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#17

fotoloft PRINTEMPS - ÉTÉ 2020

LES VILLES INVISIBLES #1 COUP DE COEUR – KARINA JUAREZ


NîMES MÉTROPOLE JAZZ FESTIVAL-Strange Fruit NEGPOS DANS LES QUARTIERS
SOMMAIRE AGENDA
SOMMAIRE AGENDA édito
édito
T
Les Villes Invisibles FOTOLIMO XS out va si vite... Cette édition N° 17 de FOTOLOFT qui devait sortir en mai En tout premier lieu, les photographes du groupe de recherche Regards Sur
le festival à la frontière Catalane voit enfin le jour en septembre. La Ville : Chantal Auriol, Marcelle Boyer, Laurence Charrié, Erick Soyer et Patrick
Les Villes Invisibles ..............................................................................4 du 25 au 27 septembre 2020 Thonnard, qui nous délivrent une petite collection de perles photographiques,
mises au jour d’invisibles faces cachées de Nîmes qui en révélent une partie
Joël MAS ...................................................................................................12 Cerbère-Portbou
Nous avons été, comme je pense nous l’avons tou.te.s été, tout d’abord de son étrange, discrète et secrète urbanité.
Expositions, projections, conférences et soirées festives !
Nîmes Confinée ....................................................................................13 Tout le programme : http://fotolimo.com
subjugué par la radicalité de la situation et les conditions qui nous ont été Fruit des circonstances, prenant d’emblée place dans la recomposition
imposées du jour au lendemain. Ensuite, le travail a été notre unique guide. inévitable de notre programmation, tel un commando pirate, mené par
John KALAPO ..........................................................................................19 Taraudé dans l’immédiat sur la possibilité de conserver les dates de nos l’enflammé Dorian Refledame, un collectif informel de photographes
Lahcène Abib ........................................................................................25 événements de mai... Pouvons nous faire ce qui était prévu? Continuons nous à nîmois, propose en quasi exclusivité dans ce numéro spécial (à l’exception
FAILLES préparer Les Villes Invisibles? Puis plus tard FotoLimo? Nous avons finalement de Philippe Ibars qui a « shooté » plus vite que son ombre et déjà sorti un
photographies de Lahcène ABIB décidé en désespoir de cause de tout annuler face à ce gigantesque mur qui livre... à découvrir plus loin dans nos pages !) des extraits des productions
du vendredi 09 octobre au 17 novembre 2020 se présentait à nous. Et cette crise dont nous découvrons au fur et à mesure de chacun.e. Qu’il est étonnant de découvrir ce Nîmes improbable, désert
Negpos dans les Quartiers galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Nemausus, Nîmes. l’ampleur des dégâts, sanitaire d’abord, puis économique et sociale. ou occupé fugitivement, peuplé de chiens, de résidus contingents, de fleurs
Negpos dans les Quartiers ............................................................33 Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, T : 0975209589 En France, la plupart des festivals et autres événements culturels publics glacées, de fantômes ou d’autres ombres fuyantes...
importants ont été annulés ou reportés à 2021. Invité spécial et inhabituel, un dessinateur « vengeur au grand cœur », au
Il fallait que nous retrouvions la force, les objectifs nécessaires à toute vie double alcoolisé, j’ai nommé Joël Mas alias DarkWine, a lui aussi accepté de
humaine pour relancer notre machine, enfin... après avoir pris ce fameux mur nous rejoindre et de nous offrir quelques unes de ses œuvres marquantes
Nîmes Métropole Jazz festival SEMAINE DE DÉCOUVERTE AU MAKERSPACE !
dans la figure et digérer le choc nous nous sommes mis de nouveau à agir!!! illustrant avec humour et dérision cette triste période.
animé par Gauthier QUERCIA et Patrice LOUBON
Strange Fruit .........................................................................................36 du lundi 12/10 au 16/12 de 14h à 17h, séances gratuites d’initiation au labo
Grâce au MakerSpace NegPos nous avons lancé en avril dernier une A présent reparti au Mali, nous sommes aussi très fiers d’accueillir dans
production de visières de protection, participant ainsi au Shield Gard-visières nos pages, John Kalapo, jeune artiste photographe Malien reçu en résidence
n/b, à la post-production numérique (photoshop), à l’impression digitale solidaire du Gard, une réunion de makers qui fabriquent des visières. Les en février-mars par NegPos et surpris par la crise sanitaire. Bien que confiné
grand format et à l’impression 3D ! demandes ont été énormes et la production globale pour le département il a réussi à produire un travail d’une rare intensité humaine portée par une
Coup de Cœur
a dépassé les 12000 visières! Le MakerSpace NegPos en a produit quant à empathie profonde envers des SDF montpelliérains et nîmois. Un regard beau
Karina Juarez .......................................................................................43 Veuillez vous inscrire au préalable ! lui seul plus de 500, distribuées à des particuliers, des associations, des et profond sur les damnés de nos sociétés, encore une fois écartés des écrans.
Equipement unique sur la ville de Nîmes, le MakerSpace NegPos offre un enseignants et même des institutions comme le tribunal judiciaire de Nîmes,... Pour évoquer encore une fois ces contextes urbains qui nous rassemblent,
plateau technologique jamais vu nulle part ! Les premières visières ont été distribuées le vendredi 24/04. Puis il a été mus par le désir de revenir au monde de juste avant la pandémie, vous
Regards Croisés II nécessaire de reprendre pied dans le contact avec nos publics... Tout d’abord vous souvenez... là où survenaient d’explosives luttes sociales ? Elles se
Une chaine d’outils et d’espaces reliés par la photographie : ceux qui en avaient le plus besoin, notamment les jeunes des quartiers ouest, propageaient sans frontières à la vitesse d’un incendie poussées par un
Perpignan-Qixian ...............................................................................46 - un labo n/b professionnel entièrement équipé. des ZUP Nord et Sud. Depuis la mi-juin, le MakerSpace a réouvert ses portes Mistral impétueux et révolutionnaire ! Un photographe vient nous les rappeler.
et a acceuilli 87 enfants, filles et garçons de 9 à 13 ans pour des ateliers Lahcène Abib a de part et d’autres de la Méditerranée suivi 2 des mouvements
- un studio photo mobile pour le portrait individuel ou familial.
combinant découverte et pratique de l’impression 3D, de la photographie en les plus fascinants et inattendus du moment : Gilets Jaunes en France et Hirak
- une galerie de photographie ouverte à tous publics
studio, du laboratoire argentique et de la vidéo. en Algérie. Confrontés à des pouvoirs aveugles et sourds, les habitants des
- un labo numérique : ordinateur performant, photoshop, scanner pour villes et des campagnes se révoltent, tentant un bras de fer désespéré pour
documents à plat et transparents, imprimante numérique grand format. Parallèlement, nous avons finalement pu composer une version XS qu’enfin l’on entende la rage du peuple et son malaise continu, revendiquant
- un labo dédié à l’impression 3D de FOTOLIMO, concentrée et toujours d’aussi haute qualité et diversité, tous azimuts ! Cette exposition de Lahcène Abib, nommée « Failles » semble
réunissant des expositions, des projections, des conférences et des moments nous dire : « et si l’on revenait juste avant, là où nous en étions ? » Les luttes
A noter : le MakerSpace NegPos est ouvert du lundi au vendredi de 10h à festifs. FOTOLIMO se tiendra donc entre le 25 et le 27 septembre à la frontière inachevées empêtrées dans la pandémie, restent à mener pour toujours plus
17h. catalane, dans les villages de Cerbère et Portbou. de justice sociale et de restauration du lien au monde naturel, mais pour
Les Villes Invisibles, nouvel événement venu en remplacement des trouver un équilibre entre sur-consommation et développement durable, il va
Rencontres Images et Ville et de la Biennale Images et Patrimoine, qui devait falloir que quelque chose se passe... ou casse...
inaugurer en mai leur 1ère édition se voit lui aussi chamboulé et recomposé à Patrice Loubon
RESIST(E) III SPÉCIAL MALI
partir des rescapés du naufrage...
du 20 novembre 2020 au 31 janvier 2021
éQUIPE Nîmes-Paris
Divers sites : NEGPOS FOTOLOFT (Nîmes), MAKERSPACE NEGPOS (Nîmes), IFME
Direction artistique : Animation et Médiation (Nîmes), UNIMES (Nîmes), galerie UMCEBO (Paris), galerie 31 PROJECT (Paris),
Patrice Loubon culturelle quartier :
le 100 ecs (Paris), etc.
Karine Granger et Fabrice
Mise en page revue Fotoloft : Tosatti
léA LE CORVEC
Intervenante ateliers photo/
Site web NegPos : ANRU Mas de Mingue :
Joël Bothorel Laurence Charrié

