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(ÔLONIALE-
ILLUSTRÉE
DIRECTEUR :
J.-Paul Trouillet

Plantations de Caoutchoucs en Cochinchine !


1

ET DE COCOTIERS

RÉDACTION ET ADMINISTRATION : 19, Rue Saint-Georges, Paris (IXe)


ABONNEMENTS : France... Un an 18 fr. — Colonies... Un an 22 If. — Etranger... Un an 25 fr.

Vente du Numéro dans nos Bureaux, Kiosques, Dépôts. — France : 0.75. — Par poste : i franc

- ,„|f
Étranger: i franc. — Par poste : i fr. 25.
....
La Dépêche Coloniale
ILLUSTRÉE
31 Janvier 1912 (12e Année, No 2)
Adresse télégraphique : Déponiale-Paris Directeur: J.-PAUL THOUIHiLET Bureaux :
19, Rue Saint-Georges, Paris

Plantations de Caoutchoucs en Cochinchine


Code français : AZ. Téléphone: 157-47

et de COCOTIERS
OXFÉRENCE Coloniale
faiite à la LI(liie mal armées, mais qui se défendirent avec hé- même mortellement frappé. Son corps fut re-
Française, sous la présidence de M. le roïsme. cueilli par ses soldats ,et enseveli en grandes pom-
sénateur Saint-Germain par M. André Bien avant la conquête, l'énergie française s'é- pes. Les Annamites réservèrent à son image une
Cremazy, le saniedi 23 décembre 1911. tait ,lra:rgement dépensée dans les pays de l'An- niche dans la pagode des Mares près de Saigon ;
nam. Dès le XVIIe siècle, l'empereur d'Annam avant d'aller à la bataille Les soldats d'Annam
avait attiré à sa cour des 'ingénieurs, médecins, venaient sacrifier aux mânes de ce Français et
marins français ; des évêques des Missions étran- leur demander du courage et de la bravoure. Celle
Monsieur le Président, gères se montrèrent de fins, diplomates et contre- pagode qui fuit un des centres de la résistance
balancèrent avec succès l'influence espagnole et au moment de notre débarquement fut détruite par
Mesdames, portugaise. De toutes les figures françaises de ces nos soldats dans l'ignorance de l'histoire de ce
temps éloignés une se détache, simple et modeste héros obscur ; c'est plus tard lorsqu'Aubaret, lieu-
par son origine, mais combien glorieuse par la tenant de vaisseau, traduisit le livre de l'histo-
Messieurs, grandeur de: son épopée ; je veux parler du ma- rien annamite Trang-Due-Hoi qu'elle leur fut ré-
rin Ma-Xo-E dont le courage fut. remarqué par vélée ; Manoë ou Manoel était un simple marin
C'est avec empressement que j'ai défère au dé- l'empereur Gi&long et nommé par lui amiral de breton.
sir exprimé par l'honorable M. Trouillet, direc- toutes ses flottes' ; il vainquit à plusieurs reprises, Pendant ta conquête française qui dura plusieurs
teur de La Dél)i,,cite Coloniale de 1111e voir faire une dans des rencontres sur mer ou sur les fleuves, années, le paysan annamite abandonna s,es ri-
conférence s-ur la Cochinchine française et spé- les escadrilles des rebelles qui voulaient détrô- zièrels, se cacha dans les forêts non loin des fron-
cialement sur 'les plantations de caoutchouc» et ner l'empereur. Mais il fut rencontré dans la ri- tières de l'Annam pour échapper aux fureurs de
de cocotiers dans ce pays ; je crois de mon devoir, vière de Saigon par les re.be.lles on forces bien l'a guerre. Y'ers 1866, il revint; lie gouvernement
en effet, de faire connaître, par tous les moyens en supérieures ; il accepta la lutte ; voyant qu'dl al- français revisa les rôles fonciers annamites, qui
mon pouvoir, les inépuisa'bles ressources de notre lait succomber sous le nombre, il attendit sur son étalent loin d'être mal tenus, surtout du temps
belle colonie ; mais il m'est particulièrement navire -de pied ferme les 'assaillants ; il en tua de l'empereur Minh-Mang, réunit aux cultivateurs
agréable ce soir de prendre la parole devant lies de Isa main un grand nombre avant d'être lui- des titres de propriété. Depuis, débarrassés du
représentants cie la joug de leurs manda-
Ligue Coloniale Fran- rins, protégés effica-
çaise dont le prési- cement par les auto-
dent, 1\1. Etienne, est rités françaises, tra-
en quelque sorte la vaillant avec la cer-
personnification de 1111 titude de voir leur ré-
France coloniale ré- colte leur apparte-
publicaine. Je remer- nir, ils développèrent
cie, d'autre part, leurs travaux de dé-
l'honorable M. Sa'int- frichement d'une fa-
Germain dei l'hon- çon telle que nous
neur qu'il me fait en avons aujourd'hui
p rés id a nt cette c on - une Cochinchiine C'D-
férence et je suis pable d'exporter onze
sensible aux paroles cent mille tonnes do
de bienvenue et d'in- riz par an. Il y a de
t.roduetion auprès de très grandes fortunes
vous, qu'il a bien annamites en Cocllin-
voulu prononcer en chine toutes nées de
ma faveur. la culture du riz et
Les explications du prêt sur récoltes
qui vont suivre au- de cette denrée.
ront comme seul mé- L'Annamite de Co-
rite de vous être four- chinchine a été bien
nies par un Coch in- dépeint par le ma.n-
chinois qui a vingt- darin Trnlng-Dnc-Hoi,
troi.s ans de colonie, que je viens de ci-
qui y a fondé la pre- ter et qui a fait l'his-
mière société caout- loire, la géographie
choutière et qui est de la Cochinchine et
loin d'être mécontent une étude de moeurs
des résultats obtenus sur ce pays ; il est
par lui dans cette intelligent, très fin,
culture. Irès gouailleur, peut-
La Cochinchine, être un peu léger,
conquise par nos ar- très malléable, très
mes, nous appartient observateur, très sus-
depuis plus de cin- ceptible, assimilable
quante ans la pé-

par degrés et sans
riode de la conquête brusquerie, ayant le
fut marquée par de sens de la hiérarchie
nombreux 81t brillants et le respect de l'au-
exploits de nos va- torité. Il respecte
leureux soldats ; ils l'Européen qui parle 4

