découragea aussitôt : « Pas d’illusions. Ce sera hideux. »
Après dix minutes d’attente, le nez charmant et fier, la bouche étroite et musclée de Julie
bougèrent nerveusement et deux grosses larmes brillèrent à l’angle de ses yeux bleus.
Un coup de sonnette lui rendit son optimisme, et elle courut à la porte.
Colette, Julie de Carneilhan, 1941.
Questions :
1) a) Quel est le nom (=/= prénom) du personnage ?
b) Quels indications suggère ce choix de l’auteur ?
c) Observez la construction du nom et dites ce que vous découvrez.
d) Que pouvez-vous en déduire sur l’héroïne : qu’elle a peur de la vie, qu’elle laisse les événements
décider à sa place, ou qu’elle dévore la vie et les gens ?
2) Analysez le procédé de la caractérisation indirecte dans le passage : « Une paroi rouge, une grise…des
pieds de fauteuil fendus ». Quelles informations sur le caractère mais aussi quelles inquiétudes du
personnage découvre-t-on ?
3) L’auteur varie la dénomination du personnage : elle, Julie, Mme de Carneilhan, Julie de Carneilhan.
Cette succession d’appellations est-elle due au hasard ? Justifiez votre réponse.

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4) Imaginez la suite du texte. La porte s’ouvre sur un personnage. Celui-ci regarde Julie. Utilisez le
procédé de la caractérisation directe pour décrire Julie à travers le regard du visiteur.

Séance spéciale n°8 : Faire une recherche de vocabulaire


1) La polysémie
2) La synonymie
3) L’antonymie
4) L’homonymie
5) La famille de mots
6) Sens propre, sens figuré

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
Regarde ce que je fais. D’un seul mot je peux faire surgir des images de toutes sortes. On peut les
varier… - De quels mots, mon chéri ? – Par exemple du mot Hérault… . Il en donne plein… il suffit de le
prononcer, l’image sort. Hérault… et je fais venir la maison de Tatie. Hérault… un héraut s’avance sur la
route, vers le château fort… Héros… un officier en habit blanc… il crie, il s’élance, ses hommes le
suivent… Aire haut… on bat le blé sur un haut plateau, la menue paille vole, les ânes et les chevaux
tournent… Erre haut… une cordée perdue dans la tempête de neige… et à la fin R.O. et crac, tout s’arrête.
C’est comme un paquet de cartes qu’on a déployé et qu’on referme. – Mais comme c’est amusant. Mais
tu sais, il me semble qu’il t’en manque. Tiens, en voilà d’autres, je vais t’en donner. Tu as Air Haut…
Une belle princesse qui descend fièrement les marches de marbre rose de son palais. Elle se tient tête
haute. Les courtisans s’inclinent sur son passage. Elle regarde au loin d’un air pensif… Et encore Air,
oh… Un moribond sur son lit à baldaquin… Ce serait un baldaquin de serge, couleur pourpre… l’homme
halète, il étouffe, ses lèvres s’entrouvrent, il prononce difficilement : air… et puis sa tête retombe, il rend
le dernier soupir : Oh… Il y a aussi Air. Eau. Y as-tu pensé ?
- Non. R.O. maintenant. Rrrr… le gros bouledogue se tient sur ses pattes écartées… sa gueule est
grande ouverte, attention, il va te mordre, il se jette sur toi, tous ses crocs en avant, ouah, ouah, ouah.
Non, va, n’aie pas peur. Voilà O. Tout est annulé. Zéro.
- A quoi penses-tu, mon chéri ? Tu es là tout rencogné… Tu marmonnes comme un vieux grand-
père…
- Je ne marmonne pas…
- Si, je t’ai entendu, tu parlais d’un héros… Tu te racontais des histoires…
- Non. Ce n’était rien. C’était juste des mots. […]
Des mots… Il se répète des mots. Il joue avec des mots… et pourtant on ne lui dit jamais rien pour
le pousser, on évite de l’encourager, ces choses-là doivent venir naturellement, et les enfants sont si
malins, ils sentent si bien l’admiration des adultes, ils sont si comédiens… Je savais qu’il a beaucoup
d’imagination, ses devoirs de français sont déjà si bien tournés, mais vous avez raison…tous les enfants…
je savais que ça ne signifiait rien. Je voyais ses lèvres remuer, il se parle à lui-même pendant des heures…
je pensais qu’il se racontait des histoires… je sais, c’est ce que font tous les enfants… bien sûr, il est
particulièrement sensible…
Nathalie Sarraute, Entre la vie et la mort, 1968.
Questions :
1) Relevez tous les homonymes de Hérault cités dans le texte.
2) Observez comment, par le jeu des connotations, l’auteur passe d’un terme à un autre. Poursuivez ce
schéma jusqu’à la fin du texte :
 Le Hérault le département avec la maison => le voyage
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 Le Héraut s’avance vers le château fort => la guerre
 Le héros qui se lance à l’assaut => monter …
3) Recherchez dans le texte le synonyme de chaque mot suivant :
Offre ; escalier ; songeur ; demeure ; observe ; ferme ; équipe ; ouvert.

