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TCP/MLI/2909 (I)
(NEPAD Ref. 05/22 F)
Mars 2005
MALI: Appui à la mise en œuvre du NEPAD–PDDAA
Volume I: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)
Pays: Mali
Financement envisagé:
Institution(s) de
4 649 8,86 80%
financement
1
Equivalence monétaire:
Unité monétaire = Franc CFA (FCFA)
1€ = 1,25 $EU (1 € = 655,957 FCFA)
1 $EU = 525 FCFA
1 000 FCFA = 1,906 $EU
MALI
Abréviations
iii
NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
Mali: Profil de projet d’investissement « Projet de gestion intégrée de la fertilité des sols »
I. CONTEXTE DU PROJET
A. Origine du projet
I.1. Au Mali, les systèmes de production du secteur rural, moteur de la croissance économique
du pays, reposent essentiellement sur les ressources naturelles du pays. Malheureusement ces
ressources, du fait des changements des conditions climatiques, de la pression démographique et de
l’augmentation de la charge du bétail, se trouvent actuellement en situation de sur exploitation dans
plusieurs zones du pays. Ceci se traduit, en particulier, par la dégradation des sols entraînant une
baisse de la fertilité et par conséquent une chute des rendements des cultures.
I.2. Conscient de ces problèmes, les producteurs et les responsables gouvernementaux ont
souscrit, en 1996 à Rome, à l’Initiative pour la fertilité des sols (IFS) initiée lors du Sommet mondial
de l’alimentation. Cette initiative est soutenue par des organisations internationales telles que la
Banque mondiale, le Centre international pour la fertilité des sols et le développement agricole, la
FAO et plusieurs pays comme les Pays Bas.
I.3. En 2000, une étude sur la filière des engrais a été réalisée au Mali par la Division du centre
d’investissements de la FAO. Les études réalisées concernant la fertilité des sols ont été synthétisées,
en décembre 2002, par la formulation d’un Plan d’action national pour la gestion de la fertilité des sols
au Mali comportant des propositions d’investissement pour trois régions prioritaires du pays: (i) le
bassin cotonnier; (ii) la zone du Séno où domine avec la culture pluviale des céréales; et (iii) la zone
de l’Office du Niger avec la riziculture irriguée. Plus récemment, un groupe de travail sur la fertilité
des sols a été mis en place au Ministère de l’agriculture dans le cadre du Programme d’appui aux
services agricoles et aux organisations paysannes (PASAOP) financé par la Banque mondiale et la
Coopération néerlandaise; ce groupe de travail s’efforce d’identifier les activités à mener, sur le
terrain, avec les producteurs dans les trois zones prioritaires ci–dessus, afin de restaurer la fertilité des
sols.
B. Contexte sectoriel
I.5. Milieu physique. Le Mali, pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, est compris entre le
onzième et le vingt cinquième parallèle Nord et couvre une superficie de 1,24 million km², dont 60
pour cent de terres désertiques. Il a un régime pluviométrique de type intertropical continental qui lui
confère quatre zones agro–climatiques bien distinctes:
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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
Mali: Profil de projet d’investissement « Projet de gestion intégrée de la fertilité des sols »
• au centre, la zone soudanienne couvrant environ 17 pour cent du pays, caractérisée par
une pluviométrie de 600 à 1 000 mm par an étalée sur 5 mois; on y pratique des cultures
pluviales (maïs, sorgho, coton) et des cultures irriguées (riz) avec la présence d’un cheptel
sédentaire et transhumant. Dans cette zone l’irrigation ne représente qu’un appoint à
l’agriculture pluviale;
• au nord, la zone sahélienne couvrant près de 26 pour cent du pays et caractérisée par des
précipitations entre 200 et 600 mm par an et une saison des pluies de 3 mois; elle se
distingue par un système pastoral associé à des cultures pluviales, irriguées et de décrue.
Dans cette zone, la faiblesse et l’irrégularité des pluies ainsi que la réduction de la période
pluvieuse ne peuvent être compensées que par la maîtrise de l’eau des fleuves et par la
réalisation d’aménagements hydro–agricoles; elle constitue l’essentiel du domaine de
l’agriculture irriguée;
• à l’extrême nord, la zone saharienne, couvrant les parties nord des régions de
Tombouctou et de Gao ainsi que la région de Kidal, représente 51 pour cent du pays; la
pluviométrie annuelle y est inférieure à 200 mm par an avec une saison des pluies de 2 à
3 mois; elle est caractérisée par un système pastoral pur, dominé par l’élevage de petits
ruminants. La production agricole n’est possible qu’avec l’irrigation.
I.6. Population. Le Mali compte une population estimée à environ 11 millions d’habitants (en
2002), qui connaît un taux de croissance annuel de 2,4 pour cent. La répartition de cette population est
caractérisée par une grande hétérogénéité, notamment entre les régions du nord (Tombouctou, Gao et
Kidal), où la densité est inférieure à 2 habitants/km², et les régions du centre et du sud (Mopti, Kayes,
Koulikoro, Sikasso), où celle–ci dépasse 20 habitants/km².
I.7. Secteur rural. Le secteur rural occupe une place prépondérante dans le développement
socio–économique du Mali en assurant des revenus à 75 pour cent de la population. Il a contribué à
hauteur de 36 pour cent au PIB en 2003 et a représenté environ 22 pour cent des exportations en 2002.
La part de l’agriculture dans le secteur rural a toujours été importante en dépit des fortes fluctuations
de la production agricole dues aux aléas climatiques et de l’instabilité des cours mondiaux des
principaux produits d’exportation (notamment le coton). La contribution de l’agriculture représente 21
pour cent du PIB, tandis que l’élevage et les pêches/forêts contribuent respectivement pour 9 pour cent
et 6 pour cent du PIB. Le pays connaît une situation alimentaire fragile en raison de sa forte
dépendance par rapport aux facteurs climatiques (75 pour cent environ de la production agricole
provient des cultures pluviales) et de l’insuffisance de l’intensification et de la diversification.