eurent à lutter con- sa langue, mais il


tre des troupes anna- méprise nos compa-
mites, mal exercées, Iriotes qui, en lui
parlant, ne se servent pas des dénominations spé- tée d'une façon vraiment sérieuse vers la culture [orte proportion à la consommation mondiale du
ciales auxquelles il a droit de par son rang so- de Yllevea brasiliensis qui fait l'objet principal iaoutchouc. En 1908, fut formée urne autre so-
cial, ses fonctions ou son âge. Sa religion est ba- de ma conférenee et que je vais traiter devant ciété anonyme dans la province de Thudaumot :
sée sur le culte de ses morts. Tel est en peu de vnnc: mpscipnrs f:Ti vous demandant l'autorisa- a société des hévéas de Xa-Trach ; les heveas y
tion de ne pas tinrent avec la même vigueur. Dès lors, le mou-
aborder les pro- vement était donne ; de nombreux colons se mi-
blèmes techniques rent à planter cet arbre à caoutchouc, de nouvel-
concernant la es sociétés anonymes se fondèrent, des Anna-
plantation des ar- ïut.es eux-mêmes ont suivi l'exemple des Euro-
bres caoutchouci- pÉ-ens, de telle sorte qu'actuellement l'on peut
fères, la saignée •valuer à plus de 2.500.000 le nombre d'heveas
de ces arbres et ilantés eii Cochinchine ; le chiffre officiel était de
la préparation du i.700.000 arbres à la fin de l'année dernière. En
latex, questions \nnam, à Suoi-Giao, le Dr Yorsin de l'Institut
qui ne seraient 3asteur avait antérieurement commencé une
pas d'abord inté- plantation du même genre avec un plein
ressantes pour succès.
vous et qui échap- Tout cela démontre, messieurs, que Yllevea
pent ensuite à ma )rasiliensis a trouvé son habitat d'élection en
compétence. Cochinchine ; il est acquis qu'il pousse à l'île de
3huquoc, dépendant de la province d'Hatien dans
La Cochinchine
e golfe de Siam, qu'il vient en An.nam dans les
a exporté depuis mrties près de la mer jusqu'à Quinhon, région
une dizaine d'an- lU'il ne peut dépasser.
nées du caout- On avait prétendu, cependant, dans certains
chouc de lianes, nilieux — et surtout chez nos voisins à Singa-
préparé par des
)ore — que l'IIevea briasiliensis ne devait pas
moyens primitifs 'éussir en Cochinchine ; « vous avez, disait-on de
par les indigènes lous, une saison sèche de six mois qui nuira à
qui le recueillent
/os arbres, tandis qu'à Singapore que vous voulez
en forêt et le ven- miter, il pleut toute l'année ». Il est exact, en
ripmt.nnv Rnnn- -ffet, que la Cochinchine a une saison sèche de
mots l'homme auquel aura affaire le planteur péens des centres ; ce caoutchouc vient du Laos, "rès de six mois, -de novembre à avril, mais, par
français qui veut s'occuper de la culture du riz, de l'Annam et du Tonkin et se vend sur les mar- contre, pendant les six mois de pluie, il y tombe
du caoutchouc ou d'autres plantes. A vrai dire, chés européens sous le nom de
le Français n'a pas, en général, réussi dans colle « TŒlkin ». La Cochinchine ne
du riz qui présente pour Imi de très grandes dif- possède pas de ces lianes ; le
ficultés. 11 y a à citer cependant deux colons qui caoutchouc qui depuis deux ans
ont réussi à mettre en cultures plusieurs milliers environ a été produit par elle,
d'hectares. L'un d'entre eux a fait venir, après est du caoutchouc tiré de l'Ile-
avoir réussi lui-même, plusieurs de ses compa- vea brasiliensis (Para Rubber).
triotes, les a installés, lieur a fait des avances et Cet arbre s'y est bien accli-
aujourd'hui l'on voit dans la province de Soctiang maté. L'administration locale
une dizaine de Français au milieu des rizières, vi- fut 1<1 première à en essayer la
vant en bonne intelligence avec les Annamites ai- culture dans le jardin d'essais
més et respectés d'eux. de Ong-Yem (ptfovinüe de Thu-
Les Français ont laissé les Chinois s'emparer daumot) à 50 kilomètres de
de l'industrie de la décortiquerie du riz ; toutes Saïgon. Un colon, M. Bell an
les usines sont entre leurs mains sauf deux d'en- suivit cet exemple e.t planta
tre elles qui appartiennent à des Allemands ou quinze mille arbres dans une
sont dirigées par eux. Nous ne nous sommes pas propriété à un quart d'heure de
occupés des industries transformant les produits la, ville de Saïgon ; il obtint des
de ce sol merveilleux de la Cochinchine ; nous résultats magnifiques et se fit
n'avons ni féculerie, ni sucrerie, alors que nous cent mille francs de revenus à
trouverions en Chine tout l'écoulement de notre sa deuxième année de récolte.
sucre, ni usine à travailler la fibre du cocotier, ni Beaucoup de colons se laissè-
fabrique de conserves d'ananas, ni fabrique de rent tenter par cet alléchant
tabac, tandis qu'à Java, Sumatra, Singapore, nos succès ; en 1907, une société
voisins ont fondé des manufactures de ce genre, anonyme se fonda sur la ligne du chemin de fer autant de pluie que pendant toute l'année à Sin-
et cependant, messieurs, la Cochinchine produit Saïgon-Phanliet, tronçon du grand Indo-Chinois gapore.
D'autre part, ce serait une erreur de croire que
pendant la saison dite sèche il ne pleuve pas du
tout ; il y a souvent des « grains » qui suffisent
à conserver à l'Ilevea brasiliensis l'humidité et
la fraîcheur qui lui plaisent tant. Et, de plus, cette
saison sèche, que l'on a tant décriée, a pour effet
inattendu d'empêcher le développement des cham-
pignons ou fungi, si funestes aux arbres dans les
pays toujours humides comme Singa'pore. Il n'y
a pas de maladie connue de l'hevea en Cochin-
chine, aucun de nos arbres n'est atteint. Nous ne
connaissons pas, fort heureusement pour nous, le
terrible « root l'ungus », champignon qui s'atta-
que aux racines des arbres et pour la destruction
duquel un prix de 50.000 piastres a été voté par
les planteurs de Malaisie au profit de l'inventeur
d'une médication efficace. A cet égard même, le
voisinage de Singapore pouvait constituer pour
nos cultures caoutchoutièreis un sérieux danger ;
on pouvait craindre la contamination de nos plan-
tations par les arbustes importés de Singapore :
nous devons rendre hommage à la sagesse des a'u-
torités locales de Cochinchine qui ont interdit,
pour prévenir ce danger, l'importation des plants
du caoutchouc venant de Singapore.
Cette question de saison sèche semble encore
préoccuper beaucoup de gens. Dans une confé-
rence que j'ai eu l'occasion de faire à l'Agricul-
tural Hall pendant l'Exposition Internationale du
Caoutchouc à Lon/Ires en juiLlet 1911, on m'a fait
la même objection ; c'était un point capital ; le
le cocotier, la canne à sucre qui en est originaire, pour la culture de l'Ilevea bi-asiliensis ; les ar- président de ma conférence, le Dr Torrey, fut
le manioc, 1re tabac et l'ananas avec des rende- bres poussèrent avec la même régularité que dans étonné lui-même de l.a réponse que j'avais faite
ments peut-être plus avantageux que dans lies les Straits Settlements, pays renommé par ses à l'objection présentée ; il est intéressant de vous
pays ci-dessus. L'activité de nos colons s'est por- immenses plantations qui contribuent dans une reproduire, messieurs, textuellement ses observa-
LA DEPECHE COLONIALE ILLUSTREE 17

tiens : « 1 aim sure wc h ave ail enjoyed this paper The highest possible n.umber of points that parties basses où se trouvent les rizières riches ;
very mueh an d ex t en d our warm tbanks to the could be obtained was 100, and the total number on y voit certains exhaussements appelés
lecturer for il. He speaks of it being unknown to s.ecured by the winner of the i( India Rubber Jour- « giongs » où Les indigènes
construisent, leurs mai-
Englishmern, 1 do n.ot think any one could bave nal » Shield, was 96 points. sons d'habitation. C'est la partie en blanc de la
been more densoly ignorant of it than 1 was. 1 1 herewith give you tbe complété lVIanufactu- carte qui est sous nos yeux ; i.l y a des terres un
had no idea rubber was produced in Cochincbina rer ' test : peu pins élevées où croît également le riz mais
and 1 think tlie manner in which Mr. Gremazv « In respect to strength, the
figures are as qui donne des rendements inférieurs ; par co'nt.re,
bas put before us lhe remarkable resources of cecdingly satisfactory in cure with a standard dans la saison sèche, les indigènes utilisent ces
the country is wortliv of our warmest tlwnks. mixing composed of 50 0/0 zinc oxide, 3 0/0 sul- terres et y plantent du tabac, du maïs et certains
It is evident1y a country open to enterprise to a phur and, 47 0/0 India rubber in the a.vera.ge time légumes. Il y a enfin des terres qui ne sont pas
remarkable degree and 1 think the point a bout of 1 1/4 hours at 280° F. inondées pendant la saison des pluies, ce sont
the climate is a verij strong one ind.eei We bave « In respect to sÍrcnglb, the figures are as
les parties rouges et grises de la, carte ; c'est dans
a.Irea.dy heard, to-clny in one lecture about the ef- follows : ces terres que pousse Fflevea brasiliensis. Les
fecls of long dry seasons free from rainfall upon arbres plantés dans les terres grises comme dans
[ungoid gi-oi.vtii.s and therefore tbe lecturer'® re- Tensile Strength test les terres rouges ont fort bel aspect. Dos discus-
marks on this point are particularly impressive.
1/')" v l/'i.'' v q'"
between grips
J.<V -»/* Extension Strain
IV
Stress Set sions se sont quelquefois produites sur le point de
1 assure you that the question of the dise a ses of
savoir si les terres grises valaient les terres rou-
rubber tIlees due to fungoid growt.hs is one of the 25 kilos 8 J/2" 4 1/16" 4.\0 Ibs 0 ges pour la croissance de l'hevea ; l'on peut dire
vorv great questions of the day and a very serious
l'est of Fine lIard Para
27 kilos 9 3/4" 4 7/8" 470.2 Ibs 0 que les résultats définitifs obtenus jusqu'à pré-
one ; accordingly we must agree that the clima-
......... sent l'ont été dans les terres grises. Ong-Yem et
tic conditions hère, if tbe statements are based This should ple a se tbe Governor General as iL la propriété Belland, dont je vous parlais tout a
llpon actual observations, are very remarkable. » shows the good quality of the rubber produced l'heure et qui ont donné un excellent caoutchouc,
(Extrait de the Rubbe.r Industry, page 86). in Indo-Chine. sont situées en terres grises. Les terres rouges