Formation impression 3D :
Gauthier Quercia

1, COURS NEMAUSUS 30000 NÎMES


negpos.fr - contact@negpos.fr - T : 0975209589 - M : 0671080816

Remerciements :

La revue fotoloft est éditée par l’association NegPos qui bénéficie du soutien L’association NegPos remercie particulièrement tou.te.s les bénévoles enga-
de : gé.e.s auprès de nos actions ainsi que les personnes qui participent gracieu-
sement à l’accueil des artistes. FOTOLOFT
2 AUTOMNE 2020 Photographie de couverture : copyright Moussa Djouder #17
AUTOMNE 2020
LES VILLES INVISIBLES
FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Mais pas que... et tout d’abord, le travail impressionnant de par sa


qualité et son foisonnement, du grand reporter Lahcène Abib qui
présentera début octobre à la galerie NegPos Fotoloft et dans l’espace
Se substituant aux Rencontres Images et Villes et ouvrant lar- public Promenade Newton à la ZUP Nord, ses images encore toutes
gement ses portes au cinéma, à la recherche transversale et à l’art brulantes des conflits sociaux qui ont animés le bassin méditerranéen
contemporain, tout en poursuivant la valorisation et l’émergence de depuis 2 ans : les Gilets Jaunes en France et le Hirak en Algérie.
la création photographique, NegPos devait lancer en mai 2020, un Puis, en léger différé fin novembre, ce sera autour de John Kalapo,
nouvel événement. Baptisé Les Villes Invisibles, en hommage à artiste résident en février et mars derniers, durant le confinement
Italo Calvino, comme une tentative de suite à ce récit fondateur et donc, qui a documenté sur la vie des SDF de façon très proche et em-
émancipateur, la programmation est établie autour de 3 pôles : expo- pathique, un travail à fleur de peau où l’humain jaillit à chaque image.
sitions, cinéma et recherche transversale. Parallèlement, suite à ce que nous avons vécu, s’est constitué sous
la houlette du photographe Dorian Refledame, un collectif d’au-
Malheureusement, comme beaucoup de programmations ou festivals, teurs vivants à Nîmes, qui ont su saisir ces instants si étranges qui ont
il ne nous a pas été possible de réaliser cette 1è édition au moment où transformés cette ville comme tant d’autres, en une pas forcément si
nous le souhaitions... insolite « ghost town » !
Après mûre réflexion et génuflexion mentale, est toutefois apparue Une fois aussi, nous invitons l’un de nos dessinateurs favoris Joël
la possibilité de mettre en œuvre une édition réduite et recomposée à Mas alias Dark Wine au cœur de la revue pour quelques aventures
partir de son noyau dur, le travail mené chaque année depuis 23 ans masquées...
par le groupe de recherche « Regards sur le Ville » additionnée d’invi-
tations de dernière minute... C’est donc ce à quoi nous vous donnons à voir en cette curieuse
rentrée, avec toujours quelques incertitudes sur les dates, les lieux et
Au programme donc, des expositions bien sûr, avec la première édition les conditions d’accueil.
des Regards sur la Ville consacrée à la thématique des Villes Invisibles
et qui rassemble les travaux de Chantal Auriol, Marcelle Boyer, Rendez vous nous l’espérons l’année prochaine pour une édition
Laurence Charrié, Gérard Jeanjean, Erick Soyer et Patrick complète et historique des Villes Invisibles #1 !
Thonnard.

