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Transformer une passoire thermique en bâtiment basse consommation, et s’y retrouver financièrement,

c’est possible.

Vos factures d’énergie se sont envolées ? Malgré un chauffage poussé à fond l’hiver, la sensation de froid
ne vous quitte pas ? Pour améliorer votre confort et/ou votre pouvoir d’achat, pas de secret : il faut
intervenir pour améliorer les performances de votre logement.

C’est d’autant plus vrai pour les résidences principales construites avant 1974 (date de la première
règlementation thermique en France), pour la plupart qualifiées, à juste titre, de « passoires thermiques
».

Le gouvernement poursuit un objectif ambitieux : parvenir en 2050 à une étiquette énergétique A ou B


(sur une échelle allant de A à G) pour l’ensemble du parc immobilier français. Un chantier titanesque qui
impose de nous débarrasser de nos mauvaises habitudes en matière de rénovation.

Éviter de trop échelonner ses travaux dans le temps

« La pratique actuelle consiste encore trop souvent à faire de petits morceaux de travaux : changer la
chaudière, ou remplacer les fenêtres, ou isoler la toiture… C’est comme si vous mettiez des petites pierres
dans une rivière en espérant colmater le flux : ça ne fonctionne pas », souligne le directeur général de
Dorémi, une société spécialisée dans les rénovations énergétiques performantes.

Pis, se contenter d’agir sur les principaux points faibles ou échelonner les chantiers dans le temps peut se
révéler délétère pour le logement et même provoquer des pathologies de l’habitat. Par exemple, se
contenter d’isoler ses combles et de changer de fenêtres peut générer des problèmes de condensation,
avec, à la clé, des moisissures qui peuvent apparaitre en quelques semaines seulement.

Un seul chantier pour réaliser tous les travaux

« Si votre chauffagiste fait des trous dans le mur pour sortir les tuyaux de chauffage et qu’il perce la
membrane d’étanchéité que l’entreprise d’isolation a posée, cela va générer des fuites d’air, explique le
directeur général d’Oktave, société d’accompagnement à la rénovation dans le Grand Est. Par ailleurs, on
ne choisit pas la même solution d’isolation et de chauffage selon que l’on met des menuiseries double
vitrage ou triple vitrage ; on ne va pas installer la même ventilation selon l’épaisseur de l’isolation
extérieure posée, etc. »

La solution pour éviter ces écueils ? Mettre en place une barrière d’isolation continue, comme un pull qui
engloberait l’ensemble de la maison. Tout en assurant une bonne circulation de l’air afin de ne pas altérer
le bâti et porter atteinte à la santé des occupants. C’est ce que l’on appelle une « rénovation globale », ou
« rénovation complète et performante ».

En quoi consiste-t-elle concrètement ? À réaliser en un seul chantier tous les travaux de rénovation
énergétique nécessaires à l’amélioration de la performance de la maison. On en comptabilise six, le
nombre pouvant être modulé selon les caractéristiques propres à chaque logement :
- isolation des murs
- du toit
- des planchers
- traitement des menuiseries (fenêtres et portes)
- du système de chauffage
- de la ventilation.

La coordination des divers corps de métier est décisive

La recette du succès d’une rénovation performante réside notamment dans l’articulation des travaux. La
coordination des artisans est déterminante pour atteindre le maximum d’efficacité énergétique. C’est ce
que l’on appelle dans le jargon la « gestion des interfaces ».

« Les différents postes de travaux ont un impact les uns sur les autres ». Tous les professionnels qui
travaillent sur le chantier s’assurent ainsi que les travaux s’organisent de telle sorte que les interventions
des uns ne portent pas préjudice à celles des autres. Une articulation pointue et exigeante qui ne
s’improvise pas.

L’enjeu ? Le niveau « bâtiment basse consommation »

À la clé de ce chantier : un habitat capable de décrocher une étiquette énergétique A ou B du diagnostic


de performance énergétique (DPE). Voire le Graal de la rénovation globale : le niveau bâtiment basse
consommation (BBC), autrement dit une consommation de 80 kWh maximum d’énergie primaire par
mètre carré et par an (modulée en fonction de la zone climatique et de l’altitude).

« Ce type de rénovation permet de diviser par 4, par 6, voire par 8 les factures de chauffage. Exemple
avec les maisons d’avant 1974 : elles engloutissent en moyenne de 2 000 à 2 500 € par an de chauffage
mais, avec une rénovation globale, la facture descend à 300 ou 400 € par an grâce à une division par dix
de la puissance de chauffe. Au lieu d’une chaudière de 30 kW, une maison d’une centaine de mètres
carrés aura besoin de 3 kW seulement. »

Pour atteindre ces performances à peine croyables, le chantier est de longue haleine : comptez entre 10
et 12 mois de travaux ! Mais, la plupart du temps, les habitants peuvent continuer à vivre chez eux sans
trop de désagréments.