(Traduction.)
Je suis sûr que vous vous êtes beaucoup intéressés à
cet te conférenceet que je puis adresser mes vifs remercie-
ments au conférencier. Il parle de ce qui est inconnu des
Anglais. Je ne pense pas que quelqu'un puisse avoir été
aussi ignorant que moi-même en ces matières. Je n'avais
aucune idée que le caoutchouc pût être produit en Co-
eluncliine et je pense que la façon dont M. Crémazy nous
a montré les remarquables ressources de ce pays mérite
nos plus chauds remerciements. C'est évidemment un
pays ouvert aux entreprises à un remarquable degré et
j'estime que le point concernant le climat est en effet
très important. Nous avons déjà entendu parler dans
une conférence aujourd'hui des effets des longues sai-
sons sèches sans pluie sur le développement des fungi
t'l, dès lors, les remarques du conférencier sur ce point
sont particulièrement impressionnantes. Je vous affirme
que la question des maladies des arbres à caoutchouc
dues au développement des fungi est une des plus im-
portantes et des plus sérieuses du jour. Nous devons
reconnaître que les conditions climatériques de ce pays,
si elles sont basées sur des observations actuelles, sont
très remarquables.

Le président Torrey trouvait donc que les con-


ditions climatériques de lia Cochinchine étaient re-
marquables.
La question de savoir si VJIevea brasiliensis
pousse. en Cochinchine aussi bien, que dans la
péninsule malaise et si son produit est d'aussi
bonne qualité est résolue. Des ventes du caout-
cllOUC Belland, au prix maximum du « first la-
tex » en sont, une preuve ; vous pourrez consulter
à ce sujet MAI. Saint-Genna.in. et Cie, 33, rue Bar-
bette, à Paris, qui sont chargés des produits de
la vente de cette plantation. Les premières sai-
gnées faites, cette année à la Société Agricole de
Suzannah et à la Société de Xa-Trnch ont donné
les meilleurs résultats ; le caoutchouc préparé par
ces Sociétés est très beau. Mais il vient de nous
arriver de Londres ces jours-ci une attestation qui
a son importance ; représentant de lia Cochin-
chine à l'Exposition Internationale de Londres, j'y
avais laissé en juillet dernier 15 kilos de caout-
chouc fabriqué par les agents de la Station d'es-
sais de Ong-Yem dont, j'ai parlé plus haut pour
être analysés ; le manager général m'écrit à la
date du 22 courant, qu'après vulcanisation le
caoutchouc a été reconnu de première qualité.
C'est une attestation d'autant plais précieuse
qu'elle émane de nos concurrents. Je crus devoir
vous lire entièrement cette lettre qui est un do- plus éloignées de Sa.ïgon ont été plantées en
cument officiel. You see by tbe report of the belst of Fine
wil-1
Ilard Para and th.is is on! y given to show the grande partie après lies terres grises. Mais l,es ar-
différence in value between that, and the rubber bros y ont déjà atteint à quatre ans, la circon-
INTERNATIONAL RUBBER AND ALLIED TRADES EXHIBITION produced in Inclo-Chine. férence voulue pour être saignés, c'est-à-dire cin-
Trust ing this information wili also be satisfac- quante centimètres à un mètre du s,ol ; en disant
ROYAL AGRICULTURAL HALL, LONDON
tory to you, quatre ans je ne compte pas le temps pendant
With kind regards, lequel l'arbre est resté en pépinière. J'emprunte
24 th Juno to 14 th July, 1911 à un expert anglais, M. Harington, quelques men-
1 nm,
Yours truly surations faites par luti dans deux plantations si-
Exhibition Office, 75, Chancery Lane ST. M ANDER S, tuées en terres rouges :
(Holborn), London 22nd Novcmher 1911.
W. C. Manager. Xa Trach, arbres de 2 ans 1/2, 8 inches (0m203)
P. c. c. : Suzannah, — — —
— arbres de 3 ans, 12 inches (0'3f)5)
Dear Mr. Cremazy, André CRÉMAZY. — arbres de 4 ans, de 18 à 20 inches (01457 à 0m518;
En consultant la liste de classement des concur- (Extrait de l'Etude comparative sur la culture
bave now received a complete test of the Rub-
rents de l'lnllia Rubber Journal Shield, l'on voit
1
ber submitted by you from Indo-Chine, and it is de YHevea brasiliensis en Cochincihine et dans les
que six exposants ont eu pilais de quatre-vingt-dix divers pays du Moyen-Orient par Octave Dupuy,
an exceedingly good report. Tbe Certificate in res- page 22). Et puis, pour revenir aiux terres grises,
pect of same wi-11 now be issued. points, qu'un seul eut 90 points. Le caoutchouc
de Ong-Yem vient donc en un très bon rang avec il ne faut pas généraliser, il y a des terres grises
Colour Test 8 points S9.5 (the Rubber Industry, page 469). quii sont meilleures que d'autres ; il y en a dont.
Chemists' test, for -ptii-it\,
................... 17.5 — Que ce qui précède ne vous fasse pa.s croire l'analyse a donné l'e même résultat que l'analyse
Manufacturers' test "
des terres rouges avec un peu moins d'acide
que l'IIev(-a brasiliensis pousse dans toutes les
(j't,

