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et l'expérience du lecteur
I
L EST ADMtS QUE LA PERTE de cunfiancc en l'autcur. qu'iI crit d
¢clanf • mort ou qu'ii suii remis en cause dans le lien que l'histoirc
Ii!tYraire ótablit ax'cc • ï'auvre ». a eu pour contzocoup une
promotion
de la n‹xion de lecteur. Dcpuis @u'esr-ez gur lo finyrarure 7 üc Sartre, le
Iccteur est Jcvcnu un rólc central dans la th5orie et )”ana]ysc litlórairc. ïï a
donn£ Kieu à une cohorte de penonnagcs, qui sant en réaïit£ autanl de fonc-
tionr : narratairc (GeralJ Prince}, lecfeur tmplicite ou intpliqué (Wolfgang
fser et Wayne Booíh), Lecteur Mo‹lèle (Umbcrtn Ecoj... La lccture devicnt
un paramètre esscnticl de la dófinition mdme du icxtc Iitt8raire’. Pourtan¢
on pcut sc demandar si ccttc attcntion snutcnuc portde au lcctrur s”ast
accompegnde d'une connaissznce approfondie de la lectura comrnc cxpEricnce.
D"unc part, i”analyse de la ïecture s'est surtout cenwdc sui les tcxtes nar•
ratifs. et ceci indópendamment des strictes dtudes poètiques et narratolo•
giguce, qu'il s”agissc de prendre en compte unc phdnomúnologie de la lec-
tura, fnndé« sud la phi)osophie husserïicnne llngardcn puis ïscr), unc
rh/turique de !a lectura (Michel Ckarïes) oc cncore unc philosophie de la
tcmpur«1itd et de T'idcnlit5 propre au rócit (Paul RicccuÚï. C'cst vrai en par-
ticulicr dans lcr travaux qui retèvent de I’cstMtiqur de la rYccption, et tou‹
particulièrcmcnt le ccux d” Iscr, La conswuciion priviltgic claircmcnt le
tcctcur d'un tcxtc narratif, currespondant majoritairemcnt au canon du
roman r5alislc de la recendc mniti£ du 19’ sièclc. Dons son livre £”E@rf-
Personnaye dons ( roman, Vincent ïoux't xccurde zssurYment, dans la
lignée de Jauss et de Mickel Picard. une !rts grandc piacc à la leclute
commc cx@ricnce dans la fiction ci par la ficti‹›n. En distinguant diRcrcntcs
stratógicï romanesques (pcnuasinn, séductinn, tcniaiion) et difTcrcntcs
rúactions phénoménnlogigucs (reluur sur soi, participati‹›n cnmpr£hensivc,
retzouvaillcs avóC le moi passà). Vincent /uuve anaiysc les formes de i'irt-
tcrac!iun lcctcur / pcrsonnagcs*. Si la dimcnsion subjcctive de l'cxpéricncc
de lectura es! clairement prise en compic. cllc ne s'inidressc qu'è la lcclurc
romanerque. dont Vincent Jou›e Jdgage d'aillcurs les grande.s sj›dcificités.
D'uutre part, mèrn¢ si ics approchcs qui empruntent à la phént›ménologie
s'inttrcsscnt au ïecteur cummc sujct, miler finirscnt psr le ç›crdrc de vuc : au
centre des théorics d’ iser lrouvenl finalcment les gcestis›ns d' indótcr-
O L'Esprii Crtairur, Vol. 49, No. I t2tO0l, pp. 9n-110
mination ct dc dćyragmatisatioc. Les notions dø « vision » ou dc
perception. et toutcs lcs métophorcs optiqucs qu'ii emploie, sent.
ihč‹›nqucmcnt. dštacMes du corps et dc la scnsibilitć du Icclcur rćcl ct
rclčvenł d*un pruces- sus cogníтif cт non d'une cxpćrience
phénoménolngique. Ce qui I”intбrer•к• est moins l’cxpćń¢ucc subjective de
la lecture que la synthèsc yarticuličrc qu*impliquc l'activitć dc la lecture.
scs cnjeux sur la tcmporalitć ct sur la saisic de I’objct dćnotč. qui est
finalement modifiã par la lecture. Jaucs, rntmc s'il accords une place
importante à la phčnnménctogie ct aux notions psychanalytiques. en
particulier Iorsqu'il dćfinit la jouissancc csthćtiquc en se rćfčrant autant à
Freud ct à sa théorïc du refoulement qu'è Arislotc, visc avanl tout une
cntrcpria de rćnovation dc l'hîstoirr littdmire ct truuvc son pnint
d”ahuutissemcnt dans la gúnéтalisatiun ct l'historicisation des points dc vuc
singuliers. La notion de jeu coinme la distinction entrc ïa réccpïion du
tenant. du iisæit ct du Iu, scion Michel Picatd puis Vincent /ouvc. tcndeot,
clles. š płacer l'cxpćńence du łectcur au centre de la rćflexion.