Séance spéciale n°9 : Choisir sa stratégie de raisonnement


1) Le point de départ du raisonnement
2) Le raisonnement inductif
3) Le rapprochement analogique
4) Le syllogisme
5) Le raisonnement causal
6) La conclusion

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien les textes suivants avant de répondre aux questions ci-après
Texte 1 :
CESAR : - Monsieur Brun, tous les apéritifs sont faits avec des plantes : gentiane, sauge, anis, peau
d’orange, absinthe et cétéra. Or, les plantes, ce sont des remèdes. Dans ma chambre, j’ai un gros livre : la
Santé par les Plantes, ça guérit TOUT. Alors, finalement, qu’est-ce que c’est qu’un apéritif ? C’est une
espèce de tisane froide. Vous pourriez me dire qu’il y a de l’alcool…
M. BRUN : - Je vous le dis.
CESAR : - Et qu’est-ce que c’est, l’alcool ? Essence de vigne : plante ! Et quand quelqu’un se trouve mal,
qu’est-ce qu’on dit ? « Vite, faites-lui boire quelque chose ! Vite ! Un peu de rhum ! Un peu de
Chartreuse ! » Donc, remède. Naturellement, il ne faut pas en boire trop. Pour tous les remèdes, c’est la
même chose. Sur toutes les boîtes : il y a écrit : « Ne pas dépasser la dose prescrite. » (cf. Marcel Pagnol,
César, 1936)

Texte 2 :
Regarde, Sherlock, ces deux types qui marchent dans notre direction.
- Le marqueur de billard et l’autre ?
- Oui. Qu’est-ce que tu penses de l’autre ?
Les deux hommes s’étaient arrêtés juste en face de la fenêtre. Sur l’un d’eux, je relevai quelques
traces de craie à la poche du gilet ; c’était tout ce qui pouvait suggérer le jeu de billard. L’autre était très
petit, brun ; il avait le chapeau rejeté en arrière et il portait des paquets sous son bras.
« Un ancien militaire, je crois ! dit Sherlock.
- Et qui a été démobilisé très récemment, observa Mycroft.
- Il a servi aux Indes.
- Comme sous-officier.
- Dans l’artillerie.
- Et il est veuf.
- Mais il a un enfant.
- Des enfants, mon cher ! Plusieurs enfants.
- Allons ! intervins-je en riant. Voilà qui est un peu trop fort !
- Evidemment, répondit Holmes, il n’est pas difficile de dire qu’un homme qui a ce maintien, cette
expression d’autorité, et cette peau cuite par le soleil est un militaire, un gradé, et qu’il revient des Indes.
- Le fait qu’il a été récemment démobilisé se déduit de cet autre fait qu’il porte encore ses
chaussures d’ordonnance, expliqua Mycroft.

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 51


- Il n’a pas une démarche de cavalier, mais pourtant il portait le chapeau sur le côté, puisque son
front est plus brun d’un côté que de l’autre. Son poids l’empêche d’être un sapeur. Il était donc dans
l’artillerie. (cf. C. Doyle,
Souvenirs de Sherlock Holmes)
Questions :
1) Repérez la stratégie de raisonnement choisie dans les deux textes suivants.
2) Quel est le point de départ du raisonnement dans chaque texte ?
3) Précisez pour chaque texte quel type de raisonnement a été utilisé. Expliquez chacun de vos choix.
4) A quel type de conclusion aboutit chaque texte ? Expliquez votre choix pour chaque texte.

Séance spéciale n°10 : Analyser un texte argumentatif


1) L’image de l’argumentateur
2) L’image de l’argumenté
3) L’enjeu de l’argumentation
4) La thèse
5) La force des arguments
6) L’enchaînement des idées
7) La conclusion

Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
DESORMAIS DISPONIBLE GOÜT CHOCOLAT-MENTHE
La série limitée Mini After Eight séduira tous ceux pour qui le non-conformisme reste la plus belle façon
d’avancer. Telle une sucrerie, c’est d’abord son allure extérieure qui vous allèchera. Jeune, élégante, son
coloris spécifique « British Racing Green » est finement souligné par une décoration latérale « After
Eight ». Très vite, vous vous laisserez fondre dans son habitacle raffiné, et son intérieur feutré, avec ses
sièges velours. Après avoir étonné plusieurs générations lors des salons automobiles, la Mini
enthousiasmera aujourd’hui dans sa version After Eight tous les adeptes des salons de thé.
Questions :
1) Quelle image le constructeur automobile veut-il donner de lui-même ? Quels détails du texte
l’indiquent ?
2) A quel type d’automobiliste cette publicité s’adresse-t-elle ? Faites le portrait de l’argumenté visé par
cette argumentation.
3) Si la voiture s’appelait Green Wood et si l’on s’adressait à un adepte des randonnées en forêts, que
devrait-on transformer dans le texte ? Récrivez le texte pour cette nouvelle cible en modifiant les mots et
expressions soulignés.

SEQUENCE N°2 : Epreuves du Baccalauréat

Epreuves du 1er tour

Epreuve n°1:
SUJET N°1 : RESUME / DISCUSSION
A) Résumé
Texte : « La motivation des élèves »