89.5 points terres de la Cochinchine : ce pays possède des phosphorique cependant. Il y a façon de mettre
tout le monde d'accord, c'est de dire qu'il n'y a Il serait intéressant de vous faire connaître, quiétante pour les planteurs, dans n'importe
plus de terres grises disponibles ; en effet, pres- messieurs, de quelle façon l'on plante l'Hevea quelle colonie. A cette question, qui m'a été
que toutes situées près de Saigon, elles ont été brasilicnsis en Cochinchine. maintes fois posée : « Y a-t-il de la main-d'œuvre
l'objet, naturellement, de la convoitise d'un grand Les pépinières, que l'on fait au moyen de grai- en Cochinchine ? » Je réponds : « Oui », mais ce
nombre de planteurs ; elles ont toutes été concé- nes venant de Singapore ou du pays (plantation « oui » demande quelques explications ; vous au-
dées et vendues, de telle façon qu'actuellement Bellan ou plantation du gouverneur à Ong-Yem), rez beaucoup de travailleurs si votre plantation
les colons qui voudraient planter de l'hevea se- sont établies à partir d'août et jusqu'en janvier. se trouve près des centres habités ou d'une ligne
raient obligés de s'installer en terres rouges. Au En octobre, novembre, décembre, janvier, fé- de communication facile, chemin de fer par exem-
point de vue rendement nous n avons que les don- vrier, mars, on prépare les terrains, en défri- ple. La main-d'œuvre n'aime pas à être con-
nées olficielles des résultats obtenus dans la pro- chant ies forêts, en brûlant les herbes, en labou- trainte, elle aime à venir librement à vous. Si
priété du gouvernement à Ong-Yem en terres rant. En avril et mai, on fait les trous dont la vous êtes dans une des deux situations ci-dessus,
largeur et la profondeur varient suivant les idées
des planteurs ; ils sont en général de 80 centimè-
tres de large sur 80 centimètres de profondeur.
Fin mai, l'on commence à planter ; c'est le mo-
ment des premières pluies qui sont plus fortes en
juillet et décroissent en septembre pour cesser en
novembre. On a admis généralement qu'il ne fal-
lait plus planter après le 15 septembre', car l'ar-
bre souffrirait, par suite de l'arrêt des pluies en
novembre.
Pour la façon de planter, on a suivi les métho-
des de Singapore, nous ne pouvions avoir de meil-
leurs professeurs que les planteurs de la pénin-
sule malaise ; les leçons de AI. Ridley, directeur
du Jardin botanique de Singapore, nous ont servi
beaucoup. Nous avons commencé à planter en
quinconce, à 4 m. 1/2 sur 5 m., comme l'on fai-
sait à Singapore au début : mais l'on a changé
.dans la péninsule malaise de système et l'on
plante maintenant à 6 ou 7 mètres. Nous avons
suivi cette évolution en Cochinchine. Les arbres
sont écimés à dix-huit mois ou deux ans ; cer-
tains colons n'éciment. plus, l'écimage ayant été
critiqué surtout dans lies plantations à rangs ser-
rés. Le terrain est fauché au moins trois fois par
grises ; à !a cinquième année, l'arbre produit de an ; il est labouré dans les endroits où pousse le les travailleurs se présenteront à vous, ils reste-
150 à 200 grammes pour arriver progressivement ront sur votre propriété de quinze à vingt jours,
« tranh », connu à Singapore sOUJS le nom de « la-
à l'âge de 10 ans à un peu plus d'un kilo ; il est lang » ; pour se débarrasser de cette herbe à ra- Ils s'absenteront huit jours pour aller revoir leur
à noter que Ong-Yem est un terrain très pauvre. cines profondes et tenaces, après le labour, l'on viHage ; l'Annamite est attaché à son sol, il lui
On m'annonce que les résultats des premières plante le liane c( patate » qui s'étend sur le sol faut pendant quelque temps son « home », il lui
saignées de Suzannnh et de Xa-Tracli s.itués en et empêche le « tranh » de repousser. Il y a des faut plusieurs fois par an fêter ses ancêtres. Il
terre rouges sont de beaucoup supérieurs. sociétés : Société Agricole de Suzannah, Société revient sur la plantation, où il fournit un bon
Ces terres rouges forment un vaste filon de d'Anloe, où un agriculteur éminent, M. Girard, travail. Ces absences ne peuvent nuire à la mar-
40 à 50 kilomètres de large, elles partent de la mer pratique le labourage à vapeur, comme vous pou- che de la plantation, car vous recrutez un nom-
à Baria, traversent les provinces de Baria, vez le voir par cette projection. La méthode de bre de travailleurs plus grand que celui qui vous
Bienhoa, Thudaumot, et vont se perdre à Kratié saignée suivie actuellement est la demi-arête de est nécessaire. La ligne de chemin de fer de Saï-
(Ca.mbod.ge) ; on dirait qu'il y a eu là une vaste gon à Khanh Hoa permet un « va-et-vient » de
coulée de laves, les quelques pierres qu'on y ren- travailleurs et nous nous apercevons tous les
contre indiquent bien qu'elles sont d'origine vol- jours du bienfait de cette voie de communication :
canique. Elles gardent, de la saison des pluies, des peuplades it demi sauvages appelées. Mois qui
cette humidité qui convient à l'Hcuca lJrasiliensis; habitent sur la frontière de la Cochinchine et de
à 17 mètres de profondeur, on trouve encore un l'Annam, descendent de leurs montagnes pour tra-
sol friable. Elles sont riches en acide phosphori- vailler sur les plantations de caoutchouc. On a
que, en azote, en magnésie et sont préalablement pu leur faire comprendre qu'il était plus avanta-
pourvues de chaux et de potasse. Voici d'ailleurs geux pour eux de faire des travaux à la « tache ».
une analyse qui vous donne'ra une idée de la ri- il y en a même qui deviennent « tâcherons ». L'on
chesse de ces terres. peut dire que les planteurs de caoutchouc sont
arrivés à civiliser ces sauvages. Lorsque le Trans-
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE indochinois aura atteint la région de Binh-Dinh,
GOUVERNEMENT DE LA COCHINCHINE province surpeuplée de l'Annam, nous puiserons
dans ce vaste réservoir d'hommes tous les tra-
vailleurs qui nous seront nécessaires.
Laboratoire de Chimie En vérité, l'on n'a pas manqué de main-d'œuvre
pour les plantations de caoutchouc en Cochinchine.
Les planteurs en terres grises qui sont près des
BULLETIN D'ANALYSE NI 604 grands marchés en ont eu suivant leurs besoins.
Mais il faut dire que cela dépend de celui qui di-
rige la plantation ; s'il n'est pas brutal avec ©es
Composition pour mille
travailleurs, s'il les paie régulièrement, s'il les
parties de terre brute loge dans des cases convenables, sa réputation
séchée à 1000 centigr. Obse rvalious sera vite faite et les coolies afflueront.
Je vous parlais tout à l'heure du travail à la
tâche ; il se généralise sur toutes les plantations
Analyse physique et donne d'excellents résultats. L'on trouve des
Gravier ferrugineux 'i,Ei Plantation du Dâu-Mc tâcherons (ou entrepreneurs de travaux agrico-
Sable HH. Il0 Canton Moi d'An-\,iên les) et même ces tacherons ont des « sous-tâche-
Argile 438,19 Province de Bienhoa rons » qui leur achètent tout ou partie de leurs
Carbonate de chaux... 6,16 contrats. Je connais un tâcheron qui a mis 250 hec-
Matières organiques... 67,72 Terre rouge franche
tares en culture cette année dans une nouvelle
Humus """"""'" 2,38 très riche en acidf
phosphorique b i e i plantation de caoutchouc non loin de la voie fer-
1.000,00 pourvue en azote el rée.
magnésie, passable poisson qui permet la reconstitution rapide de Un travailleur homme est payé à la journée el,'
Analyse chimique ment en potasse el
en chaux. l'écorce de l'arbre. 35 à 40 centièmes de piastres avec 800 grammes
Azote 1,81 Pour être maître du feu en cas d'incendie d'her- de riz (sept centièmes de piastres) ce qui fait à
Acide phosphot'iqno...
Potasse
G.70
1,02
bes sèches, de lalang ou autres, on fait des car- peu près de 1 franc à 1 fr. 20 (de un franc à un
Chaux 3,H. reaux qui varient de 10 à 25 hectares séparés par franc vingt) ; les femmes sont payées dix centiè-
Magnésie .,."....",. 2,W des routes de G mètres de large ; de cette façon, mes de piastres en moins ; ce sont des prix égaux
on écarterait la contagion trop grande du root et même inférieurs à ceux de Singapore.
Saigon, le 12 août 1910. fungus d'un champ à un autre, s'il venait un jour Je viens de vous parler de la main-d'œuvre lo-
Vu : Le Directeur : à apparaître chez nous ; d'autre part, ces routes cale, de la main-d'œuvre cochinchinoise dont dis-
(Signé; MORAXC.E.
permettent la circulation et le transport des maté- posaient les colons situés près des centres et sur
riaux et denrées dans toute la propriété. les lignes de chemin de fer ; ceux qui ne sont pas
Le Chimiste Principal du Laboratoire Ce qu'il faut surtout vous exposer, messieurs, dans cette situation privilégiée et qui ne peuvent
(Signé) BliSSY. c'est la question de main-d'œuvre, question in- pas avoir leur plein de coolies ooehinehinois, ont
dû faire appel à la main-d'œuvre javanaise, chi- )rié tés en culture en dix ans ; la seule peine qu'ils mat et le sol de l'Indo-Chine, il faut placer en
noise, tonkinoise et annamite de l'Annam. mcourent est de se voir reprendre la partie non première ligne le cocotier.
La main-d'œuvre javanaise est excellente ; elle 'ultivée, déduction faite d'une parcelle égale à la Certes, pour ceux qui cherchent les cultures il
a l'inconvéni'ent d'obliger les colons à verser de superficie des terrains en culture. Ils paient l'irn- très gros rendement, le cocotier n'est pas indiqué,
200 à 300 francs par coolie pour frais de voyage, pôt foncier de la première classe des cultures di- mais il a sa place dans les plantations sérieuses
avances, etc., et, de cette somme, une certaine verses (2 fr. 80 environ par hectare), à la sep- qui cherchent une assurance contre les risques
partie est définitivement perdue pour les colons ; ierne année seulement qui suit la vente et pour de la monoculture. Comme le faisait remarquer
elle l'est totalement en cas de décès. e dixième de la superficie totale ; cette contri- le gouverneur des « Straits settlements » dans son
La main-d'œuvre chinoise ne semble pas avoir bution s'augmente d'un dixième pour chaque an- discours d'ouverture à l'Exposition agricole de
donné de bons résultats, mais il faut dire que née qui suit, jusqu'à la dixième année comprise ; Singapore du mois d'août 1910 : « Le cocotier est
très peu de coolies, parmi ceux employés, ont été après la dixième année, cet impôt est dû pour à l'agriculture ce que les consolidés anglais sont
toute la surface complantée en arbres Ù
caoutchouc, c'est-à-dire au moins pour la
moitié du terrain vendu. Le reste de la pro-
priété paie en entier, dès la septième année,
la taxe afférente à la troisième classe des
cultures diverses (cinquante cents de pias-
tres environ) déduction faite du dixième dLI
lot total qui est exempt d'impôts.
Le prix du terrain vendu de gré à gré varie
de 20 cents de piastres à 1 piastre l'hectare,
tous frais compris. L'étranger peut acheter.
Je ne crois pas que l'on puisse trouver des
conditions plus libérales.
A Singapore, par exemple, les acqué-
reurs de terrains domaniaux paient de 5 à
7 dollars du pays (2,91 le dollar environ par
hectare) ; dès la première année, l'impôt fon-
cier est exigé pour toute la propriété ; il
atteint jusqu'à 10 dollars par hec-
tare.
A Ceylan, le prix d'acquisition est
encore beaucoup plus élevé.
Le texte organique réglementant
l'aliénation des terres rouges et les
relations des planteurs avec l'admi-
nistration, est du 13 octobre 1910;
je vous en lis quelques passages,
mais il, serait utile d'en prendre com-
plètement connaissance.
On m'a souvent demandé ce que aux valeurs financières. » Et cet homme d'Etat.,
coûterait la mise en culture en très sage, qui a été un des promoteurs de la plan-
Ilevea brasilicnsis d'un hectare de tation des caoutchoucs dans la péninsule malaise,
terrain. Il est bien difficile de ré- recommandait à ses administrés de ne pas per-
recrutés en Chine directement ; ils l'ont été sur pondre d'une façon précise à une pareille ques- dre de vue la sécurité que le cocotier donne aux
place parmi les immigrants venus dans la colo- tion ; je connais un planteur en terres grises qui planteurs.
nie depuis quelque temps ; certains colons les re- a planté 200.000 hévéas ayant déjà 3 ans avec C'est qu'en effet le cocotier et sa culture ne sont
doutent, car ils sont fumeurs d'opium et instal- 10.000 piastres de Saigon (100.000 francs environ) ; pas choses nouvelles. L'arbre est connu depuis
lent sur les propriétés des jeux pour rafler la il ne pense pas dépenser jusqu'à la saignée plus l'origine du monde. Sa culture a été étudiée sous
paye des coolies annamites. Cependant, cette de 40.000 autres piastres comme entretien, de ses différents aspects. On connaît ses maladies et
question n'a pas été encore bien étudiée et n'est telle sorte que le plant d'hévéa lui reviendra à un le moyen de les guérir, ses ennemis et la façon de
pas à point : la péninsule malaise reçoit beaucoup franc et l'hectare à 400 francs environ (quatre les vaincre ; on connaît son rendement ; on con-
de coolies recrutés en Chine dont les colons an- cents francs). naît sa longévité et Ceylan montre avec orgueil