Un accompagnement personnalisé et gratuit

Se lancer dans une telle entreprise ne s’improvise pas. Un accompagnement de bout en bout du projet
est fondamental. Première étape : rencontrer un conseiller dans l’un des 450 espaces conseils France
Rénov’. Les ménages aux revenus modestes y recevront un accompagnement individuel systématique
(Mon Accompagnateur Rénov’) dans le cadre du nouveau dispositif Ma Prime Rénov’ Sérénité, qui permet
d’obtenir des financements plus avantageux pour toute rénovation globale (jusqu’à 50 % du coût des
travaux, plafonnés à 30 000 €, sans compter les primes et autres aides mobilisables).

Les conseillers pourront aussi orienter les demandeurs vers des opérateurs locaux spécialisés dans la
rénovation énergétique performante, souvent portés par les collectivités territoriales. Par exemple,
Dorémi (régions Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Île-de-France, Bretagne et Nouvelle
Aquitaine), Effilogis en Bourgogne-Franche-Comté, l’Arec en Occitanie, la SEM dans le Centre-Val de Loire,
Oktave dans le Grand Est… À savoir : la plupart de ces dispositifs sont gratuits.

Bétonner son dossier de financement

Côté budget, la reprise économique récente, suivie du conflit en Ukraine, a fait s’envoler les prix des
matériaux. Il faut compter aujourd’hui 600 €/m2 en moyenne (contre 450 €/m2 auparavant), selon
Dorémi. Pour une maison de 120 m2 environ, l’enveloppe travaux d’une rénovation complète et
performante s’élève donc à 70 000 € en moyenne.

Dès lors, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Oui, si le dossier est bien ficelé et que les économies
d’énergie obtenues permettent de compenser le reste à charge induit par ces gros travaux. « Exemple :
un ménage qui paye 2 000 € de chauffage par an verra sa facture tomber à 300 € après les travaux.
Économie : 1 700 € par an. Même s’il rembourse un écoprêt à taux zéro et/ou un prêt travaux de 1 600 €
par an pour financer ses travaux, l’opération est réussie ».

Cumuler les aides pour réduire la facture

Le foyer économisera ainsi 100 € par an durant la durée du crédit – c’est ce que l’on nomme dans le
jargon l’« équilibre de trésorerie » –, puis 1 700 € une fois les remboursements terminés. « Si une
rénovation globale fait baisser drastiquement sa consommation d’énergie, il sera aussi impératif
d’adapter ses usages et ses pratiques. Avec une bonne ventilation, par exemple, vous n’aurez plus besoin
d’aérer vingt minutes tous les matins. »

De nombreuses subventions sont accordées pour alléger ce type de rénovation très poussée. On compte
parmi elles Ma Prime Rénov’ et ses bonus (rénovation performante, atteinte du niveau BBC…) et les
subventions des fournisseurs et distributeurs d’énergie (CEE), auxquelles peuvent s’ajouter des aides
spécifiques, accordées par les collectivités (régions, départements, intercommunalités…). À condition
d’avoir recours à des professionnels labellisés « reconnus garants de l’environnement » (RGE).

Un reste à charge inéluctable

« Mises bout à bout, ces aides peuvent couvrir jusqu’à la moitié de l’enveloppe travaux pour les revenus
très modestes, soit un coup de pouce qui peut grimper à 36 000 € pour un chantier global de 72 000 €. En
revanche, très peu d’aides sont mobilisables pour les revenus élevés. »

Dans tous les cas, une somme restera à sortir de sa poche, en ayant recours à son épargne ou à un prêt.
La solution pour financer ce « reste à charge » ? L’écoprêt à taux zéro. Il permet d’emprunter sans intérêt
50 000 € sur vingt ans si les travaux apportent un gain énergétique minimal de 35 %, et de sortir un
logement du statut de passoire énergétique (étiquette F ou G avant travaux). Pour couvrir le solde, il n’y a
pas d’autre choix que celui de souscrire un prêt travaux auprès d’une banque ou d’un organisme de
crédit, sauf si l’on peut bénéficier du nouveau « prêt avance rénovation » de l’État.
Cette réalité économique pousse le directeur d’Oktave à relativiser la nécessité absolue d’une rénovation
globale : « En traitant quatre postes de travaux sur les six, on peut atteindre une étiquette de
performance énergétique C. Le niveau BBC ne sera certes pas atteint, mais cela permettra tout de même
de diviser sa facture de chauffage par trois ou quatre. Il n’est pas inutile de prioriser plutôt que de ne rien
faire du tout quand on ne peut pas supporter 30 % de coût supplémentaire induit par une rénovation
globale. »

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