I.8. La superficie de terres arables est estimée à 30 millions d’ha, soit 24 pour cent du pays, dont
11 millions d’ha sont occupés par les cultures et les jachères. On estime que 3 à 4 millions d’ha sont
cultivés, chaque année, soit 10 à 13 pour cent des terres arables. Les formations forestières et les
parcours représentent 32 millions d’ha soit 26 pour cent du pays. Les terres désertiques occupent le
reste du territoire. Dans plusieurs zones du pays, il existe des problèmes de disponibilité en terres,
notamment là où la densité de population en milieu rural est importante (80 pour cent de la population
est concentrée sur 40 pour cent du territoire au centre et au sud du pays).
I.9. Le pays dispose d’un potentiel irrigable estimé de 0,6 à 2,2 millions d’hectares suivant les
sources, localisé en grande partie dans la vallée du fleuve Niger, mais insuffisamment exploité (le
delta central du Niger renfermerait près de 800 000 ha de terres irrigables dont moins de 5 pour cent
ont été aménagés). La superficie totale aménagée est d’environ 260 000 ha aménagés dont 110 000 ha
en maîtrise totale de l’eau et environ 150 000 ha en maîtrise partielle constitués à 96 pour cent
d’aménagements de submersion contrôlée. Avec un taux d’environ 60 pour cent de périmètres à
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Mali: Profil de projet d’investissement « Projet de gestion intégrée de la fertilité des sols »
maîtrise partielle, l’agriculture irriguée au Mali reste fragile et dépendante des aléas du climat. Environ
25 pour cent des superficies aménagées ne sont pas exploités du fait des aléas climatiques et du
manque d’entretien des infrastructures.
I.10. On compte environ 630 000 petites exploitations au Mali dont la taille moyenne est de 4,5 ha
pour un ménage de 9 à 10 personnes. La production céréalière représentait 2,53 millions de tonnes en
2002–2003 ce qui a permis de subvenir à 90 pour cent des besoins de la population (le reste étant
couvert par des importations qui ont atteint 252 000 tonnes). La production céréalière a atteint
3,39 millions de tonnes en 2003–2004, soit à une couverture de 123 pour cent des besoins de la
population. La production céréalière reste toutefois très variable selon les années en fonction de la
pluviométrie. Le riz en irrigué représente environ 28 pour cent de la production céréalière.
I.12. La production de coton a augmenté de 500 000 tonnes de coton graine en 1998–99 à
600 000 tonnes en 2003–2004, avec de fortes variations annuelles; cette augmentation provient plus de
l’extension des superficies (zone de Bougouni) que de l’amélioration des rendements. Ainsi la
production s’est accrue de 81 pour cent de 2000/01 à 2002/03 alors que les superficies progressaient
plus vite, de 97 pour cent. Les rendements se situent généralement entre 1,0 et 1,2 t/ha, parfois plus
dans les exploitations très performantes.
I.13. L’extension des superficies cultivées en coton et céréales s’est faite dans une zone à forte
pression agro démographique, et entraîne souvent la mise en culture de terres marginales, la
diminution de la jachère et la réduction de l’espace sylvo–pastoral. On constate également une
accentuation des phénomènes d’érosion des sols et un déclin de leur fertilité du fait de l’exportation
d’éléments fertilisants par les récoltes, sans restitution adéquate de ces éléments par des fumures
organiques et minérales. Des études menées sur base de photos aériennes montrent que la proportion
de sols dénudés est passée de 4 pour cent en 1952 à 26 pour cent en 1975. Les pertes en terres sont
estimées à 6,5 t/ha/an en moyenne mais elles peuvent atteindre 31 tonnes/ha/an au sud du pays.
I.14. Aujourd’hui, le pays fait face à une diminution de la disponibilité en terres cultivables. Au
plan général, la situation n’est pas encore dramatique, mais certaines zones rurales sont saturées par
les activités agricoles. Ainsi le plateau Dogon ou le Séno ont un taux de mise en culture de 60 à
80 pour cent des terres arables; dans le vieux bassin cotonnier de Koutiala, 80 pour cent des terres sont
en culture permanente, les jachères n’existant pratiquement plus.
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Mali: Profil de projet d’investissement « Projet de gestion intégrée de la fertilité des sols »
II.1. Les travaux qui ont été menés dans le cadre de l’Initiative sur la fertilité des sols ont permis
d’identifier trois régions prioritaires dans le pays en ce qui concerne la restauration et la gestion
durable de la fertilité des sols: l’ancien bassin cotonnier, la zone de l’Office du Niger et la plaine du
Séno. En effet dans ces trois zones, la pression agro–démographique sur les terres2 est devenue très
élevée et continue à augmenter; seule une intensification des systèmes de production respectant les
principes de la gestion rationnelle et durable des terres, peut maintenir la production actuelle, voire
l’augmenter, et enrayer la dégradation accélérée3 des terres.
II.2. Etant donné l’urgence des problèmes rencontrés dans deux de ces trois régions, l’ancien
bassin cotonnier et la plaine du Séno, il a été proposé qu’elles soient considérées immédiatement pour
la mise en place d’un projet de restauration de la fertilité des sols.
II.3. On a supposé, en première analyse, que l’ancien bassin cotonnier correspond aux cercles de
Koutiala, Sikasso, Kadiolo et Yorosso de la région de Sikasso et aux cercles de Bla et San de la région
de Ségou. De son coté, la plaine du Séno couvre les cercles de Bankass et Koro et deux communes
situées au sud du cercle de Douentza, tous ces cercles étant situés dans la région de Mopti.
II.4. En supposant que les six cercles indiqués ci–dessus constituent l’ancien bassin cotonnier, la
population de cette zone s’élève à 1 085 00 personnes, soit à peu près 110 000 ménages, répartie sur
une superficie proche de 65 000 km2. Les ménages ont tendance à se regrouper dans le cadre de
familles très élargies autour d’une grande unité de production. Les associations et les tons villageois
constituent la base du développement social. On distingue deux zones agro–écologiques dans cet
ancien bassin: le Haut Bani Niger et le plateau de Koutiala.