glais sont enchantés. Les colons de Cochinchine des cocotiers qui datent d'un siècle et sont loin
sont satisfaits des coolies annamites recrutés à d'être épuisés, donc du côté culture pas d'aléa.
Qui-Nhon (Annam). Quant à ses produits, l'industrie se charge de
Le recrutement de la main-d'œuvre tonkinoise les absorber, quelle que soit la quantité fournie,
n'a pas été fait, jusqu'à présent, clans de bonnes les matières grasses entrant de plus en plus dans
conditions ; je pense que, sous peu, les résultats la consommation aussi bien que dans l'industrie.
seront excellents. Une commission, désignée par Ces dernières années ont vu naître toute une
le gouverneur Gourbeil, étudie l'établissement foule de denrées nouvelles que la cherté sans
dans les centres peuplés de l'Annam et du Ton- cesse croissante de la vie rendait nécessaire. Sur
kin de bureaux de colonisation qui aideront les la table du riche comme du pauvre, la végétaline
colons à trouver les coolies parmi la population remplace avantageusement les beurres de mau-
véritablement agricole. J'apprends de Saïgon que vaise qualité jusqu'alors employés aux prépara-
cette commission, dont M, Outrey, l'actif et dis- tions culinaires et le koprah n'est plus exclusive-
tingué résident supérieur du Cambodge, et moi, ment employé comme autrefois à la fabrication
en tant que représentant de la Chambre d'agricul- des savons et autres produits qui ne sauraient se
ture de Cochinchine, avons demandé la nomina- passer de matières grasses.
tion à la session du Conseil supérieur de 1910, va Le koprah, qui valait 25 francs les cent kilos
terminer ses travaux. Pour en terminer avec cette ill y a dix ans, en vaut maintenant GO. Quant à
question de main-d'œuvre, je vous mets sous les la fibre de coco dont l'utilisation ne date guère
yeux le passage d'une lettre en date du 23 octo- que de quelques années, elle vaut actuellement
bre 1911 de Saïgon, d'un directeur d'une société de 50 à 60 francs les 100 kilos.
de caoutchouc se trouvant sur la ligne Saïgon- Le cadre de cette conférence ne me permet pas,
Khanh-Hoan : « Nous avons conservé de la main- messieurs, d'entrer dans tous les détails : du choix
d'œuvre à Suzannah tout l'été, les coolies moïs du terrain, des graines, de la préparation du sol,
venus au début de l'année des environs de Phan- de l'établissement des pépinières, de la plantation,
tied n'étant pas retournés dans leur pays ; de sorte du drainage, de l'entretien, de la fumure, de la
que nous avons en ce moment trop de coolies ; récolte, de la préparation du koprah, etc., etc., et,
il va falloir en liquider un certain nombre. » Ceci Je ne puis vous citer ce cas exceptionnel comme à mon grand regret, je me vois obligé de ren-
prouve surabondamment qu'il y a des plantations règle générale ce serait trop beau Tout dépend
!
voyer aux ouvrages spéciaux les personnes que
qui sont loin de manquer de main-d'œuvre. de la situation du terrain, de sa configuration : cette culture peut intéresser.
Le gouvernement de la Cochinchine, en la per- est-ce de la grande forêt ? sont-ce de petits taillis Je me bornerai à vous dire que le cocotier est
sonne de notre éminent gouverneur, M. Gourbeil, avec clairières ? Cela change suivant l'un ou l'au- loin d'être un nouveau venu dans notre belle colo-
s'est préoccupé du développement de la culture tre cas. On admet généralement que l'hectare en nie d'Indo-Chine. On le cultive avec succès sur
de l'Hevea brasilicnsis par tous les moyens ; il terres rouges couvertes de forêts doit coûter la côte d'Annam, dans les provinces de Cochin-
comprit combien pouvait être, it un moment quinze cents francis jusqu'à la saignée. chine, dans quelques-unes des îles du golfe ; il
donné, dangereuse pour les intérêts généraux du L'article 22 de l'arrêté du 13 octobre 1910 per- s'accommode particulièrement bien d'un sol léger,
pays, une monoculture si riche frit-elle. Il fit pa. met aux planteurs en terres rouges qui ne vou- dans lequel ses racines traçantes peuvent trouver
l'aitre des règlements d'une grande sagesse et draient pas planter des arbres à caoutchouc, d'ob- à se développer sans entraves, tel qu'on le ren.
d'une grande bienveillance pour les colons. tenir du gouverneur l'autorisation de se livrer à contre à l'île de Phu-Quoc et dans les terres
Les concessionnaires, les acquéreurs par ventes d'autres cultures. rouges. Les grands venls, loin de lui nuire, sem-
aux enchères publiques ou par actes sous seing A côté de rhévéa, et parmi les cultures aux- blent lui plaire et i,l réussit surtout au bord de
privé, sont tenus de mettre la moitié de leurs pro- quelles conviennent tout particulièrement le cli- la mer ou à quelque distance de celle-ci.
Or, messieurs, si vous regardez attentivement a pu voir, à Ceylan, de nombreux troupeaux de nuellement au chiffre de 250 noix, mais ce serait
la carte sous vos yeux, vous verrez que notre bœufs broutant l'herbe rare qui pousse à l'abri faire germer dans l'esprit du planteur des espé-
Indo-Chinoise forme une presqu'île que la mer de des panaches des cocotiers. Mais ce que bien peu rances qu'il n'est pas bon d'encourager.
Chine et le golfe de Siam découpent en un trian- savent, c'est que le soir venu, ces bœufs sont at- On compte qu'il faut de 200 à 220 noix pour
gle allongé dont le sommet est dirigé vers le sud tachés deux à deux au tronc des cocotiers et que faire un pieul de coprah, le prix marchand du
et aucune de ces parties n'est très éloignée de leurs déjections, que piétine et. fait pénétrer dans coprah est de 47 francs le picul. Il sera facile
ia mer. le sol leur pied fourchu, sont destinées à leur avec ces données de vous rendre compte des bé-
Pour se développer, le cocotier a besoin d'un donner une nouvelle vigueur et à préparer la ré- néfices fort respectables que peut rapporter une
climat chaud et humide, i;l trouve donc chez nous colte prochaine. cocoteraie, quand je vous aurai dit que pour ame-
les quatre conditions qui lui sont essentielles : Sur la côte, le goémon, recueilli soigneusement ner à sa période de production une plantation de
habitat, sol, chalur, humidité. Rien d'étonnant à cocotiers, il faut compter mille francs environ à
ce que les plantations déjà existantes aient donné l'hectare.
des résultats qui comparent très avantageusement L'IIev('(( brasilicnsis et le cocotier sont les cul-
et sont même supérieurs aux résultats obtenus tures de premier ordre à recommander aux co-
dans les autres parties du monde où la culture du lons qui veulent s'installer en Cochincliine ; mais
cocotier est plus particulièrement entreprise. il faut qu'ils attendent pour l'hévéa cinq ans, pour
Le tableau suivant vous donnera à ce sujet Je cocotier sept ans au moins pour avoir un re-
toutes les précisions désirables : venu. Les capitalistes qui 's'engagent dans des
sociétés anonymes sont réfractaires à des place-
ANALYSES DE :
ments de ce genre, il leur faut attendre trop long-
Lépine (1) Baohoffen (2) Rideau (3) Cay-Dua (1) temps le dividende. Il y a un moyen de les satis-
Goir,.., 0 k. 625 1 k. 2:25 0 k. 85:0 0k. 03 ï faire, c'est de planter le manioc, le café robusta,
Coque. 0 k. Lil 0 k. 247 0 k. 238 01 k. 285 l'anana,s comme cultures secondaires, pour ne
Amande -
0 k. 434 0 k. 396 0 k. 320 0 k. 496 citer que les plus connues. Faut-il les planter
Eau 0 k. 250 0 k. £68 01 k. 332 0 k. 73C
comme ouiltures intercalaires, entre les hévéas et
ToLaux... 1 k. -550 2 k. -136 1 k. 710 2 k. 451 les cocotiers oui les planter séparément ? Sur ce
point les avis sont partagés tout au moins nour
Je passe rapidement sur le choix des le café robusta et pour le manioc.
graines qui doivent provenir, autant Pour l'an anas il n'y a aucun incon-
que faire se peut, d'arbres adultes (de vénient à le mettre entre les hévéas
25 à 30 ans) et très fructifères. et cocotiers ; cela soc fait en grand à
La noix doit être bien mûre, saine et Singapore ; les planteurs installent sur
autant que possible de forme ronde en leur propriété une usine, qui leur re-
raison de la répartition plus régulière vient au grand maximum à dix mille
du coir et du développement plus ré- francs et ont, dès la deuxième année.
gulier de l'amande. Il est bon de laits- des bénéfices sérieux. L'ananas se re-
s:'r les noix devant servir de semence produit naturellement et à l'infini. Les
sécher pendant un mois ou six semaines conserves d'ananas des colonies fran-
avant de les mettre en pépinières. çaises sont au point de vue douanier
Dans les plantations intensives, cel- privilégiées et le revenu net d'une
les-ci sont faites en plein air et les noix, rangées et mélangé aux détritus de poissons, forme un exploitation en colonie française cet de beaucoup
côte à côte à 20 ou 25 centimètres de distance dans engrais de premier ordre. C'est ce qui explique supérieur au revenu des exploitations similaires
des rigoles profondes de 10 centimètres, donnent le rendement des cocotiers de Phu-Quoc, et des à l'étranger.
l'illusion d'un vaste champ maraîcher où s'ali- provinces de Cochinchine bordant la mer (Dentré, Les partis.ans des plantations du ca.fé robus'n
gnent des cloches à primeurs, comme vous le Mytho), la préparation du nuocmam et des pâtes et du manioc, comme cultures intercalaires, vous
voyez par cette photographie qu'a bien voulu me de poisson fournissant en abondance des déchets disent qu'avec ces cultures vous payez tous les
communiquer un de nos amis, AI. Jourdan, admi- qui servent à l'agriculture. frais de votre plantation principale d'hévéas ou
nistrateur de la Société anonyme d'exploitation Je n'insisterai pas sur la récolte : des hommes de cocotiers ; vous défrichez, vous dessoudiez,
de Phu-Quoc. habitués à cet exercice grimpent au tronc des co- vous entretenez le même terrain, vous donnez
Au début on couvre les pépinières pendant les cotiers, en détachent les fruits mûrs qu'ils laissent alors un gros dividende à vos actionnaires ; en
heures chaudes du jour et pendant un temps de tomber sur le sol ; des femmes et des enfants les plantant au contraire le manioc et le robusta à
moins en moins long de façon à habituer petit à ramassent, les jettent dans des charrettes qui part, vous avez doubles frais de défrichement et
petit les jeunes plants à toutes les intempéries. prennent ensuite le chemin de l'usine. Là les de dessouchage, et dans la suite doubles frais
Je ne dirai rien de la préparation du sol, sensi- cocos sont décortiqués, les noix fendues ; l'eau d'entretien.
blement la même que pour l'hévéa. Quant a mise à part servira pour la nourriture des porcs, Les partisans de l'autre système répondent
la plantation, elle se lait, selon qu'ils préfèrent laisser les hé-
la richesse plus ou moins grande véas et les cocotiers prendre au
du sol, à 8 ou 9 mètres de dis- sol tout ce qu'il peut donner :
tance ; une bonne moyenne est d'autre part, les hévéas et les
8 m. 25. cocotiers plantés séparément,
Le drainage doit être soigneu- les hévéas surtout, ne craignent
sement fait et on obtiendra une pas, de cette façon, d'être con-
récolte d'autant plus précoce taminés par les maladies qui
que la plantation sera mieux pourraient apparaître sur le
entretenue et que le sol sera robusta et le manioc. Une par-
mieux fumé. Ici comme dans tie des bénéfices de la culture
toutes les autres cultures, que très rémunératrice de ces deux
ce soit en France ou dans les plantes sert à payer les frais de
pays tropicaux, la question de plantation et d'entretien des
l'engrais joue un très grand hévéas ou des cocotiers, — ce
rôle. On cite à Ceylan, qui pen- qui ne nous empêche pas de
dant de très longues années a consacrer l'autre partie à la ré-
(létenu le record des plantations partition d'un dividende moin-
de cocotiers, des domaines épui- dre, il est vrai, que dans le pre-
ses par des dizaines et des di- mier système, mais respectable
zaines d'années de production, cependant. Ces deux théories se
acquérir une nouvelle jeunesse, défendent. A Java, Sumatra,
si je puis m'exprimer ainsi, par les plantations d'hévéas avec
l'emploi de fumures. cultures intercalaires, réussis-
Le planteur doit donc cher- sent très bien et une société en
•phpr il l'anAmid rln "In
sir*\\\rfrr» Cochinchine, la Société des
production et plus tard à maintenir celle-ci cons- tandis que les amandes, convenablement séchées, Caoutchoucs de l'Indo-Chine, vient d'inaugurer
tante en rendant à la terre l'équivalent de ce fourniront la coprah. avec succès ce genre de plantation.
qu'elle lui a donné sous forme de produits. Il Il me reste à vous dire, messieurs, quels sont Le manioc et le robusta se plantent en terrains
doit chercher en même temps, étant donné les les bénéfices que peut donner une plantation de élevés ; aussi dans les parties basses de la Cochin-
espaces considérables occupés par les coco- cocotiers. chine (Mytho, Bentré, etc.), ils ne peuvent être
tiers, un engrais bon marché et facilement procu- Quoique certains arbres produisent il 3 et I ans employés comme cultures intercalaires des coco-
