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Revue des Études Amazighes, 3, 2018, p.

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Compte rendu d’ouvrage

A. TALMENSSOUR (dir.), Poésie amazighe : Langue, culture,


identité, Publications du Laboratoire des Études et Recherches sur
la Culture et la Langue Amazighes, Université Ibn Zohr, Agadir,
2017, 248 pages.

Cet ouvrage collectif regroupe des textes de communications


présentées lors de différentes Journées d’étude organisées par le
Laboratoire des Études et Recherches sur la Culture et la Langue
Amazighes (LERCLA) et le Département des Études Amazighes à la
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’Agadir.
Dans l’ordre des contributions en langue française, Ayad
ALAHYANE propose une étude du poème awal (parole, langue) de
feu Sedqi Ali Azaykou, poème incipit du recueil Timitar (Signes)
paru en 1988. Il s’agit pour l’auteur d’un poème à la fois fondateur et
représentatif des substrats idéels qui sous-tendent la pensée du poète et
son discours poétique fondé sur la revendication identitaire.
Abdelâali TALMENSSOUR aborde le thème de l’identité dans la
poésie amazighe traditionnelle et essaie de retracer l’évolution du
discours identitaire dans l’œuvre de raïssa Fatima Tabaâmrant, une
artiste engagée qui revendique plus clairement les droits linguistiques
et culturels dans la chanson amazighe traditionnelle.
Pour sa part, Hassan CHAHBARI s’intéresse à la poésie de résistance
et se propose de présenter une forme poétique célèbre dans la région
du Rif en examinant les configurations discursives du récit poétique
«Dharubarran».
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Dans son étude, Abdelmottaleb ZIZAOUI aborde la question de la
réception dans la poésie orale rifaine, notamment les lieux de
réception de cette poésie en se basant sur trois points : les cérémonies
festives, la source et les actions collectives.
Dans le même cadre de la poésie amazighe traditionnelle, Abdelâali
TALMENSSOUR s’est penché sur la tradition des rrways du Sud
marocain en s’intéressant à l’œuvre poétique du rrays Lahoucine
Amerrakchi, à travers l’analyse de quelques poèmes choisis de son
répertoire.
Dans la section Textes, Abdelâali TALMENSSOUR propose une
collection de maximes de poésie amazighe traduites en langue
française. La première partie contient une collection de maximes de
poésie attribuées à Sidi Ḥmmu Ttalb
̣ (bab n umarg), poète légendaire
et figure emblématique de la poésie chleuh. La deuxième partie
regroupe une collection de maximes de poésie extraites du répertoire
des rrways du Sud marocain.
Dans l’ordre des contributions en langue arabe, l’étude de Mohamed
KHATTABI s’intéresse à la poésie amazighe traditionnelle et plus
particulièrement à la relation intime qui lie le poète (rrays) à sa poésie
(amarg), en étudiant le cas du poète Mohamed Ben Yahya U-Tznakht
afin de décrire le rapport que le poète entretient avec sa production
poétique, à travers laquelle s’exprime et se manifeste cette
interrelation.
L’article de Mohamed AFAKIR aborde la dimension sociale dans la
poésie de Ben Zayda en présentant les thèmes traités dans cette poésie
traditionnelle chantée dans les espaces d’Ahwach de la région de Tata
au Sud marocain.
Dans le même domaine, Brahim OUBELLA se propose d’étudier la
poésie amazighe traditionnelle chantée dans l’Asays, espace poétique
par excellence, caractérisée notamment par l’improvisation et les
joutes oratoires. L’auteur décrit les spécificités de cet espace poétique
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et les principales caractéristiques liées à cette poésie amazighe
traditionnelle, comme la symbolique, la poéticité, la créativité et la
richesse lexicale.
Le texte de Mohamed ABIDAR examine la dimension religieuse dans
la poésie amazighe traditionnelle en étudiant le poème du
« pèlerinage » chanté par les rrays Lhaj Belaid et Lhaj Elmehdi Ben
M’bark afin d’en montrer les caractéristiques générales et les
spécificités qui distinguent les deux poèmes.
Pour sa part, Mohamed AREJDAL se propose d’étudier la poésie
amazighe, à la fois traditionnelle et moderne, en précisant le rôle
essentiel de la poésie dans le maintien et la vitalité de la langue
amazighe, mais aussi dans l’enrichissement et l’unification de son
lexique, et donne plusieurs exemples extraits de différents genres
poétiques amazighes.
Dans un domaine connexe, Fatima FAIZ examine une autre forme de
poésie orale en s’intéressant aux chants de mariage, notamment les
types poétiques « tanggift » et « warru ». L’auteure en présente les
caractéristiques, les spécificités et les fonctions au sein des rituels
festifs amazighes du Sud-est marocain.
Dans un autre domaine lié à la poésie amazighe traditionnelle, le texte
de Mohamed ABIDAR traite de la poésie de résistance chez les
rrways du Sud marocain, notamment chez rrays Lahoucine Janti à
travers l’analyse de son poème « Souss », qui relate l’histoire de
l’occupation française et espagnole du Sud marocain et qui retrace
certains événements historiques et politiques ayant marqué cette
période douloureuse de l’histoire du Maroc.
L’étude de Mohamed AREJDAL se veut plus exhaustive et présente
les spécificités de la poésie de résistance du Sud marocain, en passant
en revue plusieurs exemples de la poésie amazighe traditionnelle- la
poésie d’Asays et la poésie des rrways- et de la poésie écrite.

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La dernière partie de cet ouvrage collectif est réservée à des textes
résumés de communications sur la poésie amazighe présentées par
Elbachir BENOUCHRIF lors de Journées d’étude organisées par
LERCLA. Le premier texte vient souligner l’importance de la poésie
amazighe traditionnelle du Sud marocain et donne un ensemble de
propositions à même de sauvegarder et valoriser ce patrimoine
littéraire et culturel, commençant par sa collecte, sa codification et sa
diffusion, avant d’entamer les différentes phases de l’étude, de
l’analyse, de la critique et de l’évaluation. Le deuxième texte aborde
la question de l’utilisation didactique de la poésie dans le cours de
langue amazighe. L’auteur y précise l’importance de la poésie dans la
culture amazighe et donne des indications sur les possibilités
d’utilisation de la poésie amazighe comme support didactique et son
intégration dans le cours de langue amazighe.
Enfin, le texte de Mohamed AFAKIR, enseignant-chercheur en
littérature amazighe, propose un compte rendu de l’ouvrage « Amarg
n usays » de Brahim Oubella (2012).
Par la publication de cet ouvrage collectif, nous souhaitons contribuer
à la recherche dans le domaine de la littérature amazighe en mettant à
la disposition de la communauté scientifique les résultats de
recherches et d’études sur la poésie amazighe menées par des
chercheurs en langue et culture amazighes, à même de satisfaire les
besoins du lecteur en quête de travaux dans ce domaine de recherche.
Nous saisissons l’occasion de la publication de cet ouvrage pour
exprimer nos sincères remerciements à l’ensemble des contributeurs,
auteurs des articles, l’ensemble des collègues, membres du
Laboratoire des Études et Recherches sur la Culture et la Langue
Amazighes et les membres de l’association Centre Agadir pour la
Recherche et la Documentation (CARD).
Abdelâali TALMENSSOUR
Université Ibn Zohr, Agadir
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