II.5. Haut Bani Niger. Le Haut Bani Niger, situé au sud du bassin, comprend le cercle de Kadiolo
et la partie sud du cercle de Sikasso. Les sols sont ferrugineux au Nord et ferralitiques au sud, très
souvent cuirassés (oxydes de fer et/ou d’aluminium) en profondeur ou en surface. Leur texture est
limoneuse à limono–argileuse dans les plaines. Les sols peu profonds (moins d’un mètre) devraient
être exclus de la culture. Le climat est de type nord soudanien avec des précipitations de 1 000 à
1 100 mm par année, réparties sur 4 à 5 mois en allant du nord au sud. Cette zone dispose de bonnes
réserves en eau de surface. La végétation est assez diversifiée avec des espèces pérennes telles que le
Detarium microcarpum, le Combretum glutinosum, ou des espèces annuelles comme l’Andropogon
gayanus.
II.6. Le système de production est du type agro–pastoral à dominance de cultures pluviales (coton
et céréales). Il est centré sur la production cotonnière, principale activité de rente. Elle intervient dans
une rotation de type triennal coton/sorgho/mil ou arachide ou biennal coton/céréales. Le maïs est
cultivé seul ou en association avec le mil. Grâce à l’encadrement de la CMDT et de l’Office de la
haute vallée du Niger (OHVN), les producteurs maîtrisent assez bien les techniques culturales,
possèdent les équipements de travail nécessaires et utilisent fortement les intrants, les résidus de
récolte et le fumier. Par contre, l’élevage est peu productif en raison de la faible disponibilité en
2
Selon la Convention internationale de lutte contre la désertification (CCD) adoptée en 1994, le terme “terre”
désigne le système bioproductif terrestre qui comprend le sol, les végétaux, les autres êtres vivants et les
phénomènes écologiques et hydrologiques qui se produisent à l’intérieur de ce système.
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La “dégradation accélérée des terres” est également appelée “désertification”selon la terminologie de la CCD
(1994).
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II.7. Plateau de Koutiala. Il couvre la partie nord du cercle de Sikasso et les cercles de Koutiala,
Yorosso, Bla et San. Les sols sont ferralitiques, parfois ferrugineux, plus profonds, limoneux à
limono–argileux, avec une fertilité moyenne, par endroit sur cuirasse. A certains endroits, l’excès
d’eau et le mauvais drainage limitent considérablement l’utilisation agricole. Etant donné l’abondance
des eaux de surface, les mares jouent un rôle important dans l’alimentation de la population. Au nord
de cette sous zone, le couvert végétal est constitué par les herbes vivaces, les savanes boisées et les
forêts claires. Au sud, la végétation comporte les espèces spécifiques du climat soudanien en plus du
Karité (Butyrospermum parkii), du Parkia biglobosa, du Daniella oliveri.
II.8. Les systèmes de production sont du type agro–pastoral à base de cultures pluviales de coton
et de céréales (maïs, mil, sorgho). Le coton intervient dans la rotation triennale coton/sorgho/mil ou
biennale coton/céréales. L’élevage tant transhumant que sédentaire (surtout les petits ruminants)
occupe une place importante dans la région. Les capacités de charge sont actuellement dépassées. Le
problème de la stagnation et quelquefois de la baisse des rendements du coton et des céréales devient
préoccupant dans ces zones. Le système apparaît fragile en raison de la saturation de l’espace et du
déséquilibre entre apports d’intrants et exportations minérales. Par exemple, les doses de fumure
organique ne dépassent pas 3 tonnes/ha pour le coton alors qu’il est recommandé un apport de
5 tonnes/ha. Les unités de production regroupent plusieurs ménages avec un ensemble de champs
communs et individuels.
B. Plaine du Séno
II.9. Si on suppose que cette zone est constituée des cercles de Bankass et de Koro et de deux
communes du cercle de Douentza, la population atteint environ 407 000 personnes, soit à peu près
40 000 ménages. La superficie est voisine de 25 000 km2. Les unités de production correspondent à
des familles élargies ou individuelles travaillant en commun leurs champs. Cette zone est située entre
le plateau Mossi et celui de Bandiagara. Les sols sont limono–argileux et sablo–limoneux avec une
fertilité naturelle moyenne sous couvert végétal non dégradé. Le climat est du type nord sahélien avec
une pluviométrie de 300 à 450 mm par année (répartie sur deux à trois mois). La principale contrainte
de cette zone vient du déficit hydrique entraîné par le climat; les terres humides occupent seulement
27 pour cent de la superficie et sont constituées par des sols à engorgement saisonnier. La végétation
est caractérisée par certaines espèces pérennes telles que le Combretum glutinosum, le Guiera
senegalensis, ainsi que des espèces annuelles.
II.10. Le système de production est dominé par la culture du mil associé ou non aux légumineuses.
A certains endroits, on rencontre des rotations triennales faisant intervenir d’autres céréales (sorgho)
ou légumineuses (voandzou, arachide, niébé). L’élevage occupe une place importante dans la zone
avec une prépondérance des petits ruminants. Les équipements de travail de la terre sont très limités et
les engrais minéraux peu utilisés. L’emploi du phosphate naturel de Tilemsi est peu connu.