1st Steps _photographie de Chantal AURIOL

1st Steps _photographie de Chantal AURIOL

4 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 5


Photographie de Patrick THONNARD

Photographie de Érick SOYER

Photographie de Érick SOYER

6 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 7


FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Photographie de Marcelle BOYER

Photographie de Marcelle BOYER

8 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 9


FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Croix rouge _photographie de Laurence CHARRIÉ

Boulangerie _photographie de Laurence CHARRIÉ

Nettoyeur de rue _photographie de Laurence CHARRIÉ

Étalier les Halles _photographie de Laurence CHARRIÉ

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NÎMES
FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

CONFINÉE

Regards croisés sur Nîmes confinée Quand certains se lâchaient pour être créatifs, assumer et apprécier
même les contraintes liées au confinement, d’autres cherchaient à
débusquer la moindre vie, la moindre activité qui pouvait rassurer,
Le confinement : une période historique de notre vie, dominée
donner de l’espoir. Non ce n’était pas la fin du monde mais un aperçu
_virus oblige _ par la privation d’une liberté pourtant fondamentale,
de ce que pourrait être une ville fantôme, dont la substance, la moelle
celle de se mouvoir comme bon nous semble.
épinière étaient touchées.
Flâner était pratiquement interdit. Et pourtant, quand certains se
Un peu comme si toute une population était partie en exil, les bars
calfeutraient chez eux, déconcertés, à regarder la vie par la fenêtre,
et restaurants avaient empilé leurs chaises, les autos avaient déserté
d’autres s’activaient pour apporter aide et soutien aux travailleurs, aux
les boulevards. De cette approche individuelle, personnelle et intime,
personnes fragiles, aux plus démunis.
les photographes nîmois donnent naissance à une approche collective.
Les photographes ont la responsabilité de pouvoir laisser des traces,
Croiser les regards, ensemble, retrouver le goût du partage, de
une mémoire sur l’humanité, voire son absence. Eux-mêmes ont vécu
l’échange. Les photos du confinement que le collectif nîmois vous
le confinement à leur manière : besoin de témoigner, obligation d’aider
propose sont celles d’une fuite vers la vie.
leurs proches... cocher tout ce qui pouvait légalement l’être dans les
fameuses attestations de déplacements dérogatoires.
Ouvrez vos yeux, découvrez une autre manière de voir cet
Braver le virus, encenser la vie ou ce qu’il en restait dans les rues,
événement mondial à travers Nîmes à la loupe.
défier peut-être même l’autorité ? Nous avions encore une dernière
liberté fondamentale à préserver : celle de penser, de s’exprimer à
Dorian Refledame
travers un regard, un instant figé pour se rapprocher de l’éternité.
Chacun chacune des preneurs d’images ont posé leurs regards
personnels, régulièrement ou ponctuellement.

DARKWINE MAGAZINE (extraits)


Spécial confinement nîmois

par Joël MAS

BIO
Joël Mas est l’auteur de Darkwine anti-héros pilier de bistrot. Sa
devise « L’espoir est Vin ».

Pendant le confinement, Joël Mas, génial enfant terrible de la scène


undergound nîmoise, musicien-performer et dessinateur n’est pas
resté inactif... il a non seulement dressé les portraits imaginés de ses
amis « Facebook » durant cette période, dont vous pouvez retrouver
le détail sous la forme d’un comic-strip accessible à cette adresse :
http://darkwine.canalblog.com, et il a aussi composé de main de
maitre quelques dessins d’actualités sur cette période unique dans
l’histoire ! Dorian REFLEDAME utilise la photographie comme moyen d’expression
artistique, aime scénariser et exploiter les riches promesses qu’offre les sources
de lumières.

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FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Lecture des images : ce que la crise du


coronavirus pourrait changer

Il y a quatre ans, j’ai illustré pour l’Académie de Montpellier un petit


recueil de textes d’enseignants qui avait pour titre Vies minuscules
et petits riens. J’avais pour cela utilisé des photographie prises dans
des villes comme Stockholm, Barcelone, Lisbonne, images dans les-
quelles l’humain apparaissait de manière volontairement insignifiante.
La dimension sociale de ces images très « street photography » était
évidente.
La lecture de ces photos reposait sur le fait que le lecteur, le « regar-
deur » ajoutait à ce qu’il voyait dans l’image proposée ce qu’il gardait
en lui de sa vision de la ville. Une image, c’est bien connu, n’existe que
parce qu’on la regarde et le « regardeur » finit de lui donner son sens,
comme s’il en devenait co-auteur.
Laurence CHARRIÉ préfère léguer la mémoire de l’histoire à tra- Mes photographies d’espaces urbains désertés par l’humain _ et j’en ai
vers les lieux abandonnés où revenir au même endroit même mais Avant le confinement _photographie de Philippe IBARS
fait beaucoup _ ne fonctionnent plus aujourd’hui, je le crains : elles ont
un jour different. perdu le « sens » qu’elles voulaient avoir. Elles exprimaient la solitude
Exploite également les richesses de mises en scène via la nature dans un univers surpeuplé, l’isolement dans la foule, elles parlaient
morte. d’incommunicabilité, voire d’exclusion, de marginalité, elles voulaient
montrer en creux l’indifférence, l’individualisme, une certaine forme
d’inhumanité.
La crise sanitaire que nous vivons vient bouleverser entre autres choses
notre manière de lire certaines images. Nous intégrons désormais dans
notre « musée imaginaire » cette profusion d’images de villes, de zones
urbaines du monde entier désertées à cause du confinement. Une
nouvelle ville a vu le jour : la Ghost town chère aux Rolling Stones.
Dès lors toute photographie de rues, de places, de parcs vides, dépeu-
plés, renverra au « covid », au « coronavirus », à la pandémie…