rable. dans des terrains particulièrement bien situés, on tiers ; dans ces parties les cocotiers sont plantés
Quiconque a fait le voyage de Marseille à Saigon ne peut guère compter industriellement sur un dans des terrains de rizières transformés en jar-
rendement avant la sixième année de plantation, dins par des tranchées et des remblais ; les tran-
mais alors ce rendement, qui débute par 10 à chées servent à l'écoulement des eaux et les par-
fis Péninsule malaise. 15 noix par arbre, passe l'année suivante, à ties olt on nivelle les remblais, sont couvertes de
(2! Ceylan,
(3) Annam,
35 noix, puis à 50 pour arriver à un rendement cocotiers et, entre eux, de théiers, de bananiers.
(4.) Ile de Phu-Quoc, provinces de Mytho et Benlré
d'environ 80 noix. d'orangers, de citronniers et autres arbres frui-
(Cochinchine). Je pourrais citer des arbres qui arrivent an- tiers.
le Brésil, Java, Sumatra, Singa- leure ; le prix de la main-d'œuvre est sinon infé-
pore. rieur du moins égal ; nous payons nos terrains
meilleur marché, nous ne supportons pas de rede-
vance avant la septième année et, à cette sep-
tième année la redevance est infiniment moindre
Le manioc a été cultivé de tous et porte sur une partie seulement de la plantation.
temps en Amérique, et particu- Nous pouvons dons produire et nous produisons
lièrement au Mexique ; on le à meilleur marché que nos voisins.
trouve aux Antilles, il la Guyane, Nous avons une voie ferrée qui pénétrera bien-
à la Réunion, à Madagascar, tôt dans les centres peuplés de l'Annam ; des
dans l'Inde, iL Singapore, Java, routes traverseront ces terres rouges de tous
Sumatra et en Indo-Chine ; en cûtés. Notre nouveau gouverneur général, M. Sar-
Amérique il est la base de la raut, dont l'influence est prépondérante au Par-
nourriture des indigènes ; en lement, a promis de s'occuper surtout du dévelop-
Indo-Chine les Annamites en sont pement agricole de tous les pays de l'Indo-Chine
très friands ; ils le mangent et l'on sait que l'on peut compter sur lui.
bouilli avec du sel et du piment ; Tout cela prouve que nous pouvons nous baser
ils s'en servent comme farineux en matière agricole sur des résultats que l'on ne
sous forme de pâtes ; ils en font trouve nulle part au monde. Comment alors expli-
également des médicaments. quer le manque de capitaux métropolitains dans
Le manioc est très recherché la colonie ? Les plantations de caoutchouc ont été
sur le marché européen ; il est en effet créées, pour la plupart, avec de l'argent
expédié des colonies sous forme local provenant d'économies de fonctionnaires et
C'est dans les terres rouges que le manioc et de cosselles, en fécules ou sous forme de tapioca ; de collons. Et comment expliquer aussi que l'ar-
le robulS,lQ trouvent l,e sol qui leur convient. il est demandé par Les fabricants d'alcool, il a été gent français, se détournant des colonies fran-
très recherché ces temps derniers à cause de la çaises, a aidé à la formation de plantations simi-
hausse de la betterave. laires à Singapore, Java, Sumatra, dans une pro-
D'après le Bullelin Economique de Vlndo-Chine portion évaluée à plus de 100 millions de francs ?
Le café dit robusta a été découvert en 1898 à (1)° 13, page 103), l'hectare donne un rendement Nos canilalistes nréfcreraient-ilis la forme du na-
l'état sauvage au pier à une livre ster-
Congo. Il fut planté ling et à plusieurs
par une société belge shillings, dont l'éeou-
et les colons belges lement sur notre
lui donnèrent le nom marché est si facile ?
de robusta à cause Auraient-ils une dé-
de sa résistance, de fiance, injustifiée, de
sa croissance rapide ; notre politique colo-
il se défend contre niale ? Ou tout sim-
les plus fonts vents plement ignoreraient-
et les ennemis des ils les ressources de
autres caféiers ne notre colonie ?
l'atteignent pas. Il fit Il serait bon de
son apparition à Java vous faire part, mes-
en 1900 ; en 1905 il y sieurs, de l'opinion
fut planté en grand du même expert an-
et en 1908 et 1909 les glais, M. Harington,
résultats obtenus par déjà cité plus haut,
les colons hollandais sur l'avenir du caout-
furent tels que l'es chouc en C o c h i n-
colons anglais de Sin- chine, car les étran-
gapore suivirent leur gers nous apprécient
exemple. beaucoup mieux que
Il dcrnne beaucoup nous nous jugeons
plus de fruits que nous-mêmes. Voici
tous les caféiers con- comment il s'ex-
nus ; la peau de ia prime, d'après le 1Í-
cerise est -très mince, vre très documenté
de telle façon que le de M. 0. Dupuy paru
rendement en grains il y a trois mois en-
secs est considéra- viron, page 32 :
ble ; alors qu'il faut « En admettant
dix piculs de fruits liberia pour un picul de en Annam de iO.OOO kilos de tubercules dont on qu'à dater de 1915 le prix du caoutchouc tombe
grains, quatre piculs seulement de fruits robusta peut tirer de 16 à 20.000 kilos de farine. Dans la à deux shillings et demi et même deux shillings'.la
donnent le même chiffre. A 8 mois l'arbuste com- presqu'île de Malacca. notamment aux environs livre anglaise, je crois qu'on obtiendrait encore,
mence à fleurir ; il fleurit toute l'année. C'est à de Poulo-Penang, on compte sur un rendement pour les capitaux engagés, un rendement de 20
la deuxième année qu'on peut commencer à ré- d environ ^o.uuu a ;w.uuu kilos
colter les premières fleurs ne donnant pas de de tubercules par hectares ;
fruits. ces renseignements me sont
On peut planter au minimum mille caféiers par fournis par M. Prud'homme,
hectare et l'on peut se, baser comme rendements directeur du Jardin colonial
en grains secs par hectare sur les chiffres sui- de Nogent, qui a fait un
vants : voyage d'études en Extrême-
Orient en 1900.
2' année, 1 [pieills (le -picul de W kilos), soit 180 kilos A Madagascar, aux Antilles,
38
— 15 — — — 900 — à l'île de la Réunion, la ré-
— 35 — — — 2.100 — colte de manioc se fait
5*
— 35 — 2.100 —
— — 18 mois après la plantation ;
Le rendement de la deuxième année est en gé. en Cochinchine et en Annam
néral bien supérieur à 3 piculs. elle a lieu de 12 à 13 mois
A la quatrième année le robusta atteint donc après.
son maximum de rendement ; les arbres de dix Il y a lieu de faire remar-
ans sont aussi vigoureux que ceux de cinq quer que le manioc des colo-
ans. Ces renseignements m'ont été fournis par nies françaises jouit aussi
quelques planteurs et sont confirmés par les d'une détaxe.
indications de W. J. Gallaseheir, directeur de
l'agriculture des états malais (coffee Robusta jan-
vier 1910).
Le robusta est aussi apprécié sur le marché que Ces renseignements qui pré-
le meilleur Santos au Havre, le Java Robusta est cèdent. ont eu pour but de vous
coté 200 francs environ les 100 kilos. démontrer combien était avan-
Comme vous le savez, messieurs, le café des tageuse la culture du caout-
colonies françaises jouit d'une détaxe de 76 francs chouc, du cocotier, du café rohnsrtn, du manioc à 30 0/0 en Cochinchine, peut-être plus, étant
par 100 kilos ; cette détaxe sera portée à 136 fr. ; en Cochinchine. Si nous comparons notre situa- donné qu'en tant que colonie française elle joui-
vous voyez de quelle prime jouiront nos cafés et tion à celle des planteurs de la péninsule ma- rait sans doute dans l'a métropole d'un traite-
avec quel avantage nous pourrons lutter contre laise, nous trouvons qu'elle est nettement meil- ment de faveur, par rapport aux pays étran-
gers et aurait ainsi en France le monopole du Vu l'arrêté du gouverneur général de 1'Indo- aliénés, connus sous le nom de terres rouges et
marché. » Chine du 13 février 1899, fixant les attribu- situés dans les provinces de Tayninh, Thudau-
tions des services généraux et locaux de l'Indo- mot, Bienhoa et Barin, sont réservés à la cul-
Chine ; ture du caoutchouc.
L'aversion de nos capitalistes pour les colonies
françaises est donc inexplicable. Contentons-nous Vu les arrêtés locaux des 22 août 1882, 1G octo- Art. 3. — Toute demande d'aliénation portant
de constater avec regret cet état de choses, réagis- bre 1889 et 15 octobre 1890, réglementant les alié- sur des terrains domaniaux en vue de la culture
sons de notre mieux ; que cha- précitée doit indiquer le but et
cun apporte sa part contribu- les conditions approximatives de
tive d'efforts à faire connaître la leur exploitation, ainsi que les
Cochinchine qui possède encore capitaux qui seront employés il
incultes quatre cent mille hec- leur mise en valeur.
tares de ces magnifiques terres Elle doit, en outre, être accom-
rouges, dans lesquelles, outre pagnée d'un plan dressé par un
Yllevea brasiliensis, le cocotier, géomètre et vérifié par le service
le robusta, le manioc, vien- du Cadastre si les terrains de-
nent encore la canne à sucre, mandés n'ont pas ét.é l'objet d'un
le tabac, l'oranger, le citro- lotissement.
nier, etc... Art. i. — Les demandes cralié-
Nous ferons ainsi non seule- nation de terrains domaniaux
ment une propagande coloniale, déjà allotiis sont publiées pen-
mais encore une propagande na- dant un mois au Bulletin admi-
tionale. Les Anglais ne sont-ils nistratif de la Colonie. Elles sont
pas fiers de leur colonie de Sin- affichées, en outre, durant le
gapore ? On a suffisamment re- même laps de temps, au chef-
marqué, à la dernière Exposition lieu de la commune intéressée.
de caoutchouc de Londres, cette La durée obligatoire de ces
fierté et cet orgueil. Pourquoi ne formalités est portée à trois mois
sentirions-nous pas la même fierté si le lotissement des terrains de-
de posséder une Cochinchine mandés n'a pas été effectué.
aussi riche en caoutchouc qu'en Art. 5. — Chaque demande est
riz ? instruite suivant la procédure
Admirons et honorons les prévue par les règlements actuel-
vaillants colons qui ont eu con- lement en vigueur par une com-
fiance dans la richesse du sol mission déléguée à cet effet dans
cochinchinois, les Josselline, chaque province.
les Guéry, les Belland, les Cette commission comprendra :
Gressier, les Girard, les Haffner, L'administrateur adjoint, prési-
pour n'en citer que quelques- dent ;
uns, tous p.lanteurs de la pre- Un géomètre du Cadastre,
mière heure. membre ;
Leur ardeur, leur courage et " Norgelette " sorte de tilbury à ressorts en bambous. Boeufs trotteurs de Cochinchine Un représentant du Service fo-
leur persévérance qui ont contri- restier, membre ;
bué à la prospérité de la rtlus T,P r-hef de canton et deux
grande France sont de beaux exemples à suivre. nations des terrains domaniaux en Cochin- notables de la région intéressée, membres.
chine ;
ANDRÉ CREMAZY,
Concession gratuite
Président de la Chambre d'agriculture de Vu la délibération du Conseil colonial dans sa
Cochinchine, délégué de cette colonie à séance du 3 octobre 1910 ;
l'Exposition de Londres en J'JU, membre Art. (!. — La procédure il suivre pour l'aliéna-
du Comité consultaiif européen de l'Ex- tion des terres destinées à la culture du caout-
position de Caoutchouc de New-York 1912. Le Conseil privé entendu, chouc par voie de concession gratuite est celle pré-
ARRÊTE
vue aux règlements sur la matière en vigueur dans
ACTES OFFICIELS : la Colonie et notamment aux arrêtes des 22 août
1882 et 15 octobre 1890 pour tout ce qui n'est pas
Arrêté réglementant les aliénations des terrains desti- Article premier. —Les terrains domaniaux dispo- contraire au présent arrêté.
nés à la culture du caoutchouc (terres rouges) nibles, atlotis ou nonallotis, dont la cession est de-
mandée en vue de la culture du caoutchouc, peu-
Le lieutenant-gouverneur de la Cochinchine, vent être aliénés par voie de concession gratuite, Ventes aux enchères publiques el de gré ù gré
chevalier de la Légion d'honneur, de vente aux enchères publiques ou de gré à gré.
Vu les décrets des 29 octobre 1887 et 9 mai Art. 7. — Les ventes aux enchères publiques
1889 ; Ad. 2. — Les terrains domaniaux non encore et celles de gré à gré ont lieu selon les règles et
J'insiste sur ce fait pour que l'on rejette épaisse fumée, brûle lentement et continuel- Cet enfumoir n'a pas d'étage et la fumée y est
complètement l'hypothèse, souvent émise à ce lement. La fumée produite traverse le plan- produite dans des appareils à peu près ana-
sujet, d'une prétendue dessication par la cha- cher à claire-voie, et envahit le séchoir ; pour logues à ceux qui sont employés au Brésil
leur ; du reste, le Para sauvage arrive tou- qu'elle ne s'échappe pas et puisse agir au sous les noms de buyon, boyao ou fumeiro,
jours très humide sur les marchés d'Europe. maximum su*r les surfaces exposées des et qui sont répartis également à travers la
Notons encore que la forme sphérique sous feuilles de caoutchouc, on ne pratique aucun pièce à enfumer, de façon à assurer une ré-
laquelle se présente cette sorte comm rciale appel d'air, la circulation en étant suffisam- partition homogène des fumées. Ces foyers
pst. celle mii r.nnvip.rit. 1p mieux nnnr mettre la ment établie à travers les légères couvertures sont alimentés avec du bois ordinaire, puis
masse du-j.caoutchouc
— —- ~