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Directement liées au décrochage scolaire, les questions de motivation sont l’objet de défis pour
l’environnement éducatif de l’élève: la famille, les enseignants, les autres professionnels de l’éducation.
La motivation est en partie intrinsèque à l’élève, mais dépend aussi du milieu dans lequel il apprend. Cet
environnement extérieur est un puissant moteur qui peut favoriser sa motivation, dont l’Ecole et tout ce
qui la compose : l’équipe éducative, mais aussi le fonctionnement de l’institution scolaire.
Face à la crise de sens que connaît l’école, face à l’échec de trop nombreux élèves, les enseignants
rêvent de pouvoir remotiver. Mais comment soutenir l’engagement des apprenants dans leur
apprentissage, comment redonner goût à l’étude au sein de structures qui ne conviennent pas à tous ? Les
moyens, les méthodes et les lieux scolaires sont-ils toujours en concordance avec les évolutions de notre
société ? Le nombre important de jeunes qui sont en décrochage et qui ne terminent pas leurs études pose
la question de l’efficacité de notre système scolaire. Il apparaît aussi que le manque de motivation ne
concerne pas uniquement les élèves en difficulté, mais une grande partie des élèves.
De ce fait, les enseignants, pour motiver leurs élèves, doivent se montrer eux-mêmes engagés. Le
métier de prof est intense : en cours, il faut répondre, écouter, se déplacer, écrire, maintenir l’ordre,
éduquer, gérer la dynamique de grands groupes, évaluer. A la maison, les enseignants doivent préparer,
corriger, actualiser, … D’autre part, le corps enseignant souffre d’un manque de reconnaissance de la part
d’une société prompte à tenir l’école responsable de tous ses dysfonctionnements. L’épuisement
physique et moral est légion dans cette profession, et la formation initiale des enseignants ne prépare pas
à toutes les difficultés rencontrées sur le terrain. Quoi de plus violent pour un prof que de se trouver
devant des jeunes démotivés ? L’attitude de désengagement des élèves peut vite remettre en cause le sens
du métier d’enseignant.
Bénédicte Loriers Quel est le rôle de l’Ecole dans la motivation à apprendre ?, dans Analyse
UFAPEC, mars 2012, n°07.12
Consigne : résumez ce texte de 335 mots au quart de sa longueur, soit environ 84 mots (écart toléré plus
ou moins 10%).

B) Discussion
Selon vous, l’environnement social (cf. la famille, le quartier …) est-il un puissant moteur qui peut
favoriser la motivation de l’élève ?

SUJET N°2 : COMMENTAIRE DE TEXTE


Texte : « Nuit blanche »
Voici la nuit,
Cris et colères, Léopold
Sédar La nuit Senghor,
Œuvres Bourreau des dormeurs éveillés, poétiques,
« Poèmes Des martyrs brûlant sur leur lit d'idéal. perdus »,
1964 J’étouffe aux sables des problèmes mouvants,
Vous ferez Je délire aux générosités d'or, mirages de ce texte
un De palais fleuris dans les oasis vertes.
Puis rejeté dans la fournaise des angoisses,
Je sens l'odeur de ma chair qui rôtit comme un quartier de gazelle,
J’entends mes poumons se froisser au souffle desséchant du Vent d'Est.
Heureux si la fée des solutions,
A la lucidité de l'aube,
Me fait boire à sa gourde de fructueuse fatigue
Ayant séché sur mon front la sueur des cauchemars
Et me fait dormir au pied des dakhars
Sous les caresses et la brise marine
Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice
De la sérénité Delafosse
matinale. Page | 53
commentaire suivi ou composé. Dans le cadre du commentaire composé, vous pourrez, par exemple,
mettre l’accent sur les sentiments contradictoires (cf. la souffrance et le bonheur) qui animent le poète.

SUJET N°3 : DISSERTATION


« La littérature doit guider le peuple et sa seule vocation reste la prise en charge des problèmes de la
société ».
Commentez et discutez cette affirmation en vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures.

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Epreuve n°2 :
SUJET N°1 : RESUME / DISCUSSION
A) Résumé
Texte : Comment mettre le progrès technique au service du bonheur ?
Pour beaucoup d’individus, il faut hiérarchiser les besoins et les désirs : le progrès technique ne
doit être mis au service de la satisfaction de désirs que si tous les besoins fondamentaux des individus ont
été satisfaits. En effet, nous avons vu que le progrès technique tendait à renforcer les inégalités face au
bonheur dans la mesure où il renforçait la possibilité pour les plus riches de satisfaire leurs désirs tandis
que les besoins des plus pauvres restaient insatisfaits. Pour lutter contre ce processus, il faudrait donc
réorienter une partie de l’allocation des ressources visant la satisfaction des désirs des plus riches vers la
satisfaction des besoins des plus pauvres.
Dans l’Etat de Dubaï, la population riche se rend à la piscine, à la patinoire ou joue au golf,
pendant qu’une grande partie de la population n’a pas accès à l’eau potable. On voit ici clairement à qui
bénéficie le progrès technique. La situation pourrait être modifiée si l’on établissait qu’une piscine, une
patinoire ou un golf ne peuvent être construits que lorsque toute la population jouit d’un accès à l’eau
potable ; ou du moins que les capitaux investis dans la construction de patinoires ou de golfs ne peuvent
pas être d’un montant supérieur à ceux qui sont investis dans les infrastructures d’accès à l’eau potable…
Ainsi, pour que le progrès technique soit mis au service du bonheur de tous les hommes, et non
seulement au service des désirs des plus privilégiés, il faut établir un principe de solidarité qui établisse
un lien contraignant entre la satisfaction de ces désirs et celle des besoins des plus démunis : c’est lorsque
la satisfaction des désirs des plus favorisés sera conditionnée par un accroissement de la satisfaction des
besoins des plus pauvres que le progrès technique pourra cesser d’être un facteur d’accroissement des
inégalités des hommes face au bonheur. Un tel lien n’a rien d’utopique : c’est déjà lui qui fondait l’idée
d’un impôt progressif, prélevant une partie de la richesse des plus favorisés pour la réorienter vers la
satisfaction des besoins (nourriture, logement, éducation, santé…) de tous, garantie par un système de
services publics.
Bruno Angel, Le progrès technique rend-il l’homme plus heureux, 2014
Consigne : Résumez ce texte de 371mots au quart de sa longueur, soit environ 93 mots (écart toléré plus
ou moins 10%).