Les « signifiés » sont en train de muter, comme les virus qui boule-
versent nos vies. Alors certaines images de d’avant le coronavirus de-
viennent datées, obsolètes, voire non signifiantes. Elles ne fonction-
neront hélas qu’avec l’ancrage sémantique que leur procurent un titre,
une légende, un cartel. Sans le support du texte, elles perdront de leur
autonomie.
Pendant le confinement _photographie de Philippe IBARS
C’est beau, une ville… Notre univers métaphorique se recompose et ce petit changement de
paradigme dans le domaine de l’art préfigure d’autres métamorphoses
Pour faire le portrait d’une ville confinée (ou pas) il faut d’abord qu’il va falloir interroger.
l’aimer. Il faut l’aimer pour ce qu’elle a de beau. Mais cette beauté Philippe Ibars
ne s’emprisonne pas dans les cartes postales. Elle est bien entendu
dans tous les legs bimillénaires, grande fierté nîmoise. Elle est dans
la modernité, l’audace des bâtisseurs. Elle est dans le banal qui se
conjugue au quotidien. Elle est dans les couleurs. Elle est dans les
eaux car Nîmes est une ville d’eau qui feint de l’ignorer, dans le havre Philippe IBARS aime les
originel de ses jardins de la Fontaine, dans tout son patrimoine boisé… gens, la ville et les objets
La beauté d’une ville est aussi dans les gens qui la peuplent, ce sang témoins de son vécu.
qui coule dans ses artères. C’est tout cela qui fait la beauté de la ville. Il apprécie de se donner
Mais… des contraintes de temps et
Du mardi 17 mars à 12 heures au lundi 11 mai 2020, en réponse à la d’outils photographiques.
pandémie de Covid-19, la population a été « confinée ». Cette page
inattendue de notre histoire a duré cinquante-cinq jours. Comme
toutes les villes de France, Nîmes s’est soudain enfermée.
Alors que restait-il ? Une ville vide. Une ville à l’os.
Passée la sidération des premières heures, j’ai voulu faire le portrait de
Une ville belle et triste. Solitude, désœuvrement, errance, rares piétons,
ma ville endormie, dans le respect des mesures sanitaires imposées
silence pesant. Mais, peu à peu, c’est le chant des oiseaux qui réveille
: déplacements dérogatoires, périmètre à respecter, limites horaires…
le cadre. Puis,’ le mal s’apprivoise avec sur les visages une éclosion
C’est avec cette règle des unités de temps, de lieu et d’action propre
de masques et moins de réclusion. Vélos, trottinettes, chiens qu’on
au théâtre classique que j’ai photographié de Nîmes la partie que je
promène, cris des enfants qui jouent le temps d’une sortie permise,
pouvais sillonner.
une vie confinée, mais une vie quand même. C’est beau, une ville…
Au début du confinement, l’hiver s’achevait et les micocouliers – à
Nîmes si nombreux – montraient encore leurs charpentes à peine
bourgeonnantes. Puis le printemps s’est installé, sans nous, verdissant
les houppiers. Une vie urbaine de circonstance s’est peu à peu
organisée. Les halles, grand pôle de sociabilité, ont réduit leur voilure,
plastifiée pour l’occasion. L’espace urbain a gommé ses autos, effacé
ou rangé les chaises, les tables et les parasols de ses places engourdies.

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Alex ALLEGRI assemble, fige se qui l’entoure, dans
un rituel quotidien. Sa démarche plastique regroupe
ainsi la photographie avec le dessin, le ready-made
et l’installation.

Paul WINKELKOTTER est un photo-


graphe de rue, passionné des gens, de la
vie autour de lui. La rue est poète sous
son regard.

Michel ROUQUETTE est un photographe


de l’anecdotique, de l’invisible pour les re-
gards courants, le petit détail qui sera su-
blimé en post-production avec son arsenal
personnel d’effets..

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Yann LE FLOCH est un artiste pluridisciplinaire où la
photo à pris une part importante dans son parcours créatif.

Les oubliés du
confinement
par John KALAPO
Ceux qui n’ont pas de toit et vivent dans un « autre monde », l’uni-
vers des « sans domicile fixe ». Surpris par l’arrivée du Covid-19 et les
mesures de confinement prises par les autorités françaises. Les SDF
non confiné se retrouve dans une situation imprévue lorsque la pan-
démie est arrivée. Ils disent, il faut rester confiné chez soi. Mais
comment faire lorsque le chez soi n’existe pas, que l’on vit dans
la rue ?
Les rues se sont vidées, il n’y a plus de passage, faire la manche relève
de l’impossible. Ils ont été oubliés dans cette crise sanitaire. Ils sont
livrés à elles-mêmes dans les rues désertées urbain subsiste encore
des personnes, comme les sans-abris, qui n’ont d’autres choix que d’y
rester. La police les chasses là où ils dorment dans la rue. Ils ne savent
pas où aller, d’autant que le couvre-feu a été instauré. De par l’absence
presque totale de personnes en ville, leur présence n’en devient que
plus visible, éclatante.

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FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

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FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

BIO
Moussa John KALAPO est né en 1983 à Bamako au Mali, comptable
de formation.

En 2010 il s’inscrit au Centre de Formation en photographie (CFP)


de Bamako ou il suit une formation en photographie conceptuelle-
créative et d’art. Après plusieurs années d’activité suite à une bourse
de la Foundation-Tierney Awards en 2015, il poursuit une formation
en photographie documentaire dans l’une des prestigieuses écoles
d’art photographique de Market Photo Workshop à Johannesburg.