à l'abri avec des bois résineux de
de l'atmosphère que ce sont
: diptéiro'carpéeis et avec des
ies gommes fumées qui sont fibres de coco.
les plus stables, les plus uni- 3° Il existe parfois, à côté
formes, les plus élastiques et des séchoirs où s'opère l'éli-
qui sont les plus estimées par mination de la plus grande
l'industrie. proportion d'humidité des
gommes, des caisses spécia-
Dessiccation dans une al- les avec cheminées d'appel.
mosphère remplie de fumées C'est dans ces caisses que
et d'antiseptiques. — La fu- l'on dispose les feuilles de
mée a incontestablement des caoutchouc à peu près sèches
propriétés antiseptiques, et et que l'on fait arriver, au
c'est à son action que certai- moyen d'une pompe, la fu-
nes personnes ont cru pou- mée produite dans un foyer
voir surtout attribuer la su- spécial, ce foyer étant ali-
périorité des gommes sauva- menté avec des fibres de coco
ges préparées par enfumage. et de la créosote.
On a ainsi cherché, sur les
plantations, à tirer parti de Séchoirs à air libre. — On
la fumée, tout en abandon- construit actuellement, en
nant complètement la mé- vue de la dcs.s.ic.cat.ion des. crê-
thode lente de coagulation pes, de grands séchoirs obs-
employée dans tout le Brésil. curs, composés d'un étage et
La méthode d'enfumage d'un rez-de-chaussée séparés
qui est la plus courante dans l'un de l'autre par un plan-
les plantations asiatiques est cher à claire-voie. Les plus
celle qui consiste à faire agir belles sortes de caoutchouc
la fumée sur le caoutchouc sont placées à l'étage et les
pendant la dessiccation. Bien sortes inférieures au rez-de-
que les crêpes ne moisissent chaussée. L'aération est as-
pas, quelques planteurs ont surée par des cheminées
fait agir sur elles la fumée ; d'appel établies sur la toiture
mais cette opération n'a don- par les ouvertures (portes et
né aucune qualité spéciale fenêtres) du rez-de-chaussée
aux gommes obtenues, de et de l'étage.
sorte que le procédé a été Les longues pièces de
abandonné en ce qui les concerne. Il n'en est en «ataps », ou feuilles de palmier d'eau, caoutchouc crêpé sont suspendues, dans le
cependant plus de même pour les galettes, dont sont faites les toitures des maisons et des séchoir, en les faisant passer sur des tringles
biscuits, feuilles ou sheets non lavés, qui moi- habitations. Ce manque d'aération ne se prête mobiles que l'on fixe ensuite dans les enco-
sissent ordinairement et qui sont exempts de pas à une évaporation rapide ni à la dessicca- ches pratiquées sur des poutres parallèles à
moisissures lorsque la dessiccation est effec- tion des gommes très humides ; c'est pour- écartement voulu et placées au niveau du pla-
tuée dans une atmosphère très enfumée. quoi on est obligé, dans la pratique, d'opérer fond de la chambre à dessiccation.
L'enfumage est donc à recommander pour une dessiccation préalable des feuilles, en les Les caoutchoucs en crêpes ne contiennent,
ces dernières sortes et l'opération se pratique laissant séjourner quelques jours dans un sé- au sortir des cylindres, que 20 0/0 d'eau en-