B) Discussion
Pensez-vous, comme Bruno Angel, que « le progrès technique est un facteur d’accroissement des
inégalités des hommes face au bonheur » ?

SUJET N°2 : COMMENTAIRE DE TEXTE


Texte : « Nuit blanche »
Voici la nuit,
Cris et colères,
La nuit

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 54


Bourreau des dormeurs éveillés,
Des martyrs brûlant sur leur lit d'idéal.
J’étouffe aux sables des problèmes mouvants,
Je délire aux générosités d'or, mirages
De palais fleuris dans les oasis vertes.
Puis rejeté dans la fournaise des angoisses,
Je sens l'odeur de ma chair qui rôtit comme un quartier de gazelle,
J’entends mes poumons se froisser au souffle desséchant du Vent d'Est.
Heureux si la fée des solutions,
A la lucidité de l'aube,
Me fait boire à sa gourde de fructueuse fatigue
Ayant séché sur mon front la sueur des cauchemars
Et me fait dormir au pied des dakhars
Sous les caresses et la brise marine
De la sérénité matinale.
Léopold Sédar Senghor, Œuvres poétiques, « Poèmes perdus », 1964

Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre du commentaire composé, vous
pourrez, par exemple, mettre l’accent sur les sentiments contradictoires (cf. la souffrance et le bonheur)
qui animent le poète.

SUJET N°3 : DISSERTATION


« Dans un monde en mutation continue, les loisirs sont en passe de devenir un moyen thérapeutique
indispensable. Pour le travailleur, ils constituent une libération, une évasion et même une information ».
En vous référant à la littérature, à l’art en général, entre autres commentez puis, au besoin, discutez ce
point de vue.

************************************************************************
Epreuve n°3 :
SUJET N°1 : RESUME / DISCUSSION
A) Résumé
Texte : Pourquoi nos enfants lisent mal ?
Statistique effrayante mais aujourd’hui incontestée : un élève sur cinq qui franchit les portes du
collège n’a pas réglé ses défaillances de lecture. Tous ceux-là partent dans la course aux diplômes avec un
handicap très lourd à remonter : comment comprendre un problème de maths quand on peine pour saisir
l’énoncé ? Comment assimiler une leçon d’histoire ou de géographie sans posséder le sens de l’écrit ?
La responsabilité de l’école dans ce désastre éducatif ne peut, en effet, être passée sous silence.
Compte tenu des divers règlements administratifs, comme du manque de coordination au sein des écoles,
chaque enfant est tenu d’apprendre à lire entre 6 et 7 ans. Malheur au pauvre retardataire à qui l’envie de
découvrir l’écrit ne viendra que passé son septième anniversaire. Il sera probablement, entre-temps, entré
dans le cercle vicieux de l’échec scolaire. Malheur également aux petits précoces, qui manifestent trop tôt
le désir de déchiffrer.
La participation des parents est un des problèmes. Si les enfants considèrent la lecture comme une
activité uniquement scolaire, déconnectée de leur vie quotidienne, ils risquent de ne jamais s’y concentrer
volontairement. Voir ses parents lire à la maison, recevoir des encouragements à la lecture, permet
souvent d’éviter une telle coupure. Mais 26% de la population adulte ne lit jamais, et 20% des Français ne
possèdent aucun livre chez eux. L’environnement de l’enfant, enfin s’est montré modifié très rapidement
au cours des vingt dernières années. La télévision ou les jeux vidéo sont des distractions qui réclament
Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 55
peu d’efforts et de concentration. Quand il entre en cours préparatoire, l’enfant n’a pas acquis les facultés
de concentration indispensable à la lecture.
Tandis que la scolarité s’allongeait et mettait en lumière les carences du système scolaire, les
exigences de la société se sont fortement accrues. Hier encore, des capacités de lecture mal assurée
n’interdisaient pas de trouver une place dans la société, qui ne réclamait rien de plus que l’alphabétisation
du plus grand nombre. Aujourd’hui, accepter que 20% des jeunes connaissent des difficultés de lecture
flagrantes, c’est les condamner de manière presque irrémédiable, à l’exclusion.
Louis Renaudeau, Le Monde diplomatique, 1998.
Consigne : Résumez ce texte de 364 mots au quart de sa longueur, soit environ 91mots (une marge de
plus ou moins 10 % est admise).

B) Discussion
« Aujourd’hui, les jeunes qui connaissent des difficultés de lecture flagrantes sont condamnés, de manière
presque irrémédiable, à l’exclusion ». Discutez cette affirmation

SUJET N°2 : COMMENTAIRE DE TEXTE


Texte : « Premier regret »
Sur la plage sonore où la mer de Sorrente
Déroule ses flots bleus aux pieds de l’oranger
Il est, près du sentier, sous la haie odorante,
Une pierre petite, étroite, indifférente
Aux pas distraits de l’étranger !

La giroflée y cache un seul nom sous ses gerbes.