II.11. La baisse des rendements des cultures dans cette zone, observée depuis les années 80,
s’explique par les aléas climatiques et la pression agro–démographique sur les terres. La baisse de la
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pluviométrie affecte les rendements des productions céréalières mais également les pâturages naturels
ce qui entraîne une surexploitation ou une diminution du cheptel. La pression démographique et la
baisse des rendements conduisent à la mise en culture de terres marginales ou à la réduction de la
jachère. Ce raccourcissement de la jachère entraîne une baisse du taux de matière organique donc une
déstructuration des agrégats et une sensibilité plus grande à l’érosion hydrique et éolienne. Or cette
érosion éolienne sur les sols dénudés en saison sèche accentue la perte d’éléments fins, argiles et
limons, qui constituent la base de la fertilité des sols. Il est clair que la durabilité du système de
production du Séno repose sur: (i) la couverture des sols par la végétation, (ii) la restitution régulière
de matières organiques aux zones de cultures, et (iii) la restitution des éléments minéraux évacués par
les récoltes. La pauvreté généralisée des populations rurales et le manque d’appui technologique et
financier à long terme, ne leur permet pas de pratiquer des méthodes de cultures conservatrices de
l’environnement, même si certaines ressources existent dans la zone et pourraient être rationnellement
utilisées (déchets animaux et résidus de culture).
III. JUSTIFICATION
III.1. Ces deux dernières décennies, la croissance de la production de céréales, à l’exception du riz
irrigué, et de la production de coton a été atteinte grâce à une augmentation très forte des superficies
cultivées. Ceci veut dire que les rendements stagnent ou diminuent sur le moyen terme ce qui constitue
un risque majeur, d’autant que les terres cultivables disponibles se font rares dans les zones fortement
peuplées. Le développement de l’agriculture irriguée est une réponse mais l’irrigation n’est pas
possible partout. D’où l’importance de promouvoir une gestion durable des eaux et des sols et la
restauration de la fertilité dans les zones de culture pluviale, dans le souci de maintenir une agriculture
durable et viable. Le maintien et le développement de l’agriculture et de l’élevage sont en effet
essentiels en terme de sécurité alimentaire pour satisfaire les besoins de base de la population locale,
mais aussi importants pour exporter, en cas de situation climatique favorable, les surplus de céréales et
des produits de l’élevage vers les pays déficitaires de la sous–région. Il est de l’intérêt de tous que la
croissance de la production agricole soit durable ce qui nécessite en particulier que la productivité de
la terre, capital de base, soit maintenue et améliorée sur les moyen et long termes.
III.2. Actuellement, on assiste à une situation opposée, avec des rendements stagnants ou en
diminution du fait de la baisse de la fertilité des sols dans de nombreuses zones rurales. En effet, les
sols maliens sont naturellement pauvres ou moyennement pauvres en éléments nutritifs, tandis que
cette fertilité naturelle est gérée de façon très approximative par les exploitants. Il y a deux moyens de
la gérer: (i) la restitution de la fertilité par des jachères plus ou moins longues en relation avec leur
fertilité potentielle; (ii) la restitution de la fertilité par l’utilisation des intrants (matières organiques et
engrais minéraux). Etant donné l’augmentation de la pression agro–démographique sur les terres, le
paysan doit utiliser de plus en plus le second moyen, les terres étant soumises à des jachères de plus en
plus courtes. Si ces moyens ne sont pas utilisés, on assiste à une diminution des rendements par unité
de surface. Par ailleurs, dans les zones sèches, l’irrégularité des pluies et la tendance à leur diminution
ont un impact négatif sur la valorisation des éléments fertilisants par les cultures. On assiste également
à une érosion (hydrique et éolienne) et à une acidification des terres. On estime aujourd’hui que
25 pour cent des superficies de l’ancien bassin cotonnier ne sont plus productives. Des solutions
doivent donc être trouvées rapidement pour améliorer et/ou rétablir la situation.
III.3. Les techniques de fertilisation des cultures, de défense et de conservation des sols et des
eaux existent et sont bien connues. Bien qu’elles aient été testées par de nombreux projets, les moyens
mis en œuvre pour leur diffusion au plus grand nombre et le degré de priorité sans doute insuffisant
accordé à ces actions ont fait que la dégradation des sols n’a pu être arrêtée. Très souvent, les actions
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de protection et de conservation des sols n’étaient pas liées aux actions de production ce qui fait que
les populations ont cessé ces activités à la fin des projets. Il est donc essentiel de mettre en place un
programme spécifique d’investissement et d’actions d’accompagnement étalé sur le moyen terme et
centré sur la gestion rationnelle des sols et des eaux dans les zones retenues comme prioritaires de
l’ancien bassin cotonnier et du Séno. Les relations entre les actions de protection et de génération de
revenu doivent être évidentes non seulement sur le long terme mais surtout sur le court terme.
III.4. Il ne s’agira pas de préconiser une technique spécifique d’agro–foresterie ou de lutte contre
l’érosion ou de proposer l’utilisation raisonnée des engrais mais bien de transformer progressivement
les systèmes de production vers des formes plus intensives et plus stables d’exploitation des sols et des
eaux, avec les populations et les producteurs, en partant d’une analyse diagnostic au niveau des
terroirs, et en mettant en œuvre des solutions techniques appropriées et acceptées par les producteurs
eux–mêmes.
III.5. L’approche à mettre en œuvre pour l’exécution du projet devra comporter les éléments
suivants:
• les priorités des populations seront dégagées sur la base d’un diagnostic participatif au
niveau des terroirs concernés, au cours duquel tous les groupes sociaux seront invités à
participer aux discussions. Les actions du projet devraient s’inscrire dans les Plans
communaux de développement (PCD) existants, qui souvent traitent des questions de
gestion durable des ressources naturelles, compétence confirmée des communes rurales.
Les diagnostics participatifs tiendront également compte des plans de développement
villageois et/ou communautaires éventuellement préparés avec l’appui d’autres projets.
Dans le cas ou ces plans sont inexistants ou trop anciens, le Projet appuiera le processus
de planification participative au niveau des terroirs afin d’insérer les actions retenues dans
un plan de développement communautaire incluant notamment un schéma
d’aménagement pour la gestion intégrée des eaux et des sols et la restauration et le
maintien de la fertilité;
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• une durée d’intervention de minimum 6 ans, adaptée aux enjeux à long terme et à
l’approche participative préconisée; ce premier projet de 6 ans devra être considéré
comme une première phase d’un programme à plus long terme.