Los travaux des historians cnt, eux aussi, permis Je mieux cunnaîcc la
lecture. Lhistoiтe de la lecture en partîculîer, a pcmiis de dčfinir ce qu*ont
ćté. au fiï du temps, )es pratiqucs de lecture. récu ant 1”approchc purcrncnt
sYman- tigue du texte. L'histoйen Roger Chattier. qui s'opposc cłaircmcnt aux
trovaux de la thčorie littćraire, cńtique
mets suss ks ‹he Iлeratres Yes plu› s=• dc ams‹ruiтr la r6c¢piiPn de• uvrx•. II
feul łmir Luc ks f pøxÎuis¢ztc du suns «ł qu"un tc•tr. stable ea sø kŁtr0, 0s¢ inv€ci d"un€
*ignificaii‹кi ы d'un чзiui iяółiu k›rsqw cł›xagcn‹ I«s Jîqк›siûfs qui k pгopo яi з I”i«aчpгrcз-
üoя. JI hut tгnir nв‹i qьc la ł¢c‹ure «st łoяjoun une jкaiiqтк incsm6c daлs éвs gгoes. dos
cSȚjo¢ dcs kabİhïdes. distaDœ d'une pMni¥nćælogie qui ełface to«ło «t¢daÎitć r¢nscfčtr
dc l”uctc d¢ țoc!urc ct Ir rełacи'riвc par •cs ePet , țx›sțuIčs ‹o‹nme u›ii call. [.. .] unc hisuńrc dev
mania яc Birr Juii identifier In disjяisitions sP6гiñqw qui diuinçucnl Ice commnnautćs d•
łвctetirs et Ics łradirinns d¢ leclure’.
sujet ‹kvenant ćcrivain. sont encore intčressants, voire peuvent étn privilégiés
torsqu’il s'agit de comprendre la lectum ?
On ne pcui évidcinment se contenter d'un argument tautolopique qui con-
sisterøit å affirmer que, parce qu'on s'intéresse ù la Insure litiéraire, tin aurait
intćrët ù pńvilégier la lecture ie1le qu'elle est ‹kcriie dans Íes iextes littéraìres.
Le motif dc l'čcńvain comrnc « super-lectcur » n'est pas non plus xnIi.«Гвis:›m
pour jusłifior ccłtc dćmarckc : si I”écrivain a бtб incontestableinвnt un lecteur.
son expYrience n'a pas à étre valcrisćc parse qu'iI eьt čcrivuin. S'il faut
prcndre вppui sur Ics rćcits d’ćcrivains (romanciers. autobîographes) pour
comprendrd ce qu*est la lecture, c”est qu”îłs nous donncnt è enxevoir cc qui
échappc aussì bien à l'histoire qu”à la thëorie : la lecture comme cxpóńencc
subjective c\ sun articulation à l'écriture.
C”cït que, dans la lecture, queïcțue choc rësistc tnujr›u à la thć‹чńc—
commc sans duutc auмi à l'histoirc. Si Ics appптchcs phćnornénolngiqucs ont
1cntб de prendre eп considćraтion cette dimension, en particulier en čtanc
attrnłivcs aux problèines de tcmporalitć, ellcs nc rendent pas comptc dc la ïec-
!ure cumrne expćnence globale, pas plus que ne ïe fail ł”histoire de la łœture
ou du livre, qui s”intбresse plus au rapp‹xт au livrc qu”à la relation qu'un
lecteur noue par le )ivre avec soi, avec sa mëmoire, as Jćsirs. ses émolions,
mais aussi ses idćcs. scs vзleurs, ses goûts ; avec ce qu'il pence eł croit pcnser
aussi bien qu'avcc ce qu’ii ne peut per penser. La lecture ćтoquče par fee
čcrivains appazaît comrne une experience giuhale, en IaqusIIc se croisent, sans
nčccssairemcnt sc totaliscr. Ics courd‹›nnćcs pratiques qui intéresscnт lcs his-
luricns, Ics clčterminatiuns sociales. )es caracićrirtiques phćn‹›mćn‹›logiques...