KALAPO à effectuer des voyages de reportage photo de plusieurs


ONG tel que : Swiss-Contact, One Word, Spana UK, Water-Aid,
CTA-agricole, Union Européenne, PAECIS, Caritas-Suisse.
Et des sociétés tel que : Safran-France, la société Jumbo-Mali,
Sama Transport Mali/Cote d’ivoire, Eagles EYE.
Ainsi que les agence de presse comme : AFP, EPA, GETTY.
Il a aussi participé à des ateliers photos et des expositions collectives
au Mali, Afrique, et en France.

KALAPO, à travailler sur le projet des archives de la photographie


malienne, pour conservation, numérisation et archivage de l’héritage
de célèbres photographes africains. (Tel que Malick SIDIBE,
Abderrahmane SAKALY, Tijane SITOU, Adama KOUYATE,
Mamadou CISSE et Félix DIALLO).

Geek et Président : Pour l’association Donkosira qui a pour but :


Collecter et diffuser les savoirs locaux et les cultures régionales en
Afrique de l’ouest par les nouvelles technologies de l‘information,
Promouvoir et à mettre en lumière le patrimoine culturel régional
en Afrique de l’ouest. KALAPO à travailler aussi sur le projet de
numérisation de la Bibliothèque Nationale du Royaume de Londres
: Archives en danger en sauvegardant son patrimoine archivistique
(EAP1085) du fond colonial du cercle de Kita dans la région de Kayes.

http://amp.matrix.msu.edu
https://www.facebook.com/ArchiveOfMalianPhotography

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par Lahcène ABIB

LA VILLE EN LUTTE
C’est en novembre 1989, après un premier reportage sur
la chute du mur de Berlin, que Lahcène ABIB commence sa
carrière de photographe. Après une collaboration de huit ans
avec une agence de presse, il exerce en indépendant et se
consacre à des sujets de société, interrogeant le fait religieux
musulman, la consommation, l’environnement...
Il mène actuellement un travail sur l’identité musulmane en
France.
FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Puisant dans ses archives encore toute brulantes des derniers mou-

FAILLES
vements sociaux émergents en France en 2018 et en Algérie en 2019.
Lahcène ABIB nous offre avec « FAILLES » un puissant et riche té-
moignage des faits, adressant du même coup, un vibrant hommage
d’empathie aux différents protagonistes.
Photographe « embedded » auprès des manifestants, Lahcène ABIB
photographie à partir de leur position. Il ne situe jamais du côté des
forces de l’ordre, leur faisant souvent face.
C’est en partie cela qui fait la force de ses photographies, sa position,
à la fois leur « mordant plastique » et leur distance critique. Car s’il est
en principe spectateur, il ne se contente pas de l’être passivement.
« Si la photographie n’est pas bonne, disait Robert Capa c’est que vous
n’êtes pas assez près... ».
Ce précepte mille fois cité, semble pourtant parfaitement corres-
pondre à l’acte photographique de ABIB, les bonnes images sont chez
lui pléthore ! Un rare degré d’engagement dans l’action en train de
se dérouler produit des effets certains... Digne survivant des grands
reporters de conflits urbains, tel Gilles CARON, Lahcène a l’humain
chevillé au corps et il ne peut pas faire autrement que de le faire sa-
voir.
« Homme frontière », Lahcène ABIB qui fait vivre en lui sa double ap-
partenance avec sincérité et opiniatreté, sans la refouler, s’évertue à
rendre compte de ces événements parallèles avec autant de passion et
d’intérêt. Gilets Jaunes et Hirak unis au delà des mers par son regard
et par son implication à témoigner des histoires pour l’Histoire.

Patrice Loubon
Commissaire de l’exposition

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FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

Le mouvement des Gilets jaunes _ du nom des gilets de haute visibi-


GILETS JAUNES

lité de couleur jaune portés par les manifestants _, est un mouvement de


protestation non structuré et sporadique apparu en France en octobre
2018. Ce mouvement social spontané trouve son origine dans la dif-
fusion _ principalement sur les médias sociaux _ d’appels à manifester
contre l’augmentation du prix des carburants automobiles issue de la
hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergé-
tiques (TICPE).

Les manifestations ont lieu essentiellement le samedi. À partir du 17


novembre 2018, la contestation s’organise autour de blocages illégaux
de routes et ronds-points et de manifestations tous les samedis. Ces
protestations mobilisent surtout les habitants des zones rurales et
périurbaines, mais s’organisent également dans des métropoles, où se
produisent plusieurs épisodes violents, notamment sur l’avenue des
Champs-Élysées. Rapidement, les revendications du mouvement s’élar-
gissent aux domaines sociaux et politiques. Lors des rassemblements,
le plus souvent non déclarés, plusieurs milliers de personnes sont bles-
sées, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l’ordre.

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FOTOLOFT - LES VILLES INVISIBLES

HIRAK
Le « Hirak » désigne une série de manifestations sporadiques qui
ont lieu depuis le 16 février 2019 en Algérie pour protester dans un
premier temps contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cin-
quième mandat présidentiel, puis contre le projet du « système ». Le
peuple demande une transition et la mise en œuvre de réformes. Par
la suite, les protestataires réclament la mise en place d’une Deuxième
République, et le départ des dignitaires du régime, notamment parce
que ceux-ci organisent le prochain scrutin le 12 décembre avec les can-
didatures de caciques du régime. D’une ampleur inédite depuis des dé-
cennies, ces manifestations, qui ont essentiellement lieu les vendredis
et mardis (pour les étudiants), conduisent Bouteflika à démissionner le
2 avril 2019.