IV.2. Objectifs spécifiques. Les objectifs spécifiques du projet sont les suivants:
• identifier avec les populations des actions de conservation des eaux et des sols et de
restauration et de maintien de la fertilité et autres actions d’appui, à travers la préparation
de schémas d’aménagement des terroirs villageois;
• appuyer la mise en œuvre des actions et investissements ainsi identifiés avec la
participation active des producteurs;
• appuyer les producteurs à gérer efficacement la fertilité de leurs terres et à mettre des
systèmes de production durables et économiquement rentables;
• renforcer les capacités des acteurs locaux (producteurs, élus locaux, agents des services
techniques déconcentrées, ONG) en matière de gestion de la fertilité et de gestion durable
des eaux et des sols;
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V. DESCRIPTION DU PROJET
V.1. Le projet proposé, d’une durée de six années, doit être considéré comme une première phase
d’un programme à moyen terme (12 à 15 années) de restauration et de gestion de la fertilité des sols
dans les zones prioritaires du Mali. Le projet serait structuré en quatre composantes:
• Renforcement des capacités des acteurs locaux;
• Appui à la réalisation des schémas d’aménagement;
• Intensification et diversification de la production agricole;
• Coordination et gestion du projet.
V.3. Ce travail de sensibilisation sera assuré: (i) en partie par les agents de la Direction régionale
d’appui au monde rural (DRAMR) à travers les conseillers agricoles spécialisés au niveau des cercles
et les conseillers agricoles polyvalents au niveau des communes. Ce personnel recevra une formation
spécialisée en techniques d’animation et de communication et en gestion des terres et des eaux; (ii) par
un (ou plusieurs) prestataires de services privés (ONG, bureau d’étude, groupes de consultants,
consultants individuels) sélectionné par appel d’offres.
V.4. Etablissement de la situation de référence. En utilisant les travaux réalisés dans le cadre de
la formulation du Plan d’action pour la gestion intégrée de la fertilité des sols, du Programme d’action
national pour la lutte contre la désertification (PAN–LCD)4 et du Plan d’action environnemental, le
projet appuiera la conduite d’une étude pour améliorer la connaissance de la situation de dégradation
de la fertilité et dégager les contraintes et le potentiel des grandes zones prioritaires retenus. Il s’agira
d’actualiser et de compléter les études existantes. Le travail consistera à identifier les formes,
l’importance, les causes et les facteurs de dégradation des sols, analyser l’attitude des producteurs et
évaluer les pratiques actuelles de gestion des sols. Les données de base à collecter comprennent un
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Dans le cadre de la préparation du PAN–LCD, validé en l’an 2000, un énorme travail a été réalisé pour toutes
les régions du Mali.
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V.5. Sélection des sites prioritaires d’intervention. Il ne sera pas possible d’intervenir dans le
cadre de ce projet sur l’ensemble de l’ancien bassin cotonnier et du Séno. Il est essentiel que des sites
prioritaires soient identifiés avec l’ensemble des acteurs (agriculteurs, agro pasteurs, pasteurs) afin de
maximiser l’effet des interventions et d’éviter une dispersion des activités. Les critères d’identification
des sites prioritaires seront les suivants:
• niveau actuel de dégradation permettant une réhabilitation des sites;
• potentiel de régénération des sols entraînant un accroissement de la production;
• priorité dégagée dans le plan de développement communautaire dans le domaine de la
gestion des terres;
• demande formelle d’intervention du groupement paysan ou de la collectivité locale suite à
la campagne de sensibilisation et d’information;
• modification des usages fonciers par les communautés, par exemple la suppression de la
vaine pâture (accès libre du bétail après la récolte) et l’encouragement à l’élevage
sédentaire.
V.7. Animation et appui technique. Comme indiqué ci–dessus, l’élaboration des DPP et des
schémas d’aménagement sera appuyée par des prestataires de services spécialisés. De manière
générale, ceux–ci seront chargés de l’animation et de l’appui technique aux communautés, du suivi de
la mise en œuvre des schémas d’aménagement, en liaison bien sûr avec les services techniques
déconcentrés. Les prestataires retenus mettront en place des équipes d’animateurs techniques sur le
terrain, équipés de motos. Le projet financera les coûts de ces prestations (salaires et frais de
déplacement des animateurs, acquisition et frais de fonctionnement des moyens de déplacement,
encadrement des animateurs, frais de fonctionnement divers, etc.).
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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
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V.8. Le projet collaborera également avec les agents d’encadrement du ministère de l’agriculture
en poste dans la zone d’intervention. Une convention de partenariat sera passée avec la DRAMR
précisant l’appui technique et financier du projet et les engagements des services de vulgarisation
concernant le nombre d’agents, les programmes et les méthodes de travail. La formation des
conseillers agricoles au niveau cercle et commune ne sera pas limitée aux aspects techniques mais
concernera les aspects de sensibilisation, d’animation et de communication avec les producteurs et les
groupements paysans. Il ne s’agira plus d’encadrement vertical mais d’appui–conseil aux producteurs.
V.9. Les domaines abordés dans le cadre de l’appui–conseil seront agréés entre les animateurs du
prestataire de services (et les conseillers agricoles de l’administration) et les exploitants; ils
concerneront l’exploitation dans sa globalité c’est–à–dire les aspects techniques des aménagements et
les aspects socio–économiques de gestion des exploitations. Les démonstrations sur les exploitations
seront encouragées.