Lø dimension hermćnculiquc y csт évidcnte. puisqu'cst prd«isëmerit en cзusc
Ic dćchiffrcmcnt de Koi ct du mcnde. Pour tuutes ces raïsonr, numbreux sont
les points de jonciion, voirc de friction, entre Iss thć‹кicк Jc la lecture et ïes
notions qu'cIles pn ent et les expëûcnces de fa lecture tells que les
é«ńvains les relatent, qu'il s'agissc de l'intcrprétation ‹›u Jc l’apprcntiss3ge
autorîsć pвr la lecture, du trкvaïł de l*imagination. dc l'Cxpćricnce de
I*aItćriič, de la temporaJitč proprc à la iccturc.
Michel Chaгłcs revcndique clairefnent ce recours aux łcxtcs liцčraiгes :
Mais cette expćńerк:e n'cn est pas pour autant fł›ôorisable. Eïlc ne con-
sliiuc pøs une doctrine : Barthes évoquait justement son • dćsarroi » face ă la
Nxzi+us Prsc•v-Geos
doctnne qu'ii faudrait avoir, nu qu'il vaut mieux peut-żtre ne pzs avoir, dc la
)a etc sais pss si Îa lecture n'cst pas, c‹xistÎnøiscæcøL un ckamp ptuń cl ‹łc pratîqucs disctusives,
d•cffcts ittćJvcü bic•. ct si. jжгc‹ч›s¥qwв Is lnxarc gc ïa k'ct‹ut, ïa kłćta-kctrrc. a”cst pas
•hc- ničmc ń ea d'aucr qu"un č¢l9î d’id6es. dc craiaæs. ‹łc dćsîrs, dcjo«îssazæes, d'‹ąŞłressiol›s.
‹Ñ øø ii co« ient de pæïer au c‹я›p pвт coup’.
C'csi que pour la Iccrurr n'a pas d•ot›jet proprc et. pnr con-
sźqucnt. il n•y a pBs de craл d'Brr¿f lćęiiime š la îcciurz :
jl n“y p pas dc cœstraintc sln›cturaIc è cÌc›rc la lecture : jc puis nn••i bicn r¢øulcr S I’infizti
k's limitcs du liable, ô fcxlcr que tnui est fir›alo»eяt Ii*ibk psi ilïisiblc gut c•la pяsi••ej. maix
a sh ã ț•invezse, ‹ldcs er qu”øM fold ‹å arm ïcxæ. sl łisibîe qu’iÌ ait čcć Liu, il y щ il rsstø dø
I’iłlÎsÎble. (Baztłw £c gruisxeæ‹uu ‹Ń ' fa /owgi‹r 39)
si forт quø ie livrc qu'iI est en train d¢ Iîrc. au lieu dc travailłer ã la •cic où il
œt de gardø. tumbe Ians le ruisscau, en est t'embičrne. Cuntrc l'ordrc bour-
geois aussî : Javottc. rlnns /и• Яomoл ônкzgeoiз de Furetičrc, lit avвc lant
d’avidité los romans que lui pršte en secтet son amourcux Pancrace qu'eIIe y
apprend rapidenicnt iout dc l’am‹тur et nc veuł plus sc rč oudre à la vie bour-
geoise que her parents łui ont prćparć¢, ps plus qu”à ł”čjxxix qu”iI ïuï faMdra
prcndzs, si fade compcrć aux amants merveilleux que ïcs n›mans lui ont hit
entrevoir. Come ł”école égalenзent. Au dćbut de £oi‹is Lnmbr '. łe narratcur.
avïde de lectures, rac‹›ntc comment il a conclu un p«cie avec son rYpćtiteur de
ma0ičmaüque, qui en bihlioth8caire :
{ił} mc laissnit prentłrc W livrcv iøns trop regarikr cru•. qur j’em¡xxuis ‹k lø bihlimhò qt .
lieu Iron uille øb act lcs r crdations, il me lè isait
imé mc dømær see nx ... il næ • ntctiait trYs omвtйтs dc lire p«ndзn‹ le
icntps dcs rćpćtîcions, ct travaillaity nc said ã quci. (...] Jo conłinitai mes łectucъ jø Œs'ins
l”čcriłîer 1e nкúns agissant. le plus parosscîłx. Îc plus con- irmplaiif de ïa Jitisi‹xi due Pctit›. et
pacłaвi łc plus souvent puni’.
Je pu}e dc ceux (les u .mo} qui affoiem ic public avi‹fe d'črnmimu cv--»ivcx et dg gerei cv.