30 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 31


> défense NEGPOS DANS
> perception
LES QUARTIERS
> répartition
des droits MakerSpace NegPos
Cité éducative 2020
juin-juillet-août 2020
Société des Auteurs
des arts visuels d’ auteurs
et de l’Image Fixe Le MakerSpace NegPos situé à Valdegour ZUP Nord de Nîmes Suite à l’interruption de nos activités en mars 2020, nous avons ensuite
est un lieu équipé de trois laboratoires formant une chaine techno- lancé en avril 2020 la production de visières de protection distribuées
logique allant de la photographie argentique à la 3D en passant par la gratuitement à des institutions, des associations et des particuliers.
82, rue de la Victoire • 75009 Paris post-production numérique. Il comprend aussi un espace d’exposition
Société civile dont la mission est de défendre, percevoir et répartir tél. 01 44 61 07 82 où sont présentées des travaux d’artistes nationaux et internationaux. Nous avons enfin réouvert le MakerSpace au public depuis le début
les droits des auteurs des arts visuels. En 2017, la SAIF représente saif@saif.fr du mois de juin 2020.
Cet espace professionnel de proximité et de création a pu construire
plus de 7 000 auteurs en France, dont 4 000 photographes. www.saif.fr
en quelques mois depuis 2018, une dynamique forte centrée autour L’effet ne s’est pas fait attendre ateliers au long cours et sessions
En adhérant à la SAIF, vous devenez collectivement propriétaire de la pratique photographique et de nouvelles technologies uti- découvertes du mercredi ont repris de plus belle !
lisant la 3D. Fréquenté par les enfants (garçons et filles de 9-15 ans)
de votre société (achat d’une part sociale de 15,24 euros) de la barre Newton et par d’autres groupes d’enfants des 2 ZUP. Le lieu
et participez à ses décisions lors de l’Assemblée générale, a proposé dans un premier temps tous les mercredis, des après-midi
découvertes autour de ces pratiques.
au Conseil d’administration et dans les Commissions. Les ayants
droit peuvent également adhérer à la SAIF.

• Le droit de prêt public : La SAIF peut également


Pourquoi adhérer à la saif ? Depuis 2003, la loi française intervenir pour ses membres
institue une gestion qui le souhaitent auprès et
collective obligatoire de la de tous types de diffuseurs
Pour bénéficier des droits Les droits « collectifs » rémunération pour le prêt (chaînes de télévision, sites
« collectifs » sont les suivants : public des œuvres dans Internet, etc.) :
Les droits dits « collectifs » les bibliothèques. La SAIF • pour le droit de
ne peuvent être gérés • La copie privée perçoit et répartit cette présentation publique
et perçus que par une audiovisuelle et numérique : rémunération au titre des (expositions) ;
société d’auteurs. Avec le La rémunération pour images fixes publiées dans • pour le droit de
foisonnement des nouvelles copie privée compense la les livres. reproduction (presse,
techniques de diffusion possibilité pour un individu livres, cartes, posters…) ;
des œuvres qui rendent de copier des œuvres pour • La retransmission • et également pour
impossible le contrôle de un usage strictement privé. par câble : percevoir le droit de
leur utilisation, le législateur Créée en 1985 uniquement Cette rémunération est suite (rémunération
institue régulièrement pour les supports perçue au titre de la reprise sur la revente publique
de nouveaux droits audiovisuels, elle est étendue des émissions de télévision d’œuvres originales) ;
(ou redevances) gérés depuis 2001 aux supports sur les réseaux câblés. Seules
collectivement par les numériques. les sociétés d’auteurs sont La SAIF œuvre pour la
sociétés d’auteurs. 25 % de la rémunération habilitées à percevoir et défense et l’amélioration
pour copie privée sont répartir ces sommes aux de la protection du droit
affectés à des actions auteurs. d’auteur. Elle est ainsi
culturelles comme l’aide aux présente auprès des
• Usages pédagogiques institutions nationales et
g ra ph is m e : at el i e r A u f o n d à g au c he - 2 0 1 7

festivals par exemple.


Ces droits sont perçus internationales (ministère de
• Le droit de reprographie : sur une base forfaitaire la Culture, Parlement, CSPLA,
Cette rémunération est négociée avec le Ministère Union européenne…) et agit
perçue pour les photocopies de l’Éducation Nationale. Ils pour défendre collectivement
des œuvres publiées dans le sont par la suite redistribués les droits des auteurs.
livre ou dans la presse. aux auteurs par les sociétés
de gestion collective. AUTOMNE 2020 33
Au quotidien, notre équipe d’animateurs : salarié , intervenants
professionnels et bénévoles s’active à présent du lundi au vendredi,
toutes les après-midi pour offrir aux enfants et jeunes du quartier des
activités qui leur feront peut-être songer à un avenir différent de
celui auxquels on les assigne.
Devenir concepteur en modélisation 3D, technicien de l’image ou
pourquoi pas artiste... Voilà quelques pistes auxquelles on ne s’atten-
dait pas dans les ZUP Nord et Sud !

L’équipe :
_Karine Granger, intervenante photographie argentique
_Gauthier Quercia, intervenant 3D
_Patrice Loubon, coordinateur, intervenant photographie
argentique et montage numérique
_Anouk Marsetti, intervenante vidéo, réalisatrice professionnelle.
_Fabrice Tosatti, animateur-médiateur.
_Accompagné.e.s de : Alexandre Renac et Dorian Refledame

MakerSpace NegPos
34 promenade Newton
30900 Nîmes

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STRANGE FRUIT
LE JAZZ, UNE HISTOIRE NÎMOISE ?
Comment ne pas revenir sur l’histoire et comment célébrer les 50
ans de la relation qui unissent Nîmes et le Jazz à travers le temps ?
Cette histoire se construit peu à peu et prend racine il y a fort long-
temps...