V.10. Formation des producteurs et des élus locaux. L’approche du projet repose sur la prise en
charge de la restauration de la fertilité des sols et d’une manière plus générale de l’exploitation et de la
gestion des ressources naturelles par les organisations paysannes en liaison avec les collectivités
locales. Or, on constate que ces organisations possèdent des capacités limitées dans ce domaine. Il est
donc essentiel que les organisations de producteurs, les comités de gestion des équipements et les
collectivités locales bénéficient d’appui et de formation afin de pouvoir gérer de manière concertée et
durable les terres et les eaux. Au niveau des OP, les actions de formation cibleront un nombre
minimum de membres; ces derniers devront s’engager à démultiplier la formation reçue auprès des
autres membres de leur OP. La formation des OP portera par exemple sur la structuration des
organisations (rôle des membres, élaboration des statuts et règlements intérieurs, tenue de réunions,
gestion des conflits, organisation et gestion des organisations), la tenue d’une comptabilité simplifiée,
la gestion financière, les négociations interprofessionnelles, la réalisation des travaux de conservation
des eaux et des sols, le gestion de la fertilité, l’entretien des équipements et infrastructures collectifs. Il
est prévu un programme de visites d’échanges d’expériences et de rencontres avec d’autres OP ayant
mis en place des aménagements de ce type, dans le pays ou dans un pays voisin.
V.11. Ces formations seront réalisés par des prestataires spécialisés dans le cadre de contrats passés
avec le projet (consultants individuels, bureaux d’études, ONG, services techniques dans certains cas,
service formation de l’Association permanente des chambres d’agriculture du Mali – APCAM), en
étroite concertation avec les chambres régionales d’agriculture et les fédérations d’OP (par exemple le
Syndicat des producteurs de coton et vivriers) et sous la supervision du prestataire de service principal
chargé de l’animation. Des accords seront également recherchés dans ce domaine de la formation avec
des projets en cours (notamment le PASAOP et les projets financés par la coopération décentralisée)
ou les ONG intervenant dans les zones ciblées.
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V.14. Compte tenu de l’approche participative du projet, basée sur la consultation locale et la
participation active des producteurs, il est impossible de connaître avec précision l’éventail des
activités et investissements qui seront appuyés par le projet, leur ampleur et leur localisation. Par
définition, ces éléments seront connus au moment de l’exécution du projet, année après année. On peut
toutefois présenter ci–dessous les aménagements possibles et les pratiques de gestion des sols qui
seront proposés aux exploitants dans le cadre du projet. Pour l’estimation des coûts, des enveloppes
budgétaires globales par activités principales ont été estimées. Les détails du calcul sont présentés à
l’Annexe. Ils devront être revus au moment de la formulation détaillée du projet.
V.15. Aménagements des parcelles individuelles. Concernant les parcelles individuelles, les
activités de conservation des eaux et des sols et de restauration de la fertilité qui pourraient être
menées sont de plusieurs types:
V.16. Aménagement des terroirs collectifs. Concernant les espaces communautaires, on pourra
envisager des boisements de protection sur les crêtes dénudées pour atténuer l’effet de ruissellement,
des boisements de production sur les terres à vocation non agricole, la protection des chemins et pistes
rurales, des pare–feu, et le traitement des ravines (comblement, seuils déversoirs), la re–végétalisation
des têtes de source.
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villageois pour l’alimentation en eau des villageois, de puits pour le maraîchage ou pour des pépinières
d’agro foresterie, de puits pastoraux pour le bétail. Ces ouvrages seront réalisés par des tacherons sur
appel d’offres.
V.18. Infrastructures d’accès aux marchés. L’accès aux marchés pourrait être une contrainte qui
ressortira des diagnostics participatifs. En fonction des besoins et des demandes des populations, et en
complémentarité avec les activités prévus par les autres projets, il pourra donc être envisagé
l’amélioration de pistes de désenclavement et la construction d’ouvrages de franchissement. Ces
travaux seront réalisés par des entreprises locales sur appels d’offres.
V.20. Mise en place de boutiques d’intrants. Le projet apportera un appui aux groupements de
producteurs pour la création de dépôts vente d’intrants et de petits équipements agricoles en finançant
un fonds de roulement pour l’achat des produits et en les mettant en contact avec des importateurs ou
des organisations professionnelles. Les groupements devront faire la demande et fournir le local de
stockage.
V.21. Appui aux institutions de microfinance. Le projet apportera un appui aux réseaux de caisses
d’épargne et de crédit déjà implantés dans les deux zones d’intervention. Il s’agit de faciliter
l’extension de ces caisses en finançant l’implantation de nouvelles caisses. Le projet prendra en charge
la construction des bâtiments, l’achat des équipements et matériels, la formation des élus et des gérants
et caissiers, et le déficit d’exploitation des premières années des nouvelles caisses pour notamment
couvrir les frais d’appui technique et de supervision et d’audit externe. Le réseau, après analyse de la
situation, choisira la localisation des nouvelles caisses. Il pourra être envisagé, si les membres des
caisses en font la demande, la création de bureaux satellites des caisses afin de permettre d’accroître la
zone d’intervention des caisses. Un appui pourra être également apporté à la mise en place de
groupements féminins de crédit dans le cadre d’une caisse. Ces aspects seront développés au cours de
la formulation du projet.
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• zéro labour: technique simple de protection des terres agricoles basée sur une couverture
permanente du sol par une plante ou par des résidus de récolte. Ceci permet de réduire
l’érosion et la perte d’eau par ruissellement et évaporation, et favorise la production de
matière organique;
• jachère améliorée avec des légumineuses herbacées en vue de réduire le temps d’attente
pour la reconstitution de la fertilité du sol;
• utilisation de ressources locales tels que le phosphate naturel de Tilemsi (PNT), le gypse
etc.;
V.23. Ces thèmes de recherche ne sont pas limitatifs et d’autres techniques pourront être étudiées
en fonction des besoins exprimés par les producteurs ou identifiés par les spécialistes en conseil
technique. Une enveloppe a été retenue au niveau du projet pour le financement de ces activités. Le
choix sera effectué par le projet et le Comité national de recherche agricole (CNRA); l’opérateur
pourra être l’IER ou tout autre centre de recherche.