Dis sun rnf8zr-r. il fuycit h s¢¥;iYj des hcmzoes, gui nube edl jxs le c‹›rriger en le izxnJifiaot : il
6e condam«ut v‹fluniaizmzeci¢ á i la so4iNalc. ¢as ss rxuHTtua+m¢ deni l”oe¥ts¢ s¢s ú •o
>iv»> bizarrgs ct se6 aveog}¢S pc$$nxss. Les lcmuzcs qu'il W<imit au Wsaz¢l ofTraJent á sm
iraagina-
uho ir. Sim intelligeace s'useit ‹rit se bri•uit cordre tks illosioni thimčriques . su sensibilitč se
łrô lablc. Sartre, dans £e.r Met.s, a raconté cette expćriencc double, du bonheur
dc la lecture qui se renverse en solitude doułourcusc. On sc souviCnt que
Îa sortie au Luxembourg est pour 1e jeunc Poulou une čpreuvc : ies
autres enfanLs jcucnt ct lui est isolé . II admire les ê tres en chair et en
m qui sont dcvany ]ui ct qui ne participant pcs de sa drzmaturgie
imaginaire et
lsolé, mcabÍc. ił rentre chez lui avec sa mère ct se mplonge dans son
monde romanesque, solitaire. qui le console ct Ic vcngc : • An crdpuscule,
je rctrou- vais mon perchoit, les hauls lieux où soiiMaît l'espni. mcs
songes : je me vengeais de mcs dëconvenues par six mots d'enfant ct le
massacre de cent
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N»THAL1E AYKitOS
In's que je remplace pgr lex nxus d'un livre ma perception direcœ dc la rèalitè, jt me 1i•rr, pieds
er jxiings tits. t ls tuutc-laiissaræe du mmsoagc. Je din Julien t ce qui est. pur fcirxlre R
croire
Et G cetIø prise de țxzssession, il n'y apæ mrłyen d’€c . Le lengage ‹n”enłou‹c ‹łg ¥a ł"›cłiŒŁ,
c-uтяяв• I•csu r¢c‹n‹v«ua ruyaum• englout› par b въп'. NuJłc зæü‹a de lз ‹taliiY n"œt c I•abгi
dc cut cr‹scvclisscmat \îniwms1. {Boulct 279)
Le Iвctcur вst à la fois čcartč dc lui-inćmc (jc est un autrc pcndarit lв lec-
ture) ct au plus prčs de tui-mêrne . la lecture est čminemment réflcxivc : la
se p¢nsr ct s'ápnnive que je lis. Ellc renvoic ic sujet š Iui-
mime par le d4iour dc l'auce ; elle l'inviie done å prulonşet la lecture an-ü elä
du livrr, à вc dćchiffrer soi-rnèmc.
L'enchaîncmcnt de ccs citations nous rriontrc bien quø le point de vue du
critique et tc point dc we du romancieг sc rejoigncnt : dzns Ics merges dc la.
dit t'cxpćriencc que tous ceux qui veułent saisít la lecture
seulement comme pratique ou modèle ont intdrń t ã privilбgier. On poumú t
íaire encore ce mêrne cunstat à propus tie la phënuménuługie de la lecture ct
L'övnluiion dc la littèraure a›odcrnr n'en que l'fvoluöon dc la kctore qui icial à ‹k•eair une
eric xc di›inaii‹m d'effets au rra›ym dt 9iætq s mine vur presque simultanément er tu détri-
ment au dessin des phrases. C'esi b rzirJ ep6i et 1’imprcssinnoisnc grossier dos ans
rhume et au.x jounæux. L'Îioomw voit ci nc lil plus^.
1.*čcriturc œcumuic, stroke, rčsisie an œmps par l*itablisscwcnt d'uo lice ct molliplíc sø pro-
øm i'ex ioooisrrir dr la urtiøø. Lø iaure re c atiı cimn l'usurt du
łemps too s'oublie ct l'on uifilie}, eclk m
the sec est rčpćtiti*m du pørutis pcrdu^.