Un nom que nul écho n’a jamais répété !
Quelquefois seulement le passant arrêté,
Lisant l’âge et la date en écartant les herbes,
Et sentant dans ses yeux quelques larmes courir,
Dit : Elle avait seize ans ! c’est bien tôt pour mourir !
Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses8 (1830)

Vous ferez de ce texte un commentaire suivi ou composé. Dans le cadre du commentaire composé, vous
pourrez, par exemple, montrer que le poète évoque ici un souvenir personnel, celui de la mort d’une jeune
fille ; tout en témoignant de la douleur et de l’impuissance face à la perte.

SUJET N°3 : DISSERTATION


Selon Victor Hugo, l’écrivain en général, et le poète en particulier, « doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue
(…) faire flamboyer l’avenir ».
Commentez puis discutez cette affirmation en vous appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures
ou de votre expérience personnelle.

Epreuves de T.S.Q.

Texte n°1 : « Heureux qui, comme Ulysse… »


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 56
Et puis est retourné, plein d’usage et de raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village


Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux


Que des palais romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,


Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
Du Bellay, Les Regrets, 1558.
Questions :
1) Ce texte est-il un poème à forme fixe ? Justifiez votre réponse.
2) Relevez le champ lexical de la simplicité. Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
3) a- Mesurez l’ensemble des vers de la première strophe. b- De quel(s) type(s) de vers s’agit-il ?
4) a- Précisez la qualité des rimes de la deuxième strophe? b- Comment ces rimes sont-elles disposées ?
5) « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, ou comme celui-là qui conquit la toison ».
Indiquez le(s) temps des verbes soulignés.
6) « Le séjour qu’ont bâti mes aïeux ». a- Quelle est la nature du mot souligné ? A- conjonction de
subordination B- Pronom relatif C- Adjectif indéfini. b- Que remplace-t-il ?
7) Relevez du texte une comparaison et indiquez ses différentes composantes : comparé, comparant, outil
de la comparaison, élément de la comparaison.
8) «Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine » Donnez la nature et la fonction des mots soulignés.
9) Quelle expression du texte est le contraire de l’expression « ma pauvre maison » ? A- « un beau
voyage » B- « le front audacieux » C- « la douceur angevine ».
10) Ce texte de Du Bellay rassemble quelques-unes des caractéristiques de l’humanisme. Identifiez-en
une.

Texte 2 : « Le laboureur et ses enfants »


Travaillez, prenez de la peine.
C’est le fond qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,


Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peut de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût,
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse. »
Le père mort, ses fils vous retournent le champ,

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 57


Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer, avant sa mort,
Que le travail est un trésor.
J. de La Fontaine, Fables, V, 9.
Questions :
1) a- Quel est le thème général de cette fable ?
b- Justifiez votre réponse.
2) a- Relevez du texte le champ lexical de la richesse (au minimum quatre mots)
b- Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
3) a- Combien de syllabes comptent les vers 1 et 3 ?
b- De quel(s) type(s) de vers s’agit ?)
4) a- Indiquez la qualité des rimes des douze premiers vers du poème.
b- Comment ces rimes sont-elles disposées ?
5) a- Quels sont les personnages en présence dans cette fable ?
b- Quel rapport les lie-t-il ?
6) « Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage ».
a- Qu’est-ce qu’un héritage ?
b- Dans ce texte, que remplace le mot « héritage » ? A- l’argent B- un trésor C- un champ.
7) a- Quel conseil le père donne-t-il à ses enfants ?
b- Ont-ils suivis ce conseil ? Justifiez votre réponse.
8) « ...le travail est un trésor » :
a- De quelle figure de style s’agit-il ?
b- Transformez la phrase pour avoir une comparaison.
9) «Il en rapporta davantage. » : que remplacent les pronoms soulignés ?

Texte 3 : L’arrivée dans Eldorado.


Cacambo, qui donnait toujours d’aussi bons conseils que la vieille, dit à Candide : « Nous n’en
pouvons plus, nous avons assez marché ; j’aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos,
jetons-nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant ; une rivière mène toujours à
quelque endroit habité. Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des
choses nouvelles. - Allons, dit Candide, recommandons-nous à la Providence. »
Ils voguèrent quelques lieues entre des bords tantôt fleuris, tantôt arides, tantôt unis, tantôt
escarpés. La rivière s’élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables
qui s’élevaient jusqu’au ciel. Les deux voyageurs eurent la hardiesse de s’abandonner aux flots sous
cette voûte. Le fleuve, resserré en cet endroit, les porta avec une rapidité et un bruit horribles. Au bout
de vingt-quatre heures ils revirent le jour ; mais leur canot se fracassa contre les écueils ; il fallut se
traîner de rocher en rocher pendant une lieue entière ; enfin ils découvrirent un horizon immense, bordé
de montagnes inaccessibles. Le pays était cultivé pour le plaisir comme pour le besoin ; partout l’utile
était agréable. Les chemins étaient couverts ou plutôt orné de voitures d’une forme et d’une matière
brillante, portant des hommes et des femmes d’une beauté singulière, traînés rapidement par de gros
moutons rouges qui surpassaient en vitesse les plus beaux chevaux d’Andalousie, de Tétouan et de
Méquinez.
« Voilà pourtant, dit Candide, un pays qui vaut mieux que la Westphalie. »
Voltaire, Candide, 1759, ch.17.
Questions :