Trois expositions de photographies


Au début était Jazz 70, toujours vivante et aux commandes du Nîmes
Métropole Jazz Festival, l’association menée par l’inoubliable Guy La-
* bory offrit durant 13 ans (1976-1988) dans les Arènes de Nîmes, aux

de concerts de Jazz à Nîmes, 1980- Nîmois et à d’autres visiteurs extérieurs, une programmation du plus
haut niveau, invitant à Nîmes la crème du Jazz international : Miles

1990.
Davis, Dizzy Gillespie, Dee Dee Bridgewater, Didier Lockwood, Herbie
Hancock, … et tant d’autres ! Dont Stéphane Kochoyan, actuel direc-
teur artistique de Nîmes Metropole Jazz Festival.

Par Jeanne DAVY, Moussa DJOUDER A l’appel de Nîmes Métropole, Jeanne Davy, Moussa Djouder et Pa-

et Patrice LOUBON
trice Loubon ont exploré leurs archives, au fil du désormais fameux
confinement, scannant d’arrache-mains leurs négatifs.
De cette exploration, ils en ont retirés quelques pépites!

En guise d’hommage à cette histoire, ces trois photographes réunis


par leur passion éternelle pour cette musique se sont donc retrou-
vés aujourd’hui pour vous offrir leurs regards mais aussi un morceau
Michel petrucciani _photographie de Moussa DJOUDER d’histoire commune.
Réparties sur 3 sites, à la Médiathèque de Margueritte, dans le Hall
Roy HARGROVE _photographie de Jeanne DAVY d’accueil de Nîmes Métropole et dans l’espace public au bas de la rue
du Cirque Romain, leurs images nous replongent ou nous font (re)dé-
Art BLAKEY _photographie de Moussa DJOUDER
couvrir ces instants immémoriaux.
Screamin’ Jay Hawkins _photographie de Patrice LOUBON
Patrice CLANET
Co-directeur de NegPos

* Strange Fruit (littéralement « fruit étrange ») est une chanson


interprétée par Billie Holiday pour la première fois en 1939, au
Café Society de New York. Tirée d’un poème écrit et publié en
1937 par Abel Meeropol, c’est un réquisitoire artistique contre
le racisme aux États-Unis et plus particulièrement contre les
lynchages que subissent les Afro-Américains, qui atteignent
alors un pic dans le sud des États-Unis.

36 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 37


38 Dee2020
AUTOMNE Dee Bridgewater _photographie de Patrice LOUBON
Guy LABORY et Lionel HAMPTON _ de Moussa DJOUDER

BIOS
Jeanne DAVY (1949). Photographe. Vit à Sète. Elle baigne très
tôt dans un univers artistique. Après ses études de lettres, elle
découvre la photographie pour les besoins d’un journal de contre-
information dont elle deviendra la directrice. Depuis, elle n’a plus
quitté son appareil photo : tournées de musiciens de jazz, spectacles
de danse, festival d’Avignon... elle coopère à de nombreuses revues.
Puis, ce sera le service culturel du Conseil départemental du Gard
pour lequel, durant quinze ans, elle couvrira des manifestations
culturelles, sans pour autant laisser de côté des expositions de ses
oeuvres personnelles.

Moussa DJOUDER (1946). Photographe. Vit à Nîmes. Depuis 60


ans, il aime la musique de jazz et c’est une histoire de rencontres ;
rencontre à 14 ans avec son ami Denis Carterre, déjà musicien, pen-
dant 4 ans d’internat ; rencontre à la même époque avec Guy Labory
et Max Fumel (2 des créateurs du Jazz club de Nîmes et du Festival de
jazz de Nîmes), vite devenus des amis autour de cette musique. Avec
le jazz, il rencontre une musique qui le comble en s’adressant à son
corps et à son âme et cet amour ne l’a plus lâché. Depuis son enfance,
il a toujours aimé la photo, photo vernaculaire et photo de voyage.
Lorsque le journal La Marseillaise m’a proposé d’écrire et faire des
photos sur les Festivals de Jazz de Nîmes, il a pu réaliser la fusion
entre ses 2 passions pour la musique et la photo. Il en a résulté 31
expos sur les musiciens de jazz.

Patrice LOUBON (1965). Artiste et photographe. Vit à Nîmes.


Chacune de ses oeuvres génère différents dispositifs qui peuvent
intégrer la photographie, la vidéo, la marche, la performance et l’ins-
tallation. Il met également en place des projets où le partage et la co-
production sont au cœur du processus. Entre 1986 et 1990, il obtient
l’autorisation de Guy Labory pour documenter le festival de jazz de
Nîmes. Il est aussi commissaire d’exposition international, directeur
du Centre d’art et de photographie NegPos à Nîmes, du Festival Fo-
toLimo (Cerbère-Portbou, frontière catalane) et commissaire invité
de la Maison de l’Amérique Latine (Paris).

40 AUTOMNE 2020 S. KUTI _photographie de Jeanne Davy AUTOMNE 2020 41


FOTOLOFT - COUP DE CŒUR

COUP DE CŒUR
par Patrice CLANET

Acciones para
recordar Actions pour se rappeler

Photographie de Karina JUAREZ

- ©Grollier Philippe, Darnaud Antoine


LA RÉGION S’ENGAGE
POUR LA CULTURE
Les nombreux événements qui animent nos territoires, portés par de nombreux professionnels
et bénévoles, sont impactés par cette crise sanitaire. La Région a décidé de maintenir
ses 30 millions de subventions accordées en 2020 pour leurs événements afin de permettre
qu’il y ait, demain encore, de très belles rencontres autour de la culture qui fait partie intégrante
de l’identité de l’Occitanie.
laregion.fr