de trois façons différentes dans la péninsule choir ordinaire à air libre. Ce n'est, en effet, viron, humidité qu'elles peuvent éliminer,
malaise : que vers le quatrième ou cinquième jour que suivant l'épaisseur des crêpes et suivant la
Il Ou bien les biscuits, galettes, feuilles ou les gommes exposées à l'air commencent à saison, en cinq ou dix jours environ.
sheets sont placés à l'étage du séchoir, pen- moisir et c'est à ce moment seulement qu'il On s'aperçoit que la gomme est sèche lors-
dus à des cordes, à des fils de fer, ou bien est utile de leur faire subir l'action de la fu- que le caoutchouc, qui se présente dans les
disposés sur des claies. Le foyer producteur mée. crêpes sous un aspect granuleux, est trans-
de fumée est placé au rez-de-chaussée et le 2° Au Jardin Botanique Economique de Sin- lucide dans toutes ses parties et ne présente
plancher qui le sépare del l'étage est à claire- gapore, la dessiccation est, comme précédem- plus, par transparence, de points blancs opa-
voie. Le foyer est alimenté par du coir, ou ment, commencée dans une case spéciale, qlles.
fibres de coco, qui, tout en produisant une puis terminée dans la chambre à enfumer. Le caoutchouc humide est en effet d'un

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