V.24. Diversification des productions. Le projet appuiera les microprojets d’activités génératrices
de revenus permettant une diversification des productions agricoles et des revenus, proposés par des
groupements et OP lors des DPP, et intégrés au schéma d’aménagement. Ces activités cibleront en
particulier les groupes les plus démunis (femmes. Agriculteurs marginaux). Cela pourrait être des
activités de petit élevage intensif, de transformation des produits, etc. Le projet financera ces
microprojets sur la base de subventions à coûts partagés avec leurs promoteurs. Dans la mesure du
possible, les institutions de financement en milieu rural (IMF, BNDA) seront associés et
accompagneront le développement ultérieur de ces microprojets/microentreprises, qui visent une
certaine rentabilité, à travers des crédits, notamment pour financer les besoins en fonds de roulement.
V.26. Etant donné l’importance des activités de suivi évaluation pour mesurer l’impact des
techniques tant au niveau du projet qu’au niveau des exploitants, une provision est prévue pour
effectuer des enquêtes et analyses et recruter des consultants à court terme si cela est nécessaire au
cours du projet. La mise en œuvre des activités sera confiée à des opérateurs (institutions étatiques ou
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privés) par appels d’offres national ou appels d’offres restreint. Le rôle de la Cellule et des antennes
sera de préparer les appels d’offres, faire le choix des opérateurs, assurer le suivi et l’évaluation des
activités, assurer l’organisation des activités et la gestion des fonds du Projet.
VI.1. Le coût de base du projet est estimé à 5,05 milliards de FCFA (soit 9,6 millions de $EU au
taux de 1 $EU = 525 FCFA), auquel il faut ajouter les imprévus physiques et provisions pour hausses
des prix, estimés à 15 pour cent, pour atteindre un coût total du projet de 5,81 milliards de FCFA (soit
11,07 millions de $EU).
VI.2. Ce sont des estimations préliminaires qui devront être affinées au cours de la formulation du
projet. Le détail des coûts est présenté à l’Annexe. La répartition des coûts par composante et sous–
composante est présentée dans le tableau ci–dessous:
VI.3. Les actions d’appui à la conservation des eaux et des sols et autres travaux d’aménagement
réalisés dans le cadre de la mise en œuvre des schémas d’aménagement décidés avec les paysans
représentent, logiquement, l’essentiel des coûts du projet (51 pour cent du total). Le renforcement des
capacités des acteurs locaux compte pour 16 pour cent des coûts, l’intensification et la diversification
des productions pour 14 pour cent, et la coordination et la gestion du projet 18 pour cent des coûts
totaux.
VI.4. Les travaux à réaliser sont généralement de petite envergure et font peu appel à des
équipements lourds importés mais surtout à de la main d’œuvre et des matériaux locaux; en
conséquence la part de devises étrangères dans les coûts de ces aménagements restera faible. Sur la
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base d’hypothèses quant à la part des coûts en devises dans les différentes composantes (cf. tableau 4
de l’Annexe), la part en devises étrangères dans les coûts totaux du projet a été estimée à l’équivalent
de 1,8 million de $EU, soit 16 pour cent du total des coûts.
VII.1. La répartition du financement sera établie en fonction du bailleur de fonds intéressé et sera
discutée au cours de la formulation avec les autorités nationales et les bénéficiaires. A ce stade, les
suggestions sur les possibilités de financement sont les suivantes:
• le gouvernement financerait principalement les taxes (dont le montant est estimé dans le
tableau 1 de l’Annexe);
VII.2. Sur la base de ces hypothèses, le bailleur de fonds financerait 80 pour cent des coûts du
projet, à hauteur de 4,6 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 8,9 millions de $EU, les bénéficiaires
contribueraient l’équivalent de 615 millions de FCFA (11 pour cent du total), et le gouvernement
apporterait 544 millions de FCFA (9 pour cent des coûts totaux).
VIII.1. Les activités du projet entraîneront une prise de conscience et la responsabilisation des
populations en matière de gestion rationnelle des eaux et des sols. Elles contribueront à l’amélioration
de l’environnement par la gestion conservatoire des terres. Le projet permettra l’augmentation de la
fertilité des sols et l’évolution progressive des systèmes de production vers une forme plus intensive et
plus durable d’exploitation des ressources en eaux et en sols. Le projet facilitera également la
limitation de la divagation du bétail local et la réglementation du passage des animaux transhumants.
VIII.2. Il est délicat d’estimer de manière quantitative l’impact de la dégradation des sols sur la
production des principales cultures du fait de l’absence de données chiffrées. De plus, plusieurs
facteurs tels que le climat ou les techniques culturales ont un impact sur le rendement des cultures. La
connaissance de l’influence de la dégradation des sols sur les cultures nécessitera le suivi agro
économique d’exploitations représentatives des différentes sous zones et des systèmes de production.
Ceci est prévu dans le cadre du suivi évaluation du présent projet. Au cours de la formulation du
projet, les bénéfices attendus pourront être évalués en utilisant les résultats d’enquêtes et de suivi
agronomique de projets semblables de la sous région.
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IX.1. Général. Le projet disposera d’un comité de pilotage, d’une cellule légère de coordination à
San ou Koutiala, d’antennes de mise en œuvre et d’instances de concertation au niveau des deux zones
d’interventions. Le projet travaillera le plus possible avec les organisations paysannes, les
organisations d’éleveurs et les collectivités locales afin de répondre à la demande et faciliter la
durabilité des activités.
IX.2. Comité de pilotage. Le maître d’ouvrage sera le Ministère de l’agriculture qui mettra en
place un comité de pilotage afin de coordonner et suivre les activités du projet. Ce comité examinera
les programmes de travail et des budgets annuels ainsi que les rapports d’activités techniques et
financiers du projet. Son rôle sera de superviser l’exécution des différentes activités du projet, et de
régler tout problème d’ordre interministériel. Présidé par le Directeur national de la DNAMR
(Ministère de l’agriculture), ce comité comprendra des représentants des ministères et institutions
concernés par les actions du projet, en particulier des représentants des organisation paysannes et des
chambres d’agriculture des deux zones du projet. Le comité de pilotage se réunirait au moins une fois
par année.