L’OCCITANIE,
LA RÉGION DES SOLUTIONS
42 AUTOMNE 2020 AUTOMNE 2020 43
FOTOLOFT - COUP DE CŒUR

Le titre d’une série est révélateur, il éclaire l’intention de l’artiste, il Les natures mortes fonctionnent quant à elle en dialogue, en dip- Nous sommes témoins de cette alchimie par cette succession de ta-
vous guide et vous force à vous interroger sur le pourquoi des oeuvres tyques avec les images du corps de l’artiste mis en scène. Elles sont bleaux photographique, véritables actes initiatiques, qui fait que le
que vous avez devant les yeux. Ce corpus d’images aurait pu très bien métaphores de la métamorphose à laquelle nous sommes invité à as- corps change de substance et passe d’une nature vile à une nature
se nommer « métaphores de l’intime » ou bien « actions pour oublier » sister. Teintées de mélancolie, elles laissent cependant entrevoir de noble. Femme avant tout, Karina JUAREZ serait dans l’impasse si elle
ou encore « métamorphose » nouveaux horizons. L’ensemble de ces métaphores photographiques n’était pas cette jeune artiste photographe qui met en scène ses « trau-
Il y a de la douleur dans les photographies que nous donne à voir sont les figures de style qui caractérisent l’intentionnalité de l’artiste. mas ». Elle vous invite dans son intimité pour mieux rebattre les cartes,
Karina JUAREZ mais aussi une forme d’apaisement ; un moment de Elles représentent la rhétorique de l’image qu’use ici la photographe déconstruire et reformuler. Elle touche une réalité d’ordre anthropo-
calme juste après une tempête. L’artiste s ‘appuie sur ses mises en pour lui permettre de libérer son discours et, par le biais de ces fic- logique, universelle : la fragilité et le processus de reconstruction
scène photographiques pour exhumer ce qu’elle cache au plus profond tions, de l’aider à redéfinir la réalité. de l’être humain. L’œuvre de Karina JUAREZ, qui se construit sous
d’elle, pour mieux exorciser ses démons et pour pouvoir renaître. nos yeux, s’affirme en mobilisant des stratégies modestes, du silence,
Karina Juarez s’approprie avec détermination la possibilité de reposer Sous nos yeux, Karina JUAREZ change littéralement de peau. Elle nous du retrait. Caractéristiques, comme nous le fait remarquer Dominique
la question de la fonction du corps, de son propre corps, dans l’espace propose de devenir voyeur de sa propre renaissance par le biais d’un BAQUÉ, qui constituent : « une part non négligeable des productions
de la représentation. Le corps est ici proposé comme un support de rituel de purification. Ce rituel devient l’expression du corps dans un artistiques contemporaines qui choisissent ainsi de donner à penser plus
narration, comme incarnation, il devient prétexte pour réunir un en- espace exclusif où l’interaction entre la photographiée et le dispositif qu’à voir »
semble de signes - plissures, blessures, cicatrices - qui abordent méta- de la photographie donne l’image de cette identité changeante. « Ac-
phoriquement le thème sexuel qui tourmente l’artiste. ciones para recordar » fonctionne comme une transmutation du réel Patrice CLANET
par la photographie. Co-directeur de NegPos

AUTOMNE 2020 45
FOTOLOFT - REGARDS CROISÉS II

Regards
croisés II
2020
Perpignan - Qixian
photographies de WENJING – Pia ELIZONDO
Comprendre la Ville est une tâche ambitieuse.
Appréhender comment l’homme habite la ville appelle à une recherche
permanente. Améliorer l’habitat dans les villes et quartiers anciens
est le pari d’Urbanis depuis 1979.
Tout d’abord partout en France, maintenant aussi en Chine.
La vie d’Urbanis est une succession d’idées humanistes et un peu
folles. Nos idées sont partagées par de nombreuses Villes, grandes,
moyennes, petites, qui nous ont confié leurs politiques d’Amélioration
de l’habitat. Elles souhaitent que leurs citoyens y vivent mieux, avec
la santé, le confort, la sobriété énergétique et une plus faible émission
de gaz à effet de serre.

Comment donner à voir la vie dans les villes françaises et


Chinoises : les habitants, les mutations, la poésie, la beauté, la dureté
parfois ?

Regards croisés 2-2020 est la seconde édition de l’incursion de l’art


photographique dans nos métiers d’amélioration de l’habitat.
La première édition, Regards croisés 1-2019, avait offert le regard de
Patrice Loubon, fondateur de NEGPOS à Nîmes, sur Shanghai, et celui
de LIU Gang, professeur d’architecture et d’Urbanisme à l’université
TONHGJI, sur Paris.

Pour Regards croisés 2-2020, les deux fondateurs, Jean-Marc NATALI


et Qiu Lei, ont fait appel à deux femmes photographes.
WENJING, qui exerce à Shanghai son métier de photographe de
magazine, d’évènements et de voyages, s’est rendue dans le centre
Ancien de Perpignan (Pyrénées orientales-Occitanie) ou Urbanis met
en œuvre la réhabilitation de l’habitat ancien.
Pia ELIZONDO, installée à PARIS, née à Mexico, déjà exposée par
NEGPOS à Nîmes, est allée à la rencontre de la ville historique de
QIXIAN (Province du Shanxi). A QIXIAN, Urbanis élabore avec ses
partenaires THUPDI, IN EXTENSO, TSINGHUA UNIVERSITY, le plan
de protection et de réhabilitation du centre historique, dans le cadre
d’un projet de développement durable fiancé par l’AFD.
Regards croisés 2-2020 est une vue subjective par deux femmes
artistes photographes de l’invisible, du sensible, de la beauté des
villes et des habitants de QIXIAN et de PERPIGNAN.

Pour le plaisir de votre regard.

Emmanuelle PERNES
Présidente d’URBANIS

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FOTOLOFT - REGARDS CROISÉS II

PERPIGNAN _photographie de WENJING

PERPIGNAN _photographie de WENJING

QIXIAN _photographie de Pia ELIZONDO

PERPIGNAN _photographie de WENJING

PERPIGNAN _photographie de WENJING

QIXIAN _photographie de Pia ELIZONDO

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FOTOLOFT - REGARDS CROISÉS II

PERPIGNAN _photographie de WENJING

QIXIAN _photographie de Pia ELIZONDO

QIXIAN _photographie de Pia ELIZONDO

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