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 58


1) Remplissez le tableau suivant : A- une descente aventureuse. B- l’arrivée dans un pays merveilleux. C-
une direction vers l’inconnu.
« Cacambo, qui ... à la « Ils voguèrent... une lieue « ...enfin ils découvrirent...la
Providence. » entière. » Westphalie. »
.
2) a- Relevez un discours direct. b- Par quels personnages est-il prononcé ?
3) a- Que suggère Cacambo à Candide ? b- Justifiez votre réponse.
4) Quels traits de caractère pouvez-vous déduire du comportement de Cacambo : A- actif. B- immobile.
C- prévoyant. Choisissez et justifiez les bonnes réponses.
5) « ... j’aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-nous dans cette petite barque,
laissons-nous aller au courant... » Les verbes soulignés sont-ils des verbes : A- d’état B- d’action. a-
Choisissez la bonne réponse. b- A quels temps sont-ils conjugués ?
6) Après avoir été perdus sous une voûte de rochers, qu’est-ce les deux personnages ont découvert ?
Justifiez votre réponse.
7) «... une rivière mène toujours à quelque endroit habité. Quelle est la valeur du verbe souligné ? A-
présent de vérité générale B- présent de l’énonciation. C – présent de la narration. Choisissez la bonne
réponse.
8) « Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles. »
Cette phrase exprime une supposition introduite par : « si » + verbe 1 + verbe 2. A quels temps sont
conjugués les deux verbes soulignés?
9) Qu’est-ce que la « Providence » ? A- Volonté de Dieu B- hasard C- aventure.
10) « ...une matière brillante... » : Il agit de : A- l’or B- la peinture C- la couleur ?
11) « ...des hommes et des femmes d’une beauté singulière, traînés rapidement par de gros moutons
rouges. » Cette phrase est à la voix passive. Transformez-là à la voix active.
12) Relevez le champ lexical de la beauté (quatre mots).

Texte 4 : « Je vous remercie mon dieu»


Je vous remercie mon Dieu, de m'avoir créé Noir, d'avoir fait de moi la
somme de toutes les douleurs, mis sur ma tête, le Monde.
J'ai la livrée du Centaure
Et je porte le Monde depuis le premier matin.
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis le premier soir.
Je suis content de la forme de ma tête faite pour porter le Monde,
Satisfait de la forme de mon nez
Qui doit humer tout le vent du Monde,
Heureux de la forme de mes jambes
Prêtes à courir toutes les étapes du Monde.
Je vous remercie mon Dieu, de m'avoir créé Noir, d'avoir fait de moi, la
somme de toutes les douleurs.
Trente-six épées ont transpercé mon cœur.
Trente-six brasiers ont brûlé mon corps.
Et mon sang sur tous les calvaires a rougi la neige,
Et mon sang à tous les levants a rougi la nature.
Je suis quand même
Content de porter le Monde,
Content de mes bras courts de mes bras longs de l'épaisseur de mes lèvres.

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 59


Je vous remercie mon Dieu, de m'avoir créé Noir,
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis l'aube des temps.
Mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour.
Je vous remercie mon Dieu, de m'avoir créé Noir.
Bernard Dadié, La Ronde des jours, 1956.
Questions :
1) Qui parle dans ce texte ? A qui ? De quoi ?
2) Relevez le champ lexical de la souffrance dans ce texte. Que révèle-il ?
3) Quels sont les groupes de mots répétés ? Comment appelle-t-on cette figure de style ? Que suggèrent
ces répétitions ?
4) Pourquoi le Noir souffre autant selon Dadié ?
5) Relevez dans le texte les passages qui montrent que le Noir mène une vie difficile.
6) Quelle différence établit l’auteur entre le Noir et le Blanc avec sa vision de ces deux couleurs ?
Pourquoi ?
7) Comment parle-t-il du noir ? Et du Blanc ?
8) Quel est selon l’auteur le rôle du noir dans le « Monde » ? Citez le passage qui le montre.
9) Selon vous, comment se sent Dadié à l’égard de sa souffrance ? Qu’est-ce qui nous montre qu’il est
sceptique ?
10) Que ressentez-vous après la lecture de ce poème ? Pourquoi ?
11) Selon vous quel est le projet de Dadié lorsqu’il écrit ce poème ?
12) Ce texte répond-il à l’idéal de la Négritude ?

Texte n°5 : « Mon bras pressait ta taille »


Mon bras pressait ta taille frêle
Et souple comme le roseau ;
Ton sein palpitait comme l’aile
D’un jeune oiseau.

Longtemps muets, nous contemplâmes


Le ciel où s’éteignait le jour.
Que se passait-il dans nos âmes ?
Amour ! Amour !

Comme un ange qui se dévoile,


Tu me regardais dans ma nuit,
Avec ton beau regard d’étoile,
Qui m’éblouit..
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856,
Questions :
1) Qui s’exprime dans ce texte ? A qui s’adresse-t-il ? Justifiez votre réponse.
2) a) A quoi le poète compare-t-il successivement la jeune fille ?
b) Quelles qualités ces comparaisons mettent-elles en valeur ?
3) Relevez le champ lexical de la nature (au minimum quatre mots).
5) a) Combien de vers contient chacune des strophes de ce poème ?
b) Comment appelle-t-on ce genre de strophe ?
6) a) Mesurez l’ensemble des vers de la dernière strophe.