Danr un trčs beau tcxtc dans Icquc) on pcut lire une critique de la
tMoric IittJruirc, Yvcs Bonnefoy revendique. pour le le«teur, la nčcccsité
de • lever let ycux de son livre •. La lecture n'cst pas affsirc dc
combinatoire, de jeu, ni de structure, cllc est cxpćń ence du Kemps ct de la
prYscncc. Pour en parier, ił faut renoncer au inë ta-langage spćcîfiquc ct sc
coupcr du commentaite :
L’ùsrem•P‹ù›a. dms la łectæc d"un lcxs, Peut avnir vaJew e•scnú ełlc ct quasîom c fondaiz+ce
duøs lc rapport du kcteur I ł'muvrt, tt d'ailhun øussi, txt d'øbord, døøs celui dc {'a teur I ta
c&ttîoo en ceurs. Car 1’ inlerruptøin. c'esi bien cv qui sc pfudoii duax cot iotü øtt oó on pen;oit
Qtf’ă ú Cfift rap fte fßİt que R *Œttf å 4}Ut IrQtfS İfŁi8$0S ¡ tł Oû OO hUsțfnd ce rèYe. piHlr Tø souvenİr
qu'il ş a, ao«lchocs. du tcøqrs, du lien, im høsard, dev. cføuz á d6rider, dr la murt, mats atissi
turn. ea veia, un mœdr. {...] L’inu•nuptiøø eit tKjà dans la Crë nlioo".
Pour que ccrtc lecture fčcondc suit possible, il faut accepted que le locteur
se déioume du textc. qu'it renoncc à tout Iiro. Çțu'il soit lc contrairc du
Lectcur Mudèle d”Eco. qui, lui. avance pas à pas dans le texte, piYvt›it
et anticipe cormctement sur ł‹›ut cc quî va arrivcr ct finalcrncnt, comprcnd
tout car il reliant tout. Matmencr le tcxtc done. pour Ic lire dc manižrc
autkcntiquc, pour qu'ił snit unc ouverture stir cc qu”ì1 n'est pas.
Cette manipulation peut allcr jusqu'a un point où la suhjcctivïić du lerłeur
s'ïnstitue en rcinc ei s”affim c au déiń rnent du ‹cxtc et dc son intć ń ić.
Ce joint łimitc, sur Icqucł nous vnudrions conclude, est aussi celui oš la
résis- tance à la thčorisatioc de la IecNre est la plus forte. Par deiè
l’anc«Jutc ct son
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NAI34ALTE PtÉGxy-GROS
pittoresque plaisant, les uois exemples que nous citons pour finir signifient
c1airen›rnt que lire, ce n'esi jamais rom lire, encore moins iout retenir.
tour conserver. Lire. c'est oublier, pcnlre, détacher. s'approprier, alicrer. La
thènrie dc la lecture a fair une gmnde part 3 la riégstivitë (l’CxCmple le
plus évident pourrait en êire la • Lcersielle » de lserl : mais cette
riëgativitë éiait toujours en attente d'une p‹isilivilf (c'esi aussi la siasc de
Ricœur, tendue vers un envoi). L’expérience dr la lecture fait parfois place
dc maniùtc plus rude. non lhëorisablc, au blanc. au vide : • Quel divin
poète {Le Tasset quand il oublie d’imiter ... ! J'ai arrangé un exemplaire
de la Jérusalem à mon usage. en effaçani ions les jeuz de mots qui inc
choqueni. er fireni la fortune si rapide du poème en 1581* •. Censure du
lecteur, qui arrange le livm 1 son go0i.
Censure plus forte encure tie celui qui, tel J‹xiberi peint per Chaieaubriand
er ciiê par Barihrs, le recompo , faisani un livre adapië ä l'idioiie de
chaque kcicur: • Quand il lisais il déchttaii de se.s livre.s tes feuilles qui lui
dëplaisaienç ayant, ‹k la sorle, une bibliothèque i son usage, composée
d'ouvrages évidés, renfertnés dans des couvertures rop larges^ •.
La rccumpositiun du tiwe matérialise le volume pnur ce lecteur Egale-
ment, qui cx›tipe ct iailic. jusqu’à ce que le livre lui aille :
J'ai une bibtioititque uniquerrieai à mm usage. et que je ac pmtx›se pas en exemple. 1...]
C'est mon refuge : une tarièm dont j'ai effacé iouics trœes dc pur devant la porte, j'y suit chez
rriui. 11 y a des livres ik têtes uirtes : unis. si vern alliez les œsvrir, vxus m i** bien émruif.
Ils sont tnus imompleis : quelques-uns nt contiennent pius ‹lAns kur rehure 9tc deux ou trois
feuilkis. Je avis d'avis qu’ii favi faire comnuxKnwnt ce qv'ce fcit toos les jotrs ; clore. je lie
a*ec ëes ciseaux, exrii•rt-moi, el je couçc fout ce qui ne d£pl•iL J'ci ainsi des lecurres qui ne
m'oficnsent maix. W. L›upr, j'ai gardd dix pagei ; un peu -«ri::> du ¥t•t-ner ou 6oui dr
fr nui De
orncilk. ’ai wdé teuf Pet vurtr et uzc ’ du frd ^.
IO.
14
17.
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23.
24.
2S.
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