IX.4. Antennes de zones. Elles seront installées au niveau des DRAMR et seront chargées de la
mise en œuvre des activités sur la base des budgets et des programmes annuels préparés avec l’appui
de la cellule et approuvés par le comité de pilotage. Les deux antennes auront une fonction essentielle
d’information, de dialogue et de concertation avec les organisations paysannes et d’éleveurs, les
organisations professionnelles, les collectivités locales et les prestataires de services en particulier
pour la préparation et le suivi de l’exécution des programmes de travail.
IX.6. Prestations de services. Le projet utilisera, le plus possible, des prestataires de services
contractuels afin de réduire les besoins en personnel et faciliter la prise en charge des activités par les
comités d’usagers, les organisations professionnelles et les services techniques. Il s’agira d’opérateurs
publics tels que la DRAMR, l’IER et d’opérateurs privés tels que des bureaux d’études, des ONG, des
tacherons, des entreprises de génie civil, des réseaux de caisses d’épargne et de crédit.
IX.7. Travaux d’aménagement. Dans le cas des espaces communautaires et autres infrastructures
collectives, les populations bénéficiaires devront constituer un comité d’usagers, responsable de la
participation à l’aménagement, du suivi et de l’entretien. Les producteurs seront responsables des
travaux sur les parcelles et participeront aux aménagements sur les espaces communautaires. De
manière générale, les obligations de chaque partie seront formalisées dans le cadre d’un contrat
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d’aménagement entre les producteurs et le projet. Pour mener ces activités et réaliser ces travaux, les
producteurs seront encadrés par des prestataires de services (opérateurs techniques) recrutés par le
projet par appel d’offres. Les études techniques et les travaux importants seront réalisés par des
bureaux d’études et des tâcherons ou entreprises.
IX.8. Suivi et évaluation. Il permettra au niveau du projet de mesurer l’avancement des travaux et
l’impact des activités mises en œuvre et par conséquent de les modifier et de les adapter aux
différentes caractéristiques des localisations prioritaires. Ceci permettra également d’évaluer
l’acceptabilité et l’augmentation de revenu des producteurs.
X.1. Le projet sera mis en œuvre par des spécialistes recrutés sur le marché local, par des
prestataires de services publics et privés et par les organisations paysannes et professionnelles. Le
recours à l’assistance technique à long terme n’apparaît pas nécessaire pour l’exécution des différentes
activités. Par contre, le projet devra faire appel à des consultants internationaux et nationaux
spécialisés pour des missions de courte durée en appui à la mise en œuvre du projet, concernant par
exemple la mise en place du système de gestion comptable et financière informatisé, celle du dispositif
de suivi–évaluation, les audits des comptes financiers du projet, des évaluations thématiques, des
appuis méthodologiques divers, etc.
XI.1. Les points suivants devront être analysés au cours de la formulation du projet:
• le projet fera appel à de nombreux prestataires de services tant publics que privés pour la
mise en œuvre des différentes actions. Il conviendra de confirmer la disponibilité et la
volonté de collaborer de ces prestataires dans le cadre de contrats de services;
• étant donné les nombreux intervenants actuels dans les deux zones du projet, il sera
nécessaire de coordonner étroitement et d’harmoniser les approches et les différentes
activités afin d’éviter les doubles emploi et des stratégies différentes au niveau des
producteurs;
• le personnel devra être recruté sur le marché du travail dans le cadre d’une procédure
d’appel d’offres.
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XII.1. Mise en œuvre de l’approche participative. Le projet proposé place les producteurs au
centre des décisions et leur confie l’exécution de la plupart des activités. Ceci est différent des
anciennes approches où le projet mettait directement en œuvre les principales actions. Il se peut que
cette nouvelle approche demande du temps à se mettre en place, car elle implique un changement de
mentalité des exploitants qui doivent réaliser que l’Etat ne prend pas tout en charge. Il pourrait en
résulter un ralentissement du rythme d’exécution du projet. C’est pour cette raison que le projet
attache une grande importance à la sensibilisation, à l’information, à l’animation et à la formation des
organisations de producteurs tout au long du déroulement du projet.
XII.2. Nouvelles technologies. Les différentes techniques de restauration de la fertilité des sols
proposées aux producteurs ne sont pas toutes actuellement mises en application. On peut facilement
anticiper de la lenteur et de la prudence de la part des producteurs à adopter ces nouvelles techniques.
De plus il faut ajouter que plusieurs de ces techniques ont des impacts différés dans le temps. C’est
pour ces raisons que le projet comporte un important volet formation et conseil technique afin de
vulgariser rapidement ces aménagements et ces pratiques culturales. Il sera également important pour
le projet de proposer un ensemble d’aménagements possédant à la fois des impacts à court et à moyen
terme. Les producteurs devront bénéficier en même temps d’un appui du projet pour l’intensification
et la diversification des productions actuelles.
XII.4. Qualité et disponibilité des prestataires de services contractuels. Une grande partie des
activités sera sous–traitée à des opérateurs publics et privés (bureaux d’études, ONG, tacherons,
petites entreprises). Etant donné que de nombreux projets font appel aux mêmes opérateurs, il existe
un risque que les prestataires compétents ne soient pas suffisamment disponibles ou que ceux
disponibles ne possèdent pas l’expérience nécessaire. C’est pour cette raison que des formations sont
prévues, au début du projet, afin que ces prestataires disposent de toutes les qualifications nécessaires.
XII.5. Compétences des organisations de producteurs et des communes. Il est clair que les
aménagements de parcelles seront mis en œuvre par les producteurs eux–mêmes et leurs organisations.
Cependant, les communes sont maintenant responsables de la gestion de l’espace rural et, à ce titre,
sont concernées par les aménagements d’intérêt commun tels que les boisements, les pistes, l’eau
potable, les couloirs de transhumance, le règlement de la vaine pâture, etc. Il existe un risque que les
communes nouvellement investies de responsabilités dans le cadre de la décentralisation ne soient pas
totalement intégrées au processus de décisions. Pour réduire ce risque, le projet mettra en place des
instances de concertation afin d’associer tous les acteurs à l’exécution du projet.
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