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 60


b) De quel(s) type(s) de vers s’agit-il ?
7) a) Indiquez la qualité des rimes des deux dernières strophes.
b) Comment sont-elles disposées ?
8) «Avec ton beau regard d’étoile ».
a) De quelle figure de style s’agit ? A- hyperbole ; B- personnification ; C- métaphore.
b) Justifiez votre réponse.
9) Donnez la nature et la fonction des mots « souple » (vers 2) et « muets » (vers 5).
4) Relevez une comparaison du texte et indiquez ses différentes composantes.
10) En quoi peut-on dire que ce texte appartient au mouvement romantique ?

Texte n°6 : « Correspondances »


La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent


Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,


Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,


Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857
Questions :
1) a- Quel est le thème général de ce poème ?
b- Justifiez votre réponse.
2) a- Relevez le champ lexical des sensations (au minimum quatre mots)
b- Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
3) a- Combien de syllabes compte chacun des vers de la troisième strophe ?
b- De quel(s) type(s) de vers s’agit ?)
4) a- Indiquez la qualité des rimes des deux premières strophes du poème.
b- Comment ces rimes sont-elles disposées ?
5) a- Quelle définition donneriez-vous du terme « correspondances » par rapport à ce poème ?
b- Quel autre sens ce terme pourrait-il avoir ?
6) «La Nature est un temple » :
a- De quelle figure de style s’agit-il ?
b- Justifiez votre réponse.
7) a- Relevez une comparaison du texte
b- Indiquez ses différentes composantes.
8) En quoi peut-on dire que ce texte est un poème symboliste ?

Texte 7 : « La situation piteuse d’un père désespéré »

Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 61


La patrie périra si les pères sont foulés aux pieds. Cela est clair. La société, le monde roule sur la
paternité, tout croule si les enfants n’aiment pas leurs pères. Oh ! les voir, les entendre, n’importe ce
qu’elles me diront, pourvu que j’entende leur voix, ça calmera mes douleurs, Delphine surtout. Mais
dites-leur, quand elles seront là, de ne pas me regarder froidement comme elles font. Ah ! mon bon ami,
monsieur Eugène, vous ne savez pas ce que c’est que de trouver l’or du regard changé tout à coup en
plomb gris. Depuis le jour où leurs yeux n’ont plus rayonné sur moi, j’ai toujours été en hivers ici ; je n’ai
plus eu que des chagrins à dévorer, et je les ai dévorés ! j’ai vécu pour être humilié, insulté. Je les aime
tant, que j’avalais tous les affronts par lesquels elles me vendaient une pauvre petite jouissance honteuse.
Un père se cachait pour voir ses filles ! je leur ai donné ma vie, elles ne me donneront pas une heure
aujourd’hui ! J’ai soif, j’ai faim, le cœur me brûle, elles ne viendront pas rafraîchir mon agonie, car je
meurs, et je le sens. Mais elles ne savent donc pas ce que c’est que de marcher sur le cadavre de son père !
Il y’a un Dieu dans les cieux, il nous venge malgré nous, nous autres pères. Oh ! elles viendront ! Venez
mes chéries, venez encore me baiser, un dernier baiser, le viatique de votre père, qui priera Dieu pour
vous, qui lui dira que vous avez été de bonnes filles, qui plaidera pour vous ! Après tout, vous êtes
innocentes. Elles sont innocentes, mon ami ! Dites-le bien à tout le monde, qu’on ne les inquiète pas à
mon sujet. Tout est de ma faute, je les ai habituées à me fouler à pieds. J’aimais cela, moi. Ça ne regarde
personne, ni la justice humaine, ni la justice divine. Dieu serait injuste s’il les condamnait à cause de moi.
Je n’ai pas su me conduire, j’ai fait la bêtise d’abdiquer mes droits. Je me serais avili pour elles ! Que
voulez-vous ! le plus beau naturel, les meilleures âmes auraient succombé à la corruption de cette facilité
paternelle. Je suis un misérable, je suis justement puni. Moi seul j’ai causé les désordres de mes filles, je
les ai gâtées. Elles veulent aujourd’hui le plaisir, comme elles voulaient autrefois du bonbon. Je leur ai
toujours permis de satisfaire leurs fantaisies de jeunes filles. A quinze ans, elles avaient voiture ! Rien ne
leur a résisté. Moi seul suis coupable, mais coupable par amour.
Honoré de Balzac, Le père Goriot, 1834
Questions :
1) Répondez par vrai ou faux et justifiez votre réponse :
A- Le père Goriot s’adresse à Vautrin. B- Les deux filles du père Goriot sont innocentes car elles
s’occupent de lui. C- Le père Goriot aime beaucoup ses deux filles. D- Le père Goriot est très malade.
2) « Il y’a un Dieu dans les cieux, il nous venge malgré nous. ». Quelle est la valeur des verbes
soulignés ? A- présent d’énonciation B- présent de narration C- présent de vérité générale.
3) Relevez le champ lexical de la douleur (quatre mots.)
4) « ... l’or du regard... » De quelle figure de style s’agit-il ? A- l’hyperbole B- l’oxymore C- la métaphore
D- la périphrase. Choisissez la bonne réponse.
5) « Moi seul j’ai causé les désordres de mes filles. » L’expression soulignée veut dire :
A- la mauvaise éducation B- la tristesse C- la joie. Choisissez la bonne réponse.
6) Relevez une comparaison du texte et indiquez ses différentes composantes
7) Donnez la nature et la fonction des mots soulignés : A- « Elles veulent aujourd’hui le plaisir ... ». B-
« la corruption de cette facilité paternelle... ». C-« je suis justement puni ». D- « Je n’ai pas su me
conduire. »
8) Identifiez les liens logiques utilisés et indiquez les rapports qu’ils expriment : A- « elles ne viendront
pas rafraîchir mon agonie, car je meurs, et je le sens. ». B- « elles ne savent donc pas ce que c’est que de
marcher sur le cadavre de son père ! ». C- « n’importe ce qu’elles me diront, pourvu que j’entende leur
voix,... ». D- « Moi seul suis coupable, mais coupable par amour. »
Production écrite :
Une éducation fondée sur la liberté vous semble-t-elle dangereuse pour les enfants ?
Vous donnerez votre point de vue dans un paragraphe argumentatif d’une quinzaine de lignes en vous
appuyant sur des exemples précis tirés de vos lectures ou de votre expérience personnelle.

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Texte n°8 : « Un défilé d’enragés »
Les femmes avaient paru, près d'un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course,
aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles lasses d'enfanter des meurt-de-faim.
Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l'agitaient, ainsi qu'un drapeau de deuil et
de vengeance. D'autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons;
tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se
rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des
raccommodeurs, une masse compacte qui roulait d'un seul bloc, serrée, confondue, au point qu'on ne
distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques, effacés dans la même uniformité
terreuse. Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant la Marseillaise,
dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la
terre dure. Au-dessus des têtes, parmi le hérissement des barres de fer, une hache passa, portée toute
droite ; et cette hache unique, qui était comme l'étendard de la bande avait, dans le ciel clair, le profil aigu
d'un couperet de guillotine.
- Quels visages atroces ! balbutia Mme Hennebeau.
Négrel dit entre ses dents :
Le diable m'emporte si j'en reconnais un seul ! D'où sortent-ils donc, ces bandits-là ?
Et, en effet, la colère, la faim, ces deux mois de souffrance et cette débandade enragée au travers des
fosses, avaient allongé en mâchoires de bêtes fauves les faces placides des houilleurs de Montsou. A ce
moment, le soleil se couchait, les derniers rayons, d'un pourpre sombre, ensanglantaient la plaine. Alors,
la route sembla charrier du sang, les femmes, les hommes continuaient à galoper, saignants comme des
bouchers en pleine tuerie.
- Oh ! superbe ! dirent à demi-voix Lucie et Jeanne, remuées dans leur goût d'artistes par cette belle
horreur.
Emile Zola, Germinal, 1885, partie V, chap. 5
Questions :
1) Pourquoi, d’après vous, les femmes apparaissent-elles avant les hommes ?
2) Comment sont-elles décrites physiquement ?
3) Comment comprenez-vous l’expression « enfanter des meurt de faim » ?
4) En combien de groupe les femmes sont-elles divisées ? Lesquels ?
5) Par quel verbe l’apparition des grévistes hommes est-elle évoquée ? Quelle impression cela donne-t-il ?
6) Comment les hommes sont-ils présentés physiquement ?
7) Relevez et analysez le champ lexical de l’uniformité (cf. dans le premier paragraphe)
8) Quelle(s) arme(s) les hommes brandissent-ils ? Quelle(s) conclusion(s) pouvez-vous en tirer ?
9) Quels autres personnages, à part les grévistes, sont témoins de cette scène de violence ? Quels
sentiments ces personnages éprouvent-ils face ce spectacle ?
10) Quelle couleur domine dans ce texte ? Que symbolise-t-elle ?
11) Quelle est la figure de style employée dans l’expression : « cette belle horreur » ?

Texte n°9 : « Rien ne m’effraye plus »

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Rien ne m’effraye plus que la fausse accalmie
D’un visage qui dort
Ton rêve est une Égypte et toi c’est la momie
Avec son masque d’or

Où ton regard va-t-il sous cette riche empreinte


D’une reine qui meurt,
Lorsque la nuit d’amour t’a défaite et repeinte
Comme un noir embaumeur ?

Abandonne ô ma reine, ô mon canard sauvage,


Les siècles et les mers ;
Reviens flotter dessus, regagne ton visage
Qui s’enfonce à l’envers.

Jean Cocteau, Plain-chant, 1923.


Questions :
1) Ce texte est-il un poème à forme fixe ? Justifiez votre réponse.
2) Relevez le champ lexical du sommeil. Quelle interprétation pouvez-vous en faire ?
3) a- Mesurez l’ensemble des vers de la deuxième strophe. b- De quel(s) type(s) de vers s’agit-il ?
4) a- Précisez la qualité des rimes des deux dernières strophes? b- Comment ces rimes sont-elles
disposées ?
5) « Ton rêve est une Égypte » de quelle figure de style s’agit-il ? A- Antiphrase B- Métaphore C-
Hyperbole. Choisissez et justifiez votre réponse.
6) « Lorsque la nuit d’amour t’a défaite et repeinte ». a- Quelle est la nature du mot souligné ? A- Adjectif
possessif B- Pronom personnel C- Article défini. b- Que remplace-t-il ?
7) Relevez du texte une comparaison et indiquez ses différentes composantes : comparé, comparant, outil
de la comparaison, élément de la comparaison.
8) « Cette riche empreinte d’une reine qui meurt » Donnez la nature et la fonction des mots soulignés.
9) Quel est le registre qui domine dans ce poème ? A- tragique B- satirique C- lyrique. Justifiez votre
réponse.
10) Ce texte de Cocteau rassemble quelques-unes des caractéristiques du surréalisme. Identifiez-